ou : Quelques-unes des
Relations de Christ avec son peuple.
Éph. 3:8 : « …annoncer parmi les nations les richesses insondables du Christ… »
Edward Dennett
ME 1885 p. 3-466 ; les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest
1 - Chapitre 1 — Christ, notre Sauveur
1.1 - La personne de Christ comme Sauveur
1.2 - L’oeuvre de Christ comme Sauveur
1.2.1.1 - La propitiation — Lév. 16:14
1.2.1.2 - La substitution — Lév. 16:20-22
1.2.2 - La résurrection de Christ
1.3 - Rôles de la grâce et de la foi
2 - Chapitre 2 — Christ, notre Rédempteur
2.1 - Le prix payé ou la rançon.
2.4 - Responsabilité du racheté
2.4.1 - Responsabilité en tant qu’appartenant à Christ
2.4.2 - Responsabilité quant à notre corps
2.4.3 - Ne pas être sous une autorité opposée à Christ
2.4.4 - Zélés pour les bonnes oeuvres
2.4.6 - Attente de la résurrection
3 - Chapitre 3 — Christ, notre Seigneur.
3.1 - Le culte : Adoration rendue au Seigneur
3.3 - Christ Seigneur, nous ses serviteurs
3.4 - Christ comme Seigneur sur les familles et les maisons
3.5 - Christ comme Seigneur universel
4 - Chapitre 4 — Christ, notre Berger
5 - Chapitre 5 — Christ, notre vie.
5.1 - Christ, la lumière et la vie dans un monde de ténèbres et de mort
5.2 - Il fallait la mort de Christ — le Prince de la vie
5.3 - La vie éternelle reçue par la foi
5.4.1 - Notre vie n’est pas ici.
5.4.2 - Manifester la vie de Christ
5.4.3 - Christ notre vie ; les siens manifestés avec Lui en gloire
6 - Chapitre 6 — Christ, notre nourriture.
6.1 - Se nourrir de Christ, l’Agneau pascal
6.2 - Se nourrir de Christ, la manne
6.3 - Se nourrir de Christ, vieux blé du pays
7 - Chapitre 7 — Christ, notre souverain Sacrificateur.
7.2 - La personne du souverain Sacrificateur
7.3 - Ceux pour lesquels Il agit comme Sacrificateur
7.4 - Qualification comme sacrificateur
7.5.1 - Christ pour nous devant Dieu
7.5.2 - Nous recevons miséricorde par Christ
7.5.3 - Nous pouvons nous approcher de Dieu par Christ
7.5.4 - Nos louanges montent par Christ
8 - Chapitre 8 — Christ, notre avocat.
8.3 - La différence entre Avocat et Sacrificateur
8.4 - Jean 13, le lavage des pieds
8.4.1 - Un lavage initial complet
8.4.2 - Un lavage des pieds continuel
8.4.3 - Comment le Seigneur lave-t-il ?
8.6 - Responsabilité vis-à-vis d’autrui
9 - Chapitre 9 — Christ, notre objet.
9.1 - Christ objet de la vie de la foi
9.2 - Christ notre objet dans le service
9.3 - Christ comme objet à posséder
9.4 - Christ comme objet auquel nous devons être rendus conformes
9.5 - Christ objet commun du Père et de nous (communion)
10 - Chapitre 10 — Christ, notre modèle.
10.1 - Suivre Christ : être né de nouveau
10.2 - Suivre Christ : avoir le Saint Esprit
10.3 - Suivre Christ : Marcher par l’Esprit
10.4 - Suivre Christ : les yeux fixés sur Lui
11 - Chapitre 11 — Christ, notre paix — Éphésiens 2.
12 - Chapitre 12 — Christ, notre chef.
12.1 - Chef du corps et Chef sur toutes choses
13 - Chapitre 13 — Christ, notre espérance.
13.1 - Attente de la venue du Seigneur
13.2 - Attente de l’apparition du Seigneur
13.3 - Distinction entre la venue du Seigneur et son apparition — Matt. 24:23-31 ; Apoc. 19:11-13
13.4 - Conséquences pratiques de l’attente de la venue du Seigneur
Les différents sujets traités sous ce titre ne l’ont pas été dans des conférences ; ce ne sont pas même des notes de méditations, quoiqu’il ait pu se faire que l’auteur ait occasionnellement parlé sur ces matières. Ce sont plutôt des études ou des méditations écrites. L’auteur en a retiré du profit, il ose espérer qu’elles contribueront aussi à l’édification de ses lecteurs.
Elles sont très simples et à la portée des plus faibles parmi les saints. L’auteur n’a voulu imposer ses convictions à personne, car lecteurs et auditeurs sont toujours dans l’obligation d’examiner eux-mêmes le fondement sur lequel reposent les vérités exposées. Chaque chapitre forme d’ailleurs un tout ; c’est pourquoi les répétitions n’ont pas été évitées, quand par là le sujet traité pouvait être rendu plus intelligible ou plus complet.
L’unique sujet c’est Christ lui-même. Personne ne sent plus que l’auteur combien a été faible son essai de développer quelques-uns des rapports de Christ avec les siens. Mais il y a toujours profit à être occupé de Christ dans quelque mesure que ce soit. La prière de l’auteur, c’est que le Seigneur veuille bien employer ces pages à augmenter la communion des saints avec le Seigneur, et qu’Il se glorifie ainsi lui-même en les bénissant selon son propre coeur. Qu’à son nom soit toute la gloire !
C’est le premier caractère
sous lequel Christ se présente à nous. Fils de Dieu, Fils de l’homme, le Christ
de Dieu, etc., voilà tout autant de titres et de gloires que nous ne comprenons
que bien faiblement, jusqu’à ce que, par la grâce de Dieu, nous l’ayons saisi
comme Celui qui répond aux besoins de pécheurs tels que nous, et que, par la
Foi, nous l’ayons reçu comme notre Sauveur. Alors, en paix avec Dieu, nos
coeurs sont à l’aise ; et conduits par le Saint Esprit, nous trouvons
notre joie à rechercher, à étudier, à sonder tous les aspects sous lesquels il
se présente à notre contemplation dans les Écritures. C’est ce que nous avons
dans l’évangile de Matthieu. Lorsque l’ange visita Joseph pour lever ses difficultés
au sujet de Marie, il dit : « Elle enfantera un fils, et tu appelleras son
nom Jésus, car c’est lui qui sauvera son
peuple de leurs péchés
»
(Matt.
1:21). Il est vrai que nous avons en premier lieu sa généalogie royale et sa
conception miraculeuse, mais il n’en est pas moins vrai non plus qu’il nous est
présenté d’abord sous son caractère de Sauveur. Il en est de même dans l’épître
aux Romains. Après la salutation et l’introduction, c’est avant tout l’état et
les besoins de l’homme coupable, soit Juif, soit gentil, qui nous sont
présentés, avec le sang de Christ pour y répondre ; c’est-à-dire encore
Christ comme Sauveur. « Il n’y a pas de différence, car tous ont péché et
n’atteignent pas à la gloire de Dieu, — étant justifiés gratuitement par sa grâce,
par la rédemption qui est dans le Christ Jésus, lequel Dieu a présenté pour
propitiatoire, par la foi en son sang, afin de montrer sa justice à cause du
support des péchés précédents dans la patience de Dieu, afin de montrer,
dis-je, sa justice dans le temps présent, en sorte qu’il soit juste et
justifiant celui qui est de la foi de Jésus » (Rom. 3:22-25) (*).
(*) Nous n’oublions pas que le Seigneur Jésus ne peut se présenter comme Sauveur que sur le principe de la rédemption accomplie. À ce point de vue, il est donc en premier lieu Rédempteur, et ensuite Sauveur. Mais nous ne parlons ici que de la manière dont nous le recevons.
Il y a deux choses principales à distinguer en Christ considéré comme Sauveur : sa personne et son oeuvre. Outre cela nous voyons Dieu agissant pour ressusciter Christ d’entre les morts et le faire asseoir à sa droite. Mais ceci est plutôt une réponse de Dieu, par laquelle il montre l’estimation qu’il fait de l’oeuvre de Christ, la déclaration de ce qui était dû à Celui qui avait glorifié le Père sur la terre et achevé l’oeuvre qu’il lui avait donnée à faire (Jean 17:4). Par là Dieu le présente comme Sauveur, en vertu de l’oeuvre qu’il a achevée, — en vertu de la croix.
La personne de Christ comme Sauveur, voilà ce qui doit d’abord attirer notre attention. Dans les passages déjà cités, c’est la personne de Christ qui occupe le premier rang. Ainsi, dans les Romains, « l’évangile de Dieu touchant son Fils (né de la semence de David, selon la chair, déterminé Fils de Dieu en puissance, selon l’Esprit de sainteté, par la résurrection des morts), Jésus-Christ notre Seigneur » (Rom. 1:1-4). Dans Matthieu aussi, il est appelé fils de David, fils d’Abraham (Matt. 1:1) ; il est présenté comme conçu du Saint-Esprit avant d’être annoncé comme le Sauveur. C’est sa personne qui attire les regards avant que nous puissions considérer son oeuvre. Il en est autrement pour le pécheur, qui généralement apprend à connaître la valeur de l’oeuvre de Christ avant de considérer sa personne. Dans son entretien avec Nicodème, nous voyons d’abord annoncée la dignité de sa personne et ensuite son rejet et sa mort. « Personne n’est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel, le fils de l’homme qui est dans le ciel. Et comme Moïse éleva le serpent au désert, ainsi il faut que le fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui, ne périsse pas, mais ait la vie éternelle » (Jean 3:13-15).
Il y a donc deux côtés dans la personne de Christ. Il était Dieu manifesté en chair : « La Parole devint chair, et habita au milieu de nous (et nous vîmes sa gloire, une gloire comme d’un fils unique de la part du Père) pleine de grâce et de vérité » (Jean 1:14). La Parole était le Fils éternel, et le Fils éternel devint homme. Il était ainsi Dieu et homme, union qui n’était possible en aucun autre et qui rendait sa personne si insondable, si incompréhensible, que lui-même dit : « Personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père » (Matt. 11:27). Il est essentiel pour nous de retenir la pensée de sa parfaite divinité aussi bien que de sa vraie humanité ; car s’il n’avait pas été vrai homme, il n’aurait pas pu être victime pour le péché ; et s’il n’avait pas été Dieu, son sacrifice n’aurait pas pu s’étendre à tous les hommes. Satan le sait bien, et c’est pourquoi, dans tous les temps, il a cherché à miner l’une ou l’autre de ces vérités en suggérant des doutes tantôt au sujet de son humanité, tantôt au sujet de sa divinité. Mais la gloire de la personne de Christ consiste en ceci qu’il est à la fois Dieu et homme. Cette vérité est à la base de la rédemption et lui donne son caractère.
Quel vaste champ est ainsi ouvert à notre contemplation !
En suivant Christ dans sa carrière terrestre, depuis la crèche de Bethléem
jusqu’à la croix du Calvaire, nous voyons se manifester à la fois son humanité
et sa divinité. En voyant son état d’abaissement, en considérant combien il est
défait de visage plus qu’aucun autre, et sans apparence plus que pas un des
enfants des hommes (Ésaïe 52:14) ; en le contemplant au milieu de ses
disciples, où nous le voyons fatigué, se reposant, mangeant et buvant, pleurant
avec ceux qui pleurent (Jean 11:35), et dormant sur un oreiller (Marc 4:38),
nous ne pouvons douter qu’il soit un homme. C’étaient précisément les preuves de
son humanité qui, frappant leurs yeux, étonnaient ses adversaires, et les
aveuglaient sur ses caractères divins. D’un autre côté, les preuves de sa
divinité ne sont pas moins évidentes aux yeux de la foi. Quel autre que Dieu
pourrait guérir la lèpre, ouvrir les yeux des aveugles, rendre la vie aux
morts, commander aux vents et aux vagues ? C’est ainsi qu’il dit à
Philippe qui lui demandait de leur montrer le Père : « Ne crois-tu pas que
moi, je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? Les paroles que moi
je vous dis, je ne les dis pas de par moi-même ; mais le Père qui demeure
en moi, c’est lui qui fait les oeuvres. Croyez-moi, que moi je suis dans le
Père, et que le Père est en moi ; sinon,
croyez-moi à cause des oeuvres elles-mêmes
» (Jean 14:10-11). Et ce qu’il était
,
ce que l’Écriture déclare qu’il était, est, si possible, encore
plus concluant. « Au commencement était la Parole ; et la Parole était
auprès de Dieu ; et la Parole était Dieu ». « Personne ne vit jamais
Dieu ; le Fils unique qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait
connaître » (Jean 1:18). Il est appelé le resplendissement de sa gloire et
l’empreinte de sa substance (Hébr. 1:3). Il est appelé encore dans une autre
épître, « l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création ; car
par lui ont été créées toutes choses, les choses qui sont dans les cieux et les
choses qui sont sur la terre, les visibles et les invisibles, soit trônes, ou
seigneuries, ou principautés, ou autorités : toutes choses ont été créées
par lui et pour lui ; et lui est avant toutes choses et toutes choses
subsistent par lui » (Col. 1:15-17). Considérez encore ses propres
paroles : « Celui qui m’a vu a vu le Père » (Jean 14:9) ; « Moi et le
Père, nous sommes un » (Jean 10:30) ; « En vérité, en vérité, je vous
dis : Avant qu’Abraham fût, je suis » (Jean 8:58) ; et qui peut douter
qu’il ne revendiquât la divinité pour lui-même ? (*)
(*) En parlant des preuves de la divinité au Seigneur, il m’a toujours semblé que si nous consentons à faire tout ce qu’il commande, nous devons le reconnaître comme Dieu ; par exemple, si nous croyons en lui, si nous allons à lui, si nous l’aimons et le servons comme il le demande, nous reconnaissons sa divinité ; car s’il n’était qu’un homme, ce serait indigne de Dieu de demander, tout comme de nous de donner ce qu’il demande.
Nous ne pouvons trop bénir Dieu pour ces quatre évangiles dans lesquels se trouvent réunis ces deux aspects de la personne de Christ. C’est pourquoi, ils sont ce qu’il y a de plus profond dans toutes les Écritures, parce qu’ils contiennent le développement d’une vie à la fois divine et humaine. Sans doute, les récits paraissent bien simples au premier abord ; mais, conduits par l’Esprit de Dieu, nous commençons à découvrir qu’il y a des profondeurs que nous n’avions pas soupçonnées, dans lesquelles nous devons plonger nos regards, et continuer à le faire si nous voulons voir les trésors qui s’y trouvent. Or plus nous serons familiarisés avec leur contenu, plus nous serons pénétrés de la majesté de la personne de Christ, Dieu-Homme, Dieu manifesté en chair. Il ne faut pas oublier qu’il ne peut rien y avoir de stable là où règne l’incertitude quant à la personne du Seigneur. Quelle force cela donne à l’âme de pouvoir dire (pour emprunter les paroles d’un autre) : « Les colonnes de la terre reposent sur cet homme qui fut méprisé, conspué et crucifié ». C’est la connaissance de ce qu’il est, non moins (si ce n’est plus) que de ce qu’il a fait, qui inspire à nos coeurs la confiance, l’adoration et la louange. Car, en vérité, il est sur toutes choses Dieu béni éternellement. Amen ! (Rom. 9:5).
Nous passons maintenant à
l’oeuvre de Christ. Nous entendons généralement par là ce qu’il a accompli sur
la, croix, — sa mort. D’une manière plus générale, il faudrait entendre ici sa
vie aussi bien que sa mort ; mais il y a une distinction profonde et
essentielle entre ses deux choses. C’est dans sa mort seulement qu’il a
porté les péchés de son peuple
(*) (1
Pierre 2:24).
(*) Nous n’ignorons pas les discussions qui se sont élevées au
sujet de ce passage. Pour justifier des vues particulières, on a voulu traduire
les mots epi to xulon
en les liant au verbe : il a porté jusqu’à la croix
,
au lieu de traduire sur la croix
. Mais l’usage des mots
eux-mêmes montre que cette idée est sans fondement, et tout l’enseignement des
Écritures relativement à la doctrine de l’expiation y est complètement opposé.
Sa vie révélait ce qu’il était, montrant, si nous pouvons ainsi
dire, ses titres à être une offrande pour le péché ; elle a montré qu’il
était l’agneau sans défaut et sans tache, — l’Agneau de Dieu ; mais c’est
sur la croix seulement qu’il prit la place du pécheur pour satisfaire à toutes
les justes exigences de Dieu, et qu’il endura la colère due au péché. C’est le
sang qui a fait expiation (Lév. 17:11). C’est donc sur la croix seulement que
Dieu eut affaire avec Christ concernant la question du péché et des péchés.
Pendant toute sa vie, quoiqu’il fut l’homme de douleurs et qui savait ce que
c’est que la langueur, il reposa dans la conscience de l’amour et de la faveur
du Père : jamais un nuage ne passa entre son âme et Dieu. Mais sur la
croix, comme tout change ! car c’est là qu’il a été fait péché pour nous,
et que, dans l’angoisse ineffable de son âme, quand tous les flots passaient
sur lui, il s’écria : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu
abandonné ! » (Matt. 27:46). Ainsi il était abandonné de Dieu, abandonné à
cause de la position de victime pour le péché, qu’il avait prise volontairement,
dans ce moment solennel, Dieu avait donc affaire avec lui au sujet de la
question du péché, au lieu d’avoir affaire avec nous, bien qu’il ne fût jamais
plus précieux à Dieu qu’alors, car c’est sur la croix que se montra sa parfaite
obéissance : « À cause de ceci le Père m’aime, c’est que moi je laisse ma
vie, afin que je la reprenne » (Jean 10:17).
C’est donc sur la croix, — par l’effusion du sang, par tout ce qu’il a souffert là, par sa mort, — que l’expiation fut accomplie. C’est pourquoi, avant de baisser la tête et de remettre son esprit, il s’écria par anticipation (*) : « C’est accompli » (Jean 19:30). Alors s’accomplit en effet l’oeuvre qui glorifia Dieu de telle manière que, sur ce fondement, Dieu sauve et qu’il est juste, bien plus, qu’il est glorifié en sauvant tous ceux qui croient. Toutes les bénédictions de tous les rachetés, la bénédiction milléniale de la terre, le rétablissement de toutes choses, le bonheur éternel des saints de toutes les dispensations, la perfection des nouveaux cieux et de la nouvelle terre, ces bénédictions si diverses et si glorieuses, découlent de l’oeuvre parfaite de Christ.
(*) Nous employons ce mot par anticipation
, parce que sa
mort n’avait pas encore eu lieu. Mais toutes choses s’accomplissaient alors
(voyez les vers. 28-30).
Cette oeuvre a deux aspects,
le côté de Dieu et celui de l’homme. Celui de Dieu est le premier, et,
pouvons-nous ajouter le coté essentiel. Ainsi, dans le grand jour des
expiations, le sang de la victime pour le péché était porté au dedans du voile
et répandu « sur le propitiatoire du côté de l’Orient ; et il (Aaron) fera
aspersion de ce sang-là sept fois avec son doigt devant, le propitiatoire »
(Lév. 16:14). Cela se faisait soit avec le sang du veau qui était l’offrande
pour Aaron et sa maison (type de l’Église, en tant que famille de
sacrificateurs consacrés à Dieu), soit avec le sang du bouc de l’offrande pour
le péché qui était pour Israël. Sans m’occuper ici des différences
caractéristiques et des détails de ces sacrifices, j’insiste sur ce point que le sang dans les deux cas était pour Dieu.
Je
ne dis pas (car, ce serait oublier d’autres textes de l’Écriture) que
l’aspersion du sang n’ait pas lieu pour nous, mais ici elle a lieu uniquement
pour Dieu ; car, en vérité, il était répandu, devant aussi bien que sur le
propitiatoire, et répandu là sept fois, de sorte que quand l’adorateur
s’approchait, il trouvait un parfait témoignage rendu par le sang, en la
présence de Dieu. Le sang était encore pour Dieu en ce que l’expiation
répondait aux exigences de la sainteté de Dieu et de la justice de son trône.
Il faisait propitiation pour les péchés du peuple. Il en est ainsi de Christ.
« Et lui est la propitiation pour nos péchés, et non pas seulement pour les
nôtres, mais aussi pour le monde entier » (1 Jean 2:2). L’efficace du sang de
Christ est donc telle qu’est sa valeur aux yeux de Dieu, et cette valeur est
infinie. Ainsi donc, si le sang répandu sur le propitiatoire servait d’un côté
à faire propitiation pour les péchés de son peuple, de l’autre, à cause de sa
valeur infinie devant Dieu, puisque Dieu a été glorifié par ce sang précieux,
il est devenu le fondement sur lequel Dieu peut agir en grâce envers le monde
entier, et envoyer ses serviteurs avec ce message pressant et solennel :
« Soyez réconciliés avec Dieu ». « Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné
son Fils unique, afin que quiconque croit en lui, ne périsse pas, mais ait la
vie éternelle » (Jean 3:16).
L’autre côté dont nous avons parlé, est celui de la substitution figurée par le bouc vivant. Quand l’aspersion du sang avait été faite selon le commandement de Dieu, il est dit : « Et quand il aura achevé de faire propitiation pour le lieu saint, et pour la tente d’assignation, et pour l’autel, il présentera le bouc vivant. Et Aaron posera ses deux mains sur la tête du bouc vivant, et confessera sur lui toutes les iniquités des fils d’Israël et toutes leurs transgressions, selon tous leurs péchés ; il les mettra sur la tête du bouc, et l’enverra au désert par un homme qui se tiendra prêt (pour cela) ; et le bouc portera sur lui toutes leurs iniquités dans une terre inhabitée ; et l’homme laissera aller le bouc dans le désert » (Lév. 16:20-22). Ceci répond exactement à ce que nous avons dans l’épître aux Romains. À la fin du chapitre 3, Christ nous est présenté comme le propitiatoire par la foi en son sang (v. 25) ; et à la fin du 4° chapitre nous lisons : « Lequel (Jésus) a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification » (v. 25). Ainsi, non seulement propitiation a été faite devant Dieu par le sang de Christ, mais si nous sommes croyants, nous pouvons dire qu’il a été livré pour nos offenses, qu’il a porté nos péchés en son corps sur le bois, et qu’il les a emportés dans un pays désert où il les a laissés à toujours, car « il a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification ».
Remarquons encore une chose. La question de notre péché, aussi bien que celle de nos péchés, a été résolue à la croix. « Ce qui était impossible à la loi, en ce qu’elle était faible par la chair, Dieu, ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour le péché, a condamné le péché dans la chair » (Rom. 8:3). Ainsi, non seulement Dieu a été glorifié, mais l’oeuvre de Christ répond à tout ce qui concerne le pécheur, ses besoins et son état. Elle renferme la réalité de tous les holocaustes, aussi bien que de tous les sacrifices pour le péché ; l’agneau pascal, aussi bien que les sacrifices du jour des expiations. Tous ces sacrifices étaient des images, des ombres de l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde, de ce sacrifice unique qui, dans la consommation des siècles, a été accompli sur le Calvaire. Mais c’est seulement quand nous le connaissons comme notre Sauveur, que nous apprenons toutes ces choses. Alors, en paix avec Dieu, nous jouissons, comme nous le ferons pendant l’éternité, de contempler la mort de Christ, et, quoique nous ne puissions le faire qu’en partie, d’étudier l’oeuvre merveilleuse qu’il a accomplie et ses différents rapports avec Dieu et avec nous.
La résurrection de Christ a une signification particulière et spéciale. « Ayant été livré, dit Pierre par le conseil défini et par la préconnaissance de Dieu, vous l’avez cloué à une croix et l’avez fait périr par la main d’hommes iniques, lequel dieu a ressuscité, ayant délié les douleurs de la mort puisqu’il n’était pas possible qu’il fût retenu par elle » (Actes 2:23-24). Et dans plusieurs autres endroits, il revient sur le fait que Dieu a ressuscité et élevé à sa droite celui qu’ils avaient rejeté et crucifié (voyez Actes 3:14, 45 ; 4:10 ; 5:30-31). L’apôtre Paul aussi insiste sur cette même vérité (voyez Actes 13:27-31 ; 17:31, etc. ; et aussi Rom. 4:24-25 ; 1 Cor. 15 ; Éph. 2, etc., pour la doctrine relative à la résurrection de Christ). Ce que je voudrais faire ressortir ici, c’est que, par la résurrection de Christ, Dieu a déclaré qu’il était satisfait, et qu’en le faisant asseoir à sa droite, il montrait le prix qu’il attachait à cette oeuvre. C’était comme la réponse de son coeur à celui qui l’avait accomplie, et aux droits, que Christ s’était acquis auprès de lui en l’accomplissant. Notre bien-aimé Seigneur lui-même présente cette vérité. Quand le disciple qui le trahissait s’en est allé pour accomplir son oeuvre diabolique, il dit : « Maintenant le fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même ; et incontinent il le glorifiera » (Jean 13:31-32). En conséquence, quand, dans le 17° chapitre, il se place en esprit au-delà de la croix, il parle de son oeuvre comme constituant le droit qu’il a devant le Père d’être glorifié par lui de la gloire que lui Christ avait auprès du Père avant que le monde fût (Jean 17:4-5). Dieu manifestait sa justice en plaçant à sa droite celui qui, pour le glorifier, était devenu obéissant jusqu’à la mort et à la mort de la croix (Phil. 2:8-10).
Mais ce fait dit encore autre
chose au croyant. Si Christ a porté nos péchés en son corps sur le bois, s’il
est descendu dans la mort en portant la malédiction et le jugement qui nous
étaient dus, le fait, que Dieu l’a ressuscité montre, prouve sans réplique, que
nos péchés sont ôtés. En effet,
où
est notre substitut ? Dans la gloire de Dieu. Si donc il est dans la
gloire de Dieu, nous savons non seulement que nos péchés sont effacés, mais
aussi que Dieu prend tout son plaisir en Celui qui les a expiés par sa mort,
puisqu’il lui a donné la place la plus élevée dans le ciel. Quelqu’un a
dit : « Je ne puis voir la gloire de Christ maintenant sans savoir que je
suis sauvé ». Comment est-il arrivé à cette haute position ? Comme homme,
il s’est mêlé ici-bas avec les publicains et les gens de mauvaise vie, se
faisant leur ami, les choisissant pour ses compagnons. C’est un homme qui a
porté la colère de Dieu contre te péché ; c’est un homme qui a porté mes,
péchés en son corps sur le bois (c’est la foi qui parle, ainsi) ; il est
là-haut, parce qu’il a été ici-bas au milieu des circonstances du péché et sous
son imputation ; et maintenant, je vois la gloire de Dieu resplendir dans
sa face. Je le vois là en vertu du fait qu’il a accompli ma rédemption en ôtant
mon péché. Je ne verrais pas Christ dans la gloire si le moindre péché, la
moindre souillure n’étaient pas ôtés. Plus je vois sa gloire, plus je vois la
perfection de l’oeuvre que Christ a accomplie, et de la justice en vertu de
laquelle je suis pleinement accepté. Tous les rayons de cette gloire se voient
en Celui qui a glorifié Dieu sur la terre et accompli l’oeuvre que le Père lui
avait donnée à faire. La gloire que je contemple est ta gloire de la
rédemption. Ayant glorifié Dieu au sujet du péché, — « Je t’ai glorifié sur la
terre, j’ai achevé l’oeuvre que tu m’as donnée à faire », — Dieu l’a glorifié
auprès de lui-même là-haut. Quand je le vois dans cette gloire, au lieu de voir
mes péchés, je vois qu’ils sont ôtés. J’ai vu mes péchés portés par le
médiateur. Je les ai vus confessés sur ta tête du bouc émissaire qui les a
emportés. Dieu a tellement été glorifié au sujet de mon péché (c’est-à-dire au
sujet de ce que Christ a fait pour mon péché), que c’est le droit de Christ
d’être là, à la droite de Dieu. Je ne crains pas de regarder à Christ dans
cette position. Où sont mes péchés maintenant ? où les trouver au ciel ou
sur la terre ? Je vois Christ dans la gloire. Une fois ils se sont trouvés
sur la tête de notre bien-aimé Sauveur ; mais ils sont ôtés maintenant,
ôtés pour toujours. Si c’est un Christ mort, pour ainsi dire, que je vois, je
pourrais craindre de voir reparaître mes péchés, mais c’est impossible avec un
Christ vivant dans la gloire. Celui qui les a portés tous est sur le trône de
Dieu où aucun péché ne peut subsister ».
Comment donc,
demanderons-nous en terminant sommes-nous mis en possession des bénédictions du
salut ? C’est par la grâce de Dieu, par la foi. « Qui croit au Fils a la
vie éternelle » (Jean 3:36). « Celui qui croit en moi, a la vie éternelle » (Jean
6:47). « Crois au Seigneur Jésus-Christ, et tu seras sauvé, toi et ta maison »
(Actes 16:31). « Étant justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par
notre Seigneur Jésus-Christ » (Rom. 5:1). Dieu, dans l’évangile, présente le
Christ dont nous avons parlé comme étant le Sauveur. C’est donc l’évangile de
la gloire du Christ (2 Cor. 4:4), aussi bien que de la grâce de Dieu. Recevant
son témoignage, nous inclinant devant lui en nous jugeant nous-mêmes, dans la
repentance envers Dieu et la foi en notre Seigneur Jésus-Christ, nous sommes
sauvés, liés à Christ, amenés à Dieu et admis en sa présence comme Christ
lui-même. Tout croyant est ainsi lié à Christ devant Dieu, étant rendu
participant de tout ce que Christ est pour nous, aussi bien que de toutes les
bénédictions qu’il nous à assurées par sa mort méritoire et sa résurrection.
Qu’il est précieux donc de pouvoir par l’Esprit de Dieu appeler Christ notre Sauveur.
Cher lecteur, pouvez-vous
vous réclamer de Lui comme tel ? Si ce n’est pas le cas, que votre
position est triste ! Mais Dieu, dans les tendres mouvements de sa grâce,
vient au-devant de vous, dirige vos regards sur Christ à la droite de Dieu, et
déclare, par sa Parole, que celui qui croit au Fils a la vie éternelle. Si vous
pouvez l’appeler votre Sauveur, nous n’avons pas de mots pour exprimer votre
bonheur ; mais nous pouvons vous rappeler l’obligation sous laquelle vous
êtes placé par là, de montrer par vos paroles et par votre vie, que vous êtes
sauvé, et de rendre témoignage à la grâce qui vous a appelé des ténèbres à la
merveilleuse lumière de Dieu.
Attache, ô Sauveur, mon âme à tes pas,
Pour marcher joyeux, et sans lassitude.
Que ta douce voix me parle tout bas ;
Sois mon espérance et ma seule étude.
Tu prendras sur toi mon inquiétude ;
Craintes et fardeaux ne te pèsent pas.
Ô source d’amour, de paix, de vertu,
Soleil de mes jours, étoile secrète ;
Eau qui rafraîchit mon coeur abattu
Vin pur de la joie, et manne parfaite ;
Toi mon bouclier, ma haute retraite,
Trésor de ma vie, ô béni sois-tu !
C’est en considérant tous les aspects sous lesquels Christ nous est présenté dans l’Écriture, que nous pouvons en quelque mesure saisir ce qu’il est pour nous, aussi bien que la plénitude et la réalité de notre salut. Nous avons contemplé Christ comme notre Sauveur, et il pourrait sembler que ce mot renferme aussi ce qu’il est comme notre Rédempteur ; mais nous verrons, en étudiant ce nouveau titre, qu’il nous conduit à considérer de nouveaux aspects et de son oeuvre et de notre condition.
De fait, il a, sans doute, accompli la rédemption avant qu’il pût être présenté comme Sauveur ; car il peut sauver seulement en vertu de l’oeuvre qu’il a accomplie. Par conséquent, du côté de Dieu, la rédemption précède le salut, mais nous parlons ici plutôt de l’ordre dans lequel Christ est reçu dans l’âme.
Ce qui est bien remarquable, c’est que ce titre ne lui est pas donné textuellement une seule fois dans le Nouveau Testament. Il est dit qu’il nous a rachetés, et que nous avons la rédemption par son sang, etc. ; mais il n’est jamais appelé notre Rédempteur. Dans l’Ancien Testament, au contraire, ce titre se présente souvent (voyez Job 19:25 ; Ps. 19:14 ; 78:35 ; Ésaïe 41:14 ; 43:14 ; 44:6 ; 47:4 ; 49:26, etc.). Mais le fait que Christ nous a rachetés et que, par conséquent, il est notre rédempteur, se trouve dans tous les livres du Nouveau Testament. Les anciens dans le ciel, quand ils contemplent l’Agneau, prenant le livre des conseils de Dieu, chantent un nouveau cantique et disent : « Tu es digne de prendre le livre, et d’en ouvrir les sceaux : car tu as été immolé, et tu as acheté pour Dieu par ton sang, de toute tribu, et langue, et peuple, et nation, etc. » (Apoc. 5:9). Dans toutes les dispensations, Dieu s’est montré comme rédempteur ; aussi n’y a-t-il pas de sujet plus digne de nos méditations.
L’hébreu a deux mots d’un
fréquent usage pour exprimer l’idée de la rédemption. L’un signifie acheter de
nouveau, racheter par le payement d’une rançon (gaal
) ; et l’autre signifie délier (padah
) ;
mot qui est souvent employé dans le sens du premier, quoique la
signification primitive soit bien celle de « délier ». Dans le Nouveau Testament,
il n’y a qu’un seul mot (lutrow ou apolutrwsiV) ; mais il comprend les deux significations
de l’hébreu, c’est-à-dire, délivrer moyennant une rançon. Il y a ainsi deux
idées dans le mot « rédemption » : celle du payement d’une rançon, et celle
de la délivrance qui en est la conséquence ; notre mise en liberté, et
l’état dans lequel nous nous trouvons comme résultat de notre rédemption.
Avant donc de pouvoir regarder à Christ comme à notre Rédempteur, nous devons considérer d’abord l’état dans lequel nous étions, état qui a nécessité sa venue comme tel. Non seulement nous étions pécheurs (« par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort ; et ainsi la mort a passé à tous les hommes, en ce que tous ont péché » (Rom. 5:12) ; en conséquence, par le péché la mort a régné sur le monde entier), mais, quelque terrible que cela puisse être, il y avait plus encore. Par la chute, — par le péché de l’homme, — Satan s’est acquis des droits sur lui ; il a tenu en sa main le pouvoir de la mort, comme le juste jugement de Dieu (Hébr. 2:14). C’est ainsi que, par le fait que tous ont péché, il est devenu le prince de ce monde (2 Cor. 4:4) ; tenant tous les hommes en son pouvoir et sous son esclavage (Actes 26:48 ; Col. 1:13). Nous étions donc dans un état de captivité sans espoir, vendus par notre péché à Satan qui régnait sur nous, et tenait nos âmes dans une dure servitude. Nous étions dénués de tout moyen de sortir de cet état, aussi bien que de tout espoir ; car, étant sujets à la mort par notre péché, étant ainsi tombés sous le pouvoir de Satan, n’ayant aucun moyen de fournir une rançon, nous étions à jamais sans aucune ressource, à moins que ne survint quelqu’un qui fût capable de nous délivrer pour toujours de notre captivité. C’est pourquoi Paul dit : « Vous étiez morts dans vos fautes et dans vos péchés, dans lesquels vous avez marché autrefois selon le train de se monde, selon le chef de l’autorité de l’air, de l’esprit qui opère maintenant dans les fils de la désobéissance, etc. » (Éph. 2:1-2).
Telle était notre condition. Nous n’avions pas répondu aux justes exigences de Dieu sur nous, et étions en conséquence tombés sous la pénalité qu’entraîne le péché ; en même temps que nous étions sous l’empire de Satan, qui régnait sur nous par la puissance de la mort, qu’il tenait en main comme jugement de Dieu sur nous à cause de nos péchés. Alors il arriva, quand non seulement nous n’avions aucun droit à faire valoir devant Dieu, mais que nous étions sous la pénalité de nos péchés, il arriva, dis-je, que, suivant les conseils de sa grâce, celui qui était riche en miséricorde et en amour nous racheta, — nous racheta « non par des choses corruptibles, de l’argent ou de l’or, mais par le sang précieux de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache » (1 Pierre 1:18).
Voyons maintenant d’une manière plus particulière comment notre rédemption a été opérée. Nous aurons à considérer deux choses : le prix payé et la délivrance opérée ; les droits de Dieu satisfaits et la délivrance du pouvoir de Satan ; nous trouverons une illustration de ces deux choses dans l’histoire de la rédemption d’Israël.
Le Seigneur, parlant à ses disciples, leur dit : « Le Fils
de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et pour donner sa
vie en rançon pour plusieurs » (Matt. 20:28). Dans un autre endroit, nous lisons
que « Christ s’est donné lui-même en rançon pour tous, témoignage qui devait
être rendu en son propre temps » (1 Tim. 2:6), c’est-à-dire qu’il s’est livré à
la mort, ce qui correspond à l’expression de l’autre passage : « Il a donné
sa vie ». Un passage de l’Ancien Testament montrera ce que signifient ces
déclarations : « L’âme de la chair est dans
le sang
et moi je vous l’ai donné sur l’autel pour faire propitiation pour
vos âmes ; car c’est le sang qui
fait propitiation pour l’âme
» (Lév. 17:11). C’est pourquoi il est dit
aussi : « Sans effusion de sang, il n’y a point de rémission » (Hébr. 9:22).
C’était donc dans le sang de Christ (car la vie est dans le sang) que
consistait la rançon : c’était le prix payé pour notre rédemption. C’est
ainsi que Paul dit : « En qui nous avons la rédemption par son sang » (Éph.
1:7) ; et Pierre dit, dans le texte que nous avons déjà cité, que nous
sommes rachetés par le précieux sang de Christ. Il est naturel qu’il l’appelle précieux,
puisque ce sang répond à
toutes les exigences du Dieu saint envers nous, en sorte que sur ce fondement
il pouvait annoncer le salut à tous. Car, en vérité, non seulement il satisfait
à tous les droits de Dieu sur nous, mais sa valeur est telle, que le Seigneur
Jésus, en répandant son sang, a glorifié Dieu dans tout ce qu’il était, dans
tous ses attributs, et qu’ainsi il peut pleinement justifier quiconque croit en
Jésus. Bien plus encore, il se glorifie lui-même en amenant à lui tous ceux qui
croient, en en faisant ses enfants, « et si nous sommes enfants, nous sommes
aussi héritiers ; héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ » (Rom. 8:17).
Le sang de Christ est donc la rançon ; quiconque en est couvert est à l’abri du jugement pour toujours. C’est ce qui était préfiguré dans le cas d’Israël en Égypte. Quand Dieu était sur le point de frapper l’Égypte, de passer par le pays en juge, et qu’il avait ainsi soulevé la question du péché, son peuple — Israël — était aussi bien que les Égyptiens exposé à être frappé par le destructeur. Comment donc Israël pouvait-il être épargné avec autant de justice que l’Égypte allait être jugée ? Dans un de ses messages à Pharaon, Dieu dit : « Je mettrai une séparation entre mon peuple et ton peuple » (Exode 8:23), ce qui eut lieu d’une manière bien remarquable quand, sur l’ordre de Jéhovah, « Moise appela tous les anciens d’Israël et leur dit : Tirez à part et prenez du menu bétail selon vos familles, et égorgez la pâque. Et vous prendrez un bouquet d’hysope, et vous le tremperez dans le sang qui sera dans le bassin ; et du sang qui sera dans le bassin, vous aspergerez le linteau et les deux poteaux ; et nul d’entre vous ne sortira de la porte de sa maison, jusqu’au matin. Car l’Éternel passera pour frapper les Égyptiens ; et il verra le sang sur le linteau et sur les deux poteaux, et l’Éternel passera par-dessus la porte, et ne permettra pas au destructeur d’entrer dans vos maisons pour frapper » (Exode 12:21-23). Le Seigneur ainsi racheta son peuple par le sang, — figure du sang de l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde (Jean 1:29). Mais remarquez ici une chose importante. Le commandement était donné à tous de répandre le sang, il était pourvu au salut de tous ; mais si, par manque de foi, ils n’obéissaient pas aux ordres qu’ils recevaient, ils ne pouvaient être abrités. Ainsi, maintenant, le sang de Christ est pleinement suffisant pour le salut du monde entier, mais, sans la foi, il ne sert de rien. Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit, et seulement celui qui croit, ne périsse pas, mais ait la vie éternelle (Jean 3:16). « Lequel Dieu a présenté pour propitiatoire, par la foi en son sang » (Rom. 3:25).
La première partie de la rédemption était donc le payement de la rançon ; c’est ce qui a eu lieu par le sang de Christ, comme nous l’avons vu. Mais, quoique parfaitement en sûreté à l’abri du sang, Israël n’était pas racheté tant qu’il demeurait en Égypte. La seconde partie donc, ou le complément de la rédemption, s’accomplit lorsque Dieu, à main forte et à bras étendu, les conduisit hors du pays d’Égypte, en les faisant passer à travers la mer Rouge, et qu’il détruisit Pharaon et toutes ses armées dans les eaux profondes. Sur le principe du sang répandu, Dieu — qui a été satisfait comme juge — peut maintenant agir en faveur de son peuple comme Libérateur ; il les fait donc sortir d’Égypte par son bras puissant. Alors ils purent chanter, ce qui ne leur était pas possible pendant qu’ils étaient en Égypte : « Jah est ma force et mon cantique, et il a été mon libérateur… Tu as conduit par ta bonté ce peuple que tu as racheté ; tu l’as guidé par ta force jusqu’à la demeure de ta sainteté » (Exode 15:1-13). Ils sont désormais à toujours un peuple racheté.
Il en est ainsi maintenant des croyants ; on ne peut dire qu’ils soient rachetés tant qu’ils ne savent pas, non seulement qu’ils sont protégés par le sang, mais encore qu’ils ont été transportés sains et saufs hors du domaine de l’ennemi, à travers la mort et le jugement, par la mort et la résurrection de Christ. Pour Israël, l’aspersion du sang et le passage de la mer Rouge étaient deux faits historiques qui devaient nécessairement se passer successivement. Mais l’oeuvre accomplie dans la mort et la résurrection de Christ les renferme tous deux. Souvent, sans doute, les deux parties dont cette oeuvre se compose ne sont saisies que successivement par la foi, mais il n’y a pas de raison pour qu’il en soit ainsi, et que l’on n’entre pas immédiatement dans la jouissance de la pleine et complète rédemption. Et il en serait bien plus fréquemment ainsi, si la plénitude de l’évangile était plus souvent proclamée ; tandis que cette prédication va rarement au delà du pardon des péchés, et ainsi les âmes sont maintenues dans l’ignorance de la plénitude du salut que Dieu leur a procuré en Christ.
