LE GOUVERNEMENT DE DIEU

Première épître de Pierre Le gouvernement de Dieu envers sa maison.

(Seconde épître de Pierre — Le gouvernement de Dieu envers le monde)


par HAMILTON SMITH


TABLE DES MATIÈRES


1 - Introduction : La position et la part du croyant — (Chap. 1:1-13)

1.1 - Étrangers sur la terre

1.2 - Notre demeure dans les cieux

1.3 - Gardés par la puissance de Dieu

1.4 - Affligés par des épreuves

1.5 - Soutenus par Christ

1.6 - Recevant le salut d’âmes

1.7 - Attendant le salut final dans la gloire

2 - La conduite propre aux relations chrétiennes (Chap. 1:14 — 2:17)

2.1 - Notre vie pratique comme enfants

2.2 - Notre vie pratique comme rachetés

2.3 - Notre vie pratique comme frères

2.4 - Notre vie pratique en relation avec la parole de Dieu

2.5 - Notre vie pratique comme pierres vivantes

2.6 - Notre vie pratique comme race élue

2.7 - Notre vie pratique comme forains et étrangers

3 - La conduite conforme aux relations individuelles du chrétien (Chap. 2:18 — 3:7)

3.1 - Les domestiques

3.2 - Les maris

4 - Le cercle chrétien (Chap. 3:8, 9)

5 - Le gouvernement moral de Dieu (Chap. 3:10-13)

6 - Souffrir pour la justice (Chap. 3,14 — 4:7)

7 - Le cercle chrétien (Chap. 4:8-11)

8 - Souffrances pour le nom de Christ (Chap. 4:12-19)

9 - Le cercle chrétien (Chap. 5:1-7)

10 - Souffrir l’opposition du diable (v. 8-14)


Première épître de Pierre — Le gouvernement de Dieu envers sa maison

La première épître de Pierre est adressée aux croyants élus d’entre la nation juive. Elle développe quatre sujets principaux :

Premièrement, elle établit la vraie position de ces croyants dans le Seigneur Jésus et leur part en lui, en contraste avec leur condition antérieure en tant que Juifs.

Deuxièmement, elle nous enseigne quant à la conduite qui convient pour ceux qui se trouvent dans cette nouvelle position chrétienne.

Troisièmement, elle montre que si la grâce de Dieu nous a placés dans une position de bénédiction, nous n’en demeurons pas moins sous le gouvernement de Dieu quant à notre conduite dans ce monde. Dans cette première épître, le gouvernement de Dieu est présenté davantage en relation avec le croyant ; dans la seconde épître, il est considéré en rapport avec le monde.

Quatrièmement, elle nous donne des encouragements en vue des souffrances que nous aurons à rencontrer en traversant ce monde. Au chapitre 1, elles résultent des épreuves permises par Dieu pour éprouver notre foi (v. 6, 7) ; au chapitre 2, ce sont les souffrances par conscience envers Dieu (v. 19) ; au chapitre 3, les souffrances pour la justice (v. 14) ; au chapitre 4, les souffrances pour le nom de Christ (v. 12-14) ; au chapitre 5, elles sont suscitées par l’opposition du diable (v. 8-10).

1 - Introduction : La position et la part du croyant — (Chap. 1:1-13)

Les treize premiers versets constituent l’introduction ; ils présentent la position et la part de celui qui, pendant son pèlerinage dans ce monde, croit au Seigneur Jésus. Cette position forme la base de toutes les exhortations pratiques qui suivent.

Dans cette importante introduction, les croyants sont considérés comme des étrangers sur la terre (v. 1, 2), ayant une demeure dans les cieux (v. 3, 4). Pendant qu’ils traversent ce monde, ils sont gardés par la puissance de Dieu (v. 5) ; éprouvés par des afflictions (v. 6, 7) ; soutenus par Christ, l’Objet de leur foi et de leurs affections (v. 8). Ils ont reçu le salut de leurs âmes (v. 9), et ils attendent le salut final en gloire à la révélation de Jésus Christ.

La méditation de ces versets d’introduction sera d’un grand profit pour nos âmes, nous amenant à réaliser à nouveau notre vraie position dans ce monde et la bénédiction rattachée à notre part comme croyants dans le Seigneur Jésus.

1.1 - Étrangers sur la terre

v. 1 Le premier verset nous indique à qui l’apôtre adressait son épître. Il écrivait « à ceux de la dispersion » qui étaient disséminés dans la province de l’Asie mineure. L’apôtre écrit donc aux chrétiens d’entre les Juifs qui avaient été « dispersés » parmi les nations. C’est à ces Juifs que les pharisiens faisaient allusion quand, parlant du Seigneur, ils demandaient : « Va-t-il aller à la dispersion au milieu des Grecs ? » (Jean 7:35).

Le fait que l’apôtre s’adresse à l’ancien peuple de Dieu comme étant disséminé ou « dispersé » est la preuve que la nation avait complètement failli, et que pour le moment tout est en désordre sur la terre. Dans chaque position où Dieu l’a placé, l’homme a manqué et a perdu tout ce qui était confié à sa responsabilité. Le jardin d’Eden, sorti parfait des mains de Dieu, a été confié à Adam afin qu’il le cultive et le garde. Il a failli et a été chassé du jardin ; et son fils Caïn a été chassé de devant la face de Dieu, condamné à être errant et vagabond sur la terre (Gen. 4:12-14). Le monde nouveau a été confié à Noé. Il a failli et ses descendants ont été divisés et dispersés « sur la face de toute la terre » (Gen. 11:9). Le pays de Canaan a été donné à Israël ; le peuple a complètement failli et a été à son tour dispersé parmi les nations, comme Dieu l’avait annoncé (Deut. 28:64). L’église, dans son administration, a été confiée à la responsabilité des hommes ; de nouveau l’homme a failli et, extérieurement, l’église est divisée et dispersée. Pourtant, bien que nous ayons manqué, Dieu, dans sa bonté, peut ramener quelques-uns sur le terrain primitif de l’église, mais là aussi, il y a manquement, division et ruine.

Prenons donc garde de ne pas l’oublier : si, dans ce monde, nous sommes des étrangers par l’appel de Dieu, c’est à cause de nos manquements que nous sommes « dispersés ».


v. 2 Le deuxième verset nous mène directement aux bénédictions qui résultent de la grâce souveraine de Dieu par laquelle nous sommes élus ; et là il ne peut pas y avoir de manquement. Voilà ce qui rend ces versets d’introduction tellement précieux. Commençant par l’élection dans l’éternité passée, nous sommes transportés dans la gloire d’une éternité encore à venir. La grâce qui a eu son début sur la terre s’achève en gloire en haut.

En dépit de l’ampleur de nos manquements, Dieu a ses élus. L’élection n’est ni nationale ni collective ; elle est personnelle et individuelle. Nous avons dans ce verset une description magnifique de ce qu’est chaque croyant individuellement. Comme tels, nous avons été élus dans l’éternité selon la préconnaissance de Dieu le Père.

Il nous est dit ensuite pour quoi nous avons été élus. Nous sommes élus pour l’obéissance de Jésus, et pour l’aspersion du sang de Jésus. Dans la sainteté de l’Esprit, Dieu nous a séparés pour ces deux choses. Nous sommes élus pour donner expression à Sa vie et pour venir sous l’efficace de Sa mort.

La sanctification (ou : sainteté) de l’Esprit est une opération effective du Saint Esprit en nous, par laquelle nous sommes nés de l’Esprit ; elle nous communique une vie et une nature nouvelles, il s’ensuit un changement total de dispositions, qui se traduit par un désir nouveau d’obéir. L’apôtre Paul pouvait ainsi dire, avant même d’avoir eu connaissance de l’efficace du sang : « Que dois-je faire, Seigneur ? » L’obéissance de Christ, ce n’est pas simplement le fait que nous nous plaçons sous un nouveau règlement et obéissons à Christ, mais que nous sommes mis à part pour obéir comme Lui a obéi. Nous avons une nature nouvelle qui se plaît à faire la volonté de Dieu, comme Christ qui pouvait dire : « Je fais toujours les choses qui lui plaisent » (Jean 8:29).

La sanctification dont il est parlé dans ce verset n’est pas la sanctification pratique du croyant, qui est traitée dans d’autres passages, et qui est nécessairement relative ou une question de degrés, mais c’est cette sanctification beaucoup plus profonde qui est absolue. Il s’agit de cette « oeuvre effective de la grâce divine qui sépare du monde et pour Dieu quelqu’un, qu’il soit Juif ou Gentil » (W.K). L’ordre dans lequel la vérité est présentée montre clairement que ce ne peut pas être la sanctification pratique. La sainteté pratique suit la justification par le sang, tandis que la sanctification, dans ce passage, précède la mention du sang.

En outre, les élus sont mis à part par l’Esprit pour être placés sous l’aspersion du sang de Jésus Christ. Par la foi en Christ, le croyant se met sous la protection du sang précieux qui purifie de tout péché et qui l’introduit devant Dieu en paix.

L’opération de l’Esprit de Dieu dans un pécheur a pour but de produire en lui la vie de Christ et de l’amener sous l’efficace de la mort de Christ, cette mort qui ôte tout ce qui est contraire à Dieu. Ne pensant qu’à nous-mêmes, nous aurions mentionné le sang en premier, car c’est par lui seul que nous pouvons nous approcher de Dieu. Mais l’Écriture présente d’abord le grand but positif que Dieu a devant lui lorsque son Esprit commence à travailler dans notre âme, à savoir, reproduire la vie d’obéissance de Christ.

Ce verset nous enseigne que nous avons été mis en relation avec chacune des Personnes de la Déité. Nous avons été élus selon la préconnaissance de Dieu le Père ; nous avons été sanctifiés par l’oeuvre de l’Esprit en nous ; enfin, l’élection du Père et l’opération de l’Esprit sont pour que nous obéissions comme Christ a obéi et que nous soyons placés sous l’aspersion du sang de Christ.

1.2 - Notre demeure dans les cieux

v. 3, 4 Les deux premiers versets présentent le croyant comme un étranger sur la terre, séparé du monde selon l’élection du Père, l’opération de l’Esprit et l’oeuvre de Jésus Christ. Maintenant nous apprenons que la demeure du croyant est dans les cieux. L’espérance du Juif était terrestre et, pour le moment, la mort de Christ y a mis fin. La nation a crucifié son Messie et a perdu ainsi sa bénédiction terrestre. Mais, selon la grande miséricorde de Dieu, ces croyants avaient été régénérés pour une espérance vivante par la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts. Toute l’espérance du croyant repose sur Christ ressuscité. Notre espérance est sûre et ferme parce qu’Il est ressuscité. C’est une espérance vivante, parce que Christ est vivant. Cet héritage céleste, en contraste avec celui qui est terrestre, est incorruptible, sans souillure, immarcescible ; et il est conservé pour le croyant.

1.3 - Gardés par la puissance de Dieu

v. 5 Non seulement les cieux sont réservés pour nous, mais, pendant notre pèlerinage, nous sommes gardés de tous les dangers inhérents à notre passage dans ce monde. C’est la puissance de Dieu qui nous garde, mais c’est « par la foi » que cette puissance opère. La puissance de Dieu soutient la foi des siens qui sont ainsi gardés pour le salut qui est prêt à être révélé au dernier temps. Par la foi nous considérons la délivrance finale qui nous introduira dans la pleine jouissance de l’héritage céleste.

