Hamilton Smith (sauf la préface)
Traduit de l’anglais à partir de l’édition en anglais de Believers Bookshelf, 1977
Les sous-titres des chapitres ont été ajoutés par Bibliquest
Table des matières abrégée :
1 - Préface à la seconde édition
3 - Première section (ch. 1 à 3) : L’ouvrier et sa tâche
4 - Deuxième section (ch. 4 à 7) : L’opposition au travail
5 - Troisième section (ch. 7:73b à 10) : L’autorité de la Parole
6 - Quatrième section (ch. 11 à 13) : L’administration de la ville
Table des matières détaillée :
1 - Préface à la seconde édition
2.1.1 - Les différents réveils
2.1.2 - Les instruments de Dieu pour susciter les réveils
2.1.3 - Analogie avec des temps récents
2.1.4 - Les enjeux aujourd’hui
2.1.5 - Résumé-plan du livre de Néhémie
3 - Première section (ch. 1 à 3) : L’ouvrier et sa tâche
3.1 - Ch. 1 : La préparation du serviteur
3.2 - Ch. 2 : La préparation du chemin
3.3 - Ch. 3 : L’exécution du travail
3.3.1 - Portée de la reconstruction
3.3.3 - Ceux qui sont spécialement distingués dans le travail
3.3.4 - Ceux qui se distinguent en mal dans le travail
3.3.5 - Les causes du bon ou du mauvais travail
4 - Deuxième section (ch. 4 à 7) : L’opposition au travail
4.1 - Ch. 4 : Le lion rugissant, ou l’opposition extérieure de l’ennemi
4.2 - Ch. 5 : La corruption de la chair
4.2.2 - Action charnelle suivant un temps de fidélité
4.2.3 - Des classes parmi les frères
4.3 - Ch. 6 : Les ruses du diable
4.4 - Ch. 7 : L’administration de la ville
5 - Troisième section (ch. 7:73b à 10) : L’autorité de la Parole
5.1 - Ch. 7:73b à 8:18 : Rétablissement ou valorisation de la Parole de Dieu devant le peuple
5.2 - Ch. 9 : Le peuple humilié devant Dieu
5.3 - Ch. 9:38 et 10 : L’alliance pour s’obliger à observer la Parole
5.3.1 - Une alliance pour ne pas recommencer les manquements
5.3.2 - L’alliance porte sur l’entretien de la maison
5.3.3 - Alliances précédentes et leur résultat
5.3.4 - Agir selon la dispensation où l’on est
5.3.5 - La cohésion du peuple de Dieu ne peut être maintenue par des formules humaines
6 - Quatrième section (ch. 11 à 13) : L’administration de la ville
6.1 - Ch. 11 : La répartition du peuple
6.1.1 - Un risque de mauvaise usage de la muraille
6.1.2 - La muraille et le maintien de la sainteté de la maison
6.1.3 - Répartition par le sort. La ville spacieuse et grande
6.1.4 - La muraille dans le futur
6.2 - Ch. 12 : La dédicace de la muraille
6.2.1 - Ch. 12:1-26 — Ceux qui s’occupent du service de la maison de Dieu
6.2.2 - La dédicace au moment approprié
6.2.3 - Portée morale de la dédicace
6.2.4 - Répercussion de la bénédiction sur les serviteurs
6.2.5 - Nombre de ceux qui ont participé à la dédicace
6.3 - Ch. 13 : La discipline de la ville
6.3.1 - Ch. 13:1-3 — Influence corruptrice du peuple mélangé
6.3.2 - Ch. 13:4-9 — Un conducteur corrompant la maison de Dieu
6.3.3 - Ch. 13:10-14 — Négligence de la maison de Dieu
6.3.4 - Ch. 13:15-22 — Profanation du sabbat
6.3.5 - Ch. 13:23-31 — Infidélité à l’égard de Dieu
6.3.6 - Fidélité individuelle et fidélité collective. L’alliance
7.1.1 - La maison, la ville, le pays
7.1.2 - Habitation de Dieu ou système religieux sans principes divins
7.1.3 - Résidus, et leur rapport avec la maison de Dieu
7.1.4 - La maison de Dieu et la muraille
7.1.5 - Passages de l’Écriture en rapport avec les temps de ruine
(par R.K. Campbell, février 1977)
Cet ouvrage a été apparemment publié antérieurement à 1930 environ, et a été longtemps épuisé.
Ayant beaucoup profité de ce ministère spirituel, tout à fait de saison, provenant de la plume édifiante du serviteur du Seigneur délogé, Hamilton Smith, nous sommes heureux d’encourager la réimpression de cet ouvrage de valeur. Nous recommandons de tout cœur au peuple de Dieu cet exposé édifiant et concis du livre de Néhémie, à cause de son instruction, de ses directions et de ses encouragements pour des jours de déclin spirituel et de conflit avec les forces du mal.
L’histoire du résidu du peuple de Dieu délivré de la captivité à Babylone, et ramené à la ville de Dieu dans le pays [ou : la terre] de Dieu, est d’un profond intérêt. La foi et le zèle de ce résidu, leurs manquements et leurs réveils, l’œuvre qu’ils ont accomplie, l’opposition qu’ils ont rencontrée, et les difficultés qu’ils ont surmontées, rendent leur histoire riche en instructions pour tout le peuple de Dieu. De plus, cette histoire comporte une instruction particulière pour les quelques-uns qui, dans ces derniers jours, ont été délivrés de la captivité des systèmes religieux des hommes dans lesquels, hélas ! la plupart du peuple de Dieu est encore maintenue en servitude.
L’histoire nous est développée dans les livres d’Esdras et de Néhémie, et les prophéties d’Aggée, Zacharie et Malachie. Au cours de cette histoire, le livre de Néhémie constitue une étape importante, car nous y trouvons le récit du dernier réveil ayant pris place parmi le résidu revenu. Au cours de leur histoire, il y a eu plusieurs réveils, chacun centré sur un but spécial, car avec Dieu, il n’y a pas de simple répétition.
Le premier réveil a eu lieu sous la conduite de Zorobabel, le gouverneur, auquel était associé Joshua le grand sacrificateur. Dans ce réveil, l’autel est rétabli et les fondements de la maison sont posés (Esd. 3).
Le second réveil, 17 ans plus tard, prit place sous le ministère des prophètes Aggée et Zacharie, et il eut pour résultat la reprise de la construction de la maison et son achèvement (Esd. 5).
Le troisième réveil, quelques années plus tard, sous Esdras le sacrificateur, eut pour résultat la remise en vigueur de la loi de la maison de Dieu, et l’insistance sur la sainteté qui convient à la maison de Dieu pour toujours (Esd. 7 à 10).
Le quatrième et dernier réveil, 14 ans plus tard, sous la direction de Néhémie, eut pour résultat la construction de la muraille, la remise en place des portes, et la réaffirmation de l’autorité de la Parole de Dieu.
Nous voyons donc que ce résidu bien faible, sans intervention miraculeuse de Dieu en leur faveur, a été soutenu dans leur position dans le pays de Dieu et dans la ville de Dieu par les réveils successifs que Dieu a opérés en grâce en leur faveur. Et pourtant, malgré toutes les interventions de Dieu, il est profondément solennel d’observer une tendance continuelle à la baisse du niveau spirituel. Les différents réveils arrêtent le mouvement de déclin pour un temps, mais dès que l’énergie qui a suscité le réveil faiblit, la tendance descendante reprend.
En outre, il est instructif d’observer les différents
instruments, ou vases, dont Dieu s’est servi dans Sa sagesse pour susciter ces
différents réveils. Le premier homme que Dieu a utilisé est Zorobabel, le
petit-fils de Jehoïakin, roi d’Israël, un homme de descendance royale
. Puis sans mettre de côté
Zorobabel, Dieu se sert dans le second réveil d’Aggée et Zacharie, deux prophètes
. Après avoir délivré leur
message, ils retournent dans l’obscurité, et l’instrument du troisième réveil
est Esdras le sacrificateur
.
Finalement, le dernier réveil est suscité sous la direction de Néhémie, qui n’était
ni noble, ni prophète, ni sacrificateur, mais un homme ordinaire
du peuple, dont le métier terrestre était d’être
échanson du roi.
Nous pouvons ainsi suivre l’action souveraine de Dieu, choisissant des vases très différents pour des tâches très différentes à des époques différentes ; chaque vase est approprié à la tâche, et la tâche est appropriée à l’époque. Chez ces différents hommes de Dieu, nous voyons d’abord la spiritualité qui reconnaît tous ceux que Dieu suscite pour des services spéciaux, et ensuite la promptitude à laisser la place à d’autres, et à se retirer dans une obscurité relative, une fois leur tâche propre accomplie.
Il n’est guère possible de lire l’histoire de ce résidu revenu et d’observer ses réveils, ainsi que les instruments utilisés et la tâche accomplie, sans voir une analogie frappante avec ceux qui dans ces derniers temps ont été délivrés des grands systèmes babyloniens de la chrétienté dans lesquels l’église a été retenue captive. Car ne voyons-nous pas à nouveau chez ceux qui ont été ainsi libérés, l’histoire de la faillite de l’homme quant à la responsabilité, refrénée à maintes reprises par l’intervention souveraine de Dieu ? Et n’avons-nous pas à reconnaître avec douleur et honte que la tendance de ce résidu (si nous pouvons l’appeler ainsi) a toujours été de décliner vers un état spirituel plus bas ?
En considérant sur un plan général ce mouvement particulier de l’Esprit de Dieu dans ces derniers temps, ne pouvons-nous pas voir que les réveils sont analogues à ceux des jours d’Esdras et de Néhémie ? Dans le réveil du début du 19 ème siècle, Dieu a pris comme instruments des hommes extrêmement doués aux points de vue spirituel et intellectuel, des hommes de grande force de caractère, qui dans tous les domaines de la vie auraient été des meneurs. C’est par de tels hommes que les grandes vérités concernant l’église ont été remises en lumière. Ensuite sont venus au premier plan ceux qui ont donné une immense impulsion à l’étude la vérité prophétique, et par leur ministère, la bienheureuse espérance de la venue de Christ, et toutes les gloires qui s’y rattachent ont été ravivées au sein de l’église. Enfin sont venus au premier plan ceux dont le ministère avait un caractère plus sacerdotal, présentant devant les saints leur appel céleste et le privilège d’avoir accès à Dieu pour Son plaisir, et la nécessité qui s’ensuit d’une sainte séparation d’avec les corruptions de la chrétienté.
Plus récemment, Dieu s’est servi de serviteurs qui n’étaient pas spécialement éminents comme conducteurs, prophètes ou sacrificateurs ; on pouvait peut-être les décrire comme étant des gens ordinaires, comme Néhémie ; dans la plupart des cas, ces serviteurs continuaient à exercer un métier terrestre tout en servant le Seigneur. Leur tâche spéciale, comme Néhémie, était de construire la muraille, de mettre en place les portes, d’affirmer l’autorité de la Parole de Dieu, en d’autres termes de chercher à maintenir toute la lumière et les privilèges qui ont été donnés au peuple de Dieu par le moyen des conducteurs, des prophètes et des sacrificateurs suscités auparavant.
Au fur et à mesure de l’histoire du livre de Néhémie, la nécessité
de murailles et de portes, et leur usage deviendront clairs ; une fois qu’on
l’aura vu, il sera facile de saisir le sens symbolique qu’ils ont pour nous de
nos jours. Il suffit ici de souligner que la muraille et les portes ont été
bâties en rapport avec la maison de Dieu
— la muraille pour exclure de la maison le mal et les personnes
mauvaises ; les portes pour donner libre accès à tout le peuple de Dieu qui
venaient avec intégrité à la maison.
Aujourd’hui le conflit entre ceux qui ont été conduits en dehors des systèmes des hommes ne porte guère sur l’élucidation de la vérité elle-même, mais il est en rapport avec la muraille et les portes par lesquelles la vérité est maintenue. S’il n’y a pas le maintien d’une sainte séparation (dont la muraille est le symbole), et l’exercice de soins pieux vis-à-vis de la discipline et de l’accès aux privilèges de la maison de Dieu (illustré par les portes), alors la vérité retrouvée sera bientôt perdue. Aujourd’hui comme aux jours de Néhémie, se mettre à bâtir la muraille et à mettre en place des portes génère des conflits. Maintenant comme alors, cela suscite une opposition acharnée tant de l’intérieur que de l’extérieur. Maintenant comme alors, tous les arguments possibles sont soulevés pour ne pas maintenir la muraille et les portes. Quand il s’agit de s’opposer aux murailles et aux portes, la chair laxiste n’est jamais plus prompte à argumenter les obligations du service du Seigneur, la liberté du serviteur, l’aide des saints dans les systèmes des hommes, la prédication de l’évangile au pécheur, toutes choses par ailleurs bonnes en elles-mêmes. Et d’un autre côté, notons que la chair légale est tout à fait capable de faire un mauvais usage de la muraille et des portes à des fins sectaires et partisanes.
Le conflit auquel nous avons à faire face aujourd’hui a été subi par d’autres en d’autres temps. C’est pourquoi l’histoire de leurs expériences, l’opposition qu’ils ont rencontrée, les conditions de faiblesse dans lesquelles ils ont travaillé et combattu, les principes qui les ont guidés, leurs triomphes et leurs défaites sont du plus profond intérêt pour nous, et ils sont riches en instruction, en avertissements et en encouragements. En lisant leur histoire, rappelons-nous que « toutes les choses qui ont été écrites auparavant ont été écrites pour notre instruction, afin que, par la patience et par la consolation des écritures, nous ayons espérance » (Rom. 15:4).
Juste avant de commencer l’étude de cette portion de la Parole de Dieu, gardons présent à l’esprit que l’autobiographie de Néhémie est le récit du dernier réveil en rapport avec le résidu du peuple de Dieu rentré de captivité, et qu’il a pris place environ 80 ans après le premier retour, et que l’objet spécial de ce dernier réveil est de reconstruire la muraille et les portes, et d’affirmer l’autorité de la Parole de Dieu.
Les différentes divisions du livre sont manifestes :
Ch. 1 : La préparation du serviteur, ou les exercices secrets par lesquels le serviteur est préparé pour sa tâche.
Ch. 2 : La préparation de son chemin, ou les circonstances par lesquelles le chemin est préparé pour l’exécution de la tâche.
Ch. 3 : L’exécution de la tâche, ou la construction de la muraille et la mise en place des portes.
Dans le premier chapitre, nous avons la description des exercices secrets par lesquels Dieu prépare le vase pour la tâche spéciale qui l’attend. Esdras, l’instrument du réveil précédent, était non seulement un sacrificateur, mais un scribe, un étudiant fort versé dans la Parole de Dieu. Néhémie était plutôt un homme d’affaires pratiques, ayant la responsabilité d’un métier séculier, celui d’échanson du roi dans le palais de Suse. Mais les circonstances aisées du palais, la position lucrative qu’il tenait, et la faveur qu’il avait auprès du roi, n’affaiblissaient pas son intérêt pour le peuple de Dieu et la ville de Jérusalem.
L’un de ses frères étant venu de Jérusalem, avec d’autres, il saisit l’occasion à son arrivée pour s’enquérir de la condition du résidu réchappé et de la ville de Jérusalem.
Il apprend qu’en dépit des réveils précédents, le peuple était dans une grande affliction et dans l’opprobre, et que, quant à Jérusalem, la muraille était en ruine et les portes brûlées par le feu.
