Élie, un prophète de l’Éternel

Smith Hamilton [ajouts bibliquest entre crochets]


Table des matières abrégée :

1 - Préface

2 - ACHAB — Le message de Dieu — 1 Rois 17, 1

3 - LE KERITH — Il arriva que le torrent sécha — 1 Rois 17, 2-7

4 - SAREPTA — La maison de la veuve — 1 Rois 17, 8-24

5 - ABDIAS — Le préposé sur la maison du roi — 1 Rois 18, 1-16

6 - LE CARMEL — Le feu du ciel — 1 Rois 18, 16-40

7 - LE CARMEL — La venue de la pluie — 1 Rois 18, 41-46

8 - JÉZABEL — La fuite dans le désert — 1 Rois 19, 1-7

9 - HOREB — La montagne de Dieu — 1 Rois 19, 9-18

10 - ACHAZIA — Tu mourras certainement — 2 Rois 1

11 - LE JOURDAIN — Le char de feu — 2 Rois 2, 1-15


Table des matières détaillée :

1 - Préface

2 - ACHAB — Le message de Dieu — 1 Rois 17, 1

2.1 - [Le ministère prophétique]

2.2 - [Quand l’idolâtrie se généralise]

2.3 - [Annonce d’un jugement imminent]

2.4 - [Le secret de la hardiesse d’Élie]

3 - LE KERITH — Il arriva que le torrent sécha — 1 Rois 17, 2-7

3.1 - [Circonstances éprouvantes servant à former Élie pour le service à venir]

3.2 - [Leçon du vase vide : va, cache-toi]

3.3 - [Vie par la foi dans l’obéissance]

3.4 - [Le torrent sèche : les grâces peuvent être retirées, mais Dieu demeure]

4 - SAREPTA — La maison de la veuve — 1 Rois 17, 8-24

4.1 - [Dieu connaît nos besoins, mais les voies de Sa sagesse maintiennent les Siens dans le sentier de la foi]

4.2 - [Élie envoyé à Sidon, la ville de Jézabel. Élie nourri par une femme veuve sans ressources : foi et obéissance]

4.3 - [Fournaise de l’épreuve à Sarepta]

4.4 - [État désespéré – paroles de grâce – provision de la grâce – enseignement de la grâce – espérance de la grâce]

4.5 - [Images de Christ et du Saint Esprit]

4.6 - [Connaître Dieu comme le Dieu de résurrection. Conscience réveillée par la présence de la mort]

5 - ABDIAS — Le préposé sur la maison du roi — 1 Rois 18, 1-16

5.1 - [Un temps pour se cacher, un temps pour se montrer]

5.2 - [Achab occupé de la conservation de ses chevaux et non de la détresse du peuple]

5.3 - [Pas de communion possible entre Abdias et Élie]

5.4 - [Conséquences du « joug mal assorti » : Comment se traduit dans la pratique la fausse position d’ Abdias]

5.5 - [Conduite d’Élie en contraste avec celle d’Abdias. Connaître les richesses insondables du Christ et l’opprobre de Christ]

6 - LE CARMEL — Le feu du ciel — 1 Rois 18, 16-40

6.1 - [Qui est semeur de trouble ? Achab ou Élie ?]

6.2 - [Le péché qui a attiré le jugement doit être jugé]

6.3 - [Trois classes : les meneurs de l’apostasie + les faux prophètes + la grande masse sans foi ni conviction]

6.4 - [Urgence de se décider, le jour de la grâce tend à sa fin]

6.5 - [Ceux qui n’ont pas fléchi les genoux devant Baal mais n’ont pas témoigné pour Dieu en public]

6.6 - [Folie des faux prophètes et vanité de leurs dieux]

6.7 - [L’autel : l’unité du peuple avec Dieu au milieu de lui]

6.8 - [Le feu du jugement de l’Éternel doit tomber : sur les coupables ou sur le sacrifice ?]

7 - LE CARMEL — La venue de la pluie — 1 Rois 18, 41-46

7.1 - [La foi qui saisit les signes des temps]

7.2 - [Le monde qui ne pense qu’à se divertir quand Dieu accorde du soulagement]

7.3 - [L’homme de Dieu redouble de prière quand Dieu commence à intervenir et que le monde festoie. Prière dans le secret]

7.4 - [Persévérance dans la prière]

7.5 - [Le temps des reproches, le temps de sauvegarder l’autorité]

8 - JÉZABEL — La fuite dans le désert — 1 Rois 19, 1-7

8.1 - [Zèle religieux idolâtre manipulant le pouvoir civil]

8.2 - [La foi défaillante perd de vue le Dieu vivant et recule devant les conséquences de son témoignage public]

8.3 - [Quand on oublie le chemin par lequel Dieu a conduit et qu’on ne pense qu’à soi]

8.4 - [Supporter l’échec d’une mission]

8.5 - [Le Seigneur Jésus devant l’échec apparent de son ministère]

8.6 - [Les soins de Dieu au jours de la foi, aux jours de l’abattement, et quand le serviteur ne voit que la perspective de la mort]

8.7 - [Le chemin est-il trop long ?]

9 - HOREB — La montagne de Dieu — 1 Rois 19, 9-18

9.1 - [Le Seigneur nous aime trop pour nous laisser nous reposer dans les retraites tranquilles de notre choix]

9.2 - [La question répétée de l’Éternel met en lumière le vrai état de l’âme du prophète]

9.3 - [Le Seigneur Jésus devant son travail vain : « Je me suis toujours proposé l’Éternel devant moi ; parce qu’il est à ma droite je ne serai pas ébranlé »]

9.4 - [Devant l’Éternel ou devant Jézabel ?]

9.5 - [Les manifestations terrifiantes aident à réveiller, mais seule la voix douce et subtile de la grâce touche et gagne le cœur de l’homme]

9.6 - [En la présence de l’Éternel Élie se cache, mais il reste orgueil, amertume et colère]

9.7 - [Dieu et tout ce qu’Il fait, en jugement et en grâce]

9.8 - [Délicatesse dans la manière d’agir de Dieu, même lorsqu’Il doit reprendre]

10 - ACHAZIA — Tu mourras certainement — 2 Rois 1

10.1 - [Impossible de s’endurcir contre Dieu et de prospérer]

10.2 - [Réclamer l’aide des démons est une provocation contre le Dieu vivant]

10.3 - [Le spiritisme prépare le chemin à l’Antichrist]

10.4 - [Séparation morale du monde coupable, et paisible confiance dans le Dieu vivant]

10.5 - [Les rois et toutes leurs armées n’ont aucune puissance contre un homme si Dieu est avec lui]

10.6 - [Dieu est un feu consumant. Si le sacrifice a été négligé, le feu tombe sur le peuple coupable]

10.7 - [Restauré, Élie ne craint plus les hommes]

10.8 - [Rappel de cette circonstance et de l’action divine dans l’évangile]

11 - LE JOURDAIN — Le char de feu — 2 Rois 2, 1-15

11.1 - [Le chemin pour représenter l’Homme monté au ciel par puissance et par grâce avec justice]

11.2 - [Guilgal — La chair mise de côté]

11.3 - [Béthel — Témoin de la fidélité immuable de Dieu]

11.4 - [Jéricho — Témoin du jugement de Dieu contre ceux qui s’opposent]

11.5 - [Le Jourdain — La mort, seul moyen d’échapper au jugement]

11.6 - [Le témoin de Christ monté dans la gloire revient dans un monde sous le jugement pour témoigner en grâce de l’Homme élevé dans la gloire. Différence d’avec les fils des prophètes]

11.7 - [Attachement d’Élisée à Élie : le croyant identifié avec Christ dans la mort et ayant communion avec Lui dans la résurrection]

11.8 - [Demande finale essentielle]


1 - Préface

« Ne savez-vous pas ce que l’Écriture dit dans l’histoire d’Élie » (Rom. 11, 2).


Lorsque nous méditons sur le chemin d’Élie à travers le monde apostat de son époque, nous pouvons bien nous exclamer, empruntant les paroles d’un autre : « Quelle course que la tienne, Élie ! parsemée d’épreuves et de luttes contre la mort, mais pleine d’instruction quant au cœur de Celui que tu servais pour ta joie et ta gloire ; une course commencée dans la prière secrète et la confiance en Dieu et achevée dans un char de feu qui t’a conduit à Lui ! » Tandis que nous avançons vers la gloire, à travers un monde déjà envahi par l’ombre de la grande apostasie, puissions-nous marcher, comme Élie, dans la séparation du mal, dans la dépendance de Dieu et la consécration à Dieu ; et cela en attendant d’être enlevés dans la gloire, à la venue du Seigneur.


2 - ACHAB — Le message de Dieu — 1 Rois 17, 1

2.1 - [Le ministère prophétique]

Élie, prophète du Dieu vivant, commence son ministère public aux jours les plus sombres de l’histoire d’Israël. Il est chargé de réveiller les consciences et de réconforter le cœur du peuple de Dieu dans les jours de ruine. Il doit d’abord amener le peuple de Dieu défaillant à prendre conscience de ses responsabilités, en appliquant la parole de Dieu à la conscience. Ensuite, il encouragera les fidèles en élevant leurs pensées au-dessus de la ruine qui les environne et soutiendra leur cœur en leur présentant les gloires à venir.

C’est bien un tel ministère qui convient à un temps de ruine. Quand tout est en ordre dans le peuple de Dieu, le don de prophétie n’est pas nécessaire, il n’a pas lieu de s’exercer ! On a fait remarquer qu’aux jours de la gloire de Salomon, il n’y avait point de prophète. Tout était en ordre ; le roi, sur son trône, rendait la justice ; les sacrificateurs et les lévites vaquaient à leur service et le peuple était en paix. Mais lorsque tout est tombé dans le désordre, à la suite des manquements et de la désobéissance du peuple de Dieu, alors, par la grâce de Dieu, le prophète entre en scène. Le mal, dans le peuple de Dieu, doit immanquablement rencontrer Son jugement, car Dieu est vrai et il revendique la gloire de son nom. Mais Dieu ne frappe pas un peuple, quelle que soit son iniquité, sans lui avoir envoyé un témoignage. C’est la grâce même de Dieu qui suscite le prophète dans un jour de ruine.

Les voies de Dieu n’ont pas changé aujourd’hui. Certains pensent que le don de prophétie se limite à la prédication d’événements futurs ; ils en concluent que le don de prophétie a été retiré. Il est vrai que la révélation de Dieu est complète et que la parole de Dieu nous communique tout ce que nous avons besoin de savoir concernant l’avenir ; mais cela ne signifie absolument pas que le don de prophétie ait pris fin. Le Nouveau Testament montre à l’évidence que Dieu estime au plus haut point ce don. En 1 Corinthiens 14, nous lisons : « Poursuivez l’amour, et désirez avec ardeur les dons spirituels, mais surtout de prophétiser », car « celui qui prophétise parle aux hommes pour l’édification, et l’exhortation, et la consolation ». Il est essentiel en ces jours de ruine, de faiblesse et de manquements parmi le peuple de Dieu, de réveiller la conscience des croyants, de consoler leur cœur et d’occuper leurs affections de Celui qui va venir. Celui qui pourra parler ainsi « aux hommes pour l’édification, et l’exhortation, et la consolation », sera un vrai prophète.


2.2 - [Quand l’idolâtrie se généralise]

Élie était un vrai prophète de l’Éternel. Jamais auparavant la condition du peuple de Dieu ne s’était dégradée à un tel point. Cinquante-huit années s’étaient écoulées depuis la division du royaume en deux après la mort du roi Salomon. Durant cette période, sept rois s’étaient succédé, tous, sans exception, des hommes méchants. Jéroboam avait fait pécher Israël avec les veaux d’or. Nadab, son fils, « fit ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, et marcha dans la voie de son père ». Baësha était un assassin ; Ela, son fils, un ivrogne ; Zimri, un traître et un assassin. Omri était un aventurier qui s’empara du trône et fit pis que tous ses prédécesseurs. Et Achab, son fils, le dépassa encore ; il prit pour femme la méchante et idolâtre Jézabel et devint le chef de l’apostasie. En son temps, toute trace de culte public à l’Éternel disparut du pays. L’idolâtrie devint générale. Les veaux d’or étaient adorés à Béthel et à Dan ; la maison de Baal était à Samarie ; les ashères étaient partout et les prophètes de Baal exécutaient publiquement leurs rites idolâtres.


2.3 - [Annonce d’un jugement imminent]

Au sein de cette scène de ténèbres et de dégradation morale, un témoin du Dieu vivant, solitaire mais remarquable, entre en scène. Élie, le Thishbite, affronte publiquement le roi, annonçant un jugement imminent : « L’Éternel, le Dieu d’Israël, devant qui je me tiens, est vivant, qu’il n’y aura ces années-ci ni rosée ni pluie, sinon à ma parole ». Les premiers mots du prophète indiquent au roi qu’il a affaire au Dieu vivant. Élie est appelé à transmettre de sa part un message fort peu agréable à l’homme le plus puissant du pays. Conscient de se tenir devant le Dieu vivant, Élie est délivré de toute crainte lorsqu’il est en face du roi apostat.

Bien des années auparavant, l’Éternel avait dit à Israël, par la bouche de Moïse : « Prenez garde à vous, de peur que votre cœur ne soit séduit, et que vous ne vous détourniez, et ne serviez d’autres dieux et ne vous prosterniez devant eux, et que la colère de l’Éternel ne s’embrase contre vous, et qu’il ne ferme les cieux, en sorte qu’il n’y ait pas de pluie » (Deut. 11, 16, 17). Cet avertissement solennel était resté sans effet. L’idolâtrie avait existé presque sans interruption depuis les jours de Moïse ; et elle s’était développée jusqu’à devenir universelle. Dieu avait patienté longtemps, mais l’idolâtrie du pays avait provoqué « à colère l’Éternel, le Dieu d’Israël » (1 Rois 16, 33) et le jugement annoncé depuis longtemps allait tomber. Il n’y aurait « ni rosée ni pluie », sinon à la parole du prophète. Dieu veut ainsi accomplir sa parole et maintenir sa gloire, couvrir l’idolâtrie de mépris et honorer l’homme qui témoigne pour lui.


2.4 - [Le secret de la hardiesse d’Élie]

Nous pouvons bien nous demander quel était le secret de la hardiesse d’Élie en présence du roi — l’assurance avec laquelle il annonce le jugement qui allait venir et sa ferme conviction qu’il s’exécuterait selon sa parole.

D’abord, pour lui, l’Éternel était le Dieu vivant. Dieu n’était plus reconnu publiquement en aucun lieu. En apparence, pas une seule âme dans le pays ne croyait en l’Éternel. C’est en ce temps de déclin universel qu’Élie se dresse résolument comme celui qui croyait et confessait publiquement que Dieu vivait.

Plus encore, il peut dire de l’Éternel : Celui « devant qui je me tiens ». Non seulement il croyait dans le Dieu vivant, mais dans tout ce qu’il disait ou faisait, il était conscient d’être dans la présence de Dieu. En conséquence, il est délivré de la crainte de l’homme, il est gardé dans une paix parfaite au sein de circonstances terribles, et il a conscience du soutien de Dieu.

Dans le Nouveau Testament, nous trouvons une autre vérité concernant Élie. Jacques cite le prophète comme illustration des choses puissantes qui peuvent être accomplies par la fervente supplication du juste. La prière dans le secret était un des grands ressorts de sa puissance en public. Il pouvait se tenir devant le méchant roi parce qu’il avait été sur ses genoux devant le Dieu vivant. Sa prière n’était pas une vaine redite, mais une fervente supplication qui « peut beaucoup ». Une prière qui avait en vue la gloire de Dieu autant que la bénédiction du peuple ; aussi, « il pria avec instance qu’il ne plût pas ». Combien il était terrible de devoir présenter une telle prière devant le Dieu vivant ! Et pourtant, en voyant la condition du peuple et en constatant que Dieu n’était plus reconnu nulle part dans le pays, Élie réalisait qu’il valait mieux pour le peuple les années de sécheresse. Cela pouvait le ramener à Dieu, alors que la jouissance de la prospérité au mépris de Dieu le conduirait à un jugement pire. Le zèle pour Dieu et l’amour pour le peuple étaient les mobiles de cette prière solennelle.

Jacques nous rappelle encore qu’Élie « était un homme ayant les mêmes passions que nous ». Comme nous-mêmes, il connaissait les faiblesses et les infirmités humaines. Quelle leçon réconfortante avons-nous là ! Comme Élie nous pouvons agir avec la puissance de Dieu, si, malgré le mal qui nous environne, nous marchons dans la conscience qu’il est le Dieu vivant, si nous parlons et agissons plus constamment comme nous tenant dans sa présence, et si nous sommes plus souvent en prière fervente devant lui, sous la direction de l’Esprit.


