Par H. Rossier
TABLE DES MATIÈRES :
1 - Chapitre premier — Relations dans lesquelles le croyant est introduit
4 - les fruits de la conversion : l’oeuvre de foi
5 - les fruits de la conversion : le travail d’amour et la patience d’espérance
6 - Chapitre 2 — Comment retrouver le premier amour
7 - Chapitre 2:11, 12 — La marche
8 - Chapitre 3 — La foi, l’espérance et l’amour
9 - Chapitres 3:11 à 4:12 — Encore la marche
10 - Chapitre 4:13-18 — Rapport de la Résurrection avec la venue du Seigneur
11 - Chapitre 5:1, 2 — le jour du Seigneur
13 - Chapitre 5:12-28 — Conduite dans l’Assemblée
Le chapitre que nous venons de lire contient trois points
importants : le moyen, le but, et les résultats pratiques de la
conversion ; mais, avant d’aborder ces sujets, je désire parler des relations
dans lesquelles la conversion
nous introduit. Elles sont exprimées en deux mots, dans le premier verset de
notre chapitre : « À l’assemblée des Thessaloniciens, en Dieu le Père et dans le Seigneur Jésus Christ ».
Ces chrétiens, jeunes encore dans la foi, s’étaient, lors de
leur conversion, tournés des idoles et du paganisme vers Dieu
; changement
d’une immense portée dans leur vie. Jusqu’alors « sans Dieu dans le monde »,
ils avaient été subitement « amenés à Dieu
», par la foi en un Sauveur mort pour
leurs péchés. L’évangile du salut qu’ils avaient reçu, devenu pour eux « l’évangile
de
Dieu
», les avait introduits dans cette relation nouvelle avec Lui
(2:2, 8, 9) ; ils avaient reçu la Parole comme la parole de Dieu
(2:13). Dès lors, ils connaissaient Dieu
(4:3, 5) , étaient enseignés de Dieu
(4:9) , cherchaient à
plaire à Dieu
et à servir Dieu
(4:1 ; 1:9).
Aussi vous pouvez comprendre que ce soit le premier mot de Paul
à ses chers enfants dans la foi : il s’adresse à eux comme étant
« l’assemblée des Thessaloniciens en Dieu
… », seulement il ajoute : « En
Dieu le Père
». Telle était, en effet, leur relation avec le Dieu qui s’était
fait connaître à eux en Christ. Le nom de Père était le premier que leurs
lèvres avaient balbutié, quand, amenés à Lui par l’oeuvre du Sauveur, ils
avaient trouvé dans « le Dieu vivant et vrai », Celui dont l’amour les avait
engendrés pour être ses enfants.
Le premier mot du petit enfant est : papa, maman ; d’instinct son coeur enfantin comprend la relation entre lui et ses parents, par l’amour dont ceux-ci l’entourent. C’est ainsi que les petits enfants dans la foi connaissent le Père ; ils se sentent aimés d’un amour qui a fourni ses preuves et ne peut être égalé par aucun autre. C’est une chose délicieuse de connaître le Père, mais, toute élémentaire que soit cette relation, nulle autre n’est plus profonde, ni plus sublime. Le Seigneur Jésus, comme homme, n’en avait pas de plus élevée que celle-là, ni de plus intime, et c’est pour nous en révéler la valeur éternelle que Lui, le Fils unique dans le sein du Père, est venu dans ce monde. Eh bien ! les petits enfants dans la foi ont un tel privilège, mais hâtons-nous de dire qu’ils ne sont pas seuls à en jouir. Si leur relation est exactement la même que celle de nous autres, vieux chrétiens qui touchons au bout de notre carrière, nous avons un avantage sur eux : Nous avons fait l’épreuve du coeur de notre Père pendant les mille circonstances, les nombreuses péripéties, les hauts et les bas d’une longue vie chrétienne, où sa sollicitude et sa discipline paternelles ne nous ont jamais fait défaut, et nous pouvons encourager ces jeunes chrétiens, en leur montrant qu’il en sera de même pour eux.
La conversion avait introduit les Thessaloniciens dans une
seconde relation, infiniment précieuse. L’apôtre ajoute : « Et dans le Seigneur Jésus Christ ».
Remarquez
bien ce mot. Paul ne dit pas : « dans le Sauveur », comme on aurait pu s’y
attendre, quand il s’agissait de petits enfants nouveau-nés, ayant trouvé en
Christ le pardon de leurs péchés et auxquels l’Évangile avait fait connaître
que Jésus était descendu en grâce dans ce monde pour les sauver
. Mais ce
n’était pas tout le christianisme des Thessaloniciens : ils professaient
être en relation avec Celui qui les avait sauvés à si grand prix, pour qu’ils
pussent lui appartenir entièrement, l’esprit, l’âme et le corps ; ils lui
reconnaissaient un droit, une autorité
absolue sur eux.
Jésus Christ était devenu leur Seigneur
.
J’insiste sur ce mot parce que beaucoup de jeunes chrétiens
seraient disposés à l’oublier. Ils reçoivent avec joie l’oeuvre de la grâce
accomplie à leur égard par le Sauveur, et ne comprennent pas que cette oeuvre
les amène dans une nouvelle et bienheureuse servitude, et, si j’ose m’exprimer
ainsi, dans le libre esclavage du Seigneur Jésus Christ. Il faut que nous
comprenions que nous n’avons plus aucune liberté de faire notre volonté, comme
avant notre conversion. Celui qui a accompli notre délivrance au prix de sa
propre vie, n’aurait-il pas sur nous les droits les plus absolus ? Jeunes
ou vieux, nous sommes placés par la rédemption sous une autorité qui ne nous
permet plus de vivre pour nous-mêmes ; nous n’avons plus le droit de nous
conduire selon nos propres pensées, mais la volonté de Christ doit être notre
seule règle de conduite. Cela me rappelle les paroles du centurion au chapitre
8 de l’évangile de Matthieu. Cet homme avait confiance dans l’autorité absolue
du Seigneur pour guérir par une parole son serviteur malade. Or lui-même savait
ce qu’était l’autorité de l’homme : Quelle devait être celle de Christ, si
lui, indigne et placé sous celle d’autrui, l’exerçait lui-même sans contrôle et
imposait à d’autres une obéissance absolue ? « Moi aussi, dit-il, je suis
un homme placé sous l’autorité d’autrui, ayant sous moi des soldats, et je dis
à l’un : Va, et il va ; et à un autre : Viens, et il
vient ; et à mon esclave : Fais cela, et il le fait ». Prenant comme
exemple son autorité relative, à lui, il fait appel à l’autorité sans limite du
Seigneur, certain que rien ne doit Lui résister. Celui qui a autorité absolue
sur toutes choses, n’a-t-il pas avant tout des droits sur nous
?
Nous sommes sa propriété, et quand il nous dit : Va
, oserions-nous
ne pas obéir ? Cette parole qu’il vous adressait, l’avez-vous peut-être
entendue aujourd’hui sans y prendre garde ? Il voulait vous envoyer vers
telle de vos relations pour lui parler de l’Évangile, vers tel malade pour
l’encourager, vers tel affligé pour le consoler ; il voulait peut-être
vous expédier dans telle ville pour y annoncer la bonne nouvelle du salut…
Que sais-je ? mais Lui le savait et vous avait dit : Va. Le simple
soldat du centurion allait à la parole de son chef sans discuter son ordre ;
il ne se permettait ni objection, ni retard ; il allait
. Le
centurion savait ce qu’il voulait accomplir et le soldat s’y conformait parce
qu’il reconnaissait l’autorité de son chef ; il ne pouvait pas
répondre : Je préfère me rendre ici ; j’ai choisi d’aller là, sans
déranger tous les plans de son capitaine. Vous dites : Comment saurai-je
qu’il m’envoie ? Si vous ne le savez pas, c’est qu’il ne vous a pas
parlé ; attendez alors, prêt à obéir quand le commandement viendra. Il ne
vous faut qu’une oreille attentive. Mais peut-être êtes-vous atteint de
surdité ? Triste, fâcheuse, humiliante infirmité ! Combien je vous
plains, car un esclave sourd ne peut répondre à l’appel de son maître. — Il
pourrait arriver qu’ayant obéi vous soyez allé, mais que vous ne voyiez aucun résultat
de votre obéissance. Au lieu de trouver un accueil empressé, vous avez
rencontré telle âme indifférente qui exerce votre patience, telle âme hostile
qui vous repousse. Ne vous découragez pas : Si le Seigneur vous a
dit : Va, soyez certain qu’il a un but que vous ignorez. N’allez pas avec
la pensée d’obtenir des résultats immédiats ou de faire de grandes choses.
Allez, parce qu’il vous l’a dit.
Il
peut vous arriver, jour après jour, d’être envoyé pour porter le même message à
la même personne, sans qu’elle vous ait jamais donné une réponse satisfaisante.
Je visitais hier une dame chez laquelle le Seigneur m’envoie depuis des années.
Bien des fois ma patience était à bout devant une indifférence que rien ne
pouvait émouvoir. Je disais : À quoi bon ? oubliant que mon affaire
n’était pas d’obtenir des résultats, mais d’obéir. Hier, elle me dit tout à
coup : Oh ! Monsieur, que je suis malheureuse ! Je voudrais
faire le bien, et je ne fais que du mal ! En un instant toute la question
de l’affranchissement se posait pour la première fois devant cette âme. Le
chap. 8 de l’épître aux Romains fournit la réponse. L’heure de la délivrance
avait sonné. Ah ! s’écria-t-elle, je comprends aujourd’hui ce que je n’ai
jamais compris dans ma vie ! Mais, quant à moi, j’ai compris que si,
lorsqu’il me disait : Va, j’étais allé autre part, j’aurais entravé les
desseins de grâce de mon Maître.
Le centurion dit aussi : « À un autre, je dis : Viens, et il vient ». Il est des moments dans la vie — ne les négligeons pas, car ils sont d’entre les plus délicieux et les meilleurs — où le Seigneur nous dit : Viens ; j’ai quelque chose à te communiquer ; écoute. Lui répondrez-vous : Adresse-toi à d’autres ; je ne comprendrais pas ta parole ; je préfère à la méditation l’activité de la vie pratique ? Non ! il pourvoira, par son Esprit, à ce que je la comprenne. Ne dirai-je pas plutôt, comme Samuel, jeune enfant ignorant : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute » ? Ou ne viendrai-je pas m’asseoir à ses pieds, comme Marie, faible femme sans grande intelligence, non parce que j’ai la capacité de le comprendre, mais parce qu’il a dit : Viens, et que mon seul devoir est de lui obéir. Quand j’aurai reçu cette parole au-dedans de moi et en aurai joui, je n’aurai plus aucune difficulté à en parler, et, pour la porter à d’autres, j’irai joyeux où il m’envoie.
Cependant il ne faut pas remplacer ces appels l’un par l’autre.
Quelque précieuse que soit la lecture de la Parole, elle peut dégénérer en une
étude aride et stérile dont on ne tire aucun profit ni pour soi, ni pour
personne. Dans ce cas, je suis venu
quand
il me disait : Va
, au lieu de faire comme Jérémie qui mangeait les
paroles de l’Éternel quand elles
s’étaient trouvées
(Jér. 15:16).
Le centurion ajoute : « Je dis à mon esclave : Fais cela,
et il le fait ». Il parle ici
des oeuvres ; de même le Seigneur a préparé de bonnes oeuvres, afin que
nous marchions en elles. Avons-nous le droit de les choisir à notre convenance,
de faire autre chose que ce que le Seigneur nous dit de faire ? Ce serait
pure désobéissance. Soyez certains que toutes les « oeuvres mortes » des hommes,
et les oeuvres inutiles de tant de chrétiens, n’ont pas d’autre source que
l’insoumission à l’autorité du Seigneur Jésus Christ.
Le bon état des saints de Thessalonique dépendait donc, non
seulement de leur intimité filiale avec Dieu le Père, mais aussi de leur
obéissance au Seigneur Jésus Christ. Dès qu’ils eurent réalisé les deux
relations dont nous venons de parler, leur vie chrétienne prit un développement
si admirable que l’apôtre rendait grâces à Dieu pour eux tous. La connaissance
de Dieu le Père et du Seigneur Jésus Christ dirigeait, pour ainsi dire, toute
leur existence et leur vie ne souffrait pas de mélange avec le monde, ni ne se
contentait d’une profession extérieure. N’oublions pas que notre activité
chrétienne peut souvent n’être qu’une habitude
qui trompe les autres et nous-mêmes sur sa valeur morale. En écrivant à
l’assemblée d’Éphèse dans l’Apocalypse, l’apôtre Jean fait mention de ses
oeuvres, de son travail et de sa patience. Toutes ces choses existaient, mais par habitude
et sans liaison avec leur
source. Je compare souvent cet état au cerceau que les enfants font mouvoir
avec une baguette. Quand cette dernière cesse de frapper le cerceau, il
continue à rouler un certain bout de chemin par l’habitude qui suit une
impulsion donnée, mais, après quelque temps, il chancelle et tombe. Ainsi la
foi, l’amour et l’espérance sont l’impulsion de l’activité chrétienne, mais
cette impulsion elle-même a son origine dans notre relation avec Dieu le Père
et avec le Seigneur Jésus Christ. La connaissance de ces personnes divines
remplissait le coeur des Thessaloniciens de foi, d’espérance et d’amour,
établissant une liaison constante entre leurs relations et leur témoignage.
Appliquons-nous à connaître ces bénédictions si simples, si faciles à réaliser. Il suffit pour cela que nos coeurs aient trouvé leur objet dans Celui auquel nous appartenons si entièrement que nous n’avons plus aucun droit quelconque de faire notre volonté dans ce monde.
Je désire vous entretenir aujourd’hui de la Parole comme étant
le moyen de la conversion
des
Thessaloniciens. Ce chapitre 1 ne nous montre pas toute
l’importance de la Parole, car son domaine s’étend bien au
delà du champ de l’évangélisation et n’a, de fait, pas de limites, mais nous
voyons ici son importance capitale pour la conversion des âmes. En effet,
aucune conversion n’a lieu par un autre moyen ; sans la Parole, la
conscience n’est pas atteinte, la vie et le salut sont lettre morte pour le
pécheur. Cette vérité ressort d’une manière remarquable dans notre chapitre,
mais vous trouvez au chap. 2:13, pourquoi
la Parole avait tant d’importance aux yeux des Thessaloniciens : Ils
l’avaient reçue, de la manière la plus
absolue, comme inspirée de Dieu.
Elle n’était pas pour eux une parole
d’homme, pas même la parole d’un apôtre excellent et digne de foi, dans lequel
ils avaient la plus grande confiance. La théologie de nos jours répand partout
cette fatale erreur au sujet de l’inspiration. Demandons-nous si l’apôtre Paul
l’envisageait de même. Il dit : « Ayant reçu de nous la parole de la
prédication qui est de Dieu
, vous avez accepté, non la parole
des hommes, mais (ainsi qu’elle l’est
véritablement) la parole de Dieu
».
Voilà ce qu’était pour eux la parole sortie de la bouche de
l’apôtre ; elle était véritablement
la
parole de Dieu. Paul, son histoire le montre, n’était pas toujours inspiré,
mais il l’était pour présenter la Parole aux Gentils. S’agissait-il, à
Thessalonique, des Juifs, il discourait avec eux d’après les Écritures,
et les Juifs de Bérée examinaient les
Écritures pour contrôler par elles la parole de Paul. Il se servait de la
parole inspirée de l’Ancien Testament pour les convaincre, mais il n’en était
pas absolument de même de son ministère parmi les Gentils de Thessalonique. Ils
pouvaient, sans doute, trouver dans les Écritures la preuve que Jésus était le
Christ, mais la parole inspirée de l’apôtre réclamait aussi leur foi, car elle
complétait les Écritures en leur donnant une espérance que l’Ancien Testament
ne contenait pas. Aujourd’hui la Parole est complète ; il n’est plus
besoin de l’inspiration pour la communiquer, quoiqu’elle soit toujours
transmise par le Saint Esprit et reçue par le Saint Esprit, mais, possédant
aujourd’hui les Écritures dans toute leur plénitude divine, nous n’avons pas
d’autre autorité à laquelle il nous faille nous soumettre, tandis que les
Thessaloniciens avaient reçu directement la parole inspirée de l’apôtre comme
étant véritablement la parole de Dieu.
