Pierre Combe
Août 2005
Table des matières :
1 - Nature et objet du témoignage
2 - 1er témoignage : La création
3 - 2ème témoignage : La Parole de Dieu
4 - 3ème témoignage : Les saints de l’Ancien Testament
5 - 4ème témoignage : La Personne du Seigneur
7 - 6ème témoignage : L’Esprit
8 - 7ème témoignage : Les rachetés au-delà de l’oeuvre de la croix
Combien nous pouvons rendre grâce au Dieu qui habite la lumière inaccessible, que nul œil n’a vu ni ne peut voir, de ce que Dieu dans sa miséricorde s’est plu à se faire connaître ! Bien que l’homme se soit détourné de Lui par la désobéissance, la transgression et l’introduction du péché, Dieu, dans sa grâce et dans sa bonté, ne l’a pas laissé dans cet état, et la première manifestation divine après l’introduction du péché par l’homme dans le monde, a été de l’appeler : « où es-tu ? », « qu’as-tu fait ? ».
Dieu veut se faire connaître : c’est ce qui constitue en quelque sorte, sous des aspects très variés, le témoignage que Dieu rend de Lui-même.
Pourquoi Dieu rend-t-Il son témoignage ? C’est précisément parce qu’Il veut se faire connaître, et faire connaître Sa volonté, Ses pensées, ce qu’Il se propose.
À qui le fait-il ? À des créatures qui par nature étaient ennemies dans leur entendement, — ce qui nous fait mesurer quelque peu la grâce dont nous sommes les objets.
Quand le fait-il ? Quand Dieu rend-t-Il son témoignage de Lui-même ? Pendant le temps de la responsabilité de l’homme sur la terre.
Comment le fait-il ? Sous des formes variées, et la révélation de ses pensées progresse au cours des siècles. Nous sommes dans l’économie [ou : dispensation] de la grâce, si favorisée, et au bénéfice de la révélation complète de ce que Dieu juge bon de nous faire savoir, tout ce qui nous est profitable.
Et nous pouvons constater dans les Écritures, que le témoignage de Dieu est rendu (en quelque sorte, et pour faciliter la mémorisation) de sept manières, ou par sept moyens, ou par sept canaux de Son choix, dont les deux premiers nous sont mentionnés brièvement dans ce psaume 19, la création tout d’abord, et la Parole de Dieu. Nous ne ferons, dans nos limites, qu’évoquer ces différents moyens par lesquels Dieu rend son témoignage, cherchant à dégager quelques pensées générales sans pouvoir, bien sûr, nous étendre sur ces différents aspects.
La création est un témoignage muet : il n’y a pas de langage dans la création, et pourtant quel langage éloquent pour qui sait le discerner (Ps. 19:3). Cette création, ouvrage de Ses mains, de laquelle Dieu a pu dire au terme des six jours que tout était très bon, en sorte que Dieu put se reposer de son travail (Dieu ne peut trouver du repos que quand Il est satisfait, c’est bien la raison pour laquelle tant qu’il y a des âmes perdues et éloignées de Lui, le Seigneur peut dire : « mon Père travaille et moi je travaille » Jean 5:17). Dieu a été satisfait, mais on peut dire que cette satisfaction a été de courte durée à cause de l’homme qui a souillé par la transgression ce que Dieu avait placé entre ses mains pour qu’il domine, pour qu’il gère cette scène de délices qu’était le premier jardin.
