LA PAROLE DE LA VIE

Deuxième et troisième épître de Jean


HAMILTON SMITH


Table des matières :

1 - Deuxième épître de Jean

2 - Troisième épître de Jean


1 - Deuxième épître de Jean

Aux jours de l’apôtre Jean, des docteurs antichrétiens et des faux prophètes avaient déjà surgi dans la profession chrétienne ; il était par conséquent de toute importance que les croyants soient sur leurs gardes quant au vrai caractère de ceux qui prenaient la place de docteurs parmi les enfants de Dieu. Il y avait d’une part le danger d’accréditer un faux docteur, et d’autre part celui de rejeter un vrai serviteur de Dieu. La deuxième et la troisième épîtres de l’apôtre répondent à ces difficultés. La deuxième épître a été écrite pour mettre les fidèles en garde contre la réception de ceux qui niaient la vérité quant à Christ. La troisième épître nous encourage à recevoir et à aider ceux qui enseignent la vérité.

Dans ces deux courtes épîtres, la vérité occupe une place importante, car ce n’est qu’en éprouvant les docteurs par la vérité que nous pourrons connaître s’ils sont de faux docteurs ou de vrais serviteurs de Dieu.


v. 1 — Dans cette deuxième épître, l’apôtre s’adresse à une personne nommée « la dame élue et… ses enfants ». Il parle par conséquent de notre responsabilité individuelle. En écrivant cette lettre d’avertissement, son motif était l’amour dont jouissent ceux qui, ayant reçu la vérité, sont introduits dans la sphère chrétienne, où il s’exerce.


v. 2 — Secondement, il a été poussé à écrire « à cause de la vérité qui demeure en nous et qui sera avec nous à jamais ». Il cherche ainsi à préserver les saints des séducteurs et à garder la vérité à l’abri de toute erreur.


v. 3 — Il désire que cette dame éprouve la bénédiction que procurent la grâce, la miséricorde et la paix, « de la part de Dieu le Père et de la part du Seigneur Jésus Christ le Fils du Père, dans la vérité et dans l’amour ». L’apôtre met ainsi l’accent sur les vérités elles-mêmes qui étaient mises en question par les séducteurs contre lesquels il nous met en garde, comme il le fait déjà dans la première épître. En outre, il désire que ces bénédictions, la grâce, la miséricorde et la vérité, soient goûtées, non seulement d’une manière purement humaine, mais dans l’état où il a trouvé ces saints, c’est-à-dire marchant dans la vérité et l’amour.


v. 4-6 — Dans les versets suivants, l’apôtre applique cette vérité et cet amour à notre marche pratique. C’est seulement dans la mesure où nous sommes fondés dans la vérité et dans l’amour, et que nous marchons en conséquence, que nous pourrons résister aux faux docteurs. L’apôtre écrit à ceux qui connaissent la vérité et en qui la vérité demeure (v. 1, 2). Il se réjouit maintenant de les avoir trouvés « marchant dans la vérité ». Si nous voulons échapper à l’erreur et rejeter les séducteurs, il ne suffit pas de connaître la vérité, mais il faut la mettre en pratique selon le commandement que nous avons reçu de la part du Père. Nous savons, par la première épître, que le commandement du Père est : « Que nous croyions au nom de son Fils Jésus Christ et que nous nous aimions l’un l’autre » (1 Jean 3:23).

Ce n’était pas un commandement nouveau que l’apôtre écrivait, mais celui que nous avons entendu dès le commencement. Or, ce commandement n’est autre que la vérité quant au Père et au Fils, et notre responsabilité de marcher selon la nouvelle nature qui nous a été communiquée, dans l’amour les uns envers les autres.

En outre, l’amour se manifeste par une marche dans l’obéissance aux commandements du Père, selon lesquels nous sommes appelés à marcher dans la vérité, telle qu’elle est exprimée en Christ dès le commencement. Cela signifie une marche dans la sainteté et dans l’amour, car les grandes vérités révélées en Christ sont que Dieu est amour et que Dieu est lumière.


v. 7 — La vérité étant connue et demeurant en nous, et notre marche étant en accord avec elle, nous serons préparés pour détecter et rejeter les nombreux séducteurs qui sont sortis dans le monde. Ces séducteurs sont mis à découvert par leur attitude à l’égard de Christ. Ils acceptent peut-être que Jésus Christ était un Homme de bien, mais ils refusent de confesser qu’il est « venu en chair ». Le confesser, c’est reconnaître qu’il existait avant de devenir chair. Il serait insensé de dire d’un simple être humain qu’il est venu en chair. Comment pourrait-il en être autrement ? Ne pas confesser que Jésus Christ est venu en chair, c’est nier son existence antérieure éternelle, et par conséquent, nier qu’il est une Personne divine — Dieu. Celui qui nie cette grande vérité concernant Christ se manifeste tout de suite comme étant « le séducteur et l’antichrist ».