1.4 - Affligés par des épreuves

v. 6, 7 Être gardés par la puissance de Dieu des dangers du chemin ne signifie pas que nous ne rencontrerons aucune épreuve. La perspective de l’héritage céleste peut nous réjouir grandement, même si maintenant nous sommes peut-être affligés par diverses tentations. Elles sont là pour tester notre foi. Aux yeux de l’homme, l’or est très précieux ; pour Dieu, la foi des siens est beaucoup plus précieuse que l’or. Si les hommes éprouvent leur or par le feu pour le purifier des scories, pourquoi Dieu ne ferait-il pas passer la foi des siens par l’épreuve du feu, pour en manifester la réalité comme aussi pour la purifier et la fortifier ?

Par ces afflictions, nous sommes « éprouvés ». Dieu n’attend pas des siens qu’ils soient impassibles devant les épreuves et indifférents aux afflictions ; mais par les peines et les douleurs il veut manifester notre foi en Lui. Pour nous encourager, trois vérités précises nous sont rappelées en relation avec ces épreuves.

Nous apprenons d’abord que nos épreuves ne sont que « pour un peu de temps ». Si les délices du pécheur sont « pour un temps » seulement, les afflictions des saints également ne sont que pour un temps (cf. Héb. 11:25).

Deuxièmement, il nous est rappelé qu’il y a une nécessité à ces afflictions, car elles sont « pour un peu de temps… si cela est nécessaire ». Le Père ne fait pas verser une seule larme inutile à ses enfants. Le « si cela est nécessaire » est pour éprouver notre foi. Non pas pour vérifier si nous avons la foi, mais plutôt pour mettre en lumière la valeur de la foi que nous avons. On ne met pas l’or dans le feu pour prouver que c’est de l’or, mais pour faire ressortir les qualités précieuses du métal. De même Dieu éprouve notre foi par diverses tentations pour en manifester les qualités précieuses. La foi qui compte sur Dieu dans l’épreuve conduit à la soumission à ce que Dieu permet ; la foi en Dieu rend l’âme capable d’attendre avec patience (Jacq. 1:3). La foi en Dieu permet au croyant d’être ferme face aux attaques de l’Ennemi (3 Pierre 5:9). L’âme peut avoir une foi vraie, mais lorsque l’épreuve surgit, ces qualités bénies de la foi — la soumission, la patience, la fermeté, la confiance et la dépendance de Dieu — sont mises en évidence.

Troisièmement, nous apprenons que ces afflictions trouveront une réponse bénie dans le jour de gloire à venir. La manifestation de ces qualités au jour de l’épreuve tourneront à louange, et à gloire, et à honneur, dans la révélation de Jésus Christ. Nous sommes enclins à considérer comme du temps perdu une période d’épreuve pénible qui nous empêche peut-être d’avoir une part active dans le service du Seigneur. Non, dit Dieu, l’épreuve sera « trouvée tourner à louange » dans la révélation de Jésus Christ.

1.5 - Soutenus par Christ

v. 8 Quelles que soient les épreuves que nous pouvons avoir à traverser sur la terre, nous avons en Christ un Objet pour nos affections, quelqu’un en qui nous pouvons nous confier, quoique nous ne le voyions pas, quelqu’un en qui nous pouvons nous réjouir d’une joie qui est un avant-goût de la gloire à venir. Ainsi, au milieu des épreuves, nous avons en Christ une ressource infaillible.

1.6 - Recevant le salut d’âmes

v. 9 Nous attendons l’héritage ; nous attendons le salut final prêt à être révélé ; nous attendons l’honneur, la louange et la gloire, à la révélation de Jésus Christ. Ce n’est pas le salut de notre âme que nous attendons. Par la foi en Christ, Celui que nous ne voyons pas encore, nous avons déjà reçu ce salut-là.

1.7 - Attendant le salut final dans la gloire

v. 10-13 L’apôtre parle maintenant de ce salut dans toute son étendue. Il indique les trois étapes par lesquelles il est manifesté. Dans ces versets, il parle du salut dans sa plénitude, à savoir l’entière délivrance de l’âme et du corps de toutes les conséquences du péché. Ce salut qui nous est offert, à nous des pécheurs indignes, l’apôtre l’appelle à juste titre « la grâce » dans les versets 10 et 13. Cette grâce, ou ce salut, a d’abord été annoncé par les prophètes qui, parlant par l’Esprit de Dieu, ont prédit la réjection du Messie par les Juifs et la bénédiction parvenant aux nations, les souffrances de Christ et les gloires qui suivraient.

Ce salut n’a pas seulement été annoncé prophétiquement depuis la Pentecôte ; il l’a été par ceux qui proclament l’évangile par l’Esprit Saint envoyé du ciel. Enfin, la grâce d’un plein salut nous sera apportée à la révélation de Jésus Christ, un salut qui nous fera sortir de toutes nos épreuves et de toutes nos souffrances et nous introduira dans la gloire avec Christ. Cette gloire à venir a été annoncée par les prophètes autrefois ; elle est prêchée par le Saint Esprit aujourd’hui ; elle aura son plein accomplissement dans le jour de gloire encore futur.

En vue de cette gloire à venir, nous devons ceindre « les reins de notre entendement », être sobres et espérer parfaitement dans la grâce qui nous introduit dans la gloire. Ceindre les reins de l’entendement suggère que le chrétien doit veiller à ce que son esprit ne vagabonde pas sans contrôle sur les choses de la terre ; il doit penser aux choses qui sont en haut. Le chrétien doit également être sobre dans son jugement quant à tout ce qui se passe dans ce monde, ne se laissant pas tromper par les efforts des hommes pour introduire un millénium sans Christ. Quoi qu’il arrive dans ce monde, le chrétien est appelé à regarder en haut et à espérer parfaitement dans la grâce qui nous sera apportée à la révélation de Jésus Christ.


Dans l’introduction de cette épître, nous avons donc une très belle présentation de ce qui est la part du croyant, commençant par l’élection de Dieu dans l’éternité, et conduisant à la gloire encore à venir. L’élection souveraine de Dieu est en vue de la gloire. Aucun manquement de notre côté ne peut faire échec au propos de Dieu. Entre l’élection et la gloire, il y a les épreuves du chemin ; mais ceux que Dieu a élus, il les garde, et ceux qu’il garde, il les introduit dans la gloire.

2 - La conduite propre aux relations chrétiennes (Chap. 1:14 — 2:17)

Après avoir placé devant nous, dans les versets d’introduction, la position et la part du croyant, présentes et futures, l’apôtre nous exhorte à nous conduire pratiquement de la manière qui découle de cette position et qui convient aux différentes relations dans lesquelles le chrétien se trouve. Les croyants sont considérés sous sept aspects :

D’abord, comme enfants en relation avec le Père (1:14-17).

Deuxièmement, comme rachetés en relation avec l’oeuvre de Christ (1:18-21).

Troisièmement, comme frères en relation les uns avec les autres (1:22 - 2:1).

Quatrièmement, comme des enfants nouveau-nés en relation avec la Parole (2:2, 3).

Cinquièmement, comme des pierres vivantes en relation avec Christ dans la gloire (2:8).

Sixièmement, comme une race élue en relation avec Dieu (2:9, 10).

Septièmement, comme forains et étrangers à l’égard du monde (2:11 -17).

2.1 - Notre vie pratique comme enfants

v. 14-17 La première caractéristique de l’enfant en relation avec le Père est l’obéissance. Cette obéissance, comme nous l’avons vu, est celle qui a été manifestée dans toute sa perfection en Jésus Christ. Sa marche sur la terre a été celle de l’obéissance continuelle au Père. Il pouvait dire : « Selon que le Père m’a enseigné, je dis ces choses » ; et encore : « Je fais toujours les choses qui lui plaisent » (Jean 8:28, 29). Dans les jours où nous ne connaissions pas Dieu, nous accomplissions notre volonté propre, satisfaisant des convoitises impies. Comme enfants, nous sommes maintenant exhortés à la sainteté, autrement dit à la séparation du mal. L’apôtre cite la loi à l’appui de la sainteté (Lév. 11:44). Le caractère de la dispensation peut se modifier, mais la nature de Dieu ne peut pas changer. Dieu est absolu en sainteté : c’était vrai sous la loi, cela demeure vrai sous la grâce. Aussi ceux qui sont en relation avec Dieu, que ce soit sous la loi ou sous la grâce, doivent être saints.

Si, comme croyants, nous manquons quant à la sainteté, la relation même dans laquelle nous sommes avec Dieu nous placera sous la sainte discipline du Père. Parce que nous sommes fils, le Père nous châtiera et nous disciplinera comme des fils, afin que nous participions à sa sainteté. Ce juste gouvernement du Père sera exercé selon nos oeuvres et sans acception de personnes. Conduisons-nous donc avec une sainte crainte pendant le temps de notre séjour ici-bas. Ainsi, comme enfants, notre vie pratique doit être conforme à la sainteté de Celui qui nous a appelés et que nous invoquons, et être caractérisée par l’obéissance, la sainteté et la crainte. Invoquons-nous le Père pour sa protection, sa direction et sa bénédiction ? Veillons alors à ne pas mettre un obstacle à nos prières et à ne pas attirer la discipline sur nous, par la volonté propre ou l’impiété.

2.2 - Notre vie pratique comme rachetés

v. 18-21 Lorsque nous étions irrégénérés, nous nous trouvions loin de Dieu, menant la vie vaine des générations déchues qui nous ont précédés. Nous avons été rachetés de cette condition ; et la valeur que nous avons pour Dieu, de même que l’horreur que Dieu a pour cette condition déchue, ont été mises en évidence par le prix immense de notre rédemption. Nous n’avons pas été rachetés par des choses corruptibles comme l’argent et l’or, mais « par le sang précieux de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache ». L’Agneau était préconnu de Dieu dès avant la fondation du monde, mais il a été manifesté à la fin des temps pour les croyants, afin que par lui nous puissions être amenés à Dieu et marcher devant lui dans la foi et dans l’espérance, sachant que Dieu a ressuscité Christ d’entre les morts et lui a donné la gloire. Notre foi est dans le Dieu qui peut ressusciter les morts ; notre espérance, dans un Dieu qui peut donner la gloire. En tant que rachetés, nous devons être caractérisés par la foi et l’espérance en Dieu.