Néanmoins en dépit de la chute et des conséquences que la création en a subies (car le sol a été maudit à cause de l’homme, et aujourd’hui encore, comme le dit l’épître aux Romains (8:22), « la création soupire », elle gémit, bien qu’elle n’ait pas péché ; mais elle subit les conséquences du péché de l’homme). Néanmoins la création demeure un témoignage qui rend l’homme responsable (Rom. 1:18-20). Même quand l’homme cherche à scruter ce qui est au dessus et au dessous de lui, et au-delà de ses limites, il ne peut que s’épuiser en hypothèses ; et même si Satan cherche à développer ce qui peut détourner l’homme de son Créateur, par l’évolution et par tant d’autres choses, il n’en demeure pas moins que la création est un langage qui rend l’homme plus que responsable comme le dit l’épître aux Romains. L’homme est appelé, en raison de l’intelligence qui lui est donnée, à discerner l’Auteur des merveilles de cette création, et cela le rend inexcusable. La création en effet, par laquelle Dieu a appelé toute chose à l’existence, témoigne de Sa grandeur, de Sa puissance, de Sa sagesse, de Sa divinité, et l’Écriture dit que, déjà devant ce témoignage là, l’homme est inexcusable.
Après avoir été créées, les choses ont été placées entre les mains de l’homme. Il a failli à son mandat puisqu’il devait garder et cultiver ce que Dieu lui avait confié, et il s’est laissé en quelque sorte ravir par l’Ennemi ce que Dieu lui avait confié en tant que gérant, — un gérant qui devait être honnête et fidèle. Satan l’a ravi, et nous voyons au début de l’évangile selon Luc, que Satan a cette parole effrontée à l’égard du Seigneur même : Lui montrant les royaumes, il lui dit que l’autorité lui a été donnée, à Satan lui-même, et qu’il la donne à qui il veut. Or nous savons bien que Satan a usurpé ce pouvoir : il l’exerce pour éloigner la créature de Dieu. Mais le Seigneur recevra en son temps (encore futur) tout le domaine de la création ; tout Lui sera donné, mais Il ne le recevra pas de la main de l’Ennemi ; Il le recevra de la main de son Père.
La création donc est un langage muet, et qui peut le percevoir et le saisir et en tirer profit, si ce n’est la foi ? C’est ce que nous déclare l’épître aux Hébreux dans son chapitre 11 : « par la foi », il n’est pas dit « nous savons », mais « nous comprenons qu’Il a fait les mondes ». Il n’y a que la foi qui saisit, qui comprend — dans la conscience de ses limites, mais dans l’adoration et la révérence — le travail que Dieu a accompli en Créateur en appelant du néant des choses à l’existence. Par la foi nous comprenons ; mais l’homme ne peut pas aller au-delà de ses limites ; il est un être limité et Dieu n’a pas de raison à nous donner pour ce qui demeure encore caché aux limites de l’homme. C’est là le premier témoignage.
Le deuxième témoignage que nous avons dans les versets du Ps. 19, c’est la Parole de Dieu, — la loi de l’Éternel, autrement dit la Parole de Dieu, appelée « les témoignages ». Dieu témoigne, se fait connaître, révèle Sa volonté et Ses pensées par la Parole, la Parole écrite.
C’est dans le chapitre 17 de l’Exode (17:14) que nous trouvons pour la première fois la mention de l’Écriture, après la victoire remportée sur l’ennemi Amalek : « Et l’Éternel dit à Moïse : Écris ceci pour mémorial dans le livre ».
La Parole de Dieu revêt les mêmes caractères que Dieu Lui-même qui nous l’a donnée. L’apôtre Pierre est là pour nous dire (1 Pierre 1:23) que nous avons une Parole vivante, émanant du Dieu vivant et véritable, Celui qui est Vérité. C’est Lui qui nous l’a laissée, et elle est rendue opérante et pénétrante par l’action de son Esprit. C’est à cette Parole que la foi s’attache ; cette Parole a le son des trompettes d’argent (Nombres 10) qui résonnent aux oreilles de celui qui est attentif. Nous avons le privilège de posséder cette Parole qui nous fait connaître Ses pensées. Dieu veuille qu’elle ait toujours plus de prix pour nos âmes.
