par H. Rossier
Résumé :
1. Le bonheur est en Dieu, qui le communique aux siens et, pour ces derniers, il consiste dans la jouissance de la personne et de la présence du Seigneur.
2. Ps. 32 — Bonheur dans la jouissance d’un salut parfait et connu
3. Ps. 1 et 119 : 1, 2 — Bonheur dans la marche et la conduite, dans la fidélité à la Parole de Dieu
4. Ps. 2, 34 et 40 — Bonheur dans la confiance en Dieu
5. Ps. 41 — Bonheur à comprendre le Seigneur dans son abaissement
6. Ps. 65 et Luc 12 — Bonheur dans l’espérance
7. Ps. 84 — Bonheur du culte (et de la force en Dieu, et de la confiance)
8. Ps. 94 — Bonheur sous la discipline
La parole de Dieu commence
par établir que le bonheur se trouve EN DIEU et nulle autre
part. L’apôtre nous parle, en 1 Tim. 1:11, de « l’Évangile de la gloire du Dieu
bienheureux
» qui lui a été confié, mais ce passage nous montre, en même
temps, que Dieu veut nous communiquer
son bonheur, ainsi que tout ce qui
le constitue, car il nous parle de « l’Évangile de la gloire
du Dieu
bienheureux ». C’est une bonne nouvelle qu’il nous annonce. Ce qui constitue son
bonheur, c’est sa gloire
, c’est-à-dire l’ensemble de ses
perfections : sa justice, sa sainteté, son amour et sa grâce, manifestés,
pour que nous en soyons revêtus, dans la Personne et l’oeuvre de notre Seigneur
Jésus Christ. Nous pouvons déjà réaliser ces choses, car la reproduction du
caractère de Christ est notre bonheur ; mais nous entrerons dans la
plénitude de cette réalisation lors de « l’apparition de notre Seigneur Jésus
Christ, laquelle le bienheureux
et seul Souverain, le roi de ceux qui
règnent et le seigneur de ceux qui dominent, montrera au temps propre » (1 Tim.
6:14, 15).
Nous voyons donc que notre bonheur
est une chose infiniment élevée, une chose divine, provenant de la
communication qui nous est faite de la nature de Dieu dans toutes ses
manifestations ; une chose qui nous appartient dès que nous avons reçu
l’Évangile, une chose qui nous accompagne
tout le long de notre course, et qui aura son plein épanouissement dans
la gloire.
Le monde est complètement
étranger
à notre bonheur, quoique les hommes passent leur vie à le chercher
là où ils ne le trouveront jamais, c’est-à-dire dans la jouissance des « choses
qui sont dans le monde ». Ces dernières revêtent mille formes diverses que Satan
présente aux hommes pour cacher à leurs yeux le vrai, le seul bonheur. Elles se
groupent sous trois chefs : « la convoitise de la chair, et la convoitise
des yeux, et l’orgueil de la vie » (1 Jean 2:16). Un homme du monde, et par là
je désigne un homme faisant profession de christianisme sans en avoir la
réalité, un homme qui, comme les vierges folles, est muni de sa lampe, mais
sans l’huile qui l’alimente, c’est-à-dire sans le Saint Esprit qui communique
la vie divine, cet homme a-t-il jamais trouvé le bonheur ? Les plus
favorisés, après avoir tout essayé pour se le procurer, déclarent, quand ils
sont obligés de sortir de l’étourdissement des plaisirs, ou de la tyrannie du
travail, ou de la culture de la science et des arts, qu’ils n’ont jamais connu
le bonheur. Eh bien ! ce bonheur, nous chrétiens, nous le possédons. Nous
pouvons dire : Je suis parfaitement heureux ! non pas : Je jouis
parfaitement de mon bonheur, mais : Je l’ai
et rien ne pourra jamais
me l’ôter.
Le bonheur est donc la part
du chrétien et de nul autre, mais ces pages sont destinées à nous montrer en
quoi consiste, non la possession de ce bonheur, mais sa jouissance
.
