Hamilton Smith
Table des matières abrégée :
2 - Chap.1 — La commission (ou : ordonnance) et son objectif
3 - Chap. 2 et 3 — L’ordre de la Maison de Dieu
4 - Chap.4 — Avertissements contre la chair religieuse et instructions à la piété
5 - Chap.5 — Avertissements contre la mondanité et instructions à la piété
6 - Chap.6 — Avertissements contre l’orgueil de la chair et instructions à la piété
Table des matières détaillée :
2 - Chap.1 — La commission (ou : ordonnance) et son objectif
2.2 - La commission (ou : ordonnance) et son but — 1:3-5
2.3 - Danger de négliger l’ordonnance — 1:6, 7
2.4 - Le bon usage de la loi et la supériorité de la grâce — 1:8-17
2.5 - La commission (ou : ordonnance) spéciale confiée à Timothée — 1:18-20
3 - Chap. 2 et 3 — L’ordre de la Maison de Dieu
3.2 - La Maison de Dieu, un témoin de la grâce de Dieu — 2:5-7
3.3 - La conduite qui convient aux hommes et femmes qui forment la Maison — 2:8-15
3.4 - La surveillance dans l’assemblée de Dieu — 3:1-13
3.5 - Le mystère de la piété — 3:14-16
4 - Chap.4 — Avertissements contre la chair religieuse et instructions à la piété
4.1 - Avertissements contre la chair religieuse ou l’ascétisme — 4:1-5
4.2 - La piété ou la confiance dans le Dieu vivant — 4:6-10
4.3 - Préceptes personnels pour le serviteur du Seigneur — 4:11-16
5 - Chap.5 — Avertissements contre la mondanité et instructions à la piété
5.1 - L’esprit dans lequel on doit s’occuper de ce qui ne va pas — 5:1, 2
5.3 - Les besoins des anciens — 5:17-21
5.4 - Prudence dans l’expression de la communion — 5:22
5.5 - Instructions sur les besoins corporels — 5:23
5.6 - Avertissement contre le fait de juger par les apparences — 5:24, 25
6 - Chap.6 — Avertissements contre l’orgueil de la chair et instructions à la piété
6.1 - Les esclaves chrétiens — 6:1, 2
6.2 - Les professants ignorants, privés de la vérité — 6:3-8
6.3 - Ceux qui rechutent attirés par les richesses du monde — 6:9, 10
6.4 - L’homme de Dieu — 6:11, 12
6.4.1 - 1 Tim. 6:11 — fuir le mal et poursuivre le bien
6.4.2 - 1 Tim. 6:12 — combattre pour la foi, saisir la vie éternelle, faire la belle confession
6.5 - Le parfait Exemple — 6:13-16
6.6 - Les riches dans ce monde — 6:17-19
6.7 - Ceux qui professent une haute science — 6:20, 21
Une lecture attentive de l’Écriture montre nettement que la plupart des épîtres de l’apôtre Paul ont un but surtout correctif, ayant été écrites à cause de désordres graves et d’enseignements erronés qui troublaient les assemblées du début. Cependant certaines épîtres, comme celle aux Éphésiens et la première à Timothée, sont principalement didactiques, dans la mesure où elles présentent l’Église dans l’ordre divin selon la pensée de Dieu.
Chacune de ces épîtres présente l’Église sous un aspect particulier. L’épître aux Éphésiens considère l’Église comme composée de croyants unis ensemble par le Saint-Esprit pour former le corps mystique dont Christ dans le ciel est la Tête (ou : chef) ; l’Église est ainsi présentée dans ses relations célestes selon les conseils de Dieu.
Dans la première épître à Timothée, l’Église est considérée comme composée de croyants « édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu par l’Esprit » (Éph. 2:22). En rapport avec cette grande vérité, l’instruction de l’épître a un double objectif :
Dieu désire que, dans le monde, il Lui soit rendu par le moyen de l’Église un témoignage collectif comme Dieu Sauveur, dans toute Sa sainteté et Sa grâce. Pour rendre ce témoignage, il nous faut connaître l’ordre de la Maison de Dieu et le comportement qui convient à Sa Maison.
L’épître présente donc le propos et l’ordre de la Maison de Dieu
selon la pensée de Dieu
. Elle montre que cet ordre divin doit non
seulement gouverner l’Assemblée, mais avoir aussi son effet sur chaque détail
des vies de ceux qui composent la Maison de Dieu, hommes ou femmes, jeunes ou âgés,
mariés ou célibataires, serviteurs ou maitres, riches ou pauvres.
Dans l’état de ruine de la chrétienté, la vérité de l’épître est largement obscurcie ou ignorée, soit par « individualisme » soit par « sectarisme ». Beaucoup d’âmes sincères, ne voyant guère plus que leur salut individuel, sont indifférentes au fait qu’une fois sauvés, les croyants forment la Maison de Dieu avec tous ses privilèges et toutes ses responsabilités. D’autres, sentant la nécessité de la communion chrétienne, mais manquant de voir ce que Dieu a établi, se sont mis à former des systèmes religieux selon leur propre idée de l’ordre.
Ainsi de différentes façons, on ignore la grande vérité que Dieu a formé Sa Maison en la composant de croyants « édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu par l’Esprit ». La vérité devrait nous conduire, non pas à nous voir simplement comme des individus sauvés, ni à nous efforcer de rassembler les chrétiens dans des systèmes inventés par les hommes, mais à reconnaître notre part dans la Maison que Dieu a déjà formée, et à agir selon cette lumière, tout en refusant tout ce qui est un déni de cette Maison, en principe ou en pratique.
Désirant marcher dans la simple obéissance à la parole de Dieu, nous apprécierons la miséricorde qui nous a conservé, dans cette épître, la pensée de Dieu pour Son Église vue comme la Maison de Dieu. Ce n’est qu’en ayant devant nous la norme de Dieu que nous pourrons chercher intelligemment à répondre à Sa pensée. Il faut connaître la vérité pour s’appuyer dessus ; et ce n’est qu’en étant fondés dans la vérité que nous serons capables de détecter l’erreur et de la refuser.
S’agissant de présenter le comportement qui convient à la Maison de Dieu, l’épître place devant nous de la pratique, plutôt que de la doctrine.
Au ch. 1, l’évangile de la grâce de Dieu est présenté comme le grand témoignage qui doit découler de la Maison de Dieu vers le monde.
Aux ch. 2 et 3, nous sommes instruits sur l’ordre pratique qui convient à la Maison de Dieu, de sorte que tous ceux qui composent la Maison, hommes et femmes, vivent d’une manière qui soit en accord avec l’habitation de Dieu, et que rien ne soit accepté qui gâte le témoignage émanant de la Maison.
Aux ch. 4 à 6, nous sommes mis en garde contre différentes formes de manifestation de la chair, et nous sommes instruits dans la « piété », comme la grande sauvegarde contre tout principe mauvais et contraire à l’ordre de la Maison de Dieu.
L’épître commence par insister sur la doctrine de la grâce (1:3), ainsi que sur un bon état spirituel (1:5), pour que le peuple de Dieu puisse être un témoin de Dieu comme Sauveur.
Ayant en vue la Maison de Dieu comme un témoin du Dieu Sauveur,
l’apôtre se présente comme apôtre de Jésus Christ par le commandement de Dieu notre
Sauveur
, et du Christ Jésus notre espérance
. Il présente ainsi Dieu
comme le Sauveur du monde et Christ comme la seule espérance de l’âme. Sans
Christ nous sommes sans espérance (Éph. 2:12 ; Rom. 15:12).
S’adressant à Timothée comme à son propre enfant dans la foi, l’apôtre
lui souhaite grâce, miséricorde et paix. Mais pensant à lui en tant que
croyant, il fait ce souhait « de la part de Dieu le Père
» et
du Christ Jésus « notre Seigneur
».
À la suite de la salutation, l’apôtre présente le but spécial pour lequel il écrit à Timothée. En premier lieu il écrit pour insister sur la présentation de la doctrine de la grâce ; en second lieu il exhorte pour un bon état spirituel afin d’être un vrai témoin de la grâce.
Sur le plan de la doctrine, sachant que l’apôtre avait travaillé à Éphèse pendant deux ans et trois mois, et qu’il avait annoncé aux saints tout le conseil de Dieu, on aurait pu penser qu’il n’y avait guère de danger que des fausses doctrines soient enseignées parmi eux. Ce n’était pourtant pas le cas, car l’apôtre réalisait qu’il y avait « certaines personnes » prêtes à enseigner « des doctrines étrangères » parmi ceux-là même qui avaient reçu la lumière la plus grande. L’orgueil naturel du cœur pourrait penser qu’avoir beaucoup de lumière est une sauvegarde contre l’erreur. Il est bon d’apprendre par cet exemple de l’assemblée à Éphèse, que le fait qu’un groupe ait été enrichi de la vérité, et ait joui du ministère le plus élevé, n’est pas une garantie contre la fausse doctrine. Timothée devait donc ordonner à certains de ne pas enseigner de doctrine étrangère à la grande doctrine de la grâce de Dieu.
Laissant échapper la vérité, nous en venons à nous occuper de fables et de généalogies interminables qui font appel à la raison, et qui occupent les pensées avec des questions n’édifiant pas dans la piété qui est par la foi, et ne conduisant pas à cette piété. « Les généalogies interminables » plaisent à l’esprit naturel comme à la chair religieuse, car elles excluent Dieu et font grand cas de l’homme. « Les généalogies interminables » supposent que toute bénédiction est un processus de développement qui se transmet d’une génération à l’autre. C’est la raison pour laquelle les Juifs religieux faisaient grand cas de leur généalogie. De même l’homme du monde, avec sa science faussement ainsi nommée, cherche à exclure la foi en un Créateur par des théories spéculatives qui voient toutes choses de la création comme le développement graduel et généalogique de l’une à l’autre. Les spéculations humaines, qui font appel à la raison, ne peuvent que susciter « des questions » laissant l’âme dans les ténèbres et dans le doute. La vérité divine, qui fait appel à la conscience et à la foi, peut seule donner des certitudes et de l’édification dans la piété.
Après avoir averti contre la fausse doctrine, l’apôtre se met à parler du but de sa commission (de son ordonnance). Le but qu’il a en vue est un bon état spirituel qui peut seul nous rendre capable de maintenir la vérité et d’échapper à l’erreur. Nous ne serons gardés que si nous gardons la vérité en liaison avec un amour qui procède « d’un cœur pur, et d’une bonne conscience et d’une foi sincère ». On ne peut maintenir la saine doctrine que si l’on est dans un bon état moral.
