Résumé-Notes d’études bibliques à Paris rédigé par Jean Muller. Ces notes datent de 1966 à 1968.
Certaines parties de l’épître ne sont pas traitées (absence du rédacteur des notes)
Table des matières abrégée :
Table des matières détaillée :
3.3 - 1 Corinthiens 3:22-23 ; 4:1
4.2 - 1 Corinthiens 5:12-13 ; 6:1-4
18-10-1966
Au v. 11 Paul continue ses exhortations, déjà commencées au v. 10 ; il ne s’adresse plus aux Corinthiens comme apôtre mais avec cette expression pleine d’affection : « mes frères » ; en les exhortant et en parlant à leur conscience, l’apôtre s’adressait aussi au cœur de ceux qu’il aimait.
L’apôtre indique les sources des informations qu’il avait reçues : ceux de chez Chloé ne médisaient pas en parlant à l’apôtre des Corinthiens, ils voulaient leur bien spirituel. Les Corinthiens sont mis en garde contre les dissensions : ici c’est plutôt en rapport avec l’esprit de parti. Le sujet est repris en 1 Cor. 3:3 : « il y a parmi vous de l’envie et des querelles » et 2 Cor. 12:20 : « des querelles, des jalousies, des colères, des intrigues, des médisances, des insinuations, des enflures d’orgueil, des désordres ».
La connaissance et l’abondance des dons n’empêchaient pas les dissensions à Corinthe ; d’ailleurs 1 Cor. 8:1 nous dit que « la connaissance enfle, mais l’amour édifie ». L’amour pour Christ produit la crainte et nous garde dans l’unité autour de Christ. Tout ministère fidèle doit présenter Christ. L’apôtre dit de lui-même en 2 Cor. 2:17 : « comme avec sincérité, comme de la part de Dieu, devant Dieu, nous parlons en Christ » ; et l’apôtre restait constamment humble en parlant de son travail ; il dit en 1 Cor. 15:10 : « non pas moi, mais la grâce de Dieu qui est avec moi ». On peut se rappeler le bel exemple de Jean Baptiste qui a dit : « Il faut que Lui croisse et que moi je diminue » (Jean 3:30). Deux disciples de Jean le quittent pour suivre Jésus (Jean 1:37). Le principe du clergé est de voiler le Seigneur et de placer un homme entre le Seigneur et les âmes. La responsabilité collective des frères et des sœurs est de ne pas former un clan autour d’un frère. Actes 20:30 met en garde : « il se lèvera d’entre vous-mêmes des hommes qui annonceront des doctrines perverses pour attirer les disciples après eux ». Ici les serviteurs nommés sont fidèles, mais l’attitude des Corinthiens pouvait être un piège pour Paul, Apollos ou Céphas. Actes 14 nous apprend que des hommes voulaient déifier Barnabas et Paul à Lystre et les appelaient Jupiter et Mercure. L’exemple de Gédéon dans l’Ancien Testament est solennel : Après la délivrance opérée par Dieu par son moyen, le peuple vient pour qu’il « domine sur eux » (Juges 8:23). Gédéon refuse, mais toutefois se fait un éphod qui devint un piège pour lui et pour toute sa maison, et Israël fut infidèle à Dieu. Il est important pour nous maintenant, que l’affection que nous pouvons porter à des frères dont nous avons beaucoup reçu ne soit pas un piège pour eux.
Il est probable que les Corinthiens avaient été convertis par le moyen de Paul, d’Apollos ou de Céphas. Chacun d’eux avait un ministère différent. Paul avait été « instruit aux pieds de Gamaliel » (Actes 22:3), Apollos était « éloquent et puissant dans les écritures » (Actes 18:24), Céphas était doué d’une énergie remarquable. Les Corinthiens faisaient de ces serviteurs des chefs de parti, osant même faire de Christ lui-même un chef d’école.
L’apôtre leur pose alors ces trois questions :
La Parole répond à ces trois questions :
L’apôtre « prêchait Christ crucifié » (v. 23).
Il était étreint par l’amour du Christ (2 Cor. 5:14).
Rappelons-nous que nous appartenons à Christ : nous devons vivre pour Lui, Le servir et Le glorifier.
25-10-1966
Le Christ est-il divisé ? (v. 12) :
Le Seigneur avait dit : « Toute maison divisée contre elle-même ne subsistera pas » (Matt. 12:25). Ceci est arrivé à la chrétienté professante qui est devenue une grande maison divisée. Diverses écoles ou dénominations s’y trouvent, portant le nom d’un homme — un réformateur par exemple — manifestant la ruine de la chrétienté et l’abandon de l’unité de communion entre les vrais chrétiens de Jean 17:21. Les divisions sont une négation de la vérité de l’église, seul corps de Christ, développée au ch. 12 de l’épître.
Cet état de division est le résultat des efforts de Satan et manifeste l’infidélité de l’église. Dieu dans son gouvernement maintient cet état, comme autrefois Il disait à Israël et à Juda : « c’est de par moi que cette chose a eu lieu » (1 Rois 12:24).
À la fin de l’histoire du peuple, l’Éternel est attentif à ceux qui le craignent (Mal. 3:16). Aujourd’hui la fidélité individuelle est la première responsabilité du croyant (la miséricorde est citée dans la salutation de l’épître de Jude), bien que Dieu ne se laisse pas sans témoignage collectif.
L’apôtre n’avait baptisé
que peu de personnes
: Crispus, le chef de synagogue (Actes 18:8), Gaïus cité à la fin de l’épître aux Romains (Rom. 16:23),
la maison de Stéphanas, les prémices de l’Achaïe,
voués aux services des saints (1 Cor. 16:15). Paul rend grâces à Dieu de ce qu’il
n’avait que peu baptisé ; et il agissait en toutes choses avec sagesse (il
ne voulait pas être à charge aux Corinthiens : 2 Cor. 11:9, Actes 20:34),
sa conduite ne prêtait pas ainsi à la critique.
L’apôtre n’avait pas été
envoyé baptiser mais évangéliser
(v. 17).
Les douze avaient été envoyés par le Seigneur pour baptiser, à partir de Jérusalem (Matt. 28:19), et Pierre parmi eux avait reçu le ministère de la circoncision (Gal. 2:7) c’est-à-dire la mission de prêcher parmi les Juifs.
La mission de Paul est donnée dans plusieurs passages des Actes : « cet homme m’est un vase d’élection pour porter mon nom devant les nations et les rois, et les fils d’Israël » (Actes 9:15). Le ministère des Gentils était confié à Paul, en rapport avec la doctrine de l’Église céleste, corps de Christ. Après sa conversion, Paul est baptisé par le moyen d’Ananias (Actes 9:18), puis prêche aussitôt Jésus dans les synagogues. C’était une nécessité qui lui était imposée, « car malheur à moi si je n’évangélise pas » (1 Cor. 9:16).
L’évangile de Paul, « mon évangile » (Rom. 16:25), n’était pas un évangile restreint, limité au salut. Paul allait prêcher l’évangile aux chrétiens qui étaient à Rome : « je suis tout prêt à vous annoncer l’évangile, à vous aussi qui êtes à Rome » (Rom. 1:15). Son évangile allait jusqu’à « l’espérance qui vous est réservée dans les cieux et dont vous avez déjà ouï parler dans la parole de la vérité de l’évangile » (Col. 1:5).
L’apôtre prêchait non
point avec sagesse de parole, afin que la croix du Christ ne soit pas rendue
vaine
(v. 17) ; il n’était
pas allé à Corinthe « avec excellence de parole ou de sagesse » (1
Cor. 2:1) « mais en démonstration de l’Esprit et de puissance » (1
Cor. 2:4).
La Parole est révélée, communiquée et reçue par l’Esprit (1 Cor. 2:13) ; ce n’est pas l’esprit de l’homme qui parle ; l’apôtre disait : « nous, nous avons la pensée de Christ » (1 Cor. 2:16). Nous attachons souvent trop d’importance à la manière extérieure dont la vérité est présentée. 2 Cor. 4:7 : « afin que l’excellence de la puissance soit de Dieu et non pas de nous » et les Corinthiens remarquaient au sujet de l’apôtre : « sa présence personnelle est faible et sa parole méprisable » (2 Cor. 10:10).
Dans la chrétienté, on veut rendre la Parole agréable, en l’accompagnant de diverses manifestations, Éz. 33:32 : « tu es pour eux comme un chant agréable, une belle voix, et quelqu’un qui joue bien ; et ils entendent tes paroles, mais ils ne les pratiquent nullement ».
La conviction est opérée dans les âmes par l’action du Saint Esprit ; quand on cherche à provoquer des émotions religieuses le travail ne se fait pas, comme dans la parabole du semeur (Matt. 13, Marc 4 et Luc 8), les grains semés sur les endroits rocailleux sont brûlés par le soleil.
1-11-1966
L’apôtre met en garde les Corinthiens contre les efforts de Satan pour chercher à rendre vaine la croix de Christ. Il avertissait parallèlement les Galates du danger de retourner au judaïsme : « si vous êtes circoncis, Christ ne vous profitera de rien ; … vous êtes déchus de la grâce » (Gal. 5:2, 4). Pourtant plus loin dans cette même épître (Gal. 6:12) de ceux qui ne voulaient pas être « persécutés à cause de la croix de Christ » et qui se glorifiaient dans la chair, il ajoute : « Mais qu’il ne m’arrive pas à moi de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus Christ » (Gal. 6:14).
Le danger particulier des Corinthiens était la sagesse humaine, l’éloquence et la philosophie. Désirant à la fois reprendre et enseigner les Corinthiens, l’apôtre leur parle de la croix de Christ, ce qu’elle est pour les hommes et pour les croyants, et conclut au v. 30 sur la vraie position du croyant : « Vous êtes de lui dans le Christ Jésus, qui nous a été fait sagesse de la part de Dieu, et justice, et sainteté, et rédemption ». Il n’y a que deux classes de personnes distinguées ici par leur position vis-à-vis de Christ et de la croix de Christ. 2 Cor. 2:15, 16 nous dit que « la bonne odeur de Christ pour Dieu » est « aux uns une odeur de mort pour la mort, et aux autres une odeur de vie pour la vie ». Ces deux classes sont :
Les Grecs, c’est-à-dire les nations, recherchaient la sagesse (v. 22). La citation d’Ésaïe 29:14 (v. 19), appliquée par le prophète au peuple d’Israël, objet d’un endurcissement partiel, est appliquée ici par l’Esprit aux nations aussi, à tous les sages et les intelligents.
La sagesse de ce monde est folie devant Dieu (1 Cor. 3:19).
L’autre manière de l’homme de se comporter devant Dieu est celle des Juifs. L’avantage du Juif était grand de toute manière, et d’abord en ce que les oracles de Dieu leur ont été confiés (Rom. 3:2). Les Juifs se glorifiaient de leurs privilèges extérieurs et de leur religion. Ils demandaient des « miracles » ou des « signes ». Déjà le Seigneur l’annonçait en Matt. 12:39 : « Une génération méchante et adultère recherche un signe ; et il ne lui sera pas donné de signe, si ce n’est le signe de Jonas le prophète ». Christ était déjà rejeté par cette génération à laquelle l’apôtre Pierre s’adresse en Actes 2:22 : « Jésus le Nazaréen, homme approuvé de Dieu auprès de vous par les miracles et les prodiges et les signes que Dieu a faits par lui au milieu de vous ».
Il est solennel de penser que, plus tard, les Juifs apostats recevront l’anti-Christ, « duquel la venue est selon l’opération de Satan, en toute sorte de miracles et signes et prodiges de mensonge » (2 Thess. 2:9), celui qui « vient en son propre nom » (Jean 5:43) et prendra la place de Dieu.
La croix de Christ met fin à tout ce qu’est l’homme dans la chair. La croix de Christ était une nécessité absolue. « À moins que le grain de blé, tombant en terre, ne meure, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jean 12:24). La Parole de la croix est la puissance de Dieu. « Car même s’il a été crucifié en infirmité, néanmoins il vit par la puissance de Dieu » (2 Cor. 13:4), car la victoire de Christ a été complète alors qu’Il semblait réduit à l’impuissance. « Par la mort, il rendît impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable » (Héb. 2:14).
Satan cherche à rendre vaine la croix de Christ, et aussi à en voiler le vrai sens et à en ôter la puissance (sans pour autant faire disparaître la vérité). Pour le croyant, la croix de Christ est la mort de son vieil homme : « Je suis crucifié avec Christ ; et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi » (Gal. 2:20). C’est aussi la puissance de délivrance et d’affranchissement.
La Parole nous présente cette vérité sous trois aspects :
8-11-1966
Christ crucifié, aux Juifs
occasion de chute
(v. 23)
Les Juifs, comme les disciples, attendaient un Messie vivant. Les disciples d’Emmaüs espéraient « qu’il était celui qui doit délivrer Israël » (Luc 24:21). La mort du Seigneur anéantissait leurs espérances terrestres, et ce n’est qu’après Sa mort qu’ils ont compris toutes les bénédictions en découlant. La mort du Seigneur et Sa résurrection constituent deux côtés de la vérité divine, présentées avec soin par les apôtres dans les Actes. Cette vérité était préfigurée par l’histoire du peuple d’Israël tiré d’Égypte et introduit dans le désert de Canaan :
Lors du jugement des premiers nés, le sang sur les deux poteaux et sur le linteau de la porte était le sang expiatoire qui mettait à l’abri du jugement de Dieu. L’Israélite mangeait la Pâque avec des pains sans levain et des herbes amères et se nourrissait d’un Christ mort.
La traversée de la mer Rouge parle de la rédemption et de la délivrance de l’Égypte, le monde et son prince. « Par la mort, il rendit impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable » (Héb. 2:14).
Puis après le désert, il y avait la traversée du Jourdain : la mort et la résurrection avec Christ, la fin de l’homme dans la chair.
Douze pierres étaient déposées au fond du Jourdain et douze pierres étaient placées à Guilgal, le lieu de la mort à la chair. Là, les fils d’Israël sont circoncis, mangeant la Pâque et la manne cesse pour faire place au vieux blé du pays.
Christ n’est pas un modèle pour les inconvertis comme certains prédicateurs l’enseignent. Il doit être d’abord un Sauveur ; Sa mort et Son sang versé sont le fondement du salut, puis la délivrance pour la marche du racheté.
La Parole de la croix est
folie
(v. 18), la folie de la
prédication (v. 21), la folie de Dieu (v. 25), telle est l’appréciation de l’homme
naturel quant aux choses de Dieu. « L’homme animal ne reçoit pas les
choses qui sont de l’Esprit de Dieu, car elles lui sont folie » (1 Cor.
