par Charles Henry Mackintosh
« Des choses nouvelles et des choses vieilles ».
Table des matières :
Éternel ! ta parole est établie à toujours dans les
cieux (Ps. 119:89)
J’ai caché ta parole dans mon cœur, afin que je ne pèche pas
contre toi (Ps. 119:11)
En commençant l’étude de
cette partie si remarquable de notre Livre, le lecteur doit bien se rappeler qu’elle
ne doit nullement être prise comme une suite du chapitre 27. Pour expliquer l’absence
de bénédictions dans ce dernier, quelques commentateurs ont voulu les voir ici.
Mais c’est une grande erreur, — erreur tout à fait fatale à l’intelligence de
chacun de ces chapitres. Le fait est qu’ils sont entièrement distincts dans
leur base, leur but et leur application pratique. Pour dire la chose en deux
mots, le chapitre 27 est moral
et personnel
; le chapitre 28 est dispensationnel
et national
. Celui-là traite du grand principe fondamental de la
condition morale de l’homme comme pécheur entièrement ruiné et incapable de
rencontrer Dieu sur le terrain de la loi ; celui-ci s’occupe d’Israël
comme nation, sous le gouvernement de Dieu. En un mot, une soigneuse
comparaison des deux chapitres fera saisir au lecteur leur complète différence.
Quel rapport, par exemple, pourrait-on trouver entre les six bénédictions de
notre chapitre et les douze malédictions du chapitre 27 ? Il n’y en a
aucun ; tandis qu’un enfant peut voir le lien moral qui existe entre les
bénédictions et les malédictions du chapitre 28.
Citons un ou deux passages à
l’appui de ce que nous avançons. « Et il arrivera que si tu écoutes attentivement la voix de l’Éternel, ton Dieu
, pour
prendre garde à pratiquer tous ses commandements que je te commande aujourd’hui,
l’Éternel, ton Dieu, te mettra très haut au-dessus de toutes les nations de la
terre ; et toutes ces bénédictions viendront sur toi et t’atteindront, si tu écoutes la voix de l’Éternel, ton Dieu
.
Tu seras béni dans la ville, et tu seras béni dans les champs. Le fruit de ton
ventre sera béni, et le fruit de ta terre, et le fruit de tes bêtes, les
portées de ton gros bétail, et l’accroissement de ton menu bétail ; ta
corbeille sera bénie, et ta huche. Tu seras béni en entrant, et tu seras béni
en sortant » (vers. 1-6). N’est-il pas parfaitement clair que ce ne sont
pas là les bénédictions prononcées par les six tribus sur le mont de
Garizim ? Ce qui nous est présenté ici, c’est la dignité nationale d’Israël,
sa prospérité et sa gloire fondées sur l’observation diligente de tous les
commandements placés devant lui dans ce livre. Le dessein éternel de Dieu était
qu’Israël fût au-dessus de toutes les nations. Ce dessein s’accomplira
certainement, bien qu’Israël, dans le passé, ait manqué honteusement à cette
parfaite obéissance qui devait former la base de sa gloire et de sa prééminence
comme nation.
Il ne faut jamais oublier ni abandonner cette grande vérité. Quelques commentateurs ont adopté un système d’interprétation par lequel les bénédictions accordées à Israël sont spiritualisées et appliquées à l’Église de Dieu. C’est une très fatale erreur, et il est difficile d’exprimer les pernicieux effets d’une semblable manière de traiter la précieuse parole de Dieu. Cette interprétation est diamétralement opposée à la pensée et à la volonté de Dieu. Il ne saurait la sanctionner, ni approuver que l’on détourne ainsi de leur vraie signification les bénédictions et les privilèges de son peuple d’Israël.
Il est vrai que nous lisons, dans le chapitre 3 de l’épître aux Galates : « … Afin que la bénédiction d’Abraham parvînt aux nations dans le Christ Jésus, afin que nous reçussions » — quoi ? Des bénédictions dans la ville et aux champs ? Des bénédictions dans notre corbeille ou dans notre huche ? Non, mais — « afin que nous reçussions par la foi l’Esprit promis » (v. 14). Nous apprenons aussi par la même épître, au chapitre 4, qu’il sera permis à l’Israël restauré de compter parmi ses enfants tous ceux qui sont nés de l’Esprit pendant la période chrétienne. « Mais la Jérusalem d’en haut est la femme libre qui est notre mère. Car il est écrit : Réjouis-toi, stérile qui n’enfantes point ; éclate de joie et pousse des cris, toi qui n’es point en travail d’enfant ; car les enfants de la délaissée sont plus nombreux que les enfants de celle qui a un mari ».
Tout cela est très vrai,
mais ne présente aucune raison pour transférer aux croyants du Nouveau
Testament, les promesses faites à Israël. Dieu s’est engagé par serment à bénir
la semence d’Abraham — son ami — à la bénir de toutes les bénédictions
terrestres, au pays de Canaan. Cette promesse se maintient et est absolument
inaliénable. Malheur à tous ceux qui tenteraient de mettre en doute son
accomplissement littéral, au temps voulu de Dieu. — Ayant examiné ce sujet dans
nos études de la première partie de ce livre, nous nous bornerons à avertir
sérieusement le lecteur de se tenir en garde contre tout système d’interprétation
qui entraîne d’aussi sérieuses conséquences quant à la parole, et aux voies de
Dieu. Il ne faut jamais perdre de vue que les bénédictions d’Israël sont
terrestres, et celles de l’Église, célestes. « Béni soit le Dieu et Père
de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ
»
(Éph. 1:3).
Ainsi la nature aussi bien que la sphère des bénédictions de l’Église, sont entièrement différentes de celles promises à Israël, et ne doivent jamais être confondues. Mais le système d’interprétation ci-dessus mentionné les confond au détriment de l’intégrité des Saintes Écritures, et porte ainsi un sérieux dommage aux âmes. Essayer d’appliquer à l’Église de Dieu, soit maintenant ou à l’avenir, sur la terre, ou dans le ciel, les promesses faites à Israël, c’est renverser complètement les choses, et jeter la confusion la plus désespérée dans l’exposition et l’application des Écritures. Nous sentons le besoin, par fidélité à la parole de Dieu et pour le bien de l’âme du lecteur, de le solliciter à apporter une sérieuse attention à ce sujet ; qu’il soit persuadé que cette question est des plus importantes. Pour nous, nous avons la conviction que quiconque confond Israël et l’Église, ce qui est terrestre avec ce qui est céleste, ne peut être un sain ou exact interprète de la parole de Dieu.
Nous ne poursuivrons pas ici l’étude de ce sujet. Nous avons la confiance que l’Esprit de Dieu éveillera dans le cœur du lecteur le sentiment de l’intérêt et de l’importance qu’il mérite, et lui accordera de voir combien il est nécessaire que la parole de vérité soit exposée justement (voyez 2 Tim. 2:15). S’il en est ainsi, notre but sera pleinement atteint.
Pour ce qui concerne ce chapitre 28 du Deutéronome, si le lecteur a bien saisi le fait qu’il diffère entièrement du précédent, il sera capable de le lire avec une intelligence spirituelle et un profit réel. Il n’exige pas une longue étude ; il se divise clairement et naturellement en deux parties. Dans la première, nous avons un exposé complet des résultats de l’obéissance (voyez vers. 1-15) ; dans la seconde partie, se trouve l’exposé solennel et frappant des terribles conséquences de la désobéissance (voyez vers. 16-68) ; et ce qui est bien digne de remarque, c’est que la division contenant les malédictions a plus de trois fois la longueur de celle qui renferme les bénédictions. Le chapitre entier développe avec puissance ce qu’est le gouvernement de Dieu et le fait que « notre Dieu est un feu consumant » (Héb. 12:29).