Le peuple de Dieu peut en effet être dans l’affliction
par la persécution suscitée par leur témoignage
fidèle ; mais il peut aussi être dans l’opprobre
pour le nom de Dieu. Dans ce cas là, cela est bien pour
eux, car le Seigneur peut dire : « Vous êtes bienheureux quand on vous injuriera, et qu’on vous persécutera… à
cause de moi » (Matt. 5:11). Un apôtre peut aussi écrire : « Si
vous êtes insultés pour le nom de Christ, vous êtes bienheureux » (1
Pierre 4:14). Mais, hélas ! ils peuvent être dans l’affliction à cause de
leur bas état moral, et dans l’opprobre vis-à-vis du monde à cause des
inconséquences de leur marche et de leurs voies. Tel était le cas aux jours de
Néhémie, et le témoignage en était rendu par la muraille de Jérusalem qui était
« en ruine » et ses portes « brûlées par le feu ». Les
désolations de Jérusalem étaient le résultat, et donc la preuve, du bas état du
peuple.
La muraille symbolise le maintien de la séparation du mal ; la porte figure l’exercice du soin pieux dans la réception et la discipline. Dans tous les âges, le laisser-aller dans les associations et le laxisme dans la discipline parmi le peuple de Dieu sont des indicateurs certains du bas état moral.
Il ne peut pas y avoir de prospérité spirituelle parmi le peuple de Dieu si la séparation n’est pas maintenue entre eux et le monde, que ce soit un monde de paganisme religieux comme aux jours de Néhémie, le monde corrompu du judaïsme aux jours des disciples ou le monde corrompu de la chrétienté aujourd’hui.
Telle était la condition
misérable du résidu de retour. Ils étaient dans l’affliction et dans l’opprobre.
Mais le temps était venu pour Dieu d’accorder un réveil, et la manière adoptée
par Dieu pour l’accomplir mérite d’être notée. Dieu commence un grand travail
au moyen d’un seul homme, et d’un homme au cœur
brisé et sur ses genoux
. Nous lisons en effet que Néhémie pleura, et mena
deuil plusieurs jours, et jeûna, et pria le Dieu des cieux (1:4). Ses larmes
étaient le signe extérieur d’un cœur brisé. Qu’il menât deuil témoignait
combien il entrait véritablement dans l’affliction du peuple de Dieu. Son jeûne
prouvait que le fer était entré dans son âme au point d’oublier et de mettre de
côté les aises de la vie. Mais tous les exercices de cet homme au cœur brisé trouvaient
un exutoire dans la prière. Il savait la puissance de cette parole prononcée bien
plus tard par Jacques (5:13) : « Si quelqu’un est maltraité
[ou : est dans l’affliction], qu’il prie ».
Dans cette prière, Néhémie justifie Dieu, confesse les péchés du peuple, et intercède pour le peuple.
Néhémie justifie
d’abord le caractère et les
voies de Dieu. L’Éternel est le « Dieu des cieux, le Dieu grand et
terrible », et de plus, Il est le Dieu fidèle qui « garde l’alliance
et la bonté envers ceux qui l’aiment et qui gardent ses commandements »
(1:5).
Ensuite il confesse
les péchés des fils d’Israël ;
et en le faisant, il s’identifie avec eux, en parlant « des péchés des
fils d’Israël, que nous avons commis contre toi ; moi aussi et la maison
de mon père, nous avons péché » (1:6). Au lieu d’aimer l’Éternel et de
garder Ses commandements, il dit : « Nous avons péché. Nous avons
très mal agi contre toi, et nous n’avons pas gardé les commandements et les
statuts et les ordonnances que tu as commandés à ton serviteur Moïse ». C’est
pourquoi ils avaient perdu tout droit à revendiquer la miséricorde de Dieu sur
un terrain d’obéissance (1:6-7).
En troisième lieu, ayant
justifié Dieu, et confessé les péchés du peuple, il se met à intercéder pour le
peuple, et avec la hardiesse de la foi, il se sert de quatre arguments
différents dans son intercession. Le premier argument (1:9) est la fidélité de Dieu à Sa propre parole
. Il
vient de reconnaître qu’ils n’ont pas gardé les commandements donnés par Dieu à
Moïse, mais Dieu avait donné quelque chose d’autre à Moïse. Outre les préceptes
de la loi, il y avait les promesses de la loi, et Néhémie demande à Dieu de se
souvenir de la parole de promesse donnée par le moyen de Moïse, dans laquelle
Dieu avait dit que si le peuple agissait infidèlement, Dieu les
disperserait ; mais que s’ils se repentaient, Dieu les rassembleraient, et
les ramènerait au lieu choisi par l’Éternel pour y faire demeurer Son nom.
Néhémie avance alors un second argument (1:10a) ; le peuple pour lequel il
plaide, ce sont les serviteurs de Dieu et
le peuple de Dieu
. En outre un troisième argument (1:10b) est que non
seulement ils sont le peuple de Dieu, mais ils le sont comme fruit de l’œuvre
de rédemption de Dieu. Enfin (1:11) il termine son intercession en s’identifiant
à tous ceux qui craignent le nom de Dieu, et qui font appel à la miséricorde de Dieu
.
Ayant ainsi justifié Dieu et confessé le péché du peuple, il intercède auprès de Dieu en plaidant pour le peuple, mettant en avant la parole de Dieu, le peuple de Dieu, l’œuvre de Dieu en rédemption et la miséricorde de Dieu.
Au ch. 1 nous avons vu les exercices secrets par lequel le vase est rendu propre à la tâche spéciale qui l’attend. Nous allons maintenant voir la bonne main de Dieu dans la préparation du chemin de Son serviteur.
Avant de recevoir une réponse à sa prière, Néhémie doit attendre environ 4 mois. Les hommes de Dieu doivent non seulement prier, mais veiller pour prier. Dieu écoute et Dieu répond, mais ce sera en Son temps et à Sa manière. Et la réponse de Dieu vient souvent d’une manière et à un moment auxquels on ne s’attend guère.
Néhémie poursuivait ses tâches journalières comme échanson du roi quand l’opportunité lui est donnée d’ouvrir son cœur à son maître royal. Saisissant l’occasion, il dit au roi que sa tristesse de visage est le reflet de la douleur de son cœur, car il dit : « la ville, le lieu des sépulcres de mes pères, est dévastée, et ses portes sont consumées par le feu » (2:3). Le roi apparemment intéressé réplique sur le champ « Que demandes-tu ? »
Ceci met au jour un bel aspect du caractère de Néhémie : sa dépendance habituelle de Dieu. Après 4 mois d’exercice devant Dieu, Néhémie savait avec certitude ce qu’il désirait ; néanmoins, avant d’exprimer son désir, il nous dit qu’il pria le Dieu des cieux (2:4). Il répondit ensuite au roi terrestre, et demanda d’être envoyé à Jérusalem pour construire la muraille. Le roi lui répond en lui accordant sa requête ; il lui fixe une durée, et lui donne des lettres pour les gouverneurs et pour le gardien de la forêt du roi pour qu’ils lui apportent de l’aide dans son travail. Néhémie reconnut instantanément que l’acquiescement rapide du roi était le résultat de la bonne main de Dieu. Avant de faire sa requête, Néhémie s’était tourné vers Dieu, et maintenant que sa requête est accordée, il reconnaît la bonne main de Dieu. On peut penser à se tourner vers Dieu en face des difficultés, et oublier de reconnaître la bonté de Dieu quand elles sont surmontées. C’est bien d’entrer dans les difficultés avec un esprit de prière, et d’en sortir avec un esprit de louange.
Les détails du voyage de Néhémie à Jérusalem sont ensuite donnés. Il est accompagné par des chefs de l’armée du roi et par des cavaliers. Il est dit expressément que le roi les avait envoyé, non pas que Néhémie les ait demandés. Néhémie voyageait en tant qu’échanson du roi, et le roi pensait probablement plus à sa dignité qu’à la sécurité de Néhémie. Quoi qu’il en soit, Dieu peut tout à fait se servir de la dignité d’un roi et des exigences de la royauté pour garantir le bien-être de Ses serviteurs. Il est évident que les circonstances requéraient une certaine protection, car il est dit immédiatement que les ennemis du peuple de Dieu furent très mécontents que quelqu’un soit venu pour chercher le bien du peuple de Dieu (2:9-10).
Il vaut la peine de noter que, vers la fin des dispensations, il y a de moins en moins d’interventions publiques de la part de Dieu. 600000 personnes d’Israël firent le voyage d’Égypte en Canaan accompagnées par la nuée de jour, et par une colonne de feu la nuit ; et chaque étape de ce prodigieux voyage était marquée par les interventions miraculeuses de Dieu. On est bien loin de cela aux jours de Zorobabel, Esdras et Néhémie. Eux aussi firent plusieurs voyages dans le désert depuis leur pays de captivité jusqu’au pays de l’Éternel, mais aucune nuée visible ne leur servit de couverture protectrice de jour, et aucune colonne de feu n’éclaira leur chemin de nuit. Ils devaient se contenter des moyens ordinaires de transport de ce temps-là et de ce pays-là. En outre, plus la période est tardive, plus les circonstances extérieures sont entourées de faiblesse. Zorobabel est à la tête d’une belle compagnie de 42000 personnes ; avec Esdras il n’y a plus que 1800 personnes, et Néhémie doit se contenter de voyager seul. En son jour, ceux qui échappaient à la captivité n’étaient que des individus isolés. Pourtant, en l’absence d’intervention extérieure et directe de la part de Dieu, et dans des circonstances marquées par la faiblesse, l’exercice de foi n’en était que plus grand. C’est pourquoi nous voyons la foi briller avec d’autant plus d’éclat que le jour est plus sombre.
Arrivé à Jérusalem, Néhémie tarde trois jours. Une tâche grande et sérieuse l’attend, et il veut agir sans précipitation, sans montrer une hâte indue. Il va rendre témoignage à la détresse du peuple de Dieu et à la condition de ruine de Jérusalem. Il va pousser le peuple de Dieu à agir, et il va les diriger dans leur travail. Mais il faut premièrement qu’il soit témoin pour lui-même des désolations contre lesquelles il veut rendre témoignage, de manière à pouvoir le faire dans l’esprit du Serviteur qui disait plus tard : « Nous disons ce que nous connaissons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu » (Jean 3:11).
Il arriva donc que Néhémie se leva de nuit, avec quelques hommes, sans informer autrui de ce que Dieu lui avait mis à cœur de faire, et il va son chemin vers la porte de la vallée, et en différents points, il « considère les murailles de Jérusalem qui étaient en ruine », et les portes consumées par le feu. Il veut acquérir une connaissance personnelle de l’étendue de la ruine. Il continue ce voyage nocturne jusqu’au moment où il devient impossible de passer. En face d’une telle désolation, le cœur naturel aurait bien pu conclure qu’il se trouvait devant un cas désespéré, et qu’y porter remède dépassait les capacités humaines. Pour l’homme en tant que tel, c’était effectivement un cas sans espoir, mais Dieu avait mis dans le cœur de Néhémie d’entreprendre ce travail, et Dieu peut rendre un homme capable d’exécuter la tâche qu’Il lui met à cœur de faire. C’est l’assurance que Dieu lui a donné ce travail à faire qui est le secret de la puissance de Néhémie. Il n’a pas besoin de consulter qui que ce soit sur le travail que Dieu lui a donné à faire. Les conseils des hommes n’ajoutaient rien à Dieu, mais ils étaient par contre bien capables d’affaiblir et décourager Néhémie. Les hommes lui auraient probablement dit qu’il était plus sage de ne pas se mêler de cette affaire, qu’il ne ferait que se décourager en voyant les ruines, et qu’il allait susciter du trouble parmi le peuple de Dieu, et de l’opposition contre eux en essayant de rebâtir la muraille. C’est la raison pour laquelle Néhémie fit son tour d’inspection de nuit et en secret, pour se mettre au courant lui-même des désolations de Jérusalem, et aucun chef ni personne du peuple ne sut où il allait ni ce qu’il fit.
Après avoir fait cette inspection, le moment arrive de parler aux anciens. Il rend témoignage à la détresse du peuple, et aux désolations de Jérusalem avec ses murailles dévastées et ses portes brûlées par le feu, et il les encourage à se lever et à construire la muraille afin que l’opprobre fût ôtée de dessus le peuple.
En outre Néhémie leur dit que la bonne main de Dieu était sur lui. La main de Dieu en gouvernement s’était servi de Nébucadnetsar pour démolir la muraille et brûler les portes, et maintenant la main de Dieu en bonté était sur Néhémie pour construire la muraille, et mettre en place les portes. Ayant entendu parler de la main de Dieu, les chefs disent « levons-nous et bâtissons ». « Et ils fortifièrent leurs mains pour bien faire ». Rien ne fortifie autant nos mains pour bien faire que de reconnaître que la main de Dieu a dirigé le travail. Dieu a mis au cœur d’un homme de faire le travail, et maintenant Dieu fortifie leurs mains pour l’exécuter.
Mais, hélas ! il y en a d’autres qui sont prompts à s’opposer à la construction de la muraille, et ceux-là traitent Néhémie et ses compagnons avec moqueries et mépris. Le chef de cette opposition n’est pas un païen, mais un samaritain (4:1, 2), une religion qui était un mélange corrompu d’idolâtrie et de culte de l’Éternel. Aux yeux du monde, sa profession le faisait considérer sans doute comme un vrai adorateur de l’Éternel, mais Néhémie ne s’y trompe pas, car il dit : « vous n’avez ni part, ni droit, ni souvenir à Jérusalem » (2:20).
Il en est maintenant comme alors ; la plus grande opposition au maintien de la séparation entre le monde et le peuple de Dieu provient de la chrétienté professante qui a fait alliance avec les ennemis du peuple de Dieu.
Cependant Néhémie n’est pas homme à se laisser détourner de l’accomplissement de l’œuvre de Dieu par la moquerie, ni à se laisser dissuader par le mépris des hommes. Néhémie réalise que si les hommes du monde s’opposent, le Dieu des cieux veut faire prospérer l’œuvre (2:20).
De nos jours aussi, ne pouvons-nous pas dire que malgré les ruines et les désolations parmi le peuple de Dieu, et malgré toute l’opposition, ceux qui cherchent à construire la muraille et à mettre en place les portes pour le maintien de la sainteté de la maison de Dieu, auront le Dieu des cieux pour les faire prospérer.
Le serviteur a été préparé, son chemin a été rendu clair, et maintenant nous avons le récit du travail. Comme nous l’avons vu, ce travail spécial doit produire un réveil au milieu de ce résidu de retour, en reconstruisant la muraille de Jérusalem et en mettant en place les portes.
Reconstruire la muraille et mettre en place les portes correspond de nos jours à maintenir la sainteté de la maison de Dieu par la séparation d’avec l’iniquité et les vases à déshonneur (2 Tim. 2:19-21), et à veiller soigneusement à donner libre accès aux privilèges de la maison de Dieu à tout le peuple de Dieu qui vient dans l’intégrité. Ce soin pieux peut en effet, certaines fois, impliquer une action en discipline dont la porte est souvent le symbole dans l’Ancien Testament.
Les détails relatés sur le travail aux jours de Néhémie sont riches d’instruction pour ceux qui, de nos jours, désirent répondre à la pensée de Dieu pour Son peuple quant à la séparation du mal et au maintien de la sainteté.
Il faut d’abord noter que, du plus grand au plus petit, tous étaient unis pour ce travail particulier. Les sacrificateurs, les nobles et les gens ordinaires étaient d’une même pensée pour construire la muraille et mettre en place les portes. Ceux qui sont engagés dans l’œuvre peuvent occuper des positions sociales fort variées, certains étant des « nobles » et d’autres des gens « du commun ». Leurs métiers normaux peuvent être très différents, certains sont orfèvres, d’autres parfumeurs, d’autres commerçants (3:8, 31, 32).