2:14). Pour Naaman, c’était une folie de se plonger
dans le Jourdain, car « l’Abana et le Parpar, rivières de Damas, ne sont-elles pas meilleures que
toutes les eaux d’Israël ? » (2 Rois 5:12).
Christ la puissance de
Dieu et la sagesse de Dieu… la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes
» (v. 24, 25).
Lorsque Christ paraissait réduit à l’impuissance, Il a remporté la victoire. 2 Cor. 13:3, 4 dit : « Christ n’est pas faible envers vous, mais puissant au milieu de vous ; car même s’il a été crucifié en infirmité, néanmoins il vit par la puissance de Dieu » ; aussi l’apôtre désirait-il « connaître la puissance de sa résurrection » (Phili. 3:10).
Christ est aussi « la
sagesse de Dieu
», « le Dieu qui seul est sage » (Rom.
16:27). En Apocalypse 5:12, les anges rendent la sagesse à Christ :
« Digne est l’Agneau… de recevoir… sagesse, et force, et honneur, et
gloire, et bénédiction ».
Christ est :
Considérez votre appel,
frères
.
L’apôtre ramène les Corinthiens charnels à la réalité des choses, et leur rappelle que parmi eux il n’y avait pas beaucoup de sages selon la chair ; au ch. 6:5 il leur dit qu’il n’y avait pas même un seul sage parmi eux.
Daniel à Babylone, ayant reçu la révélation des secrets, bénit le Dieu des cieux (Daniel 2:20) : « la sagesse et la puissance sont à lui… tu m’as donné sagesse et puissance ».
Pour annuler les prétentions de tous les hommes, qui, devant Lui, « montent ensemble plus légers que la vanité » (Ps. 62 :9), Dieu choisit ce que l’homme n’aurait jamais choisi : les choses folles, faibles, viles, méprisées, celles qui ne sont pas, en sorte que nulle chair ne se glorifie devant Dieu (v. 28, 29), afin que devant Lui toute bouche soit fermée et que tout le monde soit coupable devant Lui (Rom. 3:19) ; alors la justice de Dieu est manifestée par la foi en Jésus Christ, envers tous et sur tous ceux qui croient. Mais il faut que l’homme, tel l’exemple de la femme syrophénicienne de Matt. 15, prenne sa vraie place devant Dieu, dans l’humiliation. Alors la grâce de Dieu peut répondre à tous les besoins, cette grâce qui a surabondé, là où le péché abondait. C’est ainsi que dans la généalogie de Christ, sont placées quatre femmes : Thamar, Rahab, Ruth la Moabite et la femme d’Urie le Héthien, qui ne sont pas des sujets de gloire pour l’homme, mais des objets de la grâce de Dieu. Enfin le brigand sauvé sur la croix, n’est-il pas un monument de la grâce de Dieu ?
15-11-1966
Dans ce chapitre, l’apôtre traite deux grands sujets, celui de la philosophie et celui de la religion. Les Corinthiens étaient en danger de former des écoles de philosophie au sein de l’assemblée, et de prendre certains serviteurs fidèles tels que Paul, Apollos ou Céphas pour chefs de parti, ou même Christ lui-même comme chef d’école. L’apôtre rétablit la vérité au v. 30 en présentant Christ et notre position devant Dieu en Lui : « Or vous êtes de lui dans le Christ Jésus, qui nous a été fait sagesse de la part de Dieu, et justice, et sainteté, et rédemption ».
Les recherches et activités de l’homme comme être moral se résument toutes, soit dans la philosophie et la sagesse humaine (c’est le sage ou le grec), soit dans la religion (le Juif), même la religion chrétienne professante. Dieu détruit sans ménagement toute prétention de l’homme dans ces deux domaines. Car, en effet, par la sagesse et la philosophie l’homme ne perce aucun mystère, et par aucune religion, il ne peut plaire à Dieu. Salomon, dans l’Ecclésiaste, avait appliqué son cœur à la connaissance de la sagesse ; le résultat n’est que vanité et poursuite du vent. Dans ce livre, Dieu n’est mentionné que comme Élohim — Dieu en contraste avec l’homme — et jamais comme Jéhovah — en rapport avec une relation connue, de Dieu avec l’homme.
Dieu arrache alors tout ce qui touche au vieil homme, des racines aux fleurs et aux fruits. Mais Il donne quelque chose pour le remplacer : c’est Christ qui nous a été fait de sa part sagesse, justice, sainteté et rédemption.
Christ est notre sagesse
:
Le chrétien juge toutes choses en rapport avec Christ, et un Christ rejeté du monde. Le chrétien est au clair quant au monde ; il prend conscience de toutes les souffrances dans le monde, les deuils, les liens brisés ; il a horreur du mal, corruption et violence, ce que les hommes commettent en se cachant.
Christ est notre justice
et notre sainteté
:
Il y a une justice entre les hommes, mais ici il s’agit de la justice vis-à-vis de Dieu. Être juste c’est être fidèle dans toutes les relations dans lesquelles l’homme est placé.
Le chrétien est rendu juste par la foi en Christ (Rom. 3:22). Il est en Lui et comme Lui devant Dieu et devant le monde (1 Jean 4:15-17). Dieu est juste et justifiant celui qui est de la foi de Jésus (Rom. 3:26).
Cette position en Christ exclut la propre justice, aussi bien pour le salut que pour la marche (l’apôtre s’appelle du reste le premier des pécheurs, 1 Tim. 1:15). Mais notre responsabilité est de « marcher soigneusement, non pas comme étant dépourvus de sagesse, mais comme étant sages » (Éph. 5:15). C’est la marche dans la justice et la sainteté pratiques.
Christ est notre sainteté
:
La sainteté est en rapport avec la nature de Dieu qui est lumière : « tu as les yeux trop purs pour voir le mal » (Hab. 1:13).
Nous sommes « élus selon la préconnaissance de Dieu le Père, en sainteté de l’Esprit » (1 Pierre 1:2), sanctifiés et séparés. C’est une sanctification absolue, établie pour toujours.
Il y a aussi une sanctification pratique, progressive. Le Seigneur disait à Son Père en Jean 17:19 : « Je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité ». C’est pourquoi nous devons poursuivre « la sainteté, sans laquelle nul ne verra le Seigneur » (Héb. 12:14). La mesure de notre justice pratique et de notre sainteté c’est Christ dans la gloire. Nous ne devons pas nous comparer aux autres hommes mais à Christ lui-même, et alors nous prendrons notre vraie place devant Lui, celle d’un cœur et d’une volonté brisés.
Christ nous a été fait
rédemption
:
La rédemption, représentée en figure par la traversée de la mer Rouge, c’est l’enlèvement de la scène de la mort et l’introduction dans la scène de la vie.
De nos jours, les développements techniques rapides voilent quelque peu la réalité des choses. Mais ce qui était écrit à Corinthe est valable pour tous les temps et toutes les civilisations. Il n’y a rien d’autre que le christianisme qui reste seul contre tout. C’est en cela que réside le témoignage du chrétien fidèle, qui ne sera jamais d’accord, ni avec les professants, ni avec les enseignements mélangés.
22-11-1966
Ces versets nous présentent l’application à l’apôtre lui-même des enseignements donnés au chapitre précédent.
L’apôtre Paul était un homme remarquablement instruit et cultivé — il se présente comme n’étant pas un homme simple quant à la connaissance (2 Cor. 11:6). Toutefois, il était venu à Corinthe sous une apparence qui n’était pas à la hauteur des prétentions intellectuelles des Corinthiens : « dans la faiblesse, et dans la crainte, et dans un grand tremblement » (1 Cor. 2:3), « quant à l’apparence, [je] suis chétif au milieu de vous » (2 Cor. 10:1), « sa présence personnelle est faible et sa parole méprisable » (2 Cor. 10:10).
Mais la prédication de l’apôtre avait été une démonstration de l’Esprit et de puissance. Il avait prêché Christ lui-même, et dans sa forme d’humiliation la plus grande, un Christ crucifié en infirmité, pour renverser l’orgueil de l’homme. Le verset 2 ne signifie pas que l’apôtre limitait son enseignement à la croix de Christ, la suite du chapitre montrant que cet enseignement conduisait aux choses profondes de Dieu qui sont révélées, transmises et reçues par l’Esprit. C’est, au reste, l’action de l’Esprit dans le cœur et sur la conscience qui produit la conviction de l’âme et l’éviction complète du premier Adam ; le terrain est alors préparé pour la réception de toute la vérité.
Tout service fidèle accompli dans la puissance de l’Esprit lie les âmes à Dieu en faisant oublier le serviteur. Un chrétien peut être fort peu instruit, mais être un serviteur fidèle. D’autres frères remarquablement doués ont accompli un service béni, leurs dons naturels ayant été employés par le Seigneur, par exemple pour la remise en lumière de vérités oubliées pendant des siècles.
Comme autrefois Betsaleël et Oholiab avaient été appelés par nom par Dieu lui-même, et remplis de Son Esprit pour construire le tabernacle, les serviteurs dans l’assemblée sont choisis par le Seigneur qui prépare le vase et y place un don après l’avoir brisé. Les serviteurs sont donc formés par le Seigneur lui-même — ce qui condamne à priori toute tentative humaine dans ce domaine — et ne rendent compte qu’au Seigneur (« Celui qui me juge, c’est le Seigneur » : 1 Cor. 4:4).
La préparation intérieure du cœur, l’étude personnelle de la Parole et l’exercice moral pratique doivent précéder l’accomplissement de tout service. Un serviteur peut être utile quand il marche dans la puissance du Saint Esprit non contristé en lui. L’exemple de Actes 6 nous montre que même les services matériels étaient confiés à des frères pleins de l’Esprit Saint et de sagesse.
L’apôtre lui-même avait une bonne conscience et s’exerçait à la conserver (1 Cor. 4:4). « Je m’exerce à avoir toujours une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes » (Actes 24:16). Si un tel exercice cesse, la puissance de Dieu est retirée et l’état peut conduire à une chute, comme le rappelle le solennel exemple de Samson.
Sans l’action du Saint Esprit, le moi se met en avant, on étudie la Parole de manière humaine et on s’égare dans les créations de l’esprit de l’homme, la mémoire prenant alors le pas sur la conscience et le cœur. Aux premiers temps du christianisme, la présence de l’apôtre était un immense privilège pour l’Église. Depuis son départ, beaucoup de ruines et de misères ont marqué le témoignage ; toutefois le Saint Esprit demeure encore sur la terre, dans les saints et dans l’Assemblée, car il ne sera retiré qu’avec l’enlèvement de l’Église. Au cours de l’histoire de l’Église beaucoup de chrétiens simples ont reçu la direction du Saint Esprit selon la promesse du Seigneur donnée à ses disciples : « ce n’est pas vous qui parlez, mais l’Esprit Saint » (Matt. 10:20 ; Marc 13:11 ; Luc 21:15).
Rien ne peut résister au Saint Esprit qui agit. Rappelons-nous que le Saint Esprit est toujours ici et peut encore nous donner d’accomplir pour la gloire de Dieu des choses extraordinaires dans nos vies.
31-01-1967
Jusqu’au verset 17, l’apôtre a présenté le travail des trois catégories d’ouvriers : — les bons ouvriers — les croyants qui sont de mauvais ouvriers — les ouvriers trompeurs, ministres de Satan, qui corrompent le temple de Dieu.
À partir du verset 18, l’apôtre revient sur le sujet de la sagesse, déjà traité dans les chapitres 1 et 2 et s’adresse, à travers les chrétiens de Corinthe, à chacun de nous, en disant « que personne ne s’abuse soi-même ».
Les hommes, et même les chrétiens, peuvent avoir l’air d’être sages dans ce siècle, ce qui ne manifeste que l’apparence et la prétention humaine. David disait déjà au Ps. 39:6 : « Certainement l’homme se promène parmi ce qui n’a que l’apparence ». Le Seigneur, « qui nous a été fait sagesse de la part de Dieu » (1 Cor. 1:30) est la seule source de sagesse ; aussi les chrétiens s’égarent-ils lorsqu’ils ont recours à une autre source que celle-là ; mais, s’ils ont le privilège de posséder le secret de la sagesse, ils ne sont pas sages par eux-mêmes pour autant, et ne sont pas plus forts que les hommes du monde.
Lorsqu’un chrétien a l’air d’être sage dans ce siècle, alors qu’il devienne fou (selon les hommes), afin de devenir sage (aux yeux de Dieu). Car le chemin d’un chrétien fidèle le conduit dans un chemin incompréhensible pour le monde.
L’apôtre Paul avait laissé tous les avantages naturels et matériels pour vivre une vie de misère et de souffrance. Il peut dire aux Philippiens qu’il regardait toutes choses comme étant une perte et les estimait comme des ordures (Phili. 3:8), et il dit plus loin aux Corinthiens : « Nous, nous sommes fous pour l’amour de Christ » (1 Cor. 4:10). Moïse aurait pu penser qu’il était plus utile pour ses frères à la cour du Pharaon. Au contraire, par la foi, il choisit « plutôt d’être dans l’affliction avec le peuple de Dieu, que de jouir pour un temps des délices du péché, estimant l’opprobre du Christ un plus grand trésor » (Héb. 11:25). À combien plus forte raison, les chrétiens dont l’appel est céleste et la bourgeoisie dans les cieux, ne devraient pas vivre dans ce monde pour faire fortune !
Souvent, les chrétiens sont ainsi moins conséquents dans leur marche, que les gens du monde. Le Seigneur déclare, dans la parabole de l’économe injuste que « les fils de ce siècle sont plus prudents, par rapport à leur propre génération, que les fils de la lumière » (Luc 16:8). Des frères, au siècle dernier, ont abandonné, par la foi, bien des avantages pour servir le Seigneur et leurs frères.
Il y a une forme particulière de la sagesse selon Dieu à laquelle il convient de prendre garde dans la sphère chrétienne : c’est de ne pas rechercher une position ou des honneurs, mais de pouvoir dire avec l’apôtre : « Je ne suis rien » ou « non pas moi, mais la grâce de Dieu qui est avec moi ».
Dans la chrétienté, il y a des chefs de renom, qui se trompent eux-mêmes et trompent les autres. Le chrétien n’a qu’un chef : Christ. Il s’attache au Seigneur et reconnaît le Seigneur dans les siens.
C’est ainsi que notre chemin au milieu du monde et de tous ses pièges, est le même que celui des disciples et de l’apôtre : c’est le Seigneur lui-même.
