Beaucoup d’ordures ou de décombres — Néh. 4:10

d’après Frank Binford Hole

Simple Testimony 1906

Table des matières :

1 - [Obstacles à la reconstruction]

2 - [Analogie avec l’histoire de l’église]

3 - Les ordures ou les décombres

3.1 - Ordures ou décombres du monde

3.2 - Des détritus ou des décombres religieux

3.2.1 - [Ritualisme et rationalisme]

3.2.2 - Points communs du ritualisme et rationalisme

3.2.3 - [Principes de l’Écriture à l’inverse du ritualisme et rationalisme]

4 - Ôter ordures et décombres = ôter le mal

5 - Responsabilité individuelle


1 - [Obstacles à la reconstruction]

Reconstruire les murailles brisées de Jérusalem après qu’elles aient été si efficacement détruites par Nebucadnetsar n’était pas une mince affaire ; pourtant, mû par une impulsion divine, Néhémie l’entreprit et, qui plus est, la mena à bien.

Dans le livre de Néhémie, nous avons le récit de ses difficultés et de ses combats, ainsi que de la grande fête célébrée lorsque tout fut achevé.

La première difficulté à laquelle il fut confronté, était la puissance des adversaires du dehors. Nous lisons : « Lorsque Sanballat et Tobija, les Arabes, les Ammonites et les Asdodiens apprirent que les murs de Jérusalem étaient reconstruits et que les brèches commençaient à être colmatées, ils se mirent dans une grande colère ; et ils se liguèrent tous ensemble pour venir faire la guerre contre Jérusalem et pour lui causer du dommage » (Néh. 4:7-8).

La seconde difficulté fut la grande quantité d’ordures ou décombres absolument sans valeur qui se trouvait dedans. Il est dit plus loin : « Et Juda dit : Les forces des porteurs de fardeaux faiblissent, et il y a beaucoup de décombres : nous ne pouvons bâtir la muraille » (Néh. 4:10).


2 - [Analogie avec l’histoire de l’église]

Vous est-il jamais venu à l’esprit combien l’analogie est nette entre cette histoire passée d’Israël et Jérusalem, et l’histoire de l’église professante d’aujourd’hui ?

Une fois qu’Israël fut établi dans le pays de la promesse, ils connurent une courte période de victoire sous David, puis de paix et de prospérité sous Salomon. L’église a traversé une période similaire au cours de l’ère apostolique, brève mais bénie, comme le rapportent les premiers chapitres des Actes. Israël connut ensuite des siècles de déclin, relevés occasionnellement dans des éclats momentanés où, pour un court instant, le mouvement descendant fut arrêté ; il en fut de même pour l’église. Babylone finit par triompher d’Israël et tout sembla perdu ; pareillement l’église fut submergée par le flot de la mondanité et de la corruption, jusqu’au temps sombre du Moyen Âge, où presque toute trace de christianisme pur ait disparu. Puis vint un réveil par grâce — non pas d’un coup, mais en trois étapes. Un résidu fractionné d’Israël revint à Jérusalem, d’abord sous Zorobabel et Joshua ; ensuite sous Esdras le scribe ; puis enfin sous Néhémie. De même Dieu a travaillé petit à petit au cours des derniers siècles, depuis les jours de Wyclif, Luther et Calvin au 16ème siècle, puis par des prédicateurs anglais au 18ème siècle et par un réveil au 19ème siècle.


Est-il étonnant si les ennemis du Seigneur se déchaînent à l’extérieur, ou si beaucoup d’ordures ou de décombres bloquent notre chemin à l’intérieur ?

C’est sur ce dernier point que je voudrais dire quelques mots.


3 - Les ordures ou les décombres

Tout d’abord, avez-vous vraiment conscience du fait que l’Église professante a aujourd’hui dans ses murs une accumulation d’ordures ou de décombres qui est tout simplement épouvantable ?

D’une manière générale, on peut dire qu’il y a deux sortes d’ordures ou de décombres.