3 - LE KERITH — Il arriva que le torrent sécha — 1 Rois 17, 2-7

3.1 - [Circonstances éprouvantes servant à former Élie pour le service à venir]

Le prophète avait été seul avec Dieu dans la prière. Puis il avait fait une courte mais belle confession devant le roi apostat. Mais Dieu réserve à Élie un service beaucoup plus élevé ; le jour vient où il triomphera des troupes réunies de Baal et ramènera la nation d’Israël au Dieu vivant. Toutefois le temps n’est pas encore venu pour la scène du Carmel. Le prophète n’est pas prêt à parler, ni la nation à écouter. Israël devra passer par les années de famine avant d’être disposé à écouter la parole Dieu ; Élie doit être instruit dans le secret avant de pouvoir parler pour Dieu. Le prophète doit emprunter le chemin solitaire du Kerith et demeurer dans la lointaine Sarepta avant de pouvoir se tenir sur la montagne du Carmel.

Le premier pas vers le Carmel, situé à l’ouest, doit être fait dans la direction opposée. « Va-t’en d’ici, et tourne-toi vers l’orient », telle est la parole de l’Éternel. Au temps convenable, Il amènera son serviteur au lieu précis où Il pourra se servir de lui ; mais Il l’y amènera lorsqu’il sera propre à être employé. Pour devenir un vase utile au Maître, il doit demeurer quelque temps dans des lieux solitaires et passer par des chemins difficiles, afin d’y apprendre et sa propre faiblesse et la toute-puissance de Dieu.

Tout serviteur de Dieu a son Kerith avant d’atteindre son Carmel. Joseph, avant d’arriver à la domination et à la gloire, doit passer par la fosse et la prison pour parvenir au trône. Moïse doit aller derrière le désert avant de devenir le conducteur du peuple de Dieu à travers le désert. Le Seigneur lui-même n’a-t-il pas été seul dans le désert, tenté quarante jours par Satan, et étant avec les bêtes sauvages, avant d’entrer dans son ministère public devant les hommes ? Non pas, certes, comme nous, car le but de Dieu est de nous amener à découvrir notre faiblesse, de nous dépouiller de notre propre suffisance. Mais la tentation a révélé les perfections infinies de Christ et manifesté devant nous sa parfaite préparation pour une œuvre que nul autre ne pouvait accomplir. Des circonstances éprouvantes comme celles qui ont servi à révéler les perfections de Christ, sont nécessaires, dans notre cas, pour mettre en lumière nos imperfections, afin que tout puisse être jugé dans la présence de Dieu et que nous puissions ainsi devenir des vases utiles pour Lui.


3.2 - [Leçon du vase vide : va, cache-toi]

Telle est en fait la première leçon qu’Élie devait apprendre au Kerith — la leçon du vase vide. « Va-t’en d’ici », dit l’Éternel, « et cache toi ». L’homme qui va témoigner pour Dieu doit apprendre à se tenir hors de vue. Pour être préservé de vouloir paraître quelque chose devant les hommes, il doit apprendre à connaître son propre néant devant Dieu. Élie doit passer trois ans et demi dans une retraite cachée, avec Dieu, avant de passer une seule journée en vue devant les hommes.


3.3 - [Vie par la foi dans l’obéissance]

Mais Dieu a d’autres leçons pour Élie. Devra-t-il montrer sa foi dans le Dieu vivant devant Israël ? Eh bien ! il doit d’abord apprendre à vivre par la foi, jour après jour, dans le secret devant Dieu. Le torrent et les corbeaux sont donnés par Dieu pour répondre aux besoins de son serviteur, mais la confiance d’Élie doit être dans le Dieu invisible et vivant, et non pas dans des choses visibles — dans des torrents ou des corbeaux. « J’ai commandé », dit l’Éternel, et la foi se repose sur la parole de l’Éternel.

En outre, pour jouir des soins de Dieu, le prophète doit être au lieu choisi par Dieu. La parole adressée à Élie est : « J’ai commandé aux corbeaux de te nourrir  ». Élie ne choisit pas le lieu de sa retraite ; il doit se soumettre au choix de Dieu. Là seulement il peut jouir des bénédictions de Dieu.

De plus, l’obéissance à la parole de l’Éternel est le seul chemin de la bénédiction. Et Élie suivit ce chemin, car nous lisons : « il s’en alla et fit selon la parole de l’Éternel ». Il alla où l’Éternel lui disait d’aller ; il fit ce que l’Éternel lui disait de faire. Quand l’Éternel dit : « va et fais », comme au docteur de la loi dans l’évangile, une obéissance complète et immédiate est le seul chemin de bénédiction.


3.4 - [Le torrent sèche : les grâces peuvent être retirées, mais Dieu demeure]

Mais le torrent du Kerith réservait une leçon encore plus dure et plus profonde pour le prophète — la leçon du torrent qui sécha. L’Éternel avait dit : « Tu boiras du torrent » ; en obéissance à la parole, « il buvait du torrent » ; et ensuite « le torrent sécha ». Le torrent même que l’Éternel avait préparé, duquel il avait commandé au prophète de boire, sèche. Qu’est-ce que cela peut bien signifier ? Élie a-t-il fait un faux pas ? Se trouve-t-il dans une position fausse ? Impossible ! Dieu avait dit : « J’ai commandé aux corbeaux de te nourrir . » S’était-il trompé ? Pas du tout. Dieu n’avait-il pas dit : « tu boiras du torrent » ? Sans aucun doute. Il était à la place choisie par Dieu ; il obéissait à la parole de l’Éternel — et néanmoins le torrent sécha.

Quelle expérience douloureuse ! Quelle providence mystérieuse ! Être à la place désignée par Dieu, agir dans l’obéissance à ses commandements formels et devoir constater la faillite complète de la provision que Dieu avait fournie pour les besoins journaliers. Quelle épreuve pour la foi ! Élie n’avait-il pas déclaré hardiment devant le roi qu’il se tenait devant le Dieu vivant ? Le voilà confronté avec le torrent sec pour éprouver la réalité de sa foi dans le Dieu vivant. Est-ce que cette foi dans le Dieu vivant va demeurer ferme lorsque les ruisseaux terrestres sèchent ? Si Dieu vit, qu’importe si le ruisseau sèche ! Dieu est plus grand que toutes les grâces qu’il dispense. Les grâces peuvent être retirées, mais Dieu demeure. Le prophète doit apprendre à se confier en Dieu plutôt que dans les dons qu’Il prodigue. Le Dispensateur est plus grand que ses dons : telle est la grande leçon du torrent qui sécha.

Nous retrouvons cette même leçon dans un autre récit, lorsque, plus tard, la maladie et la mort entrent dans le paisible foyer de Béthanie. Deux sœurs, privées de leur frère, se trouvent en face du torrent qui sécha. Mais leur épreuve tourne à « la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle ». Ce qui donne de la gloire au Fils apporte de la bénédiction aux saints. Si Lazare était repris, Jésus, le Fils de Dieu, restait, se servant de l’occasion de la perte des ruisseaux terrestres pour révéler une fontaine d’amour qui ne tarit jamais et une source de puissance illimitée. De même, aux jours du prophète : le torrent qui sécha devint l’occasion de découvrir des gloires plus élevées de l’Éternel et des bénédictions plus riches pour Élie. Ce n’était qu’un incident dont Dieu se servait pour amener le prophète du Kerith — le lieu du torrent qui fait défaut — à la maison de Sarepta où il devait découvrir la farine jamais épuisée, l’huile qui ne manque pas et le Dieu qui ressuscite les morts. Si Dieu permet que le torrent sèche, c’est qu’il a une portion meilleure, plus belle, pour son bien-aimé serviteur.

Il en va de même pour le peuple de Dieu aujourd’hui. Tous nous aimons avoir quelque ressource terrestre à laquelle puiser ; pourtant combien souvent, dans les voies d’un Père qui sait que nous avons besoin de ces choses, nous nous trouvons devant un torrent qui sèche. Il traverse notre chemin sous différentes formes : peut-être par le deuil, ou par une santé défaillante, ou par l’arrêt subit d’une source de revenus, nous nous trouvons à côté du torrent qui a séché. Quel bienfait de pouvoir, en de tels moments, par la foi dans le Dieu vivant, nous élever au-dessus de la ruine de nos espérances terrestres, de la défaillance des appuis humains, et accepter tout de Lui ! Nous verrons alors que l’épreuve même est le moyen dont Dieu se sert pour nous dévoiler les immenses ressources de son cœur d’amour et conduire nos âmes dans une bénédiction plus profonde, plus riche, que ce que nous avions connu.


4 - SAREPTA — La maison de la veuve — 1 Rois 17, 8-24

4.1 - [Dieu connaît nos besoins, mais les voies de Sa sagesse maintiennent les Siens dans le sentier de la foi]

Le torrent avait séché, mais l’Éternel demeurait. Il n’oubliait pas son serviteur. Il connaissait ses besoins et avait vu le torrent asséché. Mais il n’y avait point eu de parole d’avertissement ni de directive nouvelle avant l’assèchement du torrent. L’amour du Seigneur pourvoit aux besoins de ses saints, mais les voies qu’emprunte sa sagesse les maintiennent dans le sentier de la foi.

En outre, le plan que l’Éternel donne est si remarquable, si contraire à tout ce que le prophète aurait pu concevoir, si opposé à son éducation religieuse, à ses pensées naturelles et à ses instincts spirituels que, si le plan avait été exposé au prophète avant l’assèchement du torrent, il n’aurait peut-être pas manifesté une obéissance aussi spontanée. Élie était un homme ayant les mêmes passions que nous et peut-être avait-il besoin, comme nous, de la pression des circonstances pour le rendre obéissant et l’amener dans un chemin aussi contraire aux pensées de l’homme naturel.


4.2 - [Élie envoyé à Sidon, la ville de Jézabel. Élie nourri par une femme veuve sans ressources : foi et obéissance]

Car aussi étrange que cela puisse paraître, le prophète reçoit l’ordre de se lever, d’aller à Sarepta et d’habiter là. Il doit quitter le pays promis et se rendre dans une ville des nations et, d’entre toutes les villes, une ville qui appartenait à Sidon — le foyer du culte de Baal, qui avait attiré la ruine sur le pays — la demeure aussi de la méchante Jézabel qui avait introduit le culte de Baal et mis à mort les prophètes de l’Éternel. Et, chose plus étrange encore, arrivé dans ce pays étranger, le grand prophète devait dépendre d’une veuve pour sa subsistance journalière. Car, dit l’Éternel, « j’ai commandé là à une femme veuve de te nourrir ». Si l’Éternel avait commandé au prophète de nourrir la veuve, nous l’aurions plus facilement admis. Mais non, le plan de Dieu est que la veuve nourrisse le prophète. Il y avait d’autres villes et d’autres contrées autour d’Israël, infiniment moins coupables que Sidon. Il y avait « plusieurs veuves » en Israël dans une condition aussi triste, mais elles ne convenaient pas au plan de Dieu. Comme toujours, Dieu a Christ en vue. Mille ans plus tard, dans la ville de Nazareth, le Seigneur aurait besoin d’une illustration de la grâce souveraine, et c’est ainsi que le prophète Élie doit aller chez une veuve nécessiteuse dans le pays de Sidon triplement coupable. Dieu a un propos dans chaque détail du chemin où il place ses serviteurs, même si mille ans doivent s’écouler avant que ce propos soit dévoilé.

La foi du prophète obéit sans poser de questions à la parole de l’Éternel. « Il se leva et s’en alla à Sarepta ». Mû par la foi, poussé peut-être par les circonstances adverses, il obéit à l’Éternel et entreprend sa course solitaire jusqu’à la lointaine ville de Sidon — à travers un pays aride et désolé, couvert de ronces et d’épines, où les ennemis et les pièges abondent.


4.3 - [Fournaise de l’épreuve à Sarepta]

À l’entrée de la ville, le prophète se trouve en face de la veuve. Pour la vue naturelle et la raison humaine, il semble impossible qu’elle puisse être appelée à le nourrir. Dans un dénuement absolu, cette veuve désolée et tenaillée par la faim, est parvenue au bout de ses ressources. Il ne lui reste qu’une poignée de farine et un peu d’huile dans une cruche, et elle ramasse quelques bûchettes pour préparer un dernier repas pour elle et son fils, en attendant que la mort vienne mettre un terme à leurs souffrances. Avec à peine de quoi préparer un seul repas, comment pourrait-elle nourrir le prophète ? La veuve parle bien du Dieu vivant, mais c’est le Dieu d’Élie, car elle dit : « ton Dieu », non pas « mon Dieu ». Elle n’avait pas de foi personnelle dans le Dieu vivant : ses espérances étaient liées au pot de farine et à la cruche d’huile et, ceux-ci étant vides, elle n’a plus devant elle que les portes de la mort. Mais Dieu a une autre voie que la mort pour la veuve. Sa grâce souveraine a prévu que la vie — la vie de résurrection — remplirait sa maison de bénédiction. Quant à Élie, au temps choisi par Dieu, il entrerait dans la gloire, non pas par les portes de la mort, mais par un char de feu et des chevaux de feu. En attendant, il doit demeurer quelque temps à Sarepta. Or Sarepta signifie le lieu du haut fourneau. Le prophète a subi l’épreuve du torrent sec à Kerith ; il doit maintenant affronter la fournaise de l’épreuve à Sarepta. Mais c’est le chemin de Dieu vers le Carmel. Élie va être appelé à faire descendre le feu des cieux. Eh bien ! il doit traverser le feu sur la terre. Il devra se tenir seul pour le Dieu vivant devant tout Israël ; il doit d’abord apprendre, dans le secret, la puissance de Dieu dans la fournaise de l’épreuve. Le torrent asséché du Kerith et le feu d’affineur de Sarepta, sont des étapes dans le voyage vers le Carmel et le char de feu.


4.4 - [État désespéré – paroles de grâce – provision de la grâce – enseignement de la grâce – espérance de la grâce]

Et pourtant, combien il est humiliant pour l’orgueil d’être nourri par une veuve ; combien sont pénibles pour l’amour-propre ces circonstances désespérées. Mais la pauvreté de la veuve, la poignée de farine, la cruche d’huile et la mort planant sur tous, ne servent qu’à manifester les ressources du Dieu vivant. La faiblesse totale et l’état désespéré des circonstances étant révélés, Dieu est libre de déployer les ressources de sa grâce. La demande d’Élie : « un peu d’eau » et un « morceau de pain » met en lumière la condition de la veuve. Et la vérité étant établie, la grâce peut se déployer. Quelle richesse dans la grâce qui remplit la maison de la veuve ! Toute crainte était écartée, car les premières paroles de grâce furent : « Ne crains point. »

Puis vient la provision de la grâce : « Le pot de farine ne s’épuisera pas, et la cruche d’huile ne manquera pas. » Leurs besoins sont satisfaits et la mort est chassée de chez eux.

Dans cette belle scène, nous avons encore l’enseignement de la grâce, car non seulement la grâce apporte le salut aux nécessiteux, mais elle nous enseigne comment vivre. La vie donnée par la grâce est une vie de dépendance. Ce ne sont pas un pot de farine ou une cruche d’huile qui ont été promis. Les provisions de la grâce sont certes illimitées, mais la grâce ne donne pas de réserves comme la nature se plaît à en avoir. La promesse était que la poignée de farine ne s’épuiserait pas et que la cruche d’huile ne se viderait pas. Il y aurait suffisamment pour chaque jour, mais pas de réserve pour le lendemain. La grâce nous enseigne à vivre dans la dépendance du Dispensateur de la grâce.

Enfin, il y a l’espérance de la grâce, car la grâce offre un avenir béni : le « jour », le grand jour, le jour bienheureux, arriverait où l’Éternel enverrait la pluie sur la terre. Quel foyer heureux — ne serait-ce que la maisonnette d’une veuve — que celui qui est nourri par les provisions de la grâce, dirigé par les enseignements de la grâce et encouragé par l’espérance de la grâce !


4.5 - [Images de Christ et du Saint Esprit]

Cette même grâce a été révélée depuis dans une plénitude infiniment plus grande. Dans la maison de la veuve, nous nous mouvons parmi les ombres, mais maintenant nous avons la réalité, depuis la venue de Celui qui est plein de grâce et de vérité. Pendant tous les jours de notre pèlerinage dans ce monde de misère, nous avons, nous aussi, le pot de farine qui ne s’épuise pas et la cruche d’huile qui ne manque jamais. Est-ce que la farine — la fine fleur de farine — ne nous parle pas de Christ — Celui dont il est dit : « TOI, TU DEMEURES », et « TOI, TU ES LE MÊME » (Héb. 1, 11, 12) ? D’autres peuvent nous faire défaut, mais Lui demeure. D’autres peuvent changer, mais Lui reste le Même. Et l’huile ne nous parle-t-elle pas de cet autre Consolateur — le Saint Esprit — qui est venu pour être avec nous éternellement (Jean 14, 16) ? Les torrents terrestres sèchent, mais avec le Christ vivant dans la gloire et l’Esprit habitant sur la terre, le chrétien possède des ressources qui ne manqueront jamais.

De plus, la grâce qui nous a apporté le salut nous enseigne à vivre « dans le présent siècle sobrement, et justement, et pieusement ». Une telle vie ne peut être vécue que dans une dépendance journalière de Christ, dans la puissance du Saint Esprit.

