par Henri Rossier (1916)
Tables des matières :
2 - CHAPITRES 1 à 2 : Le grand jour de l’Éternel
2.1.1 - Jugement général tombant sur la création. v. 2, 3
2.1.2 - Jugement de Juda et de Jérusalem. v. 4-13
2.1.3 - Jugement des vivants. v. 14-18
2.2 - Chapitre 2 : Jugement d’Israël apostat et des nations. Formation d’un Résidu.
2.2.1 - Israël apostat. Un Résidu fidèle est préservé. v. 1-3
2.2.2 - Jugement des Philistins. v. 4-6
2.2.3 - Moab, les fils d’Ammon, les Éthiopiens. v. 8-12
3 - CHAPITRE 3 : Jugement final et restauration finale
3.1 - L’Éternel comme juge au milieu de Jérusalem : v. 1-7
3.3 - Restauration glorieuse du peuple sous le règne du Roi d’Israël. v. 14-20
Le livre de Sophonie offre deux particularités. Il ne sépare plus, comme d’autres prophètes, le peuple d’Israël des nations, dans ce sens qu’il fait tomber un même jugement sur lui et sur elles, car, ayant en commun les mêmes caractères que l’homme déchu et particulièrement l’idolâtrie, ils doivent subir une commune sentence.
Mais Dieu — c’est la seconde particularité de notre prophète — sépare
de la masse ceux qu’il veut
épargner. Ainsi se forme le Résidu
d’Israël
. Sophonie ne nous parle pas d’un Résidu des nations (ou plutôt
n’aborde ce sujet qu’incidemment, 2:8-10), quoique ce dernier fasse partie du
plan de Dieu pour l’avenir ; tandis que d’autres prophètes mentionnent le
rétablissement des captifs de Moab et d’Ammon, d’Élam et d’Égypte, c’est-à-dire
la formation d’un Résidu de ces peuples qui aura part à la Restauration finale
(Jérémie 48:47 ; 49:6, 39 ; Ézéch. 29:14).
Notre prophète annonce seulement que, bien qu’Israël partage le
même jugement que les nations, la grâce de Dieu tirera de ce peuple condamné un peuple nouveau
. Sa formation et sa
bénédiction éternelle donnent au livre qui nous occupe un cachet d’incomparable
fraîcheur.
Le Résidu est le fruit d’un Réveil
au milieu du peuple incrédule. Les Réveils, comme nous l’avons fait voir en
d’autres écrits, n’entravent jamais le déclin, et ne changent en aucune manière
l’état de la masse du peuple. Dieu a deux buts en les produisant : le premier
est de susciter un témoignage
, dont
le rejet rendra le peuple inexcusable ; le second, comme nous venons de le
voir, est de mettre à part, en vue de la constitution future d’un nouveau
peuple, un certain nombre de fidèles ayant servi l’Éternel au milieu du déclin
et de l’apostasie générale. Le produit du Réveil devient ainsi la souche du peuple de Dieu.
C’est sur le Résidu que
nous voyons se concentrer la sollicitude de l’Éternel ; c’est lui qu’Il
préserve au milieu de la grande tribulation, de la terrible « détresse de
Jacob » ; lui, qu’Il sépare de la nation apostate vouée à la destruction
finale ; enfin, c’est en lui que se concentrent les caractères du peuple
futur, peuple de franche volonté dont la jeunesse sortira comme la rosée du
sein de l’aurore (Ps. 110). Le Résidu, d’abord petit et méprisé, croîtra et
deviendra une nation innombrable comme les étoiles des cieux et le sable du
bord de la mer ; ce peuple entourera le trône du grand Roi à Jérusalem et
aura la domination sur toutes les autres nations. D’entre ces dernières, une
grande foule que personne ne pourra dénombrer (Apoc. 7) se soumettra, par la
foi, au sceptre millénaire de Christ, tandis que ceux d’entre les peuples qui
n’auront pas été détruits lors de l’apparition de Christ, ne se soumettront à
Lui qu’avec « des lèvres menteuses » (Ps. 18:44 ; 66:3). Ils seront anéantis
lors de la révolte finale suscitée par Satan, délié de sa prison à la fin du
millénium, révolte qui précédera l’apparition du jour de Dieu
(Apoc. 20:7-9 ; 2 Pierre 3:12). Il n’en sera pas
ainsi du peuple de l’Éternel : constitué par le Résidu, « tout Israël
sera sauvé » (Rom. 11:26). Ceux d’entre eux qui seront
des « méchants » (car le millénium n’est pas le jour éternel
où tout sera parfait) seront « retranchés chaque matin du
pays » (Ps. 101:8).
Nous venons de le dire : la formation d’un Résidu est toujours le résultat d’un Réveil. C’est ainsi que ce Résidu se formera à Jérusalem, au milieu du peuple juif rentré dans l’incrédulité en Palestine (Dan. 12:3, 10). Il est remarquable que, parlant d’une manière exclusive de ce Résidu prophétique d’Israël, Sophonie soit appelé à prophétiser lors du dernier Réveil de ce peuple mentionné par la Parole, sous la royauté de Josias.
Sophonie, s’il est lui-même de race royale, comme on le pense,
descend du roi Ézéchias. Ainsi, sous Josias, le Réveil du temps d’Ézéchias
recommence, quand les bénédictions accordées à David sont perdues, et Sophonie
devient lui-même l’instrument pour proclamer le Réveil prophétique et la
formation d’un Résidu parmi l’ancien peuple de Dieu. Le Réveil sous Josias se
produisit lors de la découverte du livre de la loi. Josias y lut que la colère
de Dieu s’était déversée sur Israël parce que « les pères n’avaient pas gardé la
parole de l’Éternel pour faire tout ce qui était écrit dans ce livre ». Alors le
roi « consulta l’Éternel pour lui-même et pour
ce qui était de reste
en Israël et en Juda » (2 Chron. 34:21). Hulda, la
prophétesse, annonça les malédictions
de
Dieu contre Jérusalem, mais ajouta qu’en vertu de l’humiliation de Josias, lui,
le chef du Résidu, serait épargné
(v.
23-28). Nous avons donc, en type, dans Josias, le sujet capital du livre de
Sophonie.
Ce Réveil final aura pour but de préparer le coeur et la
conscience du Résidu pour le règne de Christ, comme roi d’Israël,
aussi Sophonie ne nous présente-t-il le Seigneur que
sous ce caractère : « Le roi d’Israël,
l’Éternel,
est au milieu de toi » (3:15). Il n’est pas question ici, comme en Ésaïe,
Zacharie, Michée et d’autres prophètes, des souffrances expiatoires du Messie
et des gloires qui devaient les suivre (1 Pierre 1:11), mais de la puissance et de la venue du Roi
(2
Pierre 1:16), vainqueur et triomphateur qui, après avoir sauvé
le peuple de son choix, trouve ses délices en lui.
Trois faits sont donc immédiatement unis ensemble dans la
prophétie de Sophonie : 1° L’iniquité et l’idolâtrie du peuple d’Israël et
des nations et le jugement qui tombera conjointement
sur eux tous, quoique devant être bien plus sévère sur Israël apostat, qui
était à l’origine séparé des gentils idolâtres. 2° La formation d’un Résidu
selon l’élection de grâce. 3° Le Résidu devenant le seul vrai Israël, réuni
sous le sceptre du Roi Messie.
Mais d’autres traits caractérisent encore notre prophète : du
commencement à la fin, quand il est question du jugement, Sophonie parle du jour de l’Éternel.
Nous avons vu souvent, dans le cours de ces études, que ce jour
peut avoir un accomplissement partiel et préliminaire (voyez, par exemple, Joël
1). Ici, en effet, ce jour est comme pressenti
lors de la terrible attaque de Nébucadnetsar ; mais, quelque affreux
que fût ce jugement, il n’était qu’une faible image du jour de l’Éternel.
Aussi, Babylone, agent historique
du
jugement, n’est pas même nommée
dans
Sophonie, ce prophète ayant en vue le jugement final,
et non, comme Habakuk, la conduite du juste, vivant de sa
foi pendant les jours du jugement historique. Le jour de l’Éternel est donc,
avant tout, pour Sophonie, un jour prophétique
,
où l’Éternel, au lieu d’employer, comme précédemment, des instruments de sa
vengeance, jugera lui-même.
C’est
pourquoi le nom des Chaldéens est passé sous silence par Sophonie, bien qu’ils
soient historiquement,
dans ce
prophète, la seule nation en vue, pour le jugement de la Philistie, d’Ammon, de
Moab, de l’Assyrien, et enfin de Jérusalem elle-même.
Le jour de l’Éternel
est
appelé le jour du Seigneur
dans le
Nouveau Testament. C’est le jour du jugement et de la vengeance. Le jour de Christ
n’a pas la même
signification, car c’est le jour qu’attendent les chrétiens, le jour de son apparition
, un jour qu’ils peuvent aimer
, qu’ils appellent, dans la crainte
du Seigneur, mais devant lequel ils ne tremblent pas (cf. Hab. 2:3, 16 ; 2
Tim. 4:8). Aimer son apparition, c’est vivre dans l’espérance de partager sa
gloire, d’obtenir son approbation quand il viendra pour distribuer aux siens
des couronnes. Alors ses témoins éprouveront une perte, ou entendront, devant
le tribunal, cette parole bénie : « Bien, bon et fidèle serviteur, entre dans la
joie de ton Seigneur. » Le jour du Seigneur regarde du côté du monde, le jour de
Christ, du côté des chrétiens. C’est le même jour, sans doute, mais avec deux
faces, l’une tournée vers les réprouvés et les ténèbres, l’autre vers les élus
et la pleine lumière de la présence de Dieu.
En Sophonie, Jérusalem, comme lieu de naissance du Résidu,
occupe le premier plan dans la Restauration, quoique Juda et les dix tribus
soient aussi mentionnés. Mais, le Résidu
étant le peuple
, il n’est jamais parlé que de lui et les mots « mon peuple »,
si fréquents chez d’autres prophètes, pour indiquer l’ensemble de la nation,
Sophonie ne les prononce jamais ; tandis que le peuple incrédule est
appelé « la nation sans honte ».
Ces remarques préliminaires contribueront à faciliter l’intelligence des détails du livre que nous allons aborder.