2.3 - Notre vie pratique comme frères

v. 22 En relation avec le Père, nous sommes des enfants ; en relation avec l’oeuvre de Christ, nous sommes des rachetés ; en relation les uns avec les autres, nous sommes des frères. Comme frères, nous sommes exhortés à nous aimer « l’un l’autre ardemment, d’un coeur pur ». Le coeur est « pur » lorsque l’âme, par l’obéissance à la vérité, est purifiée de tout mal et de tous les motifs égoïstes qui empêcheraient l’épanchement de l’amour.


v. 23-25 Notre relation de frères n’est pas rattachée à notre naissance naturelle, comme pour Israël, mais à une naissance spirituelle, lorsque nous avons été régénérés par la parole de Dieu. Par cette nouvelle naissance, nous avons reçu une nouvelle nature, dont l’essence même est l’amour, de sorte que malgré de nombreuses différences de condition sociale ou de caractère, nous sommes capables de nous aimer les uns les autres. La vie et les relations qui découlent de cette nouvelle naissance sont aussi permanentes que la parole de Dieu par laquelle l’âme est régénérée. La parole de Dieu est « vivante » et « demeure éternellement » ; ainsi celui qui est régénéré entre dans une vie et dans des relations que la mort ne peut pas toucher et auxquelles le temps ne peut pas mettre fin. L’homme naturel est certes comme l’herbe qui sèche, et sa gloire, comme les fleurs qui tombent bien vite, avant même que la plante soit fanée.


Chap. 2:1 Ayant été régénérés par la Parole et possédant ainsi une nature nouvelle avec des désirs nouveaux, et ayant la vérité par laquelle nous pouvons purifier notre âme, nous sommes mis en garde par l’apôtre contre quelques-unes des manifestations mauvaises de la vieille nature ; celles-ci seraient en obstacle à l’amour les uns pour les autres, comme aussi à notre croissance spirituelle. Nous devons rejeter la malice qui nourrit de mauvaises pensées à l’égard des autres, la fraude qui tente de cacher ce que nous sommes, l’hypocrisie qui prétend être ce que nous ne sommes pas, et l’envie qui conduit à médire de celui dont nous sommes jaloux. La fraude et l’hypocrisie accompagnent toujours la malice. Celui qui parle avec malice de son frère cherchera peut-être à dissimuler celle-ci en prétextant qu’il agit pour le bien de son frère — c’est de la fraude ; il affirmera aussi qu’il n’a dans son coeur que de l’amour pour son frère — c’est de l’hypocrisie. Les paroles malicieuses masquent l’envie, qui est le motif véritable de la médisance. Le sage dit à juste titre : « La fureur est cruelle et la colère déborde, mais qui subsistera devant la jalousie ? » (Prov. 27:4).

2.4 - Notre vie pratique en relation avec la parole de Dieu

v. 2, 3 En rapport avec la parole de Dieu, nous sommes exhortés à conserver toujours l’esprit du nouveau-né qui désire ardemment le lait par lequel il croit et qui en jouit. La Parole, qui est la semence de la vie, est aussi ce que Dieu donne pour entretenir la vie. Tout désir réel pour la Parole résulte de ce que nous avons goûté que le Seigneur est bon. Plus nous jouissons de la compagnie du Seigneur, plus nous désirerons nous asseoir à ses pieds et écouter sa Parole. Chercher Christ dans toutes les Écritures produira de l’intérêt et de l’amour pour la parole de Dieu et rendra clair et simple plus d’un passage difficile. Quelqu’un a dit : « La Bible est un livre destiné même à des enfants… « Dès l’enfance tu connais les saintes lettres » qui peuvent rendre sage à salut et faire que l’homme de Dieu soit parfaitement accompli pour toute bonne oeuvre. Elle se révèle aux petits enfants, parce que les sages et les intelligents ne veulent pas l’écouter ».

Marie de Béthanie est un exemple remarquable d’une âme qui, ayant goûté que le Seigneur est bon, trouvait son bonheur à s’asseoir à ses pieds et à écouter sa Parole. Si nous étions plus profondément pénétrés de la bonté du Seigneur, nous conserverions toujours l’attirance du nouveau-né pour la Parole ; nous nous réjouirions de chaque occasion de nous en nourrir et de nous rassembler pour la lire. Il en résulterait pour notre âme une croissance à salut. Nous serions peu à peu délivrés de tout ce qui nous empêche de progresser spirituellement, jusqu’à ce qu’enfin nous parvenions au salut final à la venue de Christ, lorsque le corps de notre abaissement sera transformé en la conformité du corps de sa gloire.

Désirer de la nourriture est la preuve de la vitalité du nouveau-né. Ainsi, la vitalité spirituelle se manifeste dans le désir de la nourriture spirituelle de la Parole ; non pas simplement le désir d’intelligence dans la vérité, mais le désir de la Parole comme étant ce qui nourrit l’âme en présentant Christ, et en le lui rendant plus précieux.

2.5 - Notre vie pratique comme pierres vivantes

Jusqu’ici, l’apôtre a parlé de bénédictions individuelles, et de la marche qui est conforme à ces bénédictions. Il va maintenant passer aux bénédictions collectives, et au témoignage pratique commun qui devrait découler des croyants comme un ensemble.


v. 4 Dans ce verset, les croyants sont considérés comme « des pierres vivantes » en relation avec Christ, la « Pierre vivante » ; comme tels, ils constituent une maison spirituelle. Écrivant à des croyants d’entre les Juifs, l’apôtre fait constamment allusion à des faits et à des dispositions matériels qui se rattachent à la nation d’Israël. Il montre que ce qui est matériel préfigurait ce qui est spirituel ; et que si, à cause de la ruine d’Israël, ce qui est matériel avait passé, la réalité spirituelle de ces choses subsistait. Dans le premier chapitre, nous apprenons que l’héritage terrestre d’Israël dans le pays a certes été perdu, mais que, dans le christianisme, les croyants ont un héritage conservé dans les cieux. Dans ce deuxième chapitre, il nous est dit qu’en dépit de la mise de côté du temple matériel à Jérusalem, Dieu a néanmoins une maison spirituelle composée de pierres vivantes, où des « sacrifices spirituels » sont offerts par une « sainte sacrificature ».

Autrefois, Israël était distingué de toutes les nations par la présence de la maison de Dieu au milieu d’eux. C’est là que Dieu demeurait. De cette maison, la louange devait monter vers Dieu, et le témoignage se répandre dans le monde. Cette demeure était matérielle — « des lieux saints faits de main ». Les hommes, nous le savons, ont corrompu le temple, transformant la maison de prière en un lieu de commerce et en une caverne de voleurs. La maison que Jésus appelait la maison de son Père est devenue la maison d’Israël déchu et, comme telle, Dieu l’a abandonnée, la laissant déserte, pour qu’elle soit jetée à bas par les nations et qu’il ne reste pas pierre sur pierre (Matt. 23:38; 24:2).

Toutefois, la méchanceté et la ruine de l’homme ne peuvent faire échec au propos de Dieu. Christ, sur la terre, devient le temple de Dieu, Celui en qui Dieu a habité, en qui Dieu a été glorifié, et par qui Dieu dans tout son amour et toute sa sainteté a été placé devant les hommes (Jean 2:18-2 1). Hélas ! les hommes ont rejeté Christ. Avoir Dieu demeurant au milieu d’eux leur est intolérable, même s’il est là pour les bénir. De même que la nation d’Israël avait corrompu le temple à Jérusalem, ils ont détruit le temple lorsqu’il fut manifesté en Christ, en le clouant à la croix. Mais de nouveau, nous voyons que Dieu ne renonce pas à son propos de demeurer au milieu des hommes. Christ, bien que rejeté par ceux-ci, est exalté par Dieu, et du lieu de son élévation, le Saint Esprit est envoyé pour bâtir une habitation pour Dieu, une maison spirituelle composée de tous les croyants.

La formation future de cette maison spirituelle a été révélée à Pierre par le Seigneur, lorsqu’il dit : « Sur ce roc je bâtirai mon assemblée, et les portes du hadès ne prévaudront pas contre elle » (Matt. 16:18). Christ est la Pierre vivante, le fondement de cette maison spirituelle. Comme Pierre vivante, il est rejeté par les hommes, mais choisi et précieux auprès de Dieu. Venant à Christ, la Pierre vivante, les croyants, comme des pierres vivantes, sont édifiés « une maison spirituelle ». Le Christ auquel nous venons est bien la Pierre vivante, rejetée par les hommes ; mais nous pouvons nous demander combien sont venus à Christ en réalisant qu’il est rejeté des hommes et dans l’opprobre. Venir à lui dans la conscience qu’il est rejeté nous amènera nécessairement à nous séparer du monde religieux corrompu qui nie en pratique son rejet. Nous sortons vers lui, portant son opprobre.


v. 5 Après avoir placé devant nous Christ dans son caractère de Pierre vivante, l’apôtre va maintenant parler de ce qui distingue les croyants considérés comme des pierres dans la maison de Dieu. Ce sont des pierres « vivantes », participant de la vie de Christ, la Pierre vivante, une vie que la mort ne peut atteindre. Ils sont édifiés « une maison spirituelle », et nous savons, par l’évangile selon Matthieu, que c’est Christ qui en est le constructeur. Rien de faux n’entre dans ce qu’il bâtit. Le Constructeur est parfait ; son oeuvre est parfaite ; les pierres sont vivantes. Pendant la période chrétienne, l’édifice croit, indépendamment de toute intervention humaine.

Nous apprenons ensuite que le grand objet de Dieu en édifiant une maison spirituelle est d’avoir une sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ. En contraste avec un ordre de sacrificature terrestre et matériel, les croyants constituent « une sainte sacrificature ». Non seulement ils sont des sacrificateurs, ce qui laisserait entendre une louange individuelle ; mais ils sont une sacrificature, ce qui implique une louange collective.


v. 6 L’apôtre cite le prophète Ésaïe pour montrer que le propos de Dieu a toujours été que Christ soit le fondement sûr de toute bénédiction pour les siens. Il est la maîtresse pierre de coin, qui porte tout le poids de l’édifice. Comme cette Pierre est choisie et précieuse auprès de Dieu, nous pouvons être assurés qu’aucun de ceux qui croient en lui ne sera confus.


v. 7, 8 Cela conduit l’apôtre à opposer ceux qui croient en la Pierre vivante et ceux qui la rejettent. C’est pour ceux qui croient qu’elle a ce prix ; toute la valeur de Christ, toutes les bénédictions dont il est le garant, sont acquises au croyant. Hélas ! il y a ceux qui sont « désobéissants » et qui, de ce fait, rejettent et méprisent Celui que Dieu a exalté comme Maîtresse pierre de coin. Pour ceux-ci, il devient une pierre d’achoppement et un rocher de chute. Des hommes se sont heurtés contre sa Parole. Ils n’ont pas voulu croire la vérité ; aussi est-ce à cela qu’ils ont été destinés. Non pas à pécher ou à désobéir, mais étant rebelles et désobéissants, leur incrédulité les a destinés à s’achopper à l’humiliation de Christ.

2.6 - Notre vie pratique comme race élue

v. 9, 10 Si Israël avait écouté la voix de Dieu et gardé son alliance, il aurait été pour Dieu un « trésor particulier », un royaume de sacrificateurs, et une nation sainte (Ex. 19:5, 6). Il a manqué et, la nation ayant été mise de côté, les croyants sont maintenant vus comme prenant la place d’Israël en tant que témoignage pour Dieu devant le monde. L’apôtre cite la prophétie d’Osée, qui nous dit que, dans un jour à venir, Israël sera à nouveau reconnu. Dans l’intervalle, les paroles du prophète sont appliquées au résidu croyant d’entre les Juifs. Aux yeux de Dieu, ceux-ci forment une sacrificature royale, un royaume de sacrificateurs, pour annoncer les vertus de Dieu, qui nous a appelés des ténèbres à la merveilleuse lumière de sa pleine révélation.

