Table des matières :
Avant que rien n'existe de tout l'univers actuel, Dieu qui n'a pas de commencement est présent. Et il nous permet d'assister au déroulement de son travail de création. Quand nous voulons fabriquer un objet quelconque, nous avons d'abord besoin d'un certain matériel. Mais à Dieu il suffit de parler pour que tout soit fait à partir de rien. Il dit, et voici que surgissent le ciel, la terre, la lumière, les nuées, les mers, le « sec », le firmament avec ses luminaires : le soleil, la lune, les étoiles innombrables, l'infiniment grand et l'infiniment petit, la prodigieuse variété des plantes et des animaux. Ce récit, à la fois majestueux et simple, apporte une réponse définitive à la grande question que les hommes, depuis toujours, n'ont cessé de se poser : « Qui a mesuré les eaux… réglé les cieux… pesé les montagnes… ? Qui a créé ces choses… ? » (Ésaïe 40:12, 26; Proverbes 30:4). Oui, qui a dessiné la forme parfaite des cristaux de neige, construit l'extraordinaire structure de l'insecte le plus ordinaire, choisi la couleur et le parfum de la fleur la plus commune ? Hébreux 1:2-3 nous donne la réponse : Jésus, l'auteur de notre salut, est également le Créateur de toutes ces merveilles (voir aussi Proverbes 8:27 à 31).
Une pendule témoigne de l'habileté de l'horloger qui l'a construite. Ainsi « les cieux racontent la gloire de Dieu et l'étendue annonce l'ouvrage de ses mains » (Psaume 19:1). « Regardez aux oiseaux du ciel… étudiez les lis des champs… », invite le Seigneur Jésus (Matthieu 6:26, 28). Hélas ! combien restent aveugles à ces beautés de la nature, ne savent pas y discerner « sa puissance éternelle et sa divinité » (Romains 1:20). À ces versets si clairs, les incrédules ont cherché à substituer leurs théories sur les origines de l’univers et de la vie. Mais ne craignons pas de voir jamais les spéculations de l'esprit humain ou les découvertes géologiques ébranler la moindre des déclarations divines. Rappelons-nous que dans ce domaine ce n'est pas la science qui peut instruire ni l'intelligence qui peut comprendre. C'est la Parole qui instruit et la foi qui comprend (lire Hébreux 11:3).
Quel contraste maintenant avec le verset 2! Là où régnaient les ténèbres, Dieu a fait luire la lumière. D'une scène de désolation, il a fait un monde ordonné et habitable. Mais la terre est encore vide. Et « le Dieu qui a formé la terre… ne l'a pas créée pour être vide », mais « pour être habitée » (Ésaïe 45:18). Par un dernier acte souverain il crée l'homme et le fait à son image, son représentant, chef sur toute la création.
« En six jours l'Éternel a fait les cieux et la terre, et le septième jour il s'est reposé et a été rafraîchi » (Exode 31:17). Il est lui-même réjoui de la joie qu'il a préparée à sa créature.
Dans la création, nous admirons la puissance de Dieu, capable de disposer des milliards d'étoiles dans l'immensité des cieux, d'imposer des limites à la mer, de contrôler les forces de la foudre et du vent, capable aussi de former un homme avec une poignée de poussière (Psaume 8:3). Nous admirons également sa sagesse qui a mesuré les temps et les saisons, déterminé un équilibre de toute la nature, donné des lois aux plantes et des instincts aux animaux (Psaume 104:24). Mais admirons aussi sa bonté. Il a fait les cieux, étendu la terre sur les eaux, établi de grands luminaires…, « car sa bonté demeure à toujours » (Psaume 136). Avec la tendresse d'une mère qui a préparé d'avance tout ce qui sera nécessaire à l'enfant qu'elle va mettre au monde, Dieu place l'homme dans des conditions idéales. Il l'installe dans un jardin de délices où il pourra participer au repos de son Créateur. En soufflant dans ses narines « une respiration de vie » (verset 7), Dieu en fait (à la différence de la bête) une âme vivante et impérissable, responsable devant Lui.
Dieu a placé l'homme au centre de sa belle création pour l'administrer comme un gérant. Il ne lui a défendu qu'une chose : manger du fruit de l'arbre de la connaissance. Cette mise à l'épreuve de son obéissance correspond à sa position de créature responsable. L'homme n'est pas comme l'animal soumis à des impulsions irraisonnées. Il est créé libre, donc tenu d'obéir à son Créateur. Nous assistons au premier acte de l'administration d'Adam : attribuer des noms aux êtres vivants. Ceux-ci sont là pour servir l'homme, mais quel que soit leur degré d'intelligence, aucun ne correspond à ses facultés supérieures, ni non plus aux exigences de ses affections. Or la solitude ne convenait pas pour l'homme ; il lui fallait quelqu'un pour partager ses pensées, jouir avec lui des dons divins, et rendre grâces avec lui à Celui qui les avait accordés. L'amour de Dieu comprend ce besoin et y répond en donnant à l'homme une femme, aide intelligente et douée d'affections comme lui.
En même temps nous avons là le mystère de l'Église, épouse d'un Christ entré dans le sommeil de la mort et qu'Il reçoit maintenant de la main de Dieu pour la nourrir et la chérir (Éph. 5:29…). « Ce mystère est grand » s’écrie l’apôtre : « nous sommes membres de son corps, de sa chair et de ses os ».
Le bonheur de l'homme en Éden aura été de courte durée. Sous la forme du serpent, le diable s'introduit dans le jardin et capte la confiance de la femme en même temps qu'il insinue dans son coeur la méfiance envers Dieu. Celui-ci ne vous aime pas — souffle-t-il — puisqu'il vous prive d'un si grand avantage. Non seulement vous ne mourrez point, mais « vous serez comme Dieu » (verset 5). Le Menteur excite ainsi l'orgueil et l'envie dans le pauvre coeur humain (lire en contraste Philippiens 2:6).
« La convoitise, ayant conçu, enfante le péché… » (Jacques 1:14, 15). L'homme a été trompé : la connaissance du bien et du mal ne lui a donné aucune force pour faire le bien et pas davantage pour éviter le mal. Son premier effet a été de lui donner conscience de sa nudité : ce qu'il est par nature, un état dont il a honte. Et la ceinture de feuilles de figuier qu'il s'est fabriquée ne fait qu'illustrer les vains efforts de l'humanité pour cacher sa misère morale. Mais « toutes choses sont nues et découvertes aux yeux de celui à qui nous avons affaire » (Hébreux 4:13). « Où es-tu ? » (verset 9). « As-tu mangé de l'arbre ? » (verset 11). « Qu'est-ce que tu as fait ? » (verset 13), autant de terribles questions qui excluent les faux-fuyants et les excuses.
Dieu apprécie la responsabilité de chacun des coupables et rend sa triple sentence. Au serpent est prédit le fait que « la descendance de la femme » (Christ), brisera sa tête, autrement dit détruira sa puissance. Aussitôt que le péché est entré dans le monde, Dieu fait ainsi connaître le remède qu'il avait par devers Lui. À la femme sont réservées les souffrances de la maternité ; quant à l'homme le travail pénible sera son lot jusqu'à ce que s'accomplisse pour l’un comme pour l’autre la sentence inéluctable « car le salaire du péché, c'est la mort » (Romains 5:12 ; 6:23). La foi dans le Rédempteur annoncé permet à Adam de répondre à cette condamnation à mort en appelant sa femme Ève : vivre. À son tour, l'Éternel répond à cette foi en remplaçant la ceinture des ressources de l'homme par des vêtements de peau qui nous enseignent cette vérité capitale : la seule justice dont l'homme puisse se parer est celle dont Dieu lui-même l'a revêtu. Mais, de même que ce vêtement de peau était la dépouille d'une victime, la justice dont Dieu couvre le pécheur est celle de Christ, l'Agneau mis à mort.
Combien il est consolant de constater que Dieu ne chasse pas l'homme du jardin avant de lui avoir révélé ses pensées de grâce et de salut !
Dès l'enfance de l'humanité, deux races se dessinent. Caïn, premier homme né sur la terre, est l'ancêtre de tous les propres justes. Satisfait de lui-même et de ses oeuvres, inconscient du péché et de ses conséquences, il se présente devant Dieu avec le fruit de son propre travail, fruit d'un sol maudit. Comment Dieu pourrait-il y avoir égard ? Abel, le second homme, est le chef de la lignée de la foi ; il ouvre la liste d'honneur du chapitre 11 des Hébreux (verset 4). Le sacrifice qu'il offre est « plus excellent » que celui de Caïn parce qu'il est présenté avec l'intelligence de la pensée de Dieu.
Après le péché de l'homme contre Dieu (chapitre 3), nous avons ici son péché contre son prochain. Caïn tue son frère. Et la Parole qui discerne les pensées et les intentions du coeur met son motif à nu : la jalousie. « Pour quelle raison le tua-t-il ? Parce que ses oeuvres étaient mauvaises et que celles de son frère étaient justes » (1 Jean 3:12). Quand plus tard le Seigneur Jésus vint sur la terre, les Juifs le mirent à mort pour le même motif. Sa perfection faisait ressortir leurs propres mauvaises oeuvres. Ils ont versé le sang du vrai Juste et leur châtiment est aujourd'hui celui de Caïn : ils sont dispersés et persécutés sur la terre.
Caïn, condamné à être errant et vagabond, cherche à éviter le sort que Dieu lui a assigné et s'installe dans le monde d'une manière confortable. Il construit une ville pour lui et ses descendants, et chacun y trouve une occupation de son choix. Mais le « progrès social » ne corrige pas la nature humaine. La race de Caïn ressemble à son chef. La violence et l'esprit de provocation du premier meurtrier de l'histoire se reproduisent chez son descendant Lémec. Ce tableau nous offre déjà un raccourci du monde actuel qui a mis à mort Jésus, le vrai Abel. Tout continue comme si rien ne s'était passé, comme si la croix n'avait pas eu lieu. On s'est organisé pour vivre sur la terre le plus agréablement possible. Rien n'y manque : sciences, arts, industrie et même religion. Jésus seul en est presque toujours absent.
Mais parallèlement à cette dynastie de Caïn, une autre race fait discrètement son apparition à la fin du chapitre. Seth prend la place d'Abel, et c'est alors qu'on commence à invoquer le nom de l'Éternel. La vie du juste mis à mort se perpétue en figure dans la lignée de la foi, nous montrant comment Christ, le second Homme, s'est acquis une famille, portant son nom, et vivant dans la crainte de Dieu. Lecteur, à laquelle des deux races appartenez-vous ?
Après la faillite de la lignée de Caïn, c'est comme si Dieu reprenait l'histoire de l'homme à son commencement (versets 1, 2). Nous avons ici la succession des noms qui forment ce qui a été appelé « le fil d'or de la foi » à travers les âges, celui qui conduira au Messie : la « descendance de la femme » promise après la chute. Il n'est pas question dans cette famille-là de beaucoup d'activité comme dans celle de Caïn. Le passage de l'homme de Dieu sur la terre ne laisse guère de trace. Il ne contribue pas beaucoup aux progrès du monde et l'histoire n'a pas grand-chose à dire de lui. Il naît, sert humblement son Dieu, a des enfants et meurt. Oui la mort est là, conséquence du péché, et le bref résumé de la longue vie de chacun de ces patriarches se termine par ces mots inexorables : « et il mourut » (8 fois). Satan, le menteur, avait affirmé : « vous ne mourrez point certainement » (3:4) mais Dieu a commandé : « tu retourneras à la poussière » (3:19), et ce chapitre 5 nous en apporte une solennelle confirmation. Toutefois Adam et ses premiers descendants ont atteint des âges records. De ce fait, avant l'existence de l'écriture, la vérité se transmettra oralement par aussi peu d'intermédiaires que possible (à peine sept entre Adam et Moïse).
Ce chapitre contient une exception étrange et remarquable à la loi de la mort. Hénoc vit 65 ans, marche ensuite avec Dieu pendant 300 ans, puis Dieu le prend. Aucun détail n'est donné ni sur cette marche avec Dieu ni sur l'enlèvement qui en est en somme le dernier pas. Mais quel beau résumé d'une vie !
Savons-nous ce que c'est que de marcher avec Dieu, même pendant un seul jour d'une seule année ? Par sa marche qui est celle de la foi, Hénoc a sa place dans la liste des brillants témoins du chapitre 11 des Hébreux (verset 5). Son nom signifie « instruit », et comme eux, enseigné par Dieu, au-delà des choses présentes, il contemple par la foi le Seigneur venant régner « au milieu de ses saintes myriades » (Jude 14). Cette vision le maintient séparé de ceux qui vont être jugés.
Bientôt comme Hénoc, tous les croyants vivants seront enlevés de la terre sans passer par la mort, quand, selon sa promesse, le Seigneur Jésus viendra chercher les siens (1 Thessaloniciens 4:17). Chacun de nos lecteurs est-il instruit de cette vérité, bienheureuse pour ceux qui sont prêts, solennelle pour ceux qui ne le sont pas ? Remarquons que Dieu n'envoie pas son jugement sur le monde sans avoir d'abord donné des promesses de bénédiction : Noé signifie consolation et repos.
Pierre et Jude font l’un et l’autre allusion à ce temps d’avant le déluge où des anges « n’ont pas gardé leur origine », et en subissent les conséquences (2 Pierre 2:4 ; Jude 6, 7).
Les hommes se sont multipliés sur la terre et avec eux le mal sous ses deux formes : corruption et violence (verset 11). L'humanité est-elle meilleure de nos jours ? Tout nous montre que non. Et l'Écriture nous prévient : « les hommes méchants… iront de mal en pis » (2 Timothée 3:13). Aujourd'hui comme alors, la gloire des hommes vaillants et de renom (fin du verset 4) : héros, champions sportifs, vedettes, etc… peut aller de pair avec la pire corruption. Or c'est au coeur des hommes que l'Éternel regarde, non à leurs prouesses (1 Samuel 16:7). Le verset 5 nous fait connaître le résultat tragique de cet examen : l'imagination de leurs pensées n'est que méchanceté en tout temps. « Le coeur des fils des hommes est plein de mal et la folie est dans leur coeur », confirme le Prédicateur (Ecclésiaste 9:3; voir aussi Jérémie 17:9).
Alors l'Éternel se repent d'avoir fait l'homme. Il va sans dire que Dieu ne fait jamais d'erreur. Mais la méchanceté de l'homme l'oblige à changer de dispositions, un peu comme quand des parents, à cause d'une désobéissance de leur enfant, renoncent à lui accorder un plaisir prévu.