L’esprit humain peut soulever et discuter des questions
spéculatives sans avoir un bon état moral de l’âme, car ces questions ne
touchent pas la conscience ni les affections, et n’amènent donc pas l’âme dans
la présence de Dieu. Contrairement aux spéculations humaines, la vérité de Dieu
ne peut être saisie que par la foi. Agissant sur la conscience et sur le cœur,
la vérité conduit à fortifier les relations morales de l’âme avec Dieu. Ainsi
la vérité édifie en conduisant à un amour qui procède d’un cœur pur, d’une
bonne conscience et d’une foi sincère. Exhorter à ces résultats pratiques était
le grand but
de ce qui était ordonné aux croyants d’Éphèse. L’ordonnance
n’était pas d’accomplir quelque grand service ou de faire quelque grand
sacrifice. Il ne s’agissait pas de faire
de grandes choses devant les
hommes, mais d’être
dans un bon état devant Dieu. L’amour dans le cœur,
« une bonne conscience » et « une foi sincère » sont des
qualités que Dieu seul peut voir, même si d’autres peuvent en voir les effets
dans la vie.
Ainsi, dans ces premiers versets, l’apôtre place devant nous l’ordonnance de ne pas enseigner des doctrines étrangères à celle de la grâce, et la nécessité d’un bon état spirituel afin de maintenir la vérité et d’être préservé de l’erreur.
Ayant insisté sur la profonde importance d’un bon état spirituel, l’apôtre, avant de continuer ses instructions, nous avertit dans une parenthèse contre les résultats solennels de l’absence de ces qualités morales.
Certains chrétiens manquaient de ces grandes qualités spirituelles du christianisme. Du fait de ce manque, ils s’étaient détournés de la vérité et tournés vers de vains discours. Le christianisme, fondé sur la grâce de Dieu, amène l’âme, le cœur et la conscience dans la présence de Dieu. Quand cette grâce fait défaut, la chair religieuse se détourne vers des paroles vaines, conduisant les hommes à devenir des « docteurs de la loi ». Ceux-ci ne réalisent ni la portée de leur faux enseignement, ni ne comprennent le bon usage de la loi sur laquelle ils insistent si fortement.
Combien cet avertissement de l’apôtre est une condamnation solennelle de la plupart des enseignements qui émanent des chaires de la chrétienté ! Quand on manque de la vraie grâce du christianisme et de ses effets, la profession chrétienne se détourne vers les vains discours et vers l’enseignement de la loi, avec pour effet que le pur évangile de la grâce de Dieu est rarement proclamé.
L’apôtre condamne pareillement ceux qui se détournent vers les fables de l’imagination humaine, et ceux qui veulent être des docteurs de la loi. Il y a toutefois une grande différence entre les fables humaines et la loi donnée de Dieu. C’est pourquoi, tout en condamnant les docteurs de la loi, l’apôtre prend soin de maintenir la sainteté de la loi. Les fables sont entièrement mauvaises, mais la loi est bonne si on en use légitimement.
L’apôtre explique ensuite le bon usage de la loi. Il affirme que la loi n’est pas faite pour le juste. Elle n’est ni un moyen de bénédiction pour le pécheur, ni une règle de vie pour le croyant. Son usage légitime est de convaincre les pécheurs de leurs péchés, en rendant témoignage au juste jugement de Dieu contre toute sorte de péché.
En outre, les péchés énumérés par l’apôtre, comme tous les autres, ne sont pas seulement condamnés par la loi, mais sont contraires « à la saine doctrine » de l’évangile de la gloire de Dieu. La loi est, à cet égard, entièrement en accord avec l’évangile. Les deux rendent témoignage de la sainteté de Dieu, et pour cette raison ils sont tous les deux intolérants vis-à-vis du péché.
Toutefois, l’évangile de la gloire de Dieu, par la bénédiction qu’il proclame à l’homme, surpasse de loin tout bien que la loi pourrait accomplir. Car l’évangile confié à l’apôtre révèle la grâce de Dieu qui peut bénir le premier des pécheurs.
Cela conduit l’apôtre à déclarer la grâce de l’évangile en l’illustrant par sa propre histoire. La souveraine grâce n’avait pas seulement sauvé l’apôtre, mais après l’avoir sauvé, elle l’avait estimé fidèle et l’avait établi au service de la vérité.
Pour montrer la grandeur sans égale de cette grâce, l’apôtre fait référence à son caractère quand il était encore inconverti. Dans ces jours-là, il était « un blasphémateur, et un persécuteur, et un outrageux ». Il s’était non seulement joint aux sacrificateurs Juifs en résistant au Saint Esprit à Jérusalem, mais il était aussi leur agent actif en portant cette opposition jusque dans des villes étrangères. Il blasphémait le nom de Christ, persécutait les saints de Christ, et étant zélé pour la loi, il était insolemment outrageux dans son attitude envers la grâce.
Tel était l’homme en qui Dieu se plaisait à manifester Sa miséricorde (1:13), Sa grâce (1:14) et Sa patience (1:16). Comme individu il a été l’objet de la miséricorde de Dieu parce que, malgré l’intensité de son opposition à Christ, il avait agi dans l’ignorance et dans l’incrédulité. Il était si ignorant de la vérité et de Christ qu’il pensait honnêtement rendre service à Dieu en cherchant à éradiquer le nom de Christ. Il n’était pas comme quelqu’un qui, après avoir connu la vérité de l’évangile, s’y oppose et le rejette volontairement et délibérément.
Ainsi, dans la miséricorde de Dieu, la grâce de notre Seigneur lui a été révélée comme ayant « surabondé » au-dessus de tout son péché. La découverte du péché de son cœur, et de la grâce du cœur de Christ pour un tel pécheur, a été accompagnée de « la foi et de l’amour » qui ont Christ pour objet.
Après avoir été béni, l’apôtre est devenu un proclamateur de la grâce de Dieu envers un monde de pécheurs, et un exemple de ceux qui croiraient en Jésus-Christ pour la vie éternelle.
Le récit de cette grâce surabondante conduit l’apôtre à éclater en louange au « Roi des siècles, l’incorruptible, invisible, seul Dieu ». Il voulait Lui rendre « honneur et gloire aux siècles des siècles ». Lorsqu’il était zélé pour la loi, Paul était tout simplement un homme du présent siècle, cherchant à maintenir le siècle de la loi. Dieu est le « Roi des siècles » qui agit en grâce souveraine pour Sa propre gloire à travers tous les siècles.
Après avoir montré le bon usage de la loi, et le caractère surabondant de la grâce, l’apôtre reprend le fil de son discours interrompu au verset 5.
Il confie à son enfant Timothée cette ordonnance ou commission dont
il avait déjà parlé aux v. 3 et 5. Timothée devait agir avec toute l’autorité
conférée par l’apôtre, selon des prophéties relatives au service qui lui avait été
dévolu. Accomplir ce service impliquerait des combats. Pour être victorieux
dans ces combats, il fallait garder la foi avec ténacité. La foi dans ce
passage est, comme quelqu’un l’a dit, « la doctrine du christianisme… ce que
Dieu a révélé, qui a été reçu avec certitude comme tel — comme étant la
vérité
» (JND).
En outre, la vérité doit être gardée avec une bonne conscience, de sorte que l’âme soit maintenue en communion avec Dieu. Les hérésies dans lesquelles les croyants tombent, ont très souvent leur racine secrète dans quelque péché non jugé toléré, qui souille la conscience, dérobe à l’âme la communion avec Dieu, et la laisse en proie aux influences de Satan.
Certains en effet, aux jours de l’apôtre, avaient rejeté une bonne conscience et étaient ainsi tombés dans des erreurs qui leur avaient fait faire naufrage quant à la foi. Deux hommes sont nommés, Hyménée et Alexandre, qui avaient écouté Satan et avaient blasphémé. Ils avaient été livrés à Satan par la puissance apostolique. À l’intérieur de la Maison de Dieu, il y avait la protection du Saint Esprit. En dehors de l’Assemblée, il y a le monde sous la puissance de Satan. Il a été permis que ces hommes soient mis sous la puissance de Satan, pour que, par la souffrance et l’angoisse de l’âme, ils apprennent le vrai caractère de la chair et se tournent vers Dieu dans l’humilité et le brisement d’esprit.
Dans cette division de l’épître, l’apôtre présente :
La Maison de Dieu est caractérisée comme un lieu de prière. Les demandes qui montent à Dieu de Sa Maison doivent être marquées par
Dans l’épître aux Éphésiens qui présente la vérité de l’Église dans sa vocation céleste, nous sommes exhortés à prier avec des supplications « pour tous les saints » (Éph. 6:18). Ici en 1 Tim. où l’Église est considérée comme le vase du témoignage de la grâce de Dieu, nous avons à faire des supplications « pour tous les hommes ».
Nous sommes en particulier appelés à prier pour les rois et tous ceux qui sont en situation d’autorité — ceux qui sont en mesure d’influencer le monde en bien ou en mal. Ce n’est pas seulement pour « le roi » ou « notre roi » que nous devons prier, mais pour « les rois ». Cela suppose que nous réalisons nos liens avec le peuple du Seigneur à travers tout le monde comme faisant partie de la Maison de Dieu, et la vraie position de l’Église comme se tenant dans une sainte séparation du monde, et ne participant pas à sa politique ou à son gouvernement. Dans le monde, mais pas du monde, l’Église a le grand privilège de prier, intercéder et rendre grâce en faveur de ceux qui ne prient pas pour eux-mêmes.
L’apôtre donne deux raisons pour prier pour tous les hommes. Tout d’abord (1), la prière pour les rois et ceux en situation d’autorité est demandée à cause du peuple du Seigneur dans le monde entier. Nous devons chercher à ce que la bonté souveraine de Dieu contrôle les gouvernants de ce monde de sorte que les Siens puissent mener « une vie paisible et tranquille en toute piété et gravité » [NdT : JND en anglais traduit par « gravité » ce qu’il a traduit en français par « honnêteté »]. C’est évidemment la pensée de Dieu qu’en passant par ce monde hostile, les Siens
Le prophète Jérémie avait autrefois envoyé une lettre au peuple de Dieu captif à Babylone, les exhortant à rechercher la paix de la ville où ils étaient tenus en servitude, en priant l’Éternel pour elle : car, dit le prophète, « dans sa paix sera votre paix » (Jérémie 29:7). Dans le même esprit, nous devons rechercher la paix du monde, afin que le peuple de Dieu puisse avoir la paix.
Une deuxième raison (2) est ensuite donnée pour les prières du peuple de Dieu en faveur de tous les hommes. Prier pour tous les hommes est « bon et agréable devant Dieu notre Sauveur qui veut que tous les hommes soient sauvés ». Nous devons prier, non seulement en vue du bien de tous les saints, mais aussi en vue de la bénédiction de tous les hommes.
Le monde peut parfois persécuter le peuple de Dieu et chercher à faire venir sur lui toute la haine de son cœur contre Dieu. Si nous ne marchons dans le jugement de nous-mêmes, subir un tel traitement conduit la chair à la rancune et au désir de vengeance. Ici, nous apprenons qu’il est « bon et agréable devant Dieu » d’agir et d’avoir des sentiments envers tous les hommes comme Dieu Lui-même, en amour et en grâce. Nous devons ainsi prier pour « tous les hommes », non pas seulement pour ceux qui gouvernent bien, mais aussi pour ceux qui traitent le peuple de Dieu avec mépris (Luc 6:28). Nous devons prier, non pour que le jugement rétributif atteigne les persécuteurs du peuple de Dieu, mais afin qu’ils soient sauvés par la grâce souveraine.
