Table des matières :
4 - Jérémie 3 v. 11 à 25 ; 4 v. 1 à 2
5 - Jérémie 5 v. 1 à 6 et 20 à 31
9 - Jérémie 9 v. 1 à 9 et 17 à 26
41 - Jérémie 32 v. 16 à 28 et 36 à 44
53 - Jérémie 40 v. 11 à 16 ; 41 v. 1 à 10
54 - Jérémie 41 v. 11 à 18 ; 42 v. 1 à 6
59 - Jérémie 44 v. 24 à 30 ; 45 v. 1 à 5
61 - Jérémie 46 v. 20 à 28 ; 47 v. 1 à 7
Le livre de Jérémie nous ramène au temps des derniers rois de Juda avant la captivité. L'apparition d'un prophète est toujours l'indice du mauvais état du peuple d'Israël, mais aussi une preuve de la grâce de Dieu. Dès avant sa naissance, l'Éternel avait mis à part ce jeune sacrificateur pour le service auquel il le destinait (comp. Gal. 1 v. 15). Timide, Jérémie commence par résister à l'appel de Dieu : « Je suis un enfant ». Ne parle pas ainsi, lui répond l'Éternel. Qu'importent tes capacités, du moment que tu ne dis et ne fais rien d'autre que ce que je te commande. C'est ce que nous exprimons quand nous chantons : — Notre impuissance même est notre sûreté, — Qui ne veut rien sans Lui peut tout en Sa bonté. — Pour encourager son jeune messager, Dieu lui donne deux visions remarquables : Le bâton d'amandier (« l'arbre qui veille ») rappelle la verge d'Aaron qui jadis avait bourgeonné, fleuri et mûri des amandes (Nomb. 17 v. 8) et confirme la décision de ce Dieu vigilant et fidèle. Il faut donc se hâter d'avertir le peuple et le presser de se repentir, car le pot bouillant annonce la menace imminente d'ennemis venant du nord. Tâche difficile ! Mais Jérémie reçoit la force d'en haut (v. 18) avec une promesse : « Moi je suis avec toi » (v. 19; voir aussi ch. 15 v. 20).
Les premiers mots que l'Éternel met dans la bouche de Jérémie sont destinés à regagner le cœur de son peuple oublieux… trop fidèle image de notre propre cœur ! Et c'est comme si le Seigneur nous demandait avec tendresse : Te souviens-tu de cet heureux temps qui a suivi ta conversion ? Comme tu brûlais alors de zèle et de reconnaissance ! Certes, tu marchais dans ce monde comme dans un désert, « un pays non semé ». Mais je te suffisais alors pleinement. Si tu as oublié ce temps-là, moi j'en ai gardé le souvenir. Car elle m'était agréable, cette ardeur de tes affections, cette joie de ton premier amour (Apoc. 2 v. 4).
Hélas ! dit l'Éternel, « mon peuple a changé sa gloire contre ce qui n'est d'aucun profit » (v. 11, et 8 fin). Soyez franc, lecteur qui, peut-être, vous êtes éloigné du Seigneur, cela vous a-t-il profité ? Il est « la source des eaux vives » ; quelle folie de l'abandonner pour se creuser « des citernes crevassées qui ne retiennent pas l'eau » ! Ou pour aller boire aux fleuves de l'Égypte et de l'Assyrie, figures du monde (v. 18). Car « quiconque boit de cette eau-ci aura de nouveau soif » ; mais celui qui boit de l'eau que Jésus donne, n'aura plus soif à jamais (Jean 4 v. 10, 13, 14).
L'abandon du premier amour est toujours le point de départ, caché d'abord, de beaucoup d'autres maux. Dieu avait appelé Israël hors d'Égypte pour Le servir (Ex. 4 v. 23). Et voilà ce peuple qui lui déclare effrontément : « Je ne servirai pas » (v. 20; comp. en Néh. 3 v. 5 l'exemple des chefs thekohites). Eh bien ! C'est aussi la triste réponse de nombreux chrétiens à Celui qui les a sauvés, même s'ils n'osent pas le formuler à haute voix ! Nous pouvons leur affirmer qu'ils se trompent eux-mêmes. Car il est impossible de ne pas servir un maître. Refuser l'obéissance au Seigneur, c'est tomber dans l'esclavage des idoles (v. 28).
Allant plus avant dans sa rébellion contre l'Éternel, ce méchant peuple lui a délibérément tourné le dos (v. 27). Avec une ingratitude inqualifiable, il a oublié Celui qui ne lui avait fait que du bien (v. 32). Pauvre peuple ! Dieu cherche à lui ouvrir les yeux. Il l'invite à se retourner et à considérer les traces sinueuses qu'il a laissées derrière lui (v. 23; voir ch. 14 v. 10). Chers amis chrétiens, il est nécessaire aussi quelquefois de faire le point et de considérer nos voies. Que de faux pas, de détours, d'impasses où nous nous sommes égarés parce que nous n'avons pas voulu suivre le chemin tout droit et tout simple de la volonté du Seigneur !
Ce chapitre 3 représente Israël comme une épouse infidèle, ayant oublié les liens qui l'unissent à l'Éternel son Époux. Et dans ce chemin d'iniquité, Juda est allée plus loin encore que les dix tribus d'Israël, ajoutant à son infidélité la perfidie : sa trahison est aggravée d'hypocrisie. Pourtant nous sommes ici historiquement sous le règne du pieux Josias. Mais le cœur du peuple n'a pas réellement suivi son roi dans le réveil dont celui-ci avait donné le signal (voir v. 10 et 2 Chron. 34 v. 33). Juda a fait semblant de revenir à l'Éternel. Telle est sa perfidie, pire aux yeux de Dieu que l'abandon pur et simple.
Combien sont touchants ces appels : « Reviens, reviens à moi » ; « revenez, fils infidèles », « je suis bon » ; je vous guérirai (v. 12, 14; 4 v. 1) ! Mais que de temps, que de siècles sont inclus dans les petits points de suspension du v. 22 entre l'appel de Dieu et la réponse du peuple ! Car cette réponse d'Israël, Dieu l'attend encore maintenant !
« Je vous ai fiancés à un seul mari, pour vous présenter au Christ comme une vierge chaste », écrira Paul aux Corinthiens (2 Cor. 11 v. 2). Une telle relation avec le Seigneur implique des cœurs non partagés. Plus privilégiée qu'Israël, l'Église, l'Épouse de Christ, objet d'un amour si grand, est plus responsable encore de Lui garder ses affections.
En dépit de belles professions de foi, il faudrait se donner beaucoup de peine pour trouver dans Jérusalem « quelqu'un qui fasse ce qui est droit, qui cherche la fidélité » (v. 1; voir aussi Ez. 22 v. 30). Le Dieu de miséricorde serait prêt à pardonner à la ville coupable à cause d'un seul homme (v. 1; comp. Gen. 18 v. 23…). Malheureusement cette fidélité, agréable à Dieu, ne s'est trouvée ni parmi les gens du peuple, ni parmi les grands, mieux enseignés, donc plus responsables (comp. Ps. 62 v. 9). La fin du chapitre le confirme tristement, ainsi d'ailleurs que toute l'histoire de Jérémie.
« Ce sont de pauvres gens… des fous » (v. 4). N'est-ce pas également ce qui peut être dit des foules qui aujourd'hui vont insconscientes à la perdition ?
En vain l'Éternel a châtié son peuple. « Ils n'en ont pas ressenti de douleur… ils ont refusé de recevoir la correction… ils ont refusé de revenir » (v. 3; Soph. 3 v. 2). Que peut faire un médecin quand son malade, prétextant qu'il ne souffre pas, refuse de prendre ses médicaments ? Ne nous dérobons jamais à cette correction nécessaire. Et conservons une conscience très sensible à ce que le Seigneur veut nous dire par ce moyen. Sinon « que ferez-vous à la fin ? » demande le prophète (v. 31).
Peu à peu le prophète a changé de ton. Aux accents de l'amour divin succèdent ceux de la colère. L'Éternel s'apprête à « visiter » son peuple en jugement (v. 6, 15; Es. 10 v. 3). Il se servira d'un ennemi venant du nord (v. 22) comme le prédisait le chaudron fumant du ch. 1, prêt à déverser son contenu redoutable et à inonder le pays d'Israël. Mais un nouvel appel de grâce s'intercale entre ces châtiments. Ecoutons-le ; il s'adresse à chacun : « Tenez-vous sur les chemins, et regardez, et enquérez-vous touchant les sentiers anciens, quelle est la bonne voie ; et marchez-y et vous trouverez du repos pour vos âmes » (v. 16; 7 v. 23). Ces anciens sentiers de fidélité et de séparation du monde ne sont pas les plus faciles ; on y marche parfois tout seul. Mais ce sont les sûrs chemins d'autrefois, tracés et éprouvés par ceux qui nous ont devancés, des « sentiers de force où le bonheur abonde, où tout est paix malgré l'aride lieu ». Refusons les chemins plus larges et plus agréables qui s'offrent à nous. Recherchons avec soin cette « bonne voie », ces « sentiers de justice » (Ps. 23 v. 3) et de vérité, dans notre « guide » qui est la Parole de Dieu. Et marchons-y !
L'Éternel envoie Jérémie à la porte du temple pour y prononcer un discours sévère. Car malgré son état de rébellion, le peuple de Jérusalem se vantait bruyamment de posséder « le temple de l'Éternel » et continuait d'y pratiquer un culte de pure forme. Quelle inconséquence ! Ce qui faisait la valeur de ce temple n'était-ce pas Celui qui l'habitait (Matt. 23 v. 21) ? Or ils Le reniaient par leurs actions méchantes dont le v. 9 nous donne une liste affreuse. Ils foulaient aux pieds presque toute la loi de Dieu tout en ne craignant pas de se tenir devant Lui dans sa maison (v. 10). Ils faisaient de celle-ci une caverne de voleurs (v. 11 cité par le Seigneur) et la souillaient de leurs abominations (v. 10). La chrétienté professante offre aujourd'hui le même double tableau : respect de formes extérieures, mais tragique absence de vie intérieure (Apoc. 3 v. 1). Et chacun de nous, s'il ne veille pas, est exposé à ce danger : se contenter des formes de la piété et en renier la puissance… qui est l'amour pour le Seigneur (2 Tim. 3 v. 5). Dieu veut de la réalité dans nos vies. C'est l'outrager que de faire état de relations avec lui quand on ne s'est pas d'abord séparé du mal.
Longtemps l'Éternel a parlé et le peuple a refusé d'écouter. À présent c'est Lui qui refuse d'entendre, même la prière du prophète (v. 16).
Le ch. 5, v. 3 nous a montré qu'Israël ne sentait même plus les coups dont l'Éternel avait dû le frapper. Ici nous voyons ses responsables panser eux-mêmes « légèrement » les blessures et prétendre à la paix que Dieu ne pouvait pas leur donner (v. 11; 6 v. 14). Pourtant le baume de Galaad (la grâce) était à leur disposition ainsi que le fidèle Médecin qui savait comment l'appliquer (v. 22; comp. Matt. 9 v. 12). Il y a là une leçon pour le croyant que Dieu discipline. Si nous acceptons de la main du Seigneur les épreuves qui nous sont nécessaires, laissons-le aussi bander lui-même les plaies qu'il a permises (Job 5 v. 18). Ne cherchons pas à les guérir superficiellement par nos propres ressources.
Le prophète ajoute au v. 12: « Ils n'ont eu même aucune honte »… c'est le propre d'une conscience endurcie (Soph. 3 v. 5 fin). Une indifférence totale quant au mal qu'il a commis caractérise ce pauvre peuple.
Le v. 20 peut être souligné en ce début de septembre où les moissons sont terminées, où l'été s'achève. Il y a un temps favorable pour être sauvé : c'est aujourd'hui. Bientôt le Seigneur va rassembler les épis mûrs de sa grande moisson d'âmes. Alors l'été finira. Quel terrible réveil pour ceux qui devront dire : « Nous ne sommes pas sauvés » !
Tout comme au temps de Jérémie, le peuple de Dieu aujourd'hui compte beaucoup de blessés à mort (v. 1). Si nous en connaissons, apportons-les par la prière au grand Médecin qui a le pouvoir de les guérir (ch. 8 v. 22).
