Pierre COMBE
Table des matières :
2 - Quelles sont les conditions essentielles de la PRIÈRE ?
2.1 - au nom du Seigneur Jésus
2.2 - en accord avec sa volonté.
2.3 - avec droiture de coeur et intégrité
2.4 - avec l’Esprit et avec intelligence
2.5 - Accord pour la prière en commun
3 - Qu’est-ce qui doit caractériser la PRIÈRE ?
3.1 - La conscience de notre faiblesse, de nos besoins et de l’absence de ressources en nous-mêmes.
3.2 - Le sentiment de notre dépendance.
3.3 - Une réelle confiance, une foi vivante.
3.4 - Une disposition constante, fruit de notre communion avec le Seigneur.
3.5 - Une pratique journalière.
3.6 - Une activité persévérante.
3.8 - Un exercice réel, l’expression de besoins précis.
3.9 - Elle doit être sage quant à sa durée.
4 - Nature des différentes PRIÈRES
5 - Pour qui et par qui les PRIÈRES sont elles adressées ?
5.3 - Prières des autres pour nous.
6 - À qui la PRIÈRE est-elle adressée ?
6.2 - Prières adressées au Père
6.3 - Prières adressées au Seigneur Jésus
6.4 - Prières par l’Esprit, non pas adressées à l’Esprit
6.5 - Prières à l’occasion du culte de l’Assemblée
6.6 - Conclusion sur le sujet de l’adresse des prières
9.1 - Prières entendues, non exaucées.
9.2 - Prières qui ne sont pas écoutées
9.3 - Cas où il ne faut pas prier
9.4 - Prière anormale, voire inconvenante
« Les yeux du Seigneur sont sur les justes et ses oreilles sont tournées vers leurs supplications » 1 Pierre 3:12
« Tout homme pieux te priera au temps où l’on te trouve » Psaume 32:6
La prière est une ressource infiniment précieuse, accordée au croyant pour le temps de son pèlerinage ici-bas. Elle fait partie de l’exercice de la piété que nous sommes exhortés à pratiquer et par lequel seulement nous pouvons goûter une communion réelle avec le Seigneur. Si, par sa Parole, Dieu se plaît à nous communiquer ses pensées et son propos, déclarations auxquelles nous devons prêter l’oreille, être attentifs (Ésaïe 28:23), par la prière nous avons le privilège de nous adresser à Lui en toute liberté, sachant qu’il nous écoute. Elle doit constituer une activité spirituelle que nos coeurs recherchent, la culture des rapports vitaux de nos âmes avec Dieu, l’atmosphère dans laquelle le chrétien vit et sans laquelle il est impossible de réaliser une marche à sa gloire. Il est frappant de constater qu’elle fait immédiatement suite à la conversion. Lorsque le Seigneur envoie Ananias chercher Saul de Tarse à Damas, il lui dit : « Voici, il prie » (Actes 9:11).
La prière occupe une telle place dans la Parole, et les
enseignements comme aussi les exhortations qui s’y rapportent sont si abondants
et variés, que nous pouvons subdiviser ce vaste sujet selon ses différents
aspects, ce qui permettra d’en dégager quelques pensées avec plus de clarté,
laissant au lecteur le soin de les méditer plus amplement. Précisons que nous
ne limiterons pas ces considérations à la prière au sens propre du mot,
c’est-à-dire la demande ou requête que nous présentons afin de recevoir
de la part de Dieu, mais nous
citerons aussi les diverses actions par lesquelles nous offrons
, telles que
la louange, l’adoration qui lui est due, service revêtant un caractère plus
élevé sans toutefois dénoter une proximité plus grande.
Si nous réalisons la grandeur, la majesté et la sainteté de la Personne à laquelle nous nous adressons, nous serons rendus conscients de l’humilité qui nous convient, du profond respect et de la révérence qui doivent caractériser nos attitudes et nos paroles.
C’est au nom du Seigneur
Jésus
que nos prières s’adressent à Dieu. « Si vous demandez quelque chose
en mon nom, moi je le ferai » (Jean 14:14). « Quelque chose que vous fassiez, en
parole ou en oeuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, rendant grâces par
lui à Dieu le Père » (Col. 3:17). Par le Seigneur, notre grand souverain
sacrificateur qui peut sympathiser à nos infirmités, nous pouvons nous
approcher avec confiance du trône de la grâce (Héb. 4:14-16). En vertu des
offices célestes qu’il exerce en notre faveur, nos prières présentées en son
nom parviennent à Dieu comme enveloppées de sa justice et de sa sainteté.
Elles doivent être en
accord avec sa volonté.
« Si nous demandons quelque chose selon sa volonté,
il nous écoute » (1 Jean 5:14). En sondant les Écritures, nous acquerrons le
discernement de cette volonté. « Ne soyez pas sans intelligence, dit Paul, mais
comprenez quelle est la volonté du Seigneur » (Éph.
5:17 et Rom. 12:2). De plus, que nos requêtes soient présentées en toute
soumission, acceptant d’avance la réponse qui nous sera donnée. Combien la
chose est difficile à réaliser ! Nous avons l’exemple parfait du Seigneur
qui a terminé sa prière en Gethsémané par ces mots : « Non pas comme moi je
veux, mais comme toi tu veux » (Matt. 26:39, 42).
C’est avec droiture de coeur et intégrité qu’il convient d’exprimer nos prières, étant conscients que Celui qui les entend connaît nos pensées cachées et discerne les mobiles de nos requêtes. « La prière des hommes droits lui est agréable » (Prov. 15:8). David pouvait dire : « Je sais, ô mon Dieu, que tu sondes le coeur et que tu prends plaisir à la droiture » (1 Chron. 29:17), et les fils de Coré : « Il ne refusera aucun bien à ceux qui marchent dans l’intégrité » (Ps. 84:11). Le chapitre 22 des Nombres nous montre en la personne de Balaam un coeur qui manque de droiture. Sa recherche simulée de la volonté de Dieu était mêlée au désir du salaire d’iniquité pour lequel il laissa le droit chemin (2 Pierre 2:15). Combien facilement aussi nous sommes exposés à demander ce qui pourrait satisfaire nos coeurs naturels, exprimant des désirs même légitimes, mais qui ne rencontrent pas l’approbation divine. Nous en avons un exemple frappant dans la prière qu’adresse au Seigneur la mère des fils de Zébédée, touchant ses fils. Il doit lui être répondu : « Vous ne savez ce que vous demandez » (Matt. 20:20-22).
1 Corinthiens 14:15 nous dit : « Je prierai avec l’esprit, mais je prierai aussi avec l’intelligence ». Pour prier avec l’esprit, il faut nécessairement que l’Esprit Saint ait une libre action en nous-mêmes, n’étant pas attristé. Ce Consolateur divin qui nous conduit dans toute la vérité (Jean 16:13) dirigera nos demandes afin qu’elles soient selon sa pensée et pour la gloire du Seigneur. Il nous aidera dans notre infirmité, nous rendant capables de demander comme il convient (Rom. 8:26). L’intelligence, don de Dieu (Dan. 1:17), ne doit pas être une entrave, ce qu’elle devient en produisant le raisonnement et en excitant l’orgueil, mais une aide mise au service de la piété et soumise à l’action de l’Esprit. Je prierai « aussi » avec l’intelligence. Si les choses de Dieu sont cachées à l’intelligence naturelle (Matt. 11:25), cette faculté, renouvelée dans le croyant, maintenue dans l’humilité, doit nous aider à discerner la pensée de Dieu. Paul a pu dire : « Je parle comme à des personnes intelligentes : jugez vous-mêmes de ce que je dis » (1 Cor. 10:15). L’esprit et l’intelligence sont requis pour la prière, comme aussi pour le chant.
Quant à la prière en commun, une condition d’exaucement de toute importance, c’est l’accord de ceux qui prient, à l’égard des choses demandées. « Si deux d’entre vous sont d’accord… ». (Matt. 18:19). Les premiers chrétiens « persévéraient d’un commun accord dans la prière » (Actes 1:14). Nous sommes exhortés à avoir « une même pensée, ayant un même amour, étant d’un même sentiment, pensant à une seule et même chose » (Phil. 2:2). Quel réconfort, lorsque dans les réunions de prières, les nombreux amens qui se font entendre témoignent de ce commun accord !
La Parole de Dieu met aussi l’accent sur la tenue que requiert
la prière. L’homme
, étant l’image de la gloire de Dieu,
doit avoir la tête découverte
. « Tout homme qui prie ayant quelque
chose sur la tête, déshonore sa tête ». Contrairement, la femme
qui prie doit avoir la tête
couverte
, ayant ainsi, à cause des
anges, une marque de l’autorité à laquelle elle est soumise. La Parole nous
dit : « Si la femme n’est pas couverte, qu’on lui coupe aussi les cheveux »,
ce qui est déshonnête car la longue chevelure lui est donnée comme gloire, en
guise de voile (1 Cor. 11:1-16).
C’est en effet la réalisation de notre incapacité et de la nécessité du secours divin qui nous conduiront à nous rejeter sur le Seigneur par la prière. Nous ne saurions nous adresser à Lui avec une prétention quelconque. En Luc 18:9-14, son appréciation des prières prononcées par le pharisien et le publicain est très instructive. C’est dans la mesure où nous réaliserons notre impuissance qu’il nous sera possible d’apprécier la puissance de Dieu. « Use de grâce envers moi, Éternel ! car je suis défaillant » (Ps. 6:2). « Invoque-moi au jour de la détresse je te délivrerai, et tu me glorifieras » (Ps. 50:15).
Si nous vivons dans la dépendance du Seigneur, laquelle le glorifie, nous serons conduits à lui remettre tout ce qui nous concerne. Dans les circonstances importantes de notre existence, dans le choix d’un chemin, notre recours est de dépendre de Lui, d’interroger sa bouche par la prière afin d’avoir le discernement de sa pensée. Dans l’affaire des Gabaonites, Israël qui n’a pas interrogé l’Éternel en a supporté de douloureuses conséquences. Esdras publie un jeûne… pour demander à l’Éternel le vrai chemin, pour le peuple et pour les enfants (Esdras 8:21). « Dans toutes tes voies connais-le, et il dirigera tes sentiers » (Prov. 3:6). La dépendance se manifeste aussi dans les petites choses de la vie journalière par un abandon aux soins et à la fidélité du Seigneur, qui ne saurait toutefois être de l’insouciance.
Sachant que nos besoins sont parfaitement connus, que l’intention de Dieu est toujours de nous bénir et qu’il est puissant pour faire infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons, nous avons des motifs d’être sans crainte, confiants. « Approchons-nous … avec confiance du trône de la grâce » (Héb. 4:16). « Remets ta voie sur l’Éternel, et confie-toi en Lui ; et Lui, il agira » (Ps. 37:5). « J’ai dit de l’Éternel : Il est ma confiance et mon lieu fort ; il est mon Dieu, je me confierai en lui » (Ps. 91:2). Combien facilement nous doutons, manquant de foi dans sa puissance et sa sagesse ! Et pourtant, la Parole nous déclare quant à celui qui doute : Qu’il « ne pense pas qu’il recevra quoi que ce soit du Seigneur » (Jacq. 1:7). « Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous le recevez, et il vous sera fait » (Marc 11:24).
Ainsi, nous ne fléchirons pas nos genoux occasionnellement, seulement lorsque des exercices particuliers préoccupent nos coeurs, mais nous le ferons aussi pour exposer ce qui constitue notre vie quotidienne, réalisant que notre vie chrétienne ainsi que le témoignage qui s’en dégage sont tissés de détails. Si rien n’est trop grand pour que la puissance de Dieu puisse le faire, rien n’est trop petit pour que son amour veuille s’en occuper. Le Seigneur lui-même enseigne aux siens qu’ils doivent toujours prier et ne pas se lasser (Luc 18:1). L’apôtre Paul écrit aux Thessaloniciens : « Priez sans cesse » (1 Thess. 5:17). Cette exhortation, sans faire nécessairement appel à un arrêt dans nos occupations, signifie une disposition continuelle de nos coeurs, la prière étant comme la respiration spirituelle de nos âmes.
Chaque jour, et plusieurs fois par jour, nous devons sentir le besoin de nous approcher de Dieu par la prière pour lui présenter par le Seigneur Jésus nos requêtes avec des actions de grâces. Quelle faveur et quelle sécurité de pouvoir lui confier dès le matin la journée qui commence. Certes, nous en sentons davantage la nécessité lorsque nous traversons l’épreuve, mais la prière doit constituer un exercice quotidien, dans la jouissance de notre proximité du Seigneur, du libre accès que nous avons auprès de Lui. Daniel, à genoux dans sa chambre et au péril de sa vie, priait trois fois par jour, en rendant grâces (Dan. 6:10). Il n’a pas attendu l’épreuve pour le faire, car il est dit : « Comme il avait fait auparavant ». « Éternel ! je crie à toi, et dès le matin ma prière te prévient » (Ps. 88:13). Le Seigneur, divin modèle, priait dans un lieu désert, longtemps avant le jour (Marc 1:35).
Plus nous réalisons nos faiblesses et les dangers qui nous menacent, plus aussi nous aurons à coeur la gloire du Seigneur, le bien des siens et celui de tous les hommes ; alors, nous serons inclinés à persévérer dans la prière. Quant à nous-mêmes, ce sera notre sûre sauvegarde ; quant aux autres, cette persévérance sera la traduction de l’amour que nous leur portons. Comme nous l’avons déjà cité, les premiers chrétiens persévéraient dans la prière avec les femmes et avec Marie, la mère de Jésus (Actes 1:14). « Persévérez dans la prière, veillant en elle avec des actions de grâces » (Col. 4:2). « Pour nous, nous persévérerons dans la prière et dans le service de la parole » (Actes 6:4).
Le Seigneur, dans sa parfaite connaissance, sait ce qu’il nous faut, mais il connaît aussi le moment propice pour répondre à nos demandes. Nous sommes facilement caractérisés par l’impatience, mais la confiance en sa sagesse nous donnera la patience pour attendre, et dans le silence, le salut de l’Éternel (Lam. 3:26). Saül, à Guilgal, n’a pas su attendre la venue de Samuel. Il « se fit violence » et offrit l’holocauste. Nous connaissons les conséquences qui sont résultées de ce fol agissement (1 Sam. 13:6-14). La patience n’est pas un fruit de la nature humaine, mais de la nature divine à laquelle nous participons (2 Pierre 1:3-7). Elle est aussi le produit de l’épreuve de notre foi (Jacq. 1:3). « Le matin, je disposerai ma prière devant toi, et j’attendrai » (Ps. 5:3).
Si la prière doit nous être coutumière, nous devons pourtant en bannir toute routine, tout formalisme, toute vaine redite (Matt. 6:7). Exprimons par elle les choses que nous désirons vraiment, celles que nous recherchons ardemment. Si nos requêtes sont la présentation de ce qui nous tient à coeur, elles seront ferventes, et de telles supplications peuvent beaucoup (Jacq. 5:16). Combien facilement nous restons sur les généralités, exposant même des vérités très précieuses à leur place mais qui ne constituent ni une requête, ni une action de grâces. Gardons-nous, et tout particulièrement dans les réunions de prières, de longs exposés qui transforment parfois nos prières en méditations que l’on adresse au Seigneur. Quelle fraîcheur lorsqu’une prière témoigne de besoins précis, véritables et sentis ! « Ami, prête-moi trois pains » (Luc 11:5). Le psalmiste pouvait dire : « j’ai demandé une chose à l’Éternel, je la rechercherai » (Ps. 27:4). « Isaac pria instamment l’Éternel au sujet de sa femme… et l’Éternel se rendit à ses prières » (Gen. 25:21).