Un passage qui s’adresse à
Israël, définit l’origine de ce bonheur et le poursuit dès son début jusqu’à sa
jouissance parfaite et définitive ; nous le trouvons au chap. 33 du
Deutéronome, verset 29 : « Tu es bienheureux
, Israël ! Qui est
comme toi, un peuple sauvé par l’Éternel, le bouclier de ton secours et l’épée
de ta gloire ? » Ce passage nous apprend que le bonheur d’Israël a sa source dans
l’Éternel lui-même ; qu’il commence par le salut que l’Éternel donne à son
peuple, et qu’il se continue pendant toute son histoire. l’Éternel est « le
bouclier de son secours » : Il le protège et lui vient en aide tout le long
de sa vie. Il est, en fait, « l’épée de sa gloire », c’est-à-dire qu’il établira
par le jugement la grandeur et la magnificence de son peuple.
Nous allons voir dans les
Psaumes les différents aspects que revêt cette jouissance du bonheur chez le
racheté, mais remarquons en tout premier lieu qu’elle a son point culminant
dans le fait de pouvoir se tenir devant le Seigneur pour le contempler et le
servir. C’était ce qu’avait si bien senti la reine de Sheba, quand elle disait
à Salomon : « Heureux
tes gens, heureux
ceux-ci, tes
serviteurs, qui se tiennent continuellement devant toi, et qui entendent ta
sagesse ! Béni soit l’Éternel, ton Dieu, qui a pris plaisir en toi pour te
placer sur le trône d’Israël ! » (1 Rois 10:8, 9.) Leur bonheur était 1° de
se tenir continuellement devant lui ; 2° d’entendre les paroles de sagesse
qui sortaient de sa bouche, et la reine bénissait Dieu qui avait pris plaisir
en lui et l’avait établi sur le trône. Le service, la proximité, l’ouïe des
paroles du Roi et la louange constituaient le bonheur dont parlait la reine. Il
en est de même du bonheur dont parlent les Proverbes au chap. 3:13, et dont
elle jouissait elle-même : « Bienheureux
l’homme qui trouve la
sagesse » ; or la sagesse n’est-elle pas (selon le chap. 8 de ce même
livre) résumée en Christ lui-même ? Connaître la sagesse, c’est le connaître
Lui, et c’est ce qu’appréciait, avant tout, cette reine venue de si loin pour
entendre la sagesse de Salomon.
* * *
Pour récapituler ce qui vient de nous être enseigné, nous avons vu que le bonheur est en Dieu, qu’il le communique aux siens et que, pour ces derniers, il consiste dans la jouissance de la personne et de la présence du Seigneur. Mais nous allons voir que le bonheur a des aspects multiples qu’il nous est bon de connaître en détail, afin que nous les réalisions à mesure que nous avançons dans le chemin chrétien. Les Psaumes vont nous présenter ces différents caractères de notre bonheur. En effet, aucune autre partie de la parole de Dieu ne peut être comparée à celle-ci pour l’expression de ce qu’est le bonheur et de ce en quoi il consiste, si nous le considérons dans les diverses jouissances qu’il nous apporte.
Notons, tout d’abord, au
sujet des Psaumes, un fait des plus remarquables. Aucun livre de la Bible ne
nous présente, comme ce livre, les souffrances et la tribulation des fidèles en
Israël, dans toute leur étendue ; aucun ne nous montre davantage les
souffrances indicibles de Christ, soit pendant sa vie, soit à Gethsémané, soit
sur la croix. Et cependant aucun livre ne nous parle plus de bonheur que
celui-ci. N’est-il pas frappant de voir que, dans les Psaumes, au milieu des
souffrances sans nombre, caractérisées par le mot « détresse »,
synonyme de la « grande tribulation », le mot bienheureux
revienne tout aussi souvent
que ce terme ? (*) Ce n’est donc pas sans
raison que le mot Bienheureux
est
placé à la tête du premier des Psaumes (Ps. 1:1) et commande ainsi le livre
tout entier.