Ce ch. 9 exprime l'indicible douleur du prophète. Parler sévèrement à ce peuple ne l'empêche pas d'être excessivement affligé à son sujet. Il souffre certes en pensant à l'état d'Israël et au châtiment qui le menace, mais surtout à cause du déshonneur jeté sur le nom de l'Éternel. Si nous aimions davantage le Seigneur, nous aurions aussi plus de tristesse en constatant l'ingratitude et l'indifférence qui, si souvent, répondent à son amour.
Méditons les importants v. 23 et 24 (cités en 1 Cor. 1 v. 31). Il est dans la nature de chacun d'être fier de ses capacités et de se vanter de ce qu'il possède. Le sportif fera valoir ses exploits, ses muscles et sa souplesse ; le bon élève ses succès scolaires ; l'automobiliste, sa voiture plus puissante que celle de son voisin. Eh bien ! La seule chose dont Dieu nous permette de nous glorifier c'est de Le connaître (Ps. 20 v. 7; 2 Cor. 10 v. 17). Apprécions-nous à sa valeur notre relation avec le Seigneur Jésus ? Ou nous arrive-t-il quelquefois d'en avoir honte ?
S'il existe un ancien et bon chemin dont nous avons à nous enquérir (ch. 6 v. 16), il en est un autre que nous devons nous garder d'apprendre (v. 2) : celui des nations, autrement dit du monde. En fait, tous nos contacts avec celui-ci tendent à nous imprégner de ses façons de vivre et de penser. Nous ne pouvons évidemment pas nous soustraire à ces contacts, et certains parmi nous y sont plus particulièrement exposés à cause de leurs occupations. Mais n'ayons en tout cas aucune curiosité ni intérêt pour « ces choses qui sont dans le monde » (Rom. 16 v. 19 fin). L'exemple de Dina en Gen. 34 v. 1 constitue un avertissement sérieux. Méfions-nous de certaines compagnies, de certains livres, prêts à nous instruire de ce dangereux chemin-là. Nous n'ignorons pas où il conduit ceux qui le suivent (Matt. 7 v. 13). Ce qui caractérise les nations au temps de Jérémie (de même que le monde actuel) c'est le service des idoles. Dieu déclare ce qu'il en pense et le fait dire à ces nations au v. 11 dans leur propre langue (ce verset est écrit en araméen).
Le v. 23 nous rappelle une double vérité : Le jour de demain n'est pas à nous pour en disposer (Jac. 4 v. 13). Et nous ne sommes pas capables de diriger nos propres pas. Jérémie savait cela. Chacun de nous l'a-t-il appris ?
Sous le règne de Josias, Hilkija le sacrificateur (certains admettent qu'il était le père de Jérémie : voir ch. 1 v. 1) avait retrouvé le livre de la loi au cours des travaux de restauration du temple (2 Chron. 34 v. 14). Ce livre comprenait le Deutéronome où toutes les conséquences de l'inobservation de l'alliance étaient annoncées dans son redoutable ch. 28 (voir en particulier le v. 64). Effrayé, Josias s'était empressé au nom du peuple de renouveler cette alliance (2 Rois 22 v. 8… ; 23 v. 1 à 3). Or notre chapitre nous montre comme celle-ci a été violée de plus belle ! Il n'y a plus de remède (2 Chron. 36 v. 16 fin). Dieu ferme dorénavant son oreille aux prières et enjoint au prophète de ne plus intercéder pour le peuple (v. 14 et 7 v. 16).
Jérémie est le représentant d'un résidu fidèle, persécuté. Mais à travers lui nous évoquons l'Agneau plein de douceur, objet des complots pour le détruire « avec son fruit », « afin qu'on ne se souvienne plus de son nom » (v. 19; comp. Gen. 37 v. 18; Luc 10 v. 3). Tel était le vain propos des hommes et celui de Satan qui les inspirait. Car la pensée invariable de Dieu est que soit à jamais honoré le beau Nom de Jésus (Phil. 2 v. 9). Et nous y répondons, toutes les fois que nous mangeons le pain et que nous buvons la coupe, en mémoire de Lui (1 Cor. 11 v. 25, 26).
Ce ch. 12 nous rapporte un entretien de l'Éternel avec Jérémie. Il ne s'agit pas cette fois d'une prière du prophète en faveur d'Israël, mais des questions douloureuses qu'il a sur le cœur et qu'il expose à Dieu dans l'amertume de son âme. Les hommes de la ville d'Anatoth, ses concitoyens, avaient été jusqu'à le menacer de mort s'il ne se taisait pas (ch. 11 v. 21). Le v. 6 nous apprend que la famille même de Jérémie avait agi perfidement à son égard et crié contre lui « à plein gosier » (comp. Luc 4 v. 24 à 26). Il y avait de quoi lui faire perdre courage. Mais l'Éternel comprend le trouble de son serviteur (son propre peuple ne l'a-t-il pas aussi trahi ?). Et il lui explique ce qu'il est obligé de faire : abandonner le temple souillé, délaisser Israël, son héritage et le livrer à ses ennemis (v. 7). On peut penser quels sont les sentiments de Dieu en prenant de telles décisions. Afin de nous les faire mesurer, il emploie pour parler de son peuple l'expression la plus touchante : « le bien-aimé de mon âme ».
Les nations agissaient comme de mauvais voisins ; elles en subiraient les conséquences. Toutefois Dieu avait encore des bénédictions en réserve pour Israël et aussi pour ces nations si elles apprenaient Ses voies.
L'Éternel donne un signe à Jérusalem : cette ceinture qu'il doit successivement porter sur lui sans jamais la laver ; aller enfouir près de l'Euphrate à plus de 400 kilomètres ; enfin retourner prendre, pour constater alors qu'elle n'est plus bonne à rien. Puis Il lui en explique la signification spirituelle. La ceinture est un ornement ; elle a sa place près du cœur ; de plus elle faisait partie du vêtement des sacrificateurs (Ex. 28 v. 40; et Jérémie en était un). Ainsi Dieu s'était-il étroitement attaché ce peuple qui devait rehausser Sa gloire et le servir. Mais l'orgueil et le culte des idoles avaient rendu Jérusalem et Juda aussi souillés et inutiles que peut l'être une ceinture pourrie. Comme celle-ci, ils seront transportés sur les bords de l'Euphrate, à Babylone (fin du v. 19). À moins qu'ils ne s'humilient, ce dont les plus haut placés, le roi et la reine, sont invités à donner l'exemple. Le v. 23 nous rappelle que le péché marque l'homme d'une manière indélébile. Nous ne pouvons pas plus nous en défaire qu'un Éthiopien n'est en mesure d'éclaircir sa peau ou un léopard d'effacer ses taches. Mais, par la vertu du sang de Christ, Dieu peut ôter les péchés et donner un cœur nouveau. C'est ce qui arriva précisément à un Ethiopien dont le ch. 8 des Actes nous raconte la conversion.
Dieu parle à Israël, non seulement par la voix de Jérémie, mais aussi en lui envoyant la sécheresse et la famine. Le prophète — malheureusement il est seul à le faire — confesse les iniquités de son peuple et supplie l'Éternel pour lui. Dans son amour pour ce peuple, il ne peut se résoudre à ne plus prier pour lui. Il n'a aucun argument à faire valoir en sa faveur. Alors il demande : « Agis à cause de ton nom » (v. 7 et 20, 21; Ez. 20 v. 9; Dan. 9 v. 19). Tel est bien le motif le plus élevé pour demander à Dieu d'intervenir. En son temps, Josué a aussi fait valoir ce même argument : « Que feras-tu pour ton grand nom ? » (Jos. 7 v. 9). De notre côté tout est misère. Que pouvons-nous invoquer pour faire agir le bras de Dieu ? Une seule chose : le nom de Jésus. Lui-même nous en a révélé le merveilleux pouvoir (Jean 15 v. 16). Le Père ne peut pas ne pas répondre aux prières qui lui sont adressées en ce Nom qu'il aime. Et « si nous confessons nos péchés, ce que le peuple ne veut pas faire, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité » (1 Jean 1 v. 9).
Les v. 10 à 19 parlent de faux prophètes qui rassurent le peuple par des mensonges. Ils subiront eux-mêmes, avec ceux qui les écoutent, le châtiment auquel ils ont refusé de croire (v. 15).
Une nouvelle fois l'Éternel prévient Jérémie qu'Il ne peut agréer son intercession. Moïse et Samuel eux-mêmes, dont nous connaissons la vie de prière et leur amour pour Israël, ne pourraient plus rien dans l'état actuel de ce pauvre peuple (voir Ps. 99 v. 6). Jérémie est au bord du désespoir (v. 10). Il prend Dieu à témoin de sa fidélité : « Tes paroles se sont-elles trouvées, je les ai mangées » (comp. Ps. 119 v. 103). Le livre de la loi avait en effet été retrouvé dans le temple et le jeune sacrificateur en avait fait ses délices. Enfants de Dieu, puissions-nous comme Jérémie trouver tous les jours dans la Bible la nourriture de notre âme et en même temps la joie de notre cœur. Paul rappelait à Timothée qu'un bon serviteur du Christ Jésus doit être nourri dans les paroles de la foi et de la bonne doctrine (1 Tim. 4 v. 6).
L'Éternel encourage son fidèle mais craintif témoin qui, pour Lui, « porte l'opprobre » (v. 15; Ps. 69 v. 7) et il lui promet de le délivrer. Il l'invite à séparer ce qui est précieux de ce qui est vil. Un disciple de Jésus doit avoir une conscience délicate pour discerner le bien et le pratiquer, pour juger le mal et s'en séparer (comp. aussi 1 Pier. 3 v. 10 à 12). C'est à cette condition seulement qu'il pourra parler comme la bouche ou l'oracle de Dieu (v. 19).
Parce que lui-même est précieux aux yeux de l'Éternel, Jérémie a été invité à se tenir séparé de ce qui est vil (ch. 15 v. 19) c'est-à-dire de ce peuple méchant. Il est impossible de se mêler au mal et de rendre en même temps témoignage contre ceux qui le pratiquent. Dieu ne permet même pas à ce jeune homme de fonder une famille dans un tel lieu. Tout ceci pour bien montrer qu'il ne peut plus y avoir d'installation durable dans Jérusalem à la veille du jugement qui la menace. De plus — et ceci nous parle à tous — Jérémie doit s'abstenir en vrai Nazaréen, de toute communion avec les festins et les réjouissances d'un peuple condamné. Mais ce n'est certainement pas une grande privation pour quelqu'un qui trouve ses joies dans la Parole de son Dieu (ch. 15 v. 16). Plus le Seigneur et sa Parole feront notre bonheur, moins nous aurons envie de goûter aux plaisirs trompeurs que le monde peut offrir.
Les v. 10 à 21 mentionnent : le châtiment de l'Éternel sur son peuple ; le motif de ce châtiment ; mais aussi la promesse d'une future restauration (v. 15). La puissante intervention de l'Éternel par des « pêcheurs » et des « chasseurs » pour ramener les fils d'Israël aura pour effet de Le faire reconnaître aussi par les nations (v. 19).
Le péché de Juda est encore plus tenace que les taches du léopard ; il est comme buriné sur son cœur avec une pointe de fer : qui pourrait l’en effacer ? Pour faire prendre conscience à l'homme de sa condition de pécheur invétéré, Dieu emploie dans sa Parole différents langages : l'exemple du peuple d'Israël et de sa faillite morale ; le don de sa loi sainte, la vie parfaite de Christ ici-bas (faisant par contraste ressortir la méchanceté de l'homme), enfin comme ici des déclarations directes et irréfutables. Le v. 9 affirme que le cœur humain est foncièrement pervers et incorrigible : « trompeur par-dessus tout et incurable ». Sentence qu'il nous faut graver définitivement dans notre pensée ; nous serons ainsi gardés d'accorder la moindre confiance à ce pauvre cœur — le nôtre aussi bien que celui d'autrui — et nous nous épargnerons bien des déceptions. Réalisons plutôt le v. 7: « Béni l'homme qui se confie en l'Éternel », avec l'heureuse portion qui en résulte (comp. le v. 8 avec le Ps. 1 v. 3). Abreuvé à la source intarissable, un tel homme ne redoute ni chaleur ni sécheresse ; il ne s'en aperçoit même pas. « Enraciné en Lui » (Col. 2 v. 7) il ne craint pas et ne cesse de porter du fruit pour Dieu. Il réalise en effet la condition énoncée par le Seigneur Jésus : « Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-ci porte beaucoup de fruit ; car, séparés de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 15 v. 5).