3.1 - Ordures ou décombres du monde

Parlons franchement. Il y a environ deux cents ans, juste avant l’époque de Whitefield et de Wesley, selon l’histoire, la religion était au plus bas en Angleterre. Il n’était pas rare que le ministre du culte chargé d’une paroisse s’enivre le samedi soir, et jacasse durant son office du dimanche matin, afin de se hâter pour rejoindre les chiens de chasse ou soutenir son coq au combat.

Choquant ! dites-vous.

Sans doute, et c’est une grâce de penser que, dans une certaine mesure, ce genre d’ordures ou de décombres a été éliminé ; mais n’en reste-t-il rien ?

Hélas ! les panneaux d’affichage à l’extérieur de nombreux lieux de culte chrétiens racontent une autre histoire. Que signifient ces affiches annonçant des « divertissements », des « kermesses », des « théâtres amateurs » ou des « concerts » — pas très sacrés non plus — ou des annonces sur « une grande manifestation politique » ? Un pasteur pieux s’est senti obligé de publier une brochure sur ce sujet, intitulée « La mission de divertissement du Diable ». Cette mission s’est poursuivie sans relâche pendant longtemps.

Chers amis ! pourquoi continuez-vous avec ces choses ? Ont-elles l’approbation de la Parole de Dieu ? Notre Seigneur Jésus-Christ et les apôtres ont-ils adopté de telles choses, même dans le but d’attirer les foules ? Non. Est-ce que cela gagne des gens ? Des pécheurs en sortent-ils sauvés ? S’en vont-ils, repentants et réjouis du pardon ? Non. Les croyants sont-ils rafraîchis ? Connaissez-vous des personnes qui ont fait des progrès spirituels sous l’influence d’un spectacle ? Les chrétiens en reçoivent-ils vraiment de l’aide ? Non. Mais peut-être connaissez-vous de jeunes chrétiens qui, à partir de ces mêmes choses, ont fait le premier pas sur un triste chemin de déclin.


À quoi servent donc ces choses ? Elles démangent les oreilles des inconvertis. Elles chassent les pensées des choses saintes et éternelles. Que sont-elles donc ? Des ordures ou des détritus ! Pire que ça, elles sont un poison lent.


Et puis, encore une fois, il y a :


3.2 - Des détritus ou des décombres religieux

Ceux-ci sont moins faciles à détecter, et plus difficiles à éliminer, que les autres, au point que des chrétiens cherchent à les préserver soigneusement comme si c’était de l’or fin.


3.2.1 - [Ritualisme et rationalisme]

Ici encore, il y a une distinction nette à faire. De grandes parties de la chrétienté sont tristement gênées par les détritus ou les décombres d’ordre ritualiste, et ceux qui ont protesté contre cela et s’en sont détachés sont de plus en plus troublés par les détritus ou les décombres d’ordre rationaliste.

Les tenants de l’ordre ritualiste partent du principe que Dieu doit être adoré par l’homme dans son état naturel, par son énergie et ses émotions naturelles. Ils multiplient donc tout ce qui peut faire appel aux sens ou aux sentiments. Les habillements élaborés, l’encens, la musique, le faste ou pompe et la magnificence sont généralement mis en œuvre dans ce but. On a, de fait, une reprise des pratiques du culte judaïque. D’autres tenants de ces pratiques ritualistes les justifient par une tradition de l’église qu’ils ne craignent pas de faire prévaloir sur l’Écriture, Parole de Dieu.

Les tenants de l’ordre rationaliste ont un sens tellement démesuré de l’importance et des pouvoirs de l’esprit et de l’intelligence de l’homme qu’ils déifient pratiquement la raison humaine et la placent à un niveau supérieur à celui de la révélation, pouvant aller jusqu’à nier même la révélation. Ils ne craignent pas de juger l’Écriture (Parole de Dieu, la Bible), de la contester en gros ou en détail, et de n’en retenir que les parties qui leur conviennent


3.2.2 - Points communs du ritualisme et rationalisme

Les deux s’accordent cependant sur le fait qu’ils nient pratiquement la chute de l’homme, sa ruine et sa dépravation totales, lesquelles sont pourtant si clairement enseignées dans toute la Bible. Lisez en particulier les trois premiers chapitres de l’épître aux Romains. Remarquez au ch. 3 :


Ritualisme et rationalisme reviennent aussi tous les deux à ignorer et même annuler l’Écriture, ce que notre Seigneur Jésus reprochait aux pharisiens et sadducéens, qui étaient à Son époque les tenants de ces deux orientations.