« J’ôterai, j’enlèverai tout de dessus la face de la terre, dit l’Éternel. Je détruirai les hommes et les bêtes, je détruirai les oiseaux des cieux et les poissons de la mer, et les pierres d’achoppement avec les méchants, et je retrancherai l’homme e dessus la face de la terre, dit l’Éternel » (v. 2, 3).
Ces versets annoncent un jugement général
, en contraste avec le jugement qui atteint Juda et
Jérusalem, au v. 4, mais aussi en intime liaison avec lui. En effet, le
jugement de Juda est d’autant plus solennel qu’il a péché de la même manière
que les nations. La nature de ce péché commun est mentionnée au v. 17 : « Ils
ont péché contre l’Éternel
», et les
objets détruits par le jugement nous indiquent quelle en était la cause. Nous y
trouvons les quatre grandes classes des êtres vivants, formant, selon la Bible,
l’ensemble de la création animée : les hommes, les bêtes (comprenant le bétail,
ce qui rampe, et les bêtes de la terre), les poissons de la mer et les oiseaux
des cieux (Gen. 1). Pourquoi cette destruction ? Le chap. 4 du Deutéronome
(v. 16-19) nous l’apprend. L’Éternel avait recommandé à son peuple de se garder
soigneusement de l’idolâtrie des nations, car, dit-il, « vous n’avez vu aucune
forme au jour où l’Éternel vous parla du milieu du feu, à Horeb, — de peur que
vous ne vous corrompiez, et que vous ne vous fassiez quelque image taillée, la
forme d’une image quelconque, la figure d’un mâle ou d’une femelle, la figure
de quelque bête qui soit sur la terre, la figure de quelque oiseau ailé qui
vole dans les cieux, la figure de quelque reptile du sol, la figure de quelque
poisson qui soit dans les eaux, au-dessous de la terre » et de peur « que tu ne
lèves tes yeux vers les cieux et que tu ne voies le soleil, et la lune et les
étoiles, toute l’armée des cieux, et que tu ne te laisses séduire et ne te
prosternes devant eux et ne les serves ». Telle avait été la pratique des
nations qui avaient « changé la gloire du Dieu incorruptible en la ressemblance
de l’image d’un homme corruptible et d’oiseaux et de quadrupèdes et de
reptiles » (Rom. 1:23). Aussi l’Éternel allait détruire toutes ces « pierre s
d’achoppement », les animaux et l’homme, dont ils avaient fait des idoles, et il
retrancherait « les méchants » qui s’étaient livrés à leur culte. Mais
qu’adviendrait-il de Juda ?
« Et j’étendrai ma main sur Juda et sur tous les habitants de Jérusalem ; et je retrancherai de ce lieu le reste de Baal et le nom des Camarim, avec les sacrificateurs ; et ceux qui se prosternent sur les toits devant l’armée des cieux, et ceux qui se prosternent devant l’Éternel, qui jurent par lui et qui jurent par leur roi (Malcam) ; et ceux qui se détournent de l’Éternel, et ceux qui ne cherchent pas l’Éternel, et ne s’enquièrent pas de lui. »
On pourrait s’étonner de voir, en plus d’un endroit des
prophéties, les menaces les plus sévères proférées contre le peuple, au moment
même où un roi selon le coeur de Dieu vient interrompre la série des mauvais
rois de Juda ; mais il faut se souvenir que les Réveils, tels que celui
d’Ézéchias et de Josias, n’avaient pas changé l’état moral du peuple, comme
notre prophète lui-même en témoigne. Il en est du reste ainsi de tous les
Réveils. S’ils sont un appel sérieux aux hommes de se convertir, leur faillite
invariable prouve que le monde ne veut décidément pas de Dieu. Sans doute les
Réveils produisent, par la grâce de Dieu, un arrêt momentané dans l’exécution
des jugements, aussi longtemps que Dieu rassemble des âmes par la prédication
de l’Évangile, et ainsi le jugement, comme nous le voyons de nos jours,
n’arrive pas encore à son apogée. Il en est comme du frein qui ralentit la
course, mais n’empêche pas l’attelage d’atteindre le fond de la vallée. De
plus, n’oublions pas que, si l’homme jette volontiers le voile de l’oubli sur
son passé, ce dernier reste tout entier présent devant Dieu. L’idolâtrie de
Juda, sous Manassé, alors même que le roi avait été restauré par le jugement,
cette idolâtrie n’était pas oubliée. Sous Josias, une réforme
eut lieu, mais non une repentance véritable du peuple. Rien
n’était plus éloigné de la repentance que l’habitude de concilier le culte des
idoles avec celui du vrai Dieu, d’un Dieu qui ne peut supporter « l’iniquité et
la fête solennelle » (Ésaïe 1:13).
D’autre part, les Réveils sont l’occasion d’une immense bénédiction : des âmes
sont sauvées, retirées du monde, et forment un Résidu fidèle au milieu de
l’infidélité générale. Il en sera ainsi jusqu’à la fin. Le Résidu juif et celui
des nations n’auront pas d’autre origine que des Réveils provoqués par la
« prédication de la justice » à Jérusalem (Dan. 12:3), et par « l’évangile du
royaume » en Israël et parmi les nations (Matt. 24:14).
De fait, la réforme de Josias n’a fait que transformer le
mauvais état moral du peuple en un état beaucoup pire. Dieu hait l’idolâtrie,
mais il hait davantage encore
le
mélange de son culte avec celui des idoles. Un coeur complètement étranger à
Dieu, une âme plongée dans les ténèbres et qui n’a jamais reçu une révélation
directe de la lumière divine, sont moins coupables que ceux qui, connaissant la
vérité, l’associent aux pratiques du paganisme, et n’oublions pas que cet état,
dont la maison juive reste encore de nos jours purifiée pour un temps, se
rencontre aujourd’hui dans ce qu’on appelle le monde chrétien. Le sévère
jugement de Dieu tomba jadis sur Israël pour avoir célébré « une fête à
l’Éternel » en présence du veau d’or. Il en était de même pour les veaux de Dan
et de Béthel. Le peuple, en adorant les idoles, avait une certaine connaissance
du vrai Dieu, mais ce mélange était précisément ce que Dieu abhorrait en Juda,
et le Réveil n’avait pas eu pour la nation d’autre résultat que celui-là. Le
culte de Baal avait certainement perdu de sa popularité, mais sans disparaître
entièrement, car notre prophète parle du reste
de Baal
(v. 4), mais la diminution
de
l’idolâtrie n’est pas un retour à Dieu. Personnellement, Josias avait
entièrement rompu avec Baal et conduisait le peuple dans cette voie, mais ce
dernier, s’arrêtant à moitié chemin, avait fait un compromis. Les
sacrificateurs du vrai Dieu marchaient côte à côte avec les Camarim, prêtres de
Baal ; les robes blanches et les robes noires se croisaient dans les rues
de Jérusalem. D’autres cultes, moins grossiers en apparence, continuaient à
séduire le peuple. Il « se prosternait sur les toits devant l’armée des cieux »,
culte que Josias ne pouvait entièrement contrôler, ni interdire. Maintenant que
la loi avait été retrouvée dans le temple, Israël avait pu se convaincre de ce
que Dieu pensait de ces pratiques idolâtres. La bonté de Dieu avait donné les
astres « en partage à tous les peuples sous tous les cieux pour donner de la
lumière sur la terre » (Deut. 4:19 ; Gen. 1:14-17), et les hommes, prenant
pour maîtres les astres institués pour les servir, « se prosternaient également
devant l’Éternel ». Ils donnaient à la créature, aux choses inanimées, la même
autorité, qu’au Créateur des cieux et de la terre. Étrange aberration !
Mais de quoi l’homme pécheur n’est-il pas capable ? Le péché l’a séparé
d’un Dieu qu’il ne connaît plus ! Le prophète ajoute . « Et ceux qui jurent
par lui et qui jurent par leur roi. » Toujours même aberration ! On prend
Dieu à témoin, mais aussi Malcam, divinité des fils d’Ammon (Jér. 49:1,
3) ; on jure à la fois par Dieu et le diable. Mais il est encore une
quatrième classe de transgresseurs, plus abominable que les autres : « Ceux qui
se détournent de l’Éternel, et ceux qui ne cherchent pas l’Éternel et ne
s’enquièrent pas de lui. » Ils se retirent, après l’avoir connu, du Dieu qui
dit : « Si quelqu’un se retire, mon âme ne prend pas plaisir en lui. » Se
détourner de Dieu, c’était se tourner vers la perdition, choisir l’enfer plutôt
que Lui (Héb. 10:38, 39). Une religion hybride, qui veut concilier le monde et
Dieu, conduit toujours, en fin de compte, à ce péché « volontaire » pour lequel
« il ne reste plus de sacrifice, mais une certaine attente terrible de jugement
et l’ardeur d’un feu qui va dévorer les adversaires » (Héb. 10:27). « Se détourner
de l’Éternel », tel sera l’état
du peuple juif apostat au dernier jour. Ayant retrouvé pour un temps le
sacrifice continuel — le culte juif dans son temple rebâti — le peuple se
laissera séduire par les « prodiges de mensonge » de « l’homme de péché » et
« prendra plaisir à l’injustice » (2 Thess. 2). Ces incrédules « courront après un
autre », comme il est dit au Ps. 16:4, « et leurs misères seront multipliées ». Un
dernier trait les caractérise : « ils ne s’enquièrent pas de Lui. » S’il y a
quelque chose de pire que l’impiété qui s’élève contre Dieu, c’est peut-être l’indifférence.
Dieu est pour de tels
hommes une quantité négligeable.
Absorbé
par les convoitises du monde, le pécheur en cherche l’attrait pour satisfaire
les besoins de son coeur, car, malgré tout, ne pouvant être sans besoins, il
les oriente vers le mal, sans se rendre compte qu’il marche ainsi vers
l’obscurité des ténèbres éternelles. De tels hommes ne s’enquièrent pas de
Dieu. On s’enquiert d’un homme dont le nom, la valeur morale ou les actes,
excitent l’intérêt ; on voudrait apprendre les moindres incidents de sa
vie, tout ce qui concerne sa personne, son entourage, sa maison, sa
famille ; on désire connaître ses opinions et ses discours mais, quand le
nom de Dieu
est prononcé, qui
s’intéresse à Lui ? En vérité, l’indifférence est pire que la haine !