Dieu décide donc de faire disparaître sa créature de dessus la terre, à l'exception de Noé, le seul qui marche avec lui.
Bien que Noé soit appelé un homme « juste », « parfait » par rapport à ceux de son temps (verset 9), ce n'est pas son mérite, mais la grâce seule qui va l'épargner (verset 8). Le moment est venu pour Dieu de lui faire connaître ses pensées et de lui donner ses instructions. Il est facile de se faire entendre et comprendre de quelqu'un qui marche avec vous. À ces communications, Noé répond par la foi. « Par la foi, Noé étant averti divinement… craignit et bâtit une arche pour la conservation de sa maison » (Hébreux 11:7). Il n'a rien d'autre que la parole de Dieu pour lui montrer que le jugement va venir. Mais elle lui suffit. Il bâtit l'arche et par elle condamne le monde. Chaque coup de son marteau rappelle à ses contemporains que le jugement approche. Et tant que dure la construction, la patience de Dieu attend (1 Pierre 3:20). Mais combien en profitent ? En dehors de la famille du patriarche, apparemment personne ! Aux fidèles avertissements du « prédicateur de justice » n'ont répondu qu'indifférence et moqueries. Aujourd'hui aussi, nombreux sont les moqueurs qui ne croient ni au retour du Seigneur ni au jugement (2 Pierre 2:5; 3:3 à 6). Ils ignorent volontairement ce que la Bible dit du déluge et considèrent ce récit comme une légende.
Noé a obéi non seulement en construisant l'arche, mais en la faisant, dans tous les détails, comme Dieu le lui avait commandé (chapitre 6:22). Il obéit maintenant pour y entrer au moment où l'ordre lui en est donné (verset 5). C'est dans l'obéissance à Dieu qu'est notre sûreté. Noé, homme pieux, va faire littéralement l'expérience du Psaume 32:6.
Le verset 16 nous rappelle qu'une autre porte, celle de la grâce, est encore ouverte aujourd'hui, mais pour combien de temps ? « Et la porte fut fermée » annonce solennellement Matthieu 25:10. Lecteur, de quel côté de cette porte serez-vous ? Dedans, avec Jésus et les siens ? Ou dehors avec tous ceux qui frapperont en vain et auxquels le Seigneur devra répondre : « Je ne vous connais pas » (Luc 13:27) ? Remarquons que c'est par l'Éternel lui-même que la porte de l'arche est fermée sur Noé, les siens et tous les animaux. Noé ne pouvait plus l'ouvrir à qui que ce soit, même s'il l'avait voulu. Maintenant que Dieu a fourni un moyen de salut, mis les siens à l'abri, fermé la porte de l'arche, il peut ouvrir les écluses des cieux.
Sous l'angle prophétique, Noé et sa famille représentent le résidu d'Israël. Après l'enlèvement de l'Église représenté par celui d’Hénoc, il traversera sain et sauf la grande tribulation finale et sera introduit dans le monde nouveau du millenium.
La longue patience de Dieu a pris fin. Les flots de son jugement se déversent sur la terre. À part l'arche qui se construisait, rien ne le laissait prévoir. Tout semblait aller pour le mieux. Le monde continuait son train joyeux. On mangeait et on buvait, on se mariait et on donnait en mariage. Ils ne connurent rien — dit le Seigneur — jusqu'à ce que le déluge vint et les emporta tous (voir Matthieu 24:37 à 39). Un sort aussi terrible que subit atteint tous ceux qui étaient restés sourds aux appels de la grâce. Et ce récit consigné dans la Parole de Dieu constitue de la bouche même du Seigneur Jésus, le plus solennel des avertissements pour se mettre en règle avec Dieu. Chacun aujourd'hui est invité à prendre place dans l'arche, autrement dit à trouver en Christ un abri contre la colère de Dieu. Mais si nous possédons en lui cette place de parfaite sécurité, n'oublions jamais que lui a traversé à notre place les eaux terribles du jugement divin. « Toutes tes vagues et tes flots ont passé sur moi » (Psaume 42:7).
Au milieu de ce cataclysme qui n'a jamais eu son égal, Noé et les siens jouissent d'une paix parfaite. Que les eaux se renforcent ou qu'elles diminuent, l'arche ne fera pas naufrage… ni non plus le croyant qui demeure en Christ.
Sans moyen de propulsion et sans gouvernail, l'arche que Dieu conduit d'une main sûre s'est posée sur les montagnes d'Ararat. Il semble que Noé pourrait sortir. Mais il attend, et bien des jours s'écoulent encore. Entré dans l'arche au commandement de Dieu, il ne va en sortir que sur un autre ordre divin. La colombe qui ne peut se poser nulle part et retourne à l'arche est une image de l'Esprit de Dieu qui n'a pas sa place dans un monde jugé. Mais lorsque Jésus paraitra, l'Esprit enfin pourra se poser sur Lui sous cette forme pure d'une colombe (Matthieu 3:16). Et il en est ainsi aujourd'hui du croyant, possédant le Saint Esprit : il ne trouve dans ce monde aucune nourriture, rien pour satisfaire son coeur. Au contraire, l'homme naturel s'y trouve à l'aise, à l'image du corbeau, oiseau impur selon Lévitique 11:15 qui se nourrit de chair corrompue.
Noé sort enfin de l'arche au commandement de l'Éternel. La première chose qu'il fait est d'offrir un sacrifice. Dieu a les premiers droits sur cette terre lavée de sa souillure, et il en monte vers Lui une odeur agréable.
N'avons-nous pas, nous aussi, connu souvent dans notre vie de petites ou de grandes délivrances ? Ne manquons jamais de rendre grâces ! Et en premier lieu pour « un si grand salut » (Hébreux 2:3).
La terre a été balayée des conséquences du péché. Mais la source du mal est toujours là, dans ce coeur humain que toute l'eau du déluge ne pouvait nettoyer.
Dieu bénit le patriarche et sa famille, et leur confie le gouvernement de la terre. Comment les descendants de Noé répondront-ils à cette divine bonté ? De la même manière que Caïn au chapitre 4: par du sang versé ! Dieu l'annonce : la violence reparaîtra. Oui, le sang du Fils de Dieu lui-même sera versé, et ce sera ce sang qui seul pourra laver le coeur humain.
La terre est livrée à l'homme qui depuis y domine durement. Sous son joug « toute la création ensemble soupire et est en travail jusqu'à maintenant » (Romains 8:22).
Comme signe de son alliance Dieu donne l'arc dans la nuée. Son apparition au moment d'une averse est aujourd'hui encore une marque de sa grâce, un rappel de la promesse du verset 15.
Dans le sens spirituel, il en est ainsi pour le chrétien. À travers tous les orages d'ici-bas, il a le privilège de lever les yeux de la foi vers un Dieu fidèle à ses promesses. La présence de Christ à Sa droite (Hébreux 9:12; 10:12), parlant mieux que l'arc, est le constant rappel qu'un jugement plus terrible que le déluge est à jamais passé pour l'enfant de Dieu.
Les plus belles expériences de la puissance et de l'amour de Dieu n'ont pas le pouvoir de rendre l'homme meilleur (chapitre 8:21). Établi pour gouverner la terre, Noé donne la preuve qu'il ne sait pas se gouverner lui-même. Cham « qui se moque d'un père » (Proverbes 30:17) et s’amuse du péché, comme fait le monde aujourd'hui, attire la malédiction sur ses descendants, les Cananéens. Nous verrons qu’en effet plusieurs nations issues de Cham et mentionnées dans ce chapitre deviendront les ennemies du peuple de Dieu : Babylone (Shinhar), l'Égypte (Mitsraïm), Ninive, les Philistins et les Cananéens dont le pays sera donné en possession à Israël. Sem et Japheth ont honoré leur père et prospéreront sur la terre (Éphésiens 6:2, 3).
Ce chapitre 10 révèle l'origine des nations du monde (lire Deutéronome 32:8). Pour connaître et apprécier une chose sous son vrai caractère, il faut remonter à sa source. Babel (Babylone) et Assur (l'Assyrie) ont comme point de départ le royaume de Nimrod. Le nom de cet homme signifie « le rebelle », ce que confirment ses actes. Avec lui nous voyons l'homme commencer à saccager la terre, y faisant régner la peur et la souffrance en tuant, pour son plaisir et pour affirmer sa puissance, les animaux que Dieu avait donnés pour sa nourriture (chapitre 9:3).
Nous assistons ici à la fondation de Babel (ou Babylone) qui, à travers toute l'Écriture, représente le monde avec son orgueil et sa convoitise. Nous y discernons aussi déjà les prétentions à l'unité qui seront celles de la Babylone religieuse, la fausse Église d'Apocalypse 17 et 18. L'homme veut tenir tête à Dieu en unissant ses forces, travailler à sa propre gloire. « Faisons-nous un nom… » (contraste avec Ps. 148:13). Mais voyez en une autre occasion la réponse de Dieu à la provocation ridicule des hommes assemblés contre Lui : « Celui qui habite dans les cieux se rira d'eux, le Seigneur s'en moquera » (Psaume 2:4, voir aussi Ésaïe 8:9). L'Éternel confond le langage des hommes de Babel et les disperse (versets 7, 8).
En contraste, le Nouveau Testament nous présente « l'Assemblée du Dieu vivant », fondée par Christ et formée par le Saint Esprit (1 Timothée 3:15; Matthieu 16:18). À la Pentecôte des langues furent données aux apôtres pour faire entendre en grâce à toutes les nations jadis dispersées « les choses magnifiques de Dieu » (Actes 2:11). Et dans le chapitre 5 de l'Apocalypse la foule des rachetés qui entoure le trône de l'Agneau est composée « de toute tribu et langue et peuple et nation ».
Les versets 10 à 26 établissent la lignée de Sem que nous retrouvons dans la généalogie du Seigneur Jésus (Luc 3:35).
En ces temps d'après le déluge, l'idolâtrie a fait d'effrayants progrès (lire Josué 24:2). Dieu laisse cette fois le mal suivre son cours, mais il appelle un homme à s'en séparer. « Par la foi, Abraham, étant appelé, obéit… ; et il s'en alla ne sachant où il allait » (Hébreux 11:8). « Abraham partait les yeux fermés, mais le Dieu de gloire le conduisait par la main » (JGB – Actes 7:2).
L'ordre de Dieu, accompagné d'une septuple promesse (versets 2, 3), lui suffit pour se mettre en route. L'obéissance nous est naturellement contraire, même quand nous connaissons la raison de ce qui nous est demandé. Mais pour obéir sans comprendre, partir sans connaître sa destination, il faut la foi, autrement dit une entière confiance en celui qui a donné l'ordre. Abraham est dans l'Écriture le modèle de la foi. Ce qui caractérise celle-ci, c'est l'abandon de choses visibles pour un but invisible (2 Corinthiens 4:18). En contraste avec les bâtisseurs de villes sur la terre (Caïn, les hommes de Babel…), Abraham porte ses regards vers la Cité céleste « de laquelle Dieu est l'architecte et le créateur » (Hébreux 11:10). Et cette attente fait de lui un étranger sur la terre. Il n'aura dorénavant que sa tente et son autel (verset 8), témoignant de ce double caractère de pèlerin et d'adorateur qui est celui de l'homme de foi dans tous les temps.
Abram est entré au pays de Canaan avec Lot son neveu. Mais la famine survient et, sans attendre cette fois les instructions divines, le patriarche descend en Égypte. Voyez à quoi aboutit ce manque de dépendance : il renie sa femme et se place par son mensonge dans une situation critique. Par cette triste page de son histoire, nous apprenons de quoi est capable le croyant le plus pieux quand il quitte la place où Dieu l'a mis. Il peut être amené à renier sa relation avec le Seigneur. Pierre en fit la pénible expérience. Ayant recherché la compagnie des ennemis de son Maître, il avait perdu tout courage pour confesser son nom (Matthieu 26:69…). Et nous, rachetés du Seigneur, n'avons-nous pas quelquefois honte de dire que nous Lui appartenons ? (comparer 2 Timothée 2:12, 13).
Désastreuse pour l'homme de Dieu, son attitude équivoque est-elle au moins profitable au monde ? Même pas ! La présence de Saraï dans le palais du Pharaon n'attire que des plaies sur ce dernier et sur son peuple. Après que le monde lui a jeté un « va-t'en » bien différent de celui que lui avait commandé l'Éternel au verset 1, Abram revient en Canaan à son point de départ. Il retrouve l'autel, autrement dit les relations avec Dieu dont il n'avait pu jouir pendant son séjour en Égypte.
Le temps qu'Abram a passé en Égypte a été du temps perdu et les richesses qu'il y a acquises deviennent une cause de soucis pour lui. Ce sont elles qui amènent la séparation d'avec Lot. Des querelles entre « frères » se produisent en présence des habitants cananéens du pays (verset 7), ce qui est particulièrement fâcheux pour le témoignage (lire 1 Corinthiens 6:6; Jean 13:35). Abram laisse à Lot le choix du lieu où il ira. Quel esprit de douceur et de renoncement il montre là ! Puissions-nous l'imiter chaque fois que nous sommes portés à faire valoir nos droits ! Lot choisit ce qui lui plait, ce qui attire son coeur mondain (et la plaine du Jourdain ressemble à l'Égypte — verset 10). Tandis qu'Abram laisse en fait l'Éternel décider à sa place (Psaume 47:4). Or Dieu ne déçoit jamais ceux qui se confient en lui. « Nos pères… se sont confiés en toi, et ils n'ont pas été confus » (Psaume 22:4, 5). En effet la possession du pays de la promesse est à présent confirmée à Abram. Dieu lui dit : « Lève tes yeux » (verset 14), puis : « Lève-toi, et promène-toi » (verset 17). Canaan est pour nous une figure du ciel que Dieu nous invite non seulement à contempler mais à parcourir par la foi. Et comment arpenterons-nous « en long et en large » le domaine céleste ? En sondant et en méditant les merveilles de la divine Parole.
En contraste avec Abram l'homme de foi, Lot est l'exemple d'un croyant marchant par la vue. Il avait longtemps suivi son oncle par imitation… comme font beaucoup de jeunes en s'appuyant sur la foi de leurs parents ou de leurs aînés.
