Genèse

F. B. Hole

STEM Publishing (Extrait de Scripture Truth Vol. 36, 1948-51.)


Table des matières abrégée : (table détaillée)

1 - Genèse 1:1-13

2 - Genèse 1:14 à 2:3

3 - Genèse 2:4 à 3:1

4 - Genèse 3:1-20

5 - Genèse 3:21 à 4:26


Table des matières détaillée :

1 - Genèse 1:1-13

1.1 - Ch. 1:1

1.2 - Ch. 1:2

1.3 - Ch. 1:3

1.4 - Ch. 1:4-5

1.5 - Ch. 1:6-8

1.6 - Ch. 1:9-13

2 - Genèse 1:14 à 2:3

2.1 - Ch. 1:14-19

2.2 - Ch. 1:20-23

2.3 - Ch. 1:24-25

2.4 - Ch. 1:26-28

2.5 - Ch. 1:29-31

2.6 - Ch. 2:1-3

3 - Genèse 2:4 à 3:1

3.1 - Ch. 2:4

3.2 - Ch. 2:5-7

3.3 - Ch. 2:8-9

3.4 - Ch. 2:10-14

3.5 - Ch. 2:15-17

3.6 - Ch. 2:18-20

3.7 - Ch. 2:21-24

3.8 - Ch. 2:25

4 - Genèse 3:1-20

4.1 - Ch. 3:1

4.2 - Ch. 3:2-3

4.3 - Ch. 3:4-5

4.4 - Ch. 3:6

4.5 - Ch. 3:7

4.6 - Ch. 3:8-10

4.7 - Ch. 3:11-13

4.8 - Ch. 3:14-15

4.9 - Ch. 3:16-19

4.10 - Ch. 3:20

5 - Genèse 3:21 à 4:26

5.1 - Ch. 3:21

5.2 - Ch. 3:22-24

5.3 - Ch. 4:1-2

5.4 - Ch. 4:3-5a

5.5 - Ch. 4:5b-9

5.6 - Ch. 4:10-15

5.7 - Ch. 4:16-18

5.8 - Ch. 4:19-22

5.9 - Ch. 4:23-24

5.10 - Ch. 4:25-26


1 - Genèse 1:1-13

Le premier livre de la Bible occupe une place très importante dans l’ensemble des vérités données par Dieu. Il faut particulièrement insister là-dessus en ce qui concerne les premiers chapitres, car ils nous révèlent l’origine de la création visible qui nous entoure, ainsi que le véritable récit de la façon dont sont apparues les conditions de péché, de douleur, de labeur, de peine, de maladie et de mort qui règnent aujourd’hui sur la terre. Si nous tombons dans le mensonge et l’illusion quant à ces choses, nous serons dans l’illusion quant à toutes choses. Si nous avons des doutes sur ces choses, nous serons dans le doute sur tout le reste de ce qui est révélé.

Genèse 1 relate des faits antérieurs à l’apparition de l’homme sur la terre et qui ne peuvent donc être tirés d’aucun document historique. Si ses affirmations n’étaient pas une révélation de Dieu à l’homme mise par écrit, il ne pourraitt s’agir que de suppositions et d’élucubrations d’hommes ayant vécu il y a quelque 4000 ans. De telles suppositions étaient, bien sûr, assez nombreuses dans le monde antique, et certaines d’entre elles nous sont parvenues, grotesques dans leur difformité. Nous n’avons pas besoin de perdre notre temps avec elles, ni même de les mentionner, si ce n’est qu’elles servent à mettre en évidence, par contraste, la calme certitude et le bien-fondé du récit donné par Dieu de Genèse 1.


1.1 - Ch. 1:1

Les quatre premiers mots de notre Bible — « Au commencement Dieu créa » — nous présentent le germe primordial d’où jaillit tout ce qui nous est révélé dans l’ensemble du livre. Voilà le grand fait qui englobe tous les autres dans sa portée globale. La Bible commence par Dieu et non par l’homme, et nous devons faire de même. Si nous commençons par l’homme plutôt que par Dieu, la confusion régnera dans toutes nos pensées.

L’existence de Dieu et le fait qu’Il soit à l’origine de toutes choses, sont admis et énoncés. Les hommes incrédules peuvent exiger que des preuves de Son existence soient produites, mais nulle part dans l’Écriture Dieu ne condescend à fournir de telles preuves. S’Il le faisait, elles ne seraient pas compréhensibles pour les esprits faibles des hommes chétifs. De plus, elles ne sont pas plus nécessaires que les preuves de ce que le soleil existe et brille. Ce fait ne pourrait être mis en doute que par un homme qui n’aurait ni sentiment ni capacité de voir, et c’est justement parce que les hommes incrédules n’ont ni vue ni sentiment d’ordre spirituel qu’ils doutent de l’existence de Dieu, voire la nient.

Les corps célestes au-dessus de nous et la terre sous nos pieds sont des réalités trop évidentes pour être ignorées, même par l’homme le plus irréfléchi et le plus dégradé. Qu’est-ce que c’est ? D’où viennent-ils ? Ont-ils toujours existé ? Le premier verset fournit la réponse. Ils ne sont pas éternels, mais ils ont eu un commencement. Les cieux et la terre ont été créés par l’acte créateur du Dieu éternel. Trois fois dans le chapitre, nous lisons « Dieu créa », et cinq fois un autre verbe est utilisé, signifiant « faire ». Faire, c’est façonner à partir d’une matière existante, tandis que quand nous lisons que Dieu créa, « nous comprenons par la Parole de Dieu que ce qui se voit n’a pas été fait de choses qui paraissent » (Hébreux 11:3).

Mais une autre chose nous interpelle dans ce premier verset. Le mot hébreu pour Dieu est Elohim, un mot pluriel, alors que le verbe, créa, est au singulier. Ceci est d’autant plus remarquable que les noms hébreux peuvent prendre une forme duelle, signifiant exactement deux. La forme du pluriel doit donc signifier trois, ou plus. En lisant cela à la lumière du Nouveau Testament, nous voyons immédiatement la Trinité dans l’Unité. Cette grande révélation de la Déité n’est pas explicitement énoncée, mais les mots, donnés par l’inspiration de Dieu, sont formulés de manière à être totalement cohérents avec elle, lorsqu’elle est énoncée.

En résumé, le v. 1 nous présente l’acte créateur originel de Dieu par lequel tout l’univers matériel et visible est venu à l’existence, bien avant que l’on ne connaisse la notion de « jours et d’années » (1:14). Son époque peut avoir été inconcevablement lointaine, mais nous croyons fermement que Son œuvre a été parfaite en son temps. Dans le Nouveau Testament, comme nous le savons, cet acte créateur est attribué à la Parole et au Fils, car la création a été laissée entre Ses mains, de même que la rédemption et le jugement.


1.2 - Ch. 1:2

Au v. 2, nous passons de cette époque lointaine à une époque beaucoup plus proche de nous, et nous descendons, en ce qui concerne cette terre, à un état de très grande imperfection. Elle se trouve « sans forme », c’est-à-dire en ruine, une désolation ; elle est aussi « vide ». Ésaïe 45:18 dit clairement : « Il ne l’a pas créée pour être vide, Il l’a formée pour être habitée ». Ceci est très frappant, car ici encore le mot propre à la création est utilisé, comme dans notre premier verset, et on a le même mot « vide » que dans notre v. 2. Nous avons donc une confirmation certaine de l’idée que l’état de la terre décrit au v. 2 est un état qui est intervenu longtemps après la création originale, à la suite de quelque événement catastrophique qui ne nous est pas révélé.

Outre la désolation et le vide, il y avait aussi des ténèbres, non pas partout, mais « sur la face de l’abîme ». Il semble qu’à ce stade, la terre était recouverte d’eau, dont la surface était plongée dans les ténèbres. Dieu est lumière, et ailleurs dans l’univers la lumière brillait, mais quelque chose empêchait la lumière d’atteindre la terre. C’est dans cet état de choses que l’Esprit de Dieu a agi. L’Esprit de Dieu est une Force, Il se déplaçait sur la surface de la matière aqueuse.


1.3 - Ch. 1:3

Mais l’Esprit n’agit pas en dehors de la Parole de Dieu. Il est remarquable que, dans le Nouveau Testament, l’Esprit et la Parole sont réunis, notamment à propos de la nouvelle naissance — voir Jean 3:5-6 et 1 Pierre 1:25. Nous ne pouvons donc que constater une analogie frappante entre l’œuvre de Dieu dans les choses matérielles et Son œuvre encore plus grande dans les choses spirituelles. Alors que notre condition spirituelle était une condition de désolation, de vide et de ténèbres, la lumière a brillé dans nos cœurs par l’action de l’Esprit de Dieu et la puissance de la parole de Dieu. Le premier mot enregistré comme sortant de la bouche de Dieu est « Lumière », car nous comprenons que « Que la lumière soit » est plus littéralement « Lumière soit ! ». Paul y fait allusion en 2 Corinthiens 4:6, mais il nous emmène au-delà de la nouvelle naissance en elle-même, jusqu’à son résultat glorieux, en contemplant « la lumière de la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Christ ». Quel contraste entre la gloire de Sa face et les ténèbres qui régnaient autrefois sur la surface de l’abîme !

Notez les mots : « Et Dieu dit ». En parcourant ce chapitre, nous verrons qu’ils reviennent dix fois. « Les mondes ont été formés par la parole de Dieu », comme nous le dit Hébreux 11:3 ; ou selon les mots du Psaume 33:9 : « Lui a parlé, et la chose a été ; il a commandé, et elle s’est tenue là ». Dans ce contexte, le début de l’évangile de Jean est très significatif : « Au commencement était la Parole », c’est-à-dire qu’elle préexistait aux premiers balbutiements de la création. En outre, Il/elle « était auprès de Dieu et … était Dieu … Toutes choses furent faites par elle/lui ». C’est donc la Parole qui, plus tard, « devint chair et habita au milieu de nous », qui a prononcé les paroles de puissance qui ont créé et fait toutes choses. La création contient donc des paroles très précises quant à la puissance, la sagesse et la gloire de Dieu, bien que la révélation soit loin d’atteindre celle qui nous est parvenue lorsque la Parole devint chair.