Essayons d'écrire notre nom sur le sol (v. 13) ; il sera bientôt illisible. Combien d'insensés qui, sans penser à l'avenir, cherchent à se faire un nom sur une terre… qui va passer ! Cher ami, c'est dans le livre de vie que votre nom doit être inscrit.
Et nous retrouvons la déclaration attristée du ch. 2 v. 13: « ils ont délaissé la source des eaux vives… ». En Jean 6 v. 66 plusieurs disciples se retirent d'avec Jésus, lui qui précisément au chapitre suivant va se révéler comme cette source des eaux vives (ch. 7 v. 37).
La prière du v. 14 reconnaît que Dieu seul peut changer le méchant cœur de l'homme. « Guéris-moi… et je serai guéri ; sauve-moi, et je serai sauvé ». Au ch. 31 v. 18, Éphraïm demandera à son tour : « Convertis-moi, et je serai converti ». — « Car c'est toi qui es ma louange », ajoute le prophète. Dans l'œuvre de notre salut tout est à la gloire de Dieu.
Dans le reste du chapitre l'Éternel rappelle ses instructions au sujet du sabbat. La loi avait été violée sur ce point comme sur les autres (ch. 7 v. 9). Un siècle plus tard, après le retour de Babylone, le fidèle Néhémie prendra à cœur cet enseignement des v. 21, 22 (Néh. 13 v. 15…). Il rappellera aux nobles de Juda que les malheurs du peuple avaient été la conséquence de l'infidélité de leurs pères à cet égard.
Un nouvel enseignement attend Jérémie dans la maison du potier. Le premier vase qu'il voit fabriquer est à l'image du peuple. Comme la ceinture du ch. 13, ce vase a été, lui aussi, gâté, reconnu bon à rien (v. 4; 13 v. 7). Oui, Israël, et en réalité l'humanité tout entière, se trouve ainsi représentée. L'Artisan divin n'a rien pu faire du premier homme qu'il a formé d'argile. « Ils se sont tous ensemble rendus inutiles… » (Rom. 3 v. 12 et 23). Le péché a ruiné et corrompu toute la race humaine. Mais sur le tour du potier, voici que le travail reprend : un nouveau vase est façonné « comme il plut aux yeux du potier de le faire ». Ce vase sans défaut porte nos pensées sur le second Homme, en qui Dieu a trouvé son plaisir. Selon les conseils de Dieu, Christ est venu remplacer la race d'Adam défaillante. Mais il n'est plus seul dorénavant. « Si quelqu'un est en Christ, c'est une nouvelle création » (2 Cor. 5 v. 17). Par la grâce de Dieu, le racheté peut devenir à son tour « un vase à honneur, sanctifié, utile au Maître, préparé pour toute bonne œuvre » (2 Tim. 2 v. 21; lire aussi Éph. 2 v. 10).
Le dialogue des v. 11 et 12 confirme l'état désespéré du peuple et justifie son rejet comme le vase gâté du potier.
Jérémie est invité par l'Éternel à retourner dans la maison du potier. Non plus cette fois pour le regarder travailler, mais pour lui acheter un vase. Après quoi, prenant avec lui quelques-uns des anciens du peuple, il doit emporter ce vase dans la vallée des fils de Hinnom.
C'était un sinistre endroit que ce gué de Hinnom (qui a donné le mot géhenne) appelé aussi Topheth (v. 6). Des sacrifices humains y avaient été offerts à Baal du temps du roi Manassé (2 Chron. 33 v. 6; Jér. 7 v. 31). C'est pourquoi Josias l'avait souillé (2 Rois 23 v. 10). Dans ce lieu, témoin de ses affreux péchés, le peuple doit entendre des paroles terribles en même temps qu'est mis en pièces ce vase qui le représente lui-même. Jérémie se rend ensuite au temple et confirme la parole de l'Éternel aux oreilles de tout Jérusalem. Pensons au courage qui lui a été nécessaire pour condamner ainsi publiquement la conduite du peuple et lui annoncer l'irrévocable décision divine à son sujet. Il peut nous arriver de nous trouver isolés dans un milieu hostile et d'avoir à y rendre témoignage par nos actes et par nos paroles. Demandons au Seigneur de nous donner la même hardiesse.
Dire la vérité au monde sur son état expose aussitôt à sa haine. Le prophète en fait durement l'expérience. Les complots que nous avons vu se tramer contre lui aux ch. 11 v. 19 et 18 v. 18 aboutissent cette fois. Jérémie est frappé et mis à la torture par les soins de Pashkhur. Qui était cet homme ? Un des premiers sacrificateurs (v. 1), et de plus un de ces prophètes de mensonge (v. 6; ch. 14 v. 14) qui, à la différence de Jérémie, jouissait de toute la faveur du peuple. À son tour il faut que cet homme entende une prophétie de vérité prononcée contre lui.
Jérémie nous rappelle l'exhortation de Jac. 5 v. 10. Il est une figure du Seigneur Jésus. Seul à proclamer la vérité, haï et frappé à cause d'elle (et cela par un des sacrificateurs) « objet de dérision » et d'opprobre, la Parole de son Dieu est en lui « comme un feu brûlant » (v. 9). Il est étreint par l'amour qu'il porte et à l'Éternel et à son peuple. Malgré cela Jérémie reste loin du parfait Modèle ! Il exprime de l'amertume, et, comme Job (ch. 3), il maudit le jour de sa naissance. La grâce envers ses ennemis n'apparaît pas en lui.
Lecteur, permettez-nous une question : Avez-vous été réellement saisi par le Seigneur ? A-t-il été le plus fort (v. 7; comp. Phil. 3 v. 12) ?
Les prophéties de Jérémie ne nous sont pas rapportées dans l'ordre dans lequel elles ont été prononcées. Celle-ci nous transporte au temps du dernier règne de Juda. Attaqué par son voisin redoutable, Nebucadnetsar, le roi Sédécias a envoyé deux délégués au prophète pour le prier de consulter l'Éternel. De fait c'était bien ce qu'il avait de mieux à faire. Mais en réalité lui et son peuple recherchaient la délivrance sans repentance préalable, feignant d'ignorer cette condition indispensable. Car Dieu ne donne pas l'une sans l'autre. Après tout ce qu'avait dit Jérémie dans les précédents chapitres, une telle demande était presque de l'insolence. Aussi l'Éternel répond-il de la façon la plus sévère. Non seulement le roi de Babylone, mais Lui-même combattra contre Juda. Il va frapper d'une grande peste les hommes et les bêtes, comme autrefois les troupeaux des Égyptiens (Ex. 9 v. 1 à 7). Pourtant, à côté de ce chemin de la mort, il restait encore pour ce peuple un chemin de la vie… mais qui passait nécessairement par la confession de ses péchés et la soumission à la volonté de Dieu. Ce chemin est encore ouvert ; chacun de nous s’y est-il engagé ?
Sur l'ordre de l'Éternel, Jérémie est tout aussi prêt à se rendre au palais royal qu'à l'humble maison du potier. Sa tâche est de nouveau difficile, car il s'agit d'avertir et d'exhorter personnellement le roi de Juda lui-même. Rendre témoignage devant un supérieur est particulièrement exerçant pour un jeune croyant. Mais, s'il compte sur le Seigneur, il sera toujours fortifié et béni en le faisant (lire Act. 26 v. 22).
Dieu avait jadis promis à David que si ses descendants prenaient garde à leur voie pour marcher avec Lui en vérité et de tout leur cœur, il ne manquerait pas d'un homme sur le trône d'Israël (1 Rois 2 v. 4). Hélas ! Ni Shallum (ou Joakhaz, voir 2 Rois 23 v. 31, 32) ni ses frères Jehoïakim et Sédécias, ni Conia (Jehoïakin) n'ont rempli cette condition. Aussi seront-ils les quatre derniers rois de la dynastie de David avant la dispersion du peuple. Dans ces ch. 21 et 22, chacun d'eux est condamné nommément pour ses propres fautes. Aucun ne pourra dire qu'il supporte les conséquences des péchés de ses prédécesseurs (comp. ch. 31 v. 29). Aucun, non plus, qui n'a pas été averti, car le ministère du prophète s'est prolongée sous tous ces règnes (ch. 21 v. 7; 22 v. 11, 18, 24).
« Ecoute la parole de l'Éternel, ô roi de Juda… toi et tes serviteurs, et ton peuple… » (v. 2). Mais c'est en vain que Jérémie a adressé à Jehoïakim cette invitation pressante. Dès sa jeunesse, quand tout allait bien, celui-ci avait décidé de ne pas écouter la voix de l'Éternel (d'après le v. 21 qui s'applique aussi à tout son peuple). Aussi voyez tous les mauvais fruits qui en sont la conséquence quand il est arrivé à l'âge de l'homme, avec toutes les responsabilités qui sont les siennes : injustice, manque de droiture, orgueil, malhonnêteté, tyrannie et violence (v. 13 et 17 où Jérémie n'hésite pas à dire à ce roi qu'il est un meurtrier). Pourtant Jehoïakim avait eu sous les yeux le bon exemple de son père Josias et les heureuses conséquences de sa marche fidèle (v. 15, 16) ! Enfants de parents chrétiens, souvenez-vous de l'histoire de ce roi !
Le v. 14 mérite aussi toute notre attention. La recherche du luxe de la part d'un chrétien ne contredit-elle pas son caractère d'étranger et sa vocation céleste ?
Il s'agit ensuite de Conia, jeune homme de 18 ans, qui n'a régné que trois mois avant d'être transporté à Babylone avec sa mère (2 Rois 24 v. 8…). Par de tels événements Dieu s'adressait alors au monde entier (v. 29). Ce châtiment public montrait qu'on ne bravait pas impunément sa volonté.
Aux ch. 21 à 22 la parole de l'Éternel a condamné les derniers rois. En rélité tous les responsables de Juda, « tant le prophète que le sacrificateur » (v. 11), ont failli à leur mission. Au lieu de paître le peuple « en étant les modèles du troupeau » (1 Pier. 5 v. 3), ils ont été de mauvais pasteurs. Sous leur conduite déplorable, le troupeau a été négligé, détruit et dispersé (comp. Ez. 34 v. 4 à 6). Aussi Dieu se chargera-t-il de rassembler lui-même le reste de ce troupeau en lui donnant un autre Berger (Jean 10 v. 14). La famille royale d'Israël a complètement manqué. Mais Dieu suscitera dans cette même maison de David un Germe juste, un Roi divin : « L'Éternel notre justice » (comp. 1 Cor. 1 v. 30). Cette expression « le Germe » est employée cinq fois dans les Prophètes pour désigner le Seigneur Jésus. Ici et au ch. 33 v. 15: comme le Roi, caractère qui est le sien dans l'Évangile de Matthieu. En Zacharie : au ch. 3 v. 8 comme « mon serviteur, le Germe » et au ch. 6 v. 12 comme « un homme dont le nom est Germe », respectivement Christ dans les Évangiles de Marc et de Luc. Enfin en Es. 4 v. 2: comme « un germe de l'Éternel pour splendeur et pour gloire », en qui nous reconnaissons le Fils de Dieu présenté par l'Evangile de Jean.
Parmi les mauvais bergers d'Israël, les prophètes étaient particulièrement coupables. Ils avaient bercé le peuple de la folle illusion que, malgré ses péchés, tout irait pour le mieux. Ils étaient menteurs. Ils avaient couru… sans que l'Éternel les envoie, parlé, mais pas comme oracles de Dieu (v. 21 et 38; 1 Pier. 4 v. 11). Une grande activité religieuse est loin d'être toujours la preuve et le résultat d'un bon état spirituel. Pour le chrétien maintenant, comme pour le prophète autrefois, il n'existe qu'une seule règle pour courir et pour parler : se tenir d'abord « dans le conseil secret de l'Éternel » (v. 18, 22), autrement dit dans la communion du Seigneur, pour connaître et faire sa volonté.
