Attendez-vous l’un l’autre (1 Cor. 11:33)
Le mal de l’individualisme

Frank Binford Hole


Extrait du supplément Scripture Truth dans la circulaire de juin 1966 https://www.stempublishing.com/authors/hole/Art/tarry.html


Tout comme il est nécessaire d’éviter le sectarisme si nous voulons marcher en communion selon le modèle de l’apôtre, il est également nécessaire de fuir l’individualisme qui, à certains égards, est l’extrême opposé.

Pour dissiper d’éventuels malentendus, affirmons à nouveau que nous acceptons pleinement la déclaration souvent répétée que, en un temps où l’unité et l’ordre extérieurs de l’église professante se sont effondrés, le chemin de la foi devient un chemin individuel ; nous entendons par là qu’il s’agit d’un chemin qui doit être emprunté et maintenu dans l’énergie d’une foi individuelle. 2 Timothée 2:19-22 en est une preuve évidente. Les responsabilités et les privilèges qui y sont imposés reposent sur « quiconque » « quelqu’un », et tout le passage s’adresse non pas à une église mais à Timothée, un individu fidèle, et par conséquent, lorsqu’on obéit au v. 22, ceux qui poursuivent ainsi la justice, la foi, l’amour et la paix ne sont que des membres individuels du corps de Christ qui marchent ensemble dans la vérité.

Nous sommes pleinement d’accord avec tout cela, et pourtant il faut aussi maintenir avec autant de clarté que de tels membres du corps de Christ qui vont ainsi ensemble, ne marcheront dans la vérité que s’ils sont gouvernés par elle dans sa totalité. Ignorer la vérité concernant l’Église de Dieu n’est pas acceptable.

Supposons un tel rassemblement de saints placé devant nous. Nous leur faisons remarquer que, tout d’abord, ils ne doivent pas supposer être ce qu’ils ne sont pas. Ils ne sont pas L’Église, pas plus qu’ils ne sont une Église au sens d’être un corps constitué, c'est-à-dire une personne morale avec une constitution propre. Ils sont simplement des membres du corps de Christ (lequel est L’Église) qui ont pour but de se rassembler et de marcher selon sa constitution d’origine.

En second lieu, nous leur soulignons que l’éclatement et l’échec qui en est résulté ne les a en aucun cas déchargés de la responsabilité de marcher selon tout ce que l’Écriture indique comme étant la volonté du Seigneur quant à Son Église. Si nous voulons Lui obéir et Lui plaire, nous ne sommes pas libres de déterminer notre action individuelle, ou notre jugement, ou notre ministère, au détriment de la communion pratique dans ces choses, qu’il s’agisse de la personne individuelle ou du rassemblement individuel de saints.

Les croyants à Corinthe, comme l’apôtre Paul le leur écrivait, étaient charnels et marchaient à la manière des hommes, et par conséquent ils étaient tombés dans le sectarisme en formant des écoles d’opinion autour de leaders favoris. Il est aussi évident qu’en même temps ils s’affirmaient en tant qu’individus d’une mauvaise manière, et que cet individualisme faisait des ravages au milieu d’eux. Nous allons maintenant souligner les preuves de ce que ce faux principe opérait chez eux selon la première épître.

En 1 Corinthiens 10, il est discuté la question de l’association avec les idoles et l’idolâtrie. L’apôtre commence par l’histoire d’Israël en tant que peuple de Dieu déclaré, et montre à quel point une telle association s’était avérée ruineuse dans leur cas. Cela mène à l’exhortation du v. 14. À partir du v. 15, l’apôtre les exhorte sur la base de ce qui est présenté dans la Cène du Seigneur. Le vrai caractère de la coupe et du pain est qu’ils indiquent le sang et le corps de Christ ; et de plus, ils sont la communion de Son sang et de Son corps,. Nous partageons tous ce pain comme un seul corps (v. 17), et non comme autant de croyants individuels. Ici, nous avons la Cène du Seigneur considérée dans sa nature et sa portée abstraites, et l’individualisme est clairement exclu à cet égard.

