À la montagne de Sion — Hébreux 12:18-22

Contraste entre Sinaï et Sion

Mark Grasso [ajouts bibliquest entre crochets]


Truth & Testimony 2010, vol. 11, pages 191-196


Table des matières :

1 - Introduction [Les contrastes dans l’épître aux Hébreux ont pour but d’affermir dans la position chrétienne]

2 - La montagne de Sinaï [La Loi et son effet]

2.1 - [La montagne « qui peut être touchée » (Héb. 12:18) est celle de Sinaï]

2.2 - [La Loi donnée à Moïse, source de terreur]

2.3 - [La loi ne pouvait fournir ni paix ni salut]

3 - La montagne de Sion [Son origine, et sa signification tirée de son histoire]

4 - « [Venus] À la montagne de Sion » [Héb. 12:22]

4.1 - [Vous êtes venus = vous êtes sauvés. Profiter pleinement de la grâce]

4.2 - [La montagne de Sion dans les Psaumes, et les exhortations à en retirer]

5 - Conclusion : [La présentation de la grâce de Dieu est le fondement d’une exhortation à vivre pieusement]


1 - Introduction [Les contrastes dans l’épître aux Hébreux ont pour but d’affermir dans la position chrétienne]

Une caractéristique de l’épître aux Hébreux est la série de contrastes qui expliquent tout ce que la présente dispensation de la grâce a de supérieur par rapport à la dispensation précédente de la loi — ou, dit plus simplement, les contrastes expliquent la supériorité du christianisme sur le judaïsme. Par exemple les deux premiers versets de l’épître disent que Dieu a parlé aux chrétiens d’une manière merveilleuse, unique et directe, — dans Son Fils Jésus Christ, — plutôt que de la manière fragmentaire et indirecte d’autrefois, par l’intermédiaire de prophètes.

Le but de ces contrastes n’est pas de suggérer que le judaïsme est défectueux en tout ou partie. Le mot clé de l’épître est le mot « meilleur ». L’épître aux Hébreux établit une série de contrastes entre les bonnes choses du judaïsme et les choses meilleures de Christ. En outre l’épître aux Hébreux paraît avoir été écrite à un groupe de personnes, d’origine juive, qui avaient cru au Seigneur Jésus, mais qui avaient besoin d’encouragements pour rester fermes dans leur position chrétienne, et pour ne pas retourner aux pratiques du judaïsme (Héb. 2:1-4). Les comparaisons et les distinctions qui se trouvent dans l’épitre ne sont donc pas simplement théoriques, mais étaient écrites pour leur encouragement.

Finalement dans l’épître aux Hébreux, du fait que les contrastes nous rappellent nos privilèges chrétiens, ils devraient aussi nous aider « à fixer les yeux sur Jésus » (Héb. 12:2). Voilà le but du présent article qui traite du dernier contraste figurant dans l’épître (Héb. 12:18-22), à savoir celui entre la montagne « qui peut être touchée » et la montagne de Sion.


2 - La montagne de Sinaï [La Loi et son effet]

2.1 - [La montagne « qui peut être touchée » (Héb. 12:18) est celle de Sinaï]

Hébreux 12:18 commence en faisant référence à une montagne d’autrefois qui n’est pas nommée. Dans la description qui en est faite aux versets 18 à 21, on trouve spécialement qu’il y avait un feu brûlant, qu’elle était entourée d’obscurité, de ténèbres et de tempêtes, et qu’on y entendait une voix de paroles ; cette description correspond à la montagne évoquée en Deutéronome 4:11-12. Ce dernier passage déclare : « et la montagne était brûlante de feu … ténèbres, nuées, et profonde obscurité … vous entendîtes la voix de ses paroles ». Le verset suivant (4:13) raconte ce qui est arrivé : « Et il (l’Éternel) vous déclara son alliance, qu’il vous commanda de pratiquer, les dix paroles ; et il les écrivit sur deux tables de pierre ». Par conséquent le sujet d’Hébreux 12:18-21 est le don de Dieu à Israël, le don des dix commandements à la montagne de Sinaï (voir aussi Ex. 19 et Deut. 5:22-23). (*)


(*) Bien que cela soit sans conséquence sur le présent article, la Bible distingue entre la montagne de Sinaï et le désert environnant, mais les deux sont connus sous le nom de Sinaï (Ex. 19:1-2).


