par Henri Rossier (1918) [Ajouts bibliquest entre crochets]
[Table des matières :]
1 - [1918, époque solennelle. Espoirs d’établir une paix durable dans le monde]
2 - [Venue du Seigneur préalable au règne de Christ]
3 - [Vocabulaire : Les différents termes utilisés dans le Nouveau Testament]
3.2 - [Révélation du Seigneur — Apocalupsis]
3.3 - [Apparition du Seigneur — epiphaneia]
3.4 - [Manifestation de Christ]
4 - [Renouveau de l’espérance de la venue du Seigneur. Une attente collective]
5 - [Religions humaines et ‘cri de minuit’ « Voici l’Époux »]
6 - [Apparition ou Révélation du Seigneur avec ses saints]
7 - [Le jour du Seigneur ou jour de jugement, en rapport avec l’Apparition, non pas la Venue]
8 - [Relation et distinction entre Venue et Apparition du Seigneur]
9 - [Plusieurs caractères de l’Apparition du Seigneur]
9.1 - [Révélation de la justice du Seigneur en jugement. Jugement des vivants, non pas des morts]
9.3 - [« Admirés dans tous ceux qui auront cru ». Manifestation de la foi]
9.4 - [Le Seigneur glorifié dans Ses saints. Attribution des couronnes]
10 - [Autres passages sur l’importance pratique de l’Apparition du Seigneur]
11 - [Importance pratique du jour de Christ]
12 - [Des confusions sur l’Apparition : sources de troubles]
13 - [Encore une autre étape : le tribunal de Christ]
15 - [Les événements prophétiques postérieurs à la Venue du Seigneur]
16 - [Prière pour tenir ferme jusqu’à la Venue]
Personne ne doute que la période actuelle de l’histoire du monde
ne soit critique et solennelle au suprême degré. Des événements inouïs ont eu
lieu et l’appréhension journalière d’événements nouveaux pèse lourdement sur
les esprits des hommes. On entend exprimer partout la crainte que les commotions
présentes n’en présagent d’autres, plus tragiques encore ; cependant un
grand nombre de personnes se bercent de l’espoir qu’il se produira une accalmie
et que le monde pourra jouir d’une paix, sinon définitive comme on l’espérait
au début de cette guerre, du moins offrant quelque garantie de durée. Ces
hommes pensent que des victoires, amenant un groupement plus favorable des
nations, que des traités équitables entre elles, mettront le monde à l’abri dès
conflits meurtriers qui l’ébranlent aujourd’hui jusque dans ses fondements.
Nous ne nions point qu’une accalmie ne soit possible,
car cela dépend
des voies de Dieu, dont le chrétien connaît bien le but
(l’établissement
final du règne glorieux de Christ sur la terre), mais dont la marche ne lui est
pas révélée : « Sa voie est dans la mer », nous dit le Psaume 77:19. —
Cependant même cette espérance d’une accalmie, si restreinte soit-elle,
pourrait aboutir aux plus cruelles désillusions, et, en tout cas, ceux qui sont
au courant de la prophétie ne peuvent douter un instant que cet intervalle ne
doive être de courte durée ; mais, encore aujourd’hui, Dieu use d’une
grande patience envers les hommes et ne cessera que lorsqu’il n’y aura plus
d’espoir. Il peut donc Lui convenir de donner au monde un dernier répit pour se
convertir, une occasion suprême d’entendre des appels auxquels il a été sourd
depuis tant de siècles.
Tout lecteur intelligent de la Parole de Dieu sait qu’un événement capital séparera la période actuelle déjà si troublée, d’une tribulation future, bien plus terrible encore, qui viendra « sur la terre habitée tout entière » — il sait aussi qu’un second événement capital, dernière manifestation des jugements du Seigneur avant le Millénium, inaugurera le règne glorieux de Christ.
Le premier de ces événements est la Venue
(parousia) du
Seigneur, en grâce, pour prendre les siens auprès de Lui
(*). Il ressuscitera tous les croyants endormis
depuis le début de l’histoire de ,l’homme et enlèvera avec eux, au même
instant, sans . qu’ils aient à passer par la mort, les saints vivants sur la
terre pour les introduire dans la maison de son Père. Cette rencontre avec le
Seigneur aura lieu « sur les nuées en l’air ». Comme Il le fit jadis lors de la
sortie hors d’Égypte des enfants d’Israël (Ex. 10:26), Dieu ne laissera pas
même le moindre vestige de ses bien-aimés dans un monde sur lequel ses
jugements vont s’abattre.
