Monard Jacques-André
ME 1996 p. 74… 114
Table des matières détaillée :
1 - La bonté de Dieu envers son peuple élu
2 - La bonté de Dieu envers ceux qui gardent ses commandements
3 - Je ferai passer toute ma bonté devant toi
4 - La bonté d’un Dieu qui pardonne
5 - La bonté de Dieu et ses voies
7 - La bonté de Dieu envers ceux qui le craignent et qui se confient en lui
8 - La bonté de Dieu envers David
9 - La bonté de Dieu qui sauve et qui restaure
10 - La bonté de Dieu dans le Nouveau Testament
10.4 - 2 Thessaloniciens 1:11, 12
11 - Soyez donc imitateurs de Dieu, comme de bien-aimés enfants (Éph. 5:1)
« Je suis l’Éternel, qui use de bonté, de
jugement et de justice sur la terre, car je trouve mes délices en ces choses-là
»
(Jér. 9:24).
Dans un grand nombre de passages, Dieu se présente comme celui qui est bon, qui se plaît à faire du bien à ses créatures. « L’Éternel est bon envers tous, et ses compassions sont sur toutes ses œuvres » (Ps. 145:9).
Nous nous proposons de suivre, au cours de l’Écriture, la révélation que Dieu donne de sa bonté, révélation qui va de pair avec celle des autres caractères divins. Le Nouveau Testament, qui nous conduit beaucoup plus loin que l’Ancien dans cette révélation, ne comporte que cinq passages concernant la bonté de Dieu. C’est donc essentiellement dans l’Ancien Testament que nous puiserons, en nous souvenant que ce que Dieu a révélé de lui-même à une époque peut sans doute être complété, mais n’a jamais besoin d’être corrigé. Dieu est le même, qu’il parle à Israël autrefois ou aux chrétiens aujourd’hui.
Sur
le rivage de la mer Rouge, Israël délivré d’Égypte chante à l’Éternel un
cantique de louange. Et nous y entendons : « Tu as conduit par ta bonté
ce peuple que tu as racheté »
(Ex. 15:13). L’Éternel avait vu la misère de son peuple, avait été ému de
compassion envers lui et était « descendu pour le délivrer » (Ex.
3:8). Sa bonté s’était manifestée par les jugements sur les oppresseurs, puis
par cette extraordinaire délivrance lors de la traversée de la mer Rouge. Mais
ce n’était qu’un commencement.
Trois mois plus tard, le peuple est rassemblé au pied de la montagne de Sinaï (Ex. 19:1). Les soins de Dieu envers son peuple ont été fidèles, en dépit de ses murmures et de ses contestations. Les cieux ont fait pleuvoir la manne qui nourrit, le rocher frappé a donné l’eau qui désaltère. Et maintenant Dieu attire l’attention de son peuple sur ce qu’il a fait pour eux : « Vous avez vu ce que j’ai fait à l’Égypte, et comment je vous ai portés sur des ailes d’aigle, et vous ai amenés à moi » (v. 4).
Là, au Sinaï, l’Éternel va conclure une alliance avec ce peuple qu’il s’est acquis. Elle ne sera pas selon le modèle de celle qu’il avait faite avec Abraham (cf. Genèse 15, où Dieu seul s’était engagé) mais ce sera une alliance bilatérale, le peuple recevant la bénédiction de Dieu sous la condition de son obéissance.
La traversée du désert, malgré toutes ses expériences douloureuses et humiliantes, demeurera le témoignage de la bonté de Dieu. L’apôtre Paul le rappellera dans sa prédication à Antioche : « Il prit soin d’eux dans le désert, comme une mère, environ quarante ans » (Act. 13:18).
L’alliance
conclue entre l’Éternel et les fils d’Israël au Sinaï a pour fondement la loi
des dix commandements. Cette dernière est donnée historiquement en Exode 20, et
confirmée à la nouvelle génération en Deutéronome 5. Dans le deuxième
commandement, Dieu fait mention de sa bonté, en rapport direct avec le
caractère général de la loi. Il dit : « Je suis un Dieu… qui use de bonté envers des milliers de ceux
qui m’aiment et qui gardent mes commandements
» (Ex. 20:6 ; Deut.
5:10). Il prend connaissance des actions des hommes, il les pèse, et il
rétribue justement. Ceci, d’ailleurs, est vrai dans tous les temps (cf. 1 Sam.
2:3 ; 1 Pierre 1:17 ; Apoc. 22:12 ; etc.).