Mais il peut être bon d’expliquer plus complètement comment notre délivrance est opérée en Christ. Il est de la plus haute importance de savoir que Dieu en a fini, dans la mort de Christ non seulement avec nos péchés, — notre culpabilité, — mais avec le péché, notre mauvaise nature. « Dieu, ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour le péché, a condamné le péché dans la chair » (Rom 8:3). Il a donc jugé le péché, la racine et les fruits et Christ a brisé dans sa mort toute la puissance de Satan, de même que Dieu a brisé toute la puissance de l’Égypte dans la mer Rouge. Il en résulte que, par la foi en Christ, je suis, en vertu de sa mort, tiré de l’ancien état dans lequel je me trouvais (je suis hors de l’Égypte) et par sa résurrection je suis placé dans une nouvelle position, position (dans le Christ Jésus) où il n’y a pas de condamnation, mais où aussi la loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus, m’a affranchi de la loi du péché et de la mort (Rom. 8:1-2). Dieu, parlant par la bouche de l’apôtre, peut donc dire maintenant aux croyants : « Vous n’êtes pas dans la chair, mais dans l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous » (Rom. 8:9). Notre rédemption est donc complète ; Dieu a tout fait pour nous, tous ses droits ayant été satisfaits par le sang de Christ, et il nous a fait sortir de notre ancienne condition pour nous amener à lui. « il nous a conduits par sa force à la demeure de sa sainteté » (Exode 15:13). Nous sommes déjà passés de la mort à la vie, la mort et le jugement étant pour toujours derrière nous. Nous ne sommes plus dans la chair, considérés comme enfants d’Adam ; mais depuis que nous sommes morts avec Christ, tous les liens qui nous enchaînent à cet état sont brisés, nous sommes maintenant en Christ, en Christ, là où il est, et conséquemment un peuple racheté. Maintenant, nous savons que toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son propos, et assurés que, selon ce propos, nous sommes prédestinés à être conformes à l’image de son Fils, pour qu’il soit premier-né entre plusieurs frères ; car ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; et ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés ; et ainsi nous pouvons adopter le langage triomphant de l’apôtre : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous » ? Oui, nous pouvons nous reposer dans la pleine assurance « que ni mort, ni vie, ni anges, ni principautés, ni choses présentes, ni choses à venir, ni puissances, ni hauteur, ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus » (Rom. 8:28-39).
Il y a une chose pourtant à remarquer. Tandis que la rédemption de nos âmes est complète, nous avons encore à attendre celle de nos corps. Quoique hors de l’Égypte, dont la mer Rouge nous sépare, et en possession de l’Esprit Saint, nous attendons encore la rédemption de notre corps. Car en réalité nous sommes encore dans le désert, et liés par nos corps avec une création qui soupire : « Nous donc qui avons les prémices de l’Esprit, nous aussi, nous soupirons en nous-mêmes, attendant l’adoption, la délivrance de notre corps » (Rom. 8:23).
Pauvre tente que j’habite
Mon corps s’use à tous moments ;
Le monde même s’effrite
Jusque dans ses fondements.
Mais si dans la tombe austère
Il me fallait me coucher,
Aux entrailles de la terre
Tu sauras bien m’arracher.
Oui, la dépouille mortelle
Du corps de tes rachetés,
Seigneur, renaîtra plus belle
En des corps ressuscités,
Exempts d’humaine faiblesse,
Abreuvés du beau, du bien,
Resplendissants de jeunesse,
En tout semblables au tien ;
Et le monde qui soupire
Sous le joug originel
Saluera de son sourire
L’heureux printemps éternel !
C’est pour cela que nous attendons la venue du Seigneur Jésus-Christ, pour nous prendre à lui (Phil. 3:20-21) ; et alors, nous verrons combien est glorieuse et complète la rédemption qu’il a opérée pour son peuple, si complète que rien ne sera laissé entre les mains de l’ennemi, mais que l’esprit, l’âme et le corps seront également délivrés et rendus siens.
En considérant cette oeuvre dans toute son étendue, nous pouvons reconnaître avec des coeurs joyeux que Christ est notre Rédempteur, et nous ne devrions jamais oublier à quel prix il nous a rachetés. Avec son sang, disons-nous tout naturellement, mais combien peu nous saisissons la signification de ces paroles ; combien peu nous comprenons ce fait merveilleux, qu’il s’est livré à la mort, qu’il a subi la colère de Dieu que nous avions méritée, qu’il a été fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en lui. Sans doute, si nous méditions sur ce fait, ce cri d’adoration s’échapperait plus constamment de nos coeurs : « À Celui qui nous aime, et qui nous a lavés, de nos péchés dans son sang ; — et il nous a faits un royaume, des sacrificateurs pour son Dieu et Père ; — à lui la gloire et la force aux siècles des siècles ! Amen » (*) (Apoc. 1:5-6).
(*) Nous n’abordons pas ici le sens le plus étendu de la
rédemption. Christ a aussi goûté la mort pour tout (Hébr. 2:9) ; toutes
choses lui seront soumises (Éphés. 1:10 ; Hébr. 2:8). Il nous est
positivement dit qu’il a acheté
tout
le champ (Matt. 13:44) ; et tous les hommes (2 Pierre 2:1).
Quelle est donc notre responsabilité comme peuple racheté ?
D’abord et avant tout de reconnaître que nous appartenons à Celui qui nous a
rachetés. Cette vérité est continuellement présentée dans l’Ancien Testament.
« Mais maintenant, ainsi dit l’Éternel, qui t’a créé, ô Jacob, et qui t’a formé,
ô Israël ! ne crains point, car je t’ai racheté ; je t’ai appelé par
ton nom, tu es à moi » (Ésaie 43:1). De là vient que l’apôtre, comme nous
pouvons surtout le remarquer dans le chapitre suivant, s’appelle si souvent
l’esclave (doulov)
de Jésus-Christ. Car le Seigneur Jésus, dans sa grâce merveilleuse, ayant payé
notre rançon, s’est acquis pleinement tout droit sur tout ce que nous sommes et
tout ce que nous avons. Nous sommes désormais sa propriété. Mais il y a ici
deux aspects à considérer : celui du privilège
et celui de la responsabilité.
Nous avons le privilège d’appartenir à Christ, d’être siens, d’être unis à lui
par des liens particuliers (car il a aimé l’Église et s’est donné lui-même pour
elle), et d’être par conséquent les objets particuliers de ses soins, de sa
tendresse, de son amour. Nous disons maintenant : « Mon bien-aimé est à
moi, et je suis à lui » ; bien plus « Je suis à mon bien-aimé, et son désir
se porte vers moi » (Cant. 2:16 ; 7:10). Et qu’elle est douce et bénie la
pensée qu’il il nous a acquis comme sa possession, par un titre que personne ne
peut lui contester ! Quel repos cela donne à nos âmes, de nous souvenir
que nous sommes siens ! Dans le chagrin, le trouble ou les privations,
dans les veilles silencieuses de la nuit, dans l’isolement, quelle consolation
ineffable d’élever nos yeux jusqu’à lui, et de pouvoir lui dire : Tu nous
as rachetés, nous sommes à toi, à toi pour toujours !
Mais ce privilège entraîne la
responsabilité que nous avons de montrer pratiquement dans notre marche que
nous sommes à lui, — de vivre, non pour nous-mêmes, mais pour Celui qui est
mort et ressuscité pour nous (2 Cor. 5:15).
Car, par notre rédemption, nous sommes séparés de tous les peuples de la
terre, et sommes par conséquent appelés à témoigner par notre vie que nous appartenons
à notre Rédempteur. Que chacun de nous se demande devant le Seigneur jusqu’à
quel point nous le faisons. Sommes-nous, comme peuple racheté, aussi séparés de
ceux qui sont autour de nous, qu’Israël, par exemple, l’était des nations qui
l’entouraient, quand il traversait le désert ? Il est vrai que ce n’était
qu’une séparation extérieure ; mais sûrement ce devait être un type et une
figure d’une séparation plus réelle que la leur, — plus réelle, à cause du
caractère même de notre rédemption. La question cependant est celle-ci :
Confessons-nous chaque jour dans notre coeur, de nos lèvres, et par notre vie,
que nous appartenons à Christ ?
Et cette question nous conduit à considérer une responsabilité en rapport avec notre rédemption, telle que l’apôtre Paul la formule. Il dit aux Corinthiens : « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, et que vous avez de Dieu… » ? Et « vous avez été achetés à prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps » (1 Cor. 6:19-20). Le Seigneur donc réclame nos corps, parce qu’il les a achetés à prix ; c’est pourquoi il veut que nos corps soient ici-bas des instruments pour exprimer ce qu’il est lui-même ; aussi, après avoir pleinement établi la rédemption, dans l’épître aux Romains, l’apôtre dit-il : « Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à présenter vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui est votre service intelligent » (Rom. 12:1). Quel honneur pour nous, qu’il veuille prendre nos corps, qui étaient une fois les instruments de Satan, et en faire des moyens de se manifester, afin que Dieu soit glorifié ! Ah ! Satan savait bien peu ce qu’il faisait en poussant les Juifs à mettre Christ à mort ! Il réussit à le chasser de ce monde ; mais quelle en a été la conséquence ? C’est qu’il y a des milliers de croyants dont la seule affaire est de refléter son image, de porter dans leurs corps la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans leurs corps (2 Cor 4:10). Jusqu’à quel point chacun de nous a-t-il compris que tout cela le regarde ? Nous devons tous le reconnaître, et si nous le reconnaissons et qu’en même temps nous ayons à confesser que nous avons manqué à cet égard, nous nous jetterons dans ses bras pour demander la grâce et la force de nous livrer complètement à Dieu, comme d’entre les morts étant faits vivants, et nos membres à Dieu, comme instruments de justice (Rom. 6:13).
Paul enseigne aussi qu’étant rachetés, nous devons rejeter toute autorité qui est en opposition avec celle de Christ. « Vous avez été achetés à prix ; ne devenez pas esclaves des hommes » (1 Cor. 7:23). Cela ne signifie pas, il est à peine besoin de le dire, qu’il ne doit pas exister dans le monde de maîtres et de serviteurs ; et Paul, écrivant sous la direction de l’Esprit de Dieu, a donné des directions spéciales à ceux qui sont dans cette position. Mais ce qu’il veut établir ici, c’est la souveraine autorité de Christ, et que nous lui appartenons quelle que soit notre position, puisqu’il nous a achetés à prix. Celui qui a été appelé dans le Seigneur étant esclave, est l’affranchi du Seigneur ; de même aussi l’homme libre qui a été appelé, est l’esclave de Christ. Vous avez été achetés à prix ; ne devenez pas esclaves des hommes (1 Cor. 7:22-23). De même, insistant sur cette même vérité, il rappelle aux serviteurs, dans une autre épître, qu’ils servent le Seigneur Jésus-Christ (Col. 3:24) Quelle que soit donc notre occupation dans ce monde, quoique, peut-être, dans une position subalterne, nous ne devons jamais oublier que nous appartenons à Christ, qu’il nous a acquis par son propre sang ; et, en conséquence, notre oeil doit toujours être fixé sur lui, car il est notre Seigneur et Celui que nous servons.
Un autre texte nous parle encore d’un point au sujet duquel nous sommes responsables : « Qui s’est donné lui-même pour nous, afin qu’il nous rachetât de toute iniquité et qu’il purifiât pour lui-même un peuple acquis, zélé pour les bonnes oeuvres » (Tite 2:14). Nous avons déjà vu que le Seigneur nous a acquis par rédemption, et cette pensée est exprimée par ces mots : « et qu’il purifiât pour lui-même un peuple acquis » ; mais il y a encore deux choses qui, selon sa volonté, doivent caractériser le peuple qu’il a racheté. Son but était que nous fussions rachetés de toute iniquité, de son pouvoir (voyez Rom. 6:14), aussi bien que de ses actes, et que nous fussions zélés pour les bonnes oeuvres. La séparation, la séparation pour Christ, voilà donc ce qui devrait nous caractériser comme rachetés, comme peuple particulier lui appartenant en propre, et zélé pour les bonnes oeuvres.
Il est bon de nous mettre souvent en face de pareils textes, afin que nous puissions reconnaître nos manquements, et découvrir combien nous sommes loin de répondre à cette pensée de Christ à notre égard, à ce qui est le but de notre rédemption. Considérons en particulier ces mots : « zélés pour les bonnes oeuvres ». Car, s’il n’y a pas de plus grand piège que l’excessive activité du temps présent, activité dans laquelle l’âme perd souvent toute communion, et par conséquent toute puissance, il y a des oeuvres qu’il ne faut pas négliger, ce sont celles qui sont selon la pensée de Dieu. « Car nous sommes son ouvrage, ayant été créés dans le Christ Jésus pour les bonnes oeuvres, que Dieu a préparées à l’avance, afin que nous marchions en elles » (Éphés. 2:10). Voilà les bonnes oeuvres pour lesquelles nous devons être zélés.
Si nous en venons maintenant à la 1° épître de Pierre, nous trouverons que notre responsabilité y est présentée sous une autre face, qui est en rapport avec notre rédemption. « Si vous invoquez comme père celui qui, sans acception de personnes, juge selon l’oeuvre de chacun, conduisez-vous avec crainte pendant le temps de votre séjour ici-bas, sachant que vous avez été rachetés de votre vaine conduite qui vous avait été enseignée par vos pères, non par des choses corruptibles, de l’argent ou de l’or, mais par le sang précieux de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache » (1 Pierre 1:17-18). Pierre nous place ainsi en présence de Dieu le Père, et nous y place comme pèlerins, afin que nous passions le temps de notre séjour ici-bas dans la crainte, cette sainte crainte que produit sa sainteté, selon laquelle nos oeuvres sont jugées déjà maintenant. Il veut que, dans notre passage à travers le désert, nous soyons des pèlerins délivrés de l’Égypte pour vivre dans la sainteté, pour être saints parce que Dieu est saint (1 Pierre 1:16). Car c’est pour Dieu que nous sommes rachetés ; et, en conséquence, il veut que notre marche et toutes nos voies soient selon lui et conformes à son caractère. Combien nous devons être vigilants pour nous tenir éloignés du mal, pour marcher d’une manière digne de notre vocation, par laquelle nous sommes appelés, ayant la crainte de Dieu devant nos yeux, sachant qu’il discerne toutes nos voies, et que sans la sainteté nul ne verra le Seigneur (Hébr. 12:14).
Enfin nous sommes toujours
engagés à regarder en avant vers le jour de la rédemption. C’est
ainsi qu’il nous est dit que « l’Esprit
est les arrhes de notre héritage, pour la rédemption de la possession acquise »
(Éph. 1:14). C’est alors que nous entrerons dans la pleine jouissance des
fruits de la rédemption, quand le Seigneur prendra possession en puissance de tout
ce qui a été acquis par son sang précieux. Nous avons déjà parlé de cela au
sujet du corps. Mais il y a ici plus encore. Nous avons l’Esprit comme arrhes
de l’héritage qui appartient à Christ, héritage sur lequel il s’est acquis des
droits par la rédemption, par laquelle aussi il possède toutes choses ;
toutefois, il n’entrera en possession de tout ce qu’il a acquis que quand il
aura réuni tous ses cohéritiers qui doivent en jouir avec lui. C’est pour cela
que nous attendons, non seulement la venue de Christ, la résurrection de nos
corps, et la gloire que nous partagerons avec lui, mais aussi le temps où,
comme ses cohéritiers, nous entrerons en possession de toute la puissance et de
la bénédiction qu’il nous a acquises par sa mort, tout cela étant le fruit de
son sang versé. Chose merveilleuse, qu’il nous soit dit que tout cela
s’accomplira à la louange de la gloire de Dieu ! Notre position actuelle
de rachetés, rendus agréables dans le Bien-aimé, est à la louange de la gloire
de sa grâce ; notre part avec Christ dans son héritage, sera à la louange
de sa gloire. Par la grâce de Dieu, cette souveraine bénédiction nous appartiendra
bientôt. Car, puisque nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers,
héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ ; et il attend le moment où
sera accompli le désir de son coeur de nous avoir avec lui, selon qu’il l’a dit
dans sa prière : « Père, je veux, quant à ceux que tu m’as donnés, que là
où moi je suis, ils y soient aussi avec moi, afin qu’ils voient ma gloire, que
tu m’as donnée ; car tu m’as aimé avant la fondation du monde » (Jean
17:24). Puissions-nous, par sa grâce, marcher maintenant comme attendant
l’accomplissement d’une telle bénédiction !
Dès que nous connaissons Christ comme notre Sauveur et notre Rédempteur, nous apprenons aussi qu’il est notre Seigneur. Sa seigneurie, sans doute, est universelle et se rapporte aux hommes comme tels, quoique, en même temps, il y ait des rapports d’une nature toute particulière entre lui et les croyants. L’apôtre Pierre proclame cette vérité le jour de la Pentecôte : « Que toute la maison d’Israël donc sache certainement que Dieu a fait et Seigneur et Christ, ce Jésus que vous avez crucifié… » (Actes 2:36). De même encore Paul, après avoir dit comment Christ, étant en forme de Dieu, a été fait à la ressemblance des hommes, et s’abaissant lui-même est devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix ajoute : « C’est pourquoi Dieu l’a haut élevé et lui a donné un nom au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus se ploie tout genou des êtres célestes, et terrestres, et infernaux ; et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » (Phil. 2:6-11). Le Seigneur Jésus, lui-même, après sa résurrection, dit : « Toute autorité m’a été donnée dans le ciel et sur la terre » (Matt. 28:18). Et Pierre, présentant un autre aspect de la même vérité, nous parle de ces faux docteurs qui introduiront des sectes de perdition, reniant aussi le maître (*) qui les a achetés (2 Pierre 2:1).
(*) Le mot traduit ici par maître est despothv, et non curiov.
Nous avons donc jusqu’ici
deux choses : d’abord que Dieu a fait Christ Seigneur sur le fondement de
la rédemption, lui donnant cette place de suprématie universelle, pour marquer
l’estime qu’il faisait (si je puis en toute révérence parler ainsi) de l’oeuvre
qu’il avait accomplie par sa mort ; et en second lieu que, comme nous
l’avons vu dans le chapitre précédent, Christ a acquis la seigneurie sur toutes
choses par droit d’achat. C’est cette pensée que nous trouvons dans Matt.
13:44. Le royaume des cieux est semblable à un trésor caché dans un champ,
qu’un homme, après l’avoir trouvé, a caché ; et de la joie qu’il en a, il
s’en va, et vend tout ce qu’il a, et achète ce champ là. Il en résulte qu’il
est Seigneur de toutes choses, ayant le pouvoir (exousian, l’autorité) sur toute
chair, et cela par la volonté de Dieu (Jean 17:2 ; voyez aussi Actes
10:36 ; Rom. 14:9). Quand cependant, nous croyants, nous parlons de Christ
comme de notre Seigneur, nous exprimons une autre pensée, parce que nous introduisons
l’idée de nos relations, relations de serviteurs. C’est la même seigneurie,
mais, par la grâce de Dieu, nous avons été amenés à la reconnaître, à nous
incliner devant lui, que nous voyons revêtu de cette dignité ; à recevoir
son autorité et ses lois, et à prendre la place de soumission. C’était sans
doute un des buts de sa mort, comme nous le dit Paul. « Il est mort pour tous,
afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour Celui qui
pour eux est mort et a été ressuscité » (2 Cor. 5:15). Et encore : « Nul de
nous ne vit ayant égard à lui-même ; et nul ne meurt ayant égard à
lui-même : mais soit que nous vivions, nous vivons ayant égard au Seigneur,
soit que nous mourions, nous mourons ayant égard au Seigneur ; soit donc
que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes du Seigneur. Car c’est
pour cela que Christ est mort et qu’il a revécu, afin qu’il dominât et sur les
morts et sur les vivants » (Rom. 14:7-9). Nous reconnaissons donc, par la grâce
de notre Dieu, non seulement que Christ est le Seigneur de tous, — comme il
l’est en vérité, — mais aussi qu’il est d’une manière plus intime notre
Seigneur. Il est notre Seigneur,
non seulement en vertu d’un décret qui l’a rendu tel, lui le Christ rejeté,
maintenant homme glorifié, mais aussi parce qu’il a acquis cette position
au-dessus de nous par la rédemption. C’est donc notre joie de le confesser
comme notre Seigneur ; même ceux qui le rejettent dans ce jour de grâce
seront une fois obligés, par le pouvoir qu’il déploiera pour la destruction, de
confesser qu’il est Seigneur (Phil. 2:10-11). Quelle pensée solennelle !
C’est une responsabilité d’autant plus grande, pour nous croyants, de proclamer
son autorité et de nous y soumettre, afin d’être en quelque mesure ses témoins
pendant le jour de sa réjection.
Puisque Christ occupe cette position, quels sont nos privilèges et notre responsabilité à son égard, en tant que revêtus de ce caractère ?
La première chose à mentionner est le culte, car c’est devant lui, comme Seigneur, que nous nous prosternons pour l’adorer. C’est ce qui nous est enseigné en principe dans un des Psaumes : « Car il est ton Seigneur : adore-le » (Ps. 45:11). Et encore, dans ce passage déjà cité des Philippiens : « Que tout genou se ploie, et que toute langue confesse qu’il est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » (Phil. 2:10-11). Les théologiens s’efforcent de montrer que Christ doit être adoré au même degré que le Père, puisqu’il est Dieu aussi bien qu’homme ; et c’est vrai, mais on laisse de côté l’enseignement de l’Écriture relativement à sa position actuelle et à l’adoration qui lui est due en vertu de cette position. Il est Dieu ; mais ce qui est merveilleux, et ce qui caractérise sa position actuelle, c’est qu’il occupe cette place en tant qu’homme. C’est le même Jésus que les Juifs ont crucifié, qui est maintenant Seigneur et Christ ; et il a pris comme homme la gloire qu’il avait auprès du Père avant que le monde fût. C’est une grande erreur de dire qu’il fut homme ici-bas et Dieu dans le ciel, comme si les deux natures pouvaient ainsi être divisées. Si l’on peut faire une distinction, nous dirions que quand il était ici-bas, quoiqu’il fût vraiment homme, il était pour nous la représentation de la divinité ; tandis que maintenant, quoiqu’il ne perde jamais son caractère divin, il est assis à la droite de Dieu comme homme. En conséquence, bien qu’il soit parfaitement vrai que nous l’adorons comme Dieu, — et sans doute, toute adoration qui monte au trône de Dieu s’adresse nécessairement à Christ, puisque le terme de Dieu comprend toutes les personnes de la divinité, — c’est plutôt devant l’homme qui est dans la gloire de Dieu, Jésus notre Seigneur, que nous nous prosternons maintenant pour lui offrir nos louanges et notre culte.
Et certainement, il est doux pour nous de penser que Celui qui ici-bas fut méprisé, rejeté et crucifié, Celui que ses propres disciples mêmes abandonnaient, et cela à l’heure de sa plus grande angoisse, nous est maintenant présenté dans son exaltation, comme l’objet de nos hommages. Oh ! comme il doit être cher à Dieu son Père ! et de quelle inexprimable valeur doit être son oeuvre aux yeux de Dieu, pour qu’il l’ait mis dans cette position élevée et en ait fait l’objet de l’adoration des anges et des saints ! C’est ainsi que Jean écrit : « Et ils chantent un cantique nouveau, disant : Tu es digne de prendre le livre, et d’en ouvrir les sceaux : car tu as été immolé, et tu as acheté pour Dieu par ton sang, de toute tribu, et langue, et peuple, et nation ; et tu les as faits rois et sacrificateurs pour notre Dieu ; et ils régneront sur la terre. Et je vis : et j’entendis une voix de beaucoup d’anges à l’entour du trône et des animaux et des anciens ; et leur nombre était des myriades de myriades, et des milliers de milliers disant à haute voix : Digne est l’Agneau qui a été immolé de recevoir la puissance, et richesse, et sagesse, et force, et honneur, et gloire, et bénédiction. Et j’entendis toutes les créatures qui sont dans le ciel, et sur la terre et au-dessous de la terre, et sur la mer, et toutes les choses qui y sont, disant : À celui qui est assis sur le trône, et à l’Agneau, la bénédiction, et l’honneur, et la gloire, et la force, aux siècles des siècles ! Et les quatre animaux disaient : Amen ! Et les anciens tombèrent sur leurs faces et rendirent hommage » (Apoc. 5:9-14). Quelle grâce ineffable de savoir qu’il est digne de nos louanges !
Père Saint, juste et sage,
Tu veux que, sans partage,
Tout être rende hommage
À ton Fils glorieux ;
Dans la honte ou la joie,
Que tout genou se ploie,
Et que tout oeil le voie
Apparaissant des cieux.
Mais nous, par l’efficace
De ta divine grâce,
Déjà devant sa face
Nous courbons les genoux,
Heureux de reconnaître
Comme Seigneur et Maître,
Ton Agneau qui vint naître,
Vivre et mourir pour nous !
Tout comme nous l’adorons, de
même nous le prions
comme Seigneur.
C’est ce dont l’Écriture offre deux exemples frappants. Quand Étienne fut
lapidé par les Juifs furieux, il est dit : « Ils lapidaient Étienne qui priait,
et disait : Seigneur Jésus, reçois mon esprit » (Actes 7:59). Paul aussi,
parlant d’une écharde dans la chair, dit : « À ce sujet j’ai supplié trois
fois le Seigneur, afin qu’elle se retirât de moi ; et il m’a dit : Ma
grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans l’infirmité » (2 Cor.
12:8-9). Or, que ce soit à Christ qu’il s’adresse comme Seigneur, c’est ce qui
est évident, car il ajoute : « Je me glorifierai donc très volontiers
plutôt dans mes infirmités, afin que la puissance du Christ demeure sur moi » (2
Cor. 12:9).
Ces exemples nous donnent un enseignement important relativement au caractère selon lequel nous devons nous adresser à lui dans la prière. Nous devons l’appeler Seigneur, non Jésus ou Christ, comme on l’entend mal à propos quelquefois. Un moment de réflexion nous fera comprendre ce qui vient d’être dit : Employer en nous prosternant devant lui le nom de Jésus ou celui de Christ, c’est oublier notre position comme suppliants, aussi bien que la sienne comme Seigneur. C’est de la familiarité, si ce n’est de l’irrévérence ; quoiqu’il n’y ait peut-être pas le moindre sentiment de cette nature. Quoiqu’il en soit, en nous approchant de lui par la prière, n’oublions jamais son exaltation ni sa dignité. Le tact spirituel d’un enfant de Dieu suffira pour lui enseigner que, dans ce moment-là, c’est le titre de Seigneur qu’il faut toujours employer. C’est celui qui lui appartient, et il nous convient de le lui donner ; montrant ainsi, au moins en quelque faible mesure, le sentiment que nous avons de ses droits et aussi de notre position en sa présence. C’est le mot que l’ange emploie quand, près du sépulcre, le matin de la résurrection, il calme la crainte des femmes, et cela est significatif. Il dit : « Pour vous, n’ayez point de peur ; car je sais que vous cherchez Jésus le crucifié ; il n’est pas ici ; car il est ressuscité, comme il l’avait dit. Venez, voyez le lieu où le Seigneur gisait » (Matt. 28:5-6). Il leur rappelle ainsi que Jésus, qu’elles cherchaient, était le Seigneur. Le brigand aussi, sur la croix, parlant sans aucun doute par l’Esprit de Dieu, s’adresse à lui comme tel. « Seigneur, dit-il, souviens-toi de moi, quand tu viendras dans ton royaume (Luc 23:42). Rappelons-nous toujours qui est Celui devant qui nous nous prosternons et duquel nous attendons grâce et bénédiction.
Si c’était ici le lieu, je pourrais vous montrer (ce qu’un examen attentif des Écritures justifierait sans doute) qu’il ne faut pas employer indifféremment toutes les expressions dans les prières que l’on présente au Seigneur. Il y a, par exemple, comme nous pourrons le voir encore plus loin, des rapports particuliers entre le serviteur et le Seigneur. C’est ce qu’il a enseigné lui-même à ses disciples, en leur disant : « Suppliez donc le Seigneur de la moisson, en sorte qu’il pousse des ouvriers dans sa moisson » (Matt. 9:38). C’est ainsi encore que l’apôtre, comme nous l’avons dit à propos de l’écharde dans la chair qui entravait son service, s’adresse à Christ en l’appelant Seigneur. Qu’il me suffise d’avoir attiré l’attention là-dessus, c’est nécessaire, et nous avons besoin de recevoir de Dieu lui-même l’intelligence pour être bien guidés à cet égard. Oui, prenons-y bien garde, car rien n’est plus pénible dans les réunions de prière ou de culte, que d’entendre celui qui prie employer indifféremment ces mots : Dieu, Père, ou Seigneur, sans que rien explique ce changement d’appellation.
Mais, pour passer à un autre sujet, qu’il est doux, quand nous nous adressons à lui dans la prière, de nous rappeler qu’il est notre Seigneur ! Cela constitue un droit et une assurance ; un droit, à cause de la relation dans laquelle nous avons été placés, et une assurance, parce que cela nous rappelle ce qu’il est et ce qu’il a fait pour nous comme tel. En vérité, il n’est pas un étranger pour nous ; et s’il nous est précieux de prononcer ce nom, quelle joie pour lui de nous entendre nous adresser à lui, comme à notre Seigneur ! Conduits par l’Esprit de Dieu, puissions-nous employer ce nom avec une hardiesse croissante, avec la sainte hardiesse que peut seule inspirer la confiance en son amour !
Ces mots « notre Seigneur » nous rappellent que nous sommes ses serviteurs. Nous le sommes, parce qu’il nous a achetés par son propre sang ; et en conséquence nous sommes sa propriété absolue. C’est pourquoi Paul se plaît à s’appeler un serviteur, un esclave de Jésus-Christ (doulov) (Rom. 1:1 ; Phil. 1:1, etc.). Nous parlons naturellement ici de tous les croyants comme serviteurs, et non pas seulement d’une classe spéciale qu’il a plu au Seigneur de revêtir de dons pour travailler au milieu des saints ou pour évangéliser. Gardons-nous bien de n’appliquer qu’à cette classe le terme de serviteurs ; car, quelle que soit la position que nous occupons, nous sommes aussi réellement serviteurs du Seigneur que si nous avions un service public à accomplir, comme par exemple celui du ministère de la Parole.
Faisons observer en même temps que la volonté du Seigneur est notre seule loi. C’est en effet ce qui caractérise le chrétien, c’est qu’il n’a plus de volonté ; car, du moment que cette dernière est active, la chair se montre. Ainsi il n’a, je veux dire il devrait n’avoir, absolument aucune volonté. Il peut dire avec l’apôtre : « Je suis crucifié avec Christ ; et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi » (Gal. 2:20). Le Seigneur nous a montré cette voie : « Je suis descendu du ciel, non pour faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jean 6:38). C’est ainsi qu’il est dit qu’il a pris la forme d’un esclave (doulov) (Phil. 2:7). De même donc qu’il n’avait pas de volonté, mais qu’il était gouverné par celle de son Père dans toutes ses pensées, ses paroles et ses actions, de même en toutes choses nous devrions regarder à sa volonté. Ce n’est plus nous qui vivons, mais Christ vit en nous, et nos corps ne sont plus que des organes pour l’expression de sa volonté.
Comme serviteurs, nous sommes dans l’obligation d’obéir. Le Seigneur disait à certaines gens : « Pourquoi m’appelez-vous Seigneur, Seigneur, et ne faites-vous pas ce que je dis ? » (Luc 6:46). Il disait aussi à ses disciples : « Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien, car je le suis ; si donc moi, le Seigneur et le Maître, j’ai lavé vos pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres » (Jean 13:14). Aussitôt donc que Christ nous est révélé comme notre Sauveur et que nous le reconnaissons comme notre Seigneur, nous devons être dans la même disposition que Paul quand il disait : « Seigneur, que veux-tu que je fasse ? » (Actes 9:6 ; 22:10). Dès ce moment, notre place est celle de l’obéissance à sa volonté ; nous devons non seulement l’accepter, mais y trouver notre joie, car il disait lui-même que sa viande était de faire la volonté de son Père et d’accomplir son oeuvre (Jean 4:34). Or aucun croyant ne peut alléguer qu’il ignore la volonté de Dieu. Il est vrai qu’il y a de l’ignorance chez un grand nombre, mais puisqu’il lui a plu de nous donner dans les Écritures la révélation de ses pensées à notre égard, de nous tracer le chemin dans lequel il veut que nous marchions, de nous assurer que nous serons dirigés dans toutes nos difficultés, et puisqu’il nous a envoyé le Consolateur pour nous conduire dans toute la vérité (Jean 16:13), nous sommes sans excuse si nous restons dans l’ignorance.
Comme notre sentier est simple alors ! C’est à lui seul que nous avons à plaire. Il faut seulement que nos yeux soient fixés sur lui. Comme les yeux des serviteurs regardent à la main de leurs maîtres, et les yeux de la servante à ceux de sa maîtresse, ainsi nos yeux devraient rester fixés sur le Seigneur pour saisir les premiers signes de sa volonté, afin que nos pieds soient toujours prêts à exécuter ses commandements. Et quel honneur pour nous ! Christ, notre Seigneur, est le centre d’où rayonne la gloire. Les yeux de tous les habitants du ciel sont dirigés sur lui, comme sur l’objet de tous leurs hommages et de leurs délices. Que sommes-nous pour qu’il daigne faire de nous ses serviteurs ? Rien, rien absolument que ce que nous sommes devenus par la souveraine grâce de notre Dieu, en vertu de l’oeuvre qu’il a accomplie. Assurément, nous devrions avoir un sentiment plus profond de l’honneur insigne qui nous est accordé, en sorte que nos coeurs, débordant d’amour et de reconnaissance, aient toujours plus de joie à les témoigner en gardant ses commandements (Jean 14:15).
La seigneurie de Jésus-Christ implique encore pour nous une autre obligation. Comme cela est dit : il est Seigneur de tous (Actes 10:36). Nous avons donc non seulement comme chrétiens à prendre une position d’obéissance, mais nous avons aussi à reconnaître son autorité sur tous ceux qui sont en rapport avec nous, sur nos familles et nos maisons. Il est bien important de se demander si la doctrine de la seigneurie universelle de Jésus-Christ n’a pas été méconnue. C’est ce dont on n’est que trop convaincu, en considérant l’état de bien des familles de chrétiens. C’est une erreur fatale dans laquelle on tombe souvent, de supposer que les membres inconvertis de nos familles n’ont rien à faire avec Christ. Il est Seigneur de tous ; leur responsabilité, comme celle des croyants, est de reconnaître cette seigneurie. La seigneurie de Christ doit être maintenue par les saints dans tout le domaine de leur responsabilité, par anticipation du millénium. Les familles des saints devraient présenter un contraste absolu à cet égard avec celles du monde, et ainsi être un témoignage vivant rendu à l’autorité d’un Christ rejeté et absent, de Christ notre Seigneur.
De plus, si nous nous souvenions que notre Seigneur est aussi le Seigneur universel, cela nous donnerait une beaucoup plus grande puissance pour agir sur les âmes. Ceux qui sont accusés du péché de rejeter Christ, combien souvent n’arrive-t-il pas qu’ils cherchent à échapper ou à éviter le coup en disant : Nous sommes complètement étrangers à ce qu’ont fait les Juifs et les Romains il y a dix huit siècles. Il n’est pas difficile de répondre à cette objection, si elle est franchement présentée ; mais si l’on insistait sur le fait de la seigneurie actuelle de Christ, ce serait une épreuve à laquelle il n’y aurait pas moyen d’échapper. Est-ce qu’ils reconnaissent la place que Dieu lui a donnée ? Est-ce qu’ils le confessent et se soumettent à son autorité ? Alors, comme nous savons qu’ils ne le font pas, ils sont convaincus eux aussi, et cela avec la dernière évidence, d’avoir rejeté Celui qui a été fait Seigneur et Christ. Cette arme bien maniée pourrait, avec la puissance du Saint-Esprit, atteindre bien des consciences et amener des âmes à la repentance devant Dieu ; surtout si cette vérité était présentée en relation avec ce fait que, s’ils persistent à ne pas reconnaître Christ maintenant, au jour de la grâce, ils devront le reconnaître devant le grand trône blanc, et le faire alors pour leur éternelle condamnation. C’est une question digne d’attention de savoir si, en prêchant l’évangile, nous ne donnons pas à l’homme comme tel une trop grande place, en lui laissant trop largement la liberté de choisir ou de refuser. Naturellement, on ne doit point méconnaître la responsabilité ; car c’est sur ce principe que la conscience est le plus promptement atteinte. Nous ne devons pas oublier non plus de présenter la grâce, la miséricorde et l’amour de Dieu, et sûrement toute prédication de l’évangile doit être celle de son grand amour. En accordant pleinement cela, on peut cependant demander si on insiste assez sur les droits de Christ comme Seigneur. Quel sujet pourrait fournir une mine plus riche pour des appels sérieux ? L’homme partout reconnu et Christ méconnu. Hélas ! il est encore vrai qu’il n’y a pas de place pour Christ dans l’hôtellerie (c’est-à-dire dans le monde). C’est la sagesse de l’homme, ses préceptes et son autorité ; et tous se réunissent pour dire : Nous ne voulons pas que Christ règne sur nous ! Et cependant, il est le Seigneur de tous. Il était dans le monde, et le monde a été fait par lui, et le monde ne le connaissait pas. Il ne le connaît pas aujourd’hui non plus, et ainsi il va à sa ruine. Car Dieu veut que son Christ soit universellement reconnu. En effet, le décret a paru et ne peut être changé ; et pourtant le monde poursuit sa voie en bannissant de ses pensées Celui qui est le Seigneur de tous, se berçant de l’illusion que tout est bien et que tout ira bien. Mais pendant que nous écrivons peut sonner l’heure où il quittera la place qu’il occupe à la droite de Dieu, pour venir prendre son peuple et alors ils seront toujours avec lui (1 Thess. 4:17). Alors commencera cette série de terrible jugements annoncés dans les Écritures, comme devant précéder son retour avec ses saints, « quand sortira de sa bouche une épée aiguë à deux tranchants, afin qu’il en frappe les nations ; et lui les paîtra avec une verge de fer, et lui foulera la cuve du vin de la fureur de Dieu le Tout-Puissant, et il a sur son vêtement et sur sa cuisse un nom écrit : Roi des rois et Seigneur des seigneurs » (Apoc. 19:15-16). Alors il prendra possession de son royaume. « Il dominera depuis une mer jusqu’à l’autre, et depuis le fleuve jusqu’aux extrémités de la terre. Tous les rois aussi se prosterneront devant lui ; toutes les nations le serviront » (Ps. 72:8-11). Sois donc intelligent, cher lecteur, et maintenant, pendant que c’est le temps favorable et le jour du salut, prosterne-toi devant Dieu ; et reconnais Christ comme Seigneur ; « que si tu confesses de ta bouche Jésus comme Seigneur, et que tu croies dans ton coeur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts tu seras sauvé » (Rom. 10:9). Mais si vous êtes, hélas ! du nombre de ceux qui restent indifférents à ses droits et qui les rejettent, non seulement vous devrez à la fin fléchir les genoux devant lui, quand il siégera comme juge sur le grand trône blanc, mais vous entendrez en même temps la sentence irrévocable de votre condamnation éternelle, de la mort seconde (Apo. 20). Oh ! baisez le Fils,— maintenant que c’est le jour de grâce et que dure encore la longue patience de Dieu, — de peur qu’il ne se courrouce et que vous ne périssiez dans cette voie, quand sa colère s’embrasera tant soit peu (Ps. 2:12). Étant réconciliés avec lui, ce sera la joie de votre coeur de le confesser et de le servir comme Seigneur.
On peut se demander si cette relation de notre bien-aimé Seigneur avec son peuple, occupe dans nos âmes la place qui lui est due. Il est vrai qu’elle se trouve mentionnée surtout dans l’Ancien Testament ; mais ce serait se priver d’une grande bénédiction que de la limiter aux Juifs, ce qu’une parole du Seigneur rapportée dans l’évangile de Jean, chap. 10, nous empêcherait d’ailleurs de faire. « J’ai d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie ; il faut que je les amène, elles aussi ; et elles écouteront ma voix ; et il y aura un seul troupeau (non pas un seul bercail ou parc ; le mot grec est poimnh) et un seul berger ». Pierre aussi, écrivant à des croyants de la nouvelle économie, dit : « Vous étiez comme des brebis errantes, mais maintenant vous êtes retournés au berger et au surveillant de vos âmes » (1 Pier. 2:25) ; et encore : « Paissez le troupeau de Dieu qui est avec vous le surveillant, non pas par contrainte, mais volontairement, ni pour un gain honteux, mais de bon gré, ni comme dominant sur des héritages, mais en étant les modèles du troupeau ; et quand le souverain pasteur sera manifesté, vous recevrez la couronne inflétrissable de gloire » (1 Pier. 5:2-4). Paul emploie la même figure quand, s’adressant aux anciens de l’église d’Éphèse, il dit : « Prenez garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau, au milieu duquel l’Esprit Saint vous a établis surveillants, pour paître l’assemblée de Dieu » (Actes 20:28).
Christ est donc maintenant le berger de son peuple qui est son troupeau. Il y a pourtant cette différence que, pour les Juifs, s’ils l’avaient reçu, il aurait été leur berger sur la terre ; et même dans le millénium, il sera le berger de son peuple terrestre. « Je susciterai sur elles un pasteur qui les paîtra ; savoir, mon serviteur David ; il les paîtra, et lui-même sera leur pasteur » (Ézé. 34:23 ; voyez aussi Jér. 23:1-4). Mais il est notre pasteur, comme celui qui est mort, qui est ressuscité et qui est assis à la droite de Dieu. C’est ainsi que l’auteur de l’épître aux Hébreux dit : « Le Dieu de paix qui a ramené d’entre les morts le grand pasteur des brebis, etc. » (Hébr. 13:20). C’est donc de sa place dans les lieux hauts qu’il paît maintenant son peuple, et c’est pourquoi il est appelé le grand pasteur, parce que, dans sa tendre sollicitude pour ses brebis, il envoie, quoique éloigné d’elles, ceux qui doivent paître le troupeau sous sa direction. Quand donc il est monté au-dessus de tous les cieux, il a donné les uns comme pasteurs, etc. (Éph. 4:11) ; car c’est par ceux-là et par ceux qui sont qualifiés pour gouverner, qu’il exerce les fonctions de pasteur de son peuple.
Dans les deux économies, la relation est donc exprimée par le même terme ; mais les bénédictions qu’elle renferme sont déterminées par la position respective des brebis, par leur besoins divers. Aussi les saints de toutes les dispensations peuvent adopter le langage de ce beau Psaume 23°, consolation du peuple de Dieu dans tous les temps. Le Seigneur lui-même, quand il était sur la terre comme homme, pouvait le faire, aussi bien que le résidu pieux des Juifs et les croyants du temps présent.
