Frank Binford Hole (les sous-titres ont été ajoutés par bibliquest)
Extrait de Scripture Truth Vol. 38, 1953-5, p. 257
1 - But de l’épître et à qui elle est adressée
2 - 1 Jean 1:1 — La révélation à l’origine
2.1 - Ce que Dieu a révélé ne change pas
2.2 - Progrès dans la révélation divine
3 - 1 Jean 1:2 — Une révélation parfaite
4 - 1 Jean 2 — Une croissance dans ce qu’on saisit de la révélation
4.1 - Pères, jeunes gens et petits enfants
Il est très évident que l’apôtre Jean a écrit cette épître vers la fin du premier siècle, alors que les autres apôtres étaient partis et que des enseignants antichrétiens apparaissaient, faisant tout leur possible pour séduire et corrompre les saints, spécialement les nouveaux convertis, qu’il appelle « petits enfants ».
Il y a dans cette épître deux mots traduits par « enfants » ou « petits enfants ». Celui qui est utilisé en 1 Jean 2:12 et 28, est simplement « enfants », englobant tous les croyants, puisque tous sont enfants de Dieu. L’autre, utilisé en 1 Jean 2:13 et 18, désigne des « petits enfants », les débutants dans la vie chrétienne. C’est à eux qu’il est dit que c’est « la dernière heure », c’est-à-dire la dernière époque durant laquelle apparaîtra l’Antichrist, de sorte que des hommes de caractère antichrétien étaient déjà à l’œuvre.
C’est pourquoi l’Apôtre commence par ces mots : « Ce qui était dès le commencement ». Il ne s’agit pas du commencement de la création, comme en Gen. 1 et Jean 1, mais du commencement de la révélation qui nous est parvenue à la venue du Seigneur Jésus-Christ. Si quelqu’un a un doute à ce sujet, qu’il lise Jean 15:27. Le v. 26 mentionne la venue du Saint-Esprit et le témoignage qu’il rendra. Son témoignage étant marqué par la perfection, un témoignage supplémentaire serait-il nécessaire ? Oui, il y a eu des hommes choisis pour témoigner des choses qu’ils ont eu le privilège d’entendre, de voir et même de toucher, alors qu’ils accompagnaient leur Seigneur depuis le début dans les jours précédant le don de l’Esprit.
Rappelons-nous que, contrairement à l’homme, Dieu n’a jamais eu à expérimenter, à modifier ou à améliorer dans la révélation qu’Il a faite. Elle est parfaite dès le départ, et si les hommes tentent d’y ajouter ou d’en retrancher, ils le font à leurs propres dépens. Ces « antichrists » du premier siècle étaient connus sous le nom de « gnostiques » (ceux qui savent) à l’opposé des agnostiques de nos jours qui confessent qu’ils ne savent pas et qui affirment même que personne ne peut savoir.
Les gnostiques du premier siècle soutenaient sans doute que, puisque les apôtres à l’origine étaient des « hommes illettrés et du commun » (Actes 4:13), les saints devaient maintenant passer des idées grossières diffusées au commencement aux choses plus intellectuelles et philosophiques qu’ils avaient à dire. Jean était le survivant des apôtres et il fut utilisé pour rappeler aux saints la révélation d’origine. C’est pourquoi il emploie sans cesse l’expression « nous savons », en utilisant le mot grec qui signifie non pas une simple connaissance intellectuelle, de la tête, mais une connaissance intérieure, basée sur l’expérience.
Il est vrai, bien sûr, qu’il y avait eu un progrès dans la révélation divine. Dieu s’était fait connaître à Abraham d’abord, puis de manière plus approfondie par Moïse. Mais Sa pleine révélation a eu lieu en Christ, complétée par Son témoignage par l’Esprit après Sa glorification selon Sa promesse de Jean 16:12-13.
Ce qui a été manifesté en Christ était réel et objectif, et pouvait être saisi par trois des cinq sens dont l’homme a été doué. On le voit clairement lors du baptême de notre Seigneur. Le Père était alors audible, mais seulement cela. L’Esprit était visible, mais seulement cela. Le Fils était audible, visible et on pouvait Le toucher, comme Jean nous dit dans son premier verset (1 Jean 1:1).
Et ce n’est pas tout, une autre chose merveilleuse s’ensuit : la vie a été manifestée. Il a été donné aux apôtres de pouvoir la voir, afin qu’ils puissent annoncer à d’autres la vie éternelle, qui était depuis toujours auprès du Père et qui maintenant nous était donné à connaître. Et elle a été tellement connue en vérité, que l’apôtre peut terminer son épître en disant du Fils de Dieu : « Il est le Dieu véritable et la vie éternelle ».
Le premier point qui se présente à nous est donc la merveille et la perfection de la révélation qui nous est parvenue dans le Seigneur Jésus-Christ. Vous ne pouvez pas l’améliorer ni y ajouter. La vie éternelle qui est dans le Fils de Dieu a été manifestée, afin que nous puissions entrer dans sa communion et sa bénédiction, dans la connaissance du Fils qui a révélé le Père.
Mais il y a maintenant un deuxième point. Bien qu’il n’y ait pas de croissance dans la révélation, puisqu’elle est parfaite et complète, il faut une grande croissance dans ce qu’on saisit de la révélation.
C’est pourquoi il faut lire 1 Jean 2. Le pardon des péchés, dont il est question au v. 12, est une bénédiction partagée en commun par tous les enfants de Dieu, mais il y a des mesures de croissance différentes parmi eux selon le v. 13: les « pères », les « jeunes gens » et les « petits enfants ». Le trait caractéristique des premiers est d’être mûrs dans leur connaissance de Christ, et de tout ce qui a été manifesté en Lui. Les seconds sont caractérisés par la victoire sur l’adversaire par la parole de Dieu : les troisièmes par la simple connaissance du Père, ce qui est notre point de départ à tous au début de notre vie chrétienne.