Remarquez une autre chose. Six fois dans le chapitre, les mots « Et Dieu dit » sont suivis de la suite appropriée : « et il fut ainsi ». La parole de Dieu est perçue dès le départ comme étant puissante et ne manquant jamais son effet. Il est encourageant d’être assuré de ce fait dès le premier chapitre de la Bible, car nous pouvons être sûrs qu’il s’applique à toutes les paroles que Dieu a prononcées. À la fin de l’histoire, nous pourrons dire avec triomphe : « Il fut ainsi » pour chaque promesse qu’Il a faite, chaque prédiction qu’Il a prononcée.


1.4 - Ch. 1:4-5

À la suite de la première parole exprimée par Dieu, la lumière a brillé à la surface de l’abîme, et Dieu a vu qu’elle était bonne. Il doit en être ainsi puisque « Dieu est lumière ». Nous demandons : qu’est-ce que la lumière ? Les scientifiques ont leurs théories sur ce qu’elle est ou sur la manière dont elle apparaît, mais on ne peut donner de meilleure réponse que celle fournie par l’Écriture : « Ce qui manifeste tout, c’est la lumière » (Éph. 5:13). Dans les ténèbres, des fictions peuvent tromper parce que les réalités sont obscurcies, et cela n’est pas bon. Il est bon que tout soit manifesté.

Dieu a donc séparé la lumière d’avec les ténèbres. Il ne devait pas y avoir de compromis, de mélange, une sorte de crépuscule indéfini, mais les ténèbres devaient, pour un temps, céder complètement la place à la lumière, et il y a donc eu une séparation entre les deux. Il y a donc eu un soir et un matin — premier jour. Pendant longtemps, les incroyants ont trouvé à redire à cette affirmation du v. 5, parce que le soleil n’apparaît qu’au quatrième jour. Mais le soleil n’est pas la seule source de lumière.

La question de savoir si les jours de Genèse 1 doivent être compris au sens propre ou au sens figuré, comme indiquant d’immenses périodes de temps, a suscité de nombreuses discussions. En ce qui nous concerne, nous pensons qu’il faut l’interpréter au sens propre. Le sens figuré se trouve dans l’Écriture : « le jour de l’homme », « le jour du salut », etc. Mais il est évident que ce sens est secondaire et que le sens premier est littéral. À notre avis, ce seul fait est décisif. Il faut avoir établi le sens premier avant de pouvoir arriver à un sens secondaire, et Genèse 1 traite des choses premières. Lorsque nous arrivons à la prophétie d’Ésaïe, nous avons « le jour de l’Éternel », mais même là, bien qu’il ne s’agisse pas d’un jour de 24 heures, ce n’est pas une longue période de temps. La répétition de « il y eut soir et il y eut matin » correspond au sens premier, et n’aurait guère de sens dans le sens secondaire. De plus, au v. 16, où le soleil est appelé à dominer sur le jour, et la lune à dominer sur la nuit, nous ne voyons pas comment le sens premier peut être évité.

Que ces œuvres puissantes s’accomplissent avec une extrême rapidité ne présente aucune difficulté pour la foi. Des œuvres puissantes, bien que d’un autre ordre, ont été accomplies instantanément par la Parole, lorsqu’elle devint chair et a pris « la forme d’un esclave ». Il (Elle) était « en forme de Dieu » lorsqu’Il (elle) a agi en création et que tout a manifesté Sa toute-puissance sans réserve.

Mais il faut bien garder à l’esprit qu’après le v. 1, le verbe « créer » n’apparaît plus jusqu’au v. 21. Entre les deux, nous avons « Dieu fit », une expression qui indique son action de former ou de reformer la matière déjà existante. À l’époque de Genèse 1, Dieu s’occupait de la terre qui était dans un état de chaos et la mettait en ordre en vue de la création de l’homme.


1.5 - Ch. 1:6-8

Le deuxième jour, un « firmament » ou « étendue » a été appelé à l’existence. Il s’en est suivi une nouvelle division, non plus entre la lumière et les ténèbres, mais entre les eaux et les eaux. Dieu a appelé cette étendue « cieux ». Au v. 1, « les cieux » désigne ce que nous devrions appeler les cieux stellaires ou des étoiles. Au v. 8, ce sont les cieux atmosphériques qui sont indiqués. C’est là que flottent d’immenses quantités d’eau sous forme de nuages, séparées des quantités bien plus importantes qui reposent sur la terre en dessous. Le résultat de l’œuvre du deuxième jour est que la terre a été entourée d’une atmosphère. Cela s’est fait par sa parole : « Dieu dit… et il fut ainsi ».


1.6 - Ch. 1:9-13

Le troisième jour, il y eut à nouveau une division. Les eaux situées au-dessus de l’étendue n’ont pas été affectées, mais celles situées en dessous ont été rassemblées en un seul endroit, ce qui a permis l’apparition de la terre ferme. C’est ainsi qu’apparut ce qui était stable et fixe, alors qu’auparavant tout était instable et en mouvement. D’autres choses suivirent avant que le troisième jour ne s’achève, mais il s’agissait là d’un préliminaire essentiel.

Nous venons d’avoir devant nous cinq choses dont les noms sont sortis de la bouche de Dieu. Nous en faisons le constat parce qu’au chapitre suivant, Dieu amène à Adam les créatures vivantes qu’Il avait faites le cinquième et le sixième jour, afin qu’il leur donne des noms ; et, conformément à cela, la grande variété de créatures, indiquée aux v. 20-25, n’est mentionnée que de manière générique. Ainsi, bien qu’il ait été permis à Adam de faire usage de sa capacité de discernement dans de nombreux détails mineurs, il dut accepter que ces cinq choses soient nommées par Dieu : le jour, la nuit, les cieux, la terre et les mers.

En parcourant l’Écriture, nous constatons que ces cinq choses nommées deviennent des symboles et ont une signification spirituelle. Notre véritable « jour » se trouvera dans la lumière de la connaissance de Dieu, et il y a une séparation complète entre cela et cette aliénation de Dieu qu’est la « nuit ». Nous reconnaissons tous la division entre les cieux et la terre. Il est clair aussi que, dans le monde des hommes, la « terre » symbolise ce qui est en ordre et stable, séparé des peuples agités par les puissances du mal, comme les mers. Comme auparavant, dans la division entre lumière et ténèbres, ainsi maintenant dans la division entre terre et mers, nous avons la remarque : « Dieu vit que cela était bon ». Il y a des divisions qui sont bonnes parce qu’elles ont été faites par Dieu. Seules les divisions créées par l’homme sont mauvaises.

Le troisième jour ne se termina pas avant que la terre nouvellement révélée n’ait produit de l’herbe, des plantes portant leur semence et des arbres produisant des fruits. Nous constatons ici un nouveau pas en avant dans l’œuvre pour faire de la terre une habitation convenable pour l’homme. La vie végétale est peut-être la forme de vie la plus basse que nous connaissions. Elle n’a ni l’instinct, ni l’intelligence limitée des animaux, ni leur capacité de mouvement, mais nous savons tous faire la différence entre une plante morte et une plante vivante. Et Dieu a vu que même cette forme de vie inférieure était bonne.

C’est ici que nous rencontrons pour la première fois l’idée de variété et d’espèce, et par conséquent pour la première fois les mots significatifs « selon son espèce ». Ils apparaissent pas moins de dix fois dans ce chapitre, et toujours en relation avec l’apparition d’une forme de vie ayant en elle le pouvoir de se reproduire. Ici, dès le début, est énoncée avec force une grande loi qui s’impose à toute la création animée. Quelles que soient l’importance et la multiplicité des variétés qui peuvent apparaître ou être induites au sein d’une espèce, il n’y a pas d’évolution vers une autre espèce.

Au cours des siècles récents, aucune idée n’a été propagée avec plus de zèle par les incroyants que celle de l’évolution, et bien que les théories de Darwin sur la manière dont l’évolution a pu se produire aient été largement abandonnées, l’idée elle-même est toujours défendue comme une alternative à la vérité détestée de la création. En Genèse 1, avec la prescience divine, ce fait est répété dix fois ; il nie catégoriquement l’évolution, et est continuellement vérifié dans la pratique. Aucune espèce ne s’est jamais transformée en une autre espèce. Chaque créature se reproduit selon son espèce, et jamais dans une autre espèce.

Adam, dans sa condition déchue, et toute sa race sont liés par cette loi. Aucun pécheur déchu ne peut évoluer en enfant de Dieu. Notre seul espoir réside dans une nouvelle création, et c’est ce que nous avons en Christ, comme le Nouveau Testament le montre. L’« homme en Christ » est un homme d’un ordre entièrement nouveau. Telle est l’œuvre de Dieu par Son Esprit et par l’Évangile.


2 - Genèse 1:14 à 2:3

2.1 - Ch. 1:14-19

L’œuvre de Dieu, au quatrième jour, se situait en dehors de la terre, bien que ses effets aient exercé une puissante influence sur la terre. Le premier jour, la lumière avait brillé sur la terre, et le jour avait été séparé de la nuit, mais il ne nous est pas dit comment ce résultat avait été obtenu. Il se peut que la matière porteuse de lumière ait été diffuse, et que maintenant elle était concentrée en un « grand luminaire », et que la terre fut alors placée en relation avec elle. De même, le « petit luminaire » fut placée par rapport à la terre. Ils devaient maintenant donner de la lumière non pas d’une manière générale, mais spécifiquement sur la terre.

Mais le dessein de Dieu à leur égard ne se limite pas à cela. Ils devaient être « des signes, des saisons, des jours et des années ». Nous savons bien que les temps, tant les jours que les années, et les saisons sont déterminés par ces luminaires, mais le fait qu’ils soient des signes nous est peut-être moins familier. Pourtant, l’Écriture en donne des illustrations, comme Josué 10:12-14 ; 2 Rois 20:8-11. Il y a aussi la prédiction du Seigneur en Luc 21:25. Le début du Psaume 19 va dans le même sens.