La Parole, nous le savons bien, a été incarnée dans la personne même du Seigneur, dont il est dit « la Parole devint chair et habita au milieu de nous » (Jean 1:14). Il est du reste frappant de constater la mesure dans laquelle le Seigneur, en dispensant ses enseignements, plus particulièrement sous la forme de paraboles, a recours aux éléments de la création, de la nature. La création et la Parole sont en quelque sorte deux moyens par lesquels Dieu s’adresse à la conscience ; Il le fait par la création, et Il s’adresse à la conscience et au cœur par sa Parole. Cette Parole combien précieuse, est le guide de notre marche, elle est la nourriture de nos âmes ; elle nous révèle les pensées les plus profondes de Dieu quant à Lui-même et à notre égard.
Cette Parole a été donnée sous la forme de la loi à son peuple terrestre, Moïse ayant reçu ces tables de la loi écrites du doigt même de Dieu. Où pouvait-elle être à l’abri, cette Parole, au sein du peuple, ce peuple d’Israël dans le désert qu’Aaron avait livré au désordre ? C’était impossible ; le peuple eut été consumé si les tables avaient pénétré dans l’enceinte du peuple : Moïse a dû les briser. Mais Dieu avait ordonné de faire une arche, et rappelant ces circonstances au peuple, à une nouvelle génération, Moïse pourra dire quant à ces tables, les deuxièmes qu’il a reçues (qui comportaient du reste la même Parole, il n’y a pas a plus de changement dans la Parole de Dieu que dans Dieu Lui-même) : « Je me tournais et les mis dans l’arche, et elles sont là jusqu’à ce jour » (Deut. 10:5). En quelque sorte, la Parole ne pouvait être à l’abri que dans la personne de Christ ; Il a été la Parole faite chair, venant ici bas et faisant connaître, au-delà des limites de la loi, les ressources de la grâce.
Nous avons le privilège de connaître cette ressource merveilleuse qui est celle de la Parole ; Dieu veuille que nous fassions l’expérience qu’en fit le psalmiste auteur du psaume 119 qui en parle dans la quasi-totalité de ses versets, et qui, sauf erreur, 9 fois au cours de ce long psaume, peut exprimer les délices qu’il trouve dans les témoignages. Trouvons nous de la joie dans sa Parole comme celui qui a trouvé un grand butin ? La mangeons-nous comme l’a dit Jérémie (15:16) ? Est-elle, et produit-elle l’allégresse et la joie dans nos cœurs ? Dieu veuille que ce soit le cas.
En dépit de ce qu’est l’homme, en dépit de ce qu’est ce monde, en dépit des assauts permanents de l’Ennemi qui a cherché à détruire cette Parole, il n’y est jamais parvenu ni n’y parviendra jamais. C’est le livre le plus répandu sur la terre, traduit en plus de mille cinq cent langues. Cette Parole, l’Ennemi ne pourra jamais la détruire. Dieu veuille qu’elle soit précieuse à nos cœurs, et que l’exhortation de l’apôtre s’adressant à son enfant Timothée « exerce-toi à la lecture » trouve un écho dans nos affections profondes. C’est par elle que nous apprendrons ce que Dieu veut nous communiquer.
Un troisième moyen, si on peut dire, en restant très bref et très général, par lesquels Dieu fait connaître ses pensées, et Il rend et a rendu témoignage, c’est par le moyen des saints de l’Ancien Testament. Nous pensons à ce chapitre 11 de l’épître aux Hébreux, qui est suivi du premier verset du chapitre douzième : La mention au chapitre 11 des hommes de foi de l’Ancien Testament est couronné par cette première déclaration du chapitre 12 « une si grande nuée de témoins », qui sont donc des témoins de l’Ancien Testament.