L’évangélisation ne leur avait pas apporté des impressions ou
des émotions comme cela se rencontre beaucoup de nos jours. Soyez certains que
si vous recevez l’Évangile de cette manière, l’effet s’en effacera bientôt. La
parabole du semeur nous instruit sur ce point. Il faut que la Parole pénètre
dans le coeur et la conscience avec le caractère du Dieu vivant
dont elle émane, qu’elle soit reçue comme une Parole
qui apporte à l’âme la vie éternelle. Il suffit pour cela de la recevoir comme
ce qu’elle est véritablement, la parole de Dieu. Les frères qui annoncent
l’Évangile ont tous fait cette expérience. Une seule parole des Saintes
Écritures, qui ne sont pas autre chose, notez-le bien, — car les rationalistes
de nos jours vous affirment le contraire — que la parole de Dieu, apporte la
vie à l’âme qui la reçoit. Nulle parole au monde, ne peut avoir une analogie
quelconque avec elle ; aucune parole humaine, quelque éloquente qu’elle
soit, ne sera jamais une parole vivante, produisant la vie, une vie qui naît,
qui est engendrée par elle dans l’âme.
Si nous demandons comment la Parole doit être présentée pour
produire ce résultat, l’apôtre nous répond : « Notre évangile n’est pas
venu à vous en paroles seulement, mais aussi en puissance, et dans l’Esprit
Saint » (1:5). La Parole ne peut être appliquée aux besoins des âmes que par
lui. L’Esprit est l’archer qui de sa flèche perce de part en part la
conscience, seul organe par lequel un pécheur puisse être atteint. L’apôtre ne
se servait pas d’un autre moyen. Il ne faisait appel ni aux émotions, ni à
l’intelligence, ni à la raison, ni à la sagesse humaines, car elles n’avaient
aucune valeur à ses yeux ; il présentait la parole de Dieu par l’Esprit
Saint, avec une plénitude d’assurance.
Nous
avons tous fait cette expérience au moment où nous avons reçu l’évangile. La
parole de Dieu est venue à nous avec une autorité sans réplique. Quand le
Seigneur, la Parole faite chair, enseignait les hommes, il ne le faisait pas
comme les docteurs de la loi et les Pharisiens, mais avec autorité. L’apôtre
parlait avec la même autorité, seulement elle n’était pas inhérente à sa
personne, mais à celle du Saint Esprit qui, par la bouche de Paul, apportait la
Parole aux âmes. De plus, Paul présentait, comme des réalités, les choses qu’il
connaissait pour lui-même, et qui faisaient sa joie, sa force et son bonheur.
Il les avait vues avec les yeux de la foi, aussi avait-il, pour en parler, une
« grande plénitude d’assurance ». Les Thessaloniciens avaient reçu la Parole de
la même manière (v. 6). Par le Saint Esprit, elle avait développé sa puissance
dans la prédication ; eux l’avaient reçue par le Saint Esprit, et elle
avait produit dans leurs âmes ce qu’elle produit chez tous ceux qui la
reçoivent : la joie
de l’Esprit
Saint.
Connaissons-nous cette joie ? Quand nous nous sommes trouvés, lors de notre conversion, en contact avec les Écritures, je pense que tous, sans exception, nous en avons éprouvé de la joie. Mais, cette première période passée, est-ce que notre coeur s’épanouit chaque fois qu’il se trouve en contact avec les Écritures, et découvre-t-il, par le Saint Esprit, quelque nouveau trésor dans ces richesses inépuisables ?
Une grande cause d’humiliation pour nous, chrétiens, est que,
nous étant laissés entraîner, souvent d’une manière insensible, du côté du
monde, la Parole a perdu de sa saveur pour nos âmes. On se réveille parfois, on
se dit : Où suis-je ? alors que, ne s’en doutant pas, l’on n’était
plus dans le même milieu qu’auparavant. Nos coeurs, s’étant laissé gagner par
le monde, la Parole avait été négligée. Nous ne pouvons assez répéter à ceux
qui sont jeunes dans la foi : Nourrissez-vous de la parole de Dieu ;
qu’elle remplisse vos moments de loisir. À quoi occupez-vous ces
moments-là ? Est-ce à lire la Parole ? Goûtez-vous, chers jeunes
frères et soeurs, le sel de la parole de Dieu ? Quant à moi, j’ai fait,
hélas ! de nombreuses expériences au cours d’une longue vie chrétienne et
je puis dire ce que c’est d’être attiré par les « choses
qui sont dans le
monde » ; car il n’est pas dit seulement : « N’aimez pas le monde
» ; — il pourrait nous arriver à tous de ne pas l’aimer —
mais : « N’aimez pas les choses
qui
sont dans le monde ». C’est là peut-être notre plus grand danger. À ne parler
que des lectures, du moment qu’elles sont sans une relation directe ou
indirecte avec la connaissance de la Parole, elle nous font perdre le sel de
cette dernière ; nous la trouvons insipide, et n’y découvrons plus
rien ; notre trésor ne s’accroît plus d’aucune des choses qui remplissaient
notre coeur de joie. Alors, au cas où notre conscience ne serait pas déjà
endurcie, elle se réveille ; nous nous humilions devant Dieu, confessant
nos péchés, puis nous revenons à la Parole en abandonnant les lectures qui nous
avaient attirés. Tout à coup les Écritures ont retrouvé leur sel, car elles ne
l’avaient perdu que pour nous. Même son amertume nous devient chère et a, dans
notre bouche, le goût du miel.
Il faut donc, pour que les Écritures aient une saveur réelle,
que nous soyons séparés des choses qui sont dans le monde ; mais, en
outre, il est nécessaire que nous vivions, par la prière, dans une humble
dépendance de Celui qui seul peut nous enseigner. L’étude de la Parole est
bonne, mais l’étude seule
n’en
découvrira jamais les trésors. Avec la prière, il faut, pour l’aborder,
l’enseignement du Saint Esprit. Lui seul sonde toutes choses, même les choses
profondes de Dieu. Par lui, la bénédiction abonde. Combien elle serait plus
sensible, combien de richesses nouvelles viendraient s’ajouter aux anciennes,
si tous nos coeurs abordaient la divine Parole de cette manière ! Soyez
persuadés que, si vous en étiez nourris, il serait impossible que de
l’abondance de votre coeur, votre bouche ne parlât pas. Dieu veuille qu’il en
soit ainsi ! Ne nous contentons pas même de l’étude de la Parole ;
ayons faim d’elle, comme le prophète Jérémie. Apprenons à l’apprécier comme les
Thessaloniciens. Elle leur avait apporté la connaissance de Dieu, celle de
l’amour du Père, celle de Jésus Christ, l’espérance de sa venue et l’assurance
d’une pleine délivrance pour l’avenir ; aussi l’avaient-ils reçue avec la
joie de l’Esprit Saint.
Après avoir parlé, l’autre jour, du moyen de la conversion, nous
trouvons encore, dans ce chapitre premier, son but et ses fruits. Il est très
important que nous sachions pourquoi
Dieu
nous a convertis, quel était son but
en
agissant dans nos coeurs par sa Parole, et c’est ce dont je voudrais vous
entretenir ce soir. Ce but était-il seulement de nous sauver ? Les versets
de notre chapitre, qui nous en parlent d’une manière si sérieuse et si
intéressante, ne nous disent rien de semblable. En voyant combien ces premiers
chrétiens avaient répondu au but de Dieu, nous sommes obligés de nous poser
cette question : Y réponds-tu toi-même ? Rien ne nous juge davantage.
Dieu place les Thessaloniciens devant nous comme des modèles de personnes qui
répondaient au but de leur conversion. Les apôtres, dépositaires de dons
particuliers du Seigneur, n’étaient pas seuls des modèles ; ces simples
enfants de Dieu, plus ignorants que nous sur une quantité de points, mais qui
avaient reçu avec joie la Parole présentée à leurs consciences par l’Esprit
Saint, étaient devenus des témoins de Dieu et du Seigneur Jésus dans ce monde.
L’apôtre leur dit : « Vous êtes devenus nos imitateurs et ceux du
Seigneur… de sorte que vous êtes devenus
des modèles
pour tous ceux qui croient » (v. 6, 7). Les croyants pouvaient
se diriger d’après le témoignage des Thessaloniciens, mais, de plus, le monde
lui-même avait été le spectateur de ce témoignage : « En tous lieux, votre
foi envers Dieu s’est répandue, de sorte que nous n’avons pas besoin d’en rien
dire » (v. 8). Pourquoi ces simples chrétiens, qui venaient de naître à la foi,
étaient-ils devenus des modèles ? Parce qu’ils étaient les imitateurs de
l’apôtre et ceux du Seigneur. Ils avaient eu devant les yeux le témoignage si
remarquable de Paul, venu dans la plénitude de l’Esprit Saint, pour les mettre
en rapport avec le Seigneur Jésus par la Parole ; ils avaient appris par
lui à Le connaître et étaient devenus, par son témoignage, des imitateurs, une
copie de Jésus Christ. Quand la Parole nous a révélé cette personne et que nous
l’avons reçue et vue par la foi, nous avons besoin de la suivre et de marcher
dans ce monde de manière à la faire connaître. La conversion nous sort toujours
du monde pour nous amener dans le chemin de Christ. Qu’est-ce donc qu’un
chrétien qui ne rend pas témoignage à Christ et ne marche pas à sa suite ?
Les hommes peuvent-ils distinguer qu’il est un chrétien, s’il marche comme
eux ?
Mais, direz-vous, quel est donc le but de la conversion et en
quoi consiste ce témoignage ? En deux choses que vous trouvez aux versets
9 et 10. Les Thessaloniciens s’étaient tournés des idoles vers Dieu et c’est en
cela que consiste la conversion. Ils avaient tourné le dos à ce qu’ils
adoraient auparavant et porté leurs regards vers Dieu. Mais le premier but de
leur conversion était de servir le Dieu
vivant et vrai.
C’est là ce qui, de prime abord, paraissait aux yeux des
hommes et constituait le témoignage de ces chrétiens. Naturellement, les
Thessaloniciens avaient trouvé pour eux-mêmes, par la conversion, un objet
infiniment plus béni que leur service ; ils avaient trouvé le Père.
Telle était, comme nous l’avons
vu l’autre jour, la relation dans laquelle la conversion les avait introduits,
mais le monde n’en savait rien. Il savait seulement qu’ils avaient abandonné
leurs dieux pour servir un Dieu que ces païens ne connaissaient pas, le Dieu
vivant et vrai. Les idoles étaient devenues pour eux des dieux morts, des dieux
de mensonge, et leurs compatriotes idolâtres pouvaient dire d’eux : Ils
prétendent connaître un Dieu vivant, un Dieu qui, pour eux, est le vrai Dieu.
Mais qu’est-ce donc que ce Dieu de vérité ? Placés devant
Lui nous apprenons d’abord à connaître la vérité
sur notre état.
Le pécheur commence toujours par là ; il apprend qu’il
est un pauvre être souillé et perdu et qu’il a besoin d’un Sauveur ; il
comprend que le Dieu saint a en horreur le mal et ne peut le supporter. Mais ce
Dieu qui lui révèle la vérité de sa condition désespérée, lui révèle aussi la vérité de Son propre caractère
: Il est le Dieu d’amour qui,
en donnant son Fils, a fait tout ce qui était nécessaire pour amener un pécheur
à Lui.
Or ce Dieu vrai est aussi un Dieu vivant, ayant la vie en
Lui-même et voulant la communiquer :
« Il nous donne
la vie
éternelle ».
Si l’on a appris à le connaître ainsi, l’on comprend qu’il faut servir un tel Dieu et répondre au but qu’il s’est proposé en nous rachetant. Jusqu’alors les Thessaloniciens avaient servi les idoles, images de leurs propres mauvaises passions, l’une représentant l’argent, l’autre le vol, l’autre la corruption de la chair, etc. Ainsi, en adorant leurs idoles, ils rendaient culte à tout le mal qui était dans leur propre coeur et servaient, avec leurs passions, Satan qui les avait allumées. Du moment que, tournant le dos aux idoles, ils étaient sortis de cet esclavage, ils avaient trouvé un Dieu qui méritait d’être servi sans réserve.
Tout est pratique dans la vie chrétienne. Les dogmes sont une chose précieuse, mais seulement en tant qu’ils ont une valeur pratique ; au cas contraire ils seraient sans valeur. À quoi bon connaître Dieu comme le Dieu vivant et vrai, si je ne le sers pas ? Les démons le connaissent aussi comme tel, et l’homme peut savoir que Dieu est vivant et vrai tout en étant un réprouvé. En se révélant ainsi à ceux qu’il sauve, Dieu veut être servi par eux.
Il a encore un second but en nous convertissant, c’est que nous attendions « des cieux son Fils
, qu’il a ressuscité d’entre
les morts ». Ce chapitre ne nous donne pas les détails
de la vérité quant à la venue du Seigneur Jésus. Si les
Thessaloniciens savaient bien des choses, comme on le voit dans cette épître,
il y en avait un grand nombre aussi qu’ils ignoraient, et cette ignorance
portait précisément sur les circonstances de la venue de Christ. Ils ne
savaient pas comment il viendrait, quel rapport le sort de leurs frères
endormis et leur résurrection auraient avec Sa venue, quels événements
l’accompagneraient ; toutes ces choses ne leur furent révélées que dans le
cours de cette épître ; mais un fait était certain pour eux : Le
Seigneur allait venir ; ils l’attendaient et répondaient ainsi au but de
Dieu quand il les avait convertis. Cette attente avait produit dans leur vie
des résultats tout à fait remarquables : elle les avait détachés de tous
les liens qui auraient pu les retenir ici-bas. Ils attendaient à chaque instant
le Seigneur. Comment
il viendrait, ils n’en savaient rien
encore, mais leur coeur était attaché au Sauveur qu’ils avaient appris à aimer
et ils se réjouissaient de le voir. C’était là leur espérance et ils n’en
avaient pas d’autre.
Je suis très occupé ces jours de cette pensée et j’espère que
nous le sommes tous : Le Seigneur
vient
! On découvre
aujourd’hui dans le monde des symptômes précurseurs de cette venue. C’est comme
un vent frais qui souffle, non pas dans la chrétienté, mais parmi les croyants
qu’il réveille, ranime et rafraîchit : Le Seigneur vient !
Les signes précurseurs des temps annoncés par la prophétie
s’accentuent de plus en plus et nous font penser que cette venue, qui nous
délivre de la colère à venir, ne peut tarder. Mais le signe le plus frappant
peut-être des temps de la fin est que cette vérité, si combattue quand Dieu
nous l’avait confiée comme faisant partie de Son témoignage, devient tout à
coup, depuis le début de la bataille des peuples, comme un cri de ralliement
parmi les chrétiens. On écrit, on publie des volumes au sujet de la venue actuelle
du Seigneur. Elle est présentée
sans altération, dans son exactitude scripturaire, sans les mille réticences
par lesquelles Satan avait, depuis tant d’années, cherché à l’annuler. Cela
donne beaucoup à réfléchir. Il faut, quand le Seigneur viendra du ciel, qu’il
trouve sur la terre un peuple réuni pour l’attendre. Le désir de réunir les
enfants de Dieu, sur la base de la grande vérité de l’Unité du corps de Christ,
n’a été qu’une misérable défaite, et les brebis du Seigneur, faisant partie de
l’Église, sont plus dispersées aujourd’hui que lorsqu’Il venait ici-bas
rassembler les brebis errantes d’Israël. L’espoir de réunir de nouveau les
enfants de Dieu sur ce terrain-là s’est trouvé illusoire, sans, du reste, que
cette faillite change rien à la précieuse vérité qui fait partie du témoignage
chrétien pour le temps actuel. Mais il reste encore une ressource et nous ne
doutons pas qu’elle ne devienne efficace. Ce cri : Le Seigneur
vient ! peut réunir et réunira, ne fût-ce que pour une semaine, un jour,
une heure même, les chers enfants de Dieu. Ils seront sortis du monde, sortis
de leurs sectes coupables et stériles, de leurs mille partis misérables qui ont
déshonoré le Seigneur et son Assemblée, pour répondre au cri de minuit ;
ils rallumeront leurs lampes pour escorter l’Époux. Oui, l’Époux vient, sortons
à sa rencontre ! N’oublions pas que le second but de Dieu en nous
convertissant est que nous attendions des cieux son Fils, qu’il a ressuscité
d’entre les morts !
L’apôtre ajoute : « Qui nous délivre
de la colère qui vient ». Il ne dit pas : « Qui nous délivrera ».
Jésus, que nous attendons,
vient dans le caractère de Libérateur. Son attente, pour nos âmes, n’est que
parfaite joie et éternelle délivrance. Dans ce moment même où nous l’attendons
des cieux, nous savons, avec une certitude absolue, que la colère à venir ne
pourra jamais nous atteindre.