La Maison de Dieu n’est pas seulement le lieu d’où les prières montent vers Dieu, mais c’est aussi le lieu d’où un témoignage se répand vers les hommes. En temps voulu, Dieu agira en jugement vis-à-vis des méchants, et même maintenant Il agit parfois en gouvernement vis-à-vis de ceux qui s’opposent à la grâce de Dieu et aux serviteurs de Sa grâce, comme Hérode rongé par les vers et Élymas rendu aveugle (Actes 12:23 ; 13:6-11). En outre, Dieu peut aussi, dans des occasions solennelles, agir en jugement gouvernemental à l’égard de ceux qui forment la Maison de Dieu pour maintenir la sainteté de Sa Maison, comme le montre le jugement terrible d’Ananias et Saphira, et plus tard de certains de l’assemblée à Corinthe (Actes 5:1-10 ; 1 Cor. 11:30-32). De tels cas sont toutefois le résultat des voies directes de Dieu. La Maison de Dieu, en tant que telle, doit être un témoignage à Dieu comme le Dieu Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité.
La « volonté » de Dieu, dans ce passage, ne fait pas référence aux conseils de Dieu qui ne manqueront pas de s’accomplir. Elle est l’expression de la disposition de Dieu envers tous. Dieu se présente comme un Dieu Sauveur qui veut que tous soient sauvés. Cependant si des hommes doivent être sauvés, ce ne peut être que par la foi qui reconnait « la vérité ». Cette vérité, la Maison de Dieu en est la « colonne et le soutien » (3:15). Aussi longtemps que l’assemblée est sur la terre, elle est le témoin et le soutien de la vérité. Quand l’assemblée sera enlevée, les hommes tomberont sur le champ dans l’apostasie et seront livrés à une énergie d’erreur.
Deux grandes vérités sont placées devant nous comme la base sur laquelle Dieu agit envers les hommes en grâce souveraine : D’abord, il y a un seul Dieu ; ensuite, il y a un seul Médiateur.
Qu’il y ait un seul Dieu, cela avait été pleinement déclaré avant que Christ vienne. L’unicité de Dieu est la grande vérité fondamentale de l’Ancien Testament. C’était le grand témoignage confié à Israël, comme nous lisons : « Écoute, Israël : L’Éternel, notre Dieu, est un seul Éternel » (Deut. 6:4). C’était le grand témoignage qui devait se répandre d’Israël vers les nations, selon que nous lisons : « Que toutes les nations soient réunies ensemble … qu’ils entendent, et disent : C’est la vérité ! Vous êtes mes témoins, dit l’Éternel, [vous] et mon serviteur que j’ai choisi, afin que vous connaissiez, et que vous me croyiez, et que vous compreniez que moi je suis le Même : avant moi aucun Dieu n’a été formé, et après moi il n’y en aura pas. Moi, moi, je suis l’Éternel, et hors moi il n’y en a point qui sauve » (Ésaïe 43:9-11).
Le christianisme, tout en maintenant la grande vérité qu’il y a un seul Dieu, présente en plus la vérité tout autant importante qu’il y a un seul Médiateur entre Dieu et les hommes. Cette dernière vérité est spécifique au christianisme.
Trois grandes vérités sont présentées comme caractérisant le Médiateur.
D’abord (1), il n’y en a qu’un
. Si Dieu est un (unique), il est
également important de se souvenir de l’unicité du Médiateur. Il y a un seul Médiateur,
et aucun autre. La papauté, et d’autres systèmes religieux corrompus de la
chrétienté, ont renié cette grande vérité, et ont porté atteinte à la gloire du
seul Médiateur, en établissant Marie, la mère du Seigneur, et d’autres hommes
ou femmes canonisés comme médiateurs.
Deuxièmement (2), le seul Médiateur est un homme
, afin
que Dieu puisse être connu des hommes. L’homme ne peut pas s’élever jusqu’à
Dieu ; mais Dieu, dans Son amour, pouvait s’abaisser jusqu’à l’homme.
Quelqu’un a dit : « Il est venu dans les plus basses profondeurs afin
que personne, même le plus misérable, ne puisse sentir que Dieu était près de
lui en bonté, qu’Il était venu à lui ici-bas, Son amour trouvant occasion dans
la misère ; et qu’il n’y avait aucun besoin où Il n’était pas présent,
auquel Il ne pouvait répondre » (JND).
Troisièmement (3), ce Médiateur s’est donné Lui-même en
rançon
pour tous. Pour que Dieu soit proclamé comme Dieu Sauveur qui veut
que tous les hommes soient sauvés, il fallait que Sa sainteté soit revendiquée
et Sa gloire maintenue. Cela a été parfaitement accompli par l’œuvre
propitiatoire de Christ. La majesté, la justice, l’amour, et la vérité de Dieu,
et tout ce qu’Il est, ont été glorifiés dans l’œuvre accomplie par Christ. Il
est la propitiation pour le monde entier. Tout ce qui était nécessaire a été
fait. Son sang est à la disposition du plus vil qui soit. C’est pourquoi l’évangile
pour le monde dit : « que celui qui veut, vienne ». Sous cet
aspect, nous pouvons dire que Christ est mort pour tous, qu’Il s’est donné
Lui-même en rançon pour tous, …un sacrifice pour le péché disponible pour
quiconque vient… Christ « a goûté la mort pour tout ».
Voilà les grandes vérités auxquelles il devait être rendu témoignage au temps voulu : la grâce de Dieu offrant le pardon et le salut à tous sur la base de l’œuvre de Christ, qui s’est donné Lui-même en rançon pour tous. Quand Christ est monté dans la gloire, et que le Saint-Esprit est descendu sur la terre pour habiter au milieu des croyants, et les former ainsi en une Maison de Dieu, le temps propre ou temps voulu était venu. Le témoignage devait se répandre à partir de cette Maison, l’apôtre étant celui utilisé par Dieu pour prêcher la grâce, et pour ouvrir ainsi la porte de la foi aux nations (Actes 14:27). Il peut donc parler de lui-même comme d’un prédicateur, d’un apôtre, et d’un docteur des nations [enseignant les Gentils], dans la foi et dans la vérité.
Nous avons vu dans la première partie du chapitre que la Maison de Dieu est un lieu de prière pour « tous les hommes » (2:1), le témoin de la disposition de Dieu en grâce envers « tous les hommes » (2:4), et le témoin au seul Médiateur, l’homme Christ Jésus, qui s’est donné Lui-même en rançon « pour tous » (2:6).
Si tel est le grand objectif de la Maison de Dieu, il s’ensuit que rien ne doit être toléré dans la Maison de Dieu qui gâterait ce témoignage, de la part tant des hommes que des femmes qui forment la Maison. L’apôtre se met donc à donner des instructions détaillées sur le comportement de chaque catégorie. Ce témoignage à la grâce de Dieu n’envisage pas qu’il y ait un certain nombre de croyants intéressés à rendre un témoignage particulier, et se groupant ensemble pour servir. Ce n’est pas un groupe d’évangélistes se donnant au travail de l’évangile ou au service missionnaire. Tous les saints sont présentés comme ayant un intérêt commun au témoignage qui émane de la Maison de Dieu.
Tout d’abord, l’apôtre parle des hommes en contraste avec les femmes. Les hommes dans la Maison de Dieu doivent être marqués par la prière. L’apôtre parle de prière en public, et en de telles occasions le droit de prier est réservé aux hommes. De plus, l’instruction donnée ne contient aucunement la pensée d’une classe officielle conduisant la prière. La prière en public n’est pas limitée aux anciens, ou à des hommes ayant un don, car la prière n’est jamais considérée dans l’Écriture comme une question de don. Ce sont les hommes qui doivent prier, et la seule restriction est qu’un bon état moral soit maintenu. Ceux qui prient en public doivent être marqués par la sainteté, et leurs prières doivent être sans colère et sans raisonnement. Celui qui est conscient d’un mal non jugé dans sa vie n’est pas en condition de prier. En outre, la prière doit être sans colère. C’est une exhortation qui condamne totalement l’utilisation de la prière pour faire des attaques voilées contre les autres. Derrière ces prières, il y a toujours de la colère ou de la malice. En outre, la prière doit être en simplicité de foi et non pas avec de vains raisonnements d’homme.
Les femmes doivent être marquées par « une tenue décente » [le sens du mot « tenue » étant « la tenue et le costume », le costume étant un signe de la tenue]. Ceci indique clairement que c’est non seulement dans l’habillement, mais aussi dans leur conduite générale, que les femmes doivent être marquées par la pudeur qui se retient de toute inconvenance, et par la « discrétion » qui conduit à veiller à ses paroles et ses voies. Quant à la chevelure que Dieu leur a donnée comme gloire, elles doivent se garder de l’utiliser pour exprimer la vanité naturelle du cœur humain. Les femmes ne doivent pas chercher à attirer l’attention sur elles-mêmes en se parant « d’or, ou de perles, ou d’habillements somptueux ». Les femmes feront bien de se rappeler qu’elles peuvent obéir à ce passage de l’Écriture dans sa lettre, et malgré tout passer à côté de l’esprit de ce passage en faisant parade de quelque habit particulier, attirant ainsi l’attention sur elles-mêmes.
La femme professant craindre Dieu sera marquée, non pas par l’affectation d’une spiritualité supérieure, mais par de « bonnes œuvres ». Leur place dans le christianisme est bienséante et belle : elle se trouve dans ces « bonnes œuvres » dont beaucoup ne peuvent être réalisées que par une femme.
Nous voyons, dans les évangiles, comment des femmes assistaient Christ de leur biens (Luc 8:3). Marie a fait une bonne œuvre à l’égard du Seigneur en oignant Sa tête avec l’huile précieuse (Matthieu 26:7-10). Dorcas faisait de bonnes œuvres en confectionnant des vêtements pour les pauvres (Actes 9:39). Marie, la mère de Jean-Marc, ouvrit sa maison pour que beaucoup s’y rassemblent pour la prière (Actes 12:12). Lydie, dont le Seigneur avait ouvert le cœur, fit une bonne œuvre en ouvrant sa maison aux serviteurs du Seigneur (Actes 16:14-15). Priscilla a fait une bonne œuvre quand, avec son mari, elle aida Apollos à connaitre « plus exactement la voie de Dieu » (Actes 18:26). Phoebe, de Cenchrée, a été « en aide à plusieurs » (Romains 16:2). D’autres passage nous disent que des femmes pieuses peuvent laver les pieds des saints, soulager les affligés, élever des enfants et conduire leur maison. Ici, nous lisons qu’en public la femme doit apprendre dans le silence. Elle ne doit pas usurper l’autorité pour l’exercer sur l’homme.