Le chapitre 11 commence par le premier témoin qu’il y a eu sur la terre, Abel, qui a payé son témoignage fidèle du prix de sa vie. Abel est le premier qui est mentionné. D’ailleurs en lisant en détail l’évocation des noms, il est frappant de voir que, dans la personne d’Abel, nous avons l’évocation de la valeur du sacrifice dont il a senti la nécessité ; en Énoch nous avons l’évocation de la marche avec Dieu ; en Noé nous avons celui qui est mis à l’abri du jugement pour arriver sur le rivage de la délivrance ; en Abraham, le père de la semence de la foi, etc…
Une si grande nuée de témoins… Qu’est-ce qui a animé leur témoignage et qui l’a produit ? C’est la foi.
Il y a donc eu des témoins avant le déluge, Abel, et beaucoup d’autres, Énoch, Noé. Noé a été un témoin dont il nous est dit qu’il était un « prédicateur de justice », bien que nous n’ayons aucune parole de Noé rapportée dans l’Écriture. Mais les innombrables années pendant lesquelles il a construit une arche sur une terre sèche était un témoignage qui aurait du être observé.
Puis nous avons les témoins qui sont venus plus tard, après le déluge. Abraham occupe une place particulière parmi eux. Il est l’homme de foi, celui dont parle l’épître aux Romains (ch. 4), nous disant de lui qu’il ne forma point de doute sachant que ce que Dieu a promis, Il est puissant aussi pour l’accomplir ; et en cela il donna gloire à Dieu, et par cela il a été justifié. Remarquons que toujours et dans tous les temps, longtemps avant la grâce, avant l’économie de la grâce, l’homme a été justifié par la foi ; en raison de sa foi, il a été en quelque sorte mis au bénéfice de ce qui sera acquis pour lui par l’œuvre de Christ à la croix. Abraham a glorifié Dieu par la foi : quel témoignage ! Quittant sa parenté, le lieu de sa résidence initiale, il est allé vers une terre inconnue, s’appropriant les promesses divines.
Puis nous avons les témoignages rendus par les hommes de Dieu au cours de la vie d’Israël, du peuple choisi de Dieu selon le critère de la grâce souveraine — non pas parce que ce peuple était plus attrayant, plus nombreux, plus puissant, mais parce que Dieu l’a aimé. Que de témoins dans le cours de l’histoire d’Israël ! Si l’on pense à Moïse, à Eléazar, à Rahab, à Caleb, à Josué, et tant d’autres encore — des témoins qui ont été des canaux dans la main de Dieu pour conduire le peuple, pour lui communiquer Ses pensées. Moïse a été l’homme dont Dieu peut dire qu’Il parlait avec lui comme un homme parle à son ami.
Il y a eu ensuite le temps qui a succédé à la vie dans le désert, puis le temps des prophètes qui ont parlé comme oracles de Dieu — des témoins qui ont été la bouche de l’Éternel. Si l’on pense à ce qui a été donné à connaître et à annoncer à des hommes tels que Élie, Jérémie, Ésaïe, Ézéchiel et tant d’autres, quels témoins ! Ils attendaient la cité de laquelle Dieu serait l’architecte et le créateur, le fondateur, mais ils n’ont pas connu ni vu ni vécu les choses promises. C’est encore cette épître aux Hébreux qui nous le fait connaître, mais leur foi n’a pas été ébranlée par une attente qui a été jusqu’au terme de leur vie ; ils sont demeurés des témoins fidèles, parlant comme la bouche de l’Éternel, des hommes de Dieu.
Quand la Parole parle d’« hommes de Dieu », cela qualifie beaucoup de serviteurs, David et d’autres encore ; David est ainsi appelé trois fois, et Élisée sauf erreur plus de vingt fois. « Homme de Dieu » ne signifie pas du tout que c’est un homme à l’abri des chutes, ou qui a une nature privilégiée naturellement, mais c’est un homme pour qui les droits divins s’imposent au cœur et à la conscience, et qui n’a pas de privilège personnel ou de position à défendre. Les « hommes de Dieu » sont des instruments dociles et dépendants dans la main de Dieu, qui s’en sert soit pour dénoncer le mal et les conséquences, soit pour annoncer les bénédictions qui se rattachent à la fidélité. Que d’hommes de Dieu, que de témoignages auront été suscités !