« Fais silence, devant le Seigneur, l’Éternel ! car le jour de l’Éternel est proche ; car l’Éternel a préparé un sacrifice, il a sanctifié ses conviés. Et il arrivera, au jour du sacrifice de l’Éternel, que je punirai les princes et les fils du roi, et tous ceux qui se vêtent de vêtements étrangers. Et je punirai, en ce jour-là, tous ceux qui sautent pardessus le seuil, ceux qui remplissent la maison de leur seigneur de violence et de fraude » (v. 7-9).
Au v. 2-6, l’Éternel avait annoncé qu’il retrancherait toutes les pierres d’achoppement parmi les nations et en Israël, ainsi que les hommes qui commettent ces abominations. Il avait insisté tout spécialement sur le caractère aggravant de l’idolâtrie en Israël, qui osait allier le culte de Dieu avec des idoles. Maintenant nous assistons à l’exécution de la sentence. Elle atteindra en premier lieu Jérusalem, car la culpabilité se mesure aux privilèges dont on jouit.
« Fais silence devant le Seigneur, l’Éternel ! » Qui n’a pas
assisté au silence impressionnant, précurseur d’une catastrophe
atmosphérique ? Tout à coup, la foudre tombe, le tonnerre éclate ; un
vent impétueux se lève, brisant tout sur son passage. Ce silence était le
prélude d’un ouragan déchaîné que rien n’arrêtera désormais, le signe d’une
chose inexorable. Il en est de même ici. Plus d’excuse à présenter, plus de
repentance hâtive à chercher, plus de supplications à faire ! L’arrêt,
depuis longtemps suspendu, s’exécute soudain. Amos, mentionnant les mêmes
circonstances, le jugement de Jérusalem par Babylone, dit aussi : « Silence »
(6:10), mais lorsque le jugement est exécuté
et qu’il ne reste plus personne
.
Ici nous sommes au moment où il va l’être
,
où, comme dit Nahum, « c’est arrêté » (2:7). Quand le jour de l’Éternel commence,
il est trop tard, et tout espoir est perdu. En Hab. 2:20, il est dit :
« Silence » quand, après l’exécution de l’arrêt, on voit l’Éternel « dans le
palais de sa sainteté ». Il a établi
son
règne ; il habite de nouveau son temple. Le monde entier reconnaît que le
jugement était juste, et comprend qu’il était nécessaire pour que Dieu fût enfin glorifié.
Ce jour terrible de l’Éternel — le jour du Seigneur, le jour du
Fils de l’homme dans le Nouveau Testament — est toujours
celui du jugement. Nous trouvons ici une certaine
gradation dans ce terme : « Le jour de l’Éternel est proche » (v. 7) ;
c’est, pour ainsi dire, le jugement historique
de Jérusalem par Babylone. « Le grand jour de l’Éternel est proche ; il
est proche et se hâte beaucoup » (v. 14). Ce mot s’étend au jugement prophétique
et final. « Le jour de la
colère de l’Éternel est à la porte » (2:2) ; le terme embrasse à la fois le
jugement présent et futur de Jérusalem et de toutes les nations. Comme jugement
prophétique, ce jour est l’heure de l’épreuve qui doit arriver sur la terre
habitée tout entière, et celui de la grande tribulation.
« Car l’Éternel a préparé un sacrifice. » On trouve la même image en És. 34:6, 7, en Ézéch. 39:17-20, au sujet de l’Assyrien, et en Abd. 16, au sujet d’Édom. C’est le grand souper de Dieu d’Apoc. 19:17, mais ici, en rapport avec le jugement historique, exécuté sur Jérusalem par Babylone, et précurseur d’un jugement plus terrible au dernier jour. Il est utile et salutaire pour nous d’être familiers avec les jugements de Dieu. Sans doute, en ce qui nous concerne, nous avons appris que le jugement est tombé sur Christ à la croix, afin de nous délivrer nous-mêmes en nous ouvrant la porte de la grâce ; mais, je le répète, il nous est salutaire de contempler les jugements de Dieu sur le monde, afin que nous apprenions à être réellement étrangers à l’ordre de choses sur lequel ils tomberont. Nous serons ainsi remplis de la crainte de participer en quelque manière au train du monde, comme Lot, malgré l’assurance parfaite que nous avons d’être délivrés de la colère qui vient.
D’autre part, n’oublions pas que le sacrifice du jugement aura pour suite un sacrifice de prospérités au jour où, sur la montagne de Sion, et à Jérusalem, l’Éternel fera aux nations « un festin de choses grasses, un festin de vins vieux, de choses grasses moelleuses, de vins vieux bien épurés » (Ésaïe 25:6, 7). Au jour du sacrifice judiciaire, l’Éternel « punira les princes et les fils du roi, et tous ceux qui se vêtent de vêtements étrangers ». Ils étaient, de par l’Éternel, les conducteurs, responsables de diriger le peuple. Le roi lui-même n’est pas mentionné ici, car Josias, chef du Résidu fidèle, était mis à l’abri selon la prophétie de Hulda (2 Chron, 34:27, 28) ; il est question de ses successeurs. Ceux-là se vêtaient de vêtements étrangers, ainsi que leurs imitateurs. Adopter les coutumes, même extérieures, des nations, c’était adopter leur luxe (Amos 6:3-6), auquel venaient nécessairement s’ajouter les accompagnements moraux de leurs habitudes efféminées.
« Et je punirai, en ce jour-là, tous ceux qui sautent par-dessus le seuil, ceux qui remplissent la maison de leur seigneur de violence et de fraude » (v. 9).
1 La seconde punition atteint ceux qui ajoutent à des pratiques superstitieuses (voyez 1 Sam. 5:5) la violence et la fraude comme les nations elles-mêmes (Hab. 2:17). Toutes ces choses faisaient partie des moeurs de Babylone, dont Jérusalem allait devenir la proie.
Les versets 10 et 11 annoncent la destruction de Jérusalem par le Chaldéen. De tous côtés, l’ennemi l’envahira, mais cette calamité enlèvera aussi le commerce et toutes les richesses du peuple juif, d’un « peuple de marchands » qui avait les mêmes moeurs et aspirations que le peuple de Canaan ou la masse des trafiquants étrangers. « Et il y aura, en ce jour-là, dit l’Éternel, le bruit d’un cri venant de la porte des poissons, et un hurlement venant du second quartier de la ville, et un grand fracas venant des collines. Hurlez, habitants de Mactesh, car tout le peuple de Canaan sera détruit, tous ceux qui sont chargés d’argent seront exterminés. Et il arrivera, en ce temps-là, que je fouillerai Jérusalem avec des lampes » (v. 10-12). Il ne sera pas laissé un seul coin inexploré de la capitale, pas un seul qui échappe au jugement de Dieu. Ses hommes seront exterminés, et tout ce qu’elle contient livré au pillage.
« Je punirai les hommes qui reposent sur leurs lies, — qui disent
dans leur coeur : l’Éternel ne fera ni bien, ni mal » (v. 12) . La troisième
punition atteint ceux qui étaient accoutumés à un repos respectable que rien
n’était jamais venu troubler, ceux qui, n’ayant pas été vidés de vase en vase,
se croyaient à l’abri des calamités (Jér. 48:11). Le résultat de ce calme apparent
et du repos dont ils avaient joui si longtemps, aurait dû les remplir de
reconnaissance envers l’Éternel. Au lieu de cela, ils disaient : « L’Éternel ne fera ni bien, ni mal !
»
Ils concluaient, de leur bien-être, que Dieu est indifférent au mal ou au bien.
Affreuse conclusion, qui n’est autre que celle des incrédules de la fin : « Où
est la promesse de sa venue ? Car, depuis que les pères se sont endormis,
toutes choses demeurent au même état dès le commencement de la création » (2
Pierre 3:4). Ces indifférents, se reposant sur leur prospérité matérielle,
nient que Dieu s’occupe des affaires du monde et qu’il y ait une rétribution de
sa part. Tout leur bien-être prendra fin pour faire place à la
désolation ; leurs biens, patiemment amassés, deviendront la proie d’un
autre, leurs richesses et leur confort, pour lesquels ils s’étaient donné tant
de peine, ne serviront qu’à enrichir leurs ennemis (Amos 5:11).
Les v. 14 à 18 nous font entrer dans les terreurs générales du
grand jour de l’Éternel. Il se hâte beaucoup, mais, s’il commence par
Jérusalem, ses flots déborderont de tous côtés. Ce sera le jugement des hommes
sur la terre, appelé le jugement des
vivants
. Alors, quand l’Éternel fera entendre sa voix, les plus vaillants
trembleront d’effroi et pousseront des cris amers. Ce jour aura six caractères :
Ce sera en tout premier lieu un jour de fureur
. La colère de Dieu ne sera plus seulement « révélée du ciel »
(Rom. 1:18), mais exécutée. — Ce sera ensuite « un jour de détresse et d’angoisse
— un jour de dévastation et de ruine — un jour de ténèbres et d’obscurité — un
jour de nuées et d’épaisses ténèbres — un jour de trompette et de
retentissement contre les villes fortifiées et contre les créneaux élevés ». Ce
jour aura pour nom : « la détresse
. »
Comme nous l’avons souvent observé dans l’étude des prophètes, la détresse s’y
rapporte toujours au temps de la fin, à la dernière demi-semaine de Daniel, où
les jugements fondront sur le peuple juif. Ce sera « la détresse de Jacob
», mais ce jour atteindra aussi toutes les
nations pour lesquelles il sera le jour de l’épreuve générale et de la « grande tribulation
». Dans ce jour, les
hommes marcheront comme des aveugles (v. 17). Une énergie d’erreur leur sera
envoyée pour qu’ils croient au mensonge (2 Thess. 2:11). Il n’y aura plus pour
eux aucun moyen possible de délivrance (v. 18), car, dit le prophète : « Ils ont péché contre l’Éternel
. » Ils ont
aimé le mensonge, commis l’iniquité, méprisé Dieu, passé indifférents devant sa
grâce, estimé pour rien le salut de l’Éternel ; ils ont adoré les idoles,
se sont souillés avec toutes les abominations ; pas une seule fois,
entraînés par leurs convoitises, ils n’ont pensé que Dieu considérait toute
leur conduite ; ils le tenaient pour indifférent, quand déjà l’orage de la
vengeance s’accumulait sur leurs têtes. Ils agissaient en insensés, « disant en
leur coeur : il n’y a point de Dieu » (Ps. 14:1). Remarquez « en leur coeur
», non pas de leur bouche,
car, sans croire en Dieu, on peut suivre encore certaines pratiques
religieuses ; mais ils ont agi et pensé comme si Dieu n’existait pas.