L’apôtre donne deux raisons pour la soumission de la femme vis-à-vis de l’homme. Tout d’abord, le fait qu’Adam a eu la place de prééminence dans la mesure où il a été formé le premier, Ève ensuite. Une deuxième raison est qu’Adam n’a pas été trompé, mais la femme l’a été. En un sens, Adam a été pire que sa femme, car il a péché sciemment. Néanmoins, la vérité soulignée par l’apôtre est que la femme a montré sa faiblesse en ce qu’elle a été séduite. En effet Adam aurait dû maintenir son autorité et conduire la femme dans l’obéissance. Elle a été séduite dans la faiblesse, a usurpé la place d’autorité, et a conduit l’homme à la désobéissance. La femme chrétienne reconnaît ces choses et veille à garder la place de soumission et de tranquillité.
Ève a souffert à cause de sa transgression, mais la femme
chrétienne trouvera que la miséricorde de Dieu surabonde par rapport à Son
jugement gouvernemental, si elle persévère dans la foi et l’amour et la
sainteté avec modestie. De même que nous avons déjà vu que la persévérance dans
le sain enseignement dépend largement d’un bon état moral (1:5-6), ici aussi nous
voyons que la miséricorde dans le domaine des choses temporelles est liée à un bon
état spirituel.
L’apôtre a parlé de la position relative des hommes et des
femmes, et de la conduite qui leur convient dans la Maison de Dieu. Ceci
prépare la voie à l’instruction concernant la surveillance dans l’Assemblée de
Dieu. L’apôtre dit « si quelqu’un aspire à la surveillance
, il
désire une œuvre bonne ».
Dans le discours de l’apôtre aux anciens d’Éphèse, trois caractéristiques de la surveillance sont placées devant nous :
prendre gardeà eux-mêmes et « à tout le troupeau ». Ils ont à chercher à ce que leur propre marche, et la marche du peuple du Seigneur, soient dignes du Seigneur.
Voilà l’œuvre de surveillance, et l’apôtre en parle comme « d’une œuvre bonne ». Au sujet du témoignage de la grâce de Dieu qui doit se répandre depuis la Maison de Dieu, l’apôtre en a déjà parlé comme étant « bon et agréable devant Dieu » (2:3). Quant aux soins envers ceux qui composent la Maison de Dieu, afin que leur comportement convienne à la Maison, ces soins pour les âmes sont qualifiés d’« œuvre bonne ».
Il est important de rappeler que l’apôtre ne parle pas ici de « dons », mais de fonction (ou : charge, office) locale pour le soin de l’Assemblée. La chrétienté a confondu les dons avec les charges ou offices. Ils sont tout à fait distincts dans l’Écriture. Les dons sont donnés par la Tête montée au ciel, et sont « placés » dans l’assemblée (Éph. 4:8-11 ; 1 Cor. 12:28). L’exercice d’un don ne peut pas être confiné à une assemblée locale. La charge ou office de surveillant est purement locale.
En outre, il n’y a rien, dans l’instruction donnée, quant à une éventuelle ordination d’individus pour ces fonctions. Timothée et Tite étaient autorisés par l’apôtre à établir des anciens (Tite 1:5), mais il n’y a aucune instruction pour que des anciens nomment d’autres anciens, ni pour que l’assemblée choisisse des anciens.
Le fait que ces serviteurs aient été autorisés par l’apôtre à établir des anciens montre qu’au temps de l’apôtre il y avait des assemblées dépourvues de surveillants nommés. Elles manquaient d’anciens dûment établis par manque d’autorité apostolique (directe ou indirecte) pour les établir. Il est donc clair, selon l’Écriture, qu’il ne peut pas y avoir d’anciens officiellement nommés si ce n’est par un apôtre ou par ses délégués. Il apparait donc que l’établissement d’anciens ou l’ordination de ministres [du culte] par un homme n’a pas l’appui de l’Écriture.
Cela n’implique pas qu’en un temps de ruine, le travail de surveillant ne puisse pas être accompli, ni qu’il n’y ait personne propre à effectuer cette tâche. Le travail de surveillant n’a jamais été autant nécessaire qu’aujourd’hui, et ceux qui, scripturairement, sont qualifiés pour ce travail peuvent en toute simplicité servir le peuple du Seigneur dans leur localité ; il est bon que nous les reconnaissions, gardant toujours à l’esprit la force exacte des paroles de l’apôtre quand il dit : « si quelqu’un aspire à la surveillance, il désire une œuvre bonne ». L’apôtre ne parle pas de quelqu’un aspirant à une fonction afin d’occuper une position ou afin d’exercer une autorité, mais il parle du désir d’exercer cette « œuvre bonne ». La chair aime les fonctions, les offices, les positions et l’autorité, mais elle rechigne devant la tâche, devant « l’œuvre ». Quand on a saisi cela, on doit admettre que peu nombreux sont ceux qui ont le désir que l’apôtre considère.
Les qualités qui devraient marquer de telles personnes sont clairement énoncées, et comme quelqu’un a dit « les directions mêmes qui concernent les anciens et les serviteurs (diacres) ne sont pas, pour ainsi dire, simplement pour eux ; elles nous montrent le caractère que Dieu apprécie et qu’Il cherche chez les Siens » (FWG).
Le caractère moral d’un ancien doit être au-dessus de tout reproche (irrépréhensible). Il doit être mari d’une seule femme, ce qui s’appliquait spécialement à ceux issus du paganisme avec sa polygamie. Un homme converti ayant plus d’une femme, bien que ne devant pas être rejeté, était disqualifié pour la surveillance. En outre, un tel homme devait être sobre dans ses jugements, sage dans ses paroles, honorable dans son comportement, et hospitalier (3:2). Il devrait être propre à enseigner, ce qui n’implique pas nécessairement d’avoir un don de docteur, mais plutôt d’être apte à aider les autres dans leurs exercices spirituels (3:2). Il ne devait pas être adonné au vin ou à la violence dans ses actions [non batteur] ; au contraire, il devrait être doux, évitant les disputes [non querelleur] et ne pas être cupide [n’aimant pas l’argent] (3:3).
De plus, il doit aussi être quelqu’un qui conduit bien sa maison, ayant des enfants soumis — des exhortations qui indiquent clairement qu’un surveillant devait être un ancien, non seulement marié et possédant une demeure, mais ayant des enfants.
Il ne doit pas être un novice. Le Seigneur peut utiliser un jeune chrétien pour prêcher à d’autres dès qu’il est converti, mais ce serait évidemment une erreur qu’un tel prenne une place de surveillant ; cela le conduirait probablement à tomber dans la faute du diable. La faute du diable, comme quelqu’un l’a bien dit, c’est de « s’élever à la pensée de sa propre importance » (JND).
Enfin, le surveillant doit avoir un bon témoignage de ceux de dehors, sinon il tombera dans l’opprobre et dans le piège du diable. Le piège de l’ennemi est d’entrainer le croyant dans un comportement douteux devant le monde de sorte qu’il ne peut plus s’occuper d’autres comportements douteux parmi les saints.
L’apôtre nous donne ensuite les qualifications nécessaires pour les diacres ou serviteurs. Le diacre est quelqu’un qui sert. Actes 6 nous apprend que son travail spécial est appelé « le service aux tables » et, selon le contexte, cela consiste à répondre aux besoins corporels et temporels dans l’assemblée, en contraste avec le travail du surveillant qui se rapporte plus spécialement aux besoins spirituels. Néanmoins il n’est pas moins nécessaire que le serviteur ou diacre ait des qualités spirituelles. Ceux choisis pour le travail de diacres dans l’assemblée primitive à Jérusalem, devaient être des hommes « ayant un [bon] témoignage, pleins de l’Esprit Saint et de sagesse » (Actes 6:3). Nous apprenons ici que, comme les surveillants, ils doivent être graves, non doubles en paroles, non adonnés au vin ou à la cupidité.
En outre, ils doivent « garder le mystère de la foi dans une conscience pure ». Maintenir la bonne doctrine ne suffit pas. L’orthodoxie sans une conscience pure indiquerait que la vérité a peu de force sur celui qui la possède, et donc que celui-ci est incapable d’avoir de l’effet sur d’autres.
En outre, les serviteurs ou diacres doivent avoir été éprouvés et démontrés par l’expérience qu’ils sont irréprochables dans leur propre conduite et donc capables de s’occuper de questions auxquelles ils auront forcément à faire face dans leur service.
Leurs épouses doivent aussi être graves, non médisantes, et fidèles en toutes choses. Leur caractère est spécialement visé dans la mesure où le service des diacres, ayant trait aux besoins temporels, il peut donner l’occasion aux femmes de faire du tort, à moins qu’elles ne soient « fidèles en toutes choses ». Comme les surveillants, les serviteurs ou diacres doivent être maris d’une seule femme, et conduisant bien leurs enfants et leurs maisons. Ici aussi, ces exhortations impliquent que le diacre ne soit pas un jeune homme, mais quelqu’un de marié et ayant des enfants, donc un homme d’expérience.
Au cas où on penserait que la fonction de serviteur ou diacre est inférieure à celle de surveillant, l’apôtre déclare spécifiquement que ceux qui ont bien servi acquièrent pour eux-mêmes un bon degré, et une grande hardiesse dans la foi qui est dans le christ Jésus — une vérité, comme cela a souvent été souligné, remarquablement illustrée par l’histoire d’Étienne (Actes 6:1-5, 8-15).
L’apôtre termine cette partie de l’épître en déclarant expressément que sa raison d’écrire « ces choses » est que Timothée sache comment il faut se conduire dans la Maison de Dieu.
Il nous est dit que la Maison de Dieu est « l’Assemblée du Dieu vivant ». Ce n’est plus un bâtiment fait de pierres matérielles, comme au temps de l’Ancien Testament, mais une compagnie de pierres vivantes, des croyants. Elle est formée de tous les croyants vivant sur la terre à un moment donné. Aucune Assemblée locale n’est jamais appelée la Maison de Dieu.
En outre, elle est l’Assemblée du Dieu vivant
. Le Dieu
qui habite au milieu des Siens n’est pas comme les idoles mortes que les gens
adorent, qui ne peuvent ni voir ni entendre. Le fait que notre Dieu soit vivant
est une vérité d’une importance bénie, mais solennelle, et qu’on ne peut pas facilement
oublier. Plus loin l’apôtre nous dit que « si nous travaillons et sommes
dans l’opprobre, c’est parce que nous espérons dans le Dieu vivant »
(4:10). Le Dieu vivant est un Dieu qui se plaît à soutenir et bénir les Siens ;
néanmoins, si la sainteté qui convient à Sa Maison n’est pas maintenue, Dieu
peut rendre manifeste qu’Il est le Dieu vivant dans des voies gouvernementales
solennelles, comme avec Ananias et Saphira, qui ont fait l’expérience de la
vérité de ces paroles : « C’est une chose terrible que de tomber
entre les mains du Dieu vivant » (Héb. 10:31).