On peut dire que le dernier prophète, c’est Jean le Baptiseur. Il était le précurseur, appelé à préparer le peuple afin qu’il reçoive le Messie que la bonté divine leur envoyait. Il est le seul prophète, le seul témoin de cette dispensation qui a vu Celui qu’il annonçait. Il est du reste très frappant de considérer les sept témoignages que Jean le Baptiseur rend à l’égard du Seigneur, une plénitude remarquable de témoignage, six fois dans le premier chapitre, et une fois au chapitre 3 au sujet de son privilège d’annoncer l’Époux en sa qualité d’ami.
Puis vient le quatrième témoin, au centre des sept. C’est bien sûr la personne même du Seigneur. S’il y a un témoin par excellence, incomparable, à nul autre semblable, c’est bien le Seigneur. Il a rendu un témoignage divin, bien sûr, et par conséquent parfait. Dans l’évangile selon Jean nous lisons (3:31-33) : « Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous. Celui qui est de la terre est de la terre, et parle comme étant de la terre. Celui qui vient du ciel est au-dessus de tous ; et de ce qu’il a vu et entendu, de cela il rend témoignage ; et personne ne reçoit son témoignage. Celui qui a reçu son témoignage, a scellé que Dieu est vrai ».
Si des hommes ont parlé, rendu témoignage, si des prophètes ont parlé, l’épître aux Hébreux nous déclare, en commençant, que Dieu a parlé dans le Fils ou « en Fils ». La Parole de Dieu, la pensée de Dieu incarnée a été donnée à connaître de manière particulière par le message, par le ministère, par la vie du Seigneur. Bien sûr que c’est le seul témoignage qui ait été parfait, sans aucune défaillance, témoignage lié à l’excellence de Sa personne, puisqu’il nous est dit de Lui qu’Il était l’empreinte de Sa substance et le resplendissement de Sa gloire. L’homme n’a pas vu cette gloire, gloire morale, et il ne l’a même pas discernée. Mais le Seigneur était Dieu manifesté en chair, ce grand mystère de la piété dont parle Paul en écrivant à Timothée.
Il a été le témoin par excellence, innocent, bien qu’ayant la connaissance du bien et du mal. Il a été l’homme parfait qui s’est approché du pécheur sans jamais connaître le péché. Il n’a ni commis ni connu le péché. Il a été le témoin par excellence. Bien sûr quant à Sa personne et quant à Sa marche, quant à Sa vie, Il a été le témoin également incomparable : « je fais toujours les choses qui Lui plaisent », « je me suis toujours proposé l’Éternel devant moi » : quel témoignage ! Ce témoignage d’obéissance, de soumission, avait déjà été exprimé par le langage prophétique : « voici je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté » (Héb. 10:7, 9). Quel chemin que celui du Seigneur ! On peut dire que du premier pas au dernier pas, il s’est dégagé le même parfum pour Dieu, de sorte que le Seigneur, comme Seigneur, peut sceller Lui-même sa vie d’homme sur la terre, ne la remettant, pas plus que son œuvre, à l’appréciation de personne, en disant (dans l’évangile du Fils de Dieu) : « je t’ai glorifié sur la terre » (Jean 17). Cette parole « je t’ai glorifié sur la terre » est un témoignage rendu dès son entrée dans ce monde et tout au long de son ministère, — un témoignage rendu quant à Sa personne, quant à Ses paroles, quant à Ses œuvres. « Les œuvres que je fais », dit ce même évangile de Jean, « rendent témoignage de moi ». Encore fallait-il Le voir, et fallait-il Le recevoir !