Considérons donc en premier lieu le Berger lui-même. Il dit aux Juifs : « Celui qui entre par la porte, est le berger des brebis » (Jean 10:2). Il se présentait à eux comme le seul qui fût venu en Israël par le chemin voulu de Dieu, le seul qui répondît à tout ce qui avait été dit de lui d’avance dans les Écritures, le seul donc à qui Dieu ouvrit la porte pour lui donner accès auprès de ses brebis. Mais le peuple comme tel ne le reçut pas ; il devint par là la porte des brebis (v. 7) « Tous autant qu’il en est venu avant moi », dit-il, « sont des voleurs et des larrons ; mais les brebis ne les ont pas écoutés. Moi, je suis la porte : si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ; et il entrera et il sortira, et il trouvera de la pâture. Le voleur ne vient que pour voler, et tuer, et détruire : moi, je suis venu afin qu’elles aient la vie, et qu’elles l’aient en abondance. Moi, je suis le bon berger : le bon berger met sa vie pour les brebis » (Jean 10:8-11).
Voici donc ce qui caractérise
essentiellement le bon berger : il donne sa vie pour ses brebis. Il est le
Christ qui est mort ; et s’il est mort pour tous, tous donc sont morts (2
Cor. 5:14). Voilà tout le secret de la rédemption. Les brebis étaient égarées,
perdues, et auraient péri pour toujours, mais le bon berger est venu chercher
ce qui était perdu, il s’est même livré à la mort, à la mort de la croix, et
les a cherchées jusqu’à ce qu’il les eût trouvées. Cela nous explique ce nom de
bon
berger. Nous avons tous été
errants comme des brebis ; nous nous sommes détournés pour suivre chacun
son propre chemin, mais le bon berger s’est offert pour nos péchés, a donné sa
vie pour les brebis, et l’Éternel a fait tomber sur lui l’iniquité de nous tous
(Ésa. 53:6). Et comme le dit l’apôtre Paul, exaltant l’amour de Dieu, amour
dont rien ne peut donner une idée : « Christ, alors que nous étions encore
sans force, au temps convenable, est mort pour des impies. Car à peine, pour un
juste, quelqu’un mourra-t-il (car pour l’homme de bien, peut-être quelqu’un se
résoudrait même à mourir) ; mais Dieu constate son amour à lui envers
nous, en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour
nous » (Rom. 5:6-8). Tout le coeur de Christ, aussi bien que celui de Dieu, nous
a été révélé par sa mort ; car il n’y avait rien en nous pour attirer son
affection, pour le porter à prendre notre place, et à nous racheter par son
sang précieux. La nuit même dans laquelle il fut livré, il prit du pain et
rendit grâces, et institua le mémorial du sacrifice qu’il allait accomplir.
Ainsi, nous contemplons en même temps sa parfaite bonté et la complète
méchanceté de l’homme ; mais la complète révélation de ce que l’homme
était, ne peut pas mettre obstacle à la manifestation de ce qu’il était, lui.
Bien plus, de même que la lumière du soleil brillant sur un sombre nuage,
parait d’autant plus vive et intense, de même l’amour, la grâce et la bonté de
Christ, paraissent d’autant plus grands par l’absolue méchanceté de l’homme qui
a amené Christ à la croix. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis.
En donnant sa vie pour ses
brebis, il s’est acquis des droits sur elles. Mais vient ensuite un autre
acte : il donne
la vie à ses
brebis
. « Le voleur ne vient que pour voler, et tuer, et détruire :
moi, je suis venu afin qu’elles aient la vie, et qu’elles l’aient en abondance »
(Jean 10:10) ; et encore : « Je leur donne la vie éternelle, et elles
ne périront jamais » (v. 28). Nous pouvons rapprocher ceci de cette autre
parole : « Moi, je suis la porte : si quelqu’un entre par moi, il sera
sauvé, etc. » (v. 9). Nous ajoutons ce passage, pour montrer le moyen par lequel
Christ donne la vie, moyen qui n’est jamais séparé de la foi en lui. Qui croit
au Fils, a la vie éternelle (Jean 3:36). Ainsi, il est représenté ici comme la
porte, et quiconque entre par lui est sauvé — a la vie éternelle. Ce serait une
fatale erreur de supposer que cette vie, qui est un don de sa part, un don de
sa grâce souveraine, on pourrait la posséder sans une foi personnelle. Car
c’est le moyen voulu de Dieu pour la posséder, ce qui caractérise ses brebis
comme étant à lui, ce qui les sépare ainsi du monde.
Il est encore dit : « Il appelle ses propres brebis par leur nom, et les mène dehors » (Jean 10:3), et aussi qu’il connaît ses brebis (v. 14, 27). C’est ce que nous voyons dans l’histoire de l’aveugle, dont le Seigneur a ouvert les yeux et dont il a fait un de ses disciples. L’évangile rapporte encore bien d’autres exemples qui caractérisent le bon berger. Nous en trouvons un dans le premier chapitre de cet évangile de Jean : « Jésus vit Nathanaël venir vers lui, et il dit de lui : Voici un vrai Israélite, en qui il n’y a pas de fraude. Nathanaël lui dit : D’où me connais-tu ? Jésus répondit et lui dit : Avant que Philippe t’eût appelé, quand tu étais sous le figuier, je te voyais » (Jean 1:48-49). De toute éternité il connaît ses brebis, et au temps convenable s’adresse à elles par leur nom, les appelle par sa parole puissante, et sa voix pénétrant dans leurs âmes, il les fait sortir, les amenant à la connaître comme celle du bon berger. Comme le matin de sa résurrection, quand il dit : Marie, et qu’elle répondit : Rabboni ; ainsi aujourd’hui, quand il parle, ses brebis entendent sa voix et le suivent aussitôt. C’est ainsi qu’il a appelé toutes les brebis de son troupeau, et qu’il les réunira encore, jusqu’à ce que la dernière qui erre sur les montagnes et dans les déserts soit amenée sous sa houlette. « Je connais mes brebis ». C’est là assurément une parole profondément consolante pour les siens. Quoique nous soyons sous sa conduite en traversant le désert, notre foi est souvent près de faiblir, la fatigue s’empare de nous, et nous sommes tentés de douter de son amour. Combien alors ces paroles : « Je connais mes brebis », sont précieuses pour calmer toute anxiété et dissiper toute crainte, en nous rappelant que ses yeux sont sur nous, voyant toutes nos circonstances, tous nos besoins, et qu’il a une pleine connaissance de tout ce qui nous concerne.
Nous avons déjà fait allusion à la composition de son troupeau, qui renferme maintenant des Juifs et des gentils, comme il nous l’enseigne au v. 16, où nous voyons comment s’est formé ce troupeau : « J’ai d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie ; il faut que je les amène, elles aussi ; et elles écouteront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger ». C’est là le trait spécial du troupeau pendant cette dispensation. Dans l’ancienne alliance, Israël seul était son troupeau ; aussi le 23° Psaume commence par ces mots : « L’Éternel est mon berger ». Mais comme, quand il vint au milieu des siens, les siens ne le reçurent point, il a renversé par sa mort le mur de clôture qui séparait les Juifs des gentils, et a posé dans son sang le fondement de leur réunion par la foi en son amour. Depuis la Pentecôte donc, il a appelé les brebis de son troupeau dans tous les lieux de la terre : elles entendent sa voix, elles sont amenées, et une fois qu’elles sont réunies, il n’y a plus ni Juifs, ni gentils, elles ne forment qu’un seul troupeau sous un seul Berger.
Ce qui caractérise encore le Berger, c’est qu’il garde ses brebis : « Je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais ; et personne ne les ravira de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous, et personne ne peut les ravir de la main de mon Père » (v. 28-29). Il procure ainsi aux siens une absolue sécurité. Le loup peut ravir les brebis de la main de celui qui est un mercenaire et n’est pas le Berger, mais personne ne peut les ravir des mains de ce dernier. Quel repos cela donne à notre coeur de lire ces précieuses paroles !
Arrêtons-nous encore un peu sur quelques-uns des traits qui caractérisent les brebis. « Elles entendent sa voix » (v. 4, 16, 27). Comme cela a été expliqué au commencement, il distingue ses brebis, il les appelle par leur nom. Le Seigneur lui-même fait sentir le contraste, quand il dit : « Mais vous (il parle aux Juifs), vous ne croyez pas, car vous n’êtes pas de mes brebis, comme je vous l’ai dit. Mes brebis écoutent ma voix, etc. » (v. 26, 27). Nous pouvons rapprocher de ceci un autre trait : « Elles ne connaissent pas la voix des étrangers » (v. 5). C’est là ce qui fait la sécurité du troupeau. Elles reconnaissent aussitôt la voix du Berger ; mais un étranger a beau imiter à s’y méprendre la voix du Berger, elles s’en aperçoivent, c’est-à-dire qu’elles découvrent que c’est celle d’un étranger. C’est ce qu’enseigne l’apôtre Jean : « Vous avez l’onction de la part du Saint, et vous connaissez toutes choses… Je vous ai écrit ces choses touchant ceux qui vous égarent ; et pour vous, l’onction que vous avez reçue de lui demeure en vous, et vous n’avez pas besoin que personne vous enseigne ; mais comme la même onction vous enseigne à l’égard de toutes choses, et qu’elle est vraie et n’est pas mensonge, — et selon qu’elle vous a enseignés, vous demeurerez en lui » (1 Jean 2:20-27). Il n’est donc pas nécessaire pour y échapper, que nous cherchions à connaître toutes les erreurs qui abondent de tous les côtés : il nous suffit de connaître la voix du Berger ; et notre sûreté sera de l’écouter, de la connaître toujours mieux et, comme Marie, de rester assis aux pieds de Jésus pour écouter sa parole » (Luc 10:39). C’est ainsi que nous serons tout à la fois mis à l’abri du danger, gardés et bénis.
Les brebis entendent la voix du Berger, il en résulte naturellement qu’elles le suivent : car elles reconnaissent sa voix (v. 4, 27). Les brebis n’ont d’autre volonté que celle du Berger ; et dès qu’elles cessent de le suivre, elles sont errantes. « Nous avons tous été errants comme des brebis, dit le prophète, nous nous sommes détournés pour suivre chacun son propre chemin » (Ésa. 53:6). En Orient, et aussi dans quelques contrées de l’Europe, le berger précède son troupeau ; quand il marche, les brebis le suivent, et quand il s’arrête, elles s’arrêtent également. C’est à cela que fait allusion notre Seigneur dans la portion de l’Écriture qui est devant nous ; cet usage lui fournit l’occasion de donner une instruction bien sérieuse. Pour suivre le berger, les brebis ont besoin d’avoir toujours les yeux fixés sur lui, d’être toujours attentives pour savoir de quel côté il va, et où il veut qu’elles le suivent. Tout est ainsi laissé entre les mains du berger : c’est à lui à reconnaître le danger, à pourvoir à leur subsistance, à leur montrer le chemin. Leur responsabilité, c’est de le suivre, partout où il les conduira — de le suivre jusqu’à ce qu’il vienne pour les prendre à lui.
Il est aussi dit que les
brebis connaissent le Berger.
Non
seulement elles connaissent sa voix ; mais elles le connaissent
lui-même : « Je suis le bon berger, et je connais mes brebis, et je suis
connu d’elles, comme le Père me connaît, et moi je connais le Père » (Jean
10:14-15). C’est là la bénédiction la plus élevée à laquelle les brebis
puissent atteindre, car elle suppose la connaissance de ses voies, de ses
désirs et de ses pensées, la connaissance de sa personne elle-même. C’est ainsi
que nous entrons en communion avec lui. Nous pouvons connaître sa voix, le
suivre, et cependant ne pas connaître sa personne elle-même. Le connaître,
c’est ce qui, selon l’apôtre Jean, caractérise les pères dans la famille de
Dieu : « Je vous écris, pères, parce que vous connaissez Celui qui est dès
le commencement » (1 Jean 2:13). Voilà donc la souveraine bénédiction pour le
croyant. Or le Seigneur veut qu’elle se réalise, — et cela en abondante mesure,
— « comme le Père me connaît et que je connais le Père ». Il nous connaît, et il
veut que nous le connaissions. Que nos relations avec lui soient toujours plus
intimes, qu’il soit tellement présent à nos âmes que nous puissions croître de
jour en jour dans sa connaissance, dans la connaissance de ce qu’il est, —
aussi bien de ce qu’il est pour nous, que de ce qu’il a fait pour nous par la
puissance du Saint-Esprit.
Le Psaume 23° nous aidera à comprendre ce qui a été dit sur les relations aussi bien que sur les privilèges des brebis.
« Le Seigneur (Jéhova) est mon
Berger ». Pouvons-nous véritablement adopter ce langage ? Tout dépend ici
de la réalité de nos relations avec lui. Chacun peut dire que le Seigneur est
un Berger ; toute la force de cette déclaration est donc dans ce petit
mot : mon.
Dire mon
Berger, c’est le langage de la
foi : le mot mon
est donc la
clef de ce Psaume. Heureux sommes-nous donc, si, nous appropriant ces paroles,
nous pouvons dire qu’il est notre Berger. Quelle en sera la conséquence ?
« Je n’aurai point de disette ». Nous n’aurons point de disette, non parce que
nous sommes ses brebis, mais parce qu’il est notre Berger. Il s’agit non de ce
que nous sommes pour lui, mais de ce qu’il est pour nous. C’est ce qu’il est
très important de bien comprendre, car beaucoup de personnes parmi nous
commencent par elles-mêmes ; et qu’arrive-t-il alors, quand elles
découvrent qu’elles sont de pauvres créatures faibles et pécheresses ?
Elles tombent dans le doute et l’anxiété. — Mais quand nous commençons avec le
Seigneur, que nous considérons ce qu’il est, ce qu’il est en lui-même aussi
bien que dans ses relations avec nous, nous avons l’assurance bien fondée que
« nous n’aurons pas de disette ». Car assurément, c’est au berger à pourvoir aux
besoins de ses brebis. Combien seraient insensés des enfants demandant à leurs
parents comment ils pourvoiront aux besoins du lendemain ! Nous serions
bien plus insensés de nous inquiéter, nous qui avons un tel Berger. C’est assez
pour nos coeurs, sans doute, de savoir qu’il est à nous, et dans cette douce
confiance nous pouvons tout abandonner entre ses mains, car il paîtra son
troupeau, comme un berger (Ésa. 40:11). Il est à nous et nous avons tout en
lui ; et ainsi, notre coeur peut se reposer dans une paix parfaite, dans
la pleine assurance de son amour constant, de sa toute-puissance, de ses soins
continuels.
« Il me fait reposer dans de verts pâturages ; il me mène à des eaux paisibles », ou, comme on peut traduire, dans des pâturages d’herbe tendre et à des eaux de repos. C’est lui qui nous apporte toutes les bénédictions, qui pourvoit à tous nos besoins, qui nous donne repos et rafraîchissement. Mais cela même ne peut exprimer toutes les richesses de sa bonté pour son troupeau. Ce sont des pâturages d’herbe tendre, dans lesquels les brebis peuvent se repaître avec délices jusqu’à ce qu’elles soient rassasiées ; et quand elles sont rassasiées comme de moëlle et de graisse, elles se reposent près des eaux rafraîchissantes. Comme il est dit dans Jean 10:9 : « Moi, je suis la porte : si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ; et il entrera et il sortira, et il trouvera de la pâture ». Voilà ce qu’est le coeur du Berger. Il pourvoit aux besoins des siens, il veille sur eux, afin que rien ne leur manque. Heureuses les brebis qui sont ainsi placées sous les soins de son constant et fidèle amour !
« Il restaure mon âme ; il me conduit dans des sentiers de justice à cause de son nom » (Ps. 23:3). Voilà qui appartient aussi à son office de Berger. Nous n’avons pas besoin de dire que le fondement sur lequel il agit, c’est l’oeuvre qu’il a accomplie, la propitiation qu’il a faite pour nos péchés (1 Jean 2:1-2). Mais, dans le Psaume, celui qui restaure c’est le Berger. Les brebis errent, s’égarent, et le Berger court après celle qui est perdue, et, l’ayant trouvée, la rapporte saine et sauve. Chacune des brebis est ainsi sous ses yeux, et ne peut s’égarer sans qu’il le sache ; et quand quelqu’un de nous s’est égaré, il ne serait sans doute jamais revenu si, dans son amour, le Berger ne l’avait suivi et ramené.
Et comme c’est à lui que nous devons d’être ramenés, c’est aussi à lui que nous devons d’être guidés dans la droite voie, celle de la justice, qui est selon sa volonté. Remarquez de plus qu’il nous conduit ainsi pour l’amour de son nom. C’est encore, et on ne peut trop le répéter, pour l’amour de son nom ; c’est pourquoi sa propre gloire est intéressée à ce que nous soyons conduits dans les sentiers de la justice. C’est sur ce fondement que nous pouvons tout lui demander ; et quand nous faisons ainsi, il ne peut résister à notre prière. Il en fut ainsi de Josué. Quand les Israélites furent battus devant Aï à cause du crime d’Acan, Josué déchira ses vêtements et se jeta le visage contre terre, devant l’arche de l’Éternel, et intercéda auprès de Dieu : « Que feras-tu à ton grand nom ? » (Jos. 7:6-9). C’est ainsi que se termine et que se résume en quelque sorte ce cri poussé par Josué. La réponse de Dieu à cette prière instante ne se fit pas attendre. Souvenons-nous toujours que, pour l’amour de son nom, le Seigneur ne peut manquer de nous conduire dans le chemin où il veut que nous marchions.
Le psalmiste maintenant va plus loin. Il nous a dit ce que Jéhovah est, et ce qu’il a fait. Cela lui donne confiance et il peut dire : « Même, quand je marcherais par la vallée de l’ombre de la mort, je ne craindrais aucun mal ; car tu es avec moi ; ta houlette et ton bâton, ce sont eux qui me consolent » (Ps. 23:4). La vallée de l’ombre de la mort est bien moins le passage par la mort, que ce qui caractérise notre passage au milieu de la scène de ce monde. Nous sommes dans un monde qui est jugé. La mort le recouvre comme un linceul ; c’est pourquoi, pour le croyant qui entre dans les pensées de Dieu à l’égard du monde, c’est la vallée de l’ombre de la mort. Mais quel est l’antidote contre la crainte ? Il est dans cette pensée : « Tu es avec moi ». Voilà la source de toute sérénité et de toute bénédiction. Le Seigneur est avec nous. Et ainsi nous avons son bâton et sa houlette, son bâton pour nous diriger, sa houlette pour nous rassurer. Comprenons-nous bien cela ? Cette pensée que le Seigneur est avec nous, que son bâton et sa houlette sont eux qui nous consolent, est-elle aussi constamment présente à nos âmes qu’elle le devrait ? Quelque sombre et désolée que soit la scène qui nous entoure, nous avons beau être faibles et fatigués, nous avons des ressources infinies dans celui qui est notre Berger, sa présence pour encourager nos âmes, son bâton et sa houlette pour nous conduire dans nos perplexités, et pour nous soutenir dans notre faiblesse. Béni soit son nom !
Nous avons maintenant un autre trait, ou un autre caractère de la bénédiction, dont parle ce Psaume. « Tu dresses devant moi une table, en la présence de mes ennemis : tu as oint ma tête d’huile, ma coupe est comble » (v. 5). Ce n’est pas seulement que le sentier passe par la vallée de l’ombre de la mort : il y a des ennemis tout autour. Mais Celui qui est avec nous est en état de faire face à cette difficulté. Ils peuvent faire rage et chercher à détruire, mais, dit David, tu dresses la table devant moi, en la présence de mes ennemis. Il fortifiera son peuple, et ses ennemis verront que le Seigneur soutient les siens et qu’il pourvoit à tout pour eux. Comme nous le voyons dans l’épître aux Hébreux 13:5-6 : « Je ne te laisserai point et je ne t’abandonnerai point ; en sorte que, pleins de confiance, nous pouvons dire : Le Seigneur est mon aide, et je ne craindrai point : que me fera l’homme » ? Mais nous avons encore : « Tu as oint ma tête d’huile », — l’onction de Dieu, l’Esprit de puissance, — c’est pourquoi il ajoute : « Ma coupe est comble ». Rien ne manque ; et même au milieu de cette scène, la bonté et la miséricorde débordent en lui. L’avoir comme son Berger, voilà la source de toute cette bénédiction ; car elle découle de lui, de ce qu’il est pour nous comme tel. Et n’oublions pas que c’est notre lot présentement. Ce ne sont pas des bénédictions que nous aurons, mais que nous avons maintenant. Comme nous rétrécissons le coeur de Dieu par notre incrédulité ! Comme nous avons besoin d’apprendre à connaître plus complètement l’immensité de sa grâce et les richesses de son amour pour nous, pendant notre passage à travers le désert ! Sûrement nous pouvons dire : « L’Éternel est mon berger ; je ne manquerai de rien ».
La conclusion est aussi simple que belle. « Oui, la bonté et la gratuité (non pas m’ont suivi, mais) me suivront tous les jours de ma vie ». Comment le savons-nous ?. Parce que le Seigneur est notre Berger. C’est la confiance en lui et la connaissance de ce qu’il est, qui nous permettent de parler ainsi. Et qu’ajoute encore le psalmiste ? « Et mon habitation sera dans la maison de l’Éternel, pour de longs jours ». Tout aboutit à cela. Quelque bénis que nous soyons maintenant dans la jouissance de ce que Christ est pour nous comme notre Berger, nous aurons des bénédictions plus grandes et plus de joie encore, quand il reviendra pour nous prendre à lui, et que nous serons pour toujours avec lui. Mais nous ne devons pas oublier que ces paroles ont une application actuelle. L’effet de la grâce sur le coeur est de nous rapprocher toujours plus de Celui dont elle découle, et de produire en nous le désir d’habiter dans sa maison pour toujours ; oui, d’habiter en sa présence éternellement. « J’ai demandé une chose à l’Éternel, je la rechercherai : c’est que j’habite dans la maison de l’Éternel tous les jours de ma vie, pour voir la beauté de l’Éternel et pour m’enquérir diligemment de lui dans son temple » (Ps. 27:4). Le coeur ainsi attiré est absorbé dans la contemplation de Celui dont la beauté a été manifestée dans ses voies de grâce et d’amour, et ainsi ne peut trouver de satisfaction que dans la présence de son objet. Toute bénédiction est concentrée en Lui, c’est pourquoi l’âme qui le suit désire d’être toujours avec lui. Heureux sont ceux qui ont appris cet enseignement, qu’ils n’ont besoin de rien hors de Christ, qu’il suffit à remplir leurs coeurs et leurs pensées !
Puisse le Seigneur lui-même nous faire connaître de plus en plus sa beauté, aussi bien que le caractère ineffable des bénédictions qui nous appartiennent, parce que par la grâce nous avons été en relation avec lui, comme notre Berger.
Ta voix forte, ta voix tendre,
Bon Berger, se fait entendre ;
Tu m’appelles, je te suis.
Ah ! dans le troupeau sans nombre
Qui, pressé, marche à ton ombre,
Tu connais chaque brebis.
Tu les conduis aux fontaines
D’eau limpide ; aux vertes plaines
Tu leur donnes le repos ;
Ta houlette les console ;
Tu portes sur ton épaule
Les faibles petits agneaux.
Lorsque le Seigneur Jésus vint dans le monde, « les ténèbres couvraient la terre, et l’obscurité profonde les peuples » (És. 60:2). C’était, pour emprunter le langage de Job parlant de la mort, « un pays d’obscurité et d’ombre de mort, où il n’y a que confusion et où la clarté est comme les ténèbres profondes » (Job 10:21-22). « Car par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et ainsi la mort a passé à tous les hommes, en ce que tous ont péché » (Rom. 5:12). Il n’y avait donc pas un rayon de lumière pour éclairer les ténèbres complètes où l’homme se trouvait. Bien plus, Satan régnait ; car, par le péché de l’homme, Satan avait acquis des droits sur lui et le tenait ainsi dans un complet assujettissement à sa volonté. Satan était donc devenu le prince de ce monde (Jean 12:31). « Mais quand l’accomplissement du temps est venu, Dieu a envoyé son Fils, né de femme, né sous la loi » (Gal. 4:4). « Au commencement était la Parole ; et la Parole était auprès de Dieu ; et la Parole était Dieu. Elle était au commencement auprès de Dieu. Toutes choses furent faites par elle, et sans elle pas une seule chose ne fut faite de ce qui a été fait. En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes. Et la lumière luit dans les ténèbres ; et les ténèbres ne l’ont pas comprise » (Jean 1:1-5).
Christ est donc venu dans ce monde de ténèbres ; et dès l’abord, il y eut deux sphères morales distinctes. Autour de lui étaient les ténèbres, les ténèbres de la mort ; en lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes. La lumière et les ténèbres étaient ainsi en contact ; car la lumière a lui dans les ténèbres, mais les ténèbres ne l’ont point reçue. Mais Christ avait la vie en lui-même ; il était la vraie lumière qui, venant dans le monde éclaire tout homme (Jean 1:9). Il est vrai que bien peu la reçurent, mais la lumière était là, brillant pour chacun, en sorte que si quelqu’un restait dans les ténèbres, c’était parce qu’il ne voulait pas se tourner vers la lumière. « Il était dans le monde, et le monde fut fait par lui ; et le monde ne l’a pas connu. Il vint chez soi ; et les siens ne l’ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné le droit d’être enfants de Dieu, savoir à ceux qui croient en son nom ; lesquels sont nés, non pas de sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu » (Jean 1:10-13). Ceux-là seulement, tous ceux qui l’ont reçu, étaient éclairés, et étant éclairés, ils recevaient la vie, car ils étaient nés de Dieu.
Pendant son séjour sur cette terre, Christ avait la vie en lui-même comme Fils de Dieu : « Comme le Père réveille les morts et les vivifie, de même aussi le Fils vivifie ceux qu’il veut » (Jean 5:21). Car, comme Jean nous le dit : « La vie a été manifestée ; et nous avons vu, et nous déclarons, et nous vous annonçons la vie éternelle, qui était auprès du Père et qui nous a été manifestée » (1 Jean 1:2) ; et comme il le dit lui-même : « Je suis venu afin qu’elles aient la vie, et qu’elles l’aient en abondance » (Jean 10:10). Tous ceux donc qui croyaient en lui étaient vivifiés, de la même manière aussi que les saints de l’ancienne économie — ils étaient nés de nouveau ; mais la vie en abondance ne pouvait être donnée qu’après sa mort et sa résurrection ; aussi le don de la vie éternelle, fait à ceux qui croient dans la dispensation présente, est le fruit et la conséquence de l’oeuvre qu’il a accomplie. Lui-même dit : « Père, l’heure est venue ; glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie, comme tu lui as donné autorité sur toute chair, afin que, quant à tous ceux que tu lui as donnés, il leur donne la vie éternelle » (Jean 17:1-2).
Mais pourquoi était-il nécessaire que Christ mourût pour devenir le prince de la vie ? (Actes 3:15). Nous avons vu que la mort était le fruit, les gages du péché (Rom. 6:23) ; ainsi donc, aussi longtemps que la question du péché n’était pas réglée, et qu’en conséquence les droits d’un Dieu juste sur l’homme n’étaient pas satisfaits, la mort devait continuer à régner. L’homme a encouru la peine et les conséquences de ses actes, et il doit les subir jusqu’à ce qu’il se trouve quelqu’un qui puisse et veuille se charger de sa cause et la régler avec Dieu. Eh bien ! c’est ce qu’a fait Christ, lui, l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde (Jean 1:29). Il est venu et, par sa mort, il a satisfait à toutes les exigences de Dieu sur le pécheur, car il a encouru toute la malédiction qui était le juste salaire du pécheur ; et quant au péché de l’homme, il a opéré une pleine et parfaite expiation, et a glorifié Dieu de telle sorte, que Dieu, pour témoigner qu’il était satisfait de son oeuvre, l’a ressuscité d’entre les morts et l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes. Maintenant donc il est le Vivant, la mort n’a plus domination sur lui. « Ainsi donc, comme par une seule faute, les conséquences de cette faute furent envers tous les hommes en condamnation, ainsi aussi par une seule justice, les conséquences de cette justice furent envers tous les hommes en justification de vie » (Rom. 5:18). C’est à cause de la sainteté de Dieu que Christ, s’étant mis par grâce à notre place, a dû mourir sur la croix pour le péché, en sorte que, sur le fondement de l’expiation que Christ a accomplie sur la croix, Dieu peut maintenant, sans faire tort à sa justice, justifier tous les croyants et les faire passer de la mort à la vie. Il n’y a donc point de vie qu’en Christ et par lui. Comme Jean le dit : « Qui croit au Fils a la vie éternelle ; mais qui désobéit au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui » (Jean 3:36).
L’Écriture nous indique aussi
les moyens par lesquels la vie est reçue. C’est
par la foi seulement.
Comme le dit notre Seigneur : « En vérité, en
vérité, je vous dis, que celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m’a
envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement (krisin) ;
mais il est passé de la mort à la vie » (Jean 5:24). C’est là qu’est manifestée
la grâce de Dieu. Nous avions récolté les gages du péché, la mort ; nous
étions morts dans nos péchés, et serions restés à toujours sujets à la peine et
aux conséquences de cette condition, si Dieu qui est riche en miséricorde, agissant
conformément à sa nature, n’avait spontanément constaté son amour envers nous
en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous. Et
maintenant, tandis que les gages du péché, c’est la mort, le don de Dieu, c’est
la vie éternelle par Jésus Christ, notre Seigneur. C’est le don qu’il accorde
librement et gratuitement à tous ceux qui reçoivent son témoignage à l’égard du
pécheur et touchant son Fils. Il a donné la vie, une vie hors de la mort,
librement à tous ceux qui croient. « C’est ici le témoignage : que Dieu
nous a donné la vie éternelle ; et cette vie est dans son Fils :
celui qui a le Fils a la vie, celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie »
(1 Jean 5:11-12).
Nous voyons ainsi que tout croyant a la vie éternelle. Mais il faut bien le remarquer : il n’est jamais dit qu’il l’a en lui-même, comme quelques personnes voudraient l’inférer de deux déclarations négatives ; mais ce qu’on infère n’est pas, même avec une apparence de vérité, la parole de Dieu. Ainsi, notre Seigneur parlant aux Juifs dit : « Si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’avez pas la vie en vous-mêmes » (Jean 6:53). Et Jean dit : « Vous savez qu’aucun meurtrier n’a la vie éternelle demeurant en lui » (1 Jean 3:15). Mais que conclure de ces passages ? Que ceux dont il est question ne possèdent pas la vie éternelle. On ne peut rien dire de plus. Dans le passage déjà cité, l’Écriture dit que cette vie est en son Fils. Puisque nous avons la vie éternelle, nous ne l’avons qu’en Christ. Christ est en nous — mais ceci est un autre aspect de la vérité — et ayant Christ, nous avons la vie éternelle ; car c’est Christ qui est notre vie. Mais quand il est question de la vie éternelle, il n’est jamais dit qu’elle est en nous, mais toujours dans « son Fils ». C’est ce fait qui nous la garantit, qui nous assure que nous ne pouvons la perdre, car qui voudrait nous l’ôter devrait d’abord nous arracher de ses mains ; bien plus, devrait faire descendre Christ de son siège à la droite de Dieu. Christ est notre vie. Arrêtons-nous encore un peu sur cette vérité, et indiquons quelques-unes de ses conséquences.
Notre vie n’est pas ici. C’est là ce que déclare l’apôtre : « Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu » (Col. 3:3). Il a montré quelle responsabilité découle pour nous, du fait que nous sommes morts et ressuscités avec Christ. Étant morts avec lui, nous ne devons pas nous conduire comme vivants (zwnteV) dans le monde (Col. 2:20). Nous obéissons à l’ordre de Christ. Quant à toute cette scène, il est mort et n’y a plus aucune place. Nous commençons donc notre vie en prenant notre position comme morts. Nous sommes ensevelis avec lui dans le baptême (Col. 2:12), et Dieu nous tient pour morts. De là notre responsabilité de marcher d’une manière conséquente à ce principe, de mortifier nos membres qui sont sur la terre (Col. 3:5). Dieu nous a complètement associés avec Christ, en sorte qu’il nous voit morts avec lui au péché (Rom. 6) ; morts à la loi (Rom. 7), et morts au monde (Gal. 6) ; et la foi regarde comme vraie cette estimation que Dieu fait de nous. Par la mort et la résurrection de Christ, nous sommes si complètement transportés hors de la scène du monde dans une position nouvelle, qu’il peut être dit de nous : « Vous n’êtes pas dans la chair, mais dans l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous » (Rom. 8:9). Notre vie donc n’est pas ici-bas, — cela ne peut être, car nous sommes morts, — mais elle est cachée avec Christ en Dieu.
Heureux sommes-nous si nous saisissons toutes les conséquences de cette vérité ! Quel gain immense si nous commencions la vie chrétienne en acceptant d’être morts à tout ce que nous sommes par nature et à tout ce qui nous entoure ! Comme cela nous élèverait au-dessus de nos circonstances, si, détournant nos yeux de tout ce que nous voyons, nous regardions invariablement là-haut, où est Christ, nous souvenant que c’est là qu’est notre vie, qu’il est notre vie ! Quelle puissance cela nous donnerait sur la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie ! Quel témoignage nous rendrions ainsi aux droits de Christ, autrefois rejeté, mais maintenant glorifié ! Nous avons besoin de nous juger sur ces points, car nous trouverons que nos faiblesses et nos manquements viennent en grande partie du fait que nous vivons dans les choses de ce monde. Mais comme l’apôtre l’enseigne, si nous sommes ressuscités avec Christ, nous devons chercher les choses qui sont en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu ; nous devons penser aux choses qui sont en haut, et non pas à celles qui sont sur la terre (Col. 3:1-2), c’est-à-dire que le lieu auquel nous appartenons devrait être le centre de nos préoccupations habituelles et de notre joie. De là l’extrême importance de connaître notre position, de savoir que nous sommes morts et ressuscités avec Christ ; car autrement, nous ne pouvons pas dire qu’ici n’est pas le lieu de notre repos, que nous n’avons rien de commun avec la scène de ce monde au milieu de laquelle nous passons ; que notre vie est là-haut. Si nous vivons pour quelque temps dans un pays étranger, nous ne nous intéressons pas à ce lieu de notre exil ; nos pensées, nos intérêts, nos relations, en d’autres termes toute notre vie, sont en rapport avec notre patrie. C’est ainsi qu’il en devrait être du croyant. Étant mort et ressuscité avec Christ, toutes les relations de sa vie devraient se rapporter au lieu où il a été transporté ; comme Paul dit : « Notre bourgeoisie est dans les cieux, d’où aussi nous attendons comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ » (Phil. 3:20). C’est seulement lorsque nous aurons reçu cette vérité, que nous connaîtrons la joie d’être continuellement occupés de Christ. Et l’on peut ajouter que le but de toutes les voies de Dieu à notre égard maintenant est de nous mettre sous l’influence de cette vérité. Si nous voulons trouver notre vie dans les choses d’ici-bas, il fera passer la mort sur elles, et ainsi nous aurons à traverser bien des épreuves, à endurer bien des tourments, avant d’apprendre ce qu’il veut nous enseigner pour sa gloire et notre propre bénédiction, que Christ et Christ seul est la vie de son peuple. Comme le disait quelqu’un, Dieu répand souvent l’obscurité sur ce monde, afin que nous puissions contempler la gloire qui est au-delà ; et la gloire qui est au-delà, c’est où Christ est assis à la droite de Dieu.
Christ étant notre vie, c’est
cette vie, Christ, que nous devons manifester pendant notre passage à travers
la scène de ce monde. Nous n’avons rien d’autre à faire. Aussi Paul dit :
« Je suis crucifié avec Christ ; et je
ne vis plus, moi, mais
Christ vit en
moi
» (Gal. 2:20). On peut
remarquer à ce sujet trois degrés que nous indique l’Écriture : 1° « Vous
êtes morts », — c’est l’estimation de Dieu ; 2° « de même vous aussi,
tenez-vous vous-mêmes pour morts » (Rom. 6:11) ; — par la foi nous devons
nous tenir pour morts, selon l’estimation de Dieu ; 3° « portant toujours,
partout, dans le corps la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit
manifestée dans notre corps » (2 Cor. 4:10). Nos corps, autrefois instruments et
serviteurs du péché, Dieu, dans sa grâce, les a pris pour qu’ils deviennent un
moyen par lequel Christ est manifesté.
Que l’on voie Christ dans tout ce que nous sommes et faisons, c’est à cela que nous sommes donc appelés, puisqu’il est notre vie. Cela suppose que nous portons partout dans notre corps la mort de Jésus, que nous appliquons constamment la croix, symbole de la puissance de la mort, à tout ce que nous sommes comme hommes naturels, en sorte que rien de ce qui vient de notre nature ne se montre en nous, mais seulement ce qui est de Christ. Tous ceux qui ont compris que la chair est irrémédiablement corrompue, comprennent qu’il ne doit pas lui être permis d’agir. Si nous nous sommes laissés aller à la colère, nous convenons sans peine que nous avons manqué, et sommes prêts à nous juger nous-mêmes devant Dieu. Mais tout le monde ne comprend pas que la vertu de la croix de Christ doit s’appliquer à tout ce qui est nature en nous, aussi bien qu’à ces formes grossières du mal. Et cependant, si c’est la vie de Jésus qui seule doit paraître en moi, il est évident que rien de ce que je suis ne doit se montrer, autrement l’image de Christ en moi serait confuse et obscure. Assurément, nous avons besoin d’être plus vigilants à cet égard ; car combien souvent n’arrive-t-il pas que, dans nos moments de loisir, dans nos rapports même avec les saints, c’est bien plus notre nature que Christ, qui se montre en nous. Lorsque nous nous rencontrons et que nous conversons, il peut arriver que, dans un entretien où tout était plaisir, si nous nous examinons en pensant à notre responsabilité, nous avons à confesser que c’est nous-mêmes qui avons été sur le premier plan et non Christ. Dans cette gaieté, ces traits d’esprit, c’était le moi qui se retrouvait et non pas Lui ; et ainsi nous manquions — nous manquions en ce pour quoi seulement nous avons été rachetés et amenés à Dieu.
Il est vrai qu’une telle responsabilité demande de notre côté une vigilance incessante et une constante fidélité. C’est bien ce que l’apôtre dit : Portant TOUJOURS dans notre corps la mort de Jésus. Nos temps de délassement sont toujours pour nous des temps particulièrement dangereux. Nous oublions souvent que nos reins doivent être toujours ceints, et qu’ayant pris toute l’armure de Dieu comme il le faut, nous avons encore à tenir ferme. Et en même temps, ce que nous avons à apprendre, c’est de ne pas craindre de nous juger nous-mêmes. Trop souvent, nous sommes comme Saül qui réservait le meilleur de son bétail et de ses troupeaux, sous prétexte qu’ils étaient consacrés au service du Seigneur. Non, rien ne doit être épargné ; mais tout ce qui tient au moi comme homme naturel, tout ce qui vient de la chair, tout ce que nous sommes (nous employons ces expressions, afin qu’aucune méprise ne soit possible), doit être tenu sous la croix, et comme mort. Alors, et seulement alors, Christ brillera en nous. C’est dans ce but que Dieu doit souvent user de sévérité envers nous ; car les vaisseaux de terre doivent être brisés, pour que la lumière qu’ils renferment brille au dehors.
Où trouver, demandera-t-on peut-être, la force pour répondre à l’obligation sous laquelle nous sommes ? Nous ne la trouverons qu’en étant occupés de Christ dans la gloire. « Nous tous, contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en esprit » (2 Cor. 3:18). Étant ainsi transformés, l’image de Christ rayonnera en nous ; et nous refléterons la gloire par laquelle nous sommes changés.
Ce n’est donc pas seulement par figure de langage qu’il nous est dit que nous avons été crucifiés avec Christ ; que nous avons dépouillé le vieil homme et revêtu le nouveau, etc. Toutes ces choses sont de solennelles réalités devant Dieu, tout comme notre position bénie en Christ. Ce que nous étions par nature et dans la chair, tout cela a disparu dans la croix de Christ. Christ seul reste, et il est notre vie, et c’est lui seul qui doit être manifesté dans notre marche de tous les jours. Comment pourrons-nous jamais apprécier assez l’honneur qui nous est fait ! Et si nous nous associons en quelque mesure à l’affection de Dieu pour Christ, comme nous le louerons d’avoir fait de nous, tels que nous sommes, des instruments pour représenter son Christ au milieu des ténèbres de ce monde
Christ est notre vie, et c’est ce qui sera manifesté bientôt. C’est à ce fait que se rapporte cette déclaration de l’Écriture : « Vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Quand le Christ qui est votre vie, sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui en gloire » (Col. 3:3-4). La vie est cachée maintenant, mais quand Christ paraîtra, elle sera publiquement révélée, — et cela avec Christ en gloire. Nous pouvons cependant remarquer ici deux degrés, sur chacun desquels nous dirons quelques mots.
Nous avons d’abord la
résurrection ou la transmutation de nos corps. Car la puissance de vie en
Christ ressuscité est telle, que les corps des saints, soit vivants, soit
couchés dans le tombeau, seront changés de manière à perdre toute trace de leur
mortalité. C’est pourquoi l’apôtre, parlant de la résurrection des croyants,
dit : « Il faut que ce corruptible revête l’incorruptibilité, et que ce mortel
revête l’immortalité. Or quand ce corruptible aura revêtu l’incorruptibilité,
et que ce mortel aura revêtu l’immortalité, alors s’accomplira la parole qui
est écrite : La mort a été engloutie en victoire » (1 Cor. 15:53-54). La
vie découlant de Christ régnera victorieusement ; et ainsi sera consommée
notre rédemption. Notre Seigneur lui-même fut le premier à annoncer cette
précieuse vérité. Il dit à Marthe : « Moi, je suis la résurrection et la
vie : celui qui croit en moi, encore qu’il soit mort, vivra ; et
quiconque vit, et croit en moi, ne mourra point, à jamais » (Jean 11:25-26). Il
distinguait ainsi les deux classes de saints, ceux qui seraient morts avant, et
ceux qui seraient vivants à son retour. Les premiers ressusciteront, et les
derniers ne mourront pas, selon cette parole de l’apôtre : « Nous ne nous
endormirons pas tous, mais nous serons tous changés » (1 Cor. 15:51 ; 1
Thes. 4:13-18).
C’était cette
espérance qui tenait l’apôtre au-dessus des circonstances qui l’entouraient.
« C’est pourquoi nous ne nous lassons point, mais si même notre homme extérieur
dépérit, toutefois l’homme intérieur est renouvelé de jour en jour » ; et
après avoir comparé notre légère tribulation d’un moment avec le poids éternel
de gloire qui est réservé â ceux qui regardent aux choses éternelles, il
dit : « Car nous savons que si notre maison terrestre, qui n’est qu’une
tente, est détruite, nous avons un édifice de la part de Dieu, une maison qui
n’est pas faite de main, éternelle, dans les cieux. Car aussi, dans cette
tente, nous gémissons, désirant avec ardeur d’avoir revêtu notre domicile qui
est du ciel, si toutefois, même en étant vêtus, nous ne sommes pas trouvés nus.
