LE LIVRE DE JOSUÉ

Jean Muller (d’après « Bible-Notes » tiré de « Sondez les Écritures »)


Table des matières abrégée : (table détaillée)

1 - Introduction

2 - Plan du livre de Josué

3 - Ch. 1: Les instructions divines pour la conquête du pays

4 - Ch. 2: Rahab et les espions

5 - Ch. 3: Le passage du Jourdain

6 - Ch. 4: Le passage du Jourdain

7 - Ch. 5: La préparation du peuple aux conquêtes

8 - Ch. 6: La prise de Jéricho

9 - Ch. 7: La défaite d’Aï et la faute d’Acan

10 - Ch. 8: La prise d’Aï – L’autel sur la montagne d’Ebal

11 - Ch. 9: L’alliance avec les Gabaonites

12 - Ch. 10: La victoire de Gabaon

13 - Ch. 11: La conquête sur Hatsor et les Anakim

14 - Ch. 12: Les victoires – Le repos

15 - Ch. 13: Les deux tribus et demie en Galaad

16 - Ch. 14 et 15: L’héritage de Juda à Guilgal

17 - Ch. 16 et 17: L’héritage de Joseph à Guilgal

18 - Ch. 18 et 19: L’héritage des sept dernières tribus à Silo

19 - Ch. 20: Les villes de refuge

20 - Ch. 21: Les villes des Lévites. Le repos

21 - Ch. 22: Le retour des deux tribus et demie en Galaad. L’autel de Hed

22 - Ch. 23: Les dernières paroles de Josué au peuple

23 - Ch. 24: Les dernières paroles de l’Éternel à Sichem

24 - Conclusion du livre de Josué

25 - Résumé du Livre de Josué


Table des matières détaillée :

1 - Introduction

2 - Plan du livre de Josué

2.1 - Première partie : L’entrée dans le pays : chap. 1-5

2.2 - Deuxième partie : La conquête du pays : chap. 6-12

2.3 - Troisième partie : La possession du pays : chap. 13-24

3 - Ch. 1: Les instructions divines pour la conquête du pays

3.1 - Josué conducteur du peuple (v. 1)

3.2 - Les caractères du pays promis (v. 2-3)

3.3 - Les frontières du pays (v. 4)

3.4 - Les instructions pour entrer dans le pays (v. 5-9)

3.5 - Le commandement de Josué aux officiers du peuple (v. 10-11)

3.6 - Les deux tribus et demie en Galaad (v. 12-18)

4 - Ch. 2: Rahab et les espions

4.1 - Introduction (v. 1-7)

4.2 - Les nations à l’annonce des jugements (v. 8-11)

4.3 - La foi de Rahab (v. 9-13)

4.4 - Le moyen de salut (v. 14-20)

4.5 - Les œuvres qui prouvent la foi (v. 21)

4.6 - La vie de Rahab

4.7 - Le retour des deux espions (v. 22-24)

5 - Ch. 3: Le passage du Jourdain

5.1 - Le Jourdain et sa signification spirituelle

5.2 - La Pâque, la mer Rouge et le Jourdain pour Israël

5.2.1 - La Pâque.

5.2.2 - La mer Rouge.

5.2.3 - Le Jourdain.

5.2.4 - L’application spirituelle pour le chrétien

5.2.5 - L’unité morale de l’enseignement

5.3 - Les instructions au peuple (v. 2-13)

5.4 - La traversée du Jourdain (v. 14-17)

6 - Ch. 4: Le passage du Jourdain

6.1 - Les douze pierres tirées du Jourdain (v. 1-8)

6.2 - Les douze pierres dans le Jourdain (v. 9-11)

6.3 - Les guerriers des deux tribus et demie (v. 12-13)

6.4 - Josué élevé aux yeux d’Israël - L’arche sort du Jourdain (v. 14-18)

6.5 - Le mémorial des pierres dans le Jourdain - Guilgal, le premier campement dans le pays (v. 19-24)

7 - Ch. 5: La préparation du peuple aux conquêtes

7.1 - Guilgal et la circoncision (v. 2-9)

7.1.1 - La circoncision après le désert

7.1.2 - Les couteaux de pierre

7.1.3 - Guilgal : la force et la liberté

7.2 - Guilgal, la Pâque et la nourriture du peuple (v. 10-12)

7.3 - Christ, Chef de l’armée de l’Éternel (v. 13-15)

8 - Ch. 6: La prise de Jéricho

8.1 - Israël devant Jéricho (v. 1)

8.2 - Le combat contre Jéricho (v. 2-24)

8.3 - La malédiction de Jéricho et le salut de Rahab (v. 25-26)

8.4 - Conclusion de cette première victoire (v. 27)

9 - Ch. 7: La défaite d’Aï et la faute d’Acan

9.1 - Appréciation divine (v. 1)

9.2 - La défaite d’Aï (v. 2-5)

9.3 - Humiliation et prière de Josué (v. 6-9)

9.4 - La réponse de Dieu et les instructions au peuple (v. 10-15)

9.5 - La découverte du mal (v. 16-23)

9.6 - Le jugement d’Acan et la porte d’espérance (v. 24-26)

10 - Ch. 8: La prise d’Aï – L’autel sur la montagne d’Ebal

10.1 - La prise d’Aï

10.1.1 - Prologue (v. 1-2)

10.1.2 - Comparaison entre les prises de Jéricho et d’Aï

10.2 - La prise d’Aï (v. 3-28)

10.3 - Le jugement du roi d’Aï (v. 29)

10.4 - L’autel sur la montagne d’Ebal

10.4.1 - L’autel à l’Éternel

10.4.2 - Ebal et Garizim

10.5 - Les sacrifices de prospérités offerts sur la montagne d’Ebal

10.6 - La loi honorée

10.7 - Conclusion

11 - Ch. 9: L’alliance avec les Gabaonites

11.1 - Introduction (v. 1-2)

11.2 - La ruse des Gabaonites (v. 3-13)

11.3 - La faute de Josué et des princes d’Israël (v. 14-27)

11.4 - Les conséquences lointaines. Saül et les Gabaonites

11.5 - Conclusion et application spirituelle

12 - Ch. 10: La victoire de Gabaon

12.1 - La coalition des cinq rois (v. 1-6)

12.2 - Le jugement des Amoréens (v. 7-15)

12.3 - Le sort des rois des Amoréens (v. 16-21)

12.4 - La prise de possession du pays (v. 22-39)

12.5 - La conquête du pays du midi (v. 40-42)

12.6 - Le retour à Guilgal (v. 43)

13 - Ch. 11: La conquête sur Hatsor et les Anakim

13.1 - La conquête du nord du pays et les eaux de Mérom (v. 1-9)

13.2 - Le jugement de Jabin, roi de Hatsor (v. 10-15)

13.3 - La consolidation des victoires (v. 16-20)

13.4 - Le jugement des Anakim (v. 21-22)

13.5 - Le repos après les combats (v. 23)

14 - Ch. 12: Les victoires – Le repos

14.1 - Introduction

14.2 - Les victoires à l’orient du Jourdain (v. 1-6)

14.3 - Les victoires dans le pays (v. 7-24)

14.4 - Conclusion et résumé

15 - Ch. 13: Les deux tribus et demie en Galaad

15.1 - Prologue (v. 1-6)

15.2 - L’héritage et la possession du pays

15.3 - L’héritage à l’orient du Jourdain (v. 7-14)

15.4 - L’héritage de Ruben (v. 15-23)

15.5 - L’héritage de Gad (v. 24-28)

15.6 - L’héritage de la demi-tribu de Manassé (v. 29-31)

15.7 - Épilogue (v. 32-33)

16 - Ch. 14 et 15: L’héritage de Juda à Guilgal

16.1 - Introduction (14:1-5)

16.2 - Caleb, homme de foi (14:6-12)

16.3 - D’autres traits instructifs de la foi de Caleb apparaissent :

16.3.1 - L’énergie et l’assurance de la foi (Héb. 10:22).

16.3.2 - La valeur de l’héritage promis.

16.3.3 - La pleine certitude de l’espérance (Héb. 6:11).

16.3.4 - Les œuvres de foi.

16.3.5 - L’épreuve de la foi.

16.4 - Caleb et la ville d’Hébron (14:13-15)

16.5 - Othniel et Acsa (15:13-19)

16.6 - Les obstacles à la prise de possession du pays

16.6.1 - L’incapacité humaine :

16.6.2 - Les compromis et les alliances avec les ennemis :

16.6.3 - La lassitude :

16.7 - L’héritage de Juda (15. 1-12, 20-63)

16.8 - Deux détails touchent ici particulièrement notre conscience :

17 - Ch. 16 et 17: L’héritage de Joseph à Guilgal

17.1 - Prologue (16:1-4)

17.2 - L’héritage d’Éphraïm (16:5-10)

17.3 - Makir et les filles de Tselophkhad (17:1-6)

17.4 - L’héritage de la demi-tribu de Manassé (17:7-13)

17.5 - Le cas des fils de Joseph, Éphraïm et Manassé (17:14-18)

18 - Ch. 18 et 19: L’héritage des sept dernières tribus à Silo

18.1 - Silo et la dernière reconnaissance du pays (18:1-10)

18.2 - L’héritage de Benjamin (18:11-28)

18.3 - L’héritage de Siméon (19:1-9)

18.4 - L’héritage de Zabulon (19:10-16)

18.5 - L’héritage d’Issacar (19:17-23)

18.6 - L’héritage d’Aser (19:24-31)

18.7 - L’héritage de Nephthali (19:32-39)

18.8 - L’héritage de Dan (19:40-48)

18.9 - L’héritage de Josué (19:49-51)

19 - Ch. 20: Les villes de refuge

19.1 - Le péché par fierté et le péché par erreur

19.2 - Les six villes de refuge

19.3 - La portée morale pour le peuple d’Israël

19.4 - Les villes de refuge et l’épître aux Hébreux

19.5 - Les villes de refuge et la position chrétienne

20 - Ch. 21: Les villes des Lévites. Le repos

20.1 - Les Lévites à Silo avec Eléazar (v. 1-3)

20.2 - La répartition générale des villes des Lévites (v. 4-8)

20.3 - Le détail des quarante-huit villes (v. 9-40)

20.4 - Lévi au milieu du peuple (v. 41-42)

20.5 - Le repos (v. 43-45)

20.6 - La suite du livre de Josué

21 - Ch. 22: Le retour des deux tribus et demie en Galaad. L’autel de Hed

21.1 - La position des deux tribus et demie

21.2 - Le message de Josué à ces tribus (v. 1-8)

21.3 - L’autel du témoin, ou de Hed (v. 9-12)

21.4 - La mission de Phinées (v. 13-20)

21.5 - La réponse des deux tribus et demie (v. 21-29)

21.6 - Le retour de Phinées vers le peuple à Silo (v. 30-34)

22 - Ch. 23: Les dernières paroles de Josué au peuple

22.1 - Introduction

22.2 - Le dernier message de Josué

22.3 - Les avertissements à l’assemblée

22.4 - Le gouvernement de Dieu à l’égard de son peuple Israël

22.5 - Le danger de l’apostasie (v. 12)

23 - Ch. 24: Les dernières paroles de l’Éternel à Sichem

23.1 - Sichem (v. 1-2)

23.2 - Les paroles de l’Éternel, le Dieu d’Israël (v. 2-13)

23.3 - L’appel de Josué au peuple (v. 14-15)

23.4 - La controverse entre Josué et le peuple (v. 16-24)

23.5 - L’alliance de Sichem (v. 25-28)

24 - Conclusion du livre de Josué

24.1 - La mort de Josué (v. 29-31)

24.2 - La sépulture des os de Joseph (v. 32)

24.3 - La mort et la sépulture d’Eléazar, fils d’Aaron (v. 33)

24.4 - Épilogue

25 - Résumé du Livre de Josué


1 - Introduction

Le livre de Josué fait immédiatement suite au Pentateuque (les cinq livres de Moïse). Il présente la prise de possession du pays promis par Dieu au peuple d’Israël. En figure pour les chrétiens, ce livre expose la jouissance de leurs bénédictions célestes en Christ dans le ciel.

Dieu s’était choisi un peuple pour lui, Israël. Il l’a fait sortir d’Égypte, à main forte et à bras étendu, à travers la mer Rouge et a pris soin de lui dans le désert, durant quarante ans d’épreuves. Le livre du Deutéronome montre le peuple arrivé en deçà du Jourdain dans le désert, dans la plaine de Moab (Deut. 1:1). Il y reçoit de Dieu les instructions morales nécessaires pour vivre dans le pays promis.

Le livre de Josué présente maintenant l’entrée dans ce pays (par la traversée du Jourdain), sa conquête et sa répartition entre les tribus d’Israël sous la direction de Josué, conducteur du peuple.

Cette histoire, qui couvre une période d’environ trente ans, fait suite à celle de la traversée du désert, décrite dans le livre des Nombres. Elle précède la triste description, donnée par le livre des Juges, de l’infidélité du peuple d’Israël à achever la conquête du pays et à y honorer la présence de Dieu.

Ce livre forme donc un maillon fondamental de la première période de l’histoire du peuple depuis la sortie d’Égypte jusqu’à l’établissement de la royauté.


Le livre de Josué se divise assez simplement en trois parties :


La première partie se termine par la préparation du peuple aux combats qui l’attendent et la vision glorieuse de Christ, l’Ange de l’Éternel.

La seconde partie commence par la prise de Jéricho, figure de ce que sera le renversement de la puissance du mal par Christ aux derniers jours. La victoire est complète et Israël voit tout le pays s’ouvrir devant lui. Elle est suivie par la défaite d’Aï et l’alliance avec les Gabaonites. Les voies de Dieu se manifestent ainsi en face des infidélités du peuple. Cette époque de l’histoire du peuple est généralement marquée par l’énergie de la foi et se termine par l’énumération des victoires et le repos après les combats. Cette partie du livre correspond exactement dans le Nouveau Testament à l’épître aux Éphésiens : les chrétiens - peuple céleste de Dieu - sont déjà spirituellement dans les lieux célestes et invités à acquérir par la foi ce que Dieu leur donne en Christ ; en même temps, ils sont engagés dans un combat contre les puissances spirituelles de méchanceté qui s’y trouvent.

La troisième partie du livre présente la répartition du pays entre les tribus d’Israël (chap. 13-19). Un très grand pays restait encore à posséder. Au zèle et à l’énergie de la foi du début succèdent maintenant l’inaction et la faiblesse générale du peuple, malgré de brillantes exceptions telles que Caleb (14:6-15). Toutefois, dans sa miséricorde, Dieu accorde le pays au peuple comme le fruit de ses conquêtes antérieures. L’établissement des villes de refuge (chap. 20), l’habitation des Lévites au milieu du peuple (chap. 21) et enfin le retour des deux tribus et demie au-delà du Jourdain dans les plaines de Galaad (chap. 22) complètent cette partie.

Le livre s’achève enfin sur les paroles personnelles d’adieu de Josué (chap. 23) et le dernier message de l’Éternel à son peuple (chap. 24).

Chaque période de la vie de l’Église sur la terre a été marquée au commencement par l’énergie de la foi et le zèle pour Christ. Puis, avec le temps, l’inaction a remplacé la ferveur tandis que les traditions et les ordonnances se substituaient souvent à la communion avec Christ et au jugement de soi-même (c’est le sens spirituel de Guilgal). L’état moral au milieu du déclin (qui a suivi tous les réveils) est rétabli par la discipline de Dieu, qui s’adapte en justice et en grâce à la situation et aux circonstances des siens.

Le livre de Josué présente donc à tous les chrétiens des instructions, encouragements et avertissements particulièrement adaptés aux temps actuels.


2 - Plan du livre de Josué

2.1 - Première partie : L’entrée dans le pays : chap. 1-5

1. Les instructions divines pour la conquête du pays : chap. 1

2. Rahab et les espions : chap. 2

3. Le passage du Jourdain : chap. 3-4

4. La préparation du peuple aux conquêtes : chap. 5


2.2 - Deuxième partie : La conquête du pays : chap. 6-12

1. La prise de Jéricho : chap. 6

2. La défaite d’Aï et la faute d’Acan : chap. 7

3. La victoire sur Aï : chap. 8:1-29

4. L’autel sur la montagne d’Ebal : chap. 8:30-35

5. L’alliance avec les Gabaonites : chap. 9

6. La victoire de Gabaon : chap. 10

7. La victoire sur Hatsor et les Anakim : chap. 11

8. Les victoires. Le repos : chap. 12


2.3 - Troisième partie : La possession du pays : chap. 13-24

1. Les deux tribus et demie en Galaad : chap. 13

2. L’héritage de Juda à Guilgal : chap. 14-15

3. L’héritage de Joseph à Guilgal : chap. 16-17

4. L’héritage des sept dernières tribus à Silo : chap. 18-19

5. Les villes de refuge : chap. 20

6. Les villes des Lévites. Le repos : chap. 21

7. Le retour des deux tribus et demie en Galaad. L’autel de Hed : chap. 22

8. Les dernières paroles de Josué au peuple : chap. 23

9. Les dernières paroles de l’Éternel par Josué à Sichem : chap. 24. 1-28

10. Conclusion du livre : chap. 24:29-33


3 - Ch. 1: Les instructions divines pour la conquête du pays

3.1 - Josué conducteur du peuple (v. 1)

« Et il arriva après la mort de Moïse, serviteur de l’Éternel… » (v. 1). Une nouvelle phase de l’histoire d’Israël commence après la mort de Moïse.

Envoyé par Dieu pour faire sortir le peuple terrestre d’Égypte, Moïse est une figure de Christ libérateur, délivrant le peuple céleste de Dieu de la puissance de Satan et du monde par la mort (figuré par la mer Rouge). Moïse, roi en Jeshurun (nom poétique d’Israël) et médiateur, Aaron, souverain sacrificateur et Marie, prophétesse, présentent en figure les trois ressources divines pour le peuple pendant la traversée du désert.

Moïse avait aussi la place de législateur - « la Loi a été donnée par Moïse » (Jean 1:17). Comme tel son service ne pouvait être d’introduire le peuple dans l’héritage. C’est à Josué qu’incombe cette tâche ; il est la figure de Christ ressuscité, assis dans les lieux célestes, qui nous introduit là où sont toutes nos bénédictions spirituelles en Lui.

Dès le début du livre, l’Esprit de Dieu présente donc Josué que Dieu a appelé à être le conducteur du peuple à la suite de Moïse. Arrivé au terme de son service dans le désert, Moïse a reçu de l’Éternel lui-même l’instruction de désigner Josué pour lui succéder. « Prends Josué, fils de Nun, un homme en qui est l’Esprit et pose ta main sur lui » (Nom. 27:18). En présence d’Eléazar le sacrificateur et devant toute l’assemblée d’Israël, l’autorité est conférée à Josué. Moïse l’invite à se fortifier et à être ferme (Deut. 31:7) ; l’exhortation est répétée par Dieu lui-même au commencement du livre de Josué (1:5, 7, 9). Enfin, Josué « était rempli de l’Esprit de sagesse, car Moïse avait posé ses mains sur lui » (Deut. 34:9).

Josué était âgé d’environ quatre-vingts ans lorsque la tâche de conduire le peuple lui a été confiée à la mort de Moïse. Son service public a duré environ trente ans, puisqu’il est mort à cent dix ans (24:29). Quarante ans de formation à travers le désert au service et dans l’ombre du législateur avaient été nécessaires avant qu’il ne soit placé à la tête du peuple et que l’Éternel ne l’élève aux yeux de tout Israël (3:7 ; 4:14).


3.2 - Les caractères du pays promis (v. 2-3)

Les paroles de l’Éternel à Josué présentent quatre instructions :

1. Pour entrer dans le pays, il fallait traverser le Jourdain : « Lève-toi, passe ce Jourdain, toi et tout ce peuple » (v. 2). Le Jourdain est la figure de la mort de Christ et de l’identification du croyant avec lui dans sa mort. Accepter par la foi notre mort avec Christ est ainsi le seul chemin d’accès aux bénédictions que Dieu nous donne et le moyen d’en jouir effectivement maintenant.

2. Le pays était à Dieu qui l’avait promis à Israël et le lui donnait ; le peuple est l’objet de la grâce et reçoit un don, totalement gratuit : il en est exactement de même du croyant maintenant (Es. 55:1-3 ; Rom. 3:24).

3. Quoique donné par Dieu, le pays restait à conquérir : « Tout lieu que foulera la plante de votre pied, je vous l’ai donné » (v. 3). Paul le rappelle dans son discours à Antioche de Pisidie (Act. 13:19). Pour trouver sa joie dans les bénédictions divines, il faut les acquérir par la foi à travers un combat contre les ennemis spirituels.

4. Enfin, le pays était délimité par des frontières précises, qui ont chacune une signification spirituelle. Avant de s’arrêter sur celles-ci, il faut remarquer qu’une seule porte (le Jourdain) permet de pénétrer dans le domaine des bénédictions ; par contre, quatre dangers différents risquent de nous en faire sortir pratiquement. Il ne s’agit pas ici du salut de l’âme, mais de sa bénédiction présente.


3.3 - Les frontières du pays (v. 4)

Les quatre limites du pays étaient :


En résumé, la terre d’Emmanuel - pays fertile sur lequel l’Éternel avait continuellement les yeux (Deut. 11:11-12) pour que son peuple y soit heureux - était bordée par un grand désert (figure de l’aridité du monde), une grande montagne (sa prospérité factice), un grand fleuve (sa puissance) et une grande mer (son agitation).

Dieu, dans une vision, avait déjà fixé les limites ci-dessus à Abraham (Gen. 15:18) ; ces limites étaient alors liées aux promesses inconditionnelles faites à sa descendance. Les mêmes frontières sont confirmées à Moïse, mais cette fois, elles sont soumises à une condition d’obéissance.

Pour Israël, l’Euphrate était la limite extrême de son héritage, tandis que le Jourdain était celle de son habitation effective et de sa possession. De même, toutes choses sont aux chrétiens dès maintenant : monde, vie, mort, choses présentes ou choses à venir (1 Cor. 3:21-22). Dans la vie présente, toutefois, la mort de Christ (le Jourdain en figure) sépare moralement le chrétien du monde, pour lui donner le ciel comme demeure spirituelle, avant que, revenu en gloire avec Christ, il ne règne sur le monde entier dans un temps à venir (1 Cor. 6:2).


3.4 - Les instructions pour entrer dans le pays (v. 5-9)

La première instruction que Dieu donne à Josué et au peuple est de se lever pour passer le Jourdain et prendre possession du pays. Le pays était à l’Éternel : « Vous, vous êtes chez moi comme des étrangers et comme des hôtes » (Lév. 25:23). C’était l’héritage de Dieu dont il voulait hériter dans son peuple : « Tu les planteras sur la montagne de ton héritage » (Ex. 15:17). En fait, le peuple lui-même constituait l’héritage de Dieu : « La portion de l’Éternel, c’est son peuple ; Jacob est le lot de son héritage » (Deut. 32:9). La même pensée est exprimée dans l’épître aux Éphésiens pour les chrétiens, peuple céleste de Dieu : « les richesses de la gloire de son héritage dans les saints » (Éph. 1:18). L’héritage est celui de Dieu dont il veut hériter lui-même par Christ dans ses rachetés. Mis à part pour cet héritage par le sceau de son Esprit (Éph. 1:14 ; 2 Cor. 1:22), nous en possédons un avant-goût par les arrhes de l’Esprit.

Le pays appartenait donc à l’Éternel, mais Il en offrait la jouissance à son peuple, dans la mesure où celui-ci aurait l’énergie d’en prendre possession : « Tout lieu que foulera la plante de votre pied, je vous l’ai donné » (v. 3). La même instruction était déjà donnée à Abraham : « Lève-toi, et promène-toi dans le pays en long et en large, car je te le donnerai » (Gen. 13:17). Il en est exactement ainsi pour les chrétiens : toutes nos bénédictions sont spirituelles, dans les lieux célestes en Christ. Nous n’en jouirons effectivement que dans la mesure où nous saurons nous les approprier par la foi.

Trois appels sont alors donnés à Josué à se fortifier et à être ferme :


Trois fois Josué est ainsi invité à se fortifier et à être ferme (v. 6, 7, 9). De même, le chrétien, engagé dans un combat spirituel dans les lieux célestes, est invité par trois fois à se fortifier et à tenir ferme :


Toutes les préparations morales présentées ici pour entrer dans le pays sont d’ordre intérieur : c’est la foi dans le cœur. L’histoire de Rahab, au chapitre suivant, ajoute le côté extérieur : c’est la foi démontrée par les œuvres. L’œuvre intérieure précède toujours l’activité extérieure.


