F.B. Hole
Table des matières abrégée :
Table des matières détaillée :
2.5 - Ch. 1:5-14 — Sept citations de l’Ancien Testament
2.5.1 - Le contenu des versets
2.5.3 - Le but de ces citations
5.4 - Ch. 4:12-16 — Trois ressources : la Parole, la sacrificature de Christ, le trône de la grâce
12.1 - La foi dans la Parole de Dieu
12.2 - Ch. 11:1-3. Ce que fait la foi. La création
12.4 - Ch. 11:4-7. Abel, Énoch, Noé
12.6 - Ch. 11:20-22. Isaac Jacob et Joseph
14.6 - Ch. 13:11-21. Sortir hors du camp
14.6.1 - Sortir de la ville ou sortir hors du camp ?
14.6.2 - Application de 13:13 à la chrétienté
14.6.3 - Mille raisons pour ne pas obéir à 13:13. Les réponses des versets 15 à 17
14.6.4 - Première objection, et la réponse du verset 13:15
14.6.5 - Seconde objection, et la réponse du verset 13:16
14.6.6 - Troisième objection, et la réponse du verset 13:17
14.6.7 - Quatrième objection, et la réponse des versets 13:20-21
Quelques mots préliminaires avant de commencer à considérer le texte en détail.
Bien que dans la version anglaise autorisée du Roi Jacques le titre de ce merveilleux traité soit « Épître de Paul aux Hébreux », son auteur a pourtant été conduit par l’inspiration de l’Esprit à omettre à la fois son nom et celui de ceux à qui il écrivait. Pourtant on y retrouve partout le témoignage qu’elle était adressée à des croyants Hébreux, et d’après un certain nombre de petites allusions, il est quasiment sûr qu’elle a été écrite par Paul. S’il en est ainsi, il s’agit de l’épître aux croyants Juifs que Pierre mentionne dans sa seconde épître comme ayant été écrite par « notre bien-aimé frère Paul » (2 Pierre 3:15).
Au cours de la lecture de cette épître, nous verrons qu’elle a été écrite parce qu’une certaine lassitude avait envahi ces croyants ; ils avaient les mains lassées et les genoux défaillants dans la course chrétienne, et ces symptômes inquiétants faisaient craindre que cette tendance à reculer aille jusqu’à l’apostasie déclarée pour quelques-uns d’entre eux.
Nous verrons aussi qu’il sera par-dessus tout insisté sur l’immense supériorité du christianisme sur le judaïsme, bien que ce dernier fasse appel à la vue, et le christianisme à la foi seulement. Par ailleurs cette épître les appelait aussi à rompre les derniers liens qui les rattachaient au système juif périmé, auquel ils avaient tendance à se raccrocher comme les Actes des Apôtres le montrent : Cette épître a dû être écrite quelques années seulement avant la cessation de l’imposant rituel du Judaïsme lors de la destruction de Jérusalem.
Il ne faut pas sous-estimer l’importance de cette épître pour le temps actuel. Des multitudes de croyants de nos jours, bien que faisant partie des nations et donc nullement liées au judaïsme, sont encore asservies à des formes perverties du christianisme, qui consistent très largement en des formes, des cérémonies et des rituels, lesquels sont eux-mêmes des imitations du rituel juif ordonné autrefois par Dieu pour tout le temps précédant la venue de Christ. Il se peut que la plupart de nos lecteurs soient maintenant libérés de ces systèmes, par la grâce de Dieu, et pourtant la plupart d’entre nous ont eu plus ou moins à faire avec eux, et en ont été influencés presque sans s’en rendre compte.
Si notre foi est ravivée par la lecture de cette épître, si nos yeux spirituels sont renouvelés à la vue des immenses gloires de Christ, et de la réalité de toutes ces vérités spirituelles fondées sur Lui, nous retrouverons de la vigueur pour courir « avec patience la course qui est devant nous » (Héb. 12:1).
L’épître s’ouvre de manière très majestueuse. L’épître aux Hébreux est le seul livre de la Bible commençant par le mot DIEU. Nous sommes immédiatement mis en face du fait extraordinaire que Dieu, qui avait parlé autrefois aux pères d’Israël par des prophètes, a maintenant parlé, en plénitude divine et de manière définitive, dans Son Fils. Notez simplement en passant que le verset 1 témoigne que l’épître est adressée aux Hébreux, car l’expression « aux pères » n’aurait aucun sens pour quelqu’un des nations.
Dieu étant un Dieu vivant
,
on ne peut que s’attendre à ce qu’Il parle
.
Avant la venue du péché, Il parlait librement à Adam, face à face ; après
la chute Il ne s’est adressé qu’à des hommes choisis qui devinrent donc Ses porte-parole.
Les prophètes avaient juste à dire ce qu’Il leur donnait, et souvent ils ont prononcé
des paroles dont la signification complète leur était cachée, selon ce que nous
dit 1 Pierre 1:10-12. Quand le Seigneur Jésus est venu accomplir la rédemption,
Dieu a fait connaître toutes Ses pensées. Il n’a pas simplement parlé par
Lui, comme un porte-parole, mais en
Lui. La distinction ne ressort pas de
la version autorisée anglaise, mais elle le devrait, car la préposition du
verset 2 n’est pas « par » mais « dans ». Cette distinction
est importante car elle préserve d’emblée le caractère unique de notre
Seigneur. Quand le Fils parlait, c’était Dieu qui parlait, pour la simple
raison que le Fils était Dieu.
Ayant mentionné le Fils, le Saint Esprit se met à déployer Sa
gloire, non seulement la gloire qui est essentiellement la Sienne comme Dieu et
comme Créateur, mais aussi celle qui est la Sienne en raison de l’œuvre de la
rédemption. Ceci conduit à une digression longue mais très nécessaire, jusqu’à
la fin du chapitre, tant et si bien que ces versets pourraient être mis en
parenthèses. Nous devrions donc, après le mot « Fils » (1:2), passer
directement au début du ch. 2, pour avoir le sens complet : « Dieu …
nous a parlé dans le Fils … C’est pourquoi nous devons porter une plus grande
attention ». Ce n’est qu’en arrivant au v. 3 du ch. 2, qu’on découvre la
direction et le thème principal de ce discours Divin. C’était « un si grand salut
qui a commencé par être annoncé par le Seigneur
». Quand
Dieu formulait Ses commandements aux hommes, il suffisait que les anges Le
servent, et qu’un homme comme Moïse soit Son porte-parole. Maintenant que ce
grand salut est le thème, le Fils Lui-même s’avance pour parler.
Cependant le thème direct du ch. 1 est la gloire unique du Fils. Dès qu’Il est mentionné, nos pensées sont emportées vers le moment où Sa gloire sera pleinement manifestée, puis elles sont ramenées vers le moment où cette gloire apparut en premier, en rapport avec les créatures. D’un côté, Il est l’Héritier, non seulement du trône de David, mais de « toutes choses », et cette expression recouvre les choses qui sont dans les cieux, et non pas seulement celles qui sont sur la terre. D’un autre côté, quand les mondes furent faits, c’est Lui qui les a faits. Dieu a effectivement créé, selon Genèse 1:1, mais quand les Personnes divines sont distinguées, comme dans ce passage d’Hébreux 1, la création n’est pas attribuée au Père, mais au Fils. Le Fils, que nous connaissons comme notre précieux Seigneur Jésus, fut l’Acteur tout-puissant dans ces scènes de création dont la splendeur est inconcevable.
Le v. 3 place devant nous trois grandes choses Le concernant. D’abord
nous avons ce qu’Il est
, le
resplendissement de la gloire de Dieu et l’expression exacte de tout ce que
Dieu est. Deuxièmement, il nous est dit ce
qu’Il a fait
. Par Lui-même Il a accompli l’œuvre qui fait la purification
des péchés. Comment Il l’a faite, cela n’est pas dit pour le moment, mais nous
savons que ce fut par la mort de la croix. Troisièmement, il nous est dit où Il est
. Il s’est assis à la droite de
la Majesté dans les hauts lieux, c’est-à-dire qu’Il est assis à la place du
pouvoir suprême, d’où tout sera administré en son temps. Combien il est
merveilleux que ces trois choses aillent ensemble ! L’efficacité de l’œuvre
qu’Il a accomplie dépendait de qui Il était et de ce qu’Il était ; tandis
que la preuve et la démonstration de l’efficacité de Son œuvre ressortent du lieu
où Il est, dans le fait qu’Il est assis à la place du pouvoir suprême. Si un
croyant en Jésus est encore tourmenté par des doutes et des inquiétudes quant à
la question de savoir s’il est réellement et effectivement purifié de ses
péchés, qu’il regarde par la foi à ce trône dans les cieux où Jésus est assis,
et qu’il ne doute plus !
Au verset 3 nous trouvons aussi le fait merveilleux que le Fils est le Soutien de toutes choses. Le verset précédent L’avait placé devant nous comme le Créateur de toutes choses, et comme l’Héritier de toutes choses. Maintenant nous découvrons qu’Il soutient et maintient toutes choses par la parole de Sa puissance. On parle quelquefois des lois de l’univers, on observe le fonctionnement de la loi de la gravitation, bien qu’on en ignore l’origine et la cause. Il se peut même qu’avant peu il nous faille entendre la science versatile modifier et renverser tout ce qu’elle avait affirmé auparavant au sujet de ces lois. Eh bien, qu’il en soit ainsi ! Nous savons que LA LOI de l’univers est la parole de Sa puissance, et c’est là tout ce qui compte réellement. Toutes les lois que nous pouvons observer, ou croire observer, sont très secondaires, et si les têtes pensantes des spéculations scientifiques renversaient soudainement leurs déclarations, nous ne changerions pas d’un cheveu.
Reprenons ceci brièvement. Le Fils est le Créateur, le Soutien et l’Héritier de toutes choses. Il est en outre l’Expression exacte de tout ce que Dieu est (l’empreinte de Sa substance), étant Dieu Lui-même ; et étant cette expression exacte, Il s’est avancé pour être d’une part le Divin Porte-parole, et d’autre part le Rédempteur. S’Il s’était borné à parler, nous aurions tous été terrifiés, mais comme Il a à la fois fait la purification de nos péchés et parlé, nous pouvons recevoir avec joie la révélation qu’Il a faite.
Au verset 4, Il est mis en contraste avec les anges, et ce contraste
ne fait pas simplement l’objet d’une courte allusion : le thème est développé
très longuement, jusqu’à la fin du chapitre. Et il y a bien CONTRASTE à tous
égards. En disant cela, nous soulignons l’un des aspects caractéristiques de
cette épître. En avançant dans l’épître, nous trouverons continuellement des
références à l’ancien ordre de choses établi quand la loi fut donnée à Moïse.
Ces choses anciennes et matérielles avaient une certaine ressemblance avec les
choses nouvelles et spirituelles établies et introduites par le Seigneur Jésus,
et elles étaient destinées à servir de modèles ou de types. Mais quand on met ces
types en face des réalités qu’ils typifient, on voit alors l’immensité du
contraste. Comme les cieux sont hauts au-dessus de la terre, ainsi l’antitype
dépasse le type. Dans notre épître la ressemblance
est considérée comme allant de soi, et l’accent est mis sur le contraste
.
On pourrait cependant se demander pourquoi le contraste avec les
anges
est tant développé, et même
poursuivi au chapitre suivant ? Quelle en est la raison ? Eh bien, tous
les Juifs savaient que les anges avaient joué un rôle important en rapport avec
le don de la loi par Moïse, bien qu’il en soit peu parlé dans l’Exode. Les
paroles d’Étienne relatées en Actes 7:53, le montrent tout comme le verset Héb.
2:2. Ce déploiement d’anges pouvait donner, dans l’esprit des gens, un appui
très fort à Moïse et à la loi qu’il leur apportait. Et voilà maintenant apparaître
parmi les hommes le Divin Porte-parole, même si pour eux il n’est encore que
Jésus de Nazareth, un Homme humble et méprisé. Il n’y a aucune beauté en Lui qui
nous Le fasse désirer, ni Lui ni Ses paroles, et il n’y a aucun déploiement d’anges
pour L’accréditer. Il était donc de la plus haute importance d’insister sur la
vraie gloire de Sa personne comme étant infiniment au-dessus de tous les anges.
S’il avait été ouvertement servi par des myriades de myriades d’anges, cela ne
Lui aurait rien donné de plus.
Il est dit deux choses au verset 4 — d’une part qu’Il a un nom
plus excellent que les anges par héritage
,
et d’autre part qu’Il est devenu plus excellent qu’eux. Les mots « étant devenu »
peuvent aussi être traduits par « étant fait » ou « prenant une
place ». L’expression « Il a hérité d’un nom plus excellent que les
anges » se réfère à Sa supériorité en raison de Sa gloire dans la Déité. L’autre
expression (Il est devenu plus excellent) se réfère à la place qu’Il occupe
maintenant dans Son humanité comme Celui qui a accompli la rédemption. Et
remarquez que Sa supériorité est déclarée de manière égale dans les deux cas, comme
cela ressort des mots « d’autant plus… que ». Relisez le verset pour
vous-même, et vous verrez.
Ces faits comme le verset 4 les pose, sont soutenus et prouvés par une série remarquable de citations de l’Ancien Testament, allant du verset 5 à la fin du chapitre. Remarquons simplement la suite du raisonnement.
Les versets 5 et 6 contiennent trois citations donnant les
déclarations de Dieu quand Il introduit le Seigneur Jésus parmi les hommes. Ces
citations soutiennent de manière décisive ce qui est dit au verset 4,
spécialement l’affirmation qu’Il est plus excellent que les anges par héritage
.
Au verset 7, nous avons une citation qui déclare simplement la nature des anges et la raison de leur existence. Par nature, ce sont des esprits, et ils sont des administrateurs pour servir la volonté Divine. Le contraste porte à la fois sur ce qui précède et ce qui suit.
Les versets 8 à 12 donnent deux citations de déclarations de Dieu à Christ ; les deux fois c’est en tant qu’homme que la déclaration Lui est adressée, et pourtant Il est salué comme Dieu et comme le Créateur.
Au verset 13 il y a la citation du décret qui L’a exalté à la
droite de la Majesté en haut, et il nous est affirmé que ceci n’a jamais été
dit aux anges. Ceux-ci ne sont que des esprits, et ils sont heureux, selon la
volonté divine, de servir ces créatures si humbles, autrefois pécheurs déchus,
mais destinées à être héritiers du salut. Tout ceci, et particulièrement les
versets 9 à 13, nous montre qu’Il est plus excellent que les anges dans la
mesure où Il a pris une place
tellement
plus élevée que la leur.
Dans ces versets, il y a en tout sept citations de l’Ancien Testament : l’une concerne les anges et six concernent Christ. Ces dernières proviennent du psaume 2:7, de 2 Samuel 7:14 (ou 1 Chr. 17:13), des psaumes 97:7 et 45:6-7 et 102:25-27 et 110:1, et chacune mérite d’être étudiée séparément.
La première citation (Ps. 2:7) est profondément intéressante en ce qu’elle montre que, même comme homme né dans le temps, Il est le Fils de Dieu. Ces paroles anticipent la naissance d’une vierge, dont l’accomplissement est annoncé en Luc 1:35. On peut dire que ce passage donne les paroles de Dieu à Christ lors de Son incarnation.
La deuxième citation (1 Chr. 17:13 et 2 Sam. 7:14) est remarquable en ce qu’elle montre combien le Saint Esprit a toujours Christ en vue. En lisant 2 Samuel 7, on pourrait penser que ces paroles ne se réfèrent qu’à Salomon. D’une manière immédiate, c’est bien Salomon qui était en vue, comme le montre le contexte qui suit ; mais au-delà de Salomon, c’est bien Christ qui est en vue.
La troisième citation (Ps. 97:7) donne le décret concernant Christ au moment de Sa réintroduction dans le monde en puissance et en gloire ; non pas lors de Sa première venue, mais lors de Sa seconde venue. Selon le psaume, le « Lui » est clairement l’Éternel. En Hébreux 1, le « Lui » est clairement Christ. Qu’est-ce que cela nous enseigne ? Remarquez aussi que le terme « dieux » peut être utilisé pour quiconque représente Dieu, que ce soit des anges comme ici, ou des hommes comme dans le psaume 82:6, que le Seigneur cite en Jean 10:34.
La quatrième citation est celle du psaume 45, avec ce qui est dit au Fils par Dieu au début du règne millénaire. Il est un Homme, car Dieu est Son Dieu, mais les paroles qui lui sont adressées le traitent comme Dieu. Comme Homme, Il a des compagnons, et pourtant Il possède un bonheur qui est au dessus d’eux — combien nous en sommes heureux !
La cinquième citation, celle du psaume 102:25-27, nous donne la parole divine qui Lui a été adressée au moment de Son extrême humiliation et de sa profonde affliction — on peut presque dire, au jardin de Gethsémané. Celui qui est retranché au milieu de Ses jours, est déclaré être le puissant Créateur, qui finalement consumera ou changera tout ce qui a besoin d’être changé dans la création, mais qui, quant à Lui-même, demeure éternellement le même.
La sixième citation provient du psaume 110:1. Elle tourne nos pensées vers Christ comme le Ressuscité, et nous donne la parole que Dieu Lui adressait alors qu’Il montait aux cieux. Nous sommes ainsi conduits au lieu où se trouve Christ, et nous sommes préparés à Le voir là, et à apprendre la signification de Sa séance en gloire quand nous en arriverons au ch. 2.
Tout ce merveilleux déploiement de l’excellence de notre précieux
Sauveur a pour but que nous soyons marqués par la grandeur de Celui en qui Dieu
nous a parlé. Il est, selon l’expression du ch. 3:1, « l’Apôtre
… de notre confession ». Un
apôtre est un « envoyé », quelqu’un qui vient à nous de la part de
Dieu, nous apportant un message divin. Notre Seigneur Jésus est ainsi venu nous
apporter la révélation divine complète ; seulement Il est Lui-même Dieu.
Ce fait élève immédiatement tout ce qu’Il nous a dit à un niveau bien au dessus
de tout ce qui a été dit auparavant. Les prophètes d’autrefois, étaient
pleinement inspirés par Dieu, et par conséquent, tout ce qu’ils avaient dit
était digne de foi et doit s’accomplir, mais ils ne pouvaient jamais nous
communiquer la révélation que nous avons en Christ.
Les Hébreux avaient été introduits dans la merveilleuse lumière de cette révélation. Et nous aussi, grâces à Dieu !
Voyant que Dieu s’est adressé Lui-même à nous en Christ, qui est bien supérieur non seulement à Moïse, mais aussi à ces anges des mains desquels Moïse reçut la loi, nous devrions faire bien plus attention à tout ce qui a été dit. Le second chapitre commence donc ainsi, et il est impossible d’en éluder la force solennelle. Il ne fallait nullement badiner avec la parole de Dieu prononcée par les anges, comme Israël s’en est aperçu avant d’aller bien loin dans la traversée du désert. Que dire alors de la parole qui nous est parvenue dans et par le Fils de Dieu !
Le premier verset est rendu en français par : « de peur que nous ne nous écartions ». « Laisser échapper les choses entendues » signifierait un manque de mémoire ou de la négligence, mais « s’en écarter » peut même aller jusqu’à l’apostasie. De même au verset 3 le mot « négliger » contient l’idée de ne pas se soucier du grand salut de Dieu alors qu’on fait partie des chrétiens professants ; ce n’est pas simplement négliger l’évangile qui nous a été prêché. Par ces mots donc, nous avons le premier des avertissements solennels contre l’apostasie qui seront répétés tout au long de l’épître ; néanmoins l’utilisation de ces mots en rapport avec l’évangile est tout à fait justifiée. Si celui qui fait profession de christianisme n’échappera en aucune façon, encore moins échapperont ceux qui ne prêtent aucune attention à l’évangile quand ils l’entendent.
Cependant nous voyons aux versets 2 et 3 qu’il est bien plus grave de faire peu cas du salut de Dieu que de transgresser Sa loi, car il n’y a pas de plus grand péché que de mépriser la grâce de Dieu. Autrefois Moïse avait été l’envoyé, et avait reçu mission d’annoncer le salut hors d’Égypte à leurs pères, puis il a dûment accompli ce salut. La grandeur de notre salut se voit dans le fait que Celui qui l’a annoncé est le Seigneur, dont la gloire a été placée devant nous au ch. 1, et dans le fait que les apôtres qui confirmèrent Son message après Son exaltation aux cieux, étaient eux-mêmes accrédités par de grandes manifestations de puissance divine dans l’énergie du Saint Esprit qui leur avait été donné. Plus tard nous trouverons que le Seigneur Jésus a agi comme l’Apôtre en annonçant le grand salut, mais que tout a été accompli par Lui comme Garant, Médiateur et comme Sacrifice.
Dans notre chapitre, l’accent est mis sur Sa sacrificature. Pour le moment, un nouvel ordre de choses est encore à établir, ce dont parle le verset 5 comme « le monde habité à venir ». Tous les Juifs attendaient qu’un nouvel ordre de choses soit introduit par la venue du Messie. Or dans ce monde à venir les anges ne seront pas l’autorité suprême, bien qu’ils auront certains services y à rendre comme d’autres passages le montrent. Ce monde à venir sera intégralement soumis à Christ comme Fils de l’homme, selon la prédiction du 8, quand le Seigneur revêtira sa grande autorité (Il sera sacrificateur sur son trône ; Zach. 6:13).
La citation du psaume 8 va de la fin du verset 6 à la première phrase du verset 8. Dans le reste du verset 8 et au verset 9, nous avons une explication inspirée sur la manière dont cette citation s’applique au temps actuel. La citation commence au moment où David, après avoir contemplé les merveilles de l’univers, demande ce que vaut l’homme. Il utilise un mot hébreu signifiant « un homme fragile » ou « un homme mortel ». Eh bien, que vaut-il ? Rien, évidemment. Alors, que sera-t-il dit du Fils de l’homme ? Ah, là l’histoire n’est pas la même. Même dans le psaume 8, David a changé de mot, en remplaçant « homme mortel » par « Fils d’Adam » ; et nous savons que le Seigneur l’était justement, comme on le voit en Luc 3:38. Il est digne de tout. Bien qu’Il ait été fait autrefois un peu moindre que les anges, il doit être couronné de gloire et d’honneur, et avoir la domination absolue, avec toutes choses assujetties sous Ses pieds.
Il est très remarquable que la citation s’arrête juste au point où, dans le psaume, certaines expressions paraissent se mettre à restreindre le « toutes choses » mises sous ses pieds aux choses qui sont sur la terre et dans la mer. La vision des choses dans l’Ancien Testament n’allait pas au-delà de cela. Dans notre chapitre par contre, au moment où l’on passe de la citation à l’explication, un domaine bien plus vaste est envisagé. Nous sommes certains qu’il faut attribuer au petit mot « toutes » sa pleine valeur, sans la moindre ombre de restriction. Cherchez dans tout l’univers, et vous ne trouverez rien qui ne Lui soit assujetti. Dans ce monde à venir, l’homme, dans la personne du Fils de l’homme, sera absolument à la position suprême.
C’est un fait des plus merveilleux et glorieux, illustrant le
fait que Dieu voit toujours la fin dès le commencement, et n’est jamais pris au
dépourvu ni détourné de Son propos dans tout ce à quoi Il met la main. Dieu n’a
jamais créé les anges pour dominer : Il les a créés pour servir. La seule
créature dont nous sachions qu’elle ait été faite pour dominer, c’est l’homme.
C’est de lui seul qu’il est dit : « Faisons l’homme… et qu’ils dominent
… Et Dieu créa l’homme
» (Gen. 1:26-27). L’homme a
failli : il a cessé de gouverner la création inférieure en aucun sens
propre ; il a même cessé de se gouverner correctement lui-même. Le propos
de Dieu a-t-il échoué pour autant ? Non seulement il n’a pas échoué, mais
quand le FILS DE L’HOMME apparaîtra dans Sa gloire, le propos Divin sera alors
établi avec une plénitude et une gloire encore plus grandes et dont personne ne
pouvait rêver quand Adam fut créé, sauf Dieu. Au lieu d’échouer, Dieu a
triomphé de la manière la plus glorieuse.
Certains peuvent se dire : C’est possible, mais on n’en voit guère de signes dans le monde actuel. C’est vrai. Nous ne voyons pas encore que toutes choses soient assujetties à Christ. Même ceux qui professent Le suivre ne montrent guère de signes qu’ils Lui sont réellement assujettis. C’est un fait que nous vivons à une époque où il y a très peu de signes visibles, sauf si nous possédons le genre de vue télescopique que donne la foi.
C’est la foi qui voit. Ce sujet sera développé plus en détails
au ch. 11, spécialement dans les versets 8 à 22, et 27. Ces grands hommes d’autrefois
ont pénétré par la foi dans le monde invisible, sans pourtant jamais voir ce
qui brille devant nous — pour autant que nous ayons vraiment la vue perçante de
la foi. Nous voyons Jésus, autrefois humilié, mais maintenant couronné de
gloire et d’honneur au plus haut des cieux. Les Hébreux possédaient-ils la
puissance de vue télescopique de la foi, pénétrant jusqu’à Jésus couronné de gloire,
et jusqu’aux choses qui sont au-dessus du soleil ? Et nous, l’avons-nous
? Si oui, nous ne négligerons pas le grand
salut ; nous ne nous laisserons pas aller, ni ne glisserons vers l’apostasie.
Regardant à Jésus, nous courrons la course chrétienne avec l’énergie donnée de
Dieu.
Mais que signifie cette expression du psaume 8 selon laquelle le Fils de l’homme a été fait « un peu moindre que les anges » ? N’avons-nous pas lu au premier chapitre qu’Il est « devenu d’autant plus excellent que les anges » ? Il y a bien là une contradiction apparente.
Ces passages où semblent apparaître des contradictions sont bien
utiles s’ils nous amènent à faire le point et à réfléchir
. En les plaçant dans leur contexte, et en méditant sur
eux, nous découvrons des harmonies et des enseignements que nous n’aurions pas
vus autrement. Voyons ce qu’il en est du passage placé devant nous. Au ch. 1, l’accent
est mis sur la Déité de notre Seigneur, en relation avec Son Apostolat.
Pourtant Il est devenu un Homme, de sorte que Dieu est Son Dieu. Mais si l’on
considère que c’est DIEU qui est devenu homme, Il est nécessairement « plus
excellent que les anges ».