Ils devaient donc dominer respectivement sur le jour et la nuit. Dès le début, la terre a été placée sous la domination et le contrôle des cieux, même quant à l’action de la matière inanimée, de sorte que ces corps célestes sont devenus un signe que « les cieux dominent » (Dan. 4:26), et une faible prophétie du « royaume des cieux », dont parle l’évangile de Matthieu. Le triste fait est que l’homme déchu a rapidement perverti tout cela, et s’est mis à adorer ces luminaires comme s’ils étaient le créateur et non la créature, transformant ainsi la vérité de Dieu en mensonge. Romains 1:25 fait référence à cela.

À la fin du v. 16, nous avons trois mots « et les étoiles », et avec cette brève mention, elles sont mises à l’écart. Les anciens ne connaissaient que les étoiles visibles à l’œil nu, mais ils en firent un mauvais usage pour tenter de prédire l’avenir, et l’astrologie a contribué à de nombreuses pratiques païennes. Ici, il nous est dit simplement qu’elles sont des créatures de la main de Dieu.

Il convient de noter qu’ici les deux « luminaires » ne sont pas nommés. Le mot « soleil » n’apparaît pas avant Genèse 15:12, et la première mention de la « lune » se trouve en Genèse 37:9, où le soleil, la lune et les étoiles apparaissent ensemble, et leurs significations symboliques sont en rapport avec la famille — l’unité de gouvernement originelle, la plus ancienne, de la terre. Jacob, le patriarche, était suprême dans sa famille. La mère reflétait son autorité et était secondaire. Les frères étaient entièrement subordonnés. Le soleil, la lune et les étoiles symbolisent l’autorité, suprême, secondaire et subordonnée, et ce tout au long de l’Écriture.

Nous retrouvons les mots « et Dieu vit que cela était bon ». Il était bon que la création soit soumise à une autorité et à un contrôle. Hélas, nous constatons que l’homme, créé en tant que chef des choses, a rapidement répudié l’autorité divine et s’est plongé dans l’iniquité ou anarchie, c’est-à-dire le péché. Cela n’est absolument pas bon, mais cela devrait faire comprendre à tout croyant combien il est important d’être soumis en toutes choses à l’autorité de la Parole de Dieu.


2.2 - Ch. 1:20-23

La domination des cieux étant ainsi établie, Dieu procéda au cinquième jour à l’installation d’un ordre de vie bien plus élevé que le règne végétal du troisième jour. Des créatures animées, douées de vie, apparaissent alors pour remplir les mers et les airs immédiatement au-dessus de la terre. Tous ces êtres, comme les herbes et les arbres auparavant, sont créés « selon leur espèce », et il leur est commandé de se reproduire et de se multiplier.

Au v. 21, le mot « créé » apparaît pour la deuxième fois. Il figurait au v. 1, lors de la création originelle des cieux et de la terre. Les versets suivants nous ont expliqué ce que Dieu a fait à partir de sa création originale. Pourquoi ce mot apparaît-il à nouveau ici ? Nous pensons que c’est parce qu’il a été ordonné que les eaux foisonnent d’« êtres vivants ». Nous voyons la production de nourriture et la reproduction dans le règne végétal. Ici, nous voyons un tout autre ordre de choses, des créatures dotées de sensations et de volonté de mouvement. En effet, le mot traduit par « êtres » (vivants) aux v. 20 et 21 est en réalité « âme ». En ce cinquième jour, il y eut donc l’introduction d’une forme de vie plus élevée, impliquant une âme, et ce fut donc distinctement et proprement une création.

Le résultat de l’œuvre de Dieu, le cinquième jour, fut que les eaux et l’air furent pourvus d’âmes vivantes, qui seraient fécondes et se multiplieraient jusqu’à ce qu’ils soient tous deux remplis.


2.3 - Ch. 1:24-25

Dans la première partie du sixième jour, Dieu a également peuplé la terre d’êtres vivants, de bêtes et de bestiaux, ainsi que de reptiles. Nous remarquons que Dieu les a faits ; il n’est pas dit qu’il les a créés. Bien qu’extérieurement si différents des habitants des eaux et de l’air, ils n’étaient encore que des « âmes vivantes », et c’est pourquoi le mot « créé » n’est employé que lorsque l’« âme » a été créée pour la première fois en tant que distincte de la matière.

Nous remarquons également que dans les v. 24 et 25, les « bêtes de la terre » sont distinguées du « bétail ». Nous en déduisons qu’à l’origine, et avant que le péché n’intervienne, Dieu a conçu certains animaux spécialement pour l’entretien et le bénéfice de l’homme qu’Il était sur le point de créer. Après l’apparition du péché, les bêtes ont développé leur nature sauvage, tandis que le bétail est resté relativement docile et utile à l’homme.

L’homme devait être le point culminant de toute cette œuvre de Dieu, et il apparut avant la fin du sixième jour.


2.4 - Ch. 1:26-28

Les v. 26-28 sont de la plus haute importance, et pour la troisième fois dans ce chapitre, nous trouvons le mot créé. C’est du fait que, une fois de plus, un élément totalement nouveau a été introduit, bien qu’il ne soit mentionné que plus loin en Genèse 2:7. L’homme possède un esprit par le souffle de Dieu en lui. Nous pouvons donc dire qu’en Genèse 1, nous avons trois actes de création :

Ces trois actes concernent l’homme, car il possède un esprit, il est une âme vivante ; son corps est composé de matière terrestre.

Le v. 26 nous montre que, dès le début, l’homme a fait l’objet d’une consultation ou d’un conseil de la part de Dieu. Il est intéressant de noter que Dieu a dit : « Faisons ». Elohim est, comme nous l’avons dit, un nom pluriel. Dans l’Ancien Testament, les trois personnes de la Déité ne sont pas révélées, mais maintenant qu’Elles le sont, nous pouvons voir que, inspiré par Dieu, le langage de notre chapitre est tout à fait cohérent avec. Tout ce que l’homme allait devenir était présent dans les pensées divines, et il n’a été amené à l’existence qu’après cette consultation au sein de la Déité elle-même. Au v. 26, c’est « Notre image » ; au v. 27, c’est « Son image ». Il n’y a pas d’incongruité, car c’est l’Éternel « Trois en Un » qui parle.

L’homme a été fait à la fois à l’image et à la ressemblance de Dieu. Le mot « image » semble être utilisé dans l’Écriture pour ce qui représente des réalités invisibles. Les images du monde païen représentaient leurs dieux, sans nécessairement leur ressembler, car ils n’avaient jamais vu les démons qu’ils adoraient au moyen des images qui les représentaient à leurs yeux. L’homme a donc été fait pour représenter Dieu à la création inférieure sur laquelle il était établi. Mais il a aussi été fait à la ressemblance de Dieu, c’est-à-dire qu’il est réellement semblable à Dieu sous certains aspects importants ; pas à tous égards bien sûr, car Dieu est infiniment saint et l’homme n’était qu’innocent. Cependant, l’homme était la « race » ou la « progéniture » de Dieu (Actes 17:28-29), un être spirituel, bien que revêtu d’un corps de chair et de sang, et donc doté d’une intelligence et d’une sensibilité morale, qui sont le reflet de ce qui subsiste à l’échelle infinie en Dieu lui-même.

Arrêtons-nous un instant pour nous rendre compte de l’effroyable déchéance des pensées et des mœurs qui découlent de la théorie dégradante selon laquelle l’homme n’est qu’un singe amélioré, ou qu’il est issu des protozoaires censés avoir existé dans la vase primordiale, il y a des millions d’années. Les théories évolutionnistes ont la fascination fatale de permettre à leurs adeptes d’ignorer la chute de l’homme et l’état de péché dans lequel il se trouve. Ce que la Bible appelle le péché, ils le considèrent comme de simples traces désagréables de l’ascendance animale qui se manifestent. Au cours du 19ème siècle et début du 20ème, nous avons assisté à deux phénomènes : la renaissance de la théorie de l’évolution sous les spéculations de Darwin, qui permet aux hommes de théoriser sur leur ascension ; et la descente ou décadence des peuples plus civilisés, où la théorie a surtout été propagée, jusqu’à un niveau de sauvagerie et de bestialité bien inférieur à celui des païens. Ce phénomène s’est manifesté plus particulièrement au cours des années de la Seconde Guerre mondiale.

NON ! L’homme a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, et sa condition actuelle de péché et de dégradation est le fruit d’une grande catastrophe spirituelle, celle relatée en Genèse 3. Il est maintenant un pécheur déchu ; il n’a jamais été un singe exalté.

Un autre aspect de l’homme nous est présenté dans les v. 26 et 28 : il a été créé pour dominer la création inférieure. En cela, il apparaît unique. Il y a des dominateurs dans le monde angélique — « principautés, autorités, puissances et dominations » (Éph. 1:21) — mais leur domination ne s’étend que sur des êtres de leur propre ordre. En ce qui concerne les anges, Hébreux 1:14 pose la question suivante : « Ne sont-ils pas tous des esprits administrateurs ? » Oui, tous, jusqu’à l’archange lui-même, ont été créés pour servir. Selon l’Écriture, seul l’homme a été créé pour dominer d’autres.

C’est très intéressant car cela nous montre que le Second Homme était devant Dieu dès le début. La défection du premier homme n’a pas pris Dieu par surprise. Lorsque Dieu a dit : « Faisons l’homme », Il savait ce que cela impliquait. L’homme ne devait pas être une simple machine, inintelligent et irresponsable comme la création brute, mais un agent moral capable de représenter Dieu, mais aussi de se rebeller contre Lui. En tant que fruit du péché, l’homme a perdu le contrôle de lui-même et a fait un mauvais usage de sa domination, mais la pensée originelle de Dieu pour l’homme va se réaliser à une échelle beaucoup plus vaste et grandiose dans le Fils de l’Homme, qui est le dernier Adam. Le Psaume 8 envisage cette perspective glorieuse.