Aux termes de la loi, Israël sera donc l’objet de la bonté de Dieu s’il l’aime et s’il garde ses commandements. Mais le peuple saura-t-il se maintenir dans un état où Dieu puisse le bénir selon sa justice ? Hélas ! pendant que Moïse est sur la montagne pour recevoir les tables de la loi et les instructions divines concernant la construction du tabernacle, Israël fait un veau d’or et se prosterne devant lui (Ex. 32). L’engagement formel du peuple, déclaré et répété : « Tout ce que l’Éternel a dit, nous le ferons » (Ex. 19:8 ; 24:3) est transgressé. Israël n’a plus rien d’autre à attendre de Dieu que son jugement.
Cependant la foi de Moïse le porte au-dessus de la loi dont il est le médiateur. Il intercède pour le peuple coupable. Et Dieu « dit qu’il les eût détruits, si Moïse, son élu, ne s’était pas tenu à la brèche devant lui, pour détourner sa fureur de sorte qu’il ne les détruisît pas » (Ps. 106:23). Mais trois mille hommes sont passés au fil de l’épée. Et Moïse dresse hors du camp la tente vers laquelle se rassemblent ceux qui cherchent l’Éternel. Dieu peut-il encore habiter au milieu du peuple ? Peut-il encore marcher avec ce peuple jusque dans le pays promis ? « Si ta face ne vient pas, dit Moïse, ne nous fais pas monter d’ici » (33:15). Et Dieu accède à la supplication de Moïse : « Je ferai cela aussi dont tu as parlé ; car tu as trouvé grâce à mes yeux, et je te connais par nom » (v. 17).
Moïse
s’enhardit : « Fais-moi voir, je te prie, ta gloire
» (v. 18). Mais dans les circonstances du moment,
c’était autre chose
que Dieu devait
manifester. Ce dont le peuple avait besoin alors, c’était de la miséricorde
divine. Aussi Dieu répond à Moïse : « Je ferai passer toute ma bonté
devant ta face » (v.
19). La révélation complète de ce qu’est Dieu était réservée pour d’autres
temps.
Avant la venue de Christ, Dieu n’a donné de lui-même que des révélations partielles. Il est impossible à l’homme pécheur de voir la face de Dieu, de supporter l’éclat de sa gloire, autrement que dans la manifestation qu’il en a donnée en Christ. « Personne ne vit jamais Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître » (Jean 1:18). « La Parole devint chair, et habita au milieu de nous (et nous vîmes sa gloire, une gloire comme d’un fils unique de la part du Père) pleine de grâce et de vérité » (Jean 1:14). Les apôtres en ont été les témoins, eux dans le cœur desquels la lumière divine avait resplendi « pour faire luire la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Christ » (2 Cor. 4:6).
Caché par l’Éternel lui-même dans la fente du rocher, Moïse sera admis à le voir par derrière, quand il aura passé (Ex. 33:21-23). Ces expressions suggèrent ceci : Moïse, ou d’autres hommes de foi de l’Ancien Testament, pouvaient connaître quelque chose de Dieu en contemplant ses traces. Après son passage, en voyant ses voies, ils apprenaient quelque chose de lui.
C’est
encore dans cette circonstance que Dieu révèle à Moïse un principe de toute
importance, celui de la souveraineté de
Dieu dans l’exercice de sa miséricorde
. « Je ferai grâce à qui je
ferai grâce, et je ferai miséricorde à qui je ferai miséricorde » (v. 19).
Dieu est souverain, c’est-à-dire entièrement libre de décider à qui il fait
grâce. En d’autres termes, la miséricorde de Dieu envers un homme pécheur n’est
pas fondée sur un mérite quelconque de celui-ci, mais uniquement sur les
raisons que Dieu trouve en son propre cœur. Sur le terrain de la seule justice,
Israël avait tout perdu, et n’avait à attendre que le jugement. Mais sur le
terrain de la miséricorde divine, il y avait espoir.
L’apôtre Paul développera ce principe permanent en Romains 9.
Lorsqu’il
était redescendu de la montagne de Sinaï, portant les tables de pierre sur
lesquelles le doigt de Dieu avait gravé les dix commandements, Moïse, saisi
d’indignation en voyant le veau d’or, avait brisé
les tables. Ce geste était le fruit de son discernement spirituel. Il
comprenait que si la loi entrait formellement dans le camp d’Israël, c’en était
fait du peuple. Quelques instants plus tard, il allait, dans le même élan
d’indignation, briser
le veau d’or.
Mais
l’épreuve de l’homme sous la loi n’est pas close, bien que son début en annonce
déjà clairement l’issue. « L’Éternel dit à Moïse : Taille-toi deux
tables de pierre comme les premières, et j’écrirai sur les tables les paroles
qui étaient sur les premières tables que tu as brisées » (Ex. 34:1).