En 1 Corinthiens 11:17, l’apôtre poursuivait son ministère de correction ; il se tourne vers les erreurs et les abus qu’il y avait au cours de leur réunions effectives — leurs assemblées. Il faut bien sûr faire la distinction entre l’église à Corinthe et leur réunions effectives ensemble sous ce caractère. Tout au long de cet article, nous utilisons le mot « église » pour le premier sujet (église à Corinthe) et réservons le mot « assemblée » pour le second sujet (les réunions effectives). Les saints à Corinthe se rassemblaient parfois dans le cadre du ministère de serviteurs du Seigneur — par exemple pour écouter Apollos et recevoir de l’aide par son intermédiaire (Actes 18:2) — ces réunions n’étaient pas des « assemblées » au sens où nous utilisons maintenant ce mot (mais elles en étaient), c’est-à-dire de véritables rassemblements de l’église en tant que telle, soumise à leur Tête ressuscitée agissant par Son Esprit au milieu d’eux. L’église pouvait ainsi se réunir en assemblée pour la discipline (1 Cor. 5), pour manger la Cène du Seigneur (1 Cor. 11), pour le ministère d’édification, d’exhortation et de consolation (1 Cor. 12 et 1 Cor. 14:1-5), pour la prière et l’adoration (1 Cor. 14:9-17).

Tout d’abord donc, à propos de leurs assemblées, il évoque les partis qui existaient parmi eux et qui étaient bien visibles lorsqu’ils se réunissaient « en assemblée » (1 Cor. 11:18). Ce sectarisme peut se traduire par des partis sélectifs d’un type très rigide et exclusif, groupés autour de l’enseignant ou du prédicateur choisi, mais il est évidemment étroitement lié à l’individualisme, dans la mesure où il découle d’un sens exagéré de l’importance de l’individu qui est au centre du parti. Cela finit par le fait que les saints « tiennent ferme » le chef du parti au lieu de « tenir ferme la tête ».

Au v. 20 (1 Cor. 11), l’apôtre se tourne vers l’assemblée pour manger la Cène du Seigneur. Il y avait de graves abus, mais nous nous contentons de souligner qu’en mangeant ce qu’ils prétendaient être la Cène, ils mangeaient en réalité « chacun son repas » (1 Cor. 11:21). Ils individualisaient tellement ce mémorial sacré qu’il devenait une scène de désordre inconvenant, chacun mangeant pour lui-même. D’où l’injonction de l’apôtre au v. 33 (1 Cor. 11) : « Ainsi, mes frères, quand vous vous réunissez pour manger, attendez-vous l’un l’autre ».

Tout cela est extrême et effrayant, et serait totalement inexcusable si cela se produisait maintenant que nous avons la Parole de Dieu dans nos têtes d’une manière que les Corinthiens n’avaient pas. Nous devons cependant veiller à ce que quelque chose de plus subtil ne se produise. En effet, nous rompons le pain et buvons la coupe individuellement, mais nous le faisons comme ceux qui appartiennent à un seul corps, en harmonie avec le seul pain auquel nous participons.

En 1 Corinthiens 12, il est question des dons ou manifestations de l’Esprit. Ceux-ci se trouvaient dans divers membres du corps comme le Seigneur dans Sa sagesse s’était plu à ordonner, mais ils étaient donnés à des individus en vue de l’ensemble : « Or à chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue de l’utilité » (1 Cor. 12:7) et cette utilité est pour le profit du corps tout entier comme le montrent les versets suivants.

Or, si le membre qui a un don doit s’effacer, s’il doit faire disparaître son importance personnelle qui découlerait naturellement de la possession d’un don, et le plaisir personnel qui pourrait le guider dans l’utilisation de ce don, le membre lui-même doit être complètement sous l’emprise de l’Amour Divin. D’où le magnifique chapitre de 1 Corinthiens 13 qui intervient comme une parenthèse.

1 Corinthiens 14 reprend le fil de 1 Corinthiens 12 et nous donne un aperçu des assemblées de Corinthe pour le ministère, la prière et la louange. L’individualiste se levait et parlait dans une langue inconnue, il s’édifiait lui-même (1 Cor. 14:4) alors que le but divin dans l’assemblée était que l’Église soit édifiée.

Le v. 26 (1 Cor. 14) éclaire beaucoup. Dans leurs assemblées, chacun d’eux avait un psaume, un enseignement, une langue, une révélation, une interprétation. Les versets suivants donnent des instructions sur l’utilisation de ces dons ; et de ces versets et du v. 31 en particulier, nous déduisons qu’il n’y avait rien de mal à ce que chacun d’eux ait quelque chose à apporter ; car tous pouvaient prophétiser un par un — non pas dans une seule occasion, sans doute, mais il y avait la liberté pour tous selon que le Seigneur dirigeait en différentes occasions. Le problème résidait plutôt dans cet individualisme qui les amenait à dégrader la Cène du Seigneur pour faire que chacun mangeait son propre souper. Ils dégradaient ce qui était l’assemblée du Seigneur où Lui gouverne et dirige par Son Esprit, en une réunion libre et facile de beaucoup d’individus ayant chacun ses propres idées et son petit morceau qu’il était impatient de jeter dans le pot commun.

La différence entre l’assemblée en fonctionnement dirigée par le Seigneur et le rassemblement individualiste de type Corinthien peut être comparée à la différence entre un couvre-lit en lin finement tissé, et un couvre-pied fait de morceaux disparates cousus ensemble. La Bible elle-même est constituée de 66 livres écrits à différentes époques par des hommes différents. Pourtant, une unité divine l’imprègne parce qu’elle a été écrite sous l’inspiration de l’Esprit de Dieu. Une unité similaire du ministère comme de la prière ou du culte sera discernée dans une assemblée dont les activités sont contrôlées par l’Esprit de Dieu, et plus elle sera contrôlée de cette manière, plus cette unité pourra être discernée.

L’Esprit de Dieu devait tellement contrôler complètement l’assemblée que, si un prophète était debout, s’étant levé sous l’effet de l’Esprit, et qu’une autre révélation était faite à un autre prophète assis à côté, le premier devait immédiatement l’accepter comme un signal que le temps était venu pour lui de s’arrêter et de reprendre son siège pour céder la place à l’autre.

Dans les conditions actuelles du ministère exercé par un seul homme, et des formes et coutumes liturgiques qui prévalent dans les organisations religieuses, toute cette partie de l’Écriture est réduite à une lettre morte. Il est possible d’organiser des rassemblements de saints en dehors de ces restrictions et avec la liberté du ministère, et pourtant de n’aboutir qu’à des réunions de type individualiste comme à Corinthe. En effet, il en est forcément ainsi si nous ne sommes pas prêts à garder devant nous la vérité de l’Église dans sa communion et son fonctionnement pratiques. Aucun rassemblement de saints aujourd’hui, nous le répétons, ne peut être plus que le rassemblement de quelques membres du corps de Christ, mais étant ainsi rassemblés, s’ils veulent être obéissants ils doivent agir à la lumière de toute la vérité de l’église.

Pour conclure notre bref examen de l’épître, nous pouvons noter que le recours à la discipline et à l’exclusion mentionnées en 1 Corinthiens 5 impliquait également une action de l’assemblée. En effet l’énergie et l’action apostoliques sont très présentes dans les v. 4 et 5, car jusque-là les consciences des Corinthiens étaient endormies, mais l’action finale à entreprendre selon le v. 13 avait un caractère d’assemblée.

La seconde épître nous montre qu’une telle action a été entreprise, et que « le grand nombre » ou la masse des saints y a mis la main (2 Cor. 2:6). La première épître (2 Cor. 7:11) les avait tellement secoués pour être zélés que la grande masse d’entre eux s’était regroupée et avait solennellement exclu l’offenseur du milieu d’eux. Aujourd’hui, hélas ! les saints sont souvent si léthargiques que seuls quelques-uns se groupent pour agir si une triste occasion de ce genre se présente, et la punition est infligée par le « petit nombre » plutôt que par le « grand nombre ».

Si nous considérons maintenant un peu comment ces corrections et instructions apostoliques s’appliquent aujourd’hui, nous nous rendrons vite compte à quel point il est nécessaire de prêter attention aux instructions de 1 Corinthiens 14. Il est encore possible pour quelques saints de se rassembler comme « assemblée », même s’ils ne sont qu’une fraction de ceux qui composent l’Église dans leur ville. Ainsi assemblés, ils peuvent rompre le pain, prier et s’attendre au Seigneur pour le ministère par l’intermédiaire de deux ou trois de Ses serviteurs — ce qu’on qualifie de « réunion libre » (ou : « ouverte »). Sommes-nous débarrassés de tout individualisme en ces occasions ? Nullement. Combien de fois nous remarquons des actions de grâces et des hymnes particuliers de louange et d’adoration, tout à fait excellents en eux-mêmes considérés individuellement, mais à l’évidence pas du tout en harmonie avec ce qui a précédé ou suivi, et complètement inadaptés si on les juge du point de vue de l’action de l’Esprit dans l’assemblée ! Combien souvent il y a des moments de prière où la même requête est répétée à plusieurs reprises par divers frères, oubliant apparemment que le premier qui a été amené à la demander l’a fait en tant que porte-parole de ceux qui étaient présents, et que cela a été ratifié par tous par l’« Amen » final ; et que donc, sauf cas exceptionnel, cette répétition constante est inutile puisque tous l’ont déjà demandé ! Combien de fois encore il y a cette tendance à se rassembler avec chacun son hymne, sa prière, sa portion de l’Écriture qu’il faut exprimer à tout prix !

En outre, il faut se garder de le forme d’individualisme dont on a parfois parlé comme étant de l’« indépendance ». Cela peut prendre la forme d’un saint individuel affirmant sa personne, son jugement, ses actions contre l’assemblée où il se trouve, ou la forme d’une assemblée individuelle agissant dans une totale indifférence par rapport aux autres assemblées, ou comme n’ayant aucun rapport avec elles, alors que ce sont des assemblées qui marchent également dans la soumission au même Seigneur.

Certains vont peut-être objecter que nous ne trouvons pas grand-chose dans l’Écriture quant à ces erreurs. Nous le reconnaissons. Le cas de Diotrèphe (3 Jean) s’y rapporte, mais d’une manière générale, c’est le genre de troubles qui ont affligé l’église dans ces derniers siècles. Au commencement, l’autorité apostolique agissait comme un frein sur cette forme d’individualisme. Nous y sommes davantage exposés dans ces derniers jours, lorsque les saints ont essayé une fois de plus de marcher selon la vérité, mais sans autorité apostolique au milieu d’eux hormis les écrits apostoliques, et même sans anciens désignés comme au commencement. Leur position est similaire à celle des Juifs retournés à Jérusalem sous Zorobabel, Néhémie et Esdras, qui n’avaient pas de roi et une sacrificature très imparfaite. Ces éléments extérieurs étaient perdus, et cela aurait été de la folie, sinon pire, que d’affecter disposer d’un pouvoir qu’ils ne possédaient pas en ordonnant un roi et davantage de sacrificateurs. La perte de ces éléments extérieurs ne les exemptait cependant pas de l’obéissance à toute la loi.

C’est pourquoi nous estimons qu’aujourd’hui nous avons spécialement besoin de grâce et de sagesse en la matière. Nous ne voulons pas entraver les serviteurs du Seigneur, mais ils doivent se rappeler qu’ils sont membres du corps de Christ, et s’ils prétendent marcher, avec tous ceux qui sont disponibles, sur le chemin de l’obéissance à toute la vérité de l’Église, ils doivent garder ces choses à l’esprit. Ce qui est bon pour l’individu est clairement bon pour le rassemblement individuel des saints également. Nous devons donc éviter soigneusement la position d’indépendance que l’on appelle communément le « congrégationalisme ».

Il est parfaitement certain que des défaillances se sont souvent produites dans le passé quant à ces sujets, tant avec des saints individuels qu’avec des rassemblements individuels, et si le Seigneur ne revient pas tout de suite, ils se reproduiront encore. « Que devons-nous faire alors », demandera-t-on ?

Notre responsabilité est d’agir dans la soumission au Seigneur, c’est-à-dire dans l’obéissance à Sa parole. Les pouvoirs de discipline appartiennent aux saints collectivement, selon Romains 16:17, 18 et 1 Thess. 5:14 et 2 Thess 3:6, 14, 15. Même dans le cas très flagrant de Diotrèphe, l’apôtre se contente d’une action menaçante, si et et quand il viendrait. Il n’a pas poussé Gaïus ou Démétrius à tenter eux-mêmes une forte contre-attaque. L’individualisme ou l’indépendance n’ont pas à être combattus avec de la contre-indépendance. L’esprit de division ne peut pas être surmonté, selon Dieu, par l’esprit de contre-division. Si, par un zèle mal orienté, nous essayons d’y remédier, nous risquons toujours de faire que le remède soit pire que le mal, et d’avaler un chameau entier dans nos efforts pour éliminer le moucheron.

En écrivant ce qui précède, nous gardons pleinement à l’esprit qu’un temps peut venir, selon 2 Timothée 2:16-21, où l’action individuelle n’est pas seulement permise par l’Écriture, mais réellement prescrite. Ce temps est celui où le mal, étant entré, est de nature à renverser la foi en attaquant les fondements. Alors, en présumant qu’il dépasse toute action d’assemblée, l’individu doit agir pour lui-même dans la fidélité à Son Seigneur.

Si nous nous rassemblons effectivement au nom du Seigneur, nous sommes redevables de notre position à une telle action individuelle faite dans la fidélité au Seigneur. Dans cette position, nous sommes tenus d’agir comme étant gouvernés par la vérité toute entière concernant l’Église et la communion des apôtres, et de ne pas agir sur une base individualiste. Si, pour des raisons d’infidélité, la position est abandonnée ou corrompue, alors une fois de plus, l’action individuelle selon 2 Timothée 2 nous incombe afin qu’une position selon Dieu soit prise et que la pureté personnelle soit maintenue.

Nous avons encore une application à faire de la vérité qui est devant nous. On a beaucoup dit et écrit il y a quelques années sur le caractère non conforme à l’Écriture des « cercles de communion ». Dans la mesure où ces « cercles » sont du genre à dire « Je suis de Paul », etc., ou sont formés pour défendre une vérité ou des vérités particulières, nous sommes tout à fait d’accord. Cependant, nous ne devons pas oublier qu’il y avait un cercle de communion à Jérusalem le jour de la Pentecôte. Au petit matin, il comprenait environ 120 noms, et à la tombée de la nuit, il en comptait plus de 3000. Ce cercle de communion était « la communion des apôtres ».

Plus tard, à Corinthe, le « cercle » formé par Dieu fut mis en péril par des « cercles » sectaires qui n’étaient pas encore ouvertement séparés les uns des autres, mais qui formaient des partis au sein de l’Église, fruit de leur condition charnelle. À cet égard, 1 Corinthiens 11:18-19 éclaire beaucoup. « Car il faut aussi qu’il y ait des sectes parmi vous », dit l’apôtre. Il n’y avait pas pareille fatalité chez les Philippiens ou les Éphésiens, où l’état dominant était celui de la fraîcheur et de la puissance spirituelle. Si les saints marchent dans la chair, les tendances charnelles ne peuvent que se manifester. Mais d’un autre côté, de telles manifestations charnelles ne servent qu’à mettre en relief le fait d’adhérer fidèlement à ce qui est divin et d’être ainsi approuvé par Dieu. Il y en avait manifestement à Corinthe qui ne se rangeaient sous l’égide d’aucun parti.

Lorsque les partis de « Paul », « Apollos » et « Céphas » se formèrent à Corinthe, et que certaines des âmes les plus spirituelles et les plus fidèles refusèrent de se joindre à leurs mouvements, il est plus que probable que, aux yeux du spectateur négligent ou mondain, ces fidèles n’apparaissaient qu’être en train de former un autre parti. Mais même s’il leur était difficile, voire impossible, de prouver le contraire et de se justifier, ils étaient approuvés par Dieu et l’apôtre inspiré les voyait. Ils avaient là de quoi être contents.

Par conséquent, si nous n’avons pas plus envie de former « un cercle de communion » que de former « une église », nous suggérons qu’il serait bon de découvrir tout d’abord ce que l’on entend exactement par « cercle de communion », et ensuite que nous devrions nous assurer que le remède proposé pour les « cercles » de communion, contre lesquels on proteste, n’est pas que chaque individu soit autorisé à former son propre cercle de communion. Sinon, nous ne faisons que pratiquer un individualisme de type corinthien à notre guise.

Nous ne voulons pas d’un « cercle » de communion, mais nous voulons de la communion. C’est un trésor précieux. Soyons donc prudents, de peur que, comme on dit, nous ne « jetions le bébé avec l’eau du bain ». Les idéaux humains s’incrustent souvent sur la vérité. En se débarrassant de cette incrustation, il n’est que trop facile de laisser échapper la vérité. Il vaut mieux « s’attendre l’un l’autre », comme le commande l’Écriture.