(*) Le mot bienheureux se rencontre 25 fois dans les Psaumes et 8 fois seulement dans tout le reste de l’Ancien Testament, le mot détresse 27 fois dans les Psaumes.
Voyons donc de quel bonheur
jouissent ces croyants éprouvés,
et comment leur bonheur peut s’appliquer à nous et à nos circonstances. Dans
ses grandes lignes, les deux premiers Psaumes nous en donnent l’expression,
mais il nous faut le saisir à son origine, car le bonheur inaugure toute notre
carrière chrétienne.
Ce bonheur, nous l’avons tous
éprouvé, d’une manière plus ou moins intense, lorsqu’à notre conversion
nous avons été « appelés des
ténèbres à sa merveilleuse lumière ». Il est d’un tel prix que le Psaume 32 l’exprime par un
double « Bienheureux » ; « Bienheureux
celui
dont la transgression est pardonnée, et dont le péché est couvert ! Bienheureux
l’homme à qui l’Éternel ne
compte pas l’iniquité, et dans l’esprit duquel il n’y a point de fraude ! »
(v. 1, 2). Nous n’avons désormais plus rien à cacher à Dieu. Son amour a pourvu
à tout et le sang de Christ a couvert toutes nos iniquités devant les yeux du
Dieu juste et saint. « Bienheureux l’homme », dit l’apôtre en citant ce passage,
« à qui Dieu compte
la justice sans
oeuvres … bienheureux l’homme à qui le Seigneur ne compte point
le péché » (Rom. 4:7, 8). Partant de ce Psaume, nous
trouvons donc que notre bonheur consiste en tout premier lieu dans la
jouissance d’un salut parfait qui nous est acquis par le sacrifice de Christ et
que la Parole nous fait connaître.
Voyons maintenant le Psaume 1er
« Bienheureux
l’homme qui ne
marche pas dans le conseil des méchants, et ne se tient pas dans le chemin des
pécheurs, et ne s’assied pas au siège des moqueurs, mais qui a son plaisir en
la loi de l’Éternel, et médite dans sa loi jour et nuit ! » (v. 1, 2).
Ici le croyant jouit du
bonheur dans sa marche et dans sa conduite. Cette conduite caractérise tout le
long des Psaumes, le Résidu d’Israël, les débonnaires, les pauvres, ceux qui
souffrent pour la justice, ceux qui traversent la détresse des derniers jours.
Ces caractères du Résidu sont les mêmes que ceux des débonnaires dans le sermon
sur la montagne (Matth. 5:1-12). Comme au Psaume 1er, les béatitudes
y sont prononcées par le Seigneur sur les fidèles, et,
quoiqu’il s’agisse exclusivement du Résidu juif croyant, c’est-à-dire des
disciples qui entouraient Jésus à ce moment-là, ce terme de bienheureux
s’applique aussi à nous,
chrétiens, car les « béatitudes » se terminent par ces mots : « Votre
récompense est grande dans les cieux
. » Or le Résidu de la fin recevra,
comme tant de Psaumes nous le montrent, sa récompense sur la terre.
Dans le sermon sur la montagne, comme du reste dans
tous les Psaumes, il va sans dire que ce qui les rend heureux, ce ne sont pas
les souffrances mêmes, mais le glorieux résultat auquel ces souffrances
aboutissent.