Nous avons ainsi une très belle image du cercle chrétien composé de tous les croyants attirés à Christ, Celui que le monde a rejeté. Hors du camp, dans la place de l’opprobre, ils sont édifiés une maison spirituelle pour être l’habitation de Dieu ; ils sont constitués une sainte sacrificature pour offrir des sacrifices de louange, et ils sont faits un royaume de sacrificateurs pour annoncer les vertus de Dieu devant le monde.

Partant de la fausse supposition que Christ est en honneur dans le monde, la chrétienté n’a pas du tout répondu à ce tableau. Les hommes ont à nouveau édifié des temples magnifiques sur le modèle du temple matériel, et ont perdu la vérité de la maison spirituelle. Une classe sacerdotale ordonnée par les hommes a été instituée, en contraste avec la sainte sacrificature composée de tous les vrais croyants ; l’adoration est devenue rituelle, au lieu d’être en esprit ; et enfin, la chrétienté a constitué des nations soi-disant christianisées en contraste avec une race élue de croyants.


Il est difficile, sinon impossible, dans ce jour de ruine, de trouver une expression collective de la compagnie chrétienne telle qu’elle est décrite dans ces versets. Toutefois, la vérité, présentée dans toute sa beauté, subsiste dans la Parole ; et notre privilège et notre responsabilité demeurent d’obéir à la Parole. Si nous nous y soumettions, nous serions libérés de tous les grands systèmes religieux humains qui, dans leur constitution et leur exercice, sont un reniement flagrant de la vérité. Ceux qui s’en seraient dégagés ne pourraient pas revendiquer le titre exclusif de « sainte sacrificature » ni de « sacrificature royale », mais avec une foi simple, ils pourraient poursuivre la justice, la foi, l’amour et la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un coeur pur, cherchant à marcher à la lumière de ces précieuses vérités.

2.7 - Notre vie pratique comme forains et étrangers

v. 11 Le premier verset de l’épître présente les Juifs croyants comme des étrangers, vu qu’ils sont bannis du pays d’Israël et dispersés parmi les nations. Ici, en commun avec tous les croyants, ils sont considérés comme des forains et étrangers parce qu’ils sont du ciel. Dans un cas, ils sont étrangers à cause du jugement de Dieu qui les avait chassés de leur héritage terrestre ; dans l’autre, ils sont étrangers en raison de la grâce de Dieu qui les avait appelés de la terre dans les cieux. L’homme du monde est étranger dans les cieux, parce qu’il ne connaît pas le Père et le Fils. Le croyant est étranger de coeur au monde parce qu’il connaît le Père et le Fils. Il est un étranger, n’ayant rien à faire avec ce monde, et un pèlerin en marche vers un autre monde. Toutefois, la chair dans le croyant lutte contre les progrès spirituels de l’âme. Aussi sommes-nous exhortés à nous « abstenir des convoitises charnelles ». Nous ne sommes pas appelés à « faire la guerre » à ces convoitises, mais plutôt à nous en abstenir. Ce n’est pas notre affaire de partir en guerre contre l’alcoolisme, l’immoralité ou d’autres fléaux dans le monde ; nous avons au contraire à annoncer les vertus de Celui qui nous a appelés des ténèbres à la lumière.


v. 12 L’apôtre nous a mis en garde contre les convoitises charnelles en nous ; maintenant il va nous exhorter quant à notre conduite extérieure devant le monde. Nous devons veiller à agir en toute honnêteté, afin que par nos bonnes oeuvres nous fassions mentir les paroles dures qui nous font passer pour des gens faisant le mal.

Le jour de la visitation se réfère aux voies actuelles de Dieu envers le monde. Les hommes peuvent médire du chrétien, mais lorsque les peines les surprendront, parce qu’ils se seront laissés aller à leurs convoitises, ils devront reconnaître que Dieu bénit ceux qui mènent avec calme et patience une vie de bonnes oeuvres.


v. 13, 14 Dans les exhortations qui suivent, le croyant est envisagé dans ses relations avec les institutions et les autorités de ce monde. Ceux qui prennent la place d’étrangers dans ce monde seraient tout à fait inconséquents s’ils cherchaient à former ces institutions ou à nommer les autorités. Pourtant, nous devons leur être soumis, et cela pour le motif le plus élevé, « pour l’amour du Seigneur ». Nous devons nous soumettre aux autorités subordonnées aussi bien qu’aux autorités supérieures, et cela à cause du Seigneur. Qu’elles exercent leur pouvoir dans la crainte de Dieu ou qu’elles manquent à cet égard, nous sommes tenus de les reconnaître comme envoyées de Dieu pour le maintien du gouvernement du monde.


v. 15, 16 En se soumettant aux autorités et en faisant le bien, le chrétien fermera la bouche à l’ignorance des hommes dépourvus de sens qui accusent le croyant de se rebeller contre l’autorité (Luc 23:14, 15; Actes 24:12, 13). Nous sommes libres vis-à-vis du monde, mais nous ne devons pas user de notre liberté pour médire des autorités de ce monde ; nous avons plutôt à nous consacrer totalement au service de Dieu.


v. 17 Quant au rang social dans le monde, veillons à ne pas traiter les hommes avec mépris ou dédain. Ne traitons pas dédaigneusement le pauvre ni servilement le riche. Honorons-les l’un et l’autre. Dans ce cercle auquel nous avons le privilège d’appartenir, celui de la famille de Dieu, nous avons très spécialement à honorer tous les hommes. À l’intérieur de ce cercle, nous faisons davantage qu’honorer, nous nous aimons les uns les autres.

D’autres passages montrent clairement que la crainte de Dieu est la seule limitation à notre soumission aux autorités. Si celles-ci exigent une désobéissance manifeste à Dieu, nous devons obéir à Dieu d’abord (Actes 4:19). Aussi avons-nous ici : « Craignez Dieu » avant : « honorez le roi ».

3 - La conduite conforme aux relations individuelles du chrétien (Chap. 2:18 — 3:7)

L’apôtre nous a rappelé la conduite qui convient aux relations dans lesquelles tous les chrétiens se trouvent. Il va s’occuper maintenant de la conduite propre aux relations particulières qui sont la part de plusieurs. Il parle d’abord des domestiques (2:18-25) ; puis des femmes (3:1-6) ; enfin, des maris (3:7).

3.1 - Les domestiques

v. 18-20 Pierre s’adresse pour commencer aux serviteurs chrétiens. Le mot grec, nous dit-on, désigne les domestiques (c’est-à-dire les serviteurs qui habitent la maison), et non pas nécessairement les esclaves. Les chrétiens dans leur ensemble ont déjà été exhortés à être soumis à toute institution humaine. Maintenant c’est le serviteur (ou l’employé) chrétien qui est exhorté à se soumettre. Plus loin, la soumission sera placée devant la femme chrétienne, devant les jeunes frères, et finalement devant chacun de nous, les uns par rapport aux autres. Évidemment, comme quelqu’un l’a dit, la soumission « est la qualité par excellence qui sied à des étrangers. Si je suis roi dans mon royaume, je peux exercer l’autorité et la domination ; mais si je suis un étranger, un exilé, c’est un esprit de soumission qui doit me caractériser tout au long de ma vie. Placez l’étranger dans la relation que vous voudrez, l’Esprit de Dieu attend de lui cette disposition de soumission ».

Le serviteur doit être soumis, que le maître soit bon ou méchant. La dureté d’un maître peut entraîner de la souffrance pour un domestique chrétien. Cela permet d’introduire la deuxième forme de souffrance dont l’apôtre parle dans son épître — les souffrances à cause de la conscience. Tout en se soumettant, le serviteur doit garder une bonne conscience devant Dieu en refusant de faire le mal. Si cela entraîne des souffrances injustes, que le croyant se souvienne que « faire le bien », « souffrir » à cause de cela, et l’« endurer », est « digne de louange devant Dieu ».


v. 21-23 Lorsque nous souffrons et que nous l’endurons en faisant le bien, nous manifestons, aux yeux de Dieu, la vie même de Christ. Cela explique un grand nombre des circonstances éprouvantes dans lesquelles nous pouvons nous trouver comme chrétiens. Dieu les permet pour nous donner l’occasion d’exprimer les vertus de Christ, pour Son bon plaisir et pour notre gloire à la fin.

Si nous sommes appelés à être avec Christ dans la gloire, nous sommes aussi appelés à suivre ses traces sur le chemin qui mène à la gloire. L’apôtre indique trois de Ses traces. D’abord, il n’a pas commis de péché et la fraude n’a pas été trouvée dans sa bouche. Deuxièmement, il a souffert sous les outrages et les menaces. Troisièmement, lorsqu’il était outragé, il l’endurait ; il ne rendait pas d’outrage ni ne menaçait. Face à tous ses accusateurs, sa ressource était en Dieu. Il se remettait à celui qui juge justement. Lorsqu’il fut faussement accusé devant le sanhédrin juif, il « garda le silence » (Matt. 26:63). Aux accusations des Juifs en présence de Pilate, « il ne répondit rien ». À Pilate lui-même, « il ne… répondit pas même un seul mot » (Matt. 27:12-14). Hérode, qui s’en moquait, l’interrogea longuement, « mais il ne lui répondit rien » (Luc 23:9). Il se taisait devant les hommes parce qu’il avait sa ressource en Dieu.

Puissions-nous suivre ses traces et, face aux paroles méchantes des hommes, quelle que soit leur provenance, nous taire en réalisant que le Seigneur est notre ressource. Prenons pour nous les paroles du prophète et disons : « L’Éternel est ma portion… c’est pourquoi j’espérerai en lui. L’Éternel est bon pour ceux qui s’attendent à lui, pour l’âme qui le cherche. C’est une chose bonne qu’on attende, et dans le silence, le salut de l’Éternel » (Lament. 3:24-26). On remarquera que c’est seulement dans cette relation particulière que le Seigneur peut être cité en exemple, car il a lui-même pris la place de serviteur. D’autres passages laissent clairement entendre que le chrétien peut supplier, exhorter ou même reprendre ; mais jamais il ne doit rendre d’outrage ni menacer.


v. 24, 25 En outre, le chrétien a un autre motif pour faire le bien ou vivre « à la justice ». Christ a porté nos péchés en son corps sur le bois, non seulement afin que nous soyons justifiés et délivrés du jugement des péchés, mais afin que nous « vivions à la justice ». Ayant été guéris par ses meurtrissures, pouvons-nous continuer dans le péché qui lui a coûté si cher ? Christ ayant souffert pour le mal que nous avons fait, honte à nous si nous souffrons pour avoir mal fait. Nous avons le privilège de pouvoir suivre ses traces et souffrir en faisant le bien. Ce n’est qu’en l’ayant Lui devant nous que nous pouvons marcher sur ses traces. Etant ses brebis, nous sommes en sécurité seulement en suivant le Berger et le Surveillant de nos âmes.