Tel était le but de Dieu dans la conversion des Thessaloniciens. Nous verrons qu’ayant répondu à ce but, leur activité chrétienne s’était développée en fruits magnifiques et que rien ne manquait à leur vie pratique. Les fruits de la conversion seront donc le sujet de notre prochain entretien.
Au début de ce chapitre premier, l’apôtre rend grâces pour les fruits
que la conversion des
Thessaloniciens avait produits. Il ne rend pas grâces, comme dans la seconde
épître (2:13) de ce que Dieu les avait choisis « pour le salut, dans la sainteté
de l’Esprit et la foi de la vérité » ; une telle oeuvre dépendait entièrement
de la grâce de Dieu et la responsabilité chrétienne n’y entrait pour rien.
Alors que, dans la seconde épître, un certain déclin commençait à se montrer au
milieu d’eux, l’apôtre pouvait néanmoins toujours rendre grâces à Dieu pour
l’oeuvre merveilleuse qu’il avait accomplie à leur égard et dont la valeur ne
pouvait être affaiblie par l’infidélité de l’homme.
C’est donc pour l’état
pratique
des Thessaloniciens que l’apôtre rend ici grâces à Dieu. Il
semblerait logique que l’apôtre eût changé l’ordre de ce chapitre et eût
commencé par le moyen et le but de la conversion pour n’en décrire les fruits
qu’en dernier lieu, mais cette interversion nous aurait privés d’un grand
enseignement. Si l’homme, en général, ne se soucie pas de porter du fruit pour
Dieu, si le chrétien se contente facilement de ne porter qu’un fruit incomplet,
sans saveur et sans maturité, Dieu nous fait savoir que c’est précisément aux
fruits que Lui regarde, et que sa conduite envers nous dépend de la manière
dont notre vie pratique répond à la grâce qu’il nous a faite. Comme un bon
jardinier, son premier but est d’obtenir, des sarments qu’il a greffés sur le
cep, une récolte. Il les émonde si leur produit est insuffisant, mais il ôte et
brûle tout sarment qui ne porte pas de fruit (Jean 15:1, 2, 6). De même le
figuier stérile ne doit pas occuper inutilement la terre : si tous les
soins du vigneron ne produisent aucun résultat, il sera coupé et détruit (Luc
13:6-9).
La place
que ce passage occupe ici est donc d’une grande
importance pour nous. Elle est en premier lieu une exhortation solennelle à
n’être pas stériles pour Dieu et à ce que notre vie pratique corresponde aux
grâces qu’il nous a départies.
Chez les Thessaloniciens, l’arbre, étant un arbre de vie, portait beaucoup de fruits et même diverses sortes de fruits (Apoc. 22:2). Nous allons les énumérer, mais auparavant, notons un caractère commun à tous ces fruits divers.
Le Seigneur Jésus était l’objet
de toute
l’activité spirituelle des Thessaloniciens (*).
Si la foi, l’amour et l’espérance étaient la source de toute leur vie pratique,
cette source elle-même avait son origine
, son centre
et sa puissance
en Jésus Christ. Ils réalisaient ce qui est dit au Psaume 87:7 : « Toutes
mes sources sont en Toi
».
(*) Les mots « de notre Seigneur Jésus Christ, devant notre Dieu et Père » se rapportent aussi bien à « l’oeuvre de foi » et au « travail d’amour » qu’à la « patience d’espérance ».
Mais leur vie entière se passait « devant notre Dieu et Père
».
Les relations de ces jeunes chrétiens avec leur Père étaient si intimes, si
précieuses pour leur coeur, que tous leurs actes se faisaient en Sa présence,
dans Sa communion et avec le but de Lui être agréables.
Hélas ! bien vite ce bel ensemble de l’activité chrétienne,
avec ses ressorts et ses motifs, s’est affaibli et il n’est en fin de compte
resté dans l’Église (nous ne parlons pas du témoignage individuel) qu’une
activité dénuée de toute puissance, représentée par l’état de l’Église d’Éphèse
en Apoc. 2:2-6. Ce que l’on nomme les trois vertus théologales n’était plus la
source du témoignage pratique de l’Assemblée. Il n’en était pas ainsi des
Thessaloniciens. Il était impossible que leur foi, ayant trouvé un objet
captivant et d’un intérêt suprême dans la personne du Sauveur, pût rester
stérile ; elle portait des fruits bénis et se manifestait aux yeux de tous
dans chaque circonstance de leur vie. Leur coeur était rempli de l’amour de
Christ pour eux
, aussi déployaient-ils les plus grands efforts dans leur
travail d’amour pour le Seigneur Jésus. C’est ce que la Parole appelle le
premier amour : la connaissance de l’amour de Christ
, produisant
dans nos âmes l’amour pour Lui
. Leur espérance ne pouvait s’adresser
qu’à Christ. C’était même de ces trois vertus la seule qui ne pût s’occuper
d’aucun autre objet. L’oeuvre de foi, le travail d’amour s’adressent à un
cercle très étendu de personnes ; la patience d’espérance ne peut
s’adresser qu’à Jésus seul, venant du ciel pour nous recueillir auprès de Lui.
Demandons-nous d’abord ce qu’est l’oeuvre de foi.
Ce n’est pas chaque oeuvre de foi en particulier,
mais toutes ces oeuvres réunies en un faisceau : en un mot, l’ensemble de
l’activité de la foi, dont les divers actes sont multiples. On n’en finirait
pas si l’on voulait, d’après la Parole, les citer tous. Prenons l’exemple
d’Abraham, le père des croyants, chez lequel la foi s’est montrée pratiquement
d’une manière très complète, comme sa vie en est la preuve. Ouvrons le chap. 11
de l’épître aux Hébreux. Ce chapitre ne nous donne pas une définition de la foi
— car la foi n’est autre chose que l’acceptation du témoignage que Dieu a rendu
au sujet de son Fils — mais il nous montre l’activité
de la foi.
Cette activité a pour point de départ et pour première
manifestation l’obéissance.
Ah !
puissions-nous savoir que le premier pas dans la carrière de la foi, c’est
d’obéir quand Dieu a parlé — et il nous parle dans les Écritures.
Chaque partie de ce Livre nous impose
l’obligation d’y obéir. Si nous abordions la parole de Dieu avec cette pensée,
des bénédictions sans nombre en seraient la conséquence ; nous n’en
lirions pas un chapitre sans nous demander : Comment y obéirai-je ?
Abraham obéit
donc, sort
de son pays et de sa parenté, et
entre dans le pays de la promesse : ce sont les deux premières oeuvres de
sa foi. Puis il y demeure
;
c’est la troisième. Il y demeure comme dans une terre étrangère où il
vit en pèlerin, sans un lieu qui lui appartienne. Le résultat est pour lui une
bénédiction immense. Les yeux de sa foi n’ayant aucun objet sur lequel se
reposer ici-bas, se lèvent vers le ciel et y voient une cité qui a des
fondements, dont Dieu est l’architecte et le fondateur. Sa foi s’y attache.
Nous connaissons mieux que lui ce qu’est la nouvelle Jérusalem ; nous en
savons toutes les splendeurs dont le détail ne lui était pas révélé, mais en
jouissons-nous comme sa foi en jouissait ? Pour qu’il en soit ainsi, il
faut que, semblables à lui, nos coeurs ne soient pas partagés entre la terre et
le ciel. Maintenant Dieu lui fait des promesses que sa foi saisit. Elles sont
toutes concentrées sur une seule tête, sur un fils unique, son Isaac. Une
postérité nombreuse comme les étoiles des cieux sortira de cet enfant. La joie
d’Abraham est à son comble. Mais un jour, Dieu lui dit : Va à
Morija ; tu y offriras ton Isaac en holocauste. Que devait être un tel
ordre pour son coeur de père ! Abraham ne fait pas une objection, il ne
supplie pas Dieu de l’épargner ; on ne le voit ni pleurer, ni se lamenter,
ni passer dans le deuil ses jours et ses nuits. Par la foi, il accepte sans hésiter
ce sacrifice. Il dit seulement : « Il y sera pourvu », car sa foi ne doute
pas de la promesse de Dieu et laisse à Dieu le soin de l’accomplir. Puisqu’il
m’a dit : Je te donnerai en Isaac une postérité, il faut, pense-t-il, que
je la reçoive en résurrection. Abraham ajoute une nouvelle oeuvre à ses oeuvres
de foi, se rend à Morija et en rapporte la promesse de Dieu quant à Christ.
Consultons maintenant la Genèse : nous y apprendrons encore beaucoup de choses sur l’oeuvre de foi d’Abraham. Prenons le chapitre 13. Il nous arrive souvent de ne pas choisir le chemin de Dieu et nous avons alors à traverser de pénibles expériences. Ainsi Abraham choisit l’Égypte, mais il apprend bientôt que ce choix n’est pas une oeuvre de foi, aussi, au retour, il ne descend pas dans la plaine du Jourdain. Il dit à Lot : Choisis, toi ; je m’en remets à Dieu, et cette oeuvre de foi trouve une abondante rémunération spirituelle. Au chapitre 14, un ennemi puissant emmène prisonnier le neveu d’Abraham. Ce dernier n’a que quelques hommes à opposer à cette armée nombreuse. Il n’hésite pas, car il agit par la foi. Après avoir renoncé par la foi à s’établir dans le monde, il combat par la foi, remporte la victoire et délivre son frère.
Arrivé à Sodome, Melchisédec vient au devant de lui, car Dieu voulait le fortifier, après sa victoire, afin de le rendre capable de résister par la foi aux ruses de l’ennemi. Le roi de Sodome lui offre de grands biens ; il répond : Je ne recevrai rien de toi. Il complète ainsi son oeuvre de foi, et l’achève sans aucune hésitation. Il avait refusé de choisir et refuse maintenant de rien recevoir du monde.
Je ne vais pas plus loin, car on pourrait continuer longtemps encore. J’ajouterai cependant que l’oeuvre de foi d’Abraham se montre aussi quand il s’agit de sa famille et je trouve cela très important. Toutes ses expériences dans le chemin de la foi lui font désirer que son Isaac suive le même chemin de séparation en s’unissant étroitement à la famille de la foi. Cela nous humilie quand nous pensons à nos familles. Avons-nous eu assez d’énergie de foi pour que tous les nôtres s’engagent dans la même direction ? Si nous la suivons nous-mêmes fidèlement et sans broncher, soyons certains que nous trouverons chez nos enfants des coeurs disposés, comme celui d’Isaac, à y marcher.
« Me souvenant sans cesse de votre oeuvre de foi ». Nous venons de voir celle d’Abraham, mais nous pourrions, à bon droit, considérer celle de beaucoup d’autres serviteurs de Dieu. Dès sa conversion, l’apôtre Paul nous en fournit l’exemple admirable. Nous trouvons, bien mieux encore, l’exemple du Seigneur Jésus lui-même. Lui, a accompli du commencement à la fin, sans faiblesse et sans lassitude, l’oeuvre de foi, une oeuvre absolument complète, un ensemble parfait auquel il ne reste rien à ajouter, aussi est-il appelé le Chef et le Consommateur de la foi : Celui qui est arrivé, sans une défaillance, jusqu’à l’extrême limite de l’activité de la foi. Dans l’histoire d’Abraham, même dans l’histoire de l’apôtre Paul, nous rencontrons plus d’une lacune ; mais combien plus dans la nôtre ! Pour trouver le moyen d’accomplir, sans broncher, l’oeuvre de foi, regardons à Jésus. Son oeuvre découlait d’une parfaite confiance en Dieu. Disons à Dieu comme lui : « Je me suis confié en toi ! »
Le deuxième fruit de la conversion est appelé le « travail
d’amour
». Le travail est l’activité dans le service
. À peine
convertis, les Thessaloniciens étaient entrés au service de Dieu et s’y étaient
donné beaucoup de peine. Comme leur oeuvre avait la foi pour point de départ,
le ressort de leur travail était l’amour. L’amour se montrait de bien des
manières diverses. En effet, l’amour des chrétiens n’est pas seulement l’amour
qui les unit les uns aux autres, lien délicieux, car celui qui a fait
l’expérience du service d’amour envers ses frères peut en parler comme de la
partie la plus précieuse de son activité. Mais notre travail d’amour s’adresse
aussi au monde, aux pécheurs. à tous les hommes, car le cercle d’activité, dans
lequel nous sommes introduits, est immense. L’apôtre Paul, allant porter
l’Évangile au monde, pouvait dire : « L’amour du Christ nous
étreint » ; amour qui n’était pas seulement son amour pour Christ, mais
celui de Christ lui-même. Nous avons appris à connaître l’amour, non pas en le
contemplant dans nos coeurs, comme les mystiques — pauvre contemplation que
celle-là — mais nous avons vu, dans la personne et l’oeuvre du Sauveur, l’amour
divin dans sa perfection. Si l’amour du Christ, versé dans mon coeur par le
Saint Esprit, est descendu vers moi, il remonte de mon coeur vers Lui, comme
vers son objet ; j’aime Celui qui m’aime ; des relations d’amour
mutuel existent entre nous et c’est ce que la parole de Dieu appelle « le
premier amour ». Mon âme, ayant appris à connaître le Seigneur, se tourne vers
Lui, réponse naturelle à ce que son coeur contient pour moi. Jésus est
satisfait de voir, chez ses bien-aimés, des sentiments qui répondent aux siens.
Cela est exprimé dans le prophète Jérémie, au sujet d’Israël : « Je me
souviens de toi, de la grâce de ta jeunesse, de l’amour de tes fiançailles,
quand tu marchais après moi dans le désert, dans un pays non semé. Israël était
saint à l’Éternel, les prémices de ses fruits » (Jér. 2:2). N’oublions pas que
l’Église occupe une place bien plus intime encore dans le coeur de Christ. Le
Seigneur trouvait ses délices dans ceux qu’il avait sauvés d’Égypte, rachetés,
sanctifiés pour Lui ; il voyait Israël paré de grâce, comme sa jeune
épouse, et pouvait dire : « Que tes tentes sont belles, ô Jacob, et tes
demeures, ô Israël ! » (Nomb. 24:5). Il versait son amour sur son peuple
comme la rosée de l’Hermon ; mais ce n’était pas tout : « Il se
souvenait de l’amour de ses fiançailles ». Dans la fraîcheur délicieuse de cette
relation, nouvellement établie, l’Éternel avait trouvé, chez son Épouse, un
amour qui répondait au sien. Alors, aucun dévouement ne semblait impossible à
sa bien-aimée ; les difficultés, l’aridité du chemin, n’étaient rien pour
elle ; le premier amour l’attirait irrésistiblement après Lui :
« Tire-moi : nous courrons après toi » (Cant. 1:4). Il en fut de même aux
premiers jours de l’Église : L’ardeur de l’amour n’a pas quitté le coeur
de l’Époux ; ce coeur n’a pas changé, car il est éternellement le même,
mais notre premier amour s’est bientôt perdu ; notre affection s’est,
hélas ! refroidie ; le coeur de l’Épouse a changé ! Quel sujet
d’humiliation pour nous ! Penser, qu’en présence de l’amour de Christ, il
n’y ait plus dans nos coeurs comme chez les Thessaloniciens, ce travail du
premier amour, ayant pour objet le Seigneur Jésus, le service de ses bien-aimés
et le désir de porter au monde la bonne nouvelle de Sa grâce, quelle triste
constatation ! Le travail du premier amour n’existe plus dans l’Église ;
cependant ne soyons pas découragés, il existe. Ne le cherchons pas dans
l’Assemblée, ou chez nos frères, quelque dévoués qu’ils soient ; ce serait
nous exposer à des déceptions. Cherchons-le dans la personne du Seigneur Jésus.
Il dit lui-même : « Mon Père travaille jusqu’à maintenant, et moi je
travaille » (Jean 5:17). Son travail d’amour a duré pendant toute sa vie ici-bas
et son activité, en parole ou en oeuvre, n’a pas eu d’autre caractère. Tous ses
miracles (sauf un seul, et pour cause) étaient des miracles d’amour ; mais
quand il dit : « Moi je travaille », il ne parle pas seulement de ses
miracles, mais de ce qu’il opère dans le coeur et la conscience des hommes.