Toutes les nations de la terre peuvent apprendre par l’histoire merveilleuse d’Israël que Dieu doit punir la désobéissance, et tout premièrement chez les siens. Et s’il n’a pas épargné son peuple, quelle sera la fin de ceux qui ne le connaissent pas ? « Les méchants seront repoussés jusque dans le shéol, toutes les nations qui oublient Dieu » (Ps. 9:17). « C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant » (Héb. 10:31). C’est le comble de la folie de chercher à éluder la portée de passages semblables, ou d’en détruire la force. On ne le peut pas. Qu’on lise ce chapitre en le comparant avec l’histoire actuelle d’Israël, et l’on verra que, aussi sûrement qu’il y a un Dieu sur le trône de la majesté dans les cieux, il punira ceux qui font le mal, maintenant déjà comme plus tard. Il ne peut en être autrement. Un gouvernement qui pourrait ou voudrait tolérer le mal sans le juger, le condamner et le punir, ne serait pas un gouvernement parfait, ne serait pas celui de Dieu. C’est en vain qu’on avancerait des arguments qui ne se fonderaient que sur la bonté, la longanimité et les compassions de Dieu. Béni soit son nom, il est tendre, bon, miséricordieux, plein de grâce, de support et de compassion. Mais il est saint et juste, droit et vrai ; et « il a établi un jour auquel il doit juger en justice la terre habitée, par l’homme qu’il a destiné à cela, de quoi il a donné une preuve certaine à tous, l’ayant ressuscité d’entre les morts » (Actes 17:31).
Il nous faut cependant terminer cette section ; mais auparavant, nous sentons qu’il est de notre devoir d’appeler l’attention du lecteur sur un point très intéressant en rapport avec le verset 13 de notre chapitre. « Et l’Éternel te mettra à la tête, et non à la queue ; et tu ne seras qu’en haut, et tu ne seras pas en bas, si tu écoutes les commandements de l’Éternel, ton Dieu, que je te commande aujourd’hui, pour les garder et les pratiquer ».
Ceci, sans nul doute, se
rapporte à Israël comme nation, car il est destiné à être à la tête de toutes
les nations de la terre. Tel est le propos et le dessein arrêté de Dieu
concernant ce peuple. Quelque bas qu’il soit tombé, dispersé et perdu parmi les
nations, souffrant des terribles conséquences de sa désobéissance persistante,
dormant, comme nous le lisons au chapitre 12 de Daniel, dans la poussière de la
terre ; toutefois, comme nation
,
il s’élèvera et brillera d’une gloire beaucoup plus grande que celle de
Salomon.
Tout cela est vrai, et démontré d’une manière incontestable dans plusieurs passages de Moïse, des Psaumes, des Prophètes et du Nouveau Testament. Mais, en parcourant l’histoire d’Israël, nous trouvons quelques exemples très frappants d’individus qui, par la grâce de Dieu, se sont approprié les précieuses promesses contenues dans le verset 13, et cela même dans des périodes très sombres et très humiliantes de l’histoire nationale d’Israël, lorsque, comme nation, il était à la queue et non à la tête. Nous ne citerons qu’un exemple ou deux, non seulement pour rendre le sujet plus clair, mais aussi pour présenter au lecteur un principe d’une immense importance pratique et d’une application universelle.
Prenons, par exemple, le livre d’Esther — livre si peu compris ou apprécié, mais qui, certainement, a une place à lui et enseigne une leçon que ne donne aucun autre livre. Il appartient assurément à une période où Israël n’était pas à la tête, mais à la queue, et néanmoins nous y lisons l’histoire d’un fils d’Abraham se conduisant de manière à atteindre une position des plus élevées, et remportant une glorieuse victoire sur l’ennemi le plus acharné d’Israël.
Quant à la condition du peuple d’Israël aux jours d’Esther, elle était telle que Dieu ne pouvait le reconnaître publiquement. De là vient que, du commencement à la fin, son nom n’est pas mentionné dans ce livre. Le gentil était à la tête et Israël à la queue. La relation entre Dieu et Israël ne pouvait plus être ouvertement reconnue, mais le cœur de l’Éternel ne pouvait jamais oublier son peuple, et nous pouvons ajouter que le cœur d’un Israélite fidèle n’aurait jamais pu oublier l’Éternel ou sa sainte loi, et ce sont justement ces deux faits qui caractérisent cette partie si intéressante de la Parole. Dieu agissait pour Israël derrière la scène, et Mardochée agissait pour Dieu sur la scène. Il est digne de remarquer que ni le meilleur ami d’Israël, ni son plus grand ennemi, ne sont nommés une seule fois dans tout le livre d’Esther, quoique les actes de tous deux le remplissent d’un bout à l’autre. Le doigt de Dieu est imprimé sur chaque anneau de la merveilleuse chaîne providentielle qui se déroule en faveur des Juifs ; tandis que d’un autre côté l’amère inimitié d’Amalek (Satan) se manifeste dans le cruel complot de l’orgueilleux Agaguite.
Tout cela offre le plus
grand intérêt. Après avoir terminé l’étude de ce livre, on peut bien s’écrier :
« Quel récit d’homme égalerait en intérêt cette simple
histoire ! » Mais nous ne pouvons maintenant nous étendre sur ce
sujet autant que nous l’aimerions. Nous y avons fait allusion simplement pour
faire ressortir l’indicible valeur et l’importance de la fidélité individuelle
dans un moment où la gloire nationale s’était évanouie. Mardochée restait ferme
comme un roc pour la vérité de Dieu. Il refuse inflexiblement de reconnaître
Amalek. Il sauve la vie d’Assuérus et se soumet à son autorité comme expression
de la puissance de Dieu, mais il ne veut pas s’incliner devant Haman. Sa
conduite dans cette affaire était gouvernée simplement par la parole de Dieu. L’autorité
par laquelle il agissait se trouve dans le livre du Deutéronome : « Souviens-toi
de ce que t’a fait Amalek,
en chemin, quand vous sortiez d’Égypte : comment il te rencontra dans le
chemin, et tomba en queue sur toi, sur tous les faibles qui se traînaient après
toi, lorsque tu étais las et harassé, et ne
craignit pas Dieu.
Et quand l’Éternel, ton Dieu, t’aura donné du repos de
tous tes ennemis à l’entour, dans le pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne en
héritage pour le posséder, il arrivera que tu effaceras la mémoire d’Amalek de
dessous les cieux : tu ne l’oublieras
pas
» (chap. 25:17-19).
Cela était assez clair pour
toute oreille circoncise, pour tout cœur obéissant, pour toute conscience
droite. Le langage d’Exode 17
est
tout aussi net : « Et l’Éternel dit à Moïse : Écris ceci pour
mémorial dans le livre, et fais-le entendre à Josué, que j’effacerai
entièrement la mémoire d’Amalek de dessous les cieux. Et Moïse bâtit un autel,
et appela son nom : Jéhovah-Nissi (l’Éternel
mon enseigne
) ;
et il
dit : Parce que Jah a juré, l’Éternel aura la guerre contre Amalek de
génération en génération » (vers. 14-16).
C’est sur cette autorité que Mardochée se fondait pour refuser de donner à Haman le moindre signe de déférence. Comment un membre fidèle de la maison d’Israël aurait-il pu s’incliner devant un homme de la maison contre laquelle l’Éternel était en guerre ? C’était impossible. Mardochée pouvait se revêtir d’un sac, jeûner et pleurer pour son peuple, mais il ne pouvait, il ne voulait, il n’aurait osé s’incliner devant un Amalékite. Peu lui importait qu’on l’accusât de présomption, d’une aveugle obstination, de stupide bigoterie, ou encore d’une méprisable étroitesse d’esprit. Refuser de rendre au plus grand seigneur du royaume les marques ordinaires de respect, pouvait paraître une folie inouïe de sa part ; mais ce seigneur était un Amalékite, et c’en était assez pour Mardochée. Sa folie apparente était simplement de l’obéissance.
C’est là ce qui rend le cas
si intéressant et si important pour nous. Rien ne peut détruire notre
responsabilité d’obéir à la parole de Dieu. On aurait pu dire à Mardochée que
le commandement relatif à Amalek était une chose passée, qui ne se rapportait
qu’aux jours glorieux d’Israël. C’était bien de la part de Josué de combattre
contre Amalek ; Saül, aussi, aurait dû obéir à la parole de l’Éternel, au
lieu d’épargner Agag ; mais au temps d’Esther tout était changé ; la
gloire avait quitté Israël, il était donc tout à fait inutile d’essayer d’agir
d’après Exode 17, ou Deutéronome 25.