Et la grâce qui apporte le salut et nous enseigne comment vivre, a placé devant nous cette bienheureuse espérance, l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ. L’apparition de la grâce conduit à l’apparition de la gloire (Tite 2, 11, 13). Alors effectivement, les besoins des saints seront satisfaits, leurs épreuves passées à jamais et la famine d’ici-bas à jamais terminée.


4.6 - [Connaître Dieu comme le Dieu de résurrection. Conscience réveillée par la présence de la mort]

Mais d’autres révélations de la gloire du Dieu vivant sont en réserve pour la famille de Sarepta. Dieu a d’autres leçons pour Élie et des exercices plus profonds pour la veuve. Dieu allait se révéler non seulement comme Celui qui maintient la vie, mais comme Celui qui donne la vie. Pour être prêt pour le grand jour du Carmel, Élie doit connaître Dieu comme le Dieu de résurrection. Pour être établie dans des relations paisibles avec Dieu, la veuve doit connaître Dieu comme le Dieu de vérité autant que comme le Dieu de grâce, et pour cela sa conscience doit être réveillée, son péché rappelé en mémoire et jugé.

Pour la réalisation de ces résultats élevés, l’ombre de la mort doit venir s’abattre sur la maison de la veuve. Son fils unique tombe malade et meurt. Pendant toute une année, la veuve a joui, dans une foi simple, des grâces que Dieu a accordées, mais en présence de la mort, sa conscience est réveillée et elle se souvient de son péché, car la mort est les gages du péché. Tant que notre vie se déroule paisiblement et que nos besoins journaliers sont satisfaits, nous pouvons vivre sans beaucoup d’exercices à l’égard de bien des choses qui, aux regards de Dieu, devraient être jugées. Mais sous l’effet d’une épreuve particulière, la conscience se réveille, la vue se clarifie et beaucoup de choses qui, dans le passé, peuvent avoir été mauvaises, en pensées, paroles, habitudes et actions, sont considérées, réglées et jugées dans la présence de Dieu.

Élie aussi a des leçons à apprendre dans cette grande épreuve. C’est une nouvelle occasion d’exercer sa foi dans le Dieu vivant. D’une manière très belle, il regarde au-delà de la maladie et de la puissance de la mort et voit, dans le mal qui est tombé sur cette maison, la main du Dieu vivant. À ses yeux, ce n’est pas la maladie qui a fait mourir l’enfant, ce n’est pas la mort qui s’est abattue sur lui ; c’est Dieu qui a frappé le fils de la veuve. Si c’était l’œuvre de la maladie et de la mort, il n’y aurait point d’espoir, car s’ils peuvent enlever l’enfant, ils ne peuvent pas le ramener. Mais si c’est Dieu qui a frappé l’enfant, Dieu peut le rappeler à la vie.

La foi d’Élie garde Dieu entre lui et les circonstances douloureuses. Mais Élie reconnaît qu’en lui‑même, il n’y a pas de puissance. C’est ce que peut signifier le fait qu’il s’étendit sur l’enfant. Il s’identifie entièrement à l’enfant mort ; il réalise que, comme l’enfant mort, il n’a aucune puissance. Élie est impuissant en présence de la mort. Mais si l’enfant est mort, Dieu est vivant. Si Élie n’a pas de puissance, Élie peut prier. En s’étendant, il s’identifie avec l’impuissance de l’enfant ; en priant, il fait appel à l’immense puissance du Dieu vivant.

L’homme « aux mêmes passions que nous » met de nouveau la puissance de Dieu en mouvement par la prière. « Éternel, mon Dieu ! fais revenir, je te prie, l’âme de cet enfant au-dedans de lui ». S’adressant à Celui avec lequel il est dans une relation vivante, qu’il connaît bien et qu’il a mis à l’épreuve, il peut dire avec une grande confiance « mon Dieu ». Sa foi reconnaît que c’est au pouvoir du Dieu vivant de ressusciter l’enfant mort et, avec une foi encore plus grande, il demande que la chose s’effectue. Est-ce qu’un homme, avant ou depuis, a jamais présenté une requête plus grande à Dieu, dans un langage aussi simple et par une prière aussi brève ? Il est bien évident que la prière efficace et fervente n’a besoin ni d’être compliquée ni d’être longue.

La prière est entendue et la requête exaucée. Dieu se révèle comme le Dieu de résurrection. Dieu n’est pas seulement le Dieu vivant ; il n’est pas seulement la Source de la vie et le Soutien de la vie ; mais il peut communiquer la vie à un mort. Il brise le pouvoir de la mort et est victorieux du tombeau par la puissance illimitée de la résurrection.

Élie ne revendique aucun droit sur l’enfant ressuscité ; il le rend à sa mère. La femme discerne aussitôt qu’il est un « homme de Dieu ». Nous savons aussi qu’Élie était un « homme ayant les mêmes passions que nous ». Et l’homme aux mêmes passions que nous a été transformé en homme de Dieu parce qu’il était un « homme de prières ».


5 - ABDIAS — Le préposé sur la maison du roi — 1 Rois 18, 1-16

5.1 - [Un temps pour se cacher, un temps pour se montrer]

Les années de famine touchent enfin à leur terme et, de nouveau, la parole de Dieu vient à Élie disant : « Va, montre-toi à Achab, et je donnerai de la pluie sur la face de la terre. » Au début des années de sécheresse, l’Éternel avait dit à Élie : « Va-t’en d’ici… et cache toi » ; maintenant, la parole est : « Va, montre-toi ». Il y a un temps de nous cacher et un temps de nous montrer ; un temps de proclamer la parole de l’Éternel du sommet des toits et un temps de se retirer à l’écart dans un lieu désert et de se reposer un peu. Un temps de traverser le pays « comme inconnus » et un temps de se mêler à la foule comme « bien connus » (2 Cor. 6, 9). De tels changements sont le lot commun de tous les vrais serviteurs du Seigneur. Jean le Baptiseur, en son temps, a été dans le désert comme inconnu, jusqu’au jour de sa manifestation à Israël comme bien connu ; puis il s’est retiré à nouveau du regard public en la présence de Celui dont il pouvait dire : « Il faut que lui croisse, et que moi je diminue. » Cette grâce qui sait quand il convient de se montrer et quand il faut se retirer, trouve son expression la plus parfaite dans la marche du Seigneur. Il peut rassembler toute la ville à la porte du lieu où il demeure, comme quelqu’un de « bien connu » et, se levant longtemps avant le jour, il peut se retirer dans un lieu désert, « comme inconnu ».

Mais pour que de tels changements dans le chemin du serviteur rencontrent une obéissance prompte, il convient que celui-ci reste humble et qu’il ait une grande confiance en Dieu. Cette qualité élevée de la foi ne manquait pas chez Élie. Sans élever la moindre objection, il « s’en alla pour se montrer à Achab ». Sa formation dans le secret l’avait préparé pour cette occasion. Aux yeux du roi, Élie était un proscrit, celui qui troublait Israël. À la lumière de la raison humaine, paraître devant le roi serait donc une pure folie. Dieu n’aurait-il pas pu envoyer la pluie sur la terre sans exposer son serviteur à la colère du roi ? Certainement, mais cela n’aurait en aucune façon répondu aux circonstances du moment. La pluie avait été retenue à la parole d’Élie, en présence du roi ; et le retour de la pluie devait aussi dépendre de l’intervention du prophète de Dieu en présence du roi. Si la pluie était tombée à nouveau indépendamment du témoignage public d’Élie, il aurait aussitôt été traité de faux prophète et d’imposteur ; pis encore, les prophètes de Baal auraient pu attribuer la délivrance à leur idole.


5.2 - [Achab occupé de la conservation de ses chevaux et non de la détresse du peuple]

L’état moral du roi ne laisse pas le moindre doute. Tandis qu’Élie quitte Sarepta, à la parole de l’Éternel et pour la gloire de l’Éternel, le roi entreprend un voyage, par pur égoïsme et avec pour seul motif la conservation de ses chevaux. Pendant trois ans et demi, il n’est tombé ni pluie ni rosée — la famine pèse lourdement sur le pays — le roi et le peuple expérimentent que c’est « une chose mauvaise et amère » que d’abandonner l’Éternel Dieu et d’adorer les idoles. Mais qu’en est-il du roi ? Est-ce que cette terrible calamité a touché son cœur ? A-t-elle produit la repentance devant l’Éternel ? Est-ce qu’il parcourt son royaume pour chercher à soulager la détresse de son peuple mourant de faim et pour exhorter chacun à crier à Dieu ? Hélas ! ses pensées sont occupées de ses chevaux et de ses mulets plutôt que de son peuple affamé ; et bien loin de rechercher Dieu, il cherche simplement de l’herbe.

Homme faible, égocentrique, ne se refusant rien, dominé par une femme résolue et idolâtre, il est devenu le chef de l’apostasie et l’ennemi avoué de l’homme de Dieu. Et maintenant, insensible à la terrible visitation de la sécheresse et de la famine, il poursuit sa vie égoïste et frivole, aussi indifférent aux souffrances de son peuple qu’aux droits de Dieu. Telle est l’image de dépravation qu’offre le roi.


5.3 - [Pas de communion possible entre Abdias et Élie]

Mais à ce moment, un autre caractère, très différent, est placé devant nous. Abdias était un homme qui craignait beaucoup l’Éternel et qui, dans le passé, avait rendu un grand service aux prophètes de l’Éternel, et pourtant, chose étrange, il est préposé sur la maison du roi. Quelle anomalie : un homme craignant beaucoup l’Éternel est trouvé en association intime avec le roi apostat ! « Non pas », comme l’a dit un autre, « qu’il ait été simplement trompé parfois, ni que ses voies aient été parfois souillées, mais toute sa vie témoignait d’un homme à principes mélangés ».

Tant Élie qu’Abdias étaient des saints de Dieu, mais leur rencontre est marquée par la réserve plutôt que par la communion des saints. Abdias est déférent et conciliant ; Élie froid et distant. Quelle communion peut-il y avoir entre le serviteur de Dieu et le ministre d’Achab ? Quelqu’un a remarqué à juste titre : « Nous ne pouvons pas servir le monde et suivre son courant à l’insu les uns des autres, et supposer que nous pouvons ensuite nous rencontrer comme saints et jouir d’une douce communion. »


5.4 - [Conséquences du « joug mal assorti » : Comment se traduit dans la pratique la fausse position d’ Abdias]

Abdias essaie d’échapper à une mission pleine de dangers à ses yeux. « Quel péché ai-je commis, s’exclame-t-il, que tu livres ton serviteur en la main d’Achab ? » Pourtant Élie n’avait pas parlé de péché. Alors Abdias invoque ses bonnes œuvres. Élie n’avait-il pas entendu parler de sa bonté envers les prophètes de l’Éternel autrefois ? Mais il n’était pas question de mauvaises ou de bonnes œuvres ; la source de tout le trouble d’Abdias était la fausse position dans laquelle il se trouvait. Il était un homme sous un joug mal assorti.

L’Esprit de Dieu se sert de cette scène pour montrer les conséquences solennelles du joug mal assorti entre la justice et l’iniquité, la lumière et les ténèbres, Christ et Béliar, le croyant et l’incrédule (2 Cor. 6, 14-18).

1. Abdias reçoit ses ordres du roi apostat. Élie prend ses directives de l’Éternel et agit selon les commandements de l’Éternel. Abdias, bien que craignant l’Éternel, n’est pas employé au service de l’Éternel et ne reçoit aucune directive de l’Éternel. Achab est son maître ; c’est Achab qu’il doit servir et c’est d’Achab qu’il reçoit ses ordres. Ainsi, en cette période de calamité naturelle, perd-il son temps à chercher de l’herbe pour les bêtes de son maître.

2. Il vit à un bas niveau spirituel. Alors qu’il est en chemin sur ordre de son maître, « voici, Élie le rencontra ». En présence du prophète, Abdias tombe sur sa face et s’adresse à lui comme « mon seigneur Élie », manifestant qu’il est conscient du bas niveau auquel il vit. Abdias habite dans les palais des rois ; Élie dans les lieux déserts de la terre, en compagnie de la veuve et de l’orphelin ; Abdias sait néanmoins parfaitement bien qu’Élie est le plus grand. Les positions élevées de ce monde peuvent conférer des honneurs terrestres, mais elles ne peuvent accorder des dignités spirituelles. Élie ne peut même pas reconnaître Abdias comme un serviteur de l’Éternel. Pour lui, il n’est qu’un serviteur du méchant roi, car il dit : « Va, dis à ton seigneur : Voici Élie ! »

3. La triste réponse d’Abdias montre clairement qu’il vit dans une lâche terreur du roi. Serviteur d’un autocrate égoïste, il recule devant une mission qui peut attirer sa colère et sa vengeance.

4. Non seulement cette association profane maintient Abdias dans la crainte du roi, mais elle détruit sa confiance en Dieu. Il reconnaît que l’Esprit de l’Éternel mettra Élie à l’abri de la vengeance du roi, mais, pour lui, il n’a pas la foi pour compter sur la protection de Dieu. Une fausse position et une conscience mal à l’aise l’ont privé de toute confiance en l’Éternel.

5. Manquant de confiance en l’Éternel, il n’est pas prêt à être employé par l’Éternel. Il recule devant une mission dans laquelle il peut discerner du danger et peut-être la mort. Trois fois il répète qu’Achab le fera mourir. Il cherche à échapper à la mission, arguant d’une part de la méchanceté du roi et, d’autre part, de sa propre bonté.


5.5 - [Conduite d’Élie en contraste avec celle d’Abdias. Connaître les richesses insondables du Christ et l’opprobre de Christ]

Combien l’attitude d’Élie est différente ! Marchant dans la séparation du mal, il est rempli d’une sainte hardiesse. Non pas que sa confiance fût en lui‑même ou dans sa marche de séparation, mais elle est dans le Dieu vivant. Il peut dire à Abdias : « L’Éternel des armées, devant qui je me tiens, est vivant, qu’aujourd’hui je me montrerai à lui. » Combien il est solennel qu’Élie doive s’adresser à un saint de Dieu dans les mêmes termes qu’au roi apostat (1 Rois 17, 1 ; 18, 15) ? Abdias, se tenant devant le roi, est rempli de la crainte de la mort ; Élie se tenant devant le Dieu vivant, est plein d’une calme et sainte confiance. Dans la foi au Dieu vivant, il avait averti le roi de la sécheresse qui allait venir ; dans la foi au Dieu vivant, il avait été nourri en secret pendant les années de sécheresse ; dans la foi au Dieu vivant, il peut une fois encore paraître devant le roi et dire sans trace de crainte : « aujourd’hui je me montrerai à lui ».

Abdias n’avait pas passé par une telle école. Il avait suivi le chemin de ses aises plutôt que le chemin de la foi. Il se plaisait dans la ville en tant que préposé sur la cour du roi, et non pas dans les lieux déserts de la terre comme le serviteur fidèle de l’Éternel. Sa sphère était le palais somptueux du roi plutôt que l’humble foyer de la veuve. Combien, aux yeux de l’homme naturel, la position d’Abdias paraît désirable avec ses aises, sa richesse et son rang élevé ; et combien misérable l’humble chemin d’Élie avec sa pauvreté et ses privations ! Mais la foi estime l’opprobre du Christ un plus grand trésor que les richesses de l’Égypte. Élie a trouvé de plus grands trésors dans la pauvreté du foyer de la veuve qu’Abdias dans les splendeurs du palais du roi. Ne pouvons-nous pas dire qu’à Sarepta, « les richesses insondables du Christ » : la farine qui ne s’épuisait pas, l’huile qui ne manquait pas et la résurrection, ont été déployées devant les yeux du prophète ? Abdias n’a pas connu de telles bénédictions. Il a certes échappé à l’opprobre du Christ, mais il est passé à côté des richesses insondables du Christ. Il a échappé à l’épreuve de la foi et a perdu les récompenses de la foi.

Il a pu être dit de Moïse : « Par la foi, il quitta l’Égypte, ne craignant pas la colère du roi, car il tint ferme, comme voyant celui qui est invisible. » Élie lui aussi a tourné le dos au monde de son temps, ne craignant pas la colère du roi. Avec la vision qu’il avait du Dieu vivant, il tint ferme, comme voyant Celui qui est invisible. Tout cela faisait défaut chez Abdias. Il craignait peut-être Dieu en secret, mais il craignait le roi publiquement. Il n’avait jamais rompu avec le monde et il ne voyait pas le Dieu vivant.

Séparé du monde, dans une sainte consécration à Dieu, le prophète Élie est en contact avec les cieux et voit, déployées devant ses yeux, les merveilles de la grâce et de la puissance de Dieu. Abdias est tout à fait étranger à ces merveilles célestes : identifié au monde et associé au roi apostat, il ne peut être occupé que des choses terrestres et ainsi, tandis qu’Élie recherche la gloire de Dieu et la bénédiction d’Israël, Abdias cherche de l’herbe pour des chevaux et des mulets.

Après avoir délivré le message d’Élie, Abdias disparaît du récit, tandis qu’Élie reçoit de nouveaux honneurs comme témoin du Dieu vivant, jusqu’au moment où, à la fin, il entre dans la gloire dans un char de feu.


6 - LE CARMEL — Le feu du ciel — 1 Rois 18, 16-40

6.1 - [Qui est semeur de trouble ? Achab ou Élie ?]