3.5 - Le commandement de Josué aux officiers du peuple (v. 10-11)

Les exhortations précédentes ont produit sur Josué un effet immédiat ; par le moyen des officiers (les magistrats du peuple), l’ensemble du camp se prépare à la traversée du Jourdain et à la conquête du pays. Un chrétien nourri de Christ et soumis à la Parole aura, même à son insu, une influence heureuse sur d’autres.

Ensuite, rien n’est fait hâtivement. Les officiers invitent le peuple à se tenir prêt dans trois jours. Pour nous, l’énergie humaine est sans valeur pour traverser le fleuve de la mort et vaincre l’Ennemi dans ses places fortes. Si la vérité de Dieu est la ceinture de nos reins et si nous revêtons l’armure complète de Dieu avant le combat, nous serons assurés de la victoire.

Les trois jours évoquent pour le chrétien la période de temps connue de la mort et de la résurrection de Christ (Luc 9:22). C’est le signe du prophète Jonas (Matt. 12:40), le fondement même de l’évangile (1 Cor. 15:3-4). À la sortie d’Égypte, trois jours s’étaient déjà écoulés depuis la nuit de la Pâque, jusqu’à la traversée de la mer Rouge et le chant du cantique de la délivrance.

Et maintenant, au bout de trois jours, le peuple part de Sittim, la dernière étape de la traversée du désert. Conduit par Josué et instruit par ses officiers, il est invité à suivre l’arche pour traverser le Jourdain (3:1-3).


3.6 - Les deux tribus et demie en Galaad (v. 12-18)

La dernière partie du chapitre présente le cas attristant et instructif des deux tribus et demie - Ruben, Gad et la moitié de la tribu de Manassé - qui avaient déjà fait le choix d’habiter en deçà du Jourdain. Le début de leur histoire est donné dans le livre des Nombres. Ayant vu que les pays de Jahzer et de Galaad convenaient bien à leurs nombreux troupeaux, ils étaient venus à Moïse (Nom. 32:1-2) en exprimant leur désir de ne pas traverser le Jourdain. Leur décision délibérée était de s’installer dans les plaines de Galaad, « de ce côté du Jourdain, vers le levant » (Nom. 32:19). La juste indignation de Moïse ne les a pas fait revenir sur leur choix.

Le compromis accepté par Moïse constate, hélas, la première brèche dans l’unité du peuple : « Nous nous équiperons promptement pour marcher devant les fils d’Israël » (Nom. 32:17). L’engagement était que tous les hommes de guerre de ces deux tribus et demie accompagneraient leurs frères pour aller à la guerre et achever la conquête du pays avant de rejoindre leurs familles en Galaad (Nom. 32:20-21, 27). L’accord a été clairement confirmé, sur-le-champ, à Eléazar et à Josué, pour qu’il soit respecté le moment venu. Moïse leur accorde alors leurs possessions dans le lieu de leur choix. Mais où était la pensée de Dieu dans cette affaire ? Ces deux tribus et demie sont pour nous l’image des chrétiens terrestres qui ont leurs pensées et leurs affections aux choses visibles et ne connaissent Christ « qu’à travers les circonstances de la terre ». Toutefois, leur bonne volonté et leur sincérité sont réelles. Ils ajoutent même au rappel de leur engagement pris devant Moïse (1:17), cette exhortation que Dieu lui-même avait faite à Josué : « Fortifie-toi et sois ferme » (1:18).

La suite de l’histoire de ces deux tribus et demie a confirmé que leur choix n’était pas selon les pensées de Dieu. Déjà au moment d’accompagner leurs frères au combat (4:13), seuls quarante mille hommes se présentent, alors que le dénombrement du peuple montre que leurs hommes de guerre étaient au moins cent dix mille.

L’affaire de l’autel de Hed (chap. 22) est déjà l’occasion de malentendus et de difficultés. Plus tard, ces tribus ne répondront pas à l’appel de Barak et de Débora pour aller au combat contre les ennemis du peuple (Jug. 5:15-17). Et ces tribus seront les premières à tomber aux mains de l’ennemi : « Savez-vous que Ramoth de Galaad est à nous ? Et nous nous taisons, sans la reprendre de la main du roi de Syrie » (1 Rois 22:3). Mais, plus triste encore, elles connaîtront les premières, de la part de Dieu, la captivité loin du pays : « Et le Dieu d’Israël réveilla l’esprit de Pul, roi d’Assyrie, et l’esprit de Tilgath-Pilnéser, roi d’Assyrie, et il transporta les Rubénites, et les Gadites, et la demi-tribu de Manassé, et les emmena à Khalakh, et à Khabor, et à Hara, et au fleuve de Gozan, où ils sont jusqu’à ce jour » (1 Chr. 5:26).

Le choix de ces tribus était semblable à celui de Lot déjà ébloui par les mêmes lieux, qui étaient, en apparence seulement, « comme le jardin de l’Éternel » (Gen. 13:10). Leur choix a porté plus tard ses fruits amers.

La vraie patrie du chrétien est le pays même, au-delà du Jourdain, figure de la mort et de la résurrection de Christ que l’Esprit de Dieu applique à son âme.


4 - Ch. 2: Rahab et les espions

4.1 - Introduction (v. 1-7)

Avant d’entreprendre la conquête du pays, Josué envoie secrètement deux espions pour voir le pays et reconnaître sa première place forte, Jéricho. Bâtie dans la plaine du Jourdain, c’était la ville des palmiers (Deut. 34:3), un jardin de délices pour le monde ; toutefois la ville et le pays étaient habités par un peuple maudit et ennemi de Dieu.

Mais la grâce illimitée de Dieu va faire sortir Rahab de Jéricho et la sauver de la mort, pour l’associer au peuple élu et la placer dans la lignée du Messie d’Israël. Rahab est une fleur fragile cueillie dans la fange du péché pour venir s’épanouir aux doux rayons de la grâce divine.


4.2 - Les nations à l’annonce des jugements (v. 8-11)

Les nouvelles des victoires d’Israël étaient déjà parvenues aux habitants de Canaan. Sihon, roi des Amoréens, et Og, roi de Basan, étaient sortis à la rencontre du peuple et avaient été entièrement détruits (Deut. 2:32-34 ; 3:1-10). Ces nouvelles avaient apporté la frayeur en Canaan : « Nous l’avons entendu, et notre cœur s’est fondu » (2:11). La traversée effective du Jourdain par Israël confirmera leurs craintes légitimes : « Leur cœur se fondit, et il n’y eut plus de courage en eux » (5:1).

Pour le monde, l’approche des jugements produit donc la peur. Hélas, souvent les hommes, au lieu de se repentir, se débarrassent des témoins qui annoncent leur jugement. Les hommes rendront l’âme de peur (Luc 21:26) ; en même temps ils mettront à mort les deux témoins qui les gênaient et s’en réjouiront (Apoc. 11:7, 10).

Le roi de Jéricho cherche ainsi à s’emparer des espions (v. 3) avant de s’endurcir dans son iniquité et de fermer sa ville pour résister au jugement jusqu’à la mort. Quelle solennelle différence avec Ninive et son roi, à la suite de la prédication de Jonas ! Devant l’annonce du jugement, le roi de Jéricho s’endurcit, tandis que celui de Ninive se repent (Jon. 3:10).


4.3 - La foi de Rahab (v. 9-13)

Au contraire, pour la foi de Rahab, les victoires d’Israël produisent un tout autre effet :


Les moyens employés ici par Rahab, mensonges et tromperies (v. 4-7), étaient conformes à sa vie antérieure. Aujourd’hui, un chrétien éclairé par le Saint Esprit ne pourrait en aucune mesure y avoir recours, car, aux yeux de Dieu, la fin ne justifie jamais les moyens.


4.4 - Le moyen de salut (v. 14-20)

Le gage du salut qui lui est donné par les espions est d’une extrême simplicité, méprisable même aux yeux du monde. Il fallait attacher un cordon d’écarlate à la fenêtre, rester à l’abri dans la maison et garder l’affaire secrète (v. 17-20). Le cordon d’écarlate parle du sang de Christ, qui mettait déjà les Israélites à l’abri du jugement des premiers-nés (Ex. 12:13). Il ne s’agissait pour Rahab que d’ajouter foi à la promesse qui lui était faite. Aussi n’attend-elle pas le siège de Jéricho pour placer le cordon d’écarlate à la fenêtre : elle le fait aussitôt après le départ des espions (v. 21).


4.5 - Les œuvres qui prouvent la foi (v. 21)

La foi de Rahab se manifeste par sa conduite envers les espions, et lui accorde une place dans la « grande nuée de témoins » donnée dans l’épître aux Hébreux. Elle y est distinguée de la masse incrédule, « ceux qui n’avaient pas cru » (Héb. 11:31).

Dans l’épître de Jacques, Rahab est associée à Abraham pour montrer aux yeux de Dieu et des hommes la valeur des œuvres de foi. Pour le monde, Abraham était un meurtrier en offrant son fils Isaac et Rahab trahissait son peuple en recevant les messagers. Mais pour Dieu, l’un et l’autre manifestaient la réalité de la foi par leurs œuvres.

La mission des deux espions n’a pas servi à prendre la ville de Jéricho, qui a été détruite par un acte de puissance divine. Cette visite a été l’occasion du salut de Rahab et de sa maison.


4.6 - La vie de Rahab

L’histoire de Rahab ne s’arrête pas là ; ayant obéi à l’instruction qui lui assurait le salut, elle a été épargnée du jugement avec sa famille par les deux hommes mêmes qu’elle avait cachés (6:22-25). Rahab est d’abord laissée en dehors du camp d’Israël ; mais elle désirait habiter là où son cœur la portait, parmi le peuple de Dieu. On trouve le même désir en Ruth (Ruth 1:16).

Rahab devient l’épouse de Salmon (Matt. 1:5), et donne naissance à Boaz ; son nom est ainsi placé dans la lignée du Messie, honneur qui est accordé à quatre femmes (à part Marie, la mère du Seigneur) : Thamar, Rahab, Ruth et Bath-Shéba. Chargées de mépris ou de honte par leur origine ou leur conduite, elles sont formées par la grâce de Dieu comme des vases de miséricorde, tout préparés pour sa gloire (Rom. 9:23).

La foi de Rahab brille en ce qu’elle s’identifie elle-même avec Israël avant la première des victoires en Canaan. C’est aussi l’intelligence spirituelle du brigand repentant qui reconnaît au Sauveur méprisé la gloire de son royaume (Luc 23:42).


4.7 - Le retour des deux espions (v. 22-24)

La scène se termine par le témoignage des deux messagers qui confirment à Josué que le pays était livré au peuple de Dieu. Quelle différence pour Josué avec le retour des douze espions dont il faisait partie quarante ans auparavant (Nom. 14:6). Leçon importante apprise par le peuple !


5 - Ch. 3: Le passage du Jourdain

5.1 - Le Jourdain et sa signification spirituelle

Pour Israël, le Jourdain séparait le désert du pays de la promesse. Comme tel, il figure, pour le chrétien, la mort comme terme de la vie dans le corps sur la terre et le passage au ciel dans la présence du Seigneur.

La portée spirituelle du Jourdain est toutefois beaucoup plus étendue ; pour la saisir, il convient de revenir à l’histoire d’Israël écrite comme type pour nous (1 Cor. 10:11). Le propos de Dieu était de faire sortir son peuple de l’esclavage de l’Égypte et de l’introduire dans le pays qu’il leur donnait en héritage. Trois étapes successives ont été nécessaires dans l’histoire d’Israël pour amener ce dessein divin à son plein accomplissement : la Pâque, la traversée de la mer Rouge et la traversée du Jourdain. Ces trois phases nous parlent de la mort de Christ et de ses conséquences sous trois aspects différents qui se complètent.


5.2 - La Pâque, la mer Rouge et le Jourdain pour Israël

5.2.1 - La Pâque.

Dieu se présente ici comme un juge : « Je passerai par le pays d’Égypte cette nuit-là, et je frapperai tout premier-né dans le pays d’Égypte » (Ex. 12:12). Le sacrifice sanglant de l’agneau pascal répond aux exigences du jugement divin. L’agneau – type de Christ, Agneau de Dieu – devait être égorgé entre les deux soirs ; sa chair, rôtie au feu, était mangée par les Israélites, avec des pains sans levain et des herbes amères (Ex. 12:8). Le sang de l’agneau, type du sang précieux de Christ (1 Pier. 1:19), était placé sur le linteau et sur les deux poteaux des maisons. Au milieu de cette nuit solennelle du jugement, l’Éternel voyait le sang et passait par-dessus les maisons des Israélites en les épargnant du jugement ; le mot pâque signifie précisément : passer par-dessus (Ex. 12:13). La Pâque est donc la figure de la mort de Christ, comme notre Substitut sous le jugement de Dieu. Mais elle était aussi pour Israël le souvenir de la délivrance d’Égypte opérée par la traversée de la mer Rouge.


5.2.2 - La mer Rouge.

Le peuple venait d’échapper au jugement des premiers- nés, mais il était encore en Égypte sous la menace du Pharaon et de ses armées. Il fallait une seconde intervention divine pour délivrer le peuple de l’Égypte et de sa puissance ; Dieu se manifeste maintenant comme un libérateur : « Voyez la délivrance de l’Éternel, qu’il opérera pour vous aujourd’hui » (Ex. 14:13). La mer Rouge est ainsi une figure de la mort de Christ qui nous arrache à la puissance de Satan : « afin que, par la mort, il rende impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, et qu’il délivre tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient, pendant toute leur vie, tenus en esclavage » (Héb. 2:14-15).

Désormais, le peuple est délivré et racheté : ainsi, la mer Rouge est la figure de la rédemption : « Tu as conduit par ta bonté ce peuple que tu as racheté ; tu l’as guidé par ta force jusqu’à la demeure de ta sainteté » (Ex. 15:13). Israël est encore dans le désert, mais Dieu le voit comme déjà arrivé dans la terre promise. L’incrédulité du peuple (racontée en détail pour notre instruction dans le livre des Nombres, et résumée au début du livre du Deutéronome) n’a rien changé aux pensées de Dieu ; simplement le chemin des onze journées (Deut. 1:2) a été transformé en une longue épreuve de trente-huit ans ; les voies de Dieu se sont ainsi adaptées à la conduite de son peuple.


5.2.3 - Le Jourdain.

Pour que le peuple entre en Canaan, il fallait enfin traverser un dernier obstacle, le Jourdain, fleuve infranchissable : « le Jourdain regorge par-dessus tous ses bords, tout le temps de la moisson » (3:15). C’est encore pour nous une figure de la mort de Christ. Là, le chrétien est spirituellement identifié avec Christ dans sa mort, pour être en pratique délivré de la puissance de la mort, du péché, de lui-même (la chair), du monde et de la Loi. À la mer Rouge, les chrétiens peuvent dire avec reconnaissance : « Christ est mort pour nous » (Rom. 5:8). Au Jourdain, ils ajoutent : « Nous sommes morts avec Christ » (Rom. 6:8).

 Il est essentiel de bien comprendre la différence entre la position d’Israël (peuple terrestre de Dieu) et celle des chrétiens (peuple céleste). Israël a connu les trois étapes de sa pleine délivrance :


5.2.4 - L’application spirituelle pour le chrétien

Le chrétien, au contraire, fait l’expérience de la portée spirituelle des trois étapes de la vie d’Israël dans le cours même de sa vie sur la terre.


En résumé, Dieu nous a réconciliés avec lui et pardonnés (la Pâque) ; il nous a vivifiés ensemble (la mer Rouge), nous a ressuscités ensemble (le Jourdain) et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus (Éph. 2:6). Il s’agit d’une présence spirituelle réalisée par la foi, dès maintenant sur la terre, en attendant la plénitude de la gloire.


5.2.5 - L’unité morale de l’enseignement

La Parole distingue donc clairement les trois phases de la pleine délivrance du peuple (la Pâque, la mer Rouge et le Jourdain). Toutefois, elle ne les sépare jamais, puisqu’il s’agit de trois aspects de l’œuvre parfaite, complète et unique de Christ.

La nuit de la Pâque était à garder par tous les fils d’Israël en leurs générations (Ex. 12:14 ; Ex. 13:8, 14). Ce mémorial était celui de la Pâque ; mais il était aussi celui de la sortie d’Égypte (Ex. 12:42) : ainsi la Pâque et le passage de la mer Rouge sont liés.

D’autre part, la traversée de la mer Rouge et le passage du Jourdain, bien que séparés par toute l’histoire du désert, sont unis par le Saint Esprit dans deux passages des Psaumes : « Il changea la mer en terre sèche ; ils passèrent le fleuve à pied : là nous nous réjouîmes en lui » (Ps. 66:6) ; « La mer le vit, et s’enfuit ; le Jourdain retourna en arrière » (Ps. 114:3, 5).


5.3 - Les instructions au peuple (v. 2-13)

Sittim a été le dernier campement d’Israël dans le désert, là où les espions étaient revenus auprès de Josué après leur mission (2:1, 23). Le nom de ce lieu de passage (qui signifie acacia) rappelle le bois dont était faite l’arche. Partant de Sittim, le peuple vient au Jourdain pour y passer la nuit et là attend trois jours avant de recevoir les instructions de la part des officiers (v. 2). Cette période évoque pour nous les trois jours de la mort et de la résurrection de Christ.

Le chemin d’Israël à travers le Jourdain est inséparablement lié à l’arche. Pendant la traversée du désert, le peuple était accompagné par la nuée (figure de la présence de Dieu) et par l’arche (figure de Christ et de son œuvre). L’arche précédait Israël dans ses étapes pour lui préparer un lieu de repos (Nom. 10:33-36). Maintenant, elle va lui ouvrir un chemin à travers les eaux profondes du jugement (le Jourdain).

Invité à suivre l’arche portée par les sacrificateurs, le peuple doit laisser entre elle et lui une distance d’environ deux mille coudées (une distance de plus de mille mètres). Qui pouvait suivre celui qui s’est avancé seul pour rencontrer à notre place la puissance du jugement et de la mort ? Déjà les disciples, au jardin de Gethsémané, étaient à un jet de pierre de leur Seigneur qui seul, dans l’angoisse du combat, anticipait dans son âme le passage du vrai Jourdain, le baptême de la mort (Luc 12:50).

Le passage de l’arche au travers du Jourdain ouvrait un chemin nouveau, inconnu de tous, sauf de la foi :


5.4 - La traversée du Jourdain (v. 14-17)

C’était le temps de la moisson des orges et le fleuve regorgeait par-dessus tous ses bords, au plus fort de ses crues alimentées par la fonte des neiges de l’Hermon. Peut-il y avoir une image plus saisissante des eaux du jugement dans lesquelles notre Sauveur est entré ? « Un abîme appelle un autre abîme à la voix de tes cataractes ; toutes tes vagues et tes flots ont passé sur moi » (Ps. 42:7).

Lorsque les sacrificateurs qui portaient l’arche atteignirent le bord du Jourdain, les eaux coulant de l’amont s’arrêtèrent en un monceau jusqu’à Adam (v. 16). Cette ville, qui n’est mentionnée qu’ici, porte le nom de l’homme par lequel le péché et la mort sont entrés dans le monde (Rom. 5:12). Mais Christ (l’arche) nous communique la vie éternelle par sa mort (le Jourdain).

Les eaux en aval s’écoulèrent vers la mer Morte - la mer Salée -, de sorte que toute la nation a pu passer de pied ferme, à sec (v. 17). L’effet du pouvoir de la mort est interrompu dans sa source et sa portée par l’invincible puissance de Dieu agissant en faveur de son peuple. L’entrée dans le pays - figure des lieux célestes - est libre désormais, mais seulement en Christ.

À la mer Rouge, la traversée s’était faite, de nuit, entre les deux murs formés par les eaux à leur droite et à leur gauche (Ex. 14:22). Dans la présence perceptible de la mort et poursuivi par ses ennemis, le peuple n’avait probablement pas l’intelligence profonde de la délivrance opérée par Dieu. Mais, au-delà de la mort, la victoire est célébrée dans un cantique avec une explosion de joie.

Au Jourdain, au contraire, la traversée s’effectue de jour, avec une conscience plus profonde des merveilles opérées par Dieu. La mort et le jugement sont moins proches, mais les regards de la foi se portent sur l’arche (Christ) qui les a traversés pour nous. Ce sont plutôt le recueillement et le silence qui marquent la solennité de la scène.

L’Éternel prend ici le titre de « Seigneur de toute la terre » (v. 11, 13). Le « Dieu Très-haut, possesseur des cieux et de la terre » (Gen. 14:19), agit pour introduire son peuple dans le pays de sa possession. Dans la période actuelle, Israël est mis de côté à cause de son infidélité et Dieu prend son titre de « Dieu des cieux » (Dan. 2:37). Christ, rejeté comme Roi, ne fait pas valoir les droits dont Il parle à ses disciples après sa résurrection : « Toute autorité m’a été donnée dans le ciel et sur la terre » (Matt. 28:18).

Aux derniers jours, le débordement des nations contre Israël sera comme un fleuve de tribulation, dont le Jourdain en crue est une saisissante image. Christ, par sa mort, s’est déjà identifié à son peuple terrestre au milieu de ces épreuves futures : « Dans toutes leurs détresses, il a été en détresse, et l’Ange de sa face les a sauvés » (Es. 63:9). Alors, Christ sera la sécurité et la délivrance de son peuple terrestre. Il prendra en main sa cause en exerçant le jugement que Dieu lui a confié comme Fils de l’homme, « l’Homme qu’il a destiné à cela » (Act. 17:31).


6 - Ch. 4: Le passage du Jourdain

Deux témoignages distincts sont établis pour attester cette œuvre merveilleuse (3:5) :


6.1 - Les douze pierres tirées du Jourdain (v. 1-8)

Les pierres tirées du Jourdain et placées à Guilgal étaient un témoignage et un mémorial pour les générations à venir. Leur nombre (douze, figure de la perfection administrative divine dans l’homme) était selon le nombre des tribus des fils d’Israël (v. 5) pour souligner l’unité du peuple. La table dans le lieu saint portait aussi douze pains pour rappeler cette unité.

La part de l’Église est plus belle encore : il n’y a qu’un seul pain (mémorial de la mort de Christ, homme, et de son corps donné pour nous) qui rend aussi témoignage à l’unité de l’Assemblée qui est son corps (spirituel) : « Nous, qui sommes un grand nombre, sommes un seul pain, un seul corps » (1 Cor. 10:17).

Les croyants, autrefois morts dans leurs fautes et dans leurs péchés, sont maintenant vivifiés ensemble avec le Christ, ressuscités ensemble et assis ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus. Le dessein de Dieu est de montrer « dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce, dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus » (Éph. 2:5-7).

Le nombre des pierres tirées du Jourdain (douze) rappelait que pour Dieu tout le peuple d’Israël avait franchi le Jourdain, bien que deux tribus et demie soient plus tard retournées en arrière. De même, l’unité du peuple céleste de Dieu, qui ne forme qu’un seul corps en Christ, est présentée dans l’épître aux Éphésiens, comme liée à la résurrection de Christ (Éph. 1:19-20), à son sang (Éph. 2:13) et au seul Esprit Saint (Éph. 2:18 ; 4:4).

Ces premières pierres enlevées du Jourdain et placées dans le pays nous enseignent donc que nous sommes ressuscités avec Christ.


6.2 - Les douze pierres dans le Jourdain (v. 9-11)

Un second témoignage parle aussi puissamment à nos cœurs : douze pierres étaient dressées « au milieu du Jourdain, à la place où s’étaient tenus les pieds des sacrificateurs qui portaient l’arche de l’alliance » (v. 9). Cette seconde série de pierres montre ensuite que nous sommes « morts avec Christ ». Tous les rachetés, vivifiés et ressuscités ensemble avec le Christ, sont ainsi identifiés avec Christ dans sa mort. Cette vérité de l’identification du croyant avec Christ et sa mort se retrouve plusieurs fois dans l’Ecriture :


Cette portée spirituelle du Jourdain pour nous est clairement établie par les enseignements de l’apôtre Paul : « Si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui » (Rom. 6:8). La réalisation de cette vérité opère notre délivrance du joug du péché dans une marche de sainteté sur la terre. L’épître aux Colossiens présente ensemble les deux signes de la circoncision (figure de la mise de côté de la chair comme crucifiée à la croix) et du baptême chrétien (figure de notre identification avec Christ dans sa mort) : « … la circoncision du Christ, ayant été ensevelis avec lui dans le baptême » (Col. 2:11-12 ; « Vous avez été ressuscités avec le Christ » (Col. 3:1).