De semblables arguments,
nous en sommes persuadés, n’auraient eu aucune valeur pour Mardochée. Il lui
suffisait de savoir que l’Éternel avait dit : « Souviens-toi
de ce que t’a fait Amalek… Tu ne l’oublieras pas
». Jusqu’à quand ces paroles
étaient-elles valables ? « De génération en génération ». La
guerre de l’Éternel avec Amalek ne devait pas cesser jusqu’à ce que le nom même
de celui-ci et sa mémoire fussent effacés de dessous les cieux. Et
pourquoi ? À cause de la manière lâche et cruelle dont il avait agi envers
Israël. Telle était la bonté de Dieu envers son peuple. Comment, après cela, un
Israélite fidèle aurait-il pu jamais se prosterner devant un Amalékite ?
Non. Samuel le fit-il ? Non, « il mit Agag en pièces devant l’Éternel,
à Guilgal » (1 Sam. 15:33). Comment donc Mardochée aurait-il pu s’incliner
devant lui ? Il ne le pouvait pas, quoi qu’il pût lui en coûter. Peu lui
importait que le gibet fût préparé pour lui ; il pouvait y être pendu,
mais non pas rendre hommage à Amalek.
Et quel fut le résultat de cette fidélité ? Un triomphe magnifique. — D’un côté, nous voyons le fier Amalékite près du trône, se réjouissant aux rayons de la faveur royale, se glorifiant dans ses richesses, sa grandeur, sa gloire, prêt à écraser sous ses pieds la semence d’Abraham. D’un autre côté, le pauvre Mardochée couvert du sac et de la cendre, dans les larmes, était à la porte du palais. Que pouvait-il faire ? Obéir. Il n’avait ni glaive, ni épée, mais il avait la parole de Dieu, et en obéissant simplement à cette Parole, il remporta une victoire sur Amalek, aussi décisive et aussi éclatante dans son genre, que celle que remporta Josué, en Exode 17, — victoire que Saül ne put remporter, bien qu’il fût entouré d’une armée de guerriers choisis d’entre les douze tribus d’Israël. Amalek cherchait à faire pendre Mardochée ; mais au lieu de cela, il fut obligé d’être comme son serviteur, et de le conduire avec une pompe et une splendeur royales à travers les rues de la ville. « Et Haman dit au roi : Quant à l’homme que le roi se plaît à honorer, qu’on apporte le vêtement royal dont le roi se revêt, et le cheval que le roi monte, et sur la tête duquel on met la couronne royale ; et que le vêtement et le cheval soient remis aux mains d’un des princes du roi les plus illustres ; et qu’on revête l’homme que le roi se plaît à honorer, et qu’on le promène par les rues de la ville, monté sur le cheval, et qu’on crie devant lui : C’est ainsi qu’on fait à l’homme que le roi se plaît à honorer. Et le roi dit à Haman : Hâte-toi, prends le vêtement et le cheval, comme tu l’as dit ; et fais ainsi à Mardochée, le Juif, qui est assis à la porte du roi. N’omets rien de tout ce que tu as dit. Et Haman prit le vêtement et le cheval, et revêtit Mardochée et le promena à cheval par les rues de la ville, et il criait devant lui : C’est ainsi qu’on fait à l’homme que le roi se plaît à honorer ! Et Mardochée revint à la porte du roi. Et Haman se rendit en hâte à sa maison, triste et la tête couverte » (Esther 6:7-12).
Ici, assurément, Israël était à la tête et Amalek à la queue — Israël, non pas comme nation, mais individuellement. Mais ce n’était que le commencement de la défaite d’Amalek et de la gloire d’Israël. Haman fut pendu au gibet même qui avait été préparé pour Mardochée. « Et Mardochée sortit de devant le roi, avec un vêtement royal bleu et blanc, une grande couronne d’or, et un manteau de byssus et de pourpre ; et la ville de Suse poussait des cris de joie et se réjouissait » (chap. 8:15).
Ce ne fut pas tout. L’effet de cette merveilleuse victoire se fit sentir au loin et au près, dans les cent vingt-sept provinces de l’empire. « Et, dans chaque province et dans chaque ville, partout où parvenait la parole du roi et son édit, il y eut de la joie et de l’allégresse pour les Juifs, un festin et un jour de fête ; et beaucoup de gens parmi les peuples du pays se firent Juifs, car la frayeur des Juifs tomba sur eux » (chap. 8:17). Et, pour couronner le tout, nous lisons que « Mardochée, le Juif, fut le second après le roi Assuérus, et il fut grand parmi les Juifs et agréable à la multitude de ses frères, cherchant le bien de son peuple et parlant pour la paix de toute sa race » (chap. 10:3).
Tout cela ne nous prouve-t-il pas de la manière la plus frappante l’immense importance de la fidélité individuelle ? Ce récit n’est-il pas propre à nous encourager à tenir ferme pour la vérité de Dieu, quoi qu’il puisse nous en coûter ? Considérez seulement les merveilleux résultats de la conduite d’un seul homme ! Plusieurs auraient condamné Mardochée, et taxé d’obstination inconcevable le refus de donner une simple marque de respect au plus grand seigneur de l’empire. Mais ce n’était pas cela : c’était simplement de l’obéissance ; provenant d’un cœur décidé pour Dieu, et les conséquences en furent une magnifique victoire, dont les fruits furent recueillis par ses frères jusqu’aux extrémités de la terre.
Pour éclaircir davantage le
sujet suggéré par Deut. 28:13, rappelons encore Dan. 3
et 6. Là nous verrons quels résultats moralement glorieux peuvent
être obtenus par la fidélité individuelle au vrai Dieu, au moment où c’en était
fait de la gloire nationale d’Israël, où la ville sainte et le temple étaient
en ruines. Les trois hommes fidèles refusent de se prosterner devant la statue
d’or. Ils osent affronter le courroux du roi, résister à la voix universelle de
l’empire, s’exposer même à la fournaise ardente plutôt que de désobéir. Ils
pouvaient donner leur vie, mais non pas abandonner la vérité de Dieu. Et quel
fut le résultat de leur fidélité ? Une glorieuse victoire ! Ils
marchèrent au milieu de la fournaise avec le Fils de Dieu, et furent appelés
hors de la fournaise pour être les témoins et les serviteurs du Dieu Très-Haut.
Glorieux privilège ! Merveilleuse dignité ! Et tout cela est le
simple résultat de l’obéissance. S’ils avaient suivi la foule et courbé leur
tête devant le dieu national, afin d’échapper à la terrible fournaise, combien
n’auraient-ils pas perdu ! Mais, béni soit Dieu, ils furent rendus
capables de tenir ferme la confession de cette grande vérité fondamentale d’un
Dieu unique — vérité qui avait été foulée aux pieds au milieu des splendeurs du
règne de Salomon, et le récit de leur fidélité nous a été transmis par le Saint
Esprit, afin de nous encourager à marcher d’un pas ferme dans le sentier du
dévouement individuel, en face d’un monde qui hait Dieu et qui rejette Christ,
et en face d’une chrétienté qui néglige la vérité. Il est impossible de lire ce
récit, sans que le nouvel homme en nous n’en soit saisi et animé d’un désir
sincère de se dévouer plus entièrement à Christ et à sa cause précieuse.
L’étude de Daniel 6 doit produire le même effet. Nous ne pouvons ni citer, ni développer ce sujet. Nous voulons seulement recommander à l’attention du lecteur ce récit bien propre à stimuler nos âmes, et qui présente une leçon tout à fait appropriée à nos jours de profession relâchée, de recherche de ses aises, et où il ne coûte rien de donner un assentiment de bouche aux vérités du christianisme, tandis qu’il y a en réalité si peu de désir ou de promptitude à suivre, avec un cœur entier et décidé, un Seigneur rejeté, ou à se soumettre à ses commandements avec une obéissance implicite.
