La loi et le légalisme

J.-A. Monard

ME 2009 p. 33-44 ; 75-79 ; 102-110 ; 143-150


Sommaire : La place de la loi au temps de la grâce. Les mauvais usages de la loi. Comment comprendre les nombreux conflits, soit entre Jésus et les pharisiens, soit entre les judaïsants et la prédication de la grâce par Paul.


Table des matières :

1 - La loi en son propre temps

1.1 - Introduction

1.2 - Le don de la loi à Israël

1.3 - La bonté de Dieu révélée en même temps que sa justice

1.4 - Une mise à l’épreuve de l’homme

1.5 - L’engagement présomptueux d’Israël

1.6 - L’avertissement de Josué

1.7 - Retours de cœur à la loi

1.7.1 - au temps d’Asa

1.7.2 - au temps d’Ézéchias

1.7.3 - au temps de Josias

1.7.4 - au temps de Néhémie

1.8 - Conclusion

2 - Le légalisme des pharisiens

2.1 - Une attention sélective aux commandements divins

2.2 - Les commandements divins utilisés pour condamner un innocent

2.3 - La tradition

2.4 - L’intérieur et l’extérieur

2.5 - Une façon de tranquilliser sa conscience

2.6 - Enseigner et pratiquer

2.7 - Éviter la souillure

3 - La loi au temps de la grâce

3.1 - La fin de la loi

3.2 - La difficulté des croyants juifs

3.3 - La rencontre de Jérusalem (Actes 15)

3.4 - Chacun de nous rendra compte pour lui-même à Dieu

3.5 - L’égarement des Galates

3.6 - Les dangers auxquels étaient exposés les Colossiens

4 - Le Seigneur Jésus et la loi

4.1 - Introduction

4.2 - Venu non pour abolir la loi mais pour l’accomplir

4.3 - Plus loin que la loi

4.4 - Un jeune homme renvoyé à la loi

4.5 - Un docteur de la loi renvoyé et la loi

4.6 - Des guérisons le jour du sabbat

4.7 - Mon Père travaille et moi je travaille

4.8 - La lumière du monde


1 - La loi en son propre temps

1.1 - Introduction

« La loi a été donnée par Moïse ; la grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ » (Jean 1:17).

Le légalisme, sous ses différentes formes, est un attachement erroné à la loi, ou à une loi. C’est un sujet qui occupe une assez grande place dans le Nouveau Testament, et que nous considérerons plus loin. Dans ce premier chapitre, nous nous occuperons seulement de la loi donnée par Dieu à Israël, le peuple qu’il avait choisi pour lui appartenir en propre.

Le régime de la loi n’était pas destiné à durer toujours. C’était une mise à l’épreuve de l’homme, faite avec le peuple d’Israël, en attendant la venue de Christ. Cette épreuve a démontré l’incapacité de l’homme à garder les commandements de Dieu et à tenir ses engagements devant lui. Elle a révélé son besoin absolu d’un Sauveur.

De tout temps, il y a eu des hommes de foi qui se sont appuyés sur la bonté et sur les compassions de Dieu. Abraham, ayant reçu les promesses de Dieu, a cru et a été justifié par sa foi. Moïse, l’homme par lequel la loi a été donnée, a souvent fait appel à la miséricorde de Dieu ; il a intercédé pour le peuple qui, selon la loi, méritait le jugement de Dieu. David a entretenu une relation de proximité remarquable avec Dieu ; il a eu des manquements graves, mais s’en est profondément humilié et a exprimé dans ses psaumes le bonheur de l’homme dont le péché est pardonné. Habakuk, l’un des derniers prophètes de l’Ancien Testament a écrit : « Le juste vivra par sa foi » (2:4).

Durant toute l’époque de la loi, la foi a été en activité chez des hommes qui aimaient Dieu et respectaient ses commandements. Mais ils ont été justifiés par la foi, et non sur le principe de la loi. Celui-ci peut s’énoncer : « L’homme qui aura pratiqué ces choses vivra par elles » (Rom. 10:5). Par la venue de Christ, Dieu a révélé que « sur le principe des œuvres de loi nulle chair ne sera justifiée » (Gal. 2:16). Et l’évangile proclame que « l’homme est justifié par la foi, sans œuvres de loi » (Rom. 3:28).

Hélas ! malgré la révélation claire de ce grand fait dans le Nouveau Testament, les chrétiens ont souvent eu la tendance à se placer sous la loi — soit celle du Sinaï, en tout ou en partie, soit sous des commandements d’hommes. C’est ce qu’on appelle le légalisme.


1.2 - Le don de la loi à Israël

Rappelons qu’Israël a reçu la loi à la montagne de Sinaï, juste après sa sortie d’Égypte. On trouve les dix commandements en Exode 20, et l’alliance entre l’Éternel et le peuple scellée avec du sang en Exode 24.

Pour Israël, le don de la loi était sans aucun doute un privilège. Comme les autres communications de l’Ancien Testament, la loi était une révélation partielle de Dieu, qui devait être complétée lors de la venue de Jésus Christ. Dans les exigences qu’elle imposait, la loi révélait la sainteté de Dieu et sa justice. Et dans les sacrifices qu’elle prescrivait, elle donnait déjà une idée des ressources divines relativement au péché de l’homme. De plus, sous une forme typique, elle annonçait beaucoup de ce qui devait être révélé plus tard, dans le Nouveau Testament.

Par la sagesse qu’ils montraient, les statuts et les ordonnances de la loi divine devaient être la gloire d’Israël parmi les nations : « Vous les garderez et les pratiquerez ; car ce sera là votre sagesse et votre intelligence aux yeux des peuples qui entendront tous ces statuts et diront : Quel peuple sage et intelligent que cette grande nation ! » (Deut. 4:6).

Mais Israël allait-il se montrer à la hauteur du privilège reçu ?


1.3 - La bonté de Dieu révélée en même temps que sa justice

C’est à un peuple comblé de ses faveurs que Dieu a donné la loi. Il l’avait délivré de son esclavage en Égypte et avait exercé de terribles jugements sur ses oppresseurs. Il l’avait « porté sur des ailes d’aigles » et « amené à lui ». Il voulait faire de lui « un royaume de sacrificateurs, et une nation sainte » (Ex. 19:4, 6). Il lui avait promis « un pays bon et spacieux… un pays ruisselant de lait et de miel » (3:8). Dès son entrée dans le désert, il lui avait donné la manne et l’eau du rocher (chap. 16 et 17). Ainsi Dieu s’est fait connaître à Israël comme un Dieu de bonté, et pas seulement comme un Dieu qui demandait l’obéissance à ses commandements.

Durant la traversée du désert, Dieu a bien souvent usé de miséricorde envers son peuple, alors qu’il méritait son jugement. Si les conditions de l’alliance du Sinaï avaient été appliquées dans toute leur rigueur, le peuple aurait bien vite été anéanti. « Il dit qu’il les eût détruits, si Moïse, son élu, ne s’était pas tenu à la brèche devant lui, pour détourner sa fureur de sorte qu’il ne les détruisît pas » (Ps. 106:23).

En fait, même si la bonté et la miséricorde de Dieu manifestées dans l’histoire d’Israël sont encore peu de chose relativement à la grâce révélée en plénitude dans le Nouveau Testament, elles ont été à cette époque déjà le refuge et la ressource de la foi.