Car aussi nous qui sommes dans la tente, nous gémissons, étant chargés, non pas
que nous désirions d’être dépouillés, mais nous désirons d’être revêtus, afin
que ce qui est mortel soit absorbé par la vie » (2 Cor. 5:1-4). Comme quelqu’un
l’a très bien dit : « Il voyait en Christ glorifié une puissance de vie
capable d’engloutir et de détruire toute trace de mortalité, car l’élévation de
Christ en gloire était en même temps le résultat de cette puissance, et la
manifestation de la part que posséderont dans le ciel ceux qui sont à lui.
C’est pourquoi l’apôtre désirait non d’être dépouillé, mais revêtu, afin que ce
qui était mortel en lui fût absorbé par la vie, que la mortalité qui
caractérisait sa nature terrestre disparût devant la puissance de vie qu’il
voyait en Jésus, et qui était sa vie. Cette puissance était telle qu’il n’était
pas nécessaire qu’il mourût ».
Cette consommation aura lieu quand le Seigneur viendra pour nous prendre à lui. Cela est dit expressément : « Le Seigneur lui-même, avec un cri de commandement, avec une voix d’archange, et avec la trompette de Dieu, descendra du ciel ; et les morts en Christ ressusciteront premièrement ; puis nous, les vivants, qui demeurons, nous serons ravis ensemble avec eux dans les nuées à la rencontre du Seigneur, en l’air ; et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur » (1 Thes. 4:16-17). C’est alors qu’il « transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire, selon l’opération de ce pouvoir qu’il a de s’assujettir toutes choses » (Phil. 3:21).
Christ donc est notre vie, mais ce fait ne sera pas pleinement consommé avant le matin de la résurrection. Maintenant, nous pouvons nous réjouir en sachant que nous avons la vie éternelle, et que, comme c’est en Christ que nous l’avons, elle est à nous pour toujours ; mais alors nous perdrons toute trace de mortalité et de corruption, car « Christ a fait luire la vie et l’incoruptibilité par l’évangile » (2 Tim. 1:10). Mais nous ne pouvons nous faire qu’une idée bien faible de tout cela ; et pourtant, il est permis d’élever les yeux vers les lieux où est Christ pour le voir glorifié, pour nous rappeler que, s’il est mort, il ne meurt plus, la mort n’a plus domination sur lui, et en le contemplant, nous sommes autorisés par la parole de Dieu à dire : Nous serons comme lui, car Dieu nous a prédestinés à être conformes à l’image de son Fils, afin qu’il soit le premier-né entre plusieurs frères. Et comme tout est par grâce, à Dieu appartient toute louange.
En second lieu, il y aura, comme nous l’avons déjà dit, le déploiement de cette vie avec Christ dans la gloire. C’est un complet contraste avec notre condition présente, contraste qui est souvent présenté sous d’autres aspects dans les Écritures. « Bien-aimés, écrit Jean, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté (ou n’est pas encore manifesté), nous savons que quand il sera manifesté (ou quand il est manifesté), nous lui serons semblables, car nous le verrons tel qu’il est » (1 Jean 3:2). Ce sera un contraste complet avec notre condition présente. Nous sommes dès maintenant enfants de Dieu ; mais alors sera manifesté ce que nous serons, en tant que nous serons comme Christ. Ainsi encore, c’est la mort maintenant pour tout ce qui concerne ce monde : Dieu dit que nous sommes morts, et nous nous tenons nous-mêmes pour morts. Mais alors, quand nous paraîtrons avec Christ en gloire, il sera manifesté qu’il est notre vie, et que nous sommes un avec lui dans cette vie éternelle. Alors nous régnerons en vie par un seul (Rom. 5:17).
Or nos relations ne seront jamais changées. Comme Christ est notre vie maintenant, il le sera dans toute l’éternité. Nous pourrons dire à toujours : « Par devers toi est la source de la vie ; en ta lumière nous verrons la lumière » (Ps. 36:9). Alors toutes les larmes seront essuyées, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni peine, car les premières choses sont passées (Apoc. 21:4). Car la mort, le dernier ennemi, aura été détruite avant cela. Il y aura donc pour tous les saints de Dieu une jouissance constante et complète de cette vie plus abondante qu’ils reçoivent de Celui qui est mort, qui est ressuscité, et qui est maintenant vivant à toujours. Quel contraste avec nos circonstances actuelles ! La mort plane sur toute la scène ; et nous avons toujours à porter la mort de Jésus. La mort plane donc sur nous aussi bien que sur tout ce qui nous entoure. Alors régnera la vie et rien que la vie ; la vie à jamais.
Ô Sauveur, Ô vrai Dieu, toi la vie éternelle,
Fontaine qui jaillit, toujours fraîche et nouvelle,
Et qui, du roc frappé, déborde pour la foi,
L’âme trouve la vie en s’approchant de toi.
Mais j’ai soif : du désert les sables me consument ;
Chaque matin les cieux embrasés se rallument ;
Ma vie est défaillante… Ah ! pour l’entretenir,
À la source éternelle il me faut revenir.
Mais enfin je mourrai… Non, la voix souveraine
Déjà m’appelle au seuil du glorieux domaine ;
Des coteaux éternels j’atteindrai les sommets,
Car Jésus est ma vie, et je vis à jamais !
Christ est notre nourriture. Voilà une autre face sous laquelle il se présente à nous ; elle était préfigurée dans l’économie lévitique, car les sacrificateurs reçurent les instructions les plus minutieuses et les plus précises sur les sacrifices, ou les portions de sacrifices, dont ils pouvaient disposer pour se nourrir (voy. Lév. 7). Mais il y avait des différences. Dans certains cas, toute la famille du sacrificateur pouvait user de ce privilège (6:18 ; 7:6, etc.), et ces cas préfigurent spécialement le privilège actuel qu’ont les croyants de se nourrir de Christ. Notre Seigneur lui-même y invite ses disciples : « Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel, dit-il : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; or le pain aussi que moi je donnerai, c’est ma chair, laquelle moi je donnerai pour la vie du monde. Les Juifs disputaient donc entre eux, et disaient : Comment celui-ci peut-il nous donner sa chair à manger ? Jésus donc leur dit en vérité, en vérité, je vous dis, que si vous ne mangez la chair du fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’avez pas la vie en vous-mêmes… Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang, demeure en moi, et moi en lui. Comme le Père qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis à cause du Père, celui qui me mangera, celui-là aussi vivra à cause de moi » etc. (Jean 6:51-57).
Il est question ici de manger
la chair du Fils de l’homme, de boire son sang, et de se nourrir de Christ
lui-même ; mais en comparant ce passage avec d’autres, nous trouvons que,
d’une manière générale, nous sommes appelés à nous nourrir de Christ sous trois
aspects
différents : comme agneau pascal
, comme manne
,
et comme blé du pays
; car il est à peine besoin de dire que ce
sont là des types de Christ. Dans le passage cité de l’évangile de Jean, nous
avons Christ présenté principalement comme la manne (Jean 6:32, 33, 48-50,
etc.), mais aussi comme l’agneau pascal (comp. v. 4 avec v. 53, etc.) ;
mais c’est dans les épîtres que nous trouvons ce qui concerne le troisième
type, le blé du pays (Jos. 5:11).
Nous considérerons d’abord
Christ comme agneau pascal pour la nourriture de son peuple. Reprenons
l’histoire d’Israël : nous y trouvons qu’ils célébrèrent la pâque en
Égypte (Ex. 12)
, dans le désert
(Nomb. 9), et dans le pays (Jos. 5). On se demande : Quand nous
nourrissons-nous de Christ comme agneau pascal ? On a dit quelquefois que
nous ne le faisons qu’au commencement, lorsque convaincus de péché, nous
craignons l’approche de Dieu comme Juge ; et que, dès que nous avons
obtenu la délivrance, nous cessons de nous nourrir de lui de cette manière.
S’il en était ainsi, pourquoi Israël a-t-il célébré la pâque dans le désert et
dans le pays ? Je crois donc que nous ne cessons jamais de célébrer la
pâque ; et, en outre, que l’endroit où nous nous nourrissons ainsi de
Christ dépend de
notre état d’âme.
Tout croyant a expérimenté ce que c’est que de se nourrir en Égypte de l’agneau pascal. Réveillés par l’Esprit de Dieu, alarmés par le jugement suspendu sur nous, à l’abri de la condamnation à cause du sang répandu, avec quelle joie nous nous sommes nourris de l’Agneau qui avait satisfait aux droits de la sainteté de Dieu, en portant nos péchés sur le bois ! Sans doute, nous l’avons mangé avec des herbes amères, car alors nos péchés se présentaient à nous selon l’estimation de Dieu ; nous avions les reins ceints ; les souliers aux pieds et le bâton à la main, car l’Égypte était déjà devenue moralement un désert pour nous, et nous n’attendions qu’un mot du Seigneur pour commencer notre pèlerinage. C’était un temps mémorable, car c’était pour nous le commencement des mois, le premier mois de l’année de notre vie spirituelle.
Tout croyant a passé par cette expérience, mais il est à craindre que bien des personnes ne mangent l’agneau rôti toute leur vie en Égypte. Ne connaissant pas la délivrance par la mort et la résurrection de Christ, peut-être même pas la paix avec Dieu, comme appartenant à tous ceux qui sont abrités par le sang, ils ne se nourrissent que d’un Christ qui, par sa mort, leur a ouvert le chemin vers un Dieu juge ; et par conséquent ne connaissent pas Dieu comme leur Père dans le Christ Jésus. Un pareil état d’âme est bien regrettable ; car il est le résultat ou d’un faux enseignement, ou d’un manque de foi en la plénitude de la grâce de Dieu.
Israël hors d’Égypte célébra ensuite la pâque dans le désert, et il lui fut ordonné de la célébrer « selon tous ses statuts et selon toutes ses ordonnances » (Nomb. 9:3). Le désert est le lieu où se trouve tout croyant considéré comme pèlerin. Le monde est devenu un désert pour lui, il y passe comme n’en étant pas, parce qu’il attend le retour de son Seigneur. Comment donc dans le désert se nourrit-il de Christ comme de l’agneau qui a été égorgé ? C’est par la participation en grâce à la puissance de la mort et de la résurrection de Christ, que nous avons été retirés du pays ennemi, délivrés du pouvoir de Satan, et rachetés pour Dieu. Dans le désert, nous célébrons la pâque comme un mémorial de notre délivrance d’Égypte ; nous y voyons Christ descendant jusque dans la mort, lui qui non seulement a subi, en le traversant jusqu’au bout, le jugement que nous méritions, mais a aussi anéanti toute la puissance de l’ennemi, en détruisant celui qui avait le pouvoir de la mort, en nous délivrant de la maison de servitude, et en nous donnant la liberté des enfants de Dieu et la capacité de le servir. Dans le désert donc, nous mangeons l’agneau pascal comme des pèlerins et des étrangers qui connaissent la délivrance, mais qui ne sont pas encore parvenus au pays dont le Seigneur a parlé. Ainsi, comme pèlerins, non seulement nous apprécions (selon notre foi) ce sang précieux, trouvant nos délices à en contempler l’efficace qui nous met à l’abri de toute accusation de la part de l’ennemi, mais de plus nous jouissons de la mort de Christ en elle-même, en vertu de notre mort (et de notre résurrection) en lui, qui nous ont introduits dans une nouvelle position, d’où nous pouvons considérer la mort et le jugement comme étant bien loin derrière nous.
Dans le pays de Canaan, la
pâque prit encore un autre caractère, caractère qui correspond aussi à la
position du croyant actuel. Il est évident que, pour l’israélite qui avait
passé le Jourdain, elle devait avoir une signification bien plus complète que
lorsqu’il était encore dans le désert. Ce devait être pour lui le souvenir non
pas simplement de la délivrance à la fois de l’Égypte et de son esclavage, mais
d’un salut accompli
. Car s’il était dans le pays promis, c’était à cause
de l’effusion du sang. Ce fait montrait d’ailleurs la fidélité de Dieu qui
avait accompli tout ce qu’il avait promis : « Car il ne tomba pas un seul
mot de toutes les bonnes paroles que l’Éternel avait dites à la maison
d’Israël ; mais tout ce qu’il avait dit arriva » (Jos. 21:45). En d’autres
termes, c’est sur le sang de l’agneau pascal que l’accomplissement des desseins
de Dieu ; et pour ceux qui avaient passé le Jourdain, le sang devait avoir
bien plus de valeur, si du moins ils avaient les yeux ouverts, que lorsqu’ils
traversaient encore le triste désert.
Encore maintenant il en est
ainsi. Notre position correspond tout à fait à celle d’Israël dans le pays de
la promesse ; en effet, non seulement Dieu nous a vivifiés ensemble avec
le Christ, mais il nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir
ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus
(Éph. 2:6). C’est la
position de tout croyant devant Dieu ; l’occupons-nous ? Cette
question dépend d’une autre : Connaissons-nous la mort et la résurrection avec
Christ, aussi bien qu’en
lui et par
lui ? Avons-nous
traversé le Jourdain aussi bien que la mer Rouge ? C’est notre
privilège ; nous ne devrions nous donner aucun repos jusqu’à ce que, par
la grâce de Dieu, nous sachions que nous sommes assis en esprit dans les lieux
célestes. Mais si nous sommes là, nous ne pouvons pas nous passer de la pâque.
D’un autre côté, mieux nous saisissons le caractère de la position dans
laquelle nous sommes introduits, plus les richesses de la grâce de Dieu nous
sont révélées, et plus nous regardons avec joie à la croix, à la mort de Celui
dont le sang précieux seul a pu nous donner accès dans les lieux célestes. Mais
nous nourrir maintenant de Christ aura surtout le caractère de communion avec
Dieu dans la mort de son Fils. Alors nos yeux seront ouverts, non pas tant pour
découvrir les bénédictions qui nous ont été acquises par cette mort, que pour
voir comment elle a pleinement glorifié Dieu dans tous ses attributs. Nous ferons
la fête avec Dieu (si nous pouvons parler ainsi) quand nous célébrerons la
pâque dans les lieux célestes ; et nos âmes seront ainsi maintenues dans
l’adoration et la louange ; en un mot, l’adoration des rachetés assis dans
les lieux célestes, et se nourrissant de l’Agneau immolé, est la plus haute
expression du culte. Car nous sommes assis là en paix devant Dieu, déjà en
possession de notre place et en sa présence ; c’est seulement alors que
nous pouvons avoir communion avec ses pensées et avec sa joie dans la mort de
son Fils.
Nous voyons donc que nous jouissons de Christ comme de l’agneau pascal, à tous les degrés de notre expérience ; mais le lieu dans lequel nous le faisons, que ce soit l’Égypte, le désert, ou le pays de la promesse, dépendra de l’état de notre âme. Et sans doute, quand nous sommes réunis pour nous rappeler la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne, ceux qui sont dans le désert et ceux qui sont arrivés dans le pays, peuvent se trouver l’un à côté de l’autre. Ils se nourrissent également de la mort de Christ, se souviennent de lui comme mort, quelle que soit la différence qui puisse exister dans la manière dont ils le saisissent, l’apprécient, ou le connaissent. Dans le ciel nous contemplerons cette mort avec une adoration toujours croissante ; car le sang de l’Agneau sera le sujet qui occupera les saints glorifiés pendant l’éternité.
Christ, comme la Manne, est aussi la nourriture de son peuple. La manne diffère de l’agneau pascal, en ce qu’il n’en est question que dans le désert. La manne ne fut donnée que lorsque Israël eut été conduit au-delà de la mer Rouge (voy. Exode 16) ; et elle cessa dès le lendemain du jour où ils mangèrent du blé du pays : « Les enfants d’Israël n’eurent plus de manne, mais ils mangèrent du cru de la terre de Canaan cette année-là » (Jos. 5:12). C’était donc la nourriture du désert pour Israël ; de même Christ est la manne du croyant, ou sa nourriture dans le désert. Mais il y a ici une distinction à faire. L’histoire d’Israël voyageant à travers le désert, passant le Jourdain et s’emparant du pays, est typique ; nous savons qu’ils ne pouvaient être qu’à un endroit à la fois ; le croyant, lui, est en même temps dans le désert et dans les lieux célestes. Quant au service, quant au témoignage à rendre à Christ ici-bas, et comme un pèlerin qui attend le retour du Seigneur, il est dans le désert ; mais sa position devant Dieu, comme uni à Christ glorifié, est toujours dans les lieux célestes : s’il l’occupe, c’est une autre question. Supposant donc qu’il connaisse sa place, il a besoin de la manne et du blé du pays en même temps. En d’autres termes, il a besoin de se nourrir de Christ de deux manières différentes. Il n’est jamais en Égypte, quelles que soient ses expériences ; car ce serait nier la réalité de sa délivrance par la mort et la résurrection de Christ. Une âme réveillée peut être en Égypte, mais un croyant — j’entends celui qui a été amené dans la vraie position du chrétien par l’Esprit qui habite en lui — en a fini pour toujours avec l’Égypte, car le monde est devenu pour lui un désert moral ; et c’est pendant qu’il est dans le désert qu’il se nourrit de Christ comme manne.
Qu’est-ce donc que la manne pour le chrétien ? C’est Christ dans l’incarnation, un Christ humilié. « Jésus leur dit : En vérité, en vérité, je vous dis : Moïse ne vous a pas donné le pain qui vient du ciel, mais mon Père vous donne le véritable pain qui vient du ciel. Car le pain de Dieu est celui qui descend du ciel, … afin que quelqu’un en mange et ne meure point. Moi, je suis le pain vivant qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; or le pain aussi que moi, je donnerai, c’est ma chair, laquelle moi je donnerai pour la vie du monde » (Jean 6:32-33, 50). Christ était ainsi la manne en tout ce qu’il était dans la chair ; elle exprimait ce qu’il était, soit comme nous faisant connaître le Père, soit comme homme parfait. Sa grâce, sa compassion, sa sympathie, sa tendresse et son amour, sa douceur et son humilité, sa patience, son indulgence, son exemple, toutes ces choses se trouvent dans la manne que Dieu nous a donnée pour nourriture pendant notre séjour dans le désert.
Il nous est toujours présenté
sous ce caractère de la manne, dans les épîtres qui traitent spécialement du
chemin que les saints ont à parcourir dans le désert : « C’est pourquoi,
nous aussi, ayant une si grande nuée de témoins qui nous entoure, rejetant tout
fardeau et le péché qui nous enveloppe si aisément, courons avec patience la
course qui est devant nous, fixant les yeux sur Jésus, le chef et le
consommateur de la foi, lequel, à cause de la joie qui était devant lui, a
enduré la croix, ayant méprisé la honte, et est assis à la droite du trône de
Dieu. Car considérez celui qui a enduré une telle contradiction de la part des
pécheurs contre lui-même, afin que vous ne soyez pas las, étant découragés dans
vos âmes » (Héb. 12:1-3). Nous sommes donc exhortés à nous nourrir de Christ
comme de la manne, pour nous soutenir au milieu des épreuves, des difficultés
et des persécutions que nous rencontrons en traversant le désert. Pierre aussi,
qui écrit à ceux de la dispersion du Pont et de la Galatie, etc., nous présente
toujours Christ sous cet aspect : « Car quelle gloire y a-t-il, si,
souffletés pour avoir mal fait, vous l’endurez ; mais si, en faisant le
bien, vous souffrez, et que vous l’enduriez, cela est digne de louange devant
Dieu, car c’est à cela que vous avez été appelés ; car aussi Christ a
souffert pour vous, vous laissant un
modèle afin que vous suiviez ses traces,
etc. » (1 Pier. 2:20-24 Voyez aussi
chap. 3:17, 18). L’apôtre Paul aussi nourrit les saints de manne. Nous en avons
un exemple dans Phil. 2:5-9 (quoiqu’il y ait bien plus encore dans ce passage) ;
et c’est une manne bien précieuse : « Étant trouvé en figure comme un
homme, il s’est abaissé lui-même, étant devenu obéissant jusqu’à la mort, et à
la mort de la croix ». Mais c’est dans les évangiles que la manne se trouve
surtout, et qu’on peut la recueillir pour les besoins de chaque jour ; car
c’est là que nous voyons se développer cette vie merveilleuse, la vie de Celui
qui fut l’homme parfait et en même temps Dieu manifesté en chair.
Il y a deux choses à
remarquer quant à la manière de recueillir la manne et à la manière de
l’employer. Les Israélites sortaient hors
du camp
pour en recueillir chaque jour une certaine mesure (Ex. 16:4). Pour
nous, il nous faut descendre
dans le
même but. Je veux dire que, à moins que nous ne connaissions notre position
dans les lieux célestes, et ce que c’est en réalité que se nourrir du blé du
pays, nous ne pourrons pas nous nourrir de la manne. C’est ce qui est présenté
d’une manière remarquable dans le ministère de l’apôtre Paul : il commença
avec Christ dans la gloire. Il en doit être de même pour nous. Si nous connaissons
notre union avec un Christ glorifié, notre position en lui devant Dieu, nous
pouvons trouver nos délices à nous nourrir de Christ comme manne. Dans l’ordre
des temps, la manne vient avant le blé du pays. Mais pour le croyant, c’est
l’ordre inverse, par la simple raison que Dieu l’a interverti dans la
présentation de Christ aux âmes. Nous prêchons comme Paul l’a fait un Christ
dans la gloire, et quand nous le saisissons ainsi, alors, et pas avant, nous
pouvons, en traversant le désert, trouver notre nourriture dans un Christ
humilié. Ils éprouvent une grande perte et, par conséquent, de la faiblesse,
ceux qui n’entendent jamais parler de Christ dans la gloire ; qui ne
savent rien de lui, sinon qu’il a habité ici-bas en chair lorsqu’il fut fait à
la ressemblance des hommes.
La seconde remarque a été
bien souvent répétée, c’est que l’on ne pouvait pas faire provision
de manne. « Que chacun en recueille autant qu’il lui
en faut pour son manger » (Ex. 16:16) ; et si quelqu’un en recueillait
davantage, — à moins que ce ne fût pour le jour du sabbat, — cette manne se
gâtait. Chers amis, nous devons nous nourrir continuellement de Christ, jour
par jour, heure par heure ; et nous ne recevons pas plus qu’il ne faut
pour le moment présent. C’est ainsi que nous restons dans une continuelle
dépendance, et que nos yeux sont constamment dirigés sur Christ. « Comme le Père
qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis à cause du Père, de même celui
qui me mangera, celui-là aussi vivra à cause de moi » (Jean 6:57).
Il nous reste à considérer Christ comme blé du pays. Dans le passage déjà cité de Jos. 5:10-12, nous avons la pâque, la manne et le blé du pays mentionnés ensemble, et ce fait rend l’interprétation simple et claire. Si donc la manne nous représente Christ dans l’incarnation, le blé du pays, puisque le pays représente les lieux célestes, c’est Christ dans la gloire. Et dans les épîtres, celles même où les croyants sont regardés comme vivant sur la terre (Col., Phil., 2 Cor.), et non pas comme assis dans les lieux célestes en Christ (Éphésiens), le blé du pays nous est présenté comme la vie et la force de nos âmes, comme la nourriture qui nous est propre ; car, quoique encore ici-bas, nous sommes unis à Christ là où il est.
Prenons d’abord les
Colossiens : « Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez
les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu ;
pensez aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la terre ;
car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu » (Col.
3:1-3). À la vérité, nous trouvons ici « les
choses
qui sont en haut », mais il est évident que ce terme signifie toute
la sphère de bénédictions dont Christ dans la gloire est le centre, — en un mot,
les bénédictions spirituelles dans les lieux célestes, dont nous sommes rendus
participants, et qui sont toutes résumées en Christ. Voilà donc ce qu’est le
blé du pays, le fruit du pays de Canaan, la nourriture proprement et l’aliment
de ceux qui sont morts et ressuscités avec Christ.
La même vérité nous est présentée dans Phil. 3. Que trouvons-nous là, si ce n’est un Christ glorifié remplissant l’âme de l’apôtre, et suffisant pleinement à son coeur ? Ainsi, si nous avons la manne dans le chap. 2, nous avons certainement le blé du pays dans le chap. 3. On peut citer encore 2 Cor. 3:18 : « Nous tous, contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit ». Cela nous fait aussi comprendre de quelle importance est pour nous l’attente constante de Christ. Elle nous attire à la personne du Christ glorifié, elle unit nos coeurs à lui et remplit nos âmes du désir ardent de voir ce temps où nous lui serons semblables, car nous le verrons tel qu’il est (1 Jean 3:2).
Tous ces passages, et beaucoup d’autres, nous montrent Christ dans la gloire comme le blé du pays ; c’est la nourriture dont nous ne pouvons pas nous passer ; elle donne plus de force aux saints que toute autre. C’est un aliment céleste pour un peuple céleste ; et c’est seulement quand nous nous en nourrissons, que nous pouvons être fortifiés dans le Seigneur et dans la puissance de sa force (Éph. 6:10), que nous pouvons combattre avec l’ennemi pour la possession de notre héritage, pour nous en emparer, veux-je dire ; que nous pouvons nous soumettre volontairement à tout, en communion avec les souffrances de Christ, étant rendus conformes à lui dans sa mort, si, en quelque manière que ce soit, nous pouvons parvenir à la résurrection d’entre les morts (Phil. 3), quand nous serons glorifiés avec Celui qui a été la force et la nourriture de nos âmes.
Il faut remarquer aussi que nous n’avons pas de puissance pour manifester Christ ici-bas si nous ne sommes pas occupés de lui en gloire (*). Nous devrions toujours l’avoir devant nous dans cette position ; et ce sera le cas si, enseignés par le Saint-Esprit, nous pouvons lui dire : « Toutes mes sources — les sources de ma joie — sont en toi ». Et c’est ce que lui-même désire, car il dit à ses disciples, en parlant de l’Esprit de vérité qui devait venir : « Celui-là me glorifiera… Tout ce qu’a le Père est à moi ; c’est pourquoi j’ai dit qu’il prend du mien, et qu’il vous l’annoncera » (Jean 16:14-15).
(*) voyez au chapitre 10 d’autres développements sur ce sujet
Se nourrir de Christ, être occupé de lui, voilà donc l’alpha et l’oméga de la vie chrétienne ; être occupé de sa mort [Pâque], — de cette mort qui est le fondement non seulement de notre rédemption et de notre délivrance, mais aussi du rétablissement de toutes choses ; être occupé de lui dans son incarnation [manne], quand, quoique Fils, il apprit l’obéissance par les choses qu’il a souffertes, quand, comme homme obéissant et dépendant, il trouva sa nourriture à faire la volonté du Père et à achever son oeuvre, et qu’ainsi il glorifia Dieu dans tous les détails de cette vie sainte ; et, surtout, être occupé de lui dans la gloire [vieux blé du pays], comme homme glorifié, de lui, le centre de tous les conseils de Dieu et qui fait l’objet de tous ses délices, en qui son coeur prend plaisir. C’est ainsi, en étant occupés de Christ, en nous nourrissant de lui, en le contemplant, que, dans la puissance de l’Esprit, nous jouissons de la communion avec Dieu ; étant ainsi rendus capables d’entrer dans ses pensées au sujet de son Fils, et même de partager ses affections pour Celui qui est maintenant assis à sa droite. En réalité, c’est là la source de tout progrès, de toute force et de toute bénédiction ! Satan le sait bien, aussi cherche-t-il toujours à nous occuper d’autre chose, à détourner nos pensées pour les porter sur des objets terrestres. Il nous importe donc d’être vigilants, de maintenir nos coeurs et nos consciences en éveil, afin que nous puissions découvrir et juger tout à la fois sans ménagement tout ce qui pourrait séduire nos âmes et les détourner de la contemplation de Christ.
Seigneur Jésus, précieux Sauveur ! sois si constamment devant nos âmes, et manifeste-toi de telle sorte à elles dans ta grâce et dans ta beauté, que, attirant toutes nos affections, notre désir soit véritablement de n’avoir rien, de ne voir rien, et de ne connaître rien que toi ; car en toi habite corporellement toute la plénitude de la divinité, et nous sommes parfaits en toi !
Et moi, Seigneur, face à face,
Ô dis, quand pourrai-je voir
Les merveilles de ta grâce,
La clarté de ton pouvoir ?
Le haut vol de 1’âme humaine,
Le plus pur entendement,
Ici-bas touchent à peine
Au bord de ton vêtement.
Et dans la bouche des anges
Et des saints glorifiés,
Les plus sublimes louanges
Ne s’élèvent qu’à tes pieds !
La sacrificature du Seigneur Jésus-Christ était préfigurée, dans beaucoup de détails, d’une manière frappante par celle d’Aaron, quoiqu’elle fût d’un ordre différent. C’est ainsi que, dans la consécration d’Aaron, nous trouvons qu’il diffère de ses fils en un point. Ils étaient tous ensemble lavés d’eau, puis Moïse, après avoir revêtu Aaron des vêtements sacerdotaux, « versa de l’huile de l’onction sur sa tête, et il l’oignit pour le consacrer » (Lév. 8:6-12). Lorsqu’il est seul, séparé de ses fils, il est oint sans du sang ; tandis qu’après, ensemble avec ses fils, l’aspersion du sang précède l’onction de l’huile (Lév. 8:13-30). La raison de cette différence est évidente. Aaron avec ses fils préfigurent l’Église comme famille de sacrificateurs ; mais Aaron tout seul est un type de Christ ; voilà pourquoi il devait être oint sans du sang, pour faire ressortir cette vérité que son grand antitype était innocent, sans souillure, séparé des pécheurs (Hébr. 7:26), et n’avait en conséquence pas besoin de sang, puisqu’il était sans tache, ni tare, qu’il était saint devant Dieu.
Mais, à un point de vue, il était impossible qu’Aaron représentât Christ. Lavé d’eau, il devenait une figure de sa pureté, mais il ne pouvait, sinon officiellement, préfigurer sa dignité personnelle. En conséquence, dans l’épître aux Hébreux, où le sujet de la sacrificature du Seigneur est traité spécialement, la première chose sur laquelle est appelée notre attention, c’est la dignité de sa personne. C’est par là que s’ouvre l’épître : « Dieu ayant autrefois, à plusieurs reprises et en plusieurs manières, parlé aux pères par les prophètes, à la fin de ces jours-là, nous a parlé dans le Fils » (Hébr. 1:1), et ensuite nous avons toute l’énumération de ses gloires personnelles. Il est Fils, héritier et créateur (v. 2) ; ensuite, il est le resplendissement de sa gloire et l’empreinte de sa substance, soutenant toutes choses par la parole de sa puissance ; celui qui, ayant fait par lui-même la purification des péchés, est assis à la droite de la majesté dans les hauts lieux (v. 3). Comparé avec les anges, on voit qu’il a hérité d’un nom plus excellent qu’eux (v 4), car il est le Fils, le Premier-né (v. 5-6). C’est à lui qu’appartient comme Dieu le trône de justice ; il est oint d’une huile de joie au-dessus de ses compagnons (v. 8-9) ; puis est signalée son éternelle divinité comme Créateur de toutes choses, et sa place à la droite de Dieu, pendant qu’il attend jusqu’à ce que ses ennemis deviennent le marchepied de ses pieds (v. 10-14). Dans le chapitre suivant, il est présenté comme Fils de l’homme — héritier de toutes choses ; comme un peu moindre que les anges à cause de la passion de la mort, et couronné de gloire et d’honneur (Hébr. 2:9) ; puis, parce que cela était convenable pour la gloire de Dieu, il est présenté comme le chef du salut pour son peuple, consommé par les souffrances (v. 10), participant au sang et à la chair (v. 14) ; rendu semblable à ses frères, afin qu’il fût un miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur dans les choses qui concernent Dieu, pour faire propitiation pour les péchés du peuple (v. 17).
Voilà ce qui caractérise la personne de notre souverain Sacrificateur. Il est Dieu, et il est homme ; c’est pourquoi quand les anges, quand Moïse, ou Josué, ou Aaron, lui sont comparés, ils pâlissent et disparaissent devant sa gloire. Et sans doute, ceci renferme un enseignement pour nous. Nous ne pouvons trop penser à l’oeuvre et à l’office de notre souverain Sacrificateur, mais la première chose que le Saint-Esprit nous présente, c’est sa personne. Car c’est le caractère de sa personne qui l’a qualifié pour son office, et l’a rendu capable de l’accomplir. S’il n’avait pas été Dieu aussi bien qu’homme, il n’aurait pas fait propitiation pour les péchés du peuple ; et s’il n’avait pas été homme aussi bien que Dieu, il n’aurait pu, par sa mort, rendre impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, ni délivrer ceux qui, par la crainte de la mort, étaient pendant toute leur vie assujettis à la servitude ; et il n’aurait pas pu être consommé par les souffrances (Hébr. 2:10-14). C’est sa personne donc qui donne toute assurance quant à son office ; et c’est pourquoi l’Esprit de Dieu a voulu assurer et fortifier nos coeurs, en nous faisant connaître les gloires et les dignités qui le distinguent, avant de diriger notre attention sur les fonctions de sa sacrificature.
Nous avons maintenant à
considérer ceux pour lesquels il agit comme sacrificateur. Il faut être bien
précis sur ce point ; d’abord, parce que c’est une question vitale ;
et secondement, parce qu’il règne beaucoup de confusion là-dessus. Combien de
cantiques, par exemple, dans les recueils généralement répandus, parlent de
Christ comme s’il était un sacrificateur pour tous sans exception ! En
est-il ainsi ? Rien n’est plus loin de la vérité. L’analogie avec la
sacrificature juive aurait dû prévenir une telle erreur, car Aaron
accomplissait son office de sacrificateur non pas pour tous les hommes, mais
seulement pour le peuple d’Israël, pour ceux qui se trouvaient dans une
relation particulière et connue avec Dieu. Il est vrai que, parmi ceux-ci, il
s’en trouvait qui étaient nés de nouveau, et d’autres qui ne l’étaient pas mais
ce n’est pas le point à considérer. Israël comme peuple était racheté ;
tous également avaient été retirés de l’Égypte et conduits au travers de la mer
Rouge ; et tous donc étaient sauvés en type. Ainsi Israël préfigure ceux
qui sont maintenant sauvés, — le peuple de Dieu sur la terre ; et, en
conséquence, Christ ne remplit l’office de sacrificateur que pour les croyants,
pour ceux qui sont siens, pour un peuple racheté, bien que, traversant le
désert comme Israël dans les anciens jours, ils soient regardés comme des
pèlerins et des étrangers en route vers le repos de Dieu. C’est ainsi que, dans
le premier chapitre des Hébreux, v. 3, il est dit : « Ayant fait par
lui-même la purification des péchés ». Il nous est encore dit « qu’il convenait
pour lui, à cause de qui sont toutes choses, et par qui sont toutes choses,
que, amenant plusieurs fils à la gloire,
il consommât le
chef de leur salut par des souffrances. Car et celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés
sont tous
d’un ; c’est pourquoi il n’a pas honte de les appeler ses frères,
etc. » (Hébr. 2:10-11). Les mots
que nous avons soulignés désignent clairement ceux pour lesquels il agit. Nous
trouvons encore d’autres désignations, comme celles-ci par exemple :
« frères saints », « participants à l’appel céleste », « ceux qui s’approchent de
Dieu par lui » (Hébr. 7:25), c’est-à-dire ceux qui s’approchent de Dieu pour le
culte, ceux qui ont le droit d’entrer à travers le voile dans les lieux saints,
par le sang de Jésus (Hébr. 10:19-21). Il s’acquitte ainsi de son office
seulement pour ceux qui ont été rachetés, qui ont été sanctifiés par le sang,
dont les péchés sont ôtés, et qui, en conséquence, n’ont plus conscience de
péchés ; en un mot, pour les sanctifiés qui ont été rendus parfaits à
perpétuité par l’offrande de Christ (Hébr. 10:14). Il ne peut pas y avoir de
méprise là-dessus ; c’est se tromper soi-même — erreur fatale ! — de penser,
comme on l’enseigne souvent, que nous allons auprès du souverain sacrificateur
pour obtenir le pardon de nos péchés. La parole de Dieu n’enseigne rien de
semblable, la vérité est que nous n’allons pas du tout au sacrificateur, mais
que nous nous approchons de Dieu par le sacrificateur
,
sur le fondement du pardon de nos
péchés.
Voyons maintenant comment il est qualifié pour l’office qu’il accomplit. Nous avons vu que, s’il n’avait pas été Dieu et homme, il n’aurait pas pu l’accomplir ; et maintenant, nous nous proposons de faire remarquer quelques autres traits qui nous sont présentés dans cette épître. Nous lisons : « Nul ne s’arroge cet honneur ; sinon en tant qu’il est appelé de Dieu, ainsi que le fut aussi Aaron. De même aussi le Christ ne s’est pas glorifié lui-même pour être fait souverain sacrificateur, mais celui-là l’a glorifié qui lui a dit : « Tu es mon Fils, moi je t’ai aujourd’hui engendré » (Ps. 2:7 ; Hébr. 5:4-5). Comme il dit aussi dans un autre endroit : « Tu es sacrificateur éternellement, selon l’ordre de Melchisédec » (Ps. 110:4) ; — « qui, durant les jours de sa chair, ayant offert avec de grands cris et avec larmes des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et ayant été exaucé à cause de sa piété, quoiqu’il fut Fils, a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes ; et ayant été consommé, il est devenu l’auteur du salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent, étant salué par Dieu souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec » (Hébr. 5:4-10).
Ce qui le distingue essentiellement d’après cette portion de l’Écriture, c’est l’appel divin. Nul homme ne s’arroge cet honneur ; Christ ne le fait pas non plus. Et c’est ce qui remplit le croyant de joie, que celui qui est notre Sacrificateur, celui par qui nous nous approchons de Dieu, a reçu de Dieu lui-même son appel. Il est donc agréable à Dieu, oui, infiniment agréable. C’est Dieu qui l’a ainsi qualifié pour son office, et cela détruit à jamais les prétentions que pourrait élever tout sacerdoce humain. Il est vrai que tous ceux qui font partie du peuple de Dieu sont sacrificateurs, — ils sont une sainte sacrificature (1 Pierre 2:5). Mais si quelqu’un s’arroge le droit d’agir ainsi en faveur d’autres croyants, il doit pouvoir prouver qu’il a reçu son office de Dieu lui-même. Le Seigneur Jésus l’a fait et dans des circonstances solennelles ; car, dit l’auteur de l’épître aux Hébreux, en comparant le sacerdoce de Jésus-Christ avec le sacerdoce lévitique : « Ceux-là sont devenus sacrificateurs sans serment, mais celui-ci l’est devenu avec serment, par celui qui a dit de lui : Le Seigneur l’a juré, et ne s’en repentira pas : Tu es sacrificateur pour l’éternité, selon l’ordre de Melchisédec » (Hébr. 7:21). Au fond, il est question ici de trois choses : de sa gloire personnelle, il était Fils de Dieu ; de la gloire de son office, il était sacrificateur à toujours selon l’ordre de Meichisédec ; et enfin, il tenait son office de la volonté divine.
Mais nous passons maintenant
à un autre ordre de qualifications qu’il acquit dans les jours de sa chair,
quand il a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes. Quoiqu’il fût
Fils de Dieu, il était ici-bas comme homme ; de là la souffrance à
laquelle il est fait allusion, quand il est dit qu’il offrit avec de grands
cris et avec larmes des prières et des supplications à celui qui pouvait le
sauver de la mort (Hébr. 5:7). Dans un chapitre précédent, il nous est dit
qu’il a souffert lui-même, étant tenté (Hébr. 2:18) ; et encore qu’il fut
semblable à nous en toutes choses, — si l’on en excepte le péché, et ainsi il
apprit par sa propre expérience ce que c’était que de souffrir ; — étant
tenté, il est à même de secourir ceux qui sont tentés (Hébr. 2:18). Il a appris
l’obéissance par les choses qu’il a souffertes (Hébr. 5:8) ; car étant
Fils de Dieu, il ne savait pas ce que c’est que d’obéir, jusqu’à ce qu’il « prît
la forme d’esclave, étant fait à la ressemblance des hommes ; et étant
trouvé en figure comme un homme, il s’est abaissé lui-même, étant devenu
obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix » (Phil. 2:7-8). Tout ce
donc qu’il souffrit, il le souffrit dans l’obéissance : il accomplissait
la volonté de Dieu (Hébr. 10)
, et il
l’a accomplie parfaitement, selon la perfection des pensées de Dieu. C’est
pourquoi, quand il cria dans son angoisse à Celui qui pouvait le sauver de la
mort, il fut exaucé à cause de sa piété : Dieu répondit au cri de Celui
qui le glorifiait ainsi dans sa parfaite obéissance.
Mais le point essentiel à
remarquer ici, c’est que, passant par cette angoisse et cette agonie amères par
obéissance à la volonté de Dieu, « il fut consommé ». Comment ? Non pas
moralement, puisqu’il était toujours parfait, toujours Celui en qui Dieu
prenait son bon plaisir ; mais il fut consommé quant à ce qui devait le qualifier pour son office,
et ainsi il
devint l’auteur du salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent, et Dieu le
proclama souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec. Qu’il est
précieux pour nous de savoir qu’il peut être touché par le sentiment de nos
infirmités, sympathiser avec nous dans nos faiblesses et nos peines, et que,
par conséquent, connaissant parfaitement tous nos besoins et tout ce qui nous
concerne, il peut en parler à Dieu. Ceux qui nous entourent peuvent ne pas nous
comprendre, et nous affliger en nous refusant leur sympathie ; mais lui,
jamais, car il a suivi le même chemin et connaît tous les pas que nous faisons.
Béni soit son nom !
D’autres points, comme la valeur du sacrifice qu’il a offert une fois et la perpétuité de sa sacrificature (Hébr. 7:23-27 ; 9:24-28), seront abordés ailleurs. Ce qui a été dit est suffisant pour montrer combien notre souverain sacrificateur est admirablement qualifié pour l’office qu’il remplit en notre faveur en la présence de Dieu.
Ce qui va nous occuper
maintenant, c’est le sacerdoce de Christ. Deux ou trois remarques préliminaires
serviront à éclaircir le sujet. D’abord, la scène où il l’exerce est le ciel,
et non la terre. C’est ce que nous avons déjà fait remarquer. Au commencement
de l’épître, il nous est présenté comme « assis à la droite de la majesté dans
les lieux très-hauts » (Hébr. 1:3). Et encore « Nous avons un tel souverain
sacrificateur qui s’est assis à la droite du trône de la majesté dans les
cieux, ministre des lieux saints et du vrai tabernacle, que le Seigneur a
dressé, non pas l’homme ;… si donc il était sur la terre, il ne serait
pas sacrificateur, puisqu’il y a ceux qui offrent des dons selon la loi » (Hébr.