Au chapitre 2, l’accent est mis sur l’humanité du Seigneur Jésus. Il est devenu homme en vue de souffrir la mort. L’homme a été créé ainsi : esprit, âme et corps, de sorte qu’il peut mourir, par séparation de la partie spirituelle de son être d’avec son corps. À cet égard, l’homme a été créé un peu inférieur aux anges. Or le Fils de Dieu est devenu le Fils de l’Homme dans un sens si réel que, comme homme, Il a pris sur Lui la condamnation à mort, et Il est mort pour les hommes. De ce point de vue, « Il a été fait un peu moindre que les anges », car les anges ne meurent jamais.
Dans ces merveilleux versets, on trouve une expression six fois répétée : trois fois au verset 8, une fois au verset 9 et deux fois au verset 10. C’est l’expression « toutes choses », et ce n’est qu’à la fin du verset 9 qu’elle est traduite différemment. Le Seigneur Jésus a goûté la mort pour « tout », ou pour « chacun » [voir la note dans la traduction J.N. Darby], non pas seulement pour les Juifs. Actuellement, « tout » Lui est assujetti, mais c’est seulement dans le monde à venir que nous le verrons effectivement.
Au verset 10, nous trouvons le second but en vue dans les souffrances et la mort de Christ. Non seulement, Il a fait propitiation pour « tout », mais par là Il s’est qualifié (si l’on peut dire) pour la position qu’Il avait à prendre selon le propos de Dieu. Dieu a institué un nouveau pèlerinage. Autrefois Il s’était servi de Moïse et Josué pour amener le peuple d’Égypte en Canaan. Maintenant Il a entrepris l’œuvre puissante d’amener plusieurs fils à la gloire, — des fils rassemblés d’entre toutes les nations. Il n’échouera pas dans cette glorieuse entreprise car premièrement, Lui qui l’a initiée, a toutes choses à Sa disposition, et deuxièmement Celui à qui cette entreprise a été confiée comme Chef, est le Christ ressuscité. Il a subi toutes les souffrances possibles ici-bas pour avoir une pleine connaissance expérimentale de toutes les douleurs qui affligent ceux qui sont maintenant les fils en chemin pour la gloire.
N’est-ce pas merveilleux que le Seigneur Jésus ait condescendu à devenir le Chef de notre salut ? Bien que ce soit merveilleux, c’est un fait. Étant mort et ressuscité, Il s’est placé à la tête de la grande famille des rachetés qui est rassemblée d’entre les nations et amenée à la gloire. Ce sont les sanctifiés dont parle le verset 11 — c’est-à-dire ceux qui sont mis à part pour Dieu — mais Il est Celui qui sanctifie. Ils sont mis à part pour Dieu en vertu de leur relation avec Lui.
Notre relation avec Lui est très proche et intime, au point qu’il
peut être dit que « Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont
tous d’un ». Tous d’un : qu’est-ce que cela signifie ? Cela ne
nous est pas dit. Mais puisqu’il est dit ensuite : « C’est pourquoi
il n’a pas honte de les
appeler frères », il semble que la pensée est que Lui et eux sont de la
même lignée, de la même vie et de la même nature. Le jour est arrivé où nous
savons, selon les propres paroles du Seigneur en Jean 14:20, que Lui est dans
le Père, que nous sommes en Lui
, et
Lui en nous ; et le jour est aussi venu où, selon Jean 17:19, Il s’est
sanctifié Lui-même pour nous dans le ciel afin que nous soyons sanctifiés par
la vérité.
Trois passages de l’Ancien Testament sont cités aux versets 12 et 13 afin de montrer à quel point nous sommes complètement identifiés avec Lui, et Lui avec nous, et aussi que cet immense privilège était prédit, bien que non réalisé, dans les temps précédant Sa venue. Le premier des trois est spécialement remarquable. Il vient de la dernière partie du psaume 22, juste à l’endroit où la prophétie passe de Sa mort à Sa résurrection, et le mot « congrégation » est traduit par le mot « assemblée ». L’assemblée (c’est-à-dire l’ » ecclesia », ceux qui sont appelés en dehors) est ce à quoi nous appartenons tous, et ici elle est tout à fait identifiée avec les « plusieurs fils » et les « sanctifiés » des versets précédents.
Mais s’il fallait que nous soyons identifié avec Lui de cette manière merveilleuse, il était d’abord nécessaire qu’en grâce, Il s’identifie avec nous dans notre besoin, et c’est ce qu’Il a fait en toutes choses à part le péché. Il n’est pas venu sauver des anges, mais des hommes. Par conséquent il n’a pas revêtu la nature des anges, mais celle des hommes, et en particulier celle de la semence d’Abraham, car comme nous le savons, le Seigneur est issu de Juda. Le mot « prend » utilisé au v. 16 signifie « se saisir de », et on a dit que « ce mot est constamment utilisé pour ‘se charger d’une personne pour l’aider’, mais aussi dans d’autres sens ». Quelle grâce étonnante quand nous voyons qu’elle impliquait qu’Il ait part au sang et à la chair, ce qui est le lot commun de l’humanité, mais Lui l’a fait afin de pouvoir mourir.
Le verset 14 est tout aussi clair là-dessus que le verset 9.
Seule la mort pouvait régler la situation tragique où nous nous trouvions. La
mort est possible pour l’homme puisqu’il participe au sang et à la chair. Son
sang peut être versé, et sa chair se corrompre, et son esprit revenir à Dieu
qui l’a donné — tout choses qui sont impossibles aux anges. La mort est en fait
apparue comme la sentence divine sur tous les hommes à cause du péché ; et
Satan, après avoir incité l’homme à désobéir au commencement, manie maintenant
le pouvoir de la mort sur les consciences des hommes, en les effrayant et en
les tenant par-là en esclavage. Qu’est-ce qui pourrait détruire (c’est à dire annuler
ou anéantir ou rendre impuissant) le diable et le pouvoir qu’il manie ?
Une chose seulement. Rien d’autre que la MORT ne pouvait annuler la mort
. Et seule la mort d’un HOMME pouvait
annuler la mort pour les hommes
. Tout
ceci a été accompli. Le Chef de notre salut, en prenant part au sang et à la
chair, est devenu un vrai Homme et est mort pour nous.
« La chair et le sang » est une expression qui décrit
l’état et la condition de l’humanité, sans référence à la question du péché.
Quand Adam est sorti tout frais émoulu des mains du Dieu Créateur, il
participait à la chair et au sang, mais son humanité était innocente
. Il chuta, et lui et sa postérité restèrent participant
au sang et à la chair, mais c’était la chair et le sang d’une humanité déchue
. Notre précieux Seigneur Jésus a participé
au sang et à la chair, et Son humanité est l’essence même de la sainteté
.
Cependant il convenait pour Lui qu’en toutes choses Il soit fait
semblable à ceux dont il avait pris la cause en main, comme le déclare le
verset 17. C’est une déclaration très forte, et la réalité qu’elle présente
sera un thème d’émerveillement et d’adoration pendant toute l’éternité. Pensez un
peu combien il Lui aurait plu de s’abaisser et de sauver Ses créatures
pécheresses et avilies sans leur être du tout fait semblable. Mais cela n’aurait
pas convenu à Son amour, même si cela avait pu avoir lieu en respectant Sa
justice. Participant au sang et à la chair, Il voulait leur ressembler en toutes choses
. Il devait être tenté
et souffrir, selon le verset 18, et entrer ainsi dans toutes leurs expériences
sauf celles impliquant le péché, et cela en vue de devenir le Souverain Sacrificateur
de Son peuple.
Tout au long de la dernière partie de ce chapitre, le Seigneur est présenté sous le même jour. Que ce soit comme Chef de notre salut, comme Celui qui sanctifie, ou comme Souverain Sacrificateur, Il est vu se tenant pour nous devant Dieu — et non pas pour Dieu devant nous comme c’est le cas quand il est question de son Apostolat. En tant que Souverain Sacrificateur, Il agit dans les choses qui concernent Dieu, et en même temps Il est capable de nous secourir dans nos tentations. Envers nous Il est toujours miséricordieux, tout en maintenant toujours les propos de Dieu et Sa gloire avec la plus parfaite fidélité. Tant qu’il en est ainsi, Sa gloire personnelle et Sa prééminence sont pleinement établies. Il n’a pas honte de nous appeler frères, mais nulle part nous ne sommes encouragés à retourner la phrase, et à se servir du même terme de frères pour Le désigner, comme certains le font parfois.
Avant de terminer ce chapitre, remarquez combien tout est coulé dans un moule convenant parfaitement à des esprits juifs. Chaque point est corroboré par des citations de l’Ancien Testament, montrant combien ce qui est maintenant établi en Christ avait été prévu et annoncé. Ceci pouvait ne rien vouloir dire pour quelqu’un des nations, mais c’était très significatif pour des Juifs. En outre la vérité est formulée en des termes susceptibles de leur rappeler immédiatement la manière par laquelle leur ancienne religion avait donné des types de ces biens à venir. La fin du verset 17 en est une illustration, où il est parlé de l’œuvre du Seigneur Jésus comme faisant « propitiation pour les péchés du peuple ». Pourquoi le dire ainsi ? Pourquoi ne pas avoir dit : « pour nos péchés », ou « pour les péchés des hommes » ? Parce qu’alors la vérité n’aurait pas été aussi frappante pour des esprits juifs. Telle qu’elle est présentée, cette fin du v. 17 tournait de suite leurs pensées vers l’activité bien connue d’Aaron et de ses successeurs, au grand jour des propitiations, selon Lév. 16, qui était un type frappant de l’œuvre de Christ.
Aucun livre du Nouveau Testament ne jette plus de lumière sur l’Ancien Testament que l’épître aux Hébreux ; et aucun ne montre plus clairement toute la nécessité pour nous de lire et de comprendre l’Ancien Testament. Si nous lisons l’épître aux Hébreux en la détachant de ce contexte, il est très facile de s’égarer dans des notions erronées.
Le premier chapitre nous a présenté le Seigneur Jésus comme l’Apôtre, c’est-à-dire l’Envoyé, venu à nous de la part de Dieu pour nous apporter la révélation Divine. Le chapitre 2 Le plaçait devant nous comme le Souverain Sacrificateur qui est allé de notre part vers Dieu pour nous représenter et soutenir notre cause en Sa présence. Maintenant nous sommes priés de Le considérer sous ces deux caractères de façon très approfondie. Il faut y appliquer nos esprits comme ceux qui cherchent à découvrir tout ce que cela implique.
Ces Hébreux avaient embrassé une nouvelle profession de foi, ou il vaut mieux dire qu’ils s’étaient mis à confesser le nom de Jésus que leur nation avait rejeté. L’attitude nationale envers Jésus se résumait par ces mots : « Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais, pour celui-ci, nous ne savons d’où il est » (Jean 9:29). Plus ces Hébreux convertis considéraient JÉSUS et L’étudiaient, plus ils sauraient avec certitude d’où Jésus était : ils s’apercevraient que véritablement « Il était venu de Dieu, et s’en allait à Dieu » (Jean 13:3).
Les Juifs se glorifiaient de Moïse et d’Aaron. Dieu avait en effet parlé à l’un d’eux et en avait fait Son porte-parole, et Il avait attribué à l’autre la fonction de sacrificateur ; néanmoins tous deux étaient morts. Le chrétien, et le chrétien seul, a un Apôtre et Souverain Sacrificateur vivant, qu’il peut connaître, contempler et aimer : Celui qui est Dieu et pourtant Homme, et qui est pourvu de tous les attributs et de toutes les gloires énumérés aux chapitres 1 et 2.
Il est digne de notre étude éternelle. Considérons-Le bien, car en le faisant nous verrons d’autant plus clairement la richesse de la place que nous avons comme mis en relation avec Lui, et l’élévation de l’appel auquel nous avons part. Ces deux choses sont mentionnées dans le verset 1. Ne passons pas dessus à la légère. Elles sont dignes d’une attention sérieuse.
Ce chapitre s’adresse à nous comme à des « frères saints ». Cela a une portée extrêmement forte. Cela ne veut pas simplement dire que tous les chrétiens sont frères, et que tous sont mis à part pour Dieu. Il faut comprendre l’expression en rapport avec son contexte, c’est-à-dire en rapport avec ce qui précède, et en particulier les versets 2:10-11. En 2:11, nous avons les mots « sanctifie » et « sanctifiés », et ici le mot « saints ». Ce sont des formes différentes du même mot. Nous sommes saints du fait que nous sommes entrés dans la merveilleuse sanctification où l’on est « tous d’un » avec le grand Chef de notre salut. Pour la même raison nous sommes « frères » car Il n’a pas honte de nous appeler ainsi. En s’adressant à nous comme des « frères saints », l’Esprit de Dieu nous rappelle la place de proximité et d’honneur extraordinaires où nous sommes mis.
En tant que frères saints, nous participons à l’appel céleste. Nous savons tous comment Dieu a appelé Israël à sortir d’Égypte pour les introduire dans le pays qu’Il s’était proposé pour eux. Leur appel était terrestre, mais il ne faut nullement le mépriser pour autant. Quant à nous, nous ne sommes pas appelés à quelque lieu particulier sur la terre, mais à une place dans le ciel.
Dans les évangiles, nous voyons comment le Seigneur préparait les esprits de Ses disciples à ce changement immense. À un moment de Son ministère, Il leur commanda de ne pas tant se réjouir d’avoir des pouvoirs miraculeux, mais plutôt de se réjouir d’avoir leurs noms écrits dans les cieux (Luc 10:20). Nos noms sont inscrits dans les registres des villes où nous habitons, et par ces paroles le Seigneur indiquait qu’ils avaient acquis une citoyenneté céleste. Plus tard, dans Son discours d’adieu, Il leur parla de la vraie maison de Son Père dans les cieux, cette maison dont le temple terrestre n’est qu’une représentation ou une ombre, et Il dit : « Je vais vous préparer une place » (Jean 14:2). Notre place est là. Notre appel est céleste dans son caractère, et il a le ciel comme aboutissement.
Si ces Hébreux convertis au commencement avaient réellement saisi par la foi ces faits puissants, ils se seraient sans aucun doute rendu compte à quel point ils avaient été élevés. Ce n’était pas peu de chose d’avoir été le peuple d’Abraham et de Moïse, d’avoir été appelé à aller dans un pays ruisselant de lait et de miel ; mais tout cela perdait toute importance en face de privilèges tels que faire partie des « plusieurs fils » amenés à la gloire, être reconnus comme des « frères saints » par le Seigneur Jésus, et avoir une vocation céleste. Mais si c’était déjà une grande élévation pour eux, combien plus grande est notre élévation à nous qui n’avions aucune part aux privilèges d’Israël, et n’étions que des pécheurs des nations ! Prenons seulement le temps de peser cela, et nous aurons abondamment de quoi nous prosterner dans nos cœurs en adoration de Celui dont le cœur d’amour a conçu de tels desseins.
Notre appel est caractérisé par le fait d’être saint et céleste, mais le grand point pour nous, c’est de tourner les yeux de notre âme vers Jésus, et de Le considérer avec ferveur. Il est à la fois Apôtre et Souverain Sacrificateur, et dans Sa grandeur nous pouvons lire la grandeur de notre appel. Les versets 2 à 6 nous donnent un aperçu de Sa grandeur en contraste avec Moïse. Quand Marie et Aaron parlèrent contre Moïse, selon le récit de Nombres 12, ils dirent : « L’Éternel n’a-t-il parlé que par Moïse ? N’a-t-il pas parlé aussi par nous ? » (12:2), c’est-à-dire qu’ils mettaient en cause son rôle de prophète, ou apôtre, de ce temps-là. Alors le Seigneur rend ce témoignage remarquable à son sujet : « Mon serviteur Moïse a été fidèle dans toute ma maison » (Nomb. 12:7). En cela, il était un type de Christ qui a été fidèle à Celui qui Lui a confié la charge suprême.
Mais même ainsi, nous trouvons que le rapport entre le type et l’antitype est ici plutôt un contraste qu’une comparaison. D’abord Moïse était fidèle dans la maison de Dieu comme faisant lui-même partie de cette maison, tandis que Christ est celui qui bâtit la maison. Ensuite la maison où Moïse officiait était simplement Israël ; il avait la charge de cette nation, mais d’elle seulement. Le Seigneur Jésus agit en faveur de « toutes choses ». Celui qui bâtit toutes choses est Dieu, et le Seigneur Jésus est Celui par qui Dieu les bâtit. Enfin en troisième lieu, dans la petite sphère restreinte d’Israël, Moïse officiait comme un serviteur fidèle ; mais dans la vaste sphère de toutes choses, Christ officie pour la gloire de Dieu. Méditons sur ces points, et nous commencerons à avoir des pensées plus vastes au sujet de Christ.
Pourtant nous ne devons pas nous perdre dans l’immensité du puissant univers de Dieu, aussi nous trouvons que Christ a Sa propre maison sur laquelle Il est Fils, et nous, les croyants d’aujourd’hui, nous sommes cette maison. Nous sommes Son édifice, et Il administre fidèlement tout ce qui nous concerne pour la gloire de Dieu, comme Apôtre et Souverain Sacrificateur.
Mais, comme il est dit ici, nous sommes sa maison « si du
moins… ». Ce si du moins
trouble beaucoup
de gens. Il n’est pas destiné à troubler le vrai croyant, mais seulement celui
qui n’est qu’un simple professant de la religion chrétienne. Établissons ici
une distinction importante. Quand dans l’Écriture nous sommes vus comme nés de
Dieu, ou vus en quelque manière comme les objets de l’œuvre de Dieu par Son
Esprit, alors il n’y a pas de si
.
Comment cela se peut-il ? — Parce que la perfection marque tout ce qui est
l’œuvre de Dieu. D’un autre côté, quand nous sommes vus d’un point de vue
humain comme ceux qui ont embrassé la profession chrétienne, alors un si
peut être introduit — et en effet il
doit l’être.
Voici des gens qui ont professé être convertis il y a des
années, et pourtant aujourd’hui ils sont loin d’avoir un comportement chrétien.
Que peut-on dire à leur égard ? Eh bien, comme nous cherchons à être
charitables dans nos pensées, nous leur donnons le bénéfice du doute, et nous
les acceptons comme croyants, jusqu’à ce que, de manière probante, ils se
révèlent ne pas l’être. Pourtant il y a encore
un doute
: un si
est
introduit. Les Hébreux auxquels cette épître s’adressait, étaient nombreux et d’états
spirituels fort variés. Certains d’entre eux causaient beaucoup d’inquiétude à l’auteur
de l’épître. La plupart d’entre eux étaient sans doute vraiment convertis, et
il pouvait dire d’eux : « mais nous sommes persuadés, en ce qui vous
concerne, bien-aimés, de choses meilleures et qui tiennent au salut » (6:9).
Pourtant en leur écrivant à tous globalement, que pouvait-il dire sinon que
tous les privilèges chrétiens leur appartenaient, si
leur profession chrétienne était effectivement une réalité.
Or c’est justement ce que dit la seconde partie du verset 6, car
il est temps de tester la réalité. Ce qui seul peut donner une garantie certaine
de la réalité de la profession chrétienne, c’est la persévérance
. Tôt ou tard la fausse profession chrétienne laisse tomber
les choses, et se détourne ; la vraie profession tient ferme jusqu’au
bout. Si quelqu’un se fourvoie et se détourne, la véritable racine de leur
trouble tient en un mot : l’incrédulité
.
Vous remarquez bien sûr que les versets 7 (après « c’est
pourquoi ») à 11 forment une parenthèse. Pour avoir le sens correct il
faut lire : « C’est pourquoi prenez garde, frères, etc. ». C’est
contre un méchant cœur d’incrédulité
que
nous sommes mis en garde, et non pas de froideur, d’indifférence ou de
mondanité, aussi mauvaises que soient ces choses pour la santé spirituelle des
croyants. C’était justement l’incrédulité qui était la racine de tous les troubles
d’Israël dans leur voyage dans le désert, selon le dernier verset du ch. 3. L’Israël
du temps de Moïse était donc en cela un signal d’alarme pour les Hébreux du
temps des apôtres.
Dans la parenthèse nous avons une citation du Ps. 95. Elle est placée devant nous, non comme une parole de David, mais comme une parole du Saint Esprit qui inspira David pour la prononcer. Dans les quatre derniers versets de notre ch. 3, nous avons le commentaire du Saint Esprit sur ce qu’Il a dit dans le psaume, et il y est établi clairement ce que nous venons de dire plus haut. Caleb et Josué entrèrent dans le pays de la promesse parce qu’ils avaient cru ; les autres n’entrèrent pas parce qu’ils n’avaient pas cru. Leurs cadavres sont tombés dans le désert.
Un mot d’explication supplémentaire est nécessaire ici pour que nous ne fassions pas de confusion dans nos pensées. On peut considérer l’histoire d’Israël de deux manières : soit d’un point de vue national, soit d’un point de vue plus personnel et individuel. Quelle que soit la manière de la considérer, cette histoire a une valeur typique pour nous.
Si nous prenons le premier point de vue, nous les considérons comme un peuple racheté nationalement, et c’est nationalement qu’ils entrèrent dans le pays que Dieu s’était proposé pour eux, à l’exception de deux tribus et demies qui devinrent le type des croyants qui ont leurs pensées aux choses de la terre, qui n’entrent pas dans la bénédiction que Dieu s’est proposé pour eux. De ce point de vue, il est sans importance que les individus effectivement entrés dans le pays (hormis deux d’entre eux), n’étaient pas du tout les mêmes que ceux qui étaient sortis d’Égypte. Selon le second point de vue, nous nous intéressons tout à fait à l’état effectif du peuple et des individus parmi eux. De tous ceux qui quittèrent l’Égypte, seulement deux crurent et entrèrent effectivement en Canaan. Ce dernier point de vue est celui de l’épître aux Hébreux, comme aussi de 1 Cor. 10:1-13 où il nous est dit qu’ils sont des types ou des exemples pour nous. Ils sont pour nous un avertissement très clair de la fin terrible qui attend ceux qui, selon leur profession et selon les apparences extérieures, font bien partie du peuple de Dieu, mais qui sont en réalité dépourvus de la foi vraie et vitale qui est la source principale de toute sainteté.
Nous sommes donc mis en garde contre un méchant cœur d’incrédulité qui s’écarte du Dieu vivant, et nous sommes priés de nous exhorter l’un l’autre chaque jour (3:13), car le péché est très trompeur. Si les croyants doivent s’exhorter l’un l’autre chaque jour, cela signifie que chaque jour ils recherchent la compagnie des autres croyants. Ce verset considère comme allant de soi que nous ayons nos relations et notre compagnie parmi le peuple de Dieu, de la même manière qu’autrefois, les apôtres « ayant été relâchés, vinrent vers les leurs » (Actes 4:23). Il implique aussi que nous veillons sur l’âme les uns des autres en vue de la prospérité spirituelle des uns et des autres. Mais, est-ce vrai de nous tous ? La santé spirituelle générale des chrétiens n’en serait que meilleure. Nous sommes bien plus influencés par la compagnie des gens que nous fréquentons que beaucoup d’entre nous sont prêts à l’admettre.
Si donc certains d’entre nous ont confessé le nom de Jésus sans réalité, il y a alors en eux un méchant cœur d’incrédulité, quoi que ce soit qu’ils aient pu exprimer de leurs bouches ; et à moins d’ouvrir les yeux aux réalités, la pente du déclin est irréversible. Le méchant cœur d’incrédulité est facilement trompé par le péché ; et le péché lui-même, en raison de sa tromperie, nous endurcit jusqu’à nous rendre insensibles à la répréhension. Alors au lieu de « retenir ferme jusqu’au bout le commencement de notre assurance », nous laissons aller et nous abandonnons. Or seuls les vrais croyants, qui demeurent fermes jusqu’au bout, deviennent compagnons du Christ.
Il n’est pas étonnant dès lors que le chapitre 4 commence par ces mots : « Craignons donc ». Cela ne signifie nullement que nous devions être tout le temps remplis d’une frayeur servile, nous demandant toujours avec inquiétude si nous tiendrons jusqu’à la fin pour être sauvés. Cela signifie que nous devons accepter l’avertissement qui ressort de l’histoire d’Israël, que nous devons nous rappeler de la séduction du péché et de la faiblesse de nos propres cœurs, et qu’il nous faut avoir de toute manière une crainte salutaire en suivant leurs pas.
Le début du verset 2 dit : « nous aussi, nous avons été évangélisés de même que ceux-là ». Ce n’est pas comme si l’Israël d’autrefois et nous aujourd’hui avions reçu exactement le même message de l’évangile. La bonne nouvelle de la délivrance d’Égypte et de l’entrée en Canaan leur avait été prêchée ; la bonne nouvelle de la délivrance du péché et de l’entrée dans les bénédictions célestes nous a été prêchée. Mais dans les deux cas la bonne nouvelle prêchée ne profite que si elle est reçue par la foi. L’évangile est un remède merveilleux pour le cœur brisé, mais il nous est parvenu dans un flacon avec l’instructions suivante : « à mélanger avec de la foi chez ceux qui entendent ». Si ces instructions ne sont pas suivies, aucune guérison n’est opérée, et nous n’atteignons pas le repos de Dieu.
Le croyant, et le croyant seul, entre dans le repos de Dieu. Ceci est vrai aussi bien si l’on pense au repos typique de Dieu en Canaan, dans lequel seuls Caleb et Josué entrèrent, ou au vrai repos de Dieu qui sera atteint dans un jour à venir ; et c’est là la signification toute simple des premiers mots du verset 3. Il ne s’agit pas de ce que nous, croyants, nous entrons maintenant dans le repos, ni de ce que nous jouissons maintenant de la paix de Dieu — bien que cela soit heureusement vrai, bien sûr, et que l’Écriture insiste ailleurs là-dessus — mais il s’agit de ce que ce sont les croyants, toujours eux et seulement eux, qui entrent dans le repos de Dieu, et de ce que ce repos était prévu dès le temps de la création, mais il n’est pas encore réalisé.
Les versets 4 à 9 développent un argument selon lequel la promesse du repos de Dieu n’a été accomplie en aucune manière et en aucun sens par l’entrée d’Israël en Canaan sous Josué (4:8). Cet argument était nécessaire pour les lecteurs hébreux, car ils étaient enclins à considérer que tout ce qui se rattache au repos avait été réalisé par leurs ancêtres, et qu’il n’y avait rien de plus à attendre.