1.4 - Une mise à l’épreuve de l’homme

Le don de la loi à Israël était une épreuve de l’homme par la révélation des exigences divines qui faisaient appel à son obéissance.

Avant même de le placer formellement sous la loi, Dieu a annoncé à son peuple qu’il allait le mettre à l’épreuve. Il en a été ainsi à Mara (Ex. 15:25) et lors du don de la manne (16:4). À la fin de l’histoire du désert, Moïse dit au peuple : « Tu te souviendras de tout le chemin par lequel l’Éternel, ton Dieu, t’a fait marcher ces quarante ans, dans le désert, afin de t’humilier, et de t’éprouver, pour connaître ce qui était dans ton cœur, si tu garderais ses commandements, ou non » (Deut. 8:2). Dieu savait à l’avance ce qu’il y avait dans le cœur humain, mais il fallait que l’expérience en soit faite et que l’homme le sache.

Le résultat de cette épreuve a été la faillite complète de l’homme. L’Ancien Testament le montre par de multiples exemples, et le Nouveau Testament l’établit formellement, tout en indiquant le chemin de salut que Dieu avait prévu dès avant le don de la loi. « La loi est intervenue afin que la faute abondât ; mais là où le péché abondait, la grâce a surabondé » (Rom. 5:20). « Par le commandement », « le péché » — la nature même de l’homme naturel — est devenu « excessivement pécheur » (Rom. 7:13).


1.5 - L’engagement présomptueux d’Israël

Dès la délivrance d’Égypte, Dieu avait donc indiqué au peuple le régime sous lequel il allait être placé : celui d’une bénédiction conditionnée à son obéissance. Avant la communication des dix commandements et la conclusion de l’alliance, Dieu a fait connaître au peuple le principe de la loi — qui allait définir le caractère de sa relation avec lui pendant des siècles.

En Exode 19, le peuple, confiant dans ses capacités, répond présomptueusement : « Tout ce que l’Éternel a dit, nous le ferons » (v. 8). Ensuite, dans une solennité propre à développer la crainte dans tous les cœurs, Dieu donne les dix commandements. Effrayés, les fils d’Israël demandent que Dieu ne parle plus directement avec eux, mais que Moïse soit l’intermédiaire entre l’Éternel et eux (20:18, 19). Mais cette crainte momentanée ne les empêche pas de déclarer d’une seule voix, au moment où l’alliance est scellée avec du sang : « Toutes les paroles que l’Éternel a dites, nous les ferons » (24:3) et de répéter : « Tout ce que l’Éternel a dit, nous le ferons, et nous écouterons » (v. 7). Le sang versé dans cette circonstance n’était pas le sang qui purifie du péché. C’était le symbole de la mort de celui qui transgresserait l’alliance. Le peuple, avec inconscience et légèreté, imagine qu’il est capable de la garder. Nous savons ce qu’il en a été.

À la fin de la traversée du désert, Moïse rappelle au peuple les événements qui avaient marqué le don de la loi, environ quarante ans plus tôt. Et nous apprenons là qu’en dépit de l’engagement téméraire du peuple, Dieu avait apprécié la crainte qu’il avait manifestée à l’ouïe de sa voix : « Tout ce qu’ils ont dit, ils l’ont bien dit. Oh ! s’ils avaient toujours ce cœur-là pour me craindre et pour garder tous mes commandements, afin de prospérer, eux et leurs fils, à toujours ! » (Deut. 5:28).


1.6 - L’avertissement de Josué

Josué, le fidèle successeur de Moïse que Dieu a utilisé pour conduire Israël à la conquête de Canaan, est à la fin de sa vie (Jos. 24). Il convoque toutes les tribus d’Israël à Sichem et leur adresse un message de la part de l’Éternel. Il rappelle son œuvre en faveur du peuple, depuis l’époque d’Abraham appelé hors de son pays et de sa parenté jusqu’au jour où Israël est entré en possession du pays promis (24:1-13). Comme dans le chapitre précédent, c’est l’histoire de la fidélité de Dieu, qui a tenu toutes ses promesses (cf. 23:14).

Josué conclut : « Et maintenant, craignez l’Éternel, et servez-le en intégrité et en vérité » (24:14). Conscient que des idoles sont toujours présentes parmi le peuple, il l’invite à s’en séparer pour servir l’Éternel seul. Puis il le place devant un choix. Si vous ne voulez pas servir l’Éternel, choisissez parmi les faux dieux qui vous voulez servir, « mais, moi et ma maison, nous servirons l’Éternel » (v. 15).

Le peuple est pour ainsi dire piqué au vif, et parle comme s’il allait de soi que lui aussi servira l’Éternel (v. 16-18). Mais Josué insiste : « Vous ne pourrez pas servir l’Éternel ; car il est un Dieu saint, il est un Dieu jaloux » (v. 19). Un Dieu saint : il prend connaissance de vos transgressions et de vos péchés et les jugera. Un Dieu jaloux : il ne supporte pas que vos cœurs s’attachent à d’autres dieux.

Alors, en face de l’insistance du peuple (v. 21), Josué conclut : « Et maintenant, ôtez les dieux étrangers qui sont au milieu de vous, et inclinez votre cœur vers l’Éternel, le Dieu d’Israël » (v. 23). Il est très frappant d’entendre les paroles décidées du peuple, déclarant vouloir servir l’Éternel alors que des dieux étrangers se trouvent parmi eux.


1.7 - Retours de cœur à la loi

Dans les scènes que nous venons de voir, les fils d’Israël ont montré de la légèreté à l’égard des exigences de la loi, s’engageant à l’accomplir sans réaliser du tout leur incapacité à le faire. Or la confiance en soi-même est toujours le point de départ d’une chute. Dans ces récits, nous n’avons guère aperçu d’engagement de cœur vers l’Éternel.

Il en est autrement dans quelques épisodes ultérieurs de l’histoire d’Israël, lors de réveils produits par l’Éternel lui-même au sein de son peuple. Dans ces réveils, le retour à la loi était équivalent à un retour vers l’Éternel. Et l’engagement à servir l’Éternel que nous voyons à ces époques ne nous est pas présenté comme un acte de légèreté et de présomption, mais comme un élan de cœur vers Dieu.


1.7.1 - au temps d’Asa

Dès qu’il est établi roi, Asa purifie son royaume de l’idolâtrie qui s’y était établie (2 Chron. 14). Il encourage son peuple à rechercher l’Éternel et à pratiquer sa loi et ses commandements. Lors de l’attaque d’un ennemi puissant, Zérakh l’Éthiopien, il s’appuie entièrement sur l’Éternel et remporte une victoire éclatante. Ensuite, encouragé par un prophète, il poursuit son œuvre de purification et fait disparaître les choses abominables de tout le pays de Juda et de Benjamin. Il est si manifeste que l’Éternel est avec lui que des hommes pieux du royaume des dix tribus passent à lui (15:9).

Nous avons alors ce récit remarquable : « Ils s’engagèrent ensemble à rechercher l’Éternel, le Dieu de leurs pères, de tout leur cœur et de toute leur âme, établissant que quiconque ne rechercherait pas l’Éternel, le Dieu d’Israël, serait mis à mort, tant petit que grand, tant homme que femme. Et ils jurèrent à l’Éternel à haute voix, et à grands cris, et avec des trompettes et des cors. Et tout Juda se réjouit du serment, car ils avaient juré de tout leur cœur, et ils avaient recherché l’Éternel de toute leur âme, et ils l’avaient trouvé » (15:12-15).