Grâce à Dieu, il n’en est pas ainsi de celui qui pense et agit par la foi.
La Parole dit de lui : « Il
faut que celui qui s’approche de Dieu croie que
Dieu est,
et qu’il est le rémunérateur de ceux qui le recherchent » (Héb.
11 ;6).
En Sophonie, il s’agit du témoignage rendu à l’Éternel par
Israël au milieu des nations. Comme
ensemble,
ce témoignage n’avait pas produit de fruit, parce qu’Israël, loin
d’être un peuple séparé pour l’Éternel au milieu d’une génération perverse,
s’était associé contre Dieu
avec ceux
qui le niaient ou le haïssaient. Tout comme les nations, Israël avait « péché
contre l’Éternel » ; et son péché avait annulé son témoignage. Aussi ce
peuple était-il jugé en première ligne.
Si le jugement du peuple de Dieu a pour instruments les nations (v. 7-13), le
jugement des nations viendra directement du ciel (v. 14). Le jour de l’Éternel
est d’une haute
importance pour nous, croyants. Pouvons-nous rien retenir des choses qu’il est
près de détruire ? S’il est vrai, d’une part, comme nous l’avons dit plus
haut, que nous n’attendons pas le jour de l’Éternel, ou du Seigneur, il est
vrai, d’autre part, que nous attendons le jour
de Christ.
Tel est l’aspect de ce jour, en ce qui nous
concerne, jour dans lequel ceux qui ont rendu témoignage à
Christ recevront une récompense, ou subiront une perte, selon le plus ou moins
de fidélité de leur marche.
« Assemblez-vous, rassemblez-vous, nation sans honte, avant que le décret enfante, avant que le jour passe comme la balle, avant que vienne sur vous l’ardeur de la colère de l’Éternel, avant que vienne sur vous le jour de la colère de l’Éternel. Cherchez l’Éternel, vous, tous les débonnaires du pays, qui pratiquez ce qui est juste à ses yeux ; recherchez la justice, recherchez la débonnaireté ; peut-être serez-vous à couvert au jour de la colère de l’Éternel » (v. 1-3).
C’est un appel général à la nation incrédule et sans honte, au
moment même où le jour de l’Éternel va commencer. Déjà les nuages menaçants
envahissent le ciel, déjà la voix du tonnerre se fait entendre. Il est
peut-être encore temps d’échapper ; plus qu’un instant, un dernier instant
pour se repentir et être mis à couvert ! Quelle patience que celle de
Dieu, et comme on voit bien qu’Il ne veut
pas
le jugement, mais qu’Il veut la miséricorde !
« Assemblez-vous. » C’est le même appel que le « Assemblez le peuple », en Joël 2:15 ; seulement en Joël cet appel, qui ne trouve ici que des révoltés, est entendu des fidèles. Le peuple, la nation sans honte, se rassemble, mais avec le but de résister dans le jour de la colère, au « fléau qui inonde », avec la pensée qu’il ne viendra pas jusqu’à elle (Ésaïe 28:15). Ils se rassemblent pour leur jugement, comme Dieu va rassembler les nations dans le même but (3:8). Hâtez-vous, dit l’Éternel, avant que toutes ces choses vous arrivent. Si vous tardez jusqu’à demain il sera trop tard ; le jour aura passé comme la balle dispersée par le vent.
« Cherchez l’Éternel… » (v. 3). Ici nous rencontrons pour la
première fois la mention d’un Résidu. Au milieu de la nation sans honte une
compagnie de débonnaires
s’est
formée, la famille des enfants du royaume, dont Jésus a dit : « Bienheureux les
débonnaires, car c’est eux qui hériteront de la terre. » Ils marcheront sur les
traces de leur Maître qui disait : « Je suis débonnaire et humble de coeur. » Ces
quelques-uns, petits (Zach. 13:7), pauvres, méprisés, persécutés, occupent les
pensées de l’Éternel. Nous les rencontrons partout, dans les Psaumes, dans les
Prophètes, même dans les Évangiles avant qu’un nouveau corps de croyants,
l’Église, ait été formé par la mort et la résurrection de Christ. On peut
suivre l’histoire de ces débonnaires, depuis le moment où, après l’enlèvement
de l’Église, Dieu renouera ses relations avec son ancien peuple d’Israël,
jusqu’au moment où il les introduira, comme son peuple, désormais reconnu, dans
la gloire de leur héritage terrestre. Ce sont les sages
de Daniel qui enseignent la justice à la multitude et qui,
après avoir été persécutés, martyrisés, chassés, haïs de tous, brilleront comme
la splendeur de l’étendue, comme les étoiles, à toujours et à perpétuité (Dan.
12:3). Ce sont les membres de la congrégation de Joël qui pleurent entre le
portique et l’autel au moment où se lève le jour de l’Éternel (Joël 2:17), et
qui regardent vers Celui qu’ils ont percé (Zach. 12:10). Le rôle de ces
quelques-uns est immense ; à chaque pas nous les rencontrons, rendant
témoignage au milieu du peuple sans honte. Le Seigneur pense à eux et les
considère comme son trésor particulier (Mal. 3:17). Sur eux ses yeux se
reposent.
Cependant eux aussi traverseront le jour de l’Éternel, car ils
porteront le poids de la colère gouvernementale de Dieu, comme appartenant à
cette nation qui a rejeté et crucifié son Messie. Mais si la nation incrédule
n’a pas honte de son forfait, eux en porteront les conséquences avec de grands
cris et avec larmes. Ils comprendront pourquoi ils ont été rejetés :
« Délivre-nous », diront-ils, « de la coulpe du sang ! » Ils tiendront pour
juste le jugement dont ils sont atteints, mais le traverseront par la foi,
comme nous le voyons en
Habakuk. Ils diront : « Jusques à quand ? » sachant que Dieu n’oubliera pas
de marquer pour eux l’heure de la délivrance. Ils compteront sur sa
miséricorde, comme leur seule ressource. Ils comprendront que « peut-être » (le
« peut-être » de David, fuyant devant Absalom, en conséquence de sa faute : 2
Sam. 16:12), « ils seront mis à couvert au jour de la colère de l’Éternel » (v.
3). Ce « peut-être » sera changé, en certitude à l’heure de la délivrance. En
attendant cette heure, ils « rechercheront la justice et la débonnaireté ». Leur
seul souci, dans ces temps calamiteux, sera de ne pas perdre de vue et de
réaliser dans leurs voies, scrupuleusement attentifs à se préserver du péché,
le caractère du Messie auquel ils appartiennent et contre lequel ils furent
jadis si coupables. Aussi, même au sein de la détresse, ils éprouveront ce que
c’est que d’être mis à couvert », comme jadis Israël, dans la nuit fatale où
l’Ange exterminateur passait à travers le pays d’Égypte. Ils obéiront à cette
parole : « Viens, mon peuple, entre dans tes chambres et ferme tes portes sur
toi ; cache-toi pour un petit
moment, jusqu’à ce que l’indignation soit passée »
(Ésaïe 26:20). Au jour de
la grande persécution, assaillis par tous, poursuivis par Satan, ils trouveront
un abri dans le désert des peuples, et quand plusieurs d’entre eux, témoins
fidèles, tomberont comme martyrs sous les coups de leurs adversaires à Jérusalem
, ils seront cachés au milieu des nations
qui, bon gré, mal gré, les couvriront de leur patronage (Apoc. 12:6). Quelle
source de confiance pour leur foi, que ce « peut-être » entendu de la bouche de
l’Éternel ! Nous allons les suivre, d’étape en étape, au cours de cette
prophétie. jusqu’au jour du triomphe, de la joie et du repos final sous le
sceptre du Messie !
Mais auparavant nous assistons aux terreurs du jour de l’Éternel sur toutes les nations qui ont asservi Juda.
« Car Gaza sera abandonnée, et Askalon sera une désolation ; Asdod, on la chassera en plein midi, et Ékron sera déracinée. Malheur à ceux qui habitent les côtes de la mer, la nation des Keréthiens : la parole de l’Éternel est contre vous, Canaan, pays des Philistins ! et je te détruirai, de sorte qu’il n’y aura pas d’habitant. »
Les villes principales de la confédération des Philistins, sauf
Gath, reconquise jadis par Ozias (2 Chron 26:6), sont mentionnées ici, avec des
jeux de mots
sur leurs noms, quelque
peu semblables à ceux de Michée 1:10-16. La nation des Philistins est appelée :
« Ceux qui habitent les côtes de la mer, la nation des Keréthiens. » Ils sont
nommés de même en Ézéch. 25:16. Les Philistins étaient originairement des
émigrés de la Crète et sont désignés aussi comme venus de Caphtor (Amos
9:7 ; Jér. 47:4). Arrivés en Canaan ils habitèrent « les côtes de la mer »,
le rivage de la Méditerranée. Toutes les prophéties relatives à leur
destruction font allusion à leur défaite, soit par le Pharaon (Jér. 47:1),
soit, dans ce même chapitre et dans notre passage, par Nébucadnetsar, soit par
Alexandre le Grand, en Zach. 9:5-8. Mais ces événements historiques, comme du reste
tous ceux de la prophétie, ne sont que les avant-coureurs d’une destruction
finale dans les temps futurs, car « aucune prophétie de l’Écriture ne
s’interprète elle-même » (2 Pierre 1:20).
Comme tant d’autres nations, les Philistins reparaîtront pour le
grand drame du jour de l’Éternel. La ruine des « côtes de la mer » aura pour
résultat de mettre à couvert le Résidu de Juda aux jours de sa tribulation.
Jamais chose pareille n’eut lieu dans le passé. Sophonie nous le dit
expressément dans ce passage : « Et les côtes de la mer seront des excavations
pour les bergers, et des enclos pour le menu bétail. Et les côtes seront pour
le Résidu de la maison de Juda : ils y paîtront ; le soir ils se
coucheront dans les maisons d’Askalon ; car
l’Éternel, leur Dieu, les visitera, et rétablira leurs captifs »
v. 6, 7). C’est là qu’une partie du Résidu trouvera asile pour ses troupeaux et
un repos assuré dans les villes dévastées de la Philistie. Les mots
caractéristiques : « l’Éternel rétablira leurs captifs » ont toujours rapport aux
jours de la fin. C’est un terme très fréquent, une locution spéciale, traduite
littéralement « tourner la captivité » (Shub Shebuth), pour désigner le retour de l’ensemble des captifs en vue
de sa restauration définitive.