Mis à l'épreuve, Lot a manifesté ce qu'il y a dans son coeur. Après s'être peu à peu approché de Sodome (chapitre 13:12), il y habite à présent (verset 12). Une fois engagé volontairement sur un chemin glissant, on n'est plus maître de s'arrêter. Comme conséquence de cette fausse position, il est mêlé à une guerre qui ne le concerne pas et se retrouve prisonnier avec les habitants de Sodome. La fréquentation de personnes qui ne craignent pas Dieu expose un enfant de Dieu à perdre sa liberté et de plus une telle compagnie sera toujours une cause de difficultés et d’inquiétude pour son âme. 2 Pierre 2:8 fait état de ces tourments de conscience quotidiens qui, pour Lot et pour tout croyant mondain, résultent inévitablement d'une marche double. En proie à ces conflits intérieurs et extérieurs, un tel homme ne peut qu'être malheureux. Au contraire Abram, sur la montagne, ignore ces complications. Il est étranger au monde et à tout ce qui l'agite. Ressemblons-nous à Lot ou à Abram ?
Jusqu'ici Abram s'est abstenu d'intervenir et de prendre parti dans un conflit qui ne le concerne pas (Proverbes 26:17). Mais sitôt qu'il apprend que son neveu a été fait prisonnier, rien ne l'arrête pour lui porter secours. Il aurait pu invoquer, pour rester neutre, la faiblesse de ses moyens en face d'une coalition de rois victorieux, ou le fait que Lot avait mérité ce qui lui arrivait. Non, son amour pour son « frère », sa foi, sa persévérance, remportent la victoire et délivrent le captif. Mais voici un adversaire plus dangereux que les quatre rois, bien qu'il ait été vaincu. C'est le roi de Sodome. Il s'approche, et par ce qu’il offre voudrait faire d'Abram son obligé, car il suppose que celui-ci, comme la plupart des hommes, est attiré par les biens terrestres. Dieu veille sur son serviteur, et pour le fortifier, il lui envoie juste avant cette rencontre un mystérieux visiteur : Melchisédec. Roi lui aussi, en même temps que sacrificateur, il est une figure du Seigneur Jésus (Hébreux 7:1 à 10). Nourri et béni par Melchisédec, Abram refuse fermement les propositions du roi de Sodome. Un coeur rassasié par Christ est le secret pour résister aux offres de Satan. Lot au contraire ne tiendra aucun compte de la leçon divine ; il retournera habiter Sodome et y fera une expérience plus tragique encore.
En repoussant les offres du roi de Sodome, Abram n'a rien perdu. Au contraire ! L'Éternel lui apparaît et lui déclare : « Je suis ta très grande récompense ». Il ne lui dit pas ce qu'il veut lui donner, mais ce qu'il veut être pour lui. Posséder le donateur, c'est plus que posséder ses dons. La foi d'Abram s'empare de la promesse que Dieu lui fait d'une semence céleste. Il donne « gloire à Dieu en étant pleinement persuadé que ce qu'il a promis, il est puissant aussi pour l'accomplir » (Romains 4:21). Croire Dieu (et pas seulement croire en Dieu) suffit pour être rendu juste (verset 6). Ce verset capital est cité trois fois dans le Nouveau Testament (Romains 4:3; Galates 3:6; Jacques 2:23).
L'Éternel s'étant ainsi engagé, l'alliance doit être scellée par des sacrifices (versets 9:10). La mort de Christ est le seul moyen par lequel Dieu peut accomplir ce qu'il a promis. Des oiseaux de proie cherchent à s'emparer des pièces des animaux : image des efforts de Satan pour nous ravir quelque résultat de la mort de Christ. Mais notre foi, comme celle d'Abram, doit être active pour l'éloigner.
La fin du chapitre montre que l'homme de Dieu a maintenant acquis une vue beaucoup plus étendue de l'héritage promis. Il en est toujours ainsi après que la foi a été mise à l'épreuve.
Après de si belles preuves de la foi d'Abram, nous trouvons une nouvelle défaillance dans la vie du patriarche. Au lieu d'attendre avec patience que lui soit donné le fils annoncé, il écoute Saraï sa femme. Et Agar la servante, probablement ramenée d'Égypte après le premier manquement d'Abram, va devenir la mère d'Ismaël.
Après avoir été le sujet de tristes querelles dans la maison de l'homme de Dieu, Agar s'enfuit loin de sa maîtresse. Mais l'Éternel prend soin de la pauvre servante. Il la rencontre sur son chemin qui l’éloigne et devient pour elle le Dieu qui se révèle (verset 13). Dans l'Ange de l'Éternel, il nous est permis de reconnaître le Seigneur Jésus lui-même. Chacun de nous a-t-il fait cette rencontre décisive ? Dieu s'est-il révélé à vous comme étant vivant ? C'est en Christ qu'il s'est fait connaître (Jean 8:19; 2 Corinthiens 4:6). Et c'est auprès de ce Sauveur vivant que nous trouvons en abondance l'eau vive de la grâce dont nous parle le puits de Lakhaï-Roï (Jean 4:14). Remarquons ce que l'Ange dit à Agar : « Retourne vers ta maîtresse et humilie-toi… » (verset 9). L'humiliation, la confession de nos fautes, est la première chose que le Seigneur nous demande quand il s'est fait connaître à notre âme.
L'Éternel apparaît de nouveau à Abram, renouvelle sa promesse d'une innombrable descendance, et change son nom en Abraham. Un changement de nom dans la Bible est toujours le signe d'une nouvelle relation avec celui qui le donne. Ici notre patriarche n'est plus seulement l'homme de foi, mais le père de tous les hommes de foi (Romains 4:11). En lui donnant ce nom : « père d'une multitude », Dieu pensait déjà avec intérêt et amour à cette multitude de croyants dont Abraham serait considéré comme le chef de race et dont nous espérons que font partie tous nos lecteurs. Et à travers les rois qui descendront d'Abraham (verset 6), Dieu voyait par avance le « Fils de David », le Roi qu'il destinait à Israël et au monde. C'est par la généalogie de Jésus Christ, fils de David, fils d'Abraham que commence le Nouveau Testament.
En même temps qu'un nom, Dieu donne à Abraham un autre signe : celui de la circoncision, qui correspond dans une certaine mesure au baptême aujourd'hui et représente à la fois la mise à part pour Dieu et l'absence de confiance dans la chair (Philippiens 3:3).
La fin du chapitre nous montre Sara recevant elle aussi son nouveau nom, Isaac annoncé, puis Abraham obéissant à l'ordre que Dieu lui a donné.
Dieu fait à Abraham l'honneur de l'appeler son ami (2 Chroniques 20:7; Ésaïe 41:8; Jacques 2:23). À ce titre, il lui rend visite et veut le mettre au courant de ses intentions, soit à son sujet (versets 9 à 15), soit au sujet du monde (versets 20, 21; voir Jean 15:15). Le patriarche y répond par une liberté confiante, qui n'exclut pas le plus profond respect. L'empressement joyeux avec lequel il reçoit ses invités venus du ciel révèle l'état de son coeur ; il connaît son Dieu ; il a goûté que le Seigneur est bon (1 Pierre 2:3). Le Nouveau Testament mentionne quelques personnes qui ont eu le privilège de recevoir le Seigneur Jésus dans leur maison : Lévi, Marthe, Zachée… (Luc 5:29; 10:38; 19:6). Et il nous apprend à quelle condition nous pourrons aussi jouir de la même intimité. L'obéissance à la parole du Seigneur est la clé qui Lui ouvre notre coeur (Jean 14:23). Modèle pour la communion, Abraham l'est aussi pour l'exercice de l'hospitalité. Le chrétien est appelé à la pratiquer sans murmures (1 Pierre 4:9; Romains 12:13; Hébreux 13:2…). Quelle bonne nouvelle attend Abraham et Sara : l'annonce de l'héritier ardemment désiré ! Sara doute et rit. Pour nous c'est l'occasion d'entendre une magnifique affirmation : « Y a-t-il quelque chose qui soit trop difficile pour l'Éternel ? » (verset 14).
« Le secret de l'Éternel est pour ceux qui le craignent… » (Psaume 25:14; lire aussi Amos 3:7). Abraham est de ceux-là. « Je le connais », peut dire l'Éternel, « lui cacherai je ce que je veux faire ? » L'intelligence des pensées de Dieu est inséparable d'une marche fidèle. Dieu sait que le seul effet de ses communications sera de produire dans le coeur de l'homme de Dieu des sentiments identiques aux siens : la compassion, le désir d'arracher ceux qu'il aime au jugement épouvantable. Chers amis chrétiens, nous qui connaissons par la Parole de Dieu la condamnation du monde et l'imminence de son jugement, sommes-nous animés des mêmes sentiments en pensant au sort terrible d'âmes innombrables perdues pour l'éternité ? Chacun de nous a dans sa famille, parmi ses camarades ou collègues de travail, des personnes inconverties. Que pouvons-nous faire pour elles ? Sans doute les avertir, mais aussi intercéder comme Abraham le fait avec insistance pour Sodome dans laquelle se trouve Lot son frère (Jér. 5:1). 1 Timothée 2 nous invite à faire des supplications pour tous les hommes en nous adressant à Celui que nous connaissons par expérience sous le beau nom de « notre Dieu Sauveur » qui « veut que tous les hommes soient sauvés ».
Quel contraste entre l'heureuse visite que les anges ont rendue à Abraham sur l'heure de midi et leur pénible mission à Sodome le soir du même jour ! Et quelles réticences pour accepter l'invitation de Lot, si empressée soit-elle (verset 2) ! Comment auraient-ils communion avec ce croyant dans une fausse position ? Ils n'entrent chez lui que pour le protéger et le délivrer. D'ailleurs Lot lui-même n'a jamais été à l'aise dans cette ville dépravée. Nous ne l'aurions pas su si le Nouveau Testament ne nous l'avait pas révélé. Mais Dieu qui connaît les coeurs tient à nous dire que Lot était un juste et que, loin de prendre son parti du mal, il était de jour en jour « accablé par la conduite débauchée de ces hommes pervers » (2 Pierre 2:7 et 8). Perversité que les hommes de Sodome n'ont pas honte d'étaler au cours de cette nuit dramatique (comparer Ésaïe 3:9). En sorte que l'Éternel qui avait dit « sinon — si ce n'est pas vrai — je le saurai » (chapitre 18:21), n'a plus besoin d'autre preuve puisque ces hommes témoignent contre eux-mêmes. — Lot n'est pas pris au sérieux même par ses gendres. Quand un croyant a, pendant un temps, marché avec le monde, il n'a plus aucune autorité ensuite pour lui parler de jugement. On ne l'écoute pas.
La délivrance de Lot vient répondre à la prière d'Abraham au chapitre précédent. Celui-ci avait cru que pour sauver son frère il était nécessaire que Sodome soit épargnée de la destruction. Or Dieu ne répond pas toujours de la manière que nous avions pensé. Mais il répond.
Hélas ! le coeur de Lot s'est profondément attaché à tout ce qu'il doit maintenant laisser derrière lui ; il tarde à partir. Les anges sont obligés de l'entraîner de force avec sa femme et ses deux filles. Chers rachetés du Seigneur, posons-nous la question : S'il nous fallait partir aujourd'hui pour le ciel, serait-ce avec joie ? Ou bien aurions-nous comme Lot du regret à quitter toutes les choses d'ici-bas auxquelles nos coeurs sont attachés ?
Sodome et Gomorrhe sont « réduites en cendres », solennel exemple de ce qui attend les impies (2 Pierre 2:6; Jude 7). Quant à la femme de Lot, elle aussi demeure dans la Parole de Dieu comme un monument, un signal, pour nous avertir de ce qu'il en coûte de lier son sort à un monde condamné. Cette femme avait longtemps partagé extérieurement la vie du peuple de Dieu. Mais elle n'en faisait pas partie. Le monde était dans son coeur et elle a péri avec lui. Oui, souvenons-nous de la femme de Lot ! (Luc 17:32). Quant à Lot lui-même, sa fin sera honteuse et sa descendance maudite.
Une seconde fois Abraham renie sa femme et mérite les reproches du monde (voir chapitre 12). Il est souvent nécessaire que Dieu répète ses leçons jusqu'à ce qu'un mal soit jugé dans sa racine et confessé. Ici c'était un demi-mensonge (versets 12, 13). Il est sérieux et instructif pour nous de voir un homme privilégié, jouissant avec Dieu d'une si grande intimité, perdre conscience de sa relation et manquer quant au témoignage. Le manquement d’un homme pieux s’aggrave du poids de cette piété. Écoutons les tristes paroles d'Abraham à Abimélec : « Dieu m'a fait errer loin de la maison de mon père… » (verset 13). Pauvre langage pour un croyant ! Est-ce tout ce qu'il a à dire de l'appel du « Dieu de gloire » vers la cité céleste ? Hélas, combien souvent nous lui ressemblons ! À fréquenter les gens du monde, un croyant en arrive à parler comme eux. Mais même pendant le temps où Dieu apprend aux siens une leçon nécessaire, il continue à veiller tendrement sur eux. « Il ne permit à personne de les opprimer et il reprit des rois à cause d'eux, disant : Ne touchez pas à mes oints… » (Psaume 105:14). L'Éternel maintient Abraham en dignité comme son représentant, le prophète qui parle en son nom (verset 7) et l'intercesseur dont il exauce les prières (verset 17).
La promesse de Dieu s'accomplit. « Au temps fixé » naît Isaac qui représente Christ sous ses caractères de Fils et d'Héritier (Gal. 4:4). Après le rire incrédule d'Abraham (17:17) et de Sara (18:12), puis le rire joyeux et reconnaissant de cette dernière, qui devient le nom même d'Isaac (versets 3 et 6), nous entendons le rire moqueur d'Ismaël (verset 9), figure de l'homme « selon la chair » qui ne peut rien comprendre aux conseils de Dieu accomplis en Christ. Ismaël, le fils de la servante, représente l'homme sous la servitude de la loi, n'ayant aucun droit aux promesses ni à l'héritage.
Ce que fait Sara paraît dur ; Abraham trouve cela mauvais. Mais Dieu l'approuve, voulant montrer ainsi en figure que l'héritage appartient à Christ seul et que, sur le principe des oeuvres, l'homme n'y possède aucune part. Comme l'explique l'épître aux Galates, les croyants sont « enfants de la promesse ». Ayant reçu l'adoption, ils ne sont plus esclaves mais fils, et par conséquent héritiers (Galates 4:6, 7 et 28).
La grâce agit pourtant envers Agar et son fils. Quand l'eau de l'outre, symbole des ressources humaines, est épuisée, le Vivant qui s'était révélé à elle au chapitre 16 renouvelle sa délivrance. Il est celui qui entend même la voix d'un enfant (verset 17).