Notre marche chrétienne, comme
celle du Résidu d’Israël, a deux caractères dans le Ps. 1er. Le
premier est négatif
. Il consiste à marcher dans une
vraie séparation du monde : à ne pas nous mêler de ses décisions ou de ses
conseils, à nous abstenir de ses voies, à ne pas nous sentir à l’aise en
compagnie de ceux qui se moquent de Dieu et de ses enfants. Le second, le
caractère positif
de notre bonheur,
se résume en un mot : trouver notre plaisir dans la parole de Dieu. Si
cette précieuse Parole n’occupe pas constamment nos pensées, le mot bienheureux
ne pourrait nous être
appliqué. N’est-ce pas à la négligence de la parole de Dieu que l’on peut
attribuer le malaise et la sécheresse d’âme chez les chrétiens, leur alliance
avec le monde, ayant pour but de combler le vide que leur laisse l’oubli des
Écritures, et aussi tant de chutes qui déshonorent le beau nom que nous
portons ? N’oublions pas que, pour être heureux, il ne suffit pas de lire
la Bible, mais qu’il faut que l’âme y trouve son plaisir et la médite jour et
nuit. L’application à s’en nourrir implique nécessairement l’obéissance à tout
ce qu’elle nous prescrit. Pour nous en tenir à l’enseignement de ce Psaume,
l’âme, qu’elle soit juive ou chrétienne, obéissant à la Parole, comprendra bien
vite ce que c’est que le monde et s’en séparera comme d’un système hostile à
son Sauveur, devant tomber sous un prompt jugement, et comme « gisant tout
entier dans le Méchant » qui est Satan, l’Adversaire de Christ. Abraham, ayant
fait la connaissance de Melchisédec, prenait cette attitude. Il n’acceptait
aucune association avec le roi de Sodome et n’en recevait aucun présent. Chers
lecteurs chrétiens ! Voulez-vous être qualifiés de bienheureux
? suivez
le chemin du père de la foi, et le bonheur qui remplira votre coeur ne
sera pas trop payé de quelques renoncements et de quelques souffrances !
Lisons la Parole, méditons-la, puisons-y notre vie et notre subsistance
spirituelle, et le monde n’aura plus d’attrait pour nos âmes. Trouvant notre
joie dans les pensées de Dieu, nous ne pourrons plus rechercher d’autres
plaisirs que ceux dont la Parole nous offre la jouissance.
Le Psaume 119, v. 1, 2 exprime la même pensée :
« Bienheureux
ceux qui sont
intègres dans leur voie, qui marchent dans la loi de l’Éternel, Bienheureux
ceux qui gardent ses
témoignages, qui le cherchent de tout leur coeur. »
Ce Psaume nous décrit l’état
d’une âme qui, égarée autrefois dans les voies du monde, « comme une brebis qui
périt », a trouvé, en revenant à Dieu, le bonheur qu’elle n’avait rencontré
nulle autre part. Comme dans le Psaume 1er, ce bonheur est
double : l’âme qui marche dans l’intégrité le possède, mais cette
intégrité elle-même est le produit d’une communion habituelle avec tout ce que
la parole de Dieu contient. « Bienheureux »,
disait le Seigneur, « sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la
gardent » (Luc 11:28).
Le Psaume 1er nous
a présenté le bonheur que l’âme éprouve dans une marche intègre, dont la source
unique
est la fidélité à la parole de Dieu ; le Psaume 2 nous présente une nouvelle source de
bonheur, tout aussi précieuse que la connaissance de la Parole. Le grand sujet
de ce Psaume est le Christ, le Fils de Dieu, engendré par Lui comme Fils de
l’homme. Le monde entier est soulevé contre Lui, mais Dieu l’établit Roi sur
Sion, la montagne de sa sainteté. Il a mis toute puissance entre ses
mains ; mais, s’il exerce sa puissance en jugement, jusqu’à briser les
nations avec un sceptre de fer, « Bienheureux tous ceux qui se confient en
lui ! » (v. 12). Ils n’ont rien à craindre de la colère à venir. Se soumettre
à Lui est le chemin du bonheur ; Lui possède la puissance et notre
faiblesse peut s’appuyer sur Lui sans réserve. N’a-t-il pas fait lui-même,
comme homme, la même expérience, avant d’être exalté à la droite de Dieu ?
N’a-t-il pas dit : « Je me confierai en Lui » ? (Hébr. 2:13). Ce seul
mot caractérise sa vie tout entière comme homme ici-bas. Or, pour se confier en
Lui, il faut le connaître, et ici, c’est la connaissance de sa Toute-puissance
qui nous remplit de bonheur et nous fait attribuer ce bonheur à tous ceux qui
se confient en Lui comme nous. Toute sa vie à Lui a été celle d’une confiance
ininterrompue. Au plus fort de ses souffrances, quand il offrait avec de grands
cris et avec larmes, des prières et des supplications à Celui qui pouvait le
sauver hors de la mort et lui répondre d’entre les cornes des buffles, jamais
cette confiance n’a été ébranlée ; jamais il n’a été confus ; jamais
le mot Bienheureux
ne lui a été retiré.