Le v. 27 indique que la dualité caractérise l’homme. Il dit que Dieu l’a créé homme et femme : « Il les créa mâle et femelle ». Ce fait est développé en Genèse 2, mais les quelques mots qui suivent nous montrent à quel point l’homme et la femme sont étroitement identifiés. Le mot « homme » s’applique aux deux, et c’est conjointement qu’ils devaient dominer, bien que l’homme mâle ait eu dès le départ la première place. Dès le début, ils ont été bénis par Dieu et il leur a été demandé de se multiplier et de remplir la terre (v.28). Avant que le péché n’intervienne, des enfants faisaient donc partie du dessein de Dieu envers eux.


2.5 - Ch. 1:29-31

Les derniers versets du chapitre montrent que le règne végétal a été conçu pour fournir de la nourriture aux hommes et aux animaux. Après le déluge, la nourriture animale a été donnée à l’homme (9:3-4). Avant l’arrivée du péché et de la mort par le péché, aucun animal ne devait être tué pour la nourriture de l’homme.

Avec la création de l’homme — mâle et femelle — et sa mise en place de domination et sa bénédiction, le travail du sixième jour est arrivé à son terme. Une fois ce travail terminé, Dieu a examiné tout ce qu’Il avait fait. Six fois déjà, il nous a été dit que Dieu avait vu que c’était bon ; maintenant, en cette septième occasion, lorsque l’ensemble a été inspecté, il nous est dit que tout était très bon. Prenons note de cela, car cela démolit d’un coup tout le système d’erreur, appelé à tort « Science Chrétienne », dont l’un des dogmes fondamentaux est l’idée que la matière est mauvaise et que seul l’esprit est bon. La vérité est juste le contraire, car lorsque le mal est entré, il est entré par le moyen de l’esprit et non par le moyen de la matière.

Nous avons vu que ce chapitre, dès le premier verset, réfute l’unitarisme, car DIEU — Elohim — au pluriel n’apparaît pas moins de 32 fois. Nous avons vu qu’il réfute l’évolution, car chaque espèce se reproduit « selon son espèce ». Nous venons de voir comment la Science Chrétienne est réfutée ; et maintenant que nous ouvrons Genèse 2, nous rencontrons une déclaration qui renforce ce qui est apparu tout au long de Genèse 1, à savoir que Dieu est en dehors et au-dessus de tout ce qu’Il a créé et fait. Ainsi, le septième jour, alors que la création était ce que nous pourrions appeler « une affaire en cours », il est dit que Dieu s’est reposé. Le panthéisme — l’idée que Dieu ne peut être conçu que comme immanent à la création, imprégnant toute la nature — est donc totalement nié. Il peut en effet agir dans la nature, mais Il est transcendant, essentiellement au-dessus d’elle en tant que Personne et en tant qu’Être.


2.6 - Ch. 2:1-3

Genèse 2:1-3, appartient en fait à Genèse 1, et complète le paragraphe. Le septième jour était un jour de repos pour Dieu. Son travail avait consisté à créer et à faire, mais tout était maintenant achevé, et il est évident qu’Il n’a plus mis la main à un travail de cet ordre depuis ce moment-là jusqu’à maintenant. L’entrée du péché a nécessité qu’Il reprenne un travail d’un autre ordre, et le Seigneur Jésus y a fait allusion quand Il disait : « Mon Père travaille, et moi je travaille » (Jean 5:17).

Le septième jour était donc spécialement béni et mis à part, et nous pouvons dire qu’un septième jour de repos après six jours de travail est une idée qui remonte au tout début de l’histoire de l’homme. Le mot « sabbat » n’apparaît pas avant Exode 16:23, où il désigne le septième jour après la distribution de la manne. Après cela, la loi a été donnée, et ce « sabbat » — cette « cessation » selon la signification du mot — est devenu une institution légale pour Israël, et un signe entre eux et le Seigneur pour toujours, comme indiqué en Exode 31:17. Hébreux 4:4-10 y fait également allusion, et il est évident qu’Israël jouira encore de son sabbat à l’époque millénaire, Dieu rachetant ainsi le signe qu’Il avait donné.

Le sabbat n’a jamais été donné comme signe à l’Église. En Christ, nous n’avons pas le signe, mais les choses signifiées. Les adventistes du septième jour voudraient nous replacer sous la loi et dans les ténèbres relatifs du judaïsme, ignorant le fait que pour nous les nouvelles lunes et les jours de sabbat sont révolus, comme l’indique Colossiens 2:16. Néanmoins, en tant que chrétiens, nous sommes très reconnaissants de pouvoir observer un repos d’un jour sur sept, comme l’indique la création, et d’avoir ce jour de repos dans le premier jour de la semaine, le jour où notre Sauveur est ressuscité d’entre les morts.


3 - Genèse 2:4 à 3:1

3.1 - Ch. 2:4

Les premiers mots du v. 4 doivent être spécialement notés, car ils signalent la deuxième des onze sections en lesquelles le livre est divisé. Tels qu’ils sont imprimés dans nos Bibles modernes, les chapitres sont au nombre de 50, mais nous trouvons dix fois l’expression « Ce sont ici les générations… » (2:4 – 5:1 avec une légère variation – 6:9 – 10:1 – 11:10 – 11:27 – 25:12 – 25:19 – 36: 1 et 9 – 37:2), ce qui montre que, tels qu’ils ont été donnés par l’inspiration de Dieu, les chapitres sont au nombre de onze.

Nous indiquerons d’emblée ces divisions inspirées, afin que nous les ayons clairement sous les yeux dès le départ. Elles sont les suivantes :


Le mot traduit par « générations » n’apparaît que rarement dans l’Ancien Testament ; hormis la Genèse, on le trouve principalement en Nombres 1, et dans certains chapitres de 1 Chroniques. Il semble avoir la force de « naissances » ou d’« origines ». S’il en est ainsi, « les générations des cieux et de la terre » signifieraient leurs origines, tandis que les générations d’Adam, de Noé, etc. signifieraient ceux qui, par leur naissance, ont trouvé leur origine dans ces patriarches respectifs.

Il est possible que Moïse, le rédacteur inspiré de la Genèse, ait été conduit à utiliser des registres existants laissés par les patriarches, dans la mesure où ils convenaient au dessein divin, et qu’il ait été amené à l’indiquer de cette manière. À partir de Genèse 5:1, nous avons une histoire des choses donnée par Dieu, qui peut très bien avoir été tirée de tablettes enregistrées par l’homme et datant de la plus haute antiquité, tout comme, à maintes reprises, dans les livres des Rois et des Chroniques, nous avons des allusions à d’autres livres de référence écrits par des prophètes et des scribes.

Deux autres remarques s’imposent :


Au v. 4, nous remarquons un changement dans le nom divin : non plus, « Dieu » (Elohim) comme dans Genèse 1, mais « l’Éternel Dieu » (Yahvé Elohim) ; et ce nom caractérise tout le passage jusqu’à la fin de Genèse 3. Sur la base de ce fait, la soi-disante « Haute Critique » a élaboré les théories selon lesquelles la Genèse n’était qu’une mosaïque composée par on ne sait qui, mais en tout cas pas écrite par Moïse. La vérité est, bien sûr, que le Nom varie intentionnellement pour s’adapter au sujet abordé. En Genèse 1, c’est Dieu, dans Sa suprématie, qui crée par Sa parole. En Genèse 2 et 3, c’est Dieu qui place l’homme, Sa créature intelligente et responsable, en relation avec Lui-même, que ce soit dans son innocence originelle ou plus tard dans sa condition déchue. C’est pourquoi l’Éternel intervient, puisque ce nom Le présente comme existant par Lui-même, immuable, fidèle à Son alliance, comme le montre Exode 6:24. C’est exactement la manière dont Il s’est fait connaître à Moïse, l’auteur de la Genèse.


3.2 - Ch. 2:5-7

Les v. 5 à 7 de notre chapitre nous donnent plusieurs détails supplémentaires sur la création, et sur l’homme en particulier. Le v. 5 souligne que la création végétale est sortie directement de la main de Dieu et n’a pas été produite par des causes naturelles, comme la pluie, ni par l’habileté de l’homme à cultiver. Le v. 6 montre qu’elle était entretenue par un brouillard qui s’élevait de la terre elle-même, sans que l’eau ne descende d’en haut. Il y avait des eaux « au-dessus de l’étendue » (Genèse 1:7), mais elles ne descendaient pas encore en pluie sur la terre. Ce n’est qu’en Genèse 7:4 que nous entendons parler de pluie. On a lieu de penser que l’arrosage de la terre par le brouillard et non par la pluie a persisté jusqu’à l’époque du déluge.

Le v. 7 est très important, il nous donne la constitution spirituelle de l’homme par l’acte créateur originel de Dieu. La partie matérielle de l’homme — son corps — est composée des éléments qui se trouvent dans la poussière de la terre, mais il y a aussi la partie immatérielle : c’est une âme vivante, comme les animaux dont la création est rapportée dans la Genèse 1. C’est la façon dont l’homme est devenu une âme vivante qui le distingue entièrement de la création animale. Seul l’homme est devenu une entité vivante lorsque le Seigneur Dieu a insufflé dans ses narines une respiration de vie. À la suite de cet acte divin, l’homme est devenu doté d’un esprit aussi bien que d’une âme.

Ce grand acte est valable non seulement pour Adam, le premier homme, mais aussi pour toute sa race. Ainsi, dans le livre de Job, nous trouvons Elihu qui dit : « L’Esprit de Dieu m’a fait et le souffle du Tout-Puissant m’a donné la vie » (Job 33:4). Nous pouvons tous dire la même chose aujourd’hui. La possession de l’esprit par l’insufflation du Tout-Puissant est le trait distinctif de l’homme. Cet acte définit également la relation de l’homme avec son Créateur. Dieu est un Esprit et donc l’homme, possédant un esprit par l’insufflation de Dieu, était apte à Le représenter, étant fait à Son image, selon Sa ressemblance, comme nous l’avons vu en Genèse 1.