8:1, 2,
4). On demande quelquefois si
ce ne fut pas comme sacrificateur qu’il fit la propitiation pour les péchés du
peuple ? C’était bien le sacrificateur qui la faisait, mais c’était
seulement parce que ce qu’il était en lui-même ne peut pas être séparé de ce
qu’il faisait. Ce n’était pas une partie des fonctions du sacrificateur
d’égorger la victime, ainsi nous pouvons dire que ce n’était pas un acte
sacerdotal de la part de Christ, quoiqu’il fût le sacrificateur qui
l’accomplit. Les passages déjà cités montrent clairement qu’il ne commença
réellement son office de sacrificateur qu’après s’être assis dans les lieux
très-hauts.
En second lieu, il est, comme nous l’avons vu, sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec. Mais la sacrificature de Melchisédec se rapporte au millénium, comme le nom lui-même l’indique. « Premièrement, étant interprété roi de justice, et puis roi de Salem, c’est-à-dire roi de paix » (Hébr. 7:2). Ce n’est donc qu’après avoir quitté la place qu’il occupe maintenant à la droite de Dieu, — et il ne le fera qu’après être venu chercher les siens avec lesquels il reviendra comme le roi de justice (le vrai David) et roi de paix (le vrai Salomon), — qu’il entrera dans les fonctions de sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec. L’ordre de sa sacrificature subsiste, mais, tant que dure la présente dispensation de grâce, tant qu’il demeure en dedans du voile déchiré, son office, comme sacrificateur, répond plutôt à celui d’Araon.
Il reste encore à faire une
remarque préliminaire. La base de sa sacrificature, c’est le sacrifice qu’il a
offert une fois : « Ayant fait par lui-même la purification des péchés, il
s’est assis, etc. » (Hébr. 1:3). « Qui n’est pas journellement dans la nécessité,
comme les souverains sacrificateurs, d’offrir des sacrifices, d’abord pour ses
propres péchés, ensuite pour ceux du peuple ; car cela, il l’a fait une
fois pour toutes, s’étant offert lui-même » (Hébr. 7:27). « Et non avec le sang
de boucs et de veaux, mais avec son propre sang, il est entré une fois pour
toutes dans les lieux saints, ayant obtenu une rédemption éternelle » (Hébr. 9:12). Son intercession
comme sacrificateur est donc basée sur l’éternelle valeur de cette seule
oblation qu’il a offerte sur la croix. En conséquence, comme sacrificateur, il
n’a rien à faire avec nos péchés. C’est un point aussi important qu’il est
incontestable. Il est important, comme renversant le fondement sur lequel
repose le sacerdoce ecclésiastique et humain. Séparer le ministère des prêtres
romains ou anglicans de la question des péchés, ce serait le ruiner ; et
cependant, il ressort clairement de l’enseignement de toute l’épître aux
Hébreux, que CHRIST COMME SACRIFICATEUR N’A RIEN À FAIRE AVEC NOS PÉCHÉS. Ainsi
il a fait par lui-même la purification des péchés, avant de s’asseoir à la droite
de la majesté dans les hauts lieux. Il a fait propitiation pour les péchés du
peuple, avant d’entrer dans son office de sacrificateur (Hébr. 2:17). Il avait
obtenu une rédemption éternelle avant d’entrer dans les lieux saints (Hébr.
9:12). Il fut offert une fois pour porter les péchés de plusieurs (Hébr. 9:28).
Ceux qui s’approchent de Dieu par lui, sont regardés comme n’ayant plus aucune
conscience de péchés (remarquez qu’il n’est pas dit péché
, mais péchés
), comme ayant été rendus parfaits
pour toujours par une seule offrande ; leurs péchés et leurs iniquités ne
seront plus rappelés (Hébr. 10:1-18). C’est là assurément une vérité
fondamentale du christianisme, que puisque Christ a porté nos péchés, ayant
souffert une fois, lui juste, pour les injustes, afin qu’il nous amenât à Dieu
(1 Pierre 3:18), Dieu ne se souvient plus jamais des péchés des croyants. Comme
ils ont été expiés par le précieux sang de Christ, il ne peut plus en être
question ; et ainsi seulement, nous pouvons nous présenter devant Dieu,
nous avons la liberté d’entrer dans les lieux saints par le sang de Jésus,
d’être au dedans du voile déchiré comme adorateurs (Hébr. 10:19-22) ; et
c’est pour nous comme tels, seulement comme tels, que Christ exerce son office
sacerdotal.
Nous en venons maintenant à considérer en quoi consiste cet office, et nous remarquons :
Qu’il est là devant Dieu pour
nous : « Car le Christ n’est pas entré dans des lieux saints faits de
mains, copies des vrais, mais dans le ciel même, afin
de paraître maintenant pour nous devant la face de Dieu »
(Hébr. 9:24). Il est notre représentant devant Dieu. Il en était de même
d’Aaron. Ainsi nous lisons : « Et tu prendras deux pierres d’onyx, et tu
graveras sur elles les noms des enfants d’Israël. Il y aura six de leurs noms
sur une pierre, et les six autres noms seront sur l’autre pierre, selon l’ordre
de leur naissance… Et tu mettras les deux pierres sur les épaulettes de
l’éphod, afin qu’elles soient des pierres de mémorial pour les enfants d’Israël ;
car Aaron portera leurs noms sur les deux épaules devant l’Éternel pour servir
de mémorial ». Nous avons des directions semblables relativement au pectoral,
qui était orné de douze pierres, « et il y aura de ces pierres selon les noms
des enfants d’Israël, douze selon leurs noms… Et Aaron portera sur son coeur
les noms des enfants d’Israël au pectoral de jugement, quand il entrera dans le
lieu saint, afin qu’il serve continuellement de mémorial devant l’Éternel » (Ex.
28:9-29). C’est de la même manière que le Seigneur Jésus nous porte sur son
coeur et sur ses épaules en présence de Dieu ; il maintient là nos droits
par son intercession. Le coeur est un emblème des affections, et les épaules un
emblème de la force. Nous apprenons donc qu’en vertu de la valeur infinie de
son sacrifice, il peut et veut nous faire subsister en présence de Dieu, et
qu’ainsi son intercession pour nous a tant de puissance, que nous pouvons
dire :
Notre cause ne peut manquer de triompher,
C’est toi qui la défends et tu dois l’emporter.
Quelle consolation pour nous qui traversons le désert, de regarder en haut et de voir notre grand souverain sacrificateur nous portant devant Dieu ; quelle grâce de pouvoir nous rappeler, dans toute notre faiblesse et notre tiédeur, que sa puissance et ses affections sont en exercice en notre faveur par son intercession ; et que, par conséquent, il s’agit là, non pas de ce que nous sommes, mais ce qu’il est, Lui.
Quelle confiance nous devrions avoir et aurons, en effet, lorsque nos yeux ne sont pas dirigés sur nous mêmes, mais sur notre souverain sacrificateur ! Si un croyant pauvre, faible et malade, est tourmenté par le doute et tenté par Satan, parce qu’il ne peut ni penser ni prier, qu’il regarde en haut et qu’il se souvienne que, quoiqu’il ne puisse pas prier, Christ a pris sa cause en main et qu’il intercède pour lui. Oh ! quelle douceur inexprimable de savoir que je suis porté sur le coeur et sur les épaules de Christ, — un coeur qui renferme tant d’amour que beaucoup d’eaux ne pourraient l’éteindre, et que les fleuves mêmes ne le pourraient noyer (Cant. 8:7), et des épaules si fortes qu’il est dit de lui qu’il soutient toutes choses par la parole de sa puissance (Hébr. 1:3). Et le fait même qu’il est présent pour nous devant Dieu, est le témoignage éternel que nos péchés sont effacés pour toujours.
C’est par Christ, notre
souverain sacrificateur, que nous recevons miséricorde au trône de la grâce, et
que nous trouvons grâce pour avoir du secours au moment opportun (Hébr. 4:16).
Le souverain sacrificateur, tel qu’il nous est présenté ici, est en relation
avec un peuple dans le désert (voy. Hébr. 3
et 4) ; et nous, de même, considérés dans nos rapports avec la
sacrificature, nous sommes en chemin pour le repos de Dieu, comme Israël
l’était pour Canaan. Pendant notre pèlerinage, Dieu emploie sa Parole pour
juger tout ce qui pourrait détourner nos coeurs du sentier de la foi, et nous
pousser à chercher un lieu de repos dans le désert. C’est pourquoi l’apôtre
dit : « Appliquons-nous donc à entrer dans ce repos-là, afin que personne
ne tombe en imitant une semblable désobéissance. Car la parole de Dieu est
vivante et opérante, et plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants, et
atteignant jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des
moëlles, et elle discerne les pensées et les intentions du coeur. Et il n’y a
aucune créature qui soit cachée devant lui, mais toutes choses sont nues et
découvertes aux yeux de celui à qui nous avons affaire » (Hébr. 4:11-13). Mais
il y a un autre secours, un secours d’un caractère différent, pour nous aider
dans notre passage à travers le désert, c’est la sacrificature… Nous avons un
souverain sacrificateur qui a traversé les cieux, comme Aaron a passé par les
diverses parties du tabernacle, — Jésus, le Fils de Dieu. Il a été tenté en
toutes choses comme nous, à part le péché ; de sorte qu’il peut
sympathiser avec nos infirmités. La Parole met en lumière les intentions du
coeur, juge la volonté, et tout ce qui n’a pas Dieu pour son objet et sa
source. Alors, quelle que soit notre faiblesse, nous avons sa sympathie. Christ
naturellement ne veut rien de mauvais. Il fut tenté en toutes choses, à part le
péché, qui n’était mêlé à rien dans sa vie. Mais je ne demande pas de la sympathie
pour le péché qui est en moi ; je le déteste, je désire qu’il soit
mortifié, jugé sans miséricorde. C’est ce que fait la Parole. Je cherche de la
sympathie pour ma faiblesse et mes difficultés, et j’en trouve dans la
sacrificature de Jésus. Ayant donc un tel souverain sacrificateur qui a
souffert lui-même, étant tenté, et qui ainsi connaît nos infirmités, nous
sommes encouragés à nous approcher du trône de la grâce, « afin que nous
recevions miséricorde et que nous trouvions grâce pour avoir du secours au
moment opportun » (Hébr. 4:16).
Nous avons accès auprès de Dieu par l’efficace toute puissante du sang de Christ, et aussi parce qu’il est là comme notre souverain sacrificateur (Hébr. 10:19-22). Nous pouvons dire plus encore ; notre place est au dedans du voile déchiré, en vertu du sacrifice qui a effacé nos péchés pour toujours ; et comme nous avons un souverain sacrificateur établi sur la maison de Dieu, nous pouvons nous approcher de Dieu « avec un coeur vrai, en pleine assurance de foi, ayant les coeurs par aspersion purifiés d’une mauvaise conscience, et le corps lavé d’eau pure » (Hébr. 10:2l-22). La place où est Christ est le lieu où nous rendons culte, c’est-à-dire en dedans du voile déchiré ; mais nous ne pourrions être là, s’il n’y était pas comme notre souverain sacrificateur, ayant obtenu pour nous une rédemption éternelle.
C’est par lui, en qualité de sacrificateur, que nos louanges et nos adorations montent à Dieu : « Offrons donc, par lui, sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges, c’est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom » (Hébr. 13:15). Quelle grâce ineffable que nous ayons un tel sacrificateur, qui sait distinguer ce qui a de la valeur de ce qui n’en a pas et qui, en conséquence, ne permettra pas que rien de ce qui est étranger à sa sainteté lui soit présenté. Les prêtres de l’ancienne alliance devaient examiner toutes les offrandes et rejeter celles qui étaient défectueuses, afin que rien de ce qui ne répondait pas aux conditions voulues de Dieu ne fût brûlé sur l’autel. Christ, notre souverain sacrificateur, fait de même à l’égard de nos sacrifices de louanges. C’est une grande consolation pour nous, quand nous pensons à notre ignorance et à notre faiblesse ; sans doute, nous devrions posséder nous-mêmes le discernement des sacrificateurs, et ne pas excuser nos manquements quand nous offrons à Dieu nos louanges ; mais cependant, c’est un grand encouragement pour nous de savoir que rien ne sera présenté à Dieu, que ce qui aura été reçu et offert pour nous par notre souverain sacrificateur. Il sait comment employer le couteau du sacrificateur, pour retrancher tout ce qui ne pourrait être agréé de Dieu (voy. Lév. 1:14-17).
Nous pouvons ajouter que sa continuelle présence devant Dieu, comme notre souverain sacrificateur, nous donne l’assurance que nous serons portés dans toutes les difficultés, et entièrement sauvés. « Il peut sauver entièrement (à tous égards, complètement), ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder pour eux » (Hébr. 7:25). Étant mort une fois, il ne meurt plus ; il est vivant pour toujours ; et ainsi, il a une sacrificature immuable. Ayant donc pris en main notre cause, il ne l’abandonnera jamais ; et en conséquence le fait que son office ne finit point et que rien n’interrompt sa puissante intercession, nous garantit d’une manière absolue que nous ne périrons pas dans le désert ; que si Josué n’a pas donné le repos à Israël (il reste un repos pour le peuple de Dieu), le Seigneur Jésus nous y introduira sûrement en vertu de sa sacrificature, puisqu’il a été victorieux de la mort et qu’il vit à toujours.
Nous avons maintenant esquissé ce qui a trait à la sacrificature de Christ ; et sûrement, en méditant sur le caractère et l’office de Christ comme sacrificateur, nos coeurs seront remplis d’adoration et de reconnaissance envers Dieu, de ce que, dans sa grâce, il a pourvu si merveilleusement à tout ce qui nous était nécessaire pendant notre passage à travers le désert. Il a donné à Israël un Moïse, un Aaron et un Josué, mais il nous a donné son Fils bien-aimé, le Seigneur Jésus, le resplendissement de sa gloire et l’image empreinte de sa personne, l’assurance pleine et absolue qu’il nous introduira dans toute la gloire qu’il a réservée pour nous en Christ.
Quel effet devrait donc produire sur nous la contemplation de Christ comme notre souverain sacrificateur ? « Ayant donc un grand souverain sacrificateur qui a traversé les cieux, dit l’apôtre, Jésus, le Fils de Dieu, tenons ferme notre confession » (Hébr. 4:14).. Il dit encore : « Retenons la confession de notre espérance sans chanceler » (Hébr. 10:23) ; il parle aussi de Christ, notre espérance, qui est au dedans du voile comme une ancre sûre et ferme (Hébr. 6:18-20). Confiance, — confiance en lui, hardiesse et persévérance, voilà donc quel devrait être en nous le résultat de la contemplation de Christ. Il est là devant Dieu, comme notre souverain sacrificateur ; c’est pourquoi tenons-nous fermes, sachant que, en dépit de notre faiblesse et de nos infirmités, de la force, de l’activité et de la haine de nos ennemis, à travers tous les dangers et toutes les difficultés du désert, nous entrerons en possession et en jouissance du repos éternel de Dieu.
L’homme parfait qui sur la terre
A marché,
Suivant sa route solitaire
Sans péché,
Maintenant dans le sanctuaire
Est caché.
Mais, ô Père, son sacrifice
Désormais,
Le consacre dans son office ;
À jamais
Melchisédec, Roi de justice,
Roi de paix.
L’Esprit divin nous le dévoile,
Mais Celui
Qui vient, apparaîtra sans voile.
Aujourd’hui,
Frères, peut-être son étoile
Aura lui.
C’est la première épître de
Jean qui nous donne tous les enseignements que nous avons sur l’oeuvre de
Christ comme avocat. Non qu’il n’y ait autre part des ombres et des figures de
cette oeuvre, mais nous n’avons pas ailleurs de déclarations directes à ce
sujet. Paul parle de Christ, comme étant à la droite de Dieu pour faire
intercession en notre faveur (Rom. 8:34) ; et, sans doute, le mot
intercession renferme l’idée de l’oeuvre de Christ comme avocat et
sacrificateur ; mais l’apôtre Paul ne mentionne pas directement cet office
de Christ. L’office d’avocat occupe donc beaucoup moins de place dans les
Écritures que la sacrificature, sujet qui remplit la plus grande partie de
l’épître aux Hébreux. Ce n’est pas néanmoins un sujet de peu d’importance. Bien
loin de là, il n’en est guère qui nous intéresse davantage et qui réclame plus
d’attention de la part des enfants de Dieu. Car l’oeuvre de Christ comme avocat
est ce dont nous avons besoin pour nos péchés de chaque jour. Ainsi, après
avoir exposé la réalité de notre position dans la lumière, puisque Dieu est
dans la lumière, — c’est la place de tout vrai croyant, — l’apôtre dit :
« Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes,
et la vérité n’est pas en nous. Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et
juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité. Si
nous disons que nous n’avons pas péché, nous le faisons menteur et sa parole
n’est pas en nous. Mes enfants, je vous écris ces choses afin que vous ne
péchiez pas ; et si quelqu’un a péché, nous avons
un avocat auprès du Père, Jésus-Christ, le
juste
;
et lui est la
propitiation pour nos péchés, et non pas seulement pour les nôtres, mais aussi
pour le monde entier » (1 Jean 1:8 à 2:2).
C’est donc pour les péchés des croyants que Christ exerce son office d’avocat, rien ne pourrait être plus clair. Dans les v. 6 et 7 du chap. 1, nous avons les deux classes mises en opposition : ceux qui marchent dans les ténèbres, qui ne sont pas sauvés, qui n’ont pas de communion avec Dieu, quels que soient leurs droits et leurs prétentions, car Dieu est lumière, et il n’y a en lui aucunes ténèbres (v. 5) ; et ceux qui ont reçu le témoignage des apôtres concernant la vie éternelle qui était auprès du Père et qui leur a été manifestée. Par là, ils sont en communion avec ceux qui ont apporté le message, et leur communion est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ (1 Jean 1:1-3). Mais si nous avons communion avec Dieu, nous marchons dans la lumière, comme lui-même est dans la lumière, c’est-à-dire que notre place et notre sphère sont dans la lumière — ce qui est vrai de tous les croyants ; et nous avons communion l’un avec l’autre, car ce n’est que dans la communion avec le Père et avec le Fils que nous pouvons avoir communion nous-mêmes l’un avec l’autre, « et le sang de Jésus-Christ, son Fils, nous purifie de tout péché » (1 Jean 1:7).
Cette dernière déclaration a
besoin d’être bien comprise, sinon nous ne pouvons saisir la nature de
l’intercession de Christ. Elle ne signifie pas, comme on l’a si souvent dit,
que le sang de Christ est constamment appliqué pour purifier continuellement le
croyant ; en un mot, que c’est le sang qui nous purifie de nos péchés de
tous les jours. S’il en était ainsi, quel besoin aurions nous de l’oeuvre de
Christ comme avocat ? En outre, ce
serait
une contradiction absolue avec l’enseignement d’autres passages. Ainsi, dans
Jean 13 le Seigneur dit positivement à Pierre qu’ayant été une fois lavé
(plongé, leloumenoV) il n’a plus besoin que de se
laver (niyasdai) les pieds, et qu’ainsi il était tout net (Jean
13:10). Ainsi encore, dans l’épître aux Hébreux, il est dit : « Par une
seule offrande, il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés »
(Hébr. 10:14). C’est une vérité fondamentale du christianisme que tous ceux
qui, par la foi, ont part à l’aspersion du sang de Christ, sont pour toujours
nettoyés de tout péché, et qu’en conséquence il n’y a pas lieu à une seconde
application du sang. C’est là le fond de l’argumentation dans Hébr. 9 et 10.
Nous y lisons que « Christ n’est pas entré dans des lieux saints faits de main,
copies des vrais, mais dans le ciel même, afin de paraître maintenant pour nous
devant la face de Dieu, — ni, non plus, afin de s’offrir lui-même plusieurs
fois, ainsi que le souverain sacrificateur entre dans les lieux saints chaque
année avec un sang autre que le sien (puisque, dans ce cas, il aurait fallu
qu’il souffrît plusieurs fois depuis la fondation du monde) ; mais
maintenant, en la consommation des siècles, il a été manifesté une fois pour
l’abolition du péché par son sacrifice » (Hébr. 9:24-26). Ce passage montre le
contraste entre les sacrifices anciens, qui devaient être répétés, et le
sacrifice unique de Christ, entre la valeur temporaire des premiers et la
valeur éternelle du second. Il en résulte que les péchés de ceux qui sont au
bénéfice du sang de Christ sont pour toujours effacés devant Dieu ; car
Christ a été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs (Hébr. 9:28).
Aussi le chapitre suivant prouve abondamment que les péchés du croyant sont
effacés pour toujours ; qu’il n’a plus conscience des péchés, puisqu’il a
été rendu parfait à perpétuité par une seule offrande de Christ ; et en
conséquence, le Seigneur dit : « Je ne me souviendrai plus jamais de leurs
péchés, ni de leurs iniquités » (Hébr. 10:1-17). Il est essentiel pour nous
d’être au clair là-dessus, car c’est assurément un des points fondamentaux de
notre foi.
La vérité est donc que Jean ne parle pas de l’application du sang (ce qui ne s’accorderait pas avec cette vérité que nous n’avons plus conscience des péchés), mais de son efficace. Ce qui le caractérise, c’est qu’il purifie de tout péché, c’est-à-dire qu’il a cette propriété, tout comme quelquefois nous disons, pour prendre un exemple, le poison tue, — c’est la nature du poison de tuer. De la même manière, la qualité essentielle ou la propriété du sang, c’est de purifier du péché.
Ainsi compris, le rapport est aussi beau qu’il est évident. « Dans la lumière, comme il est dans la lumière ». Comment, serions-nous tentés de nous écrier, est-il possible de subsister là ? Ayant conscience, comme nous l’avons, des souillures contractées chaque jour et des péchés dans lesquels nous tombons souvent, nous pourrions redouter l’éblouissante lumière de la sainteté de Dieu. Aussi avons-nous besoin de nous rappeler que, si nous pouvons subsister devant Dieu, c’est uniquement et entièrement à cause de la valeur purifiante du sang, et parce que ce sang est toujours là devant les yeux de Dieu pour répondre à tout ce qui pourrait être exigé de nous.
Après avoir établi la vérité relativement à la place que nous occupons en présence de Dieu, l’apôtre nous rappelle notre condition pratique. Nous ne pouvons pas dire que « nous n’avons pas de péché », car ce serait nous séduire nous-mêmes et méconnaître le fait que le péché est en nous, mais non sur nous, jusqu’à ce que nous délogions pour être avec Christ, ou qu’il vienne pour nous prendre avec lui ; car la vieille nature est et demeure incurablement mauvaise et corrompue. Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés, etc. (ce passage sera expliqué plus loin). Nous ne pouvons pas non plus dire que nous n’avons pas de péché ; si nous le faisions, nous ferions Dieu menteur, car il dit que tous ont péché, sa parole ne serait donc pas en nous. L’apôtre continue en disant : « Mes enfants, je vous écris ces choses afin que vous ne péchiez pas ». Il n’y a donc pas pour le croyant de nécessité de pécher. C’est une vérité à laquelle il faut absolument tenir, et sur laquelle on ne saurait trop insister. « Mais si quelqu’un a péché, nous avons un avocat », et par là l’apôtre montre, ainsi que nous l’avons déjà remarqué, comment Dieu a pourvu à tout ce qui concerne les péchés quotidiens de ses enfants. En avançant dans l’étude de notre sujet, nous verrons en quoi consiste l’oeuvre que Christ accomplit comme avocat, et comment il l’applique à nos âmes.
Le nom d’avocat, donné au
Seigneur Jésus, ne se trouve dans aucun autre passage de l’Écriture. Lui-même
l’applique au Saint-Esprit. « Je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur,
pour être avec vous éternellement » (Jean 14:16, 26 ; 15:26 ;
16:7). Le mot traduit ici par
consolateur est le même qui est rendu par « avocat », dans l’épître de Jean. C’est paraklhton, mot difficile à traduire si l’on veut lui conserver toute sa signification.
Le mot « avocat » semble avoir été choisi pour faire ressortir le fait que Christ
est chargé de nos intérêts auprès du Père, et que notre cause lui a été
confiée, comme à Celui qui a pris la direction de tout ce qui nous concerne
pour maintenir notre communion avec le Père ; c’est pourquoi, quand nous
péchons, il plaide pour nous, et nous amène par le ministère de la Parole et
par le Saint-Esprit à nous juger nous-mêmes et à confesser notre péché, en
sorte que, selon ce qui est dit dans 1 Jean 1:9, notre péché peut être pardonné
et notre communion rétablie. Christ est notre Paraclet
(avocat) en haut ; et le Saint-Esprit est notre Paraclet
(consolateur) en bas ; il
habite en nous, et ses actes sont en rapport avec ceux de notre avocat auprès
du Père ; il est chargé de nos intérêts en bas comme Christ l’est en haut.
La différence entre
l’intercession et la sacrificature se présente sous deux points de vue. Le
sacrificateur agit auprès de Dieu
;
l’avocat auprès du
Père.
L’avocat a affaire avec le péché
;
le sacrificateur avec nos infirmités (Hébr. 4:15), jamais avec les
péchés. Il est vrai qu’il a fait propitiation pour nos péchés (Hébr.
2:17) ; et sans doute, c’était le sacrificateur qui faisait cette propitiation,
— mais ce n’était pas une fonction de son office, c’était bien plutôt parce que
ce caractère est inséparable de sa personne. La propitiation qu’il a faite est
le fondement sur lequel il commence à exercer l’office de sacrificateur, aussi
bien que celui d’avocat. C’est pourquoi, l’épître aux Hébreux commence par ces
mots « Ayant fait par lui-même la purification des péchés, il s’est assis à la
droite de la majesté dans les hauts lieux » (Hébr. 1:3). Ce n’est donc que quand
il eut pris cette place, qu’il commença ses fonctions comme sacrificateur. S’il
était sur la terre, il ne serait pas sacrificateur (Hébr. 8:4).
Il en est ainsi de Christ comme avocat. Il n’entre proprement dans son office que quand il s’assied à la droite de Dieu ; et cet office repose sur une double base : son oeuvre et sa personne. Il est la propitiation pour nos péchés, — c’est là le fondement, la base sur laquelle repose son office comme intercesseur auprès du Père. Et quel fondement que celui-là ! Il nous rappelle que Christ a fait pour toujours la purification de nos péchés, que le sang qu’il a répandu, Dieu l’a accepté comme une pleine et complète expiation pour tous nos péchés ; que, par conséquent, basée sur ce fondement, son intercession est toujours efficace. Mais il est Jésus-Christ le juste ; et ceci nous rappelle ce qu’il est personnellement en lui-même, c’est-à-dire celui qui répond à tous les droits de Dieu, selon toutes les exigences de son immuable sainteté, qui l’a glorifié dans tous les attributs de son être ; celui qui, par conséquent, répond complètement à la perfection de ce Dieu qui veut la vérité dans le coeur, et qui l’a trouvée dans l’homme qui est assis à sa droite. Christ donc, agissant comme notre intercesseur, a pour Dieu un droit irrésistible, soit par sa personne, soit par son oeuvre. Mais ceci n’exprime pas complètement ce qui est dans le coeur de Dieu lui-même. Ce n’est pas assez de dire qu’il ne peut pas récuser les droits de notre avocat, car sûrement son coeur prend plaisir à entendre l’intercession de Christ et à y répondre ; car en vertu de ce que Christ est et de ce qu’il a fait, il est libre d’agir en justice selon son coeur plein d’amour, et de pardonner quand nous confessons nos péchés. Sans doute, en nous rappelant cela, nos âmes seront restaurées quand nous aurons été vaincus par le tentateur.
Il y a deux aspects de l’oeuvre de Christ comme notre avocat. « Si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père ». C’est l’aspect de son oeuvre par rapport à Dieu ; nous y voyons que Christ, comme notre avocat, ainsi que cela a été expliqué plus haut, prend notre cause en main, et intercède auprès du Père en notre faveur. Ce n’est donc pas sa présence seule qui le constitue notre avocat, mais plutôt son active intercession pour nous quand nous sommes tombés dans le péché. C’est ce qu’il nous a montré à propos de Pierre, quand il lui dit : « Simon ! Simon ! voici Satan a demandé à vous avoir, pour vous cribler comme le blé ; mais moi, j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point » (Luc 22:31-32). Je sais que ce passage est souvent cité comme se rapportant à la sacrificature et, dans un sens, on peut l’admettre ; mais, pour parler plus exactement, il se rapporte à l’oeuvre de Christ comme avocat, puisque c’est à propos non d’une infirmité, mais du péché de Pierre que Jésus parle ainsi. Quand nous disons : « Si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père », nous parlons de Celui qui plaide activement pour nous, quand nous sommes dans les circonstances qui réclament son intercession.
D’un côté donc, l’oeuvre de Christ comme avocat est relative au Père. D’un autre côté, elle est un service à notre égard, ce service étant l’effet de son intercession. Pour comprendre ce côté de l’oeuvre, ouvrons le chapitre 13 de Jean ; car, tandis que 1 Jean 2 nous parle de l’avocat lui-même, Jean 13 nous donne le résultat de son action, nous dit comment elle s’applique à nos besoins aussi bien que l’objet en vue duquel elle s’exerce. La première chose à remarquer, c’est que ce ministère de Christ découle de son coeur plein d’amour. « Or, avant la fête de Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue pour passer de ce monde au Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin » (Jean 13:1). Ces mots : « il les aima jusqu’à la fin », ne signifient pas simplement, nous avons à peine besoin de le dire, qu’il les aima jusqu’à la fin de son séjour ici-bas. Ils ont un sens bien plus profond. Ils parlent de la perpétuité de son amour pour les siens ; et ils sont la pour montrer que son amour est la source du ministère qu’il exerce constamment en notre faveur, maintenant qu’il est loin de nous dans la gloire.
Ensuite, nous voyons l’objet
de son ministère symbolisé par le lavage des pieds de ses disciples : « Et
pendant qu’ils étaient à souper, le diable ayant déjà mis dans le coeur de
judas Iscariote, fils de Simon, de le livrer, — Jésus, sachant que le Père lui
avait mis toutes choses entre les mains, et qu’il était venu de Dieu, et s’en
allait à Dieu, se lève du souper et met de côté ses vêtements ; et ayant
pris un linge, il s’en ceignit » (13:2-4). Ainsi Jésus est assis à table au
milieu des siens ; la pensée de son départ se présente à son âme, et la
place aussi qu’il occuperait après comme homme ; car il savait que le Père
lui avait remis toutes choses entre les mains, et qu’il était venu de Dieu et
s’en allait à Dieu (Jean 13:3). Il se lève du souper et il le fait pour
enseigner à ses disciples qu’il ne pouvait pas rester plus longtemps avec eux
au lieu où ils étaient ; et ayant mis de côté ses vêtements, il prit un
linge, et s’en ceignit — c’était l’oeuvre d’un serviteur. « Puis il verse de
l’eau dans un bassin, et se met à laver les pieds des disciples, et à les
essuyer avec le linge dont il était ceint. Il vient donc à Simon Pierre ;
et celui-ci lui dit : Seigneur, me laves-tu, toi, les pieds ? Jésus
répondit et lui dit : Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais
tu le sauras dans la suite. Pierre lui dit : Tu ne me laveras jamais les
pieds. Jésus lui répondit : Si je ne
te lave, tu n’as pas
de part avec moi
»
(Jean 13:5-8). Ces dernières paroles nous font connaître le but de ce lavage
des pieds. Nous avons vu qu’en se levant du souper, le Seigneur enseignait à
ses disciples qu’il ne pouvait pas demeurer plus longtemps avec eux dans le
lieu où ils étaient ; et maintenant il leur montre comment il les rendrait
propres à être avec lui dans le lieu où il allait. Jean dit : « Notre
communion est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ » (1 Jean 1:3). C’est
ainsi que le Seigneur enseigne aux siens comment il les rendrait propres pour
cette communion et comment il les y maintiendrait. Le but du lavage des pieds
est donc de rendre les siens capables de jouir de cette communion avec lui, et
aussi avec le Père, dans le lieu où il allait entrer, c’est-à-dire dans la
gloire.
Mais nous avons encore autre chose. Pierre ne comprend pas ces paroles : « Si je ne te lave, tu n’as pas de part avec moi » (Jean 13:8), c’est pourquoi il s’écrie : « Seigneur, non pas mes pieds seulement, mais aussi mes mains et ma tête. Jésus lui dit : Celui qui a tout le corps lavé, n’a besoin que de se laver les pieds ; mais il est tout net » (Jean 13:9-10). Cette déclaration est la clef pour l’intelligence du sujet, et demande en conséquence une sérieuse attention.
Comme nous l’avons déjà remarqué, le Seigneur enseigne ici que, sauf les pieds, il n’y avait pas besoin d’être lavé une seconde fois. Ils étaient lavés, et cela ne devait pas se répéter, car ils étaient tout nets. C’est ce qui était préfiguré à la consécration des sacrificateurs. Aaron et ses fils étaient lavés avec de l’eau, — type de la nouvelle naissance que produit la parole de Dieu par la puissance du Saint-Esprit, — avant qu’ils fussent revêtus de leurs vêtements sacerdotaux (Exode 29:4) ; et cela ne se renouvelait pas pour eux ; mais il y avait une cuve d’airain dans laquelle ils lavaient leurs mains et leurs pieds, quand ils entraient au tabernacle pour leur service sacerdotal (Exode 30:17-21) Nous ne pouvons trop insister sur ce point, que le croyant une fois lavé l’est pour toujours, qu’il demeure net en tout point. Autrement, nous ne serions pas qualifiés pour nous présenter devant Dieu, car s’il se trouvait une seule tache sur nous, nous ne pourrions entrer au dedans du voile déchiré.
Ils étaient tout nets, et pourtant leurs pieds avaient besoin d’être continuellement lavés. Les pieds signifient la marche, et la pensée est que, quoique par notre position nous jouissions constamment de la faveur de Dieu, dans notre marche à travers la scène de ce monde nous contractons constamment de la souillure. Elle ne peut en rien porter atteinte à la position que nous avons en vertu de ce que Christ est et a fait ; nous sommes dans la lumière comme Dieu est dans la lumière ; cependant, cette souillure trouble, interrompt notre communion. C’est pourquoi nous avons besoin que nos pieds soient lavés pour que notre communion soit rétablie, pour que nous puissions jouir de tout ce qui nous appartient dans la position où nous sommes, par la grâce de notre Dieu.
On demandera peut-être en
quoi consiste la souillure que nous pouvons ainsi contracter.
Rapprochant, comme nous l’avons fait, ce passage de
celui que nous avons déjà vu dans 1 Jean 2, nous ne pourrons que
répondre : c’est le péché. « Si quelqu’un a péché, nous avons un avocat » (1
Jean 2:1). On a souvent soutenu, il est vrai, que ces souillures ne sont pas
nécessairement liées avec le péché ; mais ne perd-on pas de vue ce que
Dieu est dans sa sainteté ? En outre, quoi d’autre peut souiller que le
péché ? Nous n’oublions pas le fait que, dans l’Ancien Testament, un
nazaréen, par exemple, pouvait accidentellement être souillé par le fait que
quelqu’un venait à mourir subitement auprès de lui (Nomb. 6:9). Mais la mort
est le fruit du péché, et le nazaréen venait en quelque sorte sous son pouvoir,
quoique son contact en pareil cas pût sembler entièrement fortuit. Et, de tous
les cas semblables, il ressort cet enseignement que la sainteté est en complète
opposition avec le péché et la mort (voyez d’autres cas où l’on pouvait
contracter de la souillure, dans Nomb. 19). On se trompe souvent en considérant
la souillure cérémonielle comme une exacte illustration de la souillure morale,
tandis que la première n’est qu’un type ou une ombre de la seconde. On pourrait
en venir à de dangereuses conséquences, en soutenant que nous pouvons être
souillés indépendamment du péché, car rien d’autre que le péché ne peut priver
le croyant de la présence de Dieu ; et le fait même que nos pieds ont sans
cesse besoin d’être lavés, nous dit clairement que nous avons encouru une
souillure, — peut-être d’une manière inconsciente, mais aux yeux de Dieu elle
ne peut venir que de la source souillée du péché qui communique la souillure.
Nous pouvons être sûrs que chaque fois que notre communion est interrompue,
nous avons contracté une souillure, et cela par le péché dans quelqu’une de ses
formes diverses. C’est là ce qui rend nécessaire pour nous l’activité
incessante de notre Seigneur et Sauveur, agissant comme notre avocat auprès du
Père.
Nous avons maintenant à
répondre à cette question : Comment le Seigneur lave-t-il les pieds des
siens ? Il nous est dit dans le récit de l’évangile, qu’il versa de l’eau
dans un bassin et qu’il lava les
pieds de ses disciples, etc. L’eau est un symbole bien connu de la Parole.
Ainsi, dans cet évangile même, le Seigneur dit qu’un homme doit être né d’eau
et d’esprit. Pierre parle de ceux qui sont régénérés « non par une semence
corruptible, mais par une semence incorruptible, par la vivante et permanente
parole de Dieu » (1 Pier. 1:23 ; Jac. 1:18). La Parole, voilà donc ce que
le Seigneur a voulu dire en parlant de l’eau. Le Psalmiste dit : « Par quel
moyen un jeune homme rendra-t-il pure sa conduite » ? et il répond
lui-même : « C’est en y prenant garde selon ta Parole » (Ps. 119:9). Paul
parle même plus directement, quand il emploie ce terme : « le lavage d’eau
par la Parole », et cela en rapport avec la purification, — quoiqu’il soit ici
question de l’Église et non du croyant individuellement (Éph. 5:26). Il est
donc bien évident que, lorsque le Seigneur employa l’eau, il voulait faire
comprendre, qu’après son départ, il laverait les pieds des siens par le moyen
de la Parole ; ce qui se rapporte à leur marche de tous les jours. Comment
donc la Parole opère-t-elle dans ce cas ? Quand nous péchons, le Seigneur,
comme nous l’avons vu, prend notre cause en main devant le Père. Il s’acquitte
de son office d’avocat. Le résultat pour nous, c’est que l’Esprit de Dieu commence,
au temps voulu de Dieu, à agir en nous, pour nous rappeler le péché, pour
appliquer la Parole à nos consciences et produire en nous, par là, le jugement
de nous-mêmes qui nous porte à confesser notre péché ; et Dieu est alors
fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute
iniquité (1 Jean 1:9) ; et ainsi notre communion est rétablie.
Voilà comment agit notre
avocat ; nous en avons un exemple frappant dans un des évangiles ; il
s’agit encore de Pierre. Le Seigneur l’avait averti du danger qui le menaçait,
mais l’avertissement à peine entendu avait été bientôt oublié ; et, à
plusieurs reprises, ce disciple dévoué nia qu’il eût jamais connu Christ. Quel
horrible péché ! S’en repentira-t-il ? Non, s’il est laissé à
lui-même ; et il ne se serait jamais repenti, si le Seigneur n’avait agi
en grâce à son égard. Le chant du coq même qui lui avait été donné comme un
signe, ne lui rappela pas son péché. Mais à ce moment, le Seigneur se tournant regarda Pierre
. « Et Pierre
se ressouvint de la parole du Seigneur, comme il lui avait dit : Avant que
le coq chante, tu me renieras trois fois. Et Pierre étant sorti dehors, pleura
amèrement » (Luc 22:61, 62). Il en est ainsi encore maintenant. Quand nous
tombons dans le péché, nous ne nous repentirions jamais si Christ
n’intervenait, dans sa grâce, comme notre avocat. Il veille par son
intercession, comme il le fit pour Pierre en le regardant, à ce que le
Saint-Esprit nous rappelle notre péché par le moyen de la Parole, et que,
réveillés dans notre conscience, nous soyons amenés à nous juger nous-mêmes, à
confesser notre péché pour qu’ainsi nous rentrions en communion avec le Père et
son Fils Jésus-Christ. Et n’oublions jamais que s’il peut agir ainsi, c’est à
cause de la propitiation qu’il a faite de nos péchés par sa mort. Pierre avait
de la répugnance à laisser le Seigneur lui laver les pieds. Ah ! oui, le
Seigneur devait s’abaisser, — il devait en venir même à la mort de la croix, —
il fallait qu’il subît toute la colère de Dieu comme juge, pour qu’il pût faire
propitiation pour nous et sur ce fondement nous garder tout le long de notre
pèlerinage terrestre. Quel amour et quelle grâce ! Nos coeurs ne
devraient-ils pas s’écrier continuellement : Béni soit son Nom !
Il faut remarquer encore une fois, que Christ n’attend pas notre repentance pour agir comme avocat. L’Écriture dit : « Si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père » (1 Jean 2:1). Notre repentance, comme je l’ai déjà fait observer, est la conséquence de l’oeuvre de notre avocat. Combien cette pensée élève notre conception de sa grâce, de sa tendresse et de son amour. Quand quelqu’un a péché contre nous, nous attendons en général des signes de repentir avant de faire des avances à l’offenseur. Il n’en est point ainsi pour notre bien-aimé Seigneur. Aussitôt, — et même avant, comme dans le cas de Pierre, — que nous avons péché, il nous porte sur son coeur devant le Père, il plaide pour nous jusqu’à ce qu’il nous donne la grâce qui nous restaure.
Mais si, d’un côté, il nous est rappelé que nous sommes débiteurs de la grâce, gardons-nous d’oublier, de l’autre, notre responsabilité à l’égard de notre prochain, responsabilité qui a sa source dans l’oeuvre que Christ accomplit pour nous comme avocat. « Quand donc il eut lavé leurs pieds, il reprit ses vêtements, et s’étant remis à table, il leur dit : Savez-vous ce que je vous ai fait ? Vous m’appelez maître et seigneur, et vous dites bien ; car je le suis ; si donc moi, votre Seigneur et votre maître, j’ai lavé vos pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. Car je vous ai donné un exemple, afin que, comme je vous ai fait, moi, vous aussi, vous fassiez de même. En vérité, en vérité, je vous dis, que l’esclave n’est pas plus grand que son seigneur, ni un envoyé plus grand que celui qui l’a envoyé. Si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux si vous les faites » (Jean 13:12-17). Nous devons imiter notre avocat ; car si nous nous réjouissons du service qu’il accomplit pour nous comme tel, il ne faut jamais oublier l’obligation que nous avons de nous servir les uns les autres. N’avons-nous pas à nous adresser, à ce sujet, bien des questions propres à atteindre nos consciences ? Avons-nous autant la connaissance de nos obligations que celle de la doctrine du service de Christ pour nous ? Ah ! si nous étions sincères, combien de fois n’aurions-nous pas à confesser que nous avons failli en cela ! Puisse le Seigneur, qui veut que nous nous réjouissions de plus en plus dans la pensée qu’il nous lave les pieds, nous donner l’humilité, la grâce et l’amour, pour nous laver les pieds les uns aux autres !