Leur travail individuel dans le service du Seigneur peut être très différent, certains étant sacrificateurs, et d’autres lévites. Mais quelle que soit leur position sociale, leur métier normal ou leur service spécial pour le Seigneur, tous étaient d’une même pensée et n’avaient qu’un but en construisant la muraille et en mettant en place les portes, et par cette unanimité, comme quelqu’un l’a dit, « ils confessaient leur besoin de séparation des nations qui les entouraient, et ils prenaient des mesures pour assurer cette séparation ».
Et pour ceux d’aujourd’hui qui ont été délivrés des systèmes corrompus des hommes pour maintenir la vérité de la maison de Dieu, il y aura un renouveau de bénédiction si, conduits par l’Esprit de Dieu et dans l’obéissance à la Parole de Dieu, ils sont unis pour chercher à maintenir la séparation d’avec la corruption religieuse de la chrétienté, et s’ils prennent des mesures pour l’assurer au moyen de murailles et de portes.
Cette unité de pensée et d’activité en vue d’un tel but est une marque sûre d’un travail de l’Esprit de Dieu. Et ceci étant, le Seigneur fait voir Son approbation spéciale en inscrivant les noms et les familles engagées dans un tâche qui concerne si hautement l’honneur de Son nom et la bénédiction de Son peuple.
Si tous ceux qui sont engagés dans ce travail ont une mention
honorable, il faut quand même noter que certains sont distingués
par un travail au-dessus des autres. Non seulement Baruc
(3:20) répara la muraille, mais il le fit « avec zèle ».
Certains sont distingués par la quantité
de travail. Non seulement « Hanun et les habitants de
Zanoakh » mirent en place « la porte de la vallée », mais ils
firent « 1000 coudées de muraille » (3:13). Non seulement les
Thekohites réparèrent une portion de muraille, à la suite du travail de Tsadok
(3:5), mais on voit plus loin qu’ils réparèrent « une seconde portion »
(3:27). D’autres aussi « réparèrent une seconde portion » (3:11, 19,
30).
D’autres sont distingués pour la qualité
de leur travail, car Dieu fait une différence entre la quantité
et la qualité. La quantité de travail faite par Eliashib et ses frères (3:1)
dépasse celle des fils de Senaa (3:3), car tandis que la famille sacerdotale
bâtit une porte et apparemment une portion considérable de muraille, les fils
de Senaa ne font qu’une porte. Pourtant la qualité du travail des fils de Senaa
dépasse celle du grand sacrificateur et de ses frères, car non seulement ils
bâtissent la porte, mais ils en font la charpente, et en assurent la sécurité par
des verrous et des barres. De tels détails ne sont pas mentionnés en rapport
avec la porte du grand sacrificateur.
Certains sont distingués par leur fidélité personnelle
dans le travail. Ils construisent vis-à-vis de
leur maison (3:10, 23, 28, 29). Dieu souligne donc par une approbation spéciale
ceux qui ont le soin de maintenir la séparation à l’intérieur de leur sphère de
responsabilité.
Une famille est distinguée par le travail des filles. Shallum,
un chef, répara la muraille, « lui et ses filles » (3:12). Ce fut un
travail dans lequel les femmes
pouvaient bien s’engager, et recevoir une mention honorable pour l’avoir fait
(3:12).
Mais si le Seigneur met le sceau de Son approbation sur le
travail de ces différents ouvriers, il y a certains points que le Seigneur
désapprouve, et qui sont enregistrés à titre d’avertissement. Les principaux
des Thekohites ne plièrent pas leur cou au service de leur Seigneur. Le cou
raide qui ne veut pas se courber nous parle de l’orgueil
qui gouverne le cœur. Ils se retirent d’un chemin qui ne
fait aucun cas de l’homme et de son importance personnelle. Il en est toujours
ainsi, ceux qui ont bien leur place dans le monde religieux, ne sont pas
soigneux pour maintenir la muraille de séparation.
Il est dit ensuite, avec des détails minutieux, que d’autres ont bâti devant la maison d’Eliashib, l’un bâtissant jusqu’à la porte de sa maison, et l’autre continuant le travail à partir de sa porte (3:20, 21). Le grand sacrificateur était indifférent à sa propre maison, et ne mit ni verrous ni barres pour sécuriser la porte qu’il avait bâtie. Quant à lui-même, il laissait sa maison et sa porte exposées à l’ennemi.
Or pour toutes ces distinctions, ces approbations et ces désapprobations, il y a des causes et des raisons dans les vies de ceux qui sont approuvés ou désapprouvés ; elles n’apparaissent pas sur le champ, mais elles finissent par se révéler, tôt ou tard. Car quelle que soit la bonté de Dieu pour le peuple, Son gouvernement suit son cours sûr et irrévocable. Il y a toujours une raison à la racine des actions des hommes, même si la cause et les effets peuvent être largement disjoints. Il y a une raison pour l’omission importante des verrous et des barres à la porte d’Eliashib, et l’histoire en est racontée peu après, pour notre profit. Nous apprendrons qu’Eliashib le sacrificateur était allié de Tobija l’Ammonite et de Sanballat le Horonite. Sa propre maison n’étant pas en ordre, il ne pouvait bâtir la muraille vis-à-vis. De plus il avait préparé une grande chambre pour Tobija dans la maison de Dieu, aussi n’y a-t-il rien d’étonnant à ce qu’il n’ait mis ni verrou ni barres à sa porte, car il est évident que s’il aménageait une chambre à l’intérieur pour l’ennemi du dehors, il fallait bien laisser une voie libre pour que l’ennemi ait accès à la chambre. C’est ainsi qu’il arriva qu’Eliashib qui aurait dû marcher dans la paix et la droiture, devient une source d’achoppement et de corruption (Mal. 2:6). Il fait profession de séparation en construisant la porte et la muraille, pour rester en harmonie avec un peuple séparé, mais il veille à ne mettre ni verrou ni barre à sa porte pour rester en harmonie avec l’homme de la religion corrompue et mélangée de Samarie, et il ouvre l’accès vers le peuple de Dieu à un tel individu.
Hélas ! parmi ceux qui ont été délivrés des systèmes des hommes dans ces derniers jours, il n’a pas manqué de meneurs qui ont fait une profession correcte de maintenir la muraille et les portes, et qui à cause de leurs liens avec le monde religieux ont été obligés de laisser leur porte dépourvue de sécurité. Ils ont plaidé l’amour et la largeur de cœur, et le désir d’éviter le sectarisme, mais en définitive, leur course, s’il lui est permis de se poursuivre sans frein, aboutit à un affaiblissement supplémentaire du peuple de Dieu en le liant progressivement aux corruptions religieuses de la chrétienté
Tout réveil parmi le résidu de retour suscite l’opposition sous une forme ou sous une autre.
Zorobabel a rebâti l’autel et posé les fondements du temple, et immédiatement les adversaires ont soulevé une opposition avec Rehum comme meneur (Esd. 4).
Le second réveil, sous Aggée et Zacharie subit l’opposition de Tathnaï et de ses compagnons (Esd. 5:3).
Le troisième réveil sous Esdras voit l’opposition de Jonathan et Jakhzia (Esd. 10:15).
Finalement, le dernier réveil sous Néhémie subit l’opposition de
Sanballat et Tobija et d’autres qui leur sont associés. Cette opposition est
présentée avec plus de détails que les précédentes et est pleine d’instruction
pour ceux qui, dans ces derniers jours, cherchent à marcher dans la séparation
des corruptions de la chrétienté. Aujourd’hui comme autrefois, toute tentative
d’hommes ayant la crainte de Dieu, de maintenir la séparation du mal parmi le
peuple de Dieu suscite toutes sortes d’opposition. Satan sait très bien que s’il
peut abattre la séparation entre le peuple de Dieu et le monde, toute vérité
sera affaiblie, et les vérités plus profondes
du christianisme
seront entièrement perdues. Tandis que le maintien de la muraille de séparation
joint à une condition spirituelle en ordre sont les moyens de préserver toutes
les vérités retrouvées dans les réveils passés.
Voyons maintenant l’opposition à ce dernier réveil sous Néhémie ; on trouvera qu’elle prend différentes formes, la première étant une opposition ouverte où l’ennemi est vu comme un lion rugissant (1 Pierre 5:8). C’est surtout au ch. 4 que l’on voit cette forme d’opposition, avec les difficultés spéciales qu’elle génère.
On se rappellera que l’arrivée de Néhémie à Jérusalem avait fâché l’ennemi (2:10). Puis la décision de construire la muraille avait suscité leur moquerie (2:19). Maintenant que la bonne œuvre est en route, cela fait jaillir leur rage et leur indignation (4:1), conduisant à l’adoption de mesures violentes, car ils se liguent ensemble pour venir faire la guerre contre Jérusalem (4:8). Au premier abord, les opposants cherchent à masquer leurs vrais sentiments de rage en affectant du mépris pour le peuple faible et leurs mini-efforts, qu’un renard suffirait à faire écrouler, prétendent-ils. Si tel avait vraiment été le cas, il n’aurait pas été nécessaire de se troubler davantage. Ils auraient tout à fait pu laisser de côté cette affaire pour que les renards s’en occupent.
Si on regarde simplement aux circonstances extérieures, c’est avec une certaine apparence de vérité que l’ennemi parle de ce petit résidu comme étant « faible », et qu’il demande : « les laissera-t-on faire ?… offriront-ils des sacrifices ?… achèveront-ils ?… feront-ils revivre les pierres des monceaux de poussière ?… ». Mais dans toutes ces questions qu’ils posent, ils laissent de côté Dieu et Sa grâce, et ils parlent follement des renards.
L’attitude de Néhémie pour faire face à cette attaque est simple
et instructive. En face de la rage de Sanballat, avec « ses frères et l’armée
de Samarie », il refuse de se laisse entraîner à une quelconque
discussion ; il ne fait pas appel à eux ; il ne suggère pas de faire
des compromis avec eux, et il ne se met pas en avant pour s’opposer à eux, mais
il se tourne vers Dieu
.
L’ennemi laisse Dieu de côté, Néhémie introduit Dieu. Il reconnaît que le peuple est méprisé et est dans l’opprobre (4:4). À Babylone il avait reconnu l’opprobre du peuple (1:3), mais combien les circonstances étaient différentes ! À ce moment-là ils étaient dans l’opprobre à cause de la ruine de la muraille, maintenant ils sont dans l’opprobre à cause de la construction de la muraille. Dans le premier cas, l’opprobre était leur honte ; dans le second cas, il est leur honneur.
En outre, ayant reconnu l’affliction du peuple, Néhémie se met à
étaler devant Dieu le péché de leurs opposants, et il demande qu’ils soient
livrés en butin [ou, selon la traduction JND : au mépris ; (4:4)]
dans un pays de captivité. De nos jours, au temps de la grâce, ce n’est pas à
nous à demander le jugement sur ceux qui s’opposent, et pourtant on voit très
régulièrement que, dans le gouvernement de Dieu, ceux qui s’opposent au maintien de la muraille de séparation tombent
sous l’emprise du monde religieux dans une captivité sans espoir
.
Mais tandis que Néhémie était pleinement conscient de l’opposition de l’ennemi, et qu’en secret il y faisait face par la puissance de la prière, en public le travail continuait car « le peuple avait le cœur à l’ouvrage » (4:6). Il n’y avait pas que Néhémie et quelques chefs zélés qui avaient le cœur à l’ouvrage. Leur coeur était engagé dans la tâche de maintenir ce qui était dû à Dieu par le moyen de la muraille et des portes. L’unité de pensée et l’énergie intérieure donnaient une preuve certaine d’un travail de l’Esprit de Dieu.
Il n’en va pas autrement aujourd’hui. Comme alors, Dieu peut attirer l’attention sur le besoin de séparation du mal par le moyen d’une ou deux personnes, mais une preuve certaine que l’Esprit de Dieu est à l’œuvre sera un mouvement général parmi le peuple de Dieu les unissant pour avoir une même pensée et faire un seul et même effort pour maintenir la séparation du mal.
La persévérance unie du peuple de Dieu suscite l’opposition unie de l’ennemi (4:7, 8). Jusqu’ici l’opposition provenait d’individus, mais maintenant les Arabes, les Ammonites et les Asdodiens s’unissent à Sanballat et Tobija pour « faire la guerre contre Jérusalem ». Des gens ayant des vues et des intérêts fort divers peuvent se donner la main pour s’opposer à un mouvement qui est de Dieu. Et ce mouvement uni enhardit l’opposition pour l’engager dans des mesures violentes. Il commence par des sarcasmes, se transforme en rage, et finit par des méthodes violentes. Ceci s’est vérifié à de multiples reprises dans l’histoire du peuple de Dieu. Ceux qui finissent pas prendre des mesures violentes commencent généralement par des moqueries méprisantes au sujet de leurs frères. Redisons le encore : autant l’esprit dans lequel le peuple s’occupe du travail prouve que le mouvement est de Dieu, autant l’esprit d’opposition prouve qu’il est l’œuvre de l’ennemi. Car derrière cette attaque concertée, il y a de la colère et de la conspiration. « La colère de l’homme n’opère pas la justice de Dieu » (Jacq. 1:20), et l’Esprit de Dieu ne sera pas un parti pour soutenir en sous-main des menées humaines. Le vrai caractère de l’opposition se détecte souvent par ses méthodes charnelles.
Le peuple de Dieu doit se souvenir que les armes de notre guerre ne sont pas charnelles (2 Cor. 10). Le résidu au jour de Néhémie le réalise, car ils font face à cette attaque unie de l’ennemi en s’unissant dans la prière à Dieu. « Nous priâmes notre Dieu » (4:9). Ils ont fait face à la puissance de l’ennemi par une puissance supérieure, celle de la prière. Quand les hommes se tournent contre eux avec rage, ils se tournent vers Dieu dans la prière. Mais s’ils tournent leurs faces vers Dieu, ils établissent une garde contre l’ennemi (4:9). Ceci ne nous parle-t-il pas, car le Seigneur n’a-t-Il pas dit : « veillez et priez » ? (Matt. 26:41). Ainsi aussi l’apôtre, dans les exhortations de l’épître aux Éphésiens (6:18), unit le fait de prier et de veiller, et il y joint en outre la persévérance [« priant par toutes sortes de prières et de supplications, en tout temps, par l’Esprit, et veillant à cela avec toute persévérance et des supplications pour tous les saints, et pour moi » (Éph. 6:18)]. C’est la même chose qui se manifeste chez ce faible résidu, car s’ils établissent une garde, ils le font « jour et nuit ».
Ainsi sous l’effet de la prière, à laquelle ils veillaient avec toute persévérance, l’ennemi est tenu en échec dans cette première opposition, mais un résultat de cette attaque est que le peuple de Dieu est harassé, de trois manières différentes.
Premièrement par la corruption provenant de l’intérieur (4:10). Hélas ! Il y a ceux qui prennent une place à la tête parmi le peuple de Dieu et qui voudraient pourtant faire cesser la construction de la muraille. Nous lisons ainsi : « Et Juda dit : Les forces des porteurs de fardeaux faiblissent, et il y a beaucoup de décombres : nous ne pouvons bâtir la muraille » (4:10). L’histoire ultérieure mettra en lumière que ces nobles de Juda sont en communication constante avec l’ennemi. Pour le moment cette association mauvaise avec l’ennemi n’est pas divulguée, et les raisons qu’ils avancent pour arrêter le travail n’ont pas de relation avec l’ennemi. Les faits qu’ils mettent en avant sont vrais, mais la conclusion tirée de ces faits est entièrement fausse. La faiblesse des porteurs de fardeaux est incontestable, et il est aussi clair qu’il y a beaucoup de décombres, mais il est faux de conclure de là qu’il est impossible de construire la muraille. Pourtant, de nos jours, combien on a souvent mis en avant de tels faits pour chercher à faire prévaloir des conclusions fausses de ce genre. Il y a encore ceux qui disent : « le peuple de Dieu est si faible, la corruption de la chrétienté est si grande, le mal est si universel, qu’il est réellement impossible de maintenir une séparation stricte selon la Parole de Dieu. Il nous faut accepter les choses telles qu’elles sont, et faire de notre mieux ». C’est la voix de Juda telle qu’on l’entend aujourd’hui. Et comme aux jours de Néhémie, ceux qui tiennent un tel langage se révèlent trop souvent associés étroitement aux opposants à la vérité.