Or en même temps que son témoignage est annoncé, la Parole déclare déjà : « personne ne reçoit son témoignage » (Jean 3:32). Sa marche, sa mission ont été à la satisfaction parfaite de Dieu. Dieu Lui-même a déclaré par deux fois le plaisir qu’Il trouvait en Lui ; mais plus le témoin est fidèle, moins il est connu et reçu. Comme témoin, Il a été rejeté, et quel témoignage rendu sur la croix ! Ce n’est pas sans raison que c’est le seul homme qui emporte dans le ciel ce titre de « témoin », cité deux fois au début de l’Apocalypse : Jésus Christ le témoin fidèle. Il est le témoin par excellence, et la qualité, la perfection, la continuité absolue de Son témoignage rendu à Dieu Lui-même dans ce monde, fait que ce titre de témoin est associé à Sa personne comme homme glorifié. Le témoin fidèle…
On peut dire qu’Il a été la manifestation sans aucune restriction de toute la pensée, de toute la volonté, de toute la nature de Dieu, puisque la plénitude de la déité s’est plu à habiter en Lui. Lorsque Dieu habite avec l’homme, c’est toujours une grâce, et lorsqu’Il a habité dans la personne de son Fils, c’était un plaisir. C’est le Seul à l’égard duquel il nous est dit que cette plénitude s’est plu à habiter dans l’homme Christ Jésus. N’a-t-Il pas été la manifestation sans aucune restriction de tous les caractères divins dans ses gloires variées, dont l’amour, on peut dire, est le rayon le plus élevé.
Un témoignage excellent, lié à celui du Seigneur, est le témoignage du Père. C’est le témoignage de Dieu le Père rendu à l’égard de Son Fils, et la Parole est là dans ces mêmes chapitres pour nous le dire : « Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous. Celui qui est de la terre est de la terre, et parle comme étant de la terre. Celui qui vient du ciel est au-dessus de tous ; et de ce qu’il a vu et entendu, de cela il rend témoignage ; et personne ne reçoit son témoignage. Celui qui a reçu son témoignage, a scellé que Dieu est vrai ; car celui que Dieu a envoyé parle les paroles de Dieu, car Dieu ne donne pas l’Esprit par mesure. Le Père aime le Fils, et a mis toutes choses entre ses mains. Qui croit au Fils a la vie éternelle ; mais qui désobéit au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui » (Jean 3:33-36). Le Père aime le Fils, Il a mis toutes choses entre ses mains. Au ch. 5:37, nous avons un témoignage : « Et le Père qui m’a envoyé, lui, a rendu témoignage de moi ». Le Père a rendu, on pourrait dire, publiquement témoignage de Lui par ces deux déclarations, d’une part en sortant du Jourdain, d’autre part à la montagne de la transfiguration, où Dieu déclare le plaisir qu’Il trouve dans son Fils bien-aimé.
Dans la première épître de Jean nous avons également le témoignage du Père : « Si nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de Dieu est plus grand ; car c’est ici le témoignage de Dieu qu’il a rendu au sujet de son Fils. Celui qui croit au Fils de Dieu, a le témoignage au dedans de lui-même ; celui qui ne croit pas Dieu, l’a fait menteur, car il n’a pas cru au témoignage que Dieu a rendu au sujet de son Fils » (1 Jean 5:9-10). Nous ne pensons pas peut-être toujours et suffisamment à l’appréciation de Dieu à l’égard de son Fils, notamment dans son chemin d’homme sur la terre. Ne pas croire au témoignage de Dieu qu’Il a rendu au sujet de son Fils, c’est être assuré d’être condamné. Qui croit au Fils à la vie ; en dehors de cela, il n’y a que la mort et le jugement. Le témoignage de Dieu, qui pourrait le contester ?