Ô divin Avocat, fondé sur ta personne,
Sur ta croix, proclamant mes péchés expiés,
Je trouve un libre accès au Père qui pardonne ;
Et le Fils éternel que la gloire couronne
S’abaisse jusqu’à moi pour me laver les pieds.
Du moment que nous sommes réveillés par l’Esprit de Dieu, Christ nous est présenté comme notre objet. Ainsi, quand le geôlier de Philippes, travaillé par l’Esprit de Dieu, et sous l’impression de ce qu’il avait entendu et des événements de cette nuit mémorable, vint se jeter aux pieds de Paul et de Silas, et leur dit : « Seigneurs, que faut-il que je fasse pour être sauvé » ? — ils lui dirent : « Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé, toi et ta maison » (Act 16:29-31). Ceci s’accorde avec les propres paroles du Seigneur : « Comme Moïse éleva le serpent au désert, ainsi il faut que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle » (Jean 3:14-15). Et l’on en saisit la raison. Quand le pécheur arrive à comprendre sa culpabilité, Dieu apparaît à son âme comme un juge, comme un Dieu saint, dont il n’a pas satisfait les droits, et sous le juste jugement duquel il est par conséquent tombé. C’est pourquoi il n’a besoin que de trouver un moyen d’échapper soit à son état, soit à la condamnation sous laquelle il gémit : et comme il ne le trouve qu’en Christ, Christ est le premier objet sur lequel se portent ses yeux. Paul expose cette vérité en détail dans l’épître aux Romains. Il dit : « Tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu, — étant justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est dans le Christ Jésus, lequel Dieu a présenté pour propitiatoire, par la foi en son sang, afin de montrer sa justice à cause du support des péchés précédents dans la patience de Dieu, afin de montrer, dis-je, sa justice dans le temps présent, en sorte qu’il soit juste et justifiant celui qui est de la foi de Jésus » (Rom. 3:23-26). Voyant ainsi Christ, qui lui est présenté dans toute l’efficace de son oeuvre expiatoire, et croyant, — recevant le témoignage de Dieu à son sujet, témoignage de ce que Christ est, et de ce qu’il a fait, — le pécheur (désormais croyant) est justifié et affranchi de sa culpabilité, à l’abri de toute accusation qui s’élevait contre lui, et « il a la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ » (Rom. 5:1). Il a en outre beaucoup de choses : mais maintenant nous appelons seulement l’attention sur le fait que, regardant avec foi à l’objet présenté à son âme au jour du besoin, il est sauvé. En a-t-il fini alors avec Christ ? Loin de nous cette pensée ! car, en étudiant les Écritures, on verra que l’objet sur lequel ses yeux se dirigèrent, quand il n’était qu’un pécheur coupable, est le même qui se présente à lui, après que, par la grâce de Dieu, il a été sauvé. Oui, l’objet vers lequel se tourne le pécheur pour être délivré du fardeau de ses péchés, est celui qui doit attirer les regards du saint dans sa marche et pendant toute l’éternité.
Nous nous proposons donc de recueillir quelques exemples, pour montrer que les yeux du croyant sont toujours dirigés sur Christ, comme seul objet digne de remplir nos coeurs.
Tout comme il est l’objet de
la foi pour le salut du pécheur, il est pour les saints l’objet de la vie de
leur foi. Paul dit : « Je suis crucifié avec Christ : et je ne vis
plus, moi, mais Christ vit en moi : et ce
que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de
Dieu,
qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi » (Gal. 2:20).
C’est-à-dire, en ne relevant que les mots soulignés, que l’apôtre ici-bas
n’avait que le Fils de Dieu pour objet de sa foi. C’est ainsi encore que le
Seigneur lui-même, parlant à ses disciples affligés devant la perspective de
son prochain départ, leur dit : « Que votre coeur ne soit point
troublé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi » (Jean 14:1).
Il leur enseigne ainsi que, quoique sur
le point de les quitter, et quand il serait hors de leur vue, ils devaient
croire en lui, l’avoir pour objet de leur foi, comme déjà ils avaient cru en
Dieu : et là-dessus il leur décrit le lieu où il allait. C’était la maison
du Père, une maison où se trouvaient plusieurs demeures dans lesquelles il leur
préparerait une place, anticipant ainsi le moment où il reviendrait les
prendre. En attendant, ils devaient être occupés de lui, l’avoir devant eux
comme leur objet. Combien il est doux et précieux d’avoir les yeux constamment
fixés sur Christ, de le savoir occupé de nous dans la maison du Père. Les
nuages peuvent obscurcir notre horizon et les épreuves abonder, mais Lui, lui
dans tout son amour, lui dans tout ce qu’il est pour nous devant Dieu, rien ne
peut le dérober aux regards de notre foi : et la lumière, la joie et la
paix, découlent toujours de sa présence.
Mais il y a plus encore. Non seulement il est l’objet de notre foi mais il la soutient : nous vivons par lui en tant que notre objet. C’est ainsi qu’il dit : « Comme le Père qui est vivant, m’a envoyé, et que moi, je vis à cause du Père, de même celui qui me mangera, celui-là aussi vivra à cause de moi » (Jean 6:57). Se nourrir de Christ, comme cela a été dit dans un précédent chapitre, ce n’est autre chose que se l’approprier constamment par la foi, lui et tout ce qu’il est : c’est dépendre entièrement de lui comme étant la source de la vie : comme les aliments soutiennent et nourrissent nos corps, ainsi Christ soutient et nourrit nos âmes. C’est ainsi qu’il est notre objet et que nous vivons par la foi, suivant cette parole de l’épître aux Hébreux : « Le juste vivra de foi » (Héb. 10:38). En lui est la source de la vie, et la foi est le canal qui nous relie à la source, et par lequel l’Esprit fait couler la vie. Nous vivons donc par la foi en Christ, et par la dépendance de Christ.
Christ est aussi notre objet dans le service : il est la fin et le but de toute notre vie. C’est ainsi que Paul dit : « L’amour du Christ nous étreint, en ce que nous avons jugé ceci, que si un est mort pour tous, tous donc sont morts, et qu’il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour Celui qui pour eux est mort et a été ressuscité ». Nous trouvons une expression plus forte encore dans une autre épître : « Pour moi vivre, c’est Christ » (Phil. 1:21). Paul était en prison quand il disait cela, et cependant il s’oubliait si complètement lui-même, qu’il pouvait se réjouir dans la vive attente et dans l’espérance qu’il ne serait confus en rien, mais qu’avec toute hardiesse, alors comme toujours, Christ serait magnifié dans son corps, soit par la vie, soit par la mort (Phil. 1:20). Voilà le fondement de sa confiance : « Pour moi vivre, c’est Christ ». C’était le seul objet de sa vie : tout ce qu’il faisait dans le vaste champ de son activité se rapportait à Christ. Personne peut-être ici-bas ne s’est approché plus que lui du modèle que notre bien-aimé Sauveur nous a donné. Car Christ ne cherchait pas à se complaire à lui-même, mais il faisait toujours ce qui plaisait au Père. Sa nourriture était de faire la volonté de Celui qui l’avait envoyé, et d’accomplir son oeuvre (Jean 4:34 : 8:29). L’apôtre met d’une manière bien remarquable cette vérité en rapport avec la mort de Christ. « Soyez donc imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants, et marchez dans l’amour, comme aussi le Christ nous a aimés, et s’est livré lui-même pour nous comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur » (Éph. 5:1-2) Sans doute, il aimait l’Église et c’est donné pour elle, mais s’est Dieu qui était l’objet toujours présent à son âme : c’est la gloire de Dieu qu’il recherchait, et qui fut le motif déterminant de sa mort : car il est devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix (Phil. 2:8)
Il devrait en être ainsi de
nous. Christ seul devrait être l’objet de notre vie, de nos pensées, de nos
sentiments, de nos plans, de nos occupations, en un mot de toute notre
activité. Nous sommes siens, car il nous a rachetés par son précieux sang, et
c’est parce qu’il veut que nous soyons siens, que nous devons vivre non pour
nous-mêmes, mais pour Celui qui est mort et ressuscité pour nous. Quel moyen
pratique de nous éprouver, cette pensée nous fournit ! Je me propose ceci
ou cela. Est-ce pour Christ ? Je désire quelque chose. Est-ce pour
Christ ? J’ai quelque service à accomplir. Est-ce pour Christ ?
Puis-je regarder tout ce qui est dans mon habitation et dire de tout ce que je
vois : C’est pour Christ ? Ainsi : pour Christ,
voilà un principe que nous pouvons appliquer à notre
vie de tous les jours, un principe qui devrait être pour nous le fil directeur,
le mobile souverain de toutes nos oeuvres et de tous nos actes, un principe qui
compte pour rien le moi, l’homme, et qui nous fait agir uniquement en vue de
Christ.
Christ nous est encore
présenté comme un objet à posséder. C’est ce qui est développé dans Phil. 3. Au
commencement du chapitre, l’apôtre énumère les avantages qu’il avait comme
Juif, comme homme en la chair, et qui étaient le fondement de sa confiance
comme tel : « Si quelque autre s’imagine pouvoir se confier en la chair,
moi davantage : moi, circoncis le huitième jour, de la race d’Israël, de
la tribu de Benjamin, Hébreu des Hébreux : quant à la loi,
pharisien : quant au zèle, persécutant l’assemblée : quant à la
justice qui est par la loi, étant sans reproche » (Phil. 3:4-6). Il avait ainsi
tout ce qui pouvait élever l’homme naturel à ses yeux, devant Dieu. Au point de
vue moral, religieux et ecclésiastique, il avait tout, humainement parlant.
Bien plus. Lui qui écrivait sous l’inspiration de l’Esprit de Dieu, peut dire
que, quant à la justice qui est par la loi, il était sans reproche. Comme le
jeune homme qui demandait au Seigneur Jésus : « Quel bien ferai-je pour
avoir la vie éternelle » ? et qui, renvoyé aux commandements,
répliqua : « J’ai gardé toutes ces choses », il pouvait aussi ajouter :
« Que me manque-t-il encore » ? (Matt. 19:16-20). Mais quand ce même
Saul :dans son zèle, persécutant l’Église, était en chemin pour Damas, il vit le
Seigneur, ce même Jésus que Saul avait rejeté avec toute sa nation, mais qui
était maintenant ressuscité d’entre les morts et glorifié : alors Saul, à
la lumière de la gloire qui brillait autour de lui, apprécia, à leur juste
valeur, les choses qu’il regardait jusque-là comme précieuses, — il vit
qu’elles n’avaient aucune valeur, et put ainsi dire, par la grâce de
Dieu : « Les choses qui pour moi étaient un gain, je les ai regardées, à
cause du Christ, comme une perte. Et je regarde même aussi toutes choses comme
étant une perte à cause de l’excellence de la connaissance du Christ Jésus, mon
Seigneur, à cause duquel j’ai fait la perte de toutes, et je les estime comme
des ordures, afin que je gagne Christ
»
(Phil. 3:7-8). Maintenant qu’il a
découvert l’or fin, il ne voit en tout ce dont il s’était orgueilleusement glorifié,
qu’un clinquant de mauvais aloi : son seul désir est de posséder Christ,
c’est-à-dire de l’avoir pour son gain. Tout ce qui avait été précieux à ses
yeux disparaît, Christ seul reste, et c’est Christ seul qu’il désire maintenant
posséder, non seulement comme fondement de sa confiance devant Dieu, mais aussi
comme sa possession à toujours. Car Christ avait gagné son coeur, et le coeur
ne peut jamais avoir de repos jusqu’à ce qu’il ait atteint l’objet de ses
affections.
Mais comme c’était un Christ dans la gloire que Paul avait ainsi vu et désiré, c’était seulement dans la gloire qu’il pouvait le posséder. Toute la carrière de l’apôtre dépendait désormais de ce fait. Le coeur et les yeux fixés sur son objet, il dit : « Je poursuis le but, cherchant à le saisir : vu aussi que j’ai été saisi par le Christ Jésus » (Phil. 3:12) (cherchant à prendre possession de ce par quoi j’ai été possédé). Et, dans l’énergie de son âme, brûlant d’ardeur, il ajoute : « Frères, pour moi, je ne pense pas moi-même l’avoir saisi : mais je fais une chose : oubliant les choses qui sont derrière, et tendant avec effort vers celles qui sont devant je cours droit au but pour le prix de l’appel céleste de Dieu clans le Christ Jésus » (Phil. 3:13, 14). C’était le prix vers lequel son coeur tendait maintenant et, comme un coureur, il hâtait ses pas vers le but, et les différents objets de la scène qui l’entourait passaient devant lui sans qu’il y prît garde ou n’étaient vus que confusément, car ses yeux étaient fixés sur Christ glorifié, et il ne pouvait voir autre chose que cette lumière glorieuse. C’était l’objet qui possédait son coeur qui dirigeait sa vie, et se présentait à lui au bout de la carrière qu’il parcourait tandis qu’il attendait le Sauveur, le Seigneur Jésus-Christ, qui transformerait le corps d’abaissement de son serviteur en la conformité du corps de sa gloire, et alors Paul serait semblable a son objet et avec lui pour toujours.
Tel est aussi l’objet placé devant les yeux du croyant. Examinons-nous à la lumière de ce passage qui nous montre l’énergie, l’ardent désir, la brûlante affection de l’apôtre. Demandons-nous en présence de Dieu, si Christ possède nos coeurs au point que nous ne désirions aucun autre objet. Consentirions-nous à tout perdre plutôt que lui ? On entend souvent cette prière, et peut être nous mêmes l’avons-nous présentée, que nos coeurs puissent être fixés sur Christ. Mais lui-même a dit : « Là où est votre trésor, là sera aussi votre coeur » (Matt. 6:21). Si donc nos coeurs ne sont pas fixés sur lui, c’est parce qu’il n’est pas suffisamment notre trésor. Si nous voulons que nos coeurs soient détachés du monde et de ce qui y est, commençons par Christ. La contemplation de ses diverses affections, de sa grâce ineffable et de son immuable amour, attirera nos coeurs et les enflammera d’un saint amour pour lui : il s’emparera de toutes nos affections qui seront concentrées sur lui. Nous disons souvent que Jésus suffit seul à remplir nos esprits et nos coeurs, et rien n’est plus vrai mais quand nous parlons ainsi, la question est de savoir si nous réalisons la chose pratiquement. Est-ce que vraiment nous n’avons besoin de rien d’autre que de Christ ? Si nous étions privés de toute autre chose, pourrions-nous dire que Christ nous suffit ? Ce sont des questions auxquelles nous devons répondre. Si Christ nous suffit, aucun objet ne viendra solliciter nos regards : et alors nous soupirerons après le moment où, semblables à lui, nous le verrons tel qu’il est et serons avec lui pour toujours.
Nous verrons resplendir ta face
À toujours.
Toi seul auras toute la place
À toujours,
Dans des coeurs ravis de ta grâce
À toujours.
Et dans l’assemblée innombrable
À toujours,
À son Chef glorieux semblable
À toujours,
Seigneur, tu seras admirable
À toujours.
Christ est aussi placé devant nous comme un objet auquel
nous devons être rendus conformes : pensée qui est déjà renfermée dans ce
que nous venons de considérer. Elle est aussi clairement exprimée dans un autre
passage. Il nous est dit que : « Dieu nous a prédestinés à être conformes à l’image de son Fils,
pour
qu’il soit premier-né entre plusieurs frères » (Rom. 8:29). Jean aussi y fait
allusion, quand il dit : « Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de
Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté : nous savons
que, quand il sera manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons
comme il est » (1 Jean 3:2). Mais c’est Paul qui présente cette vérité sous sa
forme la plus précise. Dans sa seconde épître aux Corinthiens, il met en
opposition le ministère de la justice avec celui de la condamnation, et, en
parlant de la position glorieuse dans laquelle sont maintenant les croyants, il
dit : « Nous tous, contemplant, à face découverte, la gloire du Seigneur,
nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur
en Esprit » (2 Cor. 3:18). Il fait allusion à Exode 34, où nous lisons que
Moïse, après être descendu de la montagne où il avait été avec le Seigneur
quarante jours et quarante nuits, fut obligé de mettre un voile sur sa face
pour cacher la gloire dont elle resplendissait, parce qu’Aaron et tous les
enfants d’Israël craignaient de s’approcher de lui : « Ainsi Moïse acheva
de leur parler (Or il avait mis un voile sur sa face). Et quand Moïse entrait
vers l’Éternel pour parler avec Lui, il ôtait le voile jusqu’à ce qu’il sortît
du tabernacle » (Ex. 34:28-34). Moïse seul, sous cette dispensation, entrait
devant le Seigneur à face découverte : mais maintenant nous tous, oui nous
tous qui sommes croyants, contemplons la gloire du Seigneur à face découverte.
La vérité est donc que tous les croyants sont dans la lumière, comme Dieu est dans la lumière, et là ils contemplent à face découverte la gloire du Seigneur. Christ dans la gloire est l’objet auquel ils regardent. C’est ce que nous voyons d’une manière bien remarquable dans la mort d’Étienne. « Mais lui, étant plein de l’Esprit Saint, et ayant les yeux attachés sur le ciel, vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu » (Actes 7:55). Ceci nous montre que les cieux sont ouverts pour tous les croyants. Étienne voit donc par la foi, à face découverte, sans aucun intermédiaire, un Christ glorifié, debout à la droite de Dieu. Car, à la mort de Christ, le voile fut déchiré, fait qui montrait que l’expiation accomplie par sa mort était agréée de Dieu comme une pleine et complète satisfaction aux droits de sa sainteté, en sorte que Dieu pouvait maintenant, dans sa grâce et dans son amour, aller au-devant du pécheur et l’amener à lui par la foi en Christ, pour habiter en sa présence immédiate dans le lieu très saint. Telle est la position de tous les enfants de Dieu.
Cependant, faisons attention à une chose. C’est un fait incontestable que cette position appartient à tous les croyants : mais c’est une autre question, question très importante, de savoir si nous l’occupons. Nous sommes introduits dans cette position par l’oeuvre de Christ, par sa mort et sa résurrection, et c’est ainsi notre précieux privilège d’être toujours occupés de Christ comme notre objet. C’est ce que Dieu veut, car il désire que nous partagions sa joie, en contemplant la face de Celui qui, pour le glorifier, est devenu obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix. Occupons-nous donc la place dans laquelle nous avons été introduits par la grâce de notre Dieu, et avons-nous communion avec lui quant a l’objet qui remplit son coeur ? Il n’y a peut être pas aujourd’hui de plus grand danger, que de savoir parfaitement ce qu’est notre position, sans chercher à la réaliser pratiquement. Mais si nous nous glorifions de notre position en négligeant notre marche, nous tombons dans le même piège que les Juifs au temps du Seigneur. Il y a donc lieu de se demander bien sérieusement si nos yeux, comme ceux d’Étienne, sont toujours tournés en haut, pour voir la gloire du Seigneur.
Mais ce qu’il y a de merveilleux, c’est que le Christ que nous contemplons comme notre objet, est le modèle auquel nous devons être rendus conformes. Dieu, selon les desseins de sa grâce infinie et pour montrer combien l’oeuvre de Christ lui est agréable, veut que nous soyons semblables à Celui qu’il a glorifié. Déjà maintenant nous pouvons dire : « Comme il est, lui, nous sommes, nous aussi, dans ce monde » (1 Jean 4:17), c’est-à-dire que nous sommes ici-bas déjà aussi agréables à Dieu que Christ qui est à sa droite. Mais le temps vient où nous serons transformés à sa ressemblance, quand nos pauvres corps seront rendus conformes à son corps glorieux. Quelle grâce, que tels que nous étions et tels que nous sommes, nous puissions élever nos yeux à Christ en gloire en disant : Nous lui serons semblables !
Comment, pouvons-nous demander, ce changement
s’opère-t-il en nous ? Ce même passage nous donne la réponse : « Or,
nous tous, contemplant
, à face découverte, la gloire du Seigneur, nous
sommes transformés
en la même image, de gloire en gloire, comme par le
Seigneur en Esprit » (2 Cor. 3:18). Christ dans la gloire est, d’une part, le
modèle auquel nous devons être rendus conformes et, d’autre part, en le
contemplant, la puissance du Saint Esprit est le moyen par lequel s’opère cette
transformation. Que c’est simple ! Nous contemplons et sommes transformés
— transformés en la même image de gloire en gloire, — car il y a progrès, —
comme par le Seigneur en Esprit. Nous recevons l’empreinte de celui que nous
regardons, les rayons de la gloire qui resplendit de sa face sur nous,
pénètrent en nous et nous transforment moralement en l’image de notre Seigneur.
Mais nous avons une responsabilité. L’objet est devant nous ; nous sommes devant lui à face découverte, et c’est la puissance divine seule qui peut nous former à sa ressemblance ; mais il a plu au Seigneur de faire dépendre de notre contemplation, l’activité de cette puissance, par l’Esprit. Qui donc ne voudrait pas avoir les regards tournés en haut, cherchant à saisir tous les rayons de gloire qui émanent de l’objet que nous contemplons, désirant ardemment de croître dans la conformité avec lui ? Et voilà le secret pour croître dans la grâce, c’est la constante contemplation de Christ sur le trône du Père. Et n’oublions pas que ce que nous obtenons ainsi, n’est autre chose qu’une ressemblance croissante avec lui. Nous n’aurons la conformité complète, Jean nous l’apprend, que quand nous le verrons comme il est. Il n’y a donc pas de perfection ici-bas, puisque la mesure de la sainteté, c’est Christ dans la gloire, et qu’il ne se reposera pas jusqu’à ce que nous soyons parfaits comme lui. Puissions-nous avoir toujours les yeux fixés sur notre objet, afin que nous puissions croître chaque jour à la ressemblance de Celui auquel nous devons être rendus conformes !
Puisqu’il est l’objet de Dieu, il est aussi le nôtre : car notre communion est avec le Père, aussi bien qu’avec le Fils (1 Jean 1:3). Quand il était sur la terre, deux fois une voix vint du ciel, disant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ». Il était les délices de Dieu, et Dieu trouvait en lui son bon plaisir. Avant de quitter ce monde, il dit : « À cause de ceci le Père m’aime, c’est que moi je laisse ma vie, afin que je la reprenne » (Jean 10:17). Par l’oeuvre qu’il a accomplie sur la croix, y glorifiant Dieu quant à la question du péché, et posant le fondement sur lequel Dieu pouvait, sans forfaire à la justice, sauver le croyant et réconcilier toutes choses avec lui-même (Col. 1:20), il s’est acquis, pour ainsi dire, un nouveau droit sur Dieu. C’est pourquoi, avant de monter sur la croix, il dit, par anticipation : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même : et incontinent il le glorifiera » (Jean 13:31-32). Or Dieu l’a fait : et Christ, l’homme glorifié, est maintenant à la droite de Dieu, car Dieu prenait plaisir à reconnaître ainsi le droit que son Fils avait sur lui, et à marquer ainsi le prix qu’il attachait à l’oeuvre accomplie. C’est là qu’est assis Celui qui est l’objet du coeur de Dieu, aussi bien que le centre de la gloire, et Dieu se réjouit en Celui seul qui l’a honoré, qui l’a glorifié dans tous ses attributs : et il nous invite à participer à sa joie. Nous sommes appelés à partager avec Dieu ses pensées et ses affections au sujet de son Fils bien-aimé. Il suffit au coeur de Dieu : certes, il suffit aussi au nôtre : et si les yeux de Dieu le contemplent, nos regards peuvent bien aussi se concentrer sur lui.
Il est profitable pour tous, de considérer cet aspect de la vérité. Non seulement Christ est un Sauveur qui répond à tous nos besoins, mais il répond aussi au coeur de Dieu, — lui, l’homme selon le coeur de Dieu ; et Dieu veut que nous estimions et que nous appréciions comme lui, Celui qui a renoncé à tout pour la gloire de son Père « C’est pourquoi aussi Dieu l’a haut élevé et lui a donné un nom au-dessus de tout nom afin qu’au nom de Jésus se ploie tout genou des êtres célestes, et terrestres, et infernaux, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » (Phil. 2:9-11).
Or tout comme il est notre objet maintenant, il le sera durant l’éternité. Nous serons toujours avec le Seigneur. Lui-même sera avec nous, lui, l’Agneau qui a été immolé : alors, comme maintenant, cet Homme — car il ne déposera jamais l’humanité qu’il a une fois prise — remplira nos regards et nos coeurs sans partage. Quel immense champ pour l’étude et la contemplation que ses vertus infiniment variées ! Nous verrons sa face et ne serons jamais las d’admirer sa beauté ! Nous entendrons sa voix : oh ! comme nous serons suspendus à tout ce qui sortira de ses lèvres ! Tout ce que nous verrons et entendrons remplira nos coeurs de délices infinies, et notre joie à toujours sera de nous prosterner à ses pieds dans l’adoration et la louange. Seigneur, en attendant ce jour, détourne nos yeux de tout ce qui pourrait nous dérober ta vue, et que toi-même tu attires et occupes complètement tout notre être !
De la Divinité plénitude ineffable !
De puissance et d’amour trésor inépuisable !
Fils éternel
Gloire du ciel !
Ô Jésus, dans ta paix, ton Église chérie
T’adore et s’humilie !
Une des vérités qui nous sont les plus familières, c’est
que Christ a été pour nous un modèle pendant sa vie ici-bas. Plusieurs passages
le disent très clairement, et cette vérité se trouve renfermée dans presque
chaque livre du Nouveau Testament. Pierre, parlant des devoirs des serviteurs,
dirige leurs regards sur Christ qui, dit-il, « nous a laissé un modèle, afin que
nous suivions ses traces » (1 Pierre 2:21). C’est ainsi encore que l’apôtre Jean
dit : « Celui qui dit demeurer en lui, doit lui-même aussi marcher comme
lui a marché » (1 Jean 2:6). Et encore, dans l’épître aux Hébreux, après avoir
énuméré un grand nombre d’hommes de foi de l’ancienne alliance, l’auteur
continue ainsi : « C’est pourquoi, nous aussi, ayant une si grande nuée de
témoins qui nous entoure, rejetant tout fardeau et le péché qui nous enveloppe
si aisément, courons avec patience la course qui nous est proposée, fixant les
yeux sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi, lequel, à cause de la
joie qui lui était proposée, a enduré la croix, ayant méprisé la honte, et est
assis à la droite du trône de Dieu. Car considérez Celui qui a enduré une telle
contradiction de la part des pécheurs contre lui-même, afin que vous ne soyez
pas las, étant découragés dans vos âmes » (Héb. 12:13). Le sens de ce passage
est souvent faussé par les lecteurs superficiels, à cause de l’insertion du mot
notre,
faisant le Seigneur Jésus
l’auteur et le consommateur de notre foi. C’est perdre tout à fait
l’enseignement du Saint-Esprit. La vérité qui nous est présentée ici, c’est que
le Seigneur Jésus est un exemple parfait de foi ; que, comme homme, il est
notre exemple dans la vie de la foi. C’est ce que l’on comprendrait plus vite,
si l’on considérait ces deux termes, le chef (archgon) et le consommateur (teleiwthn) de la foi, c’est-à-dire celui qui conduit dans le
chemin de la foi, qui commence et marche à la tête, et qui le complète ;
tout le long du chemin, depuis le commencement à la fin, il est le parfait
exemple de la foi, comme il est l’homme obéissant et dépendant. C’est pourquoi
nos yeux doivent toujours être fixés sur lui, regarder à Jésus, considérer son
exemple, afin d’être soutenus en marchant sur ses traces. Notre Seigneur a
souvent présenté la même vérité. Elle est renfermée dans tous les passages où
il parle de ce qui est requis des disciples. Par exemple : « Si quelqu’un
veut venir après moi, qu’il se renonce soi-même, et qu’il prenne sa croix, et
me suive » (Matt. 16:24). Il est vrai que la pensée dominante ici, c’est la
condition pour être ses disciples ; mais le suivre, qu’est-ce autre chose
que, dans l’obéissance à sa parole, le reconnaître comme son Seigneur et
marcher sur ses traces ?
Il est donc parfaitement clair que notre bien-aimé Seigneur, dans sa vie terrestre, est pour nous un modèle ; et nous désirons étudier ce sujet, non seulement pour en faire comprendre l’importance, mais pour montrer sur quoi il repose et le moyen de le réaliser dans la vie pratique.
Tout ceci repose sur le fait qu’il fut véritablement homme ici-bas. Avant son incarnation, il s’était présenté à Dieu en disant : « Voici, je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté » (Hébr. 10:7). Et c’est la note dominante dans toute sa vie, venant, non pas pour faire sa volonté, mais la volonté de Celui qui l’a envoyé (Jean 6:38). C’est ce qu’il a fait parfaitement et sans interruption, de Bethléem au Calvaire. Ses pensées, ses sentiments, ses actes, tout en lui était conforme à la volonté de Dieu. Pour la première fois, depuis la chute, Dieu trouva la vérité au-dedans d’un homme, de Celui qui seul répondit à tout ce qu’il demandait, de sorte que Dieu pouvait se reposer en lui en faisant de lui ses délices. Quelle joie pour le coeur de Dieu de pouvoir regarder en bas sur cette scène, où tous avaient manqué et s’étaient fourvoyés, où nul n’était bon, non pas même un seul, de voir Christ au milieu de difficultés inouïes, exposé à toute la malice des hommes et de Satan, répondant toujours en perfection à ses désirs, et de le contempler, glorifiant Dieu sur la terre dans toutes les circonstances et tout le long de sa vie ! En lui donc, à la fin, Dieu a trouvé l’homme qui fut absolument en toutes choses selon son coeur, qui seul a réalisé ses propres pensées et répondu à l’idéal de son propre Esprit — L’HOMME PARFAIT. Dans toutes les circonstances : dans ce qu’il fut à l’égard de Dieu et à l’égard de l’homme ; dans ce qu’il fut en présence des amis ou des ennemis ; dans les peines, les persécutions, ou les tentations ; dans toutes les situations possibles, soit en particulier, soit en public, en toutes choses en un mot, dans toutes les manifestations de sa vie ici-bas, il fut notre modèle ; car tout était pour lui une occasion de manifester ce qu’il était comme homme obéissant et dépendant ; c’est pourquoi il révéla ce que Dieu attend de tous ceux qui sont siens. Si donc je désire savoir ce que Dieu veut que je sois, je dois regarder à Christ et suivre ses pas dans son sentier à travers ce monde.
Admettant donc cette vérité que Christ est notre modèle, il est important de bien distinguer à quelle classe il s’adresse. Une méprise ici serait fatale, et a été une cause de naufrage pour bien des âmes. Les Unitariens, par exemple, font consister tout le devoir de l’homme dans l’imitation de la vie de Christ. La réaliser, disent-ils, c’est le sur moyen d’arriver dans une éternité bienheureuse ; et bien des livres, l’Imitation de Jésus-Christ, de Thomas a Kempis, entre autres, reposent plus ou moins sur le même principe, qu’il est possible à l’homme naturel de marcher sur les traces du Seigneur Jésus. Nous avons à peine besoin de dire qu’une pareille doctrine ignore tout ce qui concerne les relations de l’homme avec Dieu, aussi bien que la question du péché et de la corruption de l’homme par la chute d’Adam. Ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu (Rom. 8:8). Voilà la déclaration que quelques-uns ignorent, ou à laquelle ils ne croient pas, et cela à leur propre perdition. Quelle présomption pour un pécheur sous la condamnation, éloigné de Dieu, ennemi de Dieu par sa nature (Rom. 8:7), de se croire capable de marcher sur les traces du Saint de Dieu ! Cela nous montre le pouvoir de Satan, pour tromper et entraîner à leur ruine les hommes qui lui prêtent l’oreille. C’est ainsi qu’il induisit Pharaon et ses armées à croire qu’ils pourraient suivre Israël à travers la mer Rouge, et tous également tombèrent comme du plomb dans les eaux profondes. Il en est de même maintenant : Satan pousse les hommes à s’imaginer que, par leurs efforts, ils peuvent imiter Christ et arriver enfin à une justice qui supporte la présence de Dieu, et trompés ainsi, ils périssent pour toujours. Il est donc bien important d’indiquer exactement les caractères qui sont nécessaires pour suivre l’exemple de Christ.
Avant tout, il faut que nous ayons la même nature.
Christ est devenu homme ; c’est un dogme fondamental du christianisme.
Quand l’accomplissement des temps est venu, Dieu a envoyé son Fils, né de
femme, etc. (Gal. 4:4). Il est né dans ce monde aussi bien que nous ; mais
il ne faut jamais oublier les paroles que l’ange dit à Marie : « L’Esprit
Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-haut te couvrira de son
ombre ; c’est
pourquoi aussi la sainte chose qui naîtra
sera appelée Fils de Dieu
» (Luc 1:35 ; Matt. 1:18-20). Christ, sans
doute, a eu part à la chair et au sang (Hébr. 2:14), et fut en conséquence vrai
homme aussi bien que vrai Dieu, mais on ne peut pas dire qu’il prit notre nature,
qu’il devint os de nos os
et chair de notre chair. Ce serait dire qu’il avait une nature
pécheresse ; comment ainsi pourrait-il être l’Agneau de Dieu, l’Agneau
sans défaut et sans tache ? Ce serait miner les fondements de l’expiation
et, en conséquence, du christianisme. Non ; il fut toujours saint,
innocent, sans souillure, séparé des pécheurs (Hébr. 7:26), tandis que, par
nature, nous étions enfants de colère.
Comment nous serait-il donc possible, à nous, dans la chair desquels il n’y a rien de bon, d’imiter la vie de Celui qui fut absolument saint ? Le léopard ne peut pas changer ses taches ni l’Ethiopien sa peau, pas plus que l’homme naturel le caractère de la chair dans laquelle il est né. Il faut donc, tout d’abord, être né de nouveau, comme le Seigneur lui-même le dit à Nicodème : « En vérité, en vérité, je te dis : Si quelqu’un n’est né d’eau et de l’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair, est chair ; et ce qui est né de l’Esprit, est esprit. Ne t’étonne pas de ce que je t’ai dit : Il vous faut être nés de nouveau » (Jean 3:5-7). Donc, jusqu’à ce que nous soyons nés de nouveau par la foi au Seigneur Jésus, par la puissance du Saint-Esprit, nous ne pouvons suivre Christ. Soyons bien au clair sur ce point ; car parler autrement, ce serait séduire les âmes et les mettre en péril. Si nous n’avons pas la même nature, il ne peut y avoir de similitude dans la vie. Il peut exister une ressemblance extérieure entre l’action d’un homme naturel et une action de Christ mais cela ne constitue pas aux yeux de Dieu une imitation de son exemple. Pour cela, il faut que la nature des deux actions dans leur motif, leur caractère et leur but, soit la même. Nous pouvons attacher des roses à un groseillier, mais elles ne sont pas pour cela produites par cet arbrisseau. Ainsi en est-il des actions ; pour être celles de Christ, elles doivent être produites (elles ne peuvent absolument pas l’être autrement) par ceux qui ont une nouvelle nature, une nature comme la sienne. En d’autres termes, nous devons être comme Christ (quant à la nature) avant de pouvoir l’imiter.
Ce n’est pas assez d’avoir la nature, il faut encore la puissance. La nouvelle nature seule, considérée dans le croyant, a pour caractère la faiblesse même ; c’est pourquoi je puis réellement être né de nouveau, être un enfant de Dieu, et cependant être absolument incapable de faire un seul pas pour suivre Christ. C’est ce que nous voyons en Romains 7. Celui dont le cas y est dépeint, dit : « Ce n’est pas ce que je veux, que je fais ; mais ce que je hais, je le pratique » (Rom. 7:15). Quelle confession ! Et cependant il nous est dit qu’il prend plaisir à la loi de Dieu, selon 1’homme intérieur (Rom. 7:22), montrant ainsi qu’il avait une nouvelle nature, qu’il était né de nouveau. Ce qui lui manquait donc encore, c’était la puissance. Et comment pouvait-il l’obtenir ? La chose indispensable avant tout, pour cela, c’était la délivrance, c’est-à-dire de savoir que le péché avait été jugé, que les coupables étaient graciés aussi bien que la peine du péché ôtée, que, par la mort et la résurrection de Christ, il était sorti de sa condition adamique pour entrer dans une nouvelle position en Christ, de sorte que, ayant l’Esprit de Dieu demeurant en lui, il n’était plus dans la chair mais dans l’Esprit (Rom. 8:9). L’Esprit demeurant en nous est la seule puissance qui nous rende capables d’imiter Christ. Et c’était aussi la puissance de Christ. « Jésus étant plein de l’Esprit Saint », lisons-nous dans Luc, « s’en retourna du Jourdain et fut mené par l’Esprit dans le désert… Et il retourna en Galilée dans la puissance de l’Esprit » (Luc 4:1-14). Lui-même dit : « Si je chasse les démons par l’Esprit de Dieu… » (Matt. 12:28), et Pierre, parlant du Seigneur, dit : « Comment Dieu a oint Jésus de l’Esprit Saint et de puissance, lui qui a passé de lieu en lieu, faisant du bien, et guérissant tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance ; car Dieu était avec lui » (Act. 10:38). À moins donc que nous n’ayons le Saint-Esprit, nous sommes sans force pour marcher comme Christ a marché ; car la nature, comme nous l’avons vu, et même la nouvelle nature laissée à elle-même, est incapable de le suivre.
Il y a une autre condition. Je puis être né de nouveau, avoir l’Esprit de Dieu, et cependant n’être pas imitateur de Christ. J’ai tout ce qu’il faut pour cela, mais l’Esprit de Dieu n’agit pas nécessairement par le fait qu’il habite en moi. Tout croyant porte avec lui un grand obstacle, c’est la chair, la vieille nature ; car, quoiqu’elle ait été jugée dans la mort de Christ, et que, par conséquent, judiciairement Dieu ne la voie plus, elle est encore en nous, en opposition avec les désirs et les aspirations du nouvel homme. Satan le sait, et, si nous ne sommes pas vigilants, trouve là le moyen d’empêcher nos progrès et même de nous faire tomber. Paul dit à ce sujet : « Marchez par l’Esprit, et vous n’accomplirez point la convoitise de la chair. Car la chair convoite contre l’Esprit, et l’Esprit contre la chair ; et ces choses sont opposées l’une à l’autre, afin que vous ne pratiquiez pas les choses que vous voudriez » (Gal. 5:16-17). La chair et l’Esprit sont donc continuellement en opposition, et l’un cherche toujours à empêcher l’autre. Quand la chair veut agir, l’Esprit fait opposition ; et quand l’Esprit voudrait agir, la chair entrave. Ainsi l’un cherche toujours à annuler la volonté de l’autre, afin que, soit l’un soit l’autre, n’obtienne pas ce qu’il désire. Il se peut donc, quoique je sois qualifié, comme je l’ai déjà dit, pour imiter l’exemple de Jésus, que j’en sois dans le fait empêché, et il en doit être ainsi si je permets à la chair de se montrer.
Une condition, c’est donc que nous ne laissions pas la chair agir, mais qu’elle soit tenue à la place où Dieu l’a mise — sous le jugement, dans la mort de la croix. C’est pourquoi Paul dit : « Si vous vivez selon la chair, vous mourrez ; mais si, par l’Esprit, vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez. Car tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu » (Rom. 8:13-14). Un autre passage achèvera de rendre le sujet parfaitement clair : « Portant toujours, partout, dans le corps la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps » (2 Cor. 4:10). La chair donc, c’est-à-dire tout ce qui est de la vieille nature, doit être maintenue, sous le pouvoir de la mort, sous la constante application de la croix, de la mort de Jésus. C’est l’Esprit de Dieu qui nous donne l’énergie nécessaire, pour que rien de ce qui est nous-mêmes, la mauvaise nature ou la chair, ne se montre, mais uniquement la vie de Jésus. Car c’est seulement quand le moi est jugé, que nous pouvons manifester cette vie ; et, dans la proportion où la chair se montre, cette manifestation est perdue ou affaiblie. Il faut donc accepter de mourir, si nous voulons imiter Christ. C’est ce qu’il dit lui-même : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il se renonce soi-même, et qu’il prenne sa croix, et me suive » (Matt. 16:24). Il faut que le moi soit abandonné, et la croix, la mort, acceptée, avant que nous puissions suivre Jésus. Puissions-nous recevoir cet enseignement !
Nos yeux doivent aussi être fixés sur Christ, et sur
Christ là où il est. Nous pourrions avoir tous les caractères dont nous avons
déjà parlé, et aller au-devant d’une chute certaine, si nos yeux ne sont pas
fixés sur Christ. Prenons l’exemple si connu de Pierre marchant sur la mer.
Quand il vit Jésus marchant sur l’eau : « Seigneur, lui dit-il, si c’est
toi, commande-moi d’aller à toi sur les eaux. Et il dit : Viens. Et
Pierre, étant descendu de la nacelle, marcha sur les eaux pour aller à Jésus.
Mais voyant que le vent était fort, il eut peur ; et comme il commençait à
enfoncer, il s’écria, disant : Seigneur sauve-moi » (Matt. 14:25-31).
Au commencement, Pierre marchait sur
l’eau, comme le Seigneur lui-même ; mais du moment où ses yeux cessèrent
de regarder Christ, pour se porter sur les difficultés au milieu desquelles il
se trouvait, il commença à enfoncer.
Il en est ainsi de nous. Nous ne pouvons pas suivre l’exemple de Christ, si nos yeux ne sont pas fixés sur Lui. Mais, nous l’avons dit, c’est à Christ, là où il est maintenant, que nous devons regarder, et non là où il a été une fois. Pierre, naturellement, regardait à un Christ vivant qui était devant ses yeux ; et nous, c’est aussi à un Christ vivant que nous regardons, mais à un Christ vivant, assis maintenant dans la gloire à la droite de Dieu. Expliquons-nous. Paul dit : « Or nous tous, contemplant, à face découverte, la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit » (2 Cor. 3:18). Nous recevons donc ici cet enseignement, comme nous l’avons vu déjà dans le dernier chapitre, que pour croître et être transformés peu à peu à l’image de Christ, il faut que nos yeux soient fixés sur lui, sur la gloire du Seigneur. Nous regardons par la foi, et les rayons de cette gloire, tombant sur nos âmes, nous transforment moralement et par l’oeuvre du Saint-Esprit, en l’image de Celui que nous regardons. Ici se présente un autre point à remarquer. C’est seulement en étant occupés ainsi, que nous recevons la puissance pour porter toujours, partout, dans le corps la mort de Jésus (2 Cor. 4:10). Nous atteignons par là deux choses : nous croissons à la ressemblance de Christ, et nous tenons la chair sous la puissance de la mort. Christ est ainsi nécessairement manifesté ; en d’autres termes, nous suivons son exemple. Car l’imitation de Christ doit venir du dedans et non du dehors. Suivant le principe établi plus haut, nous devons être comme Christ, avant de pouvoir l’imiter ; c’est pourquoi la conformité à sa volonté dans notre marche, dépend du degré de notre ressemblance avec lui.