Deuxièmement, le résidu est encore accablé par la crainte d’assauts subits et inattendus de l’ennemi (4:11). Les adversaires disent : « Ils ne le sauront pas et ne le verront pas, jusqu’à ce que nous arrivions au milieu d’eux ». C’est un effort délibéré de s’implanter parmi le peuple de Dieu en vue de « les tuer, et de faire cesser l’ouvrage » (4:11). Ici aussi, il ne manque pas de nos jours de gens qui s’infiltrent à l’improviste pour miner le principe de séparation qu’on cherche à maintenir.
Troisièmement on essaie d’harasser ceux qui sont engagés au travail en faisant constamment courir des rumeurs inquiétantes (4:12). Il y a ceux qui habitent près de l’ennemi et semblent très au courant de tout ce qu’ils font, et qui, par ce qu’ils rapportent de temps en temps, tendent à distraire les bâtisseurs de leur tâche. Ce ne sont pas des ennemis qui font ces rapports, mais des Juifs. Il est possible qu’ils n’aient pas l’intention de faire de l’opposition, et même ils peuvent penser qu’ils sont une aide en avertissant à temps ; néanmoins, ils font le travail de l’ennemi.
Nous avons donc ici un petit résidu du peuple de Dieu occupé à rejeter le mal, faisant l’objet d’une opposition ouverte de l’ennemi, et harassé par les arguments corrompus de gens ligués à l’ennemi, par l’appréhension d’attaques inattendues, et par la répétition permanente de rumeurs inquiétantes.
Le reste du chapitre nous informe de la manière dont Néhémie a fait face à ces différentes difficultés. Il a d’abord armé le peuple pour le conflit, et les a mis dans les lieux exposés (4:13). Il y avait dans la muraille des « endroits bas » et des « lieux découverts (ou : hauts) » particulièrement aisés à attaquer. Pour le diable, la manière de s’infiltrer parmi le peuple de Dieu lui est égale, que ce soit par une marche de « bas » niveau ou par de « hautes » prétentions. Ne pouvons-nous pas dire que la muraille était basse dans l’Assemblée de Corinthe où le monde entrait par la fornication ? À Colosses où l’Assemblée était en danger de laisser entrer la chair religieuse avec de hautes prétentions, ne pouvons-nous pas dire qu’il y avait danger dans des lieux « découverts (ou : hauts) » ?
Pour faire face à toutes ces formes du mal, nous avons besoin de revêtir toute l’armure de Dieu. Mais aux jours de Néhémie, la confiance du peuple n’était pas seulement dans leurs armes de défense. La parole disait : « souvenez-vous du Seigneur qui est grand et terrible » (4:14), et cela suffisait à les délivrer de toute crainte. C’est aussi dans ce même esprit que l’apôtre fait précéder ses exhortations sur l’armure en disant : « mes frères, fortifiez-vous dans le Seigneur et dans la puissance de Sa force » (Éph. 6:10).
De plus, en se défendant eux-mêmes, ils combattaient pour leurs frères et pour ceux qui viendraient après eux (4:14). Dans tous nos conflits contre le mal et pour le maintien de la vérité, nous faisons bien de veiller à garder les trois points suivants :
Ainsi il arriva aux jours de Néhémie, que Dieu dissipa le
conseil des opposants. Ainsi encouragés, le travail avança selon ce que nous
lisons : « nous retournâmes tous à la muraille, chacun à son travail
» (4:15). Chacun avait
un travail qui lui était attribué ; certains étaient occupés à bâtir effectivement,
d’autres étaient occupés dans le conflit contre l’ennemi ; « certains
construisaient la muraille », certains portaient les fardeaux, certains
chargeaient les fardeaux (4:17), et il y en avait un qui sonnait la trompette
en cas de danger. Chacun avait son travail propre, mais tous contribuaient à un
but unique : bâtir la muraille et établir les portes.
Ce chapitre forme une parenthèse importante dans l’histoire de la construction de la muraille. Au ch. 6 le travail se poursuit, et les ruses de l’ennemi sont déjouées.
Avec ce chapitre 5, l’histoire s’interrompt un moment pour faire
face à une autre forme d’entrave au travail : le bas état moral du peuple lui-même
. Cette considération
importante nous avertit qu’il est possible, pour un individu ou un groupe de
saints, de lutter avec zèle pour la séparation d’avec les associations
religieuses corrompues et la fausse doctrine, et d’être en même temps très
négligent vis-à-vis de son propre état.
Le travail et le conflit caractérisent le ch. 4, mais pour être
un vase utile au maître et pour être capable de résister aux attaques de l’ennemi,
il faut que la justice soit maintenue. C’est ainsi que dans la seconde épître à
Timothée, tandis que nous sommes exhortés à nous « retirer de toute
iniquité » et à nous « purifier des vases à déshonneur », nous
sommes aussi immédiatement avertis de « fuir les convoitises de la
jeunesse », et de « poursuivre la justice ». Après avoir échappé
aux corruptions de la chrétienté
, il
est possible de tomber dans les corruptions
de la chair
. Nous ne sommes jamais plus en danger d’agir charnellement, que
quand nous avons agi par fidélité au Seigneur. Comme quelqu’un a dit avec
justesse : « nous pouvons être séduits vers le laxisme moral par la
satisfaction d’être séparés ecclésiastiquement ». Combien elle est de
saison l’exhortation à « fuir les convoitises de la jeunesse », et à « poursuivre
la justice », — exhortation qui vient juste après l’injonction de se
séparer de l’iniquité et de se purifier des vases à déshonneur.
Telle est la leçon profondément sérieuse de Néhémie 5. Les premiers versets (5:1-5) expose la corruption de la chair qui existait parmi ceux qui bâtissaient la muraille. Les Juifs riches profitaient de la pauvreté et du besoin de leurs frères plus pauvres pour s’enrichir eux-mêmes. Les nécessités journalières de la vie, les circonstances adverses issues d’une famine, et l’effet des impôts devenaient l’occasion d’agir pour la convoitise de la chair, au lieu d’attirer la sympathie des Juifs riches.
Il ne s’agissait pas des échanges dans les affaires ordinaires de la vie ; mais les riches se servaient des besoins et des épreuves du pauvre (suscités par des circonstances spéciales comme la famine) pour s’accroître.
La racine du trouble résidait dans le fait qu’ils se voyaient répartis en classes distinctes, celle des riches et celle des pauvres, oubliant que, riches ou pauvres, ils étaient frères.
Néhémie traite ce mal en réprimandant les nobles et en portant l’affaire
devant une « grande congrégation » (5:7). Il montre qu’agir ainsi à l’égard de leurs frères
était
incompatible avec la rédemption de la captivité dont ils avaient tous profité. À l’égard de Dieu
, cela montrait une
absence de sainte crainte, et à l’égard des
païens
, cela les mettait dans l’opprobre (5:6-9).
Combien les réprimandes de Néhémie nous rappellent tout à fait
que, dans toute notre conduite les uns vis-à-vis des autres, nous devons agir comme des frères
, dans la crainte de Dieu
, pour qu’en aucune manière nous
ne donnions occasion à l’opprobre du
monde
. Les réprimandes de Néhémie trouvent leur contrepartie dans l’exhortation
de Paul à Tite où il dit que « la grâce nous enseigne à vivre dans le
présent siècle sobrement, justement et pieusement » (Tite 2:12). Nous
devrions ainsi agir avec retenue et considération pour nos frères (c’est le
sens du mot « sobrement »), justement envers ceux du dehors et
pieusement envers Dieu.
De plus l’apôtre nous exhorte à « porter les charges les uns des autres, et à accomplir ainsi la loi de Christ » (Gal. 4:2). La loi de Christ est celle de s’aimer l’un l’autre, et cet esprit d’amour saint est nécessaire si nous voulons porter les charges les uns des autres. Si l’on manque à cela, on entre dans la lutte des classes.
Devant les réprimandes de Néhémie, les nobles, les chefs et les sacrificateurs corrigent ce mal, et toute la congrégation loue l’Éternel (5:9-13). Quant à Néhémie, il ne se borne pas à réprimander et exhorter les autres, mais son mode de vie leur était en modèle. Il tenait compte du peuple (5:14, 18), il marchait dans la crainte de Dieu (5:15) et montrait l’hospitalité aux païens, pour ôter toute occasion d’opprobre (5:17).
Néhémie a fait face à l’opposition ouverte de l’ennemi, et il en a triomphé ; il a aussi fait face à la corruption de la chair ; maintenant il est appelé à « tenir ferme contre les artifices [ou : ruses, selon la version anglaise] du diable » (Éph 6:11). Sous le masque d’un intérêt amical à l’égard de Néhémie et de son œuvre, l’ennemi veut chercher à le détourner de la simplicité de la foi en Dieu, par une séduction subtile, et à anéantir ainsi le travail en complotant pour faire chuter le conducteur de ce travail.
Néhémie est d’abord appelé à faire face à la ruse d’une conférence amicale
(6:2, 3).
« Viens et rencontrons-nous », voilà les paroles de l’ennemi. L’esprit
naturel suggérerait que, malgré que Néhémie soit animé de sentiments très
différents, il fallait, au moins par courtoisie, donner suite à leur requête,
et écouter ce qu’ils avaient à dire. « Cela ne fait de mal à personne d’écouter
des suggestions, même s’il est impossible d’y consentir ». Toutefois aucun
argument de ce genre, pour autant qu’ils aient été soutenus, ne fait fléchir
Néhémie. Il réalise que Sanballat et Gueshem sont entièrement opposés aux
principes par lesquels il gouverne. Dans de telles conditions, une rencontre ne
serait guère utile qu’à Sanballat, et finirait certainement par faire du mal à
Néhémie. Il échappe au piège en réalisant la grandeur du travail qu’il est en
train de faire. Aussi répond-il : « Je
fais un grand travail et je ne puis descendre » (6:3).
Ayant échappé à ce piège, Néhémie est maintenant appelé à faire
face à la ruse de l’importunité
(6:4). Non rebuté par la réponse ferme de Néhémie, l’ennemi répète sa requête
quatre fois. C’est par cette ruse que l’ennemi avait circonvenu Samson
autrefois, et l’avait fait tomber. Delila « le tourmentait par ses paroles tous les jours et le pressait »,
en sorte « que son âme en fut ennuyée jusqu’à la mort » (Juges
16:16). Finalement Samson tomba devant l’importunité de cette femme traîtresse,
« et il lui déclara tout ce qui était dans son cœur » (Juges 16:17).
Le résultat en fut que sa force lui fut ôtée, que l’Éternel se retira de lui,
et qu’il fut la proie de ses ennemis (Juges 16:15-21). Le diable connaît la
faiblesse de la nature humaine, et sous l’effet d’une pression qui dure, celle-ci
fait souvent céder le saint par pure lassitude. Néhémie échappe à la ruse
simplement en répétant sa première réponse : « je leur répondis de la
même manière » (6:4). Il est occupé à un grand travail, et il n’est pas
prêt à en discuter avec ceux dont il est bien connu qu’ils sont opposés à ce
travail.
Le troisième piège est la ruse de la lettre ouverte
(6:6, 7).
Elle était rédigée en termes amicaux, et affectait une grande sollicitude pour
la réputation de Néhémie ; elle exprimait la crainte qu’il souffre de
rapports dénigrants contre lui et contre son travail. Mais comme il s’agissait
d’une lettre ouverte, elle avait intentionnellement le but de nuire à Néhémie
en répandant au loin de mauvais rapports. Si les accusations évoquées étaient
vraies, c’était effectivement grave ; car il y était écrit que Néhémie (échanson
et gouverneur nommé par le roi), allait bientôt se rebeller. C’était très
inquiétant, car le terme de rébellion est très infâmant. De plus il était
affirmé qu’il y avait un témoin à l’appui pour étayer l’accusation, car
« Gashmu le dit ». De plus il était affirmé que le but ultime de Néhémie,
une fois la muraille construite, était de s’élever jusqu’au trône en tant que roi.
Et finalement le rapport soutenait que Néhémie disposait de prophètes désignés
pour prêcher à Jérusalem, cherchant ainsi à donner force à ses revendications à
la royauté par des paroles présentées comme provenant de Dieu.
Néhémie refuse de se laisser entraîner dans aucune controverse avec le tentateur, aussi bien que de donner aucune explication sur son œuvre ou ses motifs. Avec une grande sagesse et beaucoup de retenue, il nie simplement l’accusation, et il expose l’origine de ces mauvais rapports. Il voit aussi que le but réel de la lettre ouverte est d’effrayer le peuple en le conduisant à supposer qu’ils sont liés à un rebelle en train de comploter contre le roi. Ainsi effrayés, leurs mains allaient se lasser du travail. Mais comme toujours avec Néhémie, Dieu est sa ressource. L’ennemi attaque Néhémie pour que les mains du peuple se lassent, et Néhémie se tourne vers Dieu pour qu’Il fortifie ses mains, et qu’il puisse soutenir le peuple (6:8, 9).
La ruse de la lettre
ouverte est suivie par un quatrième piège encore plus subtil. Car Néhémie doit
maintenant faire face à la ruse du faux
ami
(6:10-14). Hélas ! il y avait ceux à l’intérieur de la ville qui
professaient une grande amitié pour Néhémie, et qui étaient pourtant à la solde
de l’ennemi du dehors. Sous le masque de l’amitié, Shemahia voulait s’associer
à Néhémie pour le vendre à ses ennemis. Il s’exprime ainsi :
« Rencontrons-nous
dans la
maison de Dieu, à l’intérieur du temple, et fermons les portes du temple, car
ils vont venir pour te tuer, et c’est de nuit qu’ils vont venir pour te
tuer » (6:10). De tel propos peuvent conduire quelqu’un qui n’est pas sur
ses gardes à conclure que Shemahia était un vrai ami cherchant à déjouer les
mauvais desseins de l’ennemi et à assurer la sécurité de Néhémie. Mais aux yeux
de Néhémie qui a la crainte de Dieu, le fait même de vouloir assurer sa
sécurité rend les propos suspects. Car il est suggéré à Néhémie, l’animateur
principal du travail, de fuir le travail que Dieu lui a mis à cœur. Comme David
autrefois, il pouvait dire : « Je me suis confié en l’Éternel ;
— pourquoi dites-vous à mon âme : Oiseau, envole-toi vers votre
montagne ? » (Ps. 11:1). De plus il lui est suggéré de faire quelque
chose d’illégal pour sauver sa vie, — car il n’était ni sacrificateur, ni
lévite. Néhémie déclare « je n’irai pas » selon la manière habituelle
très directe de cet homme simple de cœur.