Leur engagement ne pouvait pas avoir plus de solidité que tous les engagements qui font appel aux forces de l’homme, et la suite de l’histoire le démontre bien, mais Dieu reconnaît de façon entièrement positive ce mouvement de cœur vers lui.


1.7.2 - au temps d’Ézéchias

Le réveil du temps d’Ézéchias (2 Chron. 29-32) a été encore plus remarquable que celui que nous venons de considérer, et ce roi a été fidèle à l’Éternel jusqu’à la fin de sa vie.

Parvenu au trône à vingt-cinq ans, il ne perd pas un jour pour purifier le temple et rétablir le culte de l’Éternel que son père avait entièrement mis de côté. Il dit et aux lévites : « Maintenant, j’ai à cœur de faire alliance avec l’Éternel, le Dieu d’Israël, afin que l’ardeur de sa colère se détourne de nous » (29:10). (*)

Sous l’influence de ce roi pieux, mais surtout par l’opération de Dieu dans les cœurs, des fruits admirables sont produits parmi le peuple de Juda. C’est une page de l’histoire d’Israël particulièrement encourageante. L’Écriture rend d’Ézéchias ce témoignage : « Dans toute œuvre qu’il entreprit, dans le service de la maison de Dieu et dans la loi et dans les commandements, pour rechercher son Dieu, il agit de tout son cœur, et prospéra » (31:21).

Malheureusement, les bonnes dispositions du peuple s’effacèrent durant le règne de Manassé, fils d’Ézéchias.


Les diverses alliances faites par Israël avec l’Éternel au cours de son histoire sont simplement des confirmations ou des ratifications de l’alliance du Sinaï (cf. Deut. 29:9-14 ; 2 Chron. 23:16 ; 34:31 ; Esd. 10:3 ; Néh. 9:38). Elles appartiennent à la « première alliance », à « l’ancienne alliance ».


1.7.3 - au temps de Josias

L’histoire de Josias, devenu roi à l’âge de huit ans, est émouvante (2 Chron. 34 et 35). À seize ans, il commence de rechercher Dieu. À vingt ans, il commence de purifier son royaume des lieux et des objets de culte idolâtres dont il est rempli. À vingt-six ans, il entreprend la réparation de la maison de l’Éternel.

Lors de ces travaux, on découvre fortuitement le livre de la loi, perdu à cette époque. Un scribe le lit devant le roi. À l’ouïe des paroles de ce livre, Josias pleure, déchire ses vêtements et s’humilie devant Dieu (34:27). De la part de Dieu, la prophétesse Hulda lui déclare que tout le jugement annoncé dans la loi va tomber bientôt sur le peuple, mais que, parce que « son cœur a été sensible » à la parole de Dieu, ce jugement n’arrivera qu’après qu’il sera recueilli. Et ainsi il ne le verra pas.

Au lieu de se dire : pour moi tout ira bien, tant pis pour le peuple, Josias convoque tout Juda et fait lire publiquement les paroles du livre de la loi qui vient d’être retrouvé. « Et le roi se tint debout à sa place, et fit cette alliance devant l’Éternel, de marcher après l’Éternel et de garder ses commandements et ses témoignages et ses statuts, de tout son cœur et de toute son âme, pour pratiquer les paroles de l’alliance, écrites dans ce livre. Et il fit entrer dans l’alliance tous ceux qui se trouvaient à Jérusalem et en Benjamin ; et les habitants de Jérusalem firent selon l’alliance de Dieu, du Dieu de leurs pères. Et Josias ôta toutes les abominations de tous les pays qui appartenaient aux fils d’Israël, et obligea tous ceux qui se trouvaient en Israël à servir l’Éternel, leur Dieu » (34:31-33).

Le travail de Dieu dans le cœur de Josias, et sans doute aussi dans le cœur de plusieurs fidèles en Israël, a été la base de ce réveil remarquable, mais de courte durée.


1.7.4 - au temps de Néhémie

Très peu de temps après la mort de Josias, le jugement inexorable de Dieu sur son peuple s’exécuta. Nebucadnetsar, roi de Babylone, conquit la terre d’Israël, détruisit la ville de Jérusalem et le temple de l’Éternel, et déporta le peuple à Babylone.

Soixante-dix ans plus tard, Dieu inclina en faveur des Juifs le cœur de Cyrus, roi de Perse, qui dominait le monde à cette époque. Il leur fut accordé la possibilité de retourner dans leur pays, et d’y rebâtir la ville et le temple. D’entre tous les dispersés d’Israël, un résidu d’environ 50’000 personnes revint dans le pays et reconstruisit le temple, puis les murailles de la ville et les maisons. Le détail de tout cela nous est donné dans les livres d’Esdras et de Néhémie.

Le chapitre 8 de Néhémie nous rapporte une lecture publique du livre de la loi de Moïse, depuis l’aube jusqu’à midi, devant tous ceux qui étaient en âge de comprendre. On lisait distinctement et les lévites expliquaient ce qui était lu (v. 1-8). Cette lecture eut des effets remarquables : tout d’abord les pleurs de l’humiliation, puis la joie d’avoir compris la parole de Dieu, et enfin le désir d’en connaître davantage (v. 9-13). Les enseignements relatifs à la fête des tabernacles furent redécouverts, et mis aussitôt en pratique de façon littérale, ce qui ne s’était pas fait depuis l’époque de Josué. Durant les sept jours de la fête, on lut dans le livre de la loi de Dieu, et il y eut une très grande joie (v. 14-18).

Le chapitre 9 nous présente une scène qui eut lieu quelques jours plus tard : humiliation, séparation d’avec les étrangers au peuple de Dieu, lecture du livre de la loi et confession. Ensuite, les lévites adressent à Dieu une prière remarquable. Ils rappellent tout d’abord la bonté et la fidélité de Dieu au cours de l’histoire d’Israël, et comment ses « grandes compassions » ont répondu aux « grands outrages » du peuple (v. 18, 19, 26, 27).

Tout ceci aboutit à la conclusion d’une « ferme alliance » (v. 38), faite par écrit et scellée par un grand nombre de personnes qui s’engagent solennellement à « marcher selon la loi de Dieu » et à « observer et pratiquer tous les commandements de l’Éternel » (10:29).


1.8 - Conclusion

Tous ces retours d’Israël à la loi ont certainement été — tout au moins pour ceux qui en ont pris l’initiative — des élans de cœur vers Dieu, des prises de conscience de la volonté divine, marqués par l’humble sentiment de la faiblesse de l’homme à cet égard. Pour des hommes placés sous la loi, c’étaient des sentiments justes, que l’Éternel avait produits dans les cœurs et qu’il appréciait à leur valeur.

Ces réveils en Israël sont pleins d’instruction pour nous. Ils nous engagent à revenir à la parole de Dieu, à juger nos manquements et à nous en humilier. Ils nous montrent les dangers que comporte l’assimilation au monde qui nous entoure, et nous encouragent à attacher nos cœurs au Seigneur. Mais quand nous voyons ces fidèles s’engager à garder les commandements de Dieu, nous n’avons pas à suivre leur exemple sur ce point, bien qu’il ait été juste qu’ils le fassent. L’expérience de la loi est achevée. L’incapacité de l’homme à tenir ses engagements ou à respecter ses bonnes résolutions est démontrée.