Au chapitre 20, les rapports d'Abraham avec Abimélec avaient été des plus fâcheux. Le patriarche avait encouru un blâme sévère et justifié de la part du roi de Guérar. Mais maintenant leurs relations reprennent sur un tout nouveau plan. Nous avons ici en figure la suprématie future d'Israël au temps où les nations diront : « nous irons avec vous, car nous avons entendu dire que Dieu est avec vous » (Zacharie 8:23). « Dieu est avec toi dans tout ce que tu fais », constate le roi philistin (verset 22). Et il recherche l'alliance de l'homme de Dieu. Aussi, à présent, est-ce ce dernier qui reprend Abimélec avec l'autorité morale que lui confère sa relation avec « le Dieu d'éternité » (verset 33). Il lui montre à cette occasion combien il tient à ce puits dans le désert que les serviteurs d'Abimélec avaient voulu lui ravir. N'est-ce pas pour nous une figure de la Parole dont l'eau doit chaque jour rafraîchir nos âmes ? Si notre compagnie est recherchée par certains, montrons-leur le plus tôt possible la valeur qu'a pour nous cette Parole de notre Dieu. Ceux d'entre eux qui ont soif de vérité, de paix, de joie, seront conduits à les chercher dans ce précieux Livre, s'ils voient que c'est là que nous les puisons.
Nous savons que cette scène est une image de la croix. Qui est le Fils, l'Unique, celui que le Père aime, sinon le Seigneur Jésus ? Il devait être offert en holocauste. Le lieu est vu de loin dans les conseils éternels de Dieu. C'est le mont Morija où plus tard David offrira le sacrifice expiatoire et où le temple sera bâti (2 Chroniques 3:1). Ce lieu du sacrifice est bien en même temps celui de l'adoration (verset 5). Que de motifs nous trouvons là pour adorer et le Père et le Fils, allant les deux ensemble, autrement dit n'ayant qu'une seule et même pensée pour accomplir l'oeuvre du salut ! L'obéissance d'Isaac nous fait souvenir de celle du Seigneur à Gethsémané : « Non pas ce que je veux, moi, mais ce que tu veux, toi ! » (Marc 14:36). Mais en contraste avec Isaac qui s'est simplement soumis, le Fils s'est présenté de lui-même : « Voici, je viens pour faire ta volonté » (Hébreux 10:9). En contraste encore avec Isaac qui ne savait pas ce que son père allait faire, il nous est dit : « Jésus… sachant toutes les choses qui devaient lui arriver, s'avança… » (Jean 18:4). En contraste enfin avec le cri de l'Ange qui arrêta la main d'Abraham, aucune voix ne se fit entendre à Golgotha pour détourner l'épée qui devait frapper le Fils de Dieu.
Dieu s'est pourvu d'un Agneau pour l'holocauste. Quand le Seigneur Jésus est apparu au milieu du peuple sur les bords du Jourdain, Jean le Baptiseur s'est écrié : « Voilà l'Agneau de Dieu » (Jean 1:29). Il était la réponse divine à tous les péchés qui venaient d'être confessés. De sorte que le grand mystère dont nous avons une ombre dans ce chapitre est maintenant révélé. Et quelle assurance ce « Jéhovah-Jiré » continue d'apporter à tous ceux qui sont tourmentés par le fardeau de leurs péchés !
En figure Isaac est ressuscité (Hébreux 11:19) ; Christ l'est en réalité avec toutes les conséquences pour lui et pour nous. Il va recevoir une épouse. C’est pour cette raison que Rebecca est nommée au verset 23. Et nous recevrons les bénédictions célestes dont nous avons l'image dans les versets 17 et 18.
La foi d'Abraham a été montrée par cette oeuvre (Jacques 2:21). L'épreuve fait la preuve, dit-on. Dieu connaissait son coeur et savait qu'il possédait cette foi, mais il fallait que celle-ci soit rendue publique. En ce qui nous concerne, si nous avons pu confesser : « je crois au Seigneur Jésus », nous aurons tôt ou tard l'occasion de le montrer. Les épreuves des chrétiens n'ont souvent pas d'autre but que de mettre en évidence la réalité de la foi qui est en eux.
Un sépulcre est tout ce qu'Abraham possédera de ce pays de Canaan qui pourtant lui est promis. En achetant le champ et la caverne de Macpéla pour ensevelir Sara, l'homme de Dieu confirme sa ferme attente de la résurrection. Pour lui Sara vit d'une vie divine. Il faut s'assurer tous les droits sur le lieu où sera déposé son corps qui doit ressusciter. Le plein prix payé pour la caverne et pour le champ nous fait penser aux droits définitivement acquis par la croix de Christ, la mort vaincue, la certitude de la prochaine résurrection de tous les croyants.
Pas plus qu'au chapitre 14 où nous l'avons vu refuser les propositions du roi de Sodome, Abraham n'entend être redevable à qui que ce soit. Il insiste pour acquitter l'entière valeur du champ, sans marchander. Un chrétien se fait reconnaître dans tous ses rapports avec les gens du monde par sa correction et sa parfaite honnêteté. Il est exhorté par le Nouveau Testament à ne rien devoir à personne (donc à ne pas faire de dettes — Romains 13:8), à « marcher honorablement envers ceux de dehors » (1 Thessaloniciens 4:12), enfin à « veiller à ce qui est honnête, non seulement devant le Seigneur, mais aussi devant les hommes » (2 Corinthiens 8:21; voir aussi Romains 12:17).
La mort de Sara suggère la mise de côté d'Israël (peuple dont est issu le vrai Isaac), après la résurrection du Seigneur (chapitre 22). Pour assurer la descendance de la promesse, Abraham, le « père d'une multitude » a un grand dessein dont l'accomplissement va nous être raconté tout au long : celui de donner une épouse à son fils. Mais une troisième personne intervient alors : le serviteur le plus ancien de sa maison, son intendant, frappante figure du Saint Esprit envoyé sur la terre afin d'y rassembler ceux qui constitueront l'Église, l'Épouse de Christ. Ainsi le Père, le Fils, le Saint Esprit qui ont travaillé ensemble à l'oeuvre de la Création, ont aussi une activité commune dans le choix, l'appel et le rassemblement des rachetés unis à Christ ressuscité. Cette épouse sera cherchée en pays lointain. C'est parmi « ceux qui étaient loin » que Dieu a choisi et appelé des compagnons pour son Fils (Éphésiens 2:13).
Quel modèle de dépendance nous avons dans ce serviteur d'Abraham ! Dans la maison de son maître, il a appris à connaître l'Éternel à qui il a affaire à présent personnellement. Il dispose sa prière devant lui (Psaume 5:3). N'oublions pas, avant d'entreprendre quoi que ce soit, d'en parler d'abord au Seigneur.
Le serviteur d'Abraham n'a pas achevé de formuler sa prière que déjà la réponse est devant lui : Rebecca portant sa cruche. Nous trouvons en Ésaïe une promesse correspondante : « Avant qu'ils crient je répondrai, et pendant qu'ils parlent, j'exaucerai » (Ésaïe 65:24).
Si le serviteur nous enseigne la dépendance, Rebecca est, de son côté, un modèle de dévouement et d'empressement. Elle fait au-delà que ce qui lui est demandé en abreuvant aussi les chameaux et elle le fait vite, se hâtant et courant (versets 18, 20). Voilà deux traits que nous pouvons remarquer et imiter dans nos petits services de tous les jours à la maison. Puiser de l'eau, apporter du rafraîchissement aux autres. Il existe mille manières de communiquer à ceux auxquels nous avons affaire, les bénédictions que nous avons nous-mêmes puisées dans la Parole de Dieu. Et, de même que le serviteur observait Rebecca, souvenons-nous que Quelqu'un considère avec attention tout ce que nous faisons. À la manière dont la jeune fille exécutait ce travail tout simple, le serviteur comprenait qu'elle serait pour Isaac une femme dévouée, active, vertueuse comme celle que décrit le chapitre 31 des Proverbes.
Avant toute autre chose, il se prosterne devant l'Éternel et Lui rend grâces.
L'Éternel a conduit, comme par la main, le serviteur d'Abraham dans la famille de son seigneur. Celui-ci lui avait fait promettre solennellement de ne pas prendre de femme pour son fils parmi les filles des Cananéens (verset 3). Chers jeunes amis qui connaissez Jésus, même si le mariage ne se présente pas encore pour vous comme une éventualité proche, il n'est pas trop tôt pour retenir très fermement l'enseignement de la Parole à ce sujet : « Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti avec les incrédules ; car… quelle part a le croyant avec l'incrédule ? » (2 Corinthiens 6:14, 15). Un enfant de Dieu ne peut se marier que dans la famille de la foi, c'est-à-dire avec un autre enfant de Dieu. Ceux qui n'ont pas tenu compte de cette injonction ont pu le confesser plus tard avec beaucoup de tristesse : une union avec un inconverti n'est pas seulement une désobéissance formelle à la Parole du Seigneur, mais aussi une source de peines et de chagrins pour toute la vie.
Quel témoignage le serviteur d'Abraham rend à son maître auquel il est fier d'appartenir (versets 34 à 36) ! Il est grand, il est riche, il a un fils, héritier de tout ce qui est à lui. C'est ainsi que le Saint Esprit, quand il est reçu dans un coeur, fait connaître le Père et le Fils, et c'est ainsi que nous, rachetés du Seigneur, devrions savoir en parler.
Les termes dans lesquels le serviteur d'Abraham a décrit son maître et les richesses dont il a donné des échantillons ont touché le coeur de Rebecca. Elle est décidée, elle ira (verset 58). Vous qui avez tant entendu parler du Seigneur, qui avez eu l'occasion de jouir des trésors de sa grâce dans la maison de vos parents, êtes-vous décidé à la suivre ? La question vous est aujourd'hui posée. Iras-tu… ? Ce n'est pas plus tard, ni demain que l'Esprit de Dieu vous presse de le faire, c'est aujourd'hui !
Alors commence pour Rebecca la longue marche à travers le désert. Elle a tout quitté à la parole du serviteur qui maintenant la conduit. Ainsi l'Église, l'Épouse de Christ, poursuit dans ce monde, qui est un désert pour elle, son chemin de peine et de fatigue, pendant que le Saint Esprit occupe son coeur du Bien-aimé qu'elle n'a pas vu, mais qui vient à sa rencontre. « Quel moment solennel pour ta sainte assemblée, quand tu l'introduiras dans les célestes lieux… ! » dit un cantique. Quel moment aussi pour le Seigneur Jésus ! Rebecca fut la femme d'Isaac et il l'aima. Christ, Lui, aime déjà son Assemblée. Et son coeur, bien plus que le nôtre, attend ce moment béni, pour l'éternelle satisfaction de son amour divin.
La fin de la vie d'Abraham achève un vaste tableau prophétique : chapitre 21: la naissance du Fils ; chapitre 22: la croix et la résurrection du vrai Isaac ; chapitre 23: la mise de côté d'Israël (la mort de Sara) ; chapitre 24: l'appel de l'Église et son union avec Christ dans la gloire. Enfin chapitre 25: l'introduction du règne de mille ans où les nations de la terre, représentées par les enfants de Ketura, seront bénies en relation avec Isaac. À ce dernier Abraham fait don de tout ce qu'il a. Isaac représente Christ sous son caractère d'Héritier universel. « L'Éternel m'a dit : Tu es mon Fils… Demande-moi, et je te donnerai les nations pour héritage… » (Psaume 2:7, 8). C'est sur ce glorieux avenir que les pensées d'Abraham se portaient par la foi. Au-delà d'Isaac, il contemplait celui en qui les promesses auraient leur accomplissement. « Abraham… a tressailli de joie de ce qu'il verrait mon jour — dira Jésus aux Juifs — et il l'a vu et s'est réjoui » (Jean 8:56). Il meurt dans la foi, « n'ayant pas reçu les choses promises, mais les ayant vues de loin et saluées » (Hébreux 11:13). Aussi Abraham est-il un de ces hommes dont Dieu n'a pas honte, au point de lier son nom au Sien en s'appelant lui-même le « Dieu d'Abraham ». Peut-il aussi s'appeler votre Dieu ?
La foi d'Isaac et de Rebecca est mise à l'épreuve de la même manière que celle d'Abraham et de Sara : par la stérilité. C'est l'occasion pour Isaac d'instantes prières auxquelles l'Éternel se rend (verset 21; comparer 1 Chroniques 5:20). Deux fils jumeaux naissent, aussi différents par leur aspect physique que par l'état de leur coeur. La scène qui se déroule plus tard entre ces deux frères manifeste cet état. Jacob, malgré la manière fâcheuse dont il s'y prend, montre qu'il apprécie la place de premier-né dans la famille, la part d'héritage qui s'y rattache et surtout les promesses divines faites à Abraham et à sa semence après lui. Rien de tout cela n'a de prix pour Ésaü. Il conclut son marché, mange, boit, se lève et s'en va, inconscient de la perte incalculable qu'il a faite en un instant. Non seulement sa conduite est insensée : « pour un seul mets » sacrifier tout son avenir, comme le rappellera Héb. 12:16. Mais elle est encore et surtout une insulte à Dieu ; c'est lui dire : tes dons les plus précieux ne valent pas ces quelques lentilles pour calmer ma faim.
Le droit d'aînesse est une figure de votre privilège, jeunes amis élevés dans une famille chrétienne. Dieu veuille qu'aucun de vous ne méprise l'héritage céleste.
Isaac n'a pas tiré profit des tristes expériences de son père dans les chapitres 12 et 20. Mis à l'épreuve par la famine, lui aussi séjourne à Guérar et, par crainte, y renie sa femme en trompant Abimélec. Les fréquentations mondaines nous exposent aux mêmes conséquences : manque de courage pour confesser notre relation avec Christ, peur de l'opprobre, faux témoignage devant le monde. Mais, sitôt après, nous lisons une belle page de l'histoire du patriarche. Pour se mettre lui et les siens à l'abri de la famine, il sème et récolte, Dieu bénissant son travail. Sa prospérité éveille la jalousie des Philistins (verset 14). Comme au temps d'Abraham, ces derniers cherchent à priver l'homme de Dieu de l'eau nécessaire à la vie (chapitre 21:25). Elle est fournie par les anciens puits, image de la Parole et des sources de rafraîchissement spirituel dont les générations qui nous précèdent ont joui avant nous, où nous avons à puiser pour nous-mêmes. Et ces Philistins malveillants qui bouchent les puits avec de la terre nous font penser à l'Ennemi de nos âmes. Il s'efforce de remplir notre vie des choses de la terre et de créer toujours de nouveaux besoins dans nos cœurs pour nous priver de la Parole vivante indispensable à notre prospérité spirituelle.
