LE DOCTEUR DE LA LOI

ET LE GEÔLIER DE PHILIPPES Luc 10:25-37

Henri Rossier


Notes prises à une méditation de H.R. ME 1943 p. 268

Table des matières :

1 - Que faire pour… ? deux questions différentes

2 - Reconnaître qu’on est perdu

3 - Qui peut sauver le perdu ? Jusqu’où va-t-il ?

4 - Qui est le prochain de qui ?


1 - Que faire pour… ? deux questions différentes

Il y a une énorme différence entre la question du docteur de la loi : « Maître, que faut-il que j’aie fait pour hériter de la vie éternelle ? » et celle du geôlier de Philippes : « Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? » (Actes 16:30).

Dans la circonstance solennelle où se trouvait le geôlier, à la pensée de sa réputation perdue, devant la mort qui l’attendait peut-être s’il était rendu responsable de la fuite des prisonniers, il n’avait qu’un chemin à suivre, le chemin du désespoir. Il allait se tuer lorsqu’il entend la voix de Paul : « Ne te fais point de mal, car nous sommes tous ici ». Cette parole d’espoir arrête sa main, et se jetant aux pieds des apôtres il s’écrie : « Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? »

Le docteur de la loi nous présente avec des paroles semblables, une pensée diamétralement opposée à celle du pauvre geôlier. Sa question signifie : Que dois-je avoir accompli pour hériter de la vie éternelle ? Faire pour hériter, c’est travailler pour acquérir légalement une chose et non la recevoir par grâce. Cet homme veut savoir ce qu’il a à accomplir pour pouvoir légitimement entrer dans la jouissance de la vie éternelle.

La question du geôlier signifie : Qu’est-ce qui m’est imposé pour être sauvé, pour échapper à la mort ? Il a le vif sentiment qu’il est perdu et s’adresse à Dieu par l’entremise des apôtres. Qu’est-ce que Dieu exige de moi pour que je sois arraché à cet état de perdition ? La réponse est une mise en demeure d’accepter le salut par la foi : Dieu n’exige rien de toi ; Il a tout fait par le moyen de Jésus le Sauveur. Crois au Seigneur Jésus. Il croit et il est sauvé, lui et sa maison.


2 - Reconnaître qu’on est perdu

Maintenant revenons au docteur de la loi. Il était un homme intelligent dans les choses de la loi, mais se montre d’une ignorance complète sur le caractère de Dieu et sur son propre caractère. Comment aurait-il pu adresser une telle question s’il s’était reconnu un être perdu et s’il avait eu conscience qu’il se trouvait en présence d’un Dieu qui le condamnait à cause de son état de péché ?

Jésus ne veut pas le laisser dans son endurcissement, mais il va l’amener à prononcer sa propre condamnation dans la lumière de Dieu.

« Qu’est-il écrit dans la loi ? » lui demande le Seigneur. « Comment lis-tu ? » L’homme répond avec intelligence : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, et de toute ton âme, et de toute ta force, et de toute ta pensée ; et ton prochain comme toi-même », résumant ainsi les deux grands principes de la loi. « Tu as bien répondu », lui dit Jésus — tu te places sur ce terrain-là, tu attends la vie de cette manière — « Fais cela et tu vivras ». Mais cela te condamne. Alors, voulant se justifier, le docteur de la loi adresse une question à Jésus : « Et qui est mon prochain ? » Si je ne sais qui est mon prochain, je ne suis pas en état d’aimer Dieu. « Si quelqu’un n’aime pas son frère qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas ? » (1 Jean 4:20). Quand tu m’auras enseigné, je pourrai accomplir ces choses. Alors Jésus lui dit une parabole que nous lisons aux versets 30 à 35 : « Un homme descendit de Jérusalem à Jéricho… » Il avait commencé par la bénédiction de la part de Dieu, il descendait depuis le lieu de cette bénédiction, Jérusalem, au lieu de la malédiction, Jéricho. N’est-ce pas là l’histoire du peuple et de l’individu, et aussi de ce même docteur de la loi ? Dans cette parabole comme dans celle du fils prodigue et d’autres encore, le Seigneur parle de toute une classe d’hommes. Ce qui arrive à cet homme est exactement ce qui est arrivé au peuple d’Israël enveloppé de tous côtés par des nations pillardes. Mais en outre chaque homme tombe entre les mains des voleurs qui le laissent sur le sol, meurtri, blessé, à demi-mort. Au moment où Jésus parlait, les dix tribus étaient depuis longtemps dispersées, les deux autres étaient sous la domination des Gentils, un tout petit résidu reste étendu à demi-mort sur le chemin. Le docteur de la loi se trouvait dans cette position. Pouvait-il, au moment d’expirer, gagner la vie ? Il fallait que quelqu’un se présentât pour la lui donner — la loi ne pouvait le faire ; les représentants officiels de la loi, le sacrificateur et le lévite, ne pouvaient rien pour lui ; ils s’éloignent de lui, pensant à eux-mêmes et croyant éviter ainsi de se souiller. Ces deux hommes dont l’un était établi pour mettre l’homme en relation avec Dieu, dont l’autre était le serviteur de la sacrificature, ces hommes étaient des pécheurs ; il fallait qu’ils se missent eux-mêmes en règle, qu’ils offrissent les sacrifices pour ôter leur propre souillure. Ils passent, ne voulant rien faire ; leur état d’hommes pécheurs les rend égoïstes ; ils ont à s’occuper d’eux-mêmes.