2.2 - [La Loi donnée à Moïse, source de terreur]

En Galates 4:24-25, la montagne de Sinaï est utilisé comme une métaphore pour la servitude de la loi. Cependant Hébreux 12 utilise la même montagne pour présenter un aspect différent de la loi, comme cela ressort clairement des circonstances suivantes concernant le don des dix commandements :


Il apparait qu’Israël savait déjà que l’Éternel « ne tient nullement le coupable pour innocent » (Exode 34:7).


2.3 - [La loi ne pouvait fournir ni paix ni salut]

Les circonstances qui viennent d’être évoquées existaient au commencement de la dispensation de la loi, deux jours seulement après qu’Israël ait promis d’obéir à tout ce que Dieu allait dire (Exode 19:8). Même si ce que Dieu donna à la montagne de Sinaï était droit, juste et bon (Néh. 9:13 ; Rom. 7:12), l’horreur qu’éprouva Israël montrait que, même si l’homme eût été capable de garder la loi (ce que le Nouveau Testament déclare impossible : Actes 15:10), cette loi n’a jamais fourni à l’homme une base pour venir dans la présence de Dieu, ni ne lui a jamais donné la paix et, pire que tout, elle ne l’a jamais sauvé (voir aussi Galates 2:16).

En conséquence, la montagne de Sinaï, selon qu’Hébreux 12:18 la présente, parle de la loi dans sa terreur.


3 - La montagne de Sion [Son origine, et sa signification tirée de son histoire]

La montagne mise en contraste avec la montagne de Sinaï en Hébreux 12:22 est la montagne de Sion.

La première mention de la montagne de Sion dans la Bible est en 2 Samuel 5:6-7, où il est rapporté que le premier acte de David, une fois établi roi sur Israël, a été de prendre aux ennemis d’Israël la cité située à cet endroit (voir aussi 1 Chr. 11:3-5). Ensuite, la montagne de Sion a été décrite comme le lieu choisi par Dieu pour y demeurer (par exemple Ps. 9:11) et pour bénir (par exemple Ps. 133:3).

Cependant les moyens par lesquels David a été capable de s’emparer de la montagne de Sion et la raison pour laquelle la montagne a été ainsi choisie de Dieu méritent d’être notés. Au Psaume 78 il y a un résumé de la manière d’agir de Dieu vis-à-vis d’Israël qui met l’accent sur la miséricorde continuelle de Dieu envers Israël tout au long d’une longue période, malgré leur désobéissance (par exemple Ps. 78:38), jusqu’au moment où Israël provoqua Dieu à une colère telle qu’Il les abandonna (Ps. 78:56-64). Cependant les versets suivants du Psaume décrivent un grand changement : « Alors le Seigneur s’éveilla comme un homme qui dort… Et il frappa ses ennemis par derrière… Mais il choisit la tribu de Juda, la montagne de Sion qu’il aima… Et il choisit David » (Ps. 78:65-70). En bref, Dieu a exercé sa grâce en faveur d’Israël quand Il n’avait aucune raison de le faire et que tout semblait perdu pour eux ; et Il exerça cette grâce pour les amener à la bénédiction par le moyen de David et sa conquête de Sion.