Cette confiance
qui
dépend pour nous de la connaissance du Seigneur et des ressources qui sont en
Lui, remplit, du commencement à la fin, le livre des Psaumes. Vous l’y trouvez
exprimée plus de soixante fois. Qu’il me suffise de la présenter en relation
avec notre bonheur et comme en étant la source.
Au Psaume 34°, la pensée de ce que Dieu a été pour le
vrai David au milieu de toutes ses détresses, remplit de confiance le coeur des
fidèles et ils peuvent dire : « Bienheureux l’homme qui se conf
ie
en Lui ! » (v. 8). Au Psaume 40°, l’âme trouve son bonheur dans cette même
confiance, dont le Seigneur a donné l’exemple parfait quand il est entré pour
nous dans le bourbier fangeux et dans le puits de destruction, et, que, pour
lui répondre, Dieu a établi ses pieds sur un roc et a mis dans sa bouche un
nouveau cantique. « Bienheureux
», est-il dit au v. 4, « l’homme qui a mis
en l’Éternel, sa confiance
. »
Ainsi, suivre Christ à travers toutes ses épreuves, dans le chemin d’une confiance qui n’a jamais failli, et qu’à part l’expiation nous pouvons toujours partager, remplit le coeur d’un bonheur que rien ne peut atteindre, puisque la détresse même n’a pu l’ébranler. Oui, c’est un bonheur ineffable de connaître la communion des souffrances de Christ et la puissance de sa résurrection et de pouvoir les réaliser à sa suite, dans la même confiance dont il était animé.
Mais il est encore un bonheur intime qui est celui de nos affections. Il est exprimé en six mots au Psaume 41°, v. 1.
« Bienheureux celui qui comprend le
pauvre
! » Ce bonheur
est tout spécial. Comprendre le Seigneur dans son abaissement, l’adorer dans
son humiliation, être avec lui, quand, lassé du chemin, il est assis au puits
de Sichar, le voir, sans qu’une plainte sorte de sa bouche, répondre par des
grâces et des tendresses nouvelles à la dureté de coeur des hommes et même de
ses disciples, le suivre pas à pas dans un chemin d’anéantissement personnel
où, seul entre tous, il trouve encore moyen de s’abaisser lui-même…
Votre coeur, cher lecteur,
n’est-il pas inondé de bonheur,
quand
vous le suivez ainsi ? Ah ! s’il est une chose qui dépasse sa gloire,
gloire que nous partagerons avec Lui, ce sont les souffrances qu’il a endurées,
lui, « le pauvre » dans son humble abaissement pour nous !
* * *
Il est encore une autre forme de bonheur que nous connaissons bien si nous avons réalisé le triste état de la scène que nous traversons. C’est celui qui est exprimé au Psaume 65°, v. 4.
« Bienheureux
celui que tu as choisi et que tu
fais approcher : il habitera tes parvis. Nous serons rassasiés du bien de
ta maison, de ton saint temple ». Ce bonheur, nous ne l’avons encore qu’en espérance
, espérance basée, toutefois, sur la parfaite certitude de nos
relations avec Dieu. Il nous a choisis
, il nous a approchés
de lui, mais ses parvis, les biens de sa maison, la
louange dont retentira son saint temple, sont encore à venir. La louange
l’attend encore « dans le silence en Sion ». Quand le jour de la gloire aura lui
pour nous, Dieu fera chanter de joie les « sorties du matin et du soir ».
Glorieuse perspective ! Votre coeur n’en est-il pas illuminé ? Ne
vous glorifiez-vous pas dans l’espérance de la gloire de Dieu ?