Nous apprenons en outre que la Maison de Dieu est la colonne et le soutien de la vérité. La « colonne » présente la pensée de témoignage ; le « soutien » est ce qui supporte. Il n’est pas dit de la Maison de Dieu qu’elle est la vérité, mais elle est la « colonne », ou le témoin de la vérité. Christ sur la terre était « la vérité » (Jean 14:6) ; et nous lisons aussi : « Ta parole est la vérité » (Jean 17:17). Aussi grande que soit sa faillite quant à ses responsabilités, le fait demeure qu’en tant qu’établie de Dieu sur la terre, l’assemblée reste le témoin et le soutien de la vérité. Dieu n’a pas d’autre témoin sur la terre. En un jour de ruine, il peut n’y avoir qu’un petit nombre d’individus faibles qui maintiendront la vérité, tandis que la grande masse professante, défaillante en tant que témoin, sera vomie de la bouche de Christ.
Il est important de rappeler qu’il n’est pas dit que l’Assemblée enseigne la vérité, mais qu’elle a à témoigner de la vérité déjà trouvée dans la parole de Dieu. L’assemblée ne peut pas non plus prétendre avoir l’autorité de décider qu’est-ce qui est la vérité. La parole est la vérité et porte avec elle sa propre autorité.
Du fait que l’Assemblée est la Maison de Dieu — du Dieu vivant —
et le témoin et le soutien de la vérité, combien il est important de savoir comment
nous comporter dans cette Maison de Dieu. En vue de ce comportement pieux, l’apôtre
parle du « mystère de la piété », ou du secret du bon comportement.
Quelqu’un a écrit de ce passage : « Il est souvent cité et interprété
comme s’il parlait du mystère de la Déité, ou du mystère de la personne de
Christ. Mais c’est le mystère de la piété, ou le secret par lequel toute piété
réelle est produite — la source divine de tout ce qui peut être appelé piété
dans l’homme » (JND). Ce mystère de la piété est ce qui est connu par la
piété, mais qui n’est pas encore manifeste pour le monde. Le secret de la piété
réside dans la connaissance de Dieu manifesté dans et à travers la personne
de Christ
. Ainsi, dans ce beau passage, nous avons Christ présenté comme
faisant connaître Dieu aux hommes et aux anges. En Christ, Dieu a été manifesté
en chair : La sainteté absolue de Christ a été vue en ce qu’il a été
justifié dans l’Esprit. Nous sommes justifiés par la mort de Christ : Lui
a été scellé et oint entièrement en dehors de la mort — ce qui est la preuve de
Sa sainteté intrinsèque. Puis, en Christ comme homme, Dieu a été vu des anges.
En Christ, Il a été donné à connaître au monde et a été cru dans le monde ;
enfin, le cœur de Dieu est donné à connaître par la position actuelle de Christ
dans la gloire.
Tout cela est appelé « le mystère de la piété », parce que ces choses ne sont pas connues des non croyants. Ceux-ci peuvent en effet apprécier la conduite extérieure qui découle de la piété, mais le non croyant ne peut pas connaître la source secrète de la piété. Ce secret n’est connu que des personnes pieuses ; et le secret réside dans la connaissance de Dieu, et la connaissance de Dieu leur a été révélée en Christ.
Après nous avoir instruits quant à l’ordre de la Maison de Dieu et au secret de tout bon comportement de la part de ceux qui forment la Maison, l’apôtre, dans le reste de l’épître, nous avertit contre certaines activités charnelles qui sont destructrices d’un bon comportement, et il nous instruit quant à la vraie piété qui seule gardera les fidèles de ces différents maux.
Au ch. 4, l’apôtre avertit plus spécialement contre l’apostasie, et contre la chair religieuse qui se manifeste dans le faux principe de l’ascétisme. Au ch. 5, nous sommes avertis contre la chair mondaine qui se montre dans le libertinage et l’assouvissement. Au ch. 6, nous sommes avertis contre la cupidité de la chair et son amour de l’argent.
La sauvegarde contre ces maux se trouve dans la « piété ». La vérité de la piété a une place prééminente dans cette première épître à Timothée. Le mot est utilisé seize fois dans le Nouveau Testament, dont neuf fois dans cette épître (2:2 ; 3:16 ; 4:7,8 ; 5:4 ; 6:3,5,6,11). La piété est la confiance dans le Dieu vivant et connu qui conduit le croyant à marcher dans une sainte crainte de Dieu au milieu de toutes les circonstances de la vie. Elle reconnait et honore Dieu, et est donc exactement le contraire de la bigoterie qui cherche à s’élever.
Au ch. 4, l’apôtre avertit d’abord contre l’apostasie de certains qui se détournent du christianisme pour une religion de la chair (4:1-5) ; il place ensuite devant nous la vie de piété comme ce qui gardera l’âme des maux de la chair (4:6-10) ; enfin, l’apôtre donne des exhortations personnelles à Timothée qui contiennent des instructions et des directions pour tous les serviteurs du Seigneur (4:11-16).
L’apôtre a terminé la portion précédente de l’épître avec un
beau déploiement de « la foi », en présentant la grande vérité du
christianisme comme étant la manifestation de Dieu en Christ. Maintenant l’Esprit
avertit expressément que dans les derniers temps de la profession chrétienne,
certains se détourneront, ou apostasieront de la foi. Plus loin, l’apôtre nous
avertit que certains, par leur pratique, renieront la foi
(5:8) ;
plusieurs, par cupidité la convoitise, s’égareront de la foi
(6:10) ;
et plusieurs, par la fausse connaissance, s’écarteront de la foi
(6:21).
Ici, il parle d’apostasier de la foi. De toute évidence, l’apôtre ne parle pas de la grande apostasie prédite dans la seconde épître aux Thessaloniciens, qui se réfère à l’apostasie de la chrétienté dans son ensemble après l’enlèvement de l’Église. Dans notre passage, l’apôtre dit « quelques-uns apostasieront », faisant évidemment référence à l’apostasie d’individus durant les derniers jours avant la venue du Seigneur.
Tant que l’Assemblée de Dieu est encore sur la terre, il y aura des gens qui auront un temps professé le christianisme, mais qui abandonneront les grandes vérités cardinales de la foi chrétienne sur la personne de Christ.
Derrière cette apostasie il y a l’influence directe d’esprits séducteurs apportant des doctrines de démons faisant contraste avec la vérité. L’apostat n’est pas simplement quelqu’un qui néglige la vérité, ou qui la rejette. C’est quelqu’un qui, après avoir fait profession de la foi, abandonne délibérément la vérité et adopte un autre credo religieux comme étant supérieur au christianisme. Les démons profèrent des mensonges tout en professant maintenir la vérité. Le diable, nous le savons, « est menteur » (Jean 8:44) ; il séduisit nos premiers parents en disant des mensonges par hypocrisie. Le fait que la vérité n’a pas de puissance sur les âmes de ceux qui apostasient, et le fait qu’ils prêtent attention à des doctrines de démons prouve clairement que leurs consciences sont tellement cautérisées qu’ils ne sont plus capables de faire la distinction entre le bien et le mal. L’apostasie consiste non seulement dans l’abandon de la vérité, mais aussi dans l’adoption de l’erreur — la doctrine de démons.
En lieu et place de la vérité, l’apostat affecte une religion de la chair qui se prétend du plus haut niveau de sainteté. Ils prétendent avoir une pureté extraordinaire en interdisant de se marier, et une grande abnégation en s’abstenant de viandes. En réalité, s’étant détournés de la foi, ils renient Dieu comme notre Sauveur ; et en refusant le mariage et les viandes, ils renient Dieu comme le Créateur. Cela revient à perdre toute vraie piété qui craint Dieu, et le résultat en est la porte ouverte à la licence et au libertinage. Ces esprits séducteurs, flattant l’orgueil de la chair, font miroiter aux hommes la promesse de la plus grande sainteté, pour les conduire finalement à la plus profonde corruption.
La vraie piété s’empare de tout bienfait que Dieu met à notre portée. Le mariage et les viandes sont des grâces que rejettent ceux qui se détournent de la foi, alors qu’elles sont reçues avec reconnaissance par ceux qui croient et connaissent la vérité.
Le monde et ses voies n’ont pas l’approbation de la parole de Dieu pour le croyant ; cependant ces bontés de la nature qui sont disponibles pour tout le monde, sont préservées pour notre bien-être en traversant le monde. Leur usage est sanctifié pour le croyant par la parole de Dieu et la prière. La parole de Dieu régit leur usage, et par la prière le croyant les prend dans la dépendance de Dieu.
L’apôtre a placé devant nous certains dangers contre lesquels l’Esprit nous met expressément en garde. Timothée devait rappeler ces choses aux frères, et ce faisant, il prouverait qu’il était un bon serviteur de Jésus Christ, nourri des paroles de la foi et de la bonne doctrine qu’il avait pleinement comprises. Les esprits séducteurs dont parle le Saint Esprit, cherchaient à exalter l’homme en lui donnant un sentiment d’importance religieuse et de sainteté. Au contraire, le vrai serviteur cherche à exalter Christ en communiquant la vérité.
Pour être un bon serviteur de Jésus Christ, il ne suffit pas de connaitre la vérité et de la tenir ; on a besoin d’en être nourri, et de la suivre pleinement en pratique. Nos âmes doivent être nourries, si nous voulons nourrir d’autres. Nous devons être nourris, non pas simplement de paroles de docteurs, aussi vraies soient-elles, mais « des paroles de la foi » qui nous transmettent « la bonne doctrine » du christianisme ; si on les suit, elles produiront des effets pratiques dans nos vies, nous préservant des maux des derniers temps.
Après nous avoir exhortés à suivre la vérité, l’apôtre nous avertit de refuser tout ce qui est en dehors « des paroles de la foi ». L’imagination des hommes tendra toujours vers ce qui est profane et insensé, ce que l’apôtre appelle avec mépris « les fables de vieilles femmes ». Notre grand exercice devrait être de marcher dans la piété. Nous pouvons placer le service en premier ; mais il y a toujours le grave danger d’être actif dans le service tout en négligeant la piété personnelle. Le bon serviteur s’exerce à la piété pour être « utile au maître, préparé pour toute bonne œuvre » (2 Tim. 2:21). Il peut nous arriver, comme aux Corinthiens, d’être très actifs dans le service et de nous vanter de nos dons, et en même temps d’être très peu spirituels parce qu’on a manqué à s’exercé à la piété.
Pour souligner l’importance de l’exercice spirituel de la piété, l’apôtre le met en contraste avec « l’exercice corporel ». L’allusion est probablement aux jeux publics, comme en 1 Corinthiens 9:24-25 où, parlant des courses publiques, il dit « quiconque combat dans l’arène vit de régime en toutes choses ». Il nous avertit de nouveau dans notre passage qu’un tel exercice de régime n’a qu’un avantage passager ; au mieux il permet d’obtenir « une couronne corruptible », en contraste avec la couronne « incorruptible » que le chrétien a en vue. L’exercice corporel n’est utile qu’à peu de choses, mais l’exercice spirituel de la piété est profitable en toutes choses, étant riche en bénédictions dans cette vie aussi bien que dans celle qui est à venir.