Dans le particulier
, nous ne fatiguerons jamais le
Seigneur en priant fréquemment, longuement et abondamment, lui présentant tout
ce que nous avons sur le coeur. La Parole nous exhorte à prier sans cesse (1
Thess. 5:17), en tout temps (Luc 21:36), toujours (Luc 18:1). Quelle
sanctification pratique découle pour nos vies de cet exercice qui nous conduit
certainement au jugement de nous-mêmes. Quelle bénédiction peut résulter pour
la famille et pour l’Assemblée, des heures passées à genoux par les parents,
par un frère ou une soeur. Ce service, particulièrement précieux aux yeux de
Dieu, est souvent ignoré de ceux qui en sont les bénéficiaires. Les Colossiens
étaient un sujet constant de prières pour l’apôtre Paul (Col. 1:3, 9). Écrivant
aux Corinthiens, le même serviteur leur dit que ce qui le tient assiégé tous
les jours, c’est la sollicitude pour toutes les assemblées (2 Cor. 11:28). Nous
avons des exemples remarquables de l’attachement au peuple de Dieu et de
l’identification avec son état dans les prières d’Esdras (ch. 9:5-15) et de
Daniel (ch. 9:3-19). Moïse, élu de Dieu, s’est tenu à la brèche et par ses
prières, la fureur divine a été détournée d’Israël (Ps. 106:23).
Il en est autrement de la prière
faite en public
, en assemblée. Nous sommes exposés, dans nos réunions
revêtant ce caractère, à présenter des prières trop longues, les rendant par
cela moins objectives, voire même confuses. Ceux qui les entendent en éprouvent
de la lassitude et sont facilement distraits. Le frère qui prie, étant la
bouche de l’Assemblée, doit être exercé à le faire de telle façon que chacun
puisse dire amen en sachant ce qui a été demandé, manifestant ainsi son accord
avec ce qui a été dit. Il sera certainement préférable qu’un frère prie deux
fois, plutôt que de présenter une abondance de besoins dans une seule action.
Nos prières publiques gagneront certainement en ferveur et en fraîcheur par
leur brièveté, leur simplicité et leur précision (Luc 20:47).
Les Écritures nous enseignent à prier « par toutes sortes de prières et de supplications, en tout temps, par l’Esprit, et veillant à cela avec toute persévérance » (Éph. 6:18). Nos prières peuvent donc revêtir des caractères différents suivant les circonstances dans lesquelles nous nous trouvons, comme aussi en fonction des dispositions de nos coeurs. Nous en citerons quelques-uns :
La demande ou requête,
sens
propre du mot « prière », par laquelle nous exposons des besoins, requérant de la
part de Dieu ce qui nous fait défaut. Comme croyants, nous ne demandons pas ce
qui nous est déjà donné en grâce, ce que nous avons en Christ, comme par
exemple la paix avec Dieu ou le pardon de nos péchés, car pour le croyant, ces
choses sont acquises. Par contre, nous pouvons demander qu’il nous en accorde
la jouissance, que nous en goûtions toujours plus les effets. « Exposez vos
requêtes à Dieu par des prières… et la paix de Dieu, laquelle surpasse toute
intelligence, gardera vos coeurs et vos pensées dans le Christ Jésus » (Phil.
4:6). « Si vous demandez quelque chose en mon nom, moi, je le ferai » (Jean
14:14).
La supplication
est
une prière ardente et insistante, exprimée dans la conscience que Celui à qui
nous la présentons est puissant comme aussi seul en mesure d’y répondre. La
supplication évoque la pensée de la nécessité absolue d’obtenir la chose
implorée, bien que l’humilité et la soumission soient requises dans de telles
prières. Daniel pouvait dire : « Écoute, ô notre Dieu, la prière de ton serviteur
et ses supplications… ce n’est pas à cause de nos justices que nous
présentons devant toi nos supplications, mais à cause de tes grandes
compassions » (Dan. 9:17, 18). « Prête l’oreille, ô Éternel, à la voix de mes
supplications », dit David (Ps. 140:6).
La plainte
est
l’expression, dans la prière, de la douleur que nous exposons au Seigneur.
C’est le gémissement d’un coeur opprimé. Anne, priant longuement, incomprise d’Éli qui l’observait, doit lui dire : « Je suis une
femme qui a l’esprit accablé… c’est dans la grandeur de ma plainte et de mon
chagrin que j’ai parlé jusqu’à présent » (1 Sam. 1:15, 16). David, dans le
Psaume 55, verset 2 , écrit : « Écoute-moi, et réponds-moi ; je
m’agite dans ma plainte et je me lamente ». Le psaume 102, dans son ensemble,
est une plainte. (*)
(*) Note Bibliquest : « Il y a des prières qui sont comme une plainte de l’âme et qui tiennent à ce que celle-ci n’a pas la jouissance présente de la vue du Seigneur dans le sanctuaire, bien qu’elle en ait le souvenir » (JND notes sur Luc 11)
Le soupir
est aussi
une manifestation des sentiments de l’accablé. Il est entendu de Dieu, comme
une prière. L’intensité des souffrances peut priver le croyant des facultés
nécessaires pour prier mais ses soupirs qu’il fait monter devant Lui dans de
telles circonstances sont entendus. « L’Esprit nous
est en aide dans notre infirmité ; car nous ne savons pas ce qu’il faut
demander comme il convient ; mais l’Esprit lui-même intercède par des
soupirs inexprimables » (Rom. 8:26). « Ne cache point ton oreille à mon soupir, à
mon cri » (Lam. 3:56). Le Seigneur, dans sa parfaite sympathie, constatant les
conséquences du péché auxquelles sa créature était soumise, a soupiré (Marc
7:34 et 8:12).
Le soupir est aussi l’expression d’un ardent désir, d’une aspiration profonde. « J’ai ouvert ma bouche, et j’ai soupiré ; car j’ai un ardent désir de tes commandements » (Ps. 119:131). « Toute la création ensemble soupire et est en travail… nous aussi, nous soupirons en nous-mêmes, attendant l’adoption, la délivrance de notre corps » (Rom. 8:22, 23).
Le cri
est un appel
pressant par lequel on réclame un secours immédiat. Celui qui crie n’a qu’un
seul espoir, c’est d’être entendu, d’attirer l’attention. « J’ai crié à
l’Éternel du fond de ma détresse, et il m’a répondu » (Jonas 2:3). « J’ai invoqué
l’Éternel, et j’ai crié à mon Dieu : de son temple, il a entendu ma voix,
et mon cri est parvenu devant lui à ses oreilles » (Ps. 18:6). Parlant
prophétiquement du Seigneur, nous avons ces mots au Psaume 22, verset 2: « Mon
Dieu ! je crie de jour, mais tu ne réponds point ».
Le combat
est un
aspect que revêt aussi la prière. Par elle, nous luttons, non « contre le sang
et la chair, mais … contre la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans
les lieux célestes » (Éph. 6:12). Il est frappant de
constater que dans ce chapitre 6 de l’épître aux Éphésiens, la mention de la
prière fait immédiatement suite à la description de l’armure complète de Dieu.
Nous avons un type remarquable de la lutte contre la chair dans le combat
d’Israël contre Amalek (Ex. 17). Pour nous, nous
avons en Christ un intercesseur dont les mains ne s’appesantissent jamais, de
sorte qu’en Lui, il est toujours possible de remporter la victoire. En nous
approchant du trône de la grâce pour avoir du secours au moment opportun, nous
pouvons combattre par la prière, tant individuellement que collectivement. Épaphras combattait toujours pour
les Colossiens, par des prières (Col. 4:12). Paul exhorte les
Romains à combattre avec lui, dans leurs prières (Rom. 15:30).
L’intercession
est le
caractère particulier et très important d’un aspect de la prière. Comme le mot
l’indique, intercéder signifie agir comme médiateur, requérir une faveur pour
autrui. En intercédant, nous intervenons auprès de Dieu pour le bien des
autres. C’est un service de grande valeur que celui qui consiste à prier pour
ceux qui sont les objets de nos affections et pour ce qui est cher au coeur du
Seigneur, tout spécialement son assemblée. Plus encore, la Parole nous enseigne
à prier pour ceux qui nous font du tort et nous persécutent (Matt. 5:44). Le
Seigneur a intercédé pour les transgresseurs (És. 53:12 et Luc 23:34). Etienne
a pu dire : « Seigneur, ne leur impute point ce péché » (Actes 7:60). La
Parole contient d’innombrables exemples d’hommes de Dieu qui, s’oubliant
eux-mêmes, sont intervenus en intercédant avec insistance, constance et même
hardiesse, désirant ardemment le bien du peuple de Dieu. Relevons toutefois que
de telles interventions ne seront agréées que dans la mesure où elles seront
pratiquées en toute révérence et soumission, car nous ne saurions donner des
ordres à Dieu. Moïse remplit à maintes reprises le rôle d’intercesseur. En
Exode 32, après le veau d’or, il implore l’Éternel en disant : « Reviens de
l’ardeur de ta colère, et repens-toi du mal que tu veux faire à ton peuple.
Souviens-toi d’Abraham, d’Isaac et d’Israël… auxquels tu as juré par
toi-même ». Tenant dans ses mains les tables qu’il doit briser, sur lesquelles
était écrite une loi inflexible, il base son intercession sur les promesses de
bénédiction inconditionnelles faites aux pères (v. 13). Dans cette même
circonstance, il intercède pour Aaron afin qu’il ne soit pas détruit (Deut. 9:20). Plus tard, en Nombres 14, après le mépris par
le peuple du pays exploré, Moïse, à l’ouïe de la sentence divine, intercède
encore. Ayant entendu auparavant, sur le mont Sinaï, la proclamation de la
miséricorde, de la grâce et de la bonté de Dieu (Ex. 34:6), il intercède en
faisant appel à ces mêmes caractères, disant : « comme tu as parlé ». Alors
l’Éternel use de grâce et se laisse fléchir en disant : « J’ai pardonné
selon ta parole ». Toutefois, le gouvernement s’exerce, ce qui ne saurait
amoindrir la réalité du pardon. À Mitspa, Samuel prie
l’Éternel pour le peuple. Conscient de la valeur de cette intercession, Israël
dit au prophète : « Ne cesse pas de crier pour nous à l’Éternel » (1 Sam.
7:5-9). Ezéchias pria l’Éternel pour ceux qui mangeaient la pâque sans s’être
purifiés, afin que cette négligence leur fût pardonnée ; et l’Éternel
l’écouta (2 Chron. 30:18-20). Lors de la dédicace du temple de Salomon, ce roi
adressa une prière à l’Éternel au cours de laquelle il intercéda pour le peuple
par anticipation, disant : « S’ils ont péché contre toi… et que tu te
sois irrité » et qu’ils disent : « Nous avons péché … alors, écoute, …
leur prière et leur supplication, et fais-leur droit et pardonne » (1 Rois
8:46-50). Nous pourrions multiplier les citations en parlant de David, Esdras,
Daniel, Jérémie, Paul et tant d’autres encore. L’intercession demande du
discernement pour être conduits à requérir, dans nos prières, ce qui est selon
la pensée de Dieu et qui contribue à la bénédiction de ceux qui en sont les
objets.
Nous pouvons encore remarquer que, durant le jour de Christ, alors introduits dans la gloire, nous serons sacrificateurs, faisant partie de l’ensemble constitué par les vingt-quatre anciens qui, selon Apocalypse 5:8, tombent sur leurs faces devant l’Agneau, ayant chacun une harpe et des coupes d’or pleines de parfums qui sont les prières des saints. Comme tels, nous remplirons cet office céleste en faveur des croyants souffrant ici-bas durant la période apocalyptique, opprimés sous le règne de l’antichrist. Intéressés à leurs circonstances, nous présenterons leurs prières comme enrobées de la justice divine (coupes d’or). N’est-il pas bienfaisant de penser que la sacrificature que nous exerçons présentement se poursuivra d’une façon parfaite dans le ciel à l’égard des saints se trouvant sur la terre durant le jour du Seigneur ?
Pour nous-mêmes, il nous est dit que l’Esprit intercède par des soupirs inexprimables (Rom. 8:26). L’épître aux Hébreux développe richement l’office céleste qu’exerce le Seigneur en notre faveur, en tant qu’intercesseur, étant toujours vivant pour intercéder pour nous (ch. 7:25 et Rom. 8:34). Comme tel, divin et parfait médiateur, il prie en notre faveur et paraît devant Dieu pour nous afin que nous recevions la bénédiction dont nous avons besoin. Nous reprendrons ce sujet ultérieurement.
La confession
est l’acte par lequel on avoue un mal
commis. Devant Dieu, c’est la prière qui consiste à déclarer son péché, à
nommer sa faute, en lui disant : J’ai fait ceci ou cela. Il est
certainement plus pénible de confesser un manquement que de s’humilier d’une
façon générale. Le chapitre 5 du Lévitique (v. 5) est très instructif : le
coupable confessera ce en quoi il aura péché, ensuite de quoi seulement, le
sacrifice peut être offert pour sa purification. Lorsqu’un croyant a péché, il
doit le confesser. 1 Jean 1:9 est très clair : « Si nous confessons nos
péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier
de toute iniquité ». Remarquons qu’il n’est pas dit de demander le pardon, mais
de confesser notre péché afin que la jouissance de ce pardon nous soit accordée
par le rétablissement de la communion interrompue. Le Seigneur est fidèle et
juste en nous pardonnant ce que nous confessons, en vertu de la perfection et
de la pleine suffisance de son oeuvre. Cette confession doit être accompagnée
du désir d’être délivrés du piège dans lequel nous sommes tombés. « Celui qui
les confesse (ses transgressions) et les abandonne, obtiendra miséricorde »
(Prov. 28:13). En outre, nous sommes exhortés à confesser nos fautes l’un à
l’autre, dans la confiance et l’amour réciproques, afin que, par la prière,
Dieu puisse agir en restaurant celui qui a péché (Jacq.
5:15, 16). La Parole mentionne de nombreux hommes de Dieu qui ont confessé
personnellement le péché du peuple, celui-ci n’étant pas exercé pour le faire.
Conscients de leur identification avec l’état de l’ensemble, ils déclarent ce
péché devant Dieu comme étant aussi le leur. Daniel pria l’Éternel son Dieu et
fit sa confession, disant : « Nous avons péché, nous avons commis
l’iniquité… ». (Dan. 9:4, 5). Autre chose est la confession qui signifie une
affirmation, une déclaration publique : « Si tu confesses de ta bouche
Jésus comme Seigneur et que tu croies dans ton coeur que Dieu l’a ressuscité
d’entre les morts, tu seras sauvé » (Rom. 10:9).
Si la confession est un acte, l’humiliation est plutôt un état d’âme, dans lequel on mène deuil à la suite de péchés commis. Elle se poursuit après la confession. En nous humiliant, nous jugeons le mal, ayant à son égard la même appréciation que Dieu. Nous avons des motifs constants de nous humilier dans nos prières pour nos manquements personnels, nos inconséquences, nos infidélités. L’Éternel dit à Élie : « Vois-tu comment Achab s’est humilié devant moi ? Parce qu’il s’est humilié devant moi, je ne ferai pas venir le mal en ses jours » (1 Rois 21:29). « Ezéchias s’humilia de ce que son coeur s’était élevé, lui et les habitants de Jérusalem ; et la colère de l’Éternel ne vint pas sur eux » (2 Chron. 32:26). Quand Manassé fut dans la détresse, « il implora l’Éternel, son Dieu, et s’humilia beaucoup devant le Dieu de ses pères, et le pria ; et il se laissa fléchir par lui, et écouta sa supplication » (2 Chron. 33:12, 13). « Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu » (1 Pierre 5:6). Une telle humiliation s’accompagne nécessairement du jugement de nous-mêmes devant Dieu. Ceci nous conduira, non pas à nous décourager, mais à élever nos regards vers le trône de la grâce pour recevoir du secours au moment opportun.