L’Écriture souligne que ce sont les mêmes paroles qui sont écrites sur les
premières et sur les secondes tables (Deut. 10:4). La faiblesse, l’incapacité
ou la perversion de l’homme ne sauraient changer les normes divines quant au
bien et au mal. Seulement, en donnant la loi cette seconde fois, l’Éternel
communique à Moïse quelque chose de nouveau. Alors que Moïse était dans la
fente du rocher, « l’Éternel passa devant lui, et cria : L’Éternel,
l’Éternel ! Dieu, miséricordieux et faisant grâce, lent à la colère, et
grand en bonté et en vérité, gardant la bonté envers des milliers de générations,
pardonnant l’iniquité, la transgression et le péché, et qui ne tient nullement
celui qui en est coupable pour innocent » (Ex. 34:6, 7). Le texte même de
la loi ne mentionne la bonté de Dieu qu’en rapport avec ceux qui aiment Dieu et
gardent ses commandements. Mais les paroles que Dieu dit — et même crie — au
moment où il donne la loi pour la seconde fois révèlent la bonté d’un Dieu qui
pardonne l’iniquité, la transgression et le péché. La colère de Dieu n’est pas
supprimée — elle appartient à sa gloire ! — mais ce Dieu grand en bonté
est lent à la colère
. La foi des Israélites pieux s’attachera à cette
révélation, que l’Esprit de Dieu confirmera et complétera dans la suite. Car
Dieu est non seulement lent à la colère, mais « il ne garde pas sa colère
à toujours » (Ps. 103:9) et il est « bon, prompt à pardonner »
(Ps. 86:5).
Oh !
quel bonheur que Dieu ait en lui-même de telles ressources pour subvenir au
misérable état de l’homme ! Mais comment les exigences d’un Dieu qui
rétribue justement peuvent-elles se concilier avec la bonté et la grâce d’un
Dieu qui pardonne ? — voilà ce qui est demeuré un mystère jusqu’à la venue
de Christ. L’évangile de Dieu révélera sa justice « à l’égard du support
des péchés précédents, dans la patience de Dieu » (Rom. 3:25). Sur la
croix, Christ a pris la place des coupables repentants, a porté leurs péchés et
a enduré la colère de Dieu. Si Dieu n’avait pas eu dès le commencement l’œuvre
de Christ devant les yeux, il n’aurait pas pu se révéler comme un Dieu de
pardon. Et il l’a dit à Israël sous une forme cachée en instituant les
sacrifices. Ces animaux mis à mort à la place des coupables enseignaient le
principe divin de la substitution
:
une victime pure chargée des péchés de l’homme subit le jugement à sa place. Et
Christ seul pouvait être cette victime.
« L’Éternel
est juste
dans toutes ses voies, et bon
dans toutes ses œuvres » (Ps.
145:17). Les voies
de Dieu, ou son
chemin, c’est sa manière d’agir
.
Au
temps d’Ézéchiel, on accusait Dieu d’agir de façon incohérente ; on
disait : « La voie du Seigneur n’est pas réglée » (18:25). En
fait les voies de Dieu sont mystérieuses pour l’homme. Asaph dit :
« Ta voie est dans la mer, et tes sentiers dans les grandes eaux ; et
tes traces ne sont pas connues » (Ps. 77:19). Et aussi : « Ô
Dieu ! ta voie est dans le lieu saint » (v. 13). Elles ne peuvent
être comprises en quelque mesure que par ceux qui, dans une humble soumission,
entrent, comme Asaph, « dans les sanctuaires de Dieu » (Ps. 73:17). À
cet égard, le Psaume 103 montre une différence significative entre Moïse et les
fils d’Israël : « Il a fait connaître ses voies
à Moïse, ses actes
aux fils d’Israël » (v. 7). Le conducteur du peuple, l’intercesseur, celui
avec qui l’Éternel parlait « comme un homme parle avec son ami » (Ex.
33:11), entrait dans les pensées de Dieu. Le peuple lui-même ne voyait que ses
actes.
Au
Psaume 62, David résume de façon admirable les deux aspects — apparemment
contradictoires — des voies de Dieu : « Et à toi, Seigneur, est la bonté
; car toi tu rends
à chacun selon son œuvre »
(v. 12). Que nos cœurs s’appuient sur l’infinie bonté
de Dieu ! Et qu’ils demeurent continuellement dans sa
crainte, sachant qu’il rend
à chacun
selon son œuvre ! Cette rétribution peut avoir lieu sur la terre — c’est
ce qu’on appelle le gouvernement de Dieu
— ou au tribunal de Christ (2 Cor. 5:10). Quelque réel que soit ce
gouvernement, nous avons à être extrêmement prudents et réservés dans notre
appréciation des actes du Dieu souverain, surtout lorsque cela concerne nos
frères. Nous pourrions nous tromper lourdement.