Ayant résisté à ce piège, tout le mal de cette ruse se trouve révélé à Néhémie. Il détecte que Shemahia, bien que prophète, n’était pas envoyé de Dieu, mais qu’il était à la solde de l’ennemi, et travaillait pour lui sous couvert d’amitié pour Néhémie. À Shemahia étaient aussi associés « Noadia la prophétesse, et le reste des prophètes ». Outre leur profession d’amitié pour Néhémie, ils voulaient ajouter le poids qu’on attribue à une parole prophétique venant de Dieu. Y a-t-il une ruse plus terrible que celle de quelqu’un ligué à l’ennemi et qui s’approche d’un homme pieux en professant être un ami proche porteur d’un message de la part de Dieu ?
Dans les ruses précédentes, l’ennemi accusait faussement Néhémie de se servir des prophètes à de mauvaises fins, et voilà que, dans cette dernière ruse, c’est l’ennemi lui-même qui se sert effectivement des prophètes pour parvenir à ses fins perverses. Par son or, il se procure une influence profane sur les hommes qui, en raison de leur fonction prophétique, auraient dû être les premiers à aider à l’œuvre de Dieu en communiquant la pensée du Seigneur.
Ayant reçu de l’or des
opposants à l’œuvre, ils cessent d’être la bouche du Seigneur, ou une aide au
peuple de Dieu, et leurs efforts sont tous axés sur l’arrêt du travail en ruinant le caractère de l’homme qui est à sa tête
.
C’est ce dont Néhémie se rend parfaitement compte quand il dit de
Shemahia : « C’est pour cela qu’il était payé, pour que j’eusse peur
et que je fisse ainsi et péchasse, et qu’ils
eussent de quoi me faire un mauvais renom, afin de me couvrir d’opprobre
»
(6:13).
En présence de cette terrible ruse, pleinement dévoilée par Néhémie maintenant, Dieu est la ressource indéfectible (6:14). Il ne s’occupe pas de faire des attaques ouvertes contre l’ennemi, et apparemment il ne prend aucune mesure positive contre ses instruments, mais il épanche l’affaire devant Dieu, mentionnant le nom des ennemis du dehors, et de la femme du dedans qui était l’agent actif derrière la scène. Comme quelqu’un a dit : « Il y a beaucoup de formes de mal qui ne peuvent pas être ouvertement attaquées sans se faire tort à soi-même et aux autres, et il y a beaucoup de mauvais ouvriers dans l’église de Dieu qui doivent être laissés seuls. Les attaquer ne ferait que servir la cause de l’ennemi ; mais notre ressource en de telles circonstances est de crier à Dieu contre eux ».
Un tel appel à Dieu est reconnu par Dieu ; car en dépit des ruses de l’ennemi, le travail avance et la muraille s’achève. Le fait que cette tâche soit accomplie par un peuple si faible extérieurement en présence d’ennemis effectivement si forts devient un témoignage même pour l’ennemi de ce que « cette œuvre avait été faite par notre Dieu ».
Mais il y a encore une
ruse de plus à laquelle Néhémie est appelé à faire face, c’est la ruse des bons rapports
. À l’intérieur
du résidu, il y avait ceux qui étaient toujours en train de faire les louanges
de l’ennemi du dehors. Ils rapportaient à Néhémie les « bonnes
actions » de Tobija. Sans doute, ils tenaient le raisonnement
suivant : « Tobija ne se rencontre pas en tête à tête avec nous au
sujet de la nécessité de rebâtir la muraille, mais il est tellement un homme de
bien », et ils en voulaient pour preuve ses bonnes actions
qu’ils racontaient. Mais en faisant la louange de l’ennemi
du dehors devant Néhémie, ils étaient aussi prêts à rabaisser Néhémie devant l’ennemi,
car dit Néhémie, « ils lui rapportaient mes paroles
». Il semble d’après ces nobles de Juda que Tobija
était caractérisé par des bonnes actions, tandis que Néhémie n’était au mieux qu’un
homme de « discours ». Cependant le fait solennel était que ceux qui
étaient si prompts à faire les louanges de l’ennemi étaient en communication
constante avec l’ennemi, et lui avaient prêté serment en raison de certaines
alliances avec lui. Ainsi on trouve que ceux qui professent être un avec ceux
qui cherchent à construire la muraille, ce sont toujours eux qui, à divers
degrés et en même temps, clament très fort les louanges de ceux qui sont
opposés à la muraille.
Dans tous les conflits du peuple
de Dieu, ceux qui dans ces derniers temps ont cherché à maintenir la séparation
n’ont-ils pas eu à faire face à maintes reprises à ces différentes ruses ?
N’avons-nous pas connu la ruse de la
conférence amicale
avec ceux qui tenaient des principes s’y opposant et sur
lesquels aucun compromis n’étaient possible, — la ruse de l’importunité
qui peut conduire l’homme pieux dans un chemin
douteux par gain de paix, — la ruse de la lettre
ouverte
, courtoise de ton, mais malicieuse dans ses motifs, — la ruse de la fausse amitié
, qui professe donner
des avertissements de la part de Dieu alors qu’elle est à la solde des opposant
à la vérité, — et finalement la ruse des bons
rapports
au sujet de ceux du dehors, par la bouche de certains du dedans ?
Dans toutes ces ruses on note que les efforts de l’ennemi sont principalement dirigés contre des individus. Aux jours de Néhémie, l’ennemi croyait à tort ou à raison que s’il parvenait à faire tomber Néhémie, ce serait relativement aisé de venir à bout du peuple, et de faire cesser le travail. Effectivement ils pouvaient avoir raison sur le fait que la masse est facilement induite dans une mauvaise voie, mais ils avaient entièrement tort en ce qu’ils mettaient Dieu de côté, et qu’ils ignoraient les voies de Dieu. Ils ne voyaient pas que la manière habituelle de Dieu d’endiguer la marée du mal est de se servir d’un ou deux hommes, et que, soit qu’ils aient achevé leur tâche, soit qu’ils y aient manqué, soit qu’ils aient été vaincus par l’ennemi, Dieu peut en susciter d’autres pour continuer Son œuvre.
Néhémie triompha parce qu’il connaissait Dieu et introduisait Dieu dans toutes ses difficultés. L’ennemi échoua par ignorance de Dieu, et parce qu’il avait laissé Dieu en dehors de tous ses calculs.
Ayant réparé la muraille et mis en place les portes, Néhémie se met à l’administration de la ville. Sans muraille ni portes, il n’y aurait pas de ville à administrer ; et sans administration, la muraille et les portes n’auraient aucune utilité. En premier lieu maintenant, nous avons la nomination de portiers, de chantres et de lévites.
Les portiers avaient la charge des portes. Leur responsabilité était de n’admettre que ceux munis les qualifications appropriées pour entrer dans la ville, et s’approcher de la maison, et ils avaient à refuser tous les autres.
Les chantres donnaient à l’Éternel ce qui Lui revenait. Seuls les rachetés peuvent chanter les cantiques de Sion : d’où la nécessité pour les portiers d’exercer fidèlement leurs responsabilité afin que l’Éternel ait ce qui Lui revient. Laisser entrer ceux qui n’ont pas les qualifications divines, c’est admettre ceux qui ne peuvent pas chanter. Le laxisme des portiers causerait du tort aux chantres. L’adoration est perdue quand les portiers sont relâchés. La perte de l’adoration dans une assemblée du peuple de Dieu aujourd’hui, est généralement associée à du relâchement dans les admissions.
Enfin nous avons les lévites. Si les chantres maintiennent ce qui est dû au Seigneur, les lévites prennent soin des besoins du peuple de Dieu. Mais les lévites doivent suivre les chantres. Si le Seigneur ne reçoit pas ce qui Lui est dû, les gens du peuple ne recevront pas non plus leur portion. Plus l’on trouve son délice dans le Seigneur, plus grand sera l’intérêt pour le peuple du Seigneur.
Il en est aujourd’hui avec l’Assemblée comme du temps de Néhémie et de la ville : ceux qui ont la charge de portiers, chantres ou lévites, doivent être des hommes comme Hanani, marqués par la fidélité et la crainte de Dieu (7:2). Ni la position sociale, ni la richesse ni la possession d’un don ne qualifie pour prendre soin de l’Assemblée de Dieu. Une telle tâche requiert des qualifications morales.
Dans le bref verset qui suit, il y a une instruction importante à l’égard de ceux qui ont la charge de la ville.
On a ensuite une remarque brève mais bien parlante sur les conditions de la ville. Elle était « spacieuse et grande, mais le peuple peu nombreux au milieu d’elle ». Cela nous rappelle que, même si le zèle du résidu avait été brillant, et quel que soit le degré de réveil dans la condition morale, ils restaient quand même marqués par une grande faiblesse quant aux circonstances extérieures. Dieu avait ouvert une porte pour échapper à la captivité, mais « peu » avaient profité eux-mêmes de la bonté de Dieu, — la ville de Dieu était spacieuse et grande », pourtant le peuple de Dieu appréciant sa grandeur était en nombre restreint. Et il en est aujourd’hui comme du temps de Néhémie.
Le reste du chapitre montre comment Néhémie relie l’œuvre qu’il a accomplie avec celle du résidu retourné la première fois avec Zorobabel, environ 80 ans auparavant. Beaucoup de ceux qui avaient formé ce résidu devaient être décédés au temps de Néhémie, mais ils étaient encore tenus en honneur, et on gardait le souvenir de leurs divers services. Le travail qu’ils avaient fait de leur vivant avait rendu possible la réalisation du travail aux jours de Néhémie.
Dans la troisième section du livre de Néhémie, le grand sujet autour duquel tout le reste gravite, est le rétablissement de l’autorité de la Parole de Dieu. Il est significatif que le dernier réveil relaté parmi le peuple de Dieu aux jours de l’Ancien Testament s’occupe de la mise en place de la muraille et des portes, et de la réaffirmation de l’autorité de la Parole de Dieu. En outre, il est clair que ces deux caractéristiques de ce dernier réveil sont étroitement liées, et dépendent l’une de l’autre.
D’un côté il aurait été vain de construire la muraille, de mettre en place les portes, de nommer des portiers, des chantres et des lévites si ce n’avait été en accord avec la Parole de Dieu.
D’un autre côté, le résidu étant de retour sur la terre de Dieu pour Son peuple (la terre d’Israël), et ayant construit la maison, la muraille et les portes, il lui devenait possible, et même relativement facile d’obéir aux directives de la Parole. À Babylone une bonne partie de la Parole restait lettre morte, car le lieu même rendait les commandements impossibles à mettre en pratique, sauf d’une manière limitée. Dans le Pays, tout devenait simple.
Ce dernier réveil du temps de l’Ancien Testament ne parle-t-il pas au peuple de Dieu des derniers jours de la chrétienté ? Le mal croissant dans la chrétienté, les luttes pour la vérité, et la venue du Seigneur ne font-ils pas appel à une vraie séparation de la part du peuple de Dieu ? Ceux qui se séparent vraiment du mal ne vont-ils pas se trouver, comme le résidu aux jours de Néhémie, dans une position leur permettant d’obéir à la Parole ? Le réveil aux jours de Néhémie nous montre donc la manière dont le Saint Esprit agit spécialement dans ces derniers jours. L’abondance de mal requiert la séparation, et la séparation permet d’obéir à la Parole de Dieu.
Le ch. 8 de Néhémie illustre ces principes. Une fois la construction de la muraille achevée et les portes mises en place, alors « tout le peuple s’assemble comme un seul homme », avec le désir d’écouter « le livre de la loi de Moïse que l’Éternel avait commandé à Israël » (8:1).
Il est important de noter que « tout le peuple » était
concerné par ce mouvement (non pas simplement les habitants de la ville). La
phrase finale du ch. 7 (qui débute cette nouvelle section du livre de Néhémie)
indique que « les fils d’Israël étaient dans leurs villes ». Et l’histoire
continue immédiatement au ch. 8 en disant que « tout le peuple s’assembla
comme un seul homme
». Cette
expression « tout le peuple » se répète à de multiples reprises (voir
v. 3, 5, 6, 9, 11, 12, 13, 17) : ce point est important, car on a voulu forcer
une interprétation du livre de Néhémie en lui faisant distinguer le peuple dans
la ville d’avec le peuple hors de la ville. Or le tableau qui nous est décrit
ne permet pas du tout de faire cette distinction. Dans les murs ou hors les
murs, le peuple était « un », et il se rassembla « comme un seul
homme ». La muraille servait à protéger le peuple, non pas à le diviser.
Elle n’avait pas été érigée pour générer deux parties dans le peuple de Dieu,
et elle n’eut pas cet effet selon le récit biblique.
L’auditoire était composé d’hommes et de femmes, et tous pouvaient entendre et comprendre. Le zèle du peuple fut tel que depuis l’aube jusqu’à midi « tout le peuple prêtait l’oreille au livre de la loi.
La Parole de Dieu était lue distinctement, et le sens en était donné, de sorte que le peuple pouvait comprendre ce qui était lu. Et Dieu montra Son approbation de ce retour à Sa Parole en enregistrant les noms de ceux qui étaient spécialement occupés à ce travail, les uns se joignant à Esdras pour se tourner vers Dieu en louange lorsqu’on ouvrait le livre, les autres lisant effectivement la Parole, et donnant le sens de celle-ci.
Dans le reste du chapitre nous voyons l’effet immédiat de l’autorité de la Parole sur le peuple. Comme toujours, elle atteint les consciences et touche les cœurs. Mais le travail de conscience vient en premier : « tout le peuple pleurait en entendant les paroles de la loi » (8:9). À mesure qu’ils écoutaient la parole, leurs consciences leur disaient à quel point ils s’étaient écartés de ses préceptes. Mais si la parole expose la faillite de l’homme, elle révèle aussi la fidélité du Seigneur, de sorte que s’ils avaient raison de pleurer à cause de leurs propres manquements, ils étaient aussi encouragés à se réjouir dans le Seigneur : « la joie de l’Éternel est votre force » leur fut-il dit (8:10).
Ainsi encouragé, le peuple rendit à l’Éternel ce qui Lui revenait. Même si leur manquement était grand, même s’ils avaient beaucoup à confesser, et s’ils avaient en son temps à s’humilier devant l’Éternel, cependant leur manquement ne devait pas être une occasion de priver l’Éternel de ce qui Lui revenait. Leur infidélité ne faisait même que magnifier d’autant plus la fidélité immuable du Seigneur, faisant jaillir la louange chez Son peuple.
Le peuple célèbre ensuite la fête des tabernacles. C’était la dernière fête annuelle, achevant le cycle des diverses fêtes, et figurant en type la fin glorieuse de toutes les voies de Dieu envers Son peuple par lesquelles Il les amènera à la bénédiction millénaire malgré leur si longue histoire de manquements.
Or non seulement le peuple garde la fête des tabernacles, mais ils le font selon la Parole. Garder cette fête n’était pas une nouveauté, car le peuple l’avait déjà fait lors du premier réveil sous Esdras (Esd. 3). Mais depuis le temps de Josué, on ne l’avait jamais fait avec des cabanes « selon l’ordonnance » (8:18). De nos jours, aussi, ne peut-on pas dire que, bien que la Cène du Seigneur ait été gardée tout au cours des âges les plus sombres, pourtant il a fallu attendre que quelques-uns soient délivrés des systèmes religieux des hommes pour qu’elle soit dépouillée de tout son cérémonial idolâtre, et des ajouts superstitieux des hommes, et qu’elle soit de nouveau gardée dans toute sa sainte simplicité dans la présence du Seigneur. La tendance à retourner au système se manifeste quand la Cène recommence à être entourée de mystère et de cérémonial, ou que seules certaines personnes choisies l’administrent, selon un certain ordre déterminé de procédure, même si cela n’est pas écrit.
La Cène du Seigneur nous amène jusqu’au retour du Seigneur, et elle est pourtant une fête du souvenir ; de la même manière la fête des tabernacles dirige les regards vers le jour de gloire à venir (si elle est gardé selon l’Écriture), et pourtant c’est une fête du souvenir qui rappelle comment le Seigneur a conduit le peuple dans son voyage à travers le désert pendant lequel ils ont séjourné dans des cabanes, ou tentes.