Ces figures montrent donc à la fois la puissance de Dieu qui a ressuscité Christ d’entre les morts, et la place du croyant au-delà de la mort (à l’entrée, pour ainsi dire, du pays de Canaan). Il a Christ comme espérance : « Christ en vous, l’espérance de la gloire » (Col. 1:27). Le croyant a aussi la vie de Christ : « Votre vie est cachée avec le Christ en Dieu » (Col. 3:3) ; pour lui, Christ est tout (comme objet de son cœur) et en tous (comme puissance de vie).


6.3 - Les guerriers des deux tribus et demie (v. 12-13)

Conformément à l’accord conclu avec Moïse (Nom. 32:27), et confirmé à Josué (1:16), les guerriers de ces deux tribus et demie passent le Jourdain avec leurs frères pour participer aux combats. Parmi les cent dix mille hommes aptes au service militaire, et malgré les engagements pris, quarante mille seulement répondent à l’appel. Aujourd’hui encore, hélas, l’intérêt pour les choses de la terre ôte au croyant l’énergie spirituelle pour acquérir les choses célestes.


6.4 - Josué élevé aux yeux d’Israël - L’arche sort du Jourdain (v. 14-18)

Dieu avait annoncé à Josué avant le passage du Jourdain qu’Il l’élèverait aux yeux de tout Israël (3:7). Christ, le vrai Josué, est glorifié par son Père : « Sa gloire est grande dans ta délivrance ; tu l’as revêtu de majesté et de magnificence » (Ps. 21:5). Cette gloire lui est donnée après l’œuvre de la croix, lorsque l’arche (figure de Christ) est sortie du Jourdain (figure des eaux de la mort) : « Dieu… l’a ressuscité d’entre les morts et lui a donné la gloire » (1 Pier. 1:21).

Lorsque toute la nation a passé, l’arche sort du Jourdain. L’arche entre donc, seule, la première (3:14), et sort la dernière des eaux du jugement et de la mort (3:17). Christ est « le premier et le dernier » (Apoc. 1:17) ; il est « l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin » (Apoc. 21:6).


6.5 - Le mémorial des pierres dans le Jourdain - Guilgal, le premier campement dans le pays (v. 19-24)

Les douze pierres dressées au milieu du fleuve étaient recouvertes lorsque « les eaux du Jourdain retournèrent en leur lieu, et coulèrent par-dessus tous ses bords comme auparavant » (v. 18). Elles n’étaient donc plus un témoignage visible comme les premières pierres, laissé pour les générations à venir, ou même pour le monde. Pour le croyant, ces pierres rappellent l’œuvre intérieure divine qui s’est accomplie dans l’âme en dehors de tous les regards.

C’est aussi le souvenir pour l’assemblée de ce que Christ a traversé pour elle en entrant dans la mort. Le monde n’a pas connu Christ, l’a perdu comme Sauveur et ne le reverra que comme Juge plus tard.

Mais l’église, loin du monde, bien qu’encore dans le monde, revient au bord du fleuve de la mort pour contempler son Seigneur et se souvenir de lui et de son œuvre. « Christ a aimé l’assemblée et s’est livré lui-même pour elle » (Éph. 5:25).

Le peuple habite maintenant dans le pays promis, au-delà du Jourdain qui a repris son cours. Dieu va préparer son peuple pour le combat, avant de le conduire aux conquêtes et à la possession effective de l’héritage.


7 - Ch. 5: La préparation du peuple aux conquêtes

Trois ressources importantes nous sont maintenant présentées pour remporter la victoire sur les ennemis et habiter dès maintenant par la foi dans le ciel :


7.1 - Guilgal et la circoncision (v. 2-9)

Après la traversée du Jourdain, le peuple doit être préparé au combat avant d’entreprendre la conquête du pays. C’est à Guilgal, le lieu de la circoncision*, que s’opère cette préparation : c’est le point de départ et le point de ralliement du peuple pour commencer et poursuivre les combats contre les ennemis (10:15, 43)


7.1.1 - La circoncision après le désert

La circoncision du peuple n’avait pas eu lieu dans le désert (v. 4-7), figure du monde pour le chrétien après sa conversion. La circoncision n’est donc pas mentionnée dans les épîtres qui montrent le croyant encore dans le désert (Romains, Hébreux et première épître de Pierre). Nous devons d’abord comprendre par la foi notre identification avec Christ dans sa mort (le Jourdain) et notre position dans les lieux célestes en lui (Éph. 2:6) et avec lui (Col. 3:1). Alors nous pourrons saisir la puissance de la circoncision du Christ pour nous libérer de l’esclavage du péché et de notre ancienne condition en Adam. C’est à Guilgal que s’opère la circoncision. Guilgal signifie roulement : « Aujourd’hui j’ai roulé de dessus vous l’opprobre de l’Égypte » (v. 9).


7.1.2 - Les couteaux de pierre

La mortification de la chair ne peut pas s’opérer par la chair. Josué devait se faire des couteaux de pierre pour circoncire les fils d’Israël (v. 2). Il ne pouvait utiliser pour cela des instruments produits par l’homme (le métal par exemple). Sortir du monde ne nous débarrasse pas du conflit avec nous-mêmes. Le principe monacal consiste à s’isoler du monde pour échapper à ses convoitises et à s’astreindre à des règles d’ascétisme, à un ensemble d’exercices physiques et moraux qui tendent à libérer l’esprit par le mépris du corps) ou à des ordonnances pour soulager la conscience. Ce principe ne change pas l’homme et ne peut produire en définitive qu’une grande misère morale.

Pour vaincre en pratique la puissance de Satan, du monde, de la chair et de la Loi, il faut la puissance du Saint Esprit dans une vie nouvelle en nous : la vie de Christ ressuscité vécue au-delà de la mort.


7.1.3 - Guilgal : la force et la liberté

Le chrétien vit dans ce monde en partageant les peines et les joies de la condition humaine. Quant à ses affections, son but et sa vie, il est hors du monde bien qu’encore dans ce monde. Christ en lui est son objet et sa puissance de vie : « Christ est tout et en tous » (Col. 3:11).

Le camp d’Israël était à Guilgal et le peuple devait toujours y revenir pour puiser la force nécessaire en vue de nouveaux combats. À Guilgal, précisément, se trouvaient les douze pierres du mémorial de la traversée du Jourdain. Pour le chrétien, la conscience d’être « mort avec Christ » est toujours nécessaire pour mortifier la chair en pratique. Tel est le secret de la force et de la vraie liberté chrétienne.


7.2 - Guilgal, la Pâque et la nourriture du peuple (v. 10-12)

Mais d’autres vérités importantes se rattachent à Guilgal. L’enlèvement de la saleté de la chair (1 Pier. 3:21) est le secret du bonheur de l’âme et des victoires sur les ennemis, mais ne nourrit pas le cœur. Après la circoncision – le peuple est guéri (v. 8) – Dieu lui donne une nourriture appropriée à ses besoins actuels et à sa nouvelle position dans le pays de la promesse.

Le peuple célèbre la Pâque selon l’ordonnance, le quatorzième jour du premier mois. Avant de prendre possession de l’héritage, il garde ainsi le mémorial de la délivrance de l’Égypte. L’Éternel dresse pour son peuple une table en présence de ses ennemis (Ps. 23:5). Dans la paix, avant les combats, le peuple racheté se repose sur l’œuvre du Sauveur et se nourrit de son sacrifice. La Pâque et le sacrifice de prospérités sont, dans l’Ancien Testament, les deux images les plus belles du culte que l’assemblée rend au Père par le Saint Esprit, en se tenant par la foi dans le ciel : telle est en figure la nouvelle position d’Israël à Guilgal, dans les plaines de Jéricho (v. 10).

Dès le lendemain de ce jour du mémorial, Dieu change la nourriture de son peuple : la manne cesse, remplacée par le cru du pays, le vieux blé et le grain rôti (v. 11-12). Le pain sans levain, figure pour le chrétien d’une marche séparée du mal, n’est pas oublié à cette occasion. Le levain est toujours, dans l’Ecriture, l’image du mal qui se propage : les fausses doctrines (des pharisiens, des sadducéens ou d’Hérode) et l’hypocrisie (Matt. 16:6 ; Marc 8:15 ; Luc 12:1) ; le mal moral (1 Cor. 5:6) et le mal doctrinal (Gal. 5:9).

Les chrétiens, peuple céleste, se nourrissent d’un Christ qui est au ciel, assis à la droite de Dieu. C’est ce qu’évoquent le vieux blé du pays et le grain rôti. Pour Israël, la manne a été remplacée par la nourriture du pays, lorsqu’il a quitté le désert pour la terre d’Emmanuel. Pour le croyant, au contraire, Christ est maintenant à la fois la manne pour la traversée du désert et la nourriture de son peuple appelé à vivre avec lui par la foi dans le ciel.

En résumé :


7.3 - Christ, Chef de l’armée de l’Éternel (v. 13-15)

Après le tableau rafraîchissant du peuple goûtant la nourriture de Dieu, vient la dernière préparation au combat, devant la ville même de Jéricho, symbole de toute la puissance de l’ennemi.

Josué, homme de foi et conducteur d’Israël, doit rencontrer le chef de l’armée de l’Éternel, Christ lui-même. Le moment est solennel et appelle à la même sainteté que celle commandée à Moïse au buisson ardent (v. 15 ; Ex. 3:5). Celui qui s’était présenté à Moïse comme « JE SUIS CELUI QUI SUIS » (Ex. 3:14), était descendu en majesté, en sainteté et en puissance, pour accomplir la rédemption de son peuple hors d’Égypte. Il se place maintenant à la tête des armées d’Israël pour engager le combat contre les ennemis du peuple dans le pays.

Christ est « chef de tout pouvoir et de toute autorité » (Col. 2:10) et Dieu a « assujetti toutes choses sous ses pieds » (Éph. 1:22). Avant d’engager le combat « contre les puissances spirituelles de méchanceté qui sont dans les lieux célestes », le chrétien est invité à se fortifier « dans le Seigneur et dans la puissance de sa force » (Éph. 6:12, 10).

La verge de Moïse, figure de l’autorité divine sous laquelle Israël a traversé la mer Rouge, est maintenant remplacée par l’épée nue, symbole du jugement divin assurant la victoire en Canaan. Israël était sorti d’Égypte comme des brebis et mené comme le « troupeau de l’Éternel » dans le désert (Ps. 78:52) sous l’autorité de la verge de Moïse. Maintenant, c’est un peuple de guerriers qui doit conquérir le pays à la suite du Chef de l’armée de l’Éternel.

Josué, devant l’ange de l’Éternel, se prosterne dans l’adoration et se soumet dans l’obéissance (v. 14).

Cette scène est aussi une anticipation des jugements de la fin où Christ, Fils de l’homme, apparaît dès le début du livre de l’Apocalypse comme un juge, une épée aiguë à deux tranchants sortant de sa bouche (Apoc. 1:16) ; prélude aux jugements guerriers où le Fidèle et Véritable, assis sur un cheval blanc, sort avec les armées du ciel (Apoc. 19:11-16).

Ce combat est une chose solennelle dont l’enjeu et les règles sont soulignés par cette vision de Christ dans les attributs de son jugement, Dieu lui-même au milieu de son peuple.


8 - Ch. 6: La prise de Jéricho

8.1 - Israël devant Jéricho (v. 1)

La situation du peuple était humainement sans issue. Le Jourdain, traversé à sec quelques jours auparavant, était retourné en son lieu et ses eaux débordaient par-dessus tous ses bords, comme auparavant (4:18). Il était aussi infranchissable maintenant pour retourner en arrière qu’il l’avait été avant que l’arche n’en brise la puissance pour ouvrir un chemin à Israël.

Devant le peuple, se dressait aussi la forteresse imprenable de Jéricho dont les murailles semblaient monter jusqu’aux cieux et qui avait barré ses portes devant les fils d’Israël.

Le pays du repos est donc d’abord un pays de combats. De même, dans la vie chrétienne, le temps du repos suit celui des combats spirituels. Mais le peuple avait été préparé pour la victoire que Dieu allait remporter pour lui, par les trois faits décrits auparavant :


8.2 - Le combat contre Jéricho (v. 2-24)

Dieu dirige tout dans ce combat contre Jéricho et son roi. En premier lieu, Josué et le peuple sont assurés de la victoire : « Vois, j’ai livré en ta main Jéricho, et son roi et ses hommes vaillants » (v. 2). Il suffisait au peuple de croire et d’obéir. La prise de Jéricho était un acte de foi (Héb. 11:30). L’obéissance, puis la force, tel est l’ordre moral selon Dieu. Le peuple devait former un cortège qui ferait plusieurs fois le tour de la ville : sept sacrificateurs portant sept trompettes retentissantes précédaient l’arche de l’alliance de l’Éternel, elle-même entourée de tous les hommes de guerre. Le centre de ce cortège était l’arche (figure de Christ) ; elle est mentionnée seule au premier jour (v. 11). La puissance de Christ est exaltée au milieu de son peuple par les trompettes (figure de la Parole). Le zèle de Josué et du peuple est souligné par le fait qu’ils se lèvent tôt le matin, au lever de l’aurore (v. 12, 15).

Les moyens divins ordonnés à Israël étaient sans valeur pour le monde, mais : « Christ la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu. Car la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes » (1 Cor. 1:24-25). « Les armes de notre guerre, en effet, ne sont pas charnelles, mais puissantes par Dieu pour la destruction des forteresses » (2 Cor. 10:3-4). Au cri du peuple jeté au septième tour du septième jour, « la muraille tomba sous elle-même » (v. 20). Rien de semblable n’avait jamais eu lieu : c’est un acte de puissance entièrement divine. Ensuite, le peuple exécute le jugement ordonné de Dieu : « ils détruisirent entièrement, par le tranchant de l’épée » (v. 21). De même le chrétien possède les armes de la lumière (Rom. 13:12) ; il doit prendre « l’épée de l’Esprit, qui est la parole de Dieu » (Éph. 6:17), pour combattre ses ennemis spirituels.


8.3 - La malédiction de Jéricho et le salut de Rahab (v. 25-26)

Mais la ville et toutes ses richesses étaient anathèmes à l’Éternel (v. 17-18). Il ne pouvait y avoir aucune communion entre le peuple de Dieu et les biens de l’ennemi. Toutefois, les richesses qui supportaient l’épreuve du feu avaient été sanctifiées par le jugement (Nom. 31:22-23) et appartenaient désormais au trésor de l’Éternel. Le peuple a effectivement mis en application le commandement de l’Éternel (v. 24). Le transgresser exposait au juste gouvernement de Dieu celui qui le faisait, et, par association, le camp d’Israël tout entier.

Rahab et sa famille, placées à l’abri du cordon d’écarlate, sont sauvées du jugement. Leur sécurité repose sur la présence au milieu du peuple de Dieu des deux espions qui s’étaient engagés avec serment auprès de Rahab de la part de l’Éternel (v. 22-23, 25). Jéricho est donc entièrement détruite par le feu et tous ses habitants ont péri parce qu’ils n’avaient pas cru (Héb. 11:31) tandis que Rahab est sauvée par la foi.

Cette scène du jugement des ennemis de Dieu et de leur roi se clôt par la malédiction décrétée sur la ville elle-même de la part de Dieu et sur celui qui la rebâtirait (v. 26). Un homme d’Israël, Hiel, de Béthel (le nom de Béthel signifie la maison de Dieu) accomplira à la lettre cette prophétie dans les tristes temps d’Achab et de l’apostasie du peuple d’Israël (1 Rois 16:34).


8.4 - Conclusion de cette première victoire (v. 27)

Dieu accorde sa pleine approbation à son fidèle serviteur Josué : « L’Éternel était avec Josué ; et sa renommée se répandit dans tout le pays » (v. 27). La même expression est employée pour Joseph en Égypte (Gen. 39:2, 21), vendu par ses frères (Act. 7:9). C’est une belle image de Celui qui a été rejeté dans sa personne comme Joseph et dans sa mission comme Moïse : « Jésus qui était de Nazareth… Dieu était avec lui » (Act. 10:38-39). Mais de Christ seul il peut être dit que « Dieu était en Christ » (2 Cor. 5:19), car « en lui habite toute la plénitude de la déité corporellement » (Col. 1:19 ; 2:9). Il est « le Christ, qui est sur toutes choses Dieu béni éternellement » (Rom. 9:5).

Pour Israël, la prise de Jéricho était une victoire totale sur ses ennemis par la puissance divine ; une figure de ce que sera le renversement de la puissance du mal par Christ aux derniers jours. Le peuple voit maintenant tout le pays s’ouvrir devant lui, mais sa conquête devait procéder d’une véritable stratégie divine. Il fallait poursuivre vers l’ouest de Jéricho, pour séparer les ennemis du midi et du nord, avant de les attaquer et les vaincre les uns après les autres. Les trois phases des combats sont présentées, pour notre instruction morale, dans les chapitres 6-11 :


9 - Ch. 7: La défaite d’Aï et la faute d’Acan

La victoire sur Jéricho était complète et la conquête du pays paraissait aisée. Hélas, le peuple va découvrir sa faiblesse et devra apprendre ses leçons, par des défaites, lorsqu’il oublie sa dépendance de Dieu. Tel est le thème général développé pour notre instruction dans cette seconde partie du livre (ch. 7-12).

Le premier danger, souligné à l’occasion du péché d’Acan, est celui du monde dans le cœur du croyant. Le second, à l’occasion de l’affaire des Gabaonites, est celui du monde dans la marche du chrétien.

Que le Seigneur nous garde de ces deux dangers !


9.1 - Appréciation divine (v. 1)

Dès le début du récit de la défaite d’Aï et du péché d’Acan, Dieu lève le voile sur l’état réel du peuple et son péché (v. 1). Un homme d’Israël, Acan, avait transgressé le commandement de l’Éternel touchant l’anathème de Jéricho (6:18). Il avait souillé ainsi le peuple entier et fait s’embraser contre lui la colère de Dieu.


9.2 - La défaite d’Aï (v. 2-5)

Pour entreprendre la conquête d’Aï, une petite ville (dont le nom signifie : un monceau de ruines), Josué part de Jéricho (et non pas de Guilgal), sans instructions de la part de l’Éternel (contrairement à la conquête de Jéricho : 6:2), et sans que l’arche soit mentionnée. Les espions envoyés par Josué pour reconnaître la ville – mais était-ce la pensée de Dieu de les envoyer ? – estiment à tort que deux ou trois mille hommes suffiront pour la prendre. La défaite d’Aï se comprend alors aisément ; surtout, Dieu n’était plus avec son peuple (v. 12). Il faudra en définitive trente mille hommes vaillants pour venir à bout de cette petite ville (8:3) et sans beaucoup de gloire pour Israël. Combien les choses changent vite dans la vie chrétienne ! À l’éclatante victoire de Jéricho succède une défaite et le cœur du peuple se fond comme de l’eau. Les rôles sont maintenant inversés entre Israël et ses ennemis (comp. 7:5 et 5:1).


9.3 - Humiliation et prière de Josué (v. 6-9)

Josué prend alors la seule place qui convenait, celle de l’humiliation. Il déchire ses vêtements et tombe sur sa face contre terre devant l’arche de l’Éternel jusqu’au soir, accompagné en cela par les anciens d’Israël. C’est bien la position qui nous convient (Jac. 4:10 ; 1 Pier. 5:6). Les paroles de Josué dans la présence de Dieu montrent un homme faillible, « ayant les mêmes penchants que nous » (Act. 14:15 ; Jac. 5:17). Ce n’est plus le conducteur du peuple, type de Christ. Il emploie les expressions mêmes trouvées dans la bouche du peuple au retour des espions incrédules (v. 7 ; Nom. 14:2-3). Sa foi brille néanmoins quand il pense au grand nom de l’Éternel plutôt qu’à celui du peuple (v. 9).


9.4 - La réponse de Dieu et les instructions au peuple (v. 10-15)

Dieu arrête Josué et lui déclare l’état moral du peuple : la promesse à Josué que personne ne tiendrait devant eux (1:5) se retourne maintenant contre eux (v. 12), aussi longtemps que le peuple ne s’est pas purifié du mal qui le souille. La présence d’un Dieu saint au milieu de son peuple (Lév. 19:2) appelle à la sanctification (2 Cor. 6:17 ; 1 Pier. 1:16), qui elle-même doit précéder toute action. L’ordre moral de cette scène solennelle est donc : l’humiliation, la sanctification et enfin l’action d’ôter le méchant. Le péché d’un seul, Acan, le rendait personnellement coupable ; en même temps, la congrégation d’Israël tout entière était souillée : « Israël a péché » (v. 11), et : « Il y a de l’anathème au milieu de toi, Israël » (v. 13).

La réponse de Dieu à l’humiliation de Josué et des anciens se termine par des instructions précises touchant la manière dont le péché devait être découvert – car jusque-là il était resté inconnu à l’ensemble du peuple – puis jugé (v. 14-15).


9.5 - La découverte du mal (v. 16-23)

Se levant de son humiliation, Josué retrouve le zèle habituel qu’il avait déjà manifesté à la prise de Jéricho, se lève de bonne heure et obéit à la lettre au commandement divin.

Acan, un homme de la tribu royale de Juda, est désigné devant tous comme coupable. Connu de Dieu seul (v. 1), son péché est maintenant manifesté à tous et la déclaration publique de sa faute était en elle-même une gloire et une louange rendues à l’Éternel, le Dieu d’Israël (v. 19). La confession d’Acan était nécessaire : « J’ai péché contre l’Éternel, le Dieu d’Israël » (v. 20). Pourquoi avait-il gardé le silence pendant la défaite de ses frères devant Aï et la désolation de Josué devant l’arche ? Le triste chemin de la convoitise dans le cœur depuis la chute d’Adam et d’Eve au jardin est, hélas ! toujours le même : « J’ai vu… je les ai convoités, et je les ai pris » (v. 21). C’est ainsi que l’apôtre Jacques nous met en garde contre les mouvements de notre propre cœur : « Chacun est tenté, étant attiré et amorcé par sa propre convoitise ; ensuite la convoitise, ayant conçu, enfante le péché ; et le péché, une fois commis, produit la mort » (Jac. 1:14-15).

L’objet de la convoitise d’Acan était un beau manteau de Shinhar et des richesses (deux cents sicles d’argent et un lingot d’or). Shinhar, dans la plaine de l’Euphrate (Gen. 10:10) a vu la première rébellion de l’homme orgueilleux contre Dieu après le déluge, à la tour de Babel (Gen : 11:2-9). C’est ensuite le siège de la puissance de Babylone et de l’idôlatrie (Dan. 1:2), pour devenir le foyer de la méchanceté humaine (Zac. 5:5-11). La Parole nous met abondamment en garde contre l’attrait des richesses et leur effet désastreux dans la vie du chrétien (1 Tim. 6:9-10). Ce butin, volé par Acan malgré l’interdiction divine, était caché dans sa tente, figure du domaine intérieur de la vie personnelle du chrétien.

C’est ainsi que le mal s’est pour la première fois introduit au milieu d’Israël. De la même manière, le mal dans l’assemblée chrétienne est entré par Ananias et Sapphira, dont le péché avait le même caractère que celui d’Acan. Il était beaucoup plus grave encore à cause de la présence personnelle dans l’assemblée du Saint Esprit, à qui ils avaient menti (Act. 5:3-4).

C’est devant l’Éternel que toute cette scène solennelle se déroule (v. 23) car « Dieu jugera par Jésus Christ les secrets des hommes » (Rom. 2:16) et : « Tout est nu et découvert aux yeux de celui à qui nous avons affaire » (Héb. 4:13).


9.6 - Le jugement d’Acan et la porte d’espérance (v. 24-26)

Si le peuple tout entier était souillé par la faute d’Acan, celui-ci seul devait en porter la culpabilité par le jugement.

Associé maintenant à Josué (v. 24), le peuple manifeste qu’il est pur dans cette affaire par la confession publique du mal. Il en est de même dans l’assemblée chrétienne (2 Cor. 7:11). Dans ces tristes et douloureuses questions de discipline collective, il convient de prendre le parti de Dieu contre le mal. En même temps, n’oublions jamais que nous ne sommes que péché en nous-mêmes, mais toujours des objets de la grâce de Dieu.

La famille d’Acan a partagé le jugement de son chef, ce qui laisserait penser que le secret du péché avait été connu d’elle. C’était un péché à la mort (1 Jean 5:16-17) en raison de sa gravité et de sa confession tardive. Dieu avait averti son peuple que la transgression de son commandement serait une source de trouble (6:18), et les dernières paroles de Josué à Acan en rendent le solennel témoignage (v. 25). Le nom même de la vallée où s’est exercé le jugement, Acor (c’est-à-dire : trouble) en garde le souvenir. Il ne s’agit ici que de la mort du corps et non pas d’un jugement final de l’âme. Ce jugement d’Acan est un cas de jugement gouvernemental, conséquence de la conduite d’un homme sur la terre.