Or, jamais depuis la dispersion du peuple
juif un fait pareil n’a eu lieu.
Le retour de Juda dans son pays, sous le règne de Cyrus, n’était pas le retour de l’ensemble du peuple, mais un retour partiel qui n’a pas mis fin à la captivité, même partielle, car Juda, rentré dans son pays, restait asservi aux nations et cellesci continuent jusqu’à nos jours à « fouler Jérusalem aux pieds » (voyez Néh. 9:36, 37 ; Psaume 126:1 en opposition au v. 4). Le retour partiel de Juda était ordonné de Dieu pour qu’une fraction de ce peuple reçût le Messie en Judée et à Jérusalem. S’ils l’eussent reçu, la « captivité aurait été tournée » et le royaume d’Israël rétabli. Le crime du peuple en crucifiant Jésus a mis fin, jusqu’aux temps prophétiques, à l’espoir de voir « tourner sa captivité ».
Cette locution indique donc un événement entièrement futur, et il est de toute importance de le remarquer, parce que l’histoire future d’Israël et le règne glorieux du Messie en sont inséparables. La restauration finale n’aura pas lieu seulement pour Israël, mais pour Moab, Ammon et d’autres nations aux derniers jours, cependant elle a trait spécialement au peuple de Dieu, au vrai Résidu, comme on peut s’en convaincre par les passages indiqués en note (*).
(*) Deut 30:3 ; Ps. 14:7 ; 53:6 ; 85:1 ; 126:4 ; Jér. 29:14 ; 31:23 ; 32:44 ; 33:7, 11, 26 ; Osée 6:11 ; Joël 3:1 ; Amos 9:14 ; Soph. 2:7 ; 3:20.
Il est donc certain que ce séjour du « Résidu de la maison de Juda » a trait au temps de la fin, puisque nous lisons : « Car l’Éternel, leur Dieu, les visitera et rétablira leurs captifs. » Et si même le séjour de quelques « réchappés » de Juda avait eu lieu en Philistie après la conquête de Nébucadnetsar ou d’Alexandre (ce que l’histoire ne nous fait pas connaître), cela ne changerait rien au fait énoncé par le prophète. La seule question qui pourrait être posée, serait à quelle époque de la « restauration » ce passage fait allusion, car la restauration d’Israël ne se fera pas en un jour. Nous avons émis autre part la pensée que ce fait pourrait avoir lieu lors de la rentrée du Résidu fugitif de Juda dans son pays, « avant la gloire », c’est-à-dire avant l’apparition de Christ et la destruction des nations assemblées autour de Jérusalem, y compris l’Assyrien. Cette pensée pourrait être contestée sans rien changer à ce que nous avançons. Nous verrons au chap. 3 ce qui motive notre assertion. Une chose est certaine, c’est que, lors de la distribution millénaire du pays d’Israël, la Philistie fera partie du domaine de Juda et de Benjamin (Ézéch. 48).
Ce qui caractérisait Moab et les fils d’Ammon, c’était d’abord l’outrage
et les insultes dont ils
avaient outragé le peuple de Dieu ; ils faisaient ainsi la guerre à Dieu lui-même
sans se rendre compte de
la portée de cette haine cruelle contre Israël. C’était, en second lieu, l’orgueil
qui les avait poussés à
s’attaquer aux frontières de l’héritage du peuple. Aussi la vengeance du jour
de l’Éternel sera exécutée sur eux par le Résidu : « Le Résidu de mon peuple les
pillera, et le reste de ma nation les héritera » (v. 9). Jamais encore ce fait
n’a eu lieu dans l’histoire et la rétribution finale attend encore ces deux
nations. Même l’Assyrien prophétique, quand il envahira la Palestine aux
derniers jours, ne les atteindra et ne les subjuguera pas (Dan. 11:41), car un
autre sort leur est réservé. Édom subira le même jugement (voyez Abdias), mais
plus terrible encore, car Édom sera entièrement
anéanti
sans avoir de « reste », d’une part par le Seigneur, de l’autre par
Israël.
« L’Éternel sera terrible contre eux » (v.11). En effet, cette subversion sera terrible ; leurs dieux, Kemosh et Malcam, de la protection desquels nous les entendons se vanter si souvent, seront détruits et n’empêcheront pas la désolation d’étendre son cordeau sur eux. Mais la malédiction de ces nations coupables n’est pas le dernier mot de l’Éternel à leur égard. Elles seront forcées de reconnaître la suprématie de Christ et de courber le genou devant Lui. Quelle grâce qu’il en soit ainsi, et que Dieu ne s’arrête pas au jugement de ses ennemis ! Nous apprenons, sans doute, que cette soumission ne sera pas de « franche volonté » chez tous. Beaucoup d’hommes d’entre les nations, d’entre les « fils de l’étranger », se soumettront à Lui en dissimulant, en lui rendant une feinte obéissance (Ps. 18:44 ; 66:3), mais beaucoup d’autres, convertis par « l’évangile du royaume », reconnaîtront la Seigneurie de Christ. C’est ainsi que, dans la plupart des nations, il se formera des Résidus qui auront part à la restauration universelle. Les « îles des nations », les contrées les plus éloignées de la cité du grand Roi, reconnaîtront sa suprématie, « chacun du lieu où il est » (v. 11). Cela n’exclura nullement que, d’année en année, les Résidus des nations ne montent à Jérusalem pour se prosterner devant le Roi, l’Éternel des armées, et pour célébrer la fête des tabernacles (Zach. 14:16).
L’épée de l’Éternel frappera directement aussi les Éthiopiens (v. 12) auxquels Israël s’était autrefois confié et avait recouru pour obtenir du secours contre le roi d’Assyrie (És. 20:5, 6).
Ces jugements conduisent l’Esprit prophétique à s’occuper de
Ninive et de l’Assyrie (v. 13-15). Au temps où Sophonie prophétisait, Ninive
n’avait pas encore été détruite. Aussi annonce-t-il cet événement mémorable, la
chute de Ninive, sujet spécial de la prophétie de Nahum, comme un fait à venir.
Seulement Sophonie reporte, beaucoup plus que Nahum, nos regards vers les temps
de la fin. En Nahum, l’Éternel détruit Ninive, et avec elle l’Assyrie, par des
instruments choisis par Lui, par « ses hommes forts », les Chaldéens (Nah. 2:3).
Ici, le jugement est exécuté par l’Éternel lui-même : C’est lui
qui étend sa main vers le nord, lui,
qui met à nu les lambris de cèdres. Non pas que Ninive doive, plus que
Babylone, renaître de ses cendres aux derniers jours. Sa désolation est
définitive, mais la destruction de l’Assyrien historique, entraîné à sa perte
par la prise de sa capitale, ne l’est pas, et la Parole fait pressentir ici
l’anéantissement direct de cette puissance, par la main de l’Éternel aux
derniers jours. Ninive s’égayait, habitait en sécurité, disait en son coeur :
« Moi, et à part moi, nulle autre ! » Sa confiance en ses propres forces,
son orgueil égoïste, ne tenant compte que de ses propres intérêts, son culte du moi,
ne concédant aux autres
aucun droit rival, tout cela devient la cause d’un jugement écrasant. Les mêmes
principes sont hautement proclamés de nos jours par certaines nations, et
aboutiront aux mêmes désastres.
« Malheur à la rebelle, à la corrompue, à la ville qui opprime ! Elle n’écoute pas la voix, elle ne reçoit pas l’instruction, elle ne se confie pas en l’Éternel, elle ne s’approche pas de son Dieu. Ses princes au milieu d’elle sont des lions rugissants ; ses juges, des loups du soir : ils ne laissent rien jusqu’au matin. Ses prophètes sont des vantards, des hommes perfides ; ses sacrificateurs profanent le lieu saint, ils font violence à la loi. L’Éternel juste est au milieu d’elle ; il ne commet pas l’iniquité ; chaque matin il met en lumière son juste jugement : il ne fait pas défaut ; Mais l’inique ne connaît pas la honte. J’ai retranché des nations, leurs créneaux sont dévastés ; j’ai rendu désolées leurs rues, de sorte que personne n’y passe ; leurs villes sont ravagées, de sorte qu’il n’y a plus d’homme, point d’habitant. J’ai dit : Crains-moi seulement, reçois l’instruction ; et sa demeure ne sera pas retranchée, quelle que soit la punition que je lui inflige. Mais ils se sont levés de bonne heure et ont corrompu toutes leurs actions. »
Le prophète passe maintenant de Ninive à Jérusalem, d’une
capitale à l’autre. Le sort de toutes deux sera-t-il le même ? Il y a
cependant entre elles une grande différence : « L’Éternel est au milieu » de la seconde
et n’a jamais été au milieu
de Ninive. Hélas ! ce fait aggrave la culpabilité de la cité de
Dieu ! Aussi le « Malheur
» est
prononcé sur Jérusalem et l’on ne trouve en Sophonie que cet unique
« Malheur ». Au cours de nos études,
nous avons souvent eu l’occasion de remarquer ce mot dans les prophètes.
Rappelons seulement le « Chant des malheurs » dans le prophète Habakuk (2:6-20)
s’adressant tout entier aux Chaldéens et à leur roi, tandis qu’il ne reste aucun
« Malheur » pour le juste qui vit de
sa foi. Ici nous trouvons le « Malheur » tombant comme un coup de foudre unique
et inattendu sur la vaine profession juive qui porte le nom de l’Éternel,
profession contredite par le caractère moral de ceux qui habitaient Jérusalem,
la ville privilégiée entre toutes. Dieu veut des réalités. Porter son nom et
vivre comme les nations, attire sur la profession, qu’elle soit juive ou
chrétienne, un jugement sans réserve. « Malheur à la rebelle, à la corrompue qui
opprime ! » Tels ont été de tout temps les trois caractères des hommes
séparés de Dieu par le péché, caractères que chacun est à même de contrôler.
Mais il en est d’autres qui tombent sous l’appréciation de Dieu seul.
