Pierre COMBE
Table des matières :
1 - Relation entre l’état du cœur et le visage de l’homme
4.4 - Pleurer par rapport à Dieu
5 - Marques du visage à cause du jugement de Dieu
6 - Visage transformés pour le mieux
6.4 - Conclusion sur ces trois scènes
La Parole nous démontre par de nombreuses portions qu’il y a une relation entre l’état du cœur et le visage de l’homme. Il y a des manifestations extérieures, visibles sur le visage qui traduisent les conditions dans lesquelles le cœur se trouve. C’est un thème de méditation fort instructif de précieuses considérations que celui des visages dans la Parole, et nous aimerions en citer quelques uns.
Nous savons aussi que dans l’Ancien Testament un accent souvent est marqué sur l’aspect physique, extérieur des personnes. Souvent, nous avons la mention de personnes desquelles il nous est dit qu’elles étaient belles de visage. C’était le cas de femmes telles que Rebecca, que Rachel, Abigaïl, c’était le cas d’un Joseph, le cas d’un Daniel dont la beauté, la fraîcheur du visage sont mentionnées, c’est le cas aussi d’un Absalom qui était beau. Mais il y a cette beauté morale aussi et spirituelle qui par exemple était le cas de Moïse duquel il nous est dit qu’il était beau à Dieu, il plaisait à Dieu, beauté selon Dieu et pour Dieu. Dans le Nouveau Testament nous constatons alors en contraste, que nous ne trouvons pas d’aspect qui soit relevé quant à la présentation physique des personnes.
Nous avons vu dans ce livre des Proverbes que le cœur joyeux égaie le visage mais par le chagrin du cœur l’esprit est abattu. Il y a en effet, bien des manifestations dans l’Écriture qui traduisent cet abattement du cœur, cette tristesse intérieure qui se manifeste par la présentation du visage. Par exemple, chacun a lu tout au début du livre de Néhémie où il nous est parlé de cet homme de Dieu si remarquable, attaché à Jérusalem, au peuple de Dieu, que, alors qu’il servait à la cour du roi, très préoccupé par l’état du peuple de Dieu et de la ville de Jérusalem, le roi le discerne sur ce visage, et lui demande s’il est malade, lui disant ce n’est rien d’autre que de la tristesse de cœur. Et du reste, Néhémie est saisi d’une grande peur car on n’avait pas le droit d’être triste devant le roi. En quelque sorte le visage est le miroir du cœur. Nous avons lu dans ce Psaume 34° que regardant alors Celui qui est la source de la vraie joie, la face du racheté, son visage, en est illuminé.
Ce qui marque la vie de l’homme sur la terre en raison des conséquences du péché et des circonstances souvent douloureuses, affligeantes, c’est la tristesse, ce sont les larmes. Et du reste il est significatif de constater que la première manifestation d’un être qui naît, c’est de pleurer. Un enfant qui voit le jour sur cette terre pleure, il me semble y voir déjà une signification morale très éloquente. Il arrive dans un monde de souffrances, il en est inconscient bien sûr, mais la première manifestation du nouveau-né c’est de pleurer, elle est même considérée comme une nécessité. Lorsqu’on a trouvé Moïse dans son coffret sur les eaux du fleuve, qu’a-t-on trouvé ? Un petit garçon qui pleurait. On peut dire que la vie de l’homme en raison des conséquences du péché et des circonstances douloureuses qui jalonnent sa vie est marquée souvent par la tristesse, par les larmes. Mais il y a peut-être différentes raisons qui conduisent la créature à pleurer, qui conduisent le croyant à verser des larmes. Il y a avant toute chose les circonstances, et ce sont certainement les motifs les plus fréquents pour lesquels l’homme pleure. Que ce soit la maladie, que ce soit le deuil, que ce soit le dépouillement, tant d’autres choses qui conduisent l’homme à pleurer. Des rois ont pleuré, des hommes ont pleuré, des femmes ont pleuré, l’Écriture est là pour le souligner, et le patriarche Job qui a connu des souffrances si particulières, profondes, peut dire dans son livre que son visage, ses yeux sont enflammés par les larmes.