En même temps, le nom de la vallée du jugement est le gage de la fidélité d’un Dieu qui aime toujours son peuple, bien qu’il ait été souvent contraint de le châtier ; Acor deviendra une porte d’espérance pour Israël dans l’avenir (Os. 2:14-15). Alors, les deux sentences de Lo-Ammi et Lo-Rukhama seront suspendues en faveur du peuple reconnu de Dieu et objet de sa miséricorde.

« Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu » (Rom. 11:22).

« O profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! Que ses jugements sont insondables et ses voies indiscernables !… À lui la gloire éternellement ! Amen » (Rom. 11:33, 36).


10 - Ch. 8: La prise d’Aï – L’autel sur la montagne d’Ebal

10.1 - La prise d’Aï

10.1.1 - Prologue (v. 1-2)

Purifié du mal, le peuple peut reprendre la conquête du pays avec l’aide de Dieu. Il faut d’abord régler la question de la ville d’Aï (v. 1-29), avant d’anticiper la possession du pays en bâtissant l’autel sur la montagne d’Ebal, selon le commandement de l’Éternel à Moïse (v. 30-35). Quel bonheur et quel encouragement pour le peuple de retrouver la présence de Dieu au milieu de lui ! Les combats d’Israël sont de nouveau les combats de l’Éternel, qui donne lui-même à Josué les instructions pour prendre la ville d’Aï.

Une leçon morale, importante pour nous, se dégage de cette scène. On a vu dans l’affaire d’Acan comment le péché ôte le discernement spirituel et éloigne le cœur de Dieu (Es. 59:2 ; Os. 4:11). Maintenant le peuple, bien que rétabli dans la faveur de Dieu, découvre qu’il a perdu sa force et fait l’expérience de sa propre faiblesse. Il n’est plus question de ne pas fatiguer tout le peuple pour prendre une ville peu nombreuse (7:3-4) ; au contraire, le peuple de guerre tout entier est invité par Dieu à se joindre à Josué (v. 1). Il faudra maintenant trente mille hommes vaillants (au lieu des trois mille de la première expédition) engagés dans une stratégie élaborée pour venir à bout de cette petite ville, de douze mille personnes seulement (v. 25).


10.1.2 - Comparaison entre les prises de Jéricho et d’Aï

Les conquêtes de ces deux villes sont les seules sur lesquelles la Parole donne quelques détails ; ensemble, elles représentent tout le développement du conflit spirituel du chrétien dans les lieux célestes en vue d’acquérir l’héritage de Dieu.

Combien les choses sont différentes entre la prise de Jéricho et celle d’Aï :


10.2 - La prise d’Aï (v. 3-28)

Selon les instructions de Dieu, la victoire sur cette ville et son roi impliquait :


Telles sont les phases par lesquelles Dieu amène son peuple à juger sa confiance en soi et mesurer les conséquences pratiques de ses fautes antérieures. Toutefois la grâce de Dieu ne manque pas et la victoire sur Aï est complète. Cette victoire est liée à la présence de Josué et de son javelot au milieu du peuple (v. 18, 26). Josué est de nouveau conducteur du peuple et figure de Christ, portant maintenant l’instrument du jugement (le javelot). Auparavant, dans la plaine de Jéricho, Josué avait vu l’ange de l’Éternel portant l’épée nue (5:13) ; maintenant, Josué porte dans sa main le javelot qui doit demeurer étendu jusqu’à ce que le jugement soit entièrement exécuté.

Les deux armes offensives du chrétien contre les ennemis spirituels sont l’épée de l’Esprit, qui est la parole de Dieu (Éph. 6:17) et la prière dont il faut user tout au long des combats jusqu’à la victoire finale. Le même enseignement est donné à l’occasion du combat contre Amalek (Ex. 17:11-13), où Josué est mentionné la première fois. L’intercession de Moïse, dont les mains étaient soutenues par Aaron et Hur, assurait la victoire au peuple sous la conduite de Josué. Appliquons-nous donc, comme l’apôtre Paul (Phil. 1:30) et comme Épaphras (Col. 4:12-13), à nous servir de ces deux précieuses ressources divines pour nous-mêmes et pour nos frères dans la foi.

La victoire une fois remportée, le peuple est autorisé par Dieu à piller la ville (v. 2, 27). La victoire de Jéricho était la figure du conflit entre Dieu et les puissances spirituelles de méchanceté, vaincues par Christ à la croix (Col. 2:15). La gloire divine est manifestée devant tous et le peuple, témoin seulement, ne pouvait y avoir part ; les objets de valeur appartenaient au trésor de l’Éternel (6:19). À la prise d’Aï, au contraire, le peuple est engagé dans le combat et goûte le fruit de la victoire. La ville elle-même, brûlée au feu, devient alors le « monceau de ruines » qu’elle avait toujours été aux yeux de Dieu, non sans avoir causé beaucoup de peines au peuple d’Israël et lui avoir apporté peu de gloire en définitive.

Notons une leçon morale importante pour nous : le jugement de soi-même (ch. 7) précède le jugement des ennemis (ch. 8). L’épée de l’Esprit (la parole de Dieu) exerce d’abord son action sanctifiante et pénétrante dans nos consciences (Héb. 4:12) avant de pouvoir être employée contre nos ennemis (Éph. 6:17).


10.3 - Le jugement du roi d’Aï (v. 29)

Le dernier acte du jugement de la ville d’Aï est la mort de son roi, objet de la malédiction divine (Deut. 21:22-23). Josué se soumet exactement aux ordonnances de la loi en le faisant enterrer avant le coucher du soleil. L’apôtre Paul rappelle cette ordonnance du Deutéronome pour montrer comment le Seigneur, par sa mort, nous a « rachetés de la malédiction de la Loi, étant devenu malédiction pour nous » (Gal. 3:13). Souvenons-nous aussi que le corps saint du Fils de Dieu a été descendu du bois de la croix avant que le jour de sa mort ne s’achève. Il ne pouvait en être autrement pour Celui qui avait dit à son Dieu : « Ta loi est au-dedans de mes entrailles » (Ps. 40:8), lui qui était venu pour l’accomplir et non pour l’abolir (Matt. 5:17).

Au reste, selon les déclarations faites sur la montagne d’Ebal, cette malédiction portée par Christ à la croix, devait être la part du peuple s’il transgressait la Loi ; telle aurait été aussi notre part si Christ ne nous en avait délivrés ! La fin du chapitre traite de cette question à l’occasion de l’autel bâti à l’Éternel sur la montagne de la malédiction. « Alors Josué bâtit un autel à l’Éternel, le Dieu d’Israël, sur la montagne d’Ebal » (v. 30).

En enterrant le roi d’Aï avant la nuit et en bâtissant un autel à l’Éternel sur la terre d’Emmanuel, Josué montre que le pays appartenait à Dieu, mais qu’il était donné maintenant en héritage à son peuple. La foi de Josué répond ainsi à la pensée divine.


10.4 - L’autel sur la montagne d’Ebal

10.4.1 - L’autel à l’Éternel

Au moment où Dieu donnait la loi à Moïse sur la montagne du Sinaï, le peuple avait été invité à bâtir un autel de terre ou de pierres pour offrir à l’Éternel des holocaustes et des sacrifices de prospérités (Ex. 20:24-26). L’autel devait être de pierres entières, sur lesquelles la main de l’homme ne devait pas se porter. En outre, l’autel ne devait pas être placé sur des marches qui auraient découvert la nudité de l’homme. Ainsi, les chrétiens ne peuvent rendre un culte véritable au Père :


Dieu avait confirmé sa pensée au peuple par Moïse et les anciens d’Israël, pour le moment où le peuple serait entré dans le pays (Deut. 27:5-7).

Le temps était venu de bâtir cet autel.


10.4.2 - Ebal et Garizim

L’autel devait être bâti sur la montagne d’Ebal. Les deux montagnes d’Ebal et de Garizim, à proximité du Jourdain, étaient séparées par une vallée où se trouvait le village de Sichem, non loin de Sichar (peut-être s’agit-il d’ailleurs du même village) où le Seigneur rencontrera des siècles plus tard la femme de Samarie. Sur la montagne de Garizim, six tribus devaient se tenir pour bénir le peuple (dont Lévi, Juda, Joseph et Benjamin, quatre types de notre Seigneur Jésus). Sur la montagne d’Ebal, les six autres tribus se tenaient pour maudire le peuple (parmi celles-ci, Ruben symbolise le mal dans la nature et Dan, l’apostasie religieuse).

Les bénédictions de Garizim ne sont pas mentionnées car ni le peuple ni même aucun homme ne les ont jamais méritées. Seul, l’homme Christ Jésus a pleinement répondu aux exigences de la Loi. Mais « pour lui, le ciel et le trône du Père étaient la seule digne récompense pour ce qu’Il a accompli en souffrant pour nos péchés », a écrit un serviteur de Dieu.

Au contraire, les malédictions d’Ebal sont prononcées contre le peuple dans toute leur rigueur. Les douze malédictions (Deut. 27:15-26) devaient être acceptées par tout le peuple qui devait dire « Amen » pour chacune d’elles. L’apôtre Jacques reprend la dernière d’entre elles pour montrer comment la transgression d’un seul commandement entraîne la culpabilité vis-à-vis de l’ensemble de la Loi (Jac. 2:10). En définitive il faut que « toute bouche soit fermée et que tout le monde soit coupable devant Dieu » (Rom. 3:19).

Mais Dieu donne lui-même la seule réponse à cet état désespéré de l’homme devant lui : l’autel (figure de la croix de Christ) est bâti sur la montagne de la malédiction. La mort de Christ nous délivre ainsi de toute culpabilité et nous justifie gratuitement par la grâce de Dieu acceptée par la foi (Rom. 3:24 ; 8:1).


10.5 - Les sacrifices de prospérités offerts sur la montagne d’Ebal

Le peuple tout entier se réunit donc à Sichem avec les anciens, les magistrats, les juges et les sacrificateurs en présence de l’arche de l’alliance de l’Éternel.

Jusque-là, Israël avait été un peuple de guerriers engagé dans les combats. Maintenant, il devient un peuple d’adorateurs pour offrir des holocaustes et des sacrifices de prospérités, dans la joie de la présence de Dieu (v. 31 ; Deut. 27:6-7). C’est une belle image de la communion goûtée dans l’unité du peuple racheté et placé au bénéfice de l’œuvre de la croix (présentée en figure par l’autel). Christ, la vraie arche de Dieu, a supporté sur la montagne d’Ebal la malédiction qui aurait dû être la part du peuple. Les pierres de l’autel parlent ici de l’unité du peuple reconnu de Dieu. De même, les douze pierres à Guilgal et dans le fond du lit du Jourdain avaient établi pour la première fois l’unité du peuple racheté à l’entrée dans le pays. Plus tard, Elie sur la montagne du Carmel rebâtira « par la foi » l’autel de Dieu de douze pierres selon le nombre des tribus d’Israël (1 Rois 18:30-32). À ce moment-là, l’unité extérieure du peuple était déjà perdue depuis longtemps. La foi seule peut nous élever au-dessus de nos misères, jusqu’à la hauteur des pensées de Dieu.


10.6 - La loi honorée

Enfin, Josué écrit sur les pierres de l’autel une copie complète de toute la Loi (v. 32), selon l’instruction déjà donnée à Moïse dans les plaines de Moab (Deut. 27:8). La loi est non seulement écrite sur les pierres de l’autel ; elle est aussi lue dans son entier à toute la congrégation d’Israël, les femmes, les enfants et les étrangers séjournant au milieu d’eux (v. 35).

La parole de Dieu est d’une valeur infinie. C’est la règle de notre vie, comme aussi la nourriture de nos âmes.

Si pour Dieu, l’assemblée est une compagnie de sacrificateurs présentant la louange, elle est aussi un témoignage vis-à-vis du monde, la colonne et le soutien de la vérité (1 Tim. 3:15). Chaque chrétien est comme une lettre de Christ (2 Cor. 3:3).


10.7 - Conclusion

Cette scène heureuse aura son plein accomplissement lorsque le peuple terrestre, placé au bénéfice de la nouvelle alliance, aura la loi de son Dieu écrite dans le cœur : « Je mettrai ma loi au-dedans d’eux, et je l’écrirai sur leur cœur, et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple » (Jér. 31:33).

Les deux villes de Jéricho et d’Aï sont prises ; les droits de Dieu sont reconnus et le peuple prend place dans le pays autour de l’arche (Christ) en présence de l’autel (la croix de Christ) pour y offrir des sacrifices agréables à Dieu. Il faudra attendre la fin de la royauté de David pour que l’arche et l’autel soient de nouveau réunis. Mais alors, ce n’est plus à ce lieu de passage qu’était Sichem (Gen. 37:14). C’est à Jérusalem que sont établis l’arche et l’autel, sur la « montagne que Dieu a désirée pour y habiter » (Ps. 68:16) ; cette montagne rappelle les souffrances de Christ (Morija), et la grâce royale de Dieu (Sion) comme nous le montrent par exemple les passages suivants : Gen. 22:2 ; 2 Chr. 3:1 ; 4:1, 19 ; 5:7 ; 6:40-42.


11 - Ch. 9: L’alliance avec les Gabaonites

11.1 - Introduction (v. 1-2)

Après la double victoire de Jéricho et d’Aï, six nations du pays se coalisent pour faire la guerre à Josué et à Israël (v. 1-2).

Ce sont précisément - à l’exception des Guirgasiens qui ne sont pas mentionnés ici – les nations qu’Israël devait déposséder. Le passage de l’arche à travers le Jourdain (3:10-11) avait déjà montré que le Dieu vivant était là pour détruire ces nations et donner leur pays en héritage à son peuple (Néh. 9:8). Les instructions divines étaient formelles à leur égard (Deut. 7:1-2). Il fallait les détruire entièrement et ne jamais traiter alliance avec elles.

L’une d’elles, le Hévien (les Gabaonites), occupe dans le récit une place particulière. Ce peuple habitait les quatre villes de Gabaon, Kephira, Beéroth et Kiriath-Jéarim (v. 17). Par ruse, les Gabaonites entreprennent de s’introduire au milieu du peuple d’Israël pour échapper au jugement qui devait les atteindre. C’est l’épisode du chapitre 9, dont les conséquences immédiates pour Israël sont tirées au chapitre 10. Ces deux chapitres nous enseignent comment une chute dans la marche du chrétien (ou du peuple de Dieu) sur la terre peut porter des fruits amers pour toute la vie.

Avant que la guerre ouverte ne se déclare entre Israël et les nations, il faut faire face aux ruses des Gabaonites. C’est ainsi que le chrétien doit tenir ferme contre les « artifices du diable » (Éph. 6:11) déguisé en « ange de lumière » (2 Cor. 11:14), avant d’engager le conflit contre Satan exerçant la violence du « lion rugissant » (1 Pier. 5:8).


11.2 - La ruse des Gabaonites (v. 3-13)

Les Gabaonites trompent le peuple d’Israël. Ils disent venir d’un pays très éloigné (v. 9), alors qu’ils étaient voisins (v. 16). Se présentant même au nom de l’Éternel, ils ajoutent la flatterie religieuse, une arme redoutable dans la main de l’adversaire. C’est un exemple frappant de la prudence des fils de ce siècle à l’égard de leurs semblables (Luc 16:8). Comment blâmer ces hommes de chercher ainsi par des moyens humains à échapper au jugement ? Toutefois, à la différence de Rahab, ce n’est pas la foi qui les fait agir, mais une prudence humaine qui emploie des artifices charnels. Plus tard, la femme cananéenne (Matt. 15:22-28), appartenant à une race vouée au jugement, viendra aussi à Christ par la foi pour recevoir le salut.


11.3 - La faute de Josué et des princes d’Israël (v. 14-27)

La responsabilité de Josué et du peuple d’Israël était tout autre que celle des Gabaonites, car les oracles de Dieu lui avaient été confiés (Rom. 3:2). Le camp était bien à Guilgal, là où la pensée de Dieu pouvait leur être révélée ; mais, malheureusement, on oublie d’interroger la bouche de l’Éternel (v. 14). La Parole avait été honorée à Sichem (8:32), et maintenant la prière est négligée à Guilgal. Une position collective conforme à l’enseignement de la Parole ne nous préservera pas si nous ne recherchons pas constamment la pensée de Dieu par la prière dans chaque circonstance !

De plus, les hommes d’Israël prennent des provisions des Gabaonites : ils goûtent la communion avec le monde. C’est aussi ce qu’a fait l’assemblée sur la terre. L’histoire de Pergame correspond à la période où l’empereur Constantin établit la puissance romaine civile comme protection de l’église céleste. L’Esprit Saint doit déclarer à celle-ci : « Je sais où tu habites, là où est le trône de Satan… parmi vous, là où Satan habite » (Apoc. 2:13), c’est-à-dire dans le monde.

Les inquiétudes légitimes des hommes d’Israël (v. 7) sont balayées par la décision hâtive mais irrévocable de Josué et des princes de l’assemblée (v. 15). Ceux-ci font la paix avec les Gabaonites, traitent alliance avec eux et s’obligent par serment au nom de l’Éternel, le Dieu d’Israël (v. 18). La vérité éclate trois jours plus tard ; on comprend les murmures de l’assemblée d’Israël contre les princes. Mais, de la même manière que le péché d’un seul, Acan, avait souillé toute l’assemblée, la décision de Josué et des princes engage maintenant tout le peuple d’Israël.

Que ceux à qui le Seigneur a confié dans les assemblées une place particulière de responsabilité veillent soigneusement sur eux-mêmes. Qu’ils écoutent leurs frères pour ne pas engager l’assemblée locale dans un chemin qui n’est pas celui de la vérité !

Lors de la défaite d’Aï, le peuple s’était confié dans sa propre force et avait dû faire l’expérience de sa faiblesse. Dans l’affaire des Gabaonites, les principaux du peuple s’appuient sur la sagesse de l’homme sans consulter Dieu. La convoitise d’Acan montre en figure comment le monde et le péché peuvent s’introduire dans le cœur du chrétien. L’infidélité d’Israël à l’égard des Gabaonites montre maintenant comment le monde peut pénétrer dans la marche du peuple de Dieu.

En définitive, les Gabaonites ont la vie sauve (v. 26) : telle est la souveraine grâce de Dieu, bien que leur action soit aussi inexcusable que celle de l’économe injuste dans le récit déjà cité (Luc 16:8). En conséquence, s’ils sont dès lors associés au peuple de Dieu, ils restent étrangers et serviteurs pour toujours, à cause de leur tromperie (v. 23).


11.4 - Les conséquences lointaines. Saül et les Gabaonites

La faute d’Israël dans l’affaire des Gabaonites était plus grave que celle d’Acan, en raison de ses conséquences lointaines dans toute l’histoire du peuple.

Quatre siècles plus tard, les résultats se manifestent lorsque Saül, dans son zèle pour les fils d’Israël, avait cherché à les frapper (2 Sam. 21:2). Trois ans de famine pour le peuple entier et la mort infamante des sept fils du roi sont les tristes fruits de l’égarement de Saül qui avait rompu le serment fait au nom de l’Éternel. Combien la chair, même dans un roi, est éloignée de la pensée de Dieu ! Saül épargne les Amalékites alors qu’il fallait les détruire (1 Sam. 15:11), mais il porte la main sur les Gabaonites, au lieu de les laisser vivre tranquillement au milieu du peuple. Lorsque Israël s’est purifié de la faute de Saül à leur égard, « après cela, Dieu fut propice au pays » (2 Sam. 21:14).


11.5 - Conclusion et application spirituelle

L’histoire des Gabaonites parmi les fils d’Israël se poursuit par deux notes plus heureuses dans l’histoire du peuple :


Une application pratique importante pour nous de ce récit, c’est de veiller à ne pas nous engager légèrement dans des situations personnelles vis-à-vis des autres – nos frères ou des personnes du monde – dont nous ne pourrions plus nous libérer (Prov. 6:1-2 ; Rom. 13:8). En effet, la fidélité à Dieu exige de satisfaire scrupuleusement à tous les engagements que nous avons contractés : c’est le premier témoignage à rendre vis-à-vis du monde.


12 - Ch. 10: La victoire de Gabaon

12.1 - La coalition des cinq rois (v. 1-6)

Les conséquences de l’alliance avec les Gabaonites ne tardent pas à se manifester. Une coalition des rois des Amoréens se dresse contre Gabaon, que les nations identifient maintenant à Israël. Que fallait-il faire ?


Non, la fidélité à son serment engageait Israël à se porter au secours des Gabaonites qui avaient fait appel à eux (v. 6). L’Éternel confirme sa pensée à Josué (v. 8). Maintenant tout est simple, car Dieu est avec son peuple et le serviteur parle librement à son maître (v. 12). Guilgal devient à nouveau le point de départ des victoires et le point de ralliement après celles-ci (v. 7, 15, 43).

La coalition des ennemis de Gabaon et d’Israël comprend cinq rois des Amoréens :


Adoni-Tsédek, dont le nom signifie « seigneur de justice », portait un nom semblable à celui de son prédécesseur Melchisédec (roi de justice), roi de Salem (la paix), qui était venu à la rencontre d’Abraham après la défaite des rois (Gen. 14:18 ; Héb. 7:1-3). Sacrificateur du Dieu Très-haut, roi de justice et de paix, Melchisédec régnait sur la ville appelée plus tard Jérusalem (possession de paix). Mais toute crainte de Dieu avait disparu parmi les successeurs de Melchisédec sur le trône de Salem, pour faire place à la haine religieuse contre le peuple de Dieu dont il avait autrefois reconnu le Nom. Même après la destruction des Amoréens, la forteresse de Sion à Jérusalem, occupée par les Jébusiens (2 Sam. 5:6-9), tiendra jusqu’à la dernière extrémité contre l’Oint de Dieu. Rien n’endurcit plus le cœur que le contact extérieur avec les enseignements de la parole de Dieu lorsque la conscience n’est pas touchée.


12.2 - Le jugement des Amoréens (v. 7-15)

Maintenant est venu le jour de leur jugement, annoncé longtemps auparavant à Abraham, car leur iniquité était parvenue à son comble (Gen. 15:16). Leur coalition contre Gabaon, c’est-à-dire contre Israël et en fait contre Dieu lui-même (l’Éternel combat pour Israël au verset 14), est l’occasion de leur défaite et de leur destruction finale.

Deux choses caractérisent ici particulièrement le jugement des Amoréens : d’une part, l’Éternel combattait avec Israël, et d’autre part, Josué et tout le peuple, montant de Guilgal (v. 7), étaient retournés au camp à Guilgal (v. 15).

Dieu lui-même intervient, soit par l’épée de son peuple sous la conduite de Josué, soit par une action providentielle (de grosses pierres jetées des cieux : v. 11). La seule intervention divine comparable s’était produite lors des plaies d’Égypte (Ex. 9:24-25), prélude des jugements de la fin qui seront d’intensité croissante (Apoc. 11:19 ; 16:21 ; 20:9).

À la prière de Josué, l’Éternel écoute la voix d’un homme et arrête, pour environ un jour entier, le cours naturel des astres jusqu’à ce que le jugement des ennemis du peuple soit complet (v. 12-14). La Parole rapporte une autre occasion où Dieu a suspendu le cours du temps, lorsque le roi Ezéchias a reçu le témoignage à sa guérison (Es. 38:8). Le retour de l’ombre de dix degrés sur le cadran d’Achaz correspond à un allongement de ce jour remarquable de quarante minutes. On a pensé que l’arrêt du soleil sur Gabaon (environ un jour entier) a exactement duré 23 heures 20 minutes, de sorte que cette double intervention divine correspond au total à un jour entier. C’est le jour qui manque effectivement dans les calculs précis des astronomes qui se sont penchés sur la cosmologie depuis la création.


Cette première partie du chapitre (v. 1-15) relate donc les jugements des cinq rois des Amoréens avec leurs armées, image de la destruction des ennemis du Seigneur à sa venue. Lorsque le monde dira : « Paix et sûreté » (1 Thes. 5:3), alors une subite destruction viendra sur lui. Jamais dans l’histoire contemporaine, le monde n’a été plus proche de ce moment, surtout au Moyen-Orient, centre de la carte prophétique des événements à venir. Le jugement qui s’annonce sera aussi soudain que le déluge aux jours de Noé et aussi certain que la destruction de Sodome et de Gomorrhe aux jours de Lot (Luc 17:26-29). Le monde dira alors : « Le grand jour de sa colère est venu, et qui peut subsister ? » (Apoc. 6:17). Avant que ces choses n’arrivent, Dieu fait encore retentir les appels de sa grâce : « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs » (Ps. 95:7-8 ; Héb. 3:8, 15 ; 4:7).