Cette concordance du ritualisme avec le rationalisme peut paraître étonnante dans la mesure où en apparence ces deux tendances paraissent assez contraires. En fait le ch. 2 des Colossiens combine justement ces deux tendances, montrant que la croix de Christ efface les obligations légales (substance du ritualisme) et met sérieusement en garde contre la philosophie et les enseignements des hommes.

Si vous avez encore des doutes sur la valeur du ritualisme de notre époque, lisez attentivement Colossiens 2:16-23, et si vous en avez sur le rationalisme, lisez les versets 6-10 du même chapitre.


3.2.3 - [Principes de l’Écriture à l’inverse du ritualisme et rationalisme]

Ritualisme et rationalisme s’accordent en outre pour supposer que le christianisme est un système donné par Dieu pour améliorer et élever l’homme, tel qu’il est, — alors que toute la vérité du christianisme repose, comme principe, sur la condamnation totale, à la croix de Christ, de l’homme tel qu’il est, et sur l’acceptation du croyant « dans le Christ Jésus » (Rom. 8:1-3), de sorte qu’il ne s’agit pas de réforme ou d’élévation, mais de « nouvelle création » (2 Cor. 5:17).

Lisez aussi les paroles du Seigneur Jésus Christ lui-même en Jean 4:24 : « Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité ». Vous rendez-vous compte de la force de cette phrase ?


4 - Ôter ordures et décombres = ôter le mal

Que faut-il faire maintenant ? Au temps de Néhémie, les ordures ou les décombres étaient enlevées, ou peut-être brûlées (Néh. 4:2). Il est certain qu’il faut les ôter. Les Écritures du Nouveau Testament parlent de deux façons de s’en débarrasser. Dans les premiers temps, une bonne partie des ordures ou des décombres s’est glissée dans l’église de Corinthe. L’apôtre Paul parle qu’il y a non seulement « de l’or, de l’argent, des pierres précieuses », mais aussi « du bois, du foin, du chaume » (1 Cor. 3:12). À l’égard d’un mal moral grave, l’apôtre Paul engage l’église à prendre le traitement suivant :

« Ôtez le vieux levain » (1 Cor. 5:7), c’est-à-dire rejetez et éliminez complètement le mal du milieu de l’église,

et encore :

« Ôtez le méchant du milieu de vous » (1 Cor. 5:13), c’est-à-dire rejetez également toute personne qui s’identifie volontairement au mal.

Écrivant plus tard à Timothée, l’apôtre Paul parlait de vases, « les uns pour l’honneur et les autres pour le déshonneur » ; et il poursuivait en disant que si quelqu’un se purifiait de ceux-ci (les vases à déshonneur), il serait un vase à honneur, sanctifié et utile au Maître » (2 Tim. 2:21).

La même responsabilité solennelle ne repose-t-elle pas sur ceux d’entre nous qui professent le précieux nom de Christ aujourd’hui ? Sans aucun doute.


5 - Responsabilité individuelle

Souvenez-vous que, bien que vous ne puissiez pas redresser l’église professante, vous pouvez vous redresser vous-même en refusant catégoriquement d’approuver ces choses condamnées par la Parole de Dieu, en les rejetant personnellement et, si nécessaire, en vous purifiant de toute association qui voudrait vous y impliquer. Cela peut ne pas être facile ; le chemin de la fidélité à la volonté de Dieu l’est rarement ; mais gardez à l’esprit ces paroles d’or de Samuel : « Voici, obéir vaut mieux qu’un sacrifice, et écouter vaut mieux que la graisse des béliers » (1 Sam. 15:22).