En face de tant de froide
indifférence, combien il est rafraîchissant de lire le récit de la fidélité de
Daniel ! Avec une décision inflexible, il persistait dans sa sainte
habitude de prier trois fois par jour, ayant sa fenêtre ouverte du côté de
Jérusalem, bien qu’il sût que la fosse aux lions l’attendait. Il aurait pu
fermer sa fenêtre et tirer ses rideaux, et se retirer dans le secret de son
cabinet pour prier, ou bien attendre l’heure de minuit, lorsqu’aucun œil humain
ne pouvait le voir ou aucune oreille l’entendre. Mais non ; ce fidèle
serviteur de Dieu ne voulait pas cacher sa lumière sous un boisseau. Un grand
principe était en jeu. Ce n’était pas simplement qu’il voulait prier le seul
Dieu vivant et vrai, mais il voulait le faire avec « ses fenêtres ouvertes du côté de Jérusalem
». Et pourquoi du
côté de Jérusalem ? Parce que là était le centre établi de Dieu. Mais la
ville était en ruines. C’est vrai, pour le moment, à un point de vue humain.
Mais pour la foi, et au point de vue de Dieu, Jérusalem était le centre établi
de Dieu pour son peuple terrestre. Elle l’était et le sera. Et non seulement
cela, mais sa poussière même est précieuse à l’Éternel, et c’est pourquoi
Daniel était en pleine communion avec la pensée de Dieu quand il ouvrait ses
fenêtres du côté de Jérusalem pour prier. En le faisant, il avait pour lui les
Écritures, comme le lecteur peut le voir dans 2 Chr. 6:38: « Et s’ils
reviennent à toi de tout leur cœur et de toute leur âme, dans le pays de leur
captivité, où on les aura emmenés captifs, et te prient en se tournant vers leur pays
que tu as donné à leurs
pères, et vers la ville
que tu as
choisie, et vers la maison
que j’ai
bâtie pour ton nom ».
C’est sur ce fondement que Daniel agissait ; et cela sans égard aucun pour les opinions humaines, et sans regarder non plus aux peines et au châtiment. Il préférait être jeté dans la fosse aux lions plutôt que d’abandonner la vérité de Dieu. Il aimait mieux le ciel avec une bonne conscience, que de rester sur la terre avec une mauvaise.
Et quel fut le résultat ? Un autre splendide triomphe ! « Daniel fut tiré de la fosse, et aucun mal, ne fut trouvé sur lui, parce qu’il s’était confié en son Dieu ».
Serviteur béni ! Noble témoin ! Assurément il était à la tête, dans cette occasion, et ses ennemis à la queue. Et par quel moyen ? En obéissant simplement à la parole de Dieu. C’est là ce que nous jugeons être d’une si grande importance morale de nos jours ; et c’est avec le désir de mettre en lumière et d’appuyer cette vérité, que nous mentionnons ces brillants exemples de fidélité individuelle dans un temps où la gloire nationale d’Israël était dans la poussière, son unité perdue et où, comme peuple, il n’avait plus de gouvernement. C’est un fait des plus intéressants, plein d’encouragements et propre à fortifier, que de voir dans ces jours les plus sombres de l’histoire d’Israël comme nation, ces exemples si remarquables de foi et de dévouement personnels. Nous appelons l’attention sérieuse du lecteur chrétien sur ce point éminemment propre à fortifier et à relever nos cœurs, et à tenir ferme pour la vérité de Dieu au temps actuel, où il y a tant de sujets de découragement dans l’état général de l’église professante. Ce n’est pas que nous devions nous attendre à des résultats aussi prompts, aussi frappants et aussi magnifiques, que dans les cas que nous avons mentionnés. Là n’est pas la question. Ce que nous avons à retenir dans nos cœurs, c’est le fait que, quel que soit l’état de ce qui porte le nom de peuple de Dieu à une époque donnée, le privilège de tout homme de Dieu individuellement est de suivre le sentier étroit, et de recueillir les précieux fruits d’une simple obéissance à la parole de Dieu et aux commandements de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. C’est là, nous en sommes persuadés, une vérité essentielle pour nos jours. Puissions-nous tous en éprouver la sainte puissance ! Nous sommes dans un danger imminent, vu l’état général des choses, d’abaisser le niveau du dévouement personnel. Ce serait une erreur fatale, une suggestion positive de l’ennemi de Christ et de sa cause. Si Mardochée, Shadrac, Méshac, Abed-Nego et Daniel avaient agi de cette manière, quel en aurait été le résultat ?
Prenons-y garde, cher
lecteur. Ayons toujours présent à l’esprit que notre grande affaire est d’obéir
et de laisser les résultats à Dieu. Il se peut qu’il trouve bon d’accorder à
ses serviteurs de voir de grands résultats, comme aussi de les laisser attendre
le grand jour à venir, où il n’y aura aucun danger que nous soyons enflés d’orgueil
en voyant les quelques fruits de notre témoignage. Quoiqu’il en soit, notre
devoir clair et simple est de suivre le sentier lumineux et rempli de
bénédictions, qui nous est tracé par les commandements de notre Seigneur et
Sauveur Jésus Christ. Que Dieu nous en rende capables par la grâce de son Saint
Esprit ! Puissions-nous demeurer attachés de tout notre cœur à la vérité
de Dieu, sans nous soucier de l’opinion des hommes qui nous accuseront peut-être
d’étroitesse, de bigoterie ou d’intolérance. Nous n’avons qu’à suivre le Seigneur
!
Ce chapitre termine la
seconde grande division de notre livre. Il contient l’appel le plus solennel à
la conscience de la congrégation. C’est comme le résumé et l’application
pratique de tout ce qui précède dans ce livre si profond, si pratique et si
encourageant. « Ce sont là les paroles de l’alliance que l’Éternel
commanda à Moïse de faire avec les fils d’Israël dans le pays de Moab, outre l’alliance qu’il avait faite avec eux
à
Horeb
» (Chapitre 28:69). Nous
avons déjà fait allusion à ce passage comme prouvant entre d’autres la grande
différence qui existe entre le Deutéronome et le livre qui précède. Mais il
appelle l’attention du lecteur sur un autre point. Il parle d’une alliance
spéciale faite avec les enfants d’Israël au pays de Moab, et en vertu de
laquelle ils devaient être amenés dans le pays. Cette alliance était aussi
distincte de l’alliance traitée à Sinaï, qu’elle l’était de l’alliance faite
avec Abraham, Isaac et Jacob. En un mot, ce n’était ni purement la loi
, ni la pure grâce
, mais le gouvernement
exercé dans une miséricorde souveraine.
Il est parfaitement clair qu’Israël
ne pouvait
pas entrer dans le pays
sur le principe de l’alliance de Sinaï ou d’Horeb, puisqu’ils y avaient
complètement failli en faisant le veau d’or. Ils avaient perdu tout droit et
tout titre à la possession du pays ; seule la souveraine miséricorde de
Dieu exercée envers eux, en suite de la médiation et de l’ardente intercession
de Moïse, les avait sauvés d’une destruction subite. Il est également clair qu’Israël
ne pouvait
pas entrer dans le pays
sur le principe de l’alliance de grâce traitée avec Abraham, car s’il en avait
été ainsi, ils n’auraient pu en être chassés. Ni l’étendue du pays qu’ils
possédèrent, ni le temps dont ils en jouirent, ne répondent aux termes de l’alliance
faite avec leurs pères. Ce fut suivant les conditions de l’alliance faite en
Moab qu’ils entrèrent en possession temporaire et limitée du pays de Canaan.
Mais ils ont failli sous l’alliance de Moab comme sous celle d’Horeb, c’est-à-dire
aussi complètement sous le gouvernement que sous la loi, et c’est pour cela qu’ils
ont été expulsés du pays et dispersés sur toute la terre, selon les
dispensations du gouvernement de Dieu.