Jérusalem, mise en rapport direct avec Dieu, puisqu’il habite au milieu d’elle,
dans son temple, que montre-t-elle aux regards de l’Éternel qui la
sondent ? Remarquons qu’en Sophonie, Dieu n’a pas encore quitté son
temple, comme en Ézéchiel. Il y habite encore, mais comment pourrait-il y
demeurer autrement que comme juge ? « L’Éternel juste
est au milieu d’elle » (v. 5). Or Lui ne découvre à Jérusalem
que des caractères moraux purement négatifs :
1°. « Elle n’écoute pas la voix », quand Dieu lui parle par sa loi et par ses prophètes. Que de fois il s’est levé de bon matin pour crier : Que celui qui a des oreilles écoute ! Elle reste sourde à sa parole, tout en ayant des oreilles douées d’une ouïe très fine pour écouter ce que lui disent les nations.
2°. « Elle ne reçoit pas l’instruction. » Que de fois reprise, exhortée, disciplinée, châtiée, elle est restée insensible !
3°. « Elle ne se confie pas en l’Éternel. » Elle met sa confiance
en l’homme, se jette dans les bras des pires ennemis de Dieu, tourne le dos à
Celui qu’elle devrait considérer comme son seul ami. La foi
, la confiance en Dieu, lui font entièrement défaut.
4°. « Elle ne s’approche pas de son Dieu » qui était cependant à sa portée et bien aisé à trouver ; mais Jérusalem, malgré les avantages sans nombre que lui offrait la demeure de l’Éternel au milieu d’elle, avait préféré s’approcher des faux dieux en reniant son Dieu.
Qu’est-ce ensuite que l’Éternel découvre chez les conducteurs du
peuple ? Remarquez que la personne du roi n’est pas plus en cause ici
qu’au chap. 1:8, car Josias était agréable à Dieu et avait reçu ses promesses
(2 Chron. 34:27, 28), mais hormis Josias, les
princes,
directeurs responsables du peuple, étaient « des lions rugissants » : ils portaient le caractère du diable, non celui de Dieu, et cherchaient qui
ils pourraient dévorer. Ce trait, marqué par le prophète, le sera encore bien
plus au temps de la fin, quand le peuple aura choisi l’Antichrist pour son roi.
Les juges
agissent tous ensemble
comme des loups du soir pour se repaître la nuit d’une proie, dont il ne
restera plus aucun vestige au lever du jour (Hab. 1:8). Chez les prophètes,
on ne trouve que
vantardise et perfidie. Les
sacrificateurs
profanent par leur présence le temple où Dieu habite et,
faisant violence à la loi, l’adaptent à leurs propres pensées. De nos jours la
chrétienté infidèle prend de plus en plus ce caractère. Les conducteurs
spirituels tordent la parole de Dieu, enseignent l’incrédulité à son égard et
contredisent l’enseignement du Saint Esprit. Leur présence et leurs paroles
profanent la maison de Dieu, l’Assemblée du Dieu vivant, colonne et appui de la
vérité.
Mais tous ces hommes ne peuvent éviter le fait que « l’Éternel juste est au milieu d’elle
».
Il est juste et ne peut admettre que le péché entre en contact avec lui. S’il
s’est plu à venir faire sa demeure au milieu des hommes, il ne peut renoncer,
en aucune manière, à son propre caractère. Nous le verrons, au v. 13,
reconnaître ce qui est de Lui, le fruit de sa grâce, ce Résidu qu’Il a
engendré, mais il faut que le monde apprenne que Dieu est un Dieu saint qui ne
« commet pas l’iniquité » et met en lumière, à mesure que le mal se produit, le
jugement qui le condamne. Sa présence, dans sa maison, a eu et aura de tout
temps ce même résultat, qu’il s’agisse d’Israël, ou de l’Église. Lorsque son
gouvernement est reconnu, même d’une manière extérieure et sans que la
conscience soit en jeu, ce principe se montre ; et quand Il prendra en
main les rênes d’un gouvernement ouvertement reconnu, dans son royaume
millénaire, ce principe restera le même : « Il retranchera chaque matin le méchant
du pays. » Lorsque l’iniquité du peuple l’a forcé à quitter, comme en Ézéchiel,
le siège public de son gouvernement, il pourrait sembler qu’il « dort
» et laisse le mal se commettre sans
y prendre garde. Mais détrompons-nous, son gouvernement, même caché, son « royaume
en mystère » a toujours les mêmes caractères. Les prophètes nous en ont fourni
d’assez nombreuses preuves pour n’y pas revenir ici. « Il ne fait pas défaut » :
Si le monde chrétien était persuadé de cette vérité, il ne s’aventurerait pas à
commettre des actes ambitieux, injustes et perfides et craindrait un Dieu qui
ne peut se renier Lui-même. « Mais l’inique ne connaît pas la honte. » C’est
ainsi que Juda est qualifié, au chap. 2:1. Avoir honte sera toujours le fait
d’un homme pécheur qui rencontre Dieu. Adam, après son péché, eut honte, mais
se cacha. Sa conscience n’étant pas atteinte, il cherchait encore à donner le
change à Dieu. Avec une conscience réellement atteinte, on a horreur de soi,
comme Job, et la repentance — la douleur d’avoir offensé Dieu — remplit le
coeur, car la repentance est le fruit de la foi, ce que la simple honte n’est
pas. Cependant Dieu tient compte de ce premier pas, tout incomplet qu’il soit,
dans le chemin qui conduira le pécheur vers lui. « L’inique » ne connaît pas ce premier mouvement,
si élémentaire
soit-il. Bien plus, l’inique se fait gloire de ce qui devrait être sa honte
(Phil. 3:19). Ne voit-on pas tous les jours les hommes se vanter de leur
immoralité et de leurs turpitudes, engageant d’autres à faire comme eux, à
suivre leur exemple ?
Au vers. 6, Dieu montre comment il avait traité les nations dans
le passé, de même qu’il déclarait au chap. 1:16, 17 ce qu’il comptait leur
faire dans l’avenir. Il les avait « retranchées
».
Dieu part de là pour faire un dernier appel à Jérusalem. « Crains-moi seulement
», lui dit-il, car la crainte est le
commencement de la sagesse. Était-ce lui demander beaucoup ? « Tu n’as pas
reçu l’instruction » (v. 2) ; « reçois-la maintenant » (v. 7). Il n’exige pas
autre chose. « Ta demeure, dans ce cas, ne sera pas retranchée », comme celle des
nations, « quelle que soit la punition
que
je t’inflige », — car cette punition était annoncée (1:8, 9, 12) et ne pouvait
désormais être révoquée — mais du moins, si Jérusalem faisait un seul pas vers
Dieu, il ne la mettrait pas au même niveau que les nations.
Qu’est-il advenu de ces appels, de ces pressantes objurgations, adressées jusqu’au dernier moment à ce peuple rebelle ? Le dernier mot de cette sollicitude instante de l’Éternel à l’égard d’Israël est celui-ci : « Mais ils se sont levés de bonne heure et ont corrompu toutes leurs actions ! »
« C’est pourquoi, attendez-moi, dit l’Éternel, pour le jour où je me lèverai pour le butin » (v. 8).
Les hommes de Jérusalem « s’étaient
levés
de bonne heure pour corrompre toutes leurs actions » (v. 7), aussi le
jugement de Dieu était tombé sur ces impies. Maintenant Dieu se tourne vers les
nations. Attendez-moi, dit-il : c’est
moi qui vais me lever
. Ah ! comme elles voudraient pouvoir refuser de
l’attendre ! mais il faudra, bon gré, mal gré, qu’elles obéissent à cette
sommation et rencontrent l’Éternel face à face. Les Juifs incrédules seront
contraints comme les autres nations d’obéir à cet appel. À eux aussi, l’Éternel
avait dit : « Rassemblez-vous », quand il aurait voulu les assembler en grâce
(2:1) : ils s’y sont refusés et seront compris dans le jugement universel qui
atteindra toute la terre habitable.
« Car ma détermination c’est de rassembler les nations, de réunir les royaumes pour verser sur eux mon indignation, toute l’ardeur de ma colère ; car toute la terre sera dévorée par le feu de ma jalousie » (v. 8).
Le jour de l’Éternel, dont il est tant parlé dans notre prophète, se lèvera : Indignation, ardeur de colère, feu de jalousie, seront versés sur tous, car Dieu est jaloux de voir son nom déshonoré et méprisé parmi les peuples (Nah. 1:2). Qu’arrivera-t-il ensuite ? Ô merveille de la bonté et de la miséricorde infinie de Dieu ! La détresse conduira un Résidu des nations aussi bien qu’un Résidu d’Israël au port désiré ! (Ps. 107:26, 30).
« Car alors, je changerai la langue des peuples en une langue purifiée, pour qu’ils invoquent tous le nom de l’Éternel pour le servir d’un seul coeur » (v. 9).
Les nations seront bénies. Ce ne sera plus alors ce qui nous est
présenté au chap. 2:11, une soumission forcée à la suprématie de Christ,
soumission qui n’impliquera pas nécessairement la foi ; non, ce sera une
soumission de coeur
, la soumission
d’un Résidu des nations, d’une « grande foule que personne ne peut dénombrer » et
qui recevra Jésus comme Seigneur et comme Roi (Apoc. 7). Alors leur langue
souillée sera changée en une langue purifiée. Ce changement aura lieu sous
l’action du Saint Esprit. À la Pentecôte les langues d’un feu purificateur
étaient tombées sur les disciples, et l’apôtre Pierre rapporta à ce sujet la
parole du prophète Joël : « Il arrivera, aux derniers jours, que je répandrai de
mon Esprit sur toute chair
. » Nous
trouvons dans notre passage la réalisation future de cette parole à l’égard des
nations, que les Actes nous présentent comme ayant eu lieu pour l’Église. Par
le Saint Esprit qui leur donnera un seul coeur, les peuples invoqueront le nom
de l’Éternel, unanimes à le servir.
Maintenant le Seigneur, ayant exécuté le jugement d’une part sur les nations, d’autre part sur les Juifs, « la nation sans honte » qui partagera le sort de tous les autres peuples, se tourne vers le Résidu de ce peuple coupable. Il ne restera pas dispersé :
« D’au-delà des fleuves de Cush, mes suppliants, la fille de mes dispersés, apporteront mon offrande » (v. 10).