Sixièmement, l’heure de la croix arrive. En 1 Jean 5 nous avons le témoignage rendu par l’Esprit, mais lisons d’abord ce que le Seigneur Lui-même dit à cet égard en Jean 15:26 : « Mais quand le Consolateur sera venu, lequel moi je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité, qui procède du Père, celui-là rendra témoignage de moi », et en 1 Jean 5:6 nous lisons : « C’est lui qui est venu par l’eau et par le sang, Jésus le Christ, non seulement dans la puissance de l’eau, mais dans la puissance de l’eau et du sang ; et c’est l’Esprit qui rend témoignage, car l’Esprit est la vérité ; car il y en a trois qui rendent témoignage : l’Esprit, et l’eau, et le sang, et les trois sont d’accord pour un même témoignage ».
L’Esprit rend témoignage : le fait que le Saint Esprit s’est posé sur Lui sous la forme corporelle d’une colombe au jour où le Seigneur remontait des eaux du Jourdain est déjà une manifestation de ce témoignage rendu par l’Esprit. Il s’est posé sur le Seigneur pour sceller le Fils de Dieu de Sa présence. Lorsque le Seigneur dit en 1 Jean 5:6 : « c’est Lui qui est venu par l’eau et par le sang », sa venue n’est pas ici en rapport avec l’incarnation, mais en rapport avec Son œuvre. C’est exactement ce que nous avons en Jean 12 quand il est dit : « Je suis venu à cette heure ». « Maintenant mon âme est troublée ; et que dirai-je ? Père, délivre-moi de cette heure ; mais c’est pour cela que je suis venu à cette heure » (Jean 12:27). Ce n’est pas l’incarnation cela, mais c’est le Seigneur dans son obéissance, que rien ne pouvait détourner. Il a poursuivi son chemin et Il est arrivé jusqu’à cette heure-là où Il devait s’offrir, et c’est ce même « venu » que nous avons dans 1 Jean 5:6 : Lui qui est venu par l’eau et par le sang, Jésus Christ.
Ces trois éléments l’eau, le sang et l’Esprit ne sont pas nécessairement cités dans un ordre historique, mais dans un ordre moral. L’eau nous parle de la mort ; Il est entré dans les eaux profondes ; nous avons à cet égard la figure bien connue des douze pierres dans le Jourdain ; Il a dû entrer dans les eaux de la mort. Et le sang nous parle du don de sa vie ; la vie est dans le sang. L’Esprit, l’eau et le sang, ces trois éléments sont d’accord. Cette expression est frappante : c’est comme s’ils avaient conversé ensemble ; ils sont d’accord pour un unique et même témoignage.
Nous sommes mis au bénéfice de l’oeuvre du Seigneur, Il est entré dans les eaux profondes où les algues ont enveloppé sa tête (Jonas 2:6) ; nous sommes au bénéfice du don de Sa vie. Le sang a été versé par des mains iniques à leur totale responsabilité, mais quant au don de la vie, c’est Lui-même qui l’a fait, « personne ne me l’ôte, je la laisse de moi-même ». Et l’Esprit est là pour rendre témoignage de ces choses ; Il vient sceller en quelque sorte ce double témoignage, et les trois sont d’accord pour rendre témoignage. Dieu mentionne dans les Écritures comme un témoignage multiple, trois témoins qui attestent la valeur de l’oeuvre de Christ. Dieu rend témoignage à son Fils par ces trois éléments.
Enfin nous avons le septième « moyen » par lequel Dieu rend son témoignage. Ce sont ses rachetés au-delà de l’oeuvre de la croix. Ces rachetés comportent, bien sûr, ceux desquels nous faisons partie par grâce, les rachetés de l’économie de la grâce, son assemblée, son église. Il s’y ajoutera les témoins, combien fidèles, qui souffriront après la venue du Seigneur, et desquels il nous est parlé d’une manière si éloquente et élogieuse, incomparable, dans le chapitre 14 de l’Apocalypse. Ces témoins connaîtront les souffrances de la grandes tribulations, et il nous est dit d’eux qu’ils sont irréprochables, ils suivent l’Agneau où qu’Il aille. Nous ne trouvons pas une appréciation divine d’un tel niveau dans les temps précédents. Que nous soyons nous-mêmes rendus irréprochables, c’est notre position en Christ, irrépréhensibles et irréprochables en Christ ; mais ça ne concerne pas notre marche et notre responsabilité, c’est ce que nous sommes en Christ devant Dieu. Mais dans ce chapitre 14 de l’Apocalypse, il s’agit des saints de l’économie apocalyptique, de la deuxième demi-semaine de Daniel, les saints de cette grande tribulation où chaque pas de fidélité les expose à la mort. Ils suivent l’Agneau où qu’il aille, autrement dit quoi qu’il en coûte ; et ils sont irréprochables.