Ces versets aussi bien que d’autres Psaumes (par exemple Ps. 132:13), montrent clairement que la montagne de Sion parle de Dieu agissant en grâce souveraine. C’est aussi ce qui est présenté en Hébreux 12:22. (*)


(*) L’affirmation que les chrétiens « sont venus à la montagne de Sion » (Héb. 12:22) ne signifie pas que l’église est une prolongation ou un remplacement d’Israël, car la Bible maintient toujours la distinction entre Israël et l’église (par exemple 1 Cor. 10:32). Bien plutôt le langage d’Hébreux 12:18-22 est un langage figuré, comme, par exemple, celui d’Hébreux 13:10 : « nous avons un autel ». La position chrétienne n’est pas une position juive améliorée, mais elle est nettement et complètement en contraste avec elle (W. Kelly, exposé de l’épître aux Hébreux).


4 - « [Venus] À la montagne de Sion » [Héb. 12:22]

4.1 - [Vous êtes venus = vous êtes sauvés. Profiter pleinement de la grâce]

Pour les raisons ci-dessus, le contraste souligné dans les versets 18 à 22 d’Hébreux 12 est celui qui se situe entre la terreur d’essayer de s’approcher de Dieu par le moyen de la loi, et la bénédiction des bénéficiaires de Sa grâce souveraine. En accord avec le reste du Nouveau Testament, ces versets nous rappellent que nous avons été sauvés (« nous sommes venus ») et nous restons sauvés, et cela a été accompli par la grâce de Dieu (le lieu où nous sommes venus est la montagne de Sion ; voir aussi par exemple Éph. 2:8-9) et que la loi n’a pas de place dans la vie du chrétien (nous ne sommes pas venus à la montagne de Sinaï ; voyez aussi par exemple Gal. 5:18).

Hébreux 12:18 et l’affirmation que nous ne sommes pas venus à la montagne de Sinaï ne signifient pas que nous pouvons ignorer les parties de la Bible qui traitent de la dispensation précédente. Le faire serait se priver d’une juste appréciation des vérités de 2 Corinthiens 3, de Galates, et d’autres parties du Nouveau Testament. Cependant la loi reste un ministère de mort (2 Cor. 3:7). En conséquence, assurons-nous que nous ne prenons pas pour nous-mêmes, ou pour d’autres chrétiens, cette place-là en donnant à tout ou partie de la loi un rôle quelconque dans nos vies.

Quant à Hébreux 12:22, il est possible que l’expression « vous êtes venus » contienne un élément de blâme du fait que les chrétiens auxquels l’épître était adressée, ne tiraient pas profit de leur position bénie. C’est pourquoi nous devons nous demander pour nous-mêmes si nous tirons le meilleur parti de la grâce de Dieu et si nous nous approchons de Lui selon Héb. 10:22 dans notre adoration, nos prières, et plus généralement dans notre communion avec Lui.


4.2 - [La montagne de Sion dans les Psaumes, et les exhortations à en retirer]

Nous aurons aussi profit à passer en revue ce qui est dit de la montagne de Sion dans les Psaumes. Beaucoup de sentiments exprimés dans ce livre s’appliquent certes, premièrement, à ceux d’Israël dans le millénium, mais nous avons à les ressentir en rapport avec notre position chrétienne actuelle. Voilà quelques exemples :



(*) Le contraste avec la terreur de la loi est poursuivi dans la suite du v. 22 de Héb. 12 et dans les deux versets suivants. Malheureusement le cadre de cet article ne nous laisse pas le temps et l’espace de considérer ces versets. Les exposés introductifs (Introductory Lectures) de William Kelly sur l’épître aux Hébreux fournissent un point de départ utile pour poursuivre cette étude.


5 - Conclusion : [La présentation de la grâce de Dieu est le fondement d’une exhortation à vivre pieusement]

À la lumière des sujets développés ci-dessus, Hébreux 12:18-22 doit nous pousser à rendre grâces et à louer pour notre position chrétienne, et pour avoir simplement connu la grâce de Dieu et n’avoir jamais eu peur de Son jugement. Bien qu’il existe des commentateurs prétendant que ces versets ne sont pas « pratiques », la présentation de la grâce de Dieu dans ce passage, est le fondement d’une exhortation à vivre pieusement. Comme le v. 28 le déclare, servons Dieu « d’une manière qui Lui soit agréable, avec révérence et avec crainte ».