Le chrétien doit savoir que, même s’il possède une nouvelle nature qui aime le bien et qui hait le mal, il n’a en lui-même aucune force. Il dépend entièrement de Dieu pour marcher fidèlement dans un chemin où il peut l’honorer.


2 - Le légalisme des pharisiens

Le légalisme est l’attachement déplacé à une loi religieuse que l’on observe surtout dans ses aspects extérieurs. Les Écritures nous mettent en garde contre ses différentes manifestations, particulièrement contre les prescriptions humaines ajoutées à la révélation divine.

Le comportement des pharisiens et des chefs religieux avec lesquels le Seigneur Jésus a eu affaire est précisément du légalisme. Il est si abject que nous pourrions être tentés de détourner les yeux d’un tel objet le plus vite possible. Mais les Évangiles nous décrivent cela avec beaucoup de détails pour nous avertir. Considérons soigneusement ce que la Parole nous enseigne à ce sujet. Veillons, les mêmes tendances sont dans nos propres cœurs.

Les Juifs étaient les dépositaires des oracles de Dieu, qu’ils étaient seuls au monde à posséder. En outre, ils étaient les objets des bénédictions inconditionnelles que Dieu avait promises à Abraham. Ils avaient des privilèges immenses ! Mais cela les a conduits à un sentiment de supériorité et d’orgueil religieux. Ils méprisaient les gens des nations.

Les vrais chrétiens aujourd’hui peuvent se sentir très isolés dans un monde qui rejette toujours davantage les principes divins. Mais le privilège que nous possédons, et qui nous distingue nettement du monde dans lequel nous vivons, nous conduira-t-il à nous sentir supérieurs à ceux qui nous entourent, ou bien, dans la conscience de notre indignité et de nos propres manquements, nous stimulera-t-il à faire briller autour de nous la lumière de Christ ?

Cherchons à tirer instruction pour nous-mêmes des reproches que le Seigneur Jésus a dû adresser aux pharisiens, aux scribes et aux conducteurs religieux d’Israël.


2.1 - Une attention sélective aux commandements divins

Une forme du légalisme est l’importance exagérée attribuée à certains commandements de Dieu au détriment d’autres. Par exemple, les pharisiens font des reproches aux disciples de Jésus parce qu’ils arrachent des épis le jour du sabbat pour satisfaire leur faim (cf. Matt. 12:1-8). La loi autorisait une telle cueillette (Deut. 23:25) et permettait de se nourrir aussi le jour du sabbat. Ainsi, les pharisiens condamnaient ceux qui n’étaient pas coupables. Ils oubliaient la miséricorde, que Dieu demandait tout autant que le respect du sabbat. « Si vous aviez connu ce que c’est que : « Je veux miséricorde et non pas sacrifice », vous n’auriez pas condamné ceux qui ne sont pas coupables » (v. 7).


2.2 - Les commandements divins utilisés pour condamner un innocent

Les pharisiens haïssent Jésus et cherchent continuellement une occasion pour l’accuser. Un jour de sabbat, un homme ayant la main paralysée se trouve dans la synagogue. Les pharisiens observent Jésus, « pour voir s’il le guérirait le jour de sabbat, afin de l’accuser » (Marc 3:1 ; cf. Matt. 12:9-13). Ils savent que Jésus guérit le jour du sabbat, et saisissent cette occasion pour avoir de quoi le condamner. Eux-mêmes délivrent leur brebis si elle tombe dans une fosse le jour du sabbat. Jamais la loi de Moïse, si stricte qu’elle soit concernant le sabbat, n’avait interdit de faire du bien ce jour-là. Mais ces gens veulent trouver Jésus en faute, et prétendent le faire sur la base des commandements de Dieu.


2.3 - La tradition

Les chefs des Juifs montrent que leur tradition a plus d’importance pour eux que les commandements de Dieu. Ils font des reproches à Jésus parce que « ses disciples ne lavent pas leurs mains quand ils mangent du pain », transgressant ainsi « la tradition des anciens » (Matt. 15:1-11 ; Marc 7:1-16). Confondant la pureté du cœur et la propreté des mains, ils pensaient pouvoir se purifier de leurs manquements en se lavant les mains. Mais le Seigneur démasque leur fausseté et montre comment leur tradition les conduisait à mettre de côté les devoirs élémentaires des enfants envers leurs parents. Il leur dit : « Ésaïe a bien prophétisé de vous, hypocrites ; comme il est écrit : Ce peuple-ci m’honore des lèvres, mais leur cœur est fort éloigné de moi ; mais ils m’honorent en vain, enseignant, comme doctrines, des commandements d’hommes ».


2.4 - L’intérieur et l’extérieur

L’épisode sur lequel nous venons de nous arrêter montre le danger d’attacher une grande importance à nos actes extérieurs, visibles de ceux qui nous entourent, et de ne pas en donner à l’état de notre cœur, que Dieu seul voit. Or c’est du cœur corrompu que découlent tous les actes mauvais que peut commettre l’homme (Matt. 15:19, 20). Le Seigneur revient à plusieurs reprises sur ce misérable comportement des pharisiens, qui soignaient l’apparence extérieure tout en étant indifférents à l’état intérieur. « Pour vous, pharisiens, vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat, mais au-dedans vous êtes pleins de rapine et de méchanceté » (Luc 11:39). « Pharisien aveugle ! nettoie premièrement le dedans de la coupe et du plat, afin que le dehors aussi soit net » (Matt. 23:26).


2.5 - Une façon de tranquilliser sa conscience

On peut être très soigneux sur certains détails de conduite, et entièrement négligent sur d’autres qui sont plus importants. Le respect scrupuleux de quelques pratiques religieuses sert à tranquilliser sa propre conscience et à tromper son entourage. Le Seigneur condamne sévèrement cette attitude : « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! car vous payez la dîme de la menthe et de l’aneth et du cumin, et vous avez laissé les choses plus importantes de la loi, le jugement et la miséricorde et la fidélité ; il fallait faire ces choses-ci, et ne pas laisser celles-là » (Matt. 23:23).


2.6 - Enseigner et pratiquer

Il peut y avoir une grande différence entre ce qu’on enseigne aux autres et ce qu’on pratique soi-même. Les scribes et les pharisiens étaient très exigeants quant aux obligations qu’ils imposaient à ceux qu’ils enseignaient, mais entièrement relâchés quant à leur propre comportement. Le Seigneur dit d’eux : « Ils lient des fardeaux pesants et difficiles à porter, et les mettent sur les épaules des hommes, mais eux, ils ne veulent pas les remuer de leur doigt » (Matt. 23:4).


2.7 - Éviter la souillure

Pour terminer, arrêtons-nous sur ce qui constitue le couronnement du légalisme des conducteurs religieux d’Israël. Au moment où ils livrent le Juste entre les mains du gouverneur romain et demandent sa mort, ils ne veulent pas entrer eux-mêmes dans le prétoire afin de ne pas se souiller, et de pouvoir manger la Pâque (Jean 18:28). Attentifs à éviter une prétendue souillure résultant du fait de poser leurs pieds dans ce lieu, ils sont insensibles à l’horrible injustice qu’ils commettent en réclamant la condamnation de l’innocent, et en rejetant le Fils de Dieu venu à eux dans une parfaite grâce. Véritablement, le cœur humain est tel qu’il peut s’attacher à l’observation de détails religieux tout en étant aussi éloigné de Dieu que possible.