Après qu’Abdias eut délivré le message, le roi Achab alla à la rencontre du prophète ; il l’accuse aussitôt d’être celui qui trouble Israël. Le pays est rempli d’idoles et de temples d’idoles ; des ashères et des autels idolâtres, servis par des sacrificateurs idolâtres, se trouvent partout ; le peuple a abandonné l’Éternel et suivi Baal ; le roi est le chef de l’apostasie et sa femme, une païenne meurtrière ; toute cette accumulation de mal n’est pas un trouble aux yeux du roi. Mais si la sécheresse dans pays et une famine en Samarie viennent contrarier ses plaisirs et mettre en danger ses chevaux — alors, il y a un trouble profond et l’homme à la parole duquel les cieux restent fermés est, pour le roi, celui qui trouble. Par la puissance du Dieu vivant, Élie peut ressusciter un mort et commander la pluie ; mais s’il dénonce le péché et avertit le pécheur, aussitôt il est un semeur de trouble. La présence de l’homme qui place le péché sur la conscience et amène le pécheur dans la présence de Dieu est toujours troublante dans ce monde. Lors de la venue de Christ dans le monde, Hérode « fut troublé, et tout Jérusalem avec lui ». Et plus tard encore, Paul et ses compagnons furent considérés comme amenant le trouble, car les citoyens excités de Philippes s’écrièrent : « Ces hommes-ci… mettent tout en trouble dans notre ville. »

Le chrétien mondain ne sera pas traité de perturbateur, pas plus qu’Abdias en son temps. Celui-ci au contraire était considéré comme un membre très apprécié de la société au point d’être nommé préposé sur la maison du roi. Mais l’homme de Dieu, parce qu’il se tient séparé du courant du monde — tout en rendant témoignage du mal et en avertissant du jugement à venir — sera toujours celui qui trouble, même s’il proclame la grâce et indique le chemin de la bénédiction.

Avec une grande hardiesse et dans un langage très simple, le prophète retourne l’accusation contre le roi : « Je ne trouble pas Israël, mais c’est toi et la maison de ton père. » Il explique fidèlement en quoi ils l’ont fait et dénonce le péché personnel d’Achab : « Vous avez abandonné les commandements de l’Éternel… et tu as marché après les Baals. »


6.2 - [Le péché qui a attiré le jugement doit être jugé]

Après avoir placé devant le roi ses péchés, il lui montre qu’il n’y a qu’une seule manière de mettre fin à la famine et de voir venir le jour où l’Éternel enverra la pluie sur la terre : le péché qui a attiré le jugement doit être jugé. Pour cela, Achab reçoit l’ordre de rassembler tout Israël à la montagne du Carmel, avec les quatre cent cinquante prophètes de Baal et les quatre cents prophètes des ashères, qui mangent à la table de Jézabel. Tous ceux qui ont participé à ce grand péché doivent être présents. Les meneurs et ceux qui ont été séduits doivent se rassembler au Carmel. Aucun privilège particulier, aucune position, si élevée soit-elle, ne sera admis comme prétexte d’absence. Ceux qui festoient à la table royale et ceux qui servent Baal doivent être présents avec tout le peuple.

Même le misérable roi est conscient de la condition désespérée du pays, et ainsi, sans autre protestation, il exécute la demande d’Élie. Tout Israël et tous les prophètes idolâtres sont rassemblés au Carmel.

Cette immense foule une fois réunie, Élie s’approche et s’adresse à « tout le peuple ». Il fait trois appels distincts. D’abord, il cherche à réveiller la conscience du peuple : « Combien de temps hésiterez-vous entre les deux côtés ? Si l’Éternel est Dieu, suivez-le ; et si c’est Baal, suivez-le ! »


6.3 - [Trois classes : les meneurs de l’apostasie + les faux prophètes + la grande masse sans foi ni conviction]

L’auditoire auquel Élie adresse ce puissant appel était composé d’un roi dégradé, d’une compagnie corrompue de prophètes et d’une foule versatile subissant leur influence. Ignorant le roi et les prophètes, Élie parle directement au peuple. Le roi était le chef de l’apostasie et avait déjà été placé devant son péché. Les prophètes de Baal étaient les adversaires déclarés de Dieu et allaient être confondus et jugés. Mais la grande masse du peuple était indécise, hésitant entre les deux côtés. Ils professaient être le peuple de l’Éternel, mais en pratique, ils adoraient Baal. S’adressant à leur conscience, Élie dit : « Combien de temps hésiterez-vous entre les deux côtés ? »

Nous sommes aujourd’hui confrontés avec les représentants de ces trois classes. Il y a les meneurs de l’apostasie ; des hommes qui ont fait une profession extérieure de christianisme, mais qui renient le Maître qui les a achetés et qui sont retournés se vautrer au bourbier. Puis il y a un nombre croissant de personnes qui ne font pas profession du christianisme, qui propagent avec zèle leurs faux systèmes religieux et sont les ennemis déclarés de Dieu le Père et de Dieu le Fils. Mais il y a une autre classe, la grande masse des chrétiens de nom, tous ceux qui hésitent entre les deux côtés. Ils n’ont, hélas ! pas de foi personnelle en Christ, rien que des « opinions ». Pour eux, Dieu et sa parole, Christ et sa croix, le temps et l’éternité, le ciel et l’enfer, sont simplement des questions d’opinion — des opinions qui n’aboutissent à aucune conviction ferme, car en regard de ces réalités solennelles, ils ont « DEUX » opinions. Ils ne s’opposent pas à Christ, mais ils se refusent à confesser Christ. Ils ne désirent pas se brouiller avec Dieu, mais ils veulent rester bien avec le monde. Ils voudraient échapper au jugement du péché, mais ils sont déterminés à jouir des délices du péché. Ils aimeraient mourir comme des saints, mais ils préfèrent vivre comme des pécheurs. Ils parlent parfois de moralité, discutent de problèmes sociaux et religieux, ou participent à des controverses théologiques. Mais ils évitent soigneusement tout contact personnel avec Dieu, toute décision pour Christ et toute confession de son nom. Ils balancent, hésitent, remettent de jour en jour, disant pratiquement : « Nous nous tournerons un jour vers Christ, mais pas maintenant ; nous serons sauvés un jour, mais pas maintenant ; nous nous occuperons un jour de nos péchés, mais pas maintenant. »


6.4 - [Urgence de se décider, le jour de la grâce tend à sa fin]

Que ceux qui parlent ainsi écoutent la question qu’Élie adresse à leur conscience : « Combien de temps ? » Combien de temps les pécheurs laisseront-ils en suspens la grande question de la destinée éternelle de leur âme ? Pendant combien de temps perdront-ils leur vie, joueront-ils avec le péché, négligeront-ils le salut et se moqueront-ils de Dieu ? Qu’ils se souviennent que Dieu a une réponse à cette question, que ce que Dieu dispose est en général très différent de ce que l’homme se propose. L’homme riche du récit de l’évangile se proposait de répondre à cette question selon ses pensées, et Dieu le traite d’insensé. « Combien de temps vivrai-je ? » dit-il. Et comme réponse, il s’accordait « beaucoup d’années ». Mais la réponse de Dieu fut bien différente : « Cette nuit même ton âme te sera redemandée. »

À cette question solennelle, « combien de temps ? » il faut répondre sans délai. Certes, la grâce de Dieu est illimitée, mais le jour de la grâce tend à sa fin. Pendant de longs siècles, les rayons de la grâce ont brillé sur ce monde coupable ; maintenant les ombres s’allongent et la nuit arrive avec les jugements. Que les moqueurs prennent garde de ne pas hésiter trop longtemps lorsque Dieu dit : « Combien de temps ? » de peur que finalement ils n’entendent ces terribles paroles : « Parce que j’ai crié et que vous avez refusé d’écouter, parce que j’ai étendu ma main et que personne n’a pris garde, et que vous avez rejeté tout mon conseil et que nous n’avez pas voulu de ma répréhension, moi aussi je rirai lors de votre calamité, je me moquerai quand viendra votre frayeur, quand votre frayeur viendra comme une subite destruction et que votre calamité arrivera comme un tourbillon, quand la détresse et l’angoisse viendront sur vous : alors ils crieront vers moi, et je ne répondrai pas ; ils me chercheront de bonne heure, mais ils ne me trouveront point » (Prov. 1, 24-28).

Aux jours d’Élie, les hommes furent réduits au silence par cet appel. « Le peuple ne lui répondit mot. » Toute bouche fut fermée. Ils étaient là devant le prophète, un peuple silencieux, frappé dans sa conscience, se condamnant lui-même.


6.5 - [Ceux qui n’ont pas fléchi les genoux devant Baal mais n’ont pas témoigné pour Dieu en public]

Après avoir convaincu le peuple de son péché, le prophète lui adresse son deuxième appel. Il rappelle à la nation que lui seul est le prophète de l’Éternel, alors que les prophètes de Baal sont quatre cent cinquante hommes. Quel temps sombre que celui où il n’y a qu’un seul vrai prophète pour résister à quatre cent cinquante faux prophètes ! Il y avait certes sept mille hommes qui n’avaient pas fléchi les genoux devant Baal ; néanmoins il ne restait qu’un seul homme pour témoigner pour l’Éternel. C’est une bonne chose de refuser de reconnaître Baal, mais il y a une grande différence entre ne pas ployer les genoux devant Baal et se lever pour témoigner pour l’Éternel. Abdias pouvait craindre beaucoup l’Éternel, mais son association profane lui avait fermé la bouche. Nous n’entendons rien à son sujet au Carmel. La crainte de Dieu peut amener sept mille hommes à mener deuil devant Dieu en secret, mais la crainte de l’homme les retient de témoigner pour Dieu en public. Au milieu de cette grande foule, le prophète est seul. Et n’oublions pas que, malgré toute sa sainte hardiesse, il était un homme ayant les mêmes passions que nous. Le Dieu vivant devant qui il se tenait était la source de sa puissance.


6.6 - [Folie des faux prophètes et vanité de leurs dieux]

Bien que seul, Élie n’hésite pas à défier la foule des faux prophètes. Il a repris le roi ; il a convaincu la nation d’indécision coupable ; il va maintenant dénoncer la folie de ces faux prophètes et la vanité de leurs dieux. Qui est le Dieu d’Israël ? telle est la question importante. Élie propose courageusement que cette grande question soit soumise à l’épreuve du feu. « Le dieu qui répondra par le feu, lui, sera Dieu. » Il fait appel à Dieu. La décision n’appartient pas au prophète solitaire de l’Éternel ni aux quatre cent cinquante prophètes de Baal. Il ne s’agit pas de raisonnements humains ou de l’opinion d’un seul homme contre quatre cent cinquante. Dieu décidera. Les prophètes de Baal prépareront un autel, Élie rebâtira l’autel de l’Éternel, et le dieu qui répondra par le feu, lui, sera Dieu.

Cet appel à la raison reçoit l’approbation immédiate et unanime d’Israël. « Et tout le peuple répondit et dit : La parole est bonne. » Les prophètes de Baal sont silencieux ; face à l’approbation du peuple, ils ne peuvent s’esquiver. Ils préparent leur autel, apprêtent leur taureau et invoquent leur dieu. Depuis le matin jusqu’à midi, ils crient à Baal. En vain ; « il n’y eut pas de voix, ni personne qui répondît ». Jusqu’à midi, Élie est un témoin silencieux de leurs vains efforts ; puis enfin, pour la seule et unique fois, il s’adresse à ces faux prophètes, mais seulement pour se moquer d’eux. Fouettés par le mépris d’Élie, ils redoublent d’efforts. Pendant trois heures encore — depuis midi jusqu’à l’heure du sacrifice du soir — ils crient à haute voix et se font des incisions avec des épées, jusqu’à faire couler le sang. Toujours en vain : « il n’y eut pas de voix, et personne qui répondît, et personne qui fît attention ».

La défaite des faux prophètes étant totale, Élie adresse son troisième appel au peuple. Il a parlé à leur conscience, il a fait appel à leur raison, maintenant il va s’adresser à leur cœur. Il les rassemble autour de lui par l’invitation pleine de grâce : « Approchez-vous de moi. » En réponse, « tout le peuple s’approcha de lui ». Ils observent en silence le prophète qui prépare l’autel de l’Éternel. Ayant montré l’impuissance de Baal, il dresse l’autel de l’Éternel. Il ne suffit pas de dénoncer ce qui est faux ; la vérité doit être établie.


6.7 - [L’autel : l’unité du peuple avec Dieu au milieu de lui]

Pour maintenir la vérité, il bâtit son autel avec douze pierres. Malgré l’état de division de la nation, la foi reconnaît l’unité des douze tribus. Chaque tribu doit être représentée dans l’autel de l’Éternel. La foi discerne que bientôt l’idolâtrie sera jugée et la nation sera une, avec Dieu au milieu d’elle. Telle est la parole de l’Éternel par Ézéchiel : « Voici, je prendrai les fils d’Israël d’entre les nations où ils sont allés, et je les rassemblerai de toutes parts, et je les ferai entrer dans leur terre ; et je les ferai être une seule nation dans le pays, sur les montagnes d’Israël : un seul roi sera leur roi à tous ; et ils ne seront plus deux nations, et ils ne seront plus divisés en deux royaumes. Et ils ne se rendront plus impurs par leurs idoles… et je les délivrerai… et je les purifierai ; et ils seront mon peuple, et moi je serai leur Dieu » (Ézéch. 37, 21-23).

L’autel est dressé, la victime placée dessus, le tout est aspergé d’eau par trois fois et, à l’heure où l’on offre le gâteau, le prophète s’adresse à Dieu. Dans sa prière, Élie ne fait aucun cas de lui, mais tout revient à Dieu. Il ne cherche point de place pour lui-même ; il n’y pas le moindre désir de s’exalter devant le peuple ; il ne veut être connu que comme un serviteur exécutant les commandements de l’Éternel. Son seul désir est que Dieu soit glorifié. À cet effet, il voudrait que tout le peuple reconnaisse que l’Éternel est Dieu ; que c’est l’Éternel qui fait « toutes ces choses » ; que c’est l’Éternel qui parle à leurs cœurs pour ramener le peuple à lui.


6.8 - [Le feu du jugement de l’Éternel doit tomber : sur les coupables ou sur le sacrifice ?]

La prière d’Élie reçoit une réponse immédiate. « Le feu de l’Éternel tomba, et consuma l’holocauste. » Que cette scène est magnifique ! D’un côté un Dieu saint qui doit agir à l’égard de tout mal par le feu consumant du jugement ; et de l’autre une nation coupable, plongée dans le mal, que le Dieu saint doit juger. Le feu de l’Éternel doit certainement tomber et la nation être consumée. Comment peut-elle échapper ? Comment les cœurs peuvent-ils être ramenés à l’Éternel ? Aucun juste, si fervente que soit sa supplication, ne peut y faire face. Si la nation coupable doit être épargnée, il faut que l’autel soit bâti et un sacrifice offert — sacrifice qui représentera la nation coupable devant les yeux de Dieu et sur lequel le jugement qu’elle a mérité pourra tomber. Et c’est ce qui se produisit, car nous lisons : « Le feu de l’Éternel tomba, et consuma l’holocauste. » Le jugement tombe sur la victime ; la nation sort libre.

« Et tout le peuple le vit ; et ils tombèrent sur leurs faces, et dirent : L’Éternel, c’est lui qui est Dieu ! L’Éternel, c’est lui qui est Dieu ! » Dans la merveilleuse valeur du sacrifice, la justice de Dieu trouve un moyen par lequel la justice est satisfaite, le jugement est subi et le cœur de la nation est gagné.

Ne discernons-nous pas dans cette scène un type évident du sacrifice du Seigneur Jésus Christ, quand, par l’Esprit éternel, Il s’est offert lui-même à Dieu sans tache ? Néanmoins, il y a des contrastes frappants, car tandis que, sur le Carmel, le feu du jugement consume l’holocauste, au Calvaire nous pouvons dire que le sacrifice anéantit le feu du jugement. Et les sacrifices juifs étaient souvent répétés sans jamais ôter les péchés : le jugement était toujours plus grand que le sacrifice ; mais au Calvaire nous trouvons Celui qui, en tant que Sacrifice, est plus grand que le jugement. Là, les flots du jugement qui étaient au-dessus de nos têtes se sont déversés sur sa tête et ont pris fin ; le jugement qu’Il a subi, Il l’a épuisé. La résurrection en est la preuve éternelle. Il a été livré pour nos fautes et ressuscité pour notre justification.

Mais à quoi servira tout cela si nous ne le voyons pas par la foi ? « Et tout le peuple le vit ; et ils tombèrent sur leurs faces » et adorèrent. Pour nous aussi, la contemplation, par la foi, de Christ mort et ressuscité, incitera nos cœurs à l’adoration. Le sacrifice même par lequel Dieu a délivré son peuple de tout jugement a manifesté son amour d’une telle manière qu’Il a gagné nos cœurs. « L’amour de Dieu est versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. » Nous pouvons dire en vérité aujourd’hui que Dieu a ramené le cœur de son peuple et qu’il ne reste plus aux siens qu’à tomber sur leurs faces dans une profonde adoration, comme l’a fait Israël.