Chap. 3:1, 2 L’apôtre exhorte maintenant les croyants quant aux relations dans le mariage. Le caractère prédominant de la femme chrétienne devrait être la soumission à son mari. La mise en pratique de cette exhortation nous apprend l’immense influence qu’une vie chrétienne conséquente peut avoir sur un inconverti. Le mari incrédule qui refuse d’écouter la parole de Dieu peut être gagné en observant la vie de sa femme, vécue en toute pureté et dans la crainte de Dieu.


v. 3, 4 Toutefois, si la femme doit se conduire justement envers son mari, elle est appelée à vivre en esprit devant Dieu. Sa parure ne doit pas être adaptée aux modes changeantes de ce monde, dont le seul but est de la rendre extérieurement attrayante, sans aucune influence sur le caractère moral, qui seul est d’un grand prix devant Dieu. L’épouse chrétienne doit plutôt penser à ce que Dieu voit — l’être intérieur — et se parer de l’ornement d’un esprit doux et paisible. C’est le contraire de la vanité et de la présomption de la chair qui cherche toujours à se mettre en avant. En outre, cet esprit doux et paisible doit être nourri dans le coeur, devant Dieu. S’il est entretenu là, il ne manquera pas de former un caractère doux et paisible devant Dieu et les hommes. On peut parfois affecter un air doux et paisible, mais cela n’a guère de valeur, si ce n’est pas la manifestation d’un esprit doux et paisible. Ce n’est que ce qui vient « du coeur » qui influencera la vie de façon juste.


v. 5, 6 Les saintes femmes d’autrefois sont citées en exemple aux épouses chrétiennes d’aujourd’hui. Elles espéraient en Dieu, se paraient de douceur et de tranquillité d’esprit, et étaient soumises à leurs maris. Sara prouvait son obéissance et sa soumission à son mari en l’appelant seigneur, selon la coutume d’alors. Les épouses qui espèrent en Dieu, obéissent à leur mari, et font le bien sans craindre les conséquences sont, quant à leur caractère, les enfants de Sara.

3.2 - Les maris

v. 7 Le mari chrétien doit demeurer avec sa femme étant conscient que leur relation a été instituée par Dieu, et non pas simplement selon les pensées et les coutumes humaines. Il doit l’honorer comme étant plus fragile et réclamant par conséquent plus de soins et de protection. Indépendamment des différences de constitution, ils sont ensemble héritiers de la grâce de la vie. Le mari doit donc porter tout honneur à sa femme, afin qu’il n’y ait aucun nuage entre eux qui vienne interrompre leurs prières.

4 - Le cercle chrétien (Chap. 3:8, 9)

v. 8 Après avoir donné des exhortations spéciales pour les chrétiens dans leurs relations individuelles, l’apôtre termine en plaçant devant nous les qualités qui devraient caractériser le cercle chrétien dont font partie tous les chrétiens.

Dans le monde, la discorde règne, mais dans le cercle chrétien, il devrait y avoir unité : « Soyez tous d’un même sentiment ». D’autres passages nous apprennent que ce « même sentiment » dans la compagnie chrétienne ne peut exister que si chacun individuellement est revêtu de l’esprit d’humilité — de la pensée qui a été dans le Christ Jésus (Phil. 2:2-5). On peut faire remonter presque toutes les dissensions entre croyants à la vanité et la propre suffisance non jugées de la chair qui cherche toujours à être la première et la plus estimée (Luc 22:24). Si nous n’avons pas la pensée de Christ, ou bien il y aura des conflits, ou bien nous formerons une fausse unité autour de nos propres idées.

Ayant une même pensée, et celle-ci étant la pensée du Seigneur, nous serons naturellement conduits à être compatissants. Les compassions du Seigneur « ne cessent pas ; elles sont nouvelles chaque matin » (Lament. 3:22, 23). De très petits différends entre frères peuvent venir tarir nos sentiments de bienveillance. Si donc ceux-ci sont appelés à ne pas cesser, il faut qu’ils soient motivés par l’amour. Aussi l’exhortation suivante est-elle : « Soyez… fraternels ». Il ne s’agit pas ici d’aimer selon les normes humaines comme dans les relations naturelles, aussi justes soient-elles à leur place, mais d’aimer comme étant unis ensemble dans les relations divines de la famille de Dieu.

L’amour divin conduira le chrétien à être compatissant et humble. L’amour humain comporte souvent un fort élément d’égoïsme. L’amour divin nous amènera à entrer dans les peines des autres, tout en nous oubliant nous-même. Comme Christ qui, ne pensant ni à son confort ni à sa sécurité, peut retourner en Judée où les hommes cherchaient à le lapider, pour pleurer avec les deux soeurs éprouvées par le deuil (Jean 11:8, 35).


v. 9 Si, hélas ! on cherche à nous nuire ou à nous injurier, ne rendons pas mal pour mal, ou outrage pour outrage, mais au contraire bénissons. Notre vie pratique dans le cercle chrétien doit être dirigée par le fait que nous sommes appelés à hériter de la bénédiction. Conscients de la grâce dont nous avons été si richement bénis, nous devrions être prêts à bénir les autres même s’ils nous ont outragés.

Si ces simples injonctions étaient mises en pratique, les vertus de Christ seraient manifestées dans le cercle de ceux qui lui appartiennent. Pourquoi sont-elles données, sinon pour mettre en évidence les beautés de Christ ? Il a traversé ce monde animé de ce sentiment d’humilité ; sa main était toujours prête à secourir, guidée par un coeur rempli d’amour divin. Personne n’a jamais été plus compatissant et plus humble que Christ. Jamais il n’a rendu mal pour mal ; au contraire, il dispensait la bénédiction à ceux dont il a dû dire : « Ils m’ont rendu le mal pour le bien, et la haine pour mon amour » (Ps. 109:5).

5 - Le gouvernement moral de Dieu (Chap. 3:10-13)

v. 10-13 Après avoir placé devant nous les magnifiques traits moraux qui ont caractérisé Christ et qui devraient être ceux de la compagnie chrétienne, l’apôtre nous encourage à nous engager de coeur dans la vie chrétienne, et à refuser le mal, en nous rappelant les principes immuables du gouvernement moral de Dieu. L’essence même du gouvernement, qu’il soit humain ou divin, est de protéger et de bénir ceux qui font le bien, et de punir ceux qui font le mal. Trop souvent le gouvernement humain est entaché par la corruption et la violence, de sorte que le juste a à souffrir et que le méchant échappe. Avec Dieu, tout est parfait ; son gouvernement s’exerce sans acception de personnes, rendant à chacun, croyant ou incrédule, selon ses oeuvres.

La grâce de Dieu ne met pas de côté le gouvernement de Dieu ; nous n’y échappons pas en devenant chrétiens. Nous sommes les objets de la grâce, mais il demeure vrai que nous récoltons ce que nous semons. Nous ne pouvons nous servir du christianisme pour couvrir le mal.

Le christianisme nous propose une vie de bénédiction dans la communion avec Dieu. Cette vie a été vécue en perfection par le Seigneur Jésus ; elle est présentée dans « le chemin de la vie », tracé dans le Psaume 16, une vie qui a sa joie spirituelle profonde, car le Seigneur peut dire d’elle : « Les cordeaux sont tombés pour moi en des lieux agréables ». Si donc le chrétien veut vivre cette vie, et « voir d’heureux jours, qu’il garde sa langue de mal, et ses lèvres de proférer la fraude ; qu’il se détourne du mal et qu’il fasse le bien ; qu’il recherche la paix et qu’il la poursuive ». En le faisant, il découvrira qu’il est béni, conformément au gouvernement de Dieu, tandis que celui qui fait le mal souffrira, car, selon les principes immuables de ce gouvernement, « les yeux du Seigneur sont sur les justes et ses oreilles sont tournées vers leurs supplications ; mais la face du Seigneur est contre ceux qui font le mal ». En outre, « qui est-ce qui vous fera du mal, si vous êtes devenus les imitateurs de celui qui est bon » ? Même le monde est capable d’apprécier l’homme qui poursuit tranquillement son chemin en faisant le bien.

Toutefois, si faire le bien conduit à la prospérité et faire le mal au châtiment, on peut se demander pourquoi, dans ce monde, le juste souffre si souvent, alors que ceux qui font le mal semblent prospérer ? Comment se fait-il que dans l’épître même qui nous dit que la faveur de Dieu repose sur le juste, les souffrances des enfants de Dieu soient placées devant nous avec plus de détails que dans tout autre passage ? Comment se fait-il qu’immédiatement après les versets promettant « d’heureux jours » à celui qui fait le bien, nous lisions que faire le bien peut entraîner des souffrances ?

Nous avons la réponse à ces questions, si nous nous souvenons que pendant le jour de la grâce le gouvernement de Dieu est moral et non pas, en général, direct et immédiat. Il est véritablement un gouvernement moral dans le sens que le bien est récompensé par des bénédictions spirituelles plutôt que par la prospérité matérielle, de sorte que tout en plaçant devant nous la possibilité de souffrir pour la justice, l’apôtre peut néanmoins ajouter : « vous êtes bienheureux ».

Aujourd’hui, le gouvernement de Dieu n’est pas nécessairement direct, car les peines et le châtiment qui sont la conséquence du mal ne sont pas toujours immédiats et visibles. Pour voir le résultat final du gouvernement de Dieu — soit dans la bénédiction de ceux qui font le bien, soit dans le châtiment du méchant — il nous faut regarder au-delà du temps présent et attendre le monde à venir.

Tandis que le gouvernement de Dieu s’exerce dans toute sa perfection absolue, il est actuellement en grande partie caché, et quelqu’un a dit : « Il faut de la foi pour accepter le fait que le gouvernement moral de Dieu prévaut sur toute la confusion ». Puisse le croyant se souvenir que, malgré les apparences contraires, il demeure toujours vrai que faire le bien conduira à la bénédiction et aux souffrances. Aujourd’hui ces choses peuvent être expérimentées ensemble dans une certaine mesure, mais dans le monde à venir, la bénédiction sera pleinement connue.

6 - Souffrir pour la justice (Chap. 3,14 — 4:7)

Le premier chapitre nous a rappelé que le croyant peut souffrir sous la discipline de Dieu pour l’épreuve de sa foi. Le deuxième chapitre nous a appris qu’il pouvait être appelé à souffrir par conscience envers Dieu (2:19). La portion de l’épître que nous abordons développe le grand sujet des souffrances pour la justice.