Au v. 23 une question est posée : « Suis-je un Dieu de près, dit l'Éternel, et non un Dieu de loin ? ». « Le Seigneur est proche » peut répondre l'apôtre (Phil. 4 v. 5). Chacun de nous en a-t-il fait l'expérience ? La Parole de Dieu est un feu (v. 29). De la même manière que la flamme d'un chalumeau permet d'ôter les scories du métal, elle s'emploie à purifier notre âme en consumant les impuretés qui la souillent et qui l'étouffent (Prov. 25 v. 4). Elle est la « force motrice » du croyant, comme le foyer sous la chaudière (ch. 20 v. 5). Mais elle est aussi d'abord ce marteau, seul capable de briser une volonté rebelle.
La vision du ch. 24 se situe à un moment où Nebucadnetsar a déjà transporté à Babylone une partie de Juda avec son roi Jéconias (ou Conia ; ch. 22 v. 24). Deux paniers de figues apparaissent au prophète. Les premières sont splendides, excellentes ; les autres affreuses et immangeables. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, les mauvaises figues sont l'image des habitants de Juda demeurés dans le pays, tandis que celles qui sont très bonnes représentent les « transportés ». L'Éternel fera prospérer et ramènera ces derniers au temps fixé. Bien que pénible, cet arrachement à leur pays et à leurs habitudes, est conforme à la volonté de Dieu et tournera à leur profit.
Parmi les promesses qui leur sont faites, la plus précieuse est certainement celle du v. 7: « Je leur donnerai un cœur pour me connaître ». C'est par le cœur, et non par l'intelligence, que l'homme apprend à connaître Dieu.
Remarquons qu'il n'y a pas de troisième panier. D'une manière générale, il n'existe pas de position intermédiaire devant Dieu. Et parmi les hommes aujourd'hui, Il ne peut reconnaître de même que des vivants et des morts, des « enfants de lumière » et des « enfants de colère » (Éph. 2 v. 3; 5 v. 8). De quel côté nous trouvons-nous ?
Le ch. 25 revient en arrière, au règne de Jehoïakim. Il y avait vingt-trois ans déjà que Jérémie prophétisait. Dans son zèle et son amour pour le peuple, il se levait de bonne heure le matin pour lui adresser ses appels (v. 3). La patience de Dieu allait bientôt prendre fin. Chaque jour pouvait être le dernier. Aussi l'homme de Dieu se sentait-il pressé dès le matin d'aller délivrer son message. Et, détail remarquable, la même expression est employée souvent à propos de l'Éternel (ici au v. 4). Lui aussi se lève de bonne heure pour envoyer ses serviteurs. Sommes-nous prêts nous-mêmes à cette heure matinale où les tâches sont distribuées ? Imitons le parfait Serviteur dont l'activité inlassable commençait dès le point du jour (Jean 8 v. 2) ou même avant (Marc 1 v. 35).
Dieu, dans sa grâce, fixe une durée limitée à cette déportation à Babylone : 70 années. Lorsque ce temps sera presque achevé, Daniel lira cette prophétie et en tiendra compte pour donner à Israël en captivité le signal et l'exemple de l'humiliation (Dan. 9 v. 2, 3).
Puis, jusqu'à la fin du chapitre, Dieu développe la déclaration du v. 14, montrant de quelle manière il s'apprête à châtier les nations qui n'ont pas craint d'asservir et d'opprimer son peuple.
De nouveau ce chapitre nous ramène en arrière, de quatre ans par rapport au précédent (ch. 25 v. 1). Sur l'ordre de l'Éternel, Jérémie cette fois se rend au temple pour y prophétiser. Sans doute est-ce à l'occasion de l'une des trois fêtes annuelles où tous les Israélites montaient à Jérusalem. Le v. 2 permet de le penser. Quoiqu'il en soit, l'appel s'adresse à tout Juda et non plus seulement à ses chefs. Et « pas une parole » ne doit en être retranchée (comp. Act. 20 v. 27).
Combien le v. 3 est touchant ! Il nous fait entrer dans les pensées de grâce de Dieu. Bien que sachant tout à l'avance, Il exprime son vœu le plus cher : « Peut-être qu'ils écouteront… » (voir aussi 36 v. 3 et 7).
Ce même peut-être traduit l'espoir du Maître de la parabole : « J'enverrai mon fils bien-aimé ; peut-être que, quand ils verront celui-ci, ils le respecteront » (Luc 20 v. 13). Mais ils n'ont pas plus respecté le Fils que les prophètes qui l'ont précédé. Voyez l'accueil fait à Jérémie et par conséquent à Celui qui l'envoie. Quel aveuglement ! Ces gens qui pourtant étaient venus se prosterner dans la maison de l'Éternel (v. 2) rejettent sa parole, se saisissent de son messager, le condamnent à mort dans cette même maison !
Le fidèle témoin de l'Éternel n'est pas troublé par sa condamnation à mort, ni par la présence de tous ces gens hostiles assemblés contre lui. Il les exhorte encore une fois fermement à se repentir. Après quoi, sans crainte, il se remet entre leurs mains. Loin de s'attendrir sur son propre sort, c'est encore au peuple qu'il pense et à la terrible responsabilité que ce crime fera peser sur lui. En ceci Jérémie fait penser à Etienne intercédant pour ceux qui le lapidaient (Act. 7 v. 60) et tous deux nous rappellent le Seigneur Jésus (Luc 23 v. 28 et 34).
L'intervention des princes et des anciens délivre ici l'homme de Dieu. Mais ils auraient dû faire un pas de plus : craindre et implorer l'Éternel, comme Ezéchias précisément (v. 19). Il ne suffit pas de savoir citer un bel exemple, encore faut-il l'imiter.
Voyez comme la foule est influençable et versatile. Au v. 8 « tout le peuple » avait suivi les sacrificateurs pour s'écrier : « Tu mourras certainement ». Mais, au v. 16, ce même peuple est de l'avis des princes pour dire : « cet homme ne mérite pas la mort ».
L'histoire d'Urie poursuivi et frappé par Jehoïakim confirme le triste portrait qui nous a été fait de ce roi. Il est prompt à verser le sang innocent (ch. 22 v. 17).
Ce chapitre et les suivants nous transportent à présent sous le règne final de Sédécias. Celui-ci paraît avoir comploté avec ces cinq voisins : les rois d'Edom, de Moab, d'Ammon, de Tyr et de Sidon pour résister à Nebucadnetsar. Et sans doute est-ce pour mette sur pied cette alliance que les délégués de ces nations se réunissent à Jérusalem (v. 3). Jérémie est chargé par l'Éternel de remettre à chacun de ces diplomates un présent pour le moins original, fabriqué à son intention : Il s'agit de jougs et de liens qui précisément symbolisent la domination du roi de Babylone dont ces peuples comptaient se libérer. Nous pouvons imaginer avec quels sentiments les cinq négociateurs ont accueilli cet humiliant cadeau.
L'orgueil sous différentes formes est encore de nos jours le grand principe qui gouverne les états modernes (comme aussi les individus). Mais au-dessus de leurs intrigues ambitieuses, Dieu conduit les destinées du monde. C'est à Lui que le chrétien s'attend et non aux incertitudes de la politique des hommes (Dan. 4 v. 17).
Dieu qui mettait de côté Israël, confiait dorénavant le pouvoir universel à Nebucadnetsar qu'il appelle son serviteur. Rom. 13 v. 14 rappelle aux chrétiens qui auraient tendance à l’oublier que celui qui détient l’autorité est « serviteur de Dieu » et que c’est pour leur bien.
C'est au roi de Juda, puis aux sacrificateurs, que Jérémie s'adresse à présent. À deux reprises déjà, Nebucadnetsar avait emporté du temple une partie de ses ustensiles. Loin de les restituer, il organisera un troisième et définitif pillage au moment de la transportation de Sédécias lui-même et du reste de son peuple (2 Chron. 36 v. 7, 10, 18). On peut penser que ces objets leur tenaient à cœur plutôt par orgueil national que comme moyen de rendre culte à l'Éternel. Il n'en est pas autrement de nos jours. Beaucoup de personnes sont très attachées aux formes d'une religion dite chrétienne, tout en se souciant fort peu de servir Dieu en les observant.
Ce que Jérémie ne cesse de prêcher, c'est la soumission à l'autorité que l'Éternel a établie, en l'occurrence celle du roi de Babylone. « Il n'existe pas d'autorité si ce n'est de par Dieu… celui qui résiste à l'autorité résiste à l'ordonnance de Dieu » (Rom. 13 v. 1 et 2). Qu'il s'agisse des gouvernants ou des magistrats, des parents ou des chefs (même durs et injustes : 1 Pier. 2 v. 18), cette exhortation est toujours de saison pour nous.
La prophétie de ce chapitre ne se termine pas sans que Dieu annonce qu'un jour il s'occupera personnellement des ustensiles du temple et les fera remonter. Cette parole s'accomplira en Esd. 1 v. 7 et 7 v. 19.
Une nouvelle scène se déroule dans le temple en présence des sacrificateurs et de tout le peuple. Jérémie s'y trouve, avec sur son cou l'un des jougs qu'il avait fabriqués. Il le porte, comme la ceinture du ch. 13, en témoignage à tout Jérusalem. Et voici que l'homme de Dieu est publiquement pris à partie par le prophète Hanania dont la parole arrogante et mensongère contredit absolument ce que lui ne cesse d'annoncer. La belle réponse de Jérémie est empreinte à la fois d'amour, de vérité et de sagesse. Certes ce n'est pas de gaieté de cœur qu'il annonce les désastres qui vont fondre sur le peuple qu'il aime. Tout son désir serait qu'Hanania puisse avoir raison (v. 6). Mais il ne peut changer un mot à la parole de l'Éternel. Il leur dit la vérité, si pénible qu'elle soit. Admirons enfin la sagesse du v. 9. Ce qui prouve qu'une prophétie est vraie, c'est son accomplissement. Dieu se chargera le moment venu de montrer qui a eu raison. En attendant, Jérémie ne s'irrite pas et ne s'acharne pas à les convaincre. Il les laisse et s'en va (comp. Jean 8 v. 59 et 12 v. 36). Telle est toujours la façon la plus sage de mettre fin à une vaine discussion (Prov. 17 v. 14).
Le jugement annoncé ne tarde pas à tomber sur Hanania (v. 15 à 17; lire Deut. 18 v. 20 à 22).
Jérémie a confié à deux voyageurs une lettre pour Babylone. Elle est destinée à ceux, de toutes les classes du peuple, qui avaient déjà été transportés sous le règne précédent. Le ton de cette lettre est tout différent de celui que prend le prophète quand il s'adresse au peuple resté à Jérusalem. À eux il peut exprimer de la part de l'Éternel des « pensées de paix et non de mal », des consolations, des encouragements et de touchantes promesses.
De même qu'Israël à Babylone, le chrétien est un étranger sur la terre. Sa bourgeoisie est dans les cieux (Phil. 3 v. 20). Il attend l'accomplissement de la promesse qui l'introduira dans sa vraie Patrie. La « bonne parole » de Dieu lui garantit « un avenir et une espérance » (v. 10 et 11). Toutefois elle ne fixe pas, comme à ces transportés, le moment exact où cette espérance bienheureuse se réalisera. Le Seigneur désire en effet que nous l'attendions continuellement. Et, jusqu'à l'heureux moment de son retour, rappelons-nous que nous avons aussi des devoirs vis-à-vis de notre ville ou de notre village (v. 7) : Procurer la paix (comp. Matt. 5 v. 9), penser au vrai bien des âmes et prier pour ceux avec lesquels nous vivons.
La funeste activité des faux prophètes ne se limitait pas à Jérusalem et à Juda. À Babylone même, parmi le peuple transporté, quelques-uns d'entre eux propageaient « des paroles de mensonge » (v. 23). Dans sa lettre, Jérémie met les « captifs » en garde contre eux et annonce la fin horrible de deux de ces méchants hommes, Sédécias et Achab. Un troisième, Shemahia, avait écrit de Babylone au peuple resté à Jérusalem pour le pousser à la révolte contre l'Éternel (fin du v. 32). Et même, dans une de ses lettres, il n'avait pas hésité à désigner un nouveau sacrificateur sur lequel il comptait pour s'emparer de Jérémie. Mais, comme ce dernier l'écrit lui-même ailleurs : « Qui est-ce qui dit une chose, et elle arrive, quand le Seigneur ne l'a point commandée ? » (Lam. 3 v. 37). Shemahia aussi doit entendre la sentence de l'Éternel contre lui.