7-02-1967
« Que personne donc ne se glorifie dans les hommes » (1 Cor. 3:21), expression en contraste avec 1 Cor. 1:31 : « Que celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur », vérité que l’on retrouve dans d’autres épîtres de Paul :
Éphésiens 2:8, 9 : « Vous êtes sauvés par la grâce… afin que personne ne se glorifie ».
Romains 5:2, 11 : « Nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu », « nous nous glorifions en Dieu par notre Seigneur Jésus Christ ».
Galates 6:14 : « qu’il ne m’arrive pas à moi de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus Christ ».
Le chrétien ne possède qu’un seul sujet de gloire : Christ lui-même. Il ne doit pas mépriser les hommes, et il honore les saints — d’un double honneur — honorant en eux les manifestations de Celui en qui nous nous glorifions.
Dans le ciel, nous n’aurons qu’un seul objet d’adoration, car un seul est trouvé digne de recevoir honneur et gloire (Jude 25 et Apocalypse 5).
Déjà sur la terre, Christ est le centre des siens, ce qui condamne à la fois les hiérarchies ecclésiastiques, le principe des docteurs s’érigeant en chefs d’école, et enfin toute transmission héréditaire ou toute succession de charges, de dons ou de services.
Le réveil du 19ème siècle a été caractérisé par la place donnée parmi les saints au Seigneur, comme seul centre et seul objet.
C’est ainsi que peut se réaliser l’humilité vraie devant Dieu, qui nous place dans une position comparable à celle des séraphins d’Ésaïe 6, et qui nous permet de dire, selon la Parole du Seigneur à ses disciples : « Nous sommes des esclaves inutiles ; ce que nous étions obligés de faire, nous l’avons fait » (Luc 17:10).
La fin du chapitre élève alors le sujet et présente la position déjà assignée aux croyants : « toutes choses sont à vous, soit Paul, soit Apollos, soit Céphas, soit monde, soit vie, soit mort, soit choses présentes, soit choses à venir » (v. 21, 22).
Un chrétien est en Christ, justement soumis à Christ et à Dieu. Toutes les choses sont donc au-dessous de lui. Comment pourrait-il alors chercher encore à s’élever dans le monde ?
Des serviteurs comme Paul, Apollos ou Céphas sont à nous. Si l’apôtre revenait parmi nous, il serait comme le serviteur de tous. Le monde est à nous : car il est écrit que nous régnerons avec Christ, que les saints jugeront le monde (1 Cor. 6:2) et les anges.
Mais le monde n’est pas à notre disposition pour satisfaire nos convoitises, car nous sommes exhortés à ne pas en user à notre gré, car la figure de ce monde passe (1 Cor. 7:31), et nous ne sommes pas du monde, comme Jésus n’était pas du monde (Jean 17:14).
La mort aussi est à nous. Le roi des terreurs a perdu son aiguillon, car le Seigneur a vaincu la mort qui a été engloutie en victoire (1 Cor. 15:54). Le Seigneur a goûté la mort pour tout et a pris sur Lui toutes les conséquences de la chute de l’homme. Il est le premier-né d’entre les morts (Col. 1:18). Maintenant, pour les croyants, la mort n’est que la délivrance de notre corps (Rom. 8:23), afin que ce qui est mortel soit absorbé par la vie (2 Cor. 5:4).
Toutes ces choses remplissent nos cœurs de joie et de reconnaissance et nous permettent de jouir de la liberté dans laquelle Christ nous a placés.
14-02-1967
La mort est à nous.
Lors de sa première venue sur la terre, le Seigneur a annulé la mort : « l’apparition de notre Sauveur Jésus Christ, qui a annulé la mort et a fait luire la vie et l’incorruptibilité par l’évangile » (2 Tim. 1:10).
Lors de l’enlèvement de l’Église, s’accomplira la Parole qui est écrite : « La mort a été engloutie en victoire » (1 Cor. 15:54).
Enfin, au grand trône blanc, après le règne glorieux de Christ sur la terre, « le dernier ennemi qui sera aboli, c’est la mort » (1 Cor. 15:26). « La mort et le hadès furent jetés dans l’étang de feu ; c’est ici la seconde mort, l’étang de feu » (Apocalypse 20:14).
Alors, s’établit l’état
éternel dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre : « le Fils
aussi lui-même sera assujetti à celui qui lui a assujetti toutes choses, afin
que Dieu soit tout en tous
» (1 Cor. 15:28).
L’apôtre anticipe les résultats de l’œuvre de Christ et les applique en tant que conséquences morales pour la formation de nos âmes.
Pour le chrétien maintenant, la mort est un gain. « Déloger et être avec Christ, cela est de beaucoup meilleur », « Pour moi, vivre c’est Christ ; et mourir, un gain » (Phili. 1:23, 21).
Pour que la mort soit un gain, comme l’apôtre le réalisait, il faut que Christ soit notre vie et notre unique objet. « Christ est tout et en tous » (Col. 3:11), tout (ou toutes choses) comme objet — en tous comme vie.
Rappel de l’expérience d’un frère fidèle :
« Je me trouvais tout près de la fin et fus surpris de voir combien peu de différence cela faisait pour moi. Christ, le précieux Sauveur, était avec moi pour faire le voyage ; puis, par grâce, j’allais être avec Lui pour toujours : quant à cela, il n’y avait aucun changement. Christ est tout, tout le reste disparaîtra, mais (béni soit Son Nom) Lui jamais » (Pensées JND p. 172).
On peut citer dans le même courant de pensées, cette parole d’un autre devancier :
« J’ai eu coup sur coup deux crises graves du cœur qui me donnaient, ainsi qu’à mon entourage, l’impression que le moment de mon départ était arrivé. Il ne m’en est resté que l’heureuse impression qu’être avec Christ était de beaucoup meilleur » (ME 1934 p. 87, lettre de HR).
Ces pensées devraient nous garder de la mondanité qui encombre notre chemin et dessèche notre cœur.
Au tribunal de Christ, tout ce qui aura été fait en ayant Christ pour objet sera manifesté dans la lumière parfaite de Dieu. La puissance de la grâce de Dieu peut accomplir maintenant cette merveille de manifester la vie de Christ dans des vases de terre.
Tout l’honneur est pour Dieu qui produit tout le bien, le serviteur n’étant qu’un canal.
Toutes choses sont à nous
, mais nous ne sommes plus à nous-mêmes, mais à
Christ. « Vous n’êtes pas à vous-mêmes ; car vous avez été achetés à
prix » (1 Cor. 6:19). Nous devons vivre pour Celui qui pour nous est mort
et a été ressuscité (2 Cor. 5:15). Ces vérités doivent contribuer à la
formation de nos âmes et à la sainteté pratique de notre marche. Ainsi sont
produites l’humilité devant Dieu mais aussi la dignité. Un frère ancien a
dit : « Il n’y a rien de comparable dans ce monde à la dignité d’un
homme qui marche toujours avec Dieu » (Pensées JND
p. 179). Le sentiment intérieur de la position en Christ des chrétiens, et de
leur caractère entièrement céleste, a été perdu de vue par l’Église au cours
des siècles. Comment expliquer que des chrétiens aient pu être trouvés avec une
épée à la main, pour défendre des intérêts qui n’étaient pas strictement
chrétiens ?
Le Seigneur n’a jamais manqué, un seul instant, à sa position céleste : « le fils de l’homme qui est dans le ciel » (Jean 3:13) ; mais qui a été fidèle comme Lui dans les détails de la vie ? Le chrétien, à Sa suite, doit prendre garde à la fidélité dans les détails, tout en conservant une hauteur de vue qui accompagne la réalisation de nos rapports avec Dieu.
L’avenir est à nous, et nous sommes à Christ : c’est notre vraie gloire et notre vraie liberté.
Mais si nous sommes à Christ, nous ne sommes que des serviteurs, et c’est ce que développe le chapitre 4.
L’apôtre était très sûr de son appel, et conscient des dons qu’il avait reçus du Seigneur. Il restait toutefois vidé de lui-même par la grâce de Dieu, et sans être porté à se faire valoir, il demeurait dans la position de serviteur.
L’apôtre avait été, en particulier, appelé comme administrateur des mystères de Dieu, et notamment de celui de la révélation de l’Église.
Une nouvelle partie de l’épître commence au ch. 5, qui traite de la conduite et de la discipline.
Il y avait à Corinthe un péché affreux, connu partout, rare dans le monde. Si les Corinthiens ne connaissaient pas encore la manière d’exercer la discipline de l’assemblée — et l’épître donne des instructions à cet égard — toutefois ils étaient doublement coupables, comme hommes d’abord, et comme chrétiens ensuite, de tolérer un tel mal et d’être enflés d’orgueil, au lieu de s’humilier et de mener deuil.
Au reste, les Corinthiens dont certains étaient Juifs, comme Crispus (le chef de synagogue), auraient dû se souvenir de l’histoire d’Israël et des commandements de Dieu à son peuple terrestre.
Le mal connu à Corinthe était mentionné en Lév. 20:11 comme méritant la mort et en Deut. 22:30 comme lié au péché de Cham envers son père Noé. Le peuple avait le devoir de se purifier du mal : « Tu ôteras le mal du milieu de toi » (Deut. 17 à 21). Plus loin dans l’épître (1 Cor. 10:8) l’apôtre dit aux Corinthiens que ces choses étaient écrites pour nous servir d’avertissement. Balaam, au service de Balak, roi de Moab qui détestait Israël, avait cherché à maudire le peuple, mais Dieu ne le lui avait pas permis (Deut. 23:4, 5). Il a ensuite jeté une pierre d’achoppement devant les fils d’Israël pour qu’ils mangeassent des choses sacrifiées aux idoles, et qu’ils commissent la fornication (Apocalypse 2:14), et le peuple est tombé dans le péché (Nb. 25). Plus tard, à la fin de l’histoire du peuple, avant la captivité, le peuple était tombé dans un état qui faisait honte aux nations : même « les filles des Philistins… ont honte de tes voies d’infamie » (Éz. 16:27). Au milieu du mal, le chemin selon Dieu était de soupirer et de gémir à cause de toutes les abominations qui se commettent au-dedans de la ville (Éz. 9:4).
Les enseignements donnés par le Seigneur en Matt. 15:19 montrent que du « cœur viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les fornications… ».
Dans le sermon sur la montagne, le Seigneur montre que le germe du mal est dans le cœur : « Quiconque regarde une femme pour la convoiter, a déjà commis adultère avec elle dans son cœur » (Matt. 5:28).
Les chrétiens vivent aujourd’hui dans un monde qui gît dans le méchant et dans le mal. L’immoralité s’est considérablement aggravée depuis quelques décennies et se montre jusqu’au grand jour, les temps actuels rappelant ceux qui ont immédiatement précédé le déluge où « toute chair avait corrompu sa voie sur la terre » (Gen. 6:12). Les progrès techniques, l’importance des moyens d’information, l’influence d’écrivains impies qui s’occupent de choses grossièrement mauvaises, font disparaître la notion du bien et du mal selon Dieu.
Notre sécurité n’est pas dans la connaissance des vérités chrétiennes, mais dans la communion avec Dieu qui seul peut nous garder, et garder nos pensées occupées du bien. Nous sommes appelés à fuir devant le mal comme Joseph autrefois, et à fuir les convoitises de la jeunesse comme Timothée (2 Tim. 2:22).
Le Seigneur visite les prétentions des Corinthiens, et les jette par terre à cause de leur orgueil qui avait donné prise à Satan. Ils auraient dû ôter du milieu d’eux celui qui avait commis une telle action, mais auparavant il fallait mener deuil. Il y avait une culpabilité collective, les croyants sont membres d’un seul corps et le péché de l’un est celui de tous.
Dieu parlait à Josué, autrefois, du péché d’Acan comme du péché du peuple : « Israël a péché… ils ont pris de l’anathème, et même ils ont volé, et même ils ont menti… » (Josué 7:11).
Les milieux chrétiens qui enseignent que seul celui qui a péché est responsable manquent donc grandement.
Il convient donc, d’une part de se séparer du mal, mais aussi de réaliser qu’un peu de levain fait lever la pâte toute entière : expression donnée ici en rapport avec le mal moral, et en Galates 5:9 en rapport avec la loi et le mal doctrinal.
Après avoir été éclairés dans cette affaire par l’apôtre, les Corinthiens ont toutefois montré qu’ils « étaient purs dans l’affaire » (2 Cor. 7). En s’obstinant à refuser de juger le mal dans leur sein, les Corinthiens auraient cessé de manifester les caractères d’une vraie assemblée de Dieu.
16-05-1967
Nous sommes revenus sur l’expression du v. 12, du dehors et du dedans.
Le « dedans » c’est la sphère où s’exercent les droits du Seigneur et la discipline de l’assemblée, et où se réalise la communion à la cène du Seigneur.
La sphère dont parle l’apôtre ici est différente de la maison de 1 Pierre 2:5, de la sainte cité de Apocalypse 21:22 (dehors sont les chiens : Apocalypse 22:15), et à plus forte raison de la grande maison de 2 Tim. 2:20. Aux premiers temps de l’Église, tous les chrétiens étaient dedans. Maintenant, à notre confusion, la chrétienté, cette grande maison, abrite des incrédules, et le dedans ne désigne que le seul terrain où les droits du Seigneur sont reconnus. Il y a de vrais croyants aujourd’hui en dehors d’une telle sphère, mais la discipline ne s’exerce pas envers eux. « Ceux de dehors, Dieu les juge ». Chaque croyant est responsable d’abord vis-à-vis de Dieu et du Seigneur : chacun portera son propre fardeau (Galates 6:5) et sera manifesté devant le tribunal de Dieu (Rom. 14:10) ou de Christ (2 Cor. 5:10). Pour cette vie, tout croyant est aussi l’objet du gouvernement de Dieu. Mais ceux qui sont dedans sont, de plus, soumis à la discipline de l’assemblée.
Le premier paragraphe du chapitre 6 traite des torts faits par des frères. Il était affligeant de constater qu’à Corinthe, les chrétiens qui jugeront un jour le monde et les anges, fussent incapables de juger les misérables affaires de ce monde. Au lieu de régler leurs affaires entre eux, ils portaient leurs différents devant les incrédules, appelés ici les injustes.
Avant que ne se réalise la prophétie du Ps. 94:15 : « le jugement retournera à la justice », la justice n’est pas de ce monde, et les hommes sans Dieu sont injustes. Pilate, les Juifs et tous les hommes ont moralement renié, condamné, livré et mis à mort le Saint et le Juste (Actes 3:13-15, Jacques 5:6). Les chrétiens ne sont pas du monde, comme le Seigneur ne l’était pas, et appartiennent à une sphère totalement différente.