Ce raisonnement peut être résumé comme suit :
Le repos sabbatique au verset 9 relie la pensée du repos avec ce qui a été dit précédemment dans ce chapitre sur le repos de Dieu dans la création, et aussi avec ce que nous avons au v. 10. Nous n’entrerons dans le repos de Dieu que quand nous aurons accompli et achevé pour toujours nos jours de travail et de labeur ici-bas.
La première partie du chapitre 4 a établi le fait que le repos de Dieu se situe à la fin du pèlerinage du croyant. Pour le moment, nous sommes dans la position de pèlerins en route vers ce repos, de la manière qu’Israël autrefois était des pèlerins en route vers le pays de la promesse. Quand le repos sera atteint, nous cesserons de travailler, mais tant que nous sommes en chemin, nous devons « travailler », ou plutôt nous « appliquer » à y entrer, tenant compte de l’avertissement que constitue le sort qui a atteint autrefois tant de Israélites incrédules.
La dernière partie du chapitre place devant nous trois grandes sources d’aide et de directions qui sont à notre disposition durant notre pèlerinage. Ce sont d’abord la parole de Dieu, deuxièmement la sacrificature de Christ, et troisièmement le trône de la grâce.
Les caractéristiques de la parole de Dieu sont placées devant
nous aux versets 12 et 13. Elle est vivante
et opérante
. Comme tout ce qui est
vivant, elle possède une énergie étonnante. En outre elle a une puissance de
pénétration extraordinaire, car elle peut se frayer un chemin au milieu de
choses étroitement imbriquées, tant dans le domaine spirituel que matériel — d’une
manière impossible même à une épée à double tranchant bien affûtée. De plus,
elle discerne les pensées et les intentions les plus profondes dans les hommes.
Il est remarquable que le mot traduit par « discerner »
est celui qui a donné naissance à notre mot « critique ». Beaucoup de
gens se disent aujourd’hui des critiques de la Parole de Dieu, et leurs
critiques insensées ne font que trahir le fait que, loin d’être vivants, ils
sont morts spirituellement ; et que loin d’être puissants, ils sont
faibles, et que leur prétendue puissance de pénétration est pratiquement inexistante.
Ils n’ont aucune vraie compréhension de la Parole qu’ils critiquent, et les « auteurs »
et « éditeurs » fantômes qu’ils évoquent, sont le résultat, non de
leur puissance de pénétration
, mais d’une
imagination
désordonnée et sans
discernement.
Le rôle de l’homme n’est pas de critiquer la Parole de Dieu, mais de la laisser le critiquer. Rien ne nous met plus à l’épreuve que la critique. Si nous sommes fiers et contents de nous, nous la ressentons amèrement. Ce n’est qu’en étant humble et en marchant dans la crainte du Seigneur que nous accueillons volontiers les critiques pénétrantes de la Parole, et elles nous sont la plus grande aide possible pour la poursuite de notre pèlerinage. C’est ce qui nous permet de nous voir nous-mêmes et de scruter nos motivations personnelles, et d’éviter ainsi mille pièges.
La Parole de Dieu nous arrive par les Saintes Écritures. Si quelqu’un nous demande pourquoi nous acceptons la Bible comme étant la parole de Dieu, nous pouvons bien répondre : Cette parole qui est vivante et opérante, qui pénètre et discerne les pensées cachées et les secrets, n’est-elle pas la Parole de Dieu ? Oui, elle l’est effectivement ! La Bible n’a-t-elle pas justement toutes ces caractéristiques ? Oui, c’est indubitable. Alors quel autre besoin avons-nous de prouver que la Bible est la Parole de Dieu ?
Remarquez aussi comment on passe presque insensiblement de la Parole de Dieu au verset 12 à Dieu lui-même au verset 13. Tout est découvert à Ses yeux. Nous avons affaire avec un Dieu qui voit tout.
Si la parole de Dieu agit pleinement dans notre intelligence et notre conscience, nous deviendrons très conscients de notre insuffisance et de notre faiblesse dans le pèlerinage. Combien il est alors heureux de nous tourner vers la deuxième ressource qui est placée devant nous : « la sacrificature de Christ ».
Au verset 14, la grandeur de notre souverain sacrificateur est soulignée, à la fois quant à Sa position et quant à Sa personne. Il a traversé les cieux. Il ne s’est pas arrêté au premier ciel ni au second lors de Son ascension, mais Il est monté jusqu’au troisième ciel, le plus haut. Selon l’expression d’Éph. 4:10, Il est bien Celui qui est « monté au-dessus de tous les cieux ». Cependant la position de notre Souverain Sacrificateur est exprimée ici de cette manière, afin que les lecteurs Juifs se rappellent Aaron entrant dans le lieu très saint. Le parvis du tabernacle, où se trouvait l’autel de l’holocauste, était un type du premier ciel. Le lieu saint était un type du deuxième ciel, et le lieu très saint un type du troisième ciel dans lequel Dieu demeure. En entrant dans le lieu très saint, Aaron traversait les cieux pour reprendre les expressions de l’antitype (ce que le type figure). Notre précieux Sauveur et souverain sacrificateur a traversé les cieux, non en type mais en réalité. Il est maintenant dans une position de grandeur et de gloire infinies.
Quant à Sa personne, notre grand souverain sacrificateur n’est rien moins que le Fils de Dieu. Ce grand fait règle tout de manière décisive. Il n’y a pas place ici pour des manquements. Un homme ordinaire comme Aaron pouvait faillir, et effectivement il a manqué tout de suite, et tout le système qui dépendait de lui a manqué pareillement. Notre souverain sacrificateur ne faillira jamais et tout ce qui dépend de Lui demeurera à jamais. Si nous croyons vraiment ceci, nous « tiendrons ferme notre confession ».
Puis au verset 15 est placée devant nous la miséricorde de notre souverain sacrificateur. Étant devenu vraiment un Homme, il est passé par toutes les expériences et les tentations humaines, à part le péché. La traduction de la version autorisée anglaise « sans péché » peut induire en erreur en faisant penser qu’Il a simplement traversé toutes les tentations sans pécher. Or cette expression va plus loin. Il a affronté toutes les tentations humaines « à part le péché » ; Il était parfaitement et intrinsèquement saint. « Il n’y a point de péché en lui » (1 Jean 3:5), et par conséquent les tentations procédant de la chair intérieurement Lui étaient nécessairement inconnues. Il n’y avait pas la chair en Lui. « Mais chacun est tenté, étant attiré et amorcé par sa propre convoitise » (Jacq. 1:14). Mais on ne pouvait pas dire cela de Lui.
C’est pourquoi quand il est dit qu’Il sympathise à nos infirmités
, il n’est pas dit qu’Il sympathise
à nos péchés
. Les infirmités ne sont
pas des péchés, mais plutôt ces faiblesses liées à la condition humaine. En
nous elles peuvent bien sûr conduire au péché, et c’est ce qu’elles font presque
inévitablement si nous ne cherchons pas à obtenir le secours d’en haut, le
secours dont parle le verset 16.
Mais ne quittons pas le verset 15 avant d’en avoir extrait la
douceur contenue dans le mot « sympathiser ». Sympathiser, c’est
avoir les sentiments touchés
.
Considérons d’abord ce mot touchés
. Un
homme puissant et riche peut distribuer beaucoup d’aide et de secours aux
nécessiteux, et n’avoir pourtant jamais ni le temps ni l’inclination pour
entrer dans leurs expériences douloureuses au point d’en avoir le cœur ému.
Nous, dans notre faiblesse et notre besoin, nous pouvons regarder à notre Souverain
Sacrificateur dans la gloire et être sûrs que Son cœur est touché
par ce qui nous concerne. Puis considérons ce mot sentiment
. L’homme riche qui fait de
nombreuses action humanitaires peut aller jusqu’à être touché par la connaissance
des besoins des gens qu’il
aide, mais s’il n’a pas une compréhension expérimentale de leurs faiblesses et
de leurs luttes, il ne peut pas être touché par le sentiment
de leurs besoins. Or tout ce que le Seigneur Jésus a
traversé Le rend capable d’avoir réellement ce sentiment
. Il est entré si véritablement dans la vie humaine et les
conditions humaines, à part le péché, qu’Il connaît maintenant du point de vue
humain ce qu’Il a toujours su du point de vue divin. Il possédait Lui-même des
sentiments humains sur les besoins humains et les douleurs humaines, et bien qu’Il
soit maintenant glorifié dans les lieux célestes, il est encore Homme dans le
ciel avec tous les sentiments d’un Homme à l’égard des hommes.
Dans ces conditions, approchons-nous avec hardiesse [ou : confiance, ou : en pleine liberté] du trône de grâce ! Ce trône est la troisième ressource que notre chapitre mentionne. C’est un « trône de grâce » à cause de notre Souverain Sacrificateur qui y est assis. De là sont dispensées la miséricorde et la grâce pour avoir du secours au moment opportun ; seulement il nous faut venir à ce trône pour l’avoir.
Quel Israélite autrefois aurait osé s’approcher avec confiance [ou : hardiesse] du trône terrible du Dieu Tout-puissant ? Quel Israélite aurait même osé s’en approcher tout court ? Quand Ézéchiel le vit dans une vision, il y avait « une ressemblance comme l’aspect d’un homme, dessus, en haut » (Éz. 1:26), mais il n’avait aucune confiance [ou : hardiesse], et il est plutôt tombé sur sa face (Éz. 1:28). Au mieux sa vision dévoilait ce qui devait se réaliser de nos jours. Grâce à Dieu, cela est devenu réalité, mais la réalisons-nous ? Le Fils de Dieu est assis sur le trône, mais c’est le Fils de Dieu dans une Humanité vraie, tendre et pleine de sympathie. Si nous comprenons cela, toute crainte s’évanouit, et nous nous approchons avec confiance [ou : hardiesse].
Tout le temps de notre vie ici-bas est un temps où nous sommes dans le besoin, et c’est à nous de nous approcher avec confiance [ou : hardiesse] pour avoir toute miséricorde et grâce au moment opportun. Nous n’avons qu’à nous approcher dans la prière et la supplication, et cela nous est garanti par le caractère de Celui dont nous nous approchons — Sa grandeur d’un côté et Sa grâce de l’autre. Combien il est rare de trouver ces deux choses réunies chez les hommes ! Voici, par exemple, un très grand homme avec beaucoup de puissance et de capacité pour aider les autres. Mais il n’arrive pas à avoir une attitude très bienveillante ni à se rendre facilement accessible, par peur d’être submergé par les candidats. Il se retranche donc derrière des secrétaires, des portiers et autres employés de ce genre. Il pourrait faire beaucoup pour vous, à condition que vous puissiez l’approcher, mais vous n’y arrivez pas. Voici un autre cas, un homme plus gentil, plus accessible et plus sympathique que tout ce qu’on peut imaginer, mais quand vous l’approchez, il n’a aucun pouvoir de faire quoi que ce soit pour vous. Telle est la situation en général parmi les hommes, mais non pas avec notre Seigneur. La puissance et la grâce sont unies chez Lui.
La première partie du chapitre 5 continue ce sujet. Les souverains sacrificateurs d’autrefois représentaient les hommes, et agissaient pour eux dans les choses qui concernent Dieu. Mais du fait qu’ils agissaient pour des hommes, ils avaient à être compatissants et pleins de sympathie envers les hommes. C’est pour cela qu’ils étaient pris parmi les hommes, étant de la famille d’Aaron. Si Dieu avait pris un ange saint à titre de souverain sacrificateur en faveur d’Israël, il aurait pu y avoir un grand gain du côté de Dieu quant à l’exactitude et la fidélité dans l’exécution de toutes les fonctions sacerdotales ; mais il y aurait eu une grande perte pour l’homme sous des aspects comme la compassion pour les ignorants. Celui qui agit pour des hommes doit comprendre la condition humaine du point de vue expérimental, et c’est ce qui est vrai par excellence de Christ, comme nous venons de le voir.
Dans le cas d’Aaron, il avait à « offrir pour les péchés,
pour le peuple, ainsi aussi que pour lui-même » (5:3). Il y a là à nouveau
un contraste, et non pas une analogie. Christ est en effet un sacrificateur qui
offre des sacrifices, car il est dit plus loin : « Il était
nécessaire que celui-ci aussi eût quelque chose à offrir » (8:3). Mais
encore un peu plus loin dans l’épître, nous découvrons que Christ, « par l’Esprit
éternel, s’est offert lui-même à Dieu sans tache » (9:14). Voilà tout un
monde de différence entre Aaron offrant POUR lui-même
et Christ s’offrant LUI-MÊME.
Aaron était aussi un type de Christ dans le fait d’avoir été appelé à la fonction de sacrificateur par Dieu lui-même. Mais, bien que Christ eût été appelé par Dieu comme Aaron, il ne l’a pas été selon l’ordre d’Aaron, mais selon l’ordre de Melchisédec. Celui qui a dit au Ps. 2:7 : « Tu es mon Fils ; aujourd’hui, je t’ai engendré » (déjà cité au ch. 1:5), a aussi dit au Ps. 110 :4 : « Tu es sacrificateur pour toujours, selon l’ordre de Melchisédec ». Si maintenant vous regardez de près ce psaume, vous verrez que ceci a dit en rapport avec Christ sortant de la mort en résurrection et exalté à la droite de Dieu.
Dans les versets 7 à 9 nous revenons aux « jours de Sa chair », c’est-à-dire aux jours où Il était sur la terre avant de mourir. C’est alors qu’eut lieu le grand moment du jardin de Gethsémané où Il se trouva en face des douleurs de la mort, et où Ses cris furent entendus. Il fut entendu « à cause de sa piété ». Ses perfections personnelles comme Homme exigeaient qu’Il fût entendu. Son cri était qu’Il soit sauvé hors de la mort, la force de l’expression étant bien ici « sauvé hors de la mort », et non pas seulement « préservé de la mort ». Il ne fut pas préservé de la mort, mais Il a été entendu et a été sauvé hors de la mort par la résurrection, et par l’Éternel qui Lui a dit : « Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour marchepied de tes pieds » (1:13).
Entrer dans la mort et être sauvé hors d’elle, ces deux grandes choses présentées aux versets 8 et 9, ont été alors accomplies. D’abord (a) Il a appris l’obéissance. Comprenons bien ce que cela veut dire. Loin de nous la pensée qu’il y eut jamais la moindre tache de désobéissance chez Lui. Le fait est qu’avant son incarnation, Il avait toujours occupé une place de gloire suprême, où c’était à Lui de commander. Étant devenu Homme, il a expérimenté ce que c’était d’obéir. Le roi George VI de Grande Bretagne (1895-1952) a été marin quand il était jeune. Tout au long de sa formation de marin, il a appris l’obéissance qui est nécessaire au bon déroulement de toute la machine navale. Quand nous parlons de ce roi comme ayant appris l’obéissance, nous ne voulons nullement suggérer que ce jeune prince ait commencé sa formation d’aspirant dans un esprit d’insubordination et de désobéissance. Nous voulons seulement souligner qu’il a acquis son savoir de marin non par l’étude de livres, mais par l’expérience effective. C’est de cette manière que le Seigneur Jésus, bien que Fils de Dieu, a appris l’obéissance par la souffrance humaine.
La deuxième chose accomplie (b) était en notre faveur. Son temps de souffrance et de mise à l’épreuve arrivait à sa fin. Il avait été obéissant jusqu’à la mort, la mort de la croix. La mort était l’épreuve suprême, et là il fut rendu parfait [sens du mot rendu aussi par « consommé »] : c’est-à-dire qu’étant toujours parfait Lui-même, sa vie d’obéissance a atteint là sa fin glorieuse et son apogée. Mais c’est exactement alors, à ce stade, qu’Il fit propitiation, et qu’Il devint par là « l’auteur du salut éternel ». Il s’agissait d’une délivrance éternelle, et non pas d’une délivrance comme celle d’Israël hors d’Égypte qui, bien que vraiment merveilleuse, n’était que pour un temps.
Et ce salut éternel est reçu par « ceux qui Lui obéissent ».
Le chapitre 3 et le début du chapitre 4 ont tellement insisté sur la valeur de
la foi, que nous aurions pu supposer qu’il faudrait lire au v. 9 « ceux
qui croient ». Pourquoi donc est-il dit : « tous ceux qui lui obéissent
» ? L’obéissance est
bien sûr l’obéissance de la foi, mais il est nécessaire que nous comprenions
que Celui qui demande l’obéissance de notre part est Celui qui a Lui-même
appris l’obéissance. Par obéissance, le Fils de Dieu a opéré notre salut
éternel, et ce salut est nôtre quand nous venons nous soumettre à Lui dans l’obéissance.
Ne voyons-nous pas quelle convenance divine il y a là ? Il demande seulement
de notre part cette obéissance qu’Il a Lui-même parfaitement exécutée.
Au verset 10 nous revenons au grand fait établi au v. 6. Les versets intermédiaires ont pour but évident de nous convaincre de la parfaite qualification de notre Souverain Sacrificateur. Melchisédec est un personnage mystérieux qui apparaît un court instant en Genèse 14, puis disparaît. Il était pourtant sacrificateur du Dieu Très-haut. Celui qu’il typifie est infiniment plus grand que lui : c’est le Fils de Dieu, qui a assumé l’humanité, a enduré les souffrances, a appris l’obéissance, et par la mort même est devenu l’Auteur d’un salut éternel pour tous ceux qui Lui obéissent. Pour TOUS ceux qui LUI obéissent — remarquez-le ! Si vous Lui obéissez et que je Lui obéisse, alors nous sommes inclus dans la portée de cette déclaration. Ce salut est le nôtre !
Arrivé à ce point, l’auteur de l’épître s’arrête dans le courant de sa pensée, et ouvre une longue digression. Melchisédec est un type de Christ tellement important qu’il y avait beaucoup de choses à dire à son sujet, et ce n’était pas un thème facile. Il nécessitait de la profondeur d’intelligence spirituelle pour être reçu intelligemment. Rien que d’y penser, cela soulevait justement la question de l’état spirituel de ces croyants Hébreux, et de nous-mêmes.
Dans les derniers versets de notre chapitre, l’auteur de l’épître reproche doucement mais fermement à ses lecteurs Hébreux de n’être encore que des petits enfants quant à leur entendement, alors qu’ils auraient dû être des hommes faits. Si nous grandissons spirituellement, nos sens spirituels sont exercés, nous acquérons des habitudes spirituelles, et nous devenons capables d’assimiler la « nourriture solide » de la vérité sous ses aspects plus larges et plus profonds. Si nous ne grandissons pas malgré que nous ayons reçu la « parole de la justice », nous devenons inexpérimentés à son égard. Nous pouvons même glisser en arrière au point d’avoir besoin qu’on nous ré-enseigne les premiers rudiments concernant la vérité de base.
Il en était ainsi pour ces croyants Hébreux du début de l’église. Ils étaient entravés sans doute par leurs anciennes liaisons juives. Ils avaient tendance à s’agripper aux faibles et misérables éléments du Judaïsme, et en conséquence ils avaient de la difficulté à entrer dans les éléments les plus simples de l’évangile. Il se peut que cela ne soit pas notre problème, mais nous risquons fort d’être entravés par les éléments du monde, et plus particulièrement par les éléments de cette forme particulière de RELIGION MONDAINE dans laquelle plusieurs ont été élevés. Recherchons et voyons s’il en est ainsi ; si oui, nous serons nous aussi comme des arbres rabougris dans le jardin du Seigneur.
Acceptons aussi l’avertissement de ces versets selon lequel, si
nous n’avançons
pas, nous reculons
. Si nous ne sommes pas en haut
de l’échelle, nous serons en bas
. Si nous ne progressons
pas, nous déclinerons
.
Nous sommes sur une scène de mouvement, et nous ne réussirons pas à rester
immobiles.
« AVANÇONS », telle est la première exhortation de ce chapitre. Nous devons être marqués par le mouvement dans la bonne direction. Il nous faut laisser « la parole du commencement du Christ » et avancer vers la perfection, l’état d’homme fait. Si nous jetons un coup d’œil aux derniers versets du chapitre 5, nous verrons que le point sur lequel il est insisté ici, c’est qu’il nous faut grandir dans l’intelligence de la foi en Christ. Nous ne devrions pas être comme de petits enfants qui restent des années à l’école maternelle (ou : jardin d’enfants), mais nous devrions avancer jusqu’à ce que nous assimilions l’instruction donnée aux élèves de la classe supérieure.
Jean le baptiseur avait apporté « la parole du commencement du Christ ». Il avait posé « le fondement de la repentance des œuvres mortes et de la foi en Dieu ». Il avait mis le baptême au premier plan de sa prédication, et parlait clairement du jugement éternel. Mais les choses avaient changé depuis. Une grande lumière avait brillé quand Jésus commença Son ministère ; puis, à la fin de Son service terrestre, dans Son discours de la chambre haute, Il avait promis le don du Saint Esprit. Il avait dit à Ses disciples qu’Il avait « encore beaucoup de choses à leur dire », mais qu’ils ne pouvaient pas les supporter. Et Il avait ajouté : « Mais quand celui-là, l’Esprit de vérité, sera venu, il vous conduira dans toute la vérité » (Jean 16:12-13). Au moment où l’épître aux Hébreux fut écrite, TOUTE la vérité avait été révélée, car il fut donné à Paul, par son ministère, de compléter la parole de Dieu (Col. 1:25).
Le domaine complet de la vérité révélée était alors achevé. Mais voilà que ces Hébreux étaient encore enclins à demeurer dans leurs esprits parmi ces choses préliminaires, ignorant tout à fait la pleine lumière qui brillait maintenant. Sommes-nous comme eux ? Dans leur cas, il n’est pas difficile de voir où résidait le problème. La place privilégiée des Juifs sur le plan national sous l’ancienne alliance avait disparu. Il est vrai qu’elle avait disparu parce qu’un ordre de bénédiction plus élevé avait été introduit, de sorte que Juifs et Gentils, une fois convertis, sont introduits dans des privilèges inconnus jusqu’alors. Pourtant leurs cœurs s’accrochaient à leur ancienne position nationale, exclusive, et par conséquent ils devenaient paresseux à écouter la pleine vérité du christianisme. Dans notre cas, nous n’avons pas de position nationale à maintenir, mais il y a nombre de choses que nous aimons naturellement, et auxquelles nous nous accrochons, qui sont mises de côté par la lumière du vrai christianisme complet ; et il y a un danger très réel de fermer nos yeux devant cette lumière pour garder ce que nous aimons.
Oh ! Puissions-nous tenir compte de cette
exhortation ! Permettez lui de se répéter toujours à nouveau dans nos
cœurs : Avançons ! Avançons
!
AVANÇONS ! Et joignons-nous à l’auteur de l’épître pour dire : « C’est
ce que nous ferons, si Dieu le permet » (6:3).
Après cette parole très encourageante du verset 3, nous tombons
abruptement sur un passage très sombre qui va du v. 4 au v. 8. Ce n’est pas
sans raison que la transition est très abrupte. Si les chrétiens n’avancent
pas, ils reculent inévitablement ; et s’il apparaît presque qu’ils ne veulent
pas avancer, il y a beaucoup à
craindre que cette absence de volonté provienne du manque de réalité de leur
profession de foi ; dans ce cas leur recul pourrait évoluer à la longue
vers une apostasie ouverte. Dans le cas d’un Juif, ce serait le cas
immanquablement.
Ces versets envisagent en effet l’apostasie, non pas simplement le fait de s’écarter ; il ne s’agit pas d’un vrai croyant qui se refroidit et tombe dans le péché, ni de personnes qui ont un temps déclaré être converties sans que ce soit réel, puis qui délaissent leur fausse profession de foi et retournent dans le monde. Il s’agit d’un abandon complet, d’une répudiation totale du christianisme, racines et branches : c’est l’APOSTASIE.
Aucun vrai enfant de Dieu n’apostasie jamais, bien qu’il n’ait pas manqué de professants de la religion chrétienne pour le faire. Si un Hébreu jetait par-dessus bord sa profession de foi chrétienne et désirait réintégrer la synagogue et sa vie au milieu de son peuple, que se passait-il ? Il découvrait que sa réadmission se faisait au prix d’un appel de la malédiction sur Jésus, qu’il devait considérer comme un imposteur. Il devrait en effet crucifier pour lui-même le Fils de Dieu à nouveau, et l’exposer à l’opprobre (6:6). Or aller jusqu’à une telle extrémité, c’est se mettre sous le jugement gouvernemental de Dieu, exactement comme le Pharaon le fit autrefois quand Dieu endurcit son cœur, de sorte qu’il ne put être renouvelé à la repentance.
Les versets 4 et 5 considèrent que ceux qui sont responsables d’apostasier ont pu partager les privilèges communs aux croyants, et cela d’au moins cinq manières. On peut bien se demander s’il est possible à quelqu’un de partager ces privilèges sans être vraiment converti, et cette question peut être pressante spécialement pour la troisième de ces cinq manières : Est-il possible « d’être participant de l’Esprit Saint » sans être vraiment né de nouveau ?
La réponse à cette question est positive : cela est tout à
fait possible. Le Saint Esprit ne peut habiter que dans un vrai croyant, mais
tous ceux qui sont à l’intérieur du cercle de la profession chrétienne, qu’ils
soient vraiment convertis ou non, participent
aux bienfaits de la présence de l’Esprit, ou les partagent
. Un homme peut être éclairé sans être sauvé. Il peut
goûter le don céleste sans le recevoir. Il peut goûter la bonne parole de Dieu
sans la digérer dans son être intérieur. Il peut participer aux miracles du siècle
à venir, sans éprouver la réelle puissance de ce monde à venir.
Le cas terrible de Judas Iscariote en fournit une illustration. Il a accompagné le Fils de Dieu pendant plus de trois ans. Quels flots de lumière ont illuminés son chemin ! Combien il a pu goûter le don céleste et la bonne parole de Dieu ! On ne pourrait pas dire, bien sûr, qu’il participait de l’Esprit Saint, mais il participait aux bienfaits de la présence de Christ sur la terre ; et il partageait avec les autres disciples, ces pouvoirs miraculeux appelés ici « les miracles du siècle à venir ». Il était l’un des douze auxquels le Seigneur donna le pouvoir sur les esprits impurs, et desquels il est dit en Marc 6:13 « ils chassèrent beaucoup de démons, et oignirent d’huile beaucoup d’infirmes et les guérirent ». Mais pendant tout ce temps où Judas accomplissait des miracles, il était « un fils de perdition », — pas du tout un homme sauvé. Il a apostasié, et il lui fut impossible d’être renouvelé à la repentance.