3 - Qui peut sauver le perdu ? Jusqu’où va-t-il ?

Le sacrificateur ne se serait-il pas souillé en touchant à un homme qui pouvait mourir d’un moment à l’autre ? Ici, la loi est sans ressource et depuis lors elle n’a pas changé de caractère. Si vous vous adressez aux obligations morales de la loi, votre état est sans ressource. Mais Dieu, dans sa grâce, y a pourvu : « Un Samaritain, allant son chemin, vint à lui, et, le voyant, fut ému de compassion, et s’approcha et banda ses plaies, etc. » Un Samaritain ! un homme méprisé des Juifs ! Ce Samaritain, c’est le Seigneur.

Nous voyons dans Jean que pour l’insulter les hommes lui disaient : « Tu es un Samaritain ! » Il prend ce titre — pauvre, étranger, méprisé de tous, repoussé des Juifs, Il va « son chemin », chemin qui l’amène en contact avec ce pauvre misérable.

Le sacrificateur et le lévite descendaient par le même chemin que le blessé. Tous avaient abandonné le lieu de la bénédiction. Mais le Samaritain a un chemin à lui qui le met en rapport immédiat avec le mourant. Nous remarquons deux choses : « Allant son chemin », le chemin de la grâce qui le conduit vers l’homme demi-mort. Ensuite : « le voyant, il fut ému de compassion ». Il s’approche pour bander ses plaies et y verser les symboles de la force et de la joie. Il s’approche le cœur ému de compassion avec le seul remède qui puisse parfaitement guérir les plaies, et, quittant sa monture, Il y met le pauvre blessé à sa place.

Le Seigneur est descendu de sa gloire pour se mettre au niveau de pauvres pécheurs. Il a abandonné tous ses droits pour nous élever à la jouissance de ses propres droits — en faisant échange de place avec nous, Il nous met en pleine sécurité.

Le Samaritain confie le malade à l’hôtelier : « Prends soin de lui » ; il lui donne deux deniers ; « et ce que tu dépenseras de plus, moi, à mon retour, je te le rendrai ». Le prix qu’il paie est le garant qu’il met entre les mains de son remplaçant. Le prix que Jésus a payé pour nous est le garant qu’il nous a acquis pour l’avenir. En donnant sa propre vie pour notre rançon, il nous donne toutes choses avec elle. C’est un salut éternel, c’est une sûreté éternelle.

Un denier était le prix qu’on payait à l’ouvrier pour une journée de travail. Le Samaritain en donne deux et cela montre qu’il compte revenir bientôt, et quand il reviendra, il réglera tout ; l’homme n’aura rien à donner. Il prend tout en mains.

En partant, le Seigneur nous a laissés à un divin hôtelier, il nous a confiés à la garde du Saint Esprit pour nous bénir, nous conduire, nous faire attendre la venue de notre Libérateur qui réglera tout ce qui reste à régler, qui veut faire de nous ses compagnons éternellement dans le ciel et dans la gloire.


4 - Qui est le prochain de qui ?

« Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé entre les mains des voleurs ? » c’est-à-dire : lequel a été ton prochain ? Voilà où toi tu étais ; maintenant il faut savoir qui, de moi ou de la loi, est ton prochain, lequel est ton Sauveur ? Il n’y a qu’un prochain pour nous, c’est Jésus. Il nous faut apprendre à connaître ce prochain-là, apprendre à recevoir la grâce et la miséricorde avant de l’exercer. Si ton point de départ est la miséricorde, va, pars de ce point-là, et fais de même. Grande leçon que le docteur de la loi avait à apprendre, qu’il n’a peut-être jamais apprise, mais que le geôlier de Philippes avait apprise en un instant parce qu’il se voyait perdu et que son cœur rempli du moyen d’échapper au jugement avait trouvé la réponse divine : Dieu a tout fait pour toi. « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta maison ».

Si nous sommes comme le docteur de la loi, nous resterons sur le chemin pour être condamnés et jugés par Dieu. Si nous sommes comme le geôlier, nous pouvons nous adresser à Dieu ; il dit : Je te fais miséricorde ; j’ai envoyé Celui qui te donne une sécurité éternelle.