Si nous avons des motifs personnels de nous humilier, il existe aussi des sujets collectifs d’humiliation. En vertu de la vérité fondamentale de l’unité du corps, particulièrement développée dans la première épître aux Corinthiens, tous les croyants constituent un seul corps duquel ils sont membres, de sorte que si l’un souffre, tous souffrent avec lui (12:26). C’est la raison pour laquelle nous avons des réunions d’humiliation dans lesquelles l’Assemblée mène deuil, prenant sur elle, devant Dieu, le péché d’un frère ou d’une soeur. Celui qui a commis la faute peut s’être personnellement humilié, ce qui est fort souhaitable, mais l’Assemblée doit être purifiée de la souillure qui est dans son sein, car la confession du coupable ne peut suppléer à l’action de l’Assemblée. Le mal au milieu d’elle est incompatible avec la sainteté qui la caractérise. Elle en est solidaire et doit le confesser, s’en humilier et en être purifiée, travail pouvant nécessiter le retranchement de celui qui porte le caractère de méchant. L’ôtant du milieu d’elle, elle se montre pure dans l’affaire (2 Cor. 7:11). Lorsqu’une telle discipline est exercée en Assemblée, il est indispensable qu’elle soit précédée d’une réunion d’humiliation. Cette importante vérité nous est démontrée en type dans le péché d’Acan (Josué 7). Un seul homme avait vu, convoité, toutefois, le peuple entier est coupable. Le verset 11 est très frappant : « Israël a péché, et même ils ont transgressé mon alliance que je leur avais commandée, et même ils ont pris de l’anathème, et même ils ont volé, et même ils ont menti, et ils l’ont aussi mis dans leur bagage ». Qu’est-ce qui fit revenir l’Éternel de l’ardeur de sa colère ? C’est le fait d’ôter le mal. « Et tout Israël le lapida… ». (v. 25). L’ensemble du peuple s’associe à cet acte de purification. Son affliction et la réalisation de la gravité du mal produisent l’énergie pour agir, car l’humiliation et l’action vont de pair. Nous citons un cas extrême, mais rappelons-nous qu’il y a toujours lieu de nous humilier dans nos réunions de prières habituelles en constatant l’abandon si facile du rassemblement, le développement de la mondanité, le manque croissant de besoins spirituels, et tant d’autres choses encore.
La Parole nous enseigne aussi que la conscience de notre identification avec les faiblesses de l’ensemble nous conduit à les porter sur nos coeurs, nous en humiliant aussi dans nos prières personnelles. C’est là un autre aspect de la même vérité.
Nous ne citerons qu’un cas mentionné dans les Écritures, celui
d’Esdras qui, dans la solitude, son manteau et sa robe déchirés, pleurait et
menait deuil sur les péchés du peuple, lequel s’était allié par mariage à des
femmes étrangères au peuple de Dieu. Il peut dire dans son humiliation :
« Je suis confus, et j’ai honte de lever ma face vers toi, ô mon Dieu, car nos
iniquités se sont multipliées par-dessus nos têtes » (9:6). L’attitude de cet
homme pieux toucha la conscience du peuple coupable, de sorte qu’il se
rassembla une très grande congrégation qui, dans les pleurs, confessa son péché
et fut par cela animée de l’énergie nécessaire pour se séparer du mal.
Soyons préservés d’indifférence en constatant la ruine de l’Église et nos infidélités qui ternissent le témoignage, mais qu’au contraire l’ardent désir de la gloire du Seigneur et l’amour pour les siens nous conduisent à souffrir d’un tel état de choses, le portant avec humiliation sur nos coeurs devant Dieu par nos prières individuelles, implorant ses grandes compassions sur ce qui est appelé de son Nom (voir Dan. 9:17-20).
Après avoir énuméré de nombreux caractères des prières par lesquelles nous exposons nos requêtes à Celui qui peut répondre à tous nos besoins, il est bienfaisant de considérer brièvement les diverses actions par lesquelles nos bouches sont ouvertes pour offrir à Dieu, par le Seigneur Jésus, ce qu’il est en droit d’attendre de ceux qui sont les objets de son amour. Nous ne saurions présenter, dans nos prières, quoi que ce soit d’agréable, qui ait sa source en nous-mêmes. Le fruit des lèvres qui lui est agréable est tout premièrement la confession du nom de son Fils bien-aimé, comme aussi ce que sa grâce a produit en nous (Héb. 13:15). « Ouvre ta bouche toute grande, et je la remplirai » (Ps. 81:10).
L’action de grâces
est
l’expression de notre reconnaissance associée à la conscience que tout ce pour
quoi nous remercions est le fruit de la pure grâce de Dieu. La réalisation de
nos privilèges immérités doit produire des actions de grâces. Nous sommes
exhortés à les joindre à nos demandes. « Exposez vos requêtes à Dieu par des
prières et des supplications avec des actions de grâces » (Phil. 4:6). Paul
écrit aux Colossiens : « Marchez en lui, enracinés et édifiés en lui, et
affermis dans la foi… abondant en elle avec des actions de grâces » (2:7).
La louange
consiste à
proclamer les vertus, faire l’éloge d’une personne. Par notre louange, nous
donnons gloire à Dieu, Père et Fils. Elle s’exprime d’une façon particulière
par le chant. Le cantique de louange qui a retenti sur les bords de la mer
Rouge après qu’elle eut été traversée par Israël, et par lequel le peuple a
proclamé la puissance de l’Éternel en délivrance, en est un exemple frappant.
Remarquons que les cinq derniers psaumes revêtent tout particulièrement le
caractère de la louange, chacun d’eux commençant et se terminant par ces
mots : « Louez Jah » ou « Alléluia » ! Notre
louange a une source divine et son objet est une personne divine. « De toi vient
ma louange » (Ps. 22:25) et : « Tu es le sujet continuel de ma louange » (Ps.
71:6). Pourquoi ? parce qu’Il est fort digne d’être loué (Ps. 96:4).
Certes, elle est toujours à sa place et bienfaisante dans nos prières et nous
avons des motifs constants de l’exprimer. La confession du nom de Jésus
constitue pour Dieu un sacrifice de louange qui lui est agréable.
Nebucadnetsar, ayant recouvré son intelligence, l’a premièrement employée pour
louer et magnifier Celui qui vit éternellement (Dan. 4:34). David, délivré de
la main de Saül, dit : « Je crierai à l’Éternel, qui est digne d’être loué
« (2 Sam. 22:4). Le Seigneur lui-même commence sa prière par ces paroles :
« Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre… » (Luc 10:21). Notons
que la louange peut être adressée à l’homme, alors que l’adoration, dont nous
parlerons plus loin, ne peut avoir pour objet que Dieu seul. L’apôtre Paul loue
les Corinthiens au chapitre 11, verset 2 de sa première épître alors qu’au
verset 22 du même chapitre, il est empêché de le faire.
L’exaltation
consiste
à élever en gloire, à porter très haut la personne qui en est l’objet. En
louant, nous exaltons, nous célébrons, nous proclamons hautement les gloires de
la personne divine. À l’abaissement de notre Sauveur, à son anéantissement
volontaire, répond sa haute élévation, son exaltation par la droite de Dieu
(Phil. 2:611 et Actes 2:33). Le considérant comme tel, élevé et placé très haut
(És. 52:13), nos coeurs éprouvent des sentiments en accord avec sa position et
l’exaltent. Israël pouvait dire à l’Éternel : « Il s’est hautement élevé…
Il est mon Dieu, et je lui préparerai une habitation, le Dieu de mon père, et
je l’exalterai » (Ex. 15:1, 2). « Éternel ! je t’exalterai, parce que tu
m’as délivré » (Ps. 30:1). « Exaltons ensemble son nom » (Ps. 34:3). Ainsi,
lorsque nous nous adressons à Lui, individuellement ou collectivement, il
convient d’exalter son beau nom qui lui a été donné au-dessus de tout nom.
L’adoration
est
l’action par laquelle on rend culte. Si la créature peut être louée,
l’adoration n’est due qu’à Dieu le Père et Dieu le Fils, exclusivement. « Il est
ton seigneur : adore-le » (Ps. 45:11). Par conséquent, il est inconvenant
de faire usage de ce terme à l’égard de nos semblables et plus encore de choses
que nous aimons. Lorsque les croyants adorent ensemble — et c’est là leur
privilège le plus élevé — ils répondent au désir du coeur de Dieu car, ainsi
que le Seigneur se plait à le révéler à la femme samaritaine, le Père cherche
des adorateurs qui l’adorent en esprit et en vérité. L’adoration est donc un
service accordé aux croyants déjà ici-bas, mais qui constituera leur activité
parfaite et incessante durant l’éternité. L’enfant de Dieu qui rend culte
remplit l’office de sacrificateur (ce qui n’était réservé qu’à la famille
d’Aaron) et, pénétrant dans les lieux saints par le chemin nouveau et vivant
qui nous a été consacré à travers le voile, c’est-à-dire la chair du Seigneur
Jésus, il se tient devant Dieu sans conscience de péché, revêtu de la justice
et de la sainteté de Christ. Placé dans cette position bénie, devant l’autel
d’or, qu’offre-t-il ? Quel peut être le parfum de son adoration si ce
n’est la personne de son Sauveur et Seigneur dont les perfections glorieuses et
infinies constituent un encens pur et sans mélange, agréable à Dieu. En effet,
la note la plus élevée du culte est la présentation à Dieu de l’excellence du
Fils, car il remplit son coeur, comme aussi le nôtre. David pouvait dire :
« Tout vient de toi ; et ce qui vient de ta main, nous te le donnons » (1
Chron. 29:14). C’est aussi dans la mesure où nous aurons été occupés de lui
chaque jour, que nous pourrons déposer à l’heure du culte en assemblée, des
corbeilles remplies, lui exprimant ce que nos coeurs ont composé à son sujet (Deut. 26:1-4 ; Ps. 45:1). Le culte ne peut être
réalisé que collectivement. Nous rendons culte par l’Esprit (Phil. 3:3). Ainsi,
cette appellation ne convient pas à la lecture individuelle ou en famille, pas
plus qu’à tout service religieux.
En rapport avec la prière, notons que l’adoration, en tant que disposition de coeur, n’appartient pas exclusivement au culte en assemblée, car elle a toujours sa place dans nos prières. La conscience de ce qu’est le Seigneur, de notre position en Lui devant notre Dieu et Père produira une adoration constante, dont nos prières seront empreintes.
La conscience de notre faiblesse nous conduit nécessairement à prier pour nous-mêmes
, à exposer nos besoins personnels. Nous ne
lasserons jamais le Seigneur en manifestant par de telles prières une constante
dépendance, sachant qu’il porte intérêt à tout ce qui nous concerne, à tout ce
qui nous préoccupe. Outre la nécessité que nous éprouvons de faire appel
quotidiennement à son aide, à sa garde et à ses directions, tout croyant
connaît des exercices qu’il ne peut exposer qu’au Seigneur. David a pu dire à
plusieurs reprises :
« Use de grâce envers moi, ô Dieu » (Ps. 51 ; 56 ; 57). Que de fois trouvons-nous dans la Parole des prières par lesquelles le fidèle fait appel pour lui-même au secours divin, telles que : Sauve-moi (Ps. 22:21), soutiens-moi (Ps. 119:116, 117), aide-moi (Ps. 109:26), garde-moi (Ps. 141:9), conduis-moi (Ps. 5:8), délivre-moi (Ps. 39:8), etc.
Toutefois, il est frappant de constater que les prières ayant pour objet un désir individuel particulier sont parfois limitées quant à leur insistance, ce qui nous enseigne que de telles requêtes doivent être accompagnées d’une disposition de soumission à la volonté du Seigneur. Les Écritures nous présentent des exemples remarquables : Paul a supplié trois fois le Seigneur afin que l’écharde dans la chair lui soit enlevée. Quelle est la réponse divine : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans l’infirmité » (2 Cor. 12:8, 9). Le Seigneur, dans ses souffrances par anticipation dans le jardin de Gethsémané, prie à trois reprises, demandant dans une soumission parfaite s’il était possible que cette coupe passe loin de lui (Matt. 26:39-44). Quelle fut la réponse ? Le silence de Dieu par lequel fut accomplie la parole prophétique : « Je crie de jour, mais tu ne réponds point ; et de nuit, et il n’y a point de repos pour moi » (Ps. 22:2).
Nous sommes également enseignés à prier pour autrui
. La
Parole nous invite à le faire pour tous les hommes, pour ceux qui sont haut placés,
pour tous les saints, pour les assemblées, pour nos familles. Lorsque nous
avons particulièrement à coeur le bien d’une ou de plusieurs personnes, ne
craignons pas de les nommer dans nos prières. Paul faisait sans cesse mention
des Romains dans ses prières (Rom. 1:10), se souvenant aussi constamment de
Timothée, son véritable enfant dans la foi (2 Tim. 1:3). Abraham prie avec
hardiesse et persévérance pour les justes pouvant se trouver à Sodome (Gen. 18:22-33). Le même serviteur pria pour Abimélec (Gen. 20:17), Job pria
pour ses amis (Job 42:8), le Seigneur pria pour Pierre (Luc 22:32). L’apôtre
Jacques nous exhorte à prier l’un pour l’autre (5:16). Quel service précieux,
silencieux mais efficace. Rappelons encore que Joseph, type de Christ, a
rapporté premièrement à son père la mauvaise renommée de ses frères. Qu’il en
soit de même pour nous ; si le témoignage défectueux d’un croyant nous est
un sujet de souffrance, parlons-en aussi premièrement au Seigneur dans nos
prières afin qu’il nous donne la sagesse pour en parler ensuite de sa part à la
personne dont nous désirons le bien. Hélas, nous devons reconnaître combien
plus facilement nous persévérons dans la prière lorsque nos propres besoins
sont en cause, plutôt que lorsqu’il s’agit de ceux d’autrui.
Inversement, il y a les
prières des autres pour nous
. Lorsque nous connaissons l’épreuve, la
maladie, le deuil ou si nous passons par des exercices particuliers, quel
réconfort de savoir que nous sommes les objets des prières de notre famille,
des croyants, de l’assemblée même. En Actes 12:5, l’assemblée faisait
d’instantes prières à Dieu pour Pierre. Paul espérait l’exaucement des prières
de Philémon et de l’assemblée à son sujet (Philémon 22). Simon, conscient de
son triste état spirituel, fait appel aux prières de Pierre et de Jean (Actes
8:24). Souvent, les enfants de croyants, élevés dans une atmosphère familiale
de piété, ne réalisent que plus tard, étant parvenus à l’âge mûr, la valeur des
nombreuses prières qui sont montées pour eux devant le trône de la grâce par
leurs parents. Paul, écrivant à Timothée son enfant bien-aimé, lui rappelle
qu’il se souvient constamment de lui dans ses supplications, faisant mention de
la foi sincère qui avait habité dans sa grand-mère, comme aussi dans sa mère.
Ces femmes pieuses ont certainement beaucoup prié pour ce jeune homme de Dieu.
Parmi les prières dont nous sommes les heureux bénéficiaires, celles que le Seigneur adresse à Dieu pour
nous
sont de toute évidence les plus précieuses, puisque parfaites. Il est
certainement utile de rappeler les offices célestes qu’il exerce en notre
faveur, en tant qu’intercesseur, souverain sacrificateur et avocat. Nous
n’avons pas à faire appel aux prières du Seigneur pour nous, car il nous assure
de la permanence de son service.
Comme Intercesseur,
son
activité est basée sur notre acceptation devant Dieu en vertu de la perfection
de son oeuvre. Notre position en Lui, fermement établie, constitue le fondement
même de son intercession. Il est donc hors de doute que cet office divin n’est
exercé qu’en faveur des croyants, de ceux qui ont vraiment la vie (Jean 17:9).
Ce sujet est magnifiquement présenté dans l’épître aux Hébreux qui, s’adressant
à des chrétiens, les considère sur la terre en relation avec Christ. Bien que
séparé d’eux, il est constamment présent devant Dieu pour eux. D’une part, nous
sommes saints, justes, parfaits, irréprochables, irrépréhensibles, agréables
dans le Bien-aimé et justice de Dieu en Lui. C’est là notre position. De tels caractères
glorieux nous sont acquis déjà présentement en conséquence du fait que le
Seigneur s’est livré lui-même, communiquant aux siens sa propre nature. D’autre
part, tant que nous sommes dans le corps, nous demeurons faibles et faillissons souvent (Jacq. 3:2),
étant dans un monde qui nous expose à être inconséquents quant à la réalisation
et à la manifestation de nos caractères célestes. C’est à cause de cet état de
choses que le Seigneur prie pour nous. Ainsi, pendant que nous sommes sur la
terre, il est actif en notre faveur, étant toujours vivant pour intercéder pour
nous (Héb. 7:25). « C’est Christ qui est mort, mais plutôt qui est aussi
ressuscité, qui est aussi à la droite de Dieu, qui aussi intercède pour nous »
(Rom. 8:34). Ce service céleste du Seigneur revêt deux caractères. Il est notre
Sacrificateur devant Dieu et notre Avocat auprès du Père.