Ce passage n’a pas seulement trait au Résidu de Juda, mais à l’ensemble du Résidu d’Israël
rentrant
dans la terre promise. Quand l’Esprit de Dieu agira dans le coeur des nations « la fille
des dispersés » d’Israël (non
pas les dispersés
, mais ce qui naîtra
d’eux par la foi) reviendra à l’Éternel comme suppliante et apportera le Résidu
comme offrande à la ville du grand Roi. Ils reviendront « d’au-delà des fleuves
de Cush », du Nil et de l’Euphrate, car il y avait un Cush (ou Éthiopie)
africain, et un Cush asiatique (voyez Ésaïe 66:18-21).
Nous apprenons par Ésaïe 18 qu’avant ce moment
, la nation, celle qui est appelée ici la « nation
sans honte » (et non pas le Résidu) sera ramenée par une puissance maritime,
« d’au-delà des fleuves de Cush » (18:1) dans son pays. Ce retour des Juifs, de
la nation incrédule, rentrant en Palestine avec l’appui des nations, ne portera
aucun fruit pour Dieu. Ils ne viendront pas en suppliants, sous l’action du
Saint Esprit, mais croiront rentrer dans les droits de leur nationalité et le
résultat sera qu’ils se choisiront, au bout d’un certain temps, l’Antichrist
pour roi. L’effort actuel du Sionisme pour rassembler Israël n’aboutira qu’à ce
résultat, aussi Dieu « restera tranquille » (v. 4) devant cet effort de
reconstituer sans Lui
l’unité de la
nation (*). Ce ne sera qu’ensuite que « le
présent du peuple » (v. 7) sera agréé par l’Éternel des armées en la montagne de
Sion. Quand cette unité selon Dieu sera reconstituée, la scène de la
réintégration aura un tout autre caractère. Les réchappés d’Israël annonceront
parmi les nations l’apparition de la gloire de Christ en Sion. Alors, dit le
prophète : « ils amèneront tous vos frères, d’entre toutes les nations, en
offrande à l’Éternel, sur des chevaux, et sur des chars, et dans des voitures
couvertes, et sur des mulets, et sur des dromadaires, à ma montagne sainte, à
Jérusalem, dit l’Éternel, comme les fils d’Israël apportent l’offrande dans un
vase pur à la maison de l’Éternel » (Ésaïe 66:20).
(*) Au moment où nous écrivons ces lignes (note de la première édition, 1916) la proposition de reconstituer en Palestine une République juive, sous les auspices des États-Unis, se répand d’une manière persistante. L’ambassadeur (juif) des États-Unis à Constantinople semble en obtenir l’autorisation du sultan. Un meeting sioniste monstre à Boston a déclaré : « Nous sommes arrivés au moment psychologique où nous devons posséder la Palestine pour y établir le nouveau royaume de David. »
« En ce jour-là, tu ne seras pas honteuse à cause de toutes tes actions par lesquelles tu t’es rebellée contre moi ; car alors, j’ôterai du milieu de toi ceux qui s’égaient en ton orgueil, et tu ne seras plus hautaine à cause de ma montagne sainte » (v. 11).
En ce temps-là, lorsque le Résidu aura été ramené à Jérusalem, cette ville où l’iniquité et l’orgueil habitaient et se produisaient sans honte (voyez 2:1 ; 3:5), où l’adversaire de Christ avait établi son trône, ne sera pas honteuse de toutes ses mauvaises actions, car l’Éternel aura ôté du milieu d’elle les hautains et ceux qui se paraient du nom de sa montagne sainte pour alimenter leur orgueil.
« Et je laisserai au milieu de toi un peuple affligé et abaissé, et ils se confieront au nom de l’Éternel » (v. 12).
Tel sera le caractère du Résidu de Juda à Jérusalem. Le v. 10
nous avait décrit la rentrée dans son pays du Résidu tout entier, mais, comme
nous l’avons montré ailleurs, il y a une importante distinction à faire entre
le Résidu de Juda et celui d’Israël. Le premier, coupable du meurtre du Messie,
traversera la grande tribulation, le second châtié et purifié pendant son
voyage de retour, comme le fut jadis, dans le désert, le peuple sorti d’Égypte,
ne rentrera « qu’après la gloire ». Le premier restera en petite partie à
Jérusalem pour y subir, sous l’Antichrist, la persécution et le martyre, et
aura fui en grande partie au-delà des limites de la terre d’Israël devant la
persécution sans précédent qui est appelée la « détresse de Jacob ». De cet exil,
pendant lequel il sera « mis à couvert », il rentrera, comme jadis les
« réchappés » de Babylone pour recevoir son Messie. C’est alors qu’une partie de
ce « Résidu de la maison de Juda » « paîtra sur les côtes de la Philistie et
couchera dans les maisons abandonnées d’Askalon » (2:7). Telle sera la première
étape de leur restauration. La seconde aura lieu quand l’ensemble du Résidu
sera ramené par les nations comme offrande à l’Éternel (3:10) ; la
troisième, le but étant désormais atteint pour toujours, quand le Résidu
« paîtra et se couchera », jouissant d’un repos définitif (v. 13). Ce même
avenir, mais bien plus excellent, attend l’Église, car il sera celui du repos céleste.
Alors se réalisera pour le peuple ce que disent Zach. 10:5, 6 et Michée 5:5 ; alors aussi le Résidu affligé et abaissé, resté à Jérusalem, se confiera au nom de l’Éternel. Alors, enfin, quand les pieds de Christ se tiendront de nouveau sur la montagne des Oliviers, le peuple apostat sera ôté du milieu de Jérusalem et s’enfuira pour tomber sous les coups de la vengeance divine, et le Résidu abaissé, resté au milieu d’elle, acclamera enfin son Roi, si longtemps attendu (Zach. 14:3-5) (*).
(*) Voir : « Le livre du prophète Zacharie », par H. R.
« Le Résidu d’Israël ne pratiquera pas l’iniquité, et ne dira pas de mensonge, et une langue trompeuse ne se trouvera pas dans leur bouche : car ils paîtront et se coucheront, et il n’y aura personne qui les effraye » (v. 13).
Nous trouvons ici la belle description de l’état moral
du Résidu. C’est pour ainsi dire
son caractère négatif, après le caractère positif décrit au v. 12. Là, il est
affligé, abaissé, et se confie au nom de l’Éternel ; ici, la douleur et
l’humiliation, jointes à la foi au nom de Christ qu’ils vont voir apparaître
dans sa gloire, comme leur Sauveur, seront unies à l’absence de péché dans leur
conduite, à la vérité et à la sincérité : contraste absolu avec ce que l’on
verra chez leurs ennemis (Ps. 120:2). Alors ils paîtront et se reposeront sans
personne qui les effraye. Ce ne sera plus un repos partiel comme celui du
Résidu de Juda (2:7), mais un repos général du Résidu. Leurs ennemis ayant été
anéantis, toute cause de crainte aura disparu et désormais personne
ne viendra plus les effrayer.
Toutes ces bénédictions, remarquons-le, suivent l’anéantissement
des nations et du peuple juif apostat. Nous entrons dans les bénédictions du
règne millénaire. L’Éternel accorde enfin à son peuple la nourriture, le repos
et la sécurité, sous la conduite du souverain Berger d’Israël. Nous trouvons
ces mêmes grâces au Ps. 23: mais en vue de la marche à travers le désert, pour
le passage par la vallée de l’ombre de la mort et devant la persécution des
ennemis. Dans ce beau Psaume, la foi réalise d’avance ces bénédictions, au
milieu d’innombrables difficultés, comme nous le voyons aussi à la fin du
prophète Habakuk. En Sophonie, la foi est enfin récompensée et changée en vue.
Pour le troupeau, le règne de
paix commence. Son pain lui est donné ; il ne voit plus le peuple audacieux ;
Jérusalem est une demeure tranquille, une tente qui ne sera pas transportée. Le
Résidu voit le Roi dans sa beauté ! (Ésaïe 33:16, 19, 20).
« Exulte, fille de Sion ; pousse des cris, Israël ! Réjouis-toi et égaie-toi de tout ton coeur, fille de Jérusalem ! L’Éternel a éloigné tes jugements, il a écarté ton ennemi » (v. 14, 15).
Arrivés au bout de leur affliction et de leur abaissement et
ayant enfin trouvé un lieu de nourriture et de repos, sans personne qui les
effraye, Jérusalem et Israël sont invités à pousser des cris de joie et à
s’égayer de tout leur coeur. Le prophète Habakuk connaissait cette exultation
quand il chantait « sur Shiguionoth », et anticipait par la foi ce moment
glorieux ; mais désormais ce repos n’est plus anticipé ; le troupeau
de l’Éternel y est entré.
La réalité
divine dépasse de beaucoup l’espérance. Au Ps. 3:5, 6 et au Ps. 4:8, David,
fuyant devant Absalom, et traversant les plus cruelles épreuves, avait pu se
coucher, s’endormir sans crainte et reposer en paix. Quel sera donc ce repos,
quand il sera goûté dans sa toute puissante réalité ? Nos jouissances
chrétiennes sont les mêmes, mais avec un caractère céleste.
Nous nous reposons en espérance en attendant « le repos qui
reste pour le peuple de Dieu » , mais ce repos nous appartient,
nous allons y entrer en résurrection et en
puissance, après l’avoir goûté, savouré d’avance avec la pleine certitude qu’il
est à nous, car il est dit : « Nous entrons
dans le repos. » La discipline de Dieu envers son peuple, les punitions
qu’Il dut leur infliger pour les rendre participants de sa sainteté, tout cela
sera désormais passé pour toujours. « L’Éternel a éloigné tes jugements » ;
« l’Ennemi d’Israël est écarté » ; l’Ennemi : non pas seulement les nations
hostiles, mais l’Antichrist qui a conduit le peuple à sa ruine, et Satan
lui-même, le grand Ennemi du peuple de Dieu.
« Le roi d’Israël, l’Éternel, est au milieu de toi : tu ne verras plus le mal » (v. 15).
Celui qui était autrefois comme
un Juge
au milieu de Jérusalem (v. 5) est maintenant au milieu d’elle comme son Roi.
Bien plus encore, il est
au milieu d’elle comme son Dieu
(v.