L’apôtre insiste sur l’importance de cet exercice de la piété en
déclarant que « cette parole est certaine et digne de toute acceptation »
(4:9). Or à cause de sa piété, l’apôtre peut dire : « car si nous
travaillons et sommes dans l’opprobre » (4:10). On peut être prêt à travailler
pour être éminent devant les hommes, à travailler pour gagner des acclamations,
à travailler pour s’exalter soi-même. Mais si la piété accompagne notre travail,
il s’ensuivra inévitablement que l’opprobre
accompagnera le travail.
L’apôtre montre alors que la source de la piété est la confiance
en Dieu. Nous espérons dans le Dieu vivant
qui est le conservateur de
tous les hommes, spécialement de ceux qui croient. La piété est cette confiance
individuelle en Dieu qui prend toutes les circonstances de la vie en rapport
avec Dieu. L’homme non régénéré met Dieu en dehors de sa vie ; le croyant
reconnaît Dieu dans tous les détails de la vie, et c’est avec actions de grâces
qu’il reçoit et utilise tous les bienfaits que Dieu met à sa portée sans en abuser.
Ainsi, la piété est l’antidote à toutes les influences mauvaises des derniers
jours, qu’elles soient sous la forme d’ascétisme, d’incitation au célibat et à l’abstention
des viandes (4:3), de négligence de sa propre maison et d’habitudes de vie dans
le plaisir égoïste (5:4-6), ou d’attachement aux avantages mondains et à l’argent
(6:3-10).
Timothée devait ordonner et enseigner ces choses. Comme jeune homme, il devait spécialement se garder de toute arrogance ou orgueil de jeunesse qui ternirait son témoignage et amènerait à ce qu’on le méprise à cause de sa jeunesse. Pour que ses exhortations et ses instructions à d’autres soient efficaces, il devait, dans sa vie, être « un modèle des fidèles, en parole, en conduite, en amour, en foi, en pureté ». Hélas, combien de fois nous ternissons notre témoignage en manquant de présenter ces belles qualités de Christ. Si les vérités que nous enseignons ne touchent pas nos propres vies, comment attendre que notre enseignement touche les autres ?
Si sa propre vie est pure, le serviteur sera à l’aise pour chercher à aider les autres par la lecture, l’exhortation et l’enseignement. La juxtaposition de la lecture avec l’exhortation semble montrer que la « lecture » ne fait pas référence à l’étude personnelle, mais plutôt à la lecture publique de la Bible, qui en ces jours-là était d’une importance toute particulière.
En outre, dans le cas de Timothée, un don pour un ministère lui avait été conféré ; il avait reçu une marque spéciale pour le service par une parole prophétique de la part de Dieu, et le corps des anciens avaient exprimé sa communion avec ce service en lui imposant les mains. On avait déjà vu une telle prophétie et une telle imposition des mains dans le cas de Barnabas et de Saul (Actes 13:2-3). Aussi juste et belle que soit la vie chrétienne d’un serviteur, elle ne lui permet pas de prendre la place officielle de docteur. Pour cela, un don du Seigneur est nécessaire. Dans le cas de Timothée, il pouvait aller de l’avant dans la confiance que ce don avait été conféré par une parole directe de la part de Dieu, et ce don pouvait être exercé dans la conscience qu’il avait la pleine communion des anciens du peuple du Seigneur. Le don avait été donné par prophétie, et par l’imposition des mains de Paul (2 Timothée 1:6). Il n’a pas été donné par l’imposition des mains des anciens, mais avec cette imposition des mains sur Timothée, comme exprimant leur communion avec lui. Ainsi encouragé, il devait se garder de négliger le don par une quelconque timidité naturelle.
Ainsi fortifié et encouragé, Timothée devait se consacrer aux choses du Seigneur, comme dit l’apôtre : « Occupe-toi de ces choses ». Trop souvent, nous nous laissons distraire par d’autres objets que le Seigneur et Ses intérêts ! Il est bon de prendre à cœur le christianisme, et de mettre notre intérêt dans les choses du Seigneur : « sois-y tout entier ». Alors, en effet, nos progrès spirituels seront évidents à tous.
L’apôtre résume son exhortation à Timothée en disant : « Sois attentif à toi-même et à l’enseignement [ou : à la doctrine] ». Insister sur la doctrine tout en négligeant sa propre marche, ou bien faire grand cas de la piété personnelle tout en affirmant que ce que nous maintenons est de peu d’importance, voilà deux pièges dans lesquels beaucoup sont tombés. Les deux sont pareillement fatals à tout vrai témoignage. Ce n’est que dans la mesure où nous prenons garde à nous-mêmes et à la doctrine que nous nous sauverons nous-mêmes, et ceux qui nous écoutent, des maux des derniers temps.
Après avoir mis en garde contre le mal de quelques-uns qui apostasieront du christianisme et adopteront une fausse religion de la chair, l’apôtre nous avertit maintenant contre des maux provenant de la mondanité à l’intérieur du cercle chrétien ; et il enseigne comment s’occuper des besoins du peuple de Dieu de manière à ne rien permettre qui soit une occasion de blâme puis d’entrave au témoignage de la grâce de Dieu devant le monde.
Des occasions peuvent se présenter où il se manifeste dans le cercle chrétien du mal méritant une réprimande. Néanmoins, en administrant la réprimande, il faut reconnaitre ce qui est dû à l’âge et au sexe, et ainsi veiller à ce que la réprimande soit donnée dans un bon esprit. La réprimande peut être juste et n’avoir pourtant aucun effet, voire même causer du tort, si elle a été faite dans un mauvais esprit. Une réprimande juste faite dans un mauvais esprit, c’est simplement répondre à la chair par la chair.
L’âge doit être respecté, même si la réprimande est nécessaire. Un frère âgé ne doit pas être repris rudement, mais exhorté avec toute la déférence qu’un fils doit à son père. Les jeunes hommes ne doivent pas être traités comme quantité négligeable, mais ils doivent être repris avec amour comme des frères, les femmes âgées avec la déférence due à une mère. On doit s’occuper des jeunes femmes « en toute pureté », évitant ainsi la familiarité légère que la nature pourrait adopter.
Ainsi dans toutes nos relations les uns envers les autres, rien dans la manière ne doit être en dépit des convenances ou être une source de scandale.
Nous sommes d’abord enseignés à avoir des égards pour les veuves qui sont « vraiment veuves ». Une « vraie veuve » n’est pas simplement une personne privée de son mari, mais une personne marquée par certaines qualités morales. Qu’elle soit dans le besoin ou non, elle doit être tenue en honneur.
Si une « vraie veuve » est matériellement dans le besoin, ses descendants doivent faire preuve de piété pratique en rendant à leurs parents ce qu’ils en ont reçus, car cela est bon et agréable devant Dieu. Nous retrouvons ici cette piété qui introduit Dieu dans tous les détails de la vie, et cherche à agir de manière à Lui plaire.
L’apôtre nous donne ensuite les beaux caractères d’une
« vraie veuve ». Elle est laissée seule
, sans ressource
humaine ; sa confiance
est en Dieu (« elle a mis son espérance
en Dieu ») et elle est dépendante
de Dieu, car elle
« persévère dans les supplications et dans les prières nuit et jour ».
En contraste avec celle qui est vraiment veuve, l’apôtre met en garde contre celle qui dans la Maison de Dieu se laisserait aller à des habitudes de « vivre dans le plaisir » égoïste. De telles personnes sont mortes en vivant. Nous sommes exhortés à nous tenir pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus (Romains 6:11). Nous ne pouvons pas vivre pour nous-mêmes et pour Dieu en même temps. Si nous vivons pour nous-mêmes, nous sommes vivants au péché, qui est l’iniquité ou la tolérance de notre propre volonté. S’habituer à vivre dans le plaisir égoïste, amène nécessairement la mort spirituelle entre l’âme et Dieu.
De tels avertissements sont nécessaires afin que tous ceux de la Maison de Dieu, marchant dans la piété, soient à la fois agréables à Dieu, et irrépréhensibles devant les hommes.
Pour un chrétien, manquer à prendre soin des siens, et spécialement de ceux de sa propre maison, c’est sombrer en-dessous de ce qui est naturel, et ainsi renier la foi du christianisme qui approuve ces relations naturelles, et nous enseigne à les respecter. Il est donc possible qu’un chrétien se comporte d’une manière « pire qu’un incrédule », s’il agit par la chair.
Il pourrait cependant y avoir dans le cercle chrétien des nécessiteux dépourvus de parenté pour s’occuper d’eux. Ceux-ci doivent être placés sur la liste de ceux dont il est juste que l’assemblée s’occupe. Nous devons toutefois veiller à ne pas utiliser la Maison de Dieu comme une simple institution de secours aux nécessiteux.
En effet la grâce peut, selon l’occasion, venir en aide aux plus délaissés. Ici il est question des critères de convenance pour l’inscription dans une liste de ceux qui reçoivent une assistance régulière de la part de l’assemblée. De telles personnes doivent avoir démontré, par leur vie, leur qualification pour une telle aide. Parmi les personnes en bonne santé, celles susceptibles d’être inscrites sur la liste doivent avoir un âge les rendant normalement inaptes à travailler pour leur subsistance. Elles doivent avoir été femme d’un seul mari, et avoir reçu un témoignage honorable par leurs bonnes œuvres, en ayant élevé des enfants, montré de la bonté envers les étrangers, rafraichi les saints, consolé les affligés, et s’être appliqué à toute bonne œuvre.
L’Écriture montre d’une manière très heureuse tout ce qu’une femme pieuse peut faire qui soit agréable à Dieu et en aide au peuple du Seigneur. Les omissions sont toutefois aussi frappantes que les bonnes œuvres énumérées. Rien n’est dit concernant l’enseignement ou la prédication, ni rien qui mettrait la femme en évidence de manière publique et contraire à l’ordre de la Maison de Dieu.
Les veuves plus jeunes ne doivent pas être mises sur la liste. Pourvoir à l’entretien de celles-ci de la même manière qu’à celles qui sont vraiment veuves, les conduirait à oublier Christ comme leur seul Objet, et n’avoir plus devant elles que le désir de remariage, quitte à se rendre coupable de rejeter leur première foi. Il est ainsi possible, non seulement de perdre son premier amour, mais aussi de rejeter sa première foi, celle du début de notre vie chrétienne, qui faisait de Christ notre grand Objet.
En outre, mettre les veuves plus jeunes sur la liste, ne ferait que les encourager à l’oisiveté, et cela leur deviendrait un piège, l’oisiveté les conduisant à passer de maison en maison, étant « causeuses (ou : commères) et se mêlant de tout ». Une commère répète des histoires et des cancans au détriment des autres ; quelqu’un qui se mêle de tout interfère dans les affaires des autres, exprimant librement ses opinions sur des questions qui ne le regardent pas. Dans les deux cas, il n’y a aucune pensée d’aider les nécessiteux, ni de chercher à redresser ce qui ne va pas, mais plutôt la tolérance de la chair qui aime calomnier. Les commères et ceux qui se mêlent de tout répètent le vrai comme le faux, et dans les deux cas disent « des choses qui ne conviennent pas ». Le prédicateur (l’Ecclésiaste) dit : « Qui va rapportant révèle le secret » (Prov. 20:19) ; et encore « C’est la gloire d’un homme que de s’abstenir des contestations, mais chaque fou s’y engage » (Prov. 20:3). La loi dit : « Tu n’iras pas ça et là médisant parmi ton peuple » (Lév. 19:16). Le christianisme nous met en garde contre le fait d’« aller de maison en maison » commérant et se mêlant de tout.