Notez bien ici que le mot du début du v. 4 est bien « impossible »
et non pas « improbable ». Ce seul mot suffit à montrer que l’Écriture
n’appuie pas ici l’idée qu’un vrai croyant puisse apostasier et être perdu pour
toujours. TOUS ceux qui « tombent » dans le sens de ce passage sont
perdus pour toujours. Ce n’est pas qu’ils peuvent
être perdus, mais qu’ils le sont
nécessairement. Il n’y aurait aucun rayon d’espoir pour aucun de ceux qui
reculent, si ce texte se référait à de vrais croyants.
Ce passage se réfère donc au péché d’apostasie, un péché menaçant spécialement les Juifs qui embrassaient la religion chrétienne sans être vraiment convertis. En revenant à leur ancienne religion si usée, ils condamnaient par là complètement le Seigneur Jésus et le reniaient, et ils démontraient qu’ils se trouvaient sur un terrain entièrement mauvais et indigne. Notons bien qu’aux versets 7 et 8, le contraste ne réside pas entre un terrain productif ou stérile selon la saison, mais entre deux terrains, l’un intrinsèquement bon et l’autre intrinsèquement mauvais. La forme même de cette illustration appuie l’explication qui vient d’être donnée à propos des versets 4 à 6. Judas avait joui « de la pluie qui vient souvent », mais il n’avait produit que des épines et des chardons, et fut réprouvé.
Au verset 9, l’auteur de l’épître se hâte d’assurer les Hébreux auxquels il écrivait, qu’en disant ces choses il ne jetait pas du doute sur la réalité d’eux tous, ni même sur la plupart d’entre eux. C’était même le contraire. Il avait évidemment des doutes à l’égard d’une minorité, mais il était assuré de la réalité pour la plupart d’entre eux. Il discernait en eux des caractéristiques qui lui donnaient cette assurance ; c’est qu’il appelle « des choses meilleures qui tiennent au salut ».
Il y a donc certaines choses qui sont comme un poinçon d’authenticité de notre christianisme. La marque du poinçon sur un article en argent ne le transforme pas en argent, mais elle donne une garantie officielle que c’est réellement de l’argent. Elle nous assure son authenticité. Quelles sont donc ces choses qui nous assurent de l’authenticité des chrétiens — des choses qui accompagnent de manière si nette le salut que, si elles sont présentes, on est sûr de la présence de ce salut ? Il est répondu à cette question au verset 10. La réponse se trouve dans les nombreux petits actes qui révèlent un amour authentique pour les saints.
Certains d’entre seraient enclins à s’exclamer : « Comme c’est extraordinaire ! J’aurais pensé que de grands actes de foi, de grands exploits de dévotion en auraient mieux révélé la réalité que cela ». Nous aurions tort de dire cela ou de le penser. Sous la pression de l’émotion ou d’un enthousiasme soudain, de grandes actions sont parfois accomplies, alors qu’elles ne sont pas un indice sûr de l’état du cœur. C’est dans ces petites choses que nous révélons vraiment ce que nous sommes, et avec bien plus de vérité. En s’employant au service des saints qui sont le peuple de Dieu, ils montraient leur amour envers Dieu Lui-même.
C’est une chose de s’employer au service d’un saint parce qu’il se trouve que je l’aime ; mais c’est une toute autre chose que de s’occuper d’un saint simplement parce qu’il est un saint, et c’est de ceci dont il est parlé ici. La première activité peut être exercée par un inconverti, la seconde n’est possible que pour quelqu’un qui possède la nature divine. Or c’est justement ce dont il s’agit ici. Les choses qui accompagnent le salut sont des choses qui manifestent la nature divine, et ce sont donc des choses qui prouvent la réalité de la foi, d’une façon que ne pourra jamais la possession de pouvoirs miraculeux ou de privilèges extérieurs du christianisme.
Étant donc assuré du salut du plus grand nombre de ceux à qui il écrivait, il donne alors juste un mot d’exhortation. Il les presse de continuer à faire comme ils avaient fait, c’est-à-dire de continuer dans cette bonne voie jusqu’au bout, avec la pleine assurance que leur espérance n’était pas mal placée.
L’espérance occupe une très grande place en relation avec la foi
en Christ, tout comme dans la dispensation précédente. Dans cette précédente dispensation,
les patriarches ou les prophètes ou les simples personnes du peuple de Dieu
avaient tous les yeux dirigés vers les biens à venir à la venue du Messie. Maintenant
, les biens ont été manifestés
en Christ — une expiation complète a été faite, nos consciences ont été
purifiées, nous avons reçu le don de l’Esprit. Pourtant, même ainsi nous n’avons
pas la pleine jouissance des biens, car nous attendons la deuxième venue du
Seigneur. Pour le moment présent, tout ce que nous avons, nous l’avons par la
foi, et nous en jouissons par la puissance du Saint Esprit, car Il est les
Arrhes de tout ce dont nous allons hériter. Nous sommes sauvés, et nous sommes
dans l’espérance de tout ce qui est à venir.
Il est très important pour nous d’être au clair à ce sujet, et c’était encore plus important pour ces Hébreux convertis. Combien on les blâmait souvent à cause de leurs relations inconverties ! Comme souvent on leur reprochait avec mépris leur folie d’abandonner les gloires extérieures du système mosaïque avec son temple, son autel, ses sacrifices et ses sacrificateurs — en échange de quoi, leur disait-on ? Pour un Maître qu’ils ne pouvaient voir, car Il les avait laissés, et pour toute une gamme de choses aussi invisibles que Lui-même ! Combien ils paraissaient fous ! Mais l’étaient-ils vraiment ?
Certes non. Et s’ils étaient instruits dans les choses dont parle notre chapitre, ils devaient être capables de donner une très bonne raison pour ce qu’ils avaient fait. Ils pourraient dire : « Ceux qui suivent les pas de notre père Abraham, c’est nous, non pas vous. Des promesses lui ont été faites, et vous semblez les avoir oubliées, car vous vous installez comme si vous étiez contents du système d’ombres de la loi, et qui fut donnée par Moïse comme quelque chose de temporaire. Nous avons reçu Christ, et en Lui nous avons le gage de l’accomplissement de toutes les promesses qui ont été données auparavant, et nous avons en outre de nouvelles promesses encore plus brillantes ».
Si on nous dit de tenir ferme notre espérance avec une pleine assurance, nous avons besoin d’avoir une espérance qui repose sur une base très solide. C’est cette pensée qui mène aux versets 13 à 18. Abraham est placé devant nous comme un grand exemple, non seulement de foi, mais aussi d’espérance. Ce fut quand il eut offert Isaac, selon le récit de Genèse 22, que la promesse de bénédiction fut donnée, dont le sommet était « la Semence », c’est-à-dire Christ, selon Galates 3:16. Cette grande promesse s’appuyait non seulement sur l’autorité qui accompagne toujours la simple parole de Dieu, mais elle avait en outre l’appui d’un serment solennel de Sa part.
Qu’il est beau cet aperçu que Dieu nous donne, s’abaissant à considérer la faiblesse et les infirmités qui marquent même la meilleure de Ses créatures ! Voici Abraham et les héritiers suivants des promesses. Combien leur foi pouvait facilement vaciller ! Combien le monde où ils se trouvaient était plein d’incertitudes ! Alors Dieu condescend à tenir compte de leur faiblesse, et Il renforce Sa Parole par Son Serment où Il jure par Lui-même.
Sa Parole et son serment, ce sont deux choses immuables, des
choses qui ne changent jamais, ni ne bougent, ni ne chancellent. Elles
établissent pour nous l’immutabilité de Son conseil. Jamais, jamais
, JAMAIS Il ne manquera à aucune
promesse qu’Il a donnée, à quoi que ce soit qu’Il ait dit qu’Il ferait.
Remarquez que tout ceci est valable pour nous aujourd’hui, comme le dit très clairement le verset 18. Ce que Dieu était pour Abraham, Il l’est pour nous. C’est la beauté de ces révélations de Dieu dans l’Ancien Testament. Ce qu’Il est, Il l’est en tout temps, en tout lieu et envers tous. Nous qui avons embrassé l’espérance chrétienne, nous avons la jouissance de la consolation puissante qui découle de ces deux choses immuables.
Il est dit que les Hébreux s’étaient « enfuis pour saisir l’espérance proposée ». Pourquoi le dire ainsi ? Parce que cela ramenait immédiatement leurs pensées vers les règles régissant les villes de refuge, en Nombres 35. Ces règles avaient une signification typique qui s’appliquait exactement au cas du Juif converti. Il était comme le meurtrier qui avait fui vers la ville de refuge la plus proche.
Si le péché national d’Israël, en crucifiant leur Messie, avait été reconnu comme un meurtre volontaire par Dieu, il n’y aurait eu absolument aucun espoir. Tous seraient tombés devant le vengeur du sang. La prière de Jésus sur la croix a été cependant « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » (Luc 23:34), autrement dit : « Père compte ce péché comme un homicide involontaire, et non comme un homicide volontaire. Dieu entendit cette prière, il y eut donc espoir même pour ceux qui avaient consommé Sa mort. C’est la raison pour laquelle, au jour de la Pentecôte Pierre prêcha le pardon pour ceux qui se tourneraient par la foi vers Jésus ressuscité et exalté. Ce jour-là, la ville de refuge céleste fut ouverte et plus de trois mille âmes s’y réfugièrent.
Certes des multitudes ne crurent pas, et par conséquent ne s’enfuirent pas [de Jérusalem], et ils tombèrent devant les Romains vengeurs lors de la destruction de Jérusalem. Leurs descendants incrédules, en un jour futur, auront à faire face à la grande tribulation et au jugement de Dieu. Mais ceux qui sont entrés dans la ville de refuge ont une espérance devant eux. Elle est liée au moment où Jésus viendra dans Sa gloire, quand Il cessera d’exercer Son office de sacrificateur selon le modèle d’Aaron, et qu’Il le fera selon le modèle de Melchisédec. Le type sera ainsi accompli quant au changement de sacrificateur (voir Nombres 35:25). Quand cela aura lieu, nos espérances se réaliseront avec Lui en gloire, et sur la terre ce sera le temps du jubilé, où chacun retournera à son héritage.
L’espérance chrétienne est céleste. C’est pourquoi il est dit d’entrer « jusqu’au-dedans du voile ». Le « dedans du voile » était le lieu très saint, le lieu le plus saint de tous, type du troisième ciel, c’est-à-dire de la présence immédiate de Dieu. À l’intérieur du voile se trouvait l’arche de l’alliance, type de Christ. Maintenant Christ est entré dans la présence immédiate de Dieu, et cela en notre faveur. Il est entré comme précurseur et comme souverain sacrificateur. Notre espérance centrée sur Lui agit comme une ancre de l’âme, sûre et ferme. Notre espérance est déjà ancrée dans le Seigneur Jésus glorifié. Nous sommes déjà ancrés à la Personne vers qui nous allons, et au lieu vers lequel nous allons. C’est comme si un paquebot transatlantique se trouvait attaché en sécurité à New York par le moyen d’une ancre plantée dans le port de New York, avant même d’avoir quitté la Manche.
Le fait que Christ est devenu notre précurseur garantit que nous qui suivons, nous atteindrons le lieu où Il se trouve. Et comme souverain sacrificateur, Il est toujours vivant pour nous porter jusqu’au bout. C’est une grâce étonnante qu’Il soit notre précurseur, car en Orient où ces coutumes perdurent, le précurseur est un homme tout à fait ordinaire qui ouvre le chemin devant un personnage important qui suit derrière. Pensez au Seigneur Jésus prenant une place telle que celle-là à cause de nous !
Au dernier verset du chapitre 6, le Seigneur Jésus nous a été présenté sous deux caractères :
Ce dernier verset (6:20) termine aussi la digression commencée en 5:11, et ramène au point exact où nous étions en 5:10.
Par conséquent, en 7:1 nous reprenons le courant de pensée interrompu, et tout le chapitre traite du contraste entre la sacrificature de Christ et celle d’Aaron. Il nous fait voir l’immense supériorité de Christ comme sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec ; et nous entendons au moins une partie de ces choses qui étaient difficiles à expliquer à des gens devenus paresseux à écouter. Nous, les nations, nous n’avons peut-être pas nos esprits remplis des gloires passées de la sacrificature aaronique, et il se peut donc que nous ne trouvions pas le sujet aussi difficile.
Dans les trois premiers versets, il nous est donné un résumé assez détaillé de tout ce qui est dit de Melchisédec dans la dernière partie de Genèse 14. Nous apprenons qu’il est introduit là dans le but de nous fournir un type du Fils de Dieu. Son nom même a une signification, comme souvent avec les noms bibliques ; il signifie : Roi de justice. Il est présenté comme le roi de Salem, c’est-à-dire roi de paix. Dans le Millénium, Jésus sera manifesté sous ces deux caractères.
En outre, dans le récit de l’Ancien Testament, Melchisédec est introduit abruptement. Aucune généalogie n’est donnée, aucune mention n’est faite ni de sa naissance, ni de sa mort, ni de son âge, ni d’aucun éventuel successeur pour sa fonction de sacrificateur. C’est d’autant plus remarquable que la Genèse est justement le livre qui nous fournit ce genre de détails à propos des autres personnages caractéristiques rencontrés dans ses pages. Pourquoi donc ces détails sont-ils omis pour Melchisédec ? Justement pour qu’il soit un type plus exact du Fils de Dieu. Nous croyons que telle est la signification du verset 3, et non pas, comme certains l’ont imaginé, qu’il était une sorte de personnage surnaturel.
Ayant donc ce sommaire présent à l’esprit, nous sommes priés au
verset 4 de considérer en détail la grandeur de Melchisédec en contraste avec
Aaron, et même Abraham, et cela, tout d’abord, en rapport avec la question de la loi sur les dîmes
. Cela occupe les
versets 4 à 10.
Aaron et ses descendants étaient issus de la tribu de Lévi. Les dîmes qu’ils recevaient des autres enfants d’Israël servaient à pourvoir à leur entretien. Or le patriarche Abraham, dont étaient issus Lévi, Aaron et tous leurs descendants, paya la dîme à Melchisédec. Cela démontrait que Lévi et Aaron, qui étaient reconnus par le biais des dîmes comme supérieurs par le reste d’Israël, reconnaissaient eux-mêmes Melchisédec comme leur supérieur à travers Abraham.
De plus Abraham, qui paya la dîme à Melchisédec, reçut aussi la bénédiction de sa part. Et il est dit : « Or sans contredit, le moindre est béni par celui qui est plus excellent » (7:7). Ainsi de cette manière aussi est établie la supériorité de Melchisédec sur Abraham et ses descendants. Qu’on se rappelle bien qu’il ne s’agit pas ici de savoir si Melchisédec était supérieur à Abraham quant à son caractère, ou si sa connaissance de Dieu était plus grande,— il n’y a aucune information d’aucune sorte sur ces sujets — mais il s’agit simplement du fait que Melchisédec doit être reconnu comme détenant de la part de Dieu une position plus haute ; et dans cette position plus haute, ou cet ordre supérieur, il était un type de Christ.
Les versets 11 à 14 parlent d’un autre point de l’argumentation,
basé sur le fait que notre Seigneur est issu de la tribu de Juda, et n’avait donc
aucun lien avec les sacrificateurs selon l’ordre d’Aaron. Il était un
sacrificateur tout à fait différent
et d’un ordre différent
. Qu’est-ce
que cela montrait ? Cela montrait que la perfection n’avait pas été
atteinte par l’ordre de choses lévitique, et qu’un changement était intervenu à
l’égard de tout le système de la loi dont faisait partie la sacrificature
lévitique. Nous trouverons davantage de détails sur ce changement au chapitre 8.
Dans les versets 14 à 19, le raisonnement est renforcé par une
autre considération. La sacrificature d’Aaron fut instituée en rapport avec la
loi. La sacrificature de Christ est soutenue par la puissance d’une vie impérissable
. Il est parlé ici de la
loi comme de « la loi d’un commandement charnel » vu que ses
commandements avaient tous pour but soit de réfréner ou supprimer les mauvaises
tendances de la chair, soit d’en tirer du bien qui plaise à Dieu. Mais, comme l’épître
aux Romains nous le dit, la chair n’est pas soumise à la loi de Dieu, et en
elle il n’habite point de bien.
C’est pourquoi le commandement qui existait avant Christ a été mis de côté, abrogé selon ce que nous dit le verset 18. Bien qu’il fût en lui-même saint, juste et bon, il était rendu faible et inefficace en raison de la nature faible et impossible de la chair à qui il avait à faire. Le verset 18 ne signifie pas du tout que les saintes exigences de Dieu ont été éteintes, ni qu’elles ont été mises de côté en sorte que les hommes pourraien maintenant agir comme il leur plait. Ce verset signifie que tout le système de la loi a été mis de côté en faveur de quelque chose de meilleur et de plus élevé.
Pour qu’on puisse mieux saisir cela, je cite le passage selon la
traduction de J.N. Darby : « Car il y a abrogation du commandement
qui a précédé, à cause de sa faiblesse et de son inutilité (car la loi n’a rien
amené à la perfection), et introduction d’une meilleure espérance par laquelle
nous approchons de Dieu ». Ici comme au ch. 6, le christianisme est décrit
comme « une espérance », mais c’est « une meilleure
espérance ». Quand Israël entra dans le pays de la promesse, ils le prirent
comme un avant-goût des choses meilleures et plus vastes qui doivent venir avec
l’avènement du Messie. Nous chrétiens, nous sommes entrés dans des biens d’ordre
spirituel. Nous avons le pardon des péchés, la vie éternelle et le don du Saint
Esprit ; mais ce ne sont que des avant-goûts de la plénitude des
bénédictions célestes qui est à venir. Une meilleure espérance a été
introduite, et par cette espérance (puisqu’elle est centrée sur Christ, qui
comme souverain sacrificateur est entré pour nous au-dedans du voile), nous nous
approchons de Dieu
, au lieu d’être
tenus à distance comme c’était le cas des saints sous la loi, même les plus
éminents. Cette pensée sera davantage développée au chapitre 10.
Comme cela nous est rappelé ici, la loi n’a rien amené à la perfection. En relation avec la loi, Dieu n’était pas parfaitement donné à connaître, la rédemption n’était pas accomplie parfaitement, et les croyants n’étaient pas rendus parfaits quant à leur conscience. La loi est intervenue comme une mesure provisoire comblant le temps jusqu’à la venue de Christ. Maintenant, Christ étant venu, la loi est remplacée par quelque chose qui va bien au-delà, à la fois quant au niveau établi pour ce qui est demandé, et dans ce qui est donné et accompli.
Dans les versets 20 à 22 nous faisons un pas de plus. L’attention
est attirée sur le fait que le Seigneur Jésus a été établi sacrificateur pour l’éternité
par serment de Dieu
. Quand Aaron fut
établi sacrificateur, il n’y eut aucune parole aussi impressionnante et
solennelle. Cela indique qu’il y a une meilleure alliance, en relation avec
Jésus. De plus Jésus est dans une position par rapport à la nouvelle alliance que
n’ont jamais eu ni Moïse ni Aaron dans l’ancienne alliance. Il en est devenu le
Garant, c’est-à-dire qu’Il en a accepté la pleine responsabilité, Il en est
devenu la caution, de sorte que, si quelque chose allait mal, le coût
retomberait sur Lui. C’est bien sûr une garantie totale que rien n’ira de
travers pour toute l’éternité. Tout ce qui est établi en rapport avec la
nouvelle alliance demeurera.
Un autre contraste est placé devant nous dans les versets 23 et
24. Aaron et ses descendants exerçaient leur fonction l’un après l’autre, puis
ils mouraient. Le Seigneur Jésus demeure éternellement, et par conséquent Sa
sacrificature est inchangeable
, c’est-à-dire
qu’elle ne sera jamais transmise à un
autre
. Le verset 25 indique le résultat heureux qui en découle. Ceux qui
profitent de Ses services sacerdotaux en s’approchant de Dieu par Lui, sont « sauvés
entièrement » parce qu’Il est toujours vivant pour intercéder pour eux. Le
salut dont il est parlé ici est un salut journalier, un salut de chaque instant
contre toute puissance adverse, — ce dont tout croyant a besoin tout le long du
chemin vers la gloire.
Ce verset est souvent cité pour montrer que le Seigneur peut sauver le pire des pécheurs. C’est certes une heureuse vérité, affirmée par 1 Timothée 1:15. Mais s’il avait été question de cela ici, notre verset se serait terminé par « vu qu’Il est mort et ressuscité pour eux ». Or il est dit : « Étant toujours vivant ». Le salut dont il est parlé ici est donc celui qui découle de Sa vie d’intercession sacerdotale continuelle.
Supposez qu’un Juif en détresse se soit adressé au souverain sacrificateur de son temps pour avoir de la compassion et du secours qu’il devrait être prêt à donner selon 5:2. Il le trouve tout à fait bienveillant et secourable. Mais en y allant un peu plus tard, juste quand son affaire arrive à un stade critique, il apprend qu’Il est mort ce jour-là ! Vous pouvez facilement imaginer la détresse de ce Juif. Un autre homme qui ne connaît rien de son affaire, et qui est peut-être dans une disposition d’esprit toute différente, devient souverain sacrificateur. Il n’était pas sauvé entièrement par le moyen du premier sacrificateur, et si maintenant il parvient à obtenir un salut quelconque, ce ne sera qu’en recommençant toute l’affaire à zéro avec ce nouveau sacrificateur. Grâces à Dieu, rien de ce genre ne peut jamais nous arriver. Notre souverain sacrificateur vit éternellement.
Encore un point à noter : le v. 25 décrit les croyants comme « ceux qui s’approchent de Dieu par lui ». C’est une pensée dominante dans cette épître que le chrétien a toute liberté et toute hardiesse pour venir à Dieu, tandis que, dans la dispensation précédente, tout accès véritable à Dieu était interdit. Ces mots indiquent aussi que le grand objectif de tout le service sacerdotal de Christ est de nous amener à Dieu, et de nous y maintenir. D’un côté, il n’y a d’accès à Dieu que PAR LUI. D’un autre côté, tout Son service fait de compassion en notre faveur, de sympathie, de secours, de salut s’exerce dans un but, celui de nous maintenir dans la présence de Dieu en nous élevant au-dessus des choses qui autrement nous submergeraient.
Les trois derniers versets de ce chapitre 7 semblent conclure
tout le débat, et résumer la situation ; nous trouvons que tout dépend de la grandeur de CELUI
qui est notre
souverain sacrificateur.
Quelle déclaration extraordinaire que celle du verset 26 ! Nous l’aurions certainement inversée, en disant que, du fait que notre souverain sacrificateur est si merveilleux, c’est un peuple plutôt remarquable qui Lui convenait. Mais non, la déclaration ici est bien que c’est un Souverain Sacrificateur d’un caractère aussi remarquable qui nous convenait ! Selon la manière du Saint Esprit de voir les choses, les plusieurs fils en train d’être amenés à la gloire (2:10), la compagnie chrétienne, portent un caractère tel que rien moins qu’un tel Souverain Sacrificateur leur convenait.
Le caractère de notre souverain sacrificateur nous est présenté en sept points, et chacun d’eux fait contraste avec les sacrificateurs d’autrefois. Les trois premiers caractères « saint, innocent, sans souillure » ne présentent pas de difficultés. Il est évident qu’aucune d’eux ne caractérisait de manière absolue l’un quelconque des sacrificateurs de la race d’Aaron.
Le quatrième caractère est : « séparé des pécheurs ». Cela ne se réfère pas seulement au fait qu’Il a toujours été complètement séparé pour Dieu dans Ses pensées et dans Ses actes, même lorsqu’Il mangeait et buvait avec les publicains et les pécheurs, — cela se réfère au fait que maintenant, en résurrection, Il est tout à fait à part de toute la scène où les pécheurs évoluent. « En ce qu’il est mort, il est mort une fois pour toutes au péché ; mais en ce qu’il vit, il vit à Dieu » (Rom. 6:10). Nous pouvons citer aussi les propres paroles du Seigneur en Jean 17:19 : « Et moi, je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité ». La racine du mot « sanctifier » est « mettre à part », et le Seigneur faisait allusion à la place qu’Il allait prendre en résurrection et en gloire. Dans notre verset la pensée de Sa gloire vient au cinquième et dernier rang : « élevé plus haut que les cieux ». Notre Souverain Sacrificateur n’est pas simplement un Homme ressuscité, mais Il est exalté au-dessus de tout. Les cieux et tout ce qu’ils contiennent sont sous Ses pieds. Si nous ne considérions que ces cinq caractères, nous voyons déjà qu’aucun souverain sacrificateur sous la loi n’était digne d’être mentionné à côté de Lui.
Mais il y a plus. Un sixième contraste occupe tout le verset 27.
Ils offraient journellement des sacrifices, non seulement pour les péchés du
peuple, mais aussi pour leurs propres péchés. Le Seigneur a offert un seul sacrifice,
et Il l’a offert une fois pour toutes. C’était vraiment pour le peuple, non pas
pour Lui-même. Le sacrifice était Lui-même, et non pas pour
Lui-même. Il était à la fois le sacrifice et Celui qui offrait.
Nous avons ici une grande vérité à laquelle il est seulement fait allusion, mais
qui sera développée dans tous ses détails glorieux aux chapitres 9 et 10.
Septième et dernier caractère, voici le contraste entre les personnes chargées de ce service de sacrificateur sous la loi, et la Personne qui est notre Souverain Sacrificateur aujourd’hui. Ils n’étaient que des hommes, avec les infirmités habituelles des hommes. Lui est le Fils. C’est bien sûr le fait fondamental sur lequel tout est basé. QUI IL EST, voilà qui règle tout. Cela comporte tous les contrastes sur lesquels le chapitre a insisté. Demeurons sur ce roc fondamental : Il est le Fils, qui est « consacré » pour l’éternité.