Les
voies et les pensées de Dieu demeurent infiniment au-dessus des nôtres.
« Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes
voies, dit l’Éternel : car comme les cieux sont élevés au-dessus de la
terre, ainsi mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et mes pensées
au-dessus de vos pensées » (És. 55:8, 9). Après une sévère discipline,
l’un des grands de ce monde confesse : « Il agit selon son bon
plaisir… et il n’y a personne qui puisse arrêter sa main et lui dire :
Que fais-tu ? » (Dan. 4:35). Mais l’infinie distance entre les cieux
et la terre — comme dans le passage d’Ésaïe 55 — est aussi la mesure de sa
bonté : « Car comme les cieux sont élevés au-dessus de la terre, sa bonté
est grande envers ceux qui le
craignent » (Ps. 103:11). Et Celui qui affirme tout au long de l’Écriture
qu’il rend à l’homme selon son œuvre est libre d’agir d’une manière telle que
ses rachetés puissent dire : « Il ne nous a pas fait selon nos
péchés, et ne nous a pas rendu selon nos iniquités » (Ps. 103 :10).
Ces deux éléments de la bonté miséricordieuse de Dieu et de son jugement du mal apparaissent très clairement dans un passage de Nombres 14. Israël, dans le désert, vient d’entendre le compte-rendu des douze espions envoyés pour reconnaître le pays de Canaan. N’ayant ni confiance en Dieu ni foi en ses promesses, le peuple se décourage, refuse d’entrer dans le pays promis et s’apprête à retourner en Égypte. Comme dans l’histoire du veau d’or, Dieu est prêt à détruire le peuple, mais Moïse intercède. Il rappelle à l’Éternel les paroles qu’il avait criées lorsqu’il avait donné la loi pour la seconde fois : « L’Éternel est lent à la colère, et grand en bonté, pardonnant l’iniquité et la transgression, et qui ne tient nullement celui qui en est coupable pour innocent ». Et il conclut : « Pardonne, je te prie, l’iniquité de ce peuple, selon la grandeur de ta bonté, et comme tu as pardonné à ce peuple depuis l’Égypte jusqu’ici ». Dieu lui accorde sa demande, mais maintient les droits de sa sainteté. « Et l’Éternel dit : J’ai pardonné selon ta parole. Mais, aussi vrai que je suis vivant, toute la terre sera remplie de la gloire de l’Éternel » (Nomb. 14:18-21). Gloire redoutable que celle-ci ! C’est la gloire de Dieu dans l’exercice de son juste jugement. Le peuple ne sera pas détruit ; Dieu tiendra ses promesses et l’introduira en Canaan,… mais seulement quarante ans plus tard, quand toute cette génération incrédule aura péri dans le désert.
Il en est toujours ainsi. À nos yeux émerveillés, Dieu fait voir qu’il a les moyens de concilier parfaitement toutes les exigences de ce qu’il est, que ce soit en bonté, en jugement ou en justice.
« La bonté et la vérité se sont rencontrées,
la justice et la paix se sont entre-baisées
» (Ps. 85:10).
Rappelons
les grandes lignes de ce que nous avons considéré jusqu’ici. La loi donnée à
Israël par Moïse a été l’occasion de révéler deux aspects fondamentaux de la
bonté de Dieu. Premièrement
, dans le
texte même de la loi, et conformément à l’esprit de la loi, Dieu s’engage à
user de bonté envers ceux qui l’aiment et qui gardent ses commandements. Cette
bonté est la fidélité de Dieu à ses engagements ; elle a le caractère
d’une rétribution
de la fidélité de
l’homme. Deuxièmement
, lorsque
l’homme a fait faillite sur le terrain de sa responsabilité et a perdu tout
droit, Dieu, en réponse à l’intercession de la foi, se révèle comme étant grand
en bonté, lent à la colère et prompt à pardonner. Sous cet aspect, la bonté a
le caractère de grâce
.
Durant
toute l’histoire d’Israël jusqu’à la venue du Messie, ces deux fondements de la
révélation divine ont été rappelés par Dieu et invoqués par les hommes de foi.
À ce propos, soulignons ceci : bien que l’homme ait tout de suite montré
son incapacité à garder la loi, et par conséquent à obtenir la bénédiction de
Dieu sur la base de sa fidélité, ce sont ces deux
aspects de la bonté de Dieu qui sont constamment rappelés, et
non le second seulement. Dieu demeure celui qui juge justement et qui rend à
l’homme selon son œuvre.