Mais il y a des larmes aussi nécessaires à l’homme, c’est celles qui se rapportent au fait de pleurer sur soi-même. Pleurer sur soi, non pas à cause des circonstances proprement dites, mais à cause de ce que l’on est devant Dieu, et c’est bien le chemin par lequel devrait passer tout homme lorsqu’il prend conscience de son état de péché, de sa culpabilité, et qu’il reconnaît la nécessité de l’efficacité de l’œuvre de Christ. Pleurer sur soi-même. Mais il y a aussi les larmes du croyant qui tombe dans la faute, dans le péché, dans des circonstances déshonorant le Seigneur et qui pleure sur son état. Nous pensons bien sûr à Pierre par exemple, qui ayant renié trois fois le Seigneur, prenant conscience de la gravité de sa faute, pleure amèrement. Ce sont des larmes bénéfiques, des larmes précieuses, des larmes nécessaires pour la restauration d’un croyant qui tombe dans un état fâcheux. Le brisement du cœur, l’humiliation de deuil mené sur de telles circonstances comme ce fut le cas de Pierre et de tant d’autres exemples dans la Parole, ces larmes sont nécessaires et constituent le seuil même de la restauration. Que ce soit donc les larmes d’une femme pécheresse aux pieds du Seigneur, les larmes d’un croyant qui tombe, ce sont des larmes précieuses.
Mais il y aussi les larmes qui sont versées pour autrui, et combien de croyants ont pleuré sur autrui. Ne serait-ce que des parents qui si fréquemment pleurent sur leurs enfants qui demeurent insensibles quant à la grâce de Dieu ou qui s’en écartent, de la jouissance des bénédictions divines après les avoir connues. Que de larmes dans les foyers. Que de larmes dans les relations familiales. Il y a également les larmes qui sont liées au déshonneur jeté sur le nom du Seigneur lorsque l’on prend connaissance de conditions, de circonstances, d’états de fait qui sont un déshonneur jeté sur Seigneur. Et ce sont peut-être celles qui coulent en dernier sur nos joues, ce à quoi nous sommes peut-être le moins sensibles, car nos cœurs sont tels que nous devons bien reconnaître que nous sommes souvent beaucoup plus alertés dans nos sentiments lorsque nous sommes personnellement touchés que lorsque les droits du Seigneur sont frustrés.
Mais nous trouvons néanmoins bien des serviteurs de Dieu, des hommes de Dieu, même le peuple de Dieu, qui ont pleuré dans la Parole parce que le Seigneur n’était pas honoré, parce qu’il était déshonoré. Le chapitre 10 du Lévitique par exemple, nous relate cette circonstance où Nadab et Abihu ont été foudroyés à cause du fait qu’ils avaient déshonoré l’Éternel dans leur service, dans la sacrificature, il nous est dit : « Dehors le peuple pleurait l’embrasement que l’Éternel avait dû allumer ». Dehors, le peuple pleure à cause du déshonneur jeté sur le nom de l’Éternel et le gouvernement qu’il avait dû exercer. Nous trouvons bien des hommes de Dieu, nous pensons à Daniel, à Esdras, à Néhémie qui ont pleuré, et pleuré des larmes qui étaient véritablement la traduction de leurs affections les plus profondes pour leur Dieu, pour le peuple de Dieu, pour la maison de Dieu.