Comme Sacrificateur
, le Seigneur, Homme glorifié assis à
la droite de la majesté, se tient devant Dieu et intervient pour les siens
qu’il nomme ses frères, afin qu’ils ne pèchent pas. Nous lisons au chapitre 4,
de l’épître aux Hébreux : « Ayant donc un grand souverain sacrificateur qui
a traversé les cieux, Jésus, le Fils de Dieu, tenons ferme notre
confession ; car nous n’avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse
sympathiser à nos infirmités, mais nous en avons un qui a été tenté en toutes
choses comme nous, à part le péché » (v. 14 et 15). Sa vie au cours de laquelle
il fut l’homme de douleurs auquel nulle souffrance n’a été épargnée, le rend à
même de secourir ceux qui sont tentés et de sympathiser parfaitement à nos
infirmités. Remarquons qu’il ne sympathise jamais à nos péchés, mais à nos
faiblesses, à nos combats, étant actif en notre faveur afin que nous recevions
le secours au moment opportun. Aussi sommes-nous invités par la Parole à nous
approcher avec confiance du trône de la grâce, en vertu de la présence de notre
souverain sacrificateur, Jésus, qui nous en garantit l’accès. Nous n’allons pas
à lui comme tel, mais à Dieu par Christ qui remplit pour nous cet office
perpétuel et intransmissible par lequel il peut nous sauver entièrement,
c’est-à-dire jusqu’à l’achèvement (Héb. 7:25). Le Seigneur, encore sur la
terre, anticipe en quelque sorte ce service d’intercesseur lorsqu’il dit à
Pierre avant sa chute : « J’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille
pas ». Ce disciple devait apprendre où sa confiance en la chair le conduirait,
mais il est l’objet de la prière de Celui qu’il va renier afin qu’il ne perde
pas courage et qu’il soit rendu capable, étant revenu, de fortifier ses frères
(Luc 22:31, 32).
En Christ, nous avons un grand sacrificateur établi sur la maison de Dieu, par lequel nous pouvons pénétrer en pleine liberté dans les lieux saints, en vertu du chemin nouveau et vivant qui nous a été consacré au travers du voile, c’est-à-dire sa chair (Héb. 10:19-22). Sous l’ancienne alliance, seul le souverain sacrificateur entrait une fois l’an dans le lieu très saint, et non sans du sang offert pour ses propres fautes et celles du peuple. Placé devant le trône de Dieu, subsistant en vertu du sang dont il faisait aspersion, il pouvait remplir son office, faisant propitiation pour lui-même, pour sa maison et pour toute la congrégation d’Israël (Lév. 16:17). Dans un tel lieu, Aaron portait devant Dieu, sur ses épaules et sur son coeur les noms des douze tribus, gravés sur les pierres précieuses. Une lame d’or sur laquelle étaient également gravés les mots « Sainteté à l’Éternel » était placée sur le devant de la tiare, de sorte qu’il portait l’iniquité des choses saintes que les fils d’Israël avaient sanctifiées (Ex. 28:38). Ceci nous parle en type de l’expiation opérée par le sang de Christ et de son application aux croyants. Notre grand souverain sacrificateur est entré dans le ciel même avec son propre sang afin de paraître pour nous devant la face de Dieu. Le chemin étant ainsi frayé jusque dans le sanctuaire, tout croyant est invité à y pénétrer, à s’approcher avec un coeur vrai, en pleine assurance de foi, ayant le coeur par aspersion purifié d’une mauvaise conscience et le corps lavé d’eau pure (Héb. 10:19-22). Quelle sécurité de savoir, lorsque nous rendons culte, qu’il présente à Dieu nos sacrifices spirituels ; il les rend parfaits, purifiant mieux qu’Aaron nos offrandes de leurs imperfections. Christ est la mesure de notre acceptation devant Dieu. Nous sommes en Lui, de sorte que notre adoration parvient à Dieu comme enveloppée de ses perfections et empreinte de sa sainteté.
Comme Avocat
, le Seigneur intercède également pour nous,
agissant comme tel lorsque nous avons manqué. « Si quelqu’un a péché, nous avons
un avocat auprès du Père, Jésus Christ, le juste ; et lui est la
propitiation pour nos péchés » (1 Jean 2:1). Intercédant en notre faveur, il
plaide notre cause, toujours en vertu de la perfection de son oeuvre. Lorsque
nous péchons, il intervient afin que la communion interrompue soit rétablie et
que notre âme soit restaurée. Précisons qu’il n’intercède pas en vue du
rétablissement de notre position, puisqu’elle est inébranlable, mais afin que
la jouissance nous en soit rendue. Là encore, nous n’avons pas à requérir son
intervention, car son amour pour nous le fait agir selon qu’il est écrit :
Si quelqu’un a péché, nous avons un avocat. Par sa Parole, il agit dans nos
coeurs et sur nos consciences, produisant la confession de nos fautes de
laquelle résulte la réalisation du pardon qu’il nous a acquis et une entière
purification. Le lavage des pieds que le Seigneur opère en Jean, chapitre 13,
établit la doctrine de l’intercession de Christ comme Avocat. Dans cet acte il
n’est pas question de sang mais d’eau car ce service divin s’exerce à l’égard
de ceux qui sont déjà nets, sanctifiés, mais qui, laissés dans ce monde, ont
contracté de la souillure dans leur marche. Dans cette scène, le Seigneur prend
déjà place dans le ciel où il demeure à toujours le serviteur des siens. Notre
divin Avocat agit par sa Parole et son Esprit, opérant ainsi la purification
des impuretés attachées à nos pieds, en vue du maintien, voire du
rétablissement de notre communion avec le Père, qui existe en vertu des
relations dans lesquelles il nous a placés.
Nous pourrions nous étendre avec profit sur un sujet aussi important. Nous nous en abstenons toutefois en raison du caractère de ces lignes ayant pour but d’attirer notre attention sur la valeur infinie des prières du Seigneur pour nous. Nous concluons en précisant encore que l’intercession de Christ, sa sacrificature et son intervention en tant qu’Avocat n’ont pas pour effet d’introduire l’homme dans des relations avec Dieu, mais que de tels offices ne s’exercent précisément qu’en faveur de ceux qui y sont établis. En effet, tout repose sur le fondement de la justice de Dieu satisfaite en Christ et de son oeuvre parfaite en vertu de laquelle notre position devant Dieu est assurée. La compréhension et l’appréciation de l’activité constante du Seigneur pour nous produiront nécessairement des sentiments accrus de sécurité et de confiance qui sont à sa gloire. Pendant que nous combattons ici-bas nous sommes les objets des soins attentifs, de la sollicitude pleine d’amour de Celui qui est élevé plus haut que les cieux.
Plein de sympathie,
De tendre bonté,
Jamais tu n’oublies
Aucun racheté.
C’est Toi qui nous aides
Dans chaque combat,
Et pour nous tu plaides,
Divin Avocat !
Dès les premiers temps, des hommes ont senti le besoin de s’adresser à Dieu. L’Ancien Testament fait mention de nombreux hommes de foi, d’hommes de prière, tels qu’Abraham, Moïse, Samuel, comme aussi les prophètes (Gen. 4:26; Ps. 99:6). Mais si remarquable que soit leur foi par laquelle ils ont été justifiés, ces serviteurs pieux ne pouvaient pas s’adresser au Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ.
Le Seigneur ayant accompli son oeuvre, étant ressuscité et assis à la droite de Dieu, il a envoyé de la part du Père le Saint Esprit, le Consolateur annoncé (Jean 14:16) qui, au jour de la Pentecôte, est venu habiter dans les croyants et dans l’assemblée dès lors constituée. Ce fait merveilleux a produit un changement d’une grande et précieuse importance quant à la nature de leurs relations avec Dieu devenu leur Père et le Seigneur glorifié. Ce privilège étant le partage de tout racheté du Seigneur, il peut par conséquent adresser sans crainte ses prières à son Dieu et Père, et au nom du Seigneur Jésus.
Parvenu au terme de son ministère sur la terre et avant de quitter ses disciples, le Seigneur leur a déclaré : « Toutes les choses que vous demanderez au Père en mon nom, il vous les donnera. Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom ; demandez et vous recevrez, afin que votre joie soit accomplie ». Puis, évoquant le jour de la grâce, la dispensation dans laquelle nous sommes encore, il leur dit : « En ce jour-là, vous demanderez en mon nom, et je ne vous dis pas que moi je ferai des demandes au Père pour vous ; car le Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé et que vous avez cru que moi je suis sorti d’auprès de Dieu » (Jean 16:23-24, 26-27). Le Seigneur leur enseigne que leur condition qui résultera de son oeuvre leur permettra de s’adresser directement au Père sans recourir au Seigneur comme intermédiaire (ce que pensait Marthe selon ses paroles de Jean 11:22). L’amour du Père pour ses enfants rendus agréables dans le bien-aimé leur ouvre un libre accès au trône de la grâce.
Si la conscience et la jouissance de notre relation d’enfant nous permet de nous adresser à notre Père, il n’en demeure pas moins que nos prières lui sont présentées dans le nom du Seigneur Jésus qui nous donne cette promesse de Jean 14:13-14 : « Quoi que vous demandiez en mon nom je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous demandez quelque chose en mon nom, moi je le ferai ». Ces paroles impliquent la conviction que ce que nous demandons est selon sa volonté et que le but de l’exaucement est que le Père soit glorifié dans le Fils. Une prière faite au nom du Seigneur est donc adressée au Père. On ne saurait exprimer une requête ou une action de grâce au Seigneur en le faisant en son nom.
Par ailleurs, il est sans doute utile de noter que l’apôtre Jean
qui traite tout particulièrement le sujet de la relation d’enfants de Dieu, la
rattache au Père (1 Jean 3:1-2). L’évocation de la nature de cette relation
filiale abonde dans son évangile comme aussi dans ses épîtres. La nature de la
relation d’enfant
souligne le privilège de s’adresser à son Père, ce que
l’apôtre Jean développe tout particulièrement.
En revanche, la relation des saints en tant qu’Assemblée ou Église est plus particulièrement avec Christ comme Seigneur ou chef de l’Assemblée, tête du corps : Les Actes et les épîtres de l’apôtre Paul (2 Cor. 6:17 ; 1 Cor. 14:37 ; 2 Tim. 2:22 ; voir aussi Héb. 8:2 dont l’auteur n’est pas précisé) mettent spécialement l’accent sur ce point. Les prières adressées alors au Seigneur Jésus ont tout à fait leur place. Les croyants réunis autour du Seigneur Jésus et en son nom (selon Matt. 18:20), le sont autour de Celui qui est Seigneur et Maître de sa maison (Jean 13:13 ; Héb. 3:6). Éphésiens 5 :25-32 met un accent particulier sur la relation de Christ avec son Assemblée et les dispositions qu’Il attend de son Épouse.
On ne peut toutefois pas établir une règle selon laquelle les prières individuelles seraient adressées au Père et les prières d’Assemblée, au Seigneur. Une telle règle ne serait pas justifiable. L’Assemblée, épouse de Christ, est aussi l’assemblée du Dieu vivant, la maison de Dieu (1 Tim. 3:15). Dans les réunions d’Assemblée, on ne peut pas non plus dire qu’il faut, en général, s’adresser plutôt au Père qu’au Seigneur, ou l’inverse.
Par ailleurs, l’indissolubilité, l’unité sont si entières entre le Père et le Fils, que ce qui s’adresse à l’un l’est aussi à l’autre, comme aussi ce que nous recevons du Père, vient aussi du Seigneur, et réciproquement. Nous connaissons en effet l’évocation « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ » (2 Cor. 1:3 ; Éph. 1:3 ; 1 Pierre 1:3), comme aussi « moi et le Père nous sommes un » (Jean 10:30).
Nombreuses sont les interpellations « Seigneur » dans l’Ancien Testament, notamment dans les Psaumes. Daniel, s’adressant à son Dieu, dit : « Seigneur, écoute, Seigneur pardonne… » (Dan. 9:19). Le croyant peut s’adresser aussi bien au Père qu’au Seigneur.
Outre l’immense privilège accordé aux disciples amenés dans une position nouvelle en vertu de la rédemption, il leur est accordé de pouvoir prier par l’Esprit, ce qui était impossible avant qu’il habite en eux. Le Seigneur ne leur a pas enseigné une nouvelle prière dominicale, mais une nouvelle manière de prier. De nombreux passages soulignent l’action du Saint Esprit en rapport avec la prière et l’adoration (Éph. 2:18 ; 5:18-20 et 6:18 ; Rom. 8:15 ; Jude 20 et d’autres encore). Ayant cru, étant scellés du Saint Esprit et notre corps étant le temple de cet hôte divin, le croyant est appelé à marcher, à agir sous la direction de cette puissance bénie. La vie chrétienne doit être marquée par l’action du Saint Esprit. Le croyant prie et chante avec l’esprit et l’intelligence purifiée (1 Cor. 14:15), la diversité des dons de grâce s’accomplit par le même Esprit (1 Cor. 12:4) et nous rendons culte par l’Esprit de Dieu (Phil. 3:3). Plusieurs passages démontrent que l’esprit qui anime la nouvelle vie du croyant et le Saint Esprit sont étroitement liés, son esprit étant imprégné du Saint Esprit (voir Rom. 8:16 ; 1 Cor. 6:17 ; et en rapport avec la prière, Rom. 8:26-27). 2 Tim. 2:7 nous dit que « Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de puissance d’amour et de conseil (ou de sobre bon sens) » : Les caractères de l’esprit du racheté ne peuvent qu’être le résultat de la présence et de l’activité du Saint Esprit en lui. Ils ne peuvent être manifestés dans l’esprit du non-croyant, ou du croyant marchant charnellement.
Bien que le Saint Esprit appartienne à la Trinité, à la Déité, ce n’est pas à lui que nous adressons nos prières, mais par lui que nous les présentons à Dieu notre Père, au Seigneur Jésus. Nous ne pouvons pas prier par l’Esprit au même Saint Esprit qui habite en nous, mais il dirige nos coeurs vers le Père et vers le Seigneur, nourrissant nos âmes de l’amour divin.
« Mais vous, bien-aimés, vous édifiant vous-mêmes sur votre très sainte foi, priant par le Saint Esprit, conservez-vous dans l’amour de Dieu, attendant la miséricorde de notre Seigneur jésus Christ pour la vie éternelle » (Jude 20).
Dans ce type de réunions, comme pour les autres circonstances, il convient de rechercher ce qui est bienséant, de prier avec l’Esprit, mais aussi avec l’intelligence spirituelle, sans pour autant établir des règles, ou exiger une orthodoxie qui pourrait nuire à l’élan du coeur de l’adorateur..
Le Seigneur nous dit que l’heure est venue en laquelle les vrais
adorateurs adoreront le Père
en esprit et en vérité (Jean 4:23). C’est
ce que le Père
recherche, c’est ce que le Fils lui a apporté, ayant fait
des siens un royaume de sacrificateurs pour son Dieu et Père (Apoc. 1:6). Nous présentons au Père l’excellence de la
victime et la perfection de l’oeuvre accomplie par Celui qu’il nous a donné.
L’adoration s’adresse ainsi premièrement au Père auquel nous sommes amenés par
le chemin que le Fils nous a frayé, et en qui nous sommes rendus agréables.