Mais ce n’est pas pour toujours. Béni soit le Dieu de toute grâce, la semence d’Abraham, son ami, possédera encore le pays de Canaan, selon les conditions magnifiques de l’alliance primitive. « Les dons de grâce et l’appel de Dieu sont sans repentir » (Rom. 11:29). Les dons et l’appel ne doivent pas être confondus avec la loi et le gouvernement. Le mont de Sion ne peut être mis sur la même ligne que Horeb et Moab. La nouvelle et éternelle alliance de grâce, ratifiée par le précieux sang de l’Agneau de Dieu, sera glorieusement accomplie ; elle le sera à la lettre, en dépit de toutes les puissances réunies de la terre et de l’enfer. « Voici, des jours viennent, dit le Seigneur, et je conclurai, pour la maison d’Israël et pour la maison de Juda, une nouvelle alliance, non selon l’alliance que j’ai faite avec leurs pères, au jour où je les pris par la main pour les tirer du pays d’Égypte ; car ils n’ont pas persévéré dans mon alliance, et moi je les ai délaissés, dit le Seigneur. Car c’est ici l’alliance que j’établirai pour la maison d’Israël après ces jours-là, dit le Seigneur : En mettant mes lois dans leur entendement, je les écrirai aussi sur leurs cœurs, et je leur serai pour Dieu, et ils me seront pour peuple, et ils n’enseigneront point chacun son concitoyen et chacun son frère, disant : Connais le Seigneur ; car ils me connaîtront tous, depuis le plus petit jusqu’au plus grand d’entre eux ; car je serai clément à l’égard de leurs injustices, et je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités. En disant : « une nouvelle », il a rendu ancienne la première : or ce qui devient ancien et qui vieillit, est près de disparaître » (Héb. 8:8-13).
Le lecteur doit soigneusement se garder d’appliquer ce beau et précieux passage à l’Église. Il ferait tort à la fois à la vérité de Dieu, à l’Église et à Israël. Vu son immense importance nous avons, à plusieurs reprises, insisté sur ce point dans le cours de nos études sur le Pentateuque. Nous avons la profonde et intime conviction que nul, s’il confond Israël et l’Église, ne peut comprendre et encore moins expliquer la parole de Dieu. Les deux choses sont aussi distinctes que le ciel et la terre. Si donc nous voulons appliquer à l’Église ce que Dieu dit d’Israël, de Jérusalem et de Sion, il ne peut en résulter qu’une complète confusion. Ce système d’interprétation de la parole de Dieu détruit toute exactitude, il ôte à l’Écriture cette sainte précision et cette assurance divine qu’elle est destinée à produire. Ce système porte atteinte à l’intégrité de la vérité, nuit aux âmes des saints, et entrave leurs progrès dans la vie divine et l’intelligence spirituelle. En un mot, nous ne saurions trop engager le lecteur à être en garde contre une méthode aussi fausse d’interpréter la Sainte Écriture.
Nous devons nous garder de toucher au dessein de la prophétie et à la vraie application des promesses de Dieu. Nous n’avons aucun droit d’intervenir dans la sphère divinement tracée des alliances ; l’apôtre nous dit positivement, dans le chapitre 9 aux Romains, qu’elles appartiennent à Israël, et si nous essayons de les ôter aux pères de l’Ancien Testament pour les transférer à l’Église de Dieu, au corps de Christ, nous faisons ce que l’Éternel Dieu ne sanctionnera jamais. L’Église ne fait pas partie des voies de Dieu envers Israël et la terre. Sa place, ses privilèges, ses espérances, sont entièrement célestes. Elle est formée pendant le temps du rejet de Christ, pour être associée avec Lui, là ou il est maintenant, caché dans les cieux, et elle est appelée à partager sa gloire dans le jour qui vient. Si le lecteur a saisi cette grande et glorieuse vérité, elle l’aidera beaucoup à mettre chaque chose à sa vraie place. Reportons maintenant notre attention sur l’application pratique à la conscience de chaque membre de la congrégation, de tout ce qui vient de passer devant nous.
« Et Moïse appela tout Israël, et leur dit : Vous avez vu tout ce que l’Éternel a fait devant vos yeux dans le pays d’Égypte, au Pharaon, et à tous ses serviteurs, et à tout son pays : les grandes épreuves que tes yeux ont vues, ces signes et ces grands prodiges. Mais l’Éternel ne vous a pas donné un cœur pour connaître, ni des yeux pour voir, ni des oreilles pour entendre, jusqu’à ce jour ».
Cela est particulièrement
solennel. Les miracles et les signes les plus étonnants peuvent s’opérer devant
nos yeux et laisser le cœur
insensible.
Ces choses peuvent produire un effet passager sur l’esprit et les sentiments
naturels ; mais, à moins que la conscience n’ait été amenée dans la
lumière de la présence divine, et que le cœur n’ait été placé sous l’action
immédiate de la vérité, par la puissance de l’Esprit de Dieu, il n’y aura aucun
résultat permanent. Nicodème concluait des miracles du Christ qu’il était un
docteur venu de Dieu ; mais cela ne suffisait pas. Il avait à apprendre la
profonde et merveilleuse signification de cette vérité : « Il vous
faut être nés de nouveau ». Une foi fondée sur des miracles peut laisser
une âme sans la possession du salut, sans bénédiction, sans conversion :
terriblement responsable, sans doute, mais absolument inconvertie. Nous lisons
à la fin du second chapitre de l’évangile de Jean que plusieurs professèrent de
croire en Christ, quand ils virent ses miracles ; mais « il ne se
fiait pas à eux ». Il n’y avait pas d’œuvre divine, rien en quoi l’on pût
se fier. Il doit y avoir une nouvelle vie, une nouvelle nature, et c’est ce que
les miracles et les signes ne peuvent pas communiquer. Il nous faut être nés de
nouveau, nés de la parole et de l’Esprit de Dieu. La nouvelle vie est
communiquée par la semence incorruptible de l’évangile de Dieu, plantée dans le
cœur par la puissance du Saint Esprit. Ce n’est pas une foi de l’intelligence
fondée sur des miracles, mais la foi du cœur au Fils de Dieu. C’est quelque
chose qui ne pouvait être connu sous la loi ou sous le gouvernement. « Le don
de grâce de Dieu, c’est la vie
éternelle dans le Christ Jésus, notre Seigneur » (Rom. 6:23). Précieux
don ! Glorieuse source ! Canal béni ! Louange universelle soit
rendue à jamais à l’éternelle Trinité.
« Et je vous ai conduits quarante ans par le désert : vos vêtements ne se sont pas usés sur vous, et ta sandale ne s’est pas usée à ton pied. Vous n’avez pas mangé de pain, et vous n’avez bu ni vin ni boisson forte, afin que vous connussiez que moi, l’Éternel, je suis votre Dieu » (vers. 5-6). Soins merveilleux ! La main même de Dieu les vêtait et les nourrissait. « L’homme mangea le pain des puissants » (Ps. 78:25). Ils n’avaient pas besoin de vin, ni de cervoise, ni de stimulants. « Ils buvaient d’un rocher spirituel qui les suivait : et le rocher était le Christ » (1 Cor. 10:4). Cette source pure les désaltérait dans le désert aride, et la manne céleste les soutenait jour après jour. La seule chose dont ils avaient besoin était la capacité de jouir de ces ressources divines.
Ici hélas ! semblables
à nous, ils faillirent. Ils se fatiguèrent de la nourriture céleste, et
convoitèrent d’autres choses. Combien il est triste que nous fassions comme
eux ! Combien il est humiliant que nous sachions si peu apprécier Celui
qui devrait nous être si précieux, ce Jésus que Dieu nous a donné pour être
notre vie, notre portion, notre objet, notre tout en tous ! Qu’il est
terrible de reconnaître que nos cœurs recherchent les misérables vanités et les
folies de ce pauvre monde qui passe, ses richesses, ses honneurs, ses
distinctions, ses plaisirs, toutes ces choses qui périssent, et qui, même si
elles duraient, ne sont pas à comparer avec les « richesses insondables de
Christ ! » Puisse Dieu, dans son infinie bonté, nous donner selon les
richesses de sa gloire, « d’être fortifiés en puissance par son Esprit,
quant à l’homme intérieur ; de sorte que le Christ habite, par la foi,
dans nos cœurs, et que nous soyons enracinés et fondés dans l’amour, afin que
nous soyons capables de comprendre avec tous les saints quelle est la largeur
et la longueur, et la profondeur et la hauteur, — et de connaître l’amour du Christ
qui surpasse toute
connaissance ; afin que nous soyons remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu
» (voy. Éph. 3:16-20). Oh !
puisse cette prière trouver une réponse dans la profonde et constante
expérience de chacun de nous !