À
la fin de la traversée du désert, Moïse déclare au peuple que l’Éternel est
« le Dieu fidèle, qui garde
l’alliance et la bonté
jusqu’à mille générations à ceux qui l’aiment et qui
gardent ses commandements, et qui récompense en face ceux qui le haïssent, pour
les faire périr » (Deut. 7:9). Voilà le premier aspect. Cette expression —
un Dieu qui garde l’alliance et la bonté —, est employée aussi par Salomon dans
la prière de la dédicace du temple (1 Rois 8:23) et, après le retour de la
captivité à Babylone, par Néhémie et par Daniel dans leurs intercessions (Néh.
1:5 ; Dan. 9:4).
D’un
autre côté, la bonté du Dieu de miséricorde, qui est lent à la colère
et prompt à
pardonner
, demeure la suprême ressource de la foi. Le même Néhémie
dit : « Mais toi, tu es un Dieu de pardons, faisant grâce, et
miséricordieux, lent à la colère, et grand en bonté, et tu ne les as point
abandonnés » (9:17). Joël s’écrie : « Déchirez vos cœurs, et non
vos vêtements, et revenez à l’Éternel, votre Dieu ; car il est plein de
grâce et miséricordieux, lent à la colère et grand en bonté, et il se repent du
mal dont il a menacé » (2:13). Voir aussi Jonas 4:2 et Psaumes 86:5,
15 ; 103:8, 9.
Dieu
a une « réserve » particulière de bonté pour ceux qui ont envers lui crainte
et confiance
: « Oh ! que ta bonté est grande, que tu
as mise en réserve pour ceux qui te craignent
,
et dont tu uses… envers ceux qui se confient
en toi » (Ps. 31:19).
Chez
l’homme pieux, la crainte et la confiance vont ensemble. Dans le monde, ces
deux sentiments ont tendance à s’exclure, mais dans le cœur du croyant, ils
sont tous deux parfaitement à leur place, et Dieu les apprécie hautement :
« Voici, l’œil de l’Éternel est sur ceux qui le craignent, sur ceux qui
s’attendent à sa bonté », « Le plaisir de l’Éternel est en ceux qui
le craignent, en ceux qui s’attendent à sa bonté » (Ps. 33:18 ; 147:11).
Dans ces deux versets, la confiance en Dieu se manifeste comme étant la confiance en sa bonté
. Dieu est connu
comme un Dieu qui aime, qui donne, qui pardonne ; et le cœur s’appuie sur
lui.
La
crainte de Dieu, lorsqu’elle est associée à la confiance en lui, ne comporte ni
peur ni insécurité. Le livre des Proverbes la définit ainsi : « La
crainte de l’Éternel, c’est de haïr le mal » (8:13). Le haïr, parce que
lui le hait. Si nous nous souvenons que nous avons affaire à un Dieu qui pèse
nos actions, nos chemins et nos cœurs, et qui rétribue (1 Sam. 2:3 ; Prov.
5:21 ; 21:2), si de plus nous nous souvenons que nous sommes bien faibles
pour résister aux sollicitations du mal qui nous entoure ou qui germe en nous,
nous avons tout lieu de craindre
.
« Le sage craint, et se retire du mal » (Prov. 14:16).
Mais, chez l’homme pieux, cette crainte salutaire s’allie à une entière confiance en Dieu, en sa puissance, en sa sagesse, en sa bonté. « Garde-moi, ô Dieu ! car je me confie en toi », dit le psalmiste (Ps. 16:1). « Tu as délivré mon âme de la mort : ne garderais-tu pas mes pieds de broncher… ? » (Ps. 56:13).
La
confiance en Dieu nous conduit à « crier » à lui lorsque nous sommes
dans la détresse. Sa bonté nous est alors assurée : « Car toi,
Seigneur ! tu es grand en bonté
envers tous ceux qui crient vers toi » (Ps. 86:5). Oui, « l’Éternel
est bon
pour ceux qui s’attendent à
lui, pour l’âme qui le cherche » (Lam. 3:25). « L’Éternel est bon
, un lieu fort au jour de la
détresse, et il connaît ceux qui se confient en lui » (Nahum 1:7).
Le psaume 103, qui contient plusieurs mentions de la bonté de l’Éternel, dit à deux reprises qu’elle est pour ceux qui le craignent : « Comme les cieux sont élevés au-dessus de la terre, sa bonté est grande envers ceux qui le craignent » (v. 11) ; « La bonté de l’Éternel est de tout temps et à toujours sur ceux qui le craignent » (v. 17).
Que le Seigneur travaille dans nos cœurs pour y produire ce double sentiment de crainte et de confiance qui l’honore, et auquel il a attaché de telles promesses !