Ces puits d'Abraham, bouchés par les Philistins, Isaac les recreuse l'un après l'autre. Demandons au Seigneur la même énergie, la même persévérance pour nous approprier les vérités dont nos devanciers ont vécu, afin que, par un « effort » personnel, elles deviennent pour ainsi dire notre propriété. À chaque effort de l'ennemi pour le priver des fruits de son travail, Isaac répond en creusant ailleurs, sans se décourager. Mais il s'abstient de contester, illustrant l'exhortation de 2 Timothée 2:24. Sa douceur peut être connue de tous (Philippiens 4:5). Souffrant l'injustice, il ne menace pas mais s'en remet à Celui qui juge justement (1 Pierre 2:23). En même temps, il rend ainsi témoignage de sa foi. L'héritage lui appartient ; à quoi bon l'arracher par la force ? L'Éternel a promis « tous ces pays » à sa semence (verset 4). Isaac s'attend à Lui pour les recevoir le moment venu.
Les versets 34 et 35 nous montrent Ésaü méprisant de nouveau la volonté divine en choisissant ses femmes parmi ces Cananéens dont l'Éternel avait absolument séparé sa famille (24:2, 37). Il cause ainsi un profond chagrin à Isaac et à Rébecca. Quel contraste avec leur propre histoire vécue dans la confiance et le dépendance de Dieu ! Que le Seigneur donne à tous nos jeunes lecteurs de tirer profit de pareilles expériences pour n'être pas plus tard une cause d'amertume et de soucis pour leurs proches.
Voilà une famille où Dieu est connu, et pourtant les convoitises, les fraudes et les mensonges s'y montrent très tristement. Isaac est devenu aveugle et il l'est aussi spirituellement. Il a perdu le discernement au point qu'un repas savoureux compte davantage pour lui que l'état moral de ses enfants. Sans chercher la pensée de Dieu, il s'apprête à bénir le fils qu'il préfère. Rebecca de son côté conseille à Jacob de dépouiller son frère de cette bénédiction et de tromper son père. Seul Ésaü pourrait nous paraître sympathique dans cette famille. Mais Dieu connaissait son coeur profane, et, à travers cette injustice apparente, sa volonté s'accomplissait. Isaac doit le reconnaître (fin du v. 33).
Jacob parvient à ses fins. Avec la complicité de sa mère, il obtient la bénédiction à laquelle il attachait tant de valeur. Mais s'il s'était confié en Dieu pour la lui donner au lieu d'agir par supercherie, ne l'aurait-il pas tout de même reçue ? Sans aucun doute ! Dieu qui avait déclaré : « le plus grand sera asservi au plus petit » (chapitre 25:23), ne pouvait renier sa parole ni permettre d'erreur. Et Jacob se serait épargné par la suite bien des peines et bien du temps perdu. Le chemin du Seigneur pour nous est toujours simple, mais que de fois nous le compliquons par nos interventions malencontreuses (Ps. 27:11).
Hébreux 12:16, 17 rattache cette scène à celle du chapitre 25. Ésaü le profane désire ardemment hériter de la bénédiction, mais il est rejeté malgré ses larmes ; il l'a jadis méprisée et maintenant c'est trop tard (Prov. 1:18-31). Hélas ! le monde est rempli de gens qui, comme cet homme, vendent leur âme précieuse en échange de quelques plaisirs passagers. Leur dieu, c'est leur ventre et leurs pensées sont aux choses terrestres (Philippiens 3:19). Ils sont de la terre, ont leur portion dans cette vie (Ps. 17:14). Un terrible réveil les attend lorsque, « plus tard », ils devront reconnaître leur folie. Toutes les larmes versées dans le lieu épouvantable où sont les pleurs et les grincements de dents, seront aussi vaines que celles d'Ésaü ici pour retrouver la bénédiction perdue par leur seule faute.
Pour Jacob les difficultés vont commencer. La haine de son frère, excitée par la rancune et la jalousie, l'oblige à quitter les siens. Il ne reverra plus sa mère, alors que celle-ci ne prévoyait qu'une séparation de quelques jours (verset 44). Rébecca subira donc elle aussi les conséquences de leur commune tromperie.
En donnant une grande place au récit de la vie de Jacob, l'Écriture va nous permettre d'admirer le long et patient travail de la grâce de Dieu envers un des siens.
Jacob quitte la maison paternelle, mais Dieu va lui faire connaître Sa propre maison (Béthel signifie « maison de Dieu »). La solitude, loin de la sécurité du toit familial, est parfois l’occasion de rencontrer le Seigneur. Il faut un jour ou l'autre que cette rencontre se fasse et que le Dieu de nos parents devienne aussi notre Dieu.
Étrange rêve que celui de Jacob ! Que signifie cette échelle sur laquelle des anges montent et descendent ? Elle parle de relations entre le ciel et la terre, et nous pensons à Celui qui les a établies pour nous en descendant ici-bas puis en remontant dans la gloire (Jean 3:13, 31 et Éphésiens 4:10). Au pauvre pécheur fatigué, la grâce de Dieu montre la porte du ciel (verset 17) et fait part de ses promesses glorieuses. « Que ce lieu-ci est terrible ! », s'écrie le voyageur à son réveil. Une conscience coupable ne peut être à l'aise, même dans la présence du Dieu de grâce (comparer Luc 5:8). Dans l'étrange marché qu'il a la prétention de faire avec l'Éternel, Jacob met au conditionnel les promesses formelles que Dieu vient de lui faire et offre de le servir en échange des bienfaits qu'il recevra. Beaucoup, comme lui, hésitent à saisir avec foi le don gratuit de Dieu et pensent que Sa faveur doit se mériter par des efforts.
« Je te garderai partout où tu iras… je ne t'abandonnerai pas », avait promis l'Éternel à Jacob au cours de sa nuit à Béthel (chapitre 28:15). Il est consolant de penser que 1'oeil de Dieu suit continuellement les siens, même quand eux négligent de regarder à Lui (Psaume 32:8). Ces soins providentiels conduisent Jacob dans la famille de sa mère, auprès de son oncle Laban. Nous assistons de nouveau à une rencontre près d'un puits, peut-être le même que celui du chapitre 24. Mais cette fois nous n'entendons aucune prière de la bouche du voyageur, ni pour demander à Dieu de lui faire faire une heureuse rencontre, ni ensuite pour lui rendre grâces d'avoir fait prospérer son voyage. Et nous ne voyons pas non plus la jeune fille donner à boire au voyageur fatigué. Quelle différence aussi dans la maison de Laban ! Jacob raconte « toutes ces choses », mais nous n'entendons dans son récit aucune mention du nom de l'Éternel, ni de la manière dont Lui seul a béni sa famille (comparer chapitre 24:35), ni davantage de sa rencontre de Béthel. Quels sont nos sujets de conversation lorsque nous rencontrons un parent ou un ami chrétien ? Profitons-nous de ces occasions pour parler de sujets édifiants ? Le Seigneur en est-il le centre ? Pour qu'il en soit ainsi, il faut que nos coeurs en soient habituellement occupés.
L'histoire de Jacob, c'est celle de la discipline, autrement dit de l'école par laquelle Dieu fait passer les siens. École souvent pénible, car Hébreux 12:11 affirme — et notre expérience confirme — qu'aucune discipline pour le présent ne semble être un sujet de joie, mais de tristesse ! Mais le but de Dieu est « notre profit, afin que nous participions à sa sainteté ». La classe dans laquelle entre Jacob va durer vingt ans qu'il passera dans une condition voisine de l'esclavage. Et comment Dieu va-t-il lui enseigner ses leçons ? Il va permettre qu'il lui soit fait comme lui-même a fait aux autres. Jacob, dont le nom signifie « supplanteur » et qui l'avait bien justifié, va être à son tour volé et dépouillé. Il avait trompé son père, lui le plus jeune, en se faisant passer pour l'aîné ! Il a maintenant affaire à un père qui le trompe en faisant passer sa fille aînée pour la plus jeune ! Que de fois nous découvrons les désagréments ou la méchanceté de nos actes suelement lorsque nous en souffrons à notre tour de la part d'autrui (Juges 1:7). Le seul sujet heureux dont nous entretient ce chapitre, c'est l'amour dévoué de Jacob pour Rachel. Nous pensons à l'amour de Celui qui, pour nous acquérir, est devenu le parfait Serviteur.
Ces versets nous présentent la famille de Jacob. Page importante de l'Ancien Testament, puisque les douze fils du patriarche deviendront à leur tour douze patriarches (Actes 7:8) et donneront leurs noms aux tribus d'Israël ! Par eux se réaliseront les promesses faites à Abraham et à Isaac, ainsi qu'à Jacob lors de sa nuit à Béthel. De Lévi descendront les sacrificateurs, de Juda les rois, puis le Messie lui-même. Les membres de cette famille sont, à l’exception de Joseph, à l'image de son chef : calculs, rivalités, expédients douteux les caractérisent. Malgré ces égarements, Dieu a les yeux sur cette famille et veut la bénir. De même aujourd'hui les familles des croyants sont précieuses au coeur du Seigneur. Il veut bénir. Il nous connaît chacun par nom, et dès nos premiers pas nous prépare pour le service auquel il nous destine. Et quel est l'appel glorieux des croyants maintenant ? N'est-ce pas d'être « un royaume, des sacrificateurs pour son Dieu et Père » ? (Apocalypse 1:6).
La naissance de Joseph, type de Christ, annonce pour la famille de Jacob la fin de sa servitude et le retour au pays de la promesse (verset 25). Spirituellement il en est toujours ainsi : c'est à partir du moment où Christ prend sa place dans nos maisons et dans nos coeurs que nous sommes en mesure de goûter la délivrance et la bénédiction céleste.
Le pauvre Jacob s'agite, spécule, rivalise d'astuce et de fourberie avec Laban, cherchant à s'enrichir par son intelligence et ses efforts. Il est triste de voir un croyant en lutte avec les gens du monde pour des biens terrestres. Isaac avait donné un tout autre exemple à son fils Jacob (chapitre 26:15 à 22).
En 1 Timothée 6:6 à 10, l'apôtre met en contraste avec le désir de s'enrichir la piété qui, avec le contentement, est un grand gain. Voilà donc le double gain, les vraies richesses à rechercher : 1° La piété, c'est-à-dire les relations avec Dieu dont nous parlent les autels. Or dans son exil, Jacob n'a pas d'autel, pas de relation consciente avec Dieu. 2° Le contentement que les patriarches réalisaient en vivant sous des tentes, et que Jacob avait lui-même pratiqué (chapitre 25:27). L'apôtre Paul avait personnellement appris à être content dans les circonstances où il se trouvait (Philippiens 4:11). Combien il est difficile d'être toujours content ! Pourtant le meilleur témoignage que nous puissions rendre autour de nous n'est-il pas de montrer que nous sommes satisfaits de ce que Dieu nous donne ? Or il ne nous a pas donné moins que son propre Fils et toutes choses avec Lui (Romains 8:32).
À côté de tout ce qu'a de fâcheux la manière de faire de Jacob, reconnaissons sa patience. Il supporte sans se plaindre les fatigues et les privations ainsi que toutes les injustices dont il est l'objet de la part de Laban. Ce qui le soutient, c'est le souvenir du pays donné par l'Éternel à Abraham et à sa postérité. Il n'a pas oublié la promesse que Dieu lui a faite à Béthel de le ramener au « pays de ses pères ». Cette espérance est restée vivante dans son coeur, et le moment où elle va s'accomplir arrive enfin. Chrétiens, étrangers sur la terre, n'avons-nous pas, nous aussi, une promesse de la part du Seigneur concernant la Patrie céleste dans laquelle il nous fera bientôt entrer ? Cette espérance devrait nous donner toute la patience et tout le courage nécessaires pour endurer les difficultés et même les injustices.
Tout en obéissant au commandement de l'Éternel (verset 3), Jacob reste tristement fidèle à son caractère rusé : il trompe Laban en fuyant à son insu. N'est-ce pas en même temps un manque de confiance envers Dieu ? Celui qui lui donnait l'ordre de se mettre en route ne pouvait permettre à Laban de le retenir (chapitre 31:24). Et ce dernier n'aurait pu que s'incliner, en reconnaissant comme jadis : « la chose procède de l'Éternel… » (chapitre 24:50).
Prévenu de la fuite de Jacob, Laban se lance à sa poursuite et le rejoint. En homme du monde rusé et hypocrite, il emploie des paroles flatteuses alors que son coeur est plein d'envie et de jalousie. Il feint une grande affection pour ses filles et ses petits enfants alors qu'il n'a toujours été guidé que par le souci de ses propres intérêts (verset 15). Il fait semblant de craindre l'Éternel (versets 29, 53) tout en recherchant activement ses faux dieux.
Il est triste de voir Rachel attacher de la valeur à ces idoles. Ces théraphim correspondent pour nous aux choses du monde que nous ne nous décidons pas à abandonner et que nous croyons pouvoir emporter avec nous dans le chemin vers notre Patrie. Il nous est possible de les cacher pendant un certain temps aux yeux de tous dans le plus profond de notre coeur. Que Dieu, qui Lui voit tout, nous donne de savoir discerner et rejeter résolument tout ce qui, dans nos affections, prend la place du Seigneur Jésus ! Ce sont des idoles !
Jacob et Laban se séparent enfin. Le monceau constituera une frontière entre eux. Il n'y a pas de terrain commun au croyant et à l'homme du monde, même quand ils appartiennent à la même famille. Jacob offre un sacrifice (v. 54) ; il connaissait sa place et sa dignité devant Dieu
Hébreux 1:14 nous apprend que les croyants bénéficient du service des anges. Le plus souvent c'est à leur insu. Mais à son départ de Canaan, Dieu avait voulu en quelque sorte présenter à Jacob ceux qu'il allait employer pour prendre soin de lui pendant son exil (chapitre 28:12). À présent, au moment de son retour, les anges de Mahanaïm souhaitent la bienvenue au patriarche dans le pays de la promesse. Mais Jacob n'est pas en état de se réjouir de la bonté du Dieu qui exauçait son voeu de jadis (chapitre 28:20, 21). En effet son coeur n'est pas affranchi de la crainte de l'homme. S'il n'a plus derrière lui Laban, il a encore devant lui Ésaü et il tremble à la perspective de le rencontrer. Il a bien recours à la prière (versets 9 à 12), mais aussitôt après il prend toutes les précautions imaginables, comme s'il ne croyait pas vraiment Dieu capable de le délivrer. Ne lui ressemblons-nous pas quelquefois ? Voyez aussi l'attitude servile de Jacob (versets 18 et 20), alors que la bénédiction de son père avait fait de lui le maître de ses frères. Enfin soyons convaincu qu'au lieu de toute cette mise en scène, de tous ces prudents arrangements, Jacob aurait mieux fait de passer en tête de sa troupe, et, se confiant en Dieu, de demander avec courage pardon à son frère offensé.