« Et vous parvîntes en ce lieu-ci ; et Sihon, roi de Hesbon, et Og, le roi de Basan », — ces formidables et terribles ennemis, — « sortirent à notre rencontre pour nous livrer bataille, et nous les battîmes ; et nous prîmes leur pays, et nous le donnâmes en héritage aux Rubénites, et aux Gadites, et à la demi-tribu des Manassites » (vers. 7-8). Quelqu’un oserait-il comparer cela avec ce que l’histoire raconte touchant l’invasion de l’Amérique du Sud par les Espagnols ? On se tromperait grandement, car Israël avait l’autorité directe de Dieu pour agir comme il le fit à l’égard de Sihon et d’Og, tandis que les Espagnols n’étaient en rien autorisés à traiter, comme ils le firent, les pauvres sauvages ignorants de l’Amérique du Sud. C’est là l’immense différence entre les deux cas. Dieu et son autorité répondent parfaitement à toute question, et résolvent toute difficulté. Puissions-nous avoir ce fait important gravé dans notre esprit comme antidote divin contre toutes les suggestions de l’incrédulité !
« Vous garderez donc
les paroles de cette alliance » — celle de Moab, — « et vous les
pratiquerez, afin que vous prospériez
dans tout ce que vous ferez
» (vers. 9). L’obéissance simple à la
parole de Dieu a été de tout temps, et sera toujours le profond et réel secret
de toute vraie prospérité. Il va sans dire que, pour le chrétien, la prospérité
n’est pas dans les choses terrestres ou matérielles, mais dans les choses
célestes et spirituelles, et il ne faut jamais oublier que les progrès ou la
prospérité dans la vie divine ne sont possibles que par une obéissance
implicite à tous les commandements de notre adorable Seigneur et Sauveur Jésus
Christ. « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous,
vous demanderez ce que vous voudrez, et il vous sera fait. En ceci mon Père est
glorifié, que vous portiez beaucoup de fruit ; et vous serez mes disciples.
Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés ; demeurez dans mon
amour. Si vous gardez mes commandements
,
vous demeurerez dans mon amour ; comme moi j’ai gardé les commandements de
mon Père, et je demeure dans son amour » (Jean 15:7-10). Telle est la
vraie prospérité chrétienne ! Puissions-nous la désirer ardemment et
poursuivre avec diligence le vrai moyen de l’atteindre !
« Vous vous tenez tous
aujourd’hui devant l’Éternel, votre
Dieu, vos chefs, vos tribus, vos anciens, et vos magistrats, tout homme d’Israël,
vos enfants
», — fait touchant
et intéressant, — « vos femmes, et ton
étranger
qui est au milieu de ton camp, ton coupeur de bois aussi bien que
ton puiseur d’eau ; afin que tu entres dans l’alliance de l’Éternel, ton
Dieu, et dans son serment, que l’Éternel, ton Dieu, fait aujourd’hui avec
toi ; afin qu’il t’établisse aujourd’hui pour être son peuple, et pour qu’il
soit ton Dieu, ainsi qu’il te l’a dit, et ainsi qu’il a juré à tes pères, à
Abraham, à Isaac et à Jacob. Et ce n’est pas avec vous seulement que je fais
cette alliance et ce serment ; mais c’est avec celui qui est ici, qui se
tient avec nous aujourd’hui devant l’Éternel, notre Dieu, et avec celui qui n’est
pas ici aujourd’hui avec nous ; (car vous savez comment nous avons habité
dans le pays d’Égypte, et comment nous avons passé à travers les nations que
vous avez traversées ; et vous avez vu leurs abominations, et leurs
idoles, du bois et de la pierre, de l’argent et de l’or, qui sont parmi
eux) » (vers. 10-17).
Ce sérieux appel est non seulement général, mais aussi tout à fait individuel ; cela est très important à remarquer. Nous sommes toujours enclins à généraliser, et de cette manière à laisser de côté l’application de la vérité à notre conscience individuelle. C’est une grave erreur et une perte sérieuse pour nos âmes. Chacun de nous est responsable d’obéir implicitement aux commandements de notre Seigneur. C’est ainsi que nous entrons dans la jouissance réelle de notre relation, comme Moïse le dit au peuple : « Afin qu’il t’établisse aujourd’hui pour être son peuple, et pour qu’il soit ton Dieu ». Rien de plus précieux, et pourtant rien de plus simple. Il n’y a là quoi que ce soit de vague, d’obscur ou de mystique. Il s’agit simplement d’avoir ses commandements serrés dans nos cœurs, agissant sur nos consciences, et manifestés dans notre vie. Tel est le vrai secret pour réaliser habituellement notre relation avec notre Père et avec notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ.
Quiconque s’imagine pouvoir
jouir de l’heureux sentiment d’une relation intime avec Dieu, tout en vivant
dans la négligence habituelle des commandements de notre Seigneur, est le jouet
d’une dangereuse illusion. « Si vous gardez mes commandements, vous
demeurerez dans mon amour ». Voilà le grand
point.
Pesons cela sérieusement. « Si vous m’aimez, gardez mes
commandements ». « Ce ne sont pas tous ceux qui me disent :
Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le royaume des cieux mais celui qui fait
la volonté de mon Père qui est dans les cieux » (Matt. 7:21). « Car
quiconque fera la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon
frère, et ma sœur, et ma mère » (Matt. 12:50). « La circoncision n’est
rien, et l’incirconcision n’est rien, mais l’observation des commandements de
Dieu » (1 Cor. 7:19).
Quelles paroles appropriées à nos jours de profession relâchée, négligée et mondaine ! Puissent-elles pénétrer profondément dans nos cœurs, prendre possession de tout notre être moral, et porter du fruit en chacun de nous ! Ce côté pratique des choses est de toute importance. En cherchant à mettre de côté tout ce qui ressemble au légalisme, nous courons grand risque de nous jeter dans un mal opposé, je veux dire le relâchement charnel. Les passages de la Sainte Écriture que nous venons de citer — et il y en a bien d’autres — nous présentent la sauvegarde divine contre ces deux erreurs pernicieuses et mortelles. Il est parfaitement vrai que nous sommes amenés dans la sainte relation d’enfants par la grâce souveraine de Dieu, par la puissance de sa Parole et de son Esprit. Ce seul fait coupe à sa racine toute semence nuisible de légalisme.
Mais cette relation a des
affections qui lui sont propres ; elle a ses devoirs et ses
responsabilités ; en les reconnaissant réellement, nous aurons le vrai
remède contre ce terrible mal du relâchement charnel qui prévaut de tous côtés.
Si nous sommes délivrés des œuvres de loi
,
— comme, Dieu merci, nous le sommes en tant que vrais chrétiens, — ce n’est pas
pour ne rien faire, ni pour nous complaire à nous-mêmes, mais c’est afin que
les œuvres de vie
se produisent en
nous à la gloire de Celui dont nous portons le nom, à qui nous appartenons et
qui, pour toutes les raisons possibles, a droit à notre amour, à notre
obéissance et à notre service.
Puissions-nous, cher lecteur, appliquer sérieusement nos cœurs à cet ordre de choses pratique. Nous sommes impérativement appelés à le faire, et nous pouvons pleinement compter sur la grâce abondante de notre Seigneur Jésus Christ, pour être rendus capables de répondre à cet appel, en dépit des mille obstacles et difficultés qui se trouvent sur notre chemin. Oh ! qu’il puisse y avoir une œuvre plus profonde de la grâce dans nos âmes, une marche plus intime avec Dieu, un caractère plus prononcé de disciples.