Nous avons rappelé plusieurs exhortations dont certaines étaient connues des Corinthiens : Dans le sermon sur la montagne, le Seigneur dit : « À celui qui veut plaider contre toi et t’ôter ta tunique, laisse-lui encore le manteau » (Matt. 5:40).
Au même chapitre, les difficultés entre frères sont liées à l’offrande des dons, et donc en figure au culte pour les chrétiens : « Si donc tu offres ton don à l’autel, et que là il te souvienne que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton don devant l’autel, et va d’abord, réconcilie-toi avec ton frère ; et alors viens et offre ton don » (Matt. 5:23, 24).
Matthieu 18:15-17 nous donne le chemin à suivre lorsqu’un frère en a offensé un autre ; la souveraineté de la grâce est là pour pardonner jusqu’à 70 fois 7 fois (il s’agit ici d’une conduite individuelle différente de la discipline de l’assemblée visée en 1 Cor. 5).
Les épîtres abondent aussi en exhortations à l’esprit de support et de pardon :
En ceci, comme en toutes choses, Christ est le modèle : « qui, lorsqu’on l’outrageait, ne rendait pas d’outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas, mais se remettait à celui qui juge justement » (1 Pierre 2:23).
L’apôtre touche la conscience des Corinthiens en leur rappelant des vérités qu’ils avaient oubliées : « Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde ? », « Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges ? »
Les saints seront associés à Christ pour le jugement judiciaire des vivants présenté en Matt. 25 et Joël 3. Apocalypse 20:4 et Daniel 7:22 : « le jugement fut donné aux saints des lieux très-hauts », différent de la juste vengeance de Christ d’Apocalypse 19 et du jugement des morts d’Apocalypse 20 devant le grand trône blanc.
Nous jugerons les anges. Il ne s’agit pas des anges déchus et de Satan leur prince. Les chrétiens sont placés au-dessus des anges qui sont des serviteurs.
13-02-1968
Après avoir parlé de la communion à la Table du Seigneur en regard de l’autel du peuple Juif et par opposition à la table des démons, l’apôtre reprend, dans le dernier paragraphe du ch. 10, le sujet de la liberté chrétienne, déjà abordé au ch. 8.
Cette liberté, qui suppose des exercices de conscience, doit tenir compte que nous sommes « un seul pain, un seul corps » (v. 17). Si toutes choses sont permises (le mal n’est évidemment pas toléré en cela), toutes ne sont pas avantageuses — n’édifient pas, ou ne tendent pas à la paix. Le chrétien doit avoir en vue la gloire du Seigneur, l’édification des saints et le respect de la conscience d’autrui.
Les exhortations données ici ont été rapprochées de celles données par le même apôtre en Rom. 14. Dans les deux épîtres, l’amour est présenté comme le motif profond de la marche du chrétien. « Si, à cause d’une viande, ton frère est attristé, tu ne marches plus selon l’amour » (Rom. 14:15).
« Que personne ne cherche son propre intérêt mais celui d’autrui » : précepte impossible à réaliser par la chair, car l’homme naturel est égoïste et fait de lui-même son centre.
La même pensée se retrouve en Gal. 5:13 : « Car vous, frères, vous avez été appelés à la liberté ; seulement n’usez pas de la liberté comme d’une occasion pour la chair, mais, par amour, servez-vous l’un l’autre ».
Le Seigneur est notre modèle, et à Sa suite, l’apôtre l’était aussi : il était assiégé tous les jours par sa « sollicitude pour toutes les assemblées » (2 Cor. 11:28) ; il ne cherchait pas son « avantage propre, mais celui du grand nombre » (1 Cor. 10:33).
Au v. 25, l’apôtre rappelle que l’on pouvait manger de tout ce qui se vend à la boucherie. Avant la chute, l’homme avait reçu pour nourriture « toute plante portant semence… et tout arbre dans lequel il y a un fruit d’arbre, portant semence » (Gen. 1:29), alors que les animaux avaient toute plante verte pour nourriture. Après la chute, l’homme mange du sol en travaillant péniblement : « tu mangeras l’herbe des champs » (Gen. 3:18). C’est après le déluge, dans le monde dans lequel nous vivons encore aujourd’hui que Dieu dit à l’homme : « Tout ce qui se meut et qui est vivant vous sera pour nourriture ; comme l’herbe verte, je vous donne tout » (Gen. 9:3). Le sang, figure de la vie, ne pouvait pas être mangé — défense répétée expressément aux chrétiens en Actes 15. Le chrétien, éclairé par la grâce de Dieu, s’élève au-dessus de la superstition des hommes qui s’abstiennent « des viandes que Dieu a créées pour être prises avec action de grâces par les fidèles… car toute créature de Dieu est bonne » (1 Tim. 4:3, 4). Il n’y a plus de bêtes pures ou impures pour le chrétien (une voix du ciel a déclaré à l’apôtre Pierre par trois fois en Actes 10 : « Ce que Dieu a purifié, toi, ne le tiens pas pour impur »), ni la défense de manger la graisse ; mais ces choses conservent tout leur sens spirituel.
Le chrétien est donc libre de manger quelque nourriture que ce soit (sauf le sang), mais il la prend avec action de grâces, car elle est sanctifiée par la Parole de Dieu et par l a prière.
La liberté chrétienne s’applique aussi à nos relations vis-à-vis des incrédules ; si quelqu’un nous convie, « et que nous voulions aller », notre conscience doit être exercée. Nous n’irions pas en un lieu où nous serions obligés de laisser le Seigneur à la porte : « Ne mange point le pain de celui qui a l’œil mauvais » (Prov. 23:6).
Lorsque le fait qu’une viande ait été offerte en sacrifice était porté à la connaissance d’un chrétien, il ne devait pas en manger du tout à cause de la conscience de l’autre. Ce dernier manifestait en effet qu’il avait conscience de l’idole, bien que celle-ci ne fût rien — et des choses qui lui étaient sacrifiées. Il convenait donc de ne rien faire qui pût blesser la conscience d’autrui, dans le respect et l’amour des âmes. L’exemple de Daniel a été rappelé. Il avait arrêté « dans son cœur qu’il ne se souillerait point par les mets délicats du roi et par le vin qu’il buvait » (Daniel 1:8). Daniel était un Juif pieux sous la loi et sa conduite, bien que d’une portée un peu différente, est un exemple pour nous de la réalisation du nazaréat et de la mise à part.
Nous trouvons enfin au v. 31 le principe divin qui résume tout ce qui vient d’être exposé : « Quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu ». Telle devrait être la devise des croyants. Nous avons rapproché cette exhortation de celle de la fin de Romains 14 : « Tout ce qui n’est pas sur le principe de la foi est péché » (Rom. 14:23), et de celle de Colossiens : « Quelque chose que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, rendant grâces par lui à Dieu le Père » (Col. 3:17).
On peut enfin rappeler cette pensée d’un serviteur fidèle :
« Si Christ, habite dans votre cœur par la foi, vous ne poserez pas la question si fréquente : Quel mal y-a-t-il en ceci ou en cela ? Vous vous demanderez plutôt : Est-ce que je fais ceci pour Christ ? Peut-il m’approuver en cela ? Si vous êtes en communion avec Lui, vous découvrirez facilement ce qui n’est pas selon Lui (JND — Pensées : 15ème semaine).
Revenons sur l’expression :
« Faites tout pour la gloire de Dieu
».
Colossiens 3:23 : « Quoi que vous fassiez, faites-le de cœur, comme pour le Seigneur ».
1 Pierre 4:11 : « Si quelqu’un sert, qu’il serve comme par la force que Dieu fournit, afin qu’en toutes choses Dieu soit glorifié par Jésus Christ ».
Jean 15:8 : « En ceci mon Père est glorifié, que vous portiez beaucoup de fruit ; et vous serez mes disciples ».
Nous sommes ainsi appelés à être les disciples de Celui qui a pu dire : « Moi, je t’ai glorifié sur la terre » (Jean 17:4).
Lorsque l’apôtre écrivait aux Corinthiens, il y avait trois sphères morales et religieuses : les Juifs, les Grecs et l’Assemblée de Dieu. Faire tout pour la gloire de Dieu, c’était en particulier, ne pas causer de dommage, du point de vue religieux, à quiconque dans l’une de ces trois sphères. L’exhortation, présentée ici sous une forme négative, peut se généraliser au temps où nous vivons : un chrétien ne doit pas être une cause d’achoppement à un professant, ni à un incrédule ni à un vrai chrétien. Ceci inclut notre façon d’agir vis-à-vis des autres, notre marche : le relâchement moral ou religieux, ou l’orgueil par exemple, peuvent être des causes d’achoppement.
Faire tout pour la gloire de Dieu, c’est au contraire, représenter Dieu et Christ devant les hommes ; en manifestant la sainteté, la douceur, la charité, le dévouement, la paix et l’honnêteté, nous sommes appelés à être :
Si l’apôtre se présentait ainsi comme modèle, c’est d’abord qu’il veillait sur lui-même (voir 1 Cor. 9) ; il se renonçait à lui-même et « dans la peine et le labeur, travaillant nuit et jour… afin de nous donner nous-mêmes à vous pour modèle, pour que vous nous imitiez » (2 Thess. 3:8, 9).
Comment pouvons-nous réaliser ces choses ? en demeurant près du Seigneur car « séparés de Moi, vous ne pouvez rien faire » ; en cultivant sans bruit la communion. Ce n’est pas l’équivalent d’une loi extérieure, mais la manifestation d’un état intérieur. Lorsque Moïse avait parlé avec Dieu, la peau de son visage rayonnait. Nous sommes exhortés à contempler maintenant à face découverte la gloire du Seigneur, pour être transformés selon son image (2 Cor. 3:18). « Moïse ne savait pas que la peau de son visage rayonnait, parce qu’il avait parlé avec Lui » (Ex. 34:29).
Lorsque nous vivons une vie de communion et de piété — qui est utile à toutes choses — le moi disparaît et nous ne recherchons pas notre propre gloire.
Un chrétien fidèle demeure humble, et reflète Christ sans bruit : il est alors un témoin brillant. Pour nous aider dans ce chemin, la Parole joue un rôle immense.
Les parents doivent être très exercés pour ne pas être en pierre d’achoppement à leurs enfants ; avant leur conversion, ceux-ci ne peuvent être exhortés à imiter Christ comme modèle ; toutefois la marche des parents et des chrétiens peut contribuer à amener en eux le travail de la grâce de Dieu, qui opère le changement fondamental de la conversion.
La responsabilité des chrétiens est grande aussi vis-à-vis des gens du monde. Un chrétien qui se laisse aller à s’occuper de politique n’est pas fidèle au Seigneur et peut être en scandale devant le monde. Il mérite la réponse faite par un inconverti à un chrétien ainsi égaré : « Vous avez le ciel, laissez-nous la terre ». Le Seigneur peut nous enseigner, « nous donner de l’intelligence en toutes choses » (2 Tim. 2:7). Il faut du renoncement à soi-même : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il se renonce soi-même » (Matt. 16:24 ; Marc 8:34 ; Luc 9:23).
« Portant toujours partout dans le corps la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps » (2 Cor. 4:10).
L’apôtre disait, en le réalisant : « Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi » (Gal. 2:20).
La conduite de l’apôtre était dictée par le saint désir que soit réalisé « l’avantage du grand nombre, afin qu’ils soient sauvés » (v. 33).
Cette pensée, déjà exprimée avec plus de détail au ch. 9, était traduite dans la vie de l’apôtre telle que le livre des Actes nous la présente. Il était devenu toutes choses pour tous, mais néanmoins toujours « justement soumis à Christ » (1 Cor. 9:21).
27-02-1968
Dans ce chapitre, l’apôtre Paul traite d’une question apparemment de détail, la conduite de la femme et aussi celle de l’homme.
Le sujet de l’ordre dans l’assemblée ne commence qu’au v. 17, le premier paragraphe étant relatif à la conduite de la femme devant les yeux des autres. L’apôtre base ses réponses, à l’égard des détails, sur les principes fondamentaux les plus élevés. C’est ce que fait le christianisme pour tous les sujets qu’il traite, le Saint Esprit élevant ainsi tout à la hauteur de Dieu lui-même. À l’occasion d’une question de décence et de convenance, l’apôtre expose la relation des dépositaires de la gloire de Dieu avec Dieu lui-même (« L’homme, étant l’image de la gloire de Dieu » v. 7), et l’ordre de leur relation selon la pensée divine :
L’ordre du pouvoir en remontant jusqu’à Celui qui est suprême est donc : la femme, l’homme, Christ, Dieu.
Cet ordre correspond à la pensée divine dans la première création, qui n’est pas aboli par l’introduction de la seconde. Dans le christianisme, il n’y a ni homme, ni femme, ni esclave, ni homme libre ; mais les chrétiens respectent de cœur et pour le Seigneur l’ordre de la première création, et les différences qui sont ainsi provisoirement maintenues.
Du point de vue de la position extérieure, le chef de la femme c’est l’homme. C’est pourquoi la femme ne doit pas user d’autorité sur l’homme, et doit se taire dans les assemblées.
Cette position extérieure de soumission et de dépendance n’empêche pas qu’une femme pourrait être plus spirituelle qu’un homme, ou que son mari, et pourrait avoir des dons, celui de prophétiser en particulier. On a remarqué que ce sont des femmes (Marie de Béthanie, Marie de Magdala) qui brillent le plus dans l’entourage du Seigneur.
Le Seigneur a donné l’exemple parfait de la réalisation de Sa position devant Dieu en dépendance. Il est notre modèle.
La position respective de l’homme et de la femme définie de façon générale au v. 3 de ce chapitre est présentée dans d’autres passages, Éphésiens 5 notamment, comme l’image de l’union de Christ et de l’Église, figurée déjà dans la création d’Adam et d’Ève.
Les exhortations d’Éphésiens 5 aux maris et aux femmes se rapportent donc à Christ et au Seigneur.
Les conséquences pratiques des vérités du v. 3 sont développées dans les v. 4 à 16.
L’homme ne doit pas avoir une longue chevelure ou se couvrir la tête lorsqu’il prie ou prophétise. La tête découverte représente l’autorité : sous ce rapport, il est revêtu de la gloire de Dieu dont il est l’image.
La femme doit avoir une longue chevelure — qui lui est donnée en guise de voile comme gloire pour elle — et ne doit pas avoir la tête découverte lorsqu’elle prie ou lorsqu’elle prophétise. La tête couverte est le signe de l’assujettissement à l’homme et du pouvoir auquel la femme est soumise.
C’est un honneur pour les croyants — hommes ou femmes — frères ou sœurs — d’obéir à de telles exhortations, en demeurant ainsi à la place où Dieu les a mis. Ceux qui ne s’y soumettent pas déshonorent leur tête, expression remarquable répétée aux v. 4 et 5.