3.3 - Ch. 2:8-9

L’homme étant ainsi créé, un jardin de délices fut aménagé pour sa demeure. Le nom Eden signifie « plaisir », et tous les arbres agréables à voir et bons à manger s’y trouvaient, de sorte que rien ne manquait pour le maintien de la vie et pour donner du plaisir. Deux arbres sont particulièrement mentionnés. L’arbre de vie témoignait certainement du fait qu’il existait une vie distincte de celle que l’homme possédait déjà, et qu’elle était mise à sa portée. D’autre part, l’arbre de la connaissance du bien et du mal devait lui rappeler sa responsabilité et se montrer en être un test.


3.4 - Ch. 2:10-14

L’emplacement de l’Eden est indiqué aux v. 10-11. Deux des fleuves sont facilement identifiables, les deux autres sont très incertains. Il semble certain qu’il se trouvait quelque part à l’est de l’Euphrate, dans une région connue pour son or, ses pierres précieuses et une résine odorante — car c’est ce qu’on suppose être la nature du bdellium.

L’Éthiopie du v. 13 est en réalité Cush, dont il est question en Genèse 10.6. Il semble qu’il y ait eu une région portant ce nom entre la Mésopotamie et l’Inde, ainsi que celle plus connue comme l’Abyssinie.


3.5 - Ch. 2:15-17

Dans ce jardin, l’homme a été placé non pas pour être oisif et perdre son temps, mais pour le cultiver et le garder. Même à l’état d’innocence, il n’était pas bon pour l’homme de n’avoir rien à faire. Il y avait de l’occupation saine sans travail pénible ni corvées.

Dans nos pensées, nous associons souvent innocence et irresponsabilité, comme dans le cas, par exemple, des très jeunes enfants. Aux v. 16 et 17, cependant, nous constatons qu’Adam, bien que créé dans un état d’innocence, a été placé dans une situation de responsabilité. Il n’avait pas la connaissance du bien et du mal, de sorte qu’un seul arbre lui était interdit, alors qu’il pouvait manger librement de tous les autres arbres du jardin. Il a été placé sous une loi de la manière la plus simple qui soit, puisque la loi ne consistait que d’un seul commandement et ce commandement ne concernait qu’un seul arbre. Il aurait pu recevoir de nombreux commandements d’une nature complexe et déroutante, ou encore se voir interdire tous les arbres du jardin sauf un. Quoi qu’il en soit, le commandement divin a été réduit au strict minimum, juste assez pour lui rappeler qu’en tant que créature, il devait être soumis au Créateur et marcher dans l’obéissance.

De plus, Adam a été averti des conséquences de la désobéissance. S’il acquérait la connaissance du bien et du mal par la désobéissance, il serait incapable d’accomplir le bien parce qu’il serait rendu esclave du mal. Cela l’amènerait immédiatement sous le pouvoir de la mort. Comme nous le verrons au ch. 3, il ne subirait pas immédiatement la mort du corps, qui implique la dissolution de la personnalité existante par séparation de la partie spirituelle d’avec la partie matérielle de l’homme. Mais il souffrirait immédiatement d’une rupture totale, spirituelle et morale, d’avec Dieu, son Créateur, ce qui est la mort dans sa forme la plus intense. En ce sens, il mourrait le jour même où il aurait mangé de l’arbre interdit. Il lui incombait d’obéir à l’unique interdiction.


3.6 - Ch. 2:18-20

Une autre grande pensée de Dieu nous est présentée au v. 18. L’homme n’a pas été créé pour être un être totalement autosuffisant. Il avait besoin non seulement d’une compagnie, mais aussi d’une « aide » ou d’une « contrepartie ». Nous voyons la bonté de Dieu ainsi que Sa sagesse dans la manière dont la contrepartie est venue à l’existence. L’objectif étant le bien et le profit d’Adam, il lui fut permis de constater par lui-même qu’une telle contrepartie n’existait pas dans la création animale, toute la gamme des bêtes et des oiseaux lui ayant été présentée.

Adam était manifestement à l’apogée de ses facultés intellectuelles avant qu’elles n’aient été ternies par le péché. Il était capable de discerner dans chaque cas le trait caractéristique, de manière à donner le nom approprié à l’être vivant, car les noms étaient bien sûr descriptifs et pas seulement des mots fantaisistes sans signification. Adam possédait à la fois l’intelligence et le langage, il maîtrisait la parole. Et c’est justement parce qu’il avait cela qu’il n’a pas trouvé de contrepartie dans la création animale.

En Éphésiens 1:23, l’Église est décrite non seulement comme le « corps », mais aussi comme la « plénitude » de Christ ; ce mot signifie « ce qui remplit » ou le « complément ». Ce que nous avons dans la Genèse est une préfiguration de cela. Nous devons nous rappeler qu’en créant le premier homme, Dieu avait devant Lui le second homme, et que par conséquent, à plusieurs égards, Adam était « la figure de celui qui devait venir » (Rom. 5:14). Au point où nous sommes parvenus, cette figure commence à se présenter clairement à nous. Le Fils de l’homme doit avoir une domination beaucoup plus vaste et plus grande sur toute la création que celle qu’Adam a jamais eue, mais dans cette place exaltée, Il ne doit pas être seul, mais Il doit avoir Son complément ou Sa contrepartie.


3.7 - Ch. 2:21-24

Ainsi, aux v. 22 et 23, nous trouvons la femme faite d’une manière qui est pleine de signification typique. Dans le sommeil profond, nous voyons ce qui préfigure la mort de Christ. La femme est une partie de l’homme, et a été conçue comme sa contrepartie. Elle était une côte de son corps transformée en un être distinct, qui pouvait lui être présenté. Cela préfigurait le fait que l’église serait à la fois le corps et l’épouse du Christ. Il est également remarquable que le mot « forma » au v. 22 soit en réalité « bâtit », rejoignant ainsi la parole de notre Seigneur : « Je bâtirai mon Assemblée / Église » (Matt. 16.18). Éphésiens 5:23-33 est la justification de ce qui précède, et montre également que l’action de Dieu ici était conçue pour préfigurer la vérité concernant Christ et l’église.

Aux v. 23 et 24, un nouveau mot est utilisé pour désigner l’homme. Jusqu’à la fin du v. 22, le mot est toujours « Adam », et aux v. 26-28 de Genèse 1, ce mot couvre à la fois l’homme et la femme, car il est dit : « Dieu créa l’homme… Il les créa mâle et femelle ». Nous avons maintenant « Ish », et la femme est « Isha », parce qu’elle est tirée de lui, et qu’elle en tire son caractère. Ici encore, nous voyons un type qui s’est accompli en Christ et l’église. L’église est de Christ et tire son caractère de Lui. Selon 1 Corinthiens 12:12-13, on voit que le corps humain est utilisé comme illustration du corps de Christ ; mais le v. 12 se termine non pas par « ainsi est le corps de Christ », mais par « ainsi est le Christ ». Ici Christ, ou plus exactement « le Christ », est utilisé comme un terme qui inclut Son corps, tout comme « Adam » a été utilisé pour inclure Ève. Ces choses sont dignes d’être notées car elles soulignent et illustrent l’inspiration verbale des Écritures.

Le v. 24 rapporte la pensée de Dieu sur le mariage dès le début, et c’est à cela que le Seigneur Jésus faisait appel lorsqu’Il a répondu aux Pharisiens selon Matthieu 19:3-9. Dévier de cette pensée et de cet ordre divins, ou pire encore les nier, a probablement été la cause de plus de péchés et de misères dans le monde que n’importe quelle autre source d’iniquité. Lorsque l’homme a atteint sa maturité, il doit quitter son père et sa mère et fonder une nouvelle famille, en prenant une femme pour épouse. C’est ainsi qu’ils deviennent une seule chair. Comme nous venons de le voir, Adam et Ève n’étaient qu’une seule chair au départ, puisqu’elle a été prise de lui.

Cette ordonnance divine, si on la respecte, est une grande protection pour la femme ; elle est nécessaire parce qu’elle est désavantagée par rapport à l’homme à plus d’un titre. Dans le monde païen, cette ordonnance est inconnue et, par conséquent, la femme devient un simple bien meuble, acheté, vendu et utilisé ou maltraité par l’homme. Dans certains milieux, elle est considérée comme une espèce distincte et inférieure. Ces erreurs, et les abus qui en découlent, ne peuvent subsister à la lumière de la vérité que nous avons ici. La femme n’est pas seulement de la même espèce que l’homme, mais à l’origine elle est faite de sa chair et de ses os, elle est tirée de l’homme.


3.8 - Ch. 2:25

Le dernier verset souligne à quel point l’état d’innocence dans lequel ils ont été créés était complet. Le péché étant entré, tout a changé. On peut encore trouver des sauvages dans un état de nudité presque complète, mais ils sont du genre tout à fait dégradé. La tendance à la nudité, dans les pays où la lumière de l’évangile a brillé, présage une descente vers l’apostasie.

La section 3 commence ainsi : « Or, le serpent était plus rusé… ». Il s’est infiltré dans cette belle scène d’innocence. Combien plus facilement trompera-t-il les créatures stupides — hommes et femmes — qui essaient de se comporter comme s’ils étaient innocents alors qu’ils possèdent chacun une nature déchue et pleine de convoitises.


4 - Genèse 3:1-20

4.1 - Ch. 3:1

Le serpent nous est présenté sans aucune explication au sujet de la puissance agissant en lui et par lui. Le v. 1 nous apprend qu’il faisait partie des bêtes des champs que Dieu avait créées, et qu’il était « plus rusé » — d’un ordre d’intelligence plus élevé — que tout autre, de sorte que, sous l’effet d’une puissance supérieure, il pouvait parler. Toute la catégorie des serpents, telle que nous la connaissons aujourd’hui, est dans un état de grande dégradation, comme on peut s’y attendre d’après le v. 14 de notre chapitre. Tel qu’il avait été créé à l’origine, il se trouvait à la tête du monde animal, qui avait été assujetti à Adam.

Dans notre chapitre, c’est seulement le serpent qui est mentionné comme agent visible du mal. De même, en 2 Corinthiens 11:3, nous lisons : « le serpent séduisit Ève par sa ruse ». Il faut aller jusqu’au dernier livre de la Bible pour trouver l’identification très claire du serpent avec l’acteur invisible opérant par lui. À deux reprises, dans des termes presque identiques, nous trouvons « le serpent ancien, appelé diable et Satan » (Apoc. 12:9 ; 20:2). Il est l’auteur et l’instigateur de cette chose effrayante, le péché, qui a envahi cette belle création. Voyons comment il s’y est pris.