(*) Nous saisissons cette occasion pour établir une fois pour toutes, afin qu’il n’y ait pas occasion d’y revenir, la signification de certains termes, employés dans les Écritures au sujet de la Venue du Seigneur et des événements qui l’accompagnent, termes dont la valeur, ignorée d’un grand nombre de chrétiens, les entraîne à beaucoup de confusions. Nous recommandons aux lecteurs le contrôle scrupuleux de nos passages pour les mettre à l’abri de beaucoup d’erreurs propagées par les écrits du jour. Dans ce but, il est indispensable de consulter la version Pau-Vevey [Darby] qui donne seule une ‘garantie d’exactitude scrupuleuse.
1° La Venue (parousia) du Seigneur. Ce
mot Venue
, a été contesté très à tort. Il signifie d’habitude à la
fois le fait
qu’une personne, absente jusqu’ici, est présente, et l’acte
par lequel cette présence a lieu. La Venue du Seigneur
ne doit pas
être confondue avec la Venue (même terme grec) du Fils de l’homme (
Matth.
24:3, 30, 37, 39). La première est en grâce
,
la seconde en jugement.
Lorsque le Seigneur vient enlever son Église et ressusciter les saints
endormis, c’est comme Fils de Dieu
(Jean 5:21, 25) ; lorsqu’il
vient exercer le jugement, c’est comme Fils de l’homme
(Jean 5:27). Sa
Venue en jugement aura lieu à son Apparition (Matth. 24:30). Les mots : « La
puissance et la Venue
(même terme grec) du Seigneur » (2 Pierre 1:16), sont
sa présence en gloire dans son royaume, scène dont les disciples avaient eu
l’avant-goût et comme le tableau sur la sainte montagne (Marc 8:1 ; 2
Pierre 1:16-18). Ces deux termes : la Venue du Fils de l’homme, et la
Venue du Seigneur en puissance n’ont rien à faire avec la Venue du Seigneur
pour ressusciter, transmuer et enlever les saints.
Voyez pour la Venue
du Seigneur :
1 Cor. 15:23 ; 1 Thess. 2:19 ; 3:13 ; 4:15 ; 5:23 ; 2
Thess. 2:1 (8) ; Jacq. 5:7-8 ; 2 Pierre 3:4 ; pour la Venue
d’hommes,
expliquant que le sens de ce mot n’est pas simplement la présence
:
1 Cor. 16:17 ; 2 Cor. 7:6, 7 ; Phil. 2:12.
2° La Révélation
(apocalupsis) du
Seigneur est la manifestation, soit devant l’âme, soit devant les yeux, du
Seigneur, comme un Objet qui avait été caché jusqu’alors.
Cette Révélation
sera la joie de ceux qui ont cru et tournera à la confusion de ceux qui n’ont
pas voulu le reconnaître par la foi au temps où il était caché, c’est pourquoi
ce terme n’est pas seulement appliqué à la Révélation de la gloire
du
Seigneur, mais aussi à la Révélation du jugement
qu’il exécutera.
Voyez pour la Révélation en gloire : Rom. 8:19 ; 1 Cor. 1:7 ; 1 Pierre 1:7, 13 ; 4:13 ; 5:1. Pour la Révélation en jugement : Luc 17:30 ; Rom. 2:5 ; 1 Cor. 3:13 ; 2 Thess. 1:7 ; 2:3, 6, 8 ; Apoc. 1:1. — Pour la Révélation à l’âme : 1 Cor. 14:6, 26 ; 2 Cor. 12:1, 7 ; Gal. 1:12 ; 2:2 ; Éph. 1:17 ; 3:3.
3° L’Apparition (epiphaneia)
du
Seigneur est le fait que Sa personne, invisible jusque-là, est enfin vue ou
rendue visible.
Telle fut la première Apparition de Christ, venant en grâce
comme homme dans ce monde ; telle sera sa seconde Apparition en jugement
et en gloire, quand « tout oeil le verra » et qu’il continuera dès lors à être
vu.
C’est lors de l’Apparition de Christ que les
fruits de la conduite des chrétiens sont manifestés aux yeux de tous
et
que le règne du Seigneur est inauguré.
Voyez pour la première apparition de Christ : Tite 2:11 ; 3:4 ; Luc 1:79.