Écoutons maintenant le solennel appel du législateur : il exhorte le peuple à prendre garde « de peur qu’il n’y ait parmi vous homme, ou femme, ou famille, ou tribu, dont le cœur se détourne aujourd’hui d’avec l’Éternel, notre Dieu, pour aller servir les dieux de ces nations ; de peur qu’il n’y ait parmi vous une racine qui produise du poison et de l’absinthe » (vers. 18).
L’apôtre rappelle ces sérieuses paroles dans l’épître aux Hébreux : « Veillant, dit-il, de peur que quelqu’un ne manque de la grâce de Dieu ; de peur que quelque racine d’amertume, bourgeonnant en haut, ne vous trouble, et que par elle plusieurs ne soient souillés » (Héb. 12:15). Combien cette exhortation est salutaire, et qu’elle montre bien la solennelle responsabilité de tous les chrétiens les uns envers les autres, le soin jaloux, saint et pieux, que nous devons prendre l’un de l’autre. Hélas ! c’est une chose bien peu comprise ou reconnue. Nous ne sommes pas tous appelés à être pasteurs ou docteurs, et le passage cité ne s’adresse pas particulièrement à ceux qui sont tels. Il regarde tous les chrétiens, et nous devons y faire attention. On entend de tous côtés des plaintes sur le manque de soins pastoraux, et, en effet, il y a, dans l’Église de Dieu, manque de vrais pasteurs, comme aussi de tous les autres dons. Mais on pouvait le prévoir. Comment en serait-il autrement ? Comment s’attendre à une abondance de dons spirituels dans l’état misérable où nous nous trouvons actuellement. L’Esprit est contristé et éteint par nos lamentables divisions, notre mondanité, notre manque général de fidélité. Faut-il s’étonner de notre déplorable pauvreté ?
Mais au milieu de notre ruine et de notre désolation spirituelles, notre précieux Seigneur et Sauveur déploie ses tendres et profondes compassions ; et si seulement nous voulions nous humilier sous sa puissante main, il nous relèverait dans sa miséricorde, et nous rendrait capables de combler de diverses manières cette lacune de dons pastoraux au milieu de nous. Nous pourrions, avec le secours de sa grâce précieuse, veiller avec plus de diligence et d’amour les uns sur les autres, et chercher les progrès spirituels et la prospérité l’un de l’autre.
Que le lecteur ne s’imagine pas que nous ayons l’intention d’encourager le moins du monde des investigations indiscrètes, ou un espionnage inexcusable entre chrétiens. Loin de nous cette pensée ! Nous considérons, au contraire, ces choses comme parfaitement intolérables dans l’Église de Dieu. Elles sont l’antipode des soins pastoraux, saints, tendres et dévoués, dont nous parlons, et que nous aimerions voir exercer au milieu de nous.
Le lecteur ne voit-il pas que, tout en nous tenant le plus possible à l’écart de ce mal, nous pouvons prendre un intérêt plein d’amour les uns pour les autres, et exercer avec prière cette sainte et soigneuse vigilance qui peut empêcher quelque racine d’amertume de bourgeonner au milieu de nous ? Il est vrai que nous ne sommes pas tous appelés à être pasteurs ; il est vrai aussi qu’il y a, dans l’Église de Dieu, une affligeante disette de ces vrais pasteurs donnés par le Chef de l’Église — de ces hommes doués d’une puissance et d’un cœur vraiment pastoraux. C’est incontestable, et, pour cette raison même, le cœur des bien-aimés du Seigneur, en tous lieux, devrait être poussé à implorer de Lui la grâce d’être rendus capables d’exercer ces tendres soins et cette vigilance fraternelle les uns à l’égard des autres, ce qui suppléerait grandement au manque de pasteurs parmi nous. Une chose bien claire, c’est que dans le passage d’Hébreux 12, il n’est pas parlé de pasteurs. C’est simplement une sérieuse exhortation adressée à tous les chrétiens.
Combien cette vigilance est nécessaire, et quelles terribles racines que celles dont il est parlé ! Combien elles sont amères, et combien s’en étendent souvent les rejetons ! Quel irréparable dommage ils causent ! Combien sont souillés par elles ! Que de précieux liens d’amitié elles ont rompus, et combien de cœurs elles ont brisés ! Oui, lecteur, et que de fois quelques soins pastoraux et judicieux, quelque attention fraternelle, un conseil affectueux et pieux, aurait détruit le principe du mal dans sa racine, et empêché ainsi une somme incalculable de maux et de douleurs. Puissions-nous prendre plus à cœur toutes ces choses, et demander avec plus d’instance la grâce nécessaire pour faire ce qui est en notre pouvoir, afin d’empêcher ces racines d’amertume de bourgeonner et de répandre au loin leur influence délétère !
Mais écoutons maintenant d’autres paroles sérieuses et pénétrantes du vénérable législateur. Il place devant nous un tableau solennel de la fin de celui qui a donné lieu au bourgeonnement de la racine d’amertume.
« Et qu’il n’arrive que quelqu’un, en entendant les paroles de ce serment, ne se bénisse dans son cœur, disant : J’aurai la paix, lors même que je marcherai dans l’obstination de mon cœur, afin de détruire ce qui est arrosé, et ce qui est altéré » (vers. 19). Fatale illusion que celle qui consiste à crier paix, paix, quand il n’y a pas de paix, mais le jugement et la colère à venir. — « L’Éternel ne voudra pas lui pardonner, mais la colère de l’Éternel et sa jalousie fumeront alors contre cet homme » — au lieu de la paix qu’il se promettait vainement ; — « et toute la malédiction qui est écrite dans ce livre reposera sur lui ; et l’Éternel effacera son nom de dessous les cieux » (vers. 20). Terrible avertissement adressé à ceux qui agissent comme racines d’amertume au milieu du peuple de Dieu, et à tous ceux qui les encouragent !
« Et l’Éternel le
séparera de toutes les tribus d’Israël pour le malheur, selon toutes les
malédictions de l’alliance qui est écrite dans ce livre de la loi. Et la
génération à venir, vos fils qui se lèveront après vous, et l’étranger qui
viendra d’un pays éloigné, diront, lorsqu’ils verront les plaies de ce pays, et
ses maladies, dont l’Éternel l’aura affligé ; et que tout son sol n’est
que soufre et sel, — un embrasement (qu’il n’est pas semé, et qu’il ne fait
rien germer, et qu’aucune herbe n’y pousse), comme la subversion de Sodome et
de Gomorrhe, d’Adma et de Tseboïm, que l’Éternel détruisit dans sa colère et
dans sa fureur » (vers. 21-23). Quels exemples saisissants des voies
gouvernementales du Dieu vivant, et comme ces paroles devraient retentir d’une
voix de tonnerre aux oreilles de tous ceux qui changent la grâce de notre Dieu
en dissolution, et qui renient notre seul Maître et Seigneur Jésus Christ (Jude
4). — « Toutes les nations diront : Pourquoi l’Éternel a-t-il fait
ainsi à ce pays ? d’où vient l’ardeur de cette grande colère ? Et on
dira : C’est parce qu’ils ont abandonné l’alliance de l’Éternel, le Dieu
de leurs pères, qu’il avait faite avec eux quand il les fit sortir du pays d’Égypte ;
et ils sont allés, et ont servi d’autres dieux, et se sont prosternés devant
eux, des dieux qu’ils n’avaient pas connus et qu’il ne leur avait pas donnés en
partage. Et la colère de l’Éternel s’est embrasée contre ce pays, pour faire
venir sur lui toute la malédiction écrite dans ce livre. Et l’Éternel les a
arrachés de dessus leur terre dans sa colère, et dans sa fureur, et dans sa
grande indignation, et les a chassés dans un autre pays, comme il paraît
aujourd’hui » (vers. 24-28). Lecteur, combien ces paroles sont
solennelles, avec quelle puissance elles font ressortir ce que dit l’apôtre
Paul : « C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du
Dieu vivant », et encore : « Notre Dieu est un feu
consumant ». Combien l’église professante devrait faire attention à de
tels avertissements, car assurément elle est appelée à retirer beaucoup d’instruction
de l’histoire des voies de Dieu envers son peuple Israël ; Romains 11 est
parfaitement clair et concluant sur ce point. L’apôtre, en parlant du jugement
divin contre les branches incrédules de l’olivier, s’adresse de cette manière à
la chrétienté : « Or, si quelques-unes des branches ont été
arrachées, et si toi qui étais un olivier sauvage, as été enté au milieu d’elles,
et es devenu co-participant de la racine et de la graisse de l’olivier, ne te
glorifie pas contre les branches ; mais si tu te glorifies, ce n’est pas
toi qui portes la racine, mais c’est la racine qui te porte. Tu diras
donc : Les branches ont été arrachées, afin que moi je fusse enté.