12.3 - Le sort des rois des Amoréens (v. 16-21)

La deuxième partie du chapitre contient des détails instructifs sur la victoire de Gabaon et la prise des sept villes appartenant aux ennemis du peuple. Les cinq rois des Amoréens s’étaient cachés dans une caverne à Makkéda. Josué les y enferme jusqu’à ce que la défaite des ennemis soit complète (v. 16-21). Leur jugement est le même que celui du roi d’Aï ; l’obéissance aux ordonnances de la loi au sujet de leurs cadavres est aussi scrupuleusement observée que précédemment (8:29 ; 10:27). Josué déclare à tout Israël et aux capitaines de l’armée que ces premières victoires étaient une anticipation de la victoire complète sur tous les ennemis (v. 25). Dieu a fait aussi la même promesse aux chrétiens : Satan a déjà été vaincu par Christ à la croix (Héb. 2:14), avec tous ses pouvoirs et autorités (Col. 2:15) ; mais la puissance effective de l’ennemi sera bientôt à jamais détruite : « Le Dieu de paix brisera bientôt Satan sous vos pieds » (Rom. 16:20).


12.4 - La prise de possession du pays (v. 22-39)

Le camp d’Israël se trouve momentanément à Makkéda (v. 21) pour prendre possession du pays des Amoréens. Six villes sont ainsi conquises avec le secours de l’Éternel : Makkéda, Libna, Lakis, Églon, Hébron, Debir (v. 28-39). Une septième ville, Guézer, partage le triste sort des six autres, car son roi Horam s’était porté au secours de Lakis (v. 33). Les rois de trois de ces villes avaient déjà été jugés.

Une mention particulière doit être faite de Hébron dont le roi Hoham (v. 3, 23) avait été pris et mis à mort (v. 26). Lorsque Josué se présente pour prendre possession de cette ville, un nouveau roi semble s’y être levé (v. 37). L’ennemi de nos âmes ne désarme jamais. Il ne suffit pas d’infliger une très grande défaite à l’ensemble pour que la victoire soit complète. Les fuyards trouvent encore refuge dans les villes fortifiées (comme Hébron) et se réorganisent contre le peuple de Dieu. Il faut de la vigilance et de l’énergie spirituelle jusqu’au bout : « Fortifiez-vous, et soyez fermes » (v. 25).


12.5 - La conquête du pays du midi (v. 40-42)

La victoire sur les ennemis s’étend ensuite au pays du midi. À ce moment des conquêtes, la possession de Juda, Benjamin et Siméon était à peu près libérée des ennemis jusqu’aux déserts de Shur, Paran et Sin qui bordaient le pays du côté de l’Égypte.

Avant de jouir des bénédictions spirituelles en Christ, le chrétien doit d’abord remporter la victoire sur lui-même et sa nature héritée d’Adam (figurée par l’Égypte).

Il est probable que les Philistins n’ont pas été entièrement chassés des rivages de la grande mer (la Méditerranée), ce qui expliquerait leur arrogance au temps des Juges.


12.6 - Le retour à Guilgal (v. 43)

À l’issue de ces combats, Josué, avec tout le peuple, revient au camp, à Guilgal. Makkéda avait été le siège momentané de la destruction de la puissance de l’ennemi. Après la victoire, il faut toujours revenir à Guilgal, figure du jugement de soi-même par la puissance de la croix de Christ. Telle est la sérieuse leçon pour chaque chrétien engagé comme soldat de Jésus Christ.


13 - Ch. 11: La conquête sur Hatsor et les Anakim

13.1 - La conquête du nord du pays et les eaux de Mérom (v. 1-9)

La guerre se porte maintenant dans le nord du pays, alors que le midi était déjà délivré des ennemis. Il s’agit des six mêmes nations que dans les combats précédents (comp. 9:1 et 11:3), mais leur nouvelle coalition est maintenant dirigée par Jabin, roi de Hatsor, capitale de tous ces royaumes (v. 1, 10). Trois rois se joignent à lui (des villes de Madon, Shimron et Acshaph) pour engager une guerre ouverte contre Israël : « Toutes leurs armées avec eux, un peuple nombreux, en multitude comme le sable qui est sur le bord de la mer, avec des chevaux et des chars en très grand nombre » (v. 4). Qu’importe ce déploiement de puissance lorsque Dieu combat avec son peuple (v. 6, 8) !

Le chrétien pour qui Christ est la force - « Je peux tout en celui qui me fortifie » (Phil. 4:13) - est invité de même à ne pas se laisser terrifier : « sans être en rien effrayés par les adversaires » (Phil. 1:28). La force et la confiance des ennemis étaient dans leurs chevaux et dans leurs chars : « Ceux-ci font gloire de leurs chars, et ceux-là de leurs chevaux, mais nous, du nom de l’Éternel, notre Dieu » (Ps. 20:7). C’est précisément cette force qui devait être détruite (v. 6) ; elle l’a été par Josué, conduit par Dieu (v. 9). Ainsi le peuple ne tomberait pas, plus tard, dans le piège de la confiance en des ressources humaines (représentées par les chevaux et les chars).

Les armées s’étaient regroupées à Mérom (v. 5), sur le Jourdain, au nord du lac de Génésareth (ou Kinnéreth, v. 2). Là, elles sont entièrement livrées par l’Éternel en la main d’Israël. Ces combats préfigurent les derniers conflits des armées du monde conduites par Satan contre Christ : « Les rois de la terre habitée tout entière… Ils les rassemblèrent au lieu appelé en hébreu : Armaguédon » (Apoc. 16:14-16) (il s’agit de la plaine de Jizréel ou de Meguiddo au sud-ouest des eaux de Mérom). « Et je vis la Bête, et les rois de la terre, et leurs armées assemblées pour livrer combat à Celui qui montait le cheval, et à son armée » (Apoc. 19:19).

Par ce combat final, le pays est ouvert définitivement à Israël, jusqu’à la frontière de la Phénicie. Les ennemis sont repoussés jusqu’à Sidon (v. 8), capitale des affaires et du commerce. Après la délivrance du monde naturel (figuré par l’Égypte) vient celle du monde organisé loin de Dieu (figuré par la Syro-Phénicie).


13.2 - Le jugement de Jabin, roi de Hatsor (v. 10-15)

La victoire sur les ennemis occupant les territoires du nord est consacrée par la destruction de Hatsor et de son roi Jabin (v. 10). Jabin (dont le nom signifie le sage ou l’intelligent) était le titre officiel des rois de Canaan qui régnaient à Hatsor (Jug. 4:2). Israël détruit ainsi la capitale des nations et toutes les villes satellites, selon le commandement de l’Éternel à Moïse (v. 12).

Il est très triste de constater que, par suite de l’infidélité du peuple au temps des Juges, cette ville a retrouvé sa puissance (neuf cents chars de fer). Elle a même été un instrument de châtiment dans la main de l’Éternel envers son peuple coupable (Jug. 4:1-3).

Dans ces scènes, Josué manifeste un attachement constant à la Parole de Dieu (l’arme donnée maintenant au croyant pour le combat contre l’Ennemi) :


S’attacher de cœur à la Parole du Seigneur est pour nous le sûr chemin de la bénédiction et le secret de la victoire sur les ennemis de nos âmes ! Dans la famille de la foi, les jeunes gens sont forts, ont vaincu et sont victorieux du méchant, parce que la parole de Dieu demeure en eux (1 Jean 2:14).


13.3 - La consolidation des victoires (v. 16-20)

Après le conflit général aux eaux de Mérom, les victoires doivent être consolidées pour repousser l’ennemi au-delà des frontières du pays : « Josué fit longtemps la guerre à tous ces rois-là » (v. 18). D’après les dates mentionnées par Caleb dans le résumé de sa vie (14:7, 10), ces combats ont duré environ sept ans.

À l’exception des Héviens de Gabaon dont l’histoire a été considérée au chapitre 9, toutes les nations s’étaient dressées contre Israël pour lui faire la guerre. Un endurcissement permis par Dieu comme châtiment s’était abattu sur elles (v. 20) de sorte que la parole de l’Éternel à Moïse s’accomplissait. Toutefois, il n’y a point d’injustice en Dieu qui n’endurcit le cœur que lorsque tous les appels de la grâce ont été négligés ou refusés. Tel avait été le cas du Pharaon ou d’Esaü ; tel sera plus tard le jugement des impies qui n’auront « pas accepté l’amour de la vérité pour être sauvés », à qui Dieu enverra « une énergie d’erreur pour qu’ils croient au mensonge » (2 Thes. 2:10-12).


13.4 - Le jugement des Anakim (v. 21-22)

Un cas restait encore à régler ; celui des Anakim qui avaient causé la frayeur des espions envoyés par le peuple pour reconnaître le pays (Nom. 13:34). Anak, un géant, était fils d’Arba qui habitait Hébron (ou Kiriath-Arba, c’est-à-dire cité d’Arba) et avait trois fils : Shéshaï, Akhiman et Thalmaï (15:14). Anak symbolise Satan et sa puissance ; ses trois fils, la convoitise des yeux, la convoitise de la chair et l’orgueil de la vie. Les trois fils d’Anak, le géant, sont le symbole collectif du monde opposé à Dieu (Nom. 13:23). Sheshaï signifie libre ; Akhiman, frère de l’homme ; Thalmaï, esprit hautain. Dans leur orgueil, les hommes, à l’esprit hautain, se croient libres et s’associent pour devenir amis du monde, mais ennemis de Dieu.

Ce peuple, à l’origine de tant de souffrances pour Israël, devait être maintenant détruit et Josué est l’instrument de ce jugement (v. 21). Le pays d’Israël en a été entièrement débarrassé, mais ses réchappés ont trouvé refuge dans le pays des Philistins (Gaza, Gath et Asdod) ; leur influence se fera sentir plus tard au temps du déclin du peuple.

Notre salut par la foi et notre position en Christ sont une certitude irréfutable. Quant au conflit pratique avec l’Ennemi, rien n’est acquis de façon définitive, de sorte que nous devons veiller jusqu’au bout de la course chrétienne. Néanmoins, Dieu nous accorde des moments de paix avant de goûter le repos éternel dans la maison du Père.


13.5 - Le repos après les combats (v. 23)

Toutes les luttes et les combats qui ont marqué cette phase de l’histoire d’Israël (ch. 6-12) font maintenant place à cette déclaration encourageante : « Et le pays se reposa de la guerre » (v. 23). L’expression se trouve trois fois dans le livre, en rapport avec Josué (11:23), avec Caleb (14:15) et avec l’héritage des Lévites au milieu du peuple (21:44). Ici, le repos est la conséquence de la fidélité dans les combats.

Les peines et les tribulations (2 Thes. 1:6-7) caractérisent ce monde-ci, tandis que la joie et le repos appartiennent au monde invisible à venir ; les deux états ne peuvent se comparer (2 Cor. 4:16-18).

« Le travail convient à ce monde, la joie à l’autre, quoique nous la goûtions comme des ruisseaux d’eau, avant d’être parvenus à la source », a écrit un serviteur de Dieu.


14 - Ch. 12: Les victoires – Le repos

14.1 - Introduction

Cette deuxième partie du livre de Josué (ch. 6-12) se termine par l’énumération des victoires après le combat. Jusque-là, il s’agissait pour nous de remporter la victoire sur les ennemis par la puissance du Saint Esprit. Maintenant, nous sommes conduits à reconnaître l’étendue et la valeur du pays de la promesse (les lieux célestes).

Engagé dans le combat, le chrétien n’est pas occupé à dénombrer les victoires. Il s’agit d’abord d’atteindre le but. Il faut faire une chose, une seule, en oubliant les choses qui sont derrière (Phil. 3:13-14). Mais, à l’issue des combats, le regard peut se porter en arrière pour mesurer l’étendue de la grâce de Dieu qui aura opéré pour nous (Ps. 90:17 ; Es. 26:12).


14.2 - Les victoires à l’orient du Jourdain (v. 1-6)

Dans l’énumération des victoires, la Parole commence par le pays à l’orient du Jourdain, celui des plaines de Galaad. Deux rois sont mentionnés :


Ce pays devient la possession des deux tribus et demie restées en deçà du Jourdain. C’était l’écho de ces premières victoires d’Israël qui avait mis en mouvement le cœur de Rahab par la foi vers Dieu et vers son peuple (2:9-10). Après avoir entendu ces nouvelles, les Gabaonites chercheront plus tard à s’introduire par ruse parmi le peuple de Dieu (9:10).

Les victoires sur ces ennemis et la répartition de leur pays aux deux tribus et demie sont attribuées ici à Moïse (v. 6), et le nom même de Josué n’est pas mentionné. Moïse nous parle de Christ s’occupant des siens sur la terre, tandis que Josué nous présente le Sauveur ressuscité qui nous fait goûter les bénédictions célestes en Lui. Les chrétiens dont le cœur reste attaché au monde ne peuvent pas jouir du ciel avec Christ, le vrai Josué, car ils n’ont pas spirituellement franchi le Jourdain avec Lui.


14.3 - Les victoires dans le pays (v. 7-24)

La deuxième partie du chapitre contient la liste des trente et un rois ayant régné sur les six nations déjà mentionnées plus haut (9:1 ; 11:8) et habitant dans le pays proprement dit, c’est-à-dire à l’ouest du Jourdain.


1-Jéricho

11- Horma

21-Madon

2-Aï

12-Arad

22-Hastor

3-Jérusalem

13-Libna

23-Shimrom-Méron

4-Hébron

14-Adullam

24-Acshaph

5-Jarmuth

15-Makkéda

25-Thaanac

6-Lakis

16-Béthel

26-Meguiddo

7-Églon

17-Tappuakh

27-Kédesh

8-Guézer

18-Hépher

28-Jokneam

9-Debir

19-Aphek

29-Dor

10-Guéder

20-Lassaron

30-Goïm



31-Thirtsa


C’est le souvenir, par ordre, des expériences et des victoires du peuple d’Israël pendant cette phase de conquête.

D’abord, le rappel des deux premières villes (Jéricho et Aï) qui symbolisent la puissance de l’Ennemi, détruite par Christ à la croix (ch. 6-8).

Ensuite, les cinq villes des rois des Amoréens montés contre Israël après l’alliance avec Gabaon (ch. 9-10). Parmi celles-ci, Jérusalem, la ville du grand roi, vient naturellement la première, suivie de Hébron, qui avait joué un rôle si important dans l’histoire des patriarches. Des sept villes prises à ce moment (10:28-39), trois de leurs rois avaient été déjà jugés (Hébron, Lakis, Églon) ; les quatre autres trouvent ici leur place, en tant que vaincus, dans la liste des victoires remportées par Israël (Guézer, Debir, Libna, Makkéda).

Les vingt autres noms comprennent les quatre rois du nord qui avaient participé à la coalition de Hatsor (ch. 11). Les autres, d’après la situation de leurs villes, appartenaient probablement à la même région du pays. On y relève les noms de :


14.4 - Conclusion et résumé

Ainsi se termine cette première partie du livre qui relate les victoires d’Israël sur tous ses ennemis, sous la conduite de Josué, type de Christ.

« Il faut qu’Il règne jusqu’à ce qu’Il ait mis tous les ennemis sous ses pieds : le dernier ennemi qui sera aboli, c’est la mort. Car Il a tout assujetti sous ses pieds » (1 Cor. 15:25-27).


Beaucoup d’instructions pratiques nous y ont été données :

1. Les combats spirituels durent jusqu’à la fin de notre vie chrétienne.

2. Nous sommes conduits par Jésus, « le chef de la foi et celui qui l’accomplit pleinement » (Héb. 12:2). En Le suivant avec confiance et courage, « nous sommes plus que vainqueurs par Celui qui nous a aimés » (Rom. 8:37).

3. Il n’y a pas d’autre alternative dans le combat chrétien que la victoire ou la défaite (Luc 9:50 ; 11:23). La neutralité n’existe pas dans le domaine spirituel.

4. La cause d’une défaite doit être recherchée par la prière (Aï et Gabaon).

5. La victoire finale sur nos ennemis est une œuvre de longue haleine, acquise à travers une série de combats successifs.

6. La victoire dans une bataille ne signifie pas le succès de toute la campagne. Une défaite dans un combat n’entraîne pas la perte de toute la campagne.

7. Dieu nous aide dans nos combats, mais nous y sommes personnellement engagés. Il combat pour nous si nous combattons avec Lui. « L’Éternel est avec vous quand vous êtes avec lui » (2 Chr. 15:2).

8. La Parole de Dieu et la prière sont les deux armes offensives du chrétien.

9. Dieu nous demande de combattre contre nos ennemis et jamais de faire alliance avec eux.


Christ a vaincu pour nous tous les ennemis. Il désire maintenant que nous remportions chaque jour la victoire sur eux tous.


15 - Ch. 13: Les deux tribus et demie en Galaad

15.1 - Prologue (v. 1-6)

Cette troisième partie du livre s’ouvre par cette double déclaration :


On ne respire plus maintenant la même atmosphère d’énergie spirituelle en face des ennemis. Les difficultés sont d’un autre ordre : la lassitude et le manque de courage s’emparent des armées d’Israël (18. 3). Effectivement, la tâche de Josué n’était pas achevée : « En effet, si Josué leur avait donné le repos, Dieu ne parlerait pas ensuite d’un autre jour » (Héb. 4:8). Les forces manquaient maintenant à ce fidèle serviteur de Dieu. Nous faisons souvent la même expérience que lui. Alors, d’où nous vient l’encouragement, sinon de Dieu lui-même ? C’est maintenant l’Éternel qui assure l’achèvement de la tâche commencée : « Moi, je les déposséderai devant les fils d’Israël » (v. 6), dit-il après avoir donné la liste de tous les ennemis restant à subjuguer.

Le même enseignement apparaît dans l’histoire de l’assemblée sur la terre. Dès avant la fin du ministère des apôtres (Paul, Pierre, Jean et Jude), le mal est entré dans l’Église, accompagné de la faiblesse.

L’énergie du début, décrite avec tant de fraîcheur dans le livre des Actes, a fait place à l’inaction et au relâchement spirituel parmi les croyants. Paul déclare lors de sa première captivité : « Tous cherchent leurs propres intérêts, non pas ceux de Jésus Christ » (Phil. 2:21). Il ajoute à la fin de sa vie : « Tous ceux qui sont en Asie se sont détournés de moi » (2 Tim. 1:15) et : « Dans ma première défense, personne n’a été à mes côtés ; tous m’ont abandonné » (2 Tim. 4:16).

Mais Christ demeure, de façon plus évidente encore que dans les temps brillants du début, la ressource unique et pleinement suffisante du chrétien et de l’assemblée : « Toi donc, mon enfant, fortifie-toi dans la grâce qui est dans le Christ Jésus » (2 Tim. 2:1).

Josué est désormais soustrait dans une grande mesure au labeur de son service, à l’image du Lévite (Nom. 8:23-26). Ayant à cœur les intérêts du peuple d’Israël, il l’avertit maintenant (ch. 23 et 24), en laissant un exemple durable aux générations qui le suivent (Jug. 2:7). Le parallèle avec l’apôtre Paul est frappant et profondément instructif.

C’est encore à Josué que l’Éternel confie la mission de distribuer le pays aux neuf tribus et demie. Eléazar, le sacrificateur, lui est associé pour ce service, décrit à partir du chapitre 14.

Auparavant, est évoqué l’héritage que les deux tribus et demie (Ruben, Gad et la demi-tribu de Manassé) avaient déjà reçu de Moïse avant sa mort (13:8, 32).


15.2 - L’héritage et la possession du pays

Tout le pays, jusqu’à l’Euphrate, était donné par Dieu en héritage à Israël (1:3). En pratique, l’habitation et la possession effectives du pays par le peuple étaient acquises par les combats. L’application spirituelle pour nous, chrétiens, est développée dans les chapitres 13-19 à travers l’exemple des différentes tribus. Cinq principes moraux se dégagent de cette partie du livre :

– 1. La possession de l’héritage est accordée par la volonté de Dieu. Pour Israël, le pays était réparti par le sort (13:6) ou par lots (les mots se trouvent vingt-sept fois dans les chapitres 13-23). C’est ainsi qu’était révélée la pensée de Dieu par la providence divine : « On jette le sort dans le giron, mais toute décision est de par l’Éternel » (Prov. 16:33). Le hasard n’existe pas plus pour Israël que pour le chrétien. Il connaît la pensée de Dieu par la Parole et le Saint Esprit.

– 2. La possession découle de l’énergie de la foi : Caleb en est un brillant exemple (14:6-15).

– 3. La possession est acquise par un combat personnel : les chapitres 6-12 ont présenté le côté collectif des combats d’Israël. Maintenant, la prise de possession devient une affaire plus individuelle. Le cas de Joseph (17:14-18) est exemplaire à cet égard.

– 4. La possession est la réponse à une requête : le cas d’Acsa, fille de Caleb, peut se résumer en trois expressions : « tu m’as donné », « donne-moi », « il lui donna » (15:19). Dieu se plaît à répondre avec surabondance aux demandes des siens (Matt. 7:7).

– 5. Enfin, la possession correspond à la capacité de chacun :


15.3 - L’héritage à l’orient du Jourdain (v. 7-14)

La conquête de ces territoires situés à l’orient du Jourdain est imputée à Moïse (v. 8, 12, 15, 24, 29) et non pas à Josué. Ce fait remarquable montre bien que ces deux tribus et demie sont l’image des chrétiens terrestres. Elles n’ont jamais traversé le Jourdain (figure de notre identification avec Christ dans sa mort) et n’ont pas acquis leur héritage sous la conduite de Josué (figure d’un Christ ressuscité).

Un autre point important est souligné ici. Moïse avait bien frappé ces nations en deçà du Jourdain (v. 12). Toutefois, les fils d’Israël n’ont en fait dépossédé ni Gueshur, ni Maaca (v. 13). Tel est le début de la longue liste des infidélités du peuple relatées dans le livre des Juges.

Avant d’entrer dans le détail des possessions, l’Esprit souligne la part particulière de la tribu de Lévi (13:14, 33 ; 14:3 ; 18:7). Sa position au milieu d’Israël est une belle image de la relation d’intimité du croyant racheté avec Christ : « Pour le connaître, Lui » (Phil. 3:10).


15.4 - L’héritage de Ruben (v. 15-23)

Leur possession était bordée par la mer Salée (mer Morte) et arrosée par l’Arnon. Le Pisga était le lieu d’où Moïse avait contemplé le pays sans y entrer, et Beth-Péor contenait sa sépulture cachée.

Au cours des combats contre Madian, les fils d’Israël avaient tué Balaam (v. 22), circonstance mentionnée comme étant la dernière mission de Moïse avant qu’il soit recueilli vers ses peuples (Nom. 31:1-2, 8). Phinées, fils d’Eléazar, le sacrificateur (Nom. 31:6), lui est associé pour que se réalise le jugement sur ce méchant devin (Jos. 13:22). Ayant suivi un chemin d’iniquité (2 Pier. 2:15), Balaam avait entraîné le peuple au mal moral (Nom. 25:1-3 ; 31:16 ; Apoc. 2:14). La scène se passait à Sittim, situé maintenant dans l’héritage de Ruben. L’histoire antérieure de ce fils aîné de Jacob rappelait ce danger à tout Israël. C’est aussi un pressant appel à tous les chrétiens à vivre dans la sainteté de corps et d’esprit (2 Cor. 7:1).


15.5 - L’héritage de Gad (v. 24-28)

L’héritage de cette tribu se trouvait au nord du précédent, bordé à l’ouest par le Jourdain jusqu’à la mer de Génésareth (Kinnéreth).

Ramoth de Galaad a été la première ville à tomber aux mains des ennemis au temps d’Achab (1 Rois 22:3). La tentative de reconquête de cette ville a été l’occasion (dirigée par Dieu) de la mort de ce roi impie.

Toutefois, c’est de Galaad qu’est issu Elie, le Thishbite, fidèle prophète suscité dans une période très sombre de l’histoire d’Israël.


15.6 - L’héritage de la demi-tribu de Manassé (v. 29-31)

Leur portion s’étendait en Basan jusqu’à la montagne de l’Hermon, et était limitée au nord par la Syrie.