Nous trouvons aussi des visages qui sont marqués lorsque le jugement de Dieu se fait entendre, lorsqu’on prend conscience du jugement de Dieu, et cela par des incrédules, mais nous le trouvons déjà dans le cas d’Adam, où nous voyons son visage qui est marqué par les conséquences du péché. Nous savons qu’après avoir désobéi, Adam et Ève sont chassés du jardin des délices, du jardin d’Eden, ils entendent la sentence de Dieu, mais ils entendent aussi les ressources de la miséricorde de Dieu. Mais que nous est-il dit du visage, (et c’est sauf erreur la première mention du visage dans les Écritures) d’Adam après l’introduction du péché, après la chute ? C’est qu’il sera marqué par la peine, par le labeur pénible. « Tu cultiveras le sol à la sueur de ton front ». Voilà un front marqué par la souffrance, la peine du labeur pénible. À la sueur de ton front tu laboureras la terre qui produira des épines et des ronces qui sont l’expression des conséquences du péché. Et nous savons que cette sentence là n’a pas été ôtée, et c’est avec peine, avec difficulté, avec sueur sur le front que le travail s’exécute sur cette terre qui est frappée par les conséquences du péché. Remarquons en passant que si la terre a recueilli la sueur du premier homme coupable, elle a recueilli aussi plus tard la sueur devenue comme des grumeaux de sang du second homme qui va accomplir son œuvre pour la réconciliation de toute chose.
Nous trouvons également un homme tel que Belshatsar dans le livre de Daniel qui, lisant la sentence de Dieu sur le mur alors que à la louange des faux Dieux il festoie, s’enivre en faisant usage des ustensiles du temple, il peut lire cette sentence contre le mur écrite par le doigt de Dieu, et il nous est dit que son visage changea de couleur, ses genoux s’entrechoquent en prenant connaissance du jugement de Dieu qui va l’atteindre.
Il nous est parlé également dans les prophètes des jugements futurs qui s’exécuteront soit à l’égard d’Israël, ou à l’égard de l’homme en général, et nous trouvons plus d’une fois cette expression que les visages pâlissent, que les visages sont pâles lorsque l’homme prend connaissance du jugement, du gouvernement de Dieu. C’est le cas aussi dans le chapitre 18 de l’Apocalypse en ce qui concerne l’Église professante sans vie qui sera l’objet d’une sentence, d’un jugement sans appel, où les larmes seront la part de ceux qui sont frappés d’un tel jugement. Et quelle sera la condition éternelle de l’homme qui rejette Christ ? Ce sont ces grincements de dents, ce visage marqué par ce remords inutile de ceux qui ont fait fi des ressources de la grâce divine.
Mais nous trouvons par ailleurs, des visages alors qui sont réjouis, des visages qui sont on peut dire transformés, des visages qui sont émerveillés lorsqu’ils entrent en contact dans des conditions heureuses, des états d’âme selon la pensée de Dieu, avec Dieu, avec le Seigneur.
Nous pensons par exemple à Moïse qui voyant le buisson ardent, cette scène par laquelle l’Éternel parle à Moïse, lui montrant ce qu’il va faire de son peuple qui est sous l’oppression de l’ennemi en Égypte, mais qui n’est pas consumé ; Moïse, devant cette scène combien solennelle, imposante, cache son visage. Nous pensons aussi à Élie sur la montagne de Horeb, cet homme de Dieu si remarquable qui a une énergie particulière, qui n’a pas eu peur en affrontant 850 faux prophètes et sacrificateurs des ashères, et qui les égorge au Carmel, ce prophète qui, saisi par la crainte et le découragement, sortant de la confiance et da la dépendance de son Dieu, ne priant pas pour savoir ce qu’il avait à faire, et sous les menaces de la femme Jésabel, s’enfuit dans le désert pour nourrir son mécontentement, l’Éternel le faisant sortir devant Lui, et faisant au passage des éléments divers qui se déroulent devant Élie le prophète : le tremblement de terre, le vent impétueux, le tonnerre, tout cela le laisse impassible. Ce sont des éléments qui correspondent à son tempérament, c’est ce dont il était si l’on peut dire accoutumé, qui s’était passé en quelque sorte, le feu qui descend au Carmel, ces éléments là ne l’émeuvent pas . Mais quand il entend la voix subtile, alors là il ne résiste plus et il nous est dit qu’il cache son visage dans son manteau. Comme si nous lisions sur cet homme si remarquable, ce prophète combien apprécié du Dieu qu’il servait, que Dieu parle aussi par la grâce. Pas seulement par les éléments qui font frémir l’homme, mais il le brise par la grâce. Et c’est à l’ouïe de la voix subtile qu’il enveloppe sa tête dans son manteau, il ne le fait pas devant le tremblement de terre, pas plus que devant le feu et le tonnerre. Et c’est un langage aussi qui parle à nos cœurs, à nos consciences, nous conduisant à ne pas oublier que souvent, ce qui brise le cœur, c’est la grâce.