Que de fois, dans leurs épîtres inspirées, d'autres serviteurs de Dieu seront contraints de dénoncer de faux docteurs et de mauvais ouvriers (voir par exemple Gal. 1 v. 7; Phil. 3 v. 2; 2 Pier. 2 v. 1; 1 Jean 2 v. 18; Juda 3 v. 4…). Enfants de Dieu, notre sécurité consiste à bien connaître la voix du bon Berger (Jean 10 v. 4, 5). Nous ne risquerons pas alors de la confondre avec une autre voix.
L'Éternel invite Jérémie à consigner toutes Ses paroles dans un livre. Les générations qui suivront pourront s'y reporter, et c'est encore notre privilège. Nous n'avons plus ni prophètes ni apôtres au milieu de nous pour nous enseigner, mais Dieu a pris soin de nous conserver sa Parole écrite, seule source de vérité pour nos âmes.
Par les Écritures, Israël recevra au milieu de sa pire détresse des promesses et des consolations.
Au v. 11 brillent à la fois la sainteté et la bonté de Dieu. « Je ne te tiendrai point pour innocent » — dit-il. Le Dieu saint ne peut en aucune manière passer par-dessus le mal. Il se doit à lui-même de corriger les siens. Mais le Dieu d'amour le fait « avec mesure », sans frapper un seul coup de plus que cela n'est nécessaire (voir aussi ch. 10 v. 24 et ch. 46 v. 28). Les v. 18 et 19 du ch. 31 nous montreront l'effet de cette correction salutaire (1 Cor. 11 v. 32). En même temps on sent, en lisant les v. 18 à 22, combien Dieu se réjouit à la pensée de guérir et de rétablir son peuple.
« Qui est celui qui engage son cœur ? », demande l'Éternel (v. 21). Et nous, sommes-nous chrétiens par conformisme et habitude ? Ou bien avons-nous vraiment notre cœur engagé pour le Seigneur ?
Peu de portions de l'Ancien Testament traduisent l'amour de Dieu de manière plus touchante que ces v. 1 à 14. Amour inconditionnel, s'exprimant envers des êtres qui n'avaient rien d'aimable, sa grandeur est mise en évidence par notre éloignement ! « L'Éternel m'est apparu de loin » (v. 3). Pensons à tout le chemin parcouru par le Fils de Dieu pour venir jusqu'à nous. L'amour du Dieu d'éternité est un amour éternel. Il est sa nature même (1 Jean 4 v. 8 et 16). Et chaque croyant en est personnellement l'objet dès l'éternité passée.
À l'appel pathétique du ch. 3 v. 4: « Mon Père ! Tu es le conducteur de ma jeunesse », l'Éternel peut maintenant répondre : « Je serai pour père à Israël » (v. 9). Il sera sensible aux larmes de son peuple, qu'il avait jadis « racheté de la main d'un plus fort que lui » (v. 11), et il le rassemblera comme un berger son troupeau.
Ces versets rappellent à chacun de nous une vérité bénie. Dieu ne nous aime pas seulement lorsqu'il nous comble de grâces visibles (comme il le fera pour son peuple terrestre selon les magnifiques déclarations des v. 7 à 14). Dans nos moments les plus sombres, alors même que nous avons perdu par notre faute la jouissance de sa communion, Lui ne cesse jamais de penser à nous.
La belle restauration d'Israël annoncée dans la première partie du chapitre sera précédée de larmes amères. Le peuple affligé est vu sous la figure de Rachel, la femme de Jacob, pleurant ses enfants disparus. (Comme c'est souvent le cas dans l'Ecriture, ce v. 15 a reçu un accomplissement partiel, à l'occasion du massacre des petits enfants de Bethléhem : Matt. 2 v. 18). Mais il s'agira pour ce peuple d'une tristesse selon Dieu, celle qui « opère une repentance à salut dont on n'a pas de regret » (2 Cor. 7 v. 10). Les v. 18 à 20 nous montrent que Dieu entend très bien l'expression d'une semblable tristesse. Ecoutons Éphraïm raconter son histoire. La correction divine a été salutaire ; elle a amené sa conversion, accompagnée d'une vraie repentance. La connaissance de lui-même l'a couvert de honte et de confusion. Il condamne sa jeunesse coupable et indomptée. Chacun de nous peut-il faire le même récit ? Alors, écoutons également comment Dieu se plaît à nous appeler : « un fils précieux, un enfant de prédilection ». Notre confession rencontre aussitôt un témoignage personnel et intime de l'Amour éternel, ainsi que les ressources qui l'accompagnent : « J'ai rassasié l'âme lassée et j'ai rempli toute âme languissante » (v. 25).
Jérémie n'annonce pas seulement des événements fâcheux. Il a aussi de bonnes nouvelles pour le peuple. « Voici des jours viennent », dit-il, où l'Éternel rétablira la maison d'Israël et celle de Juda en vertu d'une nouvelle alliance. L'ancienne avait été rompue par le peuple. Celui-ci s'était montré incapable de faire face à ses obligations résumées dans la loi. Alors cette loi, Dieu ne la donnera plus aux siens sur des tables de pierre. Il la mettra au dedans d'eux (ils seront ainsi à l'image du Serviteur obéissant ; Ps. 40 v. 8). Il va l'écrire directement sur leur cœur régénéré (v. 33; 2 Cor. 3 v. 3). Autrement dit, c'est par amour et non par crainte qu'ils accompliront la volonté de l'Éternel. N'est-ce pas à plus forte raison le grand motif qui doit porter les enfants de Dieu à obéir à leur Père céleste ? Oui, laissons-le graver sur chacun de nos cœurs les enseignements de sa Parole. — « Ils me connaîtront tous, depuis le petit d'entre eux jusqu'au grand… ». Le Seigneur désire qu'il en soit ainsi dans chacune de nos familles.
Les v. 31 à 34 sont cités en Héb. 8 v. 10 à 12, ils se terminent par la promesse qui nous concerne aussi : « Je pardonnerai leur iniquité, et je ne me souviendrai plus de leur péché » (comp. Act. 10 v. 43). Car « Le sang de la nouvelle alliance » est aussi versé pour nous (Matt. 26 v. 28).
Ce ch. 32 s'ouvre sur des événements particulièrement critiques. Jérusalem, assiégée par l'armée babylonienne, est en train de vivre les derniers jours de son indépendance. Pour faire taire Jérémie, accusé de saper le courage des assiégés, le roi a pris soin de l'enfermer dans la prison du palais. Mais la captivité du prophète n'empêche pas la parole de l'Éternel de parvenir jusqu'à lui. Elle ne l'empêche pas non plus, conformément aux instructions qu'il reçoit, d'acheter le champ de son cousin Hanameël par l'intermédiaire du fidèle Baruc mentionné ici pour la première fois. Cet acte prend dans un tel moment une signification évidente et publique. Tout en sachant par la parole de l'Éternel que la ruine est imminente et inévitable, Jérémie montre ainsi sa foi dans la même Parole divine, selon laquelle la restauration d'Israël s'accomplira ensuite tout aussi certainement (ch. 31). La situation personnelle du prophète est sans issue (en quoi un champ peut-il être utile à un prisonnier ?), celle du peuple est désespérée ; humainement Jérémie n'a plus rien à attendre ni de ses compatriotes, ni des ennemis chaldéens. Mais contre toute espérance, il croit avec espérance (voir Rom. 4 v. 18). Et ce champ qu'il achète en rend témoignage à tous.
Encore aujourd'hui, lorsque quelqu'un achète un terrain ou une maison, un certain nombre de formalités doivent être remplies devant le notaire et les autorités. Après quoi le nouvel acquéreur reçoit une pièce officielle prouvant sa qualité de propriétaire. Jérémie conservera soigneusement les lettres attestant que le champ lui appartient (v. 14). Par la Parole de sa grâce, Dieu garantit à ses enfants « un héritage avec tous les sanctifiés » (Act. 20 v. 32). Et nous pouvons affirmer comme Paul : « Je suis persuadé qu'il a la puissance de garder ce que je lui ai confié, jusqu'à ce jour-là » (2 Tim. 1 v. 12). Cette fin du royaume de Juda ressemble d'ailleurs à bien des égards aux jours de la 2º Épître à Timothée. Au milieu de la ruine, Jérémie, seul et prisonnier comme l'apôtre, sait qui il a cru. Sa prière monte vers l'Éternel (v. 16 à 25). Il met en contraste la détresse actuelle avec les bénédictions d'autrefois. Mais il connaît la grande puissance du Seigneur (v. 17), sa bonté (v. 18) et la grandeur de son conseil (v. 19; comp. 2 Tim. 1 v. 7). « Aucune chose n'est trop difficile pour toi », peut-il dire. C'est ce que, dans sa belle réponse, Dieu lui confirme — et nous confirme (v. 27; comp. Matt. 19 v. 26).
De nouveau l'Éternel s'adresse à son serviteur en prison. Il a encore de précieuses révélations à lui faire et il l'engage à prier pour les obtenir (v. 3; Amos 3 v. 7). Dieu est toujours prêt à nous instruire de choses grandes et cachées que nous ne savons pas. Mais il nous invite à les Lui demander d'abord.
Jérémie va entendre parler de ce qui lui tient le plus à cœur : la restauration de son peuple après le désastre qui va fondre sur lui. Il existe, dans certaines régions dont le sol est ingrat, des villages entiers abandonnés à la suite du dépeuplement des campagnes. Peu de spectacles sont aussi lugubres. Combien pire devait être la désolation d'une cité comme Jérusalem dévastée et brûlée après l'exil de ses habitants (v. 10; voir Néh. 2 v. 13, 14). Mais les promesses de Dieu sont formelles : la joie et l'animation rempliront de nouveau la ville. Un nouveau nom lui sera donné : « l'Éternel notre justice » (v. 16) ; il nous rappelle que personne non plus n'entrera dans la cité céleste en vertu de sa propre justice. Tout y sera exclusivement fondé sur celle de Christ. Et les deux familles par lesquelles les relations du peuple avec Dieu étaient assurées : celle des rois et celle des sacrificateurs, seront de nouveau représentées (v. 17, 18).
Pendant que se déroule le siège de Jérusalem, l'Éternel charge Jérémie d'un message personnel pour le roi Sédécias (v. 2 à 6), sans doute celui auquel fait allusion le ch. 32 v. 3. Dieu promet au roi de l'épargner et de lui accorder une mort paisible. Les v. 8 et 9 nous apprennent en effet que les intentions de cet homme n'étaient pas mauvaises. Il était même animé d'une certaine bienveillance envers Jérémie (ch. 38 v. 10, 16). Mais il manquait totalement de force de caractère. Il n'avait pas l'énergie que la foi donnera à Néhémie dans une occasion comparable (voir Néh. 5). Après avoir décrété la mise en liberté de tous les serviteurs hébreux, Sédécias n'est pas capable de faire respecter longtemps cette décision. Alors l'Éternel rappelle quelles sont à ce sujet les instructions précises de la loi, dont les pères déjà n'avaient tenu aucun compte. Et nous nous souvenons des enseignements concernant le serviteur qui, par amour, ne veut pas sortir libre, beau type du Seigneur Jésus (Ex. 21 v. 2 à 6).
Dieu va se servir de la méchante action de ces hommes pour illustrer le châtiment qu'il leur réserve. Il va agir comme eux, c'est-à-dire leur retirer la liberté qu'il leur avait jadis accordée et les assujettir au roi de Babylone (Luc 6 v. 38).
Cette fois Jérémie a devant lui un service qui se révèlera plus encourageant. Dieu l'a chargé d'inviter les membres de la famille des Récabites dans la maison de l'Éternel afin de les mettre à l'épreuve. Boiront-ils le vin que leur versera le prophète ? Avec fermeté, ces hommes refusent les coupes qui leur sont présentées et en font connaître la raison. En vrais nazaréens, ils sont voués à s'abstenir de ce qui parle des joies du monde (Nomb. 6 v. 1 à 3). De plus, réalisant le caractère d'étrangers sur une terre où ils ne font que séjourner (fin du v. 7), ils ne sèment ni ne bâtissent, mais ils habitent sous des tentes. Toute cette conduite, précisent-ils, leur a été dictée par leur ancêtre Jonadab, cet homme fidèle que 2 Rois 10 v. 15… nous montre prenant fermement position pour l'Éternel.