Pour la seconde Apparition : 1 Tim. 6:14 ; 2 Tim. 1:10 ; 4:1, 8 ; Tite 2:13 ; 2 Thess. 2:8 ; — pour le sens du mot : Actes 27:20.
4° La Manifestation (phanerôsis, phaneroô)
de Christ
est la mise en lumière, en évidence, de Celui qui est
actuellement caché en Dieu, mais dont l’existence est déjà connue
. Il en
sera de même pour la manifestation des siens. Voyez entre autres : Jean
1:31 ; 2 Cor. 4:10, 11 ; 1 Tim. 3:16 ; Col. 3:4 ; 1 Jean
1,2 ; 3:2.
5° Le jour du Seigneur
est toujours un
jour de jugement et désigne dans le Nouveau Testament non pas un jour de 24
heures, mais une période, commençant après
la Venue du Seigneur pour les
siens, et embrassant les événements prophétiques jusqu’à l’Apparition du
Seigneur, y comprise. En 2 Pierre 3, le jour du Seigneur s’étend au delà
de
cette Apparition jusqu’à la dissolution des cieux et de la terre actuels. Le jour
de l’Éternel
qui correspond dans l’Ancien Testament au « jour du Seigneur »
désigne le temps de la colère et des jugements de Dieu, soit sur Israël, soit
sur les nations. Après avoir été annoncé par les prophètes, ce jour a eu son
accomplissement partiel
aux temps passés, accomplissement qui n’est que
l’avant-coureur des temps et des jugements prophétiques à venir. Ce sera le
temps de « la détresse de Jacob » qui toutefois en sera délivré pour jouir de la
bénédiction des derniers jours.
Voyez pour le jour du Seigneur : Actes 2:20 ; 17:31 ; 1 Cor. 3:13 ; 5:5 ; 2 Cor. 1:14 ; 1 Thess. 5:2 ; 2 Thess. 2:2 ; Hébr. 10:25, 27 ; Apoc. 6:17 ; 16:14. Pour le jour de l’Éternel, entre autres : És. 13:6, 9 ; Ézéch. 30:3 ; Jér. 46:10 ; Joël 1:15 ; 2:1, 11, 31 ; Amos 5:18, 20 ; Abd. 15 ; Soph. 1:7, 14 ; Mal. 3:2 ; 4:1, 5.
6° Le jour de Christ
, et aussi le
terme Ce jour-là,
ont un sens étendu. Ce jour commence lorsque l’Étoile
du matin, la Venue du Seigneur, qui n’est que l’aube de ce jour, a introduit
les rachetés dans la gloire céleste. Le jour de Christ se continue devant le
tribunal de Christ où a lieu la « promotion » des croyants, c’est-à-dire la
distribution ou la perte des couronnes. Ce jour se termine, après les « noces de
l’Agneau », par la manifestation publique du Seigneur avec ses saints portant
leurs couronnes. Alors les conséquences de leur conduite seront, non seulement
vues dans le ciel
, comme lors du tribunal, mais manifestées aux yeux de
tous quand le Seigneur apparaîtra.
Voyez Phil. 1:6, 10 ; 2:16 ; 2 Tim. 1:12, 18 ; 4:8.
7° La fin des jours
est toujours dans
l’Ancien Testament la période de bénédiction qui suit les derniers jugements,
c’est-à-dire l’établissement du Règne millénaire et la restauration finale des
Juifs et des nations. Voyez : És. 2:2 ; Jér. 23:20 ;
30:24 ; 48:47 ; 49:39 ; Daniel 10:14 ; Osée 3:5 ;
Actes 2:17.
Dans le Nouveau Testament les derniers
jours
sont au contraire ceux du plein développement du mal, la chrétienté
ne devant jamais
être restaurée comme le sera Israël. Voyez : 2
Tim. 3:1 ; Jacq. 5:3 ; 2 Pierre 3:3.
8° L’heure.
Ce mot est souvent employé
par Jean pour indiquer une période de temps, soit très étendue, soit plus
limitée. Voyez Jean 5:25, 28 ; Apoc. 3:10 ; 14:7 ; 18:10. En
beaucoup d’autres passages l’heure
est l’arrivée subite
d’un
jugement qui pourra se prolonger ensuite. Voyez : Matth. 24:36, 42, 44,
50 ; 25:13 ; Apoc. 3:3.