L’apôtre donne trois raisons pour que la femme reste couverte :
L’obéissance à de tels commandements, simples et précis, devrait nous caractériser. Le monde chrétien, même biblique, n’en est pas là, en général. Mais pourquoi des difficultés apparaissent-elles sur ces sujets parmi les frères ? Beaucoup de motifs peuvent être invoqués pour réduire la portée de ces passages ; mais lorsque le cœur est engagé pour le Seigneur, ces questions se résolvent d’elles-mêmes. Au reste, Marie de Béthanie n’a-t-elle pas essuyé les pieds du Seigneur, oints du parfum, avec ses cheveux ? Aurait-elle pu le faire, si son amour pour le Seigneur, ne lui avait pas enseigné à conserver, dans la dépendance, ce qui était une gloire pour elle ?
16-04-1968
Au chapitre 10, l’apôtre
avait présenté la Cène du Seigneur en rapport avec l’unité du corps de Christ,
ceux qui le composent étant unis ensemble par l’Esprit Saint. Après avoir
développé la nature et la portée de la cène dans la deuxième partie du ch. 11,
l’apôtre donne l’autre partie de la vérité relativement à l’Assemblée et aux
assemblées, touchant la présence et les dons du Saint Esprit et les
manifestations spirituelles. On remarque le caractère particulier de l’enseignement
de l’apôtre dans les épîtres aux Éphésiens
,
aux Colossiens
et aux Corinthiens
.
L’épître aux Éphésiens
présente la tête et le corps,
« l’assemblée, qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout
en tous » (Éph. 1:23). Dans le ch. 4 de cette
épître, nous avons les soins de Christ comme tête du corps ; Christ donne
ainsi des dons aux hommes, accomplissement du Ps. 68, en rapport avec l’exaltation
de Christ « par la droite de Dieu, et ayant reçu de la part du Père l’Esprit
Saint promis » (Actes 2:33).
L’épître aux Colossiens
présente
Christ comme le chef, la tête du corps qui est l’assemblée (Col. 1:18).
L’épître aux Corinthiens
présente le corps de Christ
dans la place qu’il occupe ici-bas aux yeux de Celui qui en est le Chef. Le ch.
12 définit la source des fonctions des différents membres du corps, le Saint
Esprit agissant comme puissance.
Le premier point était d’établir les marques distinctives auxquelles on pouvait reconnaître l’Esprit de Dieu.
Dans le paganisme d’où sortaient les Corinthiens, il y avait des manifestations spirituelles qui provenaient de l’Ennemi : Satan et les démons. Dans la chrétienté aujourd’hui, de telles manifestations sont moins frappantes, mais la puissance de l’Ennemi est tout aussi réelle. La puissance séductrice de l’Ennemi trompe les hommes et éblouit leur imagination en se transformant en Ange de lumière. Mais le trait caractéristique, c’est que Christ n’est pas reconnu par l’Ennemi. Un esprit impur ne peut donc pas dire : « Seigneur Jésus », et nul ne peut dire : « Seigneur Jésus si ce n’est par l’Esprit Saint ».
Les instructions positives commencent au v. 4. L’Esprit Saint habite au milieu des chrétiens, manifestation de la présence de Dieu parmi les hommes, l’assemblée étant « une habitation de Dieu par l’Esprit » (Éph. 2:22). La présence de l’Esprit se manifeste par des dons qui s’exercent par le moyen des membres du corps, soit pour l’appel et l’édification de l’assemblée, soit comme témoignage envers ceux de dehors.
Il n’y a qu’un seul et même Esprit — à la différence des démons — mais il y a diversité de dons. Ce seul et même Esprit agit parmi les chrétiens par diverses manifestations (l’Esprit est présenté ici comme distribuant les dons, alors qu’en Éphésiens 4, c’est Christ qui les donne).
Dans l’exercice de ces dons différents, les croyants sont administrateurs, c’est-à-dire serviteurs et économes de Christ, reconnaissant dans leur service Sa Seigneurie.
L’apôtre Pierre exhorte à employer les dons de grâce comme bons dispensateurs (ou administrateurs) de la grâce variée de Dieu (1 Pierre 4:10).
Enfin, si c’est Christ comme Chef qui est servi, cependant c’est Dieu qui opère, un seul et même Dieu qui opère tout en tous. Nous avons donc aux v. 4 à 6, la Trinité (*) qui nous est présentée, non pas dans Son caractère propre, mais un seul Esprit agissant dans les chrétiens, Jésus comme Seigneur, et Dieu agissant dans les dons.
(*) note Bibliquest : nous ne pensons pas que ce soit vraiment la Trinité qui soit en vue ici, car Dieu agissant dans les dons n’est pas vu spécialement comme Dieu le Père.
Les opérations qui sont attribuées à Dieu au v. 6 sont attribuées à l’Esprit au v. 11 : « le seul et même Esprit opère toutes ces choses, distribuant à chacun en particulier comme il lui plaît ». Dans cette distribution, selon la volonté de l’Esprit, chacun reçoit quelque chose sans qu’il ait à choisir lui-même. Chaque membre a sa place ordonnée dans l’ensemble du corps, et un service à remplir en vue de l’utilité. Cette vérité doit parler à nos consciences pour que nous discernions le don que chacun a reçu, public ou caché. Un membre ne peut pas être remplacé par un autre : un chrétien ne peut pas laisser accomplir son service par un autre, ni accomplir le service de son frère, sans dommage pour tout le corps. Si nous avons en vue l’utilité du corps, nous serons gardés de la routine, de nous glorifier de notre service (les Corinthiens se glorifiaient de parler en langues, le don le plus en vue, cité le dernier dans la liste des v. 8 à 10).
Cette liste comprend 9
manifestations de l’Esprit, le même Esprit qui donne
et qui opère
toutes ces choses :
On peut dire que ces dons sont occasionnels et leur énumération est différente de celle qui est donnée au v. 28 où l’on trouve d’abord :
11-06-1968
Nous sommes revenus sur les v. 1 à 3 du chapitre 13 en soulignant :
1 — Que l’amour ne peut se
manifester sans qu’il y ait participation à la nature divine :
« quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu » (1 Jean 4:7). La
source de l’amour est en Dieu seul, car « Dieu est amour ». (On
remarque, du reste, que la Parole ne dit pas que les saints sont
amour — ils doivent marcher dans l’amour
— mais ils sont lumière
dans le Seigneur et doivent
marcher comme des enfants de lumière).
2 — Qu’il faut veiller à cultiver la communion avec le Seigneur et à rester en rapport avec Dieu, conditions indispensables à la manifestation de l’amour versé dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous a été donné.
3 — Enfin il existe une différence fondamentale entre l’action en puissance du Saint Esprit et la vivification d’une âme par l’action du Saint Esprit. Alors que la vivification communique la vie divine, la première (l’action en puissance) peut s’exercer à travers des personnes irrégénérées : Saül, Judas, les âmes dont le cas est mentionné en Hébreux 6:4 en sont de solennels exemples : « ceux qui sont devenus participants de l’Esprit Saint… et qui sont tombés » avaient abandonné le christianisme et n’avaient pas la vie. On peut penser aussi que Judas a accompli des miracles, et il était du méchant, c’est-à-dire de Satan, comme Caïn.
On trouve des exemples contemporains d’hommes qui distribuent en aliments tous leurs biens et livrent leurs corps pour être brûlés, sans avoir ni l’amour, ni la vie divine.
À partir du v. 4, l’apôtre présente l’amour à travers ses caractères et ses manifestations sans en donner une définition (de la même manière Hébreux 11 ne présente pas la définition de la foi, mais l’activité et les effets de celle-ci).
Les v. 4 à 7 citent 14 caractères de l’amour ; certains sont positifs (les deux premiers et les quatre derniers), les huit autres sont négatifs.
Les huit premières qualités de l’amour sont l’expression de l’abnégation de soi-même. Les caractères sont donnés ici dans leur sens absolu, comme manifestés en Dieu. Dans les saints, l’amour de Dieu est mélangé à des sentiments humains. Christ seul, homme parfait, a réalisé ces choses : « Il a rendu la loi grande et honorable » (Ésaïe 42:21) et « l’amour est la somme de la loi » (Rom. 13:10).
« L’amour use de
longanimité ; il est plein de bonté
».
La bonté est la nature même de Dieu, l’expression de son amour envers des créatures. La longanimité parle du support et de la patience.
On retrouve la longanimité et la bonté dans le fruit de l’Esprit de Galates 5:22, mentionnées après l’amour ; les manifestations extérieures envers les autres suivent l’état intérieur de l’âme devant Dieu ; c’est l’ordre selon Dieu.
Nous avons cité également Col. 3:12-14 : « Revêtez-vous donc, comme des élus de Dieu… d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de longanimité… Et par-dessus toutes ces choses, revêtez-vous de l’amour, qui est le lien de la perfection ».
Les caractères négatifs de l’amour sont mis en opposition avec les œuvres de la chair de Galates 5.
En premier lieu, l’amour n’est
pas envieux
. L’envie est une plaie universelle caractéristique de la race
adamique, et manifeste l’insatisfaction de l’homme déchu. Celui qui aime s’oublie
lui-même, et ne se compare plus aux autres ; il rapporte tout aux autres,
en vue de leur bien ; il donne sans chercher à recevoir. À l’opposé de l’envie,
la Parole nous enseigne à être contents de ce que nous avons présentement (Héb. 13:5) — contents dans les circonstances dans
lesquelles nous nous trouvons (Phili. 4:11) — et à
cultiver la piété avec le contentement, ce qui est un grand gain (1 Tim. 6:6).
18-06-1968
D’une manière générale, les
exhortations données s’appliquent à nos relations fraternelles et au service. L’amour
de Dieu est versé dans nos cœurs
. Si nos cœurs sont en communion, les
caractères de l’amour se manifestent.
« L’amour ne se vante pas ; il ne s’enfle pas d’orgueil ; il n’agit pas avec inconvenance ; il ne cherche pas son propre intérêt ».
Se vanter
, c’est-à-dire se
faire valoir aux yeux des autres et à leurs dépens, est un caractère des
derniers jours (2 Tim. 3:2). L’homme naturel se vante
de faire le bien, ou pire, de choses qui ne sont pas glorieuses.
Le Seigneur met en garde ses disciples en Matt. 6 contre la conduite des pharisiens hypocrites qui attiraient l’attention sur eux en faisant l’aumône (v. 2), en priant (v. 5) et en jeûnant (v. 16). Le monde récompense publiquement et honore la fidélité des hommes. Le chrétien ne recherche pas, et ne reçoit pas l’honneur qui vient des hommes, mais l’approbation secrète du Seigneur : « Bien, bon et fidèle esclave ».
Dans les évangiles, les apôtres
sont présentés, se rassemblant auprès de Jésus pour Lui raconter tout ce qu’ils
avaient fait, tout ce qu’ils avaient enseigné (Marc 6:30).
Au contraire, Paul et Barnabas racontent à ces mêmes apôtres « toutes les choses que Dieu avait faites avec eux » (Actes 15:4). L’apôtre réalisait ce qu’il prêchait : « non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi » (1 Cor. 15:10). De la même manière, un frère qui a reçu un don, peut parler de ce qu’il a fait pour qu’il en résulte de la gloire pour le Seigneur.
L’amour ne s’enfle pas d’orgueil
: L’orgueil c’est la racine profonde, le mal
intérieur, dont la vantardise n’est qu’une des manifestations extérieures. L’orgueil,
appelé la faute ou le péché du diable (1 Tim. 3:6),
est le plus grave des péchés ; il caractérisait les Corinthiens qui ne
jugeaient pas le mal parmi eux, et il caractérise aussi les derniers jours,
comme Sodome autrefois (orgueil, abondance de pain, insouciant repos, Éz. 16:49).
Satan, créature de Dieu parfaite en beauté (Éz. 28), est tombé par orgueil sans convoitise extérieure. Il a tenté le premier Adam dans le jardin d’Éden : « Vous serez comme Dieu » (Gen. 3:5), et l’a fait tomber par orgueil.
Quel contraste avec le dernier Adam, Christ, qui « n’a pas regardé comme un objet à ravir d’être égal à Dieu, mais s’est anéanti lui-même » (Phili. 2:6), et qui se présente comme « débonnaire et humble de cœur » (Matt. 11:29) !
L’orgueil peut se manifester extérieurement, ou resté caché. Il peut conduire à toutes sortes de maux, comme les hérésies ; il va devant de la ruine (Prov. 16:18). « Dieu résiste aux orgueilleux, mais Il donne la grâce aux humbles » (Jacques 4:6).
L’amour n’agit pas avec
inconvenance
:
Il ne s’agit pas du tact humain, mais de la manifestation de la vie divine dans les saints, l’amour discernant les nuances pour les respecter. Les chrétiens, sans jamais flatter les autres, respectent les valeurs morales et doivent être les premiers à rendre l’honneur aux autres, sans mépriser personne.
La Parole présente de remarquables exemples de serviteurs ayant agi avec la dignité et le sens des convenances : Jacob devant le Pharaon, David vis-à-vis de Saül, Pierre et les apôtres vis-à-vis des Juifs, l’apôtre Paul devant Félix, Festus et le roi Agrippa, et par-dessus tout le Seigneur devant Pilate. L’histoire de l’Église a été marquée par le souvenir de l’attitude admirable des martyrs devant ceux qui les persécutaient jusqu’à la mort. Dans notre vie pratique, nous sommes appelés à respecter les règles de convenance morale de la première création.
Timothée était exhorté à avoir une attitude appropriée vis-à-vis de l’homme âgé, des sœurs âgées ou jeunes.
Enfin, si l’amour n’agit jamais avec inconvenance — (c’est le côté négatif) — nous sommes engagés à ce que toutes choses se fassent avec bienséance et avec ordre (1 Cor. 14:40) (c’est le côté positif).
L’amour ne cherche pas son
propre intérêt
:
L’apôtre ne servait pas les saints pour lui-même.
« Or moi, très-volontiers je dépenserai et je serai entièrement dépensé pour vos âmes, si même, vous aimant beaucoup plus, je devais être moins aimé » (2 Cor. 12:15).
Il travaillait de ses propres mains, jour et nuit, pour n’être à charge à personne et garder sa liberté morale.
L’abandon du premier amour, comme l’Église d’Éphèse, conduit à l’état défini par l’apôtre aux Philippiens : « Tous cherchent leurs propres intérêts, non pas ceux de Jésus Christ » (Phili. 2:21).