Son premier geste a été de mettre en doute la Parole de Dieu. Très peu de choses avaient été révélées jusque-là, mais sur un point, Dieu avait parlé de manière nette et claire. Le serpent remet en question cette révélation, déformant ce que Dieu avait dit, tout en le remettant en question de manière à rendre son insinuation du doute plus plausible. De plus, il s’est adressé non pas à l’homme qui était le premier responsable, mais à la femme. Des deux maillons de la chaîne humaine, elle était le plus faible, et l’adversaire a frappé juste là.


4.2 - Ch. 3:2-3

Dans sa réponse, la femme maintint que Dieu avait effectivement parlé, mais elle commet l’erreur d’ajouter à Ses paroles, car Il n’avait pas dit : « Vous n’y toucherez pas ». Ajouter à Ses paroles est aussi mauvais que d’en retrancher. Plus on se rend compte de l’autorité invincible des paroles de Dieu, plus on est prudent lorsqu’on les cite. Il semble que cette autorité ait déjà été affaiblie dans les pensées de la femme.


4.3 - Ch. 3:4-5

Ayant obtenu l’avantage initial, le serpent a porté un coup beaucoup plus fort, comme le montre le v. 4. Il a audacieusement nié la parole de Dieu. Dieu avait clairement déclaré que si l’homme désobéissait, la ruine et la mort en seraient la conséquence inévitable. Le serpent nie qu’une telle conséquence puisse se produire.

Il a ensuite appuyé ce démenti par l’affirmation audacieuse que la véritable raison de l’interdiction était que Dieu savait que si l’homme mangeait de l’arbre interdit, il serait immensément élevé — il aurait les yeux ouverts, connaîtrait le bien et le mal et deviendrait « comme Dieu » ou « comme des dieux ». Bien qu’il ne devienne pas l’Éternel Dieu, il deviendrait un être indépendant et un objet de vénération. Il noircit ainsi le caractère divin, représentant Dieu comme désireux d’empêcher l’homme d’être un rival possible, et désireux de l’éloigner de ce qui était à son avantage. Il affirmait pratiquement que la divinité, sous une forme modifiée, était possible pour l’homme.

C’est ainsi que la voie de la désobéissance a été présentée de manière séduisante comme l’autoroute lumineux vers une connaissance élargie et une importance considérablement accrue. En réalité, elle s’est avérée être une route sombre et désolante menant à un désastre total. La connaissance du bien et du mal existerait, mais sans la puissance pour faire le bien ou éviter le mal. Quiconque commet le péché devient l’esclave du péché, comme l’a dit avec insistance notre Seigneur en Jean 8:34.

Tout cela nous éclaire sur notre époque. Nous avons la parole de Dieu dans les écrits divins — les Saintes Écritures — mais au fil des siècles, elles sont devenues inopérantes, parce que cachées au peuple et enfouies dans une langue inconnue. Il y a environ quatre siècles, elles ont été déterrées, traduites, diffusées et leur lumière a recommencé à briller. Vers le milieu du dix-huitième siècle, la contre-attaque du diable a été lancée et les mêmes tactiques ont été employées.

Tout d’abord, la remise en question de la révélation divine, la mise en doute de la parole de Dieu dans ce qu’on a appelé la « haute critique » de la Bible. Ensuite, il y a eu la négation de la ruine de l’homme et du fait que la mort soit le salaire du péché. Le fait de la mort ne peut évidemment pas être nié, mais il peut être considéré comme une dette que nous payons tous à la nature, afin d’ouvrir la voie à l’évolution d’hommes d’un caractère de plus en plus élevé. Enfin, l’affirmation audacieuse de la divinité — ou d’un genre de divinité — de l’homme. L’homme est considéré comme l’être le plus semblable à un dieu dont nous ayons une connaissance certaine. Cette déification de l’homme atteindra son paroxysme avec l’antichrist à venir. La racine de tout cela se trouve en Genèse 3.


4.4 - Ch. 3:6

Le piège tendu par le serpent était astucieux. Le v. 6 montre que le fruit de l’arbre avait un attrait naturel pour la chair. Il était « un plaisir » pour les yeux, et de plus le mensonge du diable le présente de manière à faire appel à l’orgueil. Les éléments du monde, selon 1 Jean 2:16, sont tous présents et, par leur effet cumulatif, ils ont envahi la femme. Elle a agi indépendamment de Dieu et de son mari. Elle a pris le fruit et en a mangé. Elle a donné le fruit à son mari, qui a eu tort d’accepter qu’elle prévale dans cette affaire, et lui aussi a désobéi.

Ce récit de la chute, donné par Dieu, est souvent refusé et même ridiculisé. On ne peut nier le mal terrible qui remplit la terre, mais, dit-on, il est tout à fait absurde de déclarer que tout cela découle de ce qu’Adam a désobéi en mangeant une chose aussi insignifiante qu’une pomme. L’absurdité se trouve toutefois du côté de ceux qui pensent ainsi. Le diable est bien trop astucieux pour essayer d’enfoncer d’abord le gros bout d’un coin. Comme un train est détourné de la ligne principale par un petit aiguillage, de même l’homme s’est écarté vers la ligne de désobéissance par ce qui semblait à première vue être une petite chose. Il n’y avait ni pénurie ni manque qui poussait à cette désobéissance. Ils n’avaient pas faim. Il s’agissait simplement d’un pur défi au commandement de Dieu, juste l’insoumission ou dérèglement qui est le péché, l’iniquité selon 1 Jean 3:4.


4.5 - Ch. 3:7

L’homme et sa femme étaient maintenant des créatures déchues de leur état d’origine, et les résultats de cette chute ont commencé à se dérouler d’eux-mêmes. Tout d’abord, au v. 7, nous avons l’effet sur eux-mêmes. Alors qu’ils étaient, dans leur innocence, heureusement libres de toute conscience de soi, comme on l’a vu en Genèse 2:25, ils étaient maintenant très conscients d’eux-mêmes et honteux, et ils se sont efforcé faiblement de cacher leur honte, mais sans y arriver efficacement. Nous disons faibles, parce que quiconque connaît la forme d’une feuille de figuier doit admettre qu’un tablier cousu à partir d’une feuille de figuier devait être une mosaïque facile à détruire. Nous disons inefficaces, parce que le v. 10 montre qu’Adam, dès qu’il s’est trouvé en présence de Dieu, s’est avoué nu, comme si le tablier de feuilles de figuier n’avait jamais été fait.


4.6 - Ch. 3:8-10

Deuxièmement, nous avons ce que le v. 8 souligne. Leurs relations avec Dieu étaient ruinées. Finie la relation heureuse qui a existé pour un temps si court entre un Dieu bienfaisant et Sa créature innocente. L’aliénation s’est installée. La présence de l’Éternel Dieu leur inspirait de la peur et non du plaisir. Leur seule idée était de se cacher de Lui, et pour cela ils ont utilisé les arbres mêmes du jardin, qui leur avaient été donnés comme nourriture et pour leur plaisir. Ainsi, les bénédictions terrestres et matérielles qui leur avaient été accordées se sont transformées en malédiction.

Les v. 7 et 8 sont pleins de tristesse. Un rayon de lumière apparaît au v. 9. L’Éternel Dieu aurait pu immédiatement rejeter les deux coupables et les condamner à leur sort. Au lieu de cela, Il les a recherchés, ce qui indique clairement qu’Il avait l’intention de les bénir en fin de compte. Son appel était : « Où es-tu ? ». En réponse à quoi, Adam a dû révéler à quoi il en était, et en essayant de couvrir sa nudité, il a dévoilé son péché.

Quelle est la position de l’homme en tant que pécheur déchu ? Où est-il, maintenant qu’il s’est affranchi du contrôle divin ? C’est la première question de l’Ancien Testament, et le reste de l’Ancien Testament donne la réponse dans tous ses détails hideux, jusqu’au dernier chapitre de Malachie, qui se termine par le mot significatif de « malédiction ». Nous ouvrons le Nouveau Testament et ce n’est pas sans raison que nous trouvons la première question posée : « Où est-il…. ? » (Matthieu 2:2). Nous poursuivons notre lecture pour découvrir la glorieuse réponse à cette question, et nous terminons l’Apocalypse avec Jésus comme Celui qui vient, l’étoile brillante du matin, et entre-temps Sa grâce reposant comme une bénédiction sur tous Ses saints. Le contraste est complet.


4.7 - Ch. 3:11-13

Après avoir désigné Adam comme principal responsable, l’Éternel Dieu s’adresse directement à lui, et l’interroge sur sa désobéissance. Adam l’admet, et ce qu’il dit au v. 12 est vrai, mais il le dit de manière à rejeter le blâme sur Ève, et indirectement même sur Dieu. « La femme que tu m’as donnée pour être avec moi » m’a conduit à cette désobéissance, ce qui revient à dire que si Dieu ne lui avait pas présenté Ève, tout aurait été pour le mieux. Les instincts profondément pécheurs de l’homme sont immédiatement révélés. S’il ne peut pas nier sa culpabilité, il rejettera la faute sur quelqu’un d’autre, et si possible sur Dieu.

En se tournant vers la femme, le Seigneur Dieu pose une deuxième question sur ce qu’elle a fait. La première avait soulevé la question de l’état de l’homme, la seconde met en cause ses actes. Ève reconnaît avoir mangé de l’arbre, mais rejette la faute sur le serpent. Comme dans le cas d’Adam, ce qu’elle dit est vrai, car le serpent l’a séduite, mais son effort a clairement consisté à se décharger de la responsabilité de l’acte. À cet égard, Romains 2:15 éclaire beaucoup, bien que nous devions ajouter qu’en dehors de l’action de l’Esprit de Dieu dans la conscience, la tendance invariable des hommes pécheurs est de se complaire à « accuser » les autres et à « s’excuser » soi-même. Il en a été ainsi au début, mais la vérité était maintenant dévoilée quant à l’homme, quant à la femme et quant au serpent.