Le chrétien est considéré comme suivant les traces de Christ (2:21) et, de ce fait, il traverse ce monde comme un forain et un étranger ; il s’abstient des convoitises charnelles, lesquelles font la guerre à l’âme ; il se garde de proférer la fraude ; il se détourne du mal et fait le bien ; il recherche la paix. S’il marche ainsi, il jouira, selon le gouvernement de Dieu, de la faveur du Seigneur et évitera dans une large mesure les troubles que les hommes attirent sur eux-mêmes par leur mauvaise conduite. Toutefois, dans un monde méchant, le chrétien peut avoir à souffrir pour la justice ; cela confirme clairement que le gouvernement de Dieu ne sera pas toujours manifesté pleinement avant que la justice règne dans le Millénium. Le diable n’est pas encore chassé du monde, et le mal continue à prévaloir, de sorte que si, d’une part, la poursuite de la justice a toujours la faveur de Dieu, elle peut, d’autre part, susciter l’opposition, dans la mesure où, en faisant le bien, le chrétien nuit aux intérêts des hommes du monde.


v. 14 Si donc nous sommes appelés à souffrir pour la justice, ne gémissons pas sur notre sort, mais réjouissons-nous plutôt. Imitons Paul et Silas qui, sur le minuit, après avoir été persécutés à Philippes, pouvaient chanter les louanges de Dieu, bien qu’ils aient été injustement jetés en prison pour avoir contrarié les intérêts de quelques personnes mal disposées. Il y a cependant le danger de s’engager dans une voie injuste par crainte des conséquences. Aussi sommes-nous exhortés à ne pas craindre les hommes et à ne pas être troublés en pensant à ce qui pourrait arriver si nous agissons droitement.


v. 15 En sanctifiant le Seigneur dans nos coeurs, nous serons préservés de céder à l’injustice. Si nous donnons au Seigneur la place qui lui appartient dans nos coeurs, nous éprouverons sa présence pour nous soutenir devant les hommes. Ainsi non seulement nous ne serons pas tentés de céder, pour nous éviter des ennuis, à ce que nous savons être mauvais, mais il nous sera accordé de rendre un témoignage positif à la vérité en donnant la raison de notre espérance avec douceur et crainte. Agissant dans un esprit de douceur, nous n’offenserons personne en cherchant à nous imposer et à faire valoir nos opinions ; agissant dans la crainte devant Dieu, nous aurons la hardiesse pour maintenir la vérité. Tout en n’ayant pas à craindre les craintes des hommes (v. 14), il convient que nous marchions dans la sainte crainte de Dieu.


v. 16 En outre, pour souffrir pour la justice et témoigner devant les hommes, il faut « une bonne conscience » devant Dieu et les hommes. Si nous essayons de résister à l’Ennemi avec une mauvaise conscience, nous ne faisons que nous exposer à la honte et à la défaite. Avec une bonne conscience, par notre conduite chrétienne conséquente, nous rendrons confus ceux qui nous accusent faussement.


v. 17, 18 Il est donc clair que les croyants peuvent avoir à souffrir en faisant le bien ; mais même alors, souvenons-nous que c’est « la volonté de Dieu ». La volonté malveillante des hommes peut occasionner la souffrance, mais c’est la volonté de Dieu qui la permet. Nous devrions nous attacher à rechercher la pensée de Dieu dans la souffrance, nous rappelant qu’il vaut mieux souffrir « en faisant le bien, qu’en faisant le mal ». Si nous faillissons et faisons le mal, plutôt que celui-ci soit ignoré, il est bien juste que nous en souffrions. Il n’y a cependant aucune excuse pour le chrétien qui fait le mal et doit en souffrir, « car aussi Christ a souffert une fois pour les péchés, le juste pour les injustes, afin qu’il nous amenât à Dieu, ayant été mis à mort en chair, mais vivifié par l’Esprit ». Étant amenés à Dieu, justifiés de tous nos péchés, nous avons le privilège de vivre une vie nouvelle dans l’Esprit, et ainsi de faire le bien, même si parfois il peut nous arriver d’avoir à « souffrir en faisant le bien ».


v. 19, 20 Pour encourager ces croyants juifs dans leurs souffrances particulières, l’apôtre tire un parallèle entre leur époque et les jours qui ont précédé le déluge. Christ n’était alors pas présent personnellement, mais il prêchait par l’Esprit de Dieu aux hommes de ce temps par la bouche de Noé (Gen. 6:3; 2 Pierre 2:5). Aujourd’hui, Christ n’est plus sur la terre, mais le Saint Esprit est venu, et l’évangile est annoncé par les serviteurs du Seigneur (Actes 1:8). Dans les jours de Noé, les hommes dans leur ensemble ont été désobéissants, ne recevant pas la prédication, et leurs esprits sont maintenant en prison, attendant le jugement plus grand encore, celui des morts. De même aussi, la nation juive dans son ensemble a entièrement rejeté la prédication de Christ par l’Esprit (Actes 7:51-53). Les jours qui ont précédé le déluge étaient le temps de « la patience de Dieu » quand, avant que le jugement s’abatte, Dieu attendait pour bénir les hommes ; comme aujourd’hui est le jour de la grâce de Dieu qui précède le jugement à venir.

Dans les jours du déluge, un petit nombre de personnes furent sauvées du jugement qui frappa le monde ; de même aujourd’hui, un résidu est préservé du jugement gouvernemental qui s’est abattu sur la nation d’Israël, et du jugement plus grand encore qui attend les vivants et les morts (4:5).

Les quelques-uns qui ont échappé au jugement dans les jours de Noé ont été sauvés « à travers l’eau ». Le monde entier du temps de Noé a été sous le jugement de la mort par le déluge. Noé et ceux qui étaient avec lui ont échappé au jugement en passant à travers les eaux du jugement. Christ est entré dans la mort et est ressuscité, et le croyant est quitte du jugement comme l’ayant traversé dans la personne de son Substitut. Noé est entré dans un monde nouveau, exempt de jugement ; de même Christ ressuscité est au-delà du jugement, et le croyant, dans sa conscience, est délivré de toute crainte du jugement mérité, en voyant que devant Dieu il est aussi net de tous ses péchés — et du jugement qui leur était dû — que Christ lui-même.


v. 21 Ce fait d’être séparé d’un monde coupable, et d’échapper au jugement en passant à travers les eaux du jugement, est clairement présenté en image dans l’histoire du déluge. En outre, l’apôtre nous dit que ces grandes vérités sont également présentées en image dans le baptême. Nous avons donc, dans ce passage, l’image dans le déluge, l’antitype dans le baptême, et le fait dans la mort et la résurrection de Christ. Dans le baptême, nous passons à travers l’eau, et ainsi, en figure, nous sommes séparés du monde placé sous le jugement, pour être introduits dans une sphère nouvelle au-delà du jugement. Faisant allusion au lavage cérémoniel sous la loi, l’apôtre nous prévient que, dans la référence qu’il fait au baptême, il ne se sert pas de celui-ci comme un antitype de la purification cérémonielle extérieure du corps par les lavages lévitiques, mais comme un antitype de la mort de Christ par laquelle nous obtenons une bonne conscience devant Dieu.


v. 22 Le dernier verset du chapitre nous donne à connaître la plénitude du salut qui est le nôtre par la mort et la résurrection de Christ. Cela nous est présenté en Christ comme Homme au ciel, établi dans la place d’autorité suprême — à la droite de Dieu — toutes les autres puissances lui étant soumises. Christ est entré dans la mort et le jugement, et il a remporté une victoire si parfaite qu’aucune puissance dans l’univers ne peut l’empêcher de prendre sa place dans la gloire.

L’apôtre poursuit son sujet des souffrances pour la justice dans les premiers versets du chapitre 4. Revenant sur l’affirmation qu’il vaut mieux souffrir en faisant le bien qu’en faisant le mal, il établit un contraste entre le chrétien et les hommes de ce monde. Il montre que le chrétien doit en avoir fini avec le péché, et qu’il doit vivre le reste de son temps pour la volonté de Dieu. Ainsi sa vie en tant que chrétien sera en contraste absolu avec sa vie passée, quand il était inconverti, autant qu’avec la vie que les hommes mènent dans le monde — une vie dominée par le péché ou la volonté de la chair.


Chap. 4:1 Pour encourager le chrétien à en avoir fini avec le péché, ou la satisfaction de la volonté propre, l’apôtre place devant nous Christ comme notre parfait Modèle. Christ est venu dans le monde pour faire la volonté de Dieu ; et s’il n’a jamais été sollicité par le péché en lui — alors que c’est le cas pour nous — il a été tenté jusqu’à l’extrême par le péché de l’extérieur : toutes les puissances adverses concevables se sont déployées contre lui, la contradiction des pécheurs, le pouvoir du diable, les revendications des relations naturelles, l’ignorance des disciples, et enfin la puissance de la mort, toutes se sont coalisées contre Christ pour essayer de le détourner de son chemin d’obéissance parfaite à la volonté du Père. Il a résisté à toutes les tentations, choisissant la mort plutôt que la désobéissance, et cela également lorsque, comme quelqu’un l’a dit, « la mort avait le caractère de colère contre le péché et de jugement. Aussi amère que fût la coupe, il la but pour accomplir jusqu’au bout la volonté de son Père et le glorifier ». En souffrant la mort plutôt que de céder au principe du péché, il en a fini avec le péché pour toujours en mourant.

L’Ennemi déploie sans discontinuer de gros efforts pour entraîner les croyants dans le péché, par la tentation de satisfaire la chair sous une forme ou sous une autre. Il connaît la forme particulière de satisfaction à laquelle chacun de nous est exposé à succomber, et nous tente en conséquence. Pour résister à ses tentations, nous sommes engagés à nous armer contre le péché, en ayant la même pensée que Christ — la pensée de souffrir plutôt que de céder au péché. Si nous cédons, la chair ne souffre pas ; au contraire, elle est satisfaite ; mais nous péchons et, en temps voulu, nous souffrirons des conséquences gouvernementales du péché. Si nous refusons de céder au péché, la chair souffre, mais nous nous reposons du péché, et vivons pour la volonté de Dieu, jouissant du bonheur qui s’y rattache.


v. 2 Toutefois, se reposer du péché, aussi juste que cela soit, n’est qu’une vertu négative ; l’apôtre en vient donc à parler du côté positif de la vie chrétienne. La conversion divise ici la vie en deux périodes distinctes : premièrement, « le temps déjà écoulé », secondement, « le reste de son temps dans la chair ». Quant au temps qui reste, la seule chose qui convienne, comme le dit l’apôtre, c’est de ne plus vivre pour les convoitises des hommes, mais pour la volonté de Dieu. Nous nous armons contre Satan en décidant de souffrir plutôt que de pécher, et en nous tournant vers Dieu avec le désir de faire sa volonté.


v. 3 Le temps déjà écoulé de notre vie était marqué par l’accomplissement de notre volonté propre, et le caractère de cette volonté était manifesté par notre marche. Dans le cas de ces croyants juifs, ils avaient marché selon la volonté des nations, se livrant aux mêmes excès, montrant clairement que la volonté d’un Juif inconverti est identique à celle d’un Gentil inconverti.


v. 4 Les hommes du monde s’étonnent de ce que les croyants s’abstiennent des satisfactions de la chair, refusant de se joindre à eux pour passer leur vie dans le bourbier de corruption qu’est devenu le monde sans Dieu. Ne connaissant pas Dieu, ni les désirs et les affections de la nature nouvelle, qui rendent les convoitises de la chair répugnantes pour le croyant, ils ne peuvent que prêter quelque mauvais motif à ceux qui ne veulent pas les suivre dans leur vie de satisfaction propre. C’est ainsi que le diable, incapable d’apprécier la bonté, a insinué devant Dieu que la piété de Job n’était pas réelle — que Job s’abstenait du mal non pas parce qu’il le haïssait ou qu’il aimait Dieu, mais simplement parce qu’il trouvait avantageux de ne pas se laisser aller à des excès.