C’est
par dizaines que peuvent se compter les passages des psaumes qui font mention
de la bonté de Dieu. Et s’il en est ainsi, ce n’est pas seulement parce que
leur auteur principal, David, a été caractérisé dès sa jeunesse par sa crainte
de Dieu et par sa confiance
en lui. C’est aussi parce que
David a été l’élu de Dieu, l’objet de son libre choix. N’avait-il pas, encore
jeune berger, lui le plus petit de la famille de son père, été oint pour être
roi sur Israël ? L’Éternel s’était « cherché un homme selon son
cœur » et l’avait « établi prince sur son peuple » (1 Sam.
13:14). Plus que cela, Dieu lui avait promis que la royauté sur Israël
appartiendrait à sa descendance pour toujours. « Je susciterai après toi
ta semence, qui sera un de tes fils, et j’affermirai son royaume… et
j’affermirai son trône pour toujours… et je ne retirerai pas d’avec lui ma bonté
» (1 Chr. 17:11-13).
Salomon en avait bien conscience quand il dit : « Tu as usé d’une grande bonté
envers ton serviteur David,
mon père, selon qu’il a marché devant toi en vérité et en justice, et en
droiture de cœur avec toi ; et tu lui as gardé cette grande bonté
, et tu lui as donné un fils qui est assis sur son
trône » (1 Rois 3:6). David lui-même avait un sentiment profond de la
faveur qui lui avait été faite : « C’est lui qui a donné de grandes
délivrances à son roi, et qui use de bonté envers son oint, envers David, et
envers sa semence, à toujours » (Ps. 18:50). « Car le roi se confie
en l’Éternel, et, par la bonté du Très-haut, il ne sera pas ébranlé » (Ps.
21:7).
Or, en raison du lien qu’il y avait entre David et son peuple, Israël avait un intérêt direct dans les bénédictions et les faveurs que Dieu avait accordées à son roi. Le psaume 89, d’Éthan l’Ezrakhite, nous présente prophétiquement Israël dans un temps d’oppression et d’opprobre, ses clôtures rompues, ses forteresses ruinées et son trône jeté par terre. Dans la détresse, le résidu rappelle à Dieu ses promesses à David (v. 3, 4, 20-23), et en particulier celle-ci : « Je lui garderai ma bonté à toujours, et mon alliance lui sera assurée » (v. 28). Alors, demandent les fidèles : « Où sont, Seigneur, tes premières bontés, que tu as jurées à David dans ta fidélité ? » (v. 49). C’est le cri de la foi, qui, envers et contre tout, s’appuie sur les promesses de Dieu.
Bien sûr, en tout ceci, David est un type de Christ. C’est de Lui que Dieu dit : « J’ai placé du secours sur un homme puissant » (v. 19) et « je ferai de lui le premier-né, le plus élevé des rois de la terre » (v. 27). Bien mieux que David, il est le garant du salut des siens et de la faveur de Dieu envers eux.
Mais
si les péchés d’Israël ont amené, et vont encore amener, une sévère discipline,
Dieu n’oublie pas ses promesses. Par la bouche des prophètes, il se réjouit
d’annoncer à son peuple l’aboutissement de toutes ses voies envers lui. Il dit
à Israël : « Dans l’effusion de la colère, je t’ai caché ma face pour
un moment ; mais avec une bonté
éternelle
j’aurai compassion de toi, … car les montagnes se retireraient
et les collines seraient ébranlées, que ma bonté ne se retirerait pas d’avec
toi » (És. 54:8, 10) ; « Je t’ai aimée d’un amour éternel ;
c’est pourquoi je t’attire avec bonté » (Jér. 31:3). Qu’il s’agisse
d’Israël comme peuple — autrefois ou dans un temps futur — ou qu’il s’agisse de
l’homme pécheur aujourd’hui, ou même du croyant qui a manqué, le chemin de la
restauration est toujours le même : la repentance. « Reviens, Israël
l’infidèle, dit l’Éternel ; je ne ferai pas peser sur vous un visage
irrité, car je suis bon
, dit
l’Éternel ; je ne garderai pas ma colère à toujours. Seulement, reconnais
ton iniquité » (Jér. 3:12, 13). « Auprès de l’Éternel est la bonté,
et il y a rédemption en abondance auprès de lui ; et lui rachètera Israël
de toutes ses iniquités » (Ps. 130:7, 8). « Il ne gardera pas à
perpétuité sa colère, parce qu’il prend son plaisir en la bonté » (Mich.
7:18).
Dans le Nouveau Testament, cinq passages seulement font mention de cette bonté, mais elle y brille d’un éclat incomparable. Nous les examinerons brièvement.
Nous
lisons : « Ou méprises-tu les
richesses de sa bonté, et de sa patience, et de sa longue attente, ne
connaissant pas que la bonté de Dieu te pousse à la repentance
? ».