Quand la femme pécheresse vient à lui, il ne fait pas de miracle, mais
travaille dans son coeur pour lui faire connaître le pardon de ses péchés et le
salut, et pour que ce coeur lui réponde par un grand amour. Quand la femme
adultère lui est amenée, il accomplit son travail d’amour en la soustrayant à
la condamnation de Dieu et des hommes. Quand Pierre dit : « Retire-toi de
moi, car je suis un homme pécheur », c’est le fruit du travail d’amour dans sa
conscience, afin qu’il puisse recevoir la réponse : « Ne crains pas,
dorénavant tu prendras des hommes ». Ce travail du Seigneur est une des grandes
beautés des Évangiles. Dès ses premiers pas dans ce monde, jusqu’à la fin, nous
le trouvons, endurant tout, la soif, la faim, la fatigue, les insomnies, les
soupçons, le mépris, la haine, pour accomplir son travail d’amour. Les
souffrances physiques des hommes le remplissent de compassion, et il en a le
remède, mais combien plus encore leurs souffrances morales sous l’esclavage de
Satan, sous le poids du péché et de la mort ! Sa vie est pleine de ce
travail d’amour, mais comment en parler sans arriver à la croix, au couronnement
de son travail d’amour ici-bas ? C’est le « travail de son âme », dont il
verra le fruit quand il aura les siens éternellement avec lui dans la gloire
qu’il leur a acquise par son oeuvre. Alors son travail cessera : « Il se
reposera dans son amour » (Soph. 3:17). Regardons à Lui, pour connaître le
travail d’un amour qui surpasse toute intelligence, travail que sa vie, et sa
mort, et sa sacrificature devant Dieu nous révèlent !
Considérons maintenant le troisième fruit de la conversion, « la patience d’espérance
de notre Seigneur
Jésus Christ ».
Le mot patience implique toujours la souffrance. Être patient, c’est souffrir, sans chercher à y mettre fin, en vue d’un but que l’on désire atteindre. Comme nous l’avons dit plus haut, l’amour, tout en s’alimentant à la source qui est le coeur de Christ, se multiplie à l’infini et s’étend, par sa nature même, à toute sorte d’objets. Quand il s’agit de l’espérance, nous trouvons exactement le contraire ; elle se concentre sur un seul objet, Jésus Christ, parce que Lui seul est digne de la fixer. Des milliers de chrétiens ignorent cette espérance ; ils ont l’espoir, souvent peu certain à leurs yeux, d’être avec Jésus dans le ciel, quand ils mourront, mais toute autre est « l’espérance de notre Seigneur Jésus Christ », l’attente de Sa venue, la certitude qu’Il vient lui-même en personne, lui, le Fils de Dieu, pour nous ravir auprès de lui. L’apôtre et les Thessaloniciens considéraient tout obstacle à leur espérance comme méprisable. Il est dit, dans l’épître aux Hébreux : « Nous qui nous sommes enfuis pour saisir l’espérance proposée ». Comme les Thessaloniciens, ayant échappé au jugement, n’avaient qu’une pensée : attendre le Seigneur Jésus, les Hébreux n’avaient qu’un but : l’atteindre dans le sanctuaire où il les avait devancés.
Les temps néfastes que nous traversons nous ouvrent un vaste champ pour le travail d’amour, mais aussi pour la patience d’espérance. Le sentiment des jugements de Dieu sur le monde nous pousse à ne désirer qu’une chose : Que le Seigneur complète, par ces calamités, le nombre de ses élus, afin que puisse arriver le moment de Sa venue. Nous n’attendons point le rétablissement de la paix sur la terre, ni même, à la fin de tant de deuils et de douleurs, un temps de repos durable dans ce monde. Non, le Seigneur nous dit : « Je viens bientôt ». S’il le faut, supportons patiemment d’autres épreuves dans l’espérance de son prochain retour.
Mais n’oublions pas que, si nous voulons connaître la « patience
d’espérance », nous la trouvons parfaite dans notre Seigneur glorifié, à la
droite de Dieu. Il attend patiemment. Il dit à Philadelphie : « Tu as gardé
la parole de ma
patience » ; il
attend que le Père donne un signe, connu de Lui seul, qui permette à Jésus de
se lever de son trône et de venir au devant des siens sur les nuées. Il n’a
qu’un désir : avoir son Épouse auprès de Lui. Voici dix-neuf siècles qu’Il
attend le moment où il pourra « s’égayer en elle avec chant de triomphe ». Il
loue Philadelphie (et Dieu veuille qu’il nous loue aussi) de ce qu’elle a la
même espérance, la même patience que Lui, patience qu’elle a puisée dans sa
Parole. Bien-aimés, désirons-nous sa venue, de la même manière que Lui désire
nous avoir avec Lui pour toujours ?
Nous avons vu l’autre jour que l’Église n’a pas mieux gardé son
premier amour qu’Israël ne l’avait fait. En vertu de son infidélité, la
menace : « J’ôterai ta lampe de son lieu », prononcée dans l’Apocalypse sur
l’Église d’Éphèse, sera sûrement exécutée sur l’Église responsable.
Cette dernière prendra fin, sera vomie de la
bouche du Seigneur, puis détruite, alors que tous ses éléments vivants,
l’Église corps de Christ, épouse de Christ, auront été recueillis dans la
gloire.
La pensée d’une restauration, d’une reconstruction de l’Église responsable ici-bas, est entièrement antiscripturaire. Elle ne sera pas réédifiée ; toute son histoire se terminera par l’apostasie finale de la profession chrétienne.
Cependant la Parole nous montre qu’au milieu de cet état de
ruine, conséquence inévitable de l’abandon du premier amour, un Résidu fidèle,
que nous voyons se former à Thyatire — « les autres
qui sont à Thyatire », les seuls que Jésus approuve — rendra
témoignage au Seigneur jusqu’à sa venue. Sans que « le premier amour » soit
réalisé par ce Résidu, comme il l’était au commencement, nous trouvons chez lui
(Apoc. 2:19) « un amour
» plus précieux et plus près de sa
source que « le travail » d’Éphèse ; « une foi
» qui, s’adressant
directement à Christ, a plus de valeur que « les oeuvres » d’Éphèse. Toutefois, à
Thyatire, « la patience
» n’est pas plus « la patience
d’espérance » qu’elle ne l’était à Éphèse. Cet état de Thyatire montre donc le
Réveil incomplet
d’un Résidu au
milieu du déclin, mais un réveil dont le Seigneur tient compte, en promettant
sa venue et la possession de l’Étoile du matin (v. 28) à celui qui vaincra.
Si nous passons à l’Église de Philadelphie, nous y rencontrons
de nouveau quelques traits du premier amour, accompagnés d’un sensible progrès
sur l’état du Résidu de Thyatire. Jésus trouve en Philadelphie, malgré son
extrême faiblesse, quelque réalisation de ce que l’Assemblée devrait être, sans
que ce soit une réédification de l’Assemblée elle-même. Philadelphie, sans
force, sans autorité, trouve ces choses dans Celui qui, avec l’autorité, possède
la force pour la soutenir. Philadelphie réalise dans son abaissement les
caractères moraux de l’Assemblée, et en porte les fruits, non pas complets,
comme dans l’Église à son début, mais propres à attirer l’approbation du
Seigneur. C’est ainsi que nous y trouvons, non pas l’oeuvre complète de la foi,
mais la foi en la Parole de Christ et en son nom pendant son absence ; non
pas le travail d’amour, mais l’amour des frères, inscrit dans ce nom de Philadelphie,
et la connaissance de
l’amour de Christ : « Moi, je t’ai aimé ». Cependant Philadelphie est
caractérisée plus spécialement par « la patience d’espérance de notre Seigneur
Jésus Christ » qui manquait totalement à Éphèse et était encore inconnue au
Résidu de Thyatire lors de sa formation. « Tu as gardé la parole de ma patience »
, lui dit le Seigneur, et il ajoute : « Je viens bientôt ; tiens ferme
ce que tu as ».
L’état actuel d’un Réveil dans le christianisme n’est donc pas
« le premier amour » retrouvé, mais une réalisation partielle de ce qu’il doit
être, quant à l’espérance de la venue de Christ. Si le Résidu actuel avait la
prétention, en réunissant les enfants de Dieu, de rétablir ici-bas l’unité
visible du corps de Christ, il commettrait une grande erreur. Historiquement,
Philadelphie est en voie
de dégénérer en Laodicée, et n’a rien d’autre à attendre. Les enfants de Dieu,
conviés à se rassembler sur la base de l’unité du corps de Christ, dont tous
sont membres, ont refusé de le faire. Le témoignage de Philadelphie durera
jusqu’à la fin, mais si, comme ensemble, il pouvait faire naître au début, chez
les ignorants, des illusions de restauration ecclésiastique, ces espérances ont
été bien vite déçues. Pas plus qu’Israël (És. 49:5), l’Église ne s’est
rassemblée, ni ne se rassemblera. Sous ce rapport, le témoignage actuel de
Philadelphie n’est pas autre chose qu’un témoignage de la ruine. Nous en sommes
là aux jours où nous vivons. Laodicée qui sera finalement rejetée, se rassemble
sur un principe diamétralement opposé à celui du corps de Christ. Mais une chose
reste, comme caractérisant toujours plus la piété dans le temps actuel. Le
Seigneur a dit : « Je viens bientôt », et les saints de Philadelphie,
gardant la parole de Christ, réalisent cette attente avec « la patience
d’espérance de notre Seigneur Jésus Christ ».
Les mots : « Tu as abandonné ton premier amour » s’adressent
donc à nous, aujourd’hui aussi bien que jadis, et combien nous avons raison
d’en être profondément humiliés et de confesser cette ruine, car nous faisons
aussi partie de l’Église responsable ici-bas. En serons-nous découragés ?
Ne pourrons-nous jamais retrouver les fruits bénis qui brillaient d’un si vif
éclat aux jours de l’assemblée de Thessalonique ? La réponse est très
consolante. Si, comme ensemble, même en tenant compte de tous les Réveils, nous
avons entièrement failli et sommes tous retombés au même niveau, le premier
amour peut être retrouvé et maintenu individuellement.
Nous constatons cela dans le deuxième chapitre de notre épître que nous
avons lu ce soir. L’apôtre Paul en est l’exemple : il n’avait jamais
abandonné son premier amour. Il est donc possible à chacun
d’entre nous de réaliser les fruits de sa conversion,
comme cela eut lieu au début de la vie chrétienne dans l’Assemblée des
Thessaloniciens.
Nous trouvons dans ce chapitre « l’oeuvre de foi » chez Paul. Prêtons l’oreille à ce qu’il nous dit : Il avait souffert après avoir été outragé à Philippes ; il avait eu toute hardiesse pour annoncer l’évangile de Dieu avec beaucoup de combats ; il n’avait pas cherché à plaire aux hommes, mais à Dieu qui éprouve les coeurs ; Dieu lui était témoin qu’il n’avait jamais usé de parole de flatterie, ni de prétexte de cupidité ; il n’avait pas cherché la gloire qui vient des hommes. D’un bout à l’autre de sa carrière, son oeuvre de foi avait eu Jésus Christ pour point de départ.
Son « travail d’amour » était tout aussi remarquable. « Nous avons
été doux au milieu de vous », dit-il. « Comme une nourrice chérit
ses propres enfants, ainsi, vous étant tendrement
affectionnés, nous aurions été tout disposés à vous communiquer… nos propres vies, parce que vous nous
étiez devenus fort chers. Car vous vous souvenez, frères, de notre peine et de
notre labeur
; c’est en travaillant nuit et jour,
pour n’être à charge à aucun de
vous, que nous vous avons prêché l’évangile de Dieu ». Ce travail d’amour à l’égard des Thessaloniciens se
montrait même dans les occupations extérieures et journalières de l’apôtre.
Paul était au milieu d’eux comme un père qui aime ses propres enfants, comme
une nourrice qui les chérit. Il avait à
la fois un amour tendre et un amour puissant, capable d’entreprendre ce
que la tendresse seule n’aurait pu faire.
Dans les derniers versets du chapitre, nous trouvons sa « patience d’espérance ». « Car quelle est notre espérance, ou notre joie, ou la couronne dont nous nous glorifions ? » N’est-ce pas bien vous qui l’êtes devant notre Seigneur Jésus, à sa venue ? « Car vous, vous êtes notre gloire et notre joie » (v. 19, 20). L’apôtre avait à attendre patiemment la réalisation de son espérance quand tous ses chers Thessaloniciens seraient la couronne glorieuse de son service à la venue du Seigneur. Il attendait constamment cette venue pour voir les fruits de son ministère. Sa patience d’espérance était telle, qu’il lui suffisait de remettre l’heure de sa récompense à un avenir, toujours présent à ses yeux, mais très éloigné peut-être, où le Seigneur qu’il attendait viendrait réunir auprès de Lui tous ses bien-aimés. Cette patience d’espérance caractérisait toute la carrière de l’apôtre, si bien qu’au moment de déposer sa tente il espérait encore et pouvait dire : « Désormais m’est réservée la couronne de justice… et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui aiment son apparition ». Il allait entrer dans la présence du Seigneur où il n’aurait la récompense de son fidèle service que lors de cette apparition qui constituera le second acte de la venue de Christ.
Efforçons-nous de répondre individuellement, avec fidélité, au but du Seigneur : il veut que nous portions les fruits du premier amour pour Dieu et pour Lui, jusqu’à l’heure, journellement attendue, où il viendra nous recueillir auprès de Lui.
Je reviens aux versets 11 et 12 du chap. 2 pour vous entretenir
de la marche,
et en vérité nous ne
pouvons jamais assez nous pénétrer des principes qui doivent la gouverner.
Le témoignage chrétien, qu’il soit individuel ou collectif, revêt les aspects divers du combat, de la course, de la marche et de la conduite.
Le combat
est la lutte
contre une partie adverse ou ennemie qui cherche à nous dominer ou à asservir
nos frères, ou à retenir les hommes en esclavage — ou enfin à nous ravir nos
biens et à nous empêcher d’en prendre possession. La course
est l’effort énergique qui nous porte en avant, méprisant
la fatigue et surmontant tous les obstacles, pour atteindre le but et remporter
le prix. La marche
n’est pas
l’effort, ni la lutte, mais une
progression constante dans une même direction.
Cet acte se passe en public
et le public le juge ou l’apprécie ; aussi celui qui marche évite par
habitude les faux pas ou des chutes qui le compromettraient ou auraient des
conséquences dangereuses. Appliquez cette notion à la marche chrétienne
, vous
trouverez qu’elle comprend notre témoignage journalier, notre manière de
nous comporter dans ce monde en présence
des
hommes. De même que la conduite, la marche a pour but de faire honorer le nom
que nous portons, le caractère que nous représentons en public. Suivre
ou marcher à la suite de
quelqu’un est quelque peu différent. C’est prendre un autre pour guide de notre
marche, sans le perdre de vue, suivre la direction qu’il prend, régler notre
pas sur le sien, conformer notre marche à la sienne, le prendre en un mot pour
modèle. La conduite
a un aspect plus
général que la marche, sans cependant en être séparée habituellement. Elle est
la manière de nous comporter envers
les
hommes avec lesquels nous entrons en relation ou dans les diverses
circonstances que nous traversons.
Or, je trouve, dans la parole, que notre marche chrétienne doit être régie en premier lieu par les
caractères de la vie divine que nous possédons
. En nous donnant la vie et en faisant de nous ses enfants par
la foi en Jésus, Dieu nous a communiqué sa propre nature et c’est elle qui doit
nous diriger. Nous possédons d’abord, et c’est le premier caractère de notre
vie, la puissance de cette vie, qui est le Saint Esprit. En conséquence,
l’apôtre oppose, dans le chap. 5 de l’épître aux Galates, versets 19 à 21, « les
oeuvres de la chair », fatales à ceux qui les accomplissent, et « le fruit de
l’Esprit » que peut toujours porter le chrétien affranchi, car il a « crucifié la
chair avec les passions et les convoitises ». Ce fruit doit caractériser notre
marche, aussi Paul ajoute : « Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi par l’Esprit
». Cela nous donne à réfléchir et
nous juge quant à notre vie journalière. « L’amour, la joie, la paix, la
longanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la
tempérance », ce « fruit de l’Esprit », notre marche le met-elle en lumière ?