Nous aimerions évoquer trois visages qui ont été transformés dans des conditions très différentes. Nous pensons à une femme dans le premier livre de Samuel, Anne la future mère de Samuel, et nous lisons au premier chapitre au verset 12° : « Il arriva que comme elle priait longuement devant l’Éternel,… et elle mangea, et elle n’eut plus le même visage ». Une femme remarquable qu’est Anne, persécutée par sa rivale, ne recevant peut-être pas l’encouragement suffisant de la part de son mari, et qui, méprisée en raison de sa stérilité, n’a qu’une seule ressource, c’est de venir dans la maison de l’Éternel pour y prier et pour exposer sa plainte, son chagrin. Elle y rencontre Éli, cet homme qui avait une responsabilité particulière dans la sacrificature, et bien sûr dans sa maison, notamment à l’égard de ses fils. Va-t-elle trouver chez Éli de la compréhension, de la compassion ? Aucune. Nous pouvons dire que cette femme Anne, a tout contre elle. Elle ne trouve ici-bas aucun refuge auprès de personne, aucune compréhension. Et pourtant, pour elle son oasis c’est d’ouvrir son cœur à son Dieu, c’est sa seule ressource, la seule valable. Éli qui tolérait le mal dans sa maison ne pouvait pas avoir de discernement, de clairvoyance nécessaire dans une telle circonstance, car lorsqu’on tolère le mal dans soi-même, ou s’il est toléré dans sa maison, il n’y a plus le discernement, il n’y a pas la clairvoyance. Il nous est dit que physiquement il ne voyait plus clair, mais moralement et spirituellement il était aveuglé et d’une manière particulièrement grave et sévère et ce sont là les reproches les plus flagrants qui lui sont adressés, c’est que le mal laissé dans sa maison et dans la sacrificature, il le connaît. Elle ne reçoit donc aucun encouragement bien loin de là puisqu’elle est méprisée par Éli qui la met au rang d’une fille idolâtre une femme prise de vin. Quelle offense ! Quelle blessure dans cette femme non seulement pieuse mais spirituelle. Et nous pouvons bien percevoir dans le cœur de cette femme une souffrance que sans doute elle discernait au sein du peuple de Dieu et au sein de la sacrificature. Cette femme ouvre son cœur, mais ce qui est remarquable et aura des conséquences dans la suite, c’est qu’en dépit du mépris duquel elle est l’objet de la part d’Éli, de l’incompréhension totale qu’elle éprouve, elle conserve à l’égard d’Éli précisément un respect remarquable : « Non, mon Seigneur ». Éli change d’appréciation à sa propre confusion, mais il est beau de voir que cette femme méprisée par Éli ne réagit pas par la chair, elle réagit spirituellement et une telle attitude va même marquer son enfant. Nous pouvons bien penser que lorsque son enfant est né et qu’il était près d’elle avant qu’elle ne le conduise à la maison de l’Éternel selon le vœu qu’elle avait nourri dans son cœur, selon lequel elle avait dit, si j’ai un fils je le donnerai à l’Éternel, on peut bien penser qu’elle n’a pas parlé du mépris dont elle était l’objet de la part d’Éli. Elle a inculqué dans le cœur de son enfant le respect qui revenait à l’homme de Dieu, le laissant à sa responsabilité quant à l’attitude qu’il avait démontrée à son égard. Et la première chose que fait ce jeune garçon lorsqu’il sera amené dans la maison de l’Éternel à Éli, elle peut dire j’ai prié pour cet enfant, elle avait prié non seulement depuis sa naissance, mais avant qu’il naisse, et l’Éternel m’a accordé la demande que je lui ai faite. Elle s’adresse encore au verset 26° à Éli lui disant : « Mon Seigneur », combien cela est important. Elle nous montre la manière d’inculquer dans l’enfant le respect et cette dignité, cette révérence, cette disposition convenante en rapport avec la maison de Dieu et ceux qui la constituent en dépit de leur défaillance. On peut remarquer en passant que quand elle n’avait pas encore l’enfant elle