7 - LE CARMEL — La venue de la pluie — 1 Rois 18, 41-46

7.1 - [La foi qui saisit les signes des temps]

Le jugement ouvre la voie à la bénédiction et ainsi le feu du ciel est suivi par la pluie du ciel. L’oreille ouverte d’Élie perçoit « un bruit d’une abondance de pluie ». Un bruissement au sommet des arbres, un frémissement sur les eaux — la sourde plainte de la terre — disaient à l’oreille attentive d’Élie que le jour où l’Éternel enverrait la pluie sur la terre allait enfin arriver.

Si, par une marche plus intime avec Dieu, nos oreilles étaient davantage exercées à saisir ses doux murmures, et notre esprit plus éclairé pour les interpréter correctement, n’entendrions-nous pas souvent sa voix parler de bénédiction toute proche dans les plaintes sourdes et tristes qui s’élèvent de ce monde troublé ? Dans le soupir montant d’un lit de malade, ou les pleurs d’un affligé ou le cri de quelque cœur déçu, ne discernerions-nous pas le son d’une bénédiction imminente pour l’âme blessée ?

Aucun de ces sons ne parvenait à l’oreille du roi Achab. Absorbé par ses propres plaisirs égoïstes, son cœur s’était endurci et ses oreilles appesanties. Seule la foi peut lire les signes des temps et entrer dans le secret de l’Éternel. Quand tout paraît mort parmi le peuple de Dieu, quand la prédication de l’évangile ne semble produire aucun résultat apparent, quand il y a peu de conversions parmi les pécheurs et peu de croissance parmi les saints, il faut vraiment une marche d’intimité avec Dieu pour voir sa main à l’œuvre.


7.2 - [Le monde qui ne pense qu’à se divertir quand Dieu accorde du soulagement]

Toutefois, lorsque la voix de Dieu est entendue et que sa main est discernée, des résultats immédiats sont produits. La pluie va-t-elle tomber ? Achab monte alors pour manger et pour boire, tandis qu’Élie — l’homme à l’oreille attentive — va monter au sommet du Carmel pour prier.

Pendant trois ans et demi, la pluie a été retenue et la famine a pesé lourdement sur le pays. Maintenant, la pluie arrive ; la famine est terminée. Achab va certainement se tourner vers Dieu avec reconnaissance ?! Il a vu la vanité des idoles, la défaite des faux prophètes, le feu venu du ciel et l’horrible jugement des prophètes de Baal. Hélas ! nulle impression n’est faite sur le roi ; Dieu n’a aucune place dans ses pensées. Peu lui importent l’Éternel ou Baal, le prophète du Dieu vivant ou les quatre cent cinquante prophètes de Baal. Sa seule pensée est : « Cette ennuyeuse famine est terminée, la pluie va tomber ; je peux maintenant me divertir à mon aise. » Ainsi, il monte pour manger et pour boire, célébrant cette occasion par une fête. Il en est toujours ainsi avec le monde. Dieu fait peser sa main en gouvernement sur les hommes et, pendant un temps, ils sont affligés par la guerre ou la famine et la peste. À peine le soulagement leur est-il accordé, qu’ils se remettent avec un entrain renouvelé à manger, à boire et à se divertir ; et Dieu est oublié.


7.3 - [L’homme de Dieu redouble de prière quand Dieu commence à intervenir et que le monde festoie. Prière dans le secret]

Combien l’effet sur l’homme de Dieu est différent ! Il entend le bruit d’une abondance de pluie et il sait que ce n’est pas le moment de festoyer avec le monde, mais plutôt de se retirer à l’écart des hommes et d’être seul avec Dieu au sommet de la montagne. Lorsque le monde festoie, c’est le moment pour le peuple de Dieu de monter pour la prière. La nature dirait : s’il y a un bruit d’une abondance de pluie, il n’est pas nécessaire de prier ; mais pour l’homme spirituel, c’est un appel divin à prier.

Pour que notre prière soit efficace, il y a toutefois certaines conditions que nous devons remplir. Elles sont placées devant nous dans cette scène solennelle. D’abord, la prière efficace demande que nous nous retirions de la hâte et de l’agitation de ce monde dans une sainte retraite avec Dieu. Comme Élie, il nous faut monter au sommet de la montagne. Le Seigneur lui-même nous en donne l’instruction : « Mais toi, quand tu pries, entre dans ton cabinet, et ayant fermé ta porte, prie ton père » (Matt. 6, 6). Combien souvent nos prières sont inefficaces, parce que nous n’avons pas fermé notre porte. Pour être consciemment dans la présence de Dieu, nous devons nous concentrer, rassembler nos pensées vagabondes et fermer la porte au monde. Une sainte séparation et la retraite sont la première grande condition pour une prière efficace.

Et puis, nous devons prendre notre vraie place dans la poussière devant Dieu, et cela nous est présenté d’une manière frappante dans le prophète. Arrivé au sommet de la montagne, il s’humilie. « Il se courba jusqu’à terre, et mit sa face entre ses genoux. » Peu d’heures auparavant, il était debout pour Dieu devant le roi, les faux prophètes et tout le peuple d’Israël et tous ceux du peuple étaient tombés sur leurs faces. Maintenant, les faux prophètes sont morts, les foules se sont dispersées et Élie demeure seul avec Dieu. Aussitôt il se courbe jusqu’à terre et cache sa face. Devant tout Israël, Dieu soutiendra et honorera son serviteur, mais lui, seul avec Dieu, doit apprendre son propre néant en présence de la grandeur de Dieu. Alors, il rendait témoignage pour Dieu devant des pécheurs, il donnait des commandements au roi, aux prophètes et au peuple ; maintenant, il est seul, s’attendant à Dieu, qu’il supplie et, comme tel, lui aussi doit se souvenir qu’il n’est que poussière, entièrement dépendant de la grâce de Dieu. « Voici, je te prie », dit Abraham, « j’ai osé parler au Seigneur, moi qui suis poussière et cendre » (Gen. 18, 27). Un chrétien d’autrefois a dit : « Plus le cœur s’abaisse, plus la prière s’élève. »


7.4 - [Persévérance dans la prière]

Ce récit nous dévoile un autre des secrets de la prière fervente et efficace. Nous ne devons pas seulement prier, mais veiller et prier. L’apôtre nous y exhorte : « Persévérez dans la prière, veillant en elle avec des actions de grâces » (Col. 4, 2). Nous lisons encore : « Priant par toutes sortes de prières et de supplications, en tout temps, par l’Esprit, et veillant à cela avec toute persévérance » (Éph. 6, 18). Nous voyons cette vigilance, dans la prière d’Élie, car il dit à son jeune homme : « Monte, je te prie ; regarde du côté de l’ouest. » Et il monte et regarde et dit : « Il n’y a rien. » Il veille, mais d’abord il ne voit rien. Il entend le son qui l’invite à prier et il prie et regarde, mais d’abord il ne voit rien. Combien souvent il en est ainsi pour les enfants de Dieu aujourd’hui. Ils prient et veillent à cela, mais pour un temps Dieu juge bon de les faire attendre. Dieu a des leçons à nous apprendre et ainsi il peut nous faire attendre à Sa porte pendant quelque temps. Nous veillons pour voir la main de Dieu agir et hélas ! nous ne voyons rien. N’est-ce pas pour nous enseigner que rien de Dieu n’est visible quand quelque chose du moi remplit notre vision ? Nous devons apprendre notre propre néant avant de voir Dieu à l’œuvre. Nous pensons que Dieu nous écoutera à cause de l’urgence du cas, de la ferveur de nos prières, de la justesse de notre cause. Mais Dieu nous fait attendre jusqu’à ce que nous soyons conscients que, même si devant les hommes notre cause peut paraître juste, devant Dieu nous sommes d’indignes suppliants, n’ayant rien à revendiquer ; nous avons uniquement à faire appel à la grâce de Dieu. En outre, Dieu nous enseigne que la prière n’est pas un charme secret dont nous pouvons faire usage n’importe quand pour obtenir ce que nous voulons, mais que la puissance de la prière réside en Celui que nous prions.

Mais si certaines causes de retard sont en nous-mêmes, Dieu a aussi son temps et sa manière de répondre aux prières. Si donc nous prions et veillons, et que néanmoins nous ayons à reconnaître avec le jeune homme d’Élie : « il n’y a rien », que pouvons-nous faire de plus ? Cette question reçoit une réponse très précise de la part d’Élie. Il dit : « Retournes-y sept fois. » En d’autres termes, nous devons persévérer. L’apôtre nous exhorte non seulement à prier, mais à veiller à cela « avec toute persévérance ». Nous ne pouvons pas bousculer Dieu. Nous pensons à ce qui nous est agréable ; Dieu pense à ce qui est à sa gloire et pour notre profit.

À la lumière de cette scène, nous pouvons bien sonder nos cœurs et nous demander si nous sommes assez près de Dieu pour entendre son invitation à prier alors que tout le monde festoie peut-être. Et sommes-nous prêts à une sainte séparation pour la prière, prêts à nous humilier dans la prière et à veiller à cela avec toute persévérance ?

Ces conditions remplies, ne pouvons-nous pas compter sur une réponse à la prière, même si, à vue humaine, il n’y a que peu ou pas de signe de bénédiction imminente ? Il en fut ainsi pour Élie ; sa persévérance fut récompensée. Il savait que sa prière allait être exaucée, alors que ses yeux n’auraient pu voir qu’« un petit nuage », pas plus grand que « la main d’un homme ». Mais derrière la ressemblance d’une main humaine, la foi pouvait discerner la main de Dieu. Avec la plus grande confiance, Élie envoie aussitôt un messager à Achab, disant : « Attelle, et descends, afin que la pluie ne t’arrête pas. » Pour la vue naturelle, il n’y avait pas signe de pluie : le ciel était parfaitement clair, à part un petit nuage pas plus grand que la main d’un homme. Mais la foi savait que Dieu était derrière le nuage et lorsque Dieu est à l’œuvre, une petite chose va loin. Une poignée de farine et un peu d’huile, avec Dieu, peuvent nourrir une famille pendant toute une année. Cinq pains d’orge et deux petits poissons, avec Dieu, peuvent rassasier cinq mille personnes et un petit nuage avec Dieu derrière lui peut couvrir toute l’étendue des cieux. Ainsi, tandis qu’Achab attelait, « les cieux devinrent noirs par d’épais nuages accompagnés de vent, et il y eut une forte pluie ».


7.5 - [Le temps des reproches, le temps de sauvegarder l’autorité]

« Et Achab monta dans son char et s’en alla à Jizreël. » Mais « la main de l’Éternel fut sur Élie ». La main de l’Éternel était avec l’homme qui avait été avec Dieu au sommet de la montagne. Et lorsque la main de l’Éternel est sur un homme, celui-ci fera toutes choses comme il convient et au bon moment. Guidé par l’Éternel, Élie s’était tenu devant le roi pour lui reprocher son idolâtrie et maintenant, toujours guidé par l’Éternel, le prophète court devant le roi pour honorer et sauvegarder l’autorité du roi devant le peuple. Élie est instruit à maintenir ce qui est dû à Dieu tout en manifestant le respect dû à l’homme. En son temps, il montrera sa crainte de Dieu et en son temps, il honorera le roi.


8 - JÉZABEL — La fuite dans le désert — 1 Rois 19, 1-7

8.1 - [Zèle religieux idolâtre manipulant le pouvoir civil]

Élie avait fait une belle confession devant le méchant roi, les faux prophètes et la nation idolâtre ; maintenant, il est appelé à rencontrer une opposition d’un caractère très différent, celle de la méchante Jézabel. Le roi était égoïste et indolent, ne cherchant que la satisfaction de ses convoitises et de ses plaisirs, et absolument indifférent à la religion. Jézabel, au contraire, était une femme animée d’une énergie intense, une fanatique, déployant un zèle infatigable pour l’idolâtrie, protégeant les sacrificateurs de Baal et persécutant les serviteurs de l’Éternel. Pour parvenir à ses fins religieuses, elle cherchait à manier la puissance temporelle et royale de son faible époux.

C’est pour cette raison que l’Esprit de Dieu se sert de Jézabel pour personnifier un système religieux corrompu, animé par Satan, qui poursuit sa voie avec un zèle intense et persistant, persécute toujours ou s’efforce de séduire les serviteurs de Dieu et cherche à manier le pouvoir temporel à ses propres fins. Jézabel s’efforçait de satisfaire les caprices et les convoitises d’Achab afin de le mettre entièrement sous sa puissance ; de même le système papal, que Jézabel représente, a cherché, au cours des siècles, à satisfaire les convoitises des rois et des hommes d’État, aussi bien que de la masse des hommes, flattant leur avarice, leur vanité et leur orgueil, pour amener tant les États que les individus sous sa puissance. De même que l’alliance d’Achab avec cette méchante femme a produit un tel trouble en Israël, l’union de l’Église et de l’État aussi a opéré la ruine de ce qui professe aujourd’hui être l’Église de Dieu sur la terre (Apoc. 2, 20-23).


8.2 - [La foi défaillante perd de vue le Dieu vivant et recule devant les conséquences de son témoignage public]

C’était la persécution acharnée de cette femme terrible qu’Élie devait maintenant affronter. Le courage lui manque devant sa menace de vengeance et il s’enfuit pour sa vie. Traversant le pays de Juda, il arrive à Beër-Shéba, à l’extrême sud, en bordure du désert. Jusqu’ici, il s’en était allé à la parole de l’Éternel, comme il avait pu le dire sur la montagne du Carmel : « C’est par ta parole que j’ai fait toutes ces choses ». En revanche, ici il n’agissait pas sous la direction d’une parole de l’Éternel, mais plutôt sous la menace d’une femme. Élie avait laissé pour un moment la méchante et puissante Jézabel se placer entre lui et Dieu. Aussi l’homme qui s’était tenu pour Dieu devant le roi, les faux prophètes et tout Israël, fuit-il maintenant devant les menaces d’une femme. Certes, Jacques peut dire qu’Élie était un homme ayant les mêmes passions que nous. En tout cela, Élie ne pense pas à Dieu ni au peuple de Dieu, mais à lui. Dieu avait conduit Élie à un témoignage public, mais maintenant sa foi recule devant l’opposition que ce témoignage entraîne. Il abandonne le sentier de la foi et marche par la vue. Nous lisons : « Et voyant cela, il se leva, et s’en alla pour sa vie. » Jusqu’ici Élie avait été soutenu dans les circonstances exerçantes qu’il avait traversées, par la claire vision que sa foi lui donnait du Dieu vivant, mais dans cette nouvelle épreuve, sa foi défaillante perd de vue le Dieu vivant et il ne voit plus qu’une femme violente.

Face aux menaces de cette femme, le Dieu qui l’avait conduit et préservé, la farine qui ne s’épuise pas, l’huile qui ne manque pas, la puissance de Dieu qui ressuscite les morts, qui fait descendre le feu du ciel et qui envoie la pluie, tout cela disparaît complètement de son esprit. En un instant, tout est oublié et le prophète ne voit plus qu’une femme déchaînée et la perspective toute proche d’une mort violente. « Et voyant cela, il se leva, et s’en alla pour sa vie. » Pierre, en son temps, « voyant que le vent était fort… eut peur » et il commença à enfoncer. Marchant par la vue, le plus grand des apôtres enfonce et le plus grand des prophètes fuit. S’il regarde aux choses visibles, l’homme de Dieu est plus faible que l’homme du monde. Ce n’est qu’en marchant par la foi qui voit Celui qui est invisible que nous pourrons aller de l’avant au milieu des difficultés croissantes et des circonstances terrifiantes des jours dans lesquels nous vivons.


8.3 - [Quand on oublie le chemin par lequel Dieu a conduit et qu’on ne pense qu’à soi]

Il « s’en alla pour sa vie ». Ce n’était pas pour son Dieu ni pour le peuple de Dieu ou pour le témoignage de Dieu — mais c’est pour sa vie qu’il s’en alla. N’ayant que lui-même devant les yeux, il s’enfuit aussi loin que possible du lieu du témoignage. Il quitte le pays de la promesse, tourne le dos au peuple de Dieu et s’enfuit à Beër-Shéba.

Hélas ! face à l’épreuve, nous pouvons, nous aussi, oublier facilement tout ce que le Seigneur a été pour nous dans le passé. Le chemin par lequel Il nous a conduits, la grâce qui nous a préservés, le cœur qui nous a aimés, la main qui nous a soutenus, la parole qui nous a dirigés, tout est oublié en présence d’une épreuve si terriblement réelle pour la vue et les sens. Nous voyons l’épreuve, et nous perdons Dieu de vue. Au lieu de nous tenir devant le Dieu vivant, nous fuyons devant une épreuve passagère. Nous cherchons à échapper à l’épreuve, au lieu de rechercher la grâce de Dieu pour nous soutenir dans l’épreuve, et d’apprendre par elle la pensée de Dieu.