Les œuvres peuvent devenir un piège, car le moi se place au centre et prend la place de Christ : le Seigneur est le seul centre du rassemblement, et le centre de toutes choses.
12-11-1968
Ce paragraphe termine la première partie du chapitre qui traite de l’exercice des dons dans l’assemblée, et dans les réunions d’assemblée pour l’édification. La seconde partie, à partir du v. 26 parle de l’ordre dans l’assemblée et dans les réunions.
Les Corinthiens qui ne manquaient d’aucun don de grâce (1 Cor. 1:7) étaient des enfants quant à leur exercice, car ils manquaient d’intelligence pour les faire valoir.
Pour la malice, qui suppose un calcul du vieil homme, ils auraient dû être des petits enfants, — dans leurs entendements, des hommes faits (ou parfaits, selon Héb. 6:1 et Éph. 4:13 ; « avançant vers l’état d’hommes faits »). Le moyen de parvenir à cet état n’est pas donné ici ; les conséquences de la réalisation de cet état sont vues en rapport avec l’assemblée.
Pour établir à nouveau la différence entre le don des langues et celui de la prophétie, l’apôtre prend l’exemple des Juifs apostats auxquels s’adressait le prophète Ésaïe. Les langues incompréhensibles sont un signe aux incrédules, tandis que la prophétie est un signe à ceux qui croient.
En rapprochant Ésaïe 33:19 : « Tu ne verras plus le peuple audacieux, un peuple au langage trop obscur pour l’entendre, à la langue bégayante qu’on ne comprend pas » de la citation du v. 21 : « C’est en d’autres langues et par des lèvres étrangères que je parlerai à ce peuple », on comprend qu’il s’agissait du signe d’un jugement de Dieu, car les signes donnés par Dieu n’avaient pas touché le cœur du peuple.
Au v. 23 l’assemblée tout entière est vue réunie ensemble, ou en un même lieu, expression à rapprocher du v. 33 : « toutes les assemblées des saints ».
Au début, l’assemblée dans une localité, comprenait tous les saints de la localité et aucun incrédule. Aujourd’hui il en est très différemment, mais notre responsabilité est la même, de réaliser la présence de Dieu le Saint Esprit dans l’assemblée.
Un frère ou une sœur se rattache donc à un rassemblement local, et il pourrait y avoir du danger à se rendre indifféremment ou alternativement à plusieurs assemblées locales, même lorsque toutes sont établies sur le terrain de l’Écriture et qu’elles reconnaissent un seul Seigneur pour centre. Les soins pastoraux s’exercent dans le cadre de l’assemblée locale, et il y a un grand profit à retirer de la fréquentation assidue de toutes les réunions, de manière à jouir de la continuité de l’enseignement, en vivant aussi toute la vie de l’assemblée.
Les v. 23 à 25 mettent à nouveau en contraste l’exercice du don des langues et celui de la prophétie.
Un homme simple ou un incrédule, voyant le désordre qui accompagne l’exercice du don des langues, pourra penser que les croyants réunis sont fous. Le v. 27 montrera que ce don ne peut s’exercer dans l’assemblée que s’il est accompagné de l’interprétation. Le don de prophète, en s’exerçant dans la puissance de l’Esprit, produit un travail dans l’âme. L’incrédule ou l’homme simple, est convaincu et jugé par tous, c’est-à-dire par tous ceux qui prophétisent. Les secrets du cœur sont rendus manifestes, c’est la prérogative :
De tels résultats sont
produits dans l’assemblée des saints réunis. Le témoignage est rendu que Dieu
est parmi eux. La vérité du Seigneur présent au milieu des siens selon Matt.
18:20 n’est pas soulignée ici, car elle se rattache au développement d’Éph. 4, le Seigneur s’occupant de Son Église. Ici le Saint
Esprit agit dans le corps de Christ par les dons, et Dieu le Saint Esprit est
là pour conduire et diriger dans l’assemblée.
On remarque les diverses activités de l’Esprit dans les réunions mentionnées dans la première partie du chapitre : v. 15 la prière et le chant, v. 16 l’action de grâce, v. 19 l’enseignement, v. 24 la prophétie qui révèle la pensée de Dieu.
Toutes ces instructions étaient données à l’assemblée de Dieu qui est à Corinthe, mais aussi, ce qui en confirme toute l’importance, pour nous : « Aux sanctifiés dans le Christ Jésus, saints appelés, avec tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ » (1:2).
19-11-1968
« Dieu est véritablement parmi vous » est une vérité remarquable, qui touche au seul terrain du rassemblement, celui où se réalise la liberté de l’Esprit.
Si les dons spirituels étaient abondants à Corinthe, toutefois chacun en usait souvent pour sa propre gloire, plutôt que pour celle de Christ et pour l’édification de l’assemblée. Bien d’autres choses aussi devaient être jugées à Corinthe, faute de quoi l’assemblée aurait perdu son caractère d’assemblée de Dieu.
Dans les v. 26 à 40 du ch. 14 l’apôtre règle l’exercice des dons, en mettant en garde contre deux dangers :
La pierre de touche de tout ministère, c’est qu’il doit produire l’édification, et c’est un principe moral beaucoup plus profond que n’importe quel règlement humain. L’édification est produite quand les âmes sont mises en relation directe avec Dieu ; la parole dite s’adresse à l’âme — au cœur et à la conscience — et non pas à l’intelligence. Cette action de l’Esprit pour opérer sur l’état de l’âme est supérieure à tout don.
L’apôtre donne ici des règles pour l’exercice de la puissance de l’Esprit de Dieu dans les réunions.
Deux ou tout au plus trois pouvaient parler en langues, à condition qu’il y ait une interprétation et que l’édification soit produite.
La question précise ne se pose plus pour nous, car le don des langues a été retiré ; néanmoins le principe moral demeure, car Dieu est un Dieu de mesure (2 Cor. 10:13) et un Dieu d’ordre (1 Cor. 14:33).
De même, les prophètes ne devaient parler que deux ou trois, et prophétiser un à un (il semble ainsi que les Corinthiens parlaient même plusieurs en même temps). Les autres étaient appelés à juger, c’est-à-dire discerner ou porter une appréciation spirituelle ou un jugement de valeur. Il convenait de déterminer si ce qui était dit était non seulement conforme à l’enseignement de l’Écriture, exempt de toute erreur ou fausse doctrine, mais aussi produisait l’édification.
Les frères, pour le bien de l’assemblée et leur bien à tous, sont ainsi appelés à veiller les uns sur les autres, et le cas échéant, mais avec toute la grâce et la douceur désirables, à intervenir (citation de JND).
« Si quelqu’un parle dans l’assemblée et qu’habituellement son action n’édifie pas, je crois qu’il faut l’arrêter. Je n’ai jamais pu comprendre que l’assemblée de Dieu puisse être le seul lieu où la chair soit libre d’agir sans être réprimée ; c’est une folie de penser qu’il en doive être ainsi. Je désire que la plus complète liberté soit donnée à l’Esprit, mais aucune quelconque à la chair » (Pensées de JND. p. 18). C’est un exercice continuel pour les frères.
Aujourd’hui encore, « les esprits des prophètes sont assujettis aux prophètes », la dépendance les uns à l’égard des autres et vis-à-vis de l’Esprit doit être réalisée. Les esprits des prophètes représentent le mouvement de la puissance divine dans l’exercice d’un don ; il est soumis à l’intelligence morale du prophète qui en est le vase, qui demeure responsable de son exercice.
C’est un principe important dans les voies de Dieu : l’homme conserve la responsabilité morale de se servir de ce qui lui est confié pour la gloire de Dieu et le bien de Son assemblée.
Cf. 1 Thess. 5:20 : « Ne méprisez pas les prophéties » : prophéties du moment, quelque chose à dire pour répondre aux besoins.
26-11-1968
« Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix » (v. 33).
Dieu, qui s’était révélé à Gédéon, comme Jéhovah-Shalom, « l’Éternel de paix », est appelé le Dieu de paix, notamment en Romains 16:20 : « Le Dieu de paix brisera bientôt Satan sous vos pieds » et en Phili. 4:9 : « le Dieu de paix sera avec vous ». Les caractères d’ordre et de paix doivent donc se manifester constamment dans la maison de Dieu, produisant l’édification et la réalisation de la bienséance, ainsi que l’indique la conclusion du chapitre au v. 40.
Les v. 34 et 35 donnent aux femmes un commandement positif touchant leur comportement dans l’assemblée : il ne leur est pas permis de parler, et elles doivent rester dans l’obéissance. Ce commandement va très loin, car les sœurs n’ont même pas la liberté de poser une question dans une réunion d’assemblée.
Les épîtres, celles de Paul en particulier, présentent de nombreuses exhortations aux femmes chrétiennes :
Tous les chrétiens, hommes ou
femmes, sont, selon 1 Pierre 1:2 « élus selon la préconnaissance de Dieu
le Père, en sainteté de l’Esprit, pour l’obéissance
et l’aspersion de
Jésus Christ ». À ce titre, les exhortations s’adressent au cœur
de
tous les chrétiens, et non pas aux femmes seulement.
Si celles-ci doivent demeurer dans le silence dans l’assemblée, et dans la soumission, leur rôle n’en est pas moins réel pour cela. Les 4 filles de Philippe l’évangéliste avaient un don de prophète ; Priscilla, femme d’Aquilas est toujours nommée avec son mari. On remarquera que la mention de ces deux serviteurs remarquables est faite 6 fois dans l’Écriture :
3 fois en Actes 18 :
3 fois dans les salutations des épîtres :
On notera la délicatesse des sentiments de l’apôtre qui nomme Priscilla d’abord dans les salutations, mais en même temps son respect de l’ordre moral lorsqu’il nomme Aquilas le premier en rapport avec le travail pour les besoins du foyer, le service pour le Seigneur ou l’assemblée de Dieu.
Au v. 35 il est dit que les femmes doivent interroger leurs propres maris chez elles. Ceci suppose que ceux-ci soient moralement et spirituellement en état de le faire ; c’est l’ordre moral, à l’image de Christ qui nourrit son Assemblée.
Quelle que soit l’abondance des dons à Corinthe, la Parole n’était pas parvenue à eux seuls, et ils devaient se soumettre à l’ordre universel de l’Esprit dans l’assemblée. Les instructions de l’apôtre étaient pour toutes les assemblées des saints, et ces instructions étaient dans le cas particulier le commandement même du Seigneur, l’apôtre ne parlant pas comme chrétien d’expérience, ou comme simple apôtre, mais comme apôtre inspiré.
L’ignorance à l’égard de ces choses, et notamment de l’inspiration et de l’autorité de Dieu dans les écrits de l’apôtre Paul est coupable et volontaire ; le jugement est prononcé sur de tels hommes : qu’ils soient abandonnés à leur ignorance.
Les v. 39 et 40 apportent la conclusion de tout le chapitre : les instructions de l’apôtre étaient qu’on devait désirer de prophétiser, ne pas défendre de parler des langues, et tout faire avec ordre et convenance. La source de tout c’est l’amour, qui produit l’obéissance en chacun, et l’édification pour tous. L’ordre dans l’Assemblée est un témoignage rendu par l’Assemblée devant les anges, à la sagesse si diverse de Dieu maintenant donnée à connaître aux principautés et aux autorités dans les lieux célestes (Éph. 3:10).
10-12-1968
L’apôtre s’étant cité à la fin de ces témoins oculaires de Christ ressuscité, en vient à exprimer les sentiments moraux produits dans son cœur.
Il était le moindre des apôtres, il n’était pas digne d’être appelé apôtre, il était le premier des pécheurs (1 Tim. 1:15), moins que le moindre de tous les saints (Éph. 3:8), quant au zèle persécutant l’assemblée (Phili. 3:5). Paul n’oubliait pas son passé — il n’avait pas oublié la purification de ses péchés d’autrefois, selon ce que dit l’apôtre Pierre en 2 Pierre 1:9 — et des sentiments de douleur et de honte étaient attachés à ce souvenir (les herbes amères de la repentance mangées avec l’agneau de la Pâque en Ex. 12).
Et pourtant, dans la certitude de la grâce ineffable de Dieu, ce passé ne pesait plus sur la conscience de l’apôtre. Il était tenu ainsi dans l’humilité, et s’exerçait à maintenir une conscience bonne devant Dieu et devant les hommes, exercice que le sentiment de la grâce n’affaiblit jamais.
Si Paul était un objet de la grâce de Dieu touchant dans sa conversion (« Dieu… m’a appelé par sa grâce » ; Gal. 1:15), il ne l’était pas moins quant à son service. L’apôtre en avait conscience lorsqu’il disait : « non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi » (v. 10), et son cœur était « affermi par la grâce » (Héb. 13:9). Il attribuait ainsi tout à la grâce de Dieu : « Je n’oserai rien dire que Christ n’ait accompli par moi pour l’obéissance des nations » (Rom. 15:18). Exerçons-nous donc à suivre l’exemple de l’apôtre, et de Appellès mentionné en Rom. 16:10 comme « approuvé en Christ ».
Ayant ainsi déchargé son cœur, l’apôtre revient au sujet de la résurrection, à partir du v. 12.
Le point de départ, c’est la résurrection de Christ, établie par les témoignages des v. 4 à 8. Le Saint Esprit suit les pensées égarées des Corinthiens pour démontrer que, si la résurrection des morts n’existait pas,
Ce raisonnement s’interrompt à la fin du paragraphe pour reprendre aux v. 29 à 34. Le v. 29 se rattache au v. 18 et les v. 30 à 32 au v. 19.
Dans l’intervalle, l’apôtre donne, dans la parenthèse des v. 20 à 28, des développements précis et positifs sur la résurrection de Christ et celle des croyants.
On remarque que la résurrection de Christ, comme beaucoup d’opérations divines, est attribuée aux trois personnes de la déité :
Au Père
: « Christ a été ressuscité d’entre les
morts par la gloire du Père » (Rom. 6:4), « le Dieu de paix qui a
ramené d’entre les morts le grand pasteur des brebis, dans la puissance du sang
de l’alliance éternelle » (Héb. 13:20),
« Jésus… lequel Dieu a ressuscité, ayant délié les douleurs de la mort,
puisqu’il n’était pas possible qu’il fût retenu par elle » (Actes 2:24).
Au Fils
lui-même : « Détruisez ce temple, et en
trois jours je le relèverai… Mais lui parlait du temple de son corps »
Jean 2:19, 21), « À cause de ceci le Père m’aime, c’est que moi je laisse
ma vie, afin que je la reprenne… j’ai le pouvoir de la reprendre : j’ai
reçu ce commandement de mon Père » (Jean 10:17, 18).