a dit qu’elle le donnerait, et puis lorsqu’elle l’a elle dit : « Je l’ai prêté », c’est le cœur d’une mère qui veut garder un petit peu son enfant pour elle. Elle est donc dans ce temple, elle expose son chagrin, sa plainte, sa souffrance, mais ce que nous retenons en rapport avec ce qui nous occupe, c’est qu’après avoir déposé le fardeau de son cœur aux pieds du Seigneur, il nous est dit qu’elle s’en alla son chemin, elle mangea et n’eut plus le même visage. Nous pensons à ces paroles de l’Apôtre : « Ne vous inquiétez de rien, exposez vos requêtes à Dieu » et qu’est-ce qui arrivera ? La paix de Dieu, laquelle surpasse toute intelligence remplira vos cœurs, gardera vos cœurs dans le Christ Jésus. Le cœur et les pensées gardés dans le Seigneur. Elle a déposé son fardeau. Il nous arrive de le faire. Mais si facilement, après l’avoir déposé aux pieds du Seigneur, comme on le dit communément, nous le reprenons en nous relevant. Mais il est beau de voir la confiance de cette femme dans une situation douloureuse, difficile, exerçante, où elle connaît, en plus de la douleur de sa circonstance, le mépris dans le sein de son foyer, le mépris dans la maison de Dieu. Elle a déposé son chagrin, elle se relève, elle n’est plus préoccupée par ce qui l’a conduite à porter ses pas jusque là, elle s’en va son chemin, elle n’a plus le même visage. Transformation d’un visage par la confiance et la dépendance exprimées par la prière aux pieds du Seigneur.
Nous pensons à un deuxième passage dans le livre de l’Exode au chapitre 34, nous lisons à partir du verset 29° : « Et il arriva que, lorsque Moïse… Et les fils d’Israël voyaient le visage de Moïse, que la peau du visage de Moïse rayonnait ». Moïse sort de la présence de Dieu, il est porteur des tables du témoignage, ce ne sont pas les premières tables qu’il a reçues sur le Sinaï, car nous savons bien dans la page qui précède ce qu’il en est advenu de ces tables que l’Éternel a écrites de sa propre main et que Moïse en compagnie de Josué porte dans ses bras pour descendre la montagne. Et voyant le désordre dans lequel Aaron a livré le peuple, réalisant que si cette Loi pénétrait dans le peuple il serait consumé, sans rien demander à l’Éternel, il brise les tables. Il est du reste très frappant que dans les circonstances les plus solennelles, Moïse ne demande rien. Elles sont si évidentes à ses yeux, le discernement spirituel lui est donné d’accomplir des actes sans rien demander car ils s’imposent à sa conscience, il brise les tables, alors que plus tard, il interrogera l’Éternel ne serait-ce que pour le mariage des filles de Tselophkad. Mais ces tables là, lorsqu’il les porte puis les brise, et lorsque moïse descend la montagne, nous ne voyons pas que son visage rayonnait. Mais maintenant, après l’intercession de Moïse, après ce qui s’est produit dans le chapitre 33 à savoir qu’il y a eu humiliation dans le peuple, il y a intercession de la part de Moïse, il y a promesse de la part de l’Éternel, et après que Moïse ait reçu les tables et entendu ces paroles qui font l’objet du chapitre 34 notamment au verset 6, et qu’il entend ces paroles à savoir que l’Éternel est miséricordieux faisant grâce lent à la colère et grand en bonté et en vérité, gardant la bonté envers des milliers de générations pardonnant l’iniquité la transgression et le péché, alors à l’ouïe de telles paroles, de telles promesses, Moïse, porteur des secondes Lois, secondes tables, bien qu’elles soient écrites selon les mêmes paroles que les premières, car Dieu ne change pas dans sa parole, mais ayant en lui une Loi, comme on l’a dit mitigée de grâce, et étant l’instrument de l’introduction d’une alliance médiatoriale, Moïse, à l’ouïe de cette miséricorde, de cette bonté, du pardon de la transgression et de l’iniquité, nous comprenons que Moïse alors, descend et que son visage