Que Dieu nous donne de sonder nos propres cœurs dans sa lumière !


3 - La loi au temps de la grâce

3.1 - La fin de la loi

La loi de Moïse — donnée par l’Éternel au peuple d’Israël comme constituant la base de ses relations avec lui — n’était pas destinée à être toujours en vigueur. C’était une épreuve de l’homme. Serait-il capable de garder les commandements de Dieu ? Entouré des bontés de Dieu et des privilèges immenses qui lui avaient été accordés, le peuple d’Israël allait-il tenir ses engagements ? L’expérience a montré une faillite totale — celle d’Israël, celle de l’homme.

Les bénédictions divines assurées à Israël — et même à toutes les nations — ont leur origine dans les promesses inconditionnelles faites à Abraham (Gal. 3:8, 16). Elles devaient se réaliser, et se réalisent en effet, par la venue de Christ. Mais entre les promesses et leur accomplissement, Dieu a jugé bon d’insérer la loi. « La loi est intervenue afin que la faute abondât ; mais là où le péché abondait, la grâce a surabondé » (Rom. 5:20). La loi « a été ajoutée à cause des transgressions, jusqu’à ce que vînt la semence à laquelle la promesse est faite » (Gal. 3:19). Les mots « intervenue » et « ajoutée » soulignent le caractère transitoire de la dispensation de la loi. Elle a été donnée dans le but de faire ressortir le mal par des transgressions. Mais « Christ est la fin de la loi pour justice à tout croyant » (Rom. 10:4).

Bien sûr, la notion de bien et de mal est la même à toutes les époques. Elle est définie par la pensée de Dieu, et non par ce que l’homme ressent, estime ou décide. Dans la loi, Dieu a révélé ce qui est bien et ce qui est mal à ses yeux, et cela est aussi invariable que lui-même. Cependant, outre les enseignements d’ordre moral — c’est-à-dire quant à ce qui est bien et mal — la loi comportait aussi des ordonnances cérémonielles. La plupart d’entre elles, si ce n’est toutes, étaient des types de ce qui devait être introduit par la venue de Christ. Elles étaient « des ordonnances charnelles imposées jusqu’au temps du redressement » (Héb. 9:10). Ce temps étant venu, elles gardent leur intérêt typique, mais sont devenues « de misérables éléments » si l’on veut y asservir les chrétiens (Gal. 4:9).


3.2 - La difficulté des croyants juifs

Au début de l’époque chrétienne, la plupart de ceux qui ont cru en Jésus avaient été élevés dans le judaïsme. Ils ont reçu Jésus comme le Messie que Dieu avait promis, comme le Sauveur. Ils ont compris qu’il était mort pour la rémission de leurs péchés, et que de tout ce dont ils n’avaient pu « être justifiés par la loi de Moïse », ils étaient justifiés par la foi en lui (Act. 13:39).

Mais il leur était très difficile d’abandonner les pratiques rituelles qu’ils avaient observées dès leur enfance, et qui étaient leur devoir sous la loi. De nombreux passages des Actes et des épîtres nous montrent cette difficulté, qui a même été parfois une source de conflit entre les croyants.

Dans une vision, Dieu a fait comprendre à Pierre qu’il n’avait pas à tenir pour impur ce que Dieu avait purifié (Act. 10:15). L’apôtre a appris que les viandes interdites autrefois aux Israélites ne l’étaient pas aux chrétiens, et, chose plus importante, que les Juifs n’avaient pas à considérer les gens des nations comme impurs. Le salut n’était pas réservé aux Juifs. Ceci avait déjà été clairement annoncé par le Seigneur Jésus au moment où il s’en était allé. Il avait dit à ses disciples : « Allez dans tout le monde, et prêchez l’évangile à toute la création » (Marc 16:15). « Allez donc, et faites disciples toutes les nations » (Matt. 28:19).

La visite de Pierre chez Corneille, centurion romain, a inauguré la prédication de l’évangile aux nations (Act. 10:34-48). Mais nous voyons que pour « ceux de la circoncision » — c’est-à-dire pour les chrétiens juifs — l’acte de Pierre qui ouvrait la porte aux nations a été difficile à accepter (cf. Act. 11:1-18). Conscients des privilèges du peuple juif, ils entretenaient un sentiment de supériorité vis-à-vis des gens des nations. Traitant de ce sujet, l’apôtre Paul dira plus tard que, par la croix, Jésus a « tué l’inimitié », qu’il a « aboli dans sa chair l’inimitié » (Éph. 2:14-16). Il s’agit de l’inimitié entre Juifs et nations, résultant des privilèges juifs.


3.3 - La rencontre de Jérusalem (Actes 15)

En raison de la persécution qu’ils subissaient, les premiers chrétiens ont été dispersés, et cette dispersion a favorisé la prédication de l’évangile parmi les nations. Le livre des Actes mentionne notamment le cas de la ville d’Antioche, où « un grand nombre, ayant cru, se tournèrent vers le Seigneur » (11:21). C’est là que s’est formée la première assemblée des nations dont nous ayons connaissance, la communion avec l’assemblée à Jérusalem étant soigneusement établie par des contacts fraternels (v. 22, 23). Paul et Barnabas ont enseigné à Antioche durant une année (v. 26) et c’est de là qu’ils sont partis — avec la main d’association de l’assemblée — pour un voyage missionnaire en Asie mineure (13:1-3). C’est là aussi qu’ils sont revenus pour raconter à l’assemblée « toutes les choses que Dieu avait faites avec eux » (14:26-28).

Au chapitre 15 apparaît une grande difficulté. Des croyants juifs viennent de Judée à Antioche et enseignent les frères en disant : « Si vous n’avez pas été circoncis selon l’usage de Moïse, vous ne pouvez être sauvés » (v. 1). Paul et Barnabas discernent immédiatement le danger d’un tel enseignement et s’y opposent fermement. Avec la pleine communion de l’assemblée, Paul, Barnabas et quelques autres frères montent à Jérusalem pour examiner cette affaire avec les apôtres et les anciens de l’assemblée. Parlant de ces événements, Paul dira plus tard qu’il n’était pas question pour lui de céder, même un instant, à « de faux frères, furtivement introduits, qui s’étaient insinués pour épier la liberté que nous avons dans le Christ Jésus, afin de nous réduire à la servitude » (Gal. 2:4, 5).

À Jérusalem, la rencontre a lieu et commence par une grande discussion (v. 7). Mais Dieu opère merveilleusement dans les cœurs pour que soient maintenues aussi bien la vérité de l’évangile que la communion entre les assemblées. Pierre dit à ses frères, en parlant de la loi : « Maintenant donc, pourquoi tentez-vous Dieu, en mettant sur le cou des disciples un joug que ni nos pères ni nous n’avons pu porter ? » (v. 10). Cet entretien conduit les apôtres et les anciens à une même pensée. Une lettre, à laquelle s’associe toute l’assemblée, est écrite « aux frères d’entre les nations qui sont à Antioche » et ailleurs (v. 23). Elle contient notamment : « Il a semblé bon au Saint Esprit et à nous de ne mettre sur vous aucun autre fardeau que ces choses-ci qui sont nécessaires : qu’on s’abstienne des choses sacrifiées aux idoles, et du sang, et de ce qui est étouffé, et de la fornication » (v. 28, 29). L’interdiction de manger du sang date de bien avant la loi du Sinaï, et elle est rappelée ici. La séparation de l’idolâtrie et de la corruption morale des nations est un élément de base de la conduite du croyant, en tout temps.