L’épître révèle le salut que Dieu a préparé pour l’homme. Tout ce qui était
nécessaire pour qu’il puisse être revêtu de la justice de Dieu a été accompli à
la croix. Il n’a absolument aucune œuvre à accomplir pour acquérir cette
justice — il en serait d’ailleurs bien incapable. Il n’a qu’à la recevoir comme
un don de la grâce de Dieu. Mais cela implique la foi, la foi au témoignage que
Dieu a rendu concernant l’état irrémédiable de l’homme, et la foi qui se saisit
du don de Dieu. Cette foi montre son premier fruit dans la repentance. Le salut
n’est pas pour les justes — ou ceux qui se croient tels —, il est pour ceux qui
se reconnaissent pécheurs.
Or
Dieu, dans sa bonté envers l’homme, le
pousse à la repentance
. Il désire son salut. Il appelle :
« Venez, car déjà tout est prêt » (Luc 14:17). Son cœur désire que sa
maison soit remplie. « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix,
n’endurcissez pas vos cœurs » (Héb. 4:7). Ce n’est pas par des menaces qu’il
invite à la repentance, il veut toucher les cœurs par son amour. Que personne
ne méprise les richesses de sa bonté, de sa patience et de sa longue
attente !
Nous
avons là un autre aspect de la bonté de Dieu. Elle se montre dans le fait qu’il
offre sa grâce aux nations, qui précédemment étaient étrangères aux promesses à
Israël. « Un endurcissement partiel est arrivé à Israël » (v. 25) à
cause de son incrédulité, et l’évangile est prêché parmi les nations. Que
celles-ci ne s’enorgueillissent pas d’avoir, dans le temps actuel, une
préséance sur Israël ! « Considère
donc la bonté et la sévérité de Dieu : la sévérité envers ceux qui sont
tombés ; la bonté de Dieu envers toi, si tu persévères dans cette
bonté ; puisque autrement, toi aussi, tu seras coupé
» (v. 22).
Comme le montre clairement le contexte, dans ces versets, « tu » et
« toi », c’est « les nations », en contraste avec Israël.
Si Israël a été momentanément mis de côté par la sévérité de Dieu dans son
gouvernement, les nations doivent s’attendre à un jugement encore plus sévère
si elles ne profitent pas de la grâce que la bonté de Dieu leur offre
maintenant.
L’épître
aux Éphésiens nous présente le salut dans toute sa plénitude. Elle nous fait
regarder très bas et très haut. Très bas, à l’état où nous étions par
nature ; très haut, à la position dans laquelle Dieu a placés ses
rachetés. Nous étions esclaves de Satan, « enfants de colère »,
« morts
dans nos fautes et dans
nos péchés » (2:1-3). « Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à
cause de son grand amour dont il nous a aimés » (v. 4), est intervenu dans
une triple délivrance : « il nous a vivifiés
ensemble avec le Christ.., et nous a ressuscités
ensemble, et nous a fait
asseoir
ensemble dans les lieux
célestes
dans le Christ Jésus » (v. 5, 6). Nous étions morts, et il
nous a donné la vie, une vie qui est celle de Christ ressuscité. Selon le
chapitre 1, sa puissance « envers nous qui croyons » est celle
« qu’il a opérée dans le Christ, en le ressuscitant d’entre les morts »
(v. 19, 20). Ces bénédictions-là, nous les recevons avec Christ
, étant liés à lui. En outre, Dieu « l’a fait
asseoir à sa droite dans les lieux célestes » (1:20). Nous n’y sommes pas
encore avec lui, mais nous avons la certitude d’y être bientôt. Plus que cela,
notre lien avec lui est si réel, si étroit et si indestructible, que Dieu nous
considère déjà maintenant comme assis en
lui
dans les lieux célestes (cf. 1:3). C’est notre position comme rachetés,
et notre foi peut se saisir avec bonheur de ce que Dieu nous révèle ici. C’est
toujours le privilège de la foi de voir les choses comme Dieu les voit.
Le
verset suivant nous montre les résultats éternels de cette œuvre de salut, en
ce qui concerne la gloire de Dieu : « … afin qu’il montrât dans les siècles à venir les immenses richesses de
sa grâce, dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus
» (v. 7).
Cette bonté dépasse sans doute tout ce qui avait été révélé dans l’Ancien
Testament. Les bénédictions des rachetés découlent de Christ : de son
œuvre à la croix, de sa mort, de sa résurrection, de son élévation dans la
gloire. Elles sont fondées sur leur lien avec lui, et sur l’appréciation que
Dieu a de lui. Le lien entre David et son peuple en est le type au psaume 89,
comme nous l’avons remarqué.