Le septième juge suscité par Dieu pour délivrer son peuple, Jaïr, le Galaadite était originaire de ce territoire ; la proximité des nations idolâtres peut expliquer qu’Israël se soit détourné immédiatement après sa mort pour servir les dieux de Syrie (Jug. 10:3, 6).


15.7 - Épilogue (v. 32-33)

Ces deux tribus et demie étaient dans une position ambiguë qui ne répondait pas pleinement à la pensée de Dieu pour son peuple.

Toutefois, cette scène se termine par un trait brillant de la grâce divine à leur égard. Sur les six villes de refuge données à Lévi parmi leurs frères, trois sont situées en deçà du Jourdain, une pour chaque tribu : Golan, Bétser et Ramoth de Galaad (21:27, 36, 38). C’est ainsi que Dieu n’oublie jamais les siens, même si ceux-ci suivent leurs propres pensées pour leur dommage.


16 - Ch. 14 et 15: L’héritage de Juda à Guilgal

16.1 - Introduction (14:1-5)

La scène se porte dès lors dans le pays proprement dit, à l’occident du Jourdain. La répartition du pays entre les neuf tribus et demie est donnée dans les chapitres 14 à 19.

À Guilgal, deux tribus et demie seulement reçoivent par le sort leur héritage effectif dans le pays, par la main d’Éléazar et de Josué réunis avec les chefs des pères (14:1). Il s’agit en fait de Juda et de Joseph, l’un et l’autre de magnifiques types de Christ : Christ, Premier-né en Joseph et Christ, Roi en Juda. L’un et l’autre ont remplacé Ruben, le fils aîné de la famille de Jacob : « Son droit de premier-né fut donné aux fils de Joseph… Juda eut la prééminence au milieu de ses frères, et le prince sort de lui ; mais le droit de premier-né fut à Joseph » (1 Chr. 5:1). À ce titre, Joseph recevait une double portion, de sorte que ses deux fils, Manassé et Éphraïm, forment deux tribus distinctes.

La part de Juda est d’abord présentée dans les chapitres 14 et 15, suivie de celle des deux fils de Joseph. La part d’Éphraïm est donnée au chapitre 16, et celle de la demi-tribu de Manassé qui avait traversé le Jourdain au chapitre 17.

Les sept dernières tribus (Benjamin, Siméon, Zabulon, Issacar, Aser, Nephthali et Dan) reçoivent leur héritage à Silo, là où toute l’assemblée d’Israël est réunie autour de la tente d’assignation (ch. 18-19). L’exemple brillant de Caleb précède, pour notre instruction et notre encouragement, le récit détaillé de la prise de possession du pays par les tribus.


16.2 - Caleb, homme de foi (14:6-12)

Caleb, par sa foi et son attachement à l’Éternel, contraste avec la tiédeur et le manque d’énergie du peuple en général. Il apparaît pour la première fois lors de l’envoi des espions d’Israël pour reconnaître le pays (Nom. 13 et 14). Caleb représentait la tribu de Juda, tandis que Josué qui, dès lors, lui est si souvent associé, représentait celle d’Éphraïm, fils de Joseph.

Le passage des douze espions à Hébron leur fait rencontrer les trois géants, fils d’Anak, symbole collectif pour nous du monde opposé à Dieu. À vue humaine, ils étaient assez effrayants pour décourager les espions. Mais ceux-ci oubliaient non seulement l’abondance des fruits du pays (la grappe d’Eshcol), mais surtout les promesses de Dieu et sa puissance.

Caleb et Josué essaient, mais en vain, de faire taire les dix autres espions qui décriaient le pays ; lorsque l’assemblée d’Israël murmure contre Dieu, ils prennent alors la place qui convient, celle de l’humiliation (Nom. 14:6-10). La foi de Caleb lui a été comptée à justice (Rom. 4:3) ; non seulement il a la vie sauve avec Josué (Nom. 14:38), mais Moïse lui promet une portion de bénédiction dans le pays (14. 9 ; Deut. 1:36), précisément le lieu que son pied avait foulé, Hébron.

Le nom de Caleb signifie jeune lion (le petit de la lionne ou de l’ourse), terme par lequel Jacob désigne Juda dans sa prophétie (Gen. 49:9). Pour Caleb, le lion est la figure de l’énergie et de la force de celui « qui ne se détourne devant qui que ce soit » (Prov. 30:30). En Christ, ces caractères seront manifestés en plénitude quand le lion de la tribu de Juda (Apoc. 5:5) reviendra en gloire et en puissance sur la terre.

Pour nous, chrétiens, l’énergie naturelle doit être en permanence sous le contrôle de la puissance du Saint Esprit, sinon nous risquons de tomber dans le triste état de Nabal, descendant de Caleb au temps de David : « L’homme était dur et méchant dans ses actes ; et il était de la race de Caleb » (1 Sam. 25:3).

Caleb, au contraire, manifeste la douceur d’esprit et l’humilité, comptant sur Dieu seul et non sur ses propres forces : « Peut-être que l’Éternel sera avec moi et je les déposséderai » (14:12).


16.3 - D’autres traits instructifs de la foi de Caleb apparaissent :

16.3.1 - L’énergie et l’assurance de la foi (Héb. 10:22).

Josué, conducteur du peuple, présente en figure Jésus comme chef de la foi (Héb. 12:2), celui qui commence et qui marche à la tête. Si les forces humaines de Josué faiblissent, celles de Christ sont inaltérables comme celles du soleil (Apoc. 1:16 ; Ps. 19:5-6 ; Ps. 45:3-4).

Caleb, qui se plaît à reconnaître que ses forces n’avaient pas faibli (14:11), est la figure de Christ en tant que chef de la foi, Celui qui l’accomplit pleinement (Héb. 12:2). Mais seul, Jésus a amené la vie et le chemin de la foi à leur perfection et à leur plénitude.


16.3.2 - La valeur de l’héritage promis.

Caleb y attachait un grand prix : « Maintenant, donne-moi cette montagne » (v. 12). Il n’a rien d’un profane comme Esaü, mais il apprécie la bénédiction divine : tel était le désir de l’apôtre Paul en rapport avec le prix de la course chrétienne (Phil. 3:12-13).


16.3.3 - La pleine certitude de l’espérance (Héb. 6:11).

Caleb ajoute la certitude de l’espérance à celle de sa foi, d’une manière si vivante qu’elles se communiquaient aux autres : sa fille Acsa manifestera la même énergie que son père pour recevoir la bénédiction.


16.3.4 - Les œuvres de foi.

La foi vaut ce qu’elle a coûté : le travail est la part normale du croyant dans ce monde-ci, avant que ne soit goûté le repos à venir. Si la foi de Caleb nous est présentée comme modèle, il faut aussi retenir ce qu’elle a produit dans sa vie. Probablement cinq ans de combats ont été nécessaires pour prendre possession de l’héritage et le retirer des mains des ennemis (v. 10).


16.3.5 - L’épreuve de la foi.

Chose plus remarquable encore, Dieu a voulu que la foi de Caleb soit réellement mise à l’épreuve. Caleb avait déclaré devant toute l’assemblée d’Israël (et tous étaient morts dans le désert sauf Josué et lui) qu’ils étaient bien capables de prendre possession du pays (Nom. 13:31). Maintenant que le temps est arrivé de le faire, il faut que Caleb s’engage personnellement dans le combat pour arracher Hébron des mains d’Anak et de ses trois fils (figures de Satan et de la puissance du monde). La foi dans les promesses et dans la toute-puissance de Dieu, a accordé à Caleb une victoire complète !


16.4 - Caleb et la ville d’Hébron (14:13-15)

Hébron, ville de Juda, devient alors la demeure de cet homme de foi. La ville sera plus tard un refuge pour Israël (21:13). La cité de refuge (en figure Jésus lui-même) est ainsi donnée à la famille sacerdotale. Il semble que Caleb, par la foi, ait fait don de sa possession à Dieu pour ne conserver pour lui que la campagne de la ville et ses hameaux (21:11-12). Quelle part meilleure pouvons-nous souhaiter que d’imiter ce fidèle serviteur de Dieu ?

Hébron avait été pour Caleb le point de départ de l’épreuve de sa foi, au milieu de l’infidélité presque générale du peuple. À la fin de sa vie, c’est le lieu du repos qui couronne ses labeurs et ses peines. Rappelons-nous que Caleb, avec Josué, a partagé, sans murmures, l’épreuve des quarante ans du désert. Pourtant, ce jugement de Dieu était la conséquence d’une infidélité du peuple contre laquelle ils s’étaient justement élevés et à laquelle ils n’avaient pas pris part.

L’Église sur la terre connaît aussi bien des afflictions qui peuvent être la conséquence de ses infidélités antérieures. Acceptons-les humblement comme l’expression de la fidélité de Dieu envers ceux qu’Il aime, en portant nos regards, comme Caleb, sur le jour du repos et de l’héritage éternels.

Le chapitre 14 se termine précisément sur cette pensée du repos (v. 15). Déjà mentionné comme conséquence de la fidélité de Josué (11:23), le repos est lié ici aux œuvres de foi de Caleb.


16.5 - Othniel et Acsa (15:13-19)

L’histoire de Caleb se poursuit par le récit si instructif d’Othniel et d’Acsa. Caleb avait pris possession d’Hébron en dépossédant les trois fils d’Anak : c’est la seule victoire complète remportée en Israël sur ses ennemis. L’énergie de la foi ne s’arrête pas là et Caleb entreprend la conquête de Kiriath-Sépher. Il s’agit de Debir (15:15), ville déjà prise lors des premières campagnes de Josué (10:38) dont il fallait maintenant assurer la possession effective (sans doute remise en question). Othniel, neveu de Caleb, répond à l’appel de la foi. Il sera le premier des douze juges par lesquels Dieu délivrera son peuple (Jug. 3:9). L’importance de la prise de Debir est telle pour nous que le récit est répété deux fois dans la Parole (15:13-19 ; Jug. 1:11-15).

Acsa, fille de Caleb, devient l’épouse du vainqueur de la ville de Kiriath-Sépher. Elle avait déjà une terre du midi donnée par son père ; elle désire maintenant une source d’eau pour l’arroser et la rafraîchir des ardeurs du soleil. Caleb dépasse sa demande et lui donne :


La demande d’Acsa, à laquelle son père a pleinement répondu, nous montre que la possession de notre héritage céleste s’acquiert par requête. Les trois expressions : « tu m’as donné », « donne-moi », « il lui donna » (15:19) résument le désir et la réponse de la foi d’Acsa. Que ce soit notre expérience à chacun dans le domaine spirituel !

Othniel, chef de cette famille, continue l’œuvre de Caleb, de même que dans l’assemblée, Timothée continuera celle de Paul. Acsa, à sa place, prend soin du domaine de la famille.

L’assemblée sur la terre a besoin de combattants engagés contre les ennemis, Satan et ses anges. Pour cela les croyants doivent être nourris et rafraîchis par Christ, source vivante, par l’action de l’Esprit Saint. L’eau devient en eux une fontaine jaillissante (Jean 4:14), « des fleuves d’eau vive » coulant de leur ventre (Jean 7:38).


16.6 - Les obstacles à la prise de possession du pays

Encouragés par le brillant exemple de Caleb, Acsa et Othniel, nous sommes aussi éclairés sur les obstacles qui nous empêchent de prendre possession du pays de la promesse. La Parole nous en présente au moins trois :

16.6.1 - L’incapacité humaine :

les fils de Juda ne purent pas déposséder les Jébusiens de Jérusalem (15:63), de même que les fils de Manassé ne purent déposséder le Cananéen, qui reste dans ses villes, bien que tributaire (17:12).

16.6.2 - Les compromis et les alliances avec les ennemis :

Éphraïm laisse le Cananéen habiter au milieu du peuple (16:10). Bien qu’asservi au tribut, l’ennemi restera un piège et une épine dans les côtés du peuple de Dieu (23:13).

16.6.3 - La lassitude :

elle est dénoncée par Josué (18:3). C’est l’opposé de la foi énergique de Caleb. Cet état de passivité est le résultat de la paresse spirituelle (Prov. 10:4), qui conduit à se soustraire à l’appel de Dieu (Jos. 1:5-6).


16.7 - L’héritage de Juda (15. 1-12, 20-63)

Le lot (v. 1), expression du choix souverain de Dieu, échoit d’abord à Juda, la tribu royale, qui reçoit la plus noble et la plus grande portion de l’héritage. Jérusalem, la ville royale, en est le centre. Objet de la louange de ses frères, Juda devait posséder à la fois le sceptre royal et le bâton du législateur (Gen. 49:8-10).

La ville royale porte encore ici le nom de Jébus (v. 8), demeure des Jébusiens, près de la vallée de Ben-Hinnom (v. 8). C’est un symbole des ténèbres morales. La géhenne, le lieu des tourments, a pris son nom de ce ravin (le Gué-Hinnom), situé au sud de Jérusalem. Il faudra plus tard toute l’œuvre de David - figure d’un plus grand que lui - pour faire de cette ville le lieu de la grâce royale, purifié des ennemis et de la souillure. C’est là que Dieu voulait demeurer : « Mes yeux et mon cœur seront toujours là » (2 Chr. 7:16).

L’héritage de Juda comprenait cent douze villes réparties en quatre régions : le midi, le pays plat, la montagne et le désert.

De la montagne, le regard peut s’étendre vers le pays et admirer la beauté de la ville de Dieu (Ps. 122:3-8 ; 125:2), comme autrefois Moïse avait contemplé le pays du haut du Pisga (Deut. 34:1-3). Plus tard, l’apôtre Jean sera emporté en esprit par l’ange « sur une grande et haute montagne » pour contempler la nouvelle Jérusalem (Apoc. 21:10).

Le désert de Juda a été le refuge du roi David pendant son exil ; là, il a composé des cantiques touchants exprimant les expériences de son âme dans l’épreuve (Ps. 63). Dans la période millénaire, le désert fleurira (Es. 35:1), arrosé par les eaux qui sortent du sanctuaire pour redonner vie et fertilité à la terre (Ezé. 47:12).


16.8 - Deux détails touchent ici particulièrement notre conscience :

1. Les villes des Philistins, Ekron, Asdod et Gaza (v. 45-47) ne sont pas dénombrées avec les autres villes de l’héritage. Il semblerait que Juda n’en ait pas réellement pris possession en chassant ses habitants. Les Philistins symbolisent pour le chrétien l’ennemi intérieur, la chair qui est en lui. Ils joueront un rôle bien triste tout au long de l’histoire d’Israël, notamment au temps de Samson resté seul à combattre contre eux (Jug. 15:11) ou au moment où l’arche sera prise (1 Sam. 5:1).

2. Les Jébusiens à Jérusalem (v. 63) : Les fils de Juda ne purent pas les déposséder. C’est la première constatation de l’infidélité du peuple à prendre possession de l’héritage dans le pays. Si nous manquons d’énergie pour combattre nos ennemis spirituels, nous perdrons immanquablement la jouissance de la glorieuse liberté des enfants de Dieu.


17 - Ch. 16 et 17: L’héritage de Joseph à Guilgal

17.1 - Prologue (16:1-4)

Après Juda, vient Joseph dont l’héritage dans le pays se situe au nord de Jérusalem entre le Jourdain et la Méditerranée. En fait, ce territoire a été réparti entre la tribu d’Éphraïm et la demi-tribu de Manassé qui ne s’était pas arrêtée dans les plaines de Galaad.


17.2 - L’héritage d’Éphraïm (16:5-10)

Il commence à Jéricho (le lieu de la mort et de la malédiction) et contient Béthel (la maison de Dieu), puis Silo la première demeure du tabernacle de Dieu. Cet héritage n’a pas les dimensions de celui de Juda, et ses frontières sont moins bien définies. Certaines villes d’Éphraïm sont situées dans le territoire de Manassé.

Éphraïm, comme Juda, manque de courage en face de la puissance des ennemis, et accepte de cohabiter avec eux : le compromis avec les ennemis est la source de l’idolâtrie qui plus tard « rongera comme une gangrène » (2 Tim. 2:17) le royaume d’Israël.


17.3 - Makir et les filles de Tselophkhad (17:1-6)

L’énergie de Makir, premier-né de Manassé, brille ici au milieu de la tiédeur. Bien que fils d’une Syrienne (1 Chr. 7:14), il s’est révélé un homme de guerre fidèle (v. 1), qui a conduit sa tribu aux combats et aux victoires. Il semble toutefois que son héritage ait été à l’orient du Jourdain.

Les cinq filles de Tselophkhad avaient hérité du prince de leur tribu l’énergie de la foi et attachaient du prix à l’héritage de l’Éternel. Leur père était mort dans le désert et n’avait pas eu de fils (Nom. 27:3 ; Héb. 3:17). Elles présentent leur cause à Moïse, qui la porte à l’Éternel (Nom. 27:5). Leur foi est récompensée et un héritage leur est accordé au milieu de leurs frères. Dès lors, leur cas fait jurisprudence au milieu du peuple (Nom. 27:11). Que le Seigneur veuille former nos cœurs à rechercher avec la même ardeur les bénédictions spirituelles que nous avons en lui !

Les chefs des pères de la tribu de Manassé soumettent ensuite à Moïse la question du mariage des filles de Tselophkhad (Nom. 36:1-12). Leur mariage hors de leur propre tribu entraînait, de droit, le transfert de leur héritage à une autre tribu. Aussi devaient-elles se marier avec quelqu’un de leur tribu.

Dans les affaires matérielles, combien de familles auront été déchirées par ces tristes questions d’héritage !

Mais, dans le domaine spirituel, le Seigneur invite aussi chaque chrétien, par l’exemple des filles de Tselophkhad, à rechercher avec soin sa pensée au sujet du mariage. Après la conversion, c’est la question la plus importante de la vie chrétienne. Épouser une personne incrédule, c’est, pour un chrétien (ou une chrétienne), se placer sous un joug mal assorti, c’est une infidélité à Dieu (2 Cor. 6:14). Mais, même dans un foyer chrétien, comment goûter une heureuse communion si les deux conjoints ne reconnaissent pas de la même manière les droits du Seigneur sur leur cœur et sur leur vie ? Ils ne peuvent ainsi partager ensemble pleinement l’héritage « de la grâce de la vie » (1 Pier. 3:7). Le Seigneur peut, toutefois, en miséricorde, amener de tels foyers chrétiens à trouver l’harmonie.

Moïse avait déjà réglé en principe le cas des filles de Tselophkhad de la part de l’Éternel. Josué y apporte maintenant son heureuse conclusion (17:4).


17.4 - L’héritage de la demi-tribu de Manassé (17:7-13)

C’est une nouvelle fois l’occasion d’entendre ce qui va maintenant être un triste refrain dans l’histoire du peuple : Manassé ne peut pas déposséder les habitants et le Cananéen veut habiter dans le pays ; bien que tributaires, ils ne sont pas dépossédés. Pourquoi Manassé ne pouvait-il pas vaincre l’ennemi ? En fait, il ne le voulait pas. Tel est bien souvent notre cas, car dans la vie chrétienne le « vouloir » précède le « faire » qui l’un et l’autre viennent de Dieu (Phil. 2:13). Demandons-lui de produire en nous ces deux vertus par sa grâce.

L’alliance entre la vérité et l’erreur ne se fait pas à parts égales ; l’erreur ne devient pas la vérité, et la vérité a perdu sa puissance. C’est dans la séparation franche et complète de toute erreur que se réalisent la fidélité à Dieu et le secret de notre force pratique.


17.5 - Le cas des fils de Joseph, Éphraïm et Manassé (17:14-18)

L’histoire des fils de Joseph se termine par un solennel avertissement pour nous. Ensemble, ils viennent à Josué pour réclamer un héritage supplémentaire, « selon que l’Éternel m’a béni jusqu’à maintenant » (v. 14).

Leur démarche peut paraître louable. En fait, leur cas diffère complètement de celui des filles de Tselophkhad ; c’est par la foi que celles-ci désiraient un héritage qui leur est accordé. Au contraire, c’est par manque de foi que les fils de Joseph n’avaient pas achevé la conquête de leur héritage et qu’ils voulaient maintenant l’augmenter sans combattre (v. 16). Josué leur présente la réalité de la situation et leur rappelle le secret des victoires qu’ils avaient oublié.

C’est une leçon de toute importance pour nous, au temps où la fraîcheur de Philadelphie et le peu de force au milieu de la faiblesse, sont remplacés trop souvent par la tiédeur et la prétention de Laodicée. Nous ne pouvons pas posséder notre héritage spirituel sans combattre. Ni la foi de nos parents (ou de ceux qui nous ont précédés dans le chemin de la foi), ni le souvenir des victoires passées ne peuvent nous donner aujourd’hui la force et la victoire. La conscience des bénédictions passées risque de conduire à la ruine si nous les séparons de la grâce du donateur. Il faut toujours regarder à « Dieu qui nous donne la victoire » (1 Cor. 15:57).

Arrivés à la fin de la vie de l’Assemblée sur la terre, nous sommes encore invités à « couper la forêt » (v. 18) pour qu’elle soit à nous ; à couper l’indifférence, la mondanité et les traditions. Dans nos vies, elles ont trop souvent remplacé la vraie piété et la communion avec Christ.

Ainsi se termine cette partie du livre. Commencée avec le brillant exemple de Caleb que nous sommes invités à imiter, elle s’achève par un avertissement à l’égard de l’attitude des fils de Joseph.


18 - Ch. 18 et 19: L’héritage des sept dernières tribus à Silo

Une nouvelle étape s’ouvre maintenant dans l’histoire du peuple. L’assemblée d’Israël se transporte du camp de Guilgal à Silo où est dressé le tabernacle de l’Éternel. Là sera réparti l’héritage aux sept dernières tribus (Benjamin, Siméon, Zabulon, Issacar, Aser, Nephthali et Dan).


18.1 - Silo et la dernière reconnaissance du pays (18:1-10)

Jusque-là, le peuple s’était réuni au camp de Guilgal, le lieu du roulement de l’opprobre de l’Égypte (figure pour nous du jugement de la chair par la mort de Christ). Guilgal avait été le point de départ des combats et le secret des victoires. Puis le peuple était venu à Ebal où l’autel avait été bâti. Il avait eu confirmation de la Loi écrite sur les pierres, au moment où il prenait formellement possession du pays de la promesse.

Maintenant le camp d’Israël se transporte à Silo (la paix), au nord de Béthel. La tente d’assignation (le tabernacle) y est établie ; la distribution du pays par le sort y sera faite, en présence de Josué et d’Eléazar le sacrificateur (19:51).

Josué invite alors l’assemblée des fils d’Israël à se fortifier pour achever la conquête du pays (18:3) et à mesurer l’étendue de sa possession. De même, l’apôtre Paul demande pour les Éphésiens que les yeux de leur cœur soient éclairés pour savoir quelles sont les richesses de la gloire de l’héritage de Dieu dans les saints (Éph. 1:18) ; et ensuite qu’ils comprennent avec tous les saints, quelles sont les dimensions (probablement celles des desseins de Dieu), et d’en connaître le centre, « l’amour de Christ qui surpasse toute connaissance » (Éph. 3:18-19).

Trois représentants (un témoignage complet) de chacune des sept tribus sont donc envoyés pour parcourir le pays et en établir le relevé. Les deux tribus de Juda et de Joseph avaient déjà reçu leur héritage (18:5), alors que Lévi recevait confirmation de la sacrificature de l’Éternel (18:7). Les résultats du relevé sont consignés dans un livre conservé à Silo en présence de Josué. Les sept tribus connaissaient donc les limites de leur héritage. En prendre effectivement possession était une autre étape. Il en est de même pour nous, chrétiens. La puissance de Dieu envers nous (Éph. 1:19) nous fait connaître notre héritage. Mais c’est par la puissance de Dieu en nous (Éph. 3:20) que nous pouvons y habiter par la foi. Le passage de la connaissance objective des bénédictions divines à leur réalisation subjective s’acquiert par le combat contre les puissances spirituelles de méchanceté (Éph. 6:11-12). C’est un combat de la foi, à laquelle il faut ajouter la vertu, c’est-à-dire le courage moral (2 Pier. 1:5).


18.2 - L’héritage de Benjamin (18:11-28)

Benjamin était le fils de la peine de sa mère Rachel (Ben-oni). Son père Jacob l’avait appelé par la foi le fils de sa droite, Benjamin (Gen. 35:18). Il était aussi le bien-aimé de l’Éternel, qui devait habiter auprès de lui (Deut. 33:12).