4.8 - Ch. 3:14-15

Dans ces conditions, l’Éternel Dieu prononça le jugement qui devait s’abattre sur les pécheurs, en commençant par le serpent et en remontant jusqu’à l’homme. Le serpent est reconnu comme l’auteur du mal ; donc pour lui, tout est jugement sans un rayon de lumière. La femme et l’homme ont été ses victimes ; pour eux seuls, une lueur est réservée.

Les paroles solennelles du v. 14 s’appliquent entièrement au serpent en tant que créature faite par Dieu. Il est dégradé de la plus haute à la plus basse place dans l’échelle de la création. Les premiers mots du v. 15 s’appliquent de la même manière. L’homme moyen, s’il aperçoit un serpent, n’a qu’une idée en tête : le tuer ! La deuxième partie du verset a cependant en vue le grand ennemi spirituel qui avait opéré par le moyen du serpent.

Il a une « semence », c’est-à-dire une descendance qui est de son ordre au sens spirituel, et qui, avec lui, est en inimitié et en opposition mortelles avec la « Semence » de la femme. Dans la mention de cette « Semence », nous avons la première indication du grand Libérateur, Christ, qui devait venir un jour.

La première prédiction de Christ est donc la venue de l’Éternel Dieu Lui-même, et n’a pas été confiée à des lèvres humaines. On peut dire que c’est en germe la pensée qui a donné naissance à toutes les prophéties ultérieures, et elle contient au moins quatre caractéristiques très frappantes.


4.9 - Ch. 3:16-19

Après avoir traité avec le serpent, l’Éternel Dieu se tourne vers la femme. Un double jugement s’abat sur elle, résultat de son péché dans le gouvernement de Dieu. L’accouchement devait devenir pour elle un temps de douleur et de souffrance, et elle devait être soumise à la domination de son mari. De nos jours, on a beaucoup cherché à se débarrasser de ces deux choses, mais rien ne peut réellement les abolir.

Enfin c’est Adam qui est jugé, et les effets gouvernementaux de son péché sont plus clairement visibles. Il avait écouté la voix de sa femme au lieu d’écouter ce que Dieu avait dit, et maintenant il doit en affronter les fruits. Le sol est maudit à cause de lui. Il doit en tirer sa subsistance par la sueur et la peine jusqu’à ce que la mort l’emporte, et que son corps retourne à la poussière dont il a été tiré. Rien n’est dit ici de son âme et de son esprit, car ce sont les conséquences gouvernementales plutôt qu’éternelles qui sont en vue.

Il y a beaucoup de manœuvres pour se débarrasser de la sueur et du labeur, et les hommes peuvent penser qu’ils vont y parvenir. On a entendu une harangue adressées au peuple : « Ou nous travaillons ou nous avons la misère » ; à cela nous pouvons ajouter : « Ou nous suons ou nous crevons de faim » ; car nous ne pouvons pas plus échapper à cette partie de la malédiction que nous ne pouvons échapper à la mort.


4.10 - Ch. 3:20

C’est apparemment à ce moment-là qu’Adam a donné le nom d’Ève à sa femme. Elle est la mère de tous les vivants. Il a fallu que bien des âges passent avant qu’une autre femme émerge pour que la Semence de la femme apparaisse.


5 - Genèse 3:21 à 4:26

5.1 - Ch. 3:21

La promesse de Dieu de voir surgir un Libérateur qui briserait le pouvoir de l’adversaire est complétée par un acte de Dieu qui éclaire la manière dont la délivrance s’accomplirait. Adam et sa femme avaient essayé de couvrir leur nudité avec des tabliers de feuilles de figuier, mais ils n’y étaient pas parvenus. L’Éternel Dieu les a recouverts d’un manteau de peau. Or, les peaux ne sont pas un produit végétal, mais animal, et elles ne peuvent servir à vêtir l’homme que lorsque l’animal qui les a produites est mort. Nous trouvons donc ici la première révélation du fait que l’homme ne peut se tenir vêtu devant Dieu que sur la base de la mort. Il doit reconnaître que la sentence de mort qui pèse légitimement sur lui, a été endurée par un autre à sa place.


5.2 - Ch. 3:22-24

L’acte qui a révélé cela a été suivi d’un autre acte de Dieu tout aussi significatif. L’homme avait acquis la connaissance du bien et du mal sans puissance pour réaliser le bien, mais avec une propension aiguë au mal. Afin qu’il ne continue pas à vivre dans cet état, il fut chassé du jardin d’Eden et les chérubins lui barrèrent l’accès à l’arbre de vie avec une épée flamboyante. Il s’agissait sans aucun doute d’un acte de jugement supplémentaire, mais il contenait en lui-même un fort élément de miséricorde.

À supposer qu’Adam ait pu avancer sa main et manger de l’arbre de vie, quel aurait été le résultat ? Il aurait perpétué sa condition de péché et de misère, faisant de lui une créature sans mort dans un enfer qu’il aurait lui-même élaboré. Cela aurait été déjà assez grave. Mais le désastre aurait été bien pire à cet égard : même en devenant homme, Christ n’aurait pas pu mourir. Sa mort est devenue pour nous la porte de la vie. En mangeant de l’arbre de vie, Adam aurait fermé et barré cette porte. Nous pouvons remercier Dieu pour les chérubins et l’épée flamboyante (ou « qui tournait ça et là ») !


5.3 - Ch. 4:1-2

Nos premiers parents avaient perdu leur innocence, leur paradis et la communion heureuse avec Dieu qu’ils avaient au début. Ils avaient acquis la connaissance du bien et du mal, mais seulement pour se trouver asservis par le mal, et ils s’étaient placés sous la malédiction, eux-mêmes ainsi que la création sous leurs pieds. C’est dans ces tristes conditions que commença la propagation de la race, comme l’indique le premier verset de Genèse 4.

Le premier homme né d’une femme apparut, et Ève pensa qu’elle l’avait acquis « de » ou « avec » l’Éternel, d’où le nom qui lui fut donné. On ne nous dit pas ce qu’Adam a dit, mais seulement ce qu’elle a dit, de sorte qu’il se peut qu’elle ait pris la place de leader qui appartenait à son mari. Quoi qu’il en soit, elle se trompait de nouveau, car Caïn n’était pas de l’Éternel, mais plutôt « du méchant » (1 Jean 3:12). Le Seigneur Jésus disait aux Juifs que le diable « était meurtrier dès le commencement », et encore qu’« il est menteur et père du mensonge » (Jean 8:44). Nous le voyons comme le menteur en Genèse 3, et comme le meurtrier en Genèse 4.

Lorsque le second fils apparut, on lui donna un nom plus en accord avec l’état déchu de l’humanité : Abel, qui signifie Vanité ou Transitoire. Le registre de la famille d’Adam s’arrête là et nous n’en entendons plus parler jusqu’à la fin de notre chapitre. Adam a eu sans doute beaucoup de fils et de filles, mais le but de Dieu dans la Genèse n’est pas de nous donner une histoire, mais de nous fournir suffisamment de détails pour nous instruire quant à Ses actions gouvernementales avec les hommes déchus, et cela en vue de leur délivrance et de leur bénédiction finales.

Lorsque Adam a été expulsé du jardin, il lui a été commandé d’aller « labourer le sol » ; il n’y avait donc rien à redire à l’occupation de Caïn. Abel devint berger, car les moutons sont des créatures sans défense, et la chute de l’homme avait produit des bêtes sauvages. L’homme s’était révolté contre Dieu, et craignait Sa présence. La création animale, d’une manière générale, s’est à la suite révoltée contre l’homme et a craint sa présence.


5.4 - Ch. 4:3-5a

Pourtant, un jour vint où les deux frères sentirent qu’ils devaient rendre quelque hommage au Créateur et chercher une base pour s’approcher de Lui. Dans l’offrande sacrificielle apportée par Abel, nous voyons la deuxième préfiguration ou type de la mort de Christ. La première était dans les manteaux de peaux habillant les deux coupables, où nous découvrons que seule la mort peut couvrir la nudité et le péché de l’homme. Nous faisons maintenant un pas de plus, et découvrons que la seule base d’approche reconnue par Dieu est la mort d’un sacrifice acceptable.

Dans l’offrande de Caïn, il n’y a aucune reconnaissance de cela. Il a apporté le fruit du sol que Dieu avait maudit — bien qu’il ait probablement apporté le meilleur produit du travail de ses propres mains — et en cela, il n’y avait aucune reconnaissance de la sentence de mort qui pesait sur lui. Il était comme un criminel condamné à mort, cherchant à s’attirer les faveurs de son juge en le soudoyant avec quelque chose d’agréable. Quoi qu’un juge terrestre puisse être tenté de faire, Dieu n’a eu aucun respect pour cette manœuvre, et Caïn s’est retrouvé rejeté.

L’offrande d’Abel impliquait la mort de la brebis, comme le montrent les mots « et de sa graisse ». C’est à ce moment-là qu’il faut placer Hébreux 11:4. Il nous est montré que son offrande était un acte de foi — le premier acte de foi à être consigné. Or, la foi s’appuie sur ce que Dieu a révélé. Si nous nous demandons ce qui a été révélé à la foi d’Abel, nous ne pouvons que nous référer à Genèse 3:21. Abel a compris la signification des vêtements de peau, et a donc reconnu par son offrande qu’il était un pécheur sous sentence de mort, et qu’il ne pouvait s’approcher que sur la base de la mort d’une victime. Caïn n’avait aucune foi, il a ignoré le sens de ces vêtements, et s’est approché avec de fasses prétentions.

Ainsi, presque dès le départ, nous voyons la vie humaine comme un fleuve qui se divise en deux courants divergents et même opposés, et cela s’est poursuivi jusqu’à aujourd’hui. C’est pourquoi nous considérons cet incident comme l’un des plus fondamentaux de toute la Bible et nous y accordons la plus grande importance. Vers la fin du Nouveau Testament, nous lisons un « malheur » qui repose sur ceux qui « ont marché dans le chemin de Caïn » (Jude 11), et le nombre de ceux qui agissent ainsi a considérablement augmenté de nos jours — même s’ils veulent être appelés « chrétiens ». Le verset de Jude montre qu’il s’agit de la première des trois étapes qui mènent à la perdition dans l’apostasie totale.