Donc tous les saints au-delà de la croix constituent, on peut dire, un témoignage collectif rendu par les rachetés. Mais notre privilège et notre responsabilité, quant à nous-mêmes dans l’économie où nous vivons, est d’être des témoins à titre individuel, et un témoignage à titre collectif. Nous n’entrons pas dans les septuples caractères d’un témoignage collectif qui conditionnent sa réalisation et qui conditionnent par conséquent la réalisation et la vie d’assemblée ici bas ; c’est un très beau sujet que chacun peut considérer.
Mais le témoignage est confié maintenant aux rachetés du Seigneur, et en Jean 15 le Seigneur l’ajoute aux versets que nous avons partiellement lus après avoir mentionné la venue prochaine du Consolateur qui rendra témoignage de Lui : Jean 15:26 « l’Esprit de vérité qui procède du Père celui-là rendra témoignage de moi », et le Seigneur ajoute : « et vous aussi vous rendrez témoignage parce que dès le commencement vous êtes avec moi ». Vous aussi, disciples du Seigneur, qui appartiendrez peu après à l’Église en résultat de l’oeuvre de la croix : nous aussi sommes appelés à être des témoins.
Nous savons bien que l’élément fondamental qui qualifie le témoin, c’est de contraster avec ce qui l’environne. Lorsque nous serons auprès du Seigneur, rendus semblables à Lui, où nous foulerons un sol sans danger de souillure, où il n’y aura plus aucune mise à l’épreuve, où nous seront délivrés de nos limites, délivrés de tout ce qui peut en nous-mêmes nous entraver et de tout ce que produit la chair qui est encore en nous, — lorsque nous serons dans cet état céleste de gloire dans la présence du Seigneur, nous n’aurons plus de témoignage à rendre ; ce sera trop tard pour le faire, le temps du témoignage sera passé. Dans une scène de perfection et de gloire, il n’y a pas de témoignage, mais nous serons avec le Témoin fidèle. Il conserve ce titre (Apoc. 1:5 ; 3:14). Mais maintenant que nous sommes sur la terre, cheminant encore peut-être pour peu de pas, nous sommes appelés à être des témoins, — des témoins qui sont conduits par la Parole de Dieu, — des témoins qui sont nourris par les Écritures, dont les affections sont développées, entretenues, et qui sont par cela attachés au Seigneur Lui-même, — des témoins qui sont séparés de ce monde, bien que marchant encore dans ce monde, comme le Seigneur l’a dit dans sa prière de Jean 17 « je ne te demande pas que tu les ôtes du monde mais que tu les gardes du mal, sanctifies les par ta Parole ».
Que cette parole du Seigneur dans sa prière sacerdotale trouve son exaucement dans nos cœurs, pour Sa propre gloire et pour notre bénédiction, — notre bénédiction présente, mais aussi notre bénédiction future. Car nous devrons rendre compte au jour de la comparution devant le Seigneur, ce jour où tout sera mis en évidence par le Seigneur. Malgré la précarité des temps, malgré toutes les défaillances en nous-mêmes, et tout le coefficient de risque qu’il y a en nous-mêmes, Il nous a maintenus toutes Ses ressources, et nous les maintiendra jusqu’au dernier moment.
Qu’Il nous rende désireux d’être dans ce monde des témoins qui contrastent avec ce monde, — dans le monde mais pas du monde.