La portion de Benjamin est précisément contiguë à celle de Juda, c’est-à-dire la plus proche de Jérusalem. Le caractère de violence naturelle, déjà discerné par Jacob - un loup qui déchire (Gen. 49:27) - exposera cette tribu aux tristes événements de Guibha au temps des Juges. Néanmoins, Benjamin demeure un magnifique type de Christ : « Que ta main soit sur l’homme de ta droite, sur le fils de l’homme que tu as fortifié pour toi » (Ps. 80:17).


18.3 - L’héritage de Siméon (19:1-9)

Siméon, associé à son frère Lévi, avait entrepris de venger le déshonneur de leur sœur Dina par la violence (Gen. 34:25). Ils demeuraient en conséquence sous la sentence de leur père d’être divisés en Jacob et dispersés en Israël (Gen. 49:7). Mais combien il est merveilleux de voir que Dieu tout en confirmant la prophétie de Jacob à l’égard de Lévi, accomplit sa pensée de mettre à part cette tribu pour le service de son sanctuaire.

La part de Siméon n’est pas comparable : sa tribu est demeurée en petit nombre, habitant au milieu de son frère Juda (19:9). Dix-sept villes leur sont attribuées parmi les cent douze villes de Juda. Siméon n’est même pas mentionné dans la bénédiction de Moïse (Deut. 33:6-25).


18.4 - L’héritage de Zabulon (19:10-16)

Zabulon était le sixième enfant de Léa et le dixième fils de Jacob par sa naissance. Son histoire, depuis le début, est un exemple des dangers des relations avec le monde du commerce et des affaires - la côte, les navires et Sidon (Gen. 49:13).

Sa part en Israël lui échoit non loin du lieu où son cœur le portait. Dieu s’est toutefois conservé au milieu de cette tribu un résidu pour son cœur : « Gardant leur rang, n’ayant point un cœur double » (1 Chr. 12:33).


18.5 - L’héritage d’Issacar (19:17-23)

Proche de Zabulon par sa naissance (cinquième enfant de Léa), Issacar obtient sa portion à côté de celle de son frère. C’est l’image du repos dans le monde et de l’esclavage qui en est la suite inéluctable (Gen. 49:15). Toutefois, un résidu parmi cette tribu conservera l’intelligence de la pensée de Dieu pour son peuple : les fils d’Issacar « savaient discerner les temps pour savoir ce que devait faire Israël » (1 Chr. 12:32).


18.6 - L’héritage d’Aser (19:24-31)

Aser, dont la part devait être la prospérité royale (Gen. 49:20), échange maintenant sa bénédiction pour les lieux de la Phénicie : Sidon, la grande ville et Tyr, la ville forte, toutes deux images du « présent siècle mauvais » (Gal. 1:4).


18.7 - L’héritage de Nephthali (19:32-39)

Limité à l’orient par le Jourdain, le territoire de Nephthali touchait les possessions d’Aser, de Zabulon et d’Issacar. C’est la Galilée, où le Seigneur accomplira la plus grande partie de son ministère de grâce : « Le pays de Zabulon et le pays de Nephthali… Galilée des nations : le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière » (Es. 9:2).

La biche lâchée (Gen. 49:21), goûtant la liberté, était bien maintenant « rassasiée de faveur et comblée de la bénédiction de l’Éternel » (Deut. 33:23).


18.8 - L’héritage de Dan (19:40-48)

Dans une même famille, les frères les plus proches selon la chair - Dan et Nephthali étaient les deux fils de Bilha, servante de Rachel (Gen. 30:3-8) - ont des destinées bien différentes. Avec Dan, nous avons la source de l’apostasie, et le développement de la violence.

L’énergie apparente du lion de Basan (Deut. 33:22) était en fait au service du mal : « un serpent sur le chemin et une vipère sur le sentier » (Gen. 49:17). La triste histoire de cette tribu confirme la prophétie de Jacob. C’est l’esprit de Caïn (la violence et le meurtre) qui bâtit une ville en lui donnant le nom de son fils Hénoc (19:47 ; Gen. 4:17).

La violence conduit à la première manifestation publique de l’idolâtrie parmi le peuple de Dieu : Jonathan, petit-fils de Moïse, est établi sacrificateur des faux dieux, alors que la maison de Dieu était encore à Silo (Jug. 18:30-31). De quoi nos cœurs naturels ne sont-ils pas capables ! Dan n’était-il pas un fils des patriarches qui avaient honoré Dieu par leur foi ?


18.9 - L’héritage de Josué (19:49-51)

Cette partie de l’histoire d’Israël se termine heureusement sur une note élevée. En dépit de son âge et du déclin de ses forces naturelles (13:1 ; 23:1), Josué reçoit de Dieu l’énergie pour bâtir la ville de Thimnath-Sérakh qui lui est donnée en héritage. Il y habite (19:50), au milieu de son peuple et de sa tribu, car Josué était Éphraïmite (Nom. 13:9 ; 1 Chr. 7:27). L’Éternel aura plus tard une compassion particulière à l’égard d’Éphraïm (Jér. 31:20 ; Os. 14:8).


Ainsi s’achève le partage du pays à Silo, devant l’Éternel, à l’entrée de la tente d’assignation, là où le peuple était assemblé en présence de son Dieu. « Celui qui a commencé en vous une bonne œuvre l’amènera à son terme jusqu’au jour de Jésus Christ » (Phil. 1:6), de sorte qu’avec David nous pouvons dire : « L’Éternel achèvera ce qui me concerne. Éternel ! ta bonté demeure à toujours. N’abandonne pas les œuvres de tes mains » (Ps. 138:8).


19 - Ch. 20: Les villes de refuge

Le pays est donc maintenant partagé entre les tribus d’Israël (19:51). Alors l’Esprit de Dieu présente deux sujets particuliers :

avant que ne soit introduit le repos de Dieu et la confirmation de ses promesses envers Israël (21:43-45).

Les villes de refuge constituaient pour le peuple une ressource merveilleuse de la grâce de Dieu à l’égard de leurs fautes. Ce sujet est présenté dans les passages suivants : Exode 21:13 ; Nombres 35:9-34 ; Deutéronome 4:41-43 ; 19:1-13.

Pour nous croyants, les villes de refuge parlent de Christ, vers qui nous nous sommes enfuis pour saisir l’espérance proposée (Héb. 6:18).


19.1 - Le péché par fierté et le péché par erreur

La loi de Moïse confirmait les dispositions du gouvernement du monde confié par Dieu à l’homme après le déluge : « Qui aura versé le sang de l’homme, par l’homme son sang sera versé ; car à l’image de Dieu, il a fait l’homme » (Gen. 9:6). Cette déclaration, que Dieu n’a jamais annulée était confirmée dans la loi : « Tu ne tueras point » (Ex. 20:13). Toute atteinte volontaire à la vie d’un homme (c’était un péché par fierté) entraînait immanquablement la condamnation à mort de l’homicide. Le mobile pouvait être la haine, avec ou sans préméditation. Le meurtrier pouvait avoir utilisé consciemment un instrument dangereux (Nom. 35:16-21). Dès lors, il n’y avait pas de pardon possible, et le vengeur du sang devait mettre à mort le meurtrier.

Le cas du péché par mégarde ou par erreur - même s’il avait entraîné la mort - avait des conséquences moins graves (Nom. 35:22-23) ; là, Dieu intervenait en grâce pour épargner la vie du coupable, et lui permettre - à terme - de retourner dans sa maison (v. 6), et dans sa possession (Nom. 35:28). Tel était le but des villes de refuge.


19.2 - Les six villes de refuge

Six villes (v. 7-8) étaient sanctifiées (c’est-à-dire mises à part) comme villes de refuge. Etablies volontairement sur une montagne pour être vues de loin, elles étaient d’un accès facile. Chaque ville était affectée à un territoire précis, et le chemin en était préparé (Deut. 19:3). L’homicide par imprudence devait s’enfuir à la hâte vers l’une d’elles (v. 4). Là, il rencontrait les anciens de la ville, à la porte de la ville (c’est-à-dire au lieu où le jugement était habituellement rendu) et l’affaire était portée devant l’assemblée (Nom. 35:12). S’il était prouvé qu’il s’agissait bien d’une mort involontaire et accidentelle, l’homicide trouvait refuge dans la ville, hors de l’atteinte du vengeur du sang entre les mains duquel on ne devait pas le livrer (v. 5 ; Nom. 35:25). L’homicide y était en sécurité mais perdait momentanément la jouissance de son habitation et de son héritage jusqu’à la mort du grand sacrificateur ; alors, l’homme pouvait retourner dans sa ville et dans sa maison (v. 6). S’il sortait prématurément de la ville de refuge, l’homicide perdait sa protection (Nom. 35:26-27). Shimhi, fils de Guéra, qui avait violemment maudit David, avait bénéficié d’une mesure de clémence comparable de la part du roi Salomon ; plus tard il a payé de sa vie la folie d’avoir quitté son refuge à Jérusalem (1 Rois 2:37, 44, 46).

Avec quel soin Dieu veillait-il à ce que son pays ne soit pas souillé ! En effet, si le jugement ou le refuge s’appliquaient à un homicide connu, on pouvait aussi découvrir un homme tué dans les champs, sans que l’on sache qui l’avait frappé. Le sacrifice d’une génisse dans une vallée devait alors être offert (Deut. 21:1-9) pour que Dieu puisse pardonner et que le sang innocent ne soit pas imputé au peuple.

Toutes ces dispositions parlent à nos cœurs de Christ et de sa croix, d’abord à l’égard de son peuple terrestre, mais aussi en faveur de tous les hommes.


19.3 - La portée morale pour le peuple d’Israël

Remonté de la déportation, le peuple de Juda (c’est-à-dire les deux tribus de Juda et de Benjamin) était à Jérusalem pour attendre la venue du Messie. Au lieu d’être reçu, Il a été rejeté et mis à mort. La préméditation et le meurtre volontaire du Fils de Dieu par le peuple aveuglé sont solennellement établis (Matt. 21:38 ; Luc 19:14 ; Jean 15:24). Pourtant, dans une grâce surabondante, le Seigneur lui accorde le privilège de l’ignorance – de sorte que son péché puisse lui être pardonné – et il demande à son Père sur la croix : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23:34). La réponse à cette prière est présentée aux Juifs par l’apôtre Pierre (Act. 3:17) ; beaucoup croient alors et sont ajoutés à l’assemblée (Act. 4:4). Malheureusement, le grand nombre, conduit par les chefs, s’endurcit et le martyre d’Etienne met le comble au péché de la nation. La destruction de Jérusalem et la dispersion des Juifs sont une réponse partielle de Dieu en jugement au meurtre de son Fils !

Dès lors, Dieu forme un peuple céleste pour lui : l’Église. Pendant la période actuelle, le Seigneur Jésus est pour le peuple d’Israël à la fois comme la cité de refuge et comme le grand souverain sacrificateur oint. Caché dans le ciel, au-delà du voile (Act. 3:21), Christ exerce maintenant le sacerdoce selon le type d’Aaron. Le jugement de l’assemblée des anciens (20:6) n’a finalement pas été rendu à l’égard d’Israël. À son apparition, Christ, Fils de l’homme (à qui tout le jugement est donné), prendra en main la cause de son peuple. Descendant du ciel, il exercera alors son sacercode royal selon l’ordre de Melchisédec.

Ce passage, pour notre Sauveur, du sacerdoce selon le type d’Aaron au sacerdoce éternel selon l’ordre de Melchisédec correspond pour Israël au jugement de Dieu en rapport avec le caractère du péché du peuple :


19.4 - Les villes de refuge et l’épître aux Hébreux

L’enseignement des villes de refuge présente les ressources de la grâce pour les chrétiens (Héb. 6:18-20). Par comparaison et par contraste, l’apôtre établit la supériorité des choses célestes par rapport aux choses terrestres.

L’expression : « car il est impossible », employée à deux reprises (v. 4, 18), correspond à l’alternative de l’homicide volontaire ou par mégarde :


Telle est l’analogie entre la ville de refuge pour l’Israélite et la position du chrétien qui, en esprit, s’enfuit auprès de Christ dans le ciel pour saisir l’espérance proposée.


19.5 - Les villes de refuge et la position chrétienne

La position et la sécurité de l’homicide involontaire étaient précaires. Il pouvait mourir avant le grand sacrificateur et ne jamais revenir dans son héritage.

Par contraste, la position et la sécurité du chrétien sont certaines et définitives. Il entre dès maintenant dans le ciel, en pleine assurance de foi (Héb. 10:17, 22), pour y goûter l’héritage (qui est Christ lui-même) avant que celui-ci ne revête son sacerdoce royal.

Que ceux qui, étreints par l’amour du Christ, prêchent la bonne nouvelle du salut, sachent avec simplicité et puissance présenter Jésus comme le seul refuge de l’âme, Celui « qui nous délivre de la colère qui vient » (1 Thes. 1:10) !

Les portes de la vraie cité de refuge céleste sont encore ouvertes et le chemin est tracé. Prions que beaucoup d’âmes y entrent pendant que c’est le temps favorable… et le jour du salut (2 Cor. 6:2).


20 - Ch. 21: Les villes des Lévites. Le repos

20.1 - Les Lévites à Silo avec Eléazar (v. 1-3)

Les chefs des pères des Lévites viennent à Silo auprès d’Eléazar, le sacrificateur, de Josué, fils de Nun, et des chefs des pères des tribus d’Israël. Ils rappellent le commandement de l’Éternel à Moïse concernant les villes où ils habitent au milieu de leurs frères.

Eléazar, « prince des princes des Lévites… fils d’Aaron, le sacrificateur » (Nom. 3:32), est cité quatre fois dans ce livre de Josué, dont trois fois associé à Josué lui-même :


Eléazar - qui représente le sacerdoce au milieu du peuple de Dieu - est habituellement nommé avant Josué, conducteur du peuple. En effet, le sacerdoce maintenait la relation du peuple avec Dieu et son office était essentiel dès lors que la conquête du pays était achevée sous la conduite de Josué.

Au milieu du peuple, les Lévites avaient la place des premiers-nés (Nom. 3:41). Ils appartenaient en propre à l’Éternel ; ils sont ainsi une figure des saints célestes : « l’assemblée des premiers-nés inscrits dans les cieux » (Héb. 12:23).


20.2 - La répartition générale des villes des Lévites (v. 4-8)

La répartition générale des quarante-huit villes des Lévites entre les trois fils de Lévi est donnée avant leur énumération détaillée. L’ordre de la naissance dans la famille de Lévi était Guershom, Kehath et Merari.

Ici la Parole commence par Kehath d’où était issue la famille sacerdotale, la plus proche du cœur de Dieu. Treize villes sont données à la famille d’Aaron et dix villes pour les autres fils de Kehath (probablement la famille de Moïse), soit au total presque la moitié des villes. Ensuite Guershom en reçoit treize et Merari douze.


20.3 - Le détail des quarante-huit villes (v. 9-40)

- v. 9-19:Treize villes sont données aux fils d’Aaron, la famille sacerdotale. Elles sont toutes situées sur le territoire de Juda (les deux tribus de Juda et de Benjamin avec Siméon qui avait hérité au milieu de Juda) c’est-à-dire autour de Jérusalem. Hébron, ville de refuge de Juda, s’y trouve.

- v. 20-26:Les dix villes des autres Kehathites dans les tribus d’Éphraïm, Dan et Manassé incluant Sichem.

- v. 27-33:Les treize villes des fils de Guershom, y compris les deux villes de refuge de Golan (Manassé) et de Kédesh (Nephthali).

- v. 34-40: Les douze villes des fils de Merari, y compris les deux villes de refuge de Bétser (Ruben) et Ramoth de Galaad (Gad).


20.4 - Lévi au milieu du peuple (v. 41-42)

Ainsi, les quarante-huit villes des Lévites étaient réparties sur tout le territoire d’Israël et chaque tribu possédait au moins trois villes lévitiques. Le nombre global de ces villes (48) peut exprimer la quadruple perfection administrative divine (12) dans la terre d’Emmanuel.

La tribu de Lévi était mise à part pour Dieu et recevait le sacerdoce de l’Éternel pour héritage. Cette pensée est exprimée trois fois dans le livre (13:33 ; 14:3 ; 18:7), confirmant ainsi, pour l’avenir du peuple dans le pays, la mission confiée par Moïse à Lévi dans sa bénédiction à la fin du désert (Deut. 33:8-10) :


Il est intéressant de souligner que le service lévitique et la place particulière de la famille de Tsadok (le sacrificateur fidèle au temps de David) seront conservés dans la période millénaire (Ezé. 44:15-16, 23-24).

Le service des Lévites dans la congrégation d’Israël correspond aujourd’hui à l’activité des dons, des services et du ministère de la Parole dans l’Assemblée, vue comme la maison sacerdotale de Dieu sur la terre.

Les Lévites appartenaient à l’Éternel, qui les avait donnés en don à Aaron (figure de Christ) et à ses fils (figure de l’Assemblée) (Nom. 3:45 ; 8:19 ; 18:16). Ainsi, Dieu a placé des dons de l’Esprit dans l’Assemblée (1 Cor. 12:28), donnés par Christ lui-même pour l’édification de son corps en amour (Éph. 4:11, 16).


20.5 - Le repos (v. 43-45)

Cette partie du livre de Josué se termine sur un sommet moral qui nous élève par la foi à la hauteur des pensées de Dieu, oubliant, pour un moment au moins, les faiblesses et les infidélités de son peuple. Dieu est fidèle pour accomplir ses promesses ; il donne gratuitement à son peuple le pays, le repos et la victoire.

Dieu avait juré de donner le pays à Israël pour son habitation : c’était maintenant une chose accomplie. Il y ajoute le repos, mentionné ici pour la troisième fois :


La pensée est reprise dans l’épître aux Hébreux (Héb. 4:8-10). Après Josué et David, le peuple de Dieu possède l’assurance d’un repos sabbatique. C’est un repos parfait qui est encore à venir, mais que nous pouvons déjà goûter ici-bas dans une mesure. Nous devons réaliser notre délivrance, par la mort et la victoire de Christ à la croix, de tous nos ennemis : le péché, la chair, le monde et Satan.

Le peuple est à Silo (l’habitation de la paix), et les Lévites (serviteurs de la Parole) ont reçu leur possession parmi leurs frères. Alors, l’Esprit de Dieu introduit la pensée du repos. À Sichem (8:34-35) l’adoration et le témoignage de la Parole étaient liés à la possession du pays. Maintenant le repos est ajouté à l’héritage du peuple.


20.6 - La suite du livre de Josué

En fait, le livre de Josué se termine moralement sur cette scène glorieuse du repos de Dieu. Les trois derniers chapitres contiennent des avertissements et des encouragements :


Les villes de refuge données à Israël sont pour les chrétiens une figure de Christ, l’ancre sûre et ferme de l’âme pour assurer la réalisation de la bienheureuse espérance (Tite 2:13).

La scène du repos final de Dieu pour Israël (ce repos est préfiguré par la fête des tabernacles, la dernière des sept fêtes à l’Éternel) ajoute maintenant en type l’introduction de l’Église dans le repos de l’amour divin (Soph. 3:17), le repos éternel de la rédemption. Ce repos nous a été acquis par Christ qui, aux heures de l’abandon, a dû s’écrier : « Il n’y a point de repos pour moi » (Ps. 22:2).

« À lui gloire dans l’assemblée dans le Christ Jésus, pour toutes les générations du siècle des siècles ! Amen » (Éph. 3:21).


21 - Ch. 22: Le retour des deux tribus et demie en Galaad. L’autel de Hed

Josué avait parlé des deux tribus et demie avant la conquête du pays (1:12-18). Maintenant, le temps est venu pour les combattants de retourner auprès de leurs familles de l’autre côté du Jourdain. Le chapitre 22 retrace ce retour et ses conséquences immédiates pour Israël.


21.1 - La position des deux tribus et demie

Pour comprendre la position de ces deux tribus et demie, il faut remonter à l’origine de leur mise à part des autres tribus du peuple. Ils avaient délibérément choisi de s’établir dans le pays de Galaad, sans franchir le Jourdain : « Ne nous fais pas passer le Jourdain » (Nom. 32:5). Leur requête était présentée à Moïse sous une apparence de soumission et d’humilité : « Si nous avons trouvé faveur à tes yeux » ; mais, en fait, leur décision était prise, et rien ne les a fait céder plus tard. Après avoir posé les conditions de leur participation à la conquête du pays (Nom. 32:20-32), Moïse leur attribue le territoire de leur choix, sans que Dieu approuve leur propre volonté. Il est bien important pour le chrétien de saisir cet avertissement, répété pour nous à plusieurs reprises dans l’histoire d’Israël. En particulier, l’envoi des espions pour reconnaître le pays (Nom. 13:3 ; Deut. 1:22) et le choix d’un roi en rejetant Dieu (1 Sam. 8:7, 22 ; Osée 13:11).

Ainsi Dieu nous abandonne quelquefois à nos propres voies pour nous apprendre, dans la peine, les leçons que nous n’avons pas apprises dans sa communion ; n’en concluons pas pour autant que Dieu approuve tout ce que nous entreprenons afin d’y mettre par la suite le sceau de sa bénédiction. Malgré les apparences - et même la bénédiction que Josué leur accorde en grâce (v. 6) -, la position des deux tribus et demie n’était pas selon la pensée de Dieu ; la suite de leur histoire l’a prouvé.


21.2 - Le message de Josué à ces tribus (v. 1-8)

Josué lui-même constate qu’ils avaient rempli leur contrat moral ; ils étaient purs dans l’affaire et libérés de cette solennelle menace : « Sachez que votre péché vous trouvera » (Nom. 32:23). Rappelons-nous toujours que c’est devant Dieu que nous marchons, Lui qui sonde le cœur et éprouve les reins (Jér. 17:10).

Josué les bénit en leur recommandant de s’attacher à la Loi et d’aimer l’Éternel pour le servir. Il emploiera les mêmes expressions plus tard pour exhorter les autres tribus au moment de son départ (v. 5 ; 23:8) ; ceci souligne l’unité de toutes les tribus du peuple de Dieu, objet commun de ses soins.


21.3 - L’autel du témoin, ou de Hed (v. 9-12)

Dès le retour des tribus en Galaad, les difficultés commencent par la construction de l’autel de Hed - ce qui signifie, en hébreu, témoin (voir v. 34) -, un autel de grande apparence établi comme témoignage (v. 10, 34). Bien que les douze tribus soient un seul peuple dans la pensée de Dieu, l’unité pratique était brisée par la décision des deux tribus et demie de s’installer en Galaad. Pour faire face à cette situation à laquelle ils venaient d’être rendus attentifs, les tribus bâtissent un autel, un monument de caractère religieux.

Une telle démarche s’est souvent répétée dans l’histoire de l’humanité ; pour sceller l’unité politique d’une nation, on fait appel aux sentiments religieux du cœur de l’homme, à ses sens, à ses frayeurs et même à ses passions (c’est l’histoire de l’idolâtrie dans le monde). Ainsi Jéroboam bâtit deux autels à Béthel et à Dan. Il entraîne le peuple d’Israël dans l’idolâtrie pour asseoir son autorité politique (1 Rois 12:26-33). Plus tard, Nebucadnetsar fera une statue d’or dans la plaine de Dura pour assembler les grands de son royaume avec tous les peuples, peuplades et langues au son de tous les instruments de musique (Dan. 3:1-7).

Le cas de l’autel de Hed était moins grave, quoique relevant du même principe moral ; en fait les deux tribus et demie étaient sincèrement attachées à Dieu et à leurs frères au-delà du Jourdain. L’autel de l’Éternel avait été déjà bâti à Ebal. Plus tard, il serait à Jérusalem auprès de l’arche. Bâtir un autre autel en un autre lieu, c’était en pratique nier l’unité du peuple. C’était aussi méconnaître le seul « lieu que l’Éternel, ton Dieu, aura choisi pour y faire habiter son nom » - (l’expression se trouve 8 fois dans le Deutéronome).


21.4 - La mission de Phinées (v. 13-20)

L’assemblée d’Israël, ayant appris la chose, se réunit à Silo pour monter en bataille contre leurs frères.

Phinées, fils d’Eléazar, le sacrificateur, est envoyé avec dix princes pour s’enquérir soigneusement sur place (selon l’instruction de la loi de Moïse en Deut. 13:14). Il avait manifesté sa fidélité à Dieu devant le mal dans l’affaire de Baal-Péor (Nom. 25:7). Le témoignage à cette fidélité est conservé dans la Parole à côté de celle de Moïse qui se tenait « à la brèche » pour le peuple (Ps. 106:30, 23). Plus tard, ce fidèle serviteur est auprès de l’arche de Dieu à Béthel lors de la triste affaire de Guibha (Jug. 20:27, 28).