À l’inverse, Abel se trouve à la tête des hommes de foi reconnus en Hébreux 11. Le sacrifice qu’il a offert était « plus excellent », et Dieu lui a rendu témoignage en l’acceptant d’une manière visible et précise, et cette acceptation a été pour Abel la preuve évidente qu’il était juste, c’est-à-dire qu’il était dans un chemin droit avec Dieu. Pourtant, même aujourd’hui, on trouve bien des gens qui font sincèrement confiance à Christ et qui, par une compréhension défectueuse de l’évangile, regardent plutôt à eux-mêmes qu’au témoignage divin, et de ce fait ils ont des doutes quant à leur position vis-à-vis de Dieu. N’est-ce pas surprenant ?… penser que près de quatre mille ans avant la venue de Christ, Abel a joui de ce qui manque à beaucoup deux mille ans après Sa venue !


5.5 - Ch. 4:5b-9

Rejeté par Dieu, Caïn s’est irrité contre Dieu, et a déversé sa vengeance sur l’homme de foi que Dieu avait agréé. Le tableau est fidèle à la réalité, car la même chose s’est reproduite de si nombreuses fois dans l’histoire du monde. Caïn n’était pas irréligieux. S’il l’avait été, il ne se serait même pas donné la peine d’essayer de s’approcher de Dieu. Non, il était religieux, et c’est pour cette raison que la colère et la haine ont envahi son cœur. Dieu était hors de sa portée. Il ne pouvait pas Le frapper. Abel était bien à sa portée, et c’est donc vers lui que le coup a été dirigé. L’exemple le plus marquant dans le Nouveau Testament est celui de Saul de Tarse. Il haïssait Jésus de Nazareth d’une haine intense, et parce qu’Il était dans une gloire hors de sa portée, il frappait Ses disciples sur la terre.

Caïn est devenu meurtrier malgré les remontrances de Dieu, qui lui a rappelé qu’en dépit de ce qui était arrivé, ses droits en tant que frère aîné devaient être respectés (Abel ayant la place secondaire), et Dieu lui a indiqué où se trouvait le mal, et peut-être le remède. On nous dit que le mot hébreu traduit par « péché » a également le sens de « sacrifice pour le péché ». Il se peut donc qu’il y ait eu, presque à ses pieds, un agneau qu’il aurait pu apporter en sacrifice à ce moment-là, ce qui lui aurait permis de revenir à un chemin droit avec Dieu.

En tuant son frère, Caïn s’est révélé être « du méchant », et il l’a fait parce que « ses propres œuvres étaient mauvaises, et que celles de son frère étaient justes » (1 Jean 3). En outre, il s’est révélé être non seulement un meurtrier à l’égard de son frère, mais aussi tout à fait provocant à l’égard de Dieu. Interrogé sur ce qu’il en était de son frère, Caïn ne montra pas le moindre signe de repentance, mais plutôt un esprit truculent sans crainte de Dieu, et il joua sur les mots à partir du fait qu’Abel avait été un « gardien » de moutons. Il n’allait pas admettre qu’il était le « gardien » d’Abel !


5.6 - Ch. 4:10-15

Mais le sang d’Abel faisait entendre du sol sa voix à l’oreille de Dieu, et une malédiction spéciale est vite descendue sur lui, en plus de la malédiction déjà tombée sur Adam et sa race selon Genèse 3. Adam ne devait obtenir sa nourriture qu’à la sueur de son visage, mais Caïn allait trouver la terre improductive même s’il travaillait à la labourer, de sorte qu’il deviendrait un vagabond, fuyant la face de Dieu.

Le v. 14 montre que Caïn a réalisé la portée de cette malédiction et a déclaré qu’elle était trop grande pour être supportée. Depuis ce jour-là jusqu’à aujourd’hui, les hommes pécheurs, s’ils ne se repentent pas, se plaignent de la sévérité du jugement de Dieu. Ce n’est que lorsque les hommes se repentent qu’ils s’inclinent et reconnaissent humblement que le jugement de Dieu est juste.

Il existe sans aucun doute chez l’homme un instinct qui le pousse à venger un meurtre gratuit par la mort du meurtrier. Caïn lui-même avait cet instinct et prévoyait que d’autres de ses frères le tueraient. Aucun gouvernement n’avait encore été institué sur la terre et, par conséquent, Dieu ne voulut pas permettre qu’une action punitive soit entreprise à l’encontre de Caïn. Quand le gouvernement, dans sa forme la plus primitive, a été institué, alors une action devait être exercée, comme on le voit en Genèse 9:5-6.


5.7 - Ch. 4:16-18

Au dernier verset de Genèse 3, Adam a été chassé du jardin ; au v. 16 de notre chapitre, Caïn « sortit de la présence de l’Éternel ». Dans le premier cas, il s’agissait d’un jugement obligatoire ; dans l’autre, d’un abandon délibéré. Pour un meurtrier impénitent, la présence de Dieu était odieuse. En Romains 1:28, à propos des barbares, il est dit qu’« ils n’ont pas eu de sens moral pour garder la connaissance de Dieu » : c’était exactement le cas de Caïn. Il partit pour le pays de « Nod », ou « errance », emmenant avec lui une femme et un fils, et il y construisit une « ville », une sorte de forteresse primitive. Autant qu’il le pouvait, il défiait la sentence de Dieu à son égard, et montrait qu’il se méfiait de ce que Dieu avait fait pour qu’il ne soit pas tué. Si la terre ne devait pas produire pour lui, qu’il laisse à d’autres le soin de la cultiver ! Plutôt que d’errer, il veut s’installer et se protéger lui-même !

C’est dans cet état que nous laissons Caïn. Le v. 18 se contente de mentionner les noms de ses descendants les plus directs. Le v. 19 s’arrête à Lémec pour nous donner quelques détails. Fait remarquable, cet homme était le septième descendant d’Adam dans la lignée de Caïn, tout comme Hénoc l’était dans la lignée de Seth. Dans les détails donnés, nous voyons le système mondial commencer à prendre forme. Ses principes de base nous sont révélés et ils concordent avec l’analyse donnée en 1 Jean 2:16.


5.8 - Ch. 4:19-22

C’est apparemment Lémec qui, le premier, a enfreint l’ordonnance divine relative au mariage d’un homme avec une femme et a institué la polygamie. C’était un caractère fort qui avait l’intention de faire ce qu’il voulait, et non ce que Dieu avait dit. Ici, sans aucun doute, nous voyons la convoitise de la chair lever sa tête hideuse.

Les deux femmes donnent naissance à des enfants et dans les détails donnés à leur sujet, nous voyons apparaître la convoitise des yeux, ce terme recouvrant tant les yeux intérieurs de l’esprit que les yeux de la tête : par les yeux intérieurs, l’homme recherche qui fait appel à ces yeux intérieurs ; par les yeux de la tête, l’homme recherche ce qui est spectaculaire. Avec la famille de Lémec commence


C’est par-là que l’humanité a commencé sa carrière d’inventivité croissante qui, de nos jours, a atteint le stade de la bombe atomique. Les yeux de la convoitise de l’homme ont sondé trop profondément les secrets de la terre, et combien de temps encore les pénétreront-ils avant que Dieu ne mette l’éteignoir sur tous ses projets par l’apparition de Christ en flamme de feu (2 Thes. 1) — qui peut le dire ?

La fille de Lémec, Naama, est la première femme mentionnée après Ève. Nous pensons que c’est parce que son nom signifie « plaisir » ou « charme ». Si nous ajoutons le plaisir, et la poursuite des plaisirs, aux aspects que nous venons de noter, nous avons les principes de base sur lesquels le monde de l’homme est fondé.


5.9 - Ch. 4:23-24

Le discours de Lémec à ses femmes peut sembler un peu obscur, mais les termes « pour ma blessure » et « pour ma meurtrissure », laisse penser qu’un malheureux jeune homme avait blessé Lémec qui, pour se venger, s’est simplement levé et l’a tué. Lorsque Caïn avait tué des siècles auparavant, il avait trahi un certain sens de malfaire. Ce n’était plus le cas de Lémec, qui rentra chez lui pour se vanter auprès de ses femmes de ce qu’il avait fait (ou ferait), faisant une allusion méprisante à l’action de Dieu interdisant qu’on exerce une vengeance sur Caïn. Si Caïn devait être vengé au septuple, Lémec le serait soixante-dix sept fois. Il se sentait onze fois plus important que Caïn. Voilà l’orgueil de la vie au plus haut degré !

En cet homme, le septième depuis Adam, nous voyons donc la corruption et la violence apparaître au grand jour. Tout le mal peut être classé sous ces deux rubriques, et il est évident que la polygamie et le meurtre de Lémec portèrent rapidement leurs fruits amers, jusqu’à ce que, juste avant le déluge, « la terre était corrompue devant Dieu, et la terre se était pleine de violence » (6:11). Il est triste de constater qu’à notre époque, et dans des pays où la lumière de l’évangile a longtemps brillé, des situations semblables se multiplient rapidement.


5.10 - Ch. 4:25-26

Les deux versets qui concluent notre chapitre nous ramènent bien avant l’époque de Lémec, car le chapitre suivant nous dit qu’Adam avait 130 ans lorsque Seth est né. De nombreux enfants ont pu naître entre Abel et Seth, mais ils sont passés sous silence, car Seth était la semence désignée pour perpétuer la lignée de la foi, par opposition à la lignée de Caïn. Le fait que Seth était un homme de foi ressort du nom donné à son fils, Enosh, qui signifie « mortel », « faible ».

L’un des premiers signes de la foi qui jaillit dans le cœur est que l’homme se reconnaît comme une créature pécheresse sous sentence de mort. Le signe suivant est que, à la lumière de cette reconnaissance première, il commence à invoquer le Nom de l’Éternel. Les derniers mots de notre chapitre sont donc très frappants. Dans le Nouveau Testament, nous trouvons que « quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (Rom. 10:13).