Une seconde nuit mémorable s'inscrit dans l'histoire de Jacob. Ce combat avec l'ange est comme le résumé de toute sa vie antérieure. Il a toujours cherché la bénédiction par ses propres efforts ; il s'est en cela opposé à Dieu. Il constate à présent que l'énergie de l'homme ne peut vaincre et prévaloir. Un geste de Dieu (verset 25) et elle est anéantie. Jacob est bien obligé alors de cesser d'avoir confiance en lui-même. Il apprend cette vérité de base de la vie du croyant : « Quand je suis faible, alors je suis fort » (2 Corinthiens 12:10). Et c'est à ce moment-là qu'il triomphe en déclarant par la foi : « Je ne te laisserai point aller sans que tu m'aies béni » (verset 26; Osée 12:5). Victoire de la prière ! Il obtient la bénédiction sous la forme de ce nom d'Israël si grand dans les conseils de Dieu, dans l'Écriture et dans l'histoire, ce nom qui nous parle de Christ, le Vainqueur, le Prince, le vrai Israël de Dieu.
Chers chrétiens, Dieu veut faire de nous des vainqueurs. S'il nous arrête dans notre marche de propre volonté et nous enlève notre énergie charnelle, c'est afin de nous donner sa puissance.
Jacob se souviendra de Peniel. Son bâton le lui rappellera continuellement. Sa hanche a été luxée mais son âme a été délivrée (Romains 7:24, 25).
Après que l'Éternel a eu changé le nom d'Abraham, son ancien nom d'Abram a définitivement disparu. Au contraire, le nom de Jacob subsiste jusqu'à la fin et le nouveau nom d'Israël n'alterne couramment avec lui que longtemps après Peniel. Signe que le vieux Jacob, le supplanteur, n'a pas fini de se manifester. Pourtant la grâce divine était évidente envers lui et les siens. L'Éternel avait répondu à sa prière du chapitre 32:11 en inclinant le coeur d'Ésaü (verset 4). Et pour souligner que c'était bien l'oeuvre de Dieu, que les cadeaux prudemment préparés par Jacob n'étaient pour rien dans les bonnes dispositions de son frère, le verset 8 montre que ce dernier n'avait même pas compris leur but. Nous voyons cependant réapparaître les craintes du pauvre Jacob. À Ésaü qui voulait le protéger, il aurait pu rendre témoignage de sa confiance dans la protection du Dieu tout-puissant : au lieu de cela il se dérobe par un mensonge, disant aller à Séhir et se rendant à Succoth. Après quoi, ce qui est pire encore, il se bâtit une maison (verset 17), achète un champ (verset 19), reniant ainsi doublement son caractère d'étranger. Les conséquences ne tardent pas : des fréquentations s'ensuivent qui amènent le déshonneur de sa fille et l'odieuse vengeance de deux de ses fils, triste sujet du chapitre 34.
Après les honteux événements survenus dans la famille, Jacob est troublé, découragé (chapitre 34:30). Dieu ne veut pas le laisser dans cet état et s'adresse à lui une fois de plus : « Lève-toi, monte à Béthel, habite là, fais-y un autel ». Béthel, maison de Dieu, est le lieu de Sa présence. La même voix divine invite le chrétien chaque premier jour de la semaine à cesser de s'occuper des affaires de la terre pour se rendre au lieu où le Seigneur a promis sa présence et l'adorer en esprit et en vérité. Mais avant de pouvoir obéir, Jacob le sent bien, une chose est indispensable. Ses tentes cachent des objets qui ne conviennent pas à la sainte présence de Dieu — ne seraient-ce que les théraphim de Laban dans la tente de Rachel. Longtemps tolérés ces « dieux étrangers » doivent être rejetés au moment où l’on va paraître devant l'Éternel. Ensuite seulement, Jacob peut monter à Béthel, un lieu qu'il a cessé de trouver « terrible » ; il y bâtit un autel, s'y souvient avec reconnaissance des bénédictions reçues, et y entend de la part de Dieu la confirmation de toutes ses promesses. Ayant jugé et abandonné ce qui était incompatible avec son service élevé, l'adorateur est comblé en la présence de Dieu de bénédictions multiples et de grand prix (Osée 14:8).
Nouvelle étape dans la vie de Jacob ! Pendant qu'il est en route surviennent simultanément la naissance de Benjamin et la mort de Rachel. Le chemin du chrétien est lui aussi semé de joies et de chagrins. Comme Jacob, il peut « dresser des stèles » (v. 14, 20).
Les deux noms donnés à l'enfant nous parlent chacun du Seigneur Jésus. Ben-Oni, le fils de ma peine, est le nom de celui sur qui Israël se lamentera « comme on se lamente sur un fils unique » (Zacharie 12:10), de celui qui lui-même a été un affligé sur la terre, un homme de douleurs, soumis à la souffrance. Mais Il est en même temps le vrai Benjamin, le Fils de la droite du Père, auquel Dieu a dit : « Assieds-toi à ma droite… » (Psaume 110:1; plusieurs fois cité dans le Nouveau Testament). Les deux noms sont inséparables, portés par la même personne. Ils nous rappellent que les souffrances et les gloires de Christ ne peuvent être dissociées (1 Pierre 1:11).
Un autre nom dans notre lecture nous fait penser à Jésus : Bethléhem (verset 19) où le Sauveur naîtra. Le sépulcre de Rachel s'élève là, lieu de larmes qui sera mentionné au début de l'Évangile (Matthieu 2:18), mais lieu aussi où devait être annoncé le plus grand sujet de joie de tous les temps (Luc 2:10).
Après la naissance de Benjamin, la famille de Jacob est maintenant complète (chapitre 35:23). Mais parallèlement la famille d'Ésaü prospère. Elle compte de nombreux chefs, ainsi que des rois. Certains jeunes gens ambitionnent de devenir des chefs, mais combien il est meilleur d'obéir au Seigneur et de servir les siens que d'avoir autorité sur d’autres personnes. Le Seigneur l'enseigne à ses disciples : « Vous savez que ceux qui sont réputés gouverner les nations dominent sur elles… mais il n'en est pas ainsi parmi vous, … quiconque voudra devenir le premier, sera l'esclave de tous » (Marc 10:42 à 44).
Parmi les hommes puissants mentionnés dans ce chapitre, l'un trouvera des sources chaudes au désert, image de toutes les déceptions de ce monde et de ce qui ne désaltère pas (verset 24). Un autre, Amalek, deviendra le plus acharné de tous les ennemis d'Israël et ce dernier aura affaire à lui tout au long de son histoire.
La fin du verset 8 nous rappelle : Ésaü c'est Édom ! Le nom de Jacob le supplanteur a été changé en Israël : Prince de Dieu, tandis que celui d'Ésaü est devenu Édom (chapitre 25:30) qui signifie « roux », « potage ». Terrible ironie ! Cet homme et sa race, de génération en génération, ont été condamnés à porter comme nom celui du plat échangé contre sa bénédiction.
Nous commençons aujourd'hui la belle histoire de Joseph. Il n'existe probablement pas dans toute l'Écriture de personnage qui présente en « type » le Seigneur Jésus d'une manière plus complète que Joseph. Objet de l'amour de son père, il est en même temps victime de la haine et de la jalousie de ses frères les fils d'Israël (comparer Jean 3:19; Matthieu 21:38). Il rend témoignage contre eux de leur méchanceté (verset 2) et devant eux de son élévation future à laquelle ils refusent de croire. Ainsi Christ, centre des prophéties concernant la terre (verset 7) et le ciel (verset 9), fut le témoin fidèle et véritable contre le monde de ses mauvaises oeuvres (Jean 7:7), et envers le monde de Ses propres gloires futures (Matthieu 26:64). Jacob a revêtu Joseph d'une tunique bigarrée, marque visible de sa faveur. Jésus aussi a été publiquement désigné comme l'objet des délices du Père (Matthieu 3:17; Actes 2:22). Joseph est pour chacun de nous un modèle d'obéissance. « Me voici » — répond-il (verset 13) — quand son père l'envoie visiter ses frères qui pourtant le haïssent. Mais quel plus grand modèle nous avons en Jésus ! Il se présenta en parfaite obéissance quand le Père voulut l'envoyer : « Voici, je viens ;… c'est mes délices, ô Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir » (Psaume 40:7, 8).
Le long chemin suivi par Joseph à la recherche de ses frères, rappelle celui qu’a parcouru le Fils de Dieu pour chercher et sauver ceux qui étaient perdus. Chemin de son anéantissement d'abord : étant Dieu, il s'est fait homme. Chemin de son abaissement ensuite, jusqu'à la mort, oui, jusqu'à la mort de la croix (Philippiens 2:7, 8).
Puis c'est le crime dont tous les détails évoquent cette croix de Christ : ils font de lâches complots pour tuer celui qui était venu les servir (Psaume 109:5; Jérémie 11:19 et Jean 11:53) ; « ils se rassemblent contre l'âme du juste et condamnent le sang innocent » (Psaume 94:21) ; ils le dépouillent de son vêtement (Psaume 22:18) et le jettent dans la fosse, image de la mort. Toutes ces souffrances ont été dans leur pleine réalité la part du Sauveur.
Finalement ils vendent Joseph pour vingt pièces d'argent comme esclave à des étrangers. Celui qui est plus grand que lui a été vendu pour trente pièces, prix magnifique auquel il a été estimé par eux (Zacharie 11:13), puis livré par les Juifs à Pilate. Quelle détresse a dû être celle de Joseph ! Et combien plus grande l'angoisse de Celui dont Joseph n'est qu'une faible image, quand Il a passé par toutes ces douleurs, par la mort et par l’abandon de Dieu, à cause de son immense par amour pour vous et pour moi.
Le chapitre 38 est intercalé dans l'histoire de Joseph comme pour nous montrer, par l'exemple de son frère Juda, à quels graves péchés et à quels désordres on peut être entraîné dans une famille quand on a mis de côté Christ, le vrai Joseph. En contraste, au chapitre 39 nous retrouvons Joseph en Égypte, jeune homme craignant Dieu, se gardant pur et séparé du monde. C'est pourquoi Dieu se plait à montrer que cette piété lui est agréable en bénissant d'une manière évidente toute l'activité de son fidèle témoin. Quand la tentation se présente, Joseph refuse (verset 8), n'écoute pas (verset 10), s'enfuit (verset 12) ; remarquez le contraste avec Samson en Juges 16:16, 17.
Jeunes croyants, un jour vous aurez sans doute à quitter la maison de vos parents pour séjourner dans un milieu hostile et dangereux. Que cet exemple de Joseph, lui aussi loin de sa famille, soit pour vous un encouragement dans les combats qui seront inévitablement votre part ! « Comment un jeune homme rendra-t-il pure sa voie ? » demande le psalmiste. « Ce sera en y prenant garde selon ta parole », répond-il immédiatement. Il est armé pour le jour de la tentation : « J'ai caché ta parole dans mon coeur, afin que je ne pèche pas contre toi » (Psaume 119:9, 11) ; c’est la meilleure chose au meilleur endroit pour le meilleur but.
Encore une fois Joseph est l'objet d'une affreuse injustice. Sur un faux témoignage, il est condamné et enfermé dans la tour au milieu des prisonniers. Le Psaume 105, verset 18 décrit ses souffrances physiques et morales : « on lui serra les pieds dans les ceps, son âme entra dans les fers ». Cette fois encore ces souffrances préfigurent celles du Sauveur. On a mis les mains sur Jésus (Marc 14:46), on a assemblé contre lui de faux témoins (Matthieu 26:59, 60), on l'a « compté parmi les iniques » (Marc 15:28), lui qui n'avait « rien fait qui ne se dût faire » (Luc 23:41).
La tour était remplie de prisonniers coupables. Combien il est touchant de voir Joseph au milieu d'eux, ne s'estimant pas supérieur à cause de son innocence, nullement révolté, pas découragé non plus, mais ne cessant de servir ! Nos pensées ne peuvent qu'être ramenées à l'homme parfait venu partager notre condition misérable et désespérée pour nous servir en amour. « Il a passé de lieu en lieu faisant du bien », dira Pierre (Actes 10:38), en ajoutant : « car Dieu était avec lui ». Tel va être aussi pour Joseph, dans la prison comme chez Potiphar (chapitre 39:3, 21, 23), à la fois sa consolation et le secret de sa prospérité. Puissions-nous faire toujours et partout la même heureuse expérience !
Dans ces deux serviteurs du roi d'Égypte, l'échanson et le panetier, nous avons un échantillon de l'humanité tout entière. « Car il n'y a pas de différence, car tous ont péché… », déclare l'Écriture (Romains 3:23). Tous ont péché contre Dieu, tous ont mérité sa colère, son châtiment. Mais c'est ensuite que se montrera la différence. Les uns reçoivent par la foi la bonne nouvelle du salut par grâce. Et devant les autres est placée la perspective de l'effrayante seconde mort. Il n'existe pas dans le monde d'autre alternative que ces deux-là : sauvé ou perdu. À laquelle appartenez-vous ?
À la différence du panetier qui ne pouvait plus échapper au jugement du roi, il est encore possible aujourd'hui, en recevant l'Évangile de la grâce, de passer de la condition de pécheur perdu à celle de racheté de Christ.
Les deux brigands de la croix illustrent mieux encore ces deux classes qui partagent l'humanité. L'un reste insensible et meurt dans ses péchés ; l'autre, en réponse à sa prière : « Seigneur, souviens-toi de moi… », obtient cette réponse merveilleuse : « aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis » (Luc 23:43). De même qu'ici Joseph est le messager de la grâce souveraine, c'est Jésus qui le premier a annoncé le salut et la bonne nouvelle de la paix (Éphésiens 2:17).