Ce
chapitre nous parle de la venue du Seigneur en gloire et de sa manifestation
aux yeux de tous, avec ses rachetés. « Il viendra pour être, dans ce
jour-là, glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront
cru » (v. 10). Mais, en envisageant le jour futur où les résultats de
l’œuvre divine dans les croyants seront manifestés, l’apôtre exprime une prière
pour ceux auxquels il s’adresse : « que notre Dieu vous juge dignes de l’appel, et qu’il accomplisse tout
le bon plaisir de sa bonté et l’œuvre de la foi en puissance, en sorte que le
nom de notre Seigneur Jésus Christ soit glorifié en vous, et vous en lui
»
(v. 11, 12). Ici, la bonté de Dieu est à l’œuvre dans le cœur du croyant, pour
le former, pour le rendre plus semblable à Christ. Il ne devrait pas être
nécessaire d’attendre la venue du Seigneur en gloire pour que Christ soit
glorifié dans ceux qui ont cru. C’est aujourd’hui déjà qu’il devrait en être
ainsi, en quelque mesure. La bonté de Dieu est en activité en nous pour cela.
Puissions-nous le laisser accomplir ce travail dans nos cœurs !
Ce
chapitre met en évidence, comme Éphésiens 2, l’amour, la bonté, la grâce et la
miséricorde de Dieu. Le verset 3 énumère sept caractères de l’homme naturel, la
liste se terminant par « haïssables, nous haïssant l’un l’autre ».
Suit alors cette magnifique déclaration : « Mais, quand la bonté de notre Dieu sauveur et son amour envers les
hommes sont apparus, il nous sauva, non sur le principe d’œuvres accomplies en
justice, que nous, nous eussions faites, mais selon sa propre miséricorde
… »
(v. 4, 5). Après tout ce que l’Ancien Testament nous a appris concernant la
bonté de Dieu, nous sommes presque surpris de lire, à propos de la venue de
Christ ici-bas, « quand la bonté de Dieu et son amour envers les hommes
sont apparus
». Étaient-ils
inconnus précédemment ? Non, mais ce mot « apparus » souligne
l’immense supériorité de la révélation de Dieu en Christ sur toutes les
révélations précédentes. Quelque précieuses qu’elles aient été pour les hommes
de foi de la dispensation de la loi — et qu’elles soient encore pour nous
aujourd’hui —, elles pâlissent devant la révélation du Dieu d’amour et de bonté
qui donne son Fils unique pour le salut de ceux qui étaient
« haïssables ».
Dans
la conscience de la grande bonté de Dieu envers lui, David a eu à cœur d’en
manifester quelques reflets. Établi sur son trône, après les années éprouvantes
où il avait été traqué par Saül, le voici qui demande : « Y a-t-il
encore quelqu’un qui soit demeuré de reste de la maison de Saül ? et
j’userai de bonté envers lui à cause de Jonathan…, j’userai envers lui d’une bonté de Dieu
» (2 Sam. 9:1-3). Et
c’est ainsi que Mephibosheth, le boiteux, est introduit dans la maison du roi
et admis à manger à sa table tous les jours. Combien est remarquable cette
expression : j’userai envers lui d’une bonté de Dieu ! Une bonté à
l’image de la bonté de Dieu envers moi.
Le Nouveau Testament nous engage dans la même voie : « Revêtez-vous donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de longanimité, vous supportant l’un l’autre et vous pardonnant les uns aux autres » (Col. 3:12, 13). La bonté est un des éléments du fruit de l’Esprit, en Galates 5:22, et un des traits caractéristiques de l’amour, en 1 Corinthiens 13:4. Elle s’allie à la justice et à la vérité, comme « fruit de la lumière », en Éphésiens 5:9.
Dans les dernières pages de l’épître aux Romains, l’apôtre Paul écrit : « Or je suis persuadé, mes frères, … que vous-mêmes aussi vous êtes pleins de bonté, remplis de toute connaissance et capables de vous exhorter l’un l’autre » (15:14). La liaison de ces trois choses est bien remarquable. Exhorter son frère, devoir impérieux que nous négligeons parfois, exige que nous soyons « pleins de bonté », que le souvenir de la bonté et de la miséricorde de Dieu envers nous soit vivant dans nos cœurs. Ensuite, il exige que nous soyons « remplis de toute connaissance ». Ce ne sont pas des pensées personnelles que nous avons à mettre en avant lorsque nous nous exhortons l’un l’autre, mais ce que la parole de Dieu nous a enseigné.
« Célébrez
l’Éternel, car il est bon
, car sa bonté
demeure à toujours (Ps. 136:1).