Si l’on se souvenait de cela, on s’éviterait bien des déceptions et des méprises. Car on verrait alors que, marcher comme Christ a marché, n’est le résultat d’aucun effort que nous puissions faire, mais que cette marche doit, découler de ce que nous sommes. Comme cela ressort admirablement de l’histoire du martyre d’Étienne ! « Mais lui, étant plein de l’Esprit Saint, et ayant les yeux attachés sur le ciel, vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu ; et il dit : Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu » (Actes 7:55-56). C’est ainsi que cette scène nous est racontée ; mais son témoignage ne fit qu’exciter la fureur de ses persécuteurs : « Et criant à haute voix, ils bouchèrent leurs oreilles, et d’un commun accord ils se jetèrent sur lui. Et l’ayant poussé hors de la ville, ils le lapidèrent… Et ils lapidaient Étienne qui priait et disait : Seigneur Jésus, reçois mon esprit. Et s’étant mis à genoux, il cria à haute voix : Seigneur, ne leur impute point ce péché. Et quand il eut dit cela, il s’endormit » (Actes 7:57-60). Maintenant, si nous comparons ce récit avec celui de la mort de Jésus tel qu’il nous est fait dans Luc, nous trouverons de remarquables rapports entre ces deux scènes. Christ aussi prononça deux invocations. Quand il était sur la croix, il s’écria : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » et aussi : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit » (Luc 23:34, 46). À ne considérer même les choses que superficiellement, on est frappé de cette ressemblance. Pourquoi Étienne marcha-t-il si exactement sur les traces de son Seigneur ? Était-ce parce qu’il avait appris que le Seigneur avait prononcé de telles paroles, et qu’il voulait suivre son exemple ? Ç’aurait été une imitation de nulle valeur, ou plutôt une véritable contrefaçon. Non ; il était absorbé dans la contemplation de la gloire du Seigneur, et il en résultait qu’il était transformé à son image, et ainsi il s’exprimait nécessairement de la même manière. Voilà le secret de toute conformité à Christ dans notre marche. Si nous regardons à ce que Christ fut ici-bas, et que nous disions : Il a fait ceci ou cela, et que nous voulions en conséquence faire la même chose, nous nous exposerons à des chutes. Mais si nous avons les yeux en haut, fixés sur Jésus là où il est maintenant, nous porterons partout avec nous la mort de Jésus dans nos corps ; l’Esprit de Dieu n’est pas contristé, et rien ne l’empêche d’agir au dedans de nous comme puissance de transformation, et il nous conduira nécessairement sur les traces de notre grand Modèle, parce que son sentier a été celui de l’homme parfait.
Il en est de même dans le domaine naturel. Supposez qu’un artiste veuille reproduire un des grands chefs-d’oeuvre de la peinture, comment commencera-t-il ? Ira-t-il se mettre dès l’abord à copier le tableau ? Point du tout ; son premier soin sera de l’étudier pour en imprégner son esprit ; et alors, quand il a saisi la pensée, la forme et le coloris de son modèle, il peut le reproduire. C’est ce qui faisait dire à Milton : « Celui qui veut écrire un poème héroïque, doit d’abord vivre comme un héros ». Voilà le vrai principe pour réaliser l’imitation de Christ ; plus nous serons occupés de lui dans la gloire, plus nous reproduirons fidèlement sa vie dans notre marche.
Mais on me dira : Ne devons-nous pas imiter la vie de Jésus ici-bas ? Certainement ; car quelle plus grande joie pour le croyant que celle de le suivre dans sa carrière terrestre, d’étudier tous les détails qui nous en sont rapportés, d’écouter ses paroles, de le suivre dans toutes ses circonstances, de remarquer comment il se conduisait avec ses amis et ses ennemis, de le voir dans la retraite, dans ses rapports avec ses disciples, surtout avec ceux qu’il pouvait admettre dans son intimité, de nous trouver avec lui dans cette bienheureuse famille de Béthanie ! Voilà autant de choses auxquelles il nous sera toujours doux de penser, peut-être même dans la gloire. Mais ce n’est pas ainsi que nous sommes rendus capables de marcher sur ses traces ; cela ne peut être obtenu qu’en le contemplant par la foi là où il est maintenant, à la droite de Dieu. Nous nous nourrirons de lui (comme cela a été développé dans un autre chapitre), tel qu’il fut ici-bas ; car la manne représente un Christ abaissé, un Christ au milieu de toutes les circonstances de sa vie terrestre. Il est infiniment doux pour nous de faire descendre Christ dans notre vie de tous les jours, de jouir de sa grâce, de sa tendresse, de sa sympathie, en suivant son exemple. Mais quelque précieux que tout cela soit pour nous, nous répétons que, si nous voulons marcher comme il a marché, nous ne le pouvons qu’en étant occupés de Lui dans la gloire.
Il ne faut pas oublier certains usages que nous pouvons apprendre de cette contemplation de Christ comme notre modèle. Son exemple est notre mesure, et rien ne peut donc être plus avantageux pour nous que de nous mesurer par ce modèle, pour découvrir nos défauts et nos manquements. C’est à ce sujet que Pierre, exhortant les serviteurs à endurer patiemment les souffrances qu’ils éprouvent en faisant le bien, ajoute ces mots « Vous avez été appelés à cela ; car Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un modèle, afin que vous suiviez ses traces, lui qui n’a pas commis de péché, et dans la bouche duquel il n’a pas été trouvé de fraude ; qui, lorsqu’on lui disait des outrages, ne rendait pas d’outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas, mais se soumettait à celui qui juge justement ; lequel lui-même a porté nos péchés en son corps sur le bois, afin qu’étant morts aux péchés, nous vivions à la justice, et par la meurtrissure duquel vous avez été guéris » (1 Pierre 2:21-24). L’apôtre leur présente ici Christ comme leur modèle, afin qu’ils puissent voir à cette lumière en quoi ils manquent, et être encouragés à marcher sur ses traces.
L’auteur de l’épître aux Hébreux introduit de la même
manière cette pensée, comme un encouragement propre à soutenir ceux qui
pouvaient avoir à souffrir de la persécution ; car, après les avoir
exhortés à courir la course qui est devant eux, fixant les yeux sur Jésus, le
chef et le consommateur de la foi, lequel à cause de la joie qui était devant
lui, a enduré la croix, ayant méprisé la honte, et s’est assis à la droite du
trône de Dieu, il dit : « Car considérez celui qui a enduré une telle
contradiction de la part des pécheurs contre lui-même, afin que vous ne soyez
pas las, en étant découragés dans vos âmes. Car vous n’avez pas encore résisté
jusqu’au sang en combattant contre le péché » (Hébr. 12:3-4). Ce mot considérez
a une force particulière dans
ce passage ; il signifie établir une analogie, faire une comparaison entre
Christ et vous-mêmes. Vous pouvez être presque accablés sous le poids de vos
épreuves et des persécutions ; mais comparez vos circonstances avec les
siennes ; suivez-le dans sa course, et contemplez-le à la fin mourant
comme un martyr (car c’est bien là l’aspect de sa mort que ce passage nous
présente) pour la cause de la justice. Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au
sang (comme il l’a fait) ; vous n’avez pas encore été martyrs, en combattant
contre le péché. Que son exemple vous encourage donc et vous fortifie !
apprenez de lui à souffrir et à être fidèles, même jusqu’à la mort.
Le Seigneur a donné le même genre d’instructions à ses disciples. Il leur rappelle que si le monde les haïssait, il l’avait haï avant eux ; « s’ils m’ont persécuté, leur dit-il, ils vous persécuteront aussi ; s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre » (Jean 15:18-20). Le sentier du disciple est celui de son Seigneur ; c’est pourquoi son exemple doit être notre modèle et notre mesure. Mais répétons une fois de plus que, si nous ne pouvons trop souvent et avec trop de soin suivre notre bien-aimé Sauveur dans sa course à travers le monde, pour apprendre ce que doit être notre marche, pour reconnaître nos manquements, et pour y puiser encouragement et consolation, c’est seulement en ayant les yeux fixés sur lui là où il est maintenant, que nous pourrons marcher sur ses traces. Puisse-t-il toujours absorber nos regards, afin que nous puissions aussi refléter son image dans notre marche et dans nos voies !
Il est aussi intéressant que profitable pour nous, d’étudier les voies de Dieu à l’égard de ce monde. À moins que nous n’ayons l’intelligence de la vérité dispensationnelle, telle qu’elle s’y montre, il nous est impossible de comprendre le passé, le présent, ou l’avenir, — la dispensation de la loi, la nature du christianisme, et le millénium. C’est dans l’épître aux Éphésiens, que nous trouvons pleinement développés les conseils de Dieu quant à la dispensation actuelle, ou plutôt, quant à la place qu’il a donnée dans la souveraineté de sa grâce à ceux qui croient dans le Christ Jésus. Quelques-unes des différences qui séparent les juifs des gentils, sont aussi indiquées, mais seulement pour rappeler qu’elles sont complètement abolies dans la dispensation actuelle. C’est en rapport avec ce fait que Christ est appelé notre paix, parce que des deux, — c’est-à-dire Juifs et gentils, — il en a fait un, ayant détruit le mur mitoyen de clôture (Éph. 2:14). C’est pourquoi, si nous voulons comprendre tout le sens de cette déclaration, nous devons considérer ce qui caractérise cette épître.
Dans le premier chapitre, v. 4-14, sont exposés les
conseils de Dieu pour la bénédiction des saints individuellement ; et
ensuite, relativement à la suprématie universelle de Christ. Nous sommes bénis
de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ (en
opposition avec Israël, dont les bénédictions étaient temporelles et
terrestres) ; « selon qu’il (le Dieu et Père de notre Seigneur
Jésus-Christ) nous a élus en lui avant la fondation du monde, pour que nous
fussions saints et irréprochables devant lui en amour, nous ayant prédestinés
pour nous adopter pour lui par Jésus-Christ, selon le bon plaisir de sa volonté,
à la louange de la gloire de sa grâce, dans laquelle il nous a rendus agréables
dans le Bien-aimé » (Éph. 1:3-6). Ensuite, il nous est dit que Dieu nous a « fait
connaître le mystère de sa volonté, selon son bon plaisir, lequel il s’est
proposé en lui-même, pour l’administration de la plénitude des temps, savoir de
réunir en un toutes choses dans le Christ, tant les choses qui sont dans les
cieux que celles qui sont sur la terre » (Éph. 1:9-10). Puis nous avons une
distinction qui est souvent répétée dans la suite : « En qui nous avons
aussi été faits héritiers,… afin que nous
soyons à la louange de sa
gloire, nous
qui avons espéré à l’avance dans le Christ, en qui vous
aussi vous avez espéré, etc. » (Éph.
1:11-13). Le nous et le vous sont caractéristiques ; le premier se
rapporte aux Juifs qui avaient cru, et le dernier aux gentils. Car, après avoir
rappelé aux gentils croyants que, en Christ, après qu’ils avaient cru, ils
étaient aussi scellés du Saint-Esprit de la promesse, il dit : (Le Saint-Esprit)
« qui est les arrhes de notre héritage » (ici Juifs et gentils ensemble), etc.
Nous avons ici, dans ce passage, dans cette courte déclaration des conseils de Dieu, les traits essentiels de la dispensation actuelle, — la réunion des Juifs et des gentils, — toutes leurs distinctions nationales effacées en Christ. Cette vérité conduit l’apôtre à une prière, dans laquelle il parle de Christ, comme exalté à la droite de Dieu dans les hauts lieux. Il nous montre Christ ressuscité d’entre les morts, selon l’opération de la puissance de la force de Dieu ; « et il l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute principauté, et autorité, et puissance, et domination, et au-dessus de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce siècle, mais aussi dans celui qui est à venir. Et il a assujetti toutes choses sous ses pieds, et l’a donné pour être chef sur toutes choses à l’Église, qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous » (Éph. 1:19-23).
Si la première partie du chapitre nous a parlé des
conseils de Dieu au sujet des croyants individuellement, quant à la place qu’il
veut leur faire occuper près de lui et avec lui, la dernière traite de ses
conseils, relativement à Christ comme chef du corps, et de la place occupée par
le corps uni avec lui. Car l’apôtre ne nous a pas plus tôt montré notre chef
dans les lieux très-hauts, que, dans le chapitre suivant, il nous enseigne
comment les croyants sont unis à Christ glorifié. Mais avant de le faire, parce
que c’est le conseil souverain de Dieu, et pour célébrer sa grâce et son amour,
pour montrer que Dieu agissait selon son propre coeur, selon ce qu’il est en
lui-même, et selon sa volonté souveraine, il dépeint la condition passée des
gentils et des Juifs. Rien de plus frappant que la manière dont il commence
cette partie de son sujet. Il venait de parler de l’Église comme corps de
Christ, la plénitude de Celui qui remplit tout en tous. Telle est l’Église, vue
selon la perfection des conseils de Dieu ; mais elle est composée de ceux qui,
une fois, étaient Juifs et gentils, et elle existe à présent sur la terre.
Aussi, descendant de la tête aux membres, il parle ainsi : « Et vous
(gentils), lorsque vous étiez morts dans vos fautes et dans vos péchés, dans
lesquels vous avez marché autrefois, selon le train de ce monde, selon le
prince de l’autorité de l’air, de l’esprit qui opère maintenant dans les fils
de la désobéissance ; parmi lesquels, nous
aussi, nous avons tous
(Juifs aussi
bien que gentils) conversé autrefois dans les convoitises de notre chair,
accomplissant les volontés de la chair et des pensées ; et nous étions par
nature des enfants de colère comme aussi les autres » (Éph. 2:1-3).
Telle est la peinture de la condition passée des membres du corps de Christ, — peinture si sombre, qu’elle n’est pas relevée par un seul rayon de lumière. Morts dans vos fautes et dans vos péchés, sans une seule pensée, un seul désir, un seul élan vers Dieu, car ce qui régnait, c’était la solitude et le silence effrayant de la mort. Mais c’étaient des hommes vivant sur la terre, et leur marche ici-bas est décrite en ces termes : « Vous avez marché selon le train de ce monde, selon le chef de l’autorité de l’air, … accomplissant les volontés de la chair » (Éph. 2:2-3). Tel est l’homme ! Aussi est-il ajouté, — et comment nous en étonner ? — que nous étions par nature des enfants de colère (Éph. 2:3). Certainement, il nous est bon d’étudier cette description pour apprendre ce que nous étions, ce que l’homme est, et ce que nous méritions. Il n’y a pas une seule chose dont nous puissions répondre devant Dieu. Nous étions entièrement corrompus et sous la puissance du péché, de Satan et de la mort.
Mais que s’est-il passé pour que ceux dont la misérable condition est ainsi décrite, en aient été tirés pour être associés à un Christ glorifié ? Les versets suivants nous donnent la réponse : « Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause de son grand amour dont il nous a aimés, alors même que nous étions morts dans nos fautes, nous a vivifiés ensemble avec le Christ (vous êtes sauvés par la grâce), et nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus, etc. » (Éph. 2:4-6). C’était Dieu qui agissait selon ce qu’il était, riche en miséricorde, qui intervenait au milieu de notre condition misérable et sans ressource ; et il intervenait, comme le montre le premier chapitre, selon ses conseils éternels, et comme nous le lisons ici, à cause du grand amour dont il nous a aimés. Nous voyons ainsi, que la source de toutes nos bénédictions est le coeur de Dieu ; et ce n’est que dans la rédemption que nous pouvons le voir pleinement révélé. Dieu entra en scène à cause de ce qu’il était comme Dieu ; et (remarquons le contraste) « alors même que nous étions morts dans nos fautes », il a voulu nous rappeler qu’il n’y avait rien que du mal en nous, et rien que du bien en lui.
Dieu donc, mû par son propre coeur, selon sa propre
nature, quand nous étions dans une telle condition, nous a vivifiés ensemble
avec Christ. Christ, donc, a dû mourir. Et c’est ce qui a fait que Dieu a pu
agir en miséricorde et en amour envers nous ; car, jusqu’à ce qu’il eût
été glorifié sur la croix par la mort de Christ, dans tous ses attributs, il ne
pouvait se révéler comme un Dieu de grâce et d’amour. Mais il y a un trait
particulier à remarquer, en rapport avec Christ, tel qu’il nous est présenté
ici. Ce n’est pas un Christ mourant, c’est un Christ mort que nous avons devant
nous. De même, dans le premier chapitre, le pouvoir dont il est question était
manifesté en Christ, quand Dieu le ressuscita d’entre les morts.
Nous ne le voyons pas, dans les Éphésiens,
descendant dans la mort, mais nous le voyons mort. Et c’est un des caractères
principaux de cette épître. Juifs et gentils, également, sont vus, non pas vivant
dans leurs péchés, comme dans les Romains, mais morts ; et alors nous
avons ce miracle de grâce, Christ descendant dans leur condition, couché parmi
les morts au même rang qu’eux ; car, puisque nous sommes ici sur le
terrain de la nouvelle création, tout recommence. Et c’est au moment où l’on
voit Christ mort, et les Juifs et les gentils aussi morts (mais dans leurs
péchés), que Dieu, dans son infinie miséricorde et à cause de son grand amour
dont il nous a aimés, entre en scène et nous vivifie (Juifs et gentils ensemble
avec Christ. L’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons,
est, par conséquent, « selon l’opération de la puissance de sa force qu’il a
opérée dans le Christ, en le ressuscitant d’entre les morts, et il l’a fait asseoir
à sa droite dans les lieux célestes, etc. » (Éph. 1:19-20). Car le corps est
déjà regardé comme complet, parce qu’il est le fruit des conseils de
Dieu ; c’est pourquoi, chaque membre du corps est considéré comme ayant
été vivifié avec Christ et en même temps que lui. Christ lui-même est venu
d’abord, et est entré dans notre condition mortelle. Sa mort a ôté toutes les
barrières qui s’opposaient à l’accomplissement des conseils de Dieu, en a posé
le fondement, a mis son coeur en quelque sorte en liberté d’agir, et
immédiatement eut lieu cette merveilleuse manifestation du pouvoir divin, qui
agit au milieu de la scène où Christ se trouvait avec les membres de son corps,
pour le tirer de la mort, et le faire asseoir à la droite de Dieu dans les
lieux célestes, au-dessus de toute principauté et autorité et puissance, et
domination, et de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce siècle, mais
aussi dans celui qui est à venir ; et ce même pouvoir nous a vivifiés
ensemble avec Christ.
Mais il y a plus. L’apôtre, avant d’aller plus loin, nous rappelle que c’est par grâce que nous sommes sauvés ; par rien d’autre, assurément, que la pure et souveraine grâce ; mais il veut que cette connaissance produise dans nos coeurs des actions de grâce à Dieu. Il ajoute alors : « Et il nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble (Juifs et gentils) dans les lieux célestes, dans le Christ Jésus ». Ainsi, le pouvoir qui nous a vivifiés ensemble avec Christ, nous a ressuscités ensemble, nous a transportés en haut, et nous a fait asseoir dans le Christ Jésus, dans les lieux célestes, et cela maintenant, tandis que, quant à nos corps, nous sommes encore sur la terre ; tout cela, « afin qu’il montrât, dans les siècles à venir, les immenses richesses de sa grâce, dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus » (Éph. 2:7). De pauvres pécheurs, d’entre les gentils et d’entre les Juifs, désobéissants et contredisants, sont placés dans la position où est Christ, par le pouvoir qui l’a ressuscité d’entre les morts, et l’a mis à la droite de Dieu, pour montrer dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce. Une Marie Madeleine, un brigand crucifié, compagnons du Fils de Dieu dans la gloire, seront de vivants témoignages de cette grâce.
Après nous avoir ainsi montré l’accomplissement des conseils de Dieu, et nous avoir révélé les perfections de la nouvelle création, dans laquelle nous sommes introduits déjà maintenant, en tant qu’unis à Christ, comme il écrit à des gentils, il leur rappelle leur condition passée et les moyens par lesquels ils ont été amenés à la jouissance de leurs magnifiques et précieux privilèges, aussi bien que de la position qu’ils occupent sur la terre avec les croyants juifs. « C’est pourquoi, dit-il, souvenez-vous qu’autrefois vous, les nations dans la chair, qui étiez appelés incirconcision, par ce qui est appelé la circoncision faite de main dans la chair, vous étiez en ce temps-là sans Christ, sans droit de cité en Israël, et étrangers aux alliances de la promesse, n’ayant pas d’espérance, et étant sans Dieu dans le monde » (Éph. 2:11-12). Telle était leur condition comme gentils, en opposition avec celle d’Israël ; car tandis que, comme le montre le commencement du chapitre, ils étaient par nature enfants de colère aussi bien que les gentils, cependant, comme peuple sur la terre, élu selon la volonté souveraine de Dieu, ils avaient des avantages (Rom. 3:2 ; 9:4-5), auxquels les gentils n’avaient ni titre, ni droit. « C’est pourquoi, vous (les gentils) étiez sans Christ » Le Messie, comme tel, ne fut jamais promis aux gentils ; ils étaient sans droit de cité en Israël, et ainsi étrangers à ses privilèges et à ses bénédictions. « Mais maintenant, continue Paul, dans le Christ Jésus, vous qui étiez autrefois loin (manière ordinaire de désigner les gentils, Actes 2:39), vous avez été approchés par le sang du Christ. Car c’est lui qui est NOTRE PAIX, qui des deux en a fait un, et a détruit le mur mitoyen de clôture, ayant aboli dans sa chair l’inimitié, la loi des commandements qui consiste en ordonnances, afin qu’il créât les deux (Juifs et gentils) en lui-même, pour être un seul homme nouveau, en faisant la paix ; et qu’il les réconciliât tous les deux en un seul corps à Dieu par la croix, ayant tué par elle l’inimitié. Et il est venu, et a annoncé la bonne nouvelle de la paix à vous, qui étiez loin (les gentils), et la bonne nouvelle de la paix à ceux qui étaient près (les Juifs) » (Éph. 2:13-17).
Avant tout, c’est une chose frappante de voir la place que l’Esprit de Dieu se plaît toujours à donner au sang de Christ. Ici, comme partout ailleurs dans les Écritures, il est le fondement de tout, la base sur laquelle repose l’accomplissement de tout, selon le plan de Dieu. Car, en vérité, c’était grâce au sang de Christ donnant sa vie (la vie est dans le sang), que Dieu a été libre (si l’on ose employer cette expression) de laisser agir son coeur dans l’oeuvre de la rédemption, parce qu’elle répondait à tous les droits de sa sainteté, et le glorifiait dans tout ce qu’il est, de sorte que maintenant, il est glorifié dans le salut de tous ceux qui croient en Jésus. Ainsi les pécheurs d’entre les gentils ont été rapprochés par le sang de Christ ; car, ayant fait la paix par le sang de sa croix (Col. 1:20), il peut réconcilier à Dieu ceux qui étaient autrefois étrangers et ennemis, quant à leur entendement, dans les mauvaises oeuvres (Col. 1:21).
Cette vérité fraie le chemin à cette autre : que Christ est notre paix. Il est notre paix, non pas seulement avec Dieu maintenant, mais entre Juifs et gentils, et il le devient par cette même mort sur la croix qui a été la base de la réconciliation des uns avec les autres ; car, par là, il a détruit le mur mitoyen de clôture qui séparait les Juifs de tous les autres peuples de la terre. C’était Dieu qui les avait ainsi mis à part pour lui-même, et placés sous ses lois et son gouvernement ; mais nous savons qu’aussitôt ils violèrent sa loi et transgressèrent ses commandements, de sorte que la loi devint un ministère de condamnation et de mort. La mort de Christ répond seule aux droits de Dieu sur les Juifs et sur les gentils car il a pris sur lui toute notre responsabilité et, par là, il a détruit le mur mitoyen qui les séparait, puisque les uns et les autres doivent maintenant être sauvés, non par des oeuvres de loi, mais sur le principe de la foi. « Ayant aboli dans sa chair l’inimitié ; la loi des commandements qui consiste en ordonnances, afin que des deux il fit un homme nouveau en lui-même (les Juifs et les gentils étant, dans la même foi, unis par le Saint-Esprit envoyé du ciel), en faisant la paix ; et qu’il les réconciliât tous les deux en un seul corps à Dieu, par la croix, ayant tué par elle l’inimitié » (Éph. 2:15, 16). C’est pourquoi, sur le fondement de ce qu’il avait accompli sur la croix, il peut venir proclamer la paix aux Juifs et aux gentils ; car tous, étant justifiés par la foi, avaient la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ.
Le fait qu’il est notre paix, est donc en rapport avec le corps de Christ. Dans la dispensation précédente, Israël était un peuple séparé ; dans le millénium, Israël aura encore une position distincte et prééminente, mais maintenant toutes les distinctions sont abolies. « Il n’y a ni Juif, ni Grec ; ni esclave, ni libre ; il n’y a ni mâle, ni femelle ; car vous tous, vous êtes un dans le Christ Jésus » (Gal. 3:28 ; Col. 3:11). Ceci était préfiguré déjà dans la vocation de l’apôtre, à qui était spécialement confié le ministère du corps de Christ. En racontant sa conversion devant Agrippa, il dit comment lui est apparu le Seigneur, qui lui a dit : « Lève-toi et te tiens sur tes pieds : car je te suis apparu, afin de te désigner pour serviteur et témoin des choses que tu as vues et de celles pour la révélation desquelles je t’apparaîtrai, en te retirant du milieu du peuple (des Juifs) et des nations, vers lesquelles je t’envoie maintenant » (Actes 26:16-17). Il est ainsi regardé comme n’ayant aucune nationalité, ayant été pris du milieu des Juifs et des gentils, pour être comme une sorte de type du ministère qu’il exerçait.
C’était la chose nouvelle qui, dans d’autres générations, n’avait pas été donnée à connaître aux fils des hommes (Éph. 3:5), et qui ne devait être communiquée — quoiqu’elle fût l’objet des conseils de Dieu de toute éternité — qu’après la réjection de Christ. Les Juifs savaient par leurs prophètes que les gentils eux aussi seraient bénis par le moyen du Messie ; mais que les nations seraient cohéritières, d’un même corps, et coparticipantes de la promesse de Dieu dans le Christ Jésus par l’évangile (Éph. 3:6), c’est ce qu’ils ne comprenaient pas ; et quand la vérité leur fut annoncée, elle excita une vive opposition de leur part. Mais tel était le dessein de Dieu et son dessein fut accompli en Christ ; et c’est pourquoi nous pouvons dire : « C’est lui qui est notre paix, qui des deux en a fait un, et a détruit le mur mitoyen de clôture ». Il a d’abord fait la paix par le sang de sa croix (Col. 1:20) ; ensuite, il est venu et a prêché la paix tant aux gentils qu’aux juifs (Éph. 2:17) ; puis il a réconcilié avec Dieu ceux qui croient (Éph. 2:13 ; Col. 1:20-21) ; et de plus, il a fait la paix entre Juifs et gentils, « en créant les deux en lui-même pour être un seul homme nouveau » (Éph. 2:15). Nous pouvons donc dire dans le sens le plus large, que Christ est NOTRE PAIX.
Cette vérité, dans son aspect spécial, a des conséquences qu’il faut indiquer pour compléter le sujet.
Après avoir montré comment juifs et gentils sont réunis pour ne faire plus qu’un corps en Christ, l’apôtre parle d’autres positions et d’autres relations qui en découlent. La bonne nouvelle de la paix est annoncée à ceux qui étaient loin et à ceux qui étaient près, « car par lui nous avons, les uns et les autres, accès auprès du Père par un seul Esprit » (Éph. 2:17-18). Quel contraste avec ce qui existait auparavant ! Dans la dispensation précédente et jusqu’à la mort de Christ, les Juifs seuls, de tous les peuples de la terre, avaient accès, par le moyen de leur souverain sacrificateur, auprès de Dieu. Mais maintenant que le voile est déchiré, et que Christ est monté au ciel, tous ceux qui croient, soit Juifs, soit gentils, sont scellés du Saint-Esprit de la promesse qui est aussi l’Esprit d’adoption, par lequel ils crient : Abba Père ! (Rom. 8:15). Les uns et les autres ont donc accès auprès du Père par un seul Esprit. Ils sont dans la même relation avec Christ ; ils ont le même Esprit, ils sont également enfants de Dieu ; c’est pourquoi tous sont dans la même proximité de Dieu, et jouissent du même privilège de s’approcher de Lui.
Cela conduit à d’autres bénédictions : « Ainsi donc vous n’êtes plus étrangers, ni forains, mais concitoyens des saints et gens de la maison de Dieu, ayant été édifiés sur le fondement des apôtres et prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la maîtresse pierre du coin ; en qui tout l’édifice, bien ajusté ensemble, croit pour être un temple saint dans le Seigneur ; en qui aussi vous êtes édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu par l’Esprit » (Éph. 2:19-22). Comme toutes les distinctions et tous les privilèges sont abolis dans le corps de Christ, il en est de même de leurs relations avec Dieu pendant leur carrière terrestre. Tous sont sur le même pied, en sorte que l’un ne peut s’élever au-dessus l’autre. Les gentils ne sont plus « étrangers ni forains », mais ils sont, avec les Juifs, concitoyens des saints et gens de la maison de Dieu.
L’apôtre indique ensuite deux traits qui caractérisent les saints comme corps et unis à Christ sur la terre. Ces traits sont de la plus haute importance. D’abord, il est dit, qu’étant édifiés ensemble sur le même fondement, tout l’édifice, bien ajusté ensemble, croît pour être un temple saint dans le Seigneur (Éph. 2:21). Remarquez cette expression « croît pour être un temple saint ». Il n’est donc pas encore complet, mais il s’édifie, et se continuera jusqu’au retour du Seigneur, quand toutes les pierres vivantes seront à la place qui leur est destinée. Comme le temple de Salomon, qui était bâti de pierres qu’on avait amenées toutes préparées, de sorte qu’en bâtissant la maison, on n’entendit ni marteau, ni hache, ni aucun outil de fer (1 Rois 6:7), l’érection de ce temple avance silencieusement ; chaque pierre préparée d’avance, est ensuite placée sur le fondement, à la place qui lui est assignée. Car Dieu lui-même est l’architecte, et son oeuvre reste invisible aux hommes ; mais quand elle sera achevée, elle recevra de sa main le sceau de la perfection. Jean dit : « Et un des sept anges qui avaient les sept coupes, qui avaient été pleines des sept dernières plaies, vint et me parla, disant : Viens, je te montrerai l’épouse, la femme de l’Agneau. Et il m’emporta en esprit sur une grande et haute montagne, et il me montra la ville, la sainte Jérusalem, descendant du ciel, d’auprès de Dieu, ayant la gloire de Dieu ; et son luminaire était semblable à une pierre très précieuse, comme à une pierre de jaspe cristallin » (Apo. 21:9-11). C’est le temple achevé et parfait ; car après avoir vu les nouveaux cieux et la nouvelle terre, Jean vit cette même cité descendant du ciel, d’auprès de Dieu, préparée comme une épouse ornée pour son mari. « Et j’ouïs une voix venant du ciel, disant : Voici, l’habitation de Dieu est avec les hommes » (Apo. 21:2-3). Quel merveilleux privilège d’être une pierre dans le temple de Dieu, ce temple dans lequel la gloire de Dieu resplendira éternellement ! C’était une bénédiction toute particulière pour les juifs d’avoir le temple de Jérusalem, la place où Dieu habitait entre les chérubins, où il se manifestait à son peuple dans la nuée glorieuse. Mais ce sont les croyants qui maintenant forment le temple, et qui sont ainsi le lieu où Dieu demeure éternellement.
Bien plus, dès maintenant sur la terre, ils forment l’habitation de Dieu par l’Esprit (Éph. 2:22). Nous ne parlons pas ici de ce qu’on pourrait appeler les différentes phases de la maison de Dieu dans cette dispensation, et nous ne nous arrêterons pas sur la différence entre la maison telle que Dieu la bâtit, et celle dont la construction est confiée à la responsabilité de l’homme (1 Cor. 3:10-17). Ce qui est présenté dans cette épître, c’est seulement le fait que les croyants de cette dispensation sont la maison de Dieu, que Dieu habite réellement sur la terre, puisque nous sommes édifiés ensemble en Christ pour être son habitation par l’Esprit. Il y a donc sur la terre un lieu de bénédiction, c’est la sphère qu’occupe le Saint-Esprit et où il habite. Tout ce qui est en dehors de cette sphère est sous la puissance de Satan ; et ainsi, c’est un bien grand privilège d’être dans l’habitation de Dieu sur la terre.
Tels sont quelques-uns des traits distinctifs de la dispensation actuelle, quelques-unes des conséquences qui découlent du fait que Christ est notre paix. Puisse-t-il nous donner de comprendre plus complètement dans quelle position merveilleuse il nous a placés, position qui repose sur la rédemption qu’il a accomplie, sur sa séance à la droite de Dieu, et sur la présence du Saint-Esprit sur la terre.
Ce mot de chef, ou tête, appliqué à Christ dans l’Écriture, a différents sens. En premier lieu, il est le chef (tête) de tout homme (1 Cor. 11:3) ; puis il est donné pour être chef (tête) sur toutes choses à l’assemblée, qui est son corps (Éph. 1:22) ; et enfin, il est le chef (tête) du corps, de l’assemblée (Col. 1:18). Le premier passage établit sa seigneurie sur tous les hommes, car il a autorité sur toute chair ; le second, sa suprématie universelle sur toutes choses, et le troisième, ses relations spéciales avec l’Église. Il est entré dans toutes ces gloires en vertu de la rédemption, et par conséquent comme homme. On ne peut trop insister sur cette vérité : qu’il occupe cette place merveilleuse, qu’il hérite de ces diverses dignités comme homme, — l’homme qui, sur cette terre, fut une fois rejeté et crucifié, mais qui est maintenant exalté à la droite de Dieu.
C’est ce qui est expliqué à
un certain point de vue dans Hébreux 2. L’apôtre dit : « Car ce n’est point aux anges qu’il a
assujetti le monde habitable à venir, duquel nous parlons ; mais quelqu’un
a rendu ce témoignage quelque part, disant : Qu’est-ce que l’homme que tu
te souviennes de lui, ou le fils de l’homme que tu le visites ? Tu l’as
fait un peu moindre que les anges ; tu l’as couronné de gloire et
d’honneur, et l’as établi sur les oeuvres de tes mains. Tu as assujetti toutes
choses sous ses pieds. Car en ce qu’il lui a assujetti toutes choses, il n’a
rien laissé qui ne lui soit assujetti ; mais maintenant, nous ne voyons
pas encore que toutes choses lui soient assujetties. Mais nous voyons Jésus,
qui a été fait un peu moindre que les anges, à
cause de la passion de la mort, couronné de gloire et d’honneur, en sorte que,
par la grâce de Dieu, il goûtât la mort pour tout ». C’est donc comme Fils de
l’homme que, d’après l’Écriture, le Seigneur Jésus est appelé à dominer sur
toutes choses. « Car », dit Paul, « Dieu nous a fait connaître le mystère de sa
volonté selon son bon plaisir, lequel il s’est proposé en lui-même pour
l’administration de la plénitude des temps, savoir de réunir en un toutes
choses dans le Christ, tant les choses qui sont dans les cieux que celles qui
sont sur la terre, en lui ».
C’est aussi comme homme, comme l’homme glorifié assis à
la droite de Dieu, que Christ est le chef de son corps, l’Église. « Et il est le
chef du corps, de l’assemblée, lui qui est le commencement, le premier-né
d’entre les morts, afin qu’en toutes choses il tienne, lui, la première place »
(Col. 1:18). C’est donc comme le ressuscité,
le premier-né d’entre les morts, qu’il occupe cette place ; car il est à
peine nécessaire de faire remarquer que, quand il est parlé de lui en rapport
avec la résurrection, c’est toujours comme homme qu’il est considéré. Il suit
de là que l’Église ne pouvait exister avant qu’il eût pris sa place à la droite
de Dieu ; car, avant que la tête fût dans le ciel, l’Église n’aurait pu se
former ici-bas. C’est ce qui paraît hors de doute, si nous lisons cet autre passage :
« Car de même que le corps est un, et a plusieurs membres, mais que tous les
membres de ce seul corps, quoiqu’ils soient plusieurs, sont un seul corps,
ainsi aussi est le Christ. Car aussi nous avons tous été baptisés d’un seul
Esprit pour être un seul corps, soit Juifs, soit grecs, soit esclaves, soit
libres et nous avons tous été abreuvés pour l’unité d’un seul Esprit » (1
Cor. 12:12-13).
Il est bien intéressant de remarquer que, dans la comparaison du
corps et des membres, l’apôtre ne dit pas ainsi aussi est l’Église, mais :
ainsi aussi est le Christ. Le Christ, c’est donc un terme qui comprend la tête
dans le ciel et les membres sur la terre ; et le verset suivant nous en
donne l’explication : « Car aussi nous avons tous été baptisés d’un seul
Esprit pour être un seul corps » (v. 13). Le corps ne pouvait donc être formé
avant que Christ fût monté au ciel et que le Saint-Esprit fût descendu. C’est ainsi,
qu’après sa résurrection, notre Seigneur dit aux siens : « Vous serez
baptisés de l’Esprit Saint dans peu de jours » (Actes 1:5). Cette promesse
s’accomplit le jour de la Pentecôte ; et ce jour-là, quoique la vérité relative au corps
n’eût pas encore été révélée, le corps de Christ fut formé. Alors, par le
baptême de l’Esprit, les croyants furent unis avec un Christ glorifié, pour ne
faire avec lui qu’un seul corps, — pensée merveilleuse, et grâce plus
merveilleuse encore ! C’est le caractère de la dispensation actuelle que
les croyants, en qui le Saint-Esprit habite, sont membres du corps de
Christ ; il est la tête et eux les membres (Rom. 12:4-5 ; Éph.
4:1-16,
etc.).
Quand donc nous parlons de Christ comme de notre tête, il ne s’agit pas d’une relation individuelle, mais d’une relation que nous partageons avec tous les croyants qui ont reçu le Saint-Esprit. Comme donc nous sommes tous ensemble unis à Christ, nous sommes aussi unis les uns aux autres, membres de son corps et, par conséquent, membres l’un de l’autre. Quelle pensée solennelle que celle-là ! et cependant, quelle consolation, quelle force cela donne, d’être réellement unis et d’une manière vivante, avec Christ à la droite de Dieu, et d’être aussi unis d’une manière vivante avec tous les croyants ! Et cette double pensée caractérise nos deux responsabilités comme membres du corps de Christ, — notre responsabilité envers Christ comme chef, et notre responsabilité envers tous les croyants comme étant avec nous membres de ce corps. Il y aura profit pour nous à considérer l’une et l’autre.
Christ est notre chef. L’Église donc est soumise à
Christ (Éph. 5:24). Sans doute, il n’est pas nécessaire d’insister sur une
vérité aussi évidente. Quelle joie c’était pour le coeur de Dieu, de donner à
Christ cette place élevée, en montrant ainsi quel cas il faisait de l’oeuvre
accomplie par son Fils dans sa vie et dans sa mort ! « Il s’est abaissé
lui-même, étant devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix.
C’est pourquoi aussi Dieu l’a haut élevé et lui a donné un nom au-dessus de
tout nom, afin qu’au nom de Jésus, se ploie tout genou des êtres célestes, et
terrestres, et infernaux » (Phil. 2:8-10). Si donc nous avons communion avec le
coeur de Dieu, quelle joie pour nous de reconnaître à Christ cette position de
suprématie ! De plus, quand nous considérons de quel intérêt est pour nous
la place qu’il occupe ; que toutes les bénédictions dont nous jouissons
découlent de lui, en tant qu’il est assis là-haut, et en vertu de l’oeuvre qu’il
a accomplie ; quand nous considérons que c’est par son amour et par son
ministère qu’il nous conserve les bénédictions acquises par lui ; comment,
en un mot, nous lui devons tout ce que nous sommes, tout ce que nous avons et
espérons recevoir, nos coeurs pourraient-ils ne pas trouver leur joie à
reconnaître sa seigneurie et à se soumettre à sa volonté ! Mais que
voyons-nous en réalité ? Interrogeons les faits qui se passent autour de
nous. Y a-t-il une rivalité de zèle pour obéir au chef de l’Église ? Non,
mais, au contraire, la suprématie de l’homme et de sa volonté dans l’Église.
Prenez toutes les dénominations de la chrétienté qui existent, vous verrez que
plus ou moins elles reposent sur des constitutions d’hommes, et qu’elles sont
soumises à des lois d’hommes ; que la
seigneurie de Christ est au fond pratiquement ignorée
.
C’est avec douleur que nous le disons ; et nous avons la
confiance que les personnes pieuses de toutes les dénominations s’associeront à
notre sentiment. Mais s’il nous est si pénible de constater l’action de la
volonté propre chez les membres de son corps, que doit-il éprouver, Lui, qui
est le chef du corps ? Sans doute qu’il faut faire
une large part à l’ignorance, ignorance de la vérité
relativement au corps, et ignorance des Écritures. Le fait cependant demeure.
Ah ! si nous en comprenions toute la gravité, en pensant à Christ et à son
propre coeur, nous serions remplis de honte et portés à nous humilier en nous
condamnant nous-mêmes.
Si Christ est notre chef, notre responsabilité à son égard est celle d’une obéissance complète et sans réserve. Car c’est la tête qui doit gouverner, diriger le corps, et non le corps la tête. Comment peut-on connaître la volonté du chef ? Par la parole de Dieu, où un simple coup d’oeil nous montrera quel soin il a pris à nous la communiquer. Non seulement il nous a révélé sa volonté, mais, par le Saint-Esprit, il nous a donné de la comprendre (Jean 14:20 ; 16:13-14 ; 1 Cor. 2, etc.). Nous sommes donc sans excuse si nous restons dans l’ignorance. Mais on entend quelquefois dire : N’a-t-il pas laissé complètement à notre discernement le soin d’arranger pour le mieux tout ce qui concerne le culte et le gouvernement de l’assemblée ? Voilà ce que l’on avance continuellement pour justifier les divisions qui existent dans l’Église de Dieu. Mais un moment de réflexion suffit pour montrer la futilité de cette assertion. Considérez toutes les dispensations de Dieu à l’égard de l’homme, que voyez-vous ? Que l’homme a complètement manqué dans tout ce qui a été confié à sa responsabilité. C’est ce qui a eu lieu avec Adam dans le paradis, avec Noé dans la terre renouvelée, avec Israël sous la loi, avec la sacrificature, et même l’Église, et cela malgré les directions et les commandements les plus précis. Et cependant, on soutient gravement que le Seigneur nous a laissés libres d’agir à notre guise ! La tête laisserait les membres du corps agir indépendamment les uns des autres, à leur gré, comme il leur semble bon ? Impossible ! Cherchez dans les Écritures, et vous serez bientôt obligés de confesser que le Seigneur n’a jamais rien laissé à notre sagesse, mais a pourvu à tout ce qui peut se présenter, de sorte qu’en toute situation, dans toutes les circonstances, l’Église pût avoir la direction assurée de sa volonté toujours infaillible. Voilà en quoi nous avons manqué : nous avons négligé l’étude des Écritures. Et il ne faut jamais oublier que tout croyant est responsable de connaître la volonté de son Seigneur. Il est vrai que, quand il traitera avec ses serviteurs, il fera une distinction entre ceux qui sont volontairement désobéissants et ceux qui le sont par ignorance (Luc 12:47-48). Toutefois, la responsabilité subsiste ; et toute âme pieuse, qui désire connaître la volonté du Seigneur, peut la trouver dans la parole de Dieu. « Si quelqu’un veut faire sa volonté, il connaîtra de la doctrine si elle est de Dieu, ou si je parle de par moi-même » (Jean 7:17).