Quant à la Cène, il s’agit du mémorial du Seigneur, de sa
personne et de son oeuvre. « Faites ceci en mémoire de moi
,… vous
annoncez la mort du Seigneur
» (1 Cor. 11:24, 26). L’apôtre nous
communique ce qu’il a reçu du Seigneur
(1 Cor. 11:23). Rompre le pain et
boire la coupe du Seigneur
(1 Cor. 11:26) exprime la communion du corps
et du sang du Christ (10:16). On ne voit guère que les actions de grâces
exprimées à la Cène soient à l’adresse du Père, mais il est évident que
l’oeuvre du Seigneur nous introduit devant le Père (Éph.
2:18), dans les lieux saints (Héb. 10:19). Il y a par conséquent une différence
entre les prières du culte et celles de la Cène.
Les lignes qui précèdent sont plus des pensées à propos des sujets abordés, plutôt que des directives à suivre strictement. Il est non seulement profitable, mais aussi nécessaire de rechercher la pensée du Seigneur, tout en gardant la conscience de nos limites. Prenons garde de sombrer dans l’intellectualisme qui appauvrit facilement les affections pour Christ
Dans la première épître à Timothée, nous lisons : « Je veux donc que les hommes prient en tout lieu, élevant des mains saintes, sans colère et sans raisonnement » (ch. 2:8). Selon le caractère de cette lettre de l’apôtre Paul qui traite de l’ordre divin dans la maison de Dieu (ch. 3:15), cet enseignement établit que les hommes croyants sont appelés à prier publiquement en tout lieu où cette maison spirituelle existe, où ses caractères sont réalisés, c’est-à-dire là où deux ou trois sont assemblés au Nom du Seigneur. Les hommes ici sont mis en contraste avec les femmes qui doivent demeurer dans le silence en Assemblée.
Il n’en demeure pas moins que selon l’exhortation de la Parole qui nous invite à prier sans cesse, la nécessité du secours divin peut nous pousser à élever nos âmes à Celui qui peut nous aider, et ceci dans les lieux les plus divers et les circonstances les plus variées. Jonas, de la profondeur des eaux, dans les entrailles du poisson, a crié à l’Éternel du fond de sa détresse (Jonas 2:2, 3). Pierre, marchant sur les eaux eut peur et, comme il enfonçait, s’écria : « Seigneur, sauve-moi ! » (Matt. 14:30). David, fuyant devant Saül, caché dans la terre, dans la caverne, crie à l’Éternel (Ps. 57 et 142). Paul et Silas emprisonnés, au milieu de la nuit, en priant, chantaient les louanges de Dieu (Actes 16:25). Le brigand mis en croix, au-dessus de la terre, adresse au Seigneur ces paroles remarquables : « Souviens-toi de moi » (Luc 23:42). De telles prières qui ont toutes été merveilleusement exaucées ne constituent que quelques exemples parmi beaucoup d’autres et sont de nature à remplir nos coeurs de confiance, sachant que ses oreilles sont toujours attentives à nos appels. Que de requêtes sont montées des lits de souffrance, des lieux de détresse et des scènes d’angoisse.
Cependant, quant à l’exercice personnel et quotidien de la prière et pour autant que la chose soit possible, il est indiqué de rechercher un endroit tranquille, à l’écart des distractions. Là encore, la Parole nous présente de nombreux exemples. Daniel, déjà cité à de nombreuses reprises, entrait dans sa chambre pour prier trois fois le jour (Dan. 6:10). Pierre, au milieu du jour, monte sur le toit pour prier (Actes 10:9). Le Seigneur, modèle parfait en toutes choses, ne disposant d’aucun lieu, se tenait à l’écart des foules et se retirait dans les déserts pour prier (Luc 5:16). Lui-même nous enseigne à cet égard, nous disant : « Quand tu pries, entre dans ton cabinet, et ayant fermé ta porte, prie ton Père qui demeure dans le secret » (Matt. 6:6). Nous ne saurions assez recommander cet exercice personnel indispensable à la vie et au développement spirituel de tout croyant. Il serait aussi de toute nécessité que les jeunes qui ont le privilège de vivre dans l’atmosphère familiale de piété qui devrait caractériser tout foyer chrétien, sentent aussi le besoin de se retirer dans la solitude pour prier, si possible à haute voix. En effet, combien souvent ces jeunes attachés au Seigneur parviennent à l’âge de responsabilité sans avoir connu l’exercice personnel de la prière. Réalisant par cela une communion individuelle, ils pourront exposer des besoins qu’eux seuls connaissent et qui ne sont pas exprimés par la prière en famille. Si nous disons à haute voix, c’est que cet exercice a pour effet d’éliminer les pensées étrangères qui traversent si facilement l’esprit dans la prière muette et qu’il constitue une préparation très utile à la prière en public.
La prière collective peut également s’exercer en des lieux divers (nous ne parlons pas des réunions de prières, dans le rassemblement). Il est souhaitable et normal que lorsque des croyants se trouvent ensemble, ils éprouvent le besoin de consacrer pour le moins un moment à la lecture de la Parole et à la prière. Nos entretiens fraternels seront certainement enrichis et bénis par cet exercice mutuel de la piété qui doit répondre aux besoins des coeurs qui ont le même objet de jouissance. Quel fait navrant et déshonorant lorsque les heures passées entre frères et soeurs dans le cercle privé revêtent les mêmes caractères que les rencontres d’incrédules. Dans les Écritures, nous trouvons fréquemment des croyants en prières, dans leurs demeures ou même au-dehors. Daniel et ses compagnons, dans sa maison, implorent ensemble les compassions divines au sujet du décret du roi (ch. 2:17, 18). Pierre et Jean prient ensemble afin que les Samaritains qui avaient été touchés par la Parole reçoivent aussi l’Esprit Saint (Actes 8:15). Les croyants de Tyr, hommes, femmes et enfants, accompagnant Paul au navire, se mirent à genoux sur le rivage et prièrent (Actes 21:5). Quelle joie et quel réconfort des chrétiens pieux ont souvent éprouvés en s’unissant dans la prière alors qu’ils se trouvaient placés ensemble dans des lieux ou circonstances indépendants de leur volonté, souvent peu propices à la vie spirituelle (service militaire, déportations, etc.). Veuille le Seigneur développer dans nos coeurs des affections toujours plus vives pour sa Personne, de sorte qu’il soit le sujet de nos conversations fraternelles et qu’ainsi nous revêtions les caractères de ceux qui, craignant l’Éternel, parlaient l’un à l’autre, constituant le trésor particulier de Celui qui était attentif à leurs paroles (Mal. 3:16, 17).
Nous ne saurions toutefois confondre de telles prières avec
celles qui sont exprimées en Assemblée. Précisons tout d’abord qu’une réunion
d’assemblée est celle où des frères et soeurs sont réunis au nom du Seigneur et
s’attendent à Lui, selon Matthieu 18:19, 20 ; or, une réunion de prières
revêt ce caractère. La réalisation de la présence du Seigneur, la soumission à
l’autorité des Écritures et la libre action du Saint Esprit confèrent à ceux
qui sont ainsi assemblés la capacité d’agir en son Nom. Le lieu
d’un tel
rassemblement répond à ce que nous trouvons mentionné à plusieurs reprises dans
les chapitres 12 et 16 du Deutéronome : « le lieu que l’Éternel a choisi ».
C’était seulement à l’endroit reconnu comme la maison de l’Éternel, où se
réalisait sa présence, que les Israélites devaient se rassembler pour
sacrifier, offrir leur culte et goûter la joie en commun. Mais il s’agit pour
nous maintenant d’une « maison spirituelle » (1 Pierre 2:5 ; Éph. 2:22). Le local en lui-même n’a qu’une importance accessoire,
sauf qu’il faut évidemment que l’assemblée s’y réunisse comme telle, de manière
régulière, ayant été exercée et dirigée pour établir le lieu de rassemblement.
Des croyants ne sauraient se sentir autorisés à rompre le pain lorsqu’ils se
trouvent occasionnellement (parfois regrettablement) le dimanche dans un
endroit où il n’existe pas d’assemblée locale. Plusieurs passages, tant dans
l’Ancien que dans le Nouveau Testament, démontrent que le lieu de rassemblement
était établi et connu (voir Deut. 16:2, 7 et
11 ; Jean 20:19 et 26 ; Actes 12:12 ; 20:7). Il est clair que, à
la différence du tabernacle ou du temple, la présence du Seigneur n’est pas
liée au local matériel, mais à Son nom rassemblant effectivement les siens.
Quel prix a pour nos coeurs la maison de Dieu, l’Assemblée du Dieu vivant dans
laquelle nous sommes introduits par grâce ? Pouvons-nous dire à son sujet
comme le psalmiste : « J’ai aimé l’habitation de ta maison, et le lieu de
la demeure de ta gloire » (Ps. 26:8). Et encore : « Combien sont aimables
tes demeures, ô Éternel des armées ! mon âme désire, et même elle languit
après les parvis de l’Éternel… Bienheureux ceux qui habitent dans ta
maison : ils te loueront incessamment ! … Car un jour dans tes
parvis vaut mieux que mille. J’aimerais mieux me tenir sur le seuil dans la
maison de mon Dieu, que de demeurer dans les tentes de la méchanceté » (Ps. 84).
C’est là que les saints rassemblés ont le privilège d’adorer en esprit et en
vérité, comme aussi de prier d’un commun accord. La persévérance dans la prière
en commun caractérisait les premiers chrétiens (Actes 2:42). Que pourrait-il
être dit actuellement de nous, lorsque nous assistons à l’abandon croissant et
si généralisé des réunions de prières ? Certes, l’habitude de s’en tenir à
l’écart sans raisons valables est la manifestation d’un bas état spirituel.
Comme cela a été dit, de telles rencontres sont le thermomètre du rassemblement
local. Le sujet des réunions de prières ayant déjà fait l’objet de nombreux
écrits, nous nous abstiendrons de le développer, recommandant à chacun la
lecture de telles exhortations dont l’actualité n’est qu’accrue. Remarquons
seulement que la présentation de besoins personnels n’est pas à sa place dans
les réunions de prières. Celui qui prie, étant la bouche de l’ensemble, doit
par conséquent exposer des requêtes qui concernent l’ensemble, qui constituent
un exercice commun, de sorte que ce ne sont pas des frères qui prient, mais
l’assemblée qui prie. Ainsi, le frère muet qui a prononcé son amen aux requêtes
exprimées peut dire : Nous avons prié. À la différence de l’enseignement,
mais comme l’adoration, la prière ne nécessite pas de don, en sorte que tout
frère dépendant du Seigneur et habituellement exercé au sujet des besoins du
témoignage devrait avoir une pleine liberté pour prier en Assemblée. Or, c’est
là que débute normalement tout service public.
Nous ne voudrions en aucun cas restreindre la valeur des requêtes individuelles et la nécessité d’exprimer nos besoins personnels, mais quant à la prière dans le rassemblement, il est de toute importance que nous soyons conduits conformément aux enseignements divins relatifs aux caractères scripturaires des réunions de prières. Il est cependant bien évident que dans l’exercice individuel de la prière, nos requêtes peuvent alors et doivent même s’étendre à l’ensemble, comme nous l’avons vu plus haut.
Quel que soit le lieu où notre prière s’exprime et si même nous pouvons user d’insistance, criant à lui jour et nuit (Luc 18:7), voire parfois de hardiesse comme Abraham priant pour Sodome à cause des justes pouvant s’y trouver (Gen. 18), soyons toujours conscients du profond respect qui convient dans un tel acte. Notre libre accès au trône de la grâce ne saurait porter atteinte à la révérence qui est due à la personne divine qui l’occupe. Servons Dieu d’une manière qui lui soit agréable, avec révérence et avec crainte (Héb. 12:28).
Si nous pouvons présenter nos prières dans les circonstances variées de notre vie ici-bas, il en découle nécessairement qu’elles peuvent s’exprimer dans les positions les plus diverses en fonction de l’état et des nécessités du moment, mais pour autant qu’elles ne soient pas délibérément irrespectueuses. Que de requêtes sont montées des lits de souffrance, des champs de bataille, des lieux de persécution ! Outre cela, la Parole fait mention de trois positions ou attitudes précises :
La prière à genoux
est sans doute la plus fréquemment
rapportée dans les Écritures. Cette attitude est l’expression de la dépendance,
de la soumission, voire même de l’infériorité car c’est toujours le plus petit
qui fléchit les genoux devant le plus grand. N’est-ce pas au nom de Jésus qui a
été haut élevé que se ploie tout genou des êtres célestes, et terrestres, et
infernaux ? (Phil. 2:9, 10). Voyez la signification typique de l’« Abrec » prononcé devant Joseph (Gen.
41:43). C’est donc une position particulièrement indiquée pour la prière et que
nous devons rechercher dans toute la mesure du possible. Il est souhaitable que
dans les réunions de prières, toutes les personnes dont l’état physique le
permet se mettent à genoux. De même aussi, adoptons cette position pour nos
prières individuelles ainsi que celles en famille. Lors de la dédicace du
temple, Salomon fléchit les genoux pour prononcer sa remarquable prière, en
face de toute la congrégation d’Israël (2 Chron. 6:13). Étienne, à genoux,
intercède pour ses persécuteurs (Actes 7:60). Nous pourrions multiplier les
citations en parlant d’Esdras, de Daniel, de Pierre, de Paul et d’autres
encore, desquels la Parole nous dit qu’ils se sont tenus à genoux pour prier.
Le Seigneur lui-même, à genoux dans le jardin de Gethsémané, soutint dans la
prière un combat que nous ne pouvons considérer qu’à un jet de pierre et dans
l’adoration. Là, son humanité, sa dépendance et sa soumission brillent d’un
éclat sans pareil. Pressentant dans son âme sainte ce que comportait l’affreuse
réalité de la séparation de Dieu et l’abandon de Celui duquel il accomplissait
les desseins, il demande s’il était possible que cette coupe passe loin de lui.
Toutefois, dans son parfait dévouement, il ajoute : « Non pas comme moi je
veux, mais comme toi tu veux » (Matt. 26:39). N’avons-nous pas des motifs de
ployer nos genoux chaque jour devant lui, avec actions de grâces ?
L’apôtre Paul, désirant que les Éphésiens saisissent mieux les conseils divins,
le propos des siècles établi dans le Christ Jésus, pouvait leur écrire :
« C’est pour cela que je fléchis mes genoux devant le Père de notre Seigneur
Jésus Christ… afin que, selon les richesses de sa gloire, il vous donne
d’être fortifiés en puissance par son Esprit, quant à l’homme intérieur ;
de sorte que le Christ habite, par la foi, dans vos coeurs, et que vous soyez
enracinés et fondés dans l’amour » (Éph. 3:14 à 19).
La Parole fait également mention des prières prononcées debout
, reconnaissant cette attitude comme étant agréée. Il est
bienséant de se lever devant une personne à qui l’honneur est dû, et ceci
d’autant plus si nous lui adressons la parole. Les vieillards se levaient
devant Job (29:8), tandis que Mardochée refuse de le faire pour Haman (Esther 5:9). N’est-il pas beau de voir, en Néhémie
8:5 le peuple se tenir debout lorsque le livre de la loi est ouvert ?
Cette position témoigne donc, dans la prière, du respect, de la déférence, de
l’hommage qui reviennent à Dieu, comme au Seigneur. Ce n’est donc pas sans
raison qu’il est d’usage de se lever pour prier, particulièrement en Assemblée
et en collectivité. Nous lisons : « Et le roi (Salomon) tourna sa face, et
bénit toute la congrégation d’Israël ; et toute la congrégation d’Israël
était debout. Et il dit : Béni soit l’Éternel, le Dieu d’Israël », etc (1 Rois 8:14 — voir aussi v. 55). De même, les Lévites
« se levèrent sur l’estrade et crièrent à haute voix à l’Éternel, leur Dieu »
(Néh. 9:4). En Matthieu 6:5, le Seigneur fait mention des hypocrites qui aiment
à prier debout dans les synagogues, et au coin des rues, de sorte qu’ils soient
vus des hommes. Nous comprenons que ce qui est répréhensible ici n’est pas la
position en elle-même, mais l’orgueil qui se trouve dans le coeur de celui qui
prie et le pousse à prendre cette attitude dans le but d’être remarqué. Or, si
nous nous levons pour prier, c’est dans la conscience de l’honneur qui est dû à
la Personne à laquelle on s’adresse et non pas pour traduire une disposition
présomptueuse.