Ce mot « consacré » selon la version anglaise autorisée [« consommé » dans la version française JND] à la fin du v. 28 est en réalité « rendu parfait » comme en 5:9. Là il avait été dit que Son temps de mise à l’épreuve et d’obéissance sur la terre avait été jusqu’à son terme dans la mort et la résurrection. Il était devenu l’Auteur du salut éternel. Ici nous trouvons de la même manière qu’Il est devenu Souverain Sacrificateur. Le Fils était éternellement avec le Père. Il était le Créateur, et le soutien de toutes choses. Mais Il n’assumait pas alors cet office. C’est quand Il est devenu Homme, éprouvé par toutes les douleurs possible, endurant toutes les épreuves possibles, souffrant la mort et atteignant la perfection dans Sa gloire de ressuscité, — c’est alors qu’Il fut établi Souverain Sacrificateur par le serment de Dieu.
Méditons simplement ces choses, leur donnant le temps de pénétrer dans nos esprits et nos cœurs, et nous serons certainement remplis de l’assurance qu’Il peut nous sauver entièrement, et nos cœurs seront remplis de louange et de reconnaissance envers Dieu
Le chapitre 7 ayant placé devant nous en détail le contraste entre la sacrificature temporaire d’Aaron et celle de Christ qui ne passe pas, le chapitre 8 commence par un résumé de tout ce sujet. Dans ce résumé qui couvre les versets 1 et 2, il y a quatre choses à remarquer.
Premièrement, le Seigneur Jésus est « un tel
Souverain Sacrificateur », c’est-à-dire
tel que le chapitre 7 L’a montré. Nous avons donc besoin de repasser dans nos
esprits tous ces points de contraste qui démontrent l’infinie supériorité de
Christ, selon l’exposé du chapitre 7.
Deuxièmement, étant tel Il s’est assis au plus haut de la gloire. La Majesté suprême a Son trône dans les cieux, et Il est assis à la droite de ce trône — c’est-à-dire à la place qui signifie que tout l’exécutif Lui est confié. Il n’y a ni faiblesse ni infirmité en Lui. La place qu’Il occupe indique qu’Il exerce tout le pouvoir. Nous avons appris que cette place haut élevée est la Sienne dès 1:3, mais là, nous L’avons vu s’asseoir en gloire en réponse à l’achèvement de Son œuvre de purification des péchés. Ici c’est comme Sacrificateur qu’Il est couronné de gloire.
Troisièmement, son ministère de sacrificateur se rapporte, non aux lieux saints sur la terre, — construits et dressés par Moïse, qui étaient le lieu où s’exerçait le ministère d’Aaron, — mais au vrai sanctuaire et au vrai tabernacle sortis des mains de Dieu. Le vrai sanctuaire est le ciel de la présence immédiate de Dieu ; le vrai tabernacle est cet univers puissant des choses créées, où se trouve le troisième ciel de la présence de Dieu. Le service sacerdotal de Christ a à faire avec Dieu et a pour centre Sa présence, tandis que dans sa portée, il englobe toute la création de Dieu. Quelle pensée prodigieuse ! Combien les gloires d’Aaron paraissent misérables à côté !
Quatrièmement, un tel sacrificateur est à nous
: « NOUS avons
un tel souverain sacrificateur », tandis qu’Israël avait des
sacrificateurs selon l’ordre d’Aaron. Hormis toute autre considération, ce seul
fait montre combien le christianisme est en avance sur le judaïsme. Comme nous
l’avons vu, ces Hébreux étaient enclins à la négligence, certains d’entre eux laissaient
même voir des signes de retour en arrière. Combien s’emparer de cette certitude
devait les encourager à tenir ferme, et à rester sur le chemin de la foi.
Saisissons la nous aussi, et nous en sentirons aussi la puissance encourageante.
Les versets 3 à 6 font passer nos pensées du grand Souverain Sacrificateur Lui-même à Son service et à Son ministère. Il est utile de remarquer que le verset 5 est en réalité une parenthèse (tout le verset pourrait être mis entre parenthèses). Le sens de la pensée passe directement du verset 4 au verset 6.
Bien que le Seigneur Jésus ne soit pas sacrificateur selon l’ordre d’Aaron, pourtant à bien des égards, Il exerce Son ministère selon le modèle donné par Aaron. Il était donc nécessaire qu’Il eût quelque chose à offrir en la présence de Dieu, et ce quelque chose ne pouvait être un don du genre de ceux qui étaient habituels sous la loi, car s’Il avait été sur terre, il n’aurait pas du tout été sacrificateur, vu qu’Il ne descendait ni de Lévi ni d’Aaron. Sa sacrificature est d’ordre céleste. C’est seulement comme ressuscité et glorifié, qu’Il assume formellement Son office de sacrificateur.
Il ne nous est pas parlé à ce stade de ce que le Seigneur a à offrir comme souverain sacrificateur ; mais nous croyons qu’il est parlé ici, non pas du fait qu’Il s’est offert Lui-même comme 7:27 le dit, mais de ce que nous trouvons en 13:15. C’est « par Lui » que nous offrons la louange de nos bouches à Dieu. C’est Lui qui présente à Dieu en tant que grand souverain sacrificateur toutes les louanges qui jaillissent de ceux qui ont été constitués sacrificateurs par la grâce de Dieu. Ce qui nous est dit, c’est que Son ministère est plus excellent que tout ce qui avait été confié à Aaron, et que cette supériorité est exactement en proportion de la supériorité des promesses et de l’alliance dont Il est le médiateur.
Mais avant de considérer cela, remarquons deux choses. Premièrement, la dernière proposition du verset 4 nous montre que cette épître a été écrite avant la destruction de Jérusalem, avant donc que les sacrifices juifs cessent. En effet il est dit : « puisqu’il y a ceux qui offrent des dons », et la phrase est au présent et non au passé. Nous retrouverons la même chose au chapitre 13, où l’importance de ce fait est alors rendue manifeste.
En second lieu, remarquez qu’il ressort tout à fait clairement
de la parenthèse du verset 5, que le tabernacle et tout son équipement n’étaient
que l’ombre des choses célestes, non pas les
choses elles-mêmes
. C’était sans doute une déclaration dure pour un Juif, si
enclin à considérer ces choses visibles dans lesquelles il s’enorgueillissait
comme si elles étaient le grand but final au-delà duquel il n’y a plus besoin
de rien. Il n’aurait pas dû penser ainsi, car dès le début il leur avait été
dit que c’était une représentation des choses que l’Éternel avait devant Lui.
Moïse ne devait pas s’écarter d’un cheveu du modèle qui lui avait été montré
sur la montagne. S’il l’avait fait, il aurait dénaturé, au lieu de les
représenter, les réalités dont il fallait montrer les ombres.
Ce fait étant assimilé, nous voyons de suite qu’il faut se rendre compte que les types de l’Ancien Testament qui se rapportent au tabernacle et aux sacrifices méritent d’être considérés attentivement. Leur étude n’est pas comme certains peuvent le penser, un passe-temps intellectuel donnant libre cours à une imagination fertile, mais c’est une recherche dans laquelle il y a beaucoup d’instruction et de profit à tirer. Ces types doivent bien sûr être interprétés à la lumière des choses célestes révélées dans le Nouveau Testament.
Le ministère de Christ comme Sacrificateur, la nouvelle alliance dont Il est le médiateur, et les promesses sur lesquelles cette alliance est fondée sont présentés ensemble au verset 6.
On ne peut guère dire que l’ancienne alliance de la loi fut
vraiment établie sur des promesses, bien que certaines promesses s’y rattachent.
Elle fut plutôt établie sur une transaction dans laquelle Israël s’engageait à obéir
en tout, et Dieu garantissait certaines bénédictions conditionnelles à cette
obéissance. À peine le marché conclu, qu’il fut rompu par Israël faisant le veau
d’or. Ce qui fait de suite une différence très nette d’avec l’ancienne alliance,
c’est que la nouvelle alliance est établie sur des promesses
, que ces promesses viennent de Dieu
, et qu’elles sont meilleures
que tout ce qui était proposé sous la loi. Pour avoir une idée de ces
meilleures promesses, il faut lire la dernière partie de notre chapitre, qui
est une citation de Jérémie 31:31-34, et où la nouvelle alliance elle-même est
promise. Les verbes au futur dans la bouche de Dieu en sont une caractéristique.
Il n’est question que de ce que Dieu va faire, et en conséquence de ce qu’Israël
va être et va avoir.
Parlons maintenant de cette meilleure alliance dont Christ est le médiateur. On peut très bien demander : Sur quelle base Dieu peut-Il répandre des bénédictions sur des hommes indignes sans enfreindre les droits de la justice ? La seule réponse possible se trouve dans l’œuvre médiatoriale de Christ. Comme médiateur, il s’est donné « en rançon pour tous » (1 Timothée 2:6). Comme médiateur aussi, Il administre l’alliance établie par Son sang.
Le Seigneur Jésus nous est présenté dans cette épître sous plusieurs caractères. Nous chantons quelque fois : « Combien est riche Son caractère, et toutes les formes de Son amour, exalté sur le trône », mais nous arrêtons-nous suffisamment pour considérer la richesse de Son caractère dans toute sa variété ? Il nous a déjà été présenté comme Apôtre, Souverain Sacrificateur, Précurseur, Garant, Victime, et maintenant comme Médiateur. Il détient toutes ces fonctions en rapport avec la nouvelle alliance et en rapport avec ceux sont les bénéficiaires de ses bénédictions. Comme Apôtre, Il l’annonce. Comme Garant, Il en assume la pleine responsabilité. Comme Victime, Il a versé le sang qui la ratifie. Comme Souverain Sacrificateur, Il la soutient. Comme Médiateur, il l’administre. Comme Précurseur, Il garantit l’arrivée en gloire de tous ceux qui sont bénis par elle dans l’actuelle dispensation.
Quel défaut pouvons-nous y découvrir ? Absolument aucun ! Où est l’échappatoire par laquelle le mal ou l’échec peuvent se glisser ? Il n’en existe pas. Toute bénédiction de la nouvelle alliance est enracinée et fondée sur le puissant Fils de Dieu, et est aussi parfaite et sans défaut que Lui-même l’est. Ceci n’est-il pas magnifique ? Ceci ne remplit-il pas nos âmes d’assurance et de triomphe ?
La première alliance n’était
pas irréprochable comme le verset 7 l’indique. Il n’y avait pas de faute dans
la loi, mais l’alliance était défectueuse vu que tout était conditionné par un
homme fautif. C’est pour cela qu’elle est mise de côté en faveur de la nouvelle
alliance fondée sur le propos de Dieu et l’œuvre de Dieu. Comme le dit le
dernier verset de ce chapitre, le fait même qu’Il parle d’une nouvelle
alliance montre que la première
avait vieilli
et était prête à
disparaître.
La prophétie de Jérémie citée ici, nous montre que la nouvelle alliance sera formellement établie avec la maison d’Israël et la maison de Juda, c’est-à-dire avec Israël restauré et réunifié. Sous cette nouvelle alliance, ils entreront dans les bénédictions du règne millénial. Par la nouvelle naissance la loi sera écrite sur leurs cœurs, si bien qu’il leur sera alors autant naturel de l’accomplir qu’il leur est naturel maintenant de l’enfreindre. De plus leurs péchés seront pardonnés, ils connaîtront Dieu et seront Son peuple. Or l’évangile nous apporte aujourd’hui ces bénédictions sur une base tout à fait similaire.
C’est un fait qu’aujourd’hui quiconque est converti, quelle que soit la nation dont il est issu, est béni sur les principes de la nouvelle alliance, bien que la nouvelle alliance ne soit pas encore formellement établie ; quand elle sera établie, elle le sera avec Israël, et non pas avec les nations, ni même avec l’église. Nous l’avons en esprit, et ainsi nous anticipons ce qui est à venir. En même temps, notons soigneusement que les bénédictions chrétiennes ne sont nullement limitées à celles promises à Israël sous la nouvelle alliance. Au contraire nous jouissons de bénédictions qui vont bien au-delà. Telles sont, par exemple, les bénédictions dont parle l’épître aux Éphésiens.
Le chapitre 8 se termine par l’expression sinistre : « est prêt à disparaître ». C’est ainsi que le Saint Esprit qui inspirait ces paroles, préparait les esprits des disciples juifs à la disparition de leur système religieux vénéré, ce qui arriva très peu d’années plus tard avec la destruction de Jérusalem. Le temple étant détruit, les sacrificateurs mis à mort, les sacrifices s’arrêtèrent ; le judaïsme était devenu l’ombre pâle et sans vie de ce qu’il était. Intrinsèquement et au mieux, il n’était que l’ombre des biens à venir.
Il ne faut cependant pas sous-estimer la valeur des ombres qui
se rapportent à la loi. Elles avaient une très grande valeur jusqu’à ce que les réalités qu’elles typifiaient
soient révélées
, tout comme la lune a une grande valeur jusqu’à ce que le
soleil apparaisse. Au cœur de ce système typique, il y avait le tabernacle et ses
ustensiles, et les versets 9:1-5 résument les détails qui s’y rattachent. C’était
le sanctuaire où Dieu plaçait la nuée qui indiquait Sa présence, mais c’était
un sanctuaire terrestre, de même que toutes les ordonnances du service divin
qui s’y rattachaient. C’est pourquoi l’auteur de l’épître n’avait pas pour but de
parler particulièrement de ces détails.
Son but était de souligner que le tabernacle était composé de deux parties, le lieu saint et le lieu très saint ; et tandis que Aaron et les sacrificateurs de sa descendance avaient pleine liberté pour entrer dans le lieu saint, le lieu très saint leur était interdit ; ils n’étaient absolument pas admis à y entrer. Une fois que la gloire divine eut pris possession du lieu très saint, aucun humain n’y mit les pieds, avec une seule exception. Un seul homme pouvait y entrer, seul, et seulement une fois l’an, et dans des conditions strictes : il devait approcher « non sans du sang ». Tous les détails de cette occasion solennelle se trouvent en Lévitique 16.
Quelle était la signification de tout cela ? C’était sans
aucun doute une figure de ce que le sang de Christ est la seule base permettant
d’approcher Dieu, mais ce que le saint Esprit disait en réalité dans tout cet
arrangement, c’était que dans l’ancienne dispensation, on ne pouvait pas du
tout s’approcher de Dieu en fait. Le moyen d’entrer n’avait pas encore été
manifesté. Nous trouverons en 10:19 un merveilleux contraste avec cela. Mais tant
que le premier tabernacle avait encore sa place devant Dieu, la règle était :
accès impossible
.
On peut donc dire que la loi instituait la religion du lieu saint
, tandis que le lieu très saint
caractérise le christianisme. Mais même quant au
lieu saint, tous les Israélites n’y avaient pas accès ; cela ressort
clairement du triste cas d’Ozias, roi de Juda, relaté en 2 Chroniques 26. Par
contre, les sacrificateurs qui représentaient tout Israël, y avaient libre
accès. Cependant, même ainsi, la vraie valeur de l’ensemble reposait sur sa
signification comme type, comme nous l’avons vu.
L’accent est mis à nouveau sur ce fait aux versets 9 et 10 où le tabernacle est « une figure pour le temps présent », et les dons et sacrifices ne sont que des viandes, breuvages et diverses ablutions ; tout cela n’était que des ordonnances charnelles, en contraste à tout ce qui est de nature spirituelle. Il en découle deux choses.
La première des choses c’est que ces sacrifices ne pouvaient pas
rendre parfait celui qui s’approchait par leur moyen. Ici encore nous
retrouvons ce mot « parfait », et cette fois-ci, il ne se réfère pas
à Christ, mais à nous-mêmes. Les sacrifices Juifs, en raison même de leur
nature, ne pouvaient pas nous rendre parfaits, et ce fait sera répété en 10:1 ;
par contre en 10:14, le glorieux fait que « par une seule offrande, il a
rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés » est affirmé sous
forme de contraste. Non seulement la loi n’a
pas
rendu parfait, mais elle ne le pouvait
pas
, tandis que Christ l’a fait
.
Mais quelle est cette perfection qui nous concerne ? La
réponse à cette question se trouve ici. Il est remarquable que la première fois
où le mot est employé à notre égard, le Saint Esprit prend bien soin de nous le
définir. La perfection concerne nos consciences. En poursuivant notre lecture jusqu’au
ch. 10, nous verrons plus clairement ce que cela signifie. Cela veut dire que tout
le poids du péché, comme charge accusatrice, est complètement enlevé de dessus
nous, de sorte que notre conscience est parfaitement
rendue nette dans la présence de Dieu.
Or c’était quelque chose de totalement inconnu sous la loi. Si un Juif péchait, il était de son devoir d’apporter au tabernacle le sacrifice approprié, et après l’avoir fait, il avait clairement le droit de jouir du soulagement apporté par cette parole : « et il lui sera pardonné » (Lév. 4:31). Ce péché particulier était pardonné une fois que le sacrifice prescrit était offert ; mais c’était tout. S’il péchait de nouveau, il fallait de nouveau apporter un sacrifice, et ainsi de suite durant toute la vie. La pensée qu’un sacrifice puisse être offert et régler une fois pour toutes la question du péché (et ainsi rendre parfaite la conscience du pécheur) n’existait pas.
La seconde chose, c’est que la loi avec toutes ses ordonnances n’était imposée à Israël que « jusqu’au temps du redressement » (9:10), c’est-à-dire jusqu’au moment où les choses seraient remises en ordre. La loi n’était après tout qu’une mesure provisoire. Elle prouvait de manière incontestable combien les choses avaient besoin d’être redressées, en prouvant combien elles n’étaient pas en ordre, mais elle ne redressait rien. Quand Dieu bénira bientôt Israël sous la nouvelle alliance, le temps du redressement sera arrivé. En attendant, comme nous l’avons vu, nous sommes bénis selon les principes de la nouvelle alliance, comme résultat du sacrifice de Christ, et aucun redressement n’est possible sur une autre base que celle-là.
Les versets 11 à 14 sont en contraste avec les versets 6 à 10. Si nous les analysons avec soin, nous verrons combien le contraste va loin et est complet.
En premier lieu, CHRIST est placé devant nous, en contraste avec le souverain sacrificateur selon l’ordre d’Aaron.
Ensuite le sacrificateur selon l’ordre d’Aaron n’avait qu’à
administrer les choses qui existaient à portée de sa main, alors que Christ est
souverain sacrificateur des biens à venir
.
Christ est entré dans le vrai
lieu très saint dans le ciel, un tabernacle plus grand et plus parfait que
celui qui avait été fait de mains dans le désert ; et il y est entré une fois
, au lieu d’y entrer chaque année
comme le souverain sacrificateur autrefois.
Il n’y est pas entré avec le sang de boucs et de veaux qui ne
peuvent pas vraiment enlever les péchés, mais avec Son propre sang
qui obtient la rédemption.
Le sang des animaux offerts en sacrifices sanctifiait bien pour
la pureté de la chair, mais seul le sang de Christ peut purifier la conscience
.
La pureté de la chair obtenue par les sacrifices juifs n’était
que temporaire ; la rédemption obtenue par Christ est éternelle
.
Remarquez en outre la majesté qui caractérise l’offrande unique de Christ. Toutes les trois Personnes de la déité y sont associées. Le Fils de Dieu, sans tache, s’est offert Lui-même. Il s’est offert Lui-même à Dieu, et c’est par l’Esprit éternel qu’Il l’a fait. Il n’est pas étonnant que tout péché est embrassé dans la portée de cette offrande, et que son résultat demeure éternellement.
En ce qui nous concerne, le résultat immédiat est la
purification de nos consciences. C’est par cette purification qu’elles sont
rendues parfaites, et que nous nous détournons des œuvres mortes de la loi (mortes
parce que faites dans le but d’avoir
la
vie) pour servir le Dieu vivant. Si nos consciences ont besoin d’être purifiées
des œuvres mortes, combien plus ont-elles besoin d’être purifiées des mauvaises
oeuvres.
Le raisonnement des premiers versets du chapitre 9 atteint son point culminant au verset 14, mais l’Esprit de Dieu ne nous amène pas directement aux résultats qui en découlent. Au lieu de cela, Il développe avec abondance de détails le point qu’Il vient de présenter, si bien que, quand nous arrivons en 10:14, nous nous retrouvons au point d’où nous étions parti en 9:14. Et ce n’est qu’alors que nous abordons la considération des résultats.
Ceci nous apprend la grande importance qui s’attache à la vérité concernant le sacrifice de Christ. Elle se trouve à la base de tout, et tant que nous ne l’avons pas complètement saisie, nous sommes incapables d’apprécier ce qui en découle. Prions pour que nous ayons un cœur qui saisisse le contenu de ces versets lorsque nous les méditions, car c’est en eux que se trouve le point principal que le Saint Esprit développe et étaie tellement.
Ce point principal est donc que le sang de Christ purifie entièrement la conscience du croyant de sorte qu’il est rendu capable de servir et adorer le Dieu vivant. Or c’était un but entièrement inaccessible sous l’ancienne alliance ; il en découle selon le verset 15 que le Seigneur Jésus est devenu le médiateur, non pas de l’ancienne alliance, mais de la nouvelle. Et donc aussi, Sa mort avait une double portée : d’une part introduire la rédemption vis-à-vis des transgressions sous l’ancienne alliance, et d’autre part devenir la base sur laquelle s’accomplit la promesse liée à la nouvelle alliance. Quelque chose devait être fait pour enlever l’immense montagne de transgressions accumulées sous la loi, et il y avait également besoin de quelque chose si Dieu devait appeler des gens à un héritage éternel. Ces deux buts sont atteints au moyen de la mort, — celle de Christ.
Les versets 16 et 17 sont une parenthèse. Le mot traduit ici par « testament » et par « alliance » au chapitre 8 a ces deux significations. Utilisé en rapport avec Dieu, c’est « une disposition qu’Il a prise, et sur la base de laquelle l’homme doit être en relation avec Lui ». Dans cette courte parenthèse, le mot est utilisé dans le sens de testament, ou dernière volonté, qui n’a de force que si le testateur est mort. Vu dans ce sens, nous voyons encore l’absolue nécessité de la mort de Christ.
Sous l’ancienne alliance, il n’y avait pas de « mort du testateur », mais la nécessité que la mort ait lieu était reconnue par le biais des types. En Exode 24:7-8, on trouve la circonstance à laquelle se réfère Héb. 9:19-20, et un fait remarquable mérite d’être noté : le livre de l’Exode ne parle que de l’aspersion du peuple avec le sang, alors que l’épître aux Hébreux ajoute l’aspersion du livre de la loi.
L’aspersion du peuple semblerait signifier qu’il leur était rappelé que la mort est le châtiment de la désobéissance. Toute violation des exigences de la loi signifiait la sentence de mort sur eux. L’aspersion du livre indiquerait de son côté, que la mort était nécessaire comme étant la base de tout. C’est pourquoi le système même de la loi n’était pas inauguré sans du sang, et ce fait est ajouté ici par l’auteur inspiré, puisque c’est justement le point clé du débat dans cette épître.
De plus, à différents moments en rapport avec les sacrifices, une purification avec du sang intervenait pour les ustensiles du service du tabernacle, et pour « presque toutes choses » — le but en était de faire pénétrer dans le cœur des hommes la leçon si importante que « sans effusion de sang il n’y a pas de rémission » (9:22).
De nos jours, nous pourrions presque dire que cette déclaration est
ce qu’il y a de plus haï dans les Saintes
Écritures
. Rien ne suscite plus la colère, le mépris et le ridicule dans l’esprit
du théologien « moderne ». Et pourquoi cela ? Non pas parce que
sa sensibilité délicate est choquée à l’idée de sang versé, car le moderniste
moyen apprécie une tranche de rôti de bœuf tout autant que le commun des
mortels, — mais parce qu’il sait ce que ce fait signifie en réalité. Il
signifie que la sentence de mort est prononcée sur l’humanité comme étant des
créatures perdues sans espoir, et que seule la mort
peut lever cette sentence de mort pour que les créatures
déchues puissent avoir une rémission. Rendre le témoignage solennel auprès des
modernistes que, comme pécheurs, ils sont sous la sentence de mort devant Dieu,
c’est ce que leur âme abhorre avec une intensité qui confine à la haine. Plus
ils sont orgueilleux, plus ils haïssent.
Ne le comprenons-nous pas tous très bien ? N’avons-nous pas
partagé ces sentiments jusqu’à ce que la grâce soumette notre orgueil et nous
amène dans un état d’esprit honnête devant Dieu ? Le moderniste, bien sûr,
se leurre en pensant que son aversion pour cette vérité provient de ce qu’il a un
sens moral ou esthétique supérieur. Peut-être que, quant à nous, nous ne sommes
jamais tombés victime de ce genre d’opinion vaine ; s’il en est ainsi, il
y a de quoi remercier Dieu ! Dès l’instant où nous sommes amenés à l’honnêteté
et l’humilité d’esprit, nous saisissons l’absolue nécessité de la mort de Christ
.
C’est de cette nécessité que parle le verset 23. Le sang de
boucs et de veaux suffisait pour purifier le tabernacle et les ustensiles du
service, qui n’étaient que des images ; les choses célestes elles-mêmes
avaient besoin d’un meilleur sacrifice. On peut être surpris que les choses célestes
aient même besoin d’un
sacrifice, mais rappelons-nous que Satan et les anges déchus ont eu leur place dans
le ciel, et y ont introduit la tache du péché ; et aussi que nous qui
sommes pécheurs et avons notre place ici-bas, nous sommes destinés comme fruits
de la rédemption, à prendre place dans les cieux. Un des fruits de l’œuvre de
Christ est que non seulement il y aura une purification sur la terre, mais
aussi dans les cieux.
Comme conséquence, les versets 24 à 26 nous introduisent dans l’œuvre
de Christ d’un point de vue très élevé. Lui a été manifesté une fois en la
consommation des siècles, pour l’abolition du péché par Son sacrifice (9:26),
et maintenant, en vertu de Son sang versé, Il paraît pour nous devant la face
de Dieu (9:24). Remarquons ces mots : « pour l’abolition du
péché ». Combien cela va loin ! Cela inclut bien sûr l’expiation de
nos péchés, mais ce n’est pas restreint à cela. Cela inclut le jugement du
péché, mais ce n’est pas restreint à cela. Cela comprend le péché dans toutes
ses ramifications et toute sa portée. Le péché, la racine, et tous les péchés
qui en sont le fruit ; le péché en tant qu’ayant affecté l’homme et la
terre, et le péché en tant qu’ayant affecté le ciel ; le péché dans sa
totalité ; tout est aboli par Son sacrifice. Et Son sacrifice était le
sacrifice de Lui-même
!