Toute notre responsabilité envers notre chef se résume ainsi en un seul mot : obéissance. Tel donc il était, soumis à son Père, pendant son séjour sur la terre, tels nous le sommes à son égard. Il ne faisait jamais sa volonté ; car il est descendu du ciel non pour faire sa volonté, mais la volonté de Celui qui l’a envoyé (Jean 6:38) ; et il nous a laissé un exemple, afin que nous suivions ses traces. Nous éviterions bien des difficultés et bien des peines, si nous nous souvenions que ce qui caractérise un chrétien, c’est qu’il n’a pas de volonté. La volonté est liée au vieil homme, et le croyant a rejeté le vieil homme qui a été crucifié avec Christ (Col 3:9 ; Rom. 6:6). Il doit donc être gouverné par la volonté d’un autre, savoir celle de Christ. C’est une responsabilité plutôt individuelle mais quand nous parlons de la responsabilité des membres du corps de Christ, cela signifie qu’ils doivent, comme assemblée, être soumis, c’est l’Église qui est soumise à Christ. Soit dans l’assemblée, soit dans notre marche individuelle, nous devons être dans l’obéissance, c’est-à-dire que tout doit être sanctionné et réglé par la parole de Dieu.
Et quel parfait repos de n’avoir pas de volonté, d’être dans l’obéissance ! Il ne peut y avoir de conflit là où il n’y a pas de volonté, la paix et l’harmonie en seront la conséquence naturelle. L’obéissance ferait cesser toutes les divisions qui existent, ce serait une réponse à la prière de notre bien-aimé Seigneur, qu’ils soient un (Jean 17:21). Et quel est, parmi les enfants de Dieu, celui qui ne le désirerait ? Quel est celui qui ne soupire pas continuellement d’être séparé ici sur la terre de tant de membres du corps de Christ ? Gardons-nous donc de l’accepter comme une triste nécessité, mais chacun pour soi-même, reconnaissons notre responsabilité, et cherchons en toutes choses à être soumis à la volonté de notre Chef, et ensuite, à en amener d’autres à la jouissance de ce même repos béni, afin qu’on nous voie tous, ce que nous sommes réellement, un en Christ.
Notre responsabilité n’est pas moins grande par rapport à ceux qui sont membres avec nous du corps de Christ. Car, comme nous l’avons vu, le même Esprit qui nous unit à Christ comme à notre chef, unit aussi tous les membres en un tout vivant. Paul, écrivant aux Éphésiens, et leur parlant des dons que Christ, séant à la droite de Dieu comme chef de l’Église, répand sur les siens, ajoute : « Mais que, étant vrais dans l’amour, nous croissions en toutes choses jusqu’à lui qui est le chef, le Christ ; duquel tout le corps, bien ajusté et lié ensemble par chaque jointure du fournissement, produit l’accroissement du corps pour l’édification de lui-même, en amour, selon l’opération de chaque partie dans sa mesure » (Éph. 4:15-16). La prospérité, la bénédiction, et l’accroissement de tout le corps, dépendent ainsi de l’harmonie et de l’activité de chaque membre. Cependant c’est dans une autre épître, qu’il est parlé spécialement de notre responsabilité vis-a-vis les uns des autres. Il en a déjà été question à propos de la formation du corps par le baptême de l’Esprit (1 Cor. 12:13). Ensuite, l’apôtre insiste sur deux points : premièrement, que le corps n’est pas un membre, mais plusieurs (v. 14) ; et secondement que, quoiqu’il y ait plusieurs membres, il n’y a pourtant qu’un corps. D’un côté donc, nous devons maintenir la diversité des membres, et de l’autre, l’unité du tout. Ensuite, il entre dans quelques détails sur les rapports des membres entre eux, et sur leur responsabilité réciproque.
Tout membre a besoin des autres membres : « L’oeil ne peut pas dire à la main : Je n’ai pas besoin de toi ; ni encore la tête, aux pieds : Je n’ai pas besoin de vous ; mais bien plutôt les membres du corps qui paraissent être les plus faibles, sont nécessaires » (1 Cor. 12:21-22). Tous sont donc nécessaires l’un à l’autre. Nous le savons bien pour ce qui regarde le corps humain ; si nous avons perdu, même pour un temps seulement, l’usage du moindre de nos membres, que d’inconvénients il en est résulté aussitôt, et comme tout notre corps en a été affecté ! C’est de la même manière que l’Esprit de Dieu nous fait sentir les besoins de chaque membre du corps de Christ. Et ce sentiment devrait régner dans tous nos rapports fraternels. Nous ne pouvons être indépendants l’un de l’autre ; et l’état actuel de l’Église n’est que la conséquence de l’oubli de cette vérité. Notre propre prospérité — la prospérité de tous — demande que nous partagions les besoins les uns des autres, tandis que souvent, hélas ! nous nous accordons pour différer, et pour nous séparer les uns des autres, par gain de paix. Ce que Dieu a uni, — nous pouvons bien le dire aussi du corps de Christ, — que personne ne le sépare ; et nous ne pouvons être trop reconnaissants que cette unité ne puisse être détruite, quoique, extérieurement, elle ne soit pas maintenue. Nous ne devons d’ailleurs jamais oublier notre responsabilité ; et, sans doute, nous aurions plus d’action sur les âmes encore ignorantes de cette précieuse vérité, si elles nous voyaient plus affligés à leur sujet ; ne sont-elles pas nécessaires à la gloire du Chef, pour maintenir l’unité du corps sur la terre, et pour la bénédiction de tous ses membres ? Comme les membres d’une famille sont affligés de l’absence de quelques-uns d’entre eux, et ne peuvent être heureux jusqu’à leur retour, ainsi devrions-nous être affectés à la pensée que tant de saints s’en vont, suivant leur propre chemin, sans s’inquiéter de leur responsabilité envers ceux qui sont avec eux membres du corps de Christ.
Et, qu’on le remarque bien, il n’est pas question ici de dons, mais de membres du corps. Quelle responsabilité nous incombe à tous, quelque insignifiants que nous soyons, ou que d’autres nous estiment ! Quel que je sois, je suis nécessaire à tous les saints. Chacun a besoin de moi, et j’ai besoin de tous. Nos besoins mêmes — pour ne rien dire de la pensée de Christ — devraient donc nous rapprocher, et empêcher toutes les divisions sectaires, que la volonté de l’homme et la malice de Satan ont introduites dans l’Église de Dieu. Demandons à Dieu que cette vérité soit placée sur le coeur de tous les saints, et, avec une telle puissance, qu’elle puisse les délivrer de tout ce qui est si diamétralement opposé à la volonté du Seigneur, et les amener ensemble sur le terrain de l’unité du corps de Christ.
Secondement, — et ceci résulte de la communauté de nos
besoins, — il faut qu’il y ait des soins mutuels. L’apôtre dit : « Et ceux
que nous estimons les membres les moins honorables du corps, nous les
environnons d’un honneur plus grand ; et les moins honnêtes sont les plus
parés au dehors. Mais nos membres honnêtes n’en ont pas besoin ; mais Dieu
a composé le corps de telle manière, qu’il a donné un plus grand honneur à ce
qui en manquait, afin qu’il n’y ait point de division dans le corps, mais que les membres aient un égal soin les
uns des autres
»
(1 Cor.
12:23-25). On voit parfaitement ici, que notre responsabilité découle de ce que
Dieu a fait. Il a organisé le corps, en en faisant concourir toutes les parties
pour le bien de l’ensemble, et nous devons agir selon son but pour conserver ce
qu’il a fait, étant ainsi avec lui en communion de pensées et de désirs. Nos
propres corps, qui sont aussi l’oeuvre de ses mains, nous enseignent notre
devoir en ceci. Nous entourons de nos plus grands soins, les membres les plus
faibles, et les autres membres leur viennent en aide de toutes leurs forces.
Tous sont intéressés aux soins des plus faibles, et il en devrait être ainsi
dans l’Église de Dieu. N’y a-t-il pas danger pour nous d’oublier cette vérité
si nous faisons attention surtout aux membres du corps qui sont en évidence, —
aux dons brillants, —en négligeant les membres du corps que nous estimons moins
honorables ? Et il n’est point du tout rare de voir que les assemblées qui
ont les dons les plus distingués sont spirituellement les plus faibles. Car
elles sont en danger de perdre le sentiment de leur dépendance du Chef aussi
bien que de leur dépendance mutuelle, et de trop regarder aux dons qui attirent
leur admiration. Les dons peuvent ainsi facilement devenir un piège pour les
enfants de Dieu, et ils le deviennent toujours, quand ils prennent d’une
manière indue la première place, voilant ainsi les principes sur lesquels
repose l’assemblée de Dieu, ou quand, en quelque mesure, ils se placent entre
l’assemblée et le Seigneur. Nous avons reconnu cette vérité, que les membres du
corps qui semblent les plus faibles sont aussi nécessaires que les
autres ; maintenant gardons-nous d’oublier que tous les membres du corps
ont droit aux mêmes égards de notre part.
Ce serait un avantage pour nous et pour les autres, de nous demander si, réellement et pratiquement, nous reconnaissons notre devoir et notre responsabilité à cet égard. Une tendance manifeste chez beaucoup d’entre nous, c’est de former de petits cercles dans l’Église de Dieu, et il est à craindre que ces petits cercles ne soient une affaire de sympathie humaine, plutôt que de communion spirituelle. On comprend que ceux qui sont le plus près de Christ soient portés à se rapprocher aussi les uns des autres, comme le font d’ailleurs ceux qui se trouvent éloignés de Christ. Cela est vrai, mais la responsabilité dont il est question ici, repose sur le fait que tous sont également membres de Christ, en sorte que j’ai à m’occuper des autres simplement parce qu’ils sont membres du corps comme moi. C’est ce que nous enseignent les relations de famille. Les parents ont soin de leurs enfants parce qu’ils sont leurs enfants, et non parce que ceux-ci répondent à des préférences particulières. C’est ainsi que nous devons avoir le même soin les uns des autres, par le fait que nous sommes tous également membres du corps. C’est pourquoi, notre responsabilité s’étend bien au delà de ceux qui sont réunis sur le principe du corps. Il y aura, sans doute, plus d’occasions de montrer notre amour à ceux avec lesquels nous servons le Seigneur, mais le devoir n’en existe pas moins égal à l’égard de tous, car nous devons les reconnaître comme membres de Christ, lors même qu’eux ne nous reconnaissent pas comme tels. Nous devons reproduire les affections de Christ, et son coeur embrasse tous ceux qui sont siens.
Nous avons enfin des sympathies mutuelles. « Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui » (1 Cor. 12:26). Nous pouvons souffrir avec les autres de deux manières différentes. Nous le faisons, en quelque sorte, nécessairement, tout comme, par exemple, tout notre corps souffre des souffrances du moindre de ses membres. Il en est ainsi du corps de Christ, si un membre se laisse aller à la tiédeur, retourne en arrière, ou tombe en tentation, tous les membres, quoique peut-être d’une manière inconsciente en seront affectés. L’état de l’ensemble est celui de chacun des membres en particulier. Si par exemple, vous versez quelques gouttes seulement d’eau froide dans un bassin d’eau chaude, la température de la masse en sera aussitôt abaissée. Il en est ainsi de l’Église. Qu’il y ait un membre seulement dans l’assemblée dont le coeur soit froid, elle en sera tout entière affectée ; tous souffriront par le fait de sa présence.
Mais il y a encore une manière de souffrir, plus active et liée à notre responsabilité, à ce que nous nous devons les uns aux autres. Qu’il est précieux de voir, et, grâces à Dieu ce n’est pas rare, la sympathie de toute l’assemblée entourer un de ses membres souffrant ! Et quant au résultat pratique, comme cette manifestation de sympathie lie les coeurs ensemble ! N’est-ce pas une manière aussi de manifester ce que Christ est lui même, car Il n’est pas un sacrificateur qui ne puisse compatir à nos infirmités. Puissions-nous ne laisser échapper aucune de ces occasions, non seulement parce que nous sommes appelés à souffrir avec ceux qui souffrent, mais aussi parce que nous avons à manifester la grâce de Christ qui a pris nos infirmités et porté nos maladies.
L’autre côté de la responsabilité est plus
difficile : « Si un membre est glorifié, tous les membres se réjouissent avec
lui ». Le Seigneur a conféré un honneur spécial à quelque membre du corps, en
lui accordant quelque distinction particulière, ou en lui confiant quelque
service à accomplir. Tous doivent se réjouir de ce que l’un d’eux est honoré,
glorifié, et assurément, si l’unité du corps est pratiquement conservée, cette
parfaite sympathie existera. C’est ce que nous voyons se réaliser dans une
famille. Si quelqu’un de ses membres a obtenu quelque avancement, ou un
témoignage spécial d’approbation du Souverain, toute la famille en est honorée,
et se réjouit avec celui de ses membres qui a reçu la distinction. Il en
devrait être ainsi dans l’Église de Dieu. Mais est-ce trop de dire que, de ce
côté-là, la sympathie est plus rare que quand il s’agit de compatir à des souffrances ?
Nous sommes de si misérables créatures que, au lieu de nous réjouir avec le
frère que le Seigneur a honoré, nous trouvons dans ce choix du Seigneur matière
à envie et à jalousie. De tels sentiments ne devraient pas même être nommés
parmi les saints, et cependant, hélas ! sont-ils rares au milieu de
nous ? Nous avons tous besoin de veiller sur nous-mêmes ; car nous
savons ce qu’est la chair, — et elle est encore en nous, — afin que nous
puissions nous juger sans ménagement, quand nous tombons en faute. Oui, c’est
un devoir pour nous de nous réjouir avec le membre qui est honoré. Le Seigneur
compte tellement sur l’unité de nos sentiments qu’il attend que nous la
montrions. On pourrait citer ici Jean-Baptiste, qui pourtant ne savait rien du
corps de Christ. Ses disciples lui dirent : « Rabbi, celui qui était avec
toi au delà du Jourdain, à qui tu as toi même rendu témoignage, voilà, il
baptise, et tous viennent à lui. Jean répondit et dit : Un homme ne peut
rien recevoir, à moins qu’il ne lui soit donné du ciel. Vous-mêmes, vous me
rendez témoignage que j’ai dit : Ce n’est pas moi qui suis le Christ, mais
je suis envoyé devant lui. Celui qui a l’épouse, est l’époux ; mais l’ami
de l’époux, qui assiste et l’entend, est tout réjoui à cause de la voix de l’époux ;
cette joie-ci qui est la mienne, est accomplie. Il faut que lui croisse, et que moi je diminue
»
(Jean 3:26-30). Quelle grâce de ne penser qu’à Christ, et pas à
soi ; d’entrer dans sa joie et de se réjouir de sa joie ! C’est là
précisément la disposition que nous devons cultiver, et c’est en l’exprimant
que nous montrons à qui nous appartenons, c’est-à-dire à Christ, que nous
suivons dans le sentier de l’humilité et du renoncement qui caractérisa toute
sa vie terrestre. Alors, nous n’aurions pas de difficulté à nous réjouir quand
un membre est honoré.
Toutes les responsabilités que nous avons considérées, découlent de notre union avec Christ, et du fait qu’il est notre chef. Puissions-nous nous réjouir de plus en plus des relations dans lesquelles nous avons été introduits, par la grâce de Dieu, et être toujours trouvés dans la confession pratique que nous sommes membres du corps de Christ, et aussi membres les uns autres, tendant à garder l’unité de l’Esprit dans le lien de la paix !
En tant que membres de son corps, nous connaissons maintenant Christ comme notre chef. Il reviendra bientôt pour nous prendre à lui. Et ceux qu’il réunira ainsi autour de lui, ceux qui ont été ses membres sur la terre, seront alors l’épouse, l’Église qu’il a aimée, et pour laquelle il s’est donné, « afin qu’il la sanctifiât en la purifiant par le lavage d’eau par la parole ; afin qu’il se présentât l’assemblée n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais afin qu’elle fût sainte et irréprochable (Éph. 5:26-27). C’est de cette Église que Jean parle, quand il dit : « Et je vis la sainte cité, la nouvelle Jérusalem, descendant du ciel d’auprès de Dieu, préparée comme une épouse ornée pour son mari » (Apoc. 21:2). Les mille ans sont passés, et elle possède encore la beauté impérissable de l’épouse ; car, en vérité, elle a été enveloppée dans la gloire de Dieu (Apo. 21:10) ; elle est ainsi, pendant toute l’éternité la vraie compagne de l’Agneau. Quel honneur alors d’être membre du corps de Christ ! et quelle grâce précieuse qu’il nous ait mis dans cette position si bénie ! Quel sujet de reconnaissance et d’adoration pour nous, de reconnaître Christ comme notre chef !
Nous ne trouvons qu’une fois, dans l’Écriture, cette expression : Christ, notre espérance. « Paul, apôtre de Jésus-Christ, selon le commandement de notre Dieu Sauveur, et du Christ Jésus, notre espérance » (1 Tim. 1:1). Mais, quoique le mot lui-même ne soit pas répété, l’idée se retrouve dans presque chaque livre du Nouveau Testament, et presque à chaque page de quelques livres. Car ce qui caractérise tout chrétien, c’est l’attente du Seigneur Jésus qui reviendra, selon sa promesse, pour nous prendre auprès de lui, afin que là où il est, nous y soyons aussi avec lui (Jean 14:3). Il appartient donc à notre position, pendant que nous sommes laissés dans ce monde, d’attendre Christ, parce que c’est à sa venue que nous entrerons en possession de tous les fruits de notre rédemption. C’est alors que nos corps seront aussi rachetés (Rom. 8:23) ; « il transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire, selon l’opération de ce pouvoir qu’il a de s’assujettir même toutes choses » (Phil. 3:21). « Car nous avons été sauvés en espérance » (Rom. 8:24). Nous recevons « la fin de notre foi, le salut des âmes » (1 Pierre 1:9) ; mais nous regardons en avant, vers le moment où nos corps seront aussi délivrés du pouvoir de la mort et du tombeau ; car Dieu nous a « prédestinés à être conformes à l’image de son Fils, pour qu’il soit premier-né entre plusieurs frères » (Rom. 8:29).
C’est donc le propre de notre condition présente, d’attendre la venue de notre Seigneur, car c’est à son retour seulement que notre bénédiction sera pleinement accomplie. Il est notre espérance, parce que c’est lui-même que nous attendons pour la consommer. Mais c’est lui-même que nous attendons, parce que Celui qui nous a rachetés est Celui qui est le tout de nos coeurs. Ainsi, en dehors de toute autre considération, Christ est notre espérance, — Christ dans sa venue, — parce que nous désirons être avec l’objet de nos affections. Nous entrons ainsi en communion de désirs avec lui ; car si nous l’attendons et si nous désirons être avec lui, il attend lui aussi le moment où le désir de son coeur sera accompli, et où il nous aura avec lui (Jean 17:24).
Nous verrons, si nous y faisons attention, que pendant sa vie au milieu de ses disciples, il les préparait toujours pour ce retour, et les exhortait à veiller dans cette attente. Quelquefois il présentait cette vérité, l’espérance de son retour, en leur rappelant leur responsabilité comme serviteurs : « Bienheureux est cet esclave-là, que son maître, lorsqu’il viendra, trouvera faisant ainsi » (Matt. 24:46) ; et encore : « Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées ; et vous-mêmes soyez semblables à des serviteurs qui attendent leur seigneur, quand il s’en reviendra des noces, afin que, quand il viendra et qu’il heurtera, ils lui ouvrent aussitôt. Bienheureux sont ces esclaves-là que le maître, quand il viendra, trouvera veillant » (Luc 12:35-37). Quelquefois il présentait sa venue, comme introduisant ceux qui l’attendaient dans la plénitude de la bénédiction, pour qu’ils fussent avec lui à toujours. Par exemple, dans le passage déjà cité, quand ses disciples étaient plongés dans le chagrin à la pensée de son prochain départ, il dit : « Que votre coeur ne soit pas troublé ; vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père ; s’il en était autrement, je vous l’eusse dit ; je vais vous préparer une place. Et si je m’en vais, et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je vous prendrai auprés de moi ; afin que là où je suis, moi, vous, vous soyez aussi » (Jean 14:1-3). Le Seigneur se présente ici à ses disciples affligés qui l’entourent, non seulement comme l’objet de leur foi pendant qu’il serait séparé d’eux, et comme celui qui les quittait pour leur bien, pour leur préparer une place, mais aussi comme l’objet de leur espérance, car il devait revenir pour les prendre à lui.
L’enseignement que nous donnent les épîtres est tout à
fait le même. L’apôtre dit des Thessaloniciens : qu’ils s’étaient « tournés
des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils
» (1
Thes. 1:9-10). Ce passage est
extrêmement important, puisqu’il montre, sans contredit, que la venue de Christ
n’était pas une vérité d’un ordre élevé communiquée seulement à ceux qui
étaient particulièrement spirituels, ni une vérité spéciale adoptée par une
classe particulière, mais une partie essentielle du christianisme de ces
premiers croyants. Remarquons aussi que c’était la première épître de Paul, et
qu’elle était écrite par conséquent à de tout jeunes croyants ; et c’est à
ces convertis qu’il rappelle que, par leur conversion, ils ne s’étaient pas
seulement tournés vers Dieu, mais qu’ils avaient aussi été amenés à attendre le
Fils de Dieu. Sa venue était leur espérance.
Nous trouvons le même langage dans les autres épîtres. Quelques citations suffiront. Écrivant aux Corinthiens, l’apôtre dit : « De sorte que vous ne manquez d’aucun don de grâce, pendant que vous attendez la révélation de notre Seigneur Jésus-Christ » (1 Cor. 1:7) ; aux Philippiens : « Notre bourgeoisie est dans les cieux, d’où aussi nous attendons le Seigneur Jésus-Christ » (Phil. 3:20). Jacques aussi dit : « Usez donc de patience, frères, jusqu’à la venue du Seigneur » (Jacq. 5:7), et, dans le dernier chapitre de la Bible, le Seigneur lui-même annonce trois fois son prochain retour (Apo. 22:7, 12, 20). Mais c’était Paul spécialement, qui était chargé de révéler cette vérité comme l’espérance de l’Église ; et il le fait en entrant dans des détails précis dans sa première épître aux Thessaloniciens. Il dit : « Or, nous ne voulons pas, frères, que vous soyez dans l’ignorance à l’égard de ceux qui dorment afin que vous ne soyez point attristés comme les autres qui n’ont pas d’espérance. Car si nous croyons que Jésus mourut et qu’il est ressuscité, de même aussi Dieu amènera ceux qui se sont endormis par Jésus avec lui » (1 Thes. 4:13-14). Il explique ensuite comment les saints reviendront avec Jésus, à son apparition ; car s’ils reviennent avec lui, il faut nécessairement qu’ils aient été avec lui auparavant, et l’apôtre est spécialement chargé de développer ce mystère. Il ajoute donc : « Car nous vous disons ceci par la parole du Seigneur : que nous les vivants, qui demeurons jusqu’à la venue du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui se sont endormis. Car le Seigneur lui-même, avec un cri de commandement, et une voix d’archange, et la trompette de Dieu descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront premièrement ; puis nous, les vivants qui demeurons, serons ravis ensemble avec eux dans les nuées à la rencontre du Seigneur en l’air, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur. Consolez-vous donc l’un l’autre par ces paroles » (1 Thes. 4:15-18). Deux choses ressortent évidemment de ce passage : d’abord, que le Seigneur reviendra pour prendre les saints, aussi bien ceux qui se sont endormis que ceux qui pourraient être vivants sur la terre, au moment de son apparition ; ensuite que, quand il reviendra sur la terre, ses saints seront avec lui (voyez aussi Col. 3:4).
Il y a une autre classe de passages, dans lesquels nous sommes exhortés à attendre plutôt l’apparition que la venue de Christ. Un de ces passages a déjà été cité (1 Cor. 1:7). Nous en ajoutons un autre : « La grâce de Dieu qui apporte le salut est apparue à tous les hommes, nous enseignant que, reniant l’impiété et les convoitises mondaines, nous vivions dans ce présent siècle sobrement, et justement, et pieusement ; attendant la bienheureuse espérance et l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ, etc. » (Tite 2:11-13). Il y a une raison pour cela. On trouvera que, quand les croyants sont considérés comme responsables sur la terre, dans le service, par exemple, c’est l’apparition qui est l’objet principal, plutôt que la venue. C’est ainsi que Paul dit à Timothée : « Je t’ordonne de garder ce commandement sans tache et irrépréhensible jusqu’à l’apparition de notre Seigneur Jésus-Christ » (1 Tim. 6:14). On a voulu conclure de ce passage et d’autres semblables, que l’Église sera laissée ici-bas jusqu’à la venue du Seigneur pour le jugement, et qu’elle aura à passer par la grande tribulation dont le Seigneur parle dans Matthieu 24. C’est une complète erreur, comme on l’a vu par le passage déjà cité (1 Thes. 4:13-18). Le fait est qu’il est parlé de l’apparition en rapport avec la responsabilité, parce que, comme la terre a été le lieu où s’est accompli le service, la terre aussi doit être le témoin de la récompense. C’est pourquoi, dans la seconde épître aux Thessaloniciens, nous voyons que l’apôtre, après avoir développé, dans la première, ce qui fait proprement l’espérance de l’Église, savoir la venue de Christ, et parlant aux mêmes saints des persécutions et des tribulations qu’ils enduraient, dirige leurs pensées vers le temps où ils auraient du repos dans la révélation du Seigneur Jésus du ciel, avec les anges de sa puissance, « quand il viendra pour être, dans ce jour-là, glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru » (2 Thes. 1:4-10). Ceci ne contredit pas cette vérité, que la venue du Seigneur pour ses saints est l’objet de notre espérance. C’en est plutôt le complément.
C’est ce qui sera plus évident encore si nous montrons que rien, d’après les Écritures, ne vient s’interposer entre nous et le retour du Seigneur, qu’il peut revenir à un moment quelconque pour prendre les saints qui l’attendent. Si nous savions qu’un seul événement dût nécessairement se passer avant que nous fussions réunis avec lui, sa venue ne serait pas notre espérance immédiate. Dans ce cas, nous devrions regarder d’abord à l’événement ou aux événements annoncés, et après cela seulement, nous pourrions attendre la venue du Seigneur. Deux ou trois passages montreront que c’est notre privilège d’attendre constamment et en tout temps le retour du Seigneur.
Après la résurrection de notre Seigneur et avant son
ascension, dans une de ses entrevues avec ses disciples, Pierre lui dit, en
parlant du disciple que Jésus aimait : « Seigneur, et celui-ci, que lui
arrivera-t-il ? » Jésus lui dit : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce
que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi » (Jean 21:21-22). Maintenant,
sans nous arrêter sur la signification particulière de ces paroles relativement
à Jean, il est clair que s’il eût dû s’écouler entre le départ du Seigneur et
son retour, un long espace de temps pour que certains événements pussent
s’accomplir, le Seigneur n’aurait pas pu parler ainsi. Citons encore un passage
de la première épître aux Corinthiens. L’apôtre dit au sujet de la résurrection
du corps : « Nous ne nous endormirons pas tous, mais nous serons tous
changés » (1 Cor. 15:51) ; il dit aussi dans le passage de 1 Thes. 4:15,
dont nous avons déjà parlé : « Nous les vivants, qui demeurons jusqu’à la
venue du Seigneur ». On a fait beaucoup de raisonnements ingénieux sur ces
passages, pour obscurcir cette vérité que Paul ne voyait rien qui pût empêcher
le retour du Seigneur durant sa vie. S’il avait su qu’une longue suite
d’événements prophétiques ou des jugements eussent dû s’accomplir auparavant,
il n’aurait pas pu se ranger, comme il le fait en disant nous,
parmi ceux qui pouvaient ne jamais mourir.
Mais on objecte que le Seigneur lui-même a, dans
d’autres passages, annoncé à ses disciples une longue suite d’événements avant
son retour ; et Matthieu 24 est volontiers cité par ceux qui cherchent à
obscurcir cette précieuse espérance de l’Église. Eh bien ! que
trouvons-nous là ? Après avoir décrit un temps de grande tribulation, le
Seigneur dit ce qui suit : « Et, aussitôt après l’affliction de ces
jours-là, le soleil sera obscurci, et la lune ne donnera pas sa lumière, et les
étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées. Et
alors, paraîtra le signe du Fils de l’homme dans le ciel. Et alors, toutes les
tribus de la terre se lamenteront et verront le Fils de l’homme venant sur les
nuées du ciel, avec puissance et une grande gloire. Et il enverra ses anges
avec un grand son de trompette ; et ils assembleront ses élus, des quatre
vents, depuis l’un des bouts du ciel jusqu’à l’autre bout » (Matt. 24:29-31). Et
l’on s’empresse de conclure que, si c’est une description du retour du Seigneur
pour son Église, il doit s’écouler jusque-là un temps peut-être considérable.
Mais, est-ce que vraiment il est question de l’Église dans ce passage ? Ce
chapitre lui-même nous fournit plusieurs raisons qui nous empêchent de le
croire. Dans le quinzième verset, le Seigneur donne un signe : « Quand donc
vous verrez l’abomination de la désolation, dont il a été parlé par Daniel le
prophète, établie dans le lieu saint (que celui qui lit comprenne), alors,
etc. ». Ce signe, comme doivent le reconnaître tous ceux qui prendront la peine
de lire la prophétie de Daniel, se rapporte exclusivement au temple de Jérusalem,
temple qui devait être rebâti plus tard. Le Seigneur les engage à prier pour
que leur fuite n’arrive pas en hiver, ni un jour
de sabbat,
prière que ne pourrait guère présenter un chrétien,
puisque le sabbat, c’est-à-dire le septième jour, le samedi, est pour lui
absolument comme un autre jour de la semaine. De plus, si, selon qu’il est dit
au v. 23, quelqu’un venait dire à un croyant : Voici, le Christ est
ici ; ou : Il est là ! comment celui-ci pourrait-il le
croire ? Ne répondrait-il pas : « Christ est à la droite de
Dieu » ? Mais rien n’était mieux calculé pour tromper les Juifs, qui
attendaient avec impatience l’avènement du Messie. En vérité, on ne peut se
refuser à admettre que tout le chapitre s’applique aux Juifs qui, en ce temps,
seront à Jérusalem et en Judée. On peut le prouver d’une manière plus évidente
encore. Examinez l’ordre des événements racontés dans le passage cité. Après la
tribulation, le soleil sera obscurci, etc., et alors
paraîtra le signe du Fils de l’homme dans le ciel ; et
alors toutes les tribus de la terre se lamenteront et verront le Fils de
l’homme venant sur les nuées du ciel, etc., et ce n’est que quand
tous ces événements auront eu lieu,
qu’il
enverra ses anges avec un grand son de trompette pour rassembler ses élus, etc.
Mais, si cela s’applique à l’Église, elle
ne
serait donc rassemblée qu’après
son apparition.
Mais que dit Paul ? « Quand Christ, qui est votre vie,
sera manifesté, alors, vous aussi, vous
serez manifestés
avec lui en gloire » (Col. 3:4). Les deux passages ne peuvent
donc pas s’appliquer à la même chose, car ils se contrediraient. Ce qui est dit
dans Matthieu 24, est différent de ce que nous trouvons dans Colossiens 3, et
ne peut donc évidemment s’appliquer à l’Église, mais bien au résidu juif qui
sera rassemblé de la manière décrite, quand le Fils de l’homme viendra dans sa
gloire.
En Apocalypse 19, nous trouverons encore une preuve à
l’appui de cette vérité : « Et je vis le ciel ouvert, et voici un cheval
blanc ; et celui qui était monté dessus appelé fidèle et véritable ;
il juge et combat en justice. Et ses yeux étaient comme une flamme de
feu ; et sur sa tête, il y avait plusieurs diadèmes ; et il portait
un nom écrit que nul n’a connu que lui seul. Et il était vêtu d’une robe teinte
dans le sang ; et son nom s’appelle la parole de Dieu » (Apoc. 19:11-13).
C’est une description de la venue du Seigneur en jugement, comme le montre la
suite ; en d’autres termes, de son apparition. C’est à ce moment qu’il
revient avec
ses saints. La Parole le
dit d’ailleurs : « Et les armées qui sont dans le ciel le suivaient sur des
chevaux blancs, vêtues de fin lin, blanc et pur » (v. 14). Qui sont
ceux-ci ? Leur vêtement est distinctif et fournit la réponse : « Les
noces de l’Agneau sont venues et sa femme s’est préparée. Et il lui a été donné
d’être vêtue de fin lin éclatant et pur, car le fin lin, ce sont les justices
des saints » (Apoc. 19:7-8). Les armées donc qui suivaient sur des chevaux
blancs, sont les saints, mais si ce sont des saints, ils doivent avoir été avec
Christ, avant qu’il sorte pour exercer le jugement à son apparition. Ceci est
en parfait accord avec la déclaration de Paul : « Quand le Christ qui est
votre vie sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui en
gloire » (Col. 3:4).
Il est donc bien clair que le Seigneur revient pour
prendre les siens avant de paraître pour le jugement, et que, par conséquent,
il n’y a pas d’événements qui doivent nécessairement se placer entre nous et la
venue du Seigneur. Cela pourrait déjà se conclure de ses paroles : « Je
suis la racine et la postérité de David, l’étoile brillante du matin » (Apoc.
22:16),
car l’étoile de l’espérance
qui brille là-haut dans les cieux est le héraut et l’avant-coureur de ce jour
qui vient, l’étoile vers laquelle nous nous tournons dans les heures sombres
que nous traversons ici-bas, attendant d’être recueillis pour jouir avec lui de
ses gloires célestes. « Celui qui rend témoignage de ces choses, dit : Oui,
je viens bientôt ». Heureux ceux qui peuvent répondre de tout leur coeur :
« Amen ! viens, Seigneur Jésus » (Apo. 22:20).
Tel est l’enseignement de la parole de Dieu, que beaucoup font profession de reconnaître. Mais c’est une chose de maintenir une doctrine, et une autre de vivre dans la puissance de cette doctrine, pour être possédé par la vérité qu’elle exprime et y conformer notre vie. Retenir la doctrine que le Seigneur peut revenir d’un moment à l’autre, et vivre comme si ce monde était notre patrie, être rempli de ses préoccupations et de ses plaisirs, ou être engagé dans des choses qui ne conviennent pas à Celui que nous professons d’attendre, c’est renier pratiquement notre espérance et même faire de la grâce de Dieu une occasion de laisser agir la volonté propre et de se complaire à soi-même. Il convient que tous ceux qui croient que le Seigneur est à la porte se jugent eux-mêmes, et leur coeur, et leurs voies, à la lumière de la Parole, afin qu’ils puissent être dans un état conforme à leur attente, et répondant à la présence de Celui que nous espérons bientôt voir face à face, pour être avec lui à toujours. Voyons maintenant, par quelques exemples, quel effet cette bienheureuse espérance doit produire sur notre marche et sur nos actes.
La parabole des dix vierges (Matt. 25), montre que, quelle que soit la profession que nous faisons, nous ne sommes pas prêts pour la rencontre du Seigneur, si nous n’avons pas de l’huile dans nos vaisseaux ; et l’effet du cri : « Voici l’époux », fut de réveiller les sages et les folles, quant à leur condition et à leurs besoins. Mais chacun comprendra que ceux-là seuls qui sont nés de nouveau par la Parole et le pouvoir du Saint-Esprit, peuvent être prêts pour la venue du Seigneur. Il y avait autre chose encore. Le cri était : Sortez à sa rencontre. Ceci rappelle un autre passage. Après nous avoir dit que, quand Christ sera manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons tel qu’il est, Jean ajoute ceci : « Et quiconque a cette espérance en lui, se purifie comme lui est pur » (1 Jean 3:2-3). L’effet d’une attente de Christ, vivante et réelle, sera de nous mettre à part et de produire en nous une séparation croissante. Si nous l’avons présent à nos âmes, et si nous regardons à lui à toute heure, notre désir sera vraiment d’être loin de tout ce qui déplaît à ses yeux, et d’être occupés de ce qui réjouit ses regards. C’est pourquoi nous pouvons mesurer la réalité et l’intensité de notre espérance, par l’action qu’elle exerce sur nos coeurs et sur nos vies, pour les maintenir dans une atmosphère de séparation. Comment, si nous nous attendons à tout moment à voir la face de Christ, pourrions-nous nous livrer à une chose innocente en elle-même, mais qui ne serait pas positivement pour Christ ? Non, si nous l’attendons, nous n’aspirerons qu’à être trouvés tels qu’il veut que nous soyons, en sorte que, sevrés de toutes les choses terrestres et de tout ce qui pourrait attacher nos coeurs à la scène par laquelle nous passons, nous puissions n’avoir rien à quitter que le désert lui-même, quand il descendra des cieux avec un cri de commandement, avec une voix d’archange et avec la trompette de Dieu !
Nous pourrons ainsi tenir nos lampes prêtes et allumées. Toutes les vierges s’étaient endormies, et quand elles se réveillèrent de leur coupable assoupissement, leur première pensée fut pour leurs lampes. « Alors toutes les vierges se levèrent et apprêtèrent leurs lampes ». Elles ne s’en étaient pas inquiétées jusqu’alors, mais aussitôt qu’elles entendent ce cri : « Sortez à sa rencontre », elles s’assurent si leurs lampes sont prêtes, pour aller au-devant de lui. Mais ces lampes auraient dû être prêtes et briller au milieu des ténèbres toute la nuit ; et si les vierges avaient réellement attendu l’époux, il n’en aurait pas été autrement. Qu’en est-il de nous qui faisons profession d’attendre le Seigneur ? Notre lumière brille-t-elle ? Brille-t-elle d’une manière invariable au milieu des ténèbres qui nous entourent ? La lumière, c’est Christ. Est-ce que c’est lui que nous reflétons ? « Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Aussi n’allume-t-on pas une lampe pour la mettre ensuite sous un boisseau, mais sur un pied de lampe ; et elle luit pour tous ceux qui sont dans la maison » (Matt. 5:14, 15). De la même manière si, par la grâce de Dieu, Christ est en nous, c’est pour qu’il soit manifesté. « Car c’est le Dieu qui a dit à la lumière de resplendir des ténèbres, qui a relui dans nos coeurs pour faire luire la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Jésus-Christ » (2 Cor. 4:6).
Paul fait différentes applications de cette vérité : « Ne vous inquiétez de rien, le Seigneur est près » (Phil. 4:5- 6). Il veut donc que nous soyons sans aucune inquiétude, dans l’attente de sa venue. Il emploie la même vérité pour fortifier le coeur des saints (1 Thes. 4:18). Et qu’est-ce qui peut consoler le coeur de ceux qui ont perdu quelqu’un des leurs, comme l’attente de Christ ? Car, même pendant que le corps de nos bien-aimés est là gisant dans la maison, ou pendant qu’on les porte au tombeau, le Seigneur peut revenir ; nous sommes autorisés à l’espérer ; et alors ils seront réveillés du sommeil de la mort, et nous-mêmes nous serons transmués ; alors ensemble, avec eux, nous serons ravis dans les nuées à la rencontre du Seigneur, en l’air ; et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur (1 Thes. 4:17).
L’apôtre Jacques exhorte à la patience, en se fondant sur la même pensée (Jacq. 5:7-8). L’attente du retour du Seigneur est ainsi un réconfort pour la fatigue, les difficultés et les épreuves de notre pèlerinage dans le désert.
Le Seigneur lui-même emploie continuellement cette pensée de l’incertitude du temps de son retour, comme un motif à la fidélité. Il se représente lui-même dans la parabole, comme s’en allant dans un pays éloigné pour recevoir un royaume et revenir, il donne les talents à ses serviteurs et leur dit : « Trafiquez jusqu’à ce que je vienne » (Luc 19:12-13). Il dit encore : « Qui est donc l’esclave fidèle et prudent, que son seigneur a établi sur les domestiques de sa maison pour leur donner la nourriture dans le temps qu’il faut ? Bienheureux est cet esclave-là, que son maître, lorsqu’il viendra, trouvera faisant ainsi. En vérité, je vous dis qu’il l’établira sur tous ses biens. Mais si ce méchant esclave-là dit en son coeur : Mon maître tarde à venir ; et qu’il se mette à battre ceux qui sont esclaves avec lui, et qu’il mange et boive avec les ivrognes ; le seigneur de cet esclave viendra au jour qu’il ne l’attend pas et à l’heure qu’il ne sait pas, et il le coupera en deux, et lui donnera sa part avec les hypocrites ; là seront les pleurs et les grincements de dents » (Matt. 24:45-51).
Voilà quelques exemples de l’usage pratique de cette vérité que Christ viendra prendre les siens. Un examen de tous les passages qui traitent de ce sujet, montrera que cette pensée est mêlée à tous les détails de la vie et de la marche chrétienne.
Être privé de cette espérance, c’est perdre un des plus puissants motifs à la sainteté que nous donnent les Écritures. Bien plus, c’est perdre comme nous l’avons déjà remarqué, une partie intégrante du christianisme ; c’est pourquoi le chrétien qui n’a pas compris cette vérité de la venue du Seigneur, ne sait pas ce qu’est la position dans laquelle il a été introduit, non plus que la plénitude de la grâce de Dieu. Est-ce que la venue de Christ, — Christ lui-même revenant, — est votre espérance, cher lecteur ? Quelle autre perspective pourrait, au même degré réjouir le chrétien ? Voir Celui que nous aimons sans l’avoir vu ! Être comme lui et avec lui pour toujours ! Sûrement, si nos coeurs répondent même dans la plus faible mesure, à ce qu’il est pour nous et à son amour, nous soupirons après le moment où il aura la joie de prendre les siens à lui, et où notre joie sera consommée dans la possession éternelle de l’objet de nos affections.
Puisse le Seigneur amener encore beaucoup de ses saints à la connaissance de cette vérité et quant à ceux qui l’attendent, puissent-ils, par sa grâce, la maintenir vivante et forte en faisant, sous son influence sanctifiante, chacun de leurs pas à travers le désert !