Nous trouvons en Luc 12 un
passage qui se rapproche de celui-ci, parce qu’il s’agit de l’espérance,
mais ce que nous ne
trouvons pas dans le Psaume 65°, c’est le bonheur qui accompagne un service
lié à l’attente continuelle de
Celui qui doit nous trouver les reins ceints et nos lampes allumées. « Bienheureux
sont ces esclaves, que le
maître, quand il viendra, trouvera veillant » (v. 37). C’est aussi le bonheur de
voir enfin notre espérance réalisée par la venue du Seigneur en grâce :
« Et s’il vient à la
seconde veille, et s’il vient à la troisième, et qu’il les trouve ainsi, bienheureux
sont ces esclaves-là » (v.
38). Notre espérance chrétienne
elle-même
ne peut être le sujet des Psaumes, car ils n’attendent la délivrance du Résidu
que par le jugement ; mais, nous le demandons, l’espérance est-elle, pour
vous, cher lecteur, « la bienheureuse
espérance » ?
(Tite 2:13). Si elle ne l’est pas, quelle en est la cause ? Peut-être ne
vous remplit-elle pas de bonheur, parce que, pour la réaliser, il vous faudrait
quitter des choses auxquelles vous avez donné, dans votre vie, une importance
que vous avez, par cela même, refusée à Christ !
Le Psaume 84° rappelle plusieurs des causes de bonheur
dont le coeur du racheté est rempli, aussi le mot Bienheureux
y revient-il
plus souvent que dans tout autre Psaume. Nous sommes revenus tant de
fois sur ce Psaume qu’il nous suffira de quelques mots pour le caractériser, en
évitant des redites inutiles. Le croyant peut dire : « Bienheureux ceux qui
habitent dans ta maison ; ils te loueront incessamment ». Il diffère en
cela du croyant du Psaume 65° qui
n’a ce bonheur qu’en espérance. Le chrétien a, déjà ici-bas, un accès dans le
sanctuaire, accès qui n’est pas encore la gloire, mais la jouissance du
Seigneur dans les lieux célestes, la réalisation de sa présence comme le « Dieu
vivant », ressuscité d’entre les morts et portant les stigmates de l’Agneau
immolé. Le bonheur, attaché au repos du coeur et de la conscience, nous le
trouvons dans la contemplation de son sacrifice, le bonheur du culte
,
dans la louange incessante qui lui est rendue.
Nous trouvons dans ce Psaume
un second Bienheureux : « Bienheureux
l’homme dont la force est en
toi, et ceux dans le coeur desquels sont les chemins frayés ». Ce bonheur
appartient à celui dont le coeur est aux chemins frayés qui mènent à la maison
de Dieu. Le chrétien qui ne cherche sa force qu’en Dieu, pour atteindre cette
maison, au milieu des fatigues et des douleurs de la route, voit la triste
vallée fleurir autour de lui et y rencontre à chaque pas des sources d’eau
vive ; le ciel même y verse chaque matin sa rosée bienfaisante. Heureux
chrétien ! Se plaindra-t-il des difficultés du chemin, quand il voit, à
chaque instant, des bénédictions nouvelles naître sous ses pas ? quand ses
forces s’accroissent en marchant, au lieu de s’user, à mesure que le voyage se
prolonge ?
Ce Psaume merveilleux se termine par une invocation à l’Éternel des armées :
« Éternel des armées ! bienheureux l’homme qui se confie en toi ! »
Nous sommes ramenés ici à la confiance
.
Le commencement, le milieu et le bout de la carrière sont remplis de Bonheur
. Arrivés au terme de notre voyage, quand il s’agit pour nous de
paraître devant Dieu, nous savons qu’il regarde « la face de son Oint » et non la
nôtre ; qu’Il est Lui-même notre lumière et notre bouclier ; que
l’avenir éternel est parfaitement assuré pour celui qui a mis sa confiance en
Lui !