Sévère vis-à-vis du mal, Phinées craint que l’autel de Hed ne soit une rébellion contre Dieu. Il rappelle à ses frères les deux tristes circonstances de Péor et d’Acan, où les fautes commises avaient souillé tout Israël. Le peuple entier était responsable devant Dieu : « Demain il sera courroucé contre toute l’assemblée d’Israël » (v. 18).

En même temps, Phinées manifeste la profondeur de grâce qui habitait son cœur. Il propose ainsi aux deux tribus et demie de revenir auprès du tabernacle de l’Éternel pour y trouver une possession auprès de leurs frères qui partageraient leur héritage avec eux (v. 19). Qu’un tel exemple nous engage pratiquement à rechercher cet équilibre entre le zèle et la fidélité pour Christ et les droits de sa grâce qui seule touche les cœurs !


21.5 - La réponse des deux tribus et demie (v. 21-29)

Elle montre qu’elles étaient fidèles à l’Éternel, au fond, malgré les apparences créées par leur position.

L’autel avait été bâti comme témoin pour les générations à venir (v. 24). Un doute subsiste quant à l’usage futur de l’autel (v. 27) pour y offrir des sacrifices ; ce n’était pas de l’idolâtrie (il s’agissait toujours du service de l’Éternel), mais c’était méconnaître l’unité du peuple de Dieu.

Bien des croyants aujourd’hui se réunissent en divers lieux selon des convenances humaines dans un esprit d’indépendance pratique vis-à-vis de la table du Seigneur. Or c’est là que l’unité de son corps, le corps de Christ, est rappelée par la fraction du seul pain (1 Cor. 10:16-17). Que le Seigneur nous garde de tout esprit d’indépendance ! Il existera, jusqu’à la fin de l’histoire de l’assemblée sur la terre, un lieu où se rencontreront autour du Seigneur les deux ou trois qui invoquent son nom d’un cœur pur (2 Tim. 2:22).


21.6 - Le retour de Phinées vers le peuple à Silo (v. 30-34)

La réponse des deux tribus et demie était bonne aux yeux de Phinées et des dix princes qui rapportent la nouvelle à leurs frères dans le pays ; les droits de Dieu sont solennellement reconnus : « Vous avez sauvé les fils d’Israël de la main de l’Éternel » (v. 31). C’est à Dieu que s’adresse la reconnaissance : « Les fils d’Israël bénirent Dieu » (v. 33). La guerre civile avait été évitée, et la paix entre les frères momentanément retrouvée.

Mais plus tard les fruits amers de la position ambiguë de ces tribus seront produits. Le manque d’énergie de la foi les conduira à délaisser les combats contre les ennemis au temps de Barak et de Débora (Jug. 5:15-17). Le soin des troupeaux en Galaad (figure de nos aises dans ce monde) avait plus de prix que les intérêts du peuple de Dieu.

Les tribus en Galaad ont été les premières à être livrées aux ennemis du dehors. Au début, Dieu avait laissé faire lors du choix de leur héritage. Mais, à la fin, Dieu lui-même intervient en réveillant « l’esprit de Pul, roi d’Assyrie » (1 Chr. 5:26) pour sanctionner, par la main des nations, l’acte d’infidélité à l’origine de cette triste histoire.

Nous devons écouter l’avertissement que Dieu nous donne, mais veiller aussi à ne pas manquer « de la grâce de Dieu » (Héb. 12:15). Pour conclure, citons les paroles d’un serviteur de Dieu : « Que Dieu nous garde de ces trois principes qui attirent le jugement de Dieu sur sa maison : la mondanité (Acan), l’alliance avec le monde religieux (Gabaon et Péor), et l’indépendance (l’autel de Hed), le plus subtil et le plus dangereux de tous : comme principe de péché, il est à la base de tous les autres ».


22 - Ch. 23: Les dernières paroles de Josué au peuple

22.1 - Introduction

Le terme de la vie et du service de Josué, ce fidèle serviteur de Dieu, est maintenant arrivé, et la Parole nous a conservé ses dernières paroles pour notre instruction.

Déjà, l’Éternel avait déclaré à Josué qu’il était vieux et avancé en âge (13:1) lors de la répartition du pays entre les tribus d’Israël. Cette déclaration est maintenant répétée : « Josué était vieux, avancé en âge » (v. 1-2) et lui-même ajoute : « Voici, moi je m’en vais aujourd’hui le chemin de toute la terre » (v. 14).

Josué appelle alors à lui les anciens, les chefs, les juges, les magistrats et le peuple entier pour leur donner un dernier message : se fortifier en Dieu, s’attacher à lui, continuer les conquêtes en se gardant du danger des alliances avec les nations.


22.2 - Le dernier message de Josué

L’histoire passée de la conquête du pays était, en fait, celle de la puissance et de la fidélité de Dieu :


Le peuple disposait encore des mêmes ressources (v. 5), sous réserve, toutefois, de remplir certaines conditions morales :


22.3 - Les avertissements à l’assemblée

Le parallèle entre les instructions de Josué à Israël et celles de Paul aux anciens d’Éphèse est particulièrement frappant (Act. 20:28-32) :


Les ressources sont en Dieu et dans « la parole de sa grâce, qui a la puissance d’édifier et de vous donner un héritage avec tous les sanctifiés ».


22.4 - Le gouvernement de Dieu à l’égard de son peuple Israël

Le peuple d’Israël était encore sous la loi et Josué place devant lui les conséquences de sa conduite :

– Si le peuple était fidèle, l’Éternel chasserait les nations devant lui (v. 5) et lui donnerait les bénédictions promises (Deut. 28:1-14).

– Si, au contraire, le peuple n’écoutait pas (cela a été malheureusement le cas comme son histoire le prouve), il attirerait sur lui les malédictions écrites dans le livre de la loi (Deut. 28:15-68) ; la colère de l’Éternel s’embraserait contre son peuple (v. 13, 16).

Le gouvernement de Dieu s’exerce à l’égard des siens pendant la période de la grâce, même s’il est trop souvent perdu de vue. « Ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera » (Gal. 6:7), soit en bénédiction, soit en châtiment (1 Cor. 11:32). Ce gouvernement s’exerce à l’égard d’un chrétien (c’est un secret entre son âme et Dieu) ou à l’égard des croyants collectivement (envers une assemblée ou les assemblées). Dieu veut ainsi maintenir devant le monde le témoignage de l’assemblée, « la colonne et le soutien de la vérité » (1 Tim. 3:15).

N’oublions jamais que le gouvernement de Dieu est l’expression de son amour envers nous : « Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j’aime » (Apoc. 3:19), et ne se sépare jamais de sa grâce. Tout ce qui aura été accompli sur la terre, sera un jour manifesté dans la pleine lumière, au tribunal de Christ, « afin que chacun reçoive selon les actions accomplies dans le corps, soit bien, soit mal » (2 Cor. 5:10). Ce sera le moment merveilleux où l’Épouse se prépare au jour des noces pour être présentée à l’Agneau (Apoc. 19:7), « sainte et irréprochable » (Éph. 5:27), pour la joie éternelle de Celui qui s’est livré lui-même pour elle.


22.5 - Le danger de l’apostasie (v. 12)

Le peuple courait le danger de retourner en arrière, en abandonnant ce que Dieu lui avait confié. Or Dieu hait « la conduite de ceux qui se détournent » (les apostats ; Ps. 101:3 ; Ps. 125:5).

Le danger était particulièrement grand pour les Hébreux qui avaient été en contact avec le christianisme, et qui risquaient de s’en détourner ; ils seraient ainsi « ceux qui se retirent pour la perdition » (Héb. 10:39). Le même danger et ses terribles conséquences sont signalés par l’apôtre Pierre : « Il aurait mieux valu pour eux n’avoir pas connu la voie de la justice, que de se détourner, après l’avoir connue, du saint commandement qui leur avait été donné » (2 Pier. 2:21).

Un chrétien possède la vie de Dieu et ne peut pas perdre le salut de son âme ; mais, s’il se détourne du chemin de l’obéissance, il perdra sa course chrétienne et sa couronne (1 Cor. 9:25), même s’il est sauvé lui-même comme à travers le feu (1 Cor. 3:15).


23 - Ch. 24: Les dernières paroles de l’Éternel à Sichem

23.1 - Sichem (v. 1-2)

L’Esprit de Dieu nous transporte à Sichem pour écouter les dernières paroles de l’Éternel transmises par Josué au peuple d’Israël.

Là, tout le peuple avait déjà été réuni autour de l’arche de l’alliance après les victoires sur Jéricho et Aï (8:30-35) ; une copie de la loi de Moïse avait été écrite sur les pierres du témoignage. Beaucoup de ceux qui avaient été les témoins de cette scène étaient encore en vie.

Mais Josué, de la part de Dieu, s’adresse maintenant aux responsables du peuple (anciens, chefs, juges et magistrats). De la même manière, l’apôtre Paul s’adressera aussi particulièrement aux anciens d’Éphèse pour leur parler de l’assemblée (Act. 20:28).


23.2 - Les paroles de l’Éternel, le Dieu d’Israël (v. 2-13)

Dieu, par Josué, rappelle sa souveraineté, sa puissance et sa grâce. Depuis l’appel d’Abraham, sept étapes résument les voies de Dieu envers son peuple, c’est-à dire les moyens (les circonstances de la vie en particulier) par lesquels Il accomplit sa volonté :

– 1. L’appel d’Abraham (v. 2, 3) : Dieu l’avait fait sortir des nations idolâtres habitant au-delà de l’Euphrate. Il l’avait choisi (l’élection est le choix souverain de la grâce), l’avait appelé et lui avait fait le don des promesses.

– 2. Le don d’Isaac (v. 4) : fils né hors du temps pour être l’héritier céleste, il est rendu à Abraham au-delà de la mort après le sacrifice sur la montagne de Morija (Gen. 22:4-14).

– 3. Le choix divin entre Jacob et Esaü (v. 4) : c’est une nouvelle preuve de la souveraineté divine. Esaü, profane, reçoit en héritage la montagne de Séhir, tandis que Jacob, véritable héritier de la promesse, continue à habiter sous des tentes, comme dans une terre étrangère (Héb. 11:9) ; ses descendants doivent même descendre en Égypte pour rester en vie. Malheureusement, là ils retombent déjà dans l’idolâtrie (v. 14) (Ezé. 20:8).

– 4. La sortie d’Égypte à travers la mer Rouge (v. 5-7) : après l’action de la souveraineté de Dieu, c’est celle de sa puissance envers son peuple pour le libérer et briser ses ennemis.

– 5. Le désert (v. 7-10) : « Vous avez habité longtemps dans le désert ». Dieu ne leur rappelle pas qu’ils avaient continué dans l’idolâtrie dont Abraham avait été retiré. Le prophète Amos rappellera plus tard l’idolâtrie du peuple dans le désert : « M’avez-vous offert des sacrifices et des offrandes dans le désert, pendant quarante ans, maison d’Israël ? Mais vous avez porté le tabernacle de votre Moloc, et le Kiun de vos images, l’étoile de votre dieu, que vous vous êtes fait » (Amos 5:25-26). Le passage est cité par Etienne devant le sanhédrin (Act. 7:42-43) pour établir la culpabilité du peuple. Mais Dieu souligne ici, au contraire, sa puissance qui livre en leurs mains les rois des Amoréens ; puis la fidélité de son dessein à leur égard pour changer la malédiction de Balaam en bénédiction.

– 6. Le passage du Jourdain et les victoires sur les ennemis (v. 11-12) : les sept nations déjà citées au chapitre 3 (Cananéens, Héthien, Hévien, Phérézien, Guirgasien, Amoréen, Jébusien) sont livrées en la main d’Israël par un acte de providence divine (les frelons) et non par la puissance humaine (l’épée ou l’arc).

– 7. Enfin, le don du pays de la promesse (v. 13) : le repos et la paix sont goûtés après les combats.

Ce résumé des voies de Dieu envers Israël évoque pour nous, chrétiens, toute l’histoire de la grâce de Dieu pour son peuple céleste : élus, appelés, prédestinés, vases des promesses et scellés de l’Esprit pour le jour de la rédemption, nous sommes introduits dans les lieux célestes ; là nous sommes bénis de toute bénédiction spirituelle en Christ (Éph. 1:3-14 ; 2:4-7 ; Rom. 8:29-30).


23.3 - L’appel de Josué au peuple (v. 14-15)

Après la déclaration de Dieu, Josué en appelle « maintenant » (v. 14, 23) au cœur et à la conscience du peuple. Paul fera exactement de même devant les anciens d’Éphèse. Il n’avait mis aucune réserve à leur annoncer tout le dessein de Dieu ; il allait être séparé de ceux parmi lesquels il avait prêché le royaume de Dieu (arrivé comme Josué au terme de sa course). Et « maintenant » (mot répété 3 fois par l’apôtre : Act. 20:22, 25, 32) il les avertissait.

Josué appelle le peuple à craindre Dieu, à le servir et à se séparer de l’idolâtrie ; il confirme ainsi les déclarations de Moïse (Deut. 6:13-14). Ces paroles sont d’autant plus remarquables qu’elles ont été dans la bouche de notre Seigneur l’arme par laquelle il a fait taire Satan au désert (Matt. 4:10). Craindre Dieu, c’est lui rendre hommage, et servir, c’est lui rendre culte. Obed, fils de Boaz et de Ruth, grand-père de David, recevra ce nom (Obed signifie : qui sert) à sa naissance pour rappeler au peuple cette double position de service et d’adoration (Ruth 4:17).

Comment pouvons-nous maintenant accomplir ce service, sinon dans la séparation d’avec les idoles ? En pratique, abandonner les objets qui ont pris la place de Christ dans notre cœur (1 Jean 5:21).

Josué termine sa déclaration par cette profession de foi : « Mais moi et ma maison, nous servirons l’Éternel » (v. 15). Tandis que l’homme extérieur dépérissait, l’homme intérieur était renouvelé (2 Cor. 4:16) chez ce serviteur de Dieu qui engageait ainsi sa maison après lui, à suivre le chemin de la foi. La profession de foi de Josué est d’autant plus remarquable que la Parole ne donne aucun détail sur la maison de Josué ou sur sa descendance. Que cet exemple incite les parents à exercer une telle influence heureuse sur les enfants que le Seigneur confie à leurs soins dans les maisons chrétiennes !


23.4 - La controverse entre Josué et le peuple (v. 16-24)

Dans une sincérité inconsidérée, le peuple s’engage délibérément à imiter Josué : « Aussi nous, nous servirons l’Éternel » (v. 18). Israël confondait la responsabilité et la puissance nécessaire pour y faire face.

Le peuple avait fait autrefois la même déclaration à Moïse, avant même de connaître les commandements de la loi : « Tout ce que l’Éternel a dit, nous le ferons » (Ex. 19:8 ; 24:3). La terrible leçon que leurs pères avaient apprise à l’occasion du veau d’or avait été perdue de vue ; rien n’est plus oublieux que notre cœur s’il n’est pas fortifié par la grâce. Dans la vie chrétienne, les expériences passées ne donnent pas de secours pour traverser les épreuves présentes. Il faut Christ dans le cœur, au moment même, pour faire face aux tentations du monde.

Averti de sa faiblesse par Josué (v. 19) et des conséquences de la désobéissance à la loi (v. 20), le peuple confirme par trois fois son intention de servir Dieu avec ses propres forces (v. 18, 21, 24). Il ne faudra pas attendre longtemps pour que la faiblesse et l’infidélité du peuple se manifestent. C’est toute l’histoire du livre des Juges.


23.5 - L’alliance de Sichem (v. 25-28)

À Sichem, au chêne de Moré, là où Abraham avait bâti son premier autel (Gen. 12:6-7), le dernier acte de Josué est de sceller une alliance avec le peuple, écrite dans le livre de la loi de Dieu. Une grande pierre est dressée en témoignage, et le peuple est renvoyé à son héritage.

L’histoire de toutes les peines futures d’Israël est maintenant scellée par sa propre faute (v. 27). Mais Christ répondra sur la croix à la responsabilité de son peuple infidèle et établira, par le sang de l’expiation, une nouvelle alliance par laquelle Israël sera pardonné, restauré et finalement béni.


24 - Conclusion du livre de Josué

24.1 - La mort de Josué (v. 29-31)

Agé de cent dix ans, Josué termine sa course alors que le travail n’était pas achevé. Il est appelé ici, au terme de son service et pour la première et seule fois « serviteur de l’Éternel » ; telle est, exprimée de façon simple et touchante, l’approbation de son maître.

Entendrons-nous, l’un ou l’autre, sa voix connue nous dire aussi : « Bien, bon et fidèle esclave… entre dans la joie de ton maître » (Matt. 25:21) ? Le titre de gloire du chrétien est, à l’image de Paul ou de Timothée, d’être serviteur et esclave de Jésus Christ (Phil. 1:1 ; Tite 1:1) ; acheté par lui (1 Cor. 6:20 ; 2 Pier. 2:1) pour Lui appartenir (2 Cor. 5:15) et Le servir en Le suivant (Jean 12:26).

La sépulture de Josué se trouve naturellement au milieu de son héritage, Thimnath-Sérakh, dans la montagne d’Éphraïm (19:50 ; 24:30) (Jug. 2:9). Dans cette montagne même, les fils de Joseph avaient reculé devant la puissance des ennemis (17:14-18). L’héritage et la sépulture de Josué nous rappellent donc que « la victoire qui a vaincu le monde, c’est notre foi » (1 Jean 5:4).

L’influence bénie de Josué s’est fait sentir pendant les jours où les témoins de l’œuvre de l’Éternel vivaient encore (v. 31). Dès qu’une nouvelle génération s’est levée (Jug. 2:10), le danger fatal de l’idolâtrie s’est manifesté au milieu du peuple. La puissance secrète de Guilgal est perdue pour faire place aux pleurs de Bokim. Telle a été aussi l’histoire de l’Église après le départ des apôtres et aussi, plus récemment, l’histoire des derniers réveils de la grâce de Dieu dans l’Église. Mais Christ et la puissance de sa grâce demeurent, plus que jamais, la vraie valeur et la seule ressource des siens jusqu’à son retour.


24.2 - La sépulture des os de Joseph (v. 32)

Par la foi, Joseph avait donné un ordre au sujet de ses os (Héb. 11:22), alors que sa mort en Égypte termine le livre de la Genèse (Gen. 50:25-26). Moïse s’était chargé de transporter avec lui les os de Joseph à la sortie d’Égypte (Ex. 13:19). Maintenant Israël accomplit fidèlement à Sichem la dernière volonté du patriarche. Partant autrefois de Hébron, Joseph était descendu à Sichem, à la recherche de ses frères. C’est là, près du puits de Jacob, son père (Jean 4:12), que reposent maintenant ses os, dans l’espérance de la glorieuse résurrection.


24.3 - La mort et la sépulture d’Eléazar, fils d’Aaron (v. 33)

Distingué par Dieu au milieu de la famille sacerdotale, « le prince des princes des Lévites » (Nom. 3:32) achève aussi sa course.


24.4 - Épilogue

L’histoire du désert s’était terminée par la mort d’Aaron, le sacrificateur, et celle de Moïse, conducteur du peuple. Le récit de la conquête du pays est marqué par le départ d’Eléazar, le sacrificateur, et de Josué, conducteur du peuple. Tous quatre étaient à l’image de David qui, plus tard, « après avoir, en sa propre génération, servi les desseins de Dieu, s’est endormi, a été réuni à ses pères et a vu la corruption » (Act. 13:36). La mort est ainsi le terme du service sur la terre ; les instruments humains dans l’œuvre de Dieu disparaissent les uns après les autres, sans que leur travail soit achevé. Le caractère de l’œuvre de l’homme (même du croyant) est qu’elle reste inachevée. Par opposition :

– Dieu avait achevé son œuvre en création (Gen. 2:2) voyant que tout était très bon, à la gloire de son Fils, le Premier-né de toute création (Col. 1:15).

– Christ, entre les mains de qui le Père avait tout remis (Jean 13:3 ; Matt. 11:27), achève pour la gloire de son Père l’œuvre de la rédemption (Jean 17:4 ; 19:30).

– Dieu poursuit aussi maintenant son œuvre dans le monde jusqu’à son achèvement : soit en jugement lorsqu’il est nécessaire (1 Sam. 3:12), soit en bénédiction dans le cœur des saints en vue du jour de Jésus Christ car, dit l’apôtre, « Celui qui a commencé en vous une bonne œuvre l’amènera à son terme » (Phil. 1:6).

« Je suis Dieu…Mon conseil s’accomplira et je ferai tout mon bon plaisir… » (Es. 46:9-11).

– Il est « la racine et la postérité de David » (Apoc. 22:16), et, « selon la puissance d’une vie impérissable » (Héb. 7:16), Il introduira tous ceux qui se sont endormis en lui dans la gloire de la résurrection.


25 - Résumé du Livre de Josué

Parvenus au terme de ces méditations, considérons ensemble les principales instructions morales du livre.

Josué décrit la prise de possession du pays de la promesse par Israël, peuple de Dieu. Pour nous, chrétiens, c’est en figure notre entrée dans les lieux célestes pour acquérir par un combat contre les puissances spirituelles les bénédictions que nous avons en Christ.


1. D’abord, le peuple doit entrer dans le pays et se préparer aux combats qui l’attendent (ch. 1-5). Le Jourdain est le seul lieu de passage, figure de la mort de Christ, et de notre identification avec lui en elle. L’arche (symbole de Christ et de son œuvre) est au centre de cette scène. La foi du croyant (l’énergie spirituelle) est d’abord fortifiée dans le cœur (ch. 1), puis se manifeste par des actes extérieurs (ch. 2). En traversant le Jourdain, nous sommes ressuscités avec Christ (les douze pierres tirées du Jourdain et placées à Guilgal), et morts avec lui (les douze pierres posées dans le Jourdain). Nous sommes alors invités à mettre de côté la chair (c’est la circoncision à Guilgal), pour nous nourrir d’un Christ céleste et nous placer sous son autorité avant d’engager le combat chrétien (ch. 5).


2. Ainsi préparé, le peuple est engagé dans la conquête du pays par des combats avant de goûter le repos (ch. 6-12).

La victoire sur Jéricho est complète, car le peuple comptait sur Dieu et l’arche était au milieu d’Israël (ch. 6). Le combat contre Aï se solde par une défaite (ch. 7), car le monde et sa convoitise étaient entrés dans le cœur du peuple (par Acan) qui avait oublié sa faiblesse.

Après son relèvement, Israël est réuni au pied de la montagne d’Ebal (où est bâti l’autel à l’Éternel), pour offrir la louange (ch. 8).

Les conquêtes se poursuivent vers le midi du pays, à Gabaon et Beth-Horon (ch. 9, 10), puis vers le nord, aux eaux de Mérom (ch. 11). Manquant de vigilance, le peuple tombe dans le piège des Gabaonites, figure du danger du monde dans la marche du chrétien.

Toutefois, c’est une période de victoires qui se termine par le repos après la guerre (ch. 12).


3. La troisième partie du livre (ch. 13-24) présente la répartition de l’héritage entre les tribus et la possession effective du pays.

Comme pour la conquête, la possession est acquise :


Les obstacles pratiques sont l’incapacité, les compromis avec le monde et la paresse spirituelle. Les douze tribus ayant reçu leur héritage (ch. 13-19), Eléazar et Josué achèvent ainsi à Silo (le lieu de la paix) le partage du pays. Six villes de refuge sont établies (image de Christ, notre vrai refuge) et les Lévites habitent au milieu de leurs frères (ch. 21). Alors Dieu donne gratuitement à son peuple son pays, le repos et la victoire (21:44).

Pour nous, chrétiens, c’est l’anticipation du repos de l’amour divin dans la maison du Père.


Le livre se termine par deux appels :


L’enseignement du livre de Josué est aujourd’hui d’une grande importance pratique pour nous.

Dieu nous a révélé « les richesses de la gloire de son héritage dans les saints, et… l’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons » (Éph. 1:18-19). C’est la portée spirituelle de la conquête du pays par Israël.

Mais Dieu désire aussi « que le Christ habite, par la foi, dans vos cœurs, étant enracinés et fondés dans l’amour… selon la puissance qui opère en nous » (Éph. 3:17-20). C’est pour nous, chrétiens, la possession effective, par la foi, de l’héritage céleste.

En pratique, c’est par le combat chrétien dans les lieux célestes (Éph. 6:10-18) que nous pourrons transformer la conquête en possession ; c’est-à-dire jouir dès maintenant dans nos âmes de l’héritage céleste, de Christ lui-même, et connaître son amour, qui surpasse toute connaissance.

Que le Seigneur l’accorde à chacun de nous !