Arrivé à Beër-Shéba, Élie laissa son jeune homme et alla dans le désert le chemin d’un jour. Dans ce lieu solitaire, il se mit à prier. Mais combien cette prière est différente de ses requêtes précédentes. Auparavant, il avait prié pour la gloire de Dieu et la bénédiction de la nation : maintenant, il faisait des demandes pour lui. Et quelle requête ! Il s’écrie : « C’est assez ! maintenant, Éternel, prends mon âme, car je ne suis pas meilleur que mes pères. » Il n’a que lui-même devant les yeux. Dans sa fuite devant Jézabel et sa prière dans le désert, il n’a que lui en vue. C’est « sa vie » pour laquelle il fuit et c’est pour lui-même qu’il prie.


8.4 - [Supporter l’échec d’une mission]

Tout ceci parle du profond découragement du prophète. Il avait vu le déploiement magnifique de la puissance de l’Éternel sur la montagne du Carmel ; il avait vu le peuple, tombé la face contre terre, reconnaître : « l’Éternel, c’est lui qui est Dieu. » Il avait exécuté le jugement sur les prophètes de Baal ; il avait vu la pluie venir en réponse à sa prière et, sans doute, s’attendait-il à un grand renouveau du culte de l’Éternel et à la bénédiction pour Israël, par son ministère. Apparemment, tout avait échoué. Élie n’était pas préparé à cela. Il avait pensé qu’il était meilleur que ses pères et que sous son ministère puissant, il y aurait un retour vrai et général à l’Éternel, mais ce n’avait pas été le cas. Les années de famine, la destruction des prophètes de Baal, la pluie du ciel, tout semble avoir été vain ; tellement vain, en fait, qu’Élie — l’homme qui avait représenté Dieu — doit fuir pour sa vie. Pauvre Élie ! il pouvait affronter le roi, les prophètes de Baal et tout Israël, mais il n’était pas préparé à faire face à l’échec de sa mission. Son ultime effort pour ramener le peuple de Dieu avait été vain. Il n’y avait plus rien à faire ; sa vie était un échec. La meilleure chose, par conséquent, serait de mourir. Il trouverait ainsi le repos après un labeur inutile et un conflit désespéré.


8.5 - [Le Seigneur Jésus devant l’échec apparent de son ministère]

Quel bienfait de se tourner du serviteur vers le Maître parfait et de voir la perfection infinie de celui-ci briller dans son rejet. Après tous ses miracles de grâce, ses paroles d’amour, ses actes de puissance, Il est méprisé et rejeté, traité de mangeur et de buveur, et on tient conseil pour le faire mourir. Dans ce moment de rejet total et d’échec apparent de tout son ministère, Il se tourne vers le Père et peut dire : « Je te loue, ô Père… Oui, Père, car c’est ce que tu as trouvé bon devant toi. »


8.6 - [Les soins de Dieu au jours de la foi, aux jours de l’abattement, et quand le serviteur ne voit que la perspective de la mort]

Élie n’est pas mort et il n’est jamais passé par la mort. Dieu avait un autre plan pour son bien-aimé serviteur. Il ne voulait pas laisser son serviteur quitter ce monde en homme déçu, accablé sous le poids du découragement, pour mourir dans un lointain désert. Son introduction dans le ciel sera très différente. Le char de Dieu attend le moment choisi par Dieu pour le transporter au ciel avec gloire et honneur. Entre-temps, il est l’objet des tendres soins de Dieu. Il donne le sommeil à son bien-aimé ; des anges le servent ; la nourriture lui est fournie et sa soif est apaisée.

Au jour de sa foi, les corbeaux peuvent le nourrir et la veuve l’entretenir ; au jour de son abattement, les anges le servent et Dieu Lui-même le nourrit. Quel Dieu que celui qui prend soin de nous ! « Ses compassions ne cessent pas. » « S’il afflige, il a aussi compassion, selon la grandeur de ses bontés » (Lament. 3, 22, 32). Telle a été l’expérience d’Élie ; réveillé par l’ange, « il regarda, et voici, à son chevet, un gâteau cuit sur les pierres chaudes, et une cruche d’eau ». En outre, l’Éternel des jours d’Élie est le Jésus du temps de l’évangile et, dans des circonstances semblables, les disciples errants peuvent passer toute la nuit à pêcher sans rien prendre, mais trouver, le lendemain, le Seigneur de gloire répondant aux besoins de ses disciples défaillants avec un feu de braises, et du poisson mis dessus, et du pain et une invitation pleine d’amour : « Venez, dînez. »

Pour nous, il en est de même. Notre foi peut faiblir ; nous pouvons être abattus en raison de l’échec apparent de tout notre service et, dans des moments de découragement et de déception, nous pouvons perdre toute énergie et avoir des pensées amères, prier sans discernement, murmurer même sur notre sort ; et pourtant les tendres soins de Dieu ne cessent jamais ; ses compassions ne font jamais défaut…


8.7 - [Le chemin est-il trop long ?]

Après avoir réconforté son serviteur par le sommeil et la nourriture, l’Éternel lui parle : « le chemin est trop long pour toi. » Quel chemin que celui d’Élie à travers ce monde ! Kerith, Sarepta, Carmel, Horeb, en sont les étapes et le char de feu est prêt à y mettre fin en puissance et en gloire ; mais chaque étape était « trop longue » pour Élie. La puissance déployée, le courage demandé, la foi requise, l’opposition à rencontrer, les privations à endurer — tout était trop grand pour un homme ayant les mêmes passions que nous. Si un seul moment Élie perd de vue le Dieu vivant, s’il néglige de marcher dans la dépendance journalière de Dieu, il découvre aussitôt qu’il n’est pas meilleur que ses pères et que le chemin est « trop long » pour lui.

Pour nous, chrétiens, il est bon de réaliser que le repos n’est pas ici-bas. Nous sommes aussi sur un chemin qui se termine dans la gloire, mais un chemin dans lequel il y a des épreuves à rencontrer, des difficultés à vaincre, un témoignage à rendre et de l’opposition à soutenir. Nous aussi nous pouvons trouver que le chemin est « trop long », et que nous sommes trop petits pour le chemin.

Mais si le chemin était trop long pour Élie, il ne l’était pas pour le Dieu d’Élie. Dans son tendre amour, Dieu pourvoit aux besoins de son serviteur ; et « avec la force de ces aliments » — les aliments que Dieu avait fournis — il alla son chemin quarante jours et quarante nuits, jusqu’à Horeb, la montagne de Dieu.

Toutes choses sont possibles pour Dieu. En voyant la longueur du chemin et notre propre petitesse, nous pouvons bien nous écrier : « Qui est suffisant pour ces choses ? » Mais la réponse vient aussitôt : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans l’infirmité. » Et alors, si toute la grâce et la puissance du Christ ressuscité sont à notre disposition, nous pouvons bien poursuivre notre chemin, fortifiés « dans la grâce qui est dans le Christ Jésus » (2 Tim. 2, 1).


9 - HOREB — La montagne de Dieu — 1 Rois 19, 9-18

9.1 - [Le Seigneur nous aime trop pour nous laisser nous reposer dans les retraites tranquilles de notre choix]

Arrivé à Horeb, la montagne de Dieu, le prophète cherche refuge dans une caverne. De nouveau la parole de l’Éternel vient à lui avec cette question qui le sonde : « Que fais-tu ici, Élie ? » Le prophète avait fui le lieu du témoignage public et du service actif — il avait fui à la menace d’une femme, fui pour sa vie. Il avait quitté le sentier du service avec ses souffrances, son opposition et ses persécutions et s’était cherché un refuge au milieu des solitudes du désert et dans les cavernes des montagnes. Maintenant sa conscience doit être sondée et il doit rendre compte de ses actions à l’Éternel. Quelqu’un a dit : « À Horeb, la montagne de Dieu, toutes choses sont nues et découvertes ; et Élie a affaire avec Dieu et avec Dieu seul. »

Il est difficile de continuer dans le chemin du service ; apparemment, tout aboutit à l’échec. Lorsqu’il n’y a pas de résultats immédiats à nos travaux, lorsque le ministère est négligé, le serviteur méprisé et même combattu, c’est alors que nous sommes prêts à fuir nos frères, à abandonner le service actif et à chercher le repos sous un genêt ou l’isolement dans une retraite cachée. Mais le Seigneur nous aime trop pour nous laisser nous reposer dans les retraites tranquilles de notre choix. Il soulève dans notre conscience la question : « Que fais-tu ici ? »


9.2 - [La question répétée de l’Éternel met en lumière le vrai état de l’âme du prophète]

Une telle question n’avait pas été posée dans la solitude du Kerith ou dans la maison de Sarepta. Le prophète avait été conduit au torrent isolé et à la maison de la veuve par la parole de l’Éternel ; il s’était enfui dans la caverne à Horeb à la menace d’une femme.

Élie donne une triple raison à sa fuite dans la caverne. D’abord il dit : « J’ai été très jaloux pour l’Éternel, le Dieu des armées. » Il sous-entend que son zèle pour l’Éternel avait été entièrement vain et qu’ainsi il avait abandonné tout témoignage public. Être occupé de notre propre zèle conduira toujours au désappointement et au mécontentement, sinon à l’abandon du sentier du service.

Puis, il se plaint du peuple de Dieu. Ils ont abandonné l’alliance de Dieu, renversé ses autels et tué ses prophètes. Il entend par là que la condition désespérée du peuple de Dieu rendait inutile la poursuite de son travail au milieu d’eux.

Enfin il dit : « et je suis resté, moi seul, et ils cherchent ma vie pour me l’ôter ». Le prophète affirme qu’il est resté seul et que le peuple même devant lequel il avait rendu un si puissant témoignage s’était dressé contre lui. Aussi leur avait-il tourné le dos et avait cherché du repos et un refuge dans cette caverne isolée.

La question de l’Éternel met en lumière le vrai état de l’âme du prophète, mais le prophète devait encore apprendre le motif profond de sa fuite. Ce n’était pas du tout parce que son zèle n’avait pas réussi à produire un changement ; ce n’était pas non plus à cause de la terrible condition du peuple de Dieu, ni davantage parce qu’ils cherchaient sa vie.


9.3 - [Le Seigneur Jésus devant son travail vain : « Je me suis toujours proposé l’Éternel devant moi ; parce qu’il est à ma droite je ne serai pas ébranlé »]

Jamais il n’y eut de zèle pareil au zèle du Seigneur. Il pouvait dire : « Le zèle de ta maison me dévore » et pourtant il a dû constater : « J’ai travaillé en vain, j’ai consumé ma force pour le néant et en vain. » Jamais non plus la condition d’Israël n’a été plus terrible que lorsque le Seigneur travaillait au milieu de son peuple. Et combien le Seigneur a pu dire en vérité dans les jours de son humiliation : « Ils cherchent ma vie pour me l’ôter. » Mais bien que son zèle et son travail aient été vains, malgré la condition du peuple et quoique à maintes reprises ils aient cherché à lui ôter la vie, jamais un seul instant il ne s’écarta du sentier d’obéissance parfaite à son Père. Jamais il ne chercha la sûre retraite d’une caverne isolée. Il poursuivit sa marche parfaite dans ce sentier de l’obéissance au Père et du service désintéressé envers les hommes. Quel est le secret de cette vie admirable ? Nous l’apprenons en l’entendant dire : « Je me suis toujours proposé l’Éternel devant moi ; parce qu’il est à ma droite je ne serai pas ébranlé » (Ps. 16, 8). De plus, il ne regardait pas aux aspérités du chemin qu’il avait à suivre, mais au but glorieux de sa marche : « Même ma chair reposera en assurance… Tu me feras connaître le chemin de la vie ; ta face est un rassasiement de joie, il y a des plaisirs à ta droite pour toujours. »

Élie avait donc fui simplement parce qu’il avait négligé de se proposer toujours l’Éternel devant lui ; et il regardait aux aspérités du chemin plutôt qu’au but glorieux vers lequel ce sentier conduisait. L’échec de sa vie de dévouement à produire un changement, le mauvais état du peuple et la persécution dont il était l’objet ne l’auraient jamais écarté du chemin du service s’il avait toujours eu l’Éternel devant lui. Qu’importent les difficultés du chemin s’il se termine par l’enlèvement au ciel dans un char de gloire !


9.4 - [Devant l’Éternel ou devant Jézabel ?]

Ainsi l’Éternel s’adresse de nouveau à Élie : « Sors, et tiens-toi sur la montagne devant l’Éternel. » Ces mots révèlent le secret de son échec. Élie pouvait donner bien des motifs plausibles à sa fuite dans la caverne, mais la vraie raison est là : il avait négligé de se proposer l’Éternel devant lui. Le secret du témoignage hardi devant Achab, de sa puissance pour ressusciter le fils de la veuve, du pouvoir de faire descendre le feu du ciel et de commander à la pluie, c’était simplement qu’il marchait et agissait par la foi, devant le Dieu vivant. Le secret de sa fuite, en revanche, c’était qu’il agissait dans la crainte d’une femme. Lorsqu’il s’adresse au roi apostat, il peut dire : « L’Éternel… devant qui je me tiens » ; lorsqu’il considère la méchante reine, c’est plutôt : Jézabel devant qui je fuis.


9.5 - [Les manifestations terrifiantes aident à réveiller, mais seule la voix douce et subtile de la grâce touche et gagne le cœur de l’homme]

Élie doit apprendre une autre leçon pour être ramené dans la présence de l’Éternel. Il avait vu le feu descendre sur le Carmel, il avait vu les cieux « noirs par d’épais nuages accompagnés de vent » à l’approche de la pluie et Élie avait associé la présence de l’Éternel à ces manifestations terrifiantes de la nature. Il avait pensé qu’à la suite de ces grands déploiements de la puissance de Dieu, toute la nation se tournerait vers Dieu dans une profonde repentance et, effectivement, sur le moment, ils tombèrent sur leurs faces et reconnurent : « L’Éternel, c’est lui qui est Dieu. » Mais il n’y avait pas eu de véritable réveil. Élie doit apprendre que le vent, le tremblement de terre et le feu peuvent en effet être des serviteurs de Dieu pour réveiller les hommes ; mais à moins que la « voix douce, subtile » ne soit perçue, nul homme n’est vraiment gagné pour Dieu. Le tonnerre du Sinaï doit être suivi de la voix douce et subtile de la grâce pour que le cœur de l’homme soit touché et gagné. Dieu n’était pas dans le vent, ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu, mais dans la voix douce, subtile.


9.6 - [En la présence de l’Éternel Élie se cache, mais il reste orgueil, amertume et colère]

« Et il arriva, quand Élie l’entendit, qu’il enveloppa son visage dans son manteau, et sortit et se tint à l’entrée de la caverne. » Élie est en présence de l’Éternel, avec le résultat immédiat qu’« il enveloppa son visage dans son manteau ». Loin de l’Éternel, il parle de lui-même ; en présence de l’Éternel, il se cache. Mais il y a encore de l’orgueil, de l’amertume et de la colère dans son cœur, aussi l’Éternel le sonde-t-il encore une fois par la question : « Que fais-tu ici, Élie ? » Dieu veut que tout soit mis à nu dans sa présence. Élie décharge de nouveau son cœur. Tout ce qu’il dit est vrai quant aux faits, mais l’esprit dans lequel cela est dit est absolument faux. Il est facile de discerner l’orgueil blessé, l’esprit rempli d’amertume, qui se cachent derrière ses paroles et amènent le prophète à parler en bien de lui et seulement en mal du peuple de Dieu.

Après avoir renouvelé ses plaintes et montré ce qui est dans son cœur, le prophète doit entendre le jugement solennel de Dieu.


9.7 - [Dieu et tout ce qu’Il fait, en jugement et en grâce]

D’abord, l’Éternel dit : « Va, retourne par ton chemin. » Le prophète doit revenir sur ses pas. Puis il doit désigner d’autres instruments pour poursuivre l’œuvre de l’Éternel. Élie s’était plaint du mal chez le peuple de Dieu ? Il aura maintenant la triste mission de désigner Hazaël pour roi sur la Syrie — un instrument pour châtier le peuple de Dieu. Élie s’était enfui à la menace de la méchante Jézabel ? Il doit désigner Jéhu pour roi sur Israël — l’instrument pour exécuter le jugement sur Jézabel. Élie avait parlé en bien de lui-même et avait cru qu’il était resté, lui seul ? Il doit désigner Élisée pour qu’il soit prophète à sa place. Le prophète, dans sa plainte, a oublié Dieu et tout ce que Dieu faisait en Israël à tel point qu’il pensait être resté seul et être le seul homme par qui Dieu pouvait agir ? Il lui faut apprendre que Dieu s’était réservé sept mille hommes qui n’avaient pas fléchi les genoux devant Baal. Élie avait, en effet, été très jaloux pour Dieu, mais il n’avait pas été capable de découvrir ces sept mille hommes. Il savait voir le mal dans le peuple, il savait voir ce que Dieu faisait en jugement, mais il était incapable de discerner ce que Dieu faisait en grâce.

Face à ce message solennel, le prophète est réduit au silence. Il n’a plus rien à dire pour lui-même. Sur le Carmel, il avait dit devant le roi et tout Israël : « Je reste, moi, seul prophète de l’Éternel » ; sur la montagne de Horeb, il avait dit deux fois dans la présence de l’Éternel : « Je suis resté, moi seul. » Mais finalement, il doit apprendre cette leçon salutaire qu’il n’est qu’un parmi sept mille.