* * *
J’ai gardé pour la fin une
cause de bonheur que beaucoup de mes lecteurs seraient peu disposés à
reconnaître comme telle. Il s’agit du bonheur
sous la discipline
. Lisez au Psaume
94, les v. 12, 13 : « Bienheureux
l’homme que tu châties, ô
Jah ! et que tu enseignes par ta loi, pour le mettre à l’abri des mauvais
jours, jusqu’à ce que la fosse soit creusée pour le méchant ! »
Sans doute, « aucune
discipline, pour le présent, ne semble être un sujet de joie, mais de
tristesse ; mais plus tard, elle rend le fruit paisible de la justice à
ceux qui sont exercés par elle » (Hébr. 12:11) ; mais, tout le long de l’épreuve,
le chrétien a l’heureuse assurance que, si Dieu s’occupe de lui, c’est parce
qu’il le reconnaît comme son enfant. La discipline paternelle est donc une
preuve d’amour. Elle a pour but de nous faire participer à la sainteté de Dieu.
Elle nous reprend, nous châtie, pour que nous apprenions à juger tout ce qui
mettrait en nous une entrave à notre bonheur
. Cette discipline nous force à recourir
à l’enseignement de la Parole
; elle nous évite des jugements
douloureux en nous mettant « à l’abri des mauvais jours ».
Parmi mes lecteurs chrétiens,
y en a-t-il un seul qui voudrait n’avoir pas été discipliné et même châtié par
son Père ? Ne confesseront-ils pas que chaque discipline leur a fait faire
un pas de plus dans le jugement d’eux-mêmes, dans celui du monde qu’ils
traversent, et dans la connaissance des richesses inépuisables de Christ ?
Je connais des chrétiens qui, voyant l’épreuve se prolonger, voudraient saisir
toutes les occasions que les hommes leur offrent pour s’y soustraire. Dieu les
aime trop pour le leur permettre. De là, conflit entre leur volonté et celle de
Dieu, qui les plonge dans le chagrin, le mécontentement, le malaise spirituel.
Ces chrétiens ne peuvent dire : « Bienheureux
l’homme que tu
châties », et au lieu de faire des progrès dans l’affranchissement et dans la
jouissance de leur bonheur, ils traînent une vie misérable, sans vrai avantage
spirituel, sans communion avec la parole de Dieu, sans séparation réelle du
monde, sans joie et sans force. Combien ils sont à plaindre ! Pour n’avoir
pas dit : « Bienheureux
l’homme que tu châties », ils
perdent la jouissance de tous les bonheurs divers dont ces pages viennent de
nous entretenir !
Je ne pense pas pousser plus
loin l’étude du bonheur
dans les
Psaumes. Ils contiennent beaucoup de Bienheureux
qui s’appliquent exclusivement au Résidu juif de la fin. Le bonheur de ce
dernier a pour sphère la terre, le nôtre, le ciel. Appliquer aux chrétiens les
promesses de bonheur et de bénédictions terrestres faites au Résidu juif,
serait fausser entièrement le caractère du bonheur chrétien, et c’est de
celui-ci que le Seigneur a voulu nous occuper (*).
(*) II va sans dire que je ne parle pas ici des bénédictions que Dieu dispense Ici-bas à tous ceux qui obéissent aux règles de son gouvernement (Voy. Éph. 6:2, 3).
Mais je voudrais, en terminant, mettre sous les yeux du lecteur les paroles qu’un cher serviteur de Dieu, arrivé au bout d’une étude des Psaumes, écrivait sur son calepin :
« Béni sois-tu, mon Dieu et mon Père, qui m’as accordé le bonheur de pouvoir étudier ce livre, d’en suivre le développement et enfin de le terminer, car il ne s’agit pas pour moi d’une étude proprement dite ; mais, dans la mesure qui m’est accordée, j’ai pu jouir de la vérité et des bénédictions dont ce livre est rempli. Oui, il m’a parlé de Christ, de toi, mon Seigneur, et mon Maître, à la louange de notre Dieu ! »
Puissions-nous abonder de
plus en plus dans la connaissance du Seigneur, par sa Parole, et dans la
jouissance du bonheur
que notre âme
trouve toujours en Lui !