Dans ces versets, l’œuvre de Christ est présentée de nouveau en contraste avec le service du souverain sacrificateur d’autrefois, et c’est ce qui explique la manière dont les choses sont dites au dernier verset du chapitre. Quand le souverain sacrificateur juif entrait dans le lieu saint fait de mains, tous les ans au jour des expiations, porteur du sang du bouc, le peuple était dehors en train d’attendre qu’il réapparaisse. Ils attendaient probablement avec émotion, car ils savaient qu’entrer à tort dans la présence de Dieu signifiait la mort. Ils l’attendaient et saluaient sa réapparition avec un soupir de soulagement. Or nous, chrétiens — et ceci s’applique spécialement au résidu juif converti à qui s’adresse l’épître — nous attendons maintenant la réapparition de notre grand Souverain Sacrificateur. Nous Le cherchons des yeux, nous L’attendons, et quand Il viendra ce sera « sans péché » ou « à part du péché ». Il s’est si bien occupé du péché lors de Sa première venue qu’Il n’aura pas besoin d’aborder ce sujet lors de Sa seconde venue. Il apparaîtra pour le salut de Son peuple, et la délivrance de la création qui gémit.
Nous pouvons ainsi voir l’analogie frappante qui existe entre les actions d’Aaron au jour des expiations, et la grande œuvre de Christ ; seulement il y a contraste complet, en ce que les actions d’Aaron étaient typiques et confinées aux modèles des choses célestes, et elles étaient souvent répétées, tandis que Christ a à faire aux réalités célestes, et Son œuvre en sacrifice pour le péché a été accomplie une fois pour toutes. C’est le lot des hommes pécheurs de mourir une fois, puis de se trouver en face du jugement de Dieu. En harmonie avec cela, Christ a été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs, et par conséquent ceux qui L’attendent n’attendent pas le jugement, mais le salut.
Remarquez qu’ici on parle de Christ portant le péché de plusieurs
[ou : de beaucoup
], non pas de tous
. Certes, il est vrai qu’Il est mort
pour
tous, en ce qui concerne la
portée et le propos de Son œuvre. Cependant, s’agissant du résultat effectif de
Son œuvre, Il a porté les péchés de plusieurs, c’est-à-dire de ceux qui
croient. Notez aussi que les mots « ceux qui L’attendent » n’ont pas
vraiment la signification qu’on y attache si souvent, en soutenant l’idée que seuls
les croyants vigilants trouveraient le salut quand le Seigneur reviendra. La
force de tout ce passage est plutôt que le péché a été ôté si parfaitement, et
les croyants ont été purifiés si parfaitement quant à leur conscience et quant
au jugement qui les menaçait, qu’ils sont laissés dans l’attente de la venue de
leur Souverain Sacrificateur descendant du sanctuaire céleste pour les sauver
de toute puissance adverse.
Avec cette pensée devant nous, les premiers versets du chapitre
10 nous ramènent aux jours de la loi, afin qu’une fois de plus nous réalisions
la gloire de l’évangile en contraste avec la loi. Deux fois déjà ce contraste nous
a été exposé, d’abord dans les versets 9:6-14, puis à nouveau dans les versets 9:23-28.
Dans le premier de ces deux passages, le contraste semble porter avant tout sur
la nature
et le caractère
des sacrifices sous la loi, en contraste avec le sacrifice
de Christ. Dans le second passage, le contraste semble porter plutôt sur l’absolue suffisance
du sacrifice de
Christ, qui a eu lieu une seule
fois,
et qui n’est pas répété comme les sacrifices d’autrefois.
Dans le passage maintenant devant
nous, ces contrastes réapparaissent, mais un troisième s’y joint : la gloire suprême de Celui qui est devenu le
sacrifice
, en contraste à la fois avec les sacrificateurs et les sacrifices
d’autrefois. Nous Le voyons sortir de l’éternité pour pouvoir accomplir la volonté
de Dieu dans l’œuvre qu’Il faisait. Le passage commence par le rappel de ce que
la loi avec ses sacrifices n’étaient que des ombres, et ne pouvaient JAMAIS
rendre parfaits les adorateurs. Il se termine avec la déclaration glorieuse que
le sacrifice de Christ les a rendus parfaits pour TOUJOURS.
Il ne s’agit pas seulement du fait que les sacrifices sous la
loi n’ont
rendu personne
parfait quant à la conscience, mais du fait qu’ils
ne
le pouvaient pas
. Leur répétition même le montrait. S’ils avaient servi à
purifier la conscience en sorte que celui qui offrait eût une délivrance complète
quant à toute la question du péché, on aurait cessé de les offrir, vu qu’on ne
continue pas à faire
quelque chose qui
est déjà fait
. En fait, l’effet des
sacrifices était juste l’inverse. Au lieu d’ôter les péchés de la conscience pour
qu’on ne s’en souvienne plus, ils les rappelaient formellement au moins une
fois par an. Le sang des animaux offerts en sacrifice n’avait aucune efficacité
pour ôter les péchés. C’était impossible, comme le dit le verset 4.
L’énoncé de ce verset est suffisamment clair. Cependant, certains peuvent se souvenir de ce qui est dit quant au pardon des divers péchés, ou quant à la purification du péché en Lévitique 4, 5 et 16, et ils peuvent s’interroger sur une contradiction apparente, et éprouver le besoin d’une explication supplémentaire. Il ne faut pas chercher bien loin la solution de la difficulté, et nous pouvons répondre par une illustration.
Un marchand est talonné de près par son créancier. Il est à court d’argent à cause de la dureté des temps, mais il sait que dans trois mois il aura largement les fonds. Que fait-il ? Il offre à son créancier un billet à ordre pour 1000 euros et son créancier l’accepte volontiers, fort satisfait de son intégrité. La question posée est celle-ci : Qu’est-ce que le créancier a reçu en réalité ?
On peut répondre à cette question de deux manières aussi vraies l’une que l’autre, mais apparemment contradictoires. Si l’on pense à la valeur intrinsèque du billet, on répondra : Il a eu un petit bout de papier sur lequel certains mots sont écrits à l’encre, avec l’empreinte d’un tampon du gouvernement dans un coin, — la valeur totale du tout est donc moins d’un centime. Mais si l’on pense à la valeur relative du billet, c’est-à-dire ce qu’il vaudra à la date indiquée et au vu du caractère de l’homme qui l’a émis, on aurait raison de répondre mille 1000 euros.
Les sacrifices d’autrefois étaient comme ce billet à ordre. Ils avaient une valeur, mais elle résidait dans ce qu’ils annonçaient. Ce n’était que du papier ; seul le sacrifice de Christ est comme de l’or fin. Dans le Lévitique, leur valeur relative est indiquée ; dans l’épître aux Hébreux, on trouve que leur valeur n’est que relative et non pas intrinsèque. Ils ne pouvaient jamais ôter les péchés. C’est pourquoi Dieu n’y prenait pas plaisir, et la venue de Christ a été nécessaire.
C’est pourquoi, dans les versets 5 à 9, nous avons la citation du psaume 40 et son application. Il est cité comme la vraie voix du Fils de Dieu au moment où Il entrait dans le monde. Le psaume mentionne les sacrifices, les offrandes, les holocaustes, les sacrifices pour le péché (10:8), c’est-à-dire quatre sortes de sacrifices, comme les quatre sortes de sacrifices du début du Lévitique. Dieu n’a pris plaisir en aucun d’eux, et quand le Fils de Dieu est venu pour faire la volonté de Dieu, ils ont été supplantés, et ont cessé. Dans le corps qu’Il prit, toute la volonté de Dieu fut accomplie, et par le moyen de ce corps livré en sacrifice, nous avons été mis à part pour Dieu une fois pour toutes.
La chose réelle étant accomplie, quel besoin y avait-il encore d’ombres inefficaces ? L’or fin étant apparu, quel besoin y avait-il d’un morceau de papier ? Cette grande parole « Il ôte le premier afin d’établir le second » pourrait presque être considérés comme le sens général de l’épître aux Hébreux — mis sous forme de sommaire, pourrait-on dire.
Une fois de plus nous sommes confrontés à un contraste dans les versets 11 à 14. D’un côté, il y a tous les sacrificateurs de la lignée d’Aaron ; de l’autre « Celui-ci » (10:12) dans Sa dignité solitaire comme Fils de Dieu. D’un côté, le service quotidien, et l’offrande constante de sacrifices inefficaces qui ne peuvent jamais ôter les péchés ; de l’autre l’unique sacrifice parfait, parfaitement efficace, et Celui qui l’offre assis à la droite de Dieu. D’un côté, des sacrificateurs toujours debout (il n’y avait ni chaise ni siège parmi les éléments et ustensiles du tabernacle, car il n’y en avait pas besoin puisque leur travail n’était jamais achevé) ; de l’autre, Celui qui offre, a « par une seule offrande, rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés », en conséquence de quoi, Il « s’est assis à perpétuité à la droite de Dieu ».
Les mots « à perpétuité » apparaissent aux versets 12 et 14. Ceux qui sont mis à part pour Dieu ayant été rendus parfaits à perpétuité quant à leur conscience, Il s’est assis à la droite de Dieu à perpétuité. Il n’attend qu’une chose, c’est que Ses ennemis soient « mis pour marchepied de ses pieds ».
Nous aimons à penser que tous nos lecteurs ont pleinement compris la signification extraordinaire de tout ceci. Oh ! Quelle bénédiction et quel fondement pour l’âme quand nous nous saisissons de cela ! Nous pouvons en voir l’importance incomparable dans la manière dont l’Esprit de Dieu s’appesantit sur le sujet, et le développe dans tous les détails. Remarquez l’affirmation maintes fois répétée de l’unicité du sacrifice de Christ, offert une fois pour toutes. Dans le passage allant de 9:12 à 10:14, on le retrouve six fois. Cherchez et voyez par vous-mêmes. Et qu’alors la vérité contenue dans ce passage puisse pénétrer tous nos cœurs dans sa puissance qui soumet l’âme et la purifie.
Il a souvent été souligné que, dans la première partie d’Hébreux
10, il est d’abord fait mention de la volonté de Dieu, et ensuite de l’œuvre de
Christ, et enfin du témoignage du Saint Esprit. L’œuvre de Christ pour
nous a posé la base pour l’accomplissement
de la volonté de Dieu à notre égard
,
et pour que nous ayons l’assurance des deux, il y a l’Esprit qui nous rend témoignage
(10:15).
Comment pouvons-nous savoir, en tant que croyants mis à part pour Dieu, que nous avons été rendus parfaits à perpétuité ? Seulement en nous appuyant sur un témoin inattaquable. Et où trouver un tel témoin ? Supposez que nous mettions nos sentiments à la barre des témoins d’un tribunal, et que nous les soumettions à un interrogatoire contradictoire sur ce point. Pouvons-nous aboutir à quelque certitude ? Nullement, car ils ne disent jamais la même histoire deux fois de suite. Si certaines fois, ils semblent témoigner que nous sommes justes devant Dieu, d’autres fois ils témoignent exactement en sens inverse. Nous devons les éliminer de la barre des témoins comme absolument non fiables.
Mais le Saint Esprit condescend à prendre la place de Témoin, et
Lui est totalement fiable. Ce n’est pas ici Son témoignage en
nous comme en Romains 8:16. Il est vu ici comme nous rendant
témoignage de l’extérieur, et il est immédiatement fait référence à ce qui est
écrit en Jérémie 31. Les paroles de Jérémie étaient les paroles de l’Esprit,
ses écrits les écrits de l’Esprit. Le témoignage de l’Esprit qu’Il nous rend se
trouve dans la Parole de Dieu écrite. Le fond de Son témoignage en faveur du
croyant c’est : « je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés ni
de leurs iniquités ».
Certains de nos lecteurs manquent-ils d’assurance ? Êtes-vous en proie aux doutes et aux craintes quant à votre salut ? Ce dont vous avez besoin, c’est de recevoir le témoignage de l’Esprit avec une « pleine assurance de foi », comme le dit le verset 22. Peut-il y avoir un témoin plus fiable à vous présenter que celui de Dieu, le Saint Esprit ? Non ! Son témoignage pourrait-il vous être présenté sous une forme plus solide et plus satisfaisante que dans les Écritures de vérité, qu’Il a inspirées. Nous nous permettons d’affirmer : « Impossible ! ».
Supposez que Dieu vous envoie un ange vous annonçant la nouvelle de votre pardon. Cela règlerait-il tout ? Pour un petit moment, peut-être. Car les anges apparaissent un peu de temps, puis disparaissent et vous ne les voyez plus ; le souvenir de sa visite s’atténuerait vite, et le doute reviendrait assaillir votre esprit sur ce qu’il a dit exactement. S’il vous était accordé une merveilleuse irruption de joie, cela vous conviendrait-il ? Elle passerait vite, et serait suivie d’une dépression correspondante, car quand la mer est houleuse, on ne peut pas toujours surfer sur les crêtes des vagues. Suggérez n’importe quel autre moyen de vous donner de l’assurance, et notre réponse sera que, même s’il est plus spectaculaire que les Écritures, vous n’aurez jamais rien de comparable aux Écritures au point de vue fiabilité. Si vous ne pouvez pas ou ne voulez pas recevoir le témoignage de l’Esprit Saint sous cette forme, vous ne le recevrez sous aucune forme.
Le témoignage rendu par l’Esprit est que nos péchés sont complètement pardonnés, et qu’il n’y a plus de sacrifices pour le péché. Au verset 2, il était posé la question suivante : « Autrement n’eussent-ils pas cessé d’être offerts ? » [=les sacrifices juifs pour le péché n’auraient pas cessé d’être offerts s’ils avaient été capables de rendre parfaits ceux qui rendent culte]. Au verset 18, nous apprenons que le seul sacrifice de Christ nous ayant rendus parfaits, et le Saint Esprit lui rendant témoignage, il n’y a plus d’autre sacrifice pour le péché. Quand ces versets ont été écrits, les sacrifices Juifs étaient encore offerts à Jérusalem, mais ils étaient sans valeur en tant que sacrifices pour le péché, et très peu après ils ont cessé d’avoir lieu. Les armées romaines sous Titus, qui détruisirent Jérusalem et éparpillèrent complètement les Juifs, étaient vraiment les armées de Dieu (voir Matt. 22:7) dont Il se servait en jugement pour rendre les sacrifices dorénavant impossibles. Et pourtant une très grande partie du christianisme continue à se prosterner devant ce qu’ils appellent « le sacrifice de la messe ». Combien ce péché est grand ! Pire réellement que le péché de perpétuer les sacrifices juifs, si cela avait été possible.
Le verset 19 place devant nous le grand résultat qui fait suite au sacrifice parfait de Christ : nous avons « une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints ». Aucun Juif, pas même le souverain sacrificateur, n’avait la pleine liberté d’entrer dans les lieux saints faits de mains ; nous, nous avons la liberté d’entrer dans les lieux saints qui ne sont pas faits de mains, — en esprit maintenant, et avec une présence réelle quand le Seigneur viendra. Le converti Hébreux lisant cela se devait se dire de suite : « Cela doit signifier que nous sommes constitués sacrificateurs dans un sens bien plus élevé que ne l’ont jamais été les membres de la famille d’Aaron ». Et il aurait raison ! Bien que dans cette épître, il ne nous soit pas dit précisément que nous sommes sacrificateurs, la vérité énoncée l’implique clairement. Dans 1 Pierre 2, la vérité de la sacrificature chrétienne est clairement affirmée, et c’est aussi une épître adressée à des Hébreux convertis.
Notre « pleine liberté » (ou « hardiesse ») est
basée sur le sang de Jésus, puisque par Sa chair, par le moyen de Sa mort, Il a
ouvert pour nous un nouveau chemin vivant pour accéder à la présence de Dieu ;
mais nous L’avons aussi, Lui Jésus, comme Souverain Sacrificateur vivant dans
la présence de Dieu. C’est ce que le verset 21 mentionne, mais là Il n’est pas
simplement appelé un souverain sacrificateur, mais un « un Grand
Sacrificateur établi sur la maison
de Dieu ». Nous avons vu précédemment dans l’épître qu’Il était appelé à
la fois Sacrificateur et Fils, et il était alors ajouté : « Nous
sommes Sa maison » (3:6). Nous sommes la maison de Dieu, la famille
sacerdotale de Dieu, et au-dessus de nous se trouve ce grand Souverain Sacrificateur,
le Seigneur Jésus Christ, et nous avons plein accès à Dieu. Le verset 22 nous
exhorte à profiter de ce privilège, et à nous approcher.
Nous avons à nous approcher « avec un cœur vrai, en pleine
assurance de foi ». Ces deux choses sont ce qu’on peut appeler les
qualifications morales nécessaires que
nous devrions avoir
. Nous pouvons bien être convertis, mais nous ne pouvons
pas jouir de la présence de Dieu s’il n’y a pas cette foi simple dans l’œuvre
de Christ, et dans le témoignage du Saint Esprit quant au règlement complet de
la question de nos péchés, qui produit une pleine assurance dans nos esprits. Nous
ne pouvons jouir de cette présence que si nos cœurs sont vrais, c’est-à-dire
marqués par la sincérité sous l’effet de la vérité, et sans artifice.
La deuxième partie du verset 22 revient à ce que nous avons
comme fruit de la grâce de
Dieu — et non à ce que nous devrions avoir. Nous avons une pleine liberté par
le sang de Jésus, nous avons un grand Souverain Sacrificateur sur la maison de
Dieu, nous avons les cœurs purifiés par aspersion et le corps lavé, comme le
dit le verset 22.
Ces deux choses peuvent présenter une petite difficulté à nos esprits, mais sans doute les allusions étaient très claires pour le lecteur Hébreu à l’origine. Aaron et ses fils avaient le corps complètement lavé d’eau pure, et ils étaient aussi aspergés de sang avant de commencer leurs fonctions et obligations sacerdotales. Maintenant nous avons les réalités dont cela était le type. La vérité de la mort de Christ a été appliquée à nos cœurs, nous donnant une conscience purifiée, ce qui est le contraire d’une mauvaise conscience. Nous sommes aussi venus sous l’action purificatrice de la Parole de Dieu, qui nous a renouvelés jusque dans les sources les plus profondes de notre être. C’est à cela que le Seigneur Jésus faisait allusion juste avant d’instituer la cène dans la chambre haute quand Il disait : « Celui qui a tout le corps lavé (baigné) n’a besoin que de se laver les pieds ; mais il est tout net » (Jean 13:10). Le mot utilisé par le Seigneur signifie baigné, lavé complètement, comme les sacrificateurs lors de leur consécration. Mais même ainsi, ils avaient encore besoin de se laver les mains et les pieds chaque fois qu’ils entraient dans le sanctuaire.
Dieu merci, nous avons reçu la nouvelle naissance qui correspond à ce lavage d’eau pure. Le « cœur vrai », dont il est parlé précédemment dans ce verset, correspond étroitement au lavage des mains et des pieds qui était nécessaire chaque fois que le sacrificateur entrait dans le lieu saint.
Mais, ayant tout cela, approchons-nous. Saisissons-nous de ce grand privilège d’accéder à Dieu, utilisons-le et jouissons-en. C’est le grand trait qui devrait nous caractériser. Nous sommes ceux qui sont introduits dans cette proximité, ayant une liberté sans restriction de nous approcher de Dieu, en tout temps, bien que sans doute il y a des occasions où nous jouissons spécialement de ce privilège, comme par exemple quand nous nous réunissons en assemblée pour la cène ou l’adoration. Cependant ce n’est aucunement restreint à de telles occasions, — ce qui est clair si nous nous souvenons que cette épître ne parle pas de l’assemblée ni de ses fonctions ; pour trouver de l’instruction à ce sujet, nous devons nous tourner vers la première épître aux Corinthiens.
La présence de Dieu devrait réellement être le lieu d’habitation de nos cœurs, le lieu que nous fréquentons continuellement en esprit. Il ne s’agit pas ici d’y avoir recours avec nos besoins pour y présenter nos prières ; nous avons considéré ce point avec la fin du chapitre 6. Ici c’est plutôt que nous nous approchons dans la jouissance de tout ce que Dieu est, tel que révélé en Jésus, en communion avec Lui, et dans un esprit d’adoration. Nous nous approchons, non pour obtenir quelque profit de Lui, mais parce que nous trouvons de l’attrait en Lui.
Les trois exhortations des versets 22 à 25 sont très étroitement liées. Nous avons à tenir ferme la confession de notre espérance, sans chanceler, vu qu’elle dépend de Celui qui est totalement fidèle. Nous le ferons très certainement si nous entrons dans notre privilège, et si nous nous approchons. Nous trouverons aussi beaucoup d’aide pratique dans la compagnie de nos frères et sœurs en Christ, et dans les exhortations et les encouragements qu’ils donnent. Quand des croyants commencent à vaciller et à se retirer, leur manquement est fréquemment lié à ces deux choses. Ils négligent ce double privilège de s’approcher de Dieu d’un côté, et de se rapprocher de leurs frères et sœurs de l’autre.
C’est un triste fait que de nos jours des milliers de chers chrétiens sont attachés à des dénominations dans lesquelles les grandes vérités que nous avons considérées ne sont guère mentionnées. Comment le pourraient-elles quand tout est organisé de manière à obscurcir entièrement la vérité en question ? Les services sont conduits de manière à ce que le saint, comme individu, est tenu à distance, et qu’il ne peut penser s’approcher que par un intermédiaire, comme s’il était un adorateur juif. Ou il trouve peut-être tout le service conduit pour lui par un pasteur ou prêtre, et ceci tend inévitablement à détourner ses pensées de l’importance suprême de s’approcher lui-même, dans le secret de son âme.
D’autres parmi nous ont l’inestimable privilège de se rassembler selon la forme scripturaire prescrite en 1 Corinthiens 11 à 14. Ce qui est disposé là, est en effet disposé de manière à ce que nous soyons pénétrés de la nécessité de nous approcher de Dieu dans nos cœurs. Mais veillons de peur de perdre nos exercices spirituels, et de déchoir dans un état d’esprit apathique, allant aux réunions en s’attendant à ce que tout soit fait par « des frères exerçant leur ministère ». Peut-être qu’ils nous contrarient parce qu’ils n’exercent pas leur ministère aussi bien que nous pensons qu’ils le devraient ! C’est alors que, au lieu de tenir ferme, nous commençons le laisser aller ; le premier symptôme en est probablement l’abandon des réunions, et plus généralement de la compagnie de nos frères et sœurs. Nous devenons très critiques à la fois contre les réunions et contre les gens, et nous estimons que nos critiques sont très bien fondées !
Si au lieu de tenir ferme, nous commençons le laisser aller, qui peut dire jusqu’où notre recul nous emmènera ? Dieu seul le sait, car Lui seul connaît le cœur. Bien trop souvent, ce recul commence, pour la partie visible, par l’abandon de la compagnie des chrétiens, et il ne s’arrête pas avant d’arriver à l’apostasie complète. Selon ce que nous avons vu en considérant les ch. 3 et 6, ce terrible péché était très présent à l’esprit de l’auteur de l’épître. Il craignait beaucoup que certains Hébreux auxquels il écrivait, n’y tombent. C’est pourquoi il en parle de nouveau ici, et le reste du chapitre est occupé de cela. Au verset 26 il parle de pécher « volontairement » ; et au dernier verset, il parle de se retirer « pour la perdition ».
Pécher volontairement, c’est évidemment abandonner sciemment la
foi de Christ. Aucun vrai
croyant ne le
fait, mais un chrétien professant peut le faire, et c’est justement le fait que
nous ayons atteint la perfection et la finalité en Christ qui le rend si grave.
Il n’y a plus de sacrifice pour les péchés. Ce fait qui semblait si extraordinairement
béni au verset 18, est vu ici à la lumière du verset 26 sous un jour
extraordinairement grave. Au-delà, il n’y a plus rien, que le jugement. Et ce
jugement sera un jugement d’un caractère effrayant, brûlant d’indignation.
Certains peuvent être enclins à penser qu’un tel jugement semble plutôt incompatible avec le fait de vivre au temps de la prédication de la bonne nouvelle de la grâce de Dieu. Mais c’est justement ce qui accroît la sévérité du jugement. Les versets 28 à 31 insistent là-dessus. La grâce nous fait connaître des choses d’une grandeur tellement infinie que les mépriser est un péché d’une grandeur infinie, un péché bien plus grave que de mépriser la loi de Moïse et ses saintes exigences.
Dans l’évangile, nous avons la présentation d’abord du Fils de Dieu ; puis de Son précieux sang, comme sang de la nouvelle alliance ; enfin le Saint Esprit, comme Esprit de grâce. Or qu’est-ce que fait l’apostat, spécialement le Juif qui, après avoir professé le christianisme, l’abandonne et retourne au judaïsme ? Il foule aux pieds le premier (le fils de Dieu) ; le second (le sang de Christ), il le tient pour profane ; et il méprise entièrement le troisième (le Saint Esprit). Il traite avec un dédain et un mépris extrêmes cela même qui apporte le salut. Il n’y a rien au-delà d’elles, si ce n’est le jugement. Il le méritera dans toute son étendue. Tout cela, notez-le, est quelque chose de tout à fait différent d’un vrai croyant qui se refroidit, qui cesse de veiller, et par suite tombe dans le péché.
On voit d’après le verset 32 que, bien que ces avertissements fussent prononcés dans l’intérêt de quelques-uns, l’auteur de cette épître avait toute confiance que la majorité de ceux auxquels il écrivait étaient de vrais croyants. Il se rappelait (et les appelait à s’en souvenir) des jours précédents quand ils souffraient beaucoup de persécutions pour leur foi, et il leur demandait de ne pas rejeter loin leur confiance dans cette heure avancée de leur histoire. Ils recevraient une abondante récompense pour toutes les pertes qu’ils auraient subies ici.
Une seule chose était nécessaire, c’était qu’ils continuent, avec patience, à faire la volonté de Dieu. Alors, à coup sûr, tout ce qui avait été promis leur arriverait. Leur position était qu’ils s’étaient « enfuis pour saisir l’espérance proposée » (6:18). Cette espérance était extrêmement sûre, mais son accomplissement ne peut survenir qu’à la venue du Seigneur, comme l’indique le verset 37.