Au Saint Esprit
: « Christ… ayant été mis à mort en
chair, mais vivifié par l’Esprit » (1 Pierre 3:18).
Mais le Seigneur est considéré ici comme homme — le mystère de la piété et de l’incarnation — Sa résurrection est l’œuvre de Dieu : l’homme Christ Jésus est mort, et a été ressuscité ; Dieu manifestait Sa puissance et Son acceptation de l’œuvre de la rédemption ; Christ est sorti d’entre les morts, devenu les prémices de ceux qui dorment, et que Dieu appellera dans leur propre rang, comme les objets de Sa faveur, identifiés avec Christ.
Le péché et la mort sont entrés dans le monde par un homme, Adam, le premier homme, et « il est réservé aux hommes de mourir une fois » (Héb. 9:27 et 1 Cor. 15:21 et Rom. 5:12).
La justification, la vie éternelle et la résurrection sont par un seul homme, Jésus Christ, le deuxième homme : 1 Cor. 15:21 et Rom. 5:18.
Tout ce chapitre établit clairement, comme d’autres passages, que pour Dieu, il y a deux hommes, et deux seulement : le premier homme, Adam, tiré de la terre, poussière, et le deuxième homme, Christ, venu du ciel ; deux hommes, le vieux et le nouveau, deux races et deux créations.
17-12-1968
L’apôtre interrompt, dans la parenthèse des v. 20-28, le fil de son raisonnement pour annoncer les voies de Dieu en Christ en rapport avec la résurrection, depuis la résurrection de Christ lui-même jusqu’à l’état éternel. Ce chapitre présente essentiellement la résurrection des corps des croyants, et ne parle que d’une façon incidente et indirecte de celle des incrédules. Dieu seul a pouvoir sur l’âme : « Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants ; car pour lui tous vivent » (Luc 20:38).
Dieu ressuscitera les corps de tous les hommes par son Fils. « Les morts entendront la voix du Fils de Dieu… l’heure vient en laquelle tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix ; et ils sortiront, ceux qui auront pratiqué le bien, en résurrection de vie ; et ceux qui auront fait le mal, en résurrection de jugement » (Jean 5:25-29). La pensée d’une résurrection générale de tous les hommes est étrangère à l’Écriture, l’évangile de Jean présentant l’essence des choses, et d’autres portions de la Parole les économies. En fait, les justes, c’est-à-dire tous les croyants, ont part à la première résurrection, alors que les méchants — ceux qui auront fait le mal — auront part à la seconde, et ces deux résurrections seront séparées par la période du royaume médiatorial millénaire de Christ.
Mais la première résurrection elle-même, qui concerne les croyants — les chrétiens de la période de la grâce en particulier — comprend plusieurs actes :
Les prémices, Christ: À la résurrection de Christ, un nouveau soleil s’est levé sur le monde. Christ est le premier-né d’entre les morts (Col. 1:18). La troisième fête de Lév. 23, celle des prémices de la moisson, avec la gerbe de l’offrande tournoyée, se célébrait le lendemain du sabbat (elle parle de Christ ressuscité), et elle précédait la fête de la Pentecôte, image de la période de la grâce. « Christ tient en toutes choses la première place », c’est pourquoi les corps des saints endormis ressuscités à la mort de Christ, ne sont sortis des sépulcres qu’après Sa résurrection, pour entrer à Jérusalem (Matt. 27:53).
Ceux qui sont du Christ, à sa venue». Il s’agit de tous les saints, tous les élus de toutes les dispensations. À la venue du Seigneur en grâce pour prendre les siens (mentionnée à la fin du ch. 15), les croyants de l’Ancien Testament et les saints endormis de la période de l’Église sont ressuscités, immédiatement avant que les vivants ne soient transmués, pour être tous et pour toujours avec le Seigneur.
Tous les saints ressuscités sont vus réunis ensemble et régnant avec Christ en Apocalypse 20:4. « C’est ici la première résurrection. Bienheureux et saint celui qui a part à la première résurrection ». Nous trouvons ici la 5ème des béatitudes mentionnées dans l’Apocalypse.
L’apôtre ajoute enfin au v. 24 :
« Ensuite la fin,
quand il aura remis le royaume à Dieu le Père
». Ce mot comprend le
jugement des morts ressuscités pour comparaître devant le grand trône blanc
après le millénium, la destruction des cieux et de la terre de maintenant, l’introduction
des nouveaux cieux et de la nouvelle terre et de l’état éternel dans lequel
Dieu habitera avec les hommes.
La parenthèse du temps et de l’histoire de l’homme est terminée, mais ses résultats sont éternels, tous à la gloire de Dieu, laquelle brille à la fois dans le bonheur des élus et dans les jugements qu’Il exécute.
Ces vérités solennelles doivent produire des effets sur le cœur des saints :
7-01-1969
Ce chapitre montre combien l’état du cœur et les exercices de la conscience sont liés au maintien de la saine doctrine. Chez l’apôtre, tout exposé de la vérité divine produisait d’heureux effets moraux ; chez les Corinthiens, au contraire, l’absence de connaissance de Dieu ouvrait la porte à bien des écarts d’ordre doctrinal. Au reste l’apostasie morale et l’apostasie religieuse vont souvent de pair.
Dans les v. 35 à 50, l’apôtre ne répond pas à la curiosité de l’homme qui aurait voulu connaître comment s’opérait physiquement la résurrection ; mais il prend des exemples dans la création pour établir le fait et le caractère de la résurrection.
Le v. 39 rappelle les 4 classes de la première création, données en Gen. 1 : l’homme, les bêtes, les oiseaux, les poissons. Chaque être vivant créé par Dieu selon son espèce, et l’homme créé à l’image et selon la ressemblance de Dieu, dominant sur les poissons, les oiseaux et le bétail.
Après le déluge, tous les animaux ont été livrés entre les mains de l’homme. Nebucadnetsar, recevant de Dieu le pouvoir absolu, n’a pas eu la domination sur la mer et les poissons. Christ seul, selon les promesses du Ps. 8, verra toutes les créatures assujetties sous ses pieds.
La différence est établie ensuite au v. 40 entre les corps célestes et les corps terrestres. Le soleil, la lune et les étoiles, dans la création, créent ou reflètent la lumière. Symboliquement dans l’Apocalypse, le soleil est l’autorité et la domination suprêmes, la lune une autorité dérivée reflétant la lumière du soleil en son absence, et les étoiles des autorités subordonnées.
Les êtres célestes comprennent l’archange, les anges, les chérubins et les séraphins. Les créatures rendent témoignage à la gloire de Dieu et à l’ordre divin en toutes choses ; cet ordre, c’est la volonté de Dieu.
Le passage ne semble pas se rapporter à la comparaison entre les degrés de gloire dans le ciel, mais plutôt au fait que Dieu distribue la gloire comme il le trouve bon. En outre, les gloires célestes sont clairement mises en contraste avec les gloires terrestres.
Alors, à partir du v. 42, l’apôtre tire les conclusions des exemples précédents : « Ainsi aussi est la résurrection des morts » (v. 42). Christ, premier-né d’entre les morts, est entré dans la mort, qu’Il a goûté pour tout ; mais son corps n’a pas connu la corruption selon le témoignage du Ps. 16:10 : « Tu ne permettras pas que ton saint voie la corruption ». Pour les morts en Christ, l’état de résurrection est plus glorieux que l’état ici-bas caractérisé par un corps semé en corruption, en déshonneur, en faiblesse, un corps animal.
En Ecclésiaste 12:6, 7, nous trouvons la description saisissante de l’affaiblissement progressif du corps de l’homme, jusqu’à la mort : « avant que le câble d’argent se détache, que le vase d’or se rompe, que le seau se brise à la source, et que la roue se casse à la citerne ; et que la poussière retourne à la terre, comme elle y avait été, et que l’esprit retourne à Dieu qui l’a donné ».
Pour les saints, la résurrection est pour la gloire céleste, et le contraste est établi entre la semence, et les corps en résurrection qui sont incorruptibles, glorieux, des vases de puissance, des vases spirituels.
Le corps de la première création est un corps animal dont la vie est celle de l’âme vivante (Gen. 2:7), Dieu ayant soufflé dans ses narines une respiration de vie : c’est le premier homme Adam devenu une âme vivante, en contraste avec le dernier Adam qui est un esprit vivifiant, c’est-à-dire ayant la puissance d’une vie qu’il peut communiquer à qui il veut : « Le Fils vivifie ceux qu’il veut » (Jean 5:21). Christ « a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification » (Rom. 4:25), et cette justification est une justification de vie, c’est-à-dire liée à la vie éternelle (Rom. 5:18).
Christ est le chef d’une nouvelle race ayant en Lui-même la puissance de vie.
14-01-1969
Dans les écrits de Jean, la vie est envisagée soit en rapport avec la conversion, soit en rapport avec la résurrection.
Au ch. 5 de l’évangile, v. 21 : « comme le Père réveille les morts et les vivifie, de même aussi le Fils vivifie ceux qu’il veut », c’est la conversion, ou « la promesse que lui nous a promise, — la vie éternelle » (1 Jean 2:25) et « celui qui a le Fils a la vie » (1 Jean 5:12). Cette vie, les brebis de Jésus l’ont, et l’ont en abondance (Jean 10:10).
Après Sa résurrection, Christ homme ressuscité, a soufflé en ses disciples, leur communiquant le Saint Esprit comme puissance de vie divine.
Le Saint Esprit comme personne divine, n’est descendu sur la terre en puissance qu’à la Pentecôte, circonstance historiquement rapportée en Actes 2.
De même, en Rom. 8:1-11, on trouve le Saint Esprit comme esprit de vie et de liberté dans le croyant, puis dans les v. 12 à 27, comme personne divine, agissant personnellement.
Mais ceux que le Fils vivifie ainsi (c’est la vivification de l’âme) ont la promesse aussi d’une vivification du corps : « comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils aussi d’avoir la vie en lui-même » (Jean 5:26 et 29). Il y a une promesse de « résurrection de vie ».
Cette résurrection est aussi liée à la présence du Saint Esprit dans le croyant : « Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ d’entre les morts vivifiera vos corps mortels aussi, à cause de son Esprit qui habite en vous » (Rom. 8:11).
Au v. 46, l’ordre des voies de Dieu est rappelé, selon lequel ce qui est spirituel vient après ce qui est animal. Christ, le second homme, le dernier Adam, prend la place du premier, qui est mis de côté : « Il ôte le premier afin d’établir le second » (Héb. 10:8).
Mais, alors que le premier était poussière (« tu es poussière et tu retourneras à la poussière » : Gen. 3:19), le second homme est venu du ciel.
Jean Baptiste en a rendu témoignage : « Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous » (Jean 3:31).
Jésus, le pain de vie descendu du ciel et qui donne la vie au monde, peut dire de lui-même : « Je suis descendu du ciel » (Jean 6:38).
« Jésus… était venu de Dieu, et s’en allait à Dieu » (Jean 13:3).
« Je suis sorti d’auprès du Père, et je suis venu dans le monde ; et de nouveau je laisse le monde, et je m’en vais au Père » (Jean 16:28 ; en même temps, il n’a jamais manqué d’être « le Fils de l’homme qui est dans le ciel ». « Personne n’est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel », Jean 3:13).
v. 48 : Les deux Adam sont les deux chefs de race : Adam est poussière et ses descendants sont poussière — Christ est céleste, les siens le sont aussi : c’est un principe, exprimé quant à la position actuelle des croyants dans le monde (1 Jean 4:17 : « comme il est, lui, nous sommes, nous aussi, dans ce monde »).
v. 49 : Comme nous avons porté (c’est le caractère passé du premier Adam) l’image de celui qui est poussière, nous porterons (il s’agit d’une ressemblance relativement à Christ, future) l’image du céleste.
Nous sommes « prédestinés à être conformes à l’image de son Fils » (Rom. 8:29).
« Ils ne peuvent plus mourir ; car ils sont semblables aux anges, et ils sont fils de Dieu, étant fils de la résurrection » (Luc 20:36).
« Nous lui serons semblables, car nous le verrons comme Il est » (1 Jean 3:2).
Les croyants sont maintenant dans un état intermédiaire où, ne portant plus l’image de celui qui est poussière, ils ne portent pas encore dans leur corps l’image du céleste ; ils peuvent néanmoins en contemplant par la foi le Seigneur, être transformés en Sa même image (2 Cor. 3:18) — manifester dans leur corps la vie de Jésus en portant partout Sa mort (2 Cor. 4:10).
La chair et le sang — et non pas seulement le péché — ne peuvent pas hériter du royaume de Dieu, pas plus que la corruption de ce qui est incorruptible.
Le Seigneur a participé au sang et à la chair (Héb. 2:14), Il a revêtu l’humanité ; mais, dans l’Adam, la chair et le sang représentent ce qui est devenue la nature humaine par la chute : une race déchue, coupable et mortelle. « La chair et le sang » se rapporte aux vivants, et la « corruption » aux morts.
Aussi les uns et les autres, en ce qui concerne les croyants, attendent-ils leur corps de gloire pour être avec Christ : l’adoption et la délivrance de nos corps (Rom. 8:23), ce qui est mortel sera absorbé par la vie (2 Cor. 5:4).
21-01-1969
En parlant de la résurrection des corps des croyants, l’apôtre en vient à révéler un mystère : les saints ne passeraient pas tous par la mort. L’apôtre était administrateur des mystères de Dieu (1 Cor. 4:1) et révélait, par l’Esprit, des choses cachées « dès les siècles et dès les générations », mais « maintenant manifesté à ses saints » (cf. Col. 1:26).
« Nous ne nous endormirons pas tous, mais nous serons tous changés » (v. 51). L’apôtre dit « nous » car la venue de Jésus était constamment devant ses yeux, de même qu’il peut dire aux Thessaloniciens : « nous, les vivants, qui demeurons jusqu’à la venue du Seigneur » (1 Thess. 4:15).
Au reste, les deux passages : 1 Cor. 15 et 1 Thess. 4, sont relatifs à la même vérité, le retour du Seigneur pour prendre auprès de Lui, bien que le premier ne mentionne pas expressément cette venue. Il s’agit plutôt ici de l’introduction des saints dans le royaume céleste et dans la gloire de Dieu, — des saints encore vivants, et de ceux déjà délogés.
Ainsi que le Seigneur l’avait dit à Nicodème : « Si quelqu’un n’est né d’eau et de l’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (Jean 3:5) et l’apôtre avait dit précédemment que « la chair et le sang ne peuvent pas hériter du royaume de Dieu » (1 Cor. 15:50).
Ce qui est corruptible (sinon déjà en poussière et en corruption) revêt l’incorruptibilité, et ce qui est mortel revêt l’immortalité.