17). Quel privilège ! Comment « Sion craindrait-elle, et ses mains
deviendraient-elles lâches ? » Ce n’est plus le Dieu du Sinaï, consentant à
habiter à Jérusalem, « au milieu d’un peuple aux lèvres impures » (Ésaïe 6:5), le
Dieu dont la présence devait être pour Israël un jugement perpétuel ; non,
ce Roi, ce Dieu, est le Sauveur
de
son peuple :
« L’Éternel, ton Dieu, au milieu de toi, est puissant ; il sauvera » (v.
17).
Il n’est pas question, en Sophonie, comme en d’autres prophètes,
de l’oeuvre
qu’il a accomplie et sur
le fondement de laquelle la bénédiction millénaire peut être établie. Notre
prophète n’aborde pas ce sujet ; il montre seulement l’Éternel restaurant
Israël, à la suite d’un travail de repentance dans le coeur du Résidu, appelé
autre part « ceux qui devaient être sauvés » (Actes 2:47). Pour créer un peuple
nouveau, approprié à la splendeur de son règne, Il prend les pauvres du
troupeau. « De la poussière il fait lever le misérable, de dessus le fumier il
élève le pauvre, pour le faire asseoir avec les nobles : et il leur donne en
héritage un trône de gloire » (1 Sam. 2:8). « Il ne retire pas ses yeux de dessus
le juste, et celui-ci est avec les rois sur le trône, et il les fait asseoir à
toujours, et ils sont élevés » (Job 36:7).
Dans cette position bénie, le Résidu, le « tout Israël » de Rom. 11:26, est en pleine communion avec son roi et son Sauveur. « En ce jour-là, il sera dit à Jérusalem : Ne crains pas ! Sion, que tes mains ne soient pas lâches ! L’Éternel, ton Dieu, au milieu de toi, est puissant ; il sauvera ; il se réjouira avec joie à ton sujet : il se reposera (ou se taira) dans son amour, il s’égayera en toi avec chant de triomphe » (v. 16, 17).
Le Résidu se repose : son Roi se repose ; le Résidu s’égaie
de tout son cœur : son Sauveur se réjouit avec joie à son sujet ; le
Résidu pousse des cris de triomphe : son Sauveur s’égaie en lui avec chant de
triomphe. Eux exultent dans le triomphe qu’Il
a remporté, Lui exulte de l’avoir remporté pour
eux.
Ces sentiments sont réciproques. Ce n’est plus la « joie inexprimable
et glorieuse » (1 Pierre 1:8) comme en Habakuk (3:18) au milieu de circonstances
adverses. La joie sera à la hauteur des circonstances du règne glorieux de
Christ. Plus de contrastes, ni de souffrances, ni d’opprobre, ni de détresse :
l’équilibre est parfaitement établi entre l’état du coeur des fidèles et leur
entourage ; bien plus encore, entre leurs sentiments et les sentiments de
leur Sauveur. Leur bonheur dépend entièrement de Lui ; il est puissant, il
est le Sauveur ; il se réjouit au sujet de ceux qu’il a sauvés, après les
avoir si manifestement protégés pendant les jours de leur détresse. C’est la délivrance finale :
dans le passé il
était Juge (v. 5), maintenant, il est Triomphateur et Sauveur à toujours.
Lorsque nous nous reposerons, Lui aussi se reposera. Aujourd’hui Il travaille encore et nous travaillons avec lui. Demain Sion sera son repos à perpétuité (Ps. 132:14) ; demain, son Église, son Épouse céleste, nouvelle Jérusalem, sera aussi son repos. Il verra le fruit du travail de son âme et en sera pleinement satisfait (Ésaïe 53:11).
Nous trouvons ici une pensée encore plus précieuse : « Il se
reposera dans son amour
», ce sera sa
part à Lui seul
. C’est le repos de
Christ dans tous les résultats de l’oeuvre immense que son amour a entreprise.
Il aura désormais tout ce que son coeur a tant désiré, une Épouse (ici l’Épouse
juive) acquise au prix de ses souffrances, pour laquelle il a sacrifié sa
propre gloire, assise maintenant au centre de la gloire reconquise par lui,
comme homme. « On t’appellera » dit-il : « Mon plaisir en elle, et ta terre : La
mariée ; car le plaisir de l’Éternel est en toi, et ton pays sera marié.
Car… de la joie que le fiancé a de sa fiancée, ton Dieu se réjouira en toi »
(Ésaïe 62:4, 5). « Tu m’as ravi le coeur, ma soeur, ma fiancée… tes amours
sont meilleures que le vin ! » (Cant. 4:9, 10.) Pour acquérir Jérusalem il
a souffert, puis livré seul le combat à toutes les nations. Pour acquérir son
Église, en mourant sur la croix, il a triomphé seul du Prince de ce monde, de
Satan lui-même. Sa sacrificature aussi s’est employée tout entière à purifier
son Épouse en chemin, pour se la présenter, selon tous les désirs de son coeur,
sans tache ni ride, sainte et sans défaut, et la posséder à toujours !
« Je rassemblerai ceux qui se lamentent à cause des assemblées solennelles ; ils étaient de toi ; sur eux pesait l’opprobre » (v. 18).
Le v. 18 décrit un caractère supplémentaire du Résidu de
Jérusalem que nous avons vu « affligé et abaissé » au v. 12. Ce sont ceux « qui se
lamentent à cause des assemblées solennelles ». Dans la détresse, ni eux, ni le
Résidu juif en fuite, n’avaient plus le privilège d’une réunion générale du
peuple. Privés de la pâque, de la fête des tabernacles, leurs rapports publics
et directs avec Dieu étaient interrompus. Chassé de Jérusalem, le Résidu fidèle
disait : « On me disait tout le jour : Où est ton Dieu ? Je me souvenais de
ces choses, et je répandais mon âme au-dedans de moi : comment j’allais avec la
foule, et je m’avançais en leur compagnie, avec une voix de triomphe et de
louange, jusqu’à la maison de Dieu… une multitude en fête » (Ps. 42:3, 4). À
Jérusalem, après une période de calme relatif, ils avaient vu l’abomination
dont parle le prophète, établie dans le temple et s’étaient enfuis. Le culte
avait cessé, le sacrifice continuel était ôté (Daniel 8:11). Cependant, privés
de tout ce qui, dans le passé, avait fait leur joie, ils étaient de Jérusalem,
les vrais fils de la cité de Dieu, comme il est dit ici : « Ils étaient de toi
», en contraste avec le peuple de l’Antichrist.
Le Ps. 87 nous dit : « Celui-ci (Christ) et celui-là (le fidèle du Résidu) sont
nés en elle. » Mais ils étaient marqués au front comme « ceux qui soupirent et
gémissent à cause de toutes les abominations qui se commettent au-dedans
d’elle » (Ézéch. 9:4). « L’opprobre pesait sur eux » (v. 18) comme il avait pesé
sur leur Messie (Ps. 69:19). Mais le Seigneur déclare qu’il les rassemblera,
alors que la « nation sans honte » avait refusé de se rassembler pour s’humilier
devant Dieu. Il les rassemblera et se mettra à leur tête comme Berger du
troupeau (Michée 2:12, 13).
« Voici, en ce temps-là, j’agirai à l’égard de tous ceux qui t’affligent, et je sauverai celle qui boitait, et je recueillerai celle qui était chassée, et je ferai d’elles une louange et un nom dans tous les pays où elles étaient couvertes de honte » (v. 19).
Le Berger d’Israël intervient : la détresse, la dispersion,
fruits de leur infidélité, ne sont plus qu’un souvenir. Il en sera de même de
l’Église, actuellement dispersée en tous lieux comme conséquence de son
infidélité. Le Seigneur la rassemblera en un clin d’oeil et l’enlèvera dans les
demeures célestes où il n’y aura plus qu’un seul troupeau, un seul « grand
pasteur des brebis ». Quelle commisération, quel amour, dans ce coeur divin et
humain à la fois ! Les infirmes sont l’objet de sa sollicitude ; il
est le souverain Médecin, comme il est le bon Berger. Il sauvera la brebis qui
boitait, car il connaît le remède pour la guérir. Il aura un asile pour celle
qui était chassée, et Lui-même
sera
ce refuge : « Je
la recueillerai ». Les
nations s’étaient liguées pour les tourmenter, les humilier, les « couvrir de
honte » : « En ce temps-là », dit-il, « je vous amènerai, dans ce même temps
où je vous rassemblerai, car je ferai de vous un nom et une louange parmi tous
les peuples de la terre, quand je rétablirai vos captifs devant vos yeux, dit l’Éternel »
(v. 20).
Le prophète Michée annonce les mêmes choses : « Je ferai de celle qui boitait, un reste, et de celle qui avait été repoussée au loin, une nation forte ; et l’Éternel régnera sur eux, en la montagne de Sion, dès lors et à toujours » (Michée 4:7). Ce nom, cette louange, ne leur seront pas seulement prodigués dans les pays où elles avaient été chassées : partout, parmi tous les peuples de la terre, le renom du peuple de l’Éternel se répandra, quand il « tournera leur captivité ».
« Je vous rassemblerai ! » Quelle délicieuse perspective pour
nous chrétiens, aussi bien que pour Israël ! Actuellement couverts de
honte, juste conséquence de notre infidélité, dispersés par notre propre faute,
alors que le but de la mort de Christ était de nous rassembler en un, nous
attendons dans l’humiliation et, espérons-le, dans une vraie repentance, nous
qui avons jeté tant de déshonneur sur le nom de notre Sauveur ! Mais voici
qu’un cri parvient à nos oreilles : le jour du rassemblement commence à
poindre ! L’étoile du matin (Jésus venant en grâce) illumine nos coeurs.
Elle va paraître dans le ciel
. Après
elle, se lèvera le Soleil de justice qui illuminera la terre et le ciel.
Comme il « tournera la captivité » d’Israël, il
« tournera » aussi la nôtre !
Sur ce tableau merveilleux de communion, de joie, de triomphe,
de louange, de repos glorieux définitif et éternel, se clôt le livre de
Sophonie. S’il est le témoin du péché d’Israël, il est aussi le témoin de sa
restauration, de sa régénération
,
position nouvelle, dans laquelle entrera un peuple nouveau, sorti du sein de
l’aube du jour. L’Église aussi y entrera, quand les saints brilleront comme le
soleil dans le royaume de leur Père !