9° Le jour de Dieu
est le jour qui
succédera à la destruction des cieux. et de la terre, et au jugement des morts
devant le grand trône blanc. Ce sera le jour éternel
des nouveaux cieux
et de la nouvelle terre où la justice habite (
2 Pierre 3:12).
En contraste avec les appréhensions, les illusions et les haines
que la guerre actuelle entretient dans l’esprit des hommes, quelle n’est pas la
joie de tous ceux qui depuis longtemps attendent le Seigneur, de voir
aujourd’hui
l’espérance de sa Venue
prochaine, naître, comme tout de
nouveau, dans le coeur des croyants. Cette espérance se ranime en diverses contrées,
en France, en Suisse, en Amérique et particulièrement en Angleterre. De très
nombreux écrits en font foi. C’est un souffle puissant devant lequel devraient
tomber les barrières au dedans desquelles Satan a réussi à parquer les brebis
du Seigneur, les membres de Christ. Peut-être ces derniers n’ont-ils pas encore
les yeux ouverts pour reconnaître ce péché et s’en humilier, mais le moment
arrivera où ils verront que les sectes auxquelles les hommes donnent le nom
d’églises ont été un instrument de l’Ennemi pour frapper d’impuissance et
détruire le témoignage collectif
des chrétiens. Que rencontre-t-on, en
effet, dans les partis religieux qui divisent la chrétienté, sinon le mélange
des enfants de Dieu avec le monde, la confusion entre une profession sans vie
et ceux qui possèdent la vie et le Saint Esprit, le groupement des chrétiens
autour de principes vrais ou faux qui ont usurpé la place de la personne
bénie du Seigneur, enfin l’indifférence à ce qui a renié ou déshonoré son
Nom ! Quelle joie de voir disparaître, à la Venue
du Sauveur, les
entraves qui retiennent captifs les chers enfants de Dieu, de voir les portes
s’ouvrir, comme jadis celles de la prison de Philippes, et les liens de tous
être détachés en un instant ! (Actes 16:26).
Dans les heures de violence, de corruption et de mensonge que
nous traversons, au milieu des ténèbres croissantes qui envahissent le monde et
le coeur des hommes, l’Esprit de Dieu, pareil au vent qui souffle où il veut et
dont nous entendons le son, prépare les saints à cet événement prochain :
la Venue du Seigneur
. Le cri de commandement, la voix de l’Archange et
la trompette de Dieu sont près de retentir. En vue de ce moment, l’Esprit agit
pour réunir les enfants de Dieu au moyen d’une commune espérance. « Il faut, pour
la gloire du Fils de Dieu », disait un frère, « qu’Il trouve, quand Il viendra,
non pas des chrétiens isolés et dispersés, mais un peuple qui l’attende
».
C’est pourquoi aussi nous voyons tout à la fin de la parole de Dieu, non pas
seulement : « Que celui qui entend dise : Viens », mais, en premier
lieu, une attente collective : « L’Esprit et l’Épouse
disent :
Viens ! »
Un chrétien de notre connaissance fit une fois un rêve
singulier. Il se voyait « portier » dans la gare de sa ville natale, attendant
que le train fût signalé pour ouvrir les portes des trois salles d’attente.
Soudain le sifflet strident de la locomotive annonce l’arrivée du convoi. Notre
homme ouvre aussitôt les portes des salles ; il veut crier : « Le
train arrive », mais les mots : « Le Seigneur vient ! » sortent de sa
bouche. Une foule immense se précipite sur le quai ; les classes se
confondent ;
un seul objet les réunit. Tous les voyageurs se tiennent
là, dans un silence solennel, les yeux levés vers le ciel, au lieu de se fixer
sur la voie.
Cher lecteur ; aujourd’hui le signal est donné de nouveau. Les chrétiens l’avaient-ils entendu, il y a 80 ans, quand le cri de minuit : « Voici l’Époux vient, sortez à sa rencontre ! » fut poussé pour la première fois après des siècles d’ignorance au sujet de l’espérance chrétienne ? Écoutez ce dernier appel ! abandonnez vos intérêts mesquins, vos barrières vermoulues ; jugez même ce que les hommes appellent « leur religion », religion qui est, hélas ! en voie d’aboutir à l’affreuse apostasie finale. Le dernier livre de la Bible se termine par ces mots : « Oui, je viens bientôt ». Votre coeur répond-il : « Amen ! viens Seigneur Jésus ? » (Apoc. 22:20).