La mort, comme fruit du péché
et du jugement, est entièrement vaincue moralement pour le chrétien ; car
Christ « a annulé la mort et a fait luire la vie et l’incorruptibilité
par l’évangile » (2 Tim. 1:10) et « lui
seul possède l’immortalité
» (1 Tim.
6:16).
Le Seigneur est maintenant absent de la terre et les chrétiens sont encore assujettis au gouvernement de Dieu — « il est réservé aux hommes de mourir une fois » (Héb. 9:27) — et certains subiront la mort du corps : l’âme qui est avec le Seigneur est alors séparée du corps mortel. Lorsque Christ vient pour prendre les siens à Lui, ceux qui sont encore vivants ne passent pas par la mort et ceux qui sont morts en Lui sont ressuscités.
Ces faits glorieux, manifestant la puissance de Dieu par Jésus ressuscité et glorifié, s’opéreront en un instant, en un clin d’œil, à la dernière trompette. Dans l’épître aux Thessaloniciens, ce moment est marqué par un cri de commandement, une voix de l’archange et la trompette de Dieu.
C’est une allusion aux coutumes de l’armée romaine qui se mettait en marche ensemble, lorsque la 3ème trompette sonnait le départ. On peut souligner le rapprochement avec le son de la trompette qui retentira parmi le peuple d’Israël pour le réveiller, et préparer la venue de Christ en gloire sur la terre.
Au reste, lorsque Dieu
établira son royaume en Sion, le voile qui couvre tous les peuples sera ôté et
le prophète Ésaïe dit que « le Seigneur engloutira
la mort en victoire » (És. 25:8). C’est
précisément au moment de l’enlèvement des saints par Christ que s’accomplit
cette écriture : « la mort a été engloutie
en victoire ».
La mort sera définitivement détruite après le millénium et le jugement des morts.
Devant ce résultat glorieux, les saints peuvent dire : « Où est, ô mort, ton aiguillon ? Où est, ô mort, ta victoire ? » (v. 55), citation d’Osée 13:14 : « Ô mort, où sont tes pestes ? Ô shéol, où est ta destruction ? ».
Ce moment de la résurrection et de l’enlèvement de l’Église revêt une importance très grande pour le Seigneur qui prend les saints auprès de Lui, afin qu’ils soient comme Lui et qu’ils Le voient comme Il est. Tout est grâce dans les résultats de l’œuvre parfaite du Seigneur Jésus, et nos cœurs doivent être remplis de reconnaissance et de ferveur, sans que notre responsabilité actuelle, présentée ailleurs, soit perdue de vue.
28-01-1969
« Or l’aiguillon de la mort, c’est le péché ; et la puissance du péché, c’est la loi » (v. 55). La mort est ici comparée au scorpion, dont la piqûre, le péché, produit la mort. « Le péché a régné par la mort » (Rom. 5:21) — de même que « la mort a régné » (Rom. 5:14, 17) — comme un aiguillon, le péché harcèle et pousse l’homme vers la mort.
La loi défendait le péché, lorsqu’il était déjà dans le monde, et apportait la malédiction à l’homme qui la transgressait : c’était la puissance du péché. Le dernier commandement interdisant la convoitise (alors que la corruption est dans le monde par la convoitise ; 2 Pierre 1:4) défendait le mouvement du cœur vers les péchés précédemment condamnés : « l’aiguillon est dans la queue ».
Mais Christ a été fait péché, et Celui qui seul avait rendu la loi grande et honorable, en a porté la malédiction, puis est sorti victorieux de la mort : aussi a-t-il délivré les siens du péché, de la loi et de la puissance de la mort, et nous pouvons dire : « Grâces à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ » (v. 57).
C’est un cri de victoire en rapport avec la résurrection des corps
. Dans la deuxième épître,
l’apôtre rend « grâces à Dieu qui nous mène toujours en triomphe dans le
Christ » (2 Cor. 2:14) : c’est la victoire en rapport avec le
service
. En Rom. 8:37 « nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés », vis-à-vis des circonstances et des épreuves du désert
. C’est ce que
l’apôtre a réalisé pour lui-même dans une mesure exceptionnelle.
Individuellement et collectivement, nous sommes appelés à réaliser cette victoire en Jésus Christ vis-à-vis du péché et de la loi, en évitant notamment les dangers de l’esprit légal et des ordonnances charnelles ; le vin nouveau doit être mis dans des outres neuves, la tendance naturelle de nos cœurs nous attirant vers les choses vieilles : « Le vieux est meilleur » (Luc 5:39).
Mais (v. 58) en attendant le retour du Seigneur, nous sommes appelés à travailler sur la scène de ce monde, au milieu des difficultés, avec une pleine confiance dans le résultat assuré du combat. Il faut être fermes, inébranlables, et abonder toujours dans l’œuvre du Seigneur.
Pour tenir ferme dans le combat, il faut l’armure complète de Dieu (Éph. 6), et pour abonder dans le service, il convient de réaliser l’obéissance et le discernement spirituel.
Mais le travail accompli pour Christ n’est pas vain, car c’est du Seigneur que l’on recevra la récompense lorsque les esclaves seront introduits dans la joie du Maître.
4-02-1969
L’apôtre a écrit la première épître aux Corinthiens depuis Éphèse, capitale de l’Asie Mineure — province romaine du temps de l’apôtre — où il séjournait. Il voulait visiter Corinthe, en Achaïe, passant par la Macédoine. Ayant aussi le désir d’aller à Jérusalem, il voulait ensuite visiter Rome et se rendre en Espagne (Actes 19:21-22 et Rom. 15:25, 26 et 28). Ayant appris les nouvelles du triste état moral des Corinthiens, l’apôtre demeura en Asie, envoya Timothée et Éraste en Macédoine, et Tite à Corinthe avec la lettre qui leur était destinée.
La deuxième épître nous apprend, en effet, que l’apôtre ne voulait pas visiter les Corinthiens dans l’état où ils se trouvaient. L’apôtre étant en Macédoine, recevra de Tite le témoignage de l’heureux effet produit par sa première lettre, et leur écrira alors la seconde.
Lorsque Paul quittait Jérusalem, ayant été reconnu apôtre des Gentils, il avait été convenu avec les autres apôtres, qu’une collecte devait être faite pour les saints pauvres de Jérusalem (Gal. 2:10). Ceux-ci avaient accepté avec joie l’enlèvement de leurs biens (Héb. 10:34), ayant beaucoup souffert pour l’évangile, et les croyants Gentils étaient leurs débiteurs : « car si les nations ont participé à leurs biens spirituels, elles sont aussi sous l’obligation de les servir dans les choses charnelles » (Rom. 15:27).
L’apôtre avait donné ses instructions aux assemblées de la Galatie au sujet de cette collecte spéciale, comme il en parlait maintenant aux Corinthiens. Le jour du Seigneur — la journée dominicale de Apocalypse 1:10 — qui était le jour où les frères se réunissaient pour rompre le pain (Actes 20:7), était un jour favorable pour mettre à part selon ce que chacun avait prospéré. Au reste, l’exercice de la bienfaisance est moralement lié au culte (Héb. 13:15-16), rendu le jour de la résurrection du Seigneur.
L’apôtre parle de la même collecte dans la deuxième épître aux Corinthiens aux ch. 8 et 9. On voit par l’exemple de Actes 6 du service aux tables, et par le cas de cette collecte, combien l’exercice d’une charge, et même l’administration des questions matérielles dans l’assemblée sont des choses sérieuses et délicates. De tels services sont accomplis par des frères choisis par l’assemblée, dans la dépendance du Seigneur, et ayant la pleine confiance des saints.
L’apôtre ne savait pas encore s’il irait lui-même porter la libéralité des Corinthiens à Jérusalem. En fait, il y est allé et ce voyage a été l’occasion de ses liens ; il n’a vu Rome que comme un prisonnier et l’Esprit ne nous dit pas qu’il ait été en Espagne… Mais nous voyons ici toute la dépendance de Paul vis-à-vis du Seigneur : « S’il convient que j’y aille moi-même… peut-être séjournerai-je auprès de vous… j’espère que je demeurerai avec vous quelque temps, si le Seigneur le permet » (v. 4-7). En même temps cette dépendance s’alliait à une énergie spirituelle infatigable, qui lui donnait une grande hardiesse : « Je demeurerai à Éphèse… car une porte grande et efficace m’est ouverte, et il y a beaucoup d’adversaires » (v. 8 et 9). Lorsque la porte est ouverte par Dieu — comme pour l’assemblée de Philadelphie — personne ne peut la fermer, et le serviteur doit travailler, sans se lasser, malgré l’activité de l’ennemi qui suscite des adversaires. L’apôtre avait déjà beaucoup souffert à Éphèse (il avait combattu contre les bêtes, expression figurée donnée au v. 32 du ch. 15), mais il continuait son travail et il allait même être excessivement chargé, au-delà de ses forces, désespérant même de vivre (2 Cor. 1:8), avant de quitter cette ville à la suite d’une émeute (Actes 20:1).
11-02-1969
Cette épître ne mentionne aucun ancien ou personne officiellement établie pour un office. Ainsi les détails touchant la marche et la vie intérieure d’une assemblée sont valables pour tous les temps.
Au ch. 12 de l’épître, l’apôtre avait dit qu’il y avait « diversité de services, mais le même Seigneur » (1 Cor. 12:5), et le chapitre 16 en fournit un remarquable exemple ; on y trouve 4 formes de services, canaux des soins du Seigneur pour l’assemblée :
Mais, avant de parler de ces
derniers serviteurs, l’apôtre, dans l’effusion de son cœur vis-à-vis des
Corinthiens qui lui étaient chers malgré leurs fautes, les exhorte : à veiller
, à tenir fermes
dans la foi, à être
hommes
, à s’affermir
et à ce que
toutes choses parmi eux se fassent dans l’amour
.
Veillersuppose la sobriété, dans la conscience que le diable rôde (1 Pierre 5:8). On veille en attendant le retour du Maître (Marc 13:35), en prenant garde aux choses qui endorment : les soucis de la vie, la tromperie des richesses, la tristesse (comme les disciples en Gethsémané). La Parole exhorte aussi ceux qui dorment à se réveiller : « C’est déjà l’heure de nous réveiller du sommeil » (Rom. 13:11), « Réveille- toi, toi qui dors » (Éph. 5:14), « Réveillez-vous pour vivre justement » (1 Cor. 15:34).
Fermes dans la foi: il faut revêtir l’armure de Dieu pour tenir ferme, et se fortifier dans le Seigneur et dans la puissance de sa force (Éph. 5:10), donc être fermes dans le Seigneur (1 Thess. 3:8).
Être hommes, c’est sortir de l’état de petits enfants, ce qu’étaient les Corinthiens (1 Cor. 3:1) ou les Hébreux, pour tendre vers l’état d’hommes faits ou parfaits (Héb. 5:13 et 6:1), dans la conscience de nos responsabilités en rapport avec le témoignage et le service.
S’affermirc’est enfin croître et être fondé dans la grâce et la vérité.
l’amour, la nature même de Dieu, ce chemin bien plus excellent, montré au ch. 13 en rapport avec le ministère dans l’assemblée, devait être à Corinthe, et doit être encore pour nous, le ressort intérieur de tout service.
L’apôtre réchauffait le cœur desséché des Corinthiens en leur manifestant l’amour selon Dieu, dans la vérité.
18-02-1969
Dans la parenthèse du verset 15, l’apôtre rend à la maison de Stéphanas le beau témoignage de s’être vouée au service des saints. Ces chrétiens étaient les prémices de l’Achaïe c’est-à-dire qu’ils étaient les premiers à avoir cru au Seigneur, et l’apôtre les avait baptisés (1 Cor. 1:16).
L’apôtre exhortait les Corinthiens à se soumettre à Timothée, à Apollos et à Stéphanas, ainsi qu’à tous ceux qui coopéraient à l’œuvre.
Aux Thessaloniciens, l’apôtre recommandait de même, de connaître ceux qui travaillaient parmi eux, qui étaient à la tête et qu’il fallait estimer très haut en amour (1 Thess. 5:12).
Le chrétien se soumet ainsi à ceux qui servent les saints et reconnaît ce que la grâce de Dieu produit en eux, sans que des charges d’anciens soient officiellement établies.
Trois frères de Corinthe, Stéphanas, Fortunat et Achaïque avaient apporté un secours à l’apôtre qui était dans les difficultés à Éphèse. Il ne semble pas que l’assemblée de Corinthe fût associée à ce don, et la deuxième épître permet de penser que l’apôtre n’avait rien accepté d’elle à ce moment. Néanmoins, l’apôtre associe les Corinthiens à la joie produite par la charité de ces trois frères.
Les salutations qui terminent l’épître font mention des assemblées d’Asie, d’Aquilas et de Priscilla, et de tous les frères.
Aquilas et Priscilla sont nommés 6 fois dans l’Écriture : 3 fois en Actes 18, Rom. 16, 1 Cor. 16 et 2 Tim. 4. Chacun d’eux est nommé trois fois le premier, et il est fait mention 2 fois que l’assemblée se réunissait dans leur maison : à Rome et à Éphèse.
L’apôtre exhorte les Corinthiens à se reconnaître les uns les autres par un saint baiser, expression de l’affection fraternelle. L’amour de l’apôtre était aussi avec eux tous dans le Christ Jésus.
Il ne voulait pas croire que certains n’étaient pas croyants ; si tel était le cas, l’apôtre ne les reconnaissait pas : un solennel anathème était prononcé sur ceux qui n’aimaient pas le Seigneur Jésus. Mais Maranatha « le Seigneur vient », à Sa venue le Seigneur manifesterait les conseils des cœurs (1 Cor. 4:5).
Les avertissements relatifs au désordre moral qui régnait à Corinthe s’adressaient à des chrétiens : la discipline du Seigneur s’exerçait en rapport avec la cène vis-à-vis de croyants, et l’homme qui était tombé dans le ch. 5 est reconnu dans la deuxième épître (ch. 2) comme un chrétien.
L’épître avait été écrite par quelqu’un sous la dictée de l’apôtre, et celui-ci l’authentifiait par sa salutation écrite de sa propre main. Il avait agi de même pour les épîtres aux Romains, aux Colossiens et aux Thessaloniciens. L’épître aux Galates fait exception : pressé dans son cœur, l’apôtre l’avait écrite entièrement de sa main.
Le cœur de l’apôtre s’épanche envers les Corinthiens en terminant, les reconnaissant tous en amour, et leur souhaitant la grâce du Seigneur Jésus, de même qu’il avait commencé l’épître en leur apportant la grâce et la paix, de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ.