Service Intelligent

Frank Binford Hole [ajouts bibliquest entre crochets]

Extrait de Scripture Truth, vol. 16, 1924, p. 150

Table des matières :

1 - [Contenu de Romains 1 à 12]

2 - [Service instinctif ou intelligent]

3 - [Nos corps présentés en sacrifice à Dieu au lieu d’être esclaves du péché]

4 - [Des sacrifices vivants ?]

5 - [‘Esprit, âme et corps’ ou ‘corps, âme et esprit’]

6 - [Le monde entraîne dans un tourbillon vers la mort]

7 - [Laisser-aller ou fausses apparences de piété]

8 - [Dangers de l’argent]

9 - [Vivre selon la chair ou selon l’Esprit]

10 - [Corps vivants offerts en sacrifice en raison de la mort quant à la volonté de la chair]

11 - [Ne pas suivre l’exemple du monde de notre époque]

12 - [Être transformé par le renouvellement de notre entendement]

13 - [Quelle place donnons-nous à la Parole de Dieu ?]

14 - [La volonté de Dieu pour nous]

14.1 - [Humilité]

14.2 - [Penser aux autres]

14.3 - [Veiller à ce qui nous est attribué]


1 - [Contenu de Romains 1 à 12]

L’épître aux Romains nous présente un déploiement ordonné de l’Évangile aux ch. 1 à 8. Tout d’abord, nous avons un exposé de


Avec Romains 12 commence la partie exhortative et pratique de l’épître ; sur la base du déploiement des miséricordes de Dieu dans les chapitres précédents, l’apôtre nous supplie de présenter nos corps « comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu », et il ajoute : « ce qui est votre service intelligent ».


2 - [Service instinctif ou intelligent]

Que le croyant soit converti pour être un serviteur de Dieu est un fait bien reconnu. Une fois qu’une personne a reçu la vie divine, elle est désireuse de suivre la voie divine et d’être un serviteur de la volonté de Dieu, même si elle n’a encore qu’une connaissance très limitée de la vérité exposée dans les ch. 6, 7 et 8. Il en a été ainsi pour la plupart d’entre nous ; dans la première joie de la conversion, nous avons commencé à servir sans guère savoir pourquoi nous le faisons. Nous avons commencé par rendre un service qu’on pourrait qualifier d’instinctif. Il n’est cependant pas possible de continuer indéfiniment sur cette voie. Notre service, s’il doit être soutenu et efficace, doit découler d’une compréhension de la vérité, et d’une reconnaissance de ce qui a été accompli et établi par la mort et la résurrection de Christ. Ce doit être un service intelligent.


3 - [Nos corps présentés en sacrifice à Dieu au lieu d’être esclaves du péché]

À l’époque où nous n’étions pas convertis, le péché régnait dans nos corps mortels, et nous lui obéissions par nos convoitises. En conséquence, nous livrions nos membres au péché comme instruments d’iniquité, et comme esclaves à l’impureté et à l’iniquité pour l’iniquité, selon Romains 6 (v.13,19). En tant que croyants maintenant « morts avec Christ », nous devons nous considérer comme « morts au péché, mais vivants à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur », et par conséquent le péché ne va pas dominer sur nous, mais nous devons nous livrer à Dieu, « comme ceux qui sont faits vivants d’entre les morts », et nous devons livrer nos membres « comme des instruments de justice à Dieu », et « comme esclaves à la justice pour la sainteté ». Si nos âmes s’attachent réellement à cela par la foi, nous percevrons immédiatement que nos corps, qui étaient autrefois le moyen d’expression de nos propres volontés et de la poursuite de nos propres plaisirs, doivent maintenant être présentés comme un sacrifice à Dieu.


4 - [Des sacrifices vivants ?]

Les sacrifices de l’Ancien Testament étaient des animaux consacrés à Dieu par la mort, et l’idée d’un sacrifice vivant n’apparaît guère ; elle aurait même semblé une contradiction dans les termes, une impossibilité. Cependant, ce qui aurait été un service impossible sous le judaïsme devient un service intelligent sous le christianisme. La seule voie juste pour le croyant est de présenter son corps à Dieu comme une chose entièrement consacrée à Sa volonté, à Son usage et à Sa gloire, et il ne peut être présenté ainsi que comme une chose qui, bien que vivante, est pourtant reconnue comme morte, quand on la considère à la lumière de la mort de Christ. Seule la contradiction dans les termes demeure, mais de tels paradoxes sont fréquents dans le christianisme, comme en témoigne Gal. 2:20.


5 - [‘Esprit, âme et corps’ ou ‘corps, âme et esprit’]

C’est un fait incontestable que les hommes et les femmes du monde sont largement gouvernés par leur corps. L’Écriture parle de l’homme comme d’un être tripartite. Il est « esprit, âme et corps », plaçant les trois parties dans cet ordre, donnant ainsi la prééminence à l’esprit comme étant le plus important, puisque c’est la partie essentielle et caractéristique qui fait de l’homme ce qu’il est, et le distingue de la création animale inférieure. L’expression a passé dans l’usage courant, mais les gens inversent presque toujours l’ordre et parlent de « corps, âme et esprit », trahissant ainsi insensiblement l’idée qu’ils se font de leur importance relative. L’esprit, qui rend l’homme capable de relations intelligentes avec Dieu, est détrôné. Le corps, qui par ses cinq sens le met en contact avec ses semblables et avec la terre, est exalté. Ils ne veulent pas avoir affaire à Dieu, aimant beaucoup la terre et voulant en jouir. En conséquence, le corps prend une importance majeure, et ils passent leur vie à se demander ce qu’ils vont y mettre dedans ou dessus, comment ils vont l’abriter, comment ils vont se procurer les moyens de lui procurer des sensations agréables par ses divers sens, et se procurer les moyens de stimuler ses nerfs fatigués pour poursuivre une action agréable, et comment ils vont endiguer l’invasion des maladies et des troubles si fréquemment provoqués par leurs vices et leurs folies, et retarder le plus longtemps possible l’approche de la mort.


6 - [Le monde entraîne dans un tourbillon vers la mort]

Quel tourbillon de mort est devenu le pauvre monde à la suite de tout cela ! Dieu ne laisse cependant pas Ses saints en son pouvoir. Ils ne doivent pas finir par être aspirés dans son vortex, et ce n’est pas Sa volonté qu’entre-temps ils soient entrainés par son courant, car ceux qui sont sous son emprise sont en route vers la mort. Il est vrai, bien sûr, que si un vrai croyant s’empêtre de cette manière, Dieu le tirera de là avant que la fin amère soit atteinte, bien que cela puisse impliquer une perte terrible, comme l’illustre l’affaire de Lot à Sodome et comment Dieu a agi envers lui.

Sur le bord extérieur d’un tourbillon, le mouvement est lent ; à mesure que l’on s’approche du centre du vortex, la vitesse augmente considérablement. Nous ne sommes pas très éloignés du vortex du grand tourbillon du monde actuel. La vitesse à laquelle la « vie » s’écoule, comme on dit dans le monde, la vitesse de tous les grands mouvements du monde augmente considérablement. Les chrétiens sont-ils généralement conscients de la réalité de la situation ?


7 - [Laisser-aller ou fausses apparences de piété]

Nous craignons fort que la réponse à la question précédente soit négative, et c’est pourquoi nous lançons un sérieux appel et une exhortation. Nous supplions nos lecteurs de nous rejoindre pour obéir à cette saine exhortation de l’Écriture : « Ainsi dit l’Éternel des armées : considérez bien vos voies » (Aggée 1:7). L’aisance de certains pays favorise une religion semi-mondaine de laisser-aller, et même totalement mondaine. La vie chrétienne proprement dite, la vie qui plaît à Dieu, ne consiste certes pas en une obscurité intérieure jointe à des airs de dévotion extérieurs, ou à faire une triste mine ; elle ne consiste pas non plus en une piété, si authentique soit-elle, jointe à des amusements dits « innocents » ou « inoffensifs », en aucune mesure. Ceux qui suivent ce dernier genre de vie peuvent se flatter de présenter au monde un christianisme attractif, annonçant que « j’ai tout le temps envie de chanter ». Ces gens sont comme les « cloches » qu’on fait sonner et résonner ; on veut qu’elles fassent entendre la joie ; mais ces gens ne sont pas plus proche du modèle de l’Écriture que l’autre genre, le christianisme de laisser-aller. Les apôtres non plus ne vivaient pas ainsi.


8 - [Dangers de l’argent]

Il y a ce qui est vraiment la vie, et qui ne se rattache pas à la terre ou au monde ; on ne peut l’acheter avec de l’argent. Pour le chrétien, la possession d’argent signifie souvent la mort de la spiritualité, comme 1 Timothée 6 le montre. Ce n’est pas l’argent mais l’amour de l’argent qui est la racine du mal ; pourtant il est très difficile de posséder de l’argent sans que l’amour de l’argent ne s’y glisse, et alors l’argent devient un maître et non un esclave, et celui qui le possède le dépense pour sa propre satisfaction et non pour la volonté de Dieu. Or l’argent et tous les luxes qu’il procure, ce ne sont pas la vraie vie. Si l’un de nos lecteurs est riche, nous le supplions de se souvenir que sa richesse doit être utilisée de manière à être « riche en bonnes œuvres… et à s’amasser comme trésor un bon fondement pour l’avenir, afin qu’il saisisse ce qui est vraiment la vie » (1 Tim. 6:18-19).


9 - [Vivre selon la chair ou selon l’Esprit]

Le fait est que toutes les choses dans lesquelles la chair et le monde se meuvent ne sont que mort. Romains 8 nous dit que ceux qui sont selon la chair ont leurs pensées aux choses de la chair, et que ceux qui sont selon l’Esprit ont leurs pensées aux choses de l’Esprit ; et ce chapitre dit encore que la pensée de la chair est la mort, tandis que la pensée de l’Esprit est vie et paix ; et il dit aussi très clairement que « si vous vivez selon la chair, vous mourrez ; mais si par l’Esprit vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez » (Rom. 8:13). Dans ces paroles, l’apôtre parle des choses selon leur caractère essentiel. La mort se trouve au terme d’une vie vécue selon la chair, et quiconque vit cette vie court droit à la mort, indépendamment de qui il est et de ce que Dieu dans Sa miséricorde peut faire avant que la fin soit atteinte ; on peut dire de lui qu’il est « sur le point de mourir ». Au contraire, celui qui avance dans l’énergie de l’Esprit en mortifiant les actions du corps a devant lui la vie, au sens plein et au sens propre. Pour lui, « le corps est mort à cause du péché, mais l’Esprit est vie à cause de la justice » (Rom. 8:10) ; c’est-à-dire que le corps est tenu comme une chose morte, car s’il devient notre maître au point que nous soyons gouvernés par ses désirs, seul le péché en résulte ; à l’inverse, quand l’Esprit nous domine jusqu’à être le moyen interne de la vie, le résultat en est la justice.


10 - [Corps vivants offerts en sacrifice en raison de la mort quant à la volonté de la chair]

Nous devons donc présenter à Dieu ces corps vivants qui sont les nôtres, comme des choses qui lui sont consacrées par la mort, des moyens de faire Sa volonté en raison de l’acceptation de la mort quant à la volonté de la chair. Ce que cela implique nous est dévoilé dans les versets suivants, et cela au moyen d’une série d’exhortations et d’instructions.


11 - [Ne pas suivre l’exemple du monde de notre époque]

Avant d’en venir au côté positif des choses, voyons par une brève phrase le côté négatif. « Ne vous conformez pas à ce présent siècle » (Rom. 12:2). Le mot utilisé ici pour « conformer » est traduit ailleurs par « façonner », et celui utilisé pour « siècle » est plus littéralement « ère » ou « époque ». « Ne soyez pas façonnés d’après notre époque », voilà ce que l’apôtre veut nous dire. Notre époque (ce siècle) est un siècle qui rejette Christ, et nous sommes appelés à y représenter Christ. Peut-il y avoir un accord entre nous et lui ? Et s’il n’y a pas d’accord intérieur, doit-il y avoir une conformité extérieure ? Jamais !

Combien d’entre nous vivent leur vie au mépris de cette injonction ? Combien d’entre nous se contentent de suivre l’exemple du monde, de courir après ses modes, de se laisser porter sans résistance par ses vagues et de faire les choses simplement parce que « tout le monde le fait » ? Le fait que « tout le monde le fait » devrait suffire à indiquer qu’il est hautement souhaitable de ne pas le faire. Nous sommes séparés et distincts du monde, si nous sommes en vérité les enfants de Dieu. N’imitons donc pas les manières du monde et ne devenons pas coupables de la forme d’hypocrisie à laquelle les chrétiens sont sujets, c’est-à-dire celle de prétendre ne pas être ce que nous sommes.


12 - [Être transformé par le renouvellement de notre entendement]

Lorsque nous nous tournons vers le côté positif des choses, nous ne trouvons pas qu’on préconise une réforme consistant simplement à se situer à l’opposé de la conformité au monde. Nous avons besoin plutôt d’une véritable transformation. L’apôtre utilise ici un mot qui n’est employé que trois autres fois dans le Nouveau Testament. Deux fois il est utilisé pour la transfiguration de notre Seigneur, et la troisième occasion en 2 Cor. 3:18, où il est traduit par « transformé ». L’examen de son utilisation dans ces passages peut nous aider à saisir sa signification ici en Rom. 12:2.

De plus, il y a l’exhortation à « être transformé par le renouvellement de votre entendement » (votre manière de penser), car c’est toujours la manière divine de travailler de l’intérieur vers l’extérieur. Nos corps sont contrôlés par nos facultés de penser, et celles-ci ont besoin d’être renouvelées ; ce besoin est un témoignage frappant de la profondeur et du caractère fondamental de la chute, et de l’impossibilité où nous sommes de penser correctement, si ce n’est comme fruit de l’œuvre de Dieu. Or il ne s’agit pas ici de la nouvelle naissance, car elle a été accomplie pour tout véritable enfant de Dieu, et elle n’est donc jamais un sujet d’exhortation ; mais il s’agit de ce renouvellement progressif et quotidien opéré par le Saint-Esprit à mesure que nos pensées sont éclairées par la Parole de Dieu et lui sont soumises et mises en harmonie avec elle.


13 - [Quelle place donnons-nous à la Parole de Dieu ?]

À ce stade, quelques questions sérieuses se posent de nouveau. Combien d’entre nous consacrent suffisamment de temps et de place à la Parole de Dieu et à la prière pour que leurs pensées soient renouvelées de manière approfondie ? Combien d’entre nous veulent vraiment les renouveler ? Certaines de nos connaissances chrétiennes peuvent nous dire avec beaucoup d’insistance qu’elles ne voient aucun mal à ceci, ceci ou cela, et qu’elles ont l’intention de continuer à en profiter, alors que, si seulement un petit renouvellement avait lieu, non seulement elles verraient le vide de ces choses qui les charment, mais elles en perdraient tout à fait le goût. Y a-t-il quelqu’un parmi nous qui ait secrètement peur de faire plus qu’une lecture superficielle des Écritures, peur que trop de lumière ne pénètre sa conscience et ne la trouble ? il serait bien triste qu’il en soit ainsi.

Oh, cherchons sincèrement à ce que nos pensées soient éclairées et renouvelées au point que non seulement nous voyions la volonté de Dieu, mais que nous y prenions plaisir. Alors, notre entendement, nos pensées, renouvelés contrôlant nos corps, ceux-ci seront présentés à Dieu comme un sacrifice vivant, et nous serons transformés dans le caractère de Christ. La volonté de Dieu est bonne et parfaite, quelle que soit notre attitude ; mais alors nous saurons qu’elle est non seulement bonne et parfaite, mais aussi agréable ; et non seulement nous saurons qu’elle est tout cela, mais nous l’éprouverons. La volonté de Dieu sera mise en pratique jusqu’au point où elle sera manifestée dans nos vies.


14 - [La volonté de Dieu pour nous]

14.1 - [Humilité]

Le reste de notre chapitre (Rom. 12) nous explique en détail ce qu’est la volonté de Dieu. La toute première indication de ce que l’entendement, les pensées, sont renouvelés et que l’œuvre de transformation s’opère, c’est que nous cessons d’avoir des pensées élevées sur nous-mêmes (Rom. 12:3). Rien n’est plus profondément ancré dans l’esprit naturel que l’estime de soi. L’une des premières marques d’un entendement renouvelé est l’humilité. Nous commençons alors à penser sobrement, et à savoir que notre véritable mesure n’est pas l’intelligence, l’argent ou le statut social, mais la foi, « selon que Dieu a donné à chacun la mesure de la foi ».


14.2 - [Penser aux autres]

La deuxième indication est que nous commençons à penser aux autres (Rom. 12:4). L’esprit naturel est centré sur lui-même. L’esprit renouvelé s’élargit. Nous découvrons que nous ne sommes pas un enfant unique dans la famille de Dieu, ni une série d’individus isolés, mais que nous sommes au contraire intimement liés à tous les autres croyants. Il en va de nous comme du corps humain : bien que nombreux, nous sommes « un seul corps en Christ, et tous, membres les uns des autres ». Cela nous délivre de l’égoïsme. Nous commençons immédiatement à reconnaître que ce que Dieu peut nous accorder n’est pas pour notre seul usage et bénéfice personnel, et encore moins pour notre propre glorification, mais doit être utilisé pour le bien de tous les membres du seul corps de Christ.


14.3 - [Veiller à ce qui nous est attribué]

Il en découle que nous ne ferons pas tous les mêmes choses (Rom. 12:4-8). Il y a unité, car il n’y a qu’un seul corps. Il y aura cependant de la diversité, car il y a de nombreux membres. C’est pourquoi, comme la dernière partie du chapitre le montre, nous devons veiller à savoir quelle est l’œuvre ou le service qui nous est attribué à chacun par la volonté de Dieu ; ensuite, nous devons nous y consacrer avec toute la diligence voulue, et veiller à ce que ce soit accompli dans l’esprit de grâce de Christ Lui-même. C’est ainsi que nous accomplirons en détail le service intelligent auquel nous sommes appelés.