Si tel n’est pas le cas, humilions-nous et demandons instamment à Dieu qu’il
nous donne de le porter. — Au chap. 5 de l’épître aux Éphésiens (v. 2), nous
trouvons l’amour comme second caractère de la vie divine que nous
possédons : « Marchez dans l’amour
». Nous sommes participants de la
nature divine qui est amour et cet amour est versé dans nos coeurs par le Saint
Esprit. Ici je fais de nouveau un retour sérieux sur moi-même. Ai-je
aujourd’hui marché dans l’amour, dans cet amour qui est « plein de bonté, sans
envie, sans vanterie, sans orgueil, sans égoïsme, dans cet amour qui supporte
tout, croit tout, espère tout, endure tout » ; ou bien dans l’égoïsme, dans
la recherche de mes intérêts, dans la critique de mes frères, dans
l’indifférence quant à l’état des pécheurs ? Quel est donc le moyen d’être
débarrassé de tout ce qui, en cela, entrave ma marche ? Le moyen est de suivre
Christ, de voir comment « il nous
a aimés et s’est livré lui-même pour nous », de le prendre pour modèle. Tout le
secret d’une marche fidèle se trouve dans un attachement réel du coeur à
Christ. Être occupé de lui, avec une affection sincère, nous transforme à son
image. — Au verset 8 de ce même chapitre 5 des Éphésiens, nous trouvons un
troisième caractère de la vie que nous possédons. Dieu est non seulement amour,
mais aussi lumière
, et nous sommes lumière dans le Seigneur, aussi
l’apôtre dit : « Marchez comme des
enfants de lumière
». Comme
Jésus avait dit : « Je suis la lumière du monde » (Jean 8:12) , il dit à ses
disciples : « Vous êtes la lumière du monde » (Matt. 5:14). Nous avons donc
à faire luire cette lumière comme Lui. Il ne peut y avoir aucune communion
entre elle et les ténèbres. Un quatrième caractère de la vie divine est la vérité
. Or, la vérité c’est Christ, sa Parole et son Esprit. Aussi
avons-nous à manifester ce caractère. L’apôtre Jean l’appréciait bien haut,
quand il disait : « Je me suis fort réjoui d’avoir trouvé de tes enfants marchant dans la vérité
» (2 Jean 4).
Mais voici un second point de toute importance : Notre
marche
chrétienne doit être digne de
nos relations
. C’est ce que
vous trouvez en premier lieu dans l’épître qui fait le sujet de nos entretiens.
L’apôtre exhorte ses enfants dans la foi, au chap. 2:12, à « marcher d’une
manière digne de Dieu
qui nous appelle
à son propre royaume et à sa propre gloire ». N’est-ce pas là une vérité très
élevée ? Le Dieu souverain, Créateur et Conservateur de toutes choses,
nous appelle à la dignité suprême de partager son royaume et sa gloire !
Notre caractère doit être le reflet du sien et nous avons à marcher dans la
conscience d’une dignité qui nous élève au-dessus de notre entourage autant que
le ciel est élevé au-dessus de la terre. Mais jamais
, notez-le
bien, la dignité n’exclut l’humilité. Si, d’une part, les Thessaloniciens
avaient à marcher dans la dignité de fils de Dieu, héritiers de sa gloire
suprême, ils avaient, de l’autre, à servir le Dieu vivant et véritable avec
l’humble caractère qui convient à des serviteurs (1:9). Telle était leur
première relation.
Une seconde relation les caractérisait, comme nous l’avons vu au
chapitre 1. Ils avaient Jésus comme Seigneur et il avait tous les droits sur
eux. Mais l’épître aux Colossiens (1:10) nous présente cette relation dans ses
rapports avec notre marche. Dans l’épître aux Thessaloniciens, la relation avec
Dieu était la première qui fût connue de ces petits enfants dans la foi ;
les Colossiens étaient beaucoup plus avancés en connaissance. L’Église, corps
de Christ, n’était point pour eux un mystère, mais ils couraient le risque de
perdre de vue le Chef du corps, aussi l’apôtre ne leur parle-t-il que du
Seigneur, et leur devoir consistait à « marcher d’une
manière digne du Seigneur
pour lui plaire à tous égards, portant
du fruit en toute bonne oeuvre, et croissant par la connaissance de Dieu ».
Voici enfin un troisième point : Notre marche
doit être digne des privilèges que nous
possédons.
Le premier chapitre de l’épître aux Éphésiens nous dit que nous
avons été « élus avant la fondation du monde, pour que nous fussions saints et
irréprochables devant Lui, en amour » (v. 4). Dieu nous destine à être
éternellement tels que Christ lui-même en sa présence. Nous n’avons pas encore
atteint cette perfection, mais Jésus la possède, tandis que le chrétien le plus
avancé ne pourra jamais y prétendre ici-bas. Mais le moment est proche, où nous
serons en la présence de Dieu, tels que Christ lui-même, non pas seulement,
comme aujourd’hui, en Christ,
mais avec Christ
devant Dieu, et partageant
ses propres perfections, car nous lui serons semblables. C’est pourquoi l’apôtre
exhorte les Éphésiens au chapitre 4, verset 1, à « marcher d’une manière
digne de l’appel
» dont ils ont été appelés
. Il leur enjoint de répondre par
leur conduite, dans ce monde, aux privilèges dans la jouissance définitive
desquels ils vont entrer, pareils à quelque prince héritier qui, avant de
prendre possession de sa dignité royale, est déjà considéré par tous comme
digne d’en avoir les honneurs. Nous avons besoin d’être exhortés à réaliser
cela constamment. — Vous trouvez encore, en Phil. 1:27, quelque chose de
semblable : « Conduisez-vous d’une manière digne
de l’Évangile du Christ
». Les Philippiens avaient le
privilège d’être dépositaires de l’Évangile, de cette bonne nouvelle
merveilleuse qui part du pardon des péchés pour aboutir à la gloire, et ils
avaient à se conduire en conséquence.
Nous devons donc avoir continuellement en vue nos caractères,
nos relations et nos privilèges, et en comprendre le prix et la grandeur, pour
que notre marche y corresponde. Qu’il est beau de voir un chrétien marcher dans
ce monde d’une manière conforme à toutes ces bénédictions : un jour il
entendra Jésus lui dire : Tu marcheras
avec moi en vêtements blancs, car tu
en es digne
! (Apoc.
3:4). N’est-il pas vrai que nous devrions avoir beaucoup plus le sentiment de la
hauteur de nos bénédictions ? Ce sentiment n’exclut nullement, avons-nous
dit, l’humilité, car elle fait partie de la marche du chrétien à la suite de
son Maître ; mais la dignité chrétienne est le partage de celui dont les
relations, le caractère et les intérêts sont entièrement hors du monde qu’il
traverse comme un étranger céleste, sur les pas de son Sauveur. Jésus n’avait
aucune patrie dans ce monde. Il y avait un lieu de naissance, mais sa patrie
était le ciel. Il était « le fils de l’homme qui est dans le ciel » et marchait
en conséquence. Faisons comme Jean-Baptiste : « Regardons-le marcher
» et suivons-le avec la conscience de notre dignité céleste.
La foi, l’espérance et l’amour, les « trois vertus théologales »,
comme les hommes les appellent, ne sont que des dons de grâce, mis par l’Esprit
de Dieu dans le coeur de l’homme lors de sa conversion, et sans lesquels nous
ne pourrions ni avoir, ni maintenir des relations avec Dieu, notre Père, et
avec Jésus Christ, notre Sauveur. La foi
reçoit
la parole de Dieu et saisit Jésus que cette Parole nous révèle, l’amour
de Dieu, versé dans nos coeurs,
nous attache à Christ, l’espérance
a
pour but et pour objet Sa venue. Mais la garde de ces dons nous étant confiée,
nous ne pouvons, négligeant leur usage, les laisser s’affaiblir, sans courir
les plus grands dangers. Pour les conserver dans leur fraîcheur et leur
puissance initiales, il nous faut veiller à les tenir continuellement en
rapport avec la personne de Christ. Ce contact perdu, ils vont s’affaiblissant
et descendent parfois à un niveau si bas qu’on pourrait croire assister même à
leur ruine définitive. La Parole nous apprend qu’on peut laisser tomber le
bouclier de la foi, qu’on peut abandonner le premier amour et descendre
graduellement jusqu’à la mort spirituelle de Sardes, qu’on peut perdre
l’espérance en se rabaissant au niveau d’un monde qui ne l’a jamais connue. —
Toutes ces « vertus », remarquons-le bien, sont solidaires, aussi la Parole les
mentionne d’habitude ensemble. L’une ne peut être affaiblie ou fortifiée, sans
que les autres en subissent l’influence en bien ou en mal.
L’amour est le plus grand de ces dons, car étant l’essence
divine elle-même, « il ne périt jamais ». La foi, conviction des choses qu’on ne voit
pas, prendra fin quand elle sera changée en vue. L’espérance n’aura plus de
raison d’être quand elle aura atteint son but et son objet en le possédant à
toujours. Mais, tant que la perfection n’est pas atteinte, et elle ne peut
l’être ici-bas, ces trois choses demeurent
inséparablement unies, régies et dominées, pour ainsi dire, par
l’amour : « L’amour », dit l’apôtre, « croit
tout, espère
tout ». La foi
rend présentes les choses qu’on espère
; l’espérance alimente
la foi ; la foi est affermie
par l’amour.
Cette solidarité est bien connue de Satan qui, en ennemi dangereux et rusé, dirige toujours ses attaques sur celle de ces « vertus » que nous surveillons habituellement le moins ou que nous avons peut-être momentanément négligée. Il sait qu’il suffit d’en faire tomber une pour entraîner la ruine des autres. Il réussit ainsi souvent à nous faire subir une défaite que sa haine contre Christ estime pouvoir être définitive. Ne pouvant plus, depuis la résurrection, s’attaquer directement à Christ, il cherche à ruiner les membres de son corps en rompant leur lien pratique avec la Tête. Tantôt donc il dirige son effort sur l’une de ces « vertus », tantôt sur l’autre.
Dans notre chapitre, nous le voyons se servir des persécutions
pour chercher à ébranler la foi
des
Thessaloniciens. Dans la seconde épître, il se sert de la tribulation terrible
que ces chrétiens traversaient, pour leur persuader que le jour du Seigneur
était déjà arrivé et qu’il leur fallait abandonner leur espérance.
L’effort de l’Ennemi pour ébranler la foi des Thessaloniciens et
le danger qui en résultait pour eux, causait de grandes appréhensions à
l’apôtre. Pour accomplir plus facilement ses desseins, Satan avait réussi à
empêcher Paul de se rendre à Thessalonique (2:18). Il ne nous est pas dit de quelle
nature était cet empêchement, mais il nous suffit de savoir que cette manoeuvre
réduisait Paul à l’inaction. Voyant le danger menaçant et « n’y tenant plus »
(3:1), l’apôtre avait consenti à être laissé tout seul à Athènes et leur avait
envoyé Timothée, afin de les affermir et de les encourager touchant leur foi
(v. 2) ; mais, ayant supprimé Paul, Satan s’était mis incontinent à
l’oeuvre pour « rendre vain son travail » dans le coeur des Thessaloniciens (v.
5). Il cherchait à les « tenter » en leur suggérant que leur foi, leur confiance
en Dieu était vaine, puisqu’Il ne les sauvait pas de la tribulation. Cela
devait réduire à néant, du même coup, la parole de Dieu que l’apôtre leur avait
présentée et qu’ils avaient reçue par la foi. Mais Dieu les avait prémunis
contre ce danger. Paul leur rappelle que, quand il était auprès d’eux, il leur
avait dit d’avance
qu’ils auraient à subir des tribulations ; ils
pouvaient donc taxer de mensonges les insinuations de l’Adversaire. Dieu ne les
abandonnait pas ; mais Il pourvoyait, en outre, à leur besoin pressant en
leur envoyant Timothée, compagnon d’oeuvre de Paul, pour les affermir et les
encourager quant à leur foi
(v.
2). Sa mission accomplie, il revient apporter à l’apôtre « les bonnes
nouvelles de leur foi
» (v. 6) , et ainsi la foi
des Thessaloniciens qui lui avait causé
tant d’angoisses devient un sujet de consolation pour lui (v. 7).
Mais ce n’était pas seulement leur foi qui réconfortait
l’apôtre, c’était aussi leur amour
. Quand l’amour est intact, la foi ne
court pas de dangers réels, car l’amour croit tout
. Il y avait néanmoins
quelques menaces sérieuses d’un côté et de l’autre ; aussi l’apôtre parle
de ses prières constantes pour que Dieu le Père lui-même et le Seigneur Jésus
lui frayassent le chemin auprès d’eux. Il sait que du moment que Dieu l’aura
décidé, Satan ne sera plus capable de barrer sa route et qu’alors il pourra
« suppléer à ce qui manque à leur foi
», point faible par lequel l’Ennemi cherchait à les atteindre,
et qu’il connaissait bien, étant toujours à l’affût pour surprendre le défaut
de la cuirasse. Mais leur sauvegarde était l’amour
: s’ils y
surabondaient — et l’apôtre le demandait pour eux — leur foi résisterait
victorieusement à toutes les attaques de l’Adversaire. Dans ce chap. 3,
l’apôtre, en désirant l’accroissement de leur foi et de leur amour, dirige
leurs pensées vers la venue de Christ où leur sainteté pratique sera pleinement
réalisée. La foi, l’amour et l’espérance se retrouvent donc ici, quand il
s’agit de leur marche,
comme au
chapitre 1, où il est question de leur activité.
Nous les verrons reparaître au chap. 5, quand il sera question du combat
chrétien.
Ne pensons pas, lorsque, par la grâce de Dieu, la vigilance et
les prières de l’apôtre avaient réduit à néant les desseins de l’Ennemi, que ce
dernier renonçât à ses attaques. Dans la seconde épître aux Thessaloniciens,
nous le voyons, comme nous l’avons déjà dit, se tourner d’un autre côté et se
servir d’une recrudescence de persécutions, pour détruire l’espérance
des fidèles en cherchant à leur persuader que le jour
du Seigneur est là
. S’ils avaient écouté cette suggestion, ils auraient
renoncé à l’espérance de la venue du Seigneur pour enlever les saints, car elle
devait, selon la Parole, précéder l’apparition du jour du Seigneur. Si le jour
du Seigneur était là, leur attente aurait été une pure chimère et Satan aurait
triomphé en leur ravissant l’objet même de leur espérance.
S’il échoue dans ses entreprises contre la foi et l’espérance
chrétiennes, soyons certains qu’il s’attaquera à l’amour
et, chose profondément humiliante, c’est ici que sa
victoire a le plus de chances d’être décisive. Le retour de la prospérité
extérieure, le calme succédant à l’orage, entraînent le chrétien inattentif sur
la pente du monde et des choses qui s’y trouvent. Les conseils de Satan nous
poussent à nous emparer de ces choses ; bientôt elles remplissent le
coeur ; les affections pour Christ se refroidissent et que deviennent
alors l’espérance et la foi ? Dans le temps actuel, l’abandon du premier
amour a détruit l’espérance et la foi dans la chrétienté professante. La
Parole, objet de la foi, est abandonnée, l’espérance est devenue lettre morte.
Mais, grâce à Dieu, elle commence à renaître dans le coeur de plusieurs et
marche de concert avec un renouvellement de foi dans les Saintes Écritures. Ce
réveil nous prouve que la venue du Seigneur est proche.
Nous sommes loin d’avoir épuisé le sujet de la marche chrétienne en montrant, comme nous l’avons fait l’autre jour, qu’elle est dirigée par les caractères de la vie divine que nous possédons, par nos relations avec Dieu et par nos privilèges. Le chapitre que nous venons de lire nous montre, en partie du moins, en quoi cette marche consiste. Mais permettez-moi une remarque préliminaire.
On a souvent fait ressortir que la première épître aux Thessaloniciens introduit dans toute notre conduite, pour la déterminer, la pensée de la venue personnelle du Seigneur. C’est ainsi qu’à la fin du deuxième chapitre, l’apôtre n’attend la récompense de son travail qu’à la venue du Seigneur Jésus ; alors seulement les Thessaloniciens seront manifestés comme la couronne de gloire de ce cher serviteur de Christ. Il attendait patiemment ce moment-là, car il peut nous arriver de travailler fidèlement pendant toute notre vie sans récolter ici-bas les fruits de notre travail pour le Seigneur ; mais que cela ne nous décourage pas. En travaillant pour notre Maître, nous n’avons pas à prétendre récolter actuellement du fruit : il pourrait sans doute nous être accordé, mais pourrait aussi manquer. L’un laboure, l’autre sème et plante, l’autre arrose : il faut du temps pour voir un accroissement ou une moisson. Il n’est pas dit que les plantes, arrosées de nos mains, réjouiront notre vue par beaucoup de fleurs ou de fruits. S’il convient au Seigneur de ne pas nous en faire voir, notre patience est exercée. En récoltant d’habitude les fruits de mon activité, mon faible coeur serait disposé à s’en glorifier et à s’y complaire, au lieu d’attendre la récolte à la venue du Seigneur Jésus.