rayonne. Nous avons lu au verset 29 que descendant de la montagne, s’avançant vers le peuple porteur des tables du témoignage, Moïse ne savait pas que la peau de son visage rayonnait. Ce n’est en effet, pas Moïse qui se contemplant dans un miroir constate que la peau de son visage rayonne, ce sont ceux qui l’entourent, ceux qui le voient qui constatent ce rayonnement sur son visage dans une telle mesure qu’ils ne peuvent même pas le soutenir. La cause, le mobile d’un tel rayonnement sur son visage transformé, c’est parce qu’il a parlé avec son Dieu, parce qu’il a entendu de la bouche de son Dieu dans cette intimité si précieuse, puisque l’Éternel avait des entretiens d’une intimité particulière avec ce serviteur, et cette intimité dans le sanctuaire de Dieu produit ce rayonnement sur son visage. Mais le mobile sans doute, c’est d’avoir entendu parler de pardon, de miséricorde, de bonté. Il communique au peuple comme doit le faire tout serviteur de Dieu qui n’est pas une source, ce qui est requis de lui c’est qu’il soit un canal. Il a le privilège et la responsabilité de transmettre dans sa pureté, dans son intégrité sans adjonction ni altération ni suppression tout ce que la grâce de Dieu lui a accordé de connaître par la bouche divine. Il communique donc tout ce que l’Éternel lui avait fait comprendre, lui avait dit, tout ce qui lui avait été ordonné. C’est en effet ce que nous trouvons souvent dans la Parole, même un Samuel, jeune garçon était responsable de communiquer à Éli, puisque c’est à lui que l’Éternel s’adresse car il ne parle plus à Éli, il doit lui communiquer tout ce que l’Éternel lui a dit. Si nous pensons à l’Apôtre, il peut dire aux anciens d’Éphèse qu’il n’a mis aucune réserve pour leur communiquer, leur enseigner, leur faire connaître tout le conseil de Dieu. C’est une grande responsabilité et le serviteur n’a pas le droit ni d’ajouter, ni de retrancher quoi que ce soit à ce que le Seigneur lui ordonne de communiquer, ce qui conduit à honorer, glorifier le Seigneur et pour la bénédiction des âmes. Du reste, cet enseignement se retrouve à la fin de l’Écriture, celui qui ajoute ou celui qui retranche est l’objet de son jugement. C’est ce que fait donc Moïse, il communique tout ce que l’Éternel lui avait dit sur la montagne de Sinaï, et nous le voyons rentrant devant l’Éternel et ressortant devant le peuple. Lorsqu’il entre il enlève le voile, lorsqu’il sort pour s’adresser au peuple, il remet le voile, nous sommes sous la Loi. Et la présence du voile est bien la manifestation que le peuple n’est pas encore introduit dans une liberté de relation et dans une révélation complète des caractères divins. C’est la raison pour laquelle Paul peut dire en s’adressant aux Corinthiens, que ceux qui veulent délibérément rester sous la Loi, le voile demeure. Mais par la grâce de Dieu, pour celui qui a Christ pour partage et qui, introduit dans des relations filiales et vitales, saisit avec bonheur l’entier des révélations divines, ce voile ne subsiste plus bien que nous ne considérions que partiellement selon nos limites, nous voyons au-travers d’un verre, mais il n’y a plus ce voile qui nous montre que la relation n’est pas encore vraiment établie, ce voile qui faisait séparation entre les lieux saints, comme nous le savons dans le Tabernacle et dans le temple. Mais Moïse est introduit dans des relations de proximité particulières, il est l’objet d’une intimité qui est une grâce particulière de la part de Dieu à son endroit, et nous voyons qu’il ôte le voile lorsqu’il entre pour parler avec Lui. Mais ce que nous retenons dans cette scène, c’est que le visage de Moïse rayonne parce qu’il a parlé avec Lui et parce qu’il a entendu parler son Dieu qui lui a communiqué ses pensées. La Parole de Dieu qui produit un rayonnement dans le croyant et qui se voit sur son visage.