Ah ! tous les noms ruinés et brisés,
Les flots puants qui ont été brassés
Par un mot dit légèrement,
Par un seul vain mot !
Le jugement de l’apôtre est que les plus jeunes femmes se marient et trouvent leur propre sphère d’activité dans la vie domestique, élevant des enfants et conduisant leur maison. Tous ceux auxquels ces instructions sont adressées, qu’ils soient anciens, ou veuves, ou plus jeunes femmes, tous doivent se souvenir qu’ils font partie de la Maison de Dieu, et que dans cette Maison rien ne doit être permis qui donne occasion à l’adversaire de jeter l’opprobre.
En négligeant ces instructions, quelques-unes s’étaient déjà détournées après Satan. Elles peuvent bien ne pas admettre ni réaliser la gravité de leur conduite ; mais, de toute évidence, avancer dans la négligence ou le laxisme quant à Christ conduit l’âme à être séduite par Satan et à se détourner vers les tentations du diable.
Dans les familles chrétiennes, les veuves doivent être secourues par leur propre famille, ce qui libère l’Assemblée pour aider celles qui sont vraiment veuves
L’apôtre passe aux instructions relatives aux besoins de ceux qui tiennent une position officielle d’anciens, et l’esprit dans lequel toute accusation contre eux doit être traitée.
Le rôle d’anciens était d’être à la tête dans les Assemblées de Dieu. Ils sont responsables de s’assurer du maintien de l’ordre selon Dieu en public et en privé. L’honneur leur était dû ; ceux qui accomplissaient bien leur rôle devaient être estimés dignes d’un double honneur, spécialement ceux qui, en plus du soin des saints, travaillaient dans la parole et dans l’enseignement. En outre, il ne fallait pas oublier leurs besoins temporels. L’Ancien et le Nouveau Testament sont cités tous les deux, faisant pareillement autorité en tant qu’Écriture, pour insister sur notre responsabilité d’aider celui qui travaille (Deut. 25:4 ; Luc 10:7).
L’ancien, en raison de son service, est plus sujet que d’autres à être mal compris et dénigré. Le fait d’avoir parfois à s’occuper des fautes des autres, peut amener à du ressentiment et de la rancune, se traduisant par des accusations méchantes. Il peut y avoir des raisons valables pour des accusations, mais elles ne doivent pas être reçues sans témoins.
Ceux qui pèchent, anciens ou non, et dont les fautes ont été pleinement prouvées par des témoins adéquats, doivent être réprimandés devant tous afin que les autres aient de la crainte. Néanmoins, tout dans la manière de réprimander doit se faire, non pas simplement devant les autres, mais « devant Dieu » dont nous sommes la Maison, et devant le Seigneur Jésus Christ, qui est Fils sur la Maison de Dieu, et devant les anges élus qui sont au service de ceux qui forment la Maison. Ainsi la réprimande doit être sans « préférence » [ou : sans préjugé], laquelle se forme une opinion avant même d’avoir dûment étudié l’ensemble du cas, et sans « partialité » quand on préfère l’un à l’autre.
Dans l’Écriture, imposer les mains à un autre est un signe de communion, plutôt que de transmission d’autorité comme la chrétienté l’enseigne. Une fausse libéralité peut sembler être de la générosité, alors qu’elle étend imprudemment la communion à ceux qui poursuivent une mauvaise voie. Nous pouvons ainsi donner notre consentement au mal et participer aux péchés d’autrui. Nous avons à nous garder purs : cette injonction prouve clairement que nous pouvons être souillés par nos associations.
Les besoins d’un corps faible et souffrant ne doivent pas être
négligés. Timothée devait « user d’un peu de vin » à cause de son
estomac et de ses « fréquentes indispositions ». Timothée n’est pas
blâmé pour ses indispositions, et il n’est pas suggéré que leur fréquence prouvait
un quelconque manque de foi de sa part ; il n’est pas non plus exhorté à
demander à des anciens de lui imposer les mains ou même de prier pour sa
guérison. Il est invité à utiliser un remède ordinaire. Il n’est toutefois
question que « d’un peu
de vin », et cela pour le bien de son estomac
fragile. Le conseil de l’apôtre ne saurait fournir une excuse pour prendre
beaucoup de vin ni pour simplement en boire pour son propre plaisir.
En jugeant nos associations avec d’autres, nous devons nous garder d’être induits en erreur par les apparences. Les péchés de quelques-uns sont tellement manifestes qu’il ne peut y avoir aucun doute quant à leur caractère et à leur condamnation. D’autres peuvent être tout aussi mauvais, et pourtant tromper par une bonne apparence dans la chair. Néanmoins, leurs péchés les suivront pour le jugement.
Cela peut aussi être vrai de ceux en qui la grâce a opéré. Pour certains, leurs bonnes œuvres font savoir de manière évidente leur vrai caractère. D’autres peuvent être également les objets de la grâce, et pourtant leurs œuvres sont moins publiques. En temps voulu, tout viendra à la lumière.
En lisant les instructions et les avertissements de l’apôtre, nous pouvons bien prendre garde à la parole : « Que celui qui croit être debout prenne garde qu’il ne tombe » (1 Cor. 10:12). Il ressort clairement des exhortations de ce chapitre qu’un croyant peut tomber dans un état où il vit pour son plaisir égoïste (5:6) ; il peut agir d’une manière pire qu’un incrédule et renier ainsi la foi (5:8) ; il peut s’élever contre Christ et ainsi rejeter sa première foi (5:11) ; il peut aller de maison en maison en commérant et s’ingérant dans les affaires d’autrui (5:13) ; et il peut se détourner après Satan (5:15).
En outre, en lisant ces instructions, nous apprenons que ceux qui composent la Maison de Dieu doivent chercher à vivre d’une manière bonne et agréable devant Dieu (5:4), irrépréhensible devant les hommes (5:7), ne donnant aucune occasion à l’adversaire (5:14).
L’apôtre nous a avertis contre la chair religieuse qui apostasie de la foi et adopte l’ascétisme (ch.4) ; contre la chair mondaine qui mène à la licence et au plaisir égoïste (ch.5) ; maintenant, dans le dernier chapitre, nous sommes avertis contre l’orgueil de la chair qui convoite l’argent et les avantages mondains. Pour faire face à ces maux, l’apôtre insiste de nouveau sur la piété pratique (6:3, 5, 6, 11).
Au cours de son exhortation, l’apôtre place devant nous l’esclave chrétien (6:1-2) ; l’ignorant orgueilleux qui professe être chrétien (6:3-8) ; ceux qui rechutent, étant attirés par les richesses du monde (6:9-10) ; l’homme de Dieu (6:11-12) ; Christ le parfait exemple (6:13-16) ; les croyants riches dans ce monde (6:17-19) ; et celui qui prétend avoir une haute science (6:20-21).
Le chapitre débute de façon appropriée par des instructions aux esclaves chrétiens. Ils pouvaient vouloir se servir du christianisme pour améliorer leur position sociale. L’institution de l’esclavage est, en effet, tout à fait contraire à l’esprit du christianisme. Néanmoins, le grand but de la Maison de Dieu n’est pas de remettre le monde d’aplomb, ni de faire avancer les intérêts mondains de ceux qui forment la Maison, mais de maintenir la gloire du Nom de Dieu, et de rendre témoignage à la vérité et de la soutenir. L’esclave chrétien devait donc montrer tout honneur à son maître incrédule, afin que rien dans sa conduite ne puisse flétrir le Nom de Celui qui habite dans la Maison, ni renier la vérité que la Maison de Dieu doit maintenir.
L’apôtre donne un avertissement spécial aux esclaves chrétiens ayant un maître croyant. Le fait que le maître soit un frère dans le Seigneur ne devait pas servir à éteindre le respect dû par un serviteur à un maître. Tout manquement à cet égard serait de la part de l’esclave une tentative d’utiliser le christianisme pour élever sa position sociale, cherchant ainsi un avantage personnel mondain.
Dans l’Assemblée, l’esclave et le maître étaient sur un pied d’égalité devant le Seigneur. L’esclave pouvait y être plus éminent que son maître terrestre, en raison de sa spiritualité ou de son don. Les esclaves croyants devaient cependant prendre garde à ne pas être tentés d’abuser des privilèges de l’Assemblée pour justifier une familiarité intempestive à l’égard de leurs maîtres dans les affaires de la vie de tous les jours. Loin donc de se rendre négligents quant à leurs devoirs vis-à-vis des maîtres croyants, ils devaient plutôt leur rendre d’autant plus service qu’ils étaient des fidèles et des bien-aimés, participant aux privilèges chrétiens.
Il est donc clair que le christianisme n’est pas un système pour faire progresser notre position sociale dans ce monde. Il est vrai que le croyant, en traversant ce monde, doit faire le bien, et que la présence d’un chrétien et de sa bonne conduite chrétienne doit avoir des effets bienfaisants. Néanmoins, le grand but de la Maison de Dieu n’est pas d’améliorer le monde, mais de rendre témoignage à la grâce de Dieu pour que des gens soient sauvés hors du monde qui va vers le jugement en dépit de sa civilisation et de ses améliorations sociales.
Dans ces jours du commencement, des gens enseignaient apparemment le contraire. Ils ne voyaient dans le christianisme qu’un moyen de promotion sociale des hommes et des femmes, un moyen de rendre ce monde meilleur et plus brillant. Probablement enseignaient-ils que l’esclave converti, passé sous la seigneurie de Christ, pouvait s’estimer libéré de son maître terrestre. De tels points de vue étaient toutefois contraires aux saines paroles, celles mêmes de notre Seigneur Jésus-Christ, et à la doctrine (l’enseignement) qui est selon la piété.
Ainsi, encore une fois, l’apôtre introduit la piété comme une sauvegarde contre l’abus de nos privilèges chrétiens. La piété marche dans la crainte de Dieu, se confiant dans le Dieu vivant qui est le Conservateur de tous les hommes. Marchant ainsi, nous serons préservés de chercher à utiliser le christianisme simplement comme un moyen d’améliorer notre position mondaine.
Après avoir montré que la piété est la sauvegarde contre l’abus du christianisme, l’apôtre déclare que celui qui enseigne autrement est animé par l’orgueil de la chair. L’orgueil qui met sa confiance en lui-même et qui cherche à maintenir sa propre importance, est totalement opposé à la piété qui met sa confiance en Dieu et cherche Sa gloire.
Derrière cet orgueil il y a l’ignorance des pensées du Seigneur telles que transmises par Ses paroles. Cette ignorance des pensées du Seigneur provient de ce que l’on permet à l’esprit humain de s’occuper de questions interminables soulevées par les hommes et de disputes de mots. Entièrement indifférents à la puissance morale de la foi chrétienne qui opère dans l’âme et qui conduit à la vie de piété, les hommes traitent le christianisme comme s’il était une affaire de « questions et de disputes de mots ».