Le chapitre précédent nous a appris que le monde impute faussement le mal au croyant, et qu’il le condamne ensuite comme faisant le mal (3:16). Ici au contraire le monde condamne le croyant parce qu’il refuse de faire le mal. Ainsi, indépendamment de ce que le croyant fait ou ne fait pas, la nature déchue de l’homme est convaincue d’être opposée à tout ce qui est de Dieu.


v. 5 L’homme peut satisfaire la chair et médire de ceux qui craignent Dieu ; mais Dieu n’est pas indifférent à leur vie impie ni à la manière dont ils traitent les siens. Ils auront à rendre compte à Dieu qui est prêt à juger les vivants aussi bien que les morts.


v. 6 Pour cela, l’évangile a été annoncé à ceux qui sont morts maintenant, afin que, d’une part, le jugement puisse s’exécuter sur ceux qui, ayant été avertis, refusent l’évangile et continuent à vivre selon les hommes quant à la chair, ou, d’autre part, concernant ceux qui reçoivent l’évangile, qu’ils puissent être bénis et, abandonnant leur vie passée, vivre selon Dieu, quant à l’esprit. Dieu proclame la grâce, mais il ne renonce pas à son gouvernement par lequel le mal est traité avec justice. Ce verset ne signifie pas que l’évangile a été annoncé aux hommes après leur mort. Il a été proclamé à des vivants qui maintenant sont morts. Ce serait absurde de suggérer que des morts pourraient vivre soit selon les convoitises de la chair, soit dans la puissance de l’Esprit.


v. 7 Dans ce verset, l’apôtre résume l’attitude du chrétien envers le monde qu’il traverse. C’est un monde caractérisé par les excès et les orgies. Les hommes y font leur volonté propre, satisfont leurs convoitises, et médisent du chrétien lequel doit alors souffrir pour la justice, endurer la souffrance, et souffrir dans la chair plutôt que de céder au péché. Face à la méchanceté du monde et à ses propres souffrances, le chrétien doit se souvenir que la fin de toutes choses s’est approchée. La fin, avec tout ce qu’elle implique, que ce soit le jugement pour les inconvertis ou la bénédiction pour le croyant, demande la sobriété et la vigilance, avec la prière ; la sobriété en vue de la fin à laquelle tout conduit, la vigilance quant à tout ce qui nous entoure, et la prière en relation avec Dieu.

7 - Le cercle chrétien (Chap. 4:8-11)

La partie de l’épître que nous venons de considérer nous a donné une image solennelle du monde s’abandonnant à la satisfaction de la chair, en contraste avec ceux qui font la volonté de Dieu et qui souffrent plutôt que de pécher. Les versets auxquels nous arrivons nous introduisent dans le cercle chrétien pour y apprendre la conduite qui convient aux chrétiens entre eux.


v. 8 Si les convoitises distinguent la sphère du monde (v. 2), l’amour est le caractère dominant de la compagnie chrétienne. D’autres qualités brilleront dans ce cercle, mais celle qui les couronne toutes, celle sans laquelle les autres sont vaines, c’est l’amour ; aussi, dit l’apôtre, « avant toutes choses, [ayez] entre vous un amour fervent ». Pour la troisième fois dans le cours de son épître, l’apôtre présente l’amour comme étant la qualité prédominante de la compagnie chrétienne (Voir 1:22; 3:8).

L’amour est loin d’être indifférent au péché ; mais l’amour n’expose pas les péchés sans nécessité, encore moins se délecte-t-il des manquements des autres. Dans la mesure du possible, il s’occupe des péchés en privé, afin qu’ils ne soient pas inutilement rendus publics. Lorsqu’ils ont été considérés et jugés, l’amour n’en parle plus et ne les divulgue pas. L’amour ne fait pas de mal, n’agit pas avec ruse. L’amour couvre une multitude de péchés. « La haine excite les querelles, mais l’amour couvre toutes les transgressions », dit le sage (Prov. 10:12).


v. 9 De plus, dans un cercle où nous ne sommes plus étrangers les uns aux autres, mais où nous sommes unis par les liens de Christ, l’amour se plaira à exercer l’hospitalité, selon que l’occasion s’en présente, et là où l’amour fervent est réel, elle s’exercera sans murmures.


v. 10, 11 Après avoir considéré l’usage des moyens temporels, l’apôtre donne des directives relatives à l’emploi des dons spirituels. Chacun, suivant qu’il a reçu un don, est responsable de s’en servir comme un administrateur de la grâce de Dieu. Si quelqu’un parle, il doit le faire comme oracle de Dieu, dans la conviction qu’il apporte un message qui donne la pensée de Dieu pour le moment présent. Ce n’est pas seulement qu’il exprime la vérité conformément aux oracles de Dieu, mais il donne la pensée de Dieu « comme oracle de Dieu ».

L’apôtre fait en outre la distinction entre servir et parler. Induits sans doute en erreur par ce qui se passe dans la chrétienté, nous sommes enclins à limiter le ministère à la prédication, alors qu’il inclut un ensemble de services envers les enfants de Dieu dans lesquels la prédication a peu ou n’a pas du tout de part. Non pas certes que la parole exprimée ne soit pas le ministère, mais ce dernier comprend bien davantage que le fait de parler.

Quelle que soit la forme du ministère, il doit être exercé selon la capacité que Dieu donne. Les capacités naturelles sont donc reconnues comme venant de Dieu, Dans sa grâce, Dieu donne des dons spirituels, mais il les accorde « à chacun selon sa propre capacité » (Matt. 25:15). Quelqu’un a dit, et cela est vrai, qu’« aucune capacité n’est en elle-même un don ; mais le don spirituel ne se substitue pas à la capacité naturelle ». Nous pouvons voir que Dieu, en conférant son don à Paul, reconnaissait sa capacité naturelle de présenter la doctrine d’une manière méthodique. Pierre, de par sa nature probablement plus apte à s’occuper de la vie pratique quotidienne, a reçu un don en accord avec sa capacité ; par conséquent, son ministère est presque exclusivement pratique.

Quels que soient le don spirituel, la forme du ministère et la capacité naturelle, tout doit être employé pour la gloire de Dieu, « afin qu’en toutes choses Dieu soit glorifié ». Nous devons nous méfier de la vanité de la chair, prête à se servir de ces choses pour s’exalter.

Ce magnifique tableau du cercle chrétien présente une compagnie de croyants caractérisés avant tout par l’amour les uns pour les autres. L’hospitalité y répond aux besoins temporels, et les différents dons de la grâce variée de Dieu y sont exercés pour la bénédiction de tous. Dieu est alors glorifié « en toutes choses », tous étant unis ensemble « par Jésus Christ, à qui est la gloire et la puissance, aux siècles des siècles ! Amen ».

8 - Souffrances pour le nom de Christ (Chap. 4:12-19)

L’apôtre a parlé jusqu’ici des souffrances par conscience (2:19), et des souffrances pour la justice (3:14). Maintenant il aborde les souffrances pour le nom de Christ. La confession de Christ dans leur vie et dans leur témoignage avait attiré sur ces croyants juifs le feu de la persécution.


v. 12-14 Il est certainement juste que le monde, vivant selon ses convoitises, sans crainte de Dieu, soit jugé. Mais il pourrait paraître étrange que le croyant qui s’abstient de la convoitise, qui recherche la volonté de Dieu, qui marche avec sobriété et vigilance, en s’appliquant à glorifier Dieu en toutes choses, doive passer par le feu ardent. Cela ne surprend toutefois que les croyants qui considèrent l’épreuve en rapport avec eux-mêmes. S’ils la regardaient en relation avec Christ, celui en qui ils ont cru, celui qui leur était devenu précieux et qu’ils aimaient, elle ne leur paraîtrait plus comme quelque chose d’extraordinaire, d’inexplicable. Car le Christ que le croyant suit est un Christ rejeté, qui a souffert dans ce monde et dont le nom est en opprobre parmi les hommes. C’est parce que ces croyants confessaient le nom de Christ, et avant tout parce qu’ils manifestaient dans leur vie les perfections de Christ — l’apôtre dit : « Quant à vous, [il est] glorifié » — qu’ils avaient à traverser le feu de la persécution. Ils étaient une réponse à la prière du Seigneur, lorsqu’il pouvait dire au Père : « Je suis glorifié en eux » (Jean 17:10).

Voilà ce qui suscite l’opposition du diable et du monde. Pour eux, tout témoignage à la gloire de Christ est intolérable. Plus le témoignage rendu à Christ et à ses perfections sera fidèle, plus les croyants auront à souffrir.

Ces souffrances étant pour Christ, elles devraient être un sujet de joie plutôt que d’étonnement. « Réjouissez-vous », dit l’apôtre, « en tant que vous avez part aux souffrances de Christ » ; et encore : « Si vous êtes insultés pour le nom de Christ, vous êtes bienheureux ». En outre, de même que les souffrances et l’opprobre de Christ ont une réponse dans la gloire, ceux qui souffrent pour son nom auront part à sa gloire au jour de sa révélation. Si le saint pouvait réaliser dans toute son étendue bénie cette gloire à venir, il serait conduit à se réjouir avec transport au milieu des souffrances. La moindre souffrance par laquelle Dieu peut permettre aux siens d’avoir à passer pour le nom de Christ est un gage de la gloire à venir. L’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu, qui était venu de la gloire, reposait sur ces saints dans la souffrance, et était les arrhes de la gloire à venir. Le monde peut blasphémer Christ, mais, dans la puissance de l’Esprit de Dieu, il est glorifié quant aux saints.

On pourrait arguer qu’une telle persécution s’expliquait facilement aux jours de l’apôtre, lorsque les croyants étaient confrontés à l’opposition mortelle du judaïsme et à l’horrible corruption du paganisme, mais que pour nous, qui faisons partie de la chrétienté où Christ est reconnu, tout est changé aujourd’hui. Seuls ceux qui considèrent la chrétienté dans son aspect extérieur peuvent avancer cet argument. Il est vrai que la chrétienté a érigé de nombreux bâtiments somptueux, soi-disant en l’honneur de Christ, et qu’elle est engagée dans beaucoup d’oeuvres de bienfaisance en son Nom. Nous pourrions donc être amenés, à tort, à penser que Christ est honoré, et qu’il n’est plus dans l’opprobre. Mais nous savons que la chrétienté est entièrement corrompue et que la masse professante est un objet de dégoût pour Christ. Comme aux jours de l’apôtre, aujourd’hui aussi « Il est blasphémé par le monde religieux dans son ensemble. Tout témoin véritable de Christ est insupportable pour le formalisme des systèmes ecclésiastiques humains, pour le matérialisme du protestantisme comme pour la superstition de Rome. La simple profession, qu’elle soit papale ou protestante, a toujours persécuté, et persécutera toujours, le témoin fidèle de Christ. Il demeure vrai que « tous ceux aussi qui veulent vivre pieusement dans le Christ Jésus, seront persécutés » (2 Tim. 3:12).


v. 15, 16 Nous sommes ensuite mis en garde contre la possibilité qu’un croyant souffre comme faisant le mal. Bien qu’étant chrétiens, si nous faisons le mal, nous souffrirons sous le gouvernement de Dieu, et cela d’autant plus que nous sommes chrétiens. Nous pouvons peut-être ne pas tomber dans les fautes les plus grossières, mais souffrir comme nous « ingérant dans les affaires d’autrui ». Cela ne fera que nous couvrir de honte. Souffrir « comme chrétien », n’est pas un sujet de honte, mais plutôt une occasion de glorifier Dieu.


v. 17, 18 Le fait solennel qu’un croyant puisse souffrir comme faisant le mal est une preuve que le gouvernement de Dieu n’est pas limité au monde. Nous avons vu que le monde aura à rendre compte à Dieu qui est prêt à juger les vivants et les morts. Mais ici, ce jugement commence maintenant même par la maison de Dieu. Passer sous silence le mal dans Sa propre maison serait contraire à la nature de Dieu. Ce jugement de Dieu, en relation avec sa maison, est entièrement gouvernemental et s’applique au temps présent. Il se rapporte aux croyants, car l’apôtre n’a en vue que les « pierres vivantes ». Un sérieux exemple de ces voies gouvernementales nous est donné dans le cas de l’assemblée à Corinthe. À cause de la conduite dissolue de certains, Dieu a dû exercer le châtiment ; aussi lisons-nous : « C’est pour cela que plusieurs sont faibles et malades parmi vous, et qu’un assez grand nombre dorment » (1 Cor. 11:30).