À la fin du chap. 3:11-13, nous trouvons un autre aspect de sa
venue. Ce passage offre quelque difficulté à plusieurs âmes, habituées à voir
dans tous les chapitres de cette épître, la venue du Seigneur pour ravir les
siens auprès de lui. Or ce n’est pas proprement le sujet à la fin de ce
troisième chapitre. Il est vrai qu’il ne nous parle pas, comme la seconde
épître, de son apparition
(ou Épiphanie), car il nous présente sa
venue
(ou Parousie), mais avec tous ses saints
, comme à son
apparition. C’est une vérité pour ainsi dire intermédiaire entre le premier et
le second acte de la venue du Seigneur. Dans ce passage, après nous avoir
enlevés à sa rencontre, le Seigneur nous présentera tous ensemble avec Lui devant
notre Dieu et Père
. La raison de cette différence d’avec les autres
passages de notre épître est simple. Ce passage-ci nous parle de notre
responsabilité chrétienne qui n’est jamais en rapport avec la venue du Seigneur
pour nous prendre auprès de Lui. D’autre part, le mot « son apparition »,
désignant le moment où il viendra en jugement avec tous ses saints, ne peut
être employé ici parce qu’il ne s’agit pas de jugement, mais de paraître devant
notre Dieu et Père
pour y atteindre enfin le plein résultat d’une marche
fidèle, accomplie dans l’amour. Ce n’est pas le moment où le Seigneur
apparaîtra publiquement pour être glorifié et admiré dans tous ceux qui auront
cru (2 Thess. 1:10). Dans le premier cas, Il les introduit devant le Père, dans
le second devant le monde. Ici, l’apôtre demande pour les Thessaloniciens, que
le Seigneur les fasse « abonder et surabonder en amour » comme lui, Paul, leur en
avait donné l’exemple. Ils n’avaient pas besoin d’y être exhortés, car dès le
début ils l’avaient prouvé par leur « travail d’amour », mais l’apôtre désirait
que leur marche chrétienne fût caractérisée par une « surabondance » d’amour « les
uns envers les autres », l’amour ardent
entre les membres de la famille de Dieu étant la première chose qui les fasse
reconnaître.
Paul désirait, en outre, que cet amour abondât « envers
tous » ; et lui-même, que l’amour de Christ pressait à porter au monde la
bonne nouvelle du salut, leur avait aussi donné cet exemple. Il réalisait ainsi
le caractère de son Maître qui, ayant aimé les siens, les aima jusqu’à la fin,
et dont l’amour s’adressait à tous les pécheurs.
Cette manifestation de l’amour dans toute l’activité de leur
conduite journalière devait « affermir leur coeur sans reproche, en sainteté ». La sainteté
est la vraie séparation pour
Dieu de toutes les choses qui pourraient entraver nos rapports avec Lui. Si
l’amour, s’étant emparé du coeur, y est en plein exercice, le monde ne peut
plus y trouver de place. L’apôtre ajoute : « sans reproche
en sainteté ». Il regarde en avant vers
le moment où cet état sera réalisé dans son entière perfection. S’il ne peut
l’être maintenant, il le sera, non pas seulement individuellement, mais pour l’ensemble des saints
quand le Seigneur
les présentera « devant notre Dieu et Père ». Alors la sainteté parfaite,
consécration absolue au Père et au Fils, sera pleinement manifestée ;
alors tous seront absolument sans reproche ; alors tous seront capables de
sonder l’amour parfait (voyez Éph. 5:27). Le premier chapitre de l’épître aux
Éphésiens nous montre qu’ils étaient « élus en Christ, avant la fondation du
monde, pour être saints
et irréprochables
devant Lui, en amour
». Tel sera, pour l’éternité, le résultat de notre
élection : nous serons semblables à Christ. L’apôtre exhorte les
Thessaloniciens à réaliser, déjà ici-bas, cette bénédiction dans la plus grande
mesure. Il dit : « Pour affermir
vos coeurs » ; non pas pour que
vous soyez parfaits dans ce monde, mais pour que l’amour et la sainteté
rayonnent de plus en plus dans votre vie chrétienne jusqu’au jour de la
perfection. Dans notre passage, l’amour,
en
Jacq. 5:8, l’espérance,
et en Col.
2:7, la foi,
affermissent le coeur.
Quand le Seigneur sera venu avec tous ses saints, une sainteté parfaitement en
accord avec le caractère de Dieu sera manifestée pour les temps éternels. « Devant
notre Dieu et Père » : Il s’agit de ce que le Père verra, et non le monde.
L’apôtre désire que les chrétiens fassent des progrès continuels en Sa
présence, en sorte qu’à la venue du Seigneur ils soient devant le Père dans
leur perfection absolue, si incomplète qu’elle ait été jusqu’alors dans leur
marche ici-bas.
Comme nous l’avons dit, il est beaucoup question de la marche
dans cette épître, mais notez
que toujours, dans l’Ancien aussi bien que dans le Nouveau Testament, les
croyants fidèles sont caractérisés par elle. De fait la marche, étant la vie
dans toutes ses manifestations extérieures, a beaucoup d’analogie avec la
conduite, bien que cette dernière ait une acception peut-être plus large. La
seule chose qui nous soit dite d’Énoch, c’est qu’il « marcha
avec Dieu ».
Ce mot suffit pour décrire toute sa vie. Énoch était en public, dans ce monde,
un compagnon de Dieu, le reproduisant dans son caractère, ses pensées et sa
volonté, et n’ayant pas une marche indépendante de Lui. Le prophète Michée
décrit aussi cette marche : « Qu’est-ce que l’Éternel recherche de ta part,
sinon que tu fasses ce qui est droit, que tu aimes la bonté, et que tu marches
humblement avec ton Dieu ? »
Dans ce passage, le premier caractère de cette marche est la droiture ; le
second, un amour qui se nourrit de l’amour de Dieu ; le troisième, enfin,
consiste à marcher humblement
avec
son Dieu. Absence d’égoïsme, défiance de soi, dépendance, tels sont les
caractères de l’humilité. Il faut que notre marche montre la justice pratique
et l’intégrité, l’amour et l’oubli de soi-même, qui ont été le caractère de
Christ sur la terre.
Revenons au chapitre 4 de notre épître. C’est, comme nous
l’avons vu au chap. 3:12, 13, l’amour
qui
est le caractère principal de l’activité chrétienne dans notre témoignage
journalier. Ensuite vient la sainteté
(3:13 ;
4:3, 4, 7, 8), la séparation de tout mal pour plaire à Dieu. Combien elle est
importante en particulier pour les jeunes gens qui entrent dans la carrière
chrétienne ! C’est pourquoi Paul disait à Timothée : « Fuis les
convoitises de la jeunesse, et poursuis la justice, la foi, l’amour, la paix,
avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un coeur pur ».
Les moeurs d’alors étaient affreusement corrompues, chacun se livrait publiquement à ses convoitises et s’en glorifiait ; aujourd’hui la chrétienté, avec un peu plus de retenue, ne nous offre-t-elle pas un spectacle semblable ?
La sainteté se manifeste d’abord au sujet de nous-mêmes :
« C’est ici la volonté de Dieu, votre sainteté,
que vous vous absteniez de la fornication, que chacun de vous sache
posséder son propre vase en sainteté
et
en honneur » (v. 3, 4). Elle se montre ensuite en rapport avec les liens
conjugaux, « car Dieu ne nous a pas appelés à l’impureté, mais dans la sainteté
» (v. 6, 7). Elle se montre enfin en rapport avec Dieu. « Il nous
a donné son Esprit Saint
» (v. 8). Cet Esprit nous sépare du
mal ; pourrions-nous donc consentir à le contrister, Lui qui est venu
faire sa demeure chez nous ? En 1 Pierre 1:14-16, nous trouvons les mêmes
vérités quant à la sainteté de la marche chrétienne : « Ne vous conformant
pas à vos convoitises d’autrefois pendant votre ignorance : mais comme
Celui qui vous a appelés est saint,
vous
aussi soyez saints
dans toute votre
conduite ; parce qu’il est écrit : Soyez saints
, car moi je suis saint
» (1 Pierre 1:14-16).
Au v. 24, l’apôtre revient encore sur l’amour fraternel
, tant ce caractère principal de la
marche a d’importance. Ce n’était pas pour le leur prescrire, car « ils
n’avaient pas besoin que l’apôtre leur en écrivît » (v. 9) , mais pour les
engager à y abonder
, car la marche chrétienne proprement
dite implique un progrès continuel : « Vous-mêmes, vous êtes enseignés de
Dieu à vous aimer l’un l’autre…
mais
nous vous exhortons, frères, à y abonder
de
plus en plus » (v. 9, 10).
Un dernier trait, l’activité
et le travail journaliers,
caractérise ici la marche chrétienne :
« Nous vous exhortons… à vous
appliquer à vivre
paisiblement, à faire vos
propres affaires et à travailler de vos propres mains, ainsi que nous vous
l’avons ordonné, afin que vous marchiez
honorablement
envers ceux de dehors » (v. 11, 12). Cette recommandation n’est pas sans
importance pour nous, car nous avons à nous demander si notre activité se
développe en vue de nous-mêmes et du monde, ou pour Dieu et pour nos frères.
L’apôtre appuyait son exhortation de son propre exemple. Faire des tentes était
aussi bien pour lui l’activité d’amour que prêcher l’Évangile. La progression
de cette vie paisible et honorable, occupée de ses propres affaires, astreinte
à l’humble travail manuel, devait être un témoignage pour le monde lui-même,
témoignage qui ne consistait pas seulement, comme au chap. 1, dans leur
patience et leur foi au milieu de grandes tribulations, mais dans l’esprit doux
et paisible de l’humble activité journalière.
La marche a donc lieu, dans ce chapitre, sous le regard de Dieu, en ce qui concerne les chrétiens eux-mêmes, ou leurs frères, ou le monde. Nous sommes cependant bien loin d’avoir épuisé ce sujet, car marcher c’est vivre, depuis le premier pas de la carrière chrétienne jusqu’à l’entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ.
Les v. 13 à 18 de notre chapitre nous ramènent au sujet capital de cette épître : la venue du Seigneur. Nous savons tous par coeur ce délicieux passage, mais chaque fois que nous y revenons, nous pouvons l’envisager sous quelque aspect nouveau. Si le Seigneur le permet, il fera donc le sujet de notre prochain entretien.
En lisant cette épître on est frappé de voir combien de choses
ces Thessaloniciens, encore jeunes dans la foi, savaient déjà, tout en devant
être instruits sur un grand nombre d’autres. Pendant le court séjour de Paul au
milieu d’eux, ils avaient reçu, par son ministère, une somme de précieuses
vérités. Avec une vivacité de coeur qui doit nous frapper, nous d’habitude si
endormis spirituellement, ils ne s’étaient pas contentés de l’évangile du salut
et de la rédemption, mais, par la prédication de l’apôtre, leurs yeux, leurs
pensées, leur espérance s’étaient attachés immédiatement à la personne
de leur Sauveur. Je dis qu’ils savaient beaucoup de
choses, car rien n’élargit notre connaissance comme une relation d’amour avec
la personne de Christ. « Vous savez » est le mot de la certitude chrétienne et
revient continuellement dans cette épître. Voyez 2:1, 5, 11 ; 3:3,
4 ; 4:2, 9, enfin 5:2, où Paul leur dit : « Vous savez
vous-mêmes parfaitement
que le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la
nuit ». Ce n’étaient pas pour eux des choses qu’ils croyaient parce qu’elles
étaient généralement admises, mais des choses dont ils avaient, par la foi, une
conviction profonde. La prédication de l’apôtre les avait familiarisés avec ces
vérités, et ils les avaient parfaitement reçues, mais ils étaient ignorants sur
d’autres points. On le voit déjà au chapitre 3:10, où Paul demande instamment
de pouvoir « suppléer à ce qui manquait à leur foi ». Il y avait certaines
lacunes dans leur connaissance. Le passage que nous venons de lire nous montre
qu’une de ces lacunes se rapportait à la venue actuelle du Seigneur Jésus,
venue qui occupait journellement le coeur des Thessaloniciens. Cette lacune
dans leur foi, l’apôtre se hâte de la combler.
À ce propos, permettez-moi une remarque qui nous concerne
tous : Nous possédons un certain fonds de vérités que nous avons peu vécues
.
Or les Thessaloniciens les vivaient
dès
le début de leur conversion ; elles étaient si actuelles pour eux, qu’ils
en attendaient à chaque instant la réalisation. Ils avaient encore beaucoup de
choses à apprendre sur ce sujet, mais ils attendaient des cieux le Seigneur
Jésus. Toute leur vie avait cette vérité pour centre. Pour nous, s’il s’agit de
cet événement, nous le connaissons fort bien, car nous possédons les révélations
nouvelles que les Thessaloniciens n’avaient pas avant cette épître. Et
cependant la venue du Seigneur a-t-elle pris dans nos coeurs une telle
importance que nous puissions dire : Nous attendons le Seigneur d’un
moment à l’autre ? Je me trompe : nous le disons
, mais le vivons
-nous ?
Cette question, nous devons la résoudre par la négative. Il en résulte que,
malgré une provision considérable de vérités, nous faisons peu ou point de
progrès dans leur connaissance, peu ou point de découvertes nouvelles
dans les trésors de la Parole à leur sujet. Les Thessaloniciens
vivant ces vérités, Dieu prenait soin de les leur faire approfondir. Chers
amis, cette constatation est très humiliante pour nous. Mais, je me hâte
d’ajouter qu’au milieu de tant d’expériences affligeantes, Dieu a soin de nous
encourager. Il suffit d’avoir quelques notions de ce qui se passe dans la
chrétienté pour être frappé de voir dernièrement, je dis même tout
dernièrement, la venue actuelle du Seigneur que, depuis plus de cent ans, nous
proclamons avec si peu de vie et de puissance, devenir individuellement
une réalité pour beaucoup d’âmes. Les
circonstances tragiques que le monde traverse font réaliser que les temps de la
fin sont proches. Les enfants de Dieu se réveillent. Nous pourrions dire
l’année du siècle passé où « le cri de minuit » s’est fait entendre. La grande
majorité des chrétiens n’y a pas répondu ; beaucoup ont combattu cette
vérité et ceux qui auraient dû enseigner les autres ont souvent été les tristes
instruments de l’Ennemi pour empêcher les âmes de l’entendre. Cependant —
quelle bonté de notre Dieu ! — ce cri retentit encore. Il aurait semblé
d’abord que, devant cette indifférence, le Seigneur allait venir et fixer ainsi
pour toujours le sort d’une multitude d’âmes incrédules. Loin de là : avec
la patience merveilleuse de l’amour, Dieu continue encore à faire entendre ce
cri ; les échos le répètent. Aujourd’hui, beaucoup d’enfants de Dieu
sentent que les saints devraient se rassembler pour attendre Jésus du ciel. Et
nous qui, depuis longtemps, « savons » ces choses, ne devons-nous pas aller vers
ces âmes pour leur confirmer que leur espérance est une réalité ?
Attendons ensemble,
leur dirons-nous,
le Seigneur Jésus !
Une chose encore me frappe. Le Seigneur, au milieu de beaucoup
de vérités, nous en a confié une de toute importance pour le témoignage actuel
des chrétiens, celle de l’Église,
corps
de Christ, composée de tous les croyants, unis ensemble par le Saint Esprit
avec leur Chef glorieux dans le ciel, ainsi que notre responsabilité de nous
réunir ensemble autour de la table du Seigneur, pour témoigner de cette unité.
Mais avons-nous vu que cette table devînt le centre du rassemblement de
beaucoup d’enfants de Dieu ? À qui la faute ? Faisant un retour sur
nous-mêmes, nous devons confesser ne pas avoir marché à la hauteur de ce que
Dieu nous avait confié. Nous n’avons pas réussi, par ce témoignage, à réunir
les enfants de Dieu et nous ne pouvons plus même espérer que cela ait jamais
lieu. La pensée que le temps de cette réalisation pratique de l’unité est
passé, m’humilie profondément. Ce témoignage, entre nos mains,
a subi une ruine complète, ce qui, du reste, tout
en nous condamnant, n’enlève pas un atome de sa valeur. Mais Dieu nous donne un
autre moyen de rassembler les enfants de Dieu et ce moyen est la venue du Seigneur.
Je ne doute pas, nous le voyons dans ce passage, que peut-être
aujourd’hui ou demain, pour quelques heures, ou pour un instant seulement, le
Seigneur aura soin de rassembler ses élus, les yeux levés vers le ciel,
attendant l’étoile du matin et disant ensemble : Amen, viens, Seigneur
Jésus ! Nous n’aurons pas besoin de nous exhorter à nous réunir pour cela.