Troisième visage transformé, nous pensons à Étienne. Dans le chapitre 6 du livre des Actes, verset 15. Nous savons qu’Étienne est accusé par les Juifs, il va être condamné et lapidé et, s’adressant à ses accusateurs, il retrace en quelque sorte toute la vie d’Israël. Il nous est dit : « Et tous ceux qui étaient assis dans le sanhédrin, ayant leurs yeux arrêtés sur lui, virent son visage comme le visage d’un ange ». Et à la fin du chapitre 7, depuis le verset 54 : « Et entendant ces choses… voici, je vois les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu ». Un homme plein de l’Esprit Saint. Avoir l’Esprit Saint en soi, le partage du croyant, ou être rempli de l’Esprit Saint sont deux choses distinctes. C’est la fin de la période judéo-chrétienne, et après un temps d’attente et de patience divines à l’égard de ce peuple responsable et coupable à l’égard du Seigneur rejeté et crucifié, ce temps d’attente étant l’exaucement de la prière du Seigneur sur la croix : « Père pardonne leur car ils ne savent ce qu’ils font », ce temps d’attente prend fin et c’est la fin de la période dite judéo-chrétienne, et c’est aussi la fin des relations entre Dieu et son peuple terrestre. C’est est dès lors fini quant à ses relations de Dieu, du Seigneur avec son peuple terrestre. Ce premier témoin ou martyr de l’économie de la grâce, est donc l’objet des accusations et de la condamnation de la part des Juifs auxquels il rappelle encore toutes les voies de grâce de l’Éternel à l’égard de ce peuple. Il lui est accordé comme encouragement avant sa mise à mort de fixer ses yeux vers le ciel et de voir la gloire de Dieu et Jésus debout à sa droite, et il peut le déclarer disant : « Voici je vois les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu ». Le Seigneur n’est pas encore assis, il est encore prêt à intervenir en faveur de son peuple s’il y eut repentance, confession. Dès lors il va s’asseoir, la situation sera définitive pour un long temps à l’égard d’Israël jusqu’à ce qu’il se reconnaisse coupable dans un temps qui aujourd’hui est encore futur. Mais il est accordé à Étienne cet encouragement à nul autre comparable, de voir peu avant sa mort les cieux ouverts et le Seigneur, la gloire de Dieu, le Seigneur debout à la droite de Dieu. Cette contemplation produit un effet remarquable en lui-même, et nous pouvons bien penser que cette transformation qui a été vue en lui est liée à cette faveur, cette intimité, cette approbation divine, cette contemplation, cette vision qui lui est accordée. Il ne nous est pas dit que c’est lui qui réalise qu’il est transformé à la ressemblance d’un ange, mais ce sont ses accusateurs qui voient son visage, ceux du Sanhédrin qui arrêtent leurs yeux sur lui. Quelle différence de contemplation. Nous avons Étienne qui arrête son regard sur les cieux ouverts pour voir la gloire, et eux, ses accusateurs qui arrêtent leurs yeux plein de méchanceté, de haine, de condamnation sur ce premier témoin, ce fidèle serviteur, ce premier martyr et qui voient son visage semblable à celui d’un ange. Combien cela est remarquable.