De plus, si Dieu n’épargne pas les siens, « quelle sera la fin de ceux qui n’obéissent pas à l’évangile de Dieu » ? Si le juste est sauvé difficilement au travers des épreuves, de l’opposition et des dangers de ce monde, pour être introduit dans la gloire, quel sera le sort de l’impie et du pécheur ?


v. 19 Si le croyant doit marcher dans un sentier semé de tant de difficultés, de dangers et d’opposition, il est clair qu’il ne pourra jamais, par ses propres forces, traverser en sécurité le désert de ce monde. Seule la puissance de Dieu peut le soutenir. Puissions-nous tous arriver à cette conclusion, et en présence de la souffrance, quelle que soit la forme qu’elle revête, Lui remettre notre âme. Mais n’oublions pas le « en faisant le bien », même si cela entraîne les souffrances ; car ce n’est qu’en faisant le bien que nous pourrons, avec confiance, remettre tout à Dieu. Ici, il s’agit de notre préservation dans ce monde, aussi nous adressons-nous à Dieu comme « à un fidèle Créateur », celui qui est « le conservateur de tous les hommes, spécialement des fidèles » (1 Tim. 4:10).

9 - Le cercle chrétien (Chap. 5:1-7)

L’apôtre se tourne de nouveau vers le cercle chrétien, avec des exhortations spéciales pour deux classes de personnes, les anciens et les jeunes gens. Le fait qu’il s’adresse aux jeunes gens indique clairement qu’il utilise le terme « anciens », non pas dans un sens officiel, mais comme caractérisant ceux qui, par leur âge et leur expérience, sont des frères plus âgés.


v. 1-3 Pierre lui-même était un ancien, et de plus il avait les marques d’un apôtre, car il avait été témoin des souffrances de Christ, et participant de la gloire prête à être révélée (Actes 1:21, 22). Il peut donc nous exhorter, ayant l’expérience d’un ancien combinée avec l’autorité d’un apôtre.

Les anciens sont exhortés à paître le troupeau de Dieu. Paître implique davantage que nourrir ; il s’agit de conduire et de prodiguer tous les soins nécessaires à la brebis. La pensée du Seigneur est manifestement que les siens soient visités et soignés. Lorsqu’il était sur la terre, il était ému de compassion en voyant l’état misérable de son peuple terrestre, des êtres « las et dispersés, comme des brebis qui n’ont pas de berger » (Matt. 9:36). Hélas ! la rareté de ces soins pastoraux montre aujourd’hui encore à l’évidence la condition basse et misérable du peuple de Dieu.

C’est « le troupeau de Dieu » qu’il s’agit de paître. L’Écriture n’autorise nullement un ancien à parler des enfants de Dieu comme de son troupeau. Quel privilège pour un frère responsable de pouvoir, dans une petite mesure, prendre soin du troupeau de Dieu ! Mais qu’il est solennel d’abuser de ce privilège, et au lieu de paître le troupeau, de s’en servir pour des fins égoïstes. Les exhortations impliquent la possibilité d’exercer la surveillance par contrainte, ou pour un gain honteux, ou dans un esprit dominateur, comme s’il s’agissait de nos propres possessions. Aussi les anciens sont-ils exhortés à exercer ce privilège de bon gré, en étant les modèles du troupeau, plutôt que les maîtres.

L’apôtre place devant les anciens les paroles mêmes que le Seigneur lui avait adressées, quand Il lui avait dit : « Sois berger de mes brebis » (Jean 21:16). En outre, ces paroles avaient été prononcées au moment précis où Pierre avait été amené à réaliser sa propre faiblesse et sa dépendance totale du Seigneur. Quelqu’un a remarqué : « Au moment où il le convainquait de sa totale incapacité, le Seigneur lui confiait ce qu’il avait de plus cher » Il est évident que celui qui cherche à exercer la surveillance pour un gain ou dans un esprit de domination, n’a jamais appris qu’il n’est rien en lui-même. C’est seulement lorsque l’expérience nous a enseigné notre propre faiblesse, et donc notre besoin de dépendre du Seigneur, que nous pouvons véritablement être des surveillants à l’égard d’autres. L’âge et l’expérience sont nécessaires pour surveiller le troupeau de Dieu. Moïse a dû passer quarante ans dans le désert pour apprendre sa propre faiblesse et la grandeur de Dieu, avant d’être envoyé, à l’âge de quatre-vingts ans, pour paître le peuple de Dieu.


v. 4 Pour encourager tous ceux qui s’engagent dans ce service béni, nous apprenons que la fidélité dans son accomplissement sera récompensée. C’est un service qui ne mettra probablement pas le serviteur en vue ici-bas, et qui souvent sera peu apprécié par les enfants de Dieu, mais il sera récompensé par « la couronne inflétrissable de gloire » quand le souverain pasteur sera manifesté. L’apôtre a parlé des « souffrances de Christ », et de la gloire qui sera révélée ; c’est pourquoi il laisse entendre que l’esprit de sacrifice, avec la mesure de souffrances que la surveillance du troupeau entraîne nécessairement, sera récompensé par une couronne de gloire. D’autres passages parlent d’une couronne de justice, en réponse à une marche de justice pratique, mais la « gloire » est toujours présentée comme la réponse aux souffrances et au renoncement à soi.


v. 5, 6 Les jeunes gens sont appelés à être soumis aux anciens, et tous doivent être revêtus d’humilité, les uns à l’égard des autres. L’activité de l’orgueil, qui nous conduirait à nous élever et à rechercher une place de prééminence parmi les enfants de Dieu, ruine la vraie communion dans le cercle chrétien. La tolérance de l’orgueil amène des disputes et de la division, alors que l’humilité unit les saints. L’humilité préserve les frères plus âgés de dominer sur le troupeau de Dieu, et maintient les plus jeunes dans la soumission aux anciens.

L’orgueilleux se trouvera immanquablement repris dans les voies gouvernementales de Dieu, car Dieu résiste aux orgueilleux. En prenant une place modeste, les humbles éprouveront le secours de la grâce de Dieu. La chair aime se faire valoir et chercher une place en vue. Tandis que si nous nous humilions sous la puissante main de Dieu, il nous élèvera quand le temps sera venu.


v. 7 Dans le cercle chrétien, Dieu désire que nous soyons libérés des soucis. Ce ne sera possible que si nous rejetons sur lui tout notre souci, dans la conscience bénie qu’Il a soin de nous. Nous pouvons, hélas, manquer dans les soins pastoraux les uns envers les autres mais les compassions de Dieu ne cessent pas ; « elles sont nouvelles chaque matin » (Lament. 3:22, 23). Si les pasteurs ont des défaillances, et que les brebis se sentent négligées, que les uns et les autres trouvent leur réconfort dans ces paroles : « Il a soin de vous ».

10 - Souffrir l’opposition du diable (v. 8-14)

v. 8, 9 L’apôtre aborde une dernière forme de souffrances : celles qui sont dues à l’opposition du diable. Il est l’adversaire et le calomniateur du peuple de Dieu, mais « le Fils de Dieu a été manifesté, afin qu’il détruisît les oeuvres du diable ». Bien que la puissance du diable ait été annulée à la croix, lui-même n’a pas encore été jeté dans l’étang de feu. Tel un lion remuant et rugissant, il continue de « courir çà et là sur la terre… et de s’y promener » (Job 1:7; 2:2). Comme toujours, son but est de détruire. À l’égard des enfants de Dieu, ses efforts tendent à détruire leur foi en Dieu. Pierre peut parler par expérience, car il y a eu un moment où Satan a désiré l’avoir. Il lui a été en effet accordé de cribler Pierre comme le blé, mais il n’a pas pu atteindre sa foi, car le Seigneur avait dit : « J’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas ». Maintenant Pierre peut dire à d’autres que le secret pour résister à Satan réside dans le fait d’être « fermes dans la foi ».

Cette opposition du diable n’est pas exceptionnelle, ni limitée aux croyants d’entre les Juifs. Sous une forme ou une autre, tous les enfants de Dieu sont exposés à ce genre de souffrances tant qu’ils sont « dans le monde ».


v. 10, 11 Quelle que soit l’opposition du diable, nous avons « le Dieu de toute grâce » pour nous soutenir, et la « gloire éternelle » est devant nous. Le diable peut s’opposer, mais la grâce nous a appelés à la gloire par Jésus Christ, et aucune puissance de Satan ne peut contrecarrer l’appel de Dieu. La grâce aboutira infailliblement à la gloire, même si, dans l’intervalle, il se peut que nous ayons à souffrir « pour un peu de temps ».

Par son opposition, le diable peut chercher à détruire la foi des saints. Mais, comme dans le cas de Pierre, Dieu se sert des attaques de Satan pour rendre les siens accomplis, les affermir, les fortifier et les établir. Ainsi ses efforts sont non seulement frustrés, mais ils sont employés pour la bénédiction du croyant et pour la gloire de Dieu. « À lui la gloire et la puissance, aux siècles des siècles ! Amen ».

Tout au long de son épître, l’apôtre présente la gloire comme étant la réponse aux souffrances, quelle que soit la forme que celles-ci revêtent. Au chapitre 1, les souffrances résultant des épreuves permises par Dieu auront une réponse dans la gloire (1:7) ; au chapitre 2, les souffrances par conscience envers Dieu sont liées à la gloire (2:19, 20) ; au chapitre 4, les souffrances pour le nom de Christ auront leur récompense dans le jour de gloire (4:13, 14) ; et dans le dernier chapitre, les souffrances causées par l’opposition du diable ne font que fortifier l’enfant de Dieu en vue de la gloire éternelle.


v. 12,13 Dans la conclusion de son épître, l’apôtre nous rappelle que son but en écrivant cette brève lettre est d’attester la vraie grâce de Dieu dans laquelle sont les croyants. L’apôtre ne connaissait apparemment pas bien Silvain, le porteur de la lettre. Il le recommande pourtant par ces mots : « qui est un frère fidèle ». L’apôtre écrit de Babylone et transmet les salutations d’une soeur bien connue.


v. 14 L’épître se termine par un dernier appel à ce que l’amour caractérise le cercle chrétien, et par le désir que la paix règne parmi eux.