Plusieurs d'entre nous ont eu des parents ou grands-parents qui leur ont enseigné — sans qu'ils la comprennent toujours — la séparation d'avec un monde où le chrétien est étranger comme l'a été son Seigneur. Plus que jamais elle doit être réalisée à la veille de Son retour (Apoc. 22 v. 11, 12). Et Il ne nous invite pas à nous abstenir des joies du monde sans nous avoir d'abord donné, en Lui-même « une joie ineffable et glorieuse » (1 Pier. 1 v. 8).
Les fils de Récab auraient facilement pu faire valoir que, depuis les instructions de leur ancêtre, plus de 250 ans s'étaient écoulés, qu'il était nécessaire de « vivre avec son temps », ou qu'un comportement extérieur était sans valeur à côté des dispositions du cœur. Certains invoquent aujourd'hui de tels prétextes pour élargir le chemin. Eh bien non ! Et Dieu se plaît à le reconnaître lui-même : « les fils de Jonadab, fils de Récab, ont observé le commandement de leur père » (v. 16). D'une génération à l'autre, ils avaient maintenu fermement, sans bruit (mais certainement pas sans opprobre et sans souffrances) la pieuse ligne de conduite tracée par leur devancier. Sous les règnes les plus odieux d'Achaz, de Manassé et d'Amon, ils avaient compté parmi les fidèles cachés que l'Éternel connaissait, comme les sept mille au temps d'Elie (1 Rois 19 v. 18). Et nous n'aurions rien su de cette famille si Dieu n'avait voulu se servir d'elle pour rendre un témoignage public à tout Juda. Oui, l'exemple des Récabites soulignait la désobéissance du peuple de Jérusalem,… de même qu'aujourd'hui la manière de vivre des chrétiens devrait condamner par contraste un monde révolté contre Dieu et parler à sa conscience.
Nous avons déjà fait la connaissance de Baruc, secrétaire et ami fidèle de Jérémie (ch. 32 v. 12). Son nom signifie « béni ». Bien qu'appartenant à une noble famille (son frère Seraïa était premier chambellan du roi ; ch. 51 v. 59), cet homme avoit choisi la compagnie du prophète captif, haï et méprisé plutôt que celle des princes à laquelle sa naissance lui donnait droit. Il nous fait penser à Onésiphore, ce frère dévoué qui visitait Paul dans sa prison à Rome, au sujet duquel ce dernier peut écrire à Timothée : « Il m'a souvent consolé et n'a point eu honte de ma chaîne,… et tu sais mieux que personne combien de services il a rendus dans Éphèse » (2 Tim. 1 v. 16 à 18). Baruc, lui aussi, est toujours prêt à servir malgré les risques que cela comporte. Oui admirons — et souhaitons posséder — ce beau zèle dicté par l'amour à la fois pour Dieu, pour son serviteur et pour son peuple. Il s'agit ici d'écrire, sous la dictée de Jérémie prisonnier, les paroles de Dieu lui-même (comp. aussi Rom. 16 v. 22) ; puis de les lire, le jour du jeûne, aux oreilles de tout Juda. Un auditeur nommé Michée, spécialement attentif, s'empresse d'informer les princes et ceux-ci convoquent Baruc pour qu'il leur donne une audition particulière du contenu de ce rouleau.
Nous avons laissé Baruc assis au milieu des princes de Juda, occupé à leur lire les paroles de l'Éternel. Effrayés, ces hommes se regardent les uns les autres. La question leur paraît trop sérieuse pour ne pas en parler au roi. Ce dernier, mis au courant, ordonne qu'on lui fasse aussi la lecture de ce redoutable rouleau. Nous remarquons que son contenu ne nous a été donné ni lors de sa rédaction, ni à l'occasion des trois lectures qui en sont faites. Mais il est permis de penser que le ch. 25 de notre livre en faisait partie (comp. respect. v. 1 et 29 avec ch. 25 v. 1 et 9).
Après avoir écouté un moment avec une irritation grandissante, le roi s'empare du rouleau, le taillade et le jette au feu. C'était sa manière insensée de se débarrasser du jugement. Or, non seulement il ne pouvait détruire avec le rouleau une seule des paroles qui y étaient écrites (au contraire, sur l'ordre de l'Éternel un autre vient le remplacer, sur lequel sont ajoutées encore « plusieurs paroles semblables »). Mais le roi attirait ainsi que sa tête un châtiment supplémentaire (v. 30, 31; Prov. 13 v. 13).
Combien de personnes méprisent la Parole de Dieu, sans que ce soit nécessairement en imitant le geste téméraire de Jehoïakim (Ps. 50 v. 17; 1 Jean 4 v. 6) !
Le ch. 37 nous replace au temps de Sédécias. Mieux intentionné, mais plus faible que son prédécesseur, ce roi est également resté sourd à toutes les paroles de l'Éternel. Ce qui ne l'empêche pas, comme au ch. 21, de consulter Jérémie et de réclamer son intercession. Bien souvent nous sommes davantage portés à faire des demandes au Seigneur qu'à écouter ce que lui veut nous dire. Mais si nous désirons qu'il réponde à nos prières, commençons donc par Lui obéir (Jean 15 v. 7) !
Les événements semblent un moment contredire ce que le prophète a annoncé. Au lieu de prendre Jérusalem, les Chaldéens menacés par l'armée égyptienne ont levé le siège et s'en sont allés. La ville paraît délivrée. Situation toute provisoire, l'Éternel le rappelle à Jérémie ! Celui-ci pense en profiter pour quitter la ville condamnée, mais il est reconnu et amené aux princes sous l'inculpation de trahison. Du temps de Jehoïakim, les princes semblent avoir eu de meilleures dispositions que le roi (ch. 36 v. 19). Sous Sédécias c'est le contraire. Alors que Jérémie a été battu et emprisonné par ces princes, le roi se ménage avec lui une entrevue secrète, et ensuite il améliore les conditions de sa captivité.
Les princes sont exaspérés contre Jérémie qu'ils accusent de tenir des propos défaitistes. Ils obtiennent du roi l'autorisation dont ils ont besoin pour le jeter dans la fosse et l'y laisser mourir. Grande est la détresse de l'homme de Dieu dans ce puits immonde et bourbeux. Mais il invoque l'Éternel et reçoit cette précieuse réponse : « ne crains pas » (lire Lam. 3 v. 52 à 57). La délivrance est prête. Dieu en a préparé l'instrument : quelqu'un qui ne faisait même pas partie du peuple, un serviteur noir du palais, nommé Ebed-Mélec (il nous fait penser au jeune homme dont Dieu se sert pour la délivrance de Paul : Act. 23 v. 16). Sédécias est influençable pour le bien comme pour le mal ; il se laisse fléchir. Et nous assistons à l'opération laborieuse de la sortie du sombre puits, qui souligne le dévouement d'Ebed-Mélec.
Faussement accusé, battu, jeté dans cette fosse affreuse, Jérémie est tout spécialement ici une figure du Seigneur Jésus. La fin du v. 6 nous fait penser au v. 2 du Ps. 69: « Je suis enfoncé dans une boue profonde, et il n'y a pas où prendre pied… ». C'est une image des souffrances et de la mort de Christ. Et le v. 13 peut être rapproché du début du Ps. 40 relatif à sa résurrection : « Il m'a fait monter hors du puits de la destruction, hors d'un bourbier fangeux… ».
Le pauvre Sédécias, tourmenté de soucis et d'incertitudes, convoque de nouveau secrètement Jérémie. Celui-ci l'exhorte à sortir « franchement » vers les chefs chaldéens et à se rendre. Il l'avertit de ce qui l'attend s'il ne le fait pas : il est menacé d'avoir ses pieds comme « enfoncés dans le bourbier » (v. 22). Sans doute le prophète dit-il cela en pensant à son expérience récente. Mais quelle différence entre les deux hommes ! Tout en sachant bien quelle était la volonté de Dieu, Sédécias est sans force pour l'accomplir parce qu'il est dominé par la crainte des hommes : crainte des Chaldéens, crainte des princes (v. 5 et 25), crainte des Juifs déjà transportés (v. 19; voir Prov. 29 v. 25). Seule, la vraie crainte de Dieu paraît absente de sa pensée. Oui, quel contraste avec l'assurance que la foi donne à Jérémie ! Cette rencontre nous fait penser à la scène du ch. 26 des Actes où nous voyons Paul prisonnier comparaître devant le roi Agrippa. Il peut lui parler « hardiment » (v. 26) et termine en disant : « Plût à Dieu que vous deveniez de toutes manières tels que je suis, hormis ces liens » (v. 29). Qu'il nous soit donné à nous aussi d'être tels que Paul et que Jérémie, toujours pleins de courage devant les hommes parce que le Seigneur est avec nous (Héb. 13 v. 6).
Et c'est la prise, tragique, de Jérusalem ! — Sédécias et ses guerriers s'enfuient à travers les jardins. Trop tard ! Ils sont rejoints, enchaînés, conduits au roi de Babylone. Onze ans plus tôt, ce dernier avait lui-même placé Sédécias sur le trône de Juda et lui avait fait prêter un serment de fidélité en jurant par Dieu (2 Chron. 36 v. 13; Éz. 17 v. 18 à 20). En se révoltant avec l'appui de l'Égypte (ch. 37 v. 7), Sédécias avait manqué à sa parole et montré aux ennemis d'Israël le peu de cas qu'il faisait du nom de l'Éternel, auquel Nebucadnetsar par contre avait attaché de la valeur. D'où le cruel châtiment que subit le roi lâche et parjure.
Une parole personnelle est adressée à Ebed-Mélec dans les v. 15 à 18. Dieu connaissait ses craintes (v. 17) — de même qu'il connaît toutes nos inquiétudes — et il ne les condamne pas. Mais alors que les craintes de Sédécias l'avaient conduit à s'appuyer sur des hommes pour échapper à d'autres hommes, la peur éprouvée par Ebed-Mélec le rejetait sur l'Éternel. « Tu as eu confiance en moi », dit l'Éternel. Beau témoignage qui ouvre à cet humble esclave étranger l'accès aux promesses de grâce du ch. 17 v. 7 et 8 (comp. Ps. 37 v. 3, 39, 40 et Ruth 2 v. 12).
Qu'est devenu Jérémie au milieu de ces événements ? Resté dans la cour de la prison « jusqu'au jour où Jérusalem fut prise » (ch. 38 v. 28), il a été enchaîné au milieu de tous les autres captifs, et il a fait partie jusqu'à Rama du lugubre cortège des déportés conduits en exil. Cependant Nebuzaradan, le chef des gardes chargé des prisonniers, a reçu du roi de Babylone lui-même des instructions bienveillantes au sujet de Jérémie. Non seulement il ne doit lui être fait aucun mal, mais le prophète est invité à décider lui-même de son sort. Ira-t-il à Babylone où se trouvent les « bonnes figues » du ch. 24, ces transportés que l'Éternel a promis de protéger et de faire prospérer ? Ou restera-t-il avec ces pauvres du pays qui sont laissés en Judée ? Malgré la liberté qui lui est laissée, le prophète s'abstient de choisir lui-même (v. 5), en quoi il nous donne une nouvelle leçon de dépendance. Ce n'est pas son bien-être qui est en question, mais le désir de se trouver à l'endroit où Dieu veut le placer pour Son service. Sans direction spéciale d'en haut, il laisse le chef des gardes choisir à sa place et reconnaît dans le conseil qui lui est donné la volonté de l'Éternel. C’est un exemple à suivre toutes les fois que notre chemin n’est pas clair (comp. Gen. 13 v. 9).
Avec la destruction de Jérusalem et la captivité de son dernier roi, Nebucadnetsar a supprimé toute possibilité de révolte dans le royaume de Juda. Il y a pourtant maintenu un certain nombre d'habitants parmi les plus pauvres, afin de ne pas laisser le pays à l'abandon, et a placé à leur tête Guedalia, un gouverneur qui a la faveur de tous. Pendant ce temps, nous voyons l'Éternel veiller en grâce sur ces réchappés de la transportation en faisant prospérer leurs récoltes (v. 12; comp. prov. 30 v. 25).