v. 8 — Vu donc qu’il y a de tels hommes dans le monde, l’apôtre nous exhorte à prendre garde à nous-mêmes, afin de n’être en aucune mesure influencés par ces séducteurs ni détournés de la vérité, et de ne pas perdre le plein salaire que le Seigneur désire donner aux fidèles, au jour de la manifestation de toutes choses


v. 9 — Pour nous préserver de la mauvaise influence de ceux qui prétendent avoir fait des progrès au-delà de la vérité révélée en Christ dès le commencement, il dit : « Quiconque vous mène en avant et ne demeure pas dans la doctrine du Christ, n’a pas Dieu ». Refuser la vérité quant au Père et au Fils, révélée en Christ, c’est ne pas connaître Dieu, car demeurer dans la vérité, c’est précisément connaître le Père et le Fils.


v. 10, 11 — Si donc quelqu’un vient chez vous et n’apporte pas cette doctrine, il ne doit être ni reçu dans la maison, ni même salué. Quand la vérité concernant la Personne de Christ est en jeu, il ne suffit pas d’exprimer son désaccord, mais il importe d’écarter tout ce qui sanctionnerait, en quelque manière que ce soit, la mauvaise doctrine ou celui qui la répand.

Bien des enseignements peuvent être mal compris et il peut y avoir des interprétations imparfaites de la Parole, car nous avons tous beaucoup à apprendre ; mais lorsque la vérité quant à la Personne de Christ est niée, il ne doit y avoir ni compromis avec le mal, ni tolérance de celui qui en est le porteur. Saluer un tel homme, revient à participer à ses mauvaises œuvres.


v. 12, 13 L’apôtre avait beaucoup d’autres choses à communiquer, mais elles pouvaient attendre le moment où ils se verraient face à face. Toutefois, comme ces séducteurs niaient la vérité quant à la personne de Christ, ce point était urgent et rendait nécessaire une lettre qui exhorte cette dame, et indirectement tous les croyants, à tenir avec fermeté et sans compromis les vérités vitales de notre foi concernant le Père et le Fils.


2 - Troisième épître de Jean

Dans la troisième épître, l’apôtre nous encourage à recevoir ceux qui œuvrent parmi les enfants de Dieu pour prêcher l’évangile et annoncer la vérité, et à leur faire la conduite.

Il place devant nous trois personnages très différents — Gaïus, Diotrèphe et Démétrius, et nous donne un petit aperçu remarquable du cercle chrétien de ces jours. Par ce tableau des premiers chrétiens, nous apprenons que dans ces jours-là déjà, il existait les mêmes circonstances et les mêmes difficultés que celles que connaissent, dans ces derniers jours, ceux qui cherchent à marcher dans la vérité.


v. 1-4 — En « Gaïus, le bien-aimé », nous voyons un croyant spirituel dont les intérêts étaient centrés sur le peuple de Dieu. En quelques brèves paroles, l’apôtre dépeint les remarquables dispositions chrétiennes qui caractérisaient ce frère.

Premièrement, il était un croyant bien instruit dans la vérité, car l’apôtre peut parler de « ta vérité ». Elle occupait son cœur. En outre, le fait était connu non pas par ses propres paroles, mais par le témoignage des frères.

Deuxièmement, non seulement il possédait la vérité, mais il la manifestait dans sa marche. Sa vie pratique était en accord avec la vérité qu’il professait. Quelle plus grande joie un serviteur peut-il éprouver que de savoir que ceux qui ont reçu la vérité qu’il a annoncée, marchent en elle ! L’apôtre avait connu cette joie en entendant le témoignage rendu par d’autres à Gaïus, son enfant dans la foi.


v. 5 — Troisièmement, ayant la vérité et marchant en elle, il agissait fidèlement envers les frères et les étrangers qui se consacraient au service du Seigneur.


v. 6, 7 — Quatrièmement, il n’était pas seulement caractérisé par la fidélité, mais aussi par l’amour. On peut être fidèle, mais manquer d’amour ; ou, au contraire, en cherchant à manifester de l’amour, on peut ne pas être fidèle. Chez Gaïus, la « fidélité » et l’« amour » se conjuguaient d’une manière heureuse. De plus, nous constatons de nouveau que son amour, comme aussi sa marche, n’étaient pas une disposition de laquelle il se glorifiait, mais étaient l’objet du témoignage qui lui était rendu.

Cinquièmement, Gaïus était apparemment un homme fortuné et il utilisait ses biens pour faire la conduite à ces frères qui, comme prédicateurs itinérants, étaient sortis pour l’amour de Christ, comptant sur Dieu quant à eux-mêmes.


v. 8 — Sixièmement, non seulement Gaïus accompagnait ces saints dans leurs déplacements, mais il se joignait à d’autres pour les recevoir dans leurs maisons et dans les assemblées. Et, s’il est effectivement le Gaïus duquel l’apôtre Paul écrit : « Gaïus, mon hôte », il aurait en son temps reçu l’apôtre Paul (Rom. 16:23).