9.8 - [Délicatesse dans la manière d’agir de Dieu, même lorsqu’Il doit reprendre]

Nous pouvons enfin remarquer un autre trait touchant de cet incident : c’est la délicatesse dans la manière d’agir de Dieu, même lorsqu’il doit reprendre.

Un autre a dit : « Dieu agissait envers Élie comme envers un serviteur bien-aimé et fidèle, même dans le moment où il lui faisait sentir son manque de foi ; car il n’a pas permis que d’autres le sachent, bien qu’il nous l’ait communiqué pour notre instruction. »


10 - ACHAZIA — Tu mourras certainement — 2 Rois 1

10.1 - [Impossible de s’endurcir contre Dieu et de prospérer]

De même que le ministère public d’Élie s’était ouvert par un message de jugement pour Achab, il se termine par un message de mort à son méchant fils, le roi Achazia. Nous lisons au sujet de cet homme : « Il fit ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, et il marcha dans la voie de son père, et dans la voie de sa mère, et dans la voie de Jéroboam, fils de Nebath, qui fit pécher Israël » (1 Rois 22, 53). Son caractère combinait la complaisance pour soi-même de son père avec l’idolâtrie fanatique de sa mère. Les trois ans et demi de famine, la défaite de Baal sur la montagne du Carmel, le jugement des faux prophètes, les voies solennelles de Dieu envers son père, sont autant de faits qui devaient être bien connus d’Achazia. Mais, indifférent à tous ces avertissements, « il servit Baal, et se prosterna devant lui, et provoqua à colère l’Éternel, le Dieu d’Israël, selon tout ce que son père avait fait. »

Il est toutefois impossible de s’endurcir contre Dieu et de prospérer. Les troubles s’accumulent autour du méchant roi. Moab se rebelle et lui-même est arrêté par une chute depuis la chambre haute de son palais. Cette maladie va-t-elle ouvrir les yeux du roi et tourner ses pensées vers l’Éternel, le Dieu d’Israël ? Hélas ! dans la prospérité, il avait vécu sans Dieu et, dans les difficultés, il méprise le châtiment de l’Éternel. Bien portant, il avait servi les idoles avec tout le zèle fanatique de sa mère et, dans la maladie, son esprit dépravé est incapable d’échapper à leur puissance démoniaque. Au lieu de se tourner repentant vers l’Éternel, le Dieu d’Israël, il consulte Baal-Zebub, le Dieu d’Ékron, pour savoir s’il relèverait de sa maladie.


10.2 - [Réclamer l’aide des démons est une provocation contre le Dieu vivant]

À Ékron était le grand oracle païen de cette époque, le temple du dieu sidonien Baal-Zebub, littéralement le dieu des mouches. Ses adeptes lui attribuaient le pouvoir de guérir des maladies et de chasser les démons. Aussi, aux jours du Nouveau Testament, les pharisiens accusent-ils le Seigneur de chasser les démons par la puissance de Béelzébul. Longtemps auparavant, Saül, réduit à l’extrémité, s’était tourné vers les démons, et avait entendu prononcer son jugement immédiat par le prophète Samuel. Achazia, en son jour, répète l’affreux péché du roi Saül. Accablé par les difficultés, lui aussi, de manière bruyante et publique, il provoque le Dieu vivant en réclamant l’aide des démons et, de la même manière, il entend prononcer son jugement par le prophète Élie.


10.3 - [Le spiritisme prépare le chemin à l’Antichrist]

Hélas ! les hommes de notre temps et de notre génération n’ont pas pris garde à l’exemple solennel de ces pécheurs de sang royal. On voit, au sein de leurs profondes difficultés et des calamités accablantes, des hommes, tendre encore leurs mains vers les démons. Ayant vécu sans Dieu dans les jours de prospérité, ne s’étant pas repentis et refusant de reconnaître Dieu dans les jours de leur calamité, ils tombent sous le pouvoir des démons. Des savants, des gens cultivés et même parfois religieux, sont empressés dans leur poursuite du spiritisme. Ni l’intelligence, ni l’imagination, ni la religion humaine ne peuvent empêcher de tomber sous la puissance des démons : cela confirme que jouer avec le diable, c’est sceller son propre jugement. « Le mystère d’iniquité opère déjà. » Les hommes ayant abandonné Dieu et méprisé l’évangile, sont prêts à se ranger sous la direction de celui « duquel la venue est selon l’opération de Satan, en toute sorte de miracles et signes et prodiges de mensonge, et en toute séduction d’injustice pour ceux qui périssent, parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés. Et à cause de cela, Dieu leur envoie une énergie d’erreur pour qu’ils croient au mensonge, afin que tous ceux-là soient jugés qui n’ont pas cru la vérité, mais qui ont pris plaisir à l’injustice » [2 Thes. 2:7-10]. L’apostasie ouvre la voie au spiritisme, et le spiritisme prépare le chemin à l’homme de péché, dont la venue est selon l’opération de Satan.

Mais les hommes oublient, comme Achazia, que notre Dieu est un feu consumant et que s’ils méprisent sa grâce et offensent sa majesté, Il finira par les amener en jugement et revendiquera sa propre gloire. Achazia le découvre à ses dépens. Instruit par l’ange de l’Éternel, Élie arrête les serviteurs du roi et leur transmet un message de l’Éternel qui prononce son jugement. Le roi ne se relèvera pas de son lit, mais il mourra certainement. Comme un autre l’a dit : « La mort doit revendiquer la vérité et l’existence de Dieu, lorsque l’incrédulité renie et refuse toute autre évidence. »

C’est donc là le dernier message d’Élie avant qu’il ne soit retiré d’une scène de péché pour être introduit dans une scène de gloire. Pour l’humble veuve dans sa maison isolée, il avait été « une odeur de vie pour la vie » ; pour le roi apostat dans son palais impie, il était « une odeur de mort pour la mort » (2 Cor. 2:16).


10.4 - [Séparation morale du monde coupable, et paisible confiance dans le Dieu vivant]

Après avoir délivré son message, il se retire sur le sommet d’une montagne. Dans la séparation morale du monde coupable de son époque, et spirituellement au-dessus de lui, il est hors d’atteinte de la haine des hommes et de la puissance des démons. Sainte, heureuse séparation qui témoigne combien complètement l’homme aux mêmes passions que nous a été restauré dans cette paisible confiance qui est la part de l’homme de Dieu. Les rois apostats, les Jézabel persécutrices, les chefs de cinquantaine et leurs hommes, n’inspirent plus aucune crainte à Élie lorsque, dans une calme confiance dans le Dieu vivant, il est assis au sommet de la montagne, attendant la merveilleuse scène qui l’introduira dans la demeure de la gloire.

Qu’elle est bénie la position des chrétiens ! Au sein d’une chrétienté proche de l’apostasie, ils peuvent, comme Élie en son temps, moralement séparés de ce présent siècle mauvais, se reposer calmement : ils attendent le grand moment où, au cri de commandement du Seigneur, ils seront introduits dans une scène de gloire, pour être toujours avec le Seigneur.


10.5 - [Les rois et toutes leurs armées n’ont aucune puissance contre un homme si Dieu est avec lui]

Dans cette position de séparation morale, Élie est non seulement hors de l’atteinte de ses ennemis, mais le feu de Dieu est à sa disposition pour leur destruction. L’ange de l’Éternel qui envoie un message de jugement au roi impie est aussi celui qui « campe autour de ceux qui le craignent et les délivre » (Ps. 34, 7). Ainsi, deux chefs de cinquantaine et leurs hommes sont dévorés par le feu du ciel. Le roi, sachant qu’il a affaire à un homme d’une puissance peu commune, envoie ses chefs de cinquantaine et leur cinquantaine. Tout à fait impassible devant ce déploiement de forces, Élie répond calmement : « Si je suis un homme de Dieu, que le feu descende des cieux et te dévore, toi et ta cinquantaine. » Si Élie est un homme de Dieu, alors Dieu est avec Élie et Achazia doit apprendre que les rois et toutes leurs armées n’ont aucune puissance contre un homme si Dieu est avec lui.


10.6 - [Dieu est un feu consumant. Si le sacrifice a été négligé, le feu tombe sur le peuple coupable]

Il y a cependant une leçon plus importante dans cette scène solennelle. Deux fois dans l’histoire d’Élie, le feu descend du ciel, mais dans des occasions bien différentes. Au Carmel, « le feu de l’Éternel tomba, et consuma l’holocauste ». Le feu tomba sur la victime comme expiation pour les péchés du peuple coupable et le peuple est indemne — pas un Israélite n’est touché par ce feu. Et le peuple est amené à Dieu ; « ils tombèrent sur leurs faces, et dirent : L’Éternel, c’est lui qui est Dieu ». C’est un type de ce moment unique où Christ aussi « a souffert… pour les péchés, le juste pour les injustes, afin qu’il nous amenât à Dieu ». Des années se sont écoulées depuis que le feu est tombé sur la victime au Carmel ; la grâce de Dieu, qui a pourvu à un sacrifice et a mis le peuple coupable à l’abri du feu du jugement, a été oubliée. Le sacrifice a été méprisé et maintenant encore, le feu tombe du sommet de la montagne. Dieu va de nouveau revendiquer sa gloire par le feu consumant. Mais cette fois, il n’y a pas de victime entre un Dieu saint et un peuple coupable. Le sacrifice a été négligé et le feu tombe sur le peuple coupable pour une destruction totale.

Cela n’est qu’une faible image du sort qui attend ce monde coupable. Pendant de longs siècles, la bonne nouvelle du pardon des péchés par le sacrifice du Seigneur Jésus Christ a été proclamée. Les hommes l’ont méprisé au point que, dans ces pays si favorisés de la chrétienté, il est devenu un objet d’indifférence. On ne se moque pas de Dieu ; si l’homme méprise le jugement de la croix et foule aux pieds le Fils de Dieu, « il ne reste plus de sacrifice pour les péchés, mais une certaine attente terrible de jugement et l’ardeur d’un feu qui va dévorer les adversaires » (Héb. 10, 26, 27). Si les hommes ne veulent pas apprendre que Dieu est un Dieu de grâce qui peut pardonner à cause du sacrifice de Christ, ils devront apprendre par le jugement qui tombera sur eux, que Dieu est un feu consumant [Héb. 12:29] et qu’il tire vengeance de tous ceux qui méprisent son Fils. Celui qui a porté le jugement sur la croix est Celui qui sera révélé du ciel, en flammes de feu, pour exercer la vengeance contre ceux qui ne veulent pas de Dieu, et contre ceux qui n’obéissent pas à l’évangile [2 Thes. 1:7-8].

Combien il est préférable, en présence des avertissements de la parole de Dieu, de suivre l’exemple du troisième chef de cinquantaine qui demande sa grâce et l’obtient.


10.7 - [Restauré, Élie ne craint plus les hommes]

Dans cette dernière scène, Dieu reconnaît publiquement son serviteur restauré et se sert de lui. Élie rend sans crainte témoignage pour Dieu dans la ville même d’où il s’était enfui à la menace d’une femme. Obéissant à la parole de l’Éternel, sans trace de crainte, cet homme solitaire, escorté par l’armée du roi hostile, descend dans la forteresse de l’ennemi pour y revendiquer la gloire de Dieu en répétant son message de jugement.

Le roi apostat est là, la méchante Jézabel sans doute aussi, mais ni la haine des rois ni les menaces de femmes violentes, n’éveillent la moindre crainte chez cet homme restauré qui, là encore, a sa confiance dans le Dieu vivant, ayant le monde derrière lui et la gloire devant lui.


10.8 - [Rappel de cette circonstance et de l’action divine dans l’évangile]

Des siècles plus tard, ce dernier acte public de l’histoire d’Élie est rappelé par les disciples du Seigneur Jésus (Luc 9, 51-56). Sa marche ici-bas touchait à sa fin, les jours de son « assomption » allaient s’accomplir. Dressant sa face résolument pour aller à Jérusalem, son chemin traverse le pays d’Élie et, de même qu’autrefois les habitants de cette contrée avaient rejeté le serviteur de l’Éternel avant son enlèvement, maintenant, dans des circonstances analogues, ils rejettent le Seigneur lui-même. Les portails éternels allaient s’ouvrir devant le Roi de gloire. Le ciel était prêt à recevoir l’Éternel puissant dans la bataille, mais sur la terre, nous lisons : « ils ne le reçurent point ». Les disciples ressentent l’insulte faite à leur Seigneur et Maître. Ils réalisent peu l’élévation de la gloire dans laquelle Il allait entrer ; ils ne peuvent voir qu’une petite mesure des bénédictions ouvertes par sa nouvelle position dans la gloire. Mais ils aiment le Seigneur et, de même qu’Élie fit descendre le feu du ciel sur les chefs de cinquantaine, ils veulent détruire par le feu du ciel ces Samaritains qui l’insultent.

Leur requête provenait de leur affection pour le Seigneur ; la justice envers ceux qui rejetaient Christ la réclamait et, en fait, comme nous l’avons vu, le jour vient où le Seigneur sera révélé du ciel, en flammes de feu, pour exercer la vengeance contre un monde qui rejette Christ. Mais ce temps n’est pas encore là ; entre le jour où le Seigneur a été reçu dans le ciel et le moment où il viendra du ciel en jugement, il y a la période la plus merveilleuse de l’histoire du monde — la période pendant laquelle Dieu dispense la grâce à ce même monde qui rejette Christ. Les disciples ne savaient pas grand-chose ou même rien de cela. Ils pouvaient comprendre un jugement exercé sur la terre, mais ils ne pouvaient s’élever à la pensée de la grâce dispensée du ciel. Telle est pourtant la glorieuse vérité ; Dieu proclame la grâce à un monde de pécheurs par le Christ ressuscité. « Par lui vous est annoncée la rémission des péchés » (Actes 13, 38).


11 - LE JOURDAIN — Le char de feu — 2 Rois 2, 1-15

11.1 - [Le chemin pour représenter l’Homme monté au ciel par puissance et par grâce avec justice]

Dans cette vie étrangement mouvementée, Élie passe de miracle en miracle et le dernier est le plus grand de tous. Il n’y a point de voyage plus remarquable que son dernier pèlerinage de Guilgal au Jourdain. Conduit par l’Esprit de Dieu, il visite des lieux qui parlent d’une manière frappante des voies de l’Éternel envers Israël.

Nous pouvons d’abord remarquer que le prophète est accompagné par Élisée qui avait été oint à sa place. Le moment était maintenant venu pour Élie de monter au ciel, laissant Élisée en arrière pour représenter sur la terre l’homme qui est ravi dans le ciel. Le point de départ du ministère d’Élisée est l’enlèvement d’un homme au ciel. Il va être sur la terre le témoin de la puissance et de la grâce qui peuvent avec justice introduire un homme dans le ciel malgré le péché, la mort et toute la puissance de l’ennemi.

Nous pouvons aussi remarquer que si l’homme sur la terre doit représenter d’une manière appropriée l’homme dans le ciel, lui aussi doit parcourir le chemin qui, passant par Guilgal, Béthel et Jéricho, conduit sur les rives du Jourdain, et il doit avoir là son regard rempli de la gloire de l’ascension.

Nous avons, dans ces grands mystères, une image frappante de la vraie position du chrétien pendant qu’il traverse ce monde. Si nous sommes laissés quelque temps sur la terre, c’est pour que nous représentions l’Homme qui est monté au ciel — l’homme Christ Jésus, l’Homme dans la gloire. Quel honneur nous a été imparti, d’être laissés un temps, comme témoins pour Christ, dans le monde par qui il a été rejeté ! Même si nous n’occupons qu’une position humble et obscure dans ce monde, le motif de notre présence ici-bas est élevé. C’est représenter Christ dans la vie de tous les jours. Voilà qui illumine la vie la plus sombre et qui soutient dans la vie la plus triste.

Mais, pour être des témoins, nous devons connaître, dans l’expérience de notre âme, quelque chose des grandes vérités présentées dans ce dernier voyage. Nous devons aussi aller de Guilgal au Jourdain et retenir la vision de l’Homme élevé et glorifié, avant de pouvoir en quelque mesure présenter ses grâces et ses vertus dans un monde qui l’a rejeté.


11.2 - [Guilgal — La chair mise de côté]

Guilgal est le point de départ de cette journée mémorable. À Guilgal, Israël a été séparé pour Dieu par la circoncision, et là, Dieu a pu dire au peuple : « Aujourd’hui j’ai roulé de dessus vous l’opprobre de l’Égypte » (Jos. 5, 9). Là, la chair a été mise de côté et l’opprobre de l’Égypte a été roulé. À la mer Rouge, les fils d’Israël ont été délivrés de l’Égypte, mais l’opprobre de l’Égypte n’avait pas été roulé de dessus eux jusqu’à la circoncision sur les bords du Jourdain.