Cette rencontre, marquée de l’autorité du Saint Esprit, concluait que les chrétiens des nations n’étaient pas assujettis à la loi de Moïse. Mais elle laissait dans l’ombre ce qui concernait les chrétiens juifs. Dieu a supporté — du moins pendant un temps — que ceux-ci pratiquent encore les ordonnances de la loi. Ils n’avaient pas compris la liberté chrétienne. C’est ce que l’on voit en Actes 21, lors de la dernière visite de Paul à Jérusalem. Les frères lui font le reproche : « Tu vois, frère, combien il y a de milliers de Juifs qui ont cru ; et ils sont tous zélés pour la loi. Or ils ont ouï dire de toi, que tu enseignes à tous les Juifs qui sont parmi les nations de renoncer à Moïse, disant qu’ils ne doivent pas circoncire leurs enfants, ni vivre selon les coutumes. Qu’est-ce donc ? » (v. 20-22). L’apôtre s’est trouvé alors dans une situation inextricable, de laquelle il a été délivré par son emprisonnement — selon les voies souveraines de Dieu.


3.4 - Chacun de nous rendra compte pour lui-même à Dieu

Dans le chapitre 14 de l’épître aux Romains, l’apôtre donne des instructions en vue du maintien de l’harmonie entre frères, dans le respect et le support mutuels. Il parle de « forts » et de « faibles » en foi, désignant par là les croyants qui étaient affranchis des prescriptions de la loi et ceux qui croyaient devoir y être encore soumis. « Que chacun soit pleinement persuadé dans son propre esprit ! » (v. 5). Que chacun agisse sur un principe de foi ! (v. 23). Dieu reconnaît ce qui est fait pour lui, quelle que soit la mesure de connaissance de ceux qui agissent dans sa crainte, et peuvent lui rendre grâces en tout ce qu’ils font (v. 6). Que « le fort » ne méprise pas « le faible », et que « le faible » ne juge pas « le fort » (v. 3) ! « Ne nous jugeons donc plus l’un l’autre » et prenons garde à « ne pas mettre une pierre d’achoppement ou une occasion de chute devant notre frère » (v. 13) — surtout s’il est « faible » (cf. Rom. 15:1 ; 1 Cor. 8:9).


3.5 - L’égarement des Galates

Paul se souvenait avec émotion de l’accueil chaleureux qu’il avait reçu lorsqu’il avait visité la Galatie pour y annoncer l’évangile (Gal. 4:14, 15). Quelques années plus tard, il écrit à ses « enfants » dans la foi, étant en perplexité à leur sujet (v. 19, 20). Les assemblées qui s’étaient formées dans cette contrée étaient composées essentiellement de gens des nations. Mais des docteurs juifs étaient venus à eux, s’efforçant de mettre les croyants sous la loi. Hélas ! ils avaient largement réussi. En apprenant cela, l’apôtre leur écrit « de sa propre main » une lettre émouvante, dans laquelle s’entremêlent les appels, les reproches, les enseignements et les cris d’angoisse de son cœur. Ils avaient reçu, apparemment sans résistance, « un évangile différent » de celui que Paul leur avait prêché, en fait un évangile « qui n’en est pas un autre » (1:6, 7). Ils avaient été « ensorcelés » (3:1) par des gens qui ne gardaient pas la loi, mais voulaient imposer la circoncision aux chrétiens pour avoir eux-mêmes « une belle apparence dans la chair », « afin qu’ils ne soient pas persécutés à cause de la croix de Christ », et « afin de se glorifier » dans ceux dont ils faisaient leurs disciples (6:12, 13).

L’apôtre affirme énergiquement : « Tous ceux qui sont sur le principe des œuvres de loi sont sous malédiction » (3:10). La base de notre relation avec Dieu n’est pas la loi — ce qui ne pourrait qu’amener notre condamnation — mais la foi.

« Nous avons cru au Christ Jésus, afin que nous soyons justifiés sur le principe de la foi en Christ et non pas sur le principe des œuvres de loi : parce que sur le principe des œuvres de loi, nulle chair ne sera justifiée » (2:16). Notre relation avec la loi est définie par la mort de Christ. « Car moi, par la loi, je suis mort à la loi, afin que je vive à Dieu » (2:19).

La loi fait un tout. Imposer la circoncision, ou une autre ordonnance de la loi, c’est placer les gens sous son autorité. « Voici, moi Paul, je vous dis que si vous êtes circoncis, Christ ne vous profitera de rien ; et je proteste de nouveau à tout homme circoncis qu’il est tenu d’accomplir toute la loi. Vous vous êtes séparés de tout le bénéfice qu’il y a dans le Christ, vous tous qui vous justifiez par la loi ; vous êtes déchus de la grâce » (5:2-4).

Or ce qui est en cause, ce n’est pas seulement le moyen d’être justifié devant Dieu. Car la loi n’est pas davantage la règle de vie du chrétien que le moyen de sa justification. Il a été abondamment démontré que l’homme est incapable de garder la loi. Il n’a en lui-même aucune force pour éviter le mal et accomplir le bien. Les obligations ou les interdictions que peut lui imposer une loi ne lui donnent pas la force dont il manque totalement. Mais, dit l’apôtre, « marchez par l’Esprit, et vous n’accomplirez point la convoitise de la chair » (5:16). Nous avons besoin de cette puissance divine pour marcher d’une manière qui honore Dieu, sur les traces de Jésus notre Sauveur. « Le fruit de l’Esprit est l’amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance » (5:22). C’est ce qu’il produit en nous si nous le laissons agir, et « contre de telles choses, il n’y a pas de loi » (v. 23).

Ainsi, la liberté dans laquelle Christ nous a placés en nous affranchissant ne doit pas être utilisée comme « une occasion pour la chair » de se manifester et de produire ses œuvres détestables (5:1, 13, 19). Le chrétien n’est « pas sous la loi », et dans l’état normal des choses, il est « conduit par l’Esprit » (cf. v. 18).

Dans un style tout différent, l’apôtre développe méthodiquement toutes ces vérités dans l’épître aux Romains, non pas cette fois pour venir au devant d’un danger imminent, mais pour instruire et édifier les croyants.


3.6 - Les dangers auxquels étaient exposés les Colossiens

Les croyants de Colosses étaient un sujet de préoccupation pour l’apôtre Paul, mais il pouvait encore se réjouir à leur sujet, en voyant leur ordre et la fermeté de leur foi en Christ (2:1, 5). Ils étaient en danger de se laisser éloigner de Christ par des enseignements d’ordre philosophique et judaïque. « Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par de vaines déceptions, selon l’enseignement des hommes, selon les éléments du monde, et non selon Christ » (v. 8).