Nous avons dit plus haut qu’un second événement capital viendra clore
pour un temps le jour du Seigneur
ou l’ère des jugements prophétiques en
inaugurant le règne glorieux et la domination universelle du Christ. Cet
événement est l’Apparition ou la Révélation du Seigneur avec ses saints,
second
acte de sa Venue,
car le premier acte les aura ravis à la rencontre du
Seigneur dans les nuées, en l’air, pour les introduire dans la maison de son
Père. C’est comme Fils de Dieu
qu’il vient les prendre auprès de Lui.
Lors de son apparition, appelée aussi « la Venue du Fils de l’homme
»
(Matth. 24:37, 39), il ramènera avec Lui tous les saints célestes pour établir
son Royaume par l’exercice du jugement. Son Apparition
est un des sujets
constants des prophéties de l’Ancien et du Nouveau Testament ; sa Venue
est un mystère
qui n’est révélé que dans le Nouveau (1 Cor. 15:51-55) ;
mais ce mystère est si intimement lié à l’Apparition du Seigneur que ce dernier
événement est présenté en 2 Thess. 2:8 comme « l’Apparition de sa Venue
»,
c’est-à-dire comme en étant le second acte. Néanmoins un intervalle, rempli
d’innombrables péripéties, sépare ces deux actes l’un de l’autre et comprend
tous les événements et jugements prophétiques, qui précèdent l’établissement du
royaume millénaire de Christ.
Il est très important de remarquer que le terme : le
jour du Seigneur
, jour de jugement, a toujours à faire avec Sa Révélation
ou Son Apparition, et jamais avec Sa venue. La Venue du Seigneur, couronnement
du jour de la grâce, nous introduira dans la gloire céleste ; Son
Apparition, avènement du règne millénaire de justice et de paix, introduira le
peuple d’Israël et les nations dans la gloire terrestre. Ce Règne, auquel les
saints célestes seront associés, ne pourra être établi que par l’exécution de
la justice rétributive confiée au Fils de l’homme. Tous les rachetés auront
part à Sa Venue
sans que leur conduite, bonne ou mauvaise, soit mise en,
question, car la grâce seule y sera en jeu ; toutefois l’espérance de Sa
Venue est le ressort constant d’une marche de vraie sainteté et d’amour chez
les chrétiens fidèles (voyez 1 Thess. 2:19 ; 3:12, 13 ; 5:23). Une fois
introduits dans la gloire, les saints ressuscités ou transmués comparaîtront,
au jour de Christ,
devant Son tribunal, non pour y subir un jugement
personnel, puisque la Venue du Seigneur, les aura rendus semblables à Lui dans
la gloire, mais pour y recevoir des couronnes en récompense de leur fidélité,
ou pour en être privés à jamais si leur vie ici-bas n’a pas répondu à la
justice pratique et à la sainteté, que le Seigneur attend des siens.
On ne peut assez insister sur le fait que l’Apparition du Seigneur,
tout en étant absolument différente de Sa Venue, s’y rattache d’une manière
intime et ne peut en être dissociée. Il est à craindre que le réveil actuel, si
digne d’être accueilli avec une grande joie par tous ceux dont la Venue du
Seigneur est l’espérance depuis longtemps, ne soit affaibli, si ces deux côtés
de la vérité ne sont pas fermement maintenus et distingués. Déjà plusieurs
écrits, publiés à ce sujet, font naître cette appréhension. On pourrait n’être
au clair ni sur la portée, ni sur la suite des événements prophétiques qui,
dans l’avenir, bouleverseront le monde — et les prophéties contiennent, en
effet, plus d’un point obscur, révélé aux seuls croyants qui d’un coeur soumis
s’attendent à l’Esprit de Dieu pour être instruits — mais ces événements ne
font pas partie de notre espérance. L’espérance chrétienne est la Venue du
Seigneur en grâce, jointe à son Apparition en gloire,
bien qu’elles soient
séparées l’une de l’autre par tous les jugements prémillénaires (1 Thess. 1:3,
10 ; Col. 1:27 ; 3:4 ; 1 Jean 3:2, 3) ; et, dans l’un et
l’autre cas, tous les saints y participent. Mais, disons-nous, l’on ne peut
assez insister sur le fait qu’à l’Apparition du Seigneur, la fidélité que nous
lui avons montrée dans notre vie et notre témoignage ici-bas, sera pleinement
manifestée par les couronnes que nous aurons reçues devant le tribunal de
Christ.