Ces disputes de mots, au lieu d’affermir la piété, ne font que fournir
l’occasion de manifester les œuvres de la chair. L’orgueil qui cherche à s’exalter
par ces questions sans fin conduit inévitablement à « l’envie »
(ou : la jalousie), car l’homme orgueilleux ne peut souffrir aucun rival.
La chair luttera naturellement contre celui dont elle est jalouse. Ainsi l’envie
conduit aux querelles, et les querelles aux « paroles injurieuses ». Savoir
que des « paroles injurieuses » ont été prononcées provoquera des « mauvais
soupçons » et de nouveau des « disputes » vaines. Voilà la
récolte de mal issue de l’envie. Il n’y a pas de plus grande puissance pour le
mal parmi les saints de Dieu que de laisser l’envie (ou : la jalousie) se
développer dans le cœur. « La fureur est cruelle et la colère déborde,
mais », dit l’Ecclésiaste, « qui subsistera devant la jalousie
? »
C’est l’envie (ou : la jalousie) qui a amené le premier meurtre dans ce monde ;
et c’est l’envie qui a conduit au plus grand meurtre dans ce monde. Pilate
« savait qu’ils l’avaient livré par envie
» (Matt. 27:18).
Hélas, cette envie peut se manifester parmi les vrais membres du peuple de Dieu. Ici l’apôtre la fait remonter à l’orgueil d’un cœur corrompu et privé de la vérité du christianisme. Le motif sous-jacent est le gain terrestre ; par conséquent, ils soutiennent que « le gain » est le but de la piété. En d’autres termes, ils enseignent que le christianisme est simplement un moyen d’améliorer notre condition et d’ajouter à nos avantages mondains. Nous savons d’après l’histoire de Job que cela est vraiment une suggestion du diable. Job était un homme pieux et qui craignait Dieu ; mais Satan demande : « Est-ce pour rien que Job craint Dieu ? » La vile suggestion de Satan est que quelque chose comme la piété selon Dieu n’existe pas, et que si un homme fait profession de piété, ce n’est pas qu’il craint Dieu, ou qu’il se soucie de Dieu, mais c’est simplement qu’il sait que cela paie et qu’il en tirera un avantage mondain. Satan dit à Dieu : « Étends ta main et touche à tout ce qu’il a : [tu verras] s’il ne te maudit pas en face ». L’Éternel permet que cet horrible mensonge du diable soit complètement mis à nu. Satan est autorisé à dépouiller Job de tout ce qu’il a, et la conséquence en est que Satan est dévoilé comme menteur. Au lieu de maudire Dieu, Job se jeta à terre devant l’Éternel, et se prosterna, et dit : « l’Éternel a donné, et l’Éternel a pris ; que le nom de l’Éternel soit béni ! » (Job 1:8-12, 20, 21).
La vérité donc, ainsi que l’expérience du peuple de Dieu,
démontre non seulement que la piété est un gain, mais qu’accompagnée du
contentement qui fait confiance à Dieu, elle est un grand gain
. Nous n’avons
rien apporté dans le monde, et il est évident que nous ne pouvons rien en emporter,
malgré tout ce que nous pouvons acquérir comme biens en traversant le monde. Ayant
de la nourriture et de quoi nous couvrir (l’esclave avait ces choses), soyons
satisfaits.
En contraste avec le contentement de la piété, il y a le tracas
de ceux qui veulent
être riches. La richesse a ses pièges comme l’apôtre
le montre un peu plus loin, mais ce n’est pas nécessairement la possession des
richesses qui ruine l’âme, mais plutôt le désir de devenir riche. Il a été
souligné que ce mot « volonté » ou « veulent » comprend l’idée
d’un but recherché. Le danger est que le croyant, au lieu de se contenter de
gagner sa vie, se propose dans son cœur d’être riche. Alors les richesses
deviennent un objet auquel on tient, à la place du Seigneur. Il vaut mieux pour
nous de nous attacher au Seigneur « de tout notre cœur » (Actes
11:23).
L’apôtre nous met en garde contre les maux qui résultent du désir d’acquérir des richesses. Tous sont tentés, mais celui qui désire être riche tombera dans la tentation et se trouvera pris dans quelque piège caché de l’ennemi. En outre, le désir d’être riche ouvre la voie à des désirs insensés et pernicieux, car il flatte la vanité et l’orgueil de la chair, en servant l’égoïsme et l’ambition. Voilà les choses qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition. Ainsi, ce n’est pas simplement l’argent, mais « l’amour de l’argent » qui est une racine de toutes sortes de maux. Combien il est solennel qu’un croyant puisse se laisser entraîner dans les choses mêmes qui amènent la perdition et la ruine chez les hommes du monde. Même aux jours de l’apôtre certains avaient convoité les richesses, avec pour seul effet de s’égarer de la foi et de se transpercer de beaucoup de douleurs.
En contraste avec celui qui s’égare de la foi, l’apôtre nous présente les caractéristiques de « l’homme de Dieu ». Dans le Nouveau Testament, l’expression « homme de Dieu » ne se trouve que dans les épîtres à Timothée. Ici, elle est expressément appliquée à Timothée ; dans la seconde épître elle est appliquée à tous ceux qui, dans un mauvais jour, marchent dans l’obéissance fidèle à la parole de Dieu (2 Timothée 3:17). Il y a des choses que l’homme de Dieu doit « fuir » ; des choses qu’il est exhorté à « poursuivre » ; des choses pour lesquelles il est appelé à « combattre » ; quelque chose qu’il a à « saisir » ; et quelque chose à « confesser ».
L’homme de Dieu fuira
les convoitises insensées et
pernicieuses dont l’apôtre a parlé. Il ne suffit cependant pas d’éviter le mal ;
il faut poursuivre le bien. Par conséquent, l’homme de Dieu doit poursuivre
« la justice, la piété, la foi, l’amour, la patience, la douceur d’esprit ».
Quelle que soit la manière des autres d’agir, l’homme de Dieu cherchera à
marcher en accord avec ses relations mutuelles avec ses frères : c’est la
justice. Mais cette justice l’un envers l’autre est vécue dans la sainte
crainte qui réalise notre relation avec Dieu, et ce qui est dû à Dieu : c’est
la piété. En outre, l’homme de Dieu poursuivra la foi qui a Christ pour objet,
et « l’amour » qui s’épanche vers ses frères, supportant le mal et
les insultes avec une patience tranquille et avec douceur, au lieu de l’impatience
et du ressentiment.
De plus, l’homme de Dieu ne se contentera pas de fuir le mal et de poursuivre certaines grandes qualités morales. Ces choses sont certes de première importance, mais l’homme de Dieu ne se contente pas de la formation d’un beau caractère individuel, tout en étant indifférent au maintien de la vérité du christianisme. Il réalise que les grandes vérités du christianisme rencontreront l’opposition incessante et mortelle du diable, et il ne reculera pas devant le combat pour la foi.
En outre, en combattant pour la foi, l’homme de Dieu n’oubliera pas la vie éternelle qui, bien qu’il la possède dans toute sa plénitude, se trouve devant lui. Il a à la saisir dans une jouissance présente comme l’espérance qui le soutient.
Enfin, si l’homme de Dieu fuit le mal, poursuit le bien, combat pour la foi et saisit la vie éternelle, il sera quelqu’un qui, dans sa vie, fait une belle confession devant les autres. Il devient un témoin vivant des vérités qu’il professe.
Pour nous encourager à garder cette commission, l’apôtre nous rappelle que nous vivons sous les yeux de celui « qui appelle toutes chose à l’existence ». Ayant fait cela, ne peut-Il pas préserver les Siens, même au travers des pires combats qu’ils rencontrent ? En outre, si nous sommes appelés à la fidélité, n’oublions pas que nous sommes sous le regard de Celui qui a été avant nous en combat ; et en présence de la contradiction des pécheurs, de la jalousie et des insultes, Lui a agi dans une fidélité absolue à Dieu, et Il a maintenu la vérité avec patience et douceur, — Il a ainsi fait une belle confession.
En outre, la fidélité aura sa récompense. C’est pourquoi le commandement est à garder sans tache et irrépréhensible jusqu’à l’apparition de Jésus-Christ (6:14). La gloire de Son apparition apportera avec elle une réponse à toutes les petites fidélités de notre part, comme elle sera aussi la réponse glorieuse à la fidélité parfaite de Christ. En effet, lorsque Celui que les hommes ont injurié, insulté et crucifié, sera manifesté en gloire, il y aura alors une réponse complète à toute Sa fidélité, et aussi un déploiement complet de tout ce que Dieu est. Ce qui est déjà révélé à la foi, sera manifeste à tout le monde, à savoir que, dans la personne de Christ, Dieu est révélé comme :
Ceux qui forment la Maison de Dieu peuvent manquer à témoigner pour Dieu ; l’homme de Dieu peut ne manifester Dieu que dans une mesure ; mais en Christ, il y aura le déploiement complet de Dieu pour Sa gloire éternelle.
L’apôtre a une exhortation particulière pour les croyants qui sont riches dans ce monde. Deux dangers les guettent. Tout d’abord, ceux qui possèdent les richesses ont tendance à prendre des airs hautains, se croyant supérieurs aux autres à cause de leurs richesses. Deuxièmement, ils ont tendance naturellement à se confier dans les richesses, alors qu’elles sont au mieux incertaines.
La sauvegarde contre ces pièges se trouve dans la confiance dans le Dieu vivant qui nous donne toutes choses richement pour en jouir. Aussi riche qu’on soit, on ne peut pas acheter ce que Dieu donne. Aussi pauvre qu’on soit, on peut recevoir et jouir de ce que Dieu donne.
La confiance dans le Dieu vivant qui est le Donateur de tout bien, permettra à l’homme riche de devenir, lui aussi, un donateur. Or Dieu aime celui qui donne joyeusement (2 Cor. 9:7) ; c’est pourquoi les hommes riches sont exhortés à être « prompts à donner » et « libéraux ». En agissant ainsi, ils amasseront un bon trésor en vue de la bénédiction à venir, au lieu de s’amasser des richesses pour le présent siècle. L’homme qui amasse pour l’avenir saisit ce qui est vraiment la vie, en contraste avec la vie de plaisir et d’autosatisfaction égoïste que les richesses terrestres favorisent.
Enfin, nous sommes exhortés à garder « ce qui nous a été confié ». Toute la vérité du christianisme a été donnée aux saints comme un « dépôt » à garder à l’encontre de toute opposition. Ici, nous sommes spécialement mis en garde contre l’opposition des théories d’hommes qui se révèlent être complètement fausses en ce qu’elles soumettent Dieu, Sa création et Sa révélation à l’esprit de l’homme, au lieu de se soumettre à Dieu et à Sa parole. Occupés présomptueusement de leurs théories incrédules, ils ont négligé la foi.