Hélas ! Cette période favorable ne dure pas. Dieu, qui connaît les cœurs, permet de nouveaux événements tragiques afin de manifester leur état. Sous la figure du roi des fils d'Ammon (v. 14) réapparaît un vieil ennemi d'Israël qu'on pouvait croire anéanti. Mais il existe toujours, et ses méchantes dispositions n'ont pas changé ; la faiblesse du peuple est maintenant pour lui l'occasion de les montrer. Ainsi en est-il de Satan, notre grand adversaire. Il ne désarme jamais et cherche toujours à profiter de ce qui a affaibli notre résistance (fatigue, paresse, manque de vigilance…).
Avec l'appui de Baalis, Ismaël, jaloux sans doute de l'autorité de Guedalia, organise un complot pour l'assassiner lâchement, ainsi que les Juifs qui sont avec lui à Mitspa.
La nouvelle de l'affreux massacre de Mitspa est parvenue aux oreilles de Jokhanan. Il se porte rapidement au-devant de la troupe d'Ismaël et, à sa venue, tout le peuple que ce dernier emmenait en captivité chez les fils d'Ammon s'empresse de changer de camp. Ismaël lui-même, constatant qu'il a affaire à plus fort que lui, échappe avec huit hommes et trouve refuge auprès de Baalis son protecteur. De leur côté Jokhanan et le peuple délivré habitent à l'hôtellerie de Kimham près de Bethléhem (peut-être la même où, plus tard, il ne sera pas trouvé place pour le Fils de Dieu — Luc 2 v. 7).
Mais tout danger est loin d'être écarté pour ces pauvres gens. Le meurtre du gouverneur établi par le roi de Babylone expose maintenant les Juifs à la colère de celui-ci dès qu'il sera informé. Nebucadnetsar, poussé à bout par les rebellions successives du peuple de Juda, ne peut manquer d'intervenir avec la dernière sévérité, les innocents payant cette fois pour les coupables. Dans leurs craintes et leur perplexité, Jokhanan et ses compagnons se tournent avec une apparente humilité vers Jérémie que nous retrouvons ici au milieu d'eux. Il est le porteur de la Parole de Dieu, et celle-ci est, répétons-le, la seule source de lumière pour nous comme pour ce peuple (Ps. 119 v. 105).
En Ésa. 30 v. 2 (lire tout le pargraphe), l’Éternel déclare : « ils s’en vont pour descendre en Égypte, et ils n’ont pas interrogé ma bouche ». Ici, Dieu a bien été consulté par l’intermédiaire de son prophète, mais le peuple n’obéira que si la réponse correspond à ses intentions.
Dix jours s'écoulent. Le prophète ne se hâte pas de répondre, attendant lui-même la révélation de la pensée divine.
Pourquoi le Seigneur tarde-t-il souvent à exaucer nos prières ? Il veut mettre à l'épreuve notre confiance en lui. Or la foi est toujours patiente. Aussi le temps seul permet-il de reconnaître si notre prière a été celle de la foi, ou si au contraire, fatigués d'attendre, nous avons fini par chercher nous-mêmes une solution à notre difficulté.
La question posée était la suivante : Faut-il descendre en Égypte ou demeurer dans le pays ?
Par la bouche de Jérémie, l'Éternel fait connaître sa réponse pleine de grâce mais péremptoire : Restez dans le pays ! Vous y serez bénis. Le roi de Babylone sera incliné à la bienveillance et à la miséricorde. Ce serait votre perte que d'aller en Égypte.
Amis croyants, quel que soit le chemin qui s'ouvre devant nous, gardons-nous de nous y engager avant de connaître la volonté du Seigneur.
En s'adressant à Jérémie, le peuple s'était engagé solennellement à écouter la voix de l'Éternel « soit bien, soit mal » (ch. 42 v. 6). Or la réponse était aussi claire que possible : ils ne devaient pas partir. Mais cette défense ne s'accordait pas avec les secrètes intentions de Jokhanan et de ses compagnons. Ils s'étaient séduits eux-mêmes dans leurs âmes (ch. 42 v. 20), étant décidés à aller en Égypte. Et le v. 17 du ch. 41 nous montre qu'ils avaient déjà fait ce projet en arrivant à Kimham, avant même de consulter Jérémie. N'est-ce pas se moquer de Dieu que de Lui demander sa volonté en sachant très bien d'avance ce qu'on a l'intention de faire ? Hélas ! Un tel manque de droiture est peut-être plus fréquent que nous ne le pensons et nous avons tous besoin de prendre garde à nos cœurs rusés (ch. 17 v. 9).
Une fois de plus Jérémie souffre injustement. Il est accusé par ces « hommes orgueilleux » de mentir et de chercher la servitude et la mort du peuple, lui qui, au contraire, va donner la mesure de son amour en accompagnant encore ce peuple dans son voyage désastreux.
Ils ont cru se mettre à l'abri, mais c'est justement là que Nebucadnetsar les atteindra (v. 11). Les dispositions prises par manque de foi attirent souvent sur nous l'épreuve même que nous voulions éviter.
« Qu'as-tu affaire d'aller en Égypte pour boire les eaux du Shikhor ? » avait demandé l'Éternel au début de ce livre (ch. 2 v. 18). Et Il savait bien pour quelle raison il ne voulait pas de ce voyage en Égypte (comp. Deut. 17 v. 16). L'affreuse idolâtrie de Juda, en particulier depuis le temps de son roi Manassé, avait été la cause des jugements qui venaient de les frapper. Or l'Égypte était, elle aussi, vouée aux idoles (qu'importe si elles portaient des noms différents) et le peuple risquait de s'y corrompre encore davantage. Ce qui n'a pas manqué de se produire ! Nous pouvons être certains qu'en nous fermant un chemin, Dieu veut nous protéger contre des dangers que lui connaît, même si, sur le moment, nous ne comprenons pas ses motifs. En insistant, en agissant selon notre propre sagesse, nous ne pouvons donc que nous faire le plus grand tort à nous-mêmes.
« Pourquoi faites-vous un grand mal contre vos âmes ? », demande ici l'Éternel au peuple. Oui, ne le perdons pas de vue, c'est à nos âmes que nous causons du dommage en n'accomplissant pas la volonté du Seigneur (Prov. 8 v. 36; Hab. 2 v. 10).
Gens de cou raide, malgré toutes les pénibles leçons reçues, ces Juifs ne s'étaient pas humiliés jusqu'à ce jour ; leur orgueil n'était pas brisé (v. 10; ch. 43 v. 2).
Délibérément le peuple choisit de servir les idoles, ainsi qu'avaient fait leurs pères, et il n'a pas honte de le déclarer. Il est en rébellion ouverte contre l'Éternel. Moralement, que de chemin a été parcouru depuis Jos. 24 où Israël, monté d'Égypte en Canaan, suivait son conducteur pour prendre cet engagement : « Loin de nous que nous abandonnions l'Éternel pour servir d'autres dieux… nous servirons l'Éternel, car c'est lui qui est notre Dieu » (lire Jos. 24 v. 16, 18). Et, avec une entière mauvaise foi, ces Juifs attribuent leur misère actuelle au fait d'avoir cessé de vénérer « la reine des cieux » (comp. ch. 7 v. 18). Alors que l'Éternel les avait avertis que l'épée, la peste et la famine les attendaient en Égypte, au moment où ces malheurs surviennent, ils en prennent prétexte pour renouveler leurs sacrifices à ces idoles ! Combien de gens raisonnent de la même manière : Dieu ne m'a pas donné ce que je désirais ! Qu'à cela ne tienne ; je me tourne du côté du monde (dont l'Égypte est toujours l'image) ; lui ne me refusera rien.
Misérable cœur humain ! Ces versets nous apprennent aussi qu'il peut être simultanément sous l'emprise de l'incrédulité orgueilleuse et de la plus ténébreuse superstition (2 Cor. 4 v. 4).
Jérémie a fait le rappel des abominables péchés du peuple. Il a pris note de l'outrageuse réponse de cette assemblée de rebelles. Il en tire maintenant les conclusions. Elles sont effrayantes ! À l'exception d'un fort petit nombre, ce peuple va périr en Égypte sous le coup des calamités qui l'attendent (et dont « la reine des cieux » sera bien incapable de les protéger). Il n'en sera plus jamais question.
Mais, dans ces temps de ruine générale, il est consolant de constater que « le Seigneur connaît ceux qui sont siens » (2 Tim. 2 v. 19). Tout un petit chapitre est consacré à Baruc. L'Éternel a pour lui une parole personnelle, tout à la fois de remontrance et de réconfort. Cet homme a été — avec Jérémie qu'il n'a pas quitté — l'objet de calomnies et d'accusations publiques (ch. 43 v. 3). Toutefois ce qui importait, c'était ce que Dieu pensait de lui (2 Tim. 2 v. 15). Baruc, descendant de famille princière, avait peut-être espéré jouer un rôle, prendre la tête d'un peuple humilié et restauré. Aussi le découragement l'a-t-il atteint (v. 3; Prov. 24 v. 10). Mais l'Éternel l'exhorte : « Tu chercherais pour toi de grandes choses ? Ne les cherche pas » (v. 5). De notre part non plus, le Seigneur n'attend pas de grandes choses… à l'exception d'une chose très grande à ses yeux : la fidélité (comp. Apoc. 3 v. 8).
De même qu'Esaïe dans ses ch. 13 et suivants, Jérémie est maintenant amené à prophétiser au sujet des nations. La première est précisément l'Égypte où le peuple a cru trouver un refuge. Image du monde idolâtre : des jugements terribles vont tomber sur elle. Et nous nous souvenons des déclarations du Nouveau Testament au sujet de ce monde qui s'en va (1 Jean 2 v. 17), de la figure de ce monde qui passe (1 Cor. 7 v. 31).
Le roi d'Égypte est l'objet d'une comparaison ironique et sévère : « Le Pharaon… n'est qu'un bruit » (v. 17). Un bruit peut effrayer un instant, mais qu'y a-t-il de plus fugace et de plus inutile ? Combien de grands, et de moins grands, personnages de ce monde ne sont rien de plus qu'un « bruit » passager ! Les journaux de cette semaine leur consacrent des colonnes ; dans un mois ou dans un an, ils auront sombré dans l'oubli.
Une autre triste parole est ajoutée au sujet de ce Pharaon : Comme son lointain prédécesseur de l'Exode qui avait endurci son cœur, cet homme « a laissé passer le temps » (comp. Jean 12 v. 35). Chers jeunes lecteurs, c'est là une pensée sérieuse. Le temps de vous convertir, le temps de servir le Seigneur ici-bas, le temps aussi de répondre à l'invitation de Luc 22 v. 19, ne les laissez point passer !
Au milieu de ces jugements contre les nations, l'Éternel prend soin d'intercaler une parole destinée à rassurer le futur résidu d'Israël. De la même manière, quand l'avenir s'assombrit pour le monde, l'enfant de Dieu est invité à ne pas craindre et à se souvenir de son espérance (2 Thess. 2 v. 16, 17).
Dans le ch. 47, c'est la Philistie qui est condamnée. Nous savons que cet ennemi traditionnel d'Israël était installé à l'intérieur des frontières, contrairement aux autres nations (Moab, Ammon, Edom…) dont il sera question dans les chapitres suivants. Si ce peuple a été parfois tributaire, en particulier sous le règne de David (2 Sam. 8 v. 1), cependant Israël, même du temps de ses plus puissants rois, n'a jamais pu lui arracher les villes (Gaza, Askalon…) qui faisaient partie de son territoire. Tirant leur origine de l'Égypte (Mitsraïm : Gen. 10 v. 6 note, 13, 14), les Philistins nous parlent des « professants » inconvertis de ce monde qui prennent place sans en avoir le droit dans le pays de la bénédiction. Ils se réclament des privilèges chrétiens sans avoir la vie qui y donne droit ; ils prétendent être des enfants de Dieu, tout en étant les ennemis de Son peuple et de la vérité. Nous devons les traiter pour ce qu'ils sont en réalité et ne leur faire aucune concession.