Aussi je suis profondément réjoui de voir des ecclésiastiques dans cette ville
réunir des âmes pour leur parler de la venue du Seigneur. Seulement, ne
l’oublions pas, la Parole ne dit pas seulement : « Que celui
qui entend dise : Viens ! » Elle dit d’abord :
« L’Esprit et
l’Épouse disent
: Viens ! » L’attente du Seigneur
est avant tout
une espérance d’ensemble,
l’espérance de l’Église au
moment où paraît l’étoile brillante du matin, et l’Esprit qui a formé
l’assemblée s’y associe, car il retournera avec l’Épouse au ciel, d’où il était
personnellement descendu pour la former.
Contrairement à cette attente, il se fait, au jour actuel, un
travail satanique dans le monde. Il a pour but la résurrection d’une
confédération latine, régie par l’empire romain, la première Bête d’Apoc. 13,
et l’appel à ce rassemblement est formulé de telle manière qu’on pourrait
supposer que les hommes, d’ailleurs absolument incrédules, qui en sont les
porte-voix ont étudié de près le prophète Daniel et l’Apocalypse. Ne pouvant
voir que c’est Satan qui ressuscitera l’empire Romain, ils attendent une
nouvelle ère de prospérité à la suite de cette restauration dont l’Italie sera
le centre et Rome la capitale. Nous « savons » que cet événement ne peut avoir
lieu qu’après
la venue du Seigneur
pour enlever ses élus, et lorsque Satan, précipité du ciel sur la terre, y aura
formé cette fausse unité,
l’ayant,
lui, comme directeur, et l’Empereur romain avec l’Antichrist, comme chefs
temporel et spirituel. Ces choses qui s’impriment et se propagent dans le monde
nous montrent que les temps de la fin sont très proches. Dieu emploie ces
aspirations parmi les peuples de l’Occident, pour nous réveiller. Nos coeurs à
tous sont-ils attachés au Seigneur seul ? Dans ce cas, au lieu d’être
préoccupés de ce qui se passe autour de nous, nous pousserons d’autant plus
instamment le cri de l’Épouse : Viens ! Nous ne nous laisserons pas
effrayer par les signes des temps, mais ils contribueront à nous attacher à un seul signe,
le Seigneur Jésus venant
nous ravir auprès de Lui, car la Parole nous montre souvent que le signe
est sa personne elle-même.
Revenons maintenant à notre passage. Comme nous l’avons dit, les
Thessaloniciens avaient largement réalisé, dès le début, la vérité de la venue
du Seigneur, mais l’apôtre voulait ajouter ce qui, sous ce rapport, manquait à
leur foi. « Nous ne voulons pas que vous soyez dans l’ignorance », leur dit-il.
Une chose qu’ils ignoraient manquait encore à la vérité si précieuse qu’ils
avaient reçue. Ils ne savaient pas qu’à la venue du Seigneur Jésus pour les
transporter auprès de Lui, sans passer par la mort, tous ceux d’entre eux, et plus
encore tous les saints de tous les âges qui s’étaient « endormis en Christ » ,
ressusciteraient, de manière à ne former avec eux qu’une seule compagnie. Leurs
pensées au sujet de la résurrection ne dépassaient pas le niveau des notions
juives qui ne connaissaient, selon la parole de Marthe, qu’une résurrection
générale « au dernier jour ». Ils ne mettaient pas en doute le bonheur éternel de
ceux d’entre eux qui s’étaient endormis, mais ils estimaient que ceux-là
perdraient quelque chose et auraient peut-être à attendre longtemps le jour de
la résurrection, tandis qu’eux, les vivants, seraient enlevés dans le ciel à la
venue du Seigneur. Ils reçoivent dans cette épître la nouvelle consolante
qu’ils ne devanceraient pas
ceux qui dorment et que ce seraient au contraire
ces derniers qui, dans le « clin d’oeil », les devanceraient. Ils apprennent
ainsi une vérité nouvelle capable de remplir leur coeur de consolation.
Comme vous le savez, la venue du Seigneur se compose de deux
actes, le premier, dans lequel Jésus enlève les saints à sa rencontre ; le
deuxième, dans lequel il revient avec les saints. C’est à ce second acte que
l’apôtre fait allusion quand il dit : « Si nous croyons que Jésus mourut et
qu’il est ressuscité, de même aussi, avec lui, Dieu amènera ceux qui se sont
endormis par Jésus » (v. 14). Telle sera la part de ceux qui se sont endormis.
Mais, dans une parenthèse comprise entre les versets 15 et 18, l’apôtre nous
apprend que ces ressuscités auront d’abord
partagé l’heureux sort des
vivants au premier acte de la venue du Seigneur. Ils seront donc tous ensemble,
transmués et ressuscités, quand Dieu les amènera avec Jésus, au jour où le
Seigneur viendra avec tous ses saints pour juger
les nations et
manifester sa gloire dans ceux qui auront cru. Cela vous explique la raison de
la parenthèse introduite dans notre version entre le 15° et le 18° verset. Le
chapitre 5 se relie directement au verset 14 du chapitre 4.
Le premier acte de la venue du Seigneur consiste, ce que les Thessaloniciens apprenaient pour la première fois, en deux événements : la résurrection des saints endormis et la transmutation des saints vivants. Le second acte de sa venue comprend également deux événements : le jugement des vivants et la glorification de Christ dans ses saints. Le premier acte est sa venue en grâce et en puissance, car il faut de la puissance pour « engloutir la mort en victoire » , mais il est le triomphe de la grâce, de rien autre que de la grâce. La question de notre responsabilité n’y sera pas soulevée, mais, comme nous l’avons vu, elle le sera quand le Seigneur, ayant enlevé ses saints, les introduira dans la gloire. La présentation de l’Épouse, les noces de l’Agneau, la maison du Père, le tribunal de Christ, que j’appelle « les promotions célestes », tout cela est mentionné en d’autres passages. Notre chapitre, quand il traite du résultat de la venue de Christ, n’a qu’une parole : « Nous serons toujours avec le Seigneur ». Cela suffisait au coeur des Thessaloniciens dont toute la vie chrétienne se concentrait sur « notre Seigneur Jésus Christ ». Cette parole suffit-elle à nos coeurs ?
Je le répète ; nous trouvons ici la pure grâce en puissance
.
Vous pouvez avoir tristement marché, déshonoré le Seigneur dans votre
conduite — et combien d’entre nous doivent avouer cela à leur confusion — rien
ne viendra troubler la grâce ineffable de sa venue. Le cri de commandement, la
voix de l’archange, la trompette de Dieu, n’effrayeront pas plus les saints
vivants que les saints endormis. Les couronnes, récompense de leur fidélité
(ou, pensée infiniment solennelle, leur perte, suite de notre infidélité), ne
seront pas distribuées dans ce moment-là, qui ne sera la constatation que
de la grâce. C’est qu’il ne s’agira, lors de cet événement, ni
de notre amour pour Christ, ni de notre conduite, mais de son amour à Lui
pour nous. C’est son amour qui a payé notre dette
et nous a rachetés par la mort de la croix, son amour qui veut nous faire
partager sa gloire. Il veut avoir un résultat sans mélange de son oeuvre.
Comment balancerait-il, en ce moment-là, sa grâce avec sa justice, quand, pour
nous sauver, les deux se sont entrebaisées. Il veut avoir ses bien-aimés selon
le désir de sa grâce, selon son attente patiente à lui-même pour posséder enfin
son trésor. Un trésor ! Quelle est donc la valeur que nous avons pour
Christ ? En avons-nous une quelconque en nous-mêmes ? Non
certes ; mais nous avons à ses yeux la valeur que nous donnait son amour
quand il a laissé sa vie pour nous posséder, la valeur que son amour continue à
nous donner, puisqu’il veut nous faire partager sa propre gloire ! Nous
avons, aux yeux de Christ, la valeur du prix payé pour nous avoir, la valeur de
l’oeuvre par laquelle il nous rendra dignes de Lui pour l’éternité, la valeur
des soins incessants que prend son amour pour se présenter son Épouse sainte et
irréprochable. Le grand apôtre des Gentils s’estimait lui-même « moins que
rien », mais il estimait immense le prix que le Seigneur avait payé pour l’avoir
et se réjouissait à la pensée qu’Il serait enfin satisfait de posséder le fruit
du travail de son âme. Le premier acte de sa venue a donc la grâce
comme caractère et comme résultat.
La justice
sera le
caractère et le résultat de son apparition, second acte de sa venue. Comme la
grâce, cette justice sera manifestée en
puissance
en donnant le repos de la gloire aux témoins de Christ et en
exécutant avec eux le jugement sur le monde qui les a fait souffrir. Ce second
acte est une nécessité, car, sans lui, le caractère du Saint et du Juste ne
serait pas mis en pleine lumière. Il faut qu’Il se glorifie par le jugement
après s’être glorifié par la grâce. Ceux qui auront repoussé la gloire de sa
grâce devront se courber sous sa gloire en jugement.
Et maintenant, Dieu veuille que ce passage si familier ne s’adresse plus à notre mémoire, mais à notre coeur, en sorte que le mot : « Viens » soit pour nous une réalité !
L’apôtre voulait que les Thessaloniciens ne fussent pas affligés
« comme les autres
». Le monde n’aime pas beaucoup être
appelé « les autres », terme répété deux fois dans ces chapitres (4:13 et 5:6).
Il voudrait qu’on ne fît pas une différence si tranchée entre ce qui est de
Christ et ce qui n’est pas de Lui. Quant à nous, le Seigneur veut nous faire
comprendre que nous avons été mis à part du monde, de ceux qui appartiennent à
la nuit et aux ténèbres — et que nous sommes, par grâce, des fils de ce jour du
Seigneur qui va se lever après l’Étoile du matin, jour où le soleil de justice
paraîtra dans le ciel, où les saints resplendiront eux-mêmes comme le soleil
dans le royaume de leur Père.
Mais ce que nous attendons, c’est la douce et fraîche lumière de l’Étoile du matin. Le voyageur qui a vu se lever cette étoile, précurseur de l’aube, quand déjà le milieu de la nuit est dépassé, ne peut en oublier l’éclat qui illumine l’horizon tout entier. Quand Jésus viendra, ce sera la pleine manifestation de sa grâce dans sa beauté et dans ses résultats éternels !
Les grâces apportées aux enfants de Dieu par la venue du Seigneur Jésus se résument, à la fin du chapitre 4, en six mots qui comprennent l’ensemble de nos bénédictions éternelles : « Nous serons toujours avec le Seigneur ! » Ces paroles sont le moyen efficace de consoler, d’encourager nos âmes au milieu des difficultés de l’heure présente.
Nous trouvons, au chapitre 5, le contraste entre le jour du
Seigneur et Sa venue pour enlever les saints, sujet de la parenthèse du
chapitre 4. Ce dernier chapitre nous avait enseigné, comme nous l’avons vu, que
Dieu amènerait avec Christ les saints endormis (v. 14) et avait montré, dans
une parenthèse, qu’ils seraient auparavant enlevés avec les saints vivants à la
rencontre du Seigneur. Le chapitre 5 nous apprend que le second acte de Sa
venue ne consistera pas seulement en son apparition, aux yeux de tous, avec les
saints, mais sera le jour du Seigneur
pour
le monde. Ce second acte, l’apparition du Seigneur avec les siens et le
jugement des nations est, du reste, plus spécialement le sujet de la seconde
épître. Quoique ces deux actes, la venue et l’apparition, soient séparés par un
certain espace de temps, ils sont mentionnés comme faisant partie d’un même
événement ; aussi l’espérance du chrétien n’est-elle pas limitée
à la venue du Seigneur pour enlever les siens ; elle
comprend aussi son apparition pour rétribuer au monde sa conduite envers les
saints qu’il a méconnus et persécutés, et pour récompenser par des couronnes la
fidélité de ses bien-aimés.
Le chapitre 5 nous annonce donc le sort du monde
dans le jour du Seigneur, en contraste avec notre sort
dans ce jour-là : « Mais pour ce qui est des temps et des saisons, frères,
vous n’avez pas besoin qu’on vous en écrive ; car vous savez vous-mêmes
parfaitement que le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit » (v. 1,
2). Vous trouvez au chapitre 1 des Actes l’explication du terme : « les
temps et les saisons ». Les disciples réunis y demandent à Jésus
ressuscité : « Seigneur, est-ce en ce temps-ci que tu rétablis le royaume
pour Israël ? » (v. 6). Ils pensaient que le moment de son apparition était
arrivé et qu’Il allait rétablir le royaume pour son peuple. Jésus leur
répond : « Ce n’est pas à vous de connaître les temps ou les saisons
que le Père a réservés à sa propre
autorité » (v. 7). Ils avaient une autre chose à attendre : la descente du
Saint Esprit pour former l’Assemblée en unité. Les temps et les saisons sont la
période où les jugements du Seigneur s’exerceront sur le monde, afin d’établir
son royaume glorieux sur la terre.
Au sujet des temps et des saisons, les Thessaloniciens savaient
parfaitement comment viendrait le jour du Seigneur, appelé aussi le jour du
Fils de l’homme (Luc 12:39) pour le monde, car la Parole nous dit qu’il vient
« comme un voleur dans la nuit » et si subitement que les hommes, plongés dans un
sommeil profond, ne pourront échapper à leur sort (Matt. 24:43 ; 2 Pierre
3:10 ; Apoc. 3:3). « Quand ils diront : Paix et sûreté, alors une
subite destruction viendra sur eux, comme les douleurs sur celle qui est
enceinte, et ils n’échapperont point » (v. 3). Ce jour ne peut nous atteindre :
« Ne crains pas », est-il dit, « la frayeur subite, ni la ruine des méchants quand
elle surviendra ; car l’Éternel sera ta confiance, et il gardera ton pied
d’être pris » (Prov. 3:25, 26). Nous serons comme Noé dans l’arche (Luc 17:26,
27), mais eux, au moment où il leur semblera que la terre est enfin en
sécurité, seront détruits. Les Thessaloniciens savaient parfaitement que les
temps et les saisons sont en rapport avec les jugements du monde, et
l’établissement d’un royaume terrestre, tandis que les saints ont leur part en
haut, hors des saisons et des temps. C’est pourquoi ils attendaient
continuellement l’Étoile du matin, s’en remettant à Dieu pour déterminer la
venue du jour du Seigneur,
quoiqu’ils
y fussent directement intéressés, car il était le jour de leur manifestation
avec Christ. Aussi pouvaient-ils « aimer son apparition » (2 Tim. 4:8) , « sa
révélation » (1 Cor. 1:7) et relier dans leurs pensées « la bienheureuse
espérance » avec « l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus
Christ » (Tite 2:13).
L’apôtre part de là pour établir un contraste absolu entre ceux
qui sont du monde et ceux qui appartiennent au Seigneur (v. 4-11). Il saisit
cette occasion pour adresser une exhortation solennelle à ses chers
Thessaloniciens, exhortation qui nous concerne tout autant qu’eux. Le caractère
chrétien est, dans son essence, absolument l’opposé de celui du monde :
« Mais vous, frères, vous n’êtes pas dans les ténèbres, en sorte que le jour
vous surprenne comme un voleur ; car vous êtes tous des fils de la lumière
et des fils du jour ; nous ne sommes pas de la nuit ni des ténèbres » (v.
4, 5). Remarquez ce mot : « Vous êtes tous
», s’adressant à des chrétiens. Il en
est de fidèles, de misérables, d’autres qui se laissent gagner par les choses
de la terre, mais l’apôtre dit à tous :
Vous êtes des fils de la lumière et du jour ; vous avez été engendrés
par eux ; c’est là ce qui vous caractérise ; que vous le sachiez ou
non, que vous en jouissiez ou non, le fait existe ; pas un croyant n’est
exclu de cette catégorie. L’apôtre ajoute : « Nous » (vous et moi qui vous
parle) « ne sommes pas de la nuit ni des ténèbres ». Le monde est plongé, loin de
Dieu, dans les ténèbres morales et cela est cause qu’il n’a ni prévision, ni
force pour échapper au jugement quand il se présentera. Il est semblable à
l’homme qui dort au lieu de garder sa maison : le voleur, le jour du
Seigneur, vient, y pénètre en un instant, dérobe et détruit tout. Ceux qui sont
de la nuit et des ténèbres ont deux caractères inséparables : ils dorment
et s’enivrent. Le sommeil des hommes les rend étrangers aux choses de Dieu,
tout occupés qu’ils sont de vaines rêveries et incapables de jouir des réalités
divines. Ils s’enivrent, envahis par les convoitises terrestres. Satan leur
présente une foule de choses qui leur font perdre un sain jugement. Ce n’est
pas seulement le vin, mais la convoitise des richesses, des jouissances,
souvent les plus abjectes, du succès, les satisfactions d’amour-propre ;
ces choses empêchent l’homme de veiller et lui cachent le danger imminent du
jour du Seigneur. Comment des coeurs abreuvés à ces sources d’ivresse,
pourraient-ils l’attendre ? Au contraire, ils font tout pour se cacher
cette éventualité.