Ces éléments dangereux comportaient notamment un asservissement à la loi. À ce sujet, Paul présente ici l’un des aspects de l’œuvre de Christ à la croix : « …ayant effacé l’obligation qui était contre nous, laquelle consistait en ordonnances et qui nous était contraire, et il l’a ôtée en la clouant à la croix » (v. 14). Ce n’est pas la loi elle-même qui a été clouée à la croix, c’est « l’obligation », notre assujettissement à elle. Ceci rejoint l’enseignement de Romains 7:4 et de Galates 2:19.

L’apôtre poursuit : « Que personne donc ne vous juge en ce qui concerne le manger ou le boire, ou à propos d’un jour de fête ou de nouvelle lune, ou de sabbats, qui sont une ombre des choses à venir ! » (v. 16, 17). On discerne ici l’effort des docteurs judaïsants d’assujettir les chrétiens aux prescriptions de la loi de Moïse. Paul ajoute : « Que personne ne vous frustre du prix du combat, faisant sa volonté propre… dans le culte des anges, s’ingérant dans les choses qu’il n’a pas vues » (v. 18). Il s’agit ici d’enseignements extrabibliques qu’on mêlait aux éléments judaïques. Tout cela éloignait de Christ.

Dans les versets 20 à 23, l’apôtre met les croyants en garde contre le danger d’établir des ordonnances, quelles qu’elles soient : « ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas ! … selon les commandements et les enseignements des hommes ». C’est le danger du légalisme. On institue des règles, qui peuvent bien avoir « une apparence de sagesse », mais qui ont finalement pour but « la satisfaction de la chair ». En effet, elles mettent en honneur ceux qui apparemment les respectent, et nourrissent leur orgueil. Instituer des ordonnances est en contradiction avec le fait essentiel que « nous sommes morts avec Christ aux éléments du monde ».

Au cours des siècles, les chrétiens ont toujours été exposés à ce danger du légalisme, qui conduit à remplacer la puissance de l’Esprit dans le cœur et la conscience par des formes religieuses de toute nature.


4 - Le Seigneur Jésus et la loi

4.1 - Introduction

« Quand l’accomplissement du temps est venu, Dieu a envoyé son Fils, né de femme, né sous la loi, afin qu’il rachetât ceux qui étaient sous la loi, afin que nous recevions l’adoption » (Gal. 4:4, 5). Bien qu’il soit venu pour introduire quelque chose d’incomparablement meilleur, le Seigneur Jésus s’est lui-même entièrement soumis à la loi. Il en a été ainsi dès son enfance. Ses parents, lorsqu’il avait huit jours, l’ont fait circoncire et l’ont présenté à Dieu comme un premier-né, selon la loi de Moïse (Luc 2:21-24).

Tout au long de sa vie et jusque dans sa mort, la loi de Dieu demeurait en lui, ainsi que l’annonçait prophétiquement le psaume 40 : « C’est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir, et ta loi est au-dedans de mes entrailles » (v. 8). Ce passage disait déjà que Dieu ne prenait pas plaisir aux sacrifices de la loi (v. 6). Ils ne pouvaient sauver l’homme et le rendre juste. Le Dieu qui veut le salut des pécheurs avait d’autres plans. L’épître aux Hébreux cite le psaume 40, et met dans la bouche du Seigneur les mots : « Voici, je viens pour faire ta volonté » (10:9). « C’est par cette volonté que nous avons été sanctifiés, par l’offrande du corps de Jésus Christ faite une fois pour toutes » (v. 10). Le « premier » état de choses a été ôté, et le « second » établi (v. 9).

La pleine révélation de ce nouvel état de choses n’a été faite qu’après l’accomplissement complet de l’œuvre de salut qui en est le fondement, donc après la mort de Jésus, sa résurrection et son élévation dans la gloire.

Nous allons nous arrêter ici sur ce que les Évangiles nous révèlent concernant la position personnelle du Seigneur relativement à la loi durant la période de transition que constitue sa vie sur la terre.


4.2 - Venu non pour abolir la loi mais pour l’accomplir

Dans le Sermon sur la montagne, le Seigneur dit : « Ne pensez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir » (Matt. 5:17). De façon générale, « la loi » peut signifier les livres de la loi ou les commandements de la loi. Jésus est venu pour réaliser tout ce qui était annoncé à son sujet dans les Écritures, et il est le seul homme qui a parfaitement accompli toutes les exigences de la loi. Il a souvent été accusé par les Juifs de transgresser les commandements divins, mais en fait il les a respectés et mis en pratique de manière complète, contrairement à eux qui en négligeaient le sens profond et s’attachaient surtout aux formes extérieures.


4.3 - Plus loin que la loi

Cependant, le Seigneur a demandé beaucoup plus que ce que la loi prescrivait. Elle ordonnait de ne pas tuer, mais Jésus dit que celui qui se met en colère contre son frère a déjà péché (v. 21, 22). La loi condamnait l’adultère, mais le Seigneur met le doigt sur la racine de ce péché, le regard de convoitise (v. 27, 28). La loi disait « œil pour œil, et dent pour dent », et les Juifs en avaient déduit qu’ils étaient autorisés à se venger, mais le Seigneur leur enseigne à ne pas résister au mal : « Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre » (v. 38, 39). La loi disait « Tu aimeras ton prochain » et les Juifs en avaient conclu qu’ils pouvaient haïr leur ennemi — ce qui était leur interprétation de la loi. Le Seigneur va manifestement plus loin que la loi lorsqu’il déclare : « Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous font du tort et vous persécutent » (v. 43, 44).

Les Évangiles nous montrent comment notre Seigneur a lui-même parfaitement manifesté cette grâce dans tous ses contacts avec les hommes pécheurs.


4.4 - Un jeune homme renvoyé à la loi

Le jeune homme riche pensait avoir gardé tous les commandements de la loi dès sa jeunesse (Marc 10:17-27). Et pourtant il n’était pas tranquille. Lorsqu’il s’approche de Jésus en lui demandant : « Que ferais-je afin que j’hérite de la vie éternelle ? », le Seigneur le laisse sur le terrain de la loi, et lui rappelle les divers commandements. « Et Jésus, l’ayant regardé, l’aima, et lui dit : Une chose te manque : va, vends tout ce que tu as et donne aux pauvres.., et viens, suis-moi » (v. 21). Ce jeune homme ignorait son déficit relativement aux exigences de la loi. Son cœur était attaché à ses richesses, et s’il doit choisir entre elles et Jésus, il renoncera à Jésus et s’en ira tout triste. « Viens, suis-moi ! » s’adresse à chacun de nous. S’il y a des choses qui nous empêchent de venir à Jésus et de le suivre, nous perdons tout.


4.5 - Un docteur de la loi renvoyé et la loi

Un rabbin juif adresse au Seigneur une question semblable à celle du jeune homme riche, mais dans un esprit différent. Il se lève « pour l’éprouver » et lui demande : « Maître, que faut-il que j’aie fait pour hériter de la vie éternelle ? » (Luc 10:25). Le Seigneur le renvoie aussi à la loi. Si quelqu’un veut « faire » quelque chose pour avoir la vie, qu’il accomplisse la loi, s’il le peut ! À la demande du Seigneur : « Qu’est-il écrit dans la loi ? », le rabbin rappelle deux commandements qui résument tous les autres : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur… et ton prochain comme toi-même » (v. 27). Jésus lui dit : « Fais cela, et tu vivras ». Mais l’homme a probablement conscience de ne pas avoir toujours aimé son prochain comme lui-même. Aussi s’engage-t-il sur un terrain de raisonnement. Voulant se justifier, il demande : « Et qui est mon prochain ? » (v. 29). Le Seigneur lui répond par le moyen de la parabole du Bon Samaritain. La conclusion de celle-ci : « Va, et toi fais de même » (v. 37) était une réponse à la question posée. Le Samaritain ne s’était pas embarrassé de questions pour savoir qui était son prochain. Il avait vu un homme à demi-mort au bord du chemin et avait pris soin de lui avec amour.