Après avoir énoncé le trait caractéristique de chacune des trois catégories, l’apôtre donne un message à chacune, mais pour les pères, il ne fait que répéter ce qu’il avait dit auparavant. Pourquoi cela ? Parce que le point culminant de notre bénédiction se trouve dans la connaissance du Christ. Les pères avaient atteint l’océan révélé en Christ, et ils n’avaient plus qu’à avancer plus profondément dans cette vie illimitée et éternelle, puisque cette vie consiste dans la connaissance de Celui qui est dès le commencement, selon ce que déclare le Seigneur en Jean 17:3.
Les jeunes gens n’avaient pas atteint la maturité qui caractérise les pères, mais ils avaient vaincu le méchant dans les erreurs antichrétiennes introduites par ceux qui le servent. Ils ne l’avaient pas fait par la puissance de leur propre intelligence, mais par la parole de Dieu qui demeurait en eux. Cela ne signifie pas seulement une bonne compréhension mentale du contenu de l’Écriture Sainte. Cela signifie que ce qu’ils avaient saisi les avait pénétrés au plus profond de leur être, contrôlant leurs pensées et s’exprimant dans leur vie.
Mais même ainsi, un danger les menaçait : c’était le système mondain dans lequel ils devaient vivre, et plus particulièrement les nombreuses choses attrayantes dont le monde était rempli. C’est souvent au milieu de la vie que l’attraction du monde se fait le plus puissamment sentir. Trop de personnes sincères et dévouées au début de leur vie, échouent au milieu de leur vie. Le mariage ne les a peut-être pas aidés, et puis la famille qui grandit autour d’eux désire le monde, et eux-mêmes sont entraînés dans cette direction.
Qu’est-ce que le monde ? Ses principes sous-jacents sont analysés ici pour nous. Ils sont au nombre de trois.
Lorsque l’Apôtre se tourne vers les « petits enfants », c’est pour les mettre en garde contre ceux qui voudraient les séduire, les détourner de ce qu’ils ont « entendu dès le commencement » et qui est « la vérité », comme il leur dit. Le germe de toute vérité, si je puis m’exprimer ainsi, se trouve dans l’Évangile ; ainsi, en croyant à l’Évangile, ils connaissaient la vérité dans son essence, bien qu’ils n’aient pas encore eu le temps de l’explorer dans toute son étendue. En tant que nés de Dieu, ils avaient la nature qui répond à la vérité de l’Évangile.
De plus, ils avaient « l’onction », c’est-à-dire qu’ils possédaient le Saint Esprit de Dieu, et ainsi ils avaient la capacité de connaître et de jouir des choses de Dieu autant que les jeunes hommes et les pères. Par cette même Onction, ils avaient aussi la puissance de détecter et de refuser l’erreur dans laquelle les antichrists voulaient les entraîner. Comme nous approchons maintenant de la fin du siècle, les enseignements antichrétiens abondent ; et comme la plupart d’entre nous — tant celui qui parle que ceux qui écoutent — ne sont que de petits enfants, il est bon que nous tenions le plus grand compte de l’exhortation de l’apôtre.
Sa principale exhortation se trouve au v. 24, dans lequel le mot « demeurer » apparaît trois fois. Ce que nous avons entendu dès le commencement doit demeurer en nous, et si c’est le cas, nous demeurerons dans le Fils et dans le Père, et cette demeure nous conduit à la puissance et à l’expérience pratique de la « vie éternelle », comme l’indique le verset suivant.
Nous avons tous la chair — la vieille vie adamique — en nous, et il n’est que trop facile pour nous d’être dominés par elle. Si nous le sommes, nous vivons une vie semblable à celle des hommes du monde, et nous tombons facilement victimes de l’erreur. Notre vie propre est « dans le Fils », en qui nous connaissons le Père. Si nous demeurons dans cette vie qui est la vie éternelle qui a été promise, nous serons préservés des séducteurs.
Mon exhortation finale doit donc être : « Vivons cette vie qui nous est propre » — et cette exhortation s’adresse à moi aussi bien qu’à vous. Si nous le faisons, cette vie éternelle se manifestera par deux caractéristiques principales, la justice et l’amour, comme le montre le reste de l’épître. Nous ne pourrions rien avoir de plus merveilleux. Si le monde entier était ordonné de telle sorte que la justice prévale dans toutes les relations et que l’amour règne dans tous les cœurs, nous aurions le ciel sur la terre. C’est exactement ce qui se produira au cours du millénium, du moins à ses débuts. Et c’est exactement ce qui devrait prévaloir dans le cercle chrétien aujourd’hui. Si nous savons qu’Il est juste — et bien sûr nous le savons — nous connaissons ceux qui sont nés de Lui par leur pratique de la justice (1 Jean 2:29).
Eh bien, que l’onction, le Saint-Esprit de Dieu, nous enseigne ces choses. Lui seul — et non un homme — peut vraiment le faire. Cela ne met pas de côté ceux qui enseignent selon Éphésiens 4, les dons de Christ monté au ciel. Ils sont les instruments ou vases humains du Saint-Esprit ; cependant la puissance vitale et efficace d’enseignement n’est pas la leur, mais la Sienne.
Soumis à l’enseignement de l’onction et demeurant dans le Fils et dans le Père, nous croîtrons dans la puissance et la joie de la vie éternelle qui est la nôtre, même que nous ne soyons que de petits enfants.