N’avons-nous pas pour nous-mêmes un encouragement précieux dans ces trois scènes ? Si les circonstances, la vie d’ici-bas conduisent à tant de tristesse, tant de souffrance, tant de visages abattus, c’est ce qui marque l’homme dès son chemin sur la terre ici-bas, l’homme coupable, l’homme placé sous les conséquences du péché, nous avons vu Adam qui a un visage marqué par la sueur, nous voyons son fils qui s’en va le visage irrité, et tant d’autres circonstances encore. Quel encouragement de nous rappeler ces trois scènes où nous voyons des visages transformés. Et nous avons en quelque sorte dans ces trois scènes, l’évocation de tout ce que comporte la vie chrétienne, la vie de communion avec le Seigneur. La première scène, une communion, la confiance et la dépendance réalisées dans la prière. La deuxième scène, l’encouragement l’édification, la bénédiction d’un cœur qui est à l’écoute de la Parole de Dieu. Et dans la troisième scène, cette bénédiction à nul autre semblable qui résulte de contempler le Seigneur, il a vu la gloire de Dieu et le Seigneur glorifié dans le ciel. Ce que notre foi peut contempler, ce sur quoi nous sommes appelés à fixer nos yeux comme nous le lisons dans l’épître aux Hébreux : « Fixant les yeux sur Jésus », Jésus glorifié assis à la droite de Dieu maintenant, et quelle transformation, quel suprême encouragement qui produit l’adoration. Il me semble que nous avons dans ces trois scènes le cycle complet de la vie du croyant, le cycle complet aussi de la vie de l’assemblée : la prière, la Parole de Dieu, l’adoration.
Que ces choses nous encouragent, de telle sorte que nos cœurs soient remplis d’une joie qui se voit aussi et qui se traduit sur des visages rayonnants. Nous pouvons étendre le sujet sur son aspect sans doute le plus beau, le plus élevé, le plus excellent, le visage du Seigneur. Les évocations du visage du Seigneur constituent un sujet d’une édification de la plus haute valeur. De l’aspect extérieur, nous savons bien que la seule évocation que nous en ayons c’est dans les chapitres 52 et 53 d’Ésaïe, où il nous est dit de lui que son visage était défait plus que celui d’aucun homme et sa face plus que celle d’aucun fils d’homme. Le visage de l’homme-Dieu, du Seigneur Lui-même évoqué par le prophète comme étant marqué par la souffrance. Le visage de l’homme de douleurs. Nous trouvons aussi à plus d’une reprise le Seigneur qui pleure, il a pleuré au tombeau de Lazare, il a pleuré sur Jérusalem, nous le voyons montant le chemin à côté de cette ville coupable pleurant sur Jérusalem. Il nous est dit dans l’épître aux Hébreux aussi qu’il a offert des supplications avec cris et avec larmes à celui qui pouvait le sauver de la mort. Mais par ailleurs nous voyons des évocations du visage du Seigneur resplendissant de gloire. Nous pensons bien-sûr à la scène de la transfiguration, où nous avons soit dans la scène elle-même, soit lorsque Paul parlera plus tard à Agrippa de ce qu’il a vu du Seigneur Lui-même dans cette scène du chemin de Damas, où nous avons ces évocations de la splendeur qui resplendit sur la face du visage, et son visage resplendissant comme le soleil, c’est sa gloire officielle, ou alors plus resplendissante que celle du soleil, c’est sa gloire de Fils unique, sa gloire personnelle. Il nous est accordé maintenant par la foi de contempler la gloire du Seigneur selon ces passages déjà cités de 2 Co. 3 : « Contemplant à face découverte la gloire du Seigneur ». Nous sommes alors conduits par sa grâce à réaliser cette progression dans cette jouissance de son intimité, cette transformation de gloire en gloire comme par le Seigneur en Esprit.
Que le Seigneur nous donne le désir de le réaliser et la grâce de le réaliser dans l’attente du jour où nous Le verrons des yeux de nos corps glorifiés, étant rendus conformes à son image, semblables à Lui où nous fixerons nos yeux sur Lui, lui adressant une éternelle adoration, entourant Celui dont la face est un rassasiement de joie et dans la droite duquel il y a des plaisirs pour toujours.