Le fait de garder la fête des tabernacles selon la Parole faisait
de cette occasion un témoignage éclatant dans un jour très sombre, et mettait
en lumière un principe immensément encourageant, à savoir que plus le jour est sombre, plus les
circonstances relèvent de la faiblesse, plus le témoignage de ceux qui
obéissent à la Parole est brillant
.
Quand Ezéchias a célébré la Pâque, c’était un jour sombre de l’histoire d’Israël. Mais pour retrouver quelque chose de semblable à ce réveil sous Ezéchias, il fallait remonter 250 ans en arrière au temps de Salomon (2 Chron. 30:26). Quand Josias a célébré sa Pâque, c’était un jour encore plus sombre, et pourtant son réveil fut si brillant que même les jours florissants de Salomon n’offraient pas un pareil témoignage, et qu’il fallait remonter 500 ans avant jusqu’aux jours de Samuel pour retrouver quelque chose d’analogue (2 Chron. 35:18).
Mais aux jours de Néhémie, la dispensation tirait à sa fin, les ténèbres grandissaient, les circonstances manifestaient plus que jamais la faiblesse, et pourtant, du fait que ce faible résidu agissait selon la Parole, le témoignage qu’ils rendaient était si brillant qu’on ne trouvait rien de comparable pendant toutes les années de captivité, pendant la longue histoire des rois ou pendant tous les jours des juges, et pour trouver quelque chose d’analogue il fallait remonter 1000 ans en arrière, au temps de Josué fils de Nun (8:17).
Combien cette belle scène est profondément évocatrice et riche d’encouragements pour le peuple de Dieu qui se trouve dans les derniers jours sombres de l’histoire de l’église sur la terre. Si ceux-ci veulent seulement marcher dans une sainte séparation du mal et dans l’obéissance à la Parole de Dieu, ils trouveront que, bien qu’environnés de ténèbres croissantes et de faiblesse toujours plus grande dans les circonstances, les privilèges dont ils jouissent et le petit témoignage qu’ils rendent sera plus brillant et plus pur qu’au travers de toute la longue histoire des manquements de l’église responsable. Un tel témoignage n’aura pas de pareil sinon aux tout premiers jours de l’histoire de l’église.
Le retour à la Parole de Dieu eut pour premier résultat d’amener le peuple à rendre au Seigneur ce qui Lui est dû comme le chapitre précédent l’a montré. Quant au second résultat, on le voit dans ce chapitre où le peuple prend sa vraie place devant Dieu, reconnaissant leurs manquements constants dans le passé et leur condition de faiblesse dans le présent.
Ayant exalté l’Éternel à la fête des tabernacles, le peuple
réalise l’incompatibilité qu’il y a à maintenir des associations inconvenantes
pour le Seigneur. C’est pourquoi la fête est immédiatement suivie de
« séparation » et de « confession ». « Et la race d’Israël se sépara
de tous les fils de l’étranger ;
et ils se tinrent là et confessèrent
leurs péchés » (9:2). Il incombe encore à tous ceux qui prononcent le Nom
du Seigneur de se retirer de l’iniquité. Mais la séparation, si elle est vraie,
requiert la confession ; car le fait même qu’on ait à se séparer est la
preuve qu’on a été impliqué dans de mauvaises associations, et ceci nécessite
une confession. Mais pareillement, la confession sans séparation n’aurait pas
de réalité, car comment pouvons-nous continuer dans le mal que nous
confessons ? C’est pourquoi la vraie séparation et la confession honnête
vont toujours de pair.
Mais que le peuple rende la louange à Dieu ou qu’il s’humilie à cause de leurs manquements, tout est l’effet de la Parole de Dieu appliquée à la conscience, selon qu’il est dit : « Et ils… lurent dans le livre de la loi de l’Éternel, leur Dieu, pendant un quart de la journée ; et pendant un quart, ils firent confession, et se prosternèrent devant l’Éternel, leur Dieu » (9:3).
Le reste du chapitre présente la confession du peuple. Toutefois elle débute par la louange à Dieu. Quelle que soit l’étendue des manquements du peuple de Dieu, le Seigneur reste leur ressource qui ne fait pas défaut. C’est pourquoi le peuple faisait bien de se lever et de bénir l’Éternel qui sera toujours « au-dessus de toute bénédiction et de toute louange », quelle que soit la grandeur des louanges qui montent vers Lui (9:4, 5).
Et tandis que le résidu se lève pour bénir l’Éternel « avec jeûne, et vêtus de sacs, et avec de la terre sur eux » (9:1), ils sont conduits par Dieu à exprimer une septuple et merveilleuse louange, qui met Dieu devant l’âme dans la majesté de Son Être et dans la grandeur de Ses voies. Il est évident qu’une telle contemplation de Dieu dans Sa gloire et dans Sa grâce est nécessaire pour que la confession soit vraie. Car ce n’est qu’en ayant Dieu devant nos âmes que nous pouvons estimer correctement la gravité de nos manquements.
Dieu est reconnu comme immuable et éternel. « Tu es le Même, toi seul, ô Éternel » (9:6).Tandis que tout change, les temps, les saisons, les circonstances et les hommes, nous avons dans le Seigneur Celui qui ne connaît aucun changement, et qui ne passera jamais. Comme nous lisons ailleurs dans l’Écriture : « Toi, tu demeures… Toi tu es le même » (Héb. 1:11, 12).
Dieu est reconnu comme le Créateur de tout. Les cieux des cieux et toute leur armée, la terre et tout ce qui est sur elle, les mers et toute ce qui est en elles » sont l’œuvre de Ses mains (9:6a).
Dieu est reconnu comme Celui par qui tout subsiste. Toute la création est préservée par Dieu et dépend de Dieu (9:6b).
Dieu est reconnu comme Souverain. Il choisit qui Il veut. Il appelle Abraham à sortir d’Ur, et Il change son nom (9:7).
Dieu est reconnu comme le Donateur de promesses inconditionnellesà ceux qu’Il a appelé selon Son choix souverain (9:8).
Dieu est reconnu comme fidèle à Sa Parole. Il accomplit ce qu’Il a promis (9:8).
Dieu est reconnu dans Ses voies de grâce et de puissancepar lesquelles Il a délivré Son peuple d’Égypte, et l’a conduit à travers le désert et l’a établi dans le Pays (9:8-15).
Ayant donné à Dieu la place qui Lui revient, le peuple passe en revue leur chemin à la lumière de tout ce que Dieu est, et ceci le conduit à confesser leur entière faillite. Ils ne trouvent rien de bon à dire d’eux. Ils passent en revue leur histoire dans le désert (9:16-21), dans le Pays (9:22-27), et en captivité chez leurs ennemis (9:28-31). À mesure que le temps passe, leurs manquements n’ont fait que croître, s’exprimant sous différentes formes de mal. Mais il y a eu un manquement commun à toutes les positions dans lesquelles ils se sont trouvés : leur désobéissance constante à la Parole de Dieu. Dans le désert, ils n’écoutèrent pas les commandements de l’Éternel, et refusèrent d’obéir (9:16). Dans le Pays, ils furent désobéissants et jetèrent la loi de l’Éternel derrière leur dos (9:26). Dans la servitude de leurs ennemis, ils n’écoutèrent pas les commandements de l’Éternel, mais péchèrent contre Ses ordonnances (9:29).
Néanmoins, malgré tous les manquements du peuple, ils reconnaissent que Dieu ne les a pas entièrement consumés, et ne les a pas abandonnés (9:31). Ils en concluent donc que Dieu est plein de grâce et miséricordieux (9:31). Ils font donc appel à Sa miséricorde, et ils relient leur condition présente misérable à leurs manquements passés : « que ce ne soit pas peu de chose devant toi que toutes les peines qui nous ont atteints » (9:32). Mais tout en faisant appel à la miséricorde de Dieu, ils reconnaissent le juste gouvernement de Dieu. « Mais tu es juste dans tout ce qui nous est survenu, car tu as agi avec vérité, et nous, nous avons agi méchamment » (9:33). Et ils font remonter toute leur méchanceté à la désobéissance à la Parole. Ils n’ont pas pratiqué la loi (9:34), ils n’ont pas servi l’Éternel, mais ils ont suivi leurs propres volontés dans toutes leurs « mauvaises actions » (9:35), et le résultat en est qu’ils étaient dans une grande détresse (9:36, 37).
Le peuple est revenu à la Parole de Dieu. Ils ont passé en revue leur histoire devant Dieu, et ont découvert que la source de leur présente détresse réside dans leur manquement à observer la Parole de Dieu. Ayant clairement vu et reconnu leur faillite passée, ils cherchent des moyens pour éviter que cela ne recommence. Pour arriver à ce but désirable en soi, le moyen qu’ils adoptent consiste à faire une alliance et à la certifier, l’écrire et la sceller (9:38). Néhémie ainsi que 32 sacrificateurs, 17 lévites, 44 chefs du peuple signent l’alliance (10:1-27). Dans cette alliance, ils s’engagent au moyen d’une malédiction et d’un serment (10:28, 29).
quant à leur marche personnelle: ils s’engagent à ce que cette marche soit dans l’obéissance à la loi de Dieu donnée par Moïse (10:29),
quant aux nations environnantes: ils s’engagent à maintenir une sainte séparation (10:30),
quant à l’Éternel: ils s’engagent à Lui rendre avec zèle ce qui Lui est dû en observant le sabbat, les jours saints et la loi de la septième année,
quant à la maison de Dieu: ils s’engagent à maintenir le service et à ne pas abandonner la maison (10:32-39).
Tout ceci est excellent en son temps et en sa saison, et l’alliance de ce chapitre est le résultat et la conclusion appropriée du chapitre précédent. Comme un autre a dit, « cesser de mal faire » doit être suivi par « apprendre à bien faire » (És. 1:16-17). Il est tout à fait juste, si nous avons mal fait, de commencer par confesser le mal avant de se mettre à faire le bien. Mais faire le bien est la suite normale de la confession d’avoir mal fait. C’est toute cette convenance morale que nous voyons ici en passant du ch. 9 au ch. 10.
Si l’on regarde de plus près les termes de l’alliance, il est
significatif de noter l’absence de référence à la muraille et aux portes de la
ville, tandis qu’une place prééminente est donnée à la maison de Dieu. Pourquoi
cette omission alors que le service spécial de Néhémie concernait la muraille
et les portes ? Et pourquoi, peut-on demander, mettre tellement l’accent
sur la maison de Dieu ? N’est-ce pas, comme quelqu’un l’a dit, « insister
sur le grand fait que le grand test de la fidélité était l’entretien de la
maison, le soutien à ceux qui y servent, l’obéissance aux principes d’ordre
divin dont la maison a toujours été le rappel et le symbole, et une conduite en
accord avec ces principes. Il n’y avait pourtant pas de Présence
de Dieu dans la maison, comme il y avait eu autrefois, et
cette maison n’avait de valeur qu’autant que ses caractères moraux étaient
maintenus. Le peuple dans la ville et hors de la ville, c’est-à-dire tout le
peuple, signifiait par leurs signataires leur intention de se conformer à la
volonté de Dieu, et s’engageaient à supporter la maison plutôt que la muraille
(renforcer la muraille sans s’occuper de l’universalité et de la pureté de la
maison n’aurait fait que répéter le triste égarement et endurcissement des
années précédentes). Aussi, les familles, le bétail, les fruits, les récoltes,
la vendange étaient tous la contribution de la part du pays à la maison de
Dieu, en reconnaissance à Dieu, et pour le support des sacrificateurs, des
lévites, des chantres et des portiers ».
Il est très heureux de voir ce résidu de retour réaliser que tout leur prospérité et leur bénédiction dépendaient du maintien de la maison de Dieu, et cela nous montre le chemin pour la prospérité et la bénédiction spirituelles pour le peuple de Dieu de nos jours (Agg. 2:18, 19). Cependant la méthode par laquelle ils cherchaient à exécuter leurs obligations doit nous servir d’avertissement plutôt que d’exemple, à nous qui vivons au temps de la grâce. Que le résidu du temps de Néhémie se soit chargé de l’entretien de la maison au moyen d’une alliance, est en harmonie avec la dispensation de la loi (ils vivaient dans cette dispensation), et pourtant l’histoire de leur nation doit nous avertir de l’inutilité pour l’homme de faire alliance avec Dieu. Dans les jours d’autrefois déjà, Israël n’a-t-il pas fait une alliance aux conséquences désastreuses ? Après trois mois de défaillances continuelles de leur part, et de grâce inlassable de la part de Dieu, ils entrèrent dans l’alliance de Sinaï en disant « tout ce que l’Éternel a dit, nous le ferons » (Exode 24).
De plus après le règne du méchant Manassé, il y eut un réveil sous Josias et un retour à la Parole de Dieu. Là-dessus le roi fit alliance devant l’Éternel de marcher selon le Seigneur et de garder Ses commandements, « et tout le peuple entra dans l’alliance » (2 Rois 23:3).
Quel fut le résultat de ces alliances ? À peine entré dans l’alliance de faire tout ce que l’Éternel avait dit, Israël dressa immédiatement une idole et apostasia vis-à-vis de Dieu. Quant à l’alliance aux jours de Josias, le prophète Jérémie nous dit que le peuple était revenu à l’Éternel « avec mensonge » (Jér. 3:10).
Devant d’aussi tristes exemples, nous voyons la vanité des alliances d’hommes, et même si le peuple de Dieu retourne à l’autorité de la Parole de Dieu, et se juge par elle, nous voyons qu’il ne sera pas mieux capable dans le futur de marcher selon la parole par aucun effort provenant de lui-même.
Le peuple était parfaitement sincère et très zélé. Mais le fait d’avoir rebâti la muraille, et mis en place les portes, et d’être revenus à la Parole de Dieu, confessant leurs péchés, cela les trompait eux-mêmes, apparemment, au point de leur faire penser que dorénavant ils feraient mieux que leurs pères. Et c’est pourquoi, oubliant apparemment leur propre faiblesse, et transportés par l’enthousiasme du moment, ils entrent dans une alliance s’engageant à bien se comporter dorénavant.
En voyant le résidu à la lumière de la dispensation où ils se trouvaient, ne pouvons-nous pas dire qu’ils avaient des raisons d’agir comme ils le faisaient ? Qu’ils fassent une alliance ou qu’ils n’en fassent pas, ils étaient sous l’obligation d’obéir à la loi. Ils acceptaient cette obligation au moyen d’une alliance. La lumière qu’ils avaient ne leur permettait guère d’agir autrement, même si la futilité des alliances avait été démontrée dans l’histoire de la nation. Le chrétien, lui, serait inexcusable. En face des avertissements des alliances de l’Ancien Testament, et à la lumière de la vérité qui révèle la position du chrétien devant Dieu comme n’étant « pas sous la loi, mais sous la grâce », comment peut-il revenir à une alliance qui le lie par obligation légale ? Et pourtant de nos jours, comme durant tout le temps du christianisme, combien souvent le peuple de Dieu ne s’est-il pas lié par des alliances. Certaines fois, des gens sincères, jugeant les conditions misérables qui prévalaient parmi le peuple de Dieu, ont insisté justement et fortement pour qu’on retourne à la Parole de Dieu. Et le fait que quelques-uns l’aient fait a certaines fois trompé les autres, dans une mesure, en leur faisant penser qu’ils étaient un peu meilleurs, ou différents de leurs prédécesseurs. Le résultat en a été qu’ils ont cherché à assurer leur obéissance future à la Parole au moyen de ce qui est, dans son principe, une alliance écrite et scellée. Dans l’enthousiasme d’une mouvement de renouveau, ils ont cherché à énoncer clairement et par écrit les limites de leur communion, les conditions dans lesquelles ils proposaient de se réunir, leur méthode de réception et le caractère de leur discipline. Et ceci est diffusé avec le nom des conducteurs qui y ont souscrit. Mais dans son principe, ceci n’est-il pas qu’une alliance signée et scellée, qui trahit le légalisme de nos cœurs qui aime avoir une charte écrite par d’autres pour se reposer dessus ? Cependant l’esprit légal, bien qu’extrêmement sincère, est toujours ignorant de sa propre faiblesse, et il se confie dans la force qu’il s’imagine avoir. C’est là que réside la faiblesse de telles méthodes ; elles donnent trop d’importance à l’homme et au fait de dépendre de ses définitions, de ses interprétations et de ses efforts ; elles donnent trop peu d’importance au Seigneur et au fait de dépendre de Sa sagesse, de Ses directions et de Sa grâce.