Une fois seulement la prière présentée en étant assis
est
rapportée dans les Écritures. En 2 Samuel 7:18 comme aussi en 1 Chroniques
17:16 nous lisons : « Et le roi David entra et s’assit devant l’Éternel, et
dit : Qui suis-je, Seigneur Éternel et quelle est ma maison, que tu m’aies
amené jusqu’ici ? » La position prise par ce serviteur de Dieu est
l’expression de la communion et il faut voir dans cet acte sa signification morale
et spirituelle, comme aussi sa portée prophétique. C’est à l’ouïe des
déclarations divines communiquées par le prophète Nathan, qui annonçaient un
long avenir touchant sa maison et le peuple d’Israël, mais surtout
prophétiquement quant à Christ, que David s’assied devant l’Éternel pour bénir
et rendre grâces. Cette position qui témoigne de la confiance du roi est aussi
une manifestation de stabilité bien en rapport avec la nature des pensées de
Dieu qui lui sont données à connaître : « Je le planterai, et il habitera
chez lui et ne sera plus agité » (2 Sam. 7:10). Sous le règne d’un plus grand
que Salomon, Israël se réjouira dans son héritage et l’Éternel se reposera dans
son amour, s’égayant en son peuple avec chant de triomphe (Soph.
3:17).
Nous trouvons en outre la mention de diverses attitudes quant à la prière ou à l’adoration, telles que : s’incliner, se prosterner (2 Chron. 7:3 ; Néh. 8:6 ; Matt. 8:2), tomber sur sa face (Nomb. 16:22), étendre ou élever les mains (Esd. 9:5 ; Ps. 28:2). Ces manifestations extérieures témoignaient certainement de l’état d’âme de celui qui priait, soit l’hommage rendu, l’humilité ressentie, l’attente du secours, etc. Elles sont particulières aux économies ayant précédé celle de la grâce. Toutefois, l’apôtre Paul, dans sa première épître à Timothée (2:8) écrit : « Je veux donc que les hommes prient en tout lieu, élevant des mains saintes, sans colère et sans raisonnement ». L’accent n’est certes pas porté sur les mains élevées, mais sur la sainteté de celles-ci sans laquelle nos prières ne pourraient être agréées d’un Dieu saint. La colère, à laquelle le croyant doit renoncer (Col. 3:8) car elle n’accomplit pas la justice de Dieu (Jacq. 1:20) ainsi que le raisonnement qui produit le doute et s’élève même contre la connaissance de Dieu (2 Cor. 10:5), sont incompatibles avec la prière, comme aussi en contradiction avec la pureté, la paix et la foi qui doivent la caractériser. S’il n’est actuellement plus fait usage de telles formes, elles conservent néanmoins leur portée morale. Quant à nous-mêmes, et selon les exhortations de la Parole, prenons garde aux dispositions de l’homme intérieur, de l’homme caché du coeur dont la parure est un esprit doux et paisible qui est d’un grand prix devant Dieu (1 Pierre 3:4).
Le Seigneur, enseignant ses disciples sur la montagne, leur dit : « Demandez, et il vous sera donné ; cherchez, et vous trouverez ; heurtez, et il vous sera ouvert ; car quiconque demande, reçoit ; et celui qui cherche, trouve ; et à celui qui heurte, il sera ouvert » (Matt. 7:7). Et pourtant, nous trouvons dans la Parole plusieurs prières qui n’ont pas été exaucées. L’apôtre Jean, dans sa première épître, écrit : « Si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute ; et si nous savons qu’il nous écoute, quoi que ce soit que nous demandions, nous savons que nous avons les choses que nous lui avons demandées » (ch. 5:14, 15). Cependant les Écritures font mention de prières qui n’ont pas été écoutées. En Luc 18:1, le Seigneur Jésus parle en parabole pour montrer qu’il faut toujours prier et ne pas se lasser. Toutefois, l’enseignement divin établit qu’en certaines circonstances, il ne faut pas le faire. De même aussi, l’apôtre Paul nous exhorte à prier sans cesse (1 Thess. 5:17) et pourtant, à cause de nos faiblesses, l’apôtre Pierre doit rendre les croyants attentifs à ce qui pourrait interrompre leurs prières. Si de tels cas se produisent, quelles en sont les raisons ? Y a-t-il défaillance ou indifférence du côté de Dieu ? Assurément non. Certes, à cause de l’état de nos pauvres coeurs, de telles choses se produisent. Dans ses voies à notre égard, le Seigneur les permet et les rend parfois même nécessaires. Leur origine est certainement du côté de l’homme, mais le but que Dieu poursuit est de faire du bien à la fin. Quelques exemples, riches en instructions, conservés pour nous dans la Parole afin qu’ils nous servent d’avertissements, seront suffisants pour en établir les réels motifs.
Pour débuter, considérons brièvement quelques prières qui ont
été entendues
, mais non exaucées
. Nous verrons que si les choses
désirées n’ont pas été accordées, c’est que la sagesse et l’amour divins
avaient souvent en vue une plus grande bénédiction que celle qui était demandée.
Le premier exemple frappant est sans doute celui de Moïse qui supplie l’Éternel
de lui permettre d’entrer dans le pays promis. Nous savons que pour avoir
frappé le rocher deux fois de sa verge comme aussi parlé légèrement de ses
lèvres (Ps. 106:33) — au lieu de prendre la verge de la sacrificature et de
parler au rocher — l’Éternel dut prononcer à l’égard de Moïse et d’Aaron ces
solennelles paroles : « À cause de cela vous n’introduirez pas cette
congrégation dans le pays que je leur donne » (Nomb.
20:12). Pensons un peu à l’effet produit par une telle déclaration venant de la
bouche de Dieu, dans le coeur de Moïse qui avait auparavant intercédé pour le
peuple afin qu’il ne fût pas privé de la terre promise. A-t-elle porté atteinte
à la fidélité du service qu’il lui restait à accomplir ? Non. Toutefois,
elle constitua une souffrance pour cet homme de Dieu, comme en témoignent ses
propres paroles en Deutéronome 3:23-26: « Je suppliai l’Éternel, disant :
Seigneur Éternel ! tu as commencé à faire voir à ton serviteur ta grandeur
et ta main forte… Que je passe, je te prie, et que je voie ce bon pays qui
est au-delà du Jourdain, cette bonne montagne, et le Liban. — Et l’Éternel fut
irrité contre moi à cause de vous, et il ne m’écouta point ; et l’Éternel
me dit : C’est assez, ne me parle plus de cette affaire ». — Moïse fut
pleinement restauré, mais cela ne diminue en rien la réalité du gouvernement de
Dieu qui s’exerce en conséquence de sa faute. C’est là une vérité fondamentale
qu’il est de toute importance de bien saisir. D’une part, celui qui confesse
ses péchés est pardonné (1 Jean 1:9) ; c’est une chose bien précieuse,
mais d’autre part, ce qu’un homme sème, cela aussi, il le moissonnera (Gal.
6:7) ; c’est une autre chose bien solennelle. Or, ces deux déclarations
sont faites à des croyants ! La grâce pardonne librement, pleinement, mais
la moisson demeure en rapport avec la nature des semailles. Pour bien
comprendre l’enseignement des Écritures, il est indispensable de distinguer ces
deux choses. La libre grâce de Dieu ne saurait annuler la solennité du
gouvernement et l’irrésistible marche de celui-ci ne saurait mettre en doute
l’action de cette grâce ni en ternir son éclat. Moïse donc, malgré la ferveur
de sa supplication, n’obtint pas l’exaucement désiré et, à l’entrée en Canaan,
le décret gouvernemental s’exerce, la porte lui en est fermée. Mais, combien il
est beau de voir la grâce déployer ses effets à ce moment-là. Elle l’amène au
sommet du Pisga d’où il contemple tout le pays, en
pleine vigueur et d’un oeil non affaibli. Il n’en voit pas seulement la partie
que le peuple possédera plus tard, mais il voit l’héritage complet, tel que
donné de Dieu. Cette même grâce creuse son tombeau et l’ensevelit (Deut. 34). Plus tard, Dieu le conduira en gloire sur la
sainte montagne où, en compagnie d’Élie, il s’entretiendra avec son Fils
bien-aimé au sujet de sa mort (Luc 9:28-36).
Si la prière de Moïse ne fut pas exaucée (or elle ne pouvait l’être car
Dieu sauvegardait la gloire de son Fils dans la figure du Rocher qui était
Christ — selon 1 Corinthiens 10:4 — en ce qu’il ne devait être frappé qu’une
seule fois), les honneurs qui lui sont accordés ne dépassent-ils pas la faveur
qu’il avait demandée ?
Un autre exemple de prière entendue et non exaucée est celle, déjà citée, que présente l’apôtre Paul. À trois reprises il a supplié afin que son écharde dans la chair se retirât de lui. Le Seigneur lui a répondu, mais que lui a-t-il dit ? « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans l’infirmité » (2 Cor. 12:8, 9). Délivré de cette écharde, Paul aurait sans doute eu pratiquement plus de facilité dans l’exercice de son ministère. Mais, à cause des révélations extraordinaires qui lui avaient été faites, il aurait été exposé à s’enorgueillir. Aussi, Dieu, dans sa grâce et sa sagesse, sachant ce qu’est l’homme, le prive de cette délivrance pour le préserver de ce piège. Paul l’a compris, ce qui lui fait dire :
« Je me glorifierai donc très volontiers plutôt dans mes infirmités, afin que la puissance du Christ demeure sur moi ». Par cela, le Seigneur nous enseigne que s’il peut se servir des facultés, des capacités ou des dons naturels qu’il dispense à ses créatures pour accomplir un service, il peut aussi être glorifié dans ses serviteurs sans eux. Par cette écharde, Satan espérait rendre l’évangile méprisable mais, comme ce fut le cas pour Job, cette infirmité fut le moyen de bénédictions plus grandes pour l’apôtre. Elle n’a pas empêché Paul de combattre le bon combat, d’achever la course et de garder la foi (2 Tim. 4:7).
Que dire de la scène qui s’est déroulée en Gethsémané ? Là,
nous ne trouvons pas un homme ayant manqué, comme Moïse, ni même un homme
exposé à produire les fruits de la chair, comme Paul, mais nous y trouvons
l’Homme parfait, priant instamment et à trois reprises son Dieu pour qui toutes
choses sont possibles. Moïse n’obtint pas ce qu’il désirait, mais il reçut une
réponse. Paul ne fut pas exaucé, mais il lui en fut communiqué les raisons,
accompagnées d’encouragements précieux. Mais le Fils bien-aimé du Père, le
parfait Serviteur, ne reçut aucune
réponse.
Et quelle grâce pour nous que cette prière ne fût pas
agréée ! Afin que nous fussions sauvés, cette coupe ne pouvait être
écartée de Celui qui, livrant son âme à la mort, pouvait seul être le parfait
sacrifice pour le péché. Par amour pour nous, « il plut à l’Éternel de le
meurtrir ; il l’a soumis à la souffrance » (És. 53:10). C’est avec des
actions de grâces que nous lisons que Dieu « n’a pas épargné son propre Fils,
mais l’a livré pour nous tous » (Rom. 8:32). Le Seigneur n’a pas été exaucé en
ce qu’il a dû boire jusqu’à la lie la coupe du courroux de Dieu contre le péché
et passer par la mort qui est le salaire du péché.
Mais, à cause de sa piété (Héb. 5:7), sa demande d’être délivré de la mort fut exaucée, en ce qu’il ressuscita d’entre les morts, par la gloire du Père. Ainsi ont été pleinement accomplies les déclarations prophétiques : « Tu m’as répondu d’entre les cornes des buffles » (Ps. 22:21), comme aussi : « Tu n’abandonneras pas mon âme au shéol, tu ne permettras pas que ton saint voie la corruption » (Ps. 16:10). « À cause de la joie qui était devant lui, il a enduré la croix, ayant méprisé la honte ». Déjà maintenant nous le voyons par la foi assis à la droite de Dieu, couronné de gloire et d’honneur et garant de notre rédemption éternelle. Bientôt il jouira de la pleine maturité du fruit du travail de son âme et en sera satisfait, lorsque ses rachetés glorieux seront autour de lui, proclamant dans une louange parfaite la dignité de l’Agneau qui pour eux a été immolé (Apoc. 5:12).
Nous venons de rappeler quelques exemples de prières qui, bien
qu’entendues et présentées par des personnes en communion avec Dieu, n’ont pas
été exaucées. Considérons maintenant brièvement quelques prières qui ne sont pas écoutées
, à cause de l’état moral et spirituel dans lequel peut se
trouver celui qui présente sa requête, comme aussi celui ou ceux pour lesquels
il désire intercéder.
S’il est beau de lire, en Josué 10:14, que l’Éternel, écoutant la voix d’un homme, arrêta le soleil dans sa course un jour entier, combien il est solennel de lire en Jérémie 11:11 ces paroles concernant Juda tout entier : « Ils crieront à moi, et je ne les écouterai pas ». Et un peu plus loin, au chapitre 14, verset 12 du même livre : « S’ils jeûnent, je n’écouterai pas leur cri, et s’ils offrent un holocauste et une offrande de gâteau, je ne les agréerai pas ». Par la bouche du prophète Ézéchiel, l’Éternel déclare encore quant à son peuple : « Quand ils crieront à mes oreilles à haute voix, je ne les écouterai point » (ch. 8:18). Certes, la patience de Dieu a un terme et ses compassions ont une limite. L’obstination dans la désobéissance et le mépris de ses appels font que, lorsque la mesure est atteinte, l’accès à Dieu par la prière est fermé. En ce sens, n’avons-nous pas aussi un exemple frappant dans les vierges folles qui, ayant méprisé le temps de la patience de Dieu, doivent entendre ces paroles : « Je ne vous connais pas » (Matt. 25:12) ? Dans le livre des Lamentations de Jérémie, chapitre 3, versets 8 et 44, nous lisons : « Même quand je crie et que j’élève ma voix, il ferme l’accès à ma prière » ; puis : « Tu t’es enveloppé d’un nuage, de manière à ce que la prière ne passât point ». Le prophète ici, conscient de l’état du peuple de Dieu et s’identifiant avec lui, se présente comme supportant personnellement le jugement divin. Il réalise qu’à cause des péchés dont Israël s’est rendu coupable, en conséquence de sa persistance dans le mal, sa prière n’est pas entendue. La fille de Sion est aveuglée, couverte d’un nuage (ch. 2:1) et l’Éternel lui-même s’est enveloppé d’un nuage, de sorte que les rapports sont interrompus. La lecture de ce chapitre porte nécessairement les pensées sur Christ dont Jérémie est une image. Or, les hommes qui furent par la grâce de Dieu des types du Seigneur les plus fidèles, les plus éloquents, sont toujours demeurés au-dessous de la mesure parfaite réalisée par Celui qu’ils ont préfiguré. N’a-t-il pas été, lui seul, l’Homme parfait qui a vu l’affliction par la verge de la fureur divine ? Bien qu’étant sans péché quant à lui-même, mais parce que fait péché pour nous, il connut comme nul autre l’abandon de Dieu, son oreille étant sourde à son cri. Celui qui a pu dire au tombeau de Lazare, en s’adressant à son Père : Je sais que « tu m’entends toujours » (Jean 11:42) a vécu sur la croix toute la réalité de la déclaration prophétique : « Je crie de jour, mais tu ne réponds point » (Ps. 22:2).