L’Apparition
du Seigneur elle-même a plusieurs
caractères :
Elle est d’abord la Révélation (il n’est jamais parlé, au sujet
de la Venue
du Seigneur, ni de sa Révélation, ni de sa Manifestation) de
sa justice en jugement, car, comme sa grâce sera glorifiée à Sa venue, il
faudra que sa justice le soit à son Apparition. Dieu ne peut pas plus abandonner
sa justice que son Amour. Le jugement que le Seigneur exécutera, quand le ciel
s’ouvrira pour son Apparition avec ses armées, sera le jugement des vivants
et non pas le jugement des morts
.
L’Apparition du Seigneur est en second lieu l’inauguration
(par le jugement) de son Règne de paix et de justice sur la terre ; elle
est aussi la délivrance des saints, terrestres, Juifs ou Gentils, qui auront
part au Royaume du Christ après avoir traversé la grande tribulation.
Comme troisième caractère de son Apparition, le Seigneur
montrera que la simple foi
en Lui a donné à ses rachetés le droit de
partager la gloire publique de son règne. Il sera « admiré dans tous ceux qui
auront cru
» (2 Thess. 1:10). Même au cas où leur infidélité les aurait
privés de récompense, il sera publiquement manifesté que la grâce de Dieu a
finalement triomphé de toutes leurs misères, et de toutes les chutes qui ont
nécessité Ses châtiments et Sa discipline pendant leur carrière terrestre, pour
les associer avec Lui dans son Royaume.
C’est enfin à son Apparition qu’Il « sera glorifié dans ses
saints
» et nous devons insister sur ce point : Le monde verra que ceux
qu’il avait méprisés, calomniés, persécutés, avaient été fidèles, avaient
trouvé leur joie à suivre Jésus, à souffrir avec Lui et pour Lui, s’étaient
appliqués à vivre saintement, justement et pieusement en attendant la bienheureuse
espérance de sa Venue en grâce et l’Apparition de la gloire
de notre
grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ (Tite 2:12-13). C’était ce qui faisait dire
à l’apôtre Paul : « J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai
gardé la foi : désormais m’est réservée la couronne de justice
, que
le Seigneur, juste juge
, me donnera dans ce jour-là, et non seulement à
moi, mais à tous ceux qui aiment son Apparition
» (2 Tim. 4:7-8).
L’apôtre avait accompli toutes ces choses (et d’autres
chrétiens, dès lors, ont suivi le même chemin), en vue de glorifier le Seigneur
à son Apparition, et pour qu’Il ait alors un cortège digne de Lui, dans la
personne de Ses bien-aimés, auxquels il aura donné des couronnes comme marque
publique de leur fidélité et de Son approbation. Aussi l’apôtre désirait-il que
le nom de notre Seigneur Jésus Christ fût glorifié ici-bas dans ses chers
Thessaloniciens, afin que Christ lui-même pût se glorifier en eux à son
Apparition (2 Thess. 1:10-12). C’est en vue de son Apparition que le Seigneur
mettra sur leurs têtes des couronnes de justice, de vie, ou de gloire,
récompenses de leur dévouement à leur Maître, mais qui serviront de parure à
son cortège royal quand il entrera dans son Règne. Ils seront comme « les hommes
forts de David » qui entouraient son trône au jour de sa puissance. Leur but
n’avait
pas été d’acquérir des récompenses, mais de glorifier leur Seigneur en le
servant ; Lui, manifestera aux yeux de tous les récompenses octroyées
devant son tribunal, afin de proclamer l’estime qu’il a fait de leur service.
C’est alors que le Seigneur dira à ses esclaves : « Tu as été fidèle en peu
de chose ; je t’établirai sur beaucoup : Entre dans la joie de ton
Seigneur » (Matth. 25:21, 23).
Telle est, pour les chrétiens, l’immense importance pratique de l’Apparition de Christ. En affaiblir la portée serait faire bon marché de notre responsabilité et oublier qu’il faut que Christ soit glorifié dans ses saints pour Sa propre gloire et Sa propre joie. Quelques autres citations suffiront à prouver la liaison entre notre responsabilité et Son Apparition :
1 Tim. 6:14 : « Garde ce commandement sans tache et
irrépréhensible
jusqu’à l’Apparition de notre Seigneur Jésus Christ ».
2 Tim. 4:1 : « Je t’en adjure devant Dieu et le Christ Jésus
qui va juger vivants et morts, et [je t’en adjure] par son Apparition et par
son Règne
, prêche la Parole, insiste en temps et hors de temps, convaincs,
reprends, exhorte… » Ici toute l’activité du serviteur de Christ a lieu en vue
de Son Apparition et de son Règne.