Tous ceux qui cherchent à agir sur le principe d’une alliance écrite et scellée, découvriront que, bien qu’il apparaisse très facile d’appliquer les termes convenus pour la communion, sous l’influence d’un mouvement nouveau, cependant une fois la première ferveur du mouvement passée, les termes convenus sont de plus en plus ignorés, l’indépendance et la propre volonté s’affirment de plus en plus, et la désintégration s’installe. Le fait qu’il en soit ainsi ne fait que prouver l’impossibilité de maintenir la cohésion du peuple de Dieu par aucune formule humaine, aussi sincères soient-elles, et rédigées aussi soigneusement et scripturairement qu’on voudra.
Il ne suffit pas de revenir à l’Écriture. Nous devons avoir le Seigneur Lui-même pour nous diriger, et le Saint Esprit pour nous maîtriser.
Le sujet du ch. 11 est la répartition du peuple dans la ville et en province. À la suite de cette répartition, Jérusalem est peuplée d’un certain nombre de fils de Juda (11:4-6) et de Benjamin (11:7-9), d’un nombre considérable de sacrificateurs (11:10-14), de quelques lévites (11:15-18) et de portiers (11:19). En province, le résidu d’Israël est composé de sacrificateurs, de lévites et de Néthiniens (11:20-21), de fils de Juda (11:25-30) et de Benjamin (11:31-35).
La répartition du peuple dans tout le Pays est importante si on
la considère en relation avec la muraille et les portes qui forment le grand
sujet du livre de Néhémie. Car la répartition montre clairement que la muraille
n’était pas érigée pour maintenir le peuple dans un endroit confiné, ni pour
les en exclure. Il y avait des fils de Juda et de Benjamin, et des sacrificateurs
et des lévites qui demeuraient hors de la muraille aussi bien qu’au-dedans, et
cela était correct et selon l’ordonnance de Dieu. Rappelons-nous que c’est la
nation qui était allée en captivité et non pas seulement les citoyens de
Jérusalem, et c’est un résidu de cette nation
qui était revenu.
Pour comprendre la nécessité de la muraille et des portes, nous
devons garder à l’esprit que Dieu a commencé par délivrer un résidu de Son
peuple de la captivité et les a ramenés dans le pays, sous Zorobabel, en vue de
bâtir la maison de l’Éternel (Esd. 1:2, 3). Mais la maison étant construite, il
est devenu nécessaire de construire la muraille et de mettre en place les
portes pour maintenir la sainteté de la
maison de l’Éternel
.
La muraille et les portes n’ont pas été érigées pour que quelques-uns à l’intérieur de la muraille puissent revendiquer un droit exclusif à la maison de l’Éternel, ni pour interdire l’accès de la maison à ceux qui se trouvaient hors de la muraille. Si ceux qui se trouvaient à l’intérieur de la muraille avaient fait tant soit peu une telle revendication, cela aurait été un sommet de présomption, et cela aurait été le pire des abus possibles dans l’usage de la muraille et des portes. Cela aurait été se servir de la muraille et des portes pour s’exalter eux-mêmes, pour exclure un grand nombre du peuple de l’Éternel de leurs privilèges, et pour nier les droits du Seigneur (*).
(*) Aux jours d’Ézéchiel les habitants de Jérusalem revendiquaient effectivement cette position ultra-exclusive. Ils disaient à toute la maison d’Israël « Éloignez-vous de l’Éternel, ce pays nous est donné en possession » (Éz 11:14, 15). C’était une revendication que seuls ceux à l’intérieur de la ville possédait les privilèges du peuple de Dieu.
La double manière dont
l’Éternel réprimande cette prétention (un droit exclusif pour sa satisfaction
propre) est tout à fait significative. D’abord, le résultat immédiat de cette
revendication exclusive de la part de Jérusalem fut que la gloire de l’Éternel
monta du milieu de la ville (Éz. 11:23). Ils
perdirent ce dont ils réclamaient l’exclusivité
, car Dieu ne veut pas de
liaison entre Sa gloire et l’orgueil spirituel et la prétention des hommes.
Deuxièmement, à l’égard de « toute la maison d’Israël », les exclus,
l’Éternel dit : « toutefois je leur serai comme un petit sanctuaire
dans les pays où ils sont venus » (Éz. 11:16). Ceci n’était que l’exercice
provisoire (néanmoins tout à fait réel) de la grâce et de la compassion ;
car le propos de Dieu est d’avoir tout Son peuple « dans la terre d’Israël »
(Éz. 11:17), séparé du mal (Éz. 11:18), unis de cœur (Éz. 11:19), obéissant à
la Parole et jouissant de relations avec Dieu (Éz. 11:20). En fin de compte,
nous le savons, ce propos s’accomplira.
Ainsi il n’était pas possible que les habitants de Jérusalem revendiquent à titre exclusif le privilège de la présence de l’Éternel (en fait cette Présence les quittait), et le peuple de l’Éternel ne pouvait pas être privé de cette Présence ailleurs, une fois que la gloire aurait quitté Jérusalem.
Reconnaissons clairement que le peuple a été ramené dans le Pays
pour construire la maison, et que la muraille est devenue nécessaire une fois la maison construite
, pour en maintenir
la sainteté. Sans la muraille, la maison ne pouvait pas être maintenue dans la
sainteté qui convient à la maison de Dieu pour toujours (Ps. 93:5). Sans la
maison, la muraille n’aurait fait qu’enserrer un groupe de personnes cherchant
à s’exalter en excluant les autres. Utilisée correctement, la muraille
maintient la sainteté de la maison de Dieu et assure ainsi les privilèges de la
maison de Dieu à tout le peuple de Dieu. Si on en abuse, elle devient
simplement l’insigne d’un parti, et la sécurité d’une secte.
Comprendre ainsi correctement cette partie du livre de Néhémie est de la plus haute importance pour ceux qui, de nos jours, ont été délivrés des systèmes des hommes pour chercher, une fois de plus, à maintenir les principes de la maison de Dieu. S’ils tiennent compte des leçons de l’histoire de ce résidu, ceux-ci seront épargnés des nombreux pièges où il est si facile de glisser. Nous devrions en effet réaliser que, sans séparation du mal, il est impossible de maintenir la sainteté de la maison de Dieu, mais nous devrions également réaliser le grave danger qui existe d’abuser de la vérité indiscutable de la séparation pour former une compagnie d’élite qui exclut beaucoup de ceux du peuple de Dieu, et qui refuse au Seigneur Ses droits, et finalement perd la vérité même de la maison de Dieu qu’une vraie séparation du mal maintiendrait.
Telle est la grande leçon que nous avons à apprendre de la
répartition du peuple. La méthode
de
répartition nous parle aussi : elle nous rappelle que si nous cherchons à
marcher à la lumière de la maison de Dieu, nous devons, comme le résidu du
temps de Néhémie, être préparés pour des circonstances de grands faiblesse. La
répartition par le sort est un témoignage de cette faiblesse. Le fait que cette
méthode ait été rendue nécessaire manifestait combien le nombre de ceux qui
étaient retournés dans la terre de l’Éternel était petit. Il nous a déjà été
dit que « la ville était spacieuse
et grande, mais le peuple peu nombreux
au milieu d’elle » (7:4). Et pourtant, s’ils étaient peu nombreux, leur
zèle pour la maison de Dieu était grand. Il arriva donc que ceux hors de la
ville (« le reste du peuple », 11:1) qui désiraient supporter la
maison et la ville, eurent recours au tirage au sort, et que par renoncement
ils affectèrent un dixième des personnes pour vivre à l’intérieur de la
muraille ; et ils exprimèrent en outre leur bonne volonté en bénissant
ceux qui s’offrirent volontairement pour habiter à Jérusalem (11:2).
Quelle différence ce sera dans le jour à venir de la gloire de Jérusalem. La ville sera alors effectivement « spacieuse et grande », mais le peuple qui y sera ne sera plus en petit nombre. Dans ce jour-là le Pays sera trop petit par rapport au nombre d’habitants ; et de la ville, ils diront « le lieu est trop étroit pour y habiter (És. 49:14-21). Ceci nous rappelle que la réformation, la restauration et les réveils, si brillants et si bénis soient-ils, sont loin d’atteindre la gloire à venir. Il y avait eu une réformation aux jours des rois, il y avait eu une restauration aux jours d’Esdras et Néhémie, et ces saints restaurés avaient jouis de leurs réveils, mais qu’il s’agisse de réformation, de restauration ou de réveil, c’était toujours dans des circonstances de faiblesse extérieure. Il n’en va pas autrement aujourd’hui. La chrétienté a eu aussi sa réformation, nous aussi avons été témoins de restaurations et de réveils, mais toujours au milieu de circonstances de faiblesse, car aussi large que soit le terrain de Dieu, il sera toujours trop étroit pour la chair religieuse ; et bien que la maison de Dieu embrasse tout Son peuple, ce ne sera toujours qu’un petit nombre qui sera prêt à marcher selon ses principes et à jouir de ses privilèges.
Il est bon pour nous que nous reconnaissions et acceptions les circonstances de faiblesse extérieure, car alors nous ne serons pas détournés du chemin de séparation au motif que ceux qui s’y trouvent sont en petit nombre. Nous marcherons alors à la lumière de la gloire à venir, sachant que, si nous maintenons la vérité, et marchons à la lumière de la maison de Dieu, nous nous maintenons dans ce qui sera pleinement déployé dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre. C’est là en effet que nous trouverons le tabernacle de Dieu dans la beauté de la sainteté, mais que la faiblesse aura disparu définitivement. La faiblesse passera, mais la maison demeurera. Cela ne nous encourage-t-il pas et ne nous stimule-t-il pas de nous souvenir que ce que nous maintenons dans la faiblesse sera manifesté en gloire ?
De plus, ne pouvons-nous pas dire que même la muraille et les portes ne sont pas permanentes ? Elles seront en effet toujours nécessaires tandis que la maison de Dieu est dans un monde mauvais. Mais la maison subsistera quand la muraille ne sera plus nécessaire.
Il est vrai que la cité céleste a sa muraille de jaspe et ses
portes de perle, car même si la cité présente l’Église de Dieu dans toute sa
gloire, elle présente quand même l’église en relation avec un monde où le péché
existe encore, même s’il est refréné. Mais dans sa vision, Jean nous mène
au-delà du jour millénaire dans cette belle scène où toutes les premières
choses sont passées, et il voit la sainte cité, nouvelle Jérusalem, en train de
descendre
. Mais ce qu’il voit effectivement
dans la nouvelle terre
, n’est pas une
cité, mais c’est l’habitation de Dieu. « Et
j’ouïs une grande voix venant du ciel, disant : Voici, l’habitation [le
tabernacle] de Dieu est avec les hommes » (Apoc. 21:3). Le tabernacle de
Dieu est là, mais la muraille et les portes de la ville ont disparu pour
toujours. Aucune muraille ne sera nécessaire dès l’instant où il n’y aura plus
de mal à exclure. Il n’y aura plus de séparation, car il n’y aura plus de mer.
Dans la première partie de ce chapitre (12:1-26), le Seigneur distingue par nom ceux qui étaient occupés directement au service de la maison de Dieu. Ce n’est pas peu de choses aux yeux de Dieu, en un temps de faiblesse, de maintenir le service de la maison, et au milieu des douleurs de Son peuple, de conduire la louange et les actions de grâce montant vers Lui. Dieu a fait connaître Son approbation en donnant le registre des noms des principaux sacrificateurs, des lévites, de ceux qui conduisaient les actions de grâce, de ceux qui exerçaient diverses fonctions, et des portiers qui faisaient la garde aux magasins des portes (12:8, 9, 24, 25).
Tout est maintenant prêt pour la dédicace de la muraille. Le
récit de l’achèvement du travail est donné au ch. 6, mais entre l’achèvement et
la dédicace, il s’est passé une série d’incidents qui, pris dans leur ensemble,
amènent à considérer la dédicace
comme celle de tout le peuple
. L’autorité
de la Parole est retrouvée ; à la lumière de la Parole le peuple se juge
lui-même, confessant ses péchés, et se consacre par une alliance au service de
Dieu. Un certain nombre d’entre eux se dévoue alors pour les intérêts de la
ville et le service de la maison.
Cette dédicace [consécration] du peuple, comme on peut l’appeler, ouvre la voie à la dédicace de la muraille. En vue de cette dédicace, on va chercher les lévites, et on les fait venir à Jérusalem ; les chantres se rassemblent d’eux-mêmes ; et les sacrificateurs et les lévites se purifient eux-mêmes, et purifient le peuple, les portes et la muraille (12:27-30).
À la suite de cette purification, deux chœurs sont formés pour faire le tour dessus la muraille. Ces deux chœurs marchent en procession en faisant le tour de la muraille, et ils se rencontrent dans la maison de Dieu (12:40). Là ils chantent à haute voix, et offrent de grands sacrifices, et se réjouissent, car Dieu les a faits se réjouir d’une grande joie. Les femmes aussi, et les enfants qui ont été associés dans la confession du péché, leurs sont maintenant associés dans les chants de louange (12:41-43).
La dédicace de la muraille fait ressortir l’appréciation de ce
que Dieu a opéré. La procession selon le tour de la muraille est là pour donner
au peuple une vue complète de l’étendue de la ville. Selon le psalmiste (Ps.
48:12-13), ils font le tour de Sion, ils
en font le circuit, ils comptent ses tours, et font attention à son
rempart ; ils considèrent ses palais. Le résultat est, selon le même
psaume, qu’ils se tournent vers l’Éternel en louange, en disant : « L’Éternel
est grand et fort digne de louange dans la ville de notre Dieu, dans sa
montagne sainte. Belle dans son élévation, la joie de toute la terre, est la
montagne de Sion, aux côtés du nord, la ville du grand roi ; Dieu est
connu dans ses palais pour une haute retraite » (Ps. 48:1-3). Puis, quand
les deux chœurs se rencontrent dans la maison de Dieu, ils peuvent sûrement
reprendre les paroles du Psaume (48:9) : « Ô Dieu ! nous avons
pensé à ta bonté, au milieu de ton temple
».
N’est-il pas évident que
la dédicace de la muraille, avec la procession faisant le tour de la muraille
et la réunion d’actions de grâces [12:40 selon la version autorisée anglaise]
dans la maison de Dieu, a sa contrepartie dans l’appréciation du caractère
précieux de l’Assemblée aux yeux de Christ lorsqu’elle
est vue dans toute son étendue selon les conseils de Dieu
? Et cette
appréciation de l’Assemblée selon les conseils de Dieu fait jaillir la louange
et les actions de grâce au Seigneur. La vraie appréciation de l’Assemblée ne
conduira jamais à l’autosatisfaction ou à l’exaltation de l’Assemblée, mais
tournera l’Assemblée vers Celui à qui appartient l’Assemblée, et pour le
plaisir et la gloire duquel l’Assemblée a été amenée à l’existence. Si nous
apprécions l’Assemblée vue selon les conseils de Dieu, cela nous conduire à
dire « à Lui gloire dans l’Assemblée dans le Christ Jésus pour toutes les
générations du siècles des siècles ! Amen » (Éph. 3:21).