La prière du brigand nous a été rappelée hier : « souviens-toi de moi, Seigneur… » (Luc 23:42). Au chapitre 40:14, c'est Joseph qui demande à l'échanson sur le point d'être délivré : souviens-toi de moi ! Qu'il est triste de lire le verset 23 du même chapitre : « Mais le chef des échansons ne se souvint pas de Joseph et l'oublia » ! Rachetés du Seigneur, au bénéfice de son grand salut, ne sommes-nous pas souvent ingrats, oubliant celui qui nous a sauvés ? Bien que nous devions tout à Jésus, nous négligeons de parler de lui à ceux qui n'ont pas le privilège de le connaître. Le Seigneur savait combien les coeurs sont oublieux que le Seigneur. En instituant la Cène, en leur donnant le pain et la coupe, Il leur a demandé : « Faites ceci en mémoire de moi » (Luc 22:19).
Après le songe du Pharaon le souvenir revient à l'échanson. Il a dû lui en coûter de dire : « Je rappelle aujourd'hui mes fautes » (verset 9). Mais il ne pouvait pas parler de Joseph sans dire où et pourquoi il l'avait rencontré. De même, pour rendre témoignage à Jésus notre Sauveur, ne craignons pas de reconnaître dans quel état de misère et de péché nous nous trouvions quand il nous a fait connaître la délivrance.
Comme ce Pharaon troublé par un songe, les hommes sont aujourd'hui tourmentés, anxieux. L'avenir les inquiète. Ils se sentent à la merci de catastrophes imprévisibles. Pourtant la Bible contient tout ce que l'homme peut savoir au sujet de l'avenir. Mais les prophéties sont incompréhensibles à ceux qui n'ont pas l'Esprit de Dieu. En vain le Pharaon consulte les plus sages de son royaume. Devant Dieu toute la sagesse humaine est en défaut. Alors paraît Joseph. Les portes de la prison lui sont ouvertes, et il vient avec la sagesse d'en haut apporter « une réponse de paix » au Pharaon. Il ne manque pas de dire que cette réponse vient de Dieu et non de lui-même (comparer Daniel 2:28).
Un chrétien qui se nourrit de la Parole de Dieu en sait davantage sur l'avenir du monde que les hommes politiques les plus avisés. Par le Saint Esprit, Dieu « nous a donné une intelligence » (lire Jean 16:13; 1 Jean 2:20 et 5:20).
Ne peut-on pas dire que, dans nos pays d’occident, l’époque actuelle correspond à une période d'abondance spirituelle. Elle sera suivie pour le monde d'un temps de famine annoncé par les prophètes, « non une famine de pain, ni une soif d'eau, mais d'entendre les paroles de l'Éternel… » (Amos 8:11…). Le temps de la grâce aura pris fin. Lecteur, êtes-vous prêt ?
Une grande page de l'histoire de Joseph est maintenant tournée. Après les souffrances viennent les gloires (comparer Luc 24:26). L'affligé jeté dans la fosse, l'esclave dans un pays étranger, le prisonnier dans la tour, devient le seigneur du pays (chapitre 42:30), le sauveur du monde, celui devant lequel tous les genoux se ploient (voir notes). Chacun de ces titres nous parle de Celui qui, jadis humilié et méprisé, sera bientôt par tous à jamais honoré. Jésus, le Nazaréen, a été haut élevé par Dieu, couronné de gloire et d'honneur (Hébreux 2:7). Et, complément de toutes ces gloires, ce qui seul peut satisfaire ses affections : une épouse est donnée à Joseph, image de l'Église, prise du milieu des nations (Éphésiens 1:20 à 23). Les noms de ses fils peuvent suggérer le pénible travail de l'âme du Sauveur, oublié désormais (Manassé, verset 51) pour goûter une abondance de fruit (Éphraïm, verset 52; comparer Ésaïe 53:11).
Le Psaume 105 versets 16 à 21, déjà cité, résume cette magnifique histoire. Avant d'envoyer sur la terre la famine qu'il avait déjà décrétée, Dieu a préparé par ses afflictions Joseph, type de Christ, au rôle de sauveur et de soutien de la vie pour le monde et pour la famille d'Israël (Éphraïm = double fertilité). Aussi pouvons-nous bien nous écrier avec admiration : « Trouverons-nous un homme semblable à celui-ci ? » (verset 38).
Ce que le Seigneur annonce s'accomplit infailliblement. Ainsi en est-il de la parole de Joseph qui était celle de Dieu lui-même. Les sept années d'abondance s’écoulent, puis la famine commence.
Dieu essaie tous les moyens pour tourner vers lui les pensées des hommes. C'est pourquoi dans le monde se succèdent la paix et la guerre, l'abondance et les privations, et aussi, dans la vie de chaque être humain, les joies et les épreuves. Hélas ! les hommes ne pensent guère à remercier le Seigneur pour les joies qu'il leur accorde et ils ne vont généralement pas à Lui non plus pour trouver du secours dans leurs épreuves. Pourtant, de même que le Pharaon commandait : « allez à Joseph », l'Esprit de Dieu presse les hommes de se tourner vers le Sauveur, et lui-même appelle : « venez à moi… » (Matthieu 11:28). Oui, allons à Celui qui seul donne en abondance ce qu'il faut pour nourrir nos âmes. Sachons aussi profiter des périodes d'abondance spirituelle, telle bonne réunion, telle lecture par exemple, pour remplir les « greniers » de notre mémoire et de nos cœurs (Prov. 10:5). Dans les moments de besoin, de solitude, de découragement, ce que nous aurons ainsi mis en réserve nous donnera force et joie dans le Seigneur. Surtout n'oublions pas la fin du verset 55: « Faites ce qu'il vous dira » (comparer Jean 2:5).
Pendant que ces événements se déroulaient en Égypte, la famille de Jacob a été laissée de côté dans le récit inspiré. C'est comme si Dieu avait dit : Après votre crime, et maintenant que Joseph n'est plus au milieu de vous, je ne prends plus intérêt à raconter ce qui vous concerne. Il en est ainsi de la triste histoire de l'homme, et en particulier d'Israël après le rejet du Sauveur. Mais, dans sa patience infinie, Il n'a pas pour autant oublié les objets de ses fidèles promesses. Il attend seulement le moment favorable pour le rétablissement de leurs relations avec Lui. Et ce moment favorable c'est la famine. Si Dieu permet, même chez les siens, des épreuves telles que les privations ou la maladie, c'est souvent pour que Christ, le vrai Joseph, prenne ou reprenne toute sa place dans leur vie.
Ne pensons pas que le temps qui passe puisse effacer le moindre péché ; chacun d'eux est toujours présent aux yeux du Seigneur, même si nous l'avons oublié, et il faudra avoir affaire à Lui à ce sujet tôt ou tard.
« Nous sommes d'honnêtes gens » osent affirmer les frères criminels alors qu'ils se présentent devant celui qui peut prouver le contraire et les confondre rien qu'en révélant son nom. Que de personnes se croient de braves gens alors qu'elles sont coupables du rejet de Jésus. Mais le v. 21 montre qu’après trois jours et un nouvel entretien, leurs consciences commencent à parler.
L'intention de Joseph en parlant durement à ses frères n'est pas la vengeance, nous le comprenons bien. Mais il connaît par expérience la méchanceté de leur coeur et son but est de les amener à une vraie repentance. Il va employer successivement pour cela la sévérité et la bienveillance, les alarmes et les encouragements, les accusations et les festins. Tout est dirigé avec la plus grande sagesse et nous montre par comparaison comment le Seigneur agit quand il veut réveiller notre conscience et notre coeur. Il est quelquefois nécessaire qu'il nous parle « durement ».
Les accusations formulées contre les frères de Joseph sont injustes. Ils ne sont pas des espions. Mais ils sentent que Dieu leur parle et se souviennent de leur péché commun, de leur propre injustice à l'égard de leur frère.
Il nous arrive de subir des injustices. Au lieu de nous irriter ou de chercher à nous justifier, demandons-nous plutôt ce que Dieu veut nous apprendre par ce pénible moyen.
Pour Jacob aussi, tout est dirigé pour son bien, quoiqu'il dise au verset 36: « toutes ces choses sont contre moi ». Il devra apprendre que si Dieu est pour lui, rien ne peut être contre lui et que toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu (Romains 8:28, 31). C'est en effet de cette manière que Dieu va lui rendre Joseph.
Les frères de Joseph sont pleins de crainte. Il faut qu'ils retournent vers Joseph et s'expliquent au sujet de l'argent qu'ils ont retrouvé dans leurs sacs. Comment vont-ils être reçus ? Ne restons pas loin du Seigneur quand nous avons un poids sur notre conscience. Allons aussitôt à lui pour tout lui confesser. Le verset 8 trace à tout pécheur la marche à suivre : se lever, aller et vivre (comparer Luc 15:18).
Les hommes ont pu décider leur père à laisser Benjamin les accompagner et, enfin, se mettent en route emportant avec eux un présent : le meilleur produit du pays (verset 11). Mais le puissant Joseph, celui dont tous les greniers sont remplis, a-t-il besoin de quoi que ce soit ? L'homme a toujours eu la prétention d'apporter quelque chose à Dieu. Mais de Sa part tout est gratuit. Il ne peut rien accepter, même ce que nous produisons de meilleur. Miel, épices, pistaches, amandes, sont des produits de luxe, insuffisants pour nourrir ceux qui n'ont plus de blé. Ce qu'il faut à nos coeurs, c'est le blé céleste, la nourriture d'en haut qui seule peut apaiser la faim de nos âmes. Le monde nous présentera quelques friandises, mais le Seigneur Jésus, le vrai Joseph, pourra seul nous donner le blé du pays céleste, en se présentant lui-même à nos coeurs.
Les frères de Joseph ont de peine à mettre de côté leurs propres ressources ! Il faut cependant qu'ils acceptent le fait que leur dette a été payée. Nous pouvons être sûrs que les comptes du préposé de Joseph étaient en ordre puisqu'il leur affirme : « votre argent m'est parvenu » (verset 23). Le grand Joseph avait personnellement payé pour ses frères. C'est ainsi que Christ a fait tous les frais de notre paix. Notre dette a été entièrement payée par Celui qui en connaît l'importance. Toutefois, tant que le mal n'est pas jugé et confessé, la joie de la communion ne peut être goûtée. Le repas pris ensemble est l'image de cette communion qui implique une parfaite entente, une conversation commune entre tous les participants. N'en est-il pas ainsi à la Table du Seigneur où les croyants, tous ensemble, pensent à ses souffrances ? Mais ici, à cause du péché qui élève une barrière entre eux, Joseph mange à part et ses frères à part (verset 32).
En lisant ces chapitres, vous remarquerez combien de fois (7) Joseph pleure (ch. 42:24; 43:30; 45:2, 14; 46:29; 50:1, 17 fin). Chose admirable, ce n'est ni dans la fosse ni dans la prison qu'il pleure ! Non, ce sont toujours les larmes de l'amour. Elles nous font penser à celles du Seigneur Jésus (Jean 11:35; Lue 19:41).
Le filet se resserre autour des frères de Joseph. Des circonstances imprévisibles — mais dirigées par une main fidèle — les contraignent à revenir sur leurs pas et à comparaître devant celui qui sait tout. À présent leur conscience est atteinte. « Que dirons-nous… comment nous justifierons-nous ? » (verset 16). Moralement, que de chemin a été fait depuis le moment où ils se prétendaient d'honnêtes gens ! (chapitre 42:11) Aussi la délivrance est-elle proche.
Comme toute l'histoire de Joseph, ces scènes ont une portée prophétique. Israël, provisoirement mis de côté à la suite du rejet de Christ, le vrai Joseph, sera amené à reconnaître son crime et à voir dans le Nazaréen qu'il a méprisé et crucifié, celui que Dieu a fait et Seigneur et Christ (Actes 2:36), son Messie et en même temps le Fils de l'homme qui doit régner sur l'univers tout entier. Toutefois pour en arriver à ce travail de conscience, il faudra d'abord qu'Israël, et spécialement la tribu de Juda, traverse un temps de profondes épreuves appelé la « grande tribulation » (Apocalypse 7:14). La détresse des frères de Joseph jusqu'à ce qu'ils confessent leur crime évoque l'angoisse qui sera la part du peuple juif avant de reconnaître et d'honorer son Messie. « Ils regarderont vers moi, celui qu'ils auront percé, et ils se lamenteront sur lui, comme on se lamente sur un fils unique » (Zacharie 12: 10)
Le but de Joseph était de ramener la pensée de ses frères à plus de vingt ans en arrière, au moment où, près de la citerne, ils étaient restés insensibles à sa détresse quand il leur demandait grâce (chapitre 42:21), puis à la douleur de leur vieux père à qui ils avaient cruellement annoncé sa mort. Et Joseph veut voir s’ils sont maintenant capables de comprendre la souffrance d'un jeune frère et celle de leur père. Eh bien, il a réussi à faire enfin vibrer leur coeur ! Il est touchant d'entendre Juda parler de leur père âgé et du jeune frère, enfant de sa vieillesse !
Quelles leçons nous apprenons là, nous aussi ! : Nous mettre à la place des autres pour comprendre leurs joies et surtout leurs peines. Bien plus encore, entrer par le coeur dans les affections du Père au sujet du Fils, dans sa douleur quand il a vu son Bien-aimé entre les mains des hommes méchants et qu'il a entendu son cri sans pouvoir lui répondre. Pénétrer enfin quelque peu dans les souffrances du Fils quand il portait le poids de nos péchés devant la justice divine et que, dans la détresse infinie de son âme, il traversait l'abandon de Dieu pour nous. Ne sommes-nous pas souvent tristement insensibles à ces sujets dont l'Esprit veut nous occuper ?
C'est ce moment qu'attendait Joseph depuis si longtemps. Quelle patience il lui a fallu ! S'il s'était fait connaître trop tôt, ses frères l'auraient honoré par contrainte, comme la gerbe de son songe, mais ils seraient restés froids et craintifs.
Les frères apprennent donc que le gouverneur de l'Égypte, à qui appartient toute cette gloire, n'est autre que celui qu'ils ont haï et rejeté. Non seulement il est vivant, mais toutes choses lui sont assujetties (Hébreux 2:8). Et leurs agissements criminels ont été précisément le moyen par lequel les songes se sont accomplis. Quelle confusion peut remplir leur coeur en constatant la noble grâce dont Joseph fait preuve ! Il ne s'est pas vengé ; il ne leur fait même pas à présent de reproche ; il ne veut que leur bonheur ! Et son propre coeur, n'est-il pas rempli de joie, une joie semblable à celle du Berger qui a trouvé la brebis perdue ? Maintenant les frères sont chargés d'un heureux message, d'une bonne nouvelle : aller vers leur père et raconter la gloire de celui qui leur a pardonné. Telle est aussi notre mission, chers rachetés du Seigneur : annoncer aux autres, en commençant par nos proches, ce que nous avons trouvé en Jésus, et raconter à son Père « toute sa gloire » dans les réunions de culte.