1 Pierre 4:13 : « En tant que vous avez part aux
souffrances
de Christ, réjouissez-vous, afin qu’aussi, à la Révélation
de sa gloire
vous vous réjouissiez avec transport ». L’épreuve traversée
pour Christ ici-bas aura sa pleine récompense, à la Révélation de Sa gloire.
1 Cor. 3:13 : « L’ouvrage de chacun sera rendu manifeste
,
car le jour
le fera connaître, parce qu’il est révélé en feu » (cf :
2 Thess. 1:7). Le jour de la manifestation du Seigneur, qui est le jour de son
Apparition en jugement, sera celui de la manifestation de notre oeuvre.
Il en est de même du jour de Christ,
qui commence par la
manifestation des saints devant le tribunal de Christ et se termine par leur
manifestation publique. Ainsi :
Phil. 1:10 : « Je demande… que vous discerniez les choses
excellentes, afin que vous soyez purs
et que vous ne bronchiez pas
jusqu’au
jour de Christ
». S’agit-il de marche et de responsabilité, c’est
toujours à ce jour-là qu’elles doivent aboutir.
De même : Phil. 2:16, ils devaient être « sans reproche et
purs, des enfants de Dieu irréprochables
pour la gloire de l’apôtre au jour
de Christ
». C’est dans ce jour-là que l’apôtre recevra la récompense de son
propre travail parmi les Philippiens.
Les chrétiens qui, autrefois, ignoraient ou combattaient la
Venue du Seigneur, — c’est-à-dire l’espérance chrétienne proprement dite, —
considéraient Son Apparition comme le jugement final par lequel devaient passer
les justes et les méchants, les justes, avec l’espoir d’échapper à ce jugement,
les méchants, pour être jetés en enfer. Ils confondaient à la fois la Venue du
Seigneur, son Apparition, le tribunal de Christ, la fin du monde et le grand
trône blanc. De plus, ils ne connaissaient pas la distinction si importante
entre le jugement des vivants
et le jugement des morts.
Grâce à
Dieu, la plupart de ses enfants sont revenus aujourd’hui d’une partie de ces
erreurs. L’Apparition
du Seigneur n’a rien à faire avec le jugement des
morts, et encore moins avec le jugement des croyants, puisqu’il est dit de
ceux-ci qu’ils ne viendront point en jugement, mais sont passés de la mort à la
vie (Jean 5:24). Cette Apparition a lieu pour le jugement des vivants, exécuté
sur les nations rassemblées par Satan contre Christ (Apoc. 19:11-21). Il n’est
jamais dit qu’à Sa Venue
le Seigneur apparaîtra.
Comment le,
monde pourra-t-il voir ce qui se passera en un clin d’oeil ? Quand Il
viendra, ses saints seront ravis dans les nuées à Sa rencontre en l’air ;
quand Il apparaîtra il viendra Lui-même avec les nuées et tout oeil le verra (Apoc.
1:7). À sa Venue ses saints seuls
le verront tel qu’Il est et lui seront
rendus semblables.
La conclusion de ce que nous venons de dire, c’est que la responsabilité
des saints n’est pas mise en question à la Venue du Seigneur et qu’elle ne sera
réglée
qu’après leur introduction dans la gloire, devant le tribunal de
Christ. Ensuite, lors de l’Apparition ou de la Révélation du Seigneur avec ses
saints, les fruits de la sainteté quant à leur marche, de leur fidélité dans le
service, de leur énergie dans la lutte, de leur persévérance dans la poursuite
du but, de leurs souffrances pour le nom de Christ, seront pleinement et
publiquement manifestés
. S’ils n’ont pas pratiqué ces choses dans leur
vie ici-bas, ils en éprouveront une perte et pourra-t-il leur être indifférent
d’être obligés de confesser : J’ai déshonoré ton nom ; j’ai perdu ma
couronne, et tu l’as donnée à d’autres ? Pour que nous puissions « aimer
son Apparition
», il faut que nous ayons à coeur de glorifier le Seigneur
dans notre conduite ; autrement, jamais nous ne pourrons envisager avec
joie le moment ou nous serons manifestés publiquement
et aux yeux de
tous
dans une lumière parfaite, après avoir déjà été manifestés à Dieu
et à tous les saints glorifiés
devant le tribunal de Christ. C’était en vue
de ce tribunal que l’apôtre voulait être déjà manifesté à Dieu ici-bas (2 Cor.
5:11) : son coeur sans fraude, sondé et connu de Dieu Lui-même, ne
cherchait pas à Lui rien cacher pendant sa vie dans ce monde.
La Venue
du Seigneur est le moment où Il recueillera tous
les fruits de Sa grâce ; son Apparition
, le moment où ces fruits
seront manifestés avec éclat, quand il associera les Siens à la gloire de son
Règne, et témoignera publiquement sa pleine approbation à ceux que le monde
avait méprisés et fait souffrir parce qu’ils portaient le nom du Crucifié.
Quelque précieux que soit le réveil produit actuellement par l’Esprit de Dieu dans le monde, il est utile d’en signaler les lacunes à nos frères en Christ. L’Ennemi est toujours, prompt à se servir de notre ignorance ou de notre indépendance de la Parole, pour ruiner l’oeuvre de Dieu. Plusieurs des écrits qui tombent sous nos yeux confondent en beaucoup de points la Venue et l’Apparition du Seigneur. D’autres placent même les personnages et les événements prophétiques avant sa Venue. Cette confusion risque d’amoindrir d’une part la responsabilité du chrétien et pourrait nuire de l’autre à la libre et pleine joie de son espérance.
Aujourd’hui le Seigneur agit manifestement pour rassembler les
siens. Soyons de ceux qui l’attendent journellement et que l’espérance de sa Venue
délivre de tout lien incompatible avec elle. Soyons aussi de ceux qui aiment
son Apparition et vivent non seulement dans l’attente « de la bienheureuse
espérance », mais en vue
de « l’Apparition de la gloire de notre grand
Dieu et Sauveur Jésus Christ ».
Puissent tous les chers enfants de Dieu qui s’intéressent au réveil actuel insister puissamment sur ces deux côtés de la vérité.
Entre la Venue du Seigneur et son Apparition s’intercalent presque
(*) tous les événements prophétiques :
Satan précipité sur la terre dès que l’Église est montée dans le ciel, l’Empire
romain ressuscité avec ses dix rois et son chef impérial à Rome, le peuple juif
incrédule rentré en Palestine pour y tomber bientôt sous le joug de
l’Antichrist, le faux prophète, l’homme de péché, qui ne sera révélé qu’alors,
la grande tribulation s’étendant au monde entier, la détresse spéciale du
Résidu d’Israël, la domination et la chute de la grande Babylone, etc. Mais,
pour nous, chrétiens, la Venue du Seigneur est d’un intérêt souverain et n’appartient
en aucune manière aux événements prophétiques puisqu’elle est le couronnement
de l’ère de la grâce
. Elle dépasse en importance tout autre
événement ; car c’est alors que nous le verrons, Lui, notre Sauveur
bien-aimé, comme l’Étoile brillante du matin, dans la splendeur de sa beauté
céleste et que nous lui serons semblables. Ceux qui dorment la nuit et
s’enivrent la nuit ne verront pas cette Étoile. Énoch, après son enlèvement fut
cherché sans doute, mais ne fut pas plus trouvé
qu’Élie enlevé au ciel
sur les chariots d’Israël et que l’Église enlevée dans les nuées. Quand le
Seigneur se lèvera comme le Soleil de justice, au jour de son Apparition,
quelle joie pour ses saints de le contempler dans sa magnificence et d’être
associés avec Lui, comme ses compagnons dans la gloire et comme son Épouse
bien-aimée sur le trône de Son Royaume !
(*) Nous disons « presque » à cause de la révolte de Gog et Magog après le Millénium.
Donne, ô Seigneur, à tous tes bien-aimés, de garder jusqu’au bout la « parole de ta patience » (Apoc. 3:10). N’attends-tu pas patiemment toi-même de nous avoir avec toi ? Tes désirs se portent vers ton Épouse et vers le moment où l’ayant réunie, à toi pour toujours, tu te la présenteras glorieuse ! Mais, au cas où les tiens n’aient pas jusqu’ici gardé et cultivé cette espérance, que leurs oreilles et leurs coeurs s’ouvrent aujourd’hui à ces paroles que tu leur adresses peut-être pour la dernière fois : « Oui, je viens bientôt ! » Donne aussi à tous tes rachetés la force et le courage de tenir ferme ce qu’ils ont, ta Parole et ton Nom, jusqu’à ta Venue, et de marcher dans la sainteté en vue de ton Apparition, afin qu’ils ne soient pas privés de leur couronne, au jour où Tu seras révélé !