En outre, nous apprenons de celle belle scène du temps de Néhémie, que quand le Seigneur reçoit Sa portion de Son peuple, les serviteurs du Seigneur, ceux qui se consacrent au service du Seigneur, reçoivent aussi la leur. C’est ainsi que nous lisons : « tout Israël donnait les portions des chantres et des portiers, chaque jour ce qu’il fallait » (12:44-47). Si les serviteurs du Seigneur sont négligés, c’est un signe certain que le peuple de Dieu ne saisit guère ce qu’est l’Assemblée et sa valeur pour Christ. Plus nous apprécions l’Assemblée comme vue par Christ, plus nous estimerons que c’est un privilège de faire face à nos responsabilités et à nos privilèges en faisant part de nos biens temporels aux serviteurs du Seigneur qui nous font part des biens spirituels (Rom. 15:27 ; 1 Cor. 9:11).
Si l’on compare avec le nombre de ceux qui sont retournés de captivité, il n’y en a pas eu beaucoup qui ont pris part à la dédicace de la muraille. Mais ceux qui ont fait le tour de la muraille devaient avoir pour eux-mêmes une vue élargie de la ville, et une joie accrue dans le Seigneur, et d’autres n’ayant pas pris part à la dédicace, devaient quand même en profiter dans une mesure, car nous lisons « la joie de Jérusalem s’entendait au loin » (12:43). De nos jours, il y a ceux qui acceptent la lettre sur la vérité de l’Assemblée, mais qui pourtant ne semblent jamais entrer dans la vérité selon Dieu. Ils n’ont pas fait le tour de Sion, ni n’en ont fait le circuit, ni compté ses tours, ni n’ont fait attention à son rempart, ni considéré ses palais. Ils n’ont donc guère connu ce que c’est que d’entrer dans le sanctuaire de Dieu et de chanter Ses louanges. Néanmoins, ils tirent profit de ceux qui le font. Dans la maison de Béthanie, personne n’appréciait autant le Seigneur que Marie qui a oint Ses pieds ; pourtant d’autres ont profité de son acte, car « la maison fut remplie de l’odeur du parfum ».
Dans le dernier chapitre, nous apprenons que la sainteté pratique de la ville ne peut être maintenue que par l’exercice de la discipline s’occupant des différentes corruptions dès qu’elles apparaissent. Il n’en va pas autrement aujourd’hui. Sans l’exercice de la discipline selon la Parole de Dieu, la sainteté ne peut pas être maintenue dans les Assemblées du peuple de Dieu une fois que le mal s’est manifesté.
La première difficulté à laquelle le résidu eut à faire face était l’influence corruptrice du « peuple mélangé » (13:1-3). Ils paraissent représenter ceux qui, de nos jours, voudraient bien se tenir avec le peuple de Dieu dans le chemin de la séparation, mais qui maintiennent leurs liens avec la chrétienté corrompue. Aux jours de Néhémie, il y avait les Israélites d’un côté, les Ammonites et les Moabites de l’autres ; mais il y avait aussi le « peuple mélangé », une classe qui n’était ni franchement des Israélites ni des païens, mais qui cherchait à avoir des liens avec les deux. Le résidu réalisa d’après la Parole de Dieu que non seulement les païens n’étaient pas admis de la congrégation de l’Éternel, mais qu’ils ne pouvaient pas tolérer ceux qui maintenaient des liens avec les païens, c’est-à-dire le peuple mélangé.
La seconde difficulté fut la
corruption dans la maison de Dieu introduite par un conducteur
(13:4-9).
Eliashib se sert de sa position de sacrificateur pour favoriser les intérêts de
son ami, et il introduit ainsi parmi le peuple de Dieu quelqu’un qui introduit
dans la maison de Dieu ce qui souille. Néhémie agit avec rigueur contre ce mal,
sans être aucunement retenu par la position du fautif. Rien n’est plus solennel
quand un conducteur de l’Assemblée de Dieu met de côté les principes de l’Assemblée
de Dieu pour favoriser les intérêts d’un ami personnel, et qui compte en même
temps sur sa position pour réduire au silence toute opposition. Un mal d’un tel
caractère appelle en effet une action rigoureuse sans égard pour les personnes.
La troisième épreuve est la négligence
de la maison de Dieu
(13:10-14). Ceux qui se dévouaient au service de la
maison de Dieu étaient négligés, et par suite ils étaient contraints de
retourner à leur travail séculier ; « ils avaient fui chacun à son
champ » (13:10). Le résultat en était que la maison de Dieu était oubliée.
Ceci apparaît avoir été l’effet direct de la corruption d’Eliashib qui avait
introduit un ennemi dans la maison de Dieu, et avait fait des provisions pour
lui, au détriment des vrais serviteurs de Dieu. Néhémie ne se contente pas de
jeter dehors le fautif et ses souillures, mais il restaure les vrais serviteurs
et assure qu’il y ait des provisions correspondant à leurs besoins. Nous aussi
nous ne devons pas nous nous contenter d’exclure ceux qui sont de faux
serviteurs, mais nous devons nous assurer que provision soit faite pour
maintenir les vrais serviteurs. Il est de plus significatif que Néhémie ne dise
pas « pourquoi les lévites sont-ils négligés ? » comme on aurait
pu s’y attendre, mais « pourquoi la maison de Dieu est-elle
abandonnée ? » Il reconnaît que la négligence des serviteurs de Dieu
est un indicateur d’un mal plus grave, à savoir la négligence de la maison de
Dieu.
La quatrième difficulté fut la profanation du sabbat
(13:15-22). Quand la maison de Dieu est
délaissée, le sabbat est prêt à être profané. Au lieu d’être mis à part pour l’Éternel,
il était utilisé pour favoriser les intérêts temporels du peuple et était
transformé en un jour ordinaire. De nos jours aussi, ceux qui négligent l’Assemblée
de Dieu n’auront guère de respect pour le jour du Seigneur. Si comme Néhémie
nous avons l’Assemblée de Dieu à cœur, nous verrons que nous fermerons les
portes contre tout ce qui nous distrairait du service du Seigneur le jour du
Seigneur (13:19).
La cinquième épreuve était l’infidélité
à l’égard de Dieu
. Dans ce cas particulier, elle se manifestait par des
alliances profanes entre le peuple de Dieu et les nations environnantes. La
famille du souverain sacrificateur prend une place majeure dans ce mal. À
nouveau Néhémie agit avec rigueur contre le mal, et cherche ainsi à maintenir
la pureté du peuple de Dieu.
Il faut noter que ces mesures de discipline visaient non
seulement ceux à l’intérieur de la ville, mais aussi ceux de l’extérieur
(13:15), et de plus elles s’appliquaient à toutes les classes du peuple. Les sacrificateurs
se servaient de leur
sainte fonction pour favoriser les intérêts des ennemis de Dieu (13:4). Les chefs
négligeaient la maison de Dieu
(13:11). Les nobles
étaient meneurs
dans la profanation du sabbat (13:17). Et le peuple
contractait des alliances profanes (13:23). Mais la fidélité
d’un seul homme conduit à traiter toutes ces mauvaises actions avec une
discipline sans acception de personnes, et ainsi la sainteté de la maison de
Dieu est maintenue.
Dans la mesure où les actions disciplinaires s’appliquaient à tous ceux qui étaient revenus dans la Terre de Dieu, et non pas simplement aux habitants de Jérusalem, il est clair qu’ils considéraient comme acquis que l’intérêt de tout Israélite s’identifiait avec la prospérité de la maison ; et de plus que ceux qui habitaient en province étaient aussi nécessaires à l’entretien de la maison que ceux qui habitaient à l’intérieur de la ville. Les sacrificateurs et les lévites à l’intérieur de la muraille pouvaient être plus directement concernés par le service de la maison, mais l’histoire fournit d’abondants exemples montrant clairement que ceux à l’intérieur de la muraille dépendaient de ceux qui en étaient au dehors, pour leur nourriture journalière. Nous avons un tableau d’un peuple uni pour l’entretien de la maison qui est entourée par la muraille de la ville pour le maintien de son caractère de sainteté.
On notera que pour l’essentiel, les mauvaises actions auxquelles on avait à faire, étaient celles que le peuple, peu de temps auparavant, avait promis d’éviter, le garantissant par une alliance sous serment et à peine de malédiction. Combien ils avaient montré rapidement leur propre faiblesse, et en conséquence la faiblesse de la loi, tant pour améliorer la chair que pour la réfréner. Pour le moment ces mauvaises actions étaient traitées grâce à la fidélité d’un homme. Mais une fois Néhémie disparu, ces mauvaises choses reprirent vigueur jusqu’aux jours de Malachie où alors elles caractérisaient la masse, et le seul espoir laissé à l’homme pieux est la venue du Seigneur. Le résidu du temps de Malachie craignait l’Éternel et pensait à Son Nom, et nous pouvons ainsi affirmer avec certitude qu’ils n’abandonnaient aucun principe de la maison de Dieu, mais ils ne faisaient pourtant aucune alliance pour maintenir l’intégrité de la maison. Pour eux, il n’y avait pas d’appel à prendre des précautions pour leur future bonne conduite, car ils attendaient le lever du Soleil de justice dont la guérison est dans Ses ailes. Tout ce qui était derrière eux n’était que manquements, tout ce qui était autour d’eux n’était que corruption, et tout ce qui était devant était la gloire.
À la fin de cette esquisse du livre de Néhémie, il peut être à propos d’ajouter quelques remarques sur son application au temps présent.
En rapport avec Israël, c’était le propos de Dieu d’avoir Sa
maison dans la ville de Jérusalem au milieu d’un peuple demeurant dans Sa Terre
(ou : Pays). En rapport avec ce propos, il y a trois principes importants.
En rapport avec la maison, c’est la pensée de Dieu qui habite
[ou : demeure] ; en rapport avec la ville c’est
celle de Dieu qui gouverne
; et
en rapport avec la nation et la terre, c’est celle de Dieu qui bénit
. Là où Dieu demeure [ou :
habite], Dieu doit gouverner ; et quand Dieu gouverne, Il bénit. Ainsi c’est
le propos de Dieu de demeurer au milieu d’un peuple racheté, de gouverner sur
eux en vue de leur bénédiction. Ce propos sera réalisé dans un jour à venir.
Le livre de Néhémie présente l’histoire d’un résidu de la nation agissant à la lumière du propos originel de Dieu pour toute la nation, tout en attendant l’accomplissement futur au jour millénaire.
Ce qui était « matériel » en Israël a aujourd’hui sa contrepartie « spirituelle » dans l’Assemblée de Dieu. Nous savons que l’Assemblée de Dieu est présentée comme la maison de Dieu (1 Tim. 3:3), et comme la cité du Dieu vivant (Héb. 12:22 ; Apoc. 21). De plus les croyants sont vus comme « une nation sainte » (1 Pierre 2:9), en sorte qu’on peut redire que c’est la pensée de Dieu de demeurer au milieu d’un peuple racheté, en les gouvernant pour leur bénédiction. Le propos de Dieu pour l’Assemblée sera pleinement réalisé dans la Jérusalem céleste, comme il le sera pour Israël dans la Jérusalem terrestre.
En face de la vérité, on se rend compte à quel point la chrétienté s’est écartée du propos de Dieu pour Son Assemblée. Au lieu d’avoir Dieu demeurant au milieu d’un peuple racheté, et gouvernant pour leur bénédiction, nous voyons un vaste système religieux où tous les principes divins sont mis de côté. Sa concrétisation la plus marquée se trouve dans une grande organisation ecclésiastique (composée en majorité de gens non régénérés professant le christianisme, et non pas de rachetés), et cette organisation, au lieu d’être l’habitation de Dieu, va bientôt devenir « la demeure de démons, et le repaire de tout esprit immonde, et le repaire de tout oiseau immonde et exécrable » (Apoc. 18:2). De plus, son gouvernement, au lieu d’être une bénédiction pour l’homme, a corrompu la terre et persécuté les saints (Apoc. 16:18 ; 17:24 ; 19:2).
De plus nous voyons que la grande majorité du peuple de Dieu a été retenu captive dans ce grand système de Babylone, duquel, par la grâce de Dieu, quelques-uns ont été libérés, ayant eu les yeux ouverts pour voir la vérité de l’Assemblée de Dieu comme maison de Dieu. Ces quelques-uns ont cherché à marcher dans la vérité de la pensée originelle de Dieu pour l’Assemblée, tout en attendant sa pleine réalisation en gloire.
Ainsi, comme le résidu aux jours de Néhémie, ils se sont trouvés dans des circonstances de grande faiblesse, ayant à faire face à l’opposition et aux difficultés, environnés de pièges. En face de toutes les difficultés, ils ont cherché à maintenir la sainteté de la maison de Dieu, le gouvernement de la ville, et la bénédiction du peuple de Dieu. Toutefois, le maintien des principes de la maison de Dieu devait être leur première tâche ; l’administration, ou le gouvernement, suivrait, et si elle était exercée correctement, elle serait sous l’influence de la maison et en harmonie avec son caractère et son ordre, et donc pour la bénédiction du peuple de Dieu.
Il en était ainsi aux jours d’Esdras et Néhémie. Le réveil de la maison sous Zorobabel et les autres, et la restitution de son ordre par Esdras ont été le premier souci du résidu. Ensuite la maison a été entourée par la muraille, et l’administration, ou gouvernement, a été établie en rapport avec la maison. Dès le commencement la maison a toujours été accessible à tout Israélite de tout lieu du Pays, en supposant bien sûr qu’il en avait effectivement le droit et que son état moral convenait, et cet accès devait se conformer aux ordonnances de la maison. Il n’était pas question que la maison soit restreinte aux quelques-uns demeurant effectivement à l’intérieur de la muraille. Si cela avait été le cas, cela aurait été un mauvais usage grave de la muraille, et aurait faussé le vrai caractère de la maison en limitant ses privilèges à une compagnie choisie et auto-constituée.
D’un autre côté, il aurait été aussi grave d’ignorer que l’administration, ou le gouvernement, avait à être en accord avec l’ordre et la sainteté de la maison, cette ignorance conduisant chacun à faire ce qui était bon à ses propres yeux ; cela aurait été la faillite du maintien de la sainteté de la maison de Dieu et la perte de la bénédiction pour le peuple.
Nous sommes ainsi avertis que la sainteté de la maison de Dieu et la bénédiction du peuple peuvent être tout autant perdues par ultra-exclusivisme que par laxisme.
Si nous désirons connaître les pensées de Dieu pour le temps où nous vivons, nous ferons bien de parcourir ces thèmes avec Dieu, nous rappelant que, si « toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour reprendre, pour corriger et pour instruire dans la justice », cependant certaines parties de l’Écriture contiennent un message tout spécial pour un temps de ruine. Parmi celles-ci, il n’y en a peut-être aucune qui ait une place plus importante que le livre de Néhémie dans l’Ancien Testament et la seconde épître à Timothée dans le Nouveau Testament. Que Dieu nous donne la grâce de chercher diligemment Sa pensée dans Sa parole, et de nous y soumettre sans réserve. Ce sera la seule manière de nous permettre de tenir ferme ce que nous avons, afin que personne ne prenne notre couronne.