Septièmement, comme résultat de son amour pratique, Gaïus, avec d’autres, a coopéré avec la vérité.

Rien ne nous indique que Gaïus ait eu un don de docteur ou de prédicateur ; cependant il possédait ces qualités spirituelles sans lesquelles un don ne compte pour rien, mais en vertu desquelles il aura une riche entrée dans le jour à venir. Il apparaît devant nous comme un croyant humble, plein de grâce et dévoué, quelqu’un qui chérissait la vérité, marchait en elle, agissait avec fidélité et amour, faisait la conduite aux saints dans leurs déplacements, les recevait dans les assemblées et contribuait ainsi à répandre la vérité. Il n’est pas étonnant que l’apôtre le nomme « Gaïus, le bien-aimé », car il y avait en Gaïus tout pour attirer l’affection des saints. Qui ne voudrait pas être un Gaïus ?


v. 9, 10 — Si nous avons en Gaïus un exemple magnifique d’un saint dirigé par la vérité, nous avons en revanche, en Diotrèphe, un avertissement solennel quant à la manière dont la vie chrétienne tout entière peut être gâtée par la vanité de la chair non jugée. Rien ne permet de supposer qu’il n’était pas un chrétien. Il était certainement un frère influent dans une assemblée et nous pouvons donc penser qu’il était aussi un homme doué. Mais tout était altéré par son désir de prééminence. Il était motivé par la « vaine gloire » au sujet de laquelle un autre apôtre nous met en garde en disant : « Ne soyons pas désireux de vaine gloire, en nous provoquant les uns les autres et en nous portant envie les uns aux autres » (Gal. 5:26) ; et il écrit encore : « Que rien ne se fasse par esprit de parti, ou par vaine gloire » (Phil. 2:3).

Poussé par la vanité, Diotrèphe aimait avoir la première place dans l’assemblée. Le sentiment de sa propre importance, comme c’est toujours le cas, le rendait jaloux des autres ; et la jalousie s’exprimait par de « méchantes paroles » ; et non content de cela, il usait de violence, en refusant de recevoir les serviteurs du Seigneur, et même en chassant de l’assemblée ceux qui voulaient les recevoir.

Recevons l’avertissement qui nous est donné par Diotrèphe, car la chair est en nous et, par nature, nous sommes tous pleins de nous-mêmes. A défaut de nous juger nous-mêmes, nous serons entraînés à ignorer complètement la gloire du Seigneur, le bien des siens et l’avancement de la vérité. Aveuglés par la vanité non jugée, nous pouvons facilement oublier tout ce qui convient au comportement d’un chrétien, et comme alors agir avec jalousie, nous laissant aller à de méchantes paroles, voire à des actes violents.


v. 11 — Après avoir placé devant nous ces deux personnages différents — l’un présentant les caractères de Christ, l’autre les traits de la chair — l’apôtre nous exhorte à rejeter le mal et à imiter le bien, et à prouver ainsi que nous participons à une nature qui est « de Dieu », plutôt que de démontrer que nous avons encore en nous la chair qui « n’a pas vu Dieu ».


v. 12 — Enfin, en Démétrius, l’apôtre évoque quelqu’un qui était bien connu de « tous ». Nous pouvons par conséquent conclure qu’il était un des serviteurs doués, qui œuvrait parmi « tous » les enfants de Dieu, dans le service de la Parole.

Il était caractérisé par trois traits que tout serviteur peut bien désirer. D’abord, il avait « le témoignage de tous ». Il est donc évident qu’il n’était pas un homme présomptueux, cherchant la première place, ni un homme débitant de méchantes paroles contre les autres. Si cela avait été le cas, jamais il n’aurait eu « le témoignage de tous ».

En outre, en Démétrius, la vérité était démontrée dans une mesure telle quelle témoignait en sa faveur. S’il n’en avait pas été ainsi, la vérité l’aurait condamné.

Enfin, parce qu’il marchait conformément à leur enseignement et suivait leur exemple, les apôtres eux aussi rendaient témoignage à son intégrité et à son dévouement.

Quelle chose heureuse lorsque les serviteurs du Seigneur qui œuvrent parmi les assemblées pour annoncer la Parole, veillent si soigneusement sur leurs paroles, leur marche et leurs voies, qu’ils ont un bon témoignage de tous, qu’ils confirment pratiquement la vérité qu’ils enseignent et qu’ils reflètent dans leur vie l’enseignement et la manière d’agir des apôtres.

Puissions-nous donc imiter l’humilité et la spiritualité de Gaïus, recevoir l’avertissement que nous donne Diotrèphe et chercher à vivre de telle manière que, comme Démétrius, nous ayons un bon témoignage de tous.