Pour la troisième fois dans le Nouveau Testament, cette
expression frappante d’Habakuk 2 est citée : « Le juste vivra de
foi », déjà cité en Romains 1 et en Galates 3. Mais le verset précédent n’est
cité qu’ici. Remarquez la modification faite par l’Esprit de Dieu. En Habakuk
nous lisons : « Si elle
tarde, attends-la, car elle
viendra
sûrement » (Hab. 2:3), « elle » se référant à la vision. Mais de
nos jours, les choses sont devenues bien plus claires, et nous connaissons de
façon précise la Personne que cette vision indéfinie désignait. C’est pourquoi
nous lisons ici : « Celui
qui vient viendra, et Il
ne tardera
pas ».
Il est très frappant que le mot « foi » n’apparaît que deux fois dans l’Ancien Testament. Moïse l’utilise une fois dans un sens négatif (au livre du Deutéronome), se plaignant du peuple en disant qu’il n’y avait point en lui de fidélité (ou de foi selon certaines versions, — Deut. 32:20). Le mot n’est utilisé dans un sens positif qu’en Habakuk. Il est également frappant que le Nouveau Testament se soit saisi de ce seul usage positif de ce mot pour le citer pas moins de trois fois. Combien cela met en valeur le fait que nous avons laissé derrière nous le système de la vue au profit du système de la foi. Le judaïsme est supplanté par le christianisme.
Cependant, ce dont il s’agit dans cette citation ici, n’est pas d’être
justifiés par la foi, mais que par la foi nous VIVONS. Nous pourrions dire que
la foi est la force motrice
de la vie
chrétienne. Soit nous avançons vers la glorieuse récompense, soit nous reculons
vers la perdition. Aucun état intermédiaire n’est envisagé.
Ne manquez pas le contraste présenté au dernier verset de notre chapitre (10:39). Il y a d’un côté se retirer pour la perdition, et de l’autre, croire pour la conservation de l’âme. C’est une preuve supplémentaire, s’il en était besoin, que le contraste dans les Hébreux n’est pas entre les croyants qui font bien et les croyants qui font mal, et par conséquent périssent (selon ce que certains supposent) ; mais le contraste est entre ceux qui croient réellement à salut, et ceux qui, étant de simple professants, se retirent pour la perdition éternelle.
Grâces à Dieu pour cette foi vivante qui entraîne l’âme en avant avec patience vers la glorieuse récompense qui nous attend !
Nous en arrivons maintenant au chapitre de la Bible qui est par
excellence le chapitre de la foi
, et
il est facile de voir que cette place lui convient parfaitement dans l’ensemble
du plan de cette épître. Le judaïsme en tant que système religieux, faisait
appel largement à la vue, tandis que les grandes réalités du christianisme sont
invisibles et ne font appel qu’à la foi. L’objet de l’épître étant de délivrer
les Hébreux convertis des linceuls du judaïsme qui s’accrochaient à eux, et de
les établir dans la liberté du christianisme, le Saint Esprit naturellement s’attarde
longuement sur la foi
.
Combien cela est approprié ! Nous faisons bien de nous y
attarder longuement pour que la merveille de l’inspiration divine nous apparaisse
toujours mieux. Nous pouvons aussi remarquer que le grand chapitre de l’amour dans
la Bible est 1 Corinthiens 13, que le grand passage sur l’espérance est 1
Thessaloniciens 4:13 à 5:11. Or on pourrait qualifier 1 Corinthiens d’épître de
l’assemblée locale, et c’est justement dans l’assemblée locale où toutes les
frictions parmi les croyants apparaissent, et où ont lieu les désaccords et
désagréments si éprouvants, que l’amour
est par conséquent si nécessaire. De même aussi, 1 Thessaloniciens est l’épître
où l’on voit les saints souffrir de la part du monde, et dans ces circonstances
rien ne soutient mieux le cœur que l’espérance
.
Tout notre chapitre ressemble à un commentaire de cette petite phrase de Habakuk : « Le juste vivra de foi ». Dès le commencement de l’histoire du monde, ce qui plaisait à Dieu chez les Siens, c’était la manifestation de la foi. Ceci peut nous sembler très évident, mais c’était sans doute une idée plutôt révolutionnaire pour le Juif moyen, car il était habitué à considérer que ce qui plaisait à Dieu, c’étaient les cérémonies et les sacrifices du judaïsme, et les œuvres de loi qui s’y rattachaient. Mais ici l’Esprit de Dieu va par derrière les activités de ces croyants de l’Ancien Testament pour mettre en lumière la foi qui les animait et les inspirait. Leurs œuvres n’étaient pas des œuvres de loi, mais des œuvres de foi. À cet égard, on aura profit de rafraîchir sa mémoire sur le contenu de Romains 4 et Jacques 2, en notant bien comment Paul exclut les œuvres de loi de notre justification, et comment Jacques insiste sur les œuvres de foi comme preuves de la vitalité de la foi que nous professons.
Le premier verset définit non pas ce que la foi est
de manière abstraite, mais ce qu’elle
fait
en pratique. « La foi est l’assurance
des choses qu’on espère, et la conviction de celles qu’on ne voit pas ».
La foi est le télescope qui nous fait voir les vérités invisibles dont Dieu
parle, nous les rendant réelles, nous en donnant l’assurance, et les
transformant en choses solides dans nos cœurs.
Cependant, avant d’être amenés à voir comment la foi a opéré
dans « les anciens », nous trouvons une parole pour nous-mêmes
. Le verset 3 commence ainsi :
« Par la foi, NOUS comprenons… », et les choses vues dans la création
sont placées devant nous. C’est une déclaration très significative. À l’époque
apostolique, il est évident que la foi commune aux chrétiens reconnaissait que « les
mondes ont été formés par la parole de Dieu ». Est-ce la foi de tous les
chrétiens aujourd’hui ? Nous venons de voir que la foi est « la
conviction des choses qu’on ne voit pas
».
Or nous découvrons que seule la foi peut nous donner une vraie intelligence des
choses que nous voyons
effectivement.
Il y a 20 siècles, le monde philosophique était plein de théories étranges sur l’origine
de la création. Des théories tout aussi étranges remplissent les esprits des intellectuels
de nos jours. Toutes ces théories anciennes et modernes considèrent comme
allant de soi que les choses que nous voyons ont été faites à partir de choses
qui existent ; et le processus par lequel ils pensent qu’elles ont été
faites, a reçu le nom d’évolution
.
Les intellectuels sont des gens très intelligents, et ils se sont pourvus d’équipements
vraiment merveilleux pour faire leurs recherches, spécialement de nos jours. Mais
il leur manque une seule chose, la seule qui compte ! Il leur manque la
foi qui permet à n’importe qui de comprendre. Par la foi nous comprenons l’origine
de la création. Sans la foi nous ne la comprenons pas du tout.
Nous aimons à penser que tous nos lecteurs ont la foi qui comprend la création, et qu’ainsi nous sommes préparés à comprendre la foi qui fit agir les anciens, dont le récit commence au v. 4.
L’histoire semble se partager en trois parties :
la foi qui sauve,
la foi qui voit.
la foi qui est prête à souffrir.
En présentant ce plan, nous faisons simplement allusion à ce qui semble être la pensée dominante de l’Esprit dans chaque section, car bien sûr personne ne peut avoir la moindre foi sans que ses effets soient connus des trois manières.
La foi d’Abel le conduisit à « un plus excellent
sacrifice » et à la connaissance qu’il était juste devant Dieu, — connaissance
qu’il reçut par la foi dans le témoignage de Dieu. Il offrit son sacrifice, non
par hasard ni par quelque heureuse inspiration, mais par la foi. On demandera
peut-être : « La foi en quoi ? » Sans aucun doute en ce que
Dieu avait déjà montré quant à la valeur de la mort d’un sacrifice par les
vêtements de peau
dont il est
question en Genèse 3:21. Dieu rendit témoignage à la valeur de son don en
acceptant son sacrifice ; et Abel sut qu’en acceptant son sacrifice, Dieu
le déclarait juste. Bien des chrétiens professants aujourd’hui disent que la
connaissance du pardon des péchés est impossible durant notre vie ; or voici
ici un homme vivant quelques quatre mille ans avant Christ, qui possédait justement
cette connaissance. Et nous qui vivons plus de deux mille ans après que la grande
œuvre d’expiation ait eu lieu, nous ne pourrions pas avoir cette connaissance ?
Abel mourut ; mais dans le cas d’Énoch, le suivant sur la liste, il fut enlevé, en sorte qu’il ne vit jamais la mort. De plus il eut le témoignage, non pas simplement d’être juste quant à Dieu, mais de plaire à Dieu. À cet égard, il nous est rappelé que, sans la foi, nous ne pouvons pas du tout plaire à Dieu (11:6). La foi est la racine d’où jaillissent tous ces fruits qui sont Ses délices ; 1 Timothée 6:10 exprime l’inverse, à savoir que l’argent est la racine de toutes sortes de maux.
Dans le cas de Noé, nous voyons la foi qui sauva du jugement et condamna le monde. Quand il fut averti du jugement prochain, il prit Dieu au mot. Instruit de construire l’arche, il produisit l’obéissance de la foi. Par là il fut séparé du monde. Il reçut la justice et atteignit Dieu par le sacrifice sur la terre renouvelée, tandis que le monde était retranché en jugement.
Le cas d’Abraham occupe les versets 8 à 19, hormis le verset 11 qui parle de Sara, car, si elle n’avait pas été une femme de foi, Isaac, la semence promise, ne serait jamais né. La foi d’Abraham était si exceptionnelle que l’apôtre Paul parle de lui comme « le père de tous ceux qui croient » (Romains 4:11). Il n’est donc pas surprenant que dans ce chapitre il soit plus parlé de lui que de toutes les autres personnes. Ce qui est dit semble se regrouper sous trois titres :
La foi, — la foi qui donne le discernement spirituel. Il ne désirait pas seulement un pays meilleur et céleste, mais il « attendait » une cité céleste bien plus durable que Ur des Chaldéens. Le verset 13 nous dit qu’il
vitles promesses, bien qu’elles fussent
fort éloignéesdans le temps.
Après Abraham, on a la mention d’Isaac, Jacob et Joseph. Dans chacun de ces trois cas, un seul détail de leur vie est mentionné, et dans deux de ces trois cas, ce détail concerne la fin de leur vie. En lisant la Genèse, il est difficile de reconnaître une foi quelconque dans la bénédiction qu’Isaac accorda à ses fils, et il se peut que nous n’en voyions guère dans la manière dont Jacob bénit ses petits-fils ; mais l’œil perçant de l’Esprit de Dieu discerne la foi, et Il la note pour notre encouragement. S’Il n’avait un œil aussi perçant, discernerait-Il de la foi dans les détails de nos vies ? On peut bien se le demander.
Le cas de Joseph est à part. L’Égypte était le pays de sa gloire, mais il savait par la foi que Canaan devait être le pays de la gloire du Messie, c’est pourquoi il commanda qu’en définitive ses os ne reposent pas en Égypte mais en Canaan.
Le verset 23 parle plutôt de la foi des parents de Moïse que de celle de Moïse lui-même. La foi de Moïse occupe les versets 24 à 28. La première grande manifestation de sa foi fut quand il refusa de continuer à vivre dans les splendides circonstances où la providence de Dieu l’avait placé. En face de l’alternative de souffrir avec le peuple de Dieu ou de jouir des plaisirs temporaires du péché, il choisit délibérément la première option. Il choisit de partager le sort du peuple de Dieu, bien qu’il sût que, ceux-ci n’étant alors qu’un peuple d’esclaves opprimés, il n’y avait que de l’opprobre à en attendre. Or il estima cet opprobre comme un trésor, et même un trésor plus grand que ceux de l’Égypte, et les récentes découvertes nous disent quelque chose de la grandeur de ces trésors. L’opprobre que Moïse endura avait le caractère d’opprobre de Christ, dans la mesure où il était une image, certes faible, de l’abaissement infiniment plus grand de Christ quand Il descendit du ciel et s’identifia avec un peuple pauvre et repentant sur la terre, ce que nous voyons par exemple en Matthieu 3:13-27.
Nous avons vu que dans le cas d’Abraham la foi agissait comme un télescope, faisant voir des choses qu’il n’aurait jamais vues autrement. Nous découvrons maintenant dans le cas de Moïse qu’elle agit comme un appareil à rayons X, faisant paraître des choses sous jacentes et lui permettant de voir à travers la gloire clinquante de l’Égypte. Il put ainsi arriver à la vraie racine des choses, et il trouva que la « rémunération » était la seule chose digne d’être considérée. C’est évidemment ce qui le gouverna tout au long de sa carrière remarquable.
En voyant la récompense divine, il était en mesure d’avoir une
estimation correcte des trésors de l’Égypte, et il les situa bien au-dessous de
l’opprobre de Christ. Si la gloire de l’Égypte ne peut être comparée à l’opprobre
de Christ, que sera-t-elle par
rapport à la gloire de Christ ? L’œil pénétrant de la foi menait à l’estimation
de la foi, et celle-ci à son tour menait au choix de la foi et au refus de la
foi.
De Moïse, nous passons au peuple d’Israël au verset 29, et à
Josué au verset 30 (bien qu’il ne soit pas nommé) ; au v. 31 nous arrivons
à Rahab, une Gentile, d’une race maudite, qui plus est. S’il n’y avait pas eu
ce verset, nous n’aurions jamais discerné que la foi était le motif de ses
actions et de ses paroles. En lisant Josué 2, nous aurions pu supposer qu’elle
était une femme de faible moralité et sans principe, soucieuse d’échapper au
sort qui l’attendait. Mais en fait, ses yeux avaient été ouverts pour voir Dieu
. Les Cananéens ne voyaient qu’Israël.
« La terreur de votre
nom est
tombée sur nous », dit-elle, « et tous les habitants du pays se
fondent devant vous
» (Josué 2:9).
Cependant son attitude était celle-ci : « Je sais que l’Éternel
vous a donné le pays ». Voilà
la foi, et ses actions exprimaient le fait qu’elle osait se mettre du côté du
Dieu d’Israël. Cette foi courageuse n’eut pas de la souffrance pour effet,
puisque Dieu intervint sur le champ en puissance.
En général, cependant, Dieu n’intervient pas sur le champ, et alors il s’ensuit de la souffrance. Ainsi, après la mention de Rahab, il y a une liste de noms au verset 32, et ensuite d’autres récits des triomphes de la foi, spécialement des souffrances de la foi. Des multitudes de saints dont le monde n’était pas digne, ont traversé toutes les formes imaginables de persécutions et de souffrances. Ils l’enduraient, n’acceptant pas la délivrance qu’ils auraient pu avoir par abjuration ou par des compromis. La foi souffrait, mais elle les fait passer au travers de ces souffrances.
Le verset 39 nous ramène au point de départ au verset 2. Ils reçurent un bon témoignage quand leur temps fut terminé. Ils sortirent de l’école de Dieu comme un ouvrage achevé. Une indication de la récompense qui les attend pour le jour de la grande « distribution des prix » est fournie par l’affirmation (10:38) que, bien qu’ils aient soufferts de la part du monde, le monde n’était pas digne d’eux. Ils lui étaient infiniment supérieurs.
Et pourtant aucun d’eux ne reçut les choses promises. En temps voulu, selon le sage plan de Dieu, un autre groupe devait être rassemblé et constitué, dont il est parlé dans le « nous » du dernier verset (10:40). Notez le contraste entre le « ils » et le « nous » — entre les croyants de l’Ancien Testament et ceux du Nouveau Testament. Les croyants de jadis avaient beaucoup, mais « quelque chose de meilleur » est réservé aux chrétiens, et nous atteindrons tous ensemble la perfection finale en gloire. La perfection en gloire des croyants de l’Ancien Testament attend que l’église soit complète et que le Seigneur vienne.
Ce verset établit très clairement que le peuple de Dieu se
répartit en plusieurs familles. Les saints de l’Ancien Testament en forment une,
les chrétiens une autre. Les saints du « siècle à venir », quand l’église
aura été enlevée, en formeront une troisième. Nous trouvons divers groupes, ou
familles, distingués dans des passages comme Apocalypse 4:9-11 ; 7:3-8 ;
7:9-17 ; 14:1-5 ; 19:7,9. Beaucoup de ce qui les distingue dépend de
la révélation de Dieu à la lumière de laquelle ils ont vécu, et du propos de
Dieu à leur égard selon lequel est l’appel dont ils ont été appelés. Ici
cependant, le contraste est entre ce que Dieu s’est proposé pour les saints qui
vécurent avant
la venue de Christ, et
pour ceux qui ont le grand privilège de vivre après
.
Dans le christianisme, ce « quelque chose de meilleur » a été mis au grand jour. En effet le mot « meilleur » est caractéristique de cette épître puisque, comme nous l’avons vu, le grand but de cette épître est de montrer que le vrai christianisme transcende complètement le judaïsme. Nous avons déjà eu devant nous un meilleur apôtre, un meilleur sacrificateur, une meilleure espérance, une meilleure alliance, de meilleures promesses, un meilleur sacrifice, des biens meilleurs, une meilleure patrie et une meilleure résurrection. Parcourez les chapitres et notez ces choses pour vous-mêmes.
Dès les premiers mots du chapitre 12, nous nous trouvons en face de l’application à nous-mêmes de tout ce qui a précédé au chapitre 11. Tous ces héros de la foi de l’Ancien Testament sont autant de témoins, pour nous, de la vertu et de l’énergie de la foi. Ils nous poussent à courir la course de la foi aujourd’hui, comme eux l’ont fait autrefois.
En 1 Corinthiens 9, la figure d’une course est appliquée au
service chrétien ; ici il s’agit de la vie chrétienne. C’est une image
très pertinente puisque la course requiert de l’énergie, de la concentration et
de l’endurance. Voilà pourquoi nous avons ici l’exhortation à courir avec
patience, et la « patience » a ici le sens d’endurance
. La vie chrétienne normale ne ressemble pas à un sprint
court de 100 mètres, mais plutôt à une course sur une longue distance, pour
laquelle l’endurance est le facteur décisif.
Sur ce sujet de l’endurance, des symptômes inquiétants se manifestaient chez ces croyants Hébreux, comme la dernière partie du ch. 10 l’a montré. Le verset 10:36 commence ainsi : « Car vous avez besoin de patience ». Il est alors fait mention de la foi comme du principe énergisant de la vie chrétienne, puis cela est suivi par le long développement sur la foi au ch. 11. Ainsi, ce ch. 11 est une sorte de parenthèse, et au verset 12:1, nous revenons à ce que l’on peut appeler la ligne principale de l’exhortation.
Nous ne pouvons courir la course avec patience que si nous mettons de côté tout fardeau et le péché qui nous enveloppe. Le péché est un obstacle très efficace. Il est comme une entrave dans laquelle on se prend les pieds, et qui fait tomber. Mais les fardeaux sont mentionnés en premier lieu, comme s’ils étaient, après tout, le plus grand obstacle. Beaucoup de choses ne peuvent en aucune façon être cataloguées comme des péchés, mais se révèlent être des fardeaux pour un chrétien sérieux ; pareillement il y a beaucoup de choses tout à fait justes, et permises à des gens ordinaires, mais qu’un athlète doit laisser. Il se dépouille de tout ce qui peut gêner ses progrès pour atteindre le but. Or tout chrétien devrait se considérer comme un athlète spirituel, comme 2 Timothée 2:5 le montre également.
On a parlé quelque fois du chapitre 11 comme de « la galerie de portraits de la foi », et du début verset 12:2 comme le grand tableau-Maître qui achève cette galerie. En parcourant cette galerie, on peut bien admirer les différents portraits, mais le tableau-Maître les rejette tous à l’arrière-plan. Aucun autre que JÉSUS n’est le Chef (c’est-à-dire l’auteur, l’initiateur, l’origine, le conducteur) et le Consommateur de la foi (Celui qui l’a achevée). Les autres ont manifesté certains traits de la foi ; on en a vu des éclairs à différents points de leur carrière. En Lui on a pu voir tout le spectre de la foi, la foi dans sa plénitude, en tout temps, du début à la fin.
Le mot « notre » dans la version autorisée anglaise
(12:2 « le consommateur de notre
foi ») n’existe pas dans le texte original, et ne fait qu’obscurcir le
sens.
Celui qui était l’exemple parfait de la foi est placé devant
nous comme notre but, et comme l’Objet qui commande notre foi. En ceci nous
avons un avantage immense sur tous les personnages illustres du ch. 11, car ils
vivaient en un temps où aucun Objet de ce genre n’était connu. Nous avons
remarqué que la foi est l’œil ou le télescope de l’âme, et que c’est la foi qui
voit
. Eh bien, ici la foi regarde à
Jésus. S’Il remplit la vision de nos âmes, nous trouverons en Lui l’énergie
motivante dont nous avons besoin pour courir la course.
En outre Il est notre exemple. Il a été confronté à toutes les sortes d’obstacles quand Il marchait ici-bas sur le chemin de la foi. Il n’a pas eu seulement à faire face à la contradiction des pécheurs, mais aussi à la croix, avec toute la honte qu’elle entraînait. La honte de la croix était une petite chose pour Lui : Il l’a méprisée. Mais qui peut dire ce qui était impliqué dans la croix elle-même ? Certains d’entre nous chantent :
« La profondeur de toutes Tes souffrances
Aucun cœur ne pourra jamais la concevoir,
La coupe débordante de la colère
Toi Tu l’as reçue pour nous ;
Et oh ! abandonné de Dieu
Sur le bois maudit :
Avec des cœurs reconnaissants, Seigneur Jésus,
Nous nous souvenons de Toi.
Mais, bien que nous ne puissions pas concevoir tout ce que la
croix représentait pour Lui, nous savons ceci : Il l’a endurée
.
Dans le fait d’endurer ces souffrances pour le péché, le Seigneur Jésus est resté absolument seul, et il est impossible de parler de Lui comme d’un exemple. Dans les souffrances moindres qu’Il a souffert de la part des hommes, Il est un exemple pour nous, car d’une façon ou d’une autre, nous souffrons en Le suivant. Il est allé jusqu’à l’extrême limite, résistant jusqu’au sang plutôt que de se détourner de la volonté de Dieu. Les Hébreux n’avaient pas été appelés au martyre au moment où l’épître a été écrite, ni nous jusqu’à aujourd’hui, mais nous avons quand même besoin de Le considérer, Lui.
À cet égard, une autre chose doit être prise en compte. Nous sommes tellement enclins à considérer la souffrance comme quelque chose de terriblement nocif par nature, comme une pure perte. Mais il n’en est pas ainsi. Elle peut être plutôt mise dans la colonne des profits d’un livre de comptes, vu que Dieu la prend en main, et l’intègre dans Son plan, l’utilisant pour notre formation. Cette pensée occupe les versets 5 à 11 de notre chapitre.
Trois mots sont utilisés dans ce passage : discipliner, reprendre, fouetter. Le dernier parle bien sûr de donner un coup de fouet, et le second d’une réprimande. Mais le premier, bien qu’il puisse parfois être utilisé pour une correction, signifie en premier lieu la discipline au sens d’éducation de l’enfant ; il vaut la peine de noter que, tandis que chacun des deux autres mots ne sont utilisés qu’une fois dans ce passage, le premier est utilisé pas moins de huit fois. Il s’agit donc bien de la pensée dominante de ce passage. Nous SOMMES les enfants de Dieu, et Il s’occupe donc de notre formation, et nous ne devons pas oublier l’exhortation qui nous est adressée en cette qualité.
L’exhortation citée provient de Proverbes 3. Reportez-vous au
passage et vous verrez qu’il s’agit de Salomon s’adressant au lecteur comme « mon
fils ». Ici pourtant l’exhortation est présentée comme la voix de Dieu s’adressant
à nous (c’est comme au ch. 1 où la répétition de l’expression « il
dit », ou des équivalents, introduit à chaque fois une citation de l’Ancien
Testament). On pourrait peut-être dire que c’est la voix de l’Esprit de Dieu,
car au cours de l’épître, nous avons des expressions comme : « comme
dit l’Esprit Saint » (3:7), « l’Esprit Saint indiquant ceci » (9:8),
« l’Esprit Saint aussi nous en rend témoignage » (10:15). Il faut
retenir ceci : ce que l’Ancien Testament présente comme un conseil de Salomon
à son fils est considéré, dans le Nouveau Testament, comme la parole de Dieu pour nous
.
Nous devons donc prendre cette discipline de la main de Dieu comme une chose normale. C’est une preuve pour nous, que nous sommes Ses enfants. Et quand nous sommes donc sous Sa discipline, nous avons ni à la mépriser ni à en perdre courage, mais nous avons à être exercés par elle, comme le verset 11 le dit. Si nous sommes gais et optimistes par nature, nous aurons tendance à ne pas tenir compte des troubles par lesquels Dieu peut juger bon de nous faire passer. Nous affichons un visage plein d’assurance, nous nous rions de ce qui arrive, et nous n’y reconnaissons pas du tout la main de Dieu. Ce faisant, nous méprisons Sa discipline. Inversement, si nous sommes pessimistes par nature, et facilement déprimés, nos esprits perdent courage au moindre trouble, et la foi semble nous manquer. C’est passer à l’autre extrême, mais dans les deux cas on perd tout le profit auquel les troubles devaient nous amener.
Le point principal est d’être exercés
par nos troubles. La discipline implique du trouble, car il
nous est dit clairement qu’« aucune discipline, pour le présent, ne semble
être un sujet de joie, mais de tristesse » (Héb. 12:11). Et l’exercice
signifie que nous transformons nos troubles en une sorte de gymnase spirituel (le
mot grec utilisé au v. 11 pour « exercés » est celui dont dérive le
mot « gymnase »). L’exercice corporel (ou gymnastique) est utile à
peu de chose, selon 1 Timothée 4:8. L’exercice (ou gymnastique) de nos esprits
est d’un grand profit pour faire des progrès vers la sainteté et la justice.
Par ces exercices, nous devenons participants de la sainteté de Dieu Lui-même,
et nous sommes conduits dans des sentiers de justice. La justice elle-même
porte un fruit qui est paisible, même si le processus disciplinaire au travers
duquel on passe pour y arriver est plutôt tempétueux.
La tendance des Hébreux était manifestement de perdre courage sous l’effet des troubles, et c’est pourquoi, à la lumière de ces faits sur la discipline de Dieu, on trouve au verset 12 l’exhortation à renouveler les énergies dans la course. Observez les coureurs au départ d’une course de marathon. Leurs bras sont pliés fermement à leurs côtés, leur pas est élastique, et leurs genoux forts. Regardez les ensuite à l’approche de l’arrivée, une ou deux heures plus tard. La plupart ont couru jusqu’à l’épuisement. Ils ont les bras ballants, les genoux tremblants, et ils trébuchent, l’air maussade.