Nous savons, par l’épître aux Colossiens, que la circoncision est le type du « dépouillement du corps de la chair ». Nous avons été délivrés par la mort de cette chose mauvaise que la parole de Dieu appelle la chair. Cette délivrance est dans la mort de Christ, et la foi accepte que nous sommes morts avec Christ. Sur la base de ce grand fait, nous avons l’exhortation : « Mortifiez donc vos membres qui sont sur la terre » (Col. 3, 5). L’apôtre nous dit aussitôt ce que sont ces membres : « la fornication, l’impureté, les affections déréglées, la mauvaise convoitise, et la cupidité, qui est de l’idolâtrie ». Puis nous avons aussi à renoncer à toutes ces choses : « colère, courroux, malice, injures, paroles honteuses », et mensonges. Il est important de se souvenir que ce ne sont pas les membres du corps, mais les membres de la chair. Les membres du corps, nous avons à les livrer à Dieu (Rom. 6, 13) ; les membres de la chair, nous avons à les mortifier. Encore, ce n’est pas la chair que nous sommes exhortés à mortifier, mais les membres de la chair. Cette dernière a été mise à mort à la croix. La foi reçoit cela, mais dans notre marche journalière, nous devons retrancher toute manifestation de la chair — ces choses horribles et mauvaises dans lesquelles nous vivions lorsque nous étions dans le monde. Dans la mesure où ces choses sont encore vues en nous, l’opprobre de l’Égypte est encore attaché à nous. Car toutes ces choses non seulement proclament le fait que nous avons été dans le monde, mais elles mettent aussi en évidence le genre de vie que nous avons mené dans le monde ; elles deviennent donc un opprobre pour nous. Mais si ces manifestations de la chair sont retranchées, ne sont plus vues, alors l’opprobre de l’Égypte est roulé, car si ces choses ont disparu, personne ne peut dire quelle sorte d’hommes nous étions lorsque nous vivions dans le monde. Cette mortification de nos membres sur la terre est le Guilgal du chrétien. Josué, après ses victoires, retournait toujours à Guilgal ; de même, le chrétien, après chaque nouvelle victoire, doit veiller et rejeter sans hésitation toute manifestation de la chair. Telle est la première étape du voyage et son importance ne saurait être surestimée. Si nous devons représenter l’Homme qui est monté au ciel, il importe que toute manifestation de la chair soit totalement jugée et rejetée.


11.3 - [Béthel — Témoin de la fidélité immuable de Dieu]

Béthel est l’étape suivante. La signification profonde de ce lieu renommé est fournie par l’histoire de Jacob. Dans son trajet de Beër-Shéba à Charan, il se trouva en un lieu où il passa la nuit. Avec la terre pour lit et des pierres comme oreiller, il se coucha pour dormir. L’Éternel lui apparut dans un songe, donnant trois promesses inconditionnelles à ce vagabond (Gen. 28, 10-15).

1. Quant au pays. Il serait donné à Jacob et à sa semence. Israël prit possession du pays et le perdit, sur le pied de la responsabilité. Il ne l’a encore jamais possédé selon cette promesse sur le terrain de la grâce souveraine.

2. Quant à Israël — la semence de Jacob. Elle sera multipliée comme la poussière de la terre et s’étendra à l’occident et à l’orient, au nord et au midi et, en Israël, toutes les familles de la terre seront bénies.

3. Quant à Jacob lui-même. Pendant vingt années il sera un vagabond exposé à des difficultés et à des dangers, mais l’Éternel lui donne l’assurance qu’Il sera avec lui, qu’Il le gardera et le ramènera dans le pays. « Je ne t’abandonnerai pas », dit l’Éternel, « jusqu’à ce que j’aie fait ce que je t’ai dit ».

Béthel témoigne ainsi de la fidélité immuable de Dieu envers son peuple. Il a préparé une place pour les siens, Il les prépare pour la place, en gardant chacun d’eux et en veillant sur lui de telle sorte qu’aucun ne périra, quelles que soient les difficultés et la longueur du voyage.

Tandis que nous poursuivons notre pèlerinage dans ce monde, nous savons que la maison vers laquelle nous nous rendons est préparée pour nous par la fidélité invariable de Dieu. L’apôtre peut nous rappeler que nous nous dirigeons vers un héritage incorruptible, sans souillure, immarcescible, conservé dans les cieux pour nous. Israël a un pays assuré sur la terre et le chrétien, une demeure conservée dans les cieux.

De plus nous sommes « gardés par la puissance de Dieu par la foi, pour un salut qui est prêt à être révélé au dernier temps ».

Et lorsqu’enfin, nous serons recueillis dans cette demeure, pas un des siens ne manquera. Le voyage peut être long, le chemin peut être raboteux, l’opposition forte, la lutte terrible — nous faillissons et tombons peut-être souvent — mais les paroles de l’Éternel à Jacob sont appliquées par l’apôtre à nous : « Je ne te laisserai point et je ne t’abandonnerai point. » Si Guilgal parle du mal constant de la chair, dont toute activité doit être rejetée, Béthel parle de la fidélité invariable de Dieu en laquelle notre âme peut se reposer dans une confiance parfaite.

Mais aux jours du prophète, le témoignage de Guilgal et de Béthel à la relation de l’Éternel avec Israël n’était qu’un souvenir rappelé par la foi. Pour la vue, Guilgal et Béthel étaient devenus les témoins du péché du peuple. Amos, le berger, accuse le peuple d’avoir péché à Béthel et d’avoir multiplié la transgression à Guilgal. Béthel, le siège de l’un des veaux d’or, était un centre d’idolâtrie ; et si la transgression était universelle, à Guilgal, elle était multipliée. Élie regarde au-delà de l’horrible péché de la nation. Il reconnaît que c’est le propos de Dieu d’avoir un peuple mis à part pour lui, un peuple introduit dans la bénédiction sur le seul terrain de Sa fidélité invariable et de Sa grâce inconditionnelle.

De même, dans les derniers jours de la dispensation chrétienne, la croix qui est le témoignage du jugement de la chair, est devenue entre les mains de l’homme un objet d’idolâtrie universelle. Combien de personnes la vénèrent tout en rejetant tout ce qu’elle signifie et en méprisant le Christ qui a souffert sur elle. Béthel aussi — qui signifie la maison de Dieu — le lieu de bénédiction pour la manifestation de tout ce que Dieu est dans sa fidélité invariable, a été transformé en une bâtisse de bois et de pierres où l’orgueil et la gloire de l’homme peuvent trouver leur compte. Que ce soit aux jours d’Élie ou de nos jours, rien ne prouve mieux la ruine totale de ce qui professe le nom de Dieu que la corruption de ce qui est divin.


11.4 - [Jéricho — Témoin du jugement de Dieu contre ceux qui s’opposent]

Puis le prophète est envoyé à Jéricho, la ville contre laquelle Dieu avait prononcé la malédiction. Défiant Dieu, un homme avait rebâti la ville, et avait attiré le jugement sur lui-même. Jéricho devient ainsi le témoin du jugement de Dieu contre ceux qui s’opposent à son peuple et se rebellent contre Lui. La foi d’Élie savait que la nation rebelle allait au-devant du jugement, de même, la foi discerne aujourd’hui que la chrétienté professante marche rapidement vers son jugement.

De Jéricho, Élie va au Jourdain. Comme type, le Jourdain est le fleuve de la mort. Israël l’avait traversé à sec pour entrer dans le pays, et là encore Élie et Élisée le traversent à sec, mais pour eux, il s’agit d’échapper au pays qui était sous le jugement. Ce passage à travers le Jourdain témoigne que tous les liens entre Dieu et Israël sont rompus sur le terrain de leur responsabilité. Le jugement pèse sur le peuple, mais la foi reconnaît que la mort est le seul moyen d’échapper au jugement.

Guilgal nous dit que la chair doit être rejetée et que l’opprobre de l’Égypte doit être roulé pour qu’Israël hérite le pays.

Béthel parle du propos souverain de Dieu de bénir son peuple sur le terrain de sa grâce inconditionnelle.

Jéricho témoigne que, sur le pied de la responsabilité, la nation est sous le jugement.


11.5 - [Le Jourdain — La mort, seul moyen d’échapper au jugement]

Le Jourdain, que le seul moyen d’échapper au jugement est la mort.

Dans ce voyage, nous pouvons voir, en type, le chemin parfait du Seigneur Jésus au milieu d’Israël. L’opprobre de l’Égypte n’était pas en Lui. Il marchait et vivait dans la lumière de la fidélité invariable de Dieu à ses promesses. Il avertissait la nation du jugement à venir et alla jusqu’à la mort qui rompit tous les liens avec l’Israël selon la chair. Il ouvrit ainsi une porte à ses disciples pour échapper au jugement qui allait tomber sur la nation.


11.6 - [Le témoin de Christ monté dans la gloire revient dans un monde sous le jugement pour témoigner en grâce de l’Homme élevé dans la gloire. Différence d’avec les fils des prophètes]

Mais si, en Élie, nous voyons le chemin du Seigneur Jésus au travers de ce monde jusqu’à la gloire céleste, en passant par la mort, nous voyons aussi, en Élisée, une image du croyant qui s’identifie de cœur avec Christ ; en esprit, il emprunte le chemin qui conduit hors du monde et, ayant vu Christ monter dans la gloire par les cieux ouverts, il revient dans un monde sous le jugement témoigner en grâce pour l’Homme élevé dans la gloire. Aux jours d’Élie, il y avait beaucoup de fils des prophètes à Béthel et à Jéricho, mais un seul homme fit le trajet avec le prophète. Les fils des prophètes avaient beaucoup de connaissance ; ils pouvaient dire à Élisée ce qui allait arriver, mais ils n’avaient pas de cœur pour suivre Élie. Et aujourd’hui, combien en savent beaucoup sur Christ, sont bien instruits dans les Écritures, mais ne sont pas prêts à accepter la place hors du camp avec Christ ; ils connaissent peu de chose de leur place avec Christ dans le ciel.

Quelle est la puissance qui rend une âme capable d’entreprendre ce voyage ? L’histoire d’Élisée nous en découvre le secret. Il a d’abord été attiré vers Élie : un jour dans son histoire, Élie « passa vers lui » et jeta son manteau sur lui. Quel grand jour dans notre histoire que celui où le Seigneur Jésus s’est approché de nous et nous a amenés sous la puissance de sa grâce ! Nous avons pu alors courir après lui. Mais comme Élisée, bien qu’attirés vers Christ, des liens naturels nous retenaient encore. Sa grâce répondant à nos besoins nous attachait à Christ, mais Il n’avait pas la première place pour nous. Néanmoins, dans l’histoire d’Élisée, les liens naturels furent enfin brisés et « il s’en alla après Élie ; et il le servait ». C’est une chose d’être sauvé par Christ — d’être, pour ainsi dire, à l’abri de son manteau — mais c’est une autre étape de notre histoire, lorsque nous sortons définitivement pour le servir. Cela signifie-t-il que nous renonçons à notre métier pour suivre Christ ? Pas nécessairement ! Que nous tournons le dos à notre foyer, à notre famille ? Certainement pas ! Mais cela signifie que, si autrefois nous exercions notre profession avec un but égoïste, maintenant Christ est devenu notre objet. Un enfant inconverti obéira peut-être à ses parents parce qu’il est juste de le faire ou par affection naturelle, l’enfant converti obéira parce que cela plaît à Christ. Et lorsque Christ devient ainsi l’objet de nos cœurs, nous allons tout naturellement après lui et nous le servons.


11.7 - [Attachement d’Élisée à Élie : le croyant identifié avec Christ dans la mort et ayant communion avec Lui dans la résurrection]

Mais en servant Christ, nous croissons dans sa connaissance et cela nous conduit à une autre étape ; nous nous attachons à Lui. Cela est illustré d’une manière touchante dans l’histoire d’Élie : « Je ne te laisserai point. » C’est le langage d’un cœur qui est mû par l’affection. Et l’amour est mis à l’épreuve. À Guilgal, Béthel et Jéricho, Élisée est mis à l’épreuve par les paroles d’Élie : « Reste ici, je te prie », et trois fois la réponse est la même : « Je ne te laisserai point ». Bien que le voyage d’Élie conduise à Béthel, la ville du veau d’or, à Jéricho, la ville de la malédiction, et au Jourdain, le fleuve de la mort, Élisée persiste dans son amour. De même, Ruth pouvait dire : « Où tu iras, j’irai » ; et plus tard, alors que plusieurs s’étaient retirés et ne marchaient plus avec Jésus, les douze disent : « Seigneur, auprès de qui nous en irions-nous ? » Sa grâce les avait attirés après Christ et l’amour les attachait à Christ.

En outre, l’attachement du cœur mène Élisée à une pleine identification avec Élie. Trois fois dans ce dernier voyage, l’Esprit de Dieu emploie les mots « eux deux ». De Jéricho, « ils s’en allèrent eux deux ». Au fleuve, « eux deux se tinrent auprès du Jourdain », et « ils passèrent eux deux à sec ».

L’amour se plaît à accepter le fait que nous avons été identifiés avec Christ dans le lieu du jugement et aux eaux de la mort.

Mais si nous avons été identifiés avec Christ dans la mort, c’est pour que nous puissions avoir une douce communion avec lui dans la résurrection ; et cela aussi est préfiguré dans ce beau récit, car après avoir passé sur un terrain nouveau par le fleuve de la mort, nous lisons : « ils allaient marchant et parlant ». Il y a peut-être de longues années que nous avons été convertis, mais marchons-nous encore avec Christ et parlons-nous avec Christ tandis que nous poursuivons notre chemin ?

Élie indique le chemin par lequel le croyant est conduit à suivre Christ hors de ce monde destiné au jugement, dans le lieu de la résurrection et de la gloire. Attiré à Lui par grâce, attaché à Lui dans l’amour, identifié avec Lui dans la mort et jouissant de la communion avec Lui dans la résurrection.


11.8 - [Demande finale essentielle]

Arrivés sur l’autre rive du Jourdain, hors du pays, tout est immédiatement changé. Maintenant Élie peut dire : « Demande ce que je ferai pour toi ». La grâce met toute la puissance d’un homme ressuscité à la disposition d’Élisée. La mort a ouvert la voie à la grâce souveraine. Hélas ! combien nous réalisons mal le fait profond que toute la grâce et la puissance du Christ ressuscité sont à notre disposition. Quelle occasion pour Élisée ! Il n’a qu’à demander pour obtenir. Demande-t-il une longue vie, ou la richesse, ou la puissance, ou la sagesse ? Ah ! non ; sa foi, s’élevant au-dessus de tout ce que le cœur naturel pourrait convoiter, demande aussitôt une double mesure de l’esprit d’Élie. Il réalise que, s’il doit rester sur la terre à la place d’Élie, il aura besoin de l’esprit d’Élie. Cette scène transporte nos pensées à la chambre haute de Jean 14. Le Seigneur est sur le point de quitter ses disciples et de monter dans la gloire et, s’il ne dit pas : « Demandez ce que je ferai pour vous », il fait une demande pour nous : « Je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, pour être avec vous éternellement. » Combien nous sommes lents à réaliser qu’une Personne divine est montée au ciel et qu’une Personne divine est descendue du ciel pour habiter dans les croyants ! Et la Personne qui est descendue est aussi grande que la Personne qui est montée. Elle peut donc nous donner la puissance de représenter Christ comme Homme exalté.

Élisée avait demandé une chose difficile, néanmoins elle sera accordée si, dit Élie, « tu me vois quand je serai enlevé d’avec toi ». « Et il arriva, comme ils allaient marchant et parlant, que voici un char de feu et des chevaux de feu ; et ils les séparèrent l’un de l’autre ; et Élie monta aux cieux dans un tourbillon. Et Élisée le vit. » Il voit Élie monter dans la gloire, mais sur la terre, « il ne le vit plus ». « Si même », dit l’apôtre, « nous avons connu Christ selon la chair, toutefois maintenant nous ne le connaissons plus ainsi ». « Si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles. » Nous trouvons cela aussi ici : Élisée « saisit ses vêtements et les déchira en deux pièces ». Non seulement il se sépare des « choses vieilles » mais il les rend inutiles. Il n’a pas simplement plié et mis de côté ses vêtements pour les reprendre plus tard, mais « il saisit ses vêtements et les déchira en deux pièces ». Il en a fini avec eux pour toujours. Désormais il est revêtu du manteau d’Élie. Mais c’est le manteau de l’homme qui est monté au ciel en passant par Jéricho et le Jourdain. En figure, Élie a passé par le jugement et la mort et Dieu peut renvoyer Élisée avec un message de grâce à une nation qui est sous le jugement. Mais pour que ce témoin ait de la puissance, il faut qu’il soit un vrai représentant de l’homme dans le ciel. Élisée l’a bien été, car à son retour de Jéricho, après la scène de l’enlèvement, les fils des prophètes s’exclament : « L’esprit d’Élie repose sur Élisée. Et ils allèrent à sa rencontre, et se prosternèrent devant lui en terre. »

De même, si nous avons vu Christ en haut et si nos regards sont remplis des gloires de la nouvelle création, c’est notre privilège de nous séparer des « choses vieilles ». Et nous pouvons, dans la puissance de « l’Esprit de vie dans le Christ Jésus », représenter l’Homme qui est monté au ciel ; de sorte que le monde même est contraint de constater que nous avons été « avec Jésus ».