Bien ! elles ont été arrachées pour cause d’incrédulité, et toi tu es
debout par la foi. Ne t’enorgueillis pas,
mais crains (si en effet Dieu n’a pas épargné les branches qui sont
telles selon la nature), qu’il ne t’épargne pas non plus. Considère donc la
bonté et la sévérité de Dieu : la sévérité envers ceux qui sont
tombés ; la bonté de Dieu envers toi, si
tu persévères dans cette bonté
; puisque autrement, toi aussi, tu seras coupé
» (Rom.
11:17-22).
Hélas ! l’église professante n’a pas persévéré dans la bonté de Dieu. Il est tout à fait impossible de lire son histoire, à la lumière de l’Écriture, et de ne pas reconnaître ce fait. Elle n’a pas persévéré, et n’a plus devant elle que la colère du Dieu Tout-Puissant. Les bien-aimés membres du corps de Christ qui, chose triste à dire, se sont mêlés à la masse corrompue du corps professant, en seront tirés et seront rassemblés dans la place préparée pour eux dans la maison du Père. Ils devront alors, s’ils ne l’ont fait auparavant, reconnaître le tort qu’ils ont eu de rester en relation avec ce qui était opposé d’une manière si flagrante à la pensée de Christ, telle que les Saintes Écritures nous la révèlent en toute simplicité et divine clarté.
Mais quant à la grande chose connue sous le nom de chrétienté, elle sera « vomie » et « retranchée ». Il leur sera envoyé une énergie d’erreur pour qu’ils croient au mensonge, « afin que tous ceux-là soient jugés qui n’ont pas cru la vérité, mais qui ont pris plaisir à l’injustice » (2 Thes. 2:11-12).
Paroles redoutables !
puissent-elles résonner aux oreilles et atteindre les cœurs de ces milliers d’âmes
qui vivent jour après jour, semaine après semaine, année après année, satisfaites
du simple nom de vivre, avec la forme de la piété, mais en ayant renié la
puissance, « amis des voluptés
plutôt qu’amis de Dieu
» (2 Tim. 3:4-5).
Combien est effrayant l’état et le sort de ces milliers d’âmes courant après les plaisirs et qui se précipitent aveuglément, étourdiment, avec leurs folles passions, sur la pente rapide d’une misère désespérée et éternelle ! Dieu veuille, dans sa bonté infinie, par la puissance de son Esprit et l’action puissante de sa Parole, éveiller les cœurs des siens en tout lieu à un sentiment plus profond et plus réel de ces choses !
Avant de terminer ce chapitre, nous devons maintenant diriger brièvement l’attention du lecteur sur le dernier verset. C’est un de ces passages de l’Écriture mal compris et mal appliqué. « Les choses cachées sont à l’Éternel, notre Dieu ; et les choses révélées sont à nous et à nos fils, à toujours, afin que nous pratiquions toutes les paroles de cette loi » (vers. 29). On se sert constamment de ce verset pour entraver les progrès des âmes dans la connaissance des « choses profondes de Dieu », mais sa signification toute simple est celle-ci : les choses « révélées » sont celles que nous avons eu devant nous dans le chapitre précédent de ce livre ; les choses « cachées », d’un autre côté, sont ces ressources de grâce que Dieu avait en réserve pour les déployer quand le peuple aurait totalement manqué de « pratiquer tout ce qui est écrit dans le livre de la loi ». Les choses révélées sont celles qu’Israël aurait dû faire et n’a pas faites ; les choses cachées sont celles que Dieu veut faire, malgré les tristes et honteux manquements d’Israël, choses qui nous sont présentées dans les chapitres suivants ; ces conseils d’une grâce divine et d’une souveraine miséricorde qui se déploieront quand Israël aura appris à fond la leçon résultant de son manquement complet aux deux alliances de Moab et d’Horeb.
Ce passage donc, bien
compris, loin d’autoriser l’interprétation qu’on lui donne habituellement,
encourage plutôt le cœur à sonder ces choses qui, quoique cachées pour Israël,
dans les plaines de Moab, nous sont pleinement et clairement révélées, pour
notre profit, notre consolation et notre édification (*).
Le Saint Esprit est descendu au jour de la Pentecôte, pour conduire les
disciples dans toute la vérité.
Le
canon des Écritures est complet ; tous les desseins et les conseils de
Dieu sont pleinement révélés. Le mystère de l’Église complète le cercle entier
de la vérité divine. L’apôtre Jean pouvait dire à tous les enfants de
Dieu : « Et vous, vous avez l’onction de la part du Saint et vous
connaissez toutes choses
» (1
Jean 2:20).
(*) 1 Cor.
2:9, est encore un de ces passages mal compris et mal appliqués :
« Mais selon qu’il est écrit : Ce que l’œil n’a pas vu, et que l’oreille
n’a pas entendu, et qui n’est pas monté au cœur de l’homme, ce que Dieu a
préparé pour ceux qui l’aiment ». C’est ici que bien des personnes s’arrêtent
et tirent la conclusion qu’il nous est impossible de savoir rien des choses
précieuses que Dieu a en réserve pour nous. Mais le verset qui suit prouve qu’une
telle conclusion est erronée, car il dit : « Mais Dieu nous l’a révélée
par son Esprit ;
car l’Esprit sonde toutes
choses, même les choses profondes de Dieu. Car qui des hommes connaît les
choses de l’homme, si ce n’est l’esprit de l’homme qui est en Lui ? Ainsi
personne ne connaît les choses de Dieu non plus, si ce n’est l’Esprit de Dieu.
Mais nous »,
— c’est-à-dire tous
les enfants de Dieu, — « nous avons reçu, non l’esprit du monde, mais l’Esprit
qui est de Dieu, afin que nous
connaissions les choses qui nous ont été librement données par Dieu
».
Ainsi ce passage, comme celui de Deut. 29:29, enseigne l’opposé même de ce qui
en est si constamment déduit. Combien il est important d’examiner et de peser
le contexte des passages que l’on cite.
Le Nouveau Testament tout entier fournit donc des preuves, évidentes de l’interprétation erronée qu’on donne si souvent de Deut. 29:29. — Nous avons insisté sur ce point, sachant combien sa fausse interprétation arrête les progrès de plusieurs chers enfants de Dieu dans la connaissance des choses de Dieu. L’ennemi cherche toujours à garder les âmes dans l’obscurité, alors qu’elles devraient marcher à la lumière brillante de la révélation divine ; il s’efforce de les retenir à l’état de petits enfants se nourrissant de lait, tandis que nous devrions, comme « des hommes faits », nous nourrir de cette viande solide dont l’Église de Dieu est si amplement pourvue. Nous ne voyons que faiblement combien l’Esprit de Dieu est contristé et Christ déshonoré, par le bas niveau qui existe au milieu de nous quant aux choses de Dieu. Combien peu connaissent réellement « les choses qui nous ont été librement données par Dieu ! » Où est-ce que les privilèges propres au chrétien sont compris, crus et réalisés ? Combien notre intelligence des choses divines est bornée, et combien est lente notre croissance à cet égard ! Combien est faible chez nous en pratique la manifestation de la vérité de Dieu ! Quelle lettre de Christ peu distincte nous présentons !
Cher lecteur chrétien, pesons sérieusement ces choses en présence de Dieu. Recherchons en toute