Rendre le bien pour le mal : c'est ce que fait Joseph avec ses frères. C'est ce que le Seigneur nous enseigne (Matthieu 5:44). C'est également la plus sûre façon de gagner le coeur de quelqu'un. Malheureusement nous le pratiquons si peu.
Les frères croyaient pouvoir apporter le meilleur de ce qu'ils avaient (chapitre 43:11) : un peu de baume, un peu de miel… Mais maintenant ils peuvent en mesurer l'insignifiance. Le Pharaon en personne leur promet le meilleur de tout le pays et leur dit en même temps : « que vos yeux ne regrettent pas vos meubles ! » (verset 20). La présence du Seigneur et la jouissance de ses gloires sont devant nous. Ce que nous pouvons abandonner pour lui des choses de la terre est sans valeur en comparaison (Marc 10:29, 30). Or nous avons une preuve que Jésus est vivant, glorieux, et qu’Il nous attend au ciel : il nous a envoyé le Saint Esprit, arrhes de notre héritage (Éph. 1:14).
Remarquons que Joseph ne donne pas seulement à ses frères un pays où ils vont demeurer, mais aussi tout ce qu'il faut pour le chemin qui y conduit : Des chariots ? Jésus nous a pris en charge. De la nourriture ? Sa Parole est à nous. Des vêtements ? Christ peut et doit être vu sur nous (Galates 3:27).
Enfin l'exhortation de celui qui connaît si bien ses frères : « ne vous querellez pas en chemin ! » (verset 24). Nous est-elle moins nécessaire ?
Plus que de ses gloires, plus que de ses richesses, nous avons été occupés de l'amour de Joseph pour ses frères et de la grandeur de son pardon Pour ceux d'entre nous qui vivent en famille avec des frères et des sueurs n'est-ce pas l'occasion d'y apprendre une touchante leçon d'amour et de support ? Mais l'amour de Joseph pour son père Jacob, ses égards, ses prévenances, sa hâte de le voir, son empressement à se mettre à sa disposition, sont aussi un modèle pour nous. Est-ce ainsi que nous aimons et respectons nos parents ?
La famille d'Israël se met en route en passant par Beër-Shéba, le puits du serment ! Les promesses y sont confirmées à Jacob par un Dieu fidèle. « Ne crains pas de descendre en Égypte ! » lui dit-il (verset 3; comparer Ésaïe 41:14). Quel changement chez Jacob, jadis conduit par sa volonté propre et qui maintenant craint de faire un pas sans Dieu ! Aussi Dieu l'encourage-t-il en lui promettant de descendre avec lui. Le Seigneur peut-il toujours nous accompagner partout où nous allons ?
Puis c'est la rencontre émouvante avec le fils bien-aimé qui a tout préparé avec dévouement pour le bonheur des siens. « Je vais vous préparer une place — a promis le Seigneur Jésus — afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi » (Jean 14:3).
Le grand Joseph aurait pu avoir honte de cette famille de simples bergers venus quémander du blé parce qu'ils avaient faim, de ces étrangers suspects d'être des espions et des voleurs. Ce serait mal le connaître ! Il les reconnaît devant tous comme ses frères. Et pour le Pharaon, il suffit qu'ils soient les frères de Joseph pour que la gloire du sauveur de l'Égypte rejaillisse sur eux. Sous cet aspect encore, nous retrouvons Jésus. Il n'a pas honte de nous appeler ses frères (Hébreux 2:11). Et c'est à cause de lui que Dieu nous accueille avec faveur, nous qui sommes rendus agréables dans le Bien-aimé (Éphésiens 1:6). Joseph présente son père Jacob au Pharaon. Scène touchante et pleine de beauté ! Un pauvre vieillard courbé sur son bâton bénit le puissant monarque. Des deux, selon l'appréciation divine, c'est l'homme de Dieu qui est le plus excellent (Hébreux 7:7).
Alors que les hommes sont souvent d'autant plus distants qu'ils sont haut placés, la gloire de Joseph n'atténue en rien sa tendre sollicitude envers les siens et leurs familles. Les ressources qu'il distribue sont mesurées « selon le nombre des enfants ». Figure admirable de notre relation avec Christ et de tout ce qui en découle ! Dès ici-bas la meilleure part nous est acquise (verset 11). Notre foi peut manquer, mais jamais Sa fidèle grâce.
L'accomplissement du songe du Pharaon était inséparable de la personne de Joseph. L'abondance, puis la famine l'ont fait reconnaître comme le soutien de la vie, le sauveur du monde (v. 25).
Christ est le centre des prophéties. Bientôt il aura la domination universelle. Toutes les familles des nations se prosterneront devant lui (Psaume 22:27). Mais pour lui appartenir et lui rendre hommage, les croyants n'attendent pas ce moment. Jésus accomplit un travail en eux. Il commence par rassasier ceux dont l'âme a des besoins (Ps. 107:9). Puis, comme Joseph avec les Égyptiens, il fait en sorte que, peu à peu, tout se trouve soumis à Dieu. Réaliser ses droits sur « nos jours, nos biens, nos corps, nos coeurs », tel est le secret d'une entière délivrance. Le Seigneur ne se contente pas de tel ou tel sacrifice de notre part. Il nous réclame tout entiers en vertu des droits qu'il s'est acquis sur nous. Il nous a achetés à grand prix pour Dieu (1 Corinthiens 6:19, 20). Nous ne nous appartenons plus à nous-mêmes, mais nous sommes devenus les heureux esclaves de Dieu et du Seigneur Jésus Christ (comparer Jacques 1:1) avec toutes les conséquences que cela entraîne : dorénavant nous dépendons entièrement de lui, non seulement pour être pourvus de tout, mais aussi pour qu'il y ait du fruit à sa gloire dans notre vie.
La longue vie de Jacob est sur le point de se terminer. Il a reconnu devant le Pharaon que ses jours avaient été courts et mauvais (chapitre 47:9). Il a passé par de pénibles expériences et, par sa faute, perdu bien des années. Sa carrière n'a pas atteint le niveau de celles d'Abraham ou d'Isaac. Pourquoi, tandis que nous ne savons rien des derniers moments de ces deux patriarches, la fin de Jacob nous est-elle si longuement racontée ? Précisément parce que cette fin triomphante souligne et glorifie la grâce de Dieu envers cet homme ; elle est le couronnement de Son patient travail de discipline et il était nécessaire que nous puissions en admirer le fruit. Jacob revoit le chemin de sa vie et il en évoque les étapes : Luz, autrement dit Béthel, où Dieu s'est fait connaître à lui ; Éphrath et la mort de Rachel… Considérons nous aussi le chemin parcouru. Tous nos regards en arrière feront ressortir la miséricorde de Celui qui, avec le même amour, nous a dirigés, supportés, réprimandés, consolés. Maintenant Jacob se prosterne sur le chevet du lit (chapitre 47:31) où, comme le traduit Hébreux 11:21, adore, appuyé sur le bout de son bâton de pèlerin. Sans attendre notre dernier jour, que telle soit notre réponse à l'amour du Seigneur Jésus !
« Par la foi Jacob mourant bénit chacun des fils de Joseph… » (Hébreux 11:21). En attribuant au plus jeune la bénédiction de l'aîné et inversement, sa pensée doit se reporter à la triste scène du chapitre 27. Il est aveugle maintenant, comme l'était alors Isaac. Mais il sait discerner la pensée de Dieu. On a remarqué que Jacob n'a jamais si bien marché que quand il est devenu boiteux et n'a jamais « vu » si clair que quand il a été aveugle. Il invoque « le Dieu qui a été son berger… jusqu'à ce jour ». Il connaissait par expérience les activités et les peines d'un berger (chapitre 31:38 à 40). À présent, il prend la place de la brebis et mesure les soins patients dont il a été l'objet de la part de son Berger. Comme Jacob, David a fait son apprentissage « auprès du menu bétail » (1 Samuel 17:34). Plus tard il a été appelé à paître Israël (2 Samuel 7:7, 8). Et pourtant c'est lui qui a composé le Psaume 23: « L'Éternel est mon berger ». Chacun de nous connaît le doux nom par lequel le Seigneur Jésus se désigne : « moi je suis le bon Berger » (Jean 10:11, 14). Nom qu'il a justifié en donnant sa vie pour ses chères brebis, puis en prenant soin d'elles et en les conduisant comme Dieu a pris soin de Jacob, même à son insu, pendant toute sa vie. Mais chacun de nous peut-il dire comme Jacob et comme David : il est mon Berger ?
Nous nous trouvons de nouveau devant un chapitre à caractère prophétique. Dans ces dernières paroles de Jacob à ses fils, toute l'histoire du peuple d'Israël se trouve comme tracée d'avance et résumée. Sous les juges et les rois, il s'est corrompu tel Ruben (ch. 35:22) ; il a abandonné l'Éternel pour les idoles. Puis, comme en Siméon et Lévi au ch. 34, la violence s'est manifestée dans le rejet des prophètes et du Messie lui-même, provoquant la dispersion du peuple juif parmi les nations. Christ est représenté par Juda, tribu qui est la sienne par la naissance. À Lui est le sceptre du royaume et la domination. Nous retrouvons ensuite Israël dispersé sous le jugement de Dieu, dans l'activité commerciale et en même temps sous la servitude des nations. C'est la période actuelle personnifiée par Zabulon et Issacar. Quant à Dan, il représente l'Antichrist, personnage juif qui dans un proche avenir sera reçu par Israël comme son Messie. « Un serpent sur le chemin », c'est la terrible figure des puissances sataniques qui agiront alors sans retenue. Devant cette perspective effrayante le résidu fidèle ne pourra plus compter que sur la délivrance d'en haut « J'ai attendu ton salut, ô Éternel ! » (verset 18). Cette attente est le leitmotiv des Ps. 130 et 131. Et nous, attendons-nous le Seigneur ?
Quand l'Église aura été enlevée, « l'heure de l'épreuve » viendra « sur la terre habitée tout entière » (Apocalypse 3:10). Le résidu croyant d'Israël traversera cette tribulation terrible. Nous pouvons le reconnaître dans les paroles adressées par Jacob à Gad. Benjamin nous parle du Roi (Christ) inaugurant son règne après la destruction de ses ennemis, tandis qu'Aser et Nephthali représentent le peuple enfin béni par l'établissement du royaume. — Tout en sachant qu'il ne sera plus à ce moment-là sur la terre, l'enfant de Dieu s'intéresse à ces sujets et se réjouit en pensant que le vrai Joseph, Christ, qui a été haï et rejeté, aura le pouvoir suprême et sera en bénédiction au monde entier. « Joseph est une branche qui porte du fruit… ; ses rameaux poussent par-dessus la muraille » (verset 22), au-delà des limites d'Israël. La bénédiction s'étendra aux nations étrangères aux promesses. Jésus, le vrai Joseph, a été « mis à part de ses frères » (littéralement nazaréen). Jadis « provoqué amèrement » et « haï » (verset 23), Dieu l'a maintenant « haut élevé et lui a donné un nom au-dessus de tout nom… » (Philippiens 2:9, 10). Ce nom à part de tous les autres, ce nom de Jésus Dieu Sauveur, est-il grand dès à présent pour votre cœur et pour le mien ?
La Genèse contient tous les grands évènements affectant la famille humaine : naissance, mariage, perte d’une épouse, d’une mère, d’un père.. et nous montre la foi en activité pour les traverser. La fin de Jacob est de toute beauté. Le bon pays de Goshen où il a passé les dix-sept dernières années de sa vie ne lui a pas fait oublier celui de Canaan ni les promesses que l'Éternel lui a faites à Beër-Shéba (chapitre 46:4). Et il a montré à ses fils le prix qu'il y attachait en leur donnant des ordres formels pour sa sépulture. Il doit reposer dans cette caverne de Macpéla, où les membres de la famille de la foi attendent le jour de la résurrection. Le prix a été payé autrefois pour lui en assurer le droit.
Une grande solennité est donnée aux funérailles du patriarche. D'une manière générale dans l'Ancien Testament, nous voyons l'ensevelissement d'un homme correspondre à sa fidélité. La sépulture de Jehoïada et celle du roi Ézéchias honorèrent aussi leur piété (2 Chroniques 24:16; 32:33). Exemples inverses : les mauvais rois Joram, Joas, Achaz, Jehoïakim (enseveli « comme un âne ») n'eurent pas droit aux sépulcres royaux (2 Chroniques 21:20; 24:25; 28:27; Jérémie 22:19). Aujourd'hui, quand un croyant quitte ce monde, cela ne donne pas lieu à de grandes cérémonies. La mort pour l'enfant de Dieu a perdu son terrible pouvoir ; elle est assimilée à un simple sommeil qui prendra fin par la résurrection (1 Thessaloniciens 4:13, 14). Mais si la mort a perdu son aiguillon, n'oublions jamais ce qu'il en a coûté à son Vainqueur.
Un chagrin était réservé à Joseph après la mort de son père. Ses frères doutent de son amour. Ils pensent que, Jacob disparu, il va maintenant se venger. Avec quelle tendresse il les rassure, leur explique la pensée de Dieu et leur confirme sa promesse de les prendre en charge avec leurs petits enfants ! Beaucoup de chrétiens ressemblent à ces frères de Joseph. Ils n'osent pas croire qu'ils sont pleinement pardonnés (1 Jean 4:18). D'une manière générale, ne nous arrive-t-il pas de mettre en doute l'amour du Seigneur, dont il nous a pourtant donné tant de preuves ? Son coeur est infiniment sensible à ce manque de confiance. C'est comme s'il nous disait alors : « Je suis depuis si longtemps avec vous et tu ne m'as pas connu… ? » (Jean 14:9).
En terminant la Genèse, nous constatons que presque tous les mystères de Dieu s'y trouvent esquissés. Mais avant que le livre ne s'achève, nous entendons encore le certainement de la foi (verset 24). « Dieu vous visitera certainement » sont les derniers mots de Joseph à ses frères, le seul de tous ses actes qui nous soit rapporté en Hébreux 11:22. Toute en étant au milieu de l’abondance et du bien-être de l’Égypte, il envisage le départ de ses frères et le transfert de ses os en Canaan. Imitons la foi de Joseph ! La Parole d'un plus grand que Joseph nous donne cette assurance formelle à la fin du saint Livre : « Voici je viens bientôt » (Apocalypse 22:7, 12, 20). « Amen, viens Seigneur Jésus ! »