Après le court chapitre consacré à la Philistie, l'Éternel a en revanche beaucoup à dire au sujet de Moab. Ce peuple avait mis sa confiance dans ses ouvrages, dans ses trésors (v. 7), dans son dieu Kemosh (v. 13) et dans ses hommes de guerre (v. 14). Or non seulement ces secours sur lesquels il comptait ne le délivrent aucunement, mais ils sont la cause du jugement qui tombe sur lui (v. 7).
Quelque chose d'essentiel avait manqué à Moab. Si étonnant que cela puisse paraître, c'était… des épreuves. Le vin nouveau doit d'abord être transvasé de tonneau en tonneau jusqu'à ce qu'il devienne clair, « dépouillé », toute sa lie s'étant peu à peu déposée. Mais Moab n'avait jamais subi ce traitement. Il avait été « à son aise dès sa jeunesse » (v. 11; Zach. 1 v. 15) ; il n'avait pas appris par des circonstances difficiles à se connaître de manière à perdre son mauvais goût d'origine (c'est ce résultat que l'Éternel va chercher à produire chez Israël en l'envoyant en captivité). Oui, le Seigneur sait ce qu'il fait quand il nous remue et nous arrache à notre nonchalance (Ps. 119 v. 67). Ces « transvasements » désagréables sont destinés à nous faire perdre chaque fois un peu plus de notre propre volonté, un peu de notre prétention, un peu de notre confiance en nous-mêmes.
Les fils d'Ammon avaient lâchement profité de la transportation des dix tribus pour s'approprier le territoire de Gad de l'autre côté du Jourdain. Par un juste retour des choses, après avoir indûment « hérité » d'Israël, ils deviendront son héritage (fin du v. 2). Nous avons vu hier Moab le moqueur devenir à son tour un objet de dérision (ch. 48 v. 26, 27), et il est remarquable de constater que les jugements que Dieu envoie sont souvent en rapport avec la faute commise envers autrui. De telles leçons, si nous savons les recevoir, nous permettront de mieux comprendre la portée de Matt. 7 v. 2 et 12, en nous incitant à ne pas faire aux autres ce que nous ne désirons pas qu'il nous soit fait.
Ce qui caractérise ici Edom, c'est son extrême arrogance. Niché comme l'aigle dans ses rochers escarpés et sauvages de la montagne de Séhir (v. 16), ce peuple se considérait comme invulnérable. Mais Dieu a su et saura de nouveau l'y trouver pour l'en faire descendre, réduisant son repaire en désert perpétuel (v. 13 et Abd. 4). Contrairement à Moab et à Ammon, l'Éternel ne fait en terminant aucune promesse à Edom de rétablir ses captifs. « Il n'y aura pas de reste de la maison d'Esaü » (Abd. 18; comp. ch. 48 v. 47 et ch. 49 v. 6).
Après Edom, il s'agit d'abord de Damas, avec Hamath et Arpad, villes principales de la Syrie ; puis de Kédar et de Hatsor où habitaient des tribus nomades. C'est enfin la sentence contre Elam (la Perse), nation éloignée d'Israël, alors que toutes les autres étaient ses voisines.
Dieu est juste. Il a mesuré exactement le châtiment de chacun de ces peuples et le proportionne aux privilèges reçus (Rom. 2 v. 6; Dan. 4 v. 35). Au ch. 2 v. 10, 11, l'Éternel avait précisément comparé Israël à Kédar, peuplade ignorante mais restée au moins fidèle à ses faux dieux, alors que Son peuple s'était détourné du vrai Dieu. Combien Israël instruit par la loi était plus coupable ! Rappelons-nous — spécialement si nous sommes enfants de parents chrétiens — ce sérieux verset : « À quiconque il aura été beaucoup donné, il sera beaucoup redemandé » (Luc 12 v. 48).
Tous ces peuples devaient tomber comme Juda au pouvoir de Nebucadnetsar (v. 30) et devenir autant de provinces du grand empire babylonien. Il était donc vain et insensé de la part des Juifs de se tourner vers ces voisins pour y chercher refuge et sécurité (Ps. 60 v. 11). Comment ceux-ci leur viendraient-ils en aide, eux qui ne pouvaient se délivrer eux-mêmes ?
Berceau de la mondanité et de la corruption, Babylone est la dernière des nations à entendre le jugement de l'Éternel. Parce que Jérémie prêchait la soumission à Nebucadnetsar, on l'avait accusé d'être favorable aux Chaldéens et de trahir son propre peuple. Eh bien ! Ces deux longs chapitres de la prophétie nous montrent ce que Dieu lui avait enseigné au sujet de Babylone. Il avait d'ailleurs déjà déclaré que si l'Éternel s'en servait pour discipliner Juda, le moment viendrait où, à son tour, la grande cité serait « visitée » en jugement et réduite en désolations perpétuelles (ch. 25 v. 12 à 14). Bel, Merodac (le dieu Marduk) et toutes ses autres idoles allaient honteusement disparaître avec ceux qui les servaient, tandis qu'Isarël et Juda ne seraient point « privés de leur Dieu, de l'Éternel des armées » (voir ch. 51 v. 5). Ces jugements qui allaient frapper Babylone contribueraient à ouvrir enfin les yeux et le cœur des captifs du peuple. Les v. 4 et 5 de ce ch. 50 nous montrent les larmes et l'humiliation qui accompagneront leur retour à l'Éternel, prélude de leur délivrance complète et finale. Le monde actuel est rempli de vaines idoles qui bientôt passeront avec lui. Instruits comme nous le sommes par la Parole de Dieu, pourrions-nous nous y attacher (1 Jean 5 v. 21) ?
On trouvera un plan résumant et expliquant ces ch. 50 et 51 dans la brochure « Sommaire du Livre de Jérémie » de H.R., dont nous recommandons la lecture.
Certes le châtiment d'Israël par le moyen des Chaldéens répondait à la volonté de Dieu. Mais l'acharnement et la cruauté que ceux-ci allaient apporter à son exécution justifieraient la « vengeance » dont Babylone serait ensuite l'objet. De plus, en s'attaquant à Israël, Babylone combattrait contre l'Éternel (fin du v. 24; voir Zach. 2 v. 8). En particulier, la destruction et le pillage du temple seraient une insulte personnelle envers Celui qui y avait mis sa gloire. Pour cette raison le châtiment de Babylone est appelé « la vengeance de Son temple » (v. 28 et ch. 51 v. 11).
Remarquons combien ces sombres chapitres sont en même temps remplis d'encouragements pour les fidèles du peuple de Dieu. L'Éternel, leur rédempteur, est fort ; et il prendra en main la cause d'Israël, sa « brebis chassée » pour la sauver de la gueule des lions qui la dévorent (v. 17 et 34). En ce temps-là, Son pardon aura effacé toutes ses fautes : « On cherchera l'iniquité d'Israël, et il n'y en aura point, et les péchés de Juda, et ils ne seront pas trouvés » (v. 20; Nomb. 23 v. 21).
Bien des expressions de ces chapitres sont reprises dans l'Apocalypse à propos de la Babylone future. Celle-ci n'est plus une ville, mais un vaste système religieux, contrefaçon satanique de l'Église de Christ, qui prendra tout son essor après que cette dernière aura été enlevée. Dans ce déploiement de mal, l'appel divin se fait entendre à plusieurs reprises : « Sortez du milieu d'elle, mon peuple » (ch. 50 v. 8; 51 v. 6 et 45; Zach. 2 v. 7; Apoc. 18 v. 4). En effet, rester à Babylone après la condamnation prononcée par Dieu, c'est d'une part participer à ses péchés, et d'autre part s'exposer à partager ses plaies. Un ordre semblable est adressé aujourd'hui par le Seigneur à tous les siens encore dispersés dans les différents milieux de la chrétienté professante : « Qu'il se retire de l'iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur » (2 Tim. 2 v. 19). Mais, tout en constatant autour d'eux cette iniquité, certains croyants estiment devoir, malgré tout, rester dans un milieu reconnu mauvais ; ils espèrent par leur bonne influence contribuer à son amélioration. C'est se bercer d'une illusion, et en même temps s'estimer plus sage que Celui qui leur enjoint d'en sortir (2 Cor. 6 v. 14 à 18).
« De loin souvenez-vous de l'Éternel et que Jérusalem vous vienne au cœur » (v. 50). Ce n'est pas sans savoir où aller que le résidu fidèle était invité à sortir du milieu corrompu de Babylone. Pour prendre cette décision courageuse, il fallait être d'abord attiré au dehors par de puissantes affections (Ps. 137 v. 5, 6). De même aujourd'hui, c'est « vers Lui », vers Jésus présent au milieu des « deux ou trois » réunis en son nom, que le croyant est invité à sortir hors du camp religieux de la profession chrétienne (Héb. 13 v. 13).
En terminant l'exposé de tous ses jugements, l'Éternel les signe d'un nom redoutable : « Le Dieu des rétributions » (v. 56). Mais, détail remarquable, ces paroles de jugement contre Babylone précèdent le récit de la destruction du temple au ch. 52. Il faut que la ruine des idoles babyloniennes soit annoncée avant que n'ait lieu effectivement celle du Temple (v. 47 et 52). Ainsi personne ne pourra penser que ces idoles sont réellement plus puissantes que le Dieu d'Israël. Sept années avant la prise de Jérusalem, toutes ces paroles devaient être écrites dans un livre. Et celui-ci, après lecture, devait être immergé au milieu de l'Euphrate par les soins de Seraïa, frère de Baruc, comme gage que Babylone serait engloutie.
Ce chapitre 52 ne fait plus partie des « paroles de Jérémie » (ch. 51 v. 64). De même que le ch. 39, il expose les événements qui ont mis fin au royaume de Juda, et il reproduit à peu de chose près le ch. 25 du 2º livre des Rois.
L'heure du jugement a sonné ; il frappe à la fois Jérusalem, son temple (v. 17 à 23), son roi, ses habitants. La ville est prise, Sédécias et son armée cherchent en prenant la fuite à échapper au filet qui se referme. Mais ce n'est pas aux Chaldéens, c'est à Dieu qu'ils ont affaire. Conduit à Ribla auprès de Nebucadnetsar, le roi de Juda a les yeux crevés, punition réservée aux vassaux félons, et, lié de chaînes d'airain, il prend le chemin de l'exil. Jusqu'à la fin de sa vie misérable, il gardera comme dernière vision le spectacle atroce de ses fils égorgés. Un mois plus tard, le chef des gardes revient à Jérusalem pour brûler et démanteler systématiquement la ville rebelle et faire un tri parmi la population. Le v. 15 mentionne des transfuges. Quelques-uns avaient donc écouté Jérémie.
Ces choses ne sont pas écrites (et répétées) à cause de leur intérêt historique, mais pour l'instruction de nos âmes, afin de nous servir d'avertissement (1 Cor. 10 v. 11). « Vous donc, bien-aimés, sachant ces choses à l'avance, prenez garde… » (lire 2 Pier. 3 v. 17, 18).
En assistant au pillage de la maison de l'Éternel, en regardant les Chaldéens briser et emporter ses belles et puissantes colonnes, nous sommes saisis de tristesse en pensant à ce qu'est devenu le témoignage d'Israël au milieu des nations. Mais que sont en comparaison les sentiments de l'Éternel devant la destruction de la maison sur laquelle Il avait mis son nom, et la ruine de Jérusalem (lire 1 Rois 9 v. 6 à 9) ! Quelle valeur prennent par contraste les promesses du Seigneur au vainqueur de Philadelphie ! « Celui qui vaincra, je le ferai une colonne dans le temple de mon Dieu… et j'écrirai sur lui le nom de mon Dieu et le nom… de la nouvelle Jérusalem… et mon nouveau nom » (Apoc. 3 v. 12). Chers amis, en terminant la lecture de ce livre de Jérémie, demandons au Seigneur qu'Il nous donne de faire partie de ces vainqueurs, c'est-à-dire de garder sa Parole et de ne pas renier son nom, jusqu'au moment de son retour.
Dieu ne permet pas que le livre s'achève sur un triste tableau. La grâce dont Jehoïakin est l'objet de la part du successeur de Nebucadnetsar (v. 31 à 34) est un témoignage des soins dont l'Éternel ne cessera d'user envers un faible résidu de son peuple.