Dans le livre des Actes (ch. 8:18-24), nous avons l’exemple d’un homme qui n’est pas en état de prier. Simon, dont le coeur n’avait pas été touché par la Parole et la grâce de Dieu, offre de l’argent aux apôtres afin que lui soit conféré le pouvoir de faire appel à la descente du Saint Esprit sur ceux auxquels il imposerait les mains. Or, le don du Saint Esprit, résultat de la mort, de la résurrection et de la glorification du Fils de Dieu, pouvait-il être acquis avec de l’argent ? Une telle pensée met à jour le coeur pervers de Simon et donne lieu aux paroles si sévères de Pierre : « Que ton argent périsse avec toi, parce que tu as pensé acquérir avec de l’argent le don de Dieu ». Une seule action lui convenait, c’était la repentance, mais la gravité de son péché était telle qu’aucune assurance de pardon ne lui est donnée. Il lui est dit : « si faire se peut ». Simon ne se manifeste pas comme étant disposé à confesser sa faute mais se borne à exprimer la crainte qu’il éprouve des conséquences de son péché, de sorte qu’il ne peut pas prier et demande aux apôtres de supplier le Seigneur pour lui. Nous ne voyons pas que ceux-ci aient donné suite à sa requête.
Nous avons fait mention du privilège qui nous appartient en tant que croyants de pouvoir prier pour autrui, et combien nombreuses sont les exhortations de la Parole quant à l’intercession que nous devons pratiquer en faveur de tous les hommes, de l’Assemblée de Dieu, des membres de nos familles. Toutefois, il existe des états d’obstination dans le mal ou d’endurcissement tels, qu’il en résulte le décret du jugement de Dieu, de sorte que les intercessions sont rendues vaines et inutiles. Ce fut le cas du peuple d’Israël. Sa persistance à mépriser les droits de Dieu à son égard et à refuser les appels à la repentance qui lui ont été adressés à maintes reprises par les prophètes, l’ont placé sous le jugement divin. Aussi, l’Éternel doit dire à Jérémie : « Ne prie pas pour ce peuple, et ne fais monter pour eux ni cri ni prière ; et n’insiste pas auprès de moi, car je ne t’écouterai pas » (Jér. 7:16). Le prophète, qui a tant à coeur le bien de ce peuple, ne peut se résoudre à ne pas intercéder et continue à faire appel aux compassions de l’Éternel. Il doit alors entendre pour la seconde fois les mêmes paroles (ch. 11:14). Jérémie sait qu’à cause de l’état d’égarement d’Israël, le jugement est décrété. Toutefois, malgré cette double défense de prier pour lui, il continue, faisant usage des mêmes arguments que ceux évoqués par Moïse au chapitre 14 du livre des Nombres. Pour la troisième fois, l’Éternel doit lui dire : « Ne prie pas pour ce peuple pour leur bien » (ch. 14:11). Malgré cela, il tente encore de faire fléchir le coeur de Dieu, mais son insistance est inutile. Qu’entend-il ? « Quand Moïse et Samuel se tiendraient devant moi, mon âme ne serait pas tournée vers ce peuple ; renvoie-les de devant moi, et qu’ils sortent » (ch. 15:1). Par cela, l’Éternel déclare que même si ces deux serviteurs qui se sont tenus à la brèche pour Israël plaidaient sa cause devant lui, ils ne seraient pas écoutés. La voix divine scelle de telles paroles en ajoutant : « Tu m’as délaissé, dit l’Éternel, tu t’en es allée en arrière ; et j’ai étendu ma main sur toi, et je te détruirai : je suis las de me repentir » (ch. 15:6). Nous comprenons alors ce que dit Asaph dans le Psaume 80, parlant du temps de ruine où Israël est abreuvé de larmes à pleine mesure : « Jusques à quand ta colère fumera-t-elle contre la prière de ton peuple ? » (v. 4 et 5).
Si cet exemple place devant nous un état collectif faisant obstacle à l’intercession, la Parole établit que ce principe s’applique également sur le plan individuel. Dans 1 Jean 5:16 nous lisons : « Si quelqu’un voit son frère pécher d’un péché qui ne soit pas à la mort, il demandera pour lui ; et il lui donnera la vie, savoir à ceux qui ne pèchent pas à la mort. Il y a un péché à la mort : pour ce péché-là, je ne dis pas qu’il demande ». La première chose à noter, c’est qu’il est question, dans ce passage, de chrétiens et non pas d’incrédules. Si donc un frère a commis un péché qui n’est pas à la mort, quand bien même il ne s’en serait pas repenti, il peut être l’objet des prières de ceux qui réalisent son état afin que, par leur intercession, il soit amené à confesser ses fautes, et par cela à jouir des effets du plein pardon. Telle est l’intervention dont parle l’apôtre Jacques dans le dernier chapitre de son épître (v. 14-16). Or, quant au péché à la mort, il en est autrement. Tout d’abord, quel est-il ? Nous transcrivons ce qu’a écrit J.N. Darby à ce sujet : « Ce n’est pas, ce me semble, un péché particulier, mais tout péché qui a un caractère tel qu’au lieu de réveiller la charité du chrétien, il réveille son indignation ». Il s’agit donc d’un péché (quel qu’il soit), commis dans des circonstances ou un état tels qu’il provoque l’horreur au lieu de l’intercession. Ce péché-là peut entraîner la mort du corps comme conséquence gouvernementale. Ainsi, Ananias et Sapphira, ayant menti à l’Esprit Saint, tombent et expirent. Nous ne voyons pas que Pierre ait prié pour eux (Actes 5:1-11). Élihu a pu dire à Job : « Puisqu’il y a de la colère, prends garde qu’elle ne t’enlève par le châtiment » (Job 36:18).
À deux reprises, l’apôtre Paul fait mention de l’acte de livrer des croyants à Satan. Notons tout d’abord que, même exercé en communion avec l’Assemblée, il s’agit cependant d’un pouvoir apostolique pour lequel il avait été personnellement revêtu d’autorité. Or, tel n’est pas le cas de l’Assemblée. Lorsqu’elle prononce une exclusion, elle le fait par obéissance et en fonction de sa responsabilité d’ôter le méchant du milieu d’elle, mais elle ne livre jamais à Satan. En 1 Corinthiens 5:5, l’apôtre Paul écrit : « Pour moi… j’ai jugé… de livrer un tel homme à Satan pour la destruction de la chair, afin que l’esprit soit sauvé dans la journée du Seigneur Jésus ». Bien que nous ne voyions pas que la décision de l’apôtre fût exécutée, il aurait pu agir avec la même puissance que celle dont Pierre avait fait usage dans le cas d’Ananias et Sapphira en livrant un membre du Corps de Christ à Satan pour la mort du corps physique. Par cela, l’Ennemi devient un serviteur des voies gouvernementales de Dieu pour libérer cet homme, la destruction corporelle l’affranchissant finalement de cette chair qu’il n’a pas su tenir dans la mort. Cette discipline, bien que terrible, est néanmoins un effet de la grâce de Dieu.
Dans 1 Timothée 1:20, Paul livre positivement Hyménée et Alexandre à Satan afin qu’ils apprennent à ne pas blasphémer. Ces hommes sont abandonnés à Satan, non pour la destruction de la chair, mais afin qu’ils apprennent par la misère et la souffrance dans lesquelles ils se trouveront, la leçon que Dieu a en vue pour leur bien, de sorte qu’ils puissent être restaurés. Ici encore, Satan est un instrument pour corriger un enfant de Dieu et briser sa volonté charnelle. Le livre de Job présente d’une façon remarquable un tel enseignement. Remarquons que cette leçon ne peut être apprise dans le sein de l’Assemblée, l’Ennemi ne pouvant y agir de la sorte, mais elle est subie « dehors », dans le monde duquel il est le prince. À cette école, un tel chrétien livré à Satan se trouve privé de l’abri de la Maison de Dieu dont il bénéficiait mais duquel il n’a pas su apprécier la valeur. Quelle solennité !
En rapport avec le sujet qui nous occupe, il est frappant de considérer que dans ces deux cas, l’apôtre n’a prié ni pour le fornicateur, ni pour les blasphémateurs. Nous avons donc lieu d’être exercés afin de discerner si les péchés constatés chez un croyant sont de nature à provoquer une sainte indignation ou s’ils font appel à l’intercession.
Les Écritures nous enseignent également que, dans certains cas, la
prière peut être anormale
, voire même inconvenante
. Bien que cela
puisse paraître étrange à première vue, nous citerons quelques exemples qui
établiront clairement cette réalité.
Si l’on a délibérément choisi son chemin
, lequel devient
celui de la propre volonté puisqu’il correspond aux aspirations de nos coeurs
naturels, il est inutile de prier ensuite pour demander les directions du
Seigneur. La prière étant une manifestation de dépendance, pratiquée dans un
tel état d’esprit, elle perd alors son caractère fondamental. Plus encore, elle
révèle un manque de droiture, car elle a pour but l’octroi d’une liberté
d’action en demandant en quelque sorte que nos dispositions soient accompagnées
de l’approbation divine (*). Combien
facilement disons-nous : J’ai la liberté de faire ceci ou cela ! Où
une telle liberté est-elle prise ? Est-ce dans nos coeurs au détriment des
droits du Seigneur, ou découle-t-elle d’une réelle dépendance ? Souvent,
en effet, nous prenons des décisions sans exposer les choses au Seigneur, après
quoi nous lui demandons son aide et sa bénédiction. Ainsi fit Jacob après avoir
dressé son plan, alors qu’il craignait de rencontrer son frère Ésaü (Lire
Genèse 32).
(*) Note Bibliquest : Proverbes 28:9 : La prière de celui qui détourne son oreille pour ne pas écouter la loi est une abomination.
Dans le livre de Jérémie (ch. 42 et 43 jusqu’au v. 7), nous
avons l’exemple remarquable d’un chemin choisi avant d’interroger l’Éternel.
Ces passages nous présentent l’état d’une partie de Juda non déporté, laissé
dans sa terre. Sa place était d’y rester en se soumettant à Nebucadretsar.
Cependant, la crainte le conduit à désirer s’enfuir en Égypte. S’adressant à
Jérémie, les chefs et tout le peuple lui demandent de prier l’Éternel pour eux,
afin qu’ils connaissent le chemin par lequel ils devaient marcher et ce qu’ils
devaient faire. À cette requête, ils ajoutent encore ces paroles qui
établissent leur responsabilité quant à la dépendance : « L’Éternel soit entre nous un témoin véritable et fidèle, si
nous ne faisons selon toute la parole pour laquelle l’Éternel, ton Dieu,
t’enverra vers nous ! Soit bien, soit mal, nous écouterons la voix de
l’Éternel, notre Dieu » (ch. 42:3-6). Quelle fut la réponse divine ? pleine
de grâce et de simplicité. « Ainsi dit l’Éternel… : Si vous continuez à
habiter dans ce pays, je vous bâtirai, et je ne vous renverserai pas, et je
vous planterai, et je ne vous arracherai pas ; car je me repens du mal que
je vous ai fait. Ne craignez point le roi de Babylone… car je suis avec vous
pour vous sauver et pour vous délivrer de sa main ; et j’userai de
miséricorde envers vous, et il aura pitié de vous, et vous fera retourner dans votre
terre. Mais si vous dites… Non, mais nous irons dans le pays d’Égypte… et
nous habiterons là… à cause de cela, écoutez la parole de l’Éternel, vous, le
reste de Juda : Ainsi dit l’Éternel des armées, le Dieu d’Israël : Si
vous tournez vos faces pour aller en Égypte, et que vous y alliez pour y
demeurer, il arrivera que l’épée dont vous avez peur vous atteindra là, dans le
pays d’Égypte, et la famine que vous craignez vous suivra de près, là, en
Égypte, et vous y mourrez » (v. 10 à 16). Dans sa bonté, Dieu place devant le
peuple les deux chemins et leurs issues. Y avait-il lieu d’hésiter ?
Pourtant, ces hommes manquaient de droiture en demandant à l’Éternel le chemin
à suivre, car ils voulaient aller en
Égypte.
Jérémie le savait, c’est pourquoi il leur dit : « Vous vous êtes séduits vous-mêmes dans vos âmes quand vous
m’avez envoyé vers l’Éternel… Sachez certainement que vous mourrez… dans le lieu où vous avez désiré d’aller pour y
séjourner
» (v. 20-22). Leur
perversité étant mise à nu, ils n’acceptent pas les déclarations de l’Éternel
qui sont contraires à leurs intentions, de sorte qu’ils répondent au
prophète : « C’est un mensonge que tu dis ; l’Éternel, notre Dieu, ne
t’a pas envoyé pour nous dire : N’allez point en Égypte pour y séjourner »
(ch. 43:2).
Nous avons un cas semblable dans le chapitre 18 du second livre
des Chroniques (même récit en 1 Rois 22). Le mariage de Joram,
fils de Josaphat avec la fille d’Achab mit en relation le pieux roi de Juda
avec l’infidèle roi d’Israël. Nous les voyons assis côte à côte sur des trônes,
Josaphat s’identifiant à Israël, dans le mauvais état de celui-ci et se
solidarisant avec les intentions d’Achab auquel il dit : « Moi, je suis
comme toi, et mon peuple comme ton peuple ; et je serai avec toi dans la
guerre ». L’association d’un croyant avec le monde le rend solidaire de
l’iniquité qui s’y trouve. Elle le prive du discernement de la pensée de Dieu
et lui ôte la force pour lutter contre le mal ; d’où l’importance de
l’exhortation si souvent répétée : « Soyez séparés » (Nomb.
23:9 ; Esd. 10:11 ; Jér.
15:19 ; 2 Cor. 6:17). Bien qu’il se trouve dans une position anormale, la
piété de Josaphat le rend désireux de connaître la pensée de Dieu. Ne faisant
pas confiance aux quatre cents prophètes convoqués par Achab, il demande que
Michée, prophète de l’Éternel, soit entendu. En tant que serviteur fidèle,
Michée avait fréquemment désapprouvé Achab, d’où la haine de ce dernier.
L’ayant appelé, on lui dicte la parole qu’il devait prononcer, de sorte qu’il
parle premièrement comme les faux prophètes. Achab discerne que ce n’est pas la
vérité et lui dit : « Combien de fois t’adjurerai-je de ne me dire que la
vérité au nom de l’Éternel ? » (v. 15). Alors le prophète la fait
connaître, mais comme elle ne s’accordait pas avec la décision prise par ces rois de monter en guerre
contre Ramoth de Galaad, ils jettent Michée en prison. Pourtant,
le chemin à suivre était clair. Josaphat, aveuglé, part avec Achab pour revenir
seul et confus. À son retour dans sa maison il doit entendre ces paroles :
« Aides-tu au méchant, et aimes-tu ceux qui haïssent l’Éternel ? À cause de
cela il y a colère sur toi de la part de l’Éternel » (ch. 19:2).
Il en est de même lorsque
la volonté de Dieu nous est connue.
En effet, si l’enseignement des
Écritures nous fait discerner la pensée de Dieu à l’égard d’une voie à suivre
ou à fuir, il est inutile et anormal de prier pour requérir les directions
divines. Et pourtant, nous devons reconnaître combien facilement nous faisons
de certaines circonstances un « sujet de prières », alors que si nous sommes
droits devant Dieu, nous connaissons fort bien sa volonté. De telles prières
n’ont pas pour but la gloire du Seigneur mais proviennent d’une lutte entre le
désir nourri par nos coeurs naturels et la crainte des conséquences qui
pourraient résulter d’actes contraires à sa pensée. Ainsi par exemple, nous ne
saurions demander dans nos prières si notre participation aux associations de
ce monde, qu’elles soient religieuses ou politiques, est approuvée de sa part,
puisque la Parole est formelle à cet égard. Toute alliance avec le monde est en
opposition au Seigneur, selon ce que la Parole nous dit : « L’amitié du
monde est inimitié contre Dieu. Quiconque voudra être ami du monde, se
constitue ennemi de Dieu » (Jacq. 4:4). Israël en a
fait la douloureuse expérience avec les Gabaonites, et combien plus encore par
la suite. C’est dans la mesure où nous serons séparés du monde que nous
pourrons être des témoins dans le monde. Que disent les hommes de Sodome à Lot
qui habitait parmi eux : « Cet individu est venu pour séjourner ici, et il
veut faire le juge » (Gen. 19:9). Certes, n’est-ce pas
humiliant de constater que ce sont souvent les incrédules qui font remarquer au
croyant qui se trouve avec eux qu’il n’est pas à sa place ? Or, Lot était
un juste qui tourmentait de jour en jour son âme juste à cause de leurs actions
iniques (2 Pierre 2:8). Quant aux premières associations citées, nous lisons
dans l’épître de Jacques (ch. 1:27) : « Le service religieux pur et sans
tache devant Dieu le Père, est celui-ci : de visiter les orphelins et les
veuves dans leur affliction, et de se conserver pur du monde », c’est-à-dire
séparé des souillures qui s’y trouvent, tout dans ce monde étant contraire à la
nouvelle nature. En ce qui concerne le monde politique, il en est de même. Dieu
maintiendra l’autorité tant que l’Église est ici-bas. Notre rôle consiste à
nous y soumettre et à prier pour elle et non pas à y collaborer, ne serait-ce
que par l’apport de nos suffrages. Pour l’enfant de Dieu, le monde est crucifié
et lui-même l’est pour le monde (Gal. 6:14). « Notre bourgeoisie est dans les
cieux, d’où aussi nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur » (Phil.