Mais, ne l’oublions pas, nous qui sommes du jour, nous avons
aussi un urgent besoin d’être exhortés.
L’apôtre
ne nous dit pas : « Nous ne dormons pas et nous ne nous enivrons
pas » ; il dit : « Ne dormons pas, comme
les autres
». Prenons
garde ! « Veillons et soyons sobres » ; cela seul appartient à notre
caractère de « fils du jour ». « Revêtant la cuirasse de la foi et de l’amour, et,
pour casque, l’espérance du salut ! » (v. 8).
Nous avons donc un combat à livrer, une victoire à remporter.
Pour combattre, il faut être sobre et ne pas dormir ; mais en outre il
faut être armé
. Comment, sans armure, résister aux embûches du prince des
ténèbres ? Nous n’avons pas ici le combat d’Éphésiens 6 où le chrétien
revêt l’armure complète
de Dieu, afin
de remporter la victoire sur les puissances spirituelles de méchanceté dans les
lieux célestes. Ici le combat est plus simple, pour ainsi dire ; il ne
s’agit que de résister aux convoitises que Satan présente à nos coeurs pour
nous faire perdre l’attente du Seigneur et nous assimiler au monde. Aussi nous
n’avons besoin que de deux pièces d’armure défensive, la cuirasse
et le casque.
Elles
ont le même nom que les « vertus » des chapitres 1 et 3. Ici l’apôtre exhorte les
chrétiens, non pas, comme précédemment, à user de ces vertus en vue de porter
du fruit dans leur service et dans leur marche, mais en vue de résister aux
efforts de l’ennemi qui cherche à nous ravir notre espérance. Pour nous vaincre
et nous détourner de Christ, Satan peut atteindre soit notre coeur,
soit notre tête.
Le coeur est le siège des affections et peut être blessé mortellement,
aussi nous faut-il, pour le garantir, une cuirasse, celle de la foi
et de l’amour.
La foi, la vue de l’âme, ne reconnaît qu’un seul objet,
Christ ; l’amour nous attache à Christ avec la conscience que nous sommes
aimés de Lui. La foi nous donne un objet ; l’amour, le fait habiter dans
nos coeurs. Tous les traits de l’Ennemi s’émoussent et tombent à terre devant
de telles réalités. Comment le monde s’emparerait-il d’un coeur qui trouve son
aliment dans la foi et dans l’amour ? Oui, l’amour de Christ, réalisé par
la foi, est la vraie cuirasse qui empêche nos coeurs de se livrer aux
séductions du monde.
Mais l’Ennemi vise aussi notre tête, le siège de nos pensées pour les détourner de leur objet qui est la personne de Christ. Afin de garantir nos pensées de l’égarement, il nous faut porter, comme casque, l’espérance du salut. En nous préservant des « choses qui sont sur la terre », étrangères au salut que nous allons atteindre, nous pourrons résister à Satan. Le salut qui est devant nous et dont parle ce passage, est aussi assuré que celui qui est derrière nous (Éph. 2:5 ; 2 Tim. 1:9 ; Tite 3:5) ; il nous sera donné à la venue du Seigneur, comme le couronnement de notre espérance ; il est le bout de la course, il est la gloire ! Pour arriver à la gloire, maintenons dans son intégrité l’espérance du salut. Nous ne pouvons y entrer que par la venue du Seigneur. Veillons donc, soyons sobres, et revêtons les deux pièces de notre armure. Ce que l’apôtre désirait pour ses chers Thessaloniciens doit être notre désir à tous.
Tandis que le monde est destiné à la colère, Dieu a destiné les
siens « à l’acquisition du salut par notre Seigneur Jésus Christ, qui est mort
pour nous, afin que, soit que nous veillions, soit que nous dormions, nous
vivions ensemble avec Lui ». C’est pour
nous
qu’il est mort, et son but, en mourant, est que nous soyons avec lui —
saints endormis et saints qui veillent encore dans la nuit — jouissant tous
ensemble de la vie éternelle dans l’état complet,
non plus dans l’état imparfait d’âmes séparées du corps ou d’êtres qui,
présents dans le corps, ont encore besoin de veiller. Nos jouissances
éternelles sont condensées dans un seul mot : « Avec lui ».
Après avoir encouragé les Thessaloniciens à s’exhorter et à s’édifier l’un l’autre au sujet de leur espérance, ce que du reste ils faisaient « chacun en particulier », l’apôtre traite à la fin de ce chapitre de leur conduite dans l’Assemblée. L’amour et la paix doivent caractériser cette conduite (v. 13) mais elle a des objets divers : Il s’agit, en premier lieu, de nos sentiments à l’égard des frères dont l’activité s’exerce dans l’Assemblée (v. 12, 13) ; en second lieu de nos rapports les uns avec les autres (v. 14, 15) ; en troisième de notre conduite personnelle (v. 16-18) ; en quatrième, de notre attitude à l’égard des manifestations de l’Esprit dans l’Assemblée (v. 19-22).
Dans les v. 12 à 15, il n’est pas fait mention de dons proprement dits, mais du travail assidu et de la surveillance exercée par quelques-uns dans l’Assemblée, ainsi que de l’activité spirituelle de tous. Cela tenait sans doute au fait que ces jeunes enfants dans la foi se trouvaient exclusivement sous l’action directe du ministère apostolique au milieu d’eux ; cependant ces recommandations sont particulièrement importantes pour nous, car nous sommes en un temps où, par suite de l’infidélité générale de l’Église, les dons de l’Esprit sont devenus rares et, pour la plus grande partie, sortis de la place qu’ils devraient occuper. Ce passage a d’autant plus de valeur pour nous, que nous assistons ici au fonctionnement d’une assemblée modèle au début de sa formation, d’une assemblée qui croît d’une manière normale et régulière par les relations des membres les uns avec les autres. Il nous est donc très précieux d’apprendre que ce bon état peut se développer en dehors de l’exercice des dons.
Reprenons en détail les différents points contenus dans ces versets.
Verset 12, 13. Les Thessaloniciens avaient d’abord à connaître
ceux qui travaillaient
parmi eux, à ne pas ignorer leur utilité pour
l’assemblée, ni l’importance de ceux qui, dans le Seigneur, étaient à la
tête
du troupeau. Il n’y avait
chez ces derniers aucune prétention à l’autorité ; leur importance comme
conducteurs était déterminée par le Seigneur. Ils n’étaient pas institués dans
cette fonction ; cependant leur service ne devait être ni négligé, ni
combattu. Le Seigneur leur avait donné une place spéciale qui n’était pas la
part de tous et leur zèle et leur travail au milieu des saints confirmaient
leur mission. C’était un mal positif de l’ignorer. -- Un frère, sans don
spécial, peut être un excellent conducteur et cette fonction est parfois
dévolue à ceux qui, tout en « tenant la première place parmi les frères » (Actes
15:22) , ne sont pas des dons de l’Esprit à l’Assemblée. Être à la tête, c’est
être capable d’avertir
. Celui qui conduit le troupeau doit pouvoir
mettre les brebis en garde contre les dangers et les pièges que le berger
connaît et que les brebis ignorent. Il faut estimer
de tels hommes très haut en amour à cause de leur oeuvre
. L’amour sait
toujours apprécier la valeur des autres. L’esprit qui consiste à vouloir
réduire au niveau commun ceux dont la sagesse dirige le troupeau, n’est certes
ni l’amour, ni la reconnaissance. Les obstacles que la jalousie oppose aux
conducteurs pourraient les plonger dans le découragement et, ce qui serait plus
grave, s’ils n’étaient pas fortifiés dans la foi, les engager à abandonner leur
travail et la direction que le Seigneur leur a confiée. Il faut, et cela nous
incombe à tous, que les coeurs des frères qui se dévouent pour l’assemblée,
sentent la chaleur d’amour et le respect dont ils sont entourés. Y manquer
serait nuire à la bonne marche de tous. L’apôtre ajoute : « Soyez en paix
entre vous ». Ne pas reconnaître, ou plutôt ignorer cet ordre moral établi de
Dieu dans l’Assemblée, conduit à des contestations et trouble la paix et le bon
accord qui doivent régner parmi les frères.
Versets 14, 15. L’apôtre les avait « priés
» d’observer le
premier point ; il les « exhorte
» quant au second : nos
rapports les uns avec les autres. La bonne marche de l’assemblée dépend non
seulement du dévouement de quelques-uns, mais de la collaboration et du vrai
zèle de tous pour le Seigneur. Ils avaient avant tout à avertir ceux qui, parmi
eux marchaient dans le désordre (cf. 2 Thess. 3:11) ; à consoler ceux qui
perdaient courage (3:3) à cause des tribulations ; à venir en aide aux
faibles au lieu d’user envers eux d’une sévérité propre à arrêter leur marche
déjà chancelante ; enfin à user de patience envers tous.
Combien facilement nous oublions ce mot : « envers
tous » ! On rencontre dans l’assemblée des frères ayant de graves défauts,
et dont le caractère les rend difficiles à vivre, qui s’opposent souvent à ce
qui semble devoir être fait pour le Seigneur et pour le bien de l’assemblée…
Qu’avons-nous à faire dans ce cas ? À les supporter, à user de patience.
La patience est d’autant plus facile à exercer que tout chrétien spirituel sait
qu’elle n’est pas d’un seul côté quand il s’agit de ses rapports avec ses
frères. « Envers tous ! » J’entends dire : Ma patience est à
bout ! Je réponds : C’est que tu n’as pas réalisé cette parole !
Combien nous devrions chercher à nous appliquer constamment ces exhortations,
et quels fruits elles porteraient dans la vie de l’Assemblée ! C’est ainsi
que nous pouvons contribuer à sa prospérité spirituelle. Au verset 15 nous
avons à veiller sur ceux qui se montrent vindicatifs dans leurs rapports avec
leurs frères et avec le monde et cherchent à leur rendre du mal pour leurs mauvais
procédés. Donnons-leur nous-mêmes l’exemple en poursuivant toujours
le bien soit entre frères, soit à l’égard de tous les
hommes.
Versets 16-18. L’apôtre passe maintenant à leur conduite
personnelle. « Réjouissez-vous toujours ». C’est aussi ce que l’épître aux
Philippiens recommande. Toujours
!
direz-vous. J’ai tant de choses qui me pèsent, tant de pertes et de deuils,
tant de craintes et de soucis… comment me réjouirais-je ? — Mais que
faisait-il, Lui, notre Modèle ? Au milieu des douleurs (et quelles
douleurs furent semblables aux siennes !) il disait à ses disciples :
« Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie
soit accomplie » (Jean 15:11) « Et personne », dit-il encore, « ne vous ôte votre
joie » (16:22). Il n’y eut qu’un seul moment de sa carrière, où pour nous sauver
il lui fallut être « saisi de tristesse jusqu’à la mort », mais, à part ce
moment-là, sa vie douloureuse était remplie d’une joie parfaite dans la
communion avec son Père, et il voulait que ses disciples la partageassent avec
Lui.
« Priez sans cesse ». Notre vie devrait être une prière continuelle,
non pas que cette dernière
constitue nécessairement un arrêt dans nos occupations. Pour prier, il n’est
pas besoin de beaucoup de paroles. Parfois c’est un seul mot : « Vois,
Écoute, Aide », ou tel autre ; d’autres fois la nuit tout entière se passe
à prier.
« En toutes choses rendez grâces, car telle est la volonté de
Dieu dans le Christ Jésus à votre égard ». Il y a des choses, dites-vous, pour
lesquelles je ne puis rendre grâces ; tels sont les châtiments, la
discipline, les chagrins, les douleurs, les deuils qui m’accablent. Mais
l’apôtre nous donne ici la raison
de
nos actions de grâces : « Telle est la volonté de Dieu en Jésus Christ à
notre
égard
». Or cette volonté de Dieu est
bonne, agréable et parfaite. Je puis ne pas la comprendre, mais je rends grâces
avec la certitude que c’est la volonté de
l’amour parfait manifesté en Christ envers moi.
Les versets 19-22 nous parlent de nos devoirs à l’égard des manifestations spirituelles dans l’Assemblée.
« N’éteignez pas l’Esprit ». C’est une recommandation très importante, et souvent contredite dans la pratique. Il arrive dans les assemblées qu’un jeune frère, après avoir résisté longtemps à l’appel du Saint Esprit, après avoir fait preuve de mainte hésitation, est enfin contraint de rendre grâces. Il le fait peut-être d’une manière faible et incomplète, manquant encore de confiance en la direction du Saint Esprit, préoccupé de lui-même au lieu de penser au Seigneur. Nous qui assistons à cette victoire de l’Esprit, en lutte avec la chair, ne l’éteignons pas. Les forts ont à supporter l’infirmité des faibles et ainsi se produiront chez plusieurs dans l’assemblée des progrès qui peuvent conduire à l’exercice d’un don spirituel véritable.
« Ne méprisez pas les prophéties, mais éprouvez toutes choses ».
Les prophéties, les révélations de l’Esprit de Dieu dans l’Assemblée ne
devaient pas être méprisées. La prophétie est ici, comme en 1 Cor. 14, cette
action de l’Esprit, par laquelle, en dehors des révélations habituelles de la
Parole, les âmes sont mises en communication avec les pensées de Dieu.
Seulement toutes ces révélations doivent être éprouvées et contrôlées, comme le
furent jadis les paroles de Paul à Bérée, par la vérité des Écritures, afin de
savoir si elles proviennent réellement de l’Esprit de Dieu. De là cette
recommandation : « mais éprouvez toutes
choses
».
Nous trouvons ensuite une autre parole : « Retenez ce qui
est bon ». Des milliers de chrétiens citent mal ce passage. Ils prétendent
pouvoir assister aux prédications les plus mauvaises en n’y prenant que les
choses bonnes qu’elles peuvent contenir. La Parole ne nous dit rien de
semblable, mais condamne de la manière la plus positive une telle attitude. Il
y a une solidarité avec le mal dont ces chrétiens s’estiment déchargés, mais
dont Dieu ne les décharge pas. « Retenez
ce qui est bon », nous dit
l’apôtre, et il ajoute : Abstenez-vous
de toute forme de mal » (v. 22). Je ne dois pas sanctionner le rationalisme,
la libre pensée, l’incrédulité moderne, par ma présence, et je ne puis me
rendre partout, sous prétexte d’y « chercher mon
édification
». Le
bien pêché dans les eaux troubles du rationalisme en rapporte nécessairement
l’odeur et la saveur. Si je dois retenir soigneusement ce qui est bon, je dois
m’abstenir de quelque forme que ce soit que revête le mal. Qu’est-ce donc que
ce qui est bon
? C’est la parole de Dieu, la Parole
tout entière, telle que Dieu nous l’a donnée. Tel est notre devoir jusqu’au
bout de notre carrière. Ne nous laissons rien enlever de cette Parole
toute-puissante qui fait notre force, notre joie, qui nourrit notre vie et la
développe. Fourbissons chaque jour soigneusement la seule épée avec laquelle
nous puissions vaincre l’Ennemi. Il ne peut tenir devant les coups de l’épée à
deux tranchants !
L’apôtre dit en terminant : « Or le Dieu de paix lui-même
vous sanctifie entièrement ; et que votre esprit, et votre âme, et votre
corps tout entiers, soient conservés sans reproche en la venue de notre
Seigneur Jésus Christ » (v. 23). Son désir final est que chez eux, comme le dit
un autre, « l’homme dans toutes les parties de son être : le vase par
lequel il exprime ce qu’il est, les affections naturelles de son âme, ainsi que
la partie la plus élevée de sa nature, savoir son esprit par lequel il est
au-dessus des animaux et en relation intelligente avec Dieu », soit entièrement
sanctifié, en sorte qu’il réponde à la nature de Celui qui nous a été révélé
comme le Dieu de paix. L’apôtre ne désire pas pour les Thessaloniciens une
sanctification pratique partielle
, mais une mise à part de l’être tout
entier pour Dieu, en sorte que Jésus, à sa venue, nous trouve sans reproche.
Quel désir élevé pour les saints, que celui-là ! Oui, que notre sainteté
pratique corresponde à notre espérance en cette venue prochaine de notre
bien-aimé Sauveur, où il se présentera son Épouse sainte, irréprochable et sans
défaut ! Mais comment, infirmes et faibles que nous sommes,
réaliserons-nous jamais une telle séparation ? Écoutez la réponse :
« Celui qui vous appelle est fidèle, qui aussi le fera ! » (v. 24).