« C’est pourquoi
redressez… ». Nous devons renouveler nos forces justement parce que nous
savons ce que la discipline de Dieu a pour but d’opérer dans les âmes. Nous
avons pu imaginer que parler de la discipline de Dieu à un pauvre chrétien
faible et trébuchant était tout à fait propre à l’effondrer ; or si elle
est bien comprise, c’est justement ce qui le relèvera. Quoi de plus
encourageant que de découvrir que tout ce que Dieu fait a pour but de
promouvoir la sainteté et la justice, et de nous préserver du péché et des
fardeaux qui entraveraient nos progrès dans la course ?
De plus nous devons considérer le bien des autres, et non pas simplement le nôtre. Les versets 13 à 17 tournent nos pensées dans ce sens, et il est parlé de deux classes, le boiteux et le profane. Par « boiteux », nous entendons des croyants faibles en foi, et par « profanes », ceux qui ont fait profession d’êtres chrétiens, et se sont mêlés à eux, mais qui en même temps ont préféré le monde. Les versets 16 et 17 considèrent justement cette catégorie à laquelle il a déjà été fait allusion aux ch. 6 et 10 ; ils ne peuvent pas être renouvelés à la repentance, et ils n’ont pas d’autre perspective que le jugement. Ésaü en est le grand exemple dans l’Ancien Testament, et Judas dans le Nouveau Testament.
Nous avons à veiller à ce que ces profanes ne nuisent pas aussi
à d’autres, en devenant des racines d’amertume. Si nous lisons Jean 12:1-8,
nous voyons combien Judas aurait facilement pu devenir une racine d’amertume si
le Seigneur n’était pas intervenu de suite. Ceux dont il est dit qu’ils sont
boiteux, ont besoin d’un traitement très différent. Nous devons tendre à la
guérison de tels croyants et veiller soigneusement à ce que des sentiers droits
soient placés devant eux. Nous avons tous besoin de ces sentiers droits, et
nous devons les faire
droits.
Hélas ! Certains semblent prendre plaisir à rendre tout aussi difficile et
compliqué que possible, tandis que le sentier de justice et de sainteté est
toujours très droit et simple. Et nous avons à faire tout cela parce que nous
sommes venus à un ordre de choses non pas en rapport avec la loi, mais avec la
grâce.
Les deux systèmes nous sont résumés dans les versets 18 à 24, Sinaï d’un côté et Sion de l’autre. Les ancêtres de ces Hébreux étaient venus au Sinaï ; et les Hébreux eux-mêmes avant leur conversion y étaient venus dans ce sens qu’ils étaient venus à Dieu connu selon Sa manifestation au Sinaï (quand ils s’étaient approchés de Lui, aussi près qu’ils le pouvaient à l’époque).
Mais maintenant tout était changé, et en s’approchant de Dieu dans la merveilleuse intimité permise par l’évangile, ils venaient sur un autre terrain, en rapport avec un ordre de choses entièrement nouveau. La montagne de Sion était devenue un symbole de la grâce, de même que Sinaï était devenu un symbole de la loi, de sorte qu’en croyant à l’évangile, et en nous tenant dans la grâce de Dieu, nous pouvons dire que nous sommes venus à Sion.
Il n’est pas facile de voir le rapport entre toutes les choses mentionnées dans les versets 22 à 24 ; nous pouvons être aidés en notant le petit mot « et » qui sépare les divers éléments les uns des autres. Il est parlé par exemple de l’innombrable compagnie des anges comme étant « l’assemblée universelle », celle-ci n’étant pas l’église ou l’assemblée, qui est mentionnée immédiatement après.
Nous sommes considérés ici comme étant sous la nouvelle alliance, et donc comme étant venus à tout ce qui est clairement révélé en rapport avec elle. Huit choses sont mentionnées, et chacune a pour but de nous ouvrir les yeux sur leur supériorité par rapport à ce que les Hébreux connaissaient en rapport avec la loi.
Les Juifs pouvaient se vanter de la Jérusalem terrestre qui était prévue pour être le centre du gouvernement divin sur la terre : mais nous, nous sommes venus à la cité céleste d’où le gouvernement de Dieu s’étendra sur tous les cieux et toute la terre. Les Juifs savaient que des anges avaient servi à l’occasion du don de la loi ; mais nous, nous sommes venus à l’assemblée universelle des myriades d’anges, qui sont tous serviteurs de Dieu et de Ses saints. Israël était l’assemblée de Dieu dans le désert et dans le pays de Canaan ; mais nous, nous appartenons à l’assemblée des premier-nés dont les noms sont écrits dans les cieux. Notre citoyenneté est une citoyenneté céleste !
Moïse avait aussi dit à Israël que « l’Éternel jugera son peuple » (Deut. 32:36) ; mais nous, nous sommes venus à Dieu, juge de tous, quelque chose de bien plus grand. L’ancien ordre de choses s’occupait d’hommes justes vivant sur la terre ; nous, nous sommes venus aux mêmes, mais rendus parfaits en gloire [« les esprits des justes consommés »]. Finalement, nous ne sommes pas venus à Moïse médiateur de l’alliance de la loi, et au sang de taureaux et de boucs ; mais nous sommes venus à Jésus, médiateur d’une nouvelle alliance, et à Son précieux sang d’une valeur infinie.
Nous sommes venus à tout cela par la foi
, et nous attendons l’heure de la manifestation qui s’approche
sûrement. Israël était venu au Sinaï qui était visible, et ils en furent terriblement
effrayés. Nous, nous sommes venus par la foi à Sion, et à tout ce qui s’y rattache,
et cette venue n’en est pas moins réelle ; mais en y venant, nous sommes
grandement réconfortés et affermis.
Il y a un côté sérieux à ce sujet, qui met fortement et solennellement l’accent sur tout ce que Dieu nous dit aujourd’hui. Il a parlé autrefois aux pères par Moïse et les prophètes, mais maintenant Il a parlé des cieux. Le fait qu’Il a maintenant parlé dans Son Fils, nous faisant connaître Sa grâce, n’atténue pas la solennité de Ses paroles, mais au contraire l’accroît, comme nous l’avons vu aux versets 2:2-3.
Si nous nous détournons de Sa voix céleste, nous n’échapperons certainement pas. Il parla au mont Sinaï, exprimant ce qu’Il exigeait des hommes, et Sa voix fit trembler la terre. Maintenant Il a parlé dans les richesses de Sa miséricorde. Mais entre ces deux occasions, Il a parlé par Aggée le prophète, annonçant Sa détermination à ébranler non seulement la terre, mais aussi les cieux. Il ébranlera en fait tellement, que tout ce qui peut être ébranlé le sera. Seules les choses immuables subsisteront. Notre Dieu, le Dieu des chrétiens, est un feu consumant, et tout ce qui n’est pas convenable pour Lui, sera dévoré par Son jugement.
Pouvons-nous considérer ce jour en toute sérénité ? Effectivement,
nous le pouvons. Le croyant le plus faible y a droit, car nous recevons chacun un
royaume inébranlable. Et justement parce que nous avons un royaume immuable,
nous devons avoir la grâce pour servir Dieu avec révérence et avec une vraie
piété. Ayons tous à cœur cette révérence qui convient à notre attitude envers
Dieu, même s’Il nous a introduits dans une telle proximité de Lui-même. Elle
nous convient justement parce que
nous
avons été introduits dans cette proximité.
Notons aussi que nous sommes exhortés à servir Dieu d’une
manière qui Lui soit agréable, non pour
que
le royaume nous soit assuré, mais parce
que
nous l’avons reçu, et qu’il ne peut être enlevé. La certitude même de l’avoir,
loin de nous rendre négligents, nous incite seulement à servir.
Le premier verset de notre chapitre est très court mais très important. Le verbe « demeure » se trouvait déjà au verset 12:27. Seules les choses immuables demeureront quand arrivera le grand jour où tout sera ébranlé. Alors, que l’amour fraternel demeure parmi les saints de Dieu aujourd’hui. C’est l’une des choses qui resteront immuables dans l’éternité.
Rappelons qu’au début de l’épître (2:10), il est parlé des croyants comme de « plusieurs fils » amenés « à la gloire ». Christ était vu comme « le chef de leur salut », qui « n’a pas honte de les appeler frères ». C’est pourquoi il est tout à fait évident que les chrétiens sont frères, et qu’il leur faut cultiver l’amour qui existe entre eux, ce fruit de la nouvelle nature divinement implantée. En nourrissant cet amour, nous ne serons pas comme des enfants construisant un château de sable destiné à être emporté à la prochaine marée, mais comme ceux qui construisent pour l’éternité.
Les versets 2 et 3 indiquent deux directions dans lesquelles l’amour
fraternel doit s’exprimer. Tout d’abord, dans l’hospitalité, c’est-à-dire l’amour
des étrangers. Le monde a l’habitude de se préparer à recevoir ceux qu’il
estime importants ou influents, et ainsi à rendre honneur aux hôtes distingués.
Nous, nous sommes invités à nous élever au-dessus de ces motifs purement
mondains, et à recevoir les frères qui nous sont inconnus, simplement parce que
ce sont
des frères. C’est la
manifestation du vrai amour fraternel : une manifestation qui ne se voit
que très peu dans notre pays. Deuxièmement, il doit se manifester dans le
souvenir des frères dans l’adversité, particulièrement ceux qui sont
emprisonnés.
Le mot « souvenez-vous » ici, signifie se souvenir d’une manière active, non pas simplement se remémorer, mais agir avec une sympathie active. « Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui », nous est-il dit par ailleurs (1 Cor. 12:26) ; et ce que nous trouvons ici est en harmonie avec ce fait. Le vrai amour fraternel devrait nous conduire à nous souvenir de tous ceux qui souffrent de manière à les soutenir et les secourir avec sympathie, selon notre possible.
Au verset 4, il s’agit de l’amour naturel, tristement perverti et défiguré dans le monde. Chez les chrétiens, il doit être gardé intact comme une chose sanctifiée, ayant son origine en Dieu.
Au verset 5, c’est un autre amour qui est placé devant nous, l’amour de l’argent. La manière de vivre des chrétiens doit être caractérisée comme n’en ayant pas du tout, puisque c’est un amour qui ne provient jamais de Dieu. C’est seulement quand l’homme est devenu une créature déchue, qu’il a perdu l’amour pour Dieu, et qu’il a intronisé dans son cœur des objets terrestres, spécialement l’argent qui lui permet de les poursuivre.
La Parole nous dit ici d’être content « de ce que nous avons présentement ». Ces mots nous sondent profondément. Le monde est rempli de convoitise, plus que jamais. Dieu n’est pas dans ses pensées, qui sont concentrées sur le gain matériel. De là jaillissent tous les conflits. Les envies, les jalousies, les rancunes, les querelles sont partout ! Oh ! Vivons en contraste complet avec tout cela ! Qu’il soit manifeste à tous que nous sommes animés d’un amour autre que l’amour de l’argent !
Mais, dira-t-on, dans ces jours de concurrence, nous devons agir de toutes nos forces pour gagner de l’argent, sinon nous ne garderons pas longtemps ce que nous avons, et nous sombrerons dans la pauvreté. Or ces versets répondent immédiatement à cette pensée. Nous avons la promesse catégorique de Sa présence et de Son soutien infaillibles ; par conséquent, nous pouvons compter avec assurance sur le Seigneur pour tous nos besoins, et ne pas avoir peur de l’homme.
Il y a deux points très intéressants aux versets 5 et 6. Le premier concerne la manière dont l’Ancien Testament est cité. C’est à Josué que l’Éternel dit : « Je ne te laisserai point et je ne t’abandonnerai point » (Josué 1:5). Nous pourrions nous dire : « Mais je ne suis pas Josué. C’était un homme de foi très éminent, et je ne suis qu’un croyant très insignifiant, et souvent très faible. Ne serait-ce pas très effronté et impertinent de ma part de supposer tranquillement qu’une promesse faite à lui est également valable pour moi ? » Il est délicieux de découvrir par ces versets, qu’une pareille application de cette promesse ancienne n’est pas la hardiesse de la présomption, mais la hardiesse de la foi. Le fait est, bien sûr, que ce que Dieu est, Il l’est envers les Siens en tout temps et en toutes circonstances. « Il n’y pas de variation ni d’ombre de changement » chez Lui (Jacques 1:17). Il ne sera pas moins envers les Siens dans cette dispensation, qu’Il ne l’a été dans la dispensation passée. Nous pouvons entièrement compter sur Lui.
La poétesse chrétienne a dit : « Ceux qui se confient en Lui absolument, Le trouvent absolument fidèle ». Il en est ainsi bien sûr, mais quand on cite ces paroles, il est bon de mettre l’accent sur le mot « trouvent », car c’est également un fait qu’il est absolument fidèle pour ceux qui ne se confient pas en Lui absolument. Leur foi déficiente ne L’incitera jamais à une fidélité déficiente. Non ! Mais leur foi déficiente obscurcira la vue qu’ils ont de Sa fidélité, et il est possible qu’ils ne Le TROUVENT jamais absolument fidèle, qu’ils ne s’en rendent jamais réellement compte, comme étant une chose réalisée et dont ils jouissent — jusqu’à ce qu’ils le découvrent dans la gloire.
Le second point intéressant n’est pas tant l’application de ce
texte de l’Ancien Testament, mais plutôt le raisonnement qui est basé dessus.
Le schéma du raisonnement est le suivant : « Lui-même a dit… en sorte
que, pleins de confiance, nous disions … ». Si Dieu parle, nous pouvons
accepter ce qu’Il dit en toute confiance. Plus que cela, nous pouvons affirmer en
toute hardiesse ce que Lui affirme. Et nous pouvons faire même encore plus. Car
s’Il affirme des choses Le concernant par rapport aux Siens, nous pouvons
affirmer avec hardiesse que ces choses s’appliquent
à nous
, puisque nous sommes à Lui. Nous pouvons vraiment nous l’approprier
en toute confiance comme s’appliquant à chacun individuellement, même quand nous
lisons ici : « Le Seigneur est MON aide et je ne craindrai
point ». Dans notre lecture des Écritures, prenons l’heureuse habitude de
nous appliquer ainsi les paroles de Dieu.
Avant de laisser les six premiers versets, notons encore la simplicité
recommandée ici aux croyants,
une simplicité bien trop souvent perdue dans nos jours de civilisation
artificielle. Un témoignage combien frappant serait rendu si nous étions davantage
marqués par cette amour fraternel qui s’exprime dans l’hospitalité et la
sympathie pratique, dans l’amour naturel préservé avec honneur et avec pureté,
et dans un saint contentement, le fruit de la présence de Dieu réalisée, tout
ce qui est à l’opposé même de la folie de la convoitise et du mécontentement du
monde.
Le verset 7 nous invite à nous souvenir de nos conducteurs qui nous
ont enseigné la parole de Dieu. Pour être un conducteur, il ne suffit pas de
présenter la parole de Dieu, mais il faut la mettre en pratique. Quand c’est le
cas, la foi devient évidente, et on peut voir « la fin » ou « l’issue »
de la conduite, et nous pouvons sans risque être exhortés à imiter leur foi.
Observez bien qu’il est dit : Leur foi
.
C’est très facile de se mettre à imiter les façons de parler et d’agir, et les manies
de ceux vers qui nous regardons. Mais, si nous imitons quelque chose, que ce
soit la foi qui sous-tend et inspire tout le reste chez eux.
Au verset 8 aussi, nos pensées sont ramenées vers les choses du début du ch. 1. Nous y avions découvert que les paroles du psaume 102:27 : « Toi, tu es le Même, et tes années ne finiront pas », n’étaient pas adressées à Dieu d’une manière générale, mais s’appliquaient spécifiquement à Celui que nous connaissons comme notre Seigneur Jésus Christ. Cette pensée est amplifiée dans cette grande déclaration que « Jésus Christ est le même, hier, et aujourd’hui, et éternellement ». De qui pourrait-on dire une telle chose si ce n’est de Celui qui était et qui est Dieu ?
Or justement parce que Celui qui est le centre de notre foi demeure le Même, il doit y avoir une constance dans toute la vérité qui est centrée sur Lui. Il ne peut jamais être le centre et le thème de doctrines diverses et étrangères (13:9). Il n’y a pas de place pour cette agitation insatisfaite de l’esprit humain qui court sans cesse après des idées innovantes, aussi contradictoires soient elles. Or la connaissance réelle de Jésus stabilise le cœur, avec grâce ; alors la variété et la nouveauté cessent d’attirer. Le danger qui menaçait directement les Hébreux était l’apport de doctrines étrangères tirées de leur ancienne religion ; c’est à quoi fait allusion le terme « viandes ».
Une certaine proportion des viandes consommées par les Juifs provenait de leurs sacrifices. Lévitique 7 nous montre que non seulement les sacrificateurs, mais aussi, dans certains cas, ceux qui offraient avaient le privilège de manger des parties des sacrifices offerts : c’est ce qui s’appelle manger de l’autel. Combien les Juifs incrédules ont dû souvent railler avec mépris leurs frères croyants de ce qu’ils n’avaient plus maintenant d’autel duquel ils pouvaient réclamer leur part ! Mais le fait est que : « nous avons un autel » ! Or le Juif orthodoxe orgueilleux n’avait pas le droit de manger de cet autel chrétien, s’étant exclu lui-même par sa propre incrédulité.
Quel est l’autel chrétien, et où le trouver ? « Venez à nous », disent les Romanistes (ou Catholiques), « vous le trouverez dans nos grands autels, ornés de crucifix et de cierges, où l’on dit la messe tous les jours ». Les Orthodoxes grecs et les Anglo-Catholiques disent à peu près la même chose. Mais que dit l’Écriture ? Elle dit : « Nous avons un autel… car… Jésus aussi… a souffert hors de la porte » (13:10-12). Les autels des patriarches et des Juifs, les seuls autels faits de mains qui eurent jamais l’approbation de Dieu, n’étaient que des types de la mort de Christ. Nous mangeons de cet autel du fait que la moindre part de toute bénédiction spirituelle que nous pouvons nous approprier vient de là. Nous mangeons Sa chair et buvons Son sang, selon les propres paroles de notre Seigneur en Jean 6, dont l’image ne se réfère pas à la cène du Seigneur, mais plutôt à une appropriation spirituelle de Sa mort. De même que le baptême présente en figure notre ensevelissement avec Christ, ainsi la cène du Seigneur est en figure cette appropriation spirituelle : c’est tout.
Dans la mort de Christ, nous avons notre autel ; or dans Sa mort nous avons aussi l’antitype du sacrifice pour le péché. Selon Lév. 4, si le péché en question était de nature à impliquer toute l’assemblée d’Israël, alors le sang du sacrifice devait être porté dans le lieu saint et on devait en faire aspersion devant le voile, tandis que le corps de l’animal devait être brûlé hors du camp. Notre Seigneur Jésus Christ s’est chargé de toute la question du péché dans toute sa gravité. Son sang a parlé dans la plénitude de son efficacité dans la présence directe de Dieu ; et en toute fidélité au type, notre Seigneur est mort comme Celui qui était rejeté hors de la porte de la ville même qui était le couronnement et la gloire de la religion de l'homme. Nous sommes heureux d’être les bénéficiaires de l’efficacité de Son sang devant Dieu ; ne sommes-nous pas heureux d’être identifiés avec Lui dans le lieu de Son rejet hors du camp ? Nous ne pouvons l’être que si nous sommes effectivement venus là sous l'effet de l'attraction puissante de Son amour !
Le verset 11 nous donne le type ; le verset 12 donne l’accomplissement du type en Jésus souffrant hors de la porte de Jérusalem. Le verset 13 donne l’exhortation basée là-dessus, mais en utilisant de nouveau le vocabulaire du type. Nous ne sommes pas exhortés à sortir de la ville, car nous n’avons pas ici de cité permanente comme le verset 14 le rappelle, mais nous sommes exhortés à sortir hors du camp. Pour le croyant, le monde est devenu un désert.
De plus, si l’exhortation avait été de sortir « hors de la
ville », les paroles auraient eu une signification simplement politique
pour ces premiers chrétiens Hébreux. Quand Jérusalem fut détruite par les
Romains quelques années plus tard, les chrétiens s’enfuirent effectivement de la
ville, presque comme un seul homme, mais ce n’est pas ce dont il s’agit ici. Le
camp
, c’était Israël vu
religieusement, Israël groupé autour du tabernacle selon l’ordre divin. Ces
Hébreux étaient appelés à sortir du système religieux du judaïsme, et ainsi à
porter l’opprobre de Christ. Une seule chose pouvait les inciter à obéir à cet
appel : c’était l’amour pour Lui. « Ainsi donc, sortons VERS
LUI ».
Si nous lisons attentivement les Actes, nous réalisons que la
plupart des croyants juifs n’avaient nullement rompu les liens avec le
judaïsme. Ils pensaient continuer avec Christ ET avec le judaïsme. C’était le
cas pour beaucoup d’entre eux, et leur caractéristique était d’être « tous
zélés pour la loi
» (Actes
21:20), plutôt que zélés pour Christ. Quand cette épître fut écrite, l’heure
avait sonné pour un changement décisif. Il ne pouvait plus y avoir Christ ET le
judaïsme. Il fallait que ce soit Christ OU le judaïsme. S’ils voulaient Christ,
alors il fallait sortir vers LUI hors du camp.
Quelques années passèrent, et dans la chute de Jérusalem, le cœur même du judaïsme disparut. Le temple, les autels, les sacrifices, les sacrificateurs, tout fut balayé. Le camp, au sens strict, était parti. Allons-nous supposer que cette exhortation avait dès lors perdu toute sa force ? Nullement, car les Juifs continuèrent à avoir quelque chose de ressemblant à leur religion au moyen de synagogues et de rabbins, et ils ont continué jusqu’à aujourd’hui. Ils ont encore une sorte de camp, bien que ce ne soit pas le camp institué par Dieu à l’origine. Quand un Juif est converti aujourd’hui, cette exhortation l’appelle indiscutablement à sortir du judaïsme vers Christ rejeté, aussi réellement que jamais.
Que dirons-nous de ce triste travestissement du christianisme
primitif qui s’appelle aujourd’hui la chrétienté ? Elle s’est presque
entièrement organisée selon le modèle du camp Juif. Elle s’enorgueillit de ses
prêtres, de ses sanctuaires mondains et souvent de ses sacrifices. Tout cela
repose sur une base mondaine, et encourage fréquemment l’alliance avec le
monde. L’exhortation dont nous parlons ne s’y rapporte-t-elle pas ? Est-il
vraisemblable que Dieu commence par appeler son peuple à sortir d’un système
religieux dont Il était à l’origine, et finisse par accepter qu’ils demeurent
dans des systèmes religieux qu’Il n’a jamais institués, mais qui ont été créés
au cours de longs siècles d’infidélité et de déclin ? Quel renouveau
verrions-nous si chaque chrétien entendait vraiment le cri : « Vers
Lui HORS du camp », et qu’il y obéissait
!
Il y a sans doute mille raisons pour ne pas obéir.
En voici une : « Nous nous isolerions. Ce serait terne et misérable ». Vraiment ? Pourquoi alors le verset 15 continue-t-il en parlant de louanges et d’actions de grâces ? Ceux qui sont sortis vers Christ hors du camp débordent de louanges et d’actions de grâces ! Ils les offrent par Lui, car Il est leur Souverain Sacrificateur, et ils sont exhortés à en offrir continuellement. Le camp juif avait bien, sans aucun doute, les trompettes d’argent et les cymbales retentissantes. Mais que valaient-elles ? Le camp de la chrétienté a, sans conteste, des orgues magnifiques et des orchestres et de merveilleux chœurs. Mais qu’en est-il du « fruit des lèvres qui confessent Son nom » ? C’est un autre sujet, or c’est justement la chose qui importe !
Voici une autre objection : « Nous perdrions toutes nos occasions de faire du bien ». Vraiment ? Pourquoi alors le verset 16 parle-t-il de la manière de faire la bienfaisance ? Le fait est que ceux qui sont obéissants ont devant eux des occasions illimitées de vraie bienfaisance, et au lieu de perdre leurs opportunités, ils offrent de vrais sacrifices de bienfaisance.
On pourrait encore dire : « Si vous sortez hors du camp, il n’y aura que désordre et confusion ». Que dit alors le verset 17 ? Ces Hébreux, bien que sortant hors du camp, auraient des conducteurs et des guides suscités par Dieu et veillant sur eux pour le bien de leur âme. Ce serait un plaisir de se soumettre à de telles personnes. Il n’y a là rien qui ressemble à du désordre, mais plutôt le contraire.
Mais encore une fois, certains diront : « Mais nous
avons besoin du cadre extérieur d’organisation comme ce que le camp fournit.
Sans haies, les brebis s’égarent toujours ». Mais regardez les versets 20
et 21. Longtemps avant ces versets, selon Jean 10, le Seigneur Jésus avait
parlé de Lui comme du Berger entré dans la bergerie juive pour appeler Ses
brebis par leur nom et les conduire
dehors
. Maintenant Il nous est présenté comme « le grand pasteur des
brebis », ressuscité d’entre les morts par le Dieu de paix. En sortant
vers Lui, ils quittaient la bergerie définitivement et pour toujours, pour
venir complètement sous Son autorité et Ses soins pastoraux. Ils venaient à Celui
par qui ils pouvaient être rendus « accomplis en toute bonne oeuvre pour
faire la volonté de Dieu ».
Tout ceci est aussi vrai pour nous aujourd’hui que pour les croyants Hébreux du premier siècle. Si nous sommes sortis vers Lui qui est notre Berger ressuscité, nous sommes venus à un lieu tel que celui dont parle le psaume 23, avec une plénitude de signification que David lui-même ne pouvait pas avoir connu. Au lieu d’être dans le besoin, nous serons comme des brebis qui paissent dans de verts pâturages, satisfaites de leur abondance.
C’est la note sur laquelle l’épître se termine. L’auteur parle d’une « parole d’exhortation », et c’en est bien une. C’est aussi une lettre écrite « en peu de mots ». Bien que deux épîtres la dépassent en longueur, c’est vraiment quand même « en peu de mots » vu la grandeur et la portée de son contenu. Si nous avons vraiment assimilé ces « peu de mots », nous aurons acquis quelque connaissance de choses si grandes que l’éternité ne les épuisera pas.