Mais la parabole nous enseigne bien davantage. Dans notre état naturel, nous sommes tous dans la situation sans espoir de l’homme tombé entre les mains des voleurs et laissé à demi-mort au bord du chemin. Le sacrificateur et le lévite, représentants de la loi, ne nous sont d’aucun secours. Mais le Seigneur Jésus a suivi le parcours d’abaissement évoqué par celui du Samaritain. Dans sa miséricorde, il s’est approché de nous avec compassion pour nous arracher à une perdition certaine. Ce n’est pas d’une loi que nous avons besoin, c’est d’un Sauveur. Avons-nous tous compris cela ?


4.6 - Des guérisons le jour du sabbat

Notre Seigneur a accompli beaucoup de miracles de guérison le jour du sabbat. Il a guéri un homme à la main sèche (Matt. 12:10), une femme courbée depuis dix-huit ans (Luc 13:11), un homme hydropique (Luc 14:2), le paralytique de Béthesda (Jean 5), l’aveugle-né (Jean 9), et sans doute beaucoup d’autres.

L’Ancien Testament donnait une grande importance au jour du sabbat. La prescription divine à ce sujet constituait même l’un des dix commandements de la loi, et sa transgression était punie de mort (cf. Nomb. 15:32). À l’époque où Jésus était sur la terre, les Juifs gardaient scrupuleusement ce jour quant à leur comportement extérieur, mais négligeaient entièrement leur véritable relation avec Dieu. Pour certaines choses, ils n’avaient pas égard au sabbat, par exemple pour circoncire un enfant, pour mener leur bétail à l’abreuvoir ou pour retirer d’une fosse une de leurs bêtes (Jean 7:22 ; Luc 13:15 ; Matt. 12:11). Le Seigneur ne leur en fait aucun reproche, et montre que lui aussi accomplissait des œuvres de bonté et de délivrance — combien plus grandes ! — le jour du sabbat. En fait, ils cherchaient des motifs d’accusation contre lui et étaient totalement incohérents dans leurs jugements. Nous voyons ici le misérable usage que l’homme peut faire des commandements de Dieu.

Le Seigneur met en évidence leur folie et les confond en plusieurs occasions. Par exemple, alors qu’ils l’observent pour voir s’il va guérir un infirme, Jésus leur demande : « Est-il permis de guérir un jour de sabbat ? » (Luc 14:3). Ils n’osent pas répondre, et Jésus guérit le malade.


4.7 - Mon Père travaille et moi je travaille

La scène de la guérison du paralytique de Béthesda, en Jean 5, a un caractère tout particulier.

Dans d’autres occasions où les Juifs avaient fait des reproches au Seigneur ou à ses disciples, Jésus avait seulement mis en évidence l’absurdité de leur revendication. Ce qu’ils condamnaient, par exemple le fait de guérir un homme infirme le jour de sabbat, ou de satisfaire sa faim en arrachant quelques épis le long du chemin, n’était pas contraire à la loi (Matt. 12:1-8). Dans sa substance, celle-ci prescrivait l’amour du prochain. Il était donc « permis de faire du bien le jour de sabbat » (v. 12). Leur reproche n’était que du légalisme, une application erronée de la loi, l’attachement à l’aspect extérieur des choses alors que leur aspect profond et intérieur était ignoré ou mis de côté.

En Jean 5, le reproche des Juifs est également injustifié (v. 16 ; cf. 7:23), mais le Seigneur saisit cette occasion pour montrer que le sabbat n’a plus sa raison d’être. La dispensation de la loi est achevée. Le sabbat était un signe entre l’Éternel et les fils d’Israël (Ex. 31:13, 17). Il évoquait le repos de Dieu après les six jours de la création, et indiquait que Dieu voulait faire entrer l’homme dans son repos, le faire participer à ce repos. Mais le péché était entré dans le monde et avait tout gâté. Et dans un monde où l’homme souffre sous les conséquences du péché, le Dieu d’amour ne peut pas se reposer. « Mon Père travaille jusqu’à maintenant, et moi je travaille », dit le Seigneur aux Juifs (v. 17).

Travail d’amour de notre Seigneur tout au long de sa vie ! Merveilleux travail réalisé dans une unité parfaite avec Dieu qu’il était venu faire connaître !

La situation du paralytique de Béthesda est une illustration de celle de l’homme sous la loi. La bonté de Dieu avait pourvu à un moyen de délivrance : un ange venait de temps en temps agiter l’eau du réservoir, et le premier qui y entrait était guéri. Mais cela supposait que l’homme aurait la force de s’avancer jusqu’à l’eau.

Or ce paralytique qui attendait là depuis 38 ans n’avait jamais ni la force ni la possibilité de profiter de ce moyen de salut. Pas davantage que l’homme naturel — même entouré des bontés de Dieu — ne peut profiter de la loi pour obtenir le salut de son âme !


4.8 - La lumière du monde

Dans la scène sur laquelle nous venons de nous arrêter, le Seigneur montre que le sabbat n’est plus rien. Mais qu’en est-il des instructions morales de la loi ?

En Jean 8, les scribes et les pharisiens amènent au Seigneur « une femme surprise en adultère » (v. 3) et lui tendent un piège : « Dans la loi, Moïse nous a commandé de lapider de telles femmes ; toi donc, que dis-tu ? » (v. 5). Ils disaient cela pour l’éprouver, afin d’avoir de quoi l’accuser.

Jésus ne répond pas immédiatement. Il agit de façon à exercer leur conscience, s’ils en ont encore une, et à les placer devant la lumière divine. Il se baisse et écrit avec son doigt sur la terre. Puis il se relève et leur dit : « Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle ! » (v. 7). Il se baisse de nouveau et écrit encore sur la terre. L’un après l’autre, en commençant par les plus âgés, tous sortent. Jésus est laissé seul avec la femme. « Nul ne t’a-t-il condamnée ? », lui demande-t-il. Et ayant reçu sa réponse négative, il lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas ; va, — dorénavant ne pèche plus » (v. 11).

Jésus agit ici comme « la lumière du monde » — c’est ainsi qu’il se présente au verset 12 — comme cette « vraie lumière… qui, venant dans le monde, éclaire tout homme » (Jean 1:9). Il révèle la pensée de Dieu sur toute chose et manifeste l’état moral réel de tout homme. Les scribes et les pharisiens ont senti que leur état était incompatible avec la lumière divine et s’en sont allés. Ils ont renoncé à exercer la juste sentence de la loi sur la femme coupable. Le Seigneur a fait briller la grâce qu’il était venu proclamer, mais n’a fait aucun compromis avec le péché. Pour ce péché, pour nos péchés, il a souffert sur la croix.