3:20). Renier ces caractères en ayant nos affections liées aux choses
terrestres, c’est être ennemis de la croix de Christ.
Mais revenons à l’objet de nos lignes et considérons l’exemple
que nous fournit Balaam dans le chapitre 22 du livre
des Nombres. Cet homme cupide, dont le mauvais état est rappelé dans les
épîtres de Pierre et de Jude, est sollicité par Balak,
roi de Moab, ennemi d’Israël, de maudire le peuple de Dieu. Attiré par la
récompense, il désirait aller avec lui mais, craignant les conséquences, il
aurait voulu l’acquérir d’une façon religieuse. Si son coeur avait été droit,
il n’aurait pas reçu de tels messagers chez lui. Dans sa grâce, Dieu lui fait
connaître le chemin à suivre, venant à lui par ces paroles : « Tu n’iras
pas avec eux ; tu ne maudiras pas le peuple, car il est béni » (v. 12). Balaam est alors contraint de dire aux envoyés de Balak : « L’Éternel refuse de
me laisser aller avec vous ». Dieu connaissait le coeur de Balaam
et Satan connaissait aussi le point vulnérable, l’amour de l’argent. Aussi,
l’invitation est renouvelée, avec plus d’insistance encore, d’une part afin que
Balaam soit manifesté à sa propre confusion et
d’autre part afin que Dieu soit glorifié en fermant la bouche à l’accusateur.
Le prophète tenté à nouveau, reçoit les messagers de Balak,
les retient et leur dit : « Demeurez ici, vous aussi, cette nuit, et je saurai ce que l’Éternel aura de plus à me
dire
» (v. 19). La première
communication de Dieu ne donnait lieu à aucune équivoque. Toutefois, bien que
feignant de mépriser l’honneur, Balaam désirait tant
en être comblé que l’Éternel lui dit : « Lève-toi, va avec eux ; seulement
, la parole que je te dirai, tu la feras » (v. 20). C’est-à-dire : Puisque tu
veux aller, va toutefois tu ne pourras dire que les paroles que je mettrai dans
ta bouche, et cela à ta honte. Si Dieu s’est servi de ces circonstances pour
proclamer par les quatre remarquables prophéties contenues dans les chapitres
23 et 24 du livre des Nombres, la position bénie du peuple d’Israël comme étant
choisi d’entre les nations en vertu des dons de grâce et de l’appel de Dieu qui
sont sans repentir (Rom. 11:29) c’est
une chose merveilleuse ; toutefois, elle ne saurait amoindrir en quoi que
ce soit la totale responsabilité de Balaam. Il
connaissait la volonté de l’Éternel et devait par conséquent s’y soumettre
humblement et sans raisonnement. Il avait désiré mourir comme les hommes droits
(ch. 23:10), mais il fut atteint par l’épée du gouvernement de Dieu, mis à mort
comme les autres ennemis d’Israël (Nomb. 31:8 et
Josué 13:22).
Bien qu’il ne soit pas textuellement parlé de prière de la part de Balaam, son attente répétée à la suite de laquelle l’Éternel vient à lui revêt ce caractère.
De telles circonstances mettent bien l’accent sur l’importance
de la soumission et de la droiture de coeur dans la prière. Le désir de
connaître la volonté de Dieu doit nécessairement être accompagné de celui de
s’y conformer. David pouvait écrire : « La bonté de l’Éternel est de tout
temps et à toujours sur ceux qui le craignent… et qui se souviennent de ses
préceptes pour les faire
» (Ps. 103:17, 18). Le Seigneur, enseignant
ses disciples par le lavage des pieds leur dit : « Si vous savez ces
choses, vous êtes bienheureux si vous les
faites
» (Jean 13:17).
Remarquons encore un dernier point. Dans la première épître de Pierre, nous lisons : « Pareillement, vous maris, demeurez avec elles (femmes) selon la connaissance, comme avec un vase plus faible, c’est-à-dire féminin, leur portant honneur comme étant aussi ensemble héritiers de la grâce de la vie, pour que vos prières ne soient pas interrompues » (ch. 3:7). Dans ce passage, l’apôtre s’adresse aux maris croyants, les exhortant quant à leurs attitudes à l’égard de leurs épouses croyantes, attirant leur attention sur le fait que tous deux jouissent d’un privilège commun. De cette précieuse réalité, il doit résulter une atmosphère propice à l’exercice en commun de la piété. Cet attachement au Seigneur, réalisé dans l’intimité des liens du mariage, était certainement la part de Prisca et Aquilas, tous deux compagnons d’oeuvre de l’apôtre Paul. Ce n’est pas sans motifs que l’interruption des prières est mentionnée en rapport avec la vie domestique. En effet, à cause de nos natures et des manifestations charnelles, le climat familial peut nuire à la prière, voire même l’interrompre momentanément. Prenons garde de ne pas demeurer dans un tel état, mais qu’au contraire la privation que nous pourrions passagèrement éprouver nous conduise à juger sans tarder les pensées de nos coeurs et les mobiles de nos dispositions afin d’être ramenés à une même pensée, à un même sentiment, pour vaquer à nouveau ensemble à la prière.
Les différents cas particuliers desquels nous avons fait mention placent devant nous des circonstances souvent regrettables, parfois même très affligeantes dans lesquelles le croyant peut se trouver. En raison des infirmités qui nous caractérisent et des faux-pas que nous sommes exposés à commettre jusqu’au terme de notre pèlerinage, mais aussi en vertu de l’amour divin qui désire sans cesse nous bénir, nous demeurons à l’école de Dieu. En tant que fils qu’il agrée (Héb. 12:5, 6), il « nous discipline pour notre profit, afin que nous participions à sa sainteté » (v. 10). Nous ne sommes pas laissés sans ressources et si l’Éternel a jadis donné à Israël l’assurance de son puissant secours alors qu’il lui restait un très grand pays à posséder, combien plus l’accordera-t-il maintenant à toute âme dépendante et confiante.
Après avoir considéré différents caractères de la prière, ne sommes-nous pas émerveillés en constatant l’étendue d’un tel sujet, sa portée et la place immense qu’il occupe dans la Parole ? L’abondance des enseignements qu’il place devant nous et les ressources que la prière offre à la foi sont propres à nous rendre désireux de sonder les Écritures afin de mieux connaître les pensées de Dieu, comme aussi de pratiquer toujours davantage la prière pour réaliser une étroite communion avec le Seigneur.
Nous ne voudrions pas terminer ces lignes sans dire quelques mots sur l’AMEN qui accompagne toute prière. Rappelons premièrement qu’il signifie principalement : Vrai, en vérité, ainsi soit-il, etc. En disant amen à une prière exprimée par autrui, nous nous associons à ce qui a été dit et faisons appel à l’exaucement de ce qui a été demandé. Ainsi donc, lorsqu’une prière est conforme à la pensée de Dieu, il est absolument normal que notre « amen » soit prononcé et entendu. Nous devons reconnaître que nous sommes facilement négligents à cet égard et que souvent les prières prononcées en assemblée ne sont accompagnées que de quelques amens alors que de nombreuses bouches restent fermées. Et pourtant, n’est-ce pas la manifestation du commun accord ? La Parole nous enseigne aussi en cela : « Et tout le peuple dit : Amen ! et loua l’Éternel » (1 Chron. 16:36). L’apôtre Paul, écrivant aux Corinthiens (1 Cor. 14:16) insiste sur la nécessité de l’exercice de l’intelligence dans la prière en commun afin que celui qui entend puisse dire amen, sachant ce qui a été dit. Ceci met encore l’accent sur la concision, la clarté et l’objectivité qui rendent les prières compréhensibles.
Nous trouvons aussi fréquemment l’amen prononcé à l’ouïe des déclarations divines communiquées par Dieu lui-même ou par les instruments qu’il emploie pour faire connaître sa volonté. Là encore, il a le sens d’approbation, de soumission, d’entière acceptation de ce qui a été dit. Ainsi Jérémie, entendant l’Éternel lui rappeler ses conseils concernant Israël répond : « Amen ! ô Éternel » (Jér. 11:5). Ailleurs, le peuple, reconnaissant le bien-fondé des sévères paroles de Néhémie auxquelles il ne trouve rien à objecter, doit dire : « Amen ! Et ils louèrent l’Éternel » (Néh. 5:13). Que signifient les douze solennels « amen » dits par tout le peuple entendant les malédictions prononcées sur le mont Ebal (Deut. 27:15-26) ? Ne sont-ils pas la confirmation de la condition de toute créature placée sous la loi selon ce qui est dit en Galates 3:10: « Car tous ceux qui sont sur le principe des oeuvres de loi sont sous malédiction » ? Or, nous ne sommes plus sous la loi, mais sous la grâce (Rom. 6:14), de sorte que nous pouvons nous approprier avec bonheur le souhait exprimé au dernier verset de l’épître aux Hébreux (l’apôtre étant Jésus lui-même dans cette épître) : « Que la grâce soit avec vous tous ! Amen ». De nombreuses épîtres s’achèvent par un amen (Romains, 1 Corinthiens, Galates, Philippiens, Hébreux, 2 Pierre, Jude). Ainsi, les écrivains terminent ces lettres par des voeux de bénédiction ou par la louange, les ratifiant par l’amen, scellant aussi par cela l’enseignement qu’elles contiennent comme étant la vérité de Dieu.
Citons encore quelques-unes des nombreuses expressions de louange contenues dans la Parole auxquelles il est ajouté un amen qui les rend irrévocables. Parfois même, sa répétition en accentue encore la solennité. « Esdras bénit l’Éternel, le grand Dieu, et tout le peuple répondit : Amen, amen ! en élevant les mains, et ils s’inclinèrent et se prosternèrent devant l’Éternel, le visage contre terre » (Néh. 8:6). « Béni soit l’Éternel, le Dieu d’Israël, de l’éternité jusqu’en éternité ! Amen, oui, amen » (Ps. 41:13). « Béni soit l’Éternel pour toujours ! Amen, oui, amen » (Ps. 89:52). « À lui soit la gloire éternellement ! Amen » (Rom. 11:36). « À lui gloire dans l’assemblée dans le Christ Jésus, pour toutes les générations du siècle des siècles ! Amen » (Éph. 3:21). « À lui la gloire et la puissance, aux siècles des siècles ! Amen » (1 Pierre 5:11). Nous pourrions multiplier de telles citations, mais nous terminons en rappelant que l’amen est fréquemment mentionné dans l’Apocalypse, confirmant la louange parfaite et éternelle. Au chapitre 5, verset 14, les quatre animaux disent « Amen » et les anciens tombent sur leurs faces en rendant hommage, alors que l’adoration de toutes les créatures éclate à la gloire de celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau. Au chapitre 7, versets 11 et 12, tous les anges se tenant à l’entour du trône et des anciens et des quatre animaux tombent sur leurs faces devant le trône et rendent hommage à Dieu en proclamant une septuple louange encadrée de deux « Amen », ceci bien que le salut ne soit pas leur part (Comparer au verset 10 ce que crient ceux qui font partie de la grande foule, vêtus de longues robes blanches). Dans le chapitre 19, verset 4, alors que la fausse épouse, la corruptrice finale, est retranchée pour toujours et que les noces de l’Agneau vont être célébrées, les vingt-quatre anciens (représentant les saints de l’Ancien et du Nouveau Testament) et les quatre animaux (associés aux anciens dès le chapitre 5), tombent également sur leurs faces et rendent hommage à Dieu qui est assis sur le trône, disant : « Amen ! Alléluia ! »
Amen est également un titre donné au Seigneur lui-même. Paul, écrivant aux Corinthiens leur dit : « Car autant il y a de promesses de Dieu, en lui est le oui et en lui l’amen, à la gloire de Dieu par nous » (2 Cor. 1:20). Sur Christ reposaient la réalité et la réalisation des promesses de Dieu. Aucune d’elles ne trouve son effet en dehors de lui. Avant le commencement de la poussière du monde, il se nourrissait des décrets de Dieu. Faisant les délices du Père et toujours en joie devant lui, il s’est avancé comme étant l’artisan de ses conseils, déclarant par la voix prophétique : « Voici, je viens… c’est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir » (Prov. 8:22-31 et Ps. 40:6, 7). En mourant au temps convenable pour des impies (Rom. 5:6), Il était l’Amen aux plans arrêtés de l’amour divin. De lui il pouvait être dit : « Voici, mon serviteur agira sagement » (És. 52:13). C’est encore par lui que seront produits les résultats acquis par son oeuvre à la croix, mais non encore réalisés. En Apocalypse 3:14, nous lisons : « Voici ce que dit l’Amen, le témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu ». N’est-il pas frappant de considérer que c’est à Laodicée dont l’état caractérise les tristes temps de la fin de l’Église ici-bas que le Seigneur se présente sous ce titre ? Dans les jours les plus sombres il demeure le Même et quiconque le possède sait qu’il est l’Amen aux promesses immuables de Dieu. De plus, Christ demeure celui qui n’a jamais failli, le témoin fidèle et véritable et, comme Homme obéissant, il est le commencement de la nouvelle création. « À lui la gloire et la force aux siècles des siècles ! Amen » (Apoc. 1:6).
Pour un peu de temps encore, nous demeurons ici-bas, et pour ce temps-là, les ressources de la grâce divine sont à notre disposition. Qu’il nous soit accordé de réaliser toujours plus le privilège et la nécessité d’aller à Lui, et que, persévérant dans la prière, veillant par elle, nous exposions nos requêtes à Dieu avec des actions de grâces, afin que la paix de Dieu, laquelle surpasse toute intelligence, garde nos coeurs et nos pensées dans le Christ Jésus (Phil. 4:6, 7). Par cela, nous serons détachés des choses de la terre et nos yeux seront fixés sur « Jésus, le chef et le consommateur de la foi, lequel, à cause de la joie qui était devant lui, a enduré la croix, ayant méprisé la honte, et est assis à la droite du trône de Dieu » (Héb. 12:2). Nous pourrons alors, avec un désir sans cesse accru, exprimer la requête qui clôt les Écritures : « Amen ; viens, Seigneur Jésus » ! (Apoc. 22:20), demande à laquelle il répond disant : « Oui, je viens bientôt ».
Alors, tous réunis autour de lui, nous serons rassasiés de sa beauté et lui-même jouira dans sa pleine maturité du fruit du travail de son âme. Introduits dans ce bonheur sans mélange, nous n’aurons plus rien à demander. Mais alors, nos bouches seront ouvertes pour chanter le cantique nouveau, donnant gloire et adorant d’une façon parfaite et incessante l’Agneau qui a été immolé et qui nous a achetés pour Dieu par son sang, et nous a faits rois et sacrificateurs pour notre Dieu.
« Déjà blanchit l’aurore ;
Frères ! réveillons-nous.
Quelques instants encore,
Et nous verrons l’Époux.
Que notre âme bénie
S’égaie en son Sauveur,
Et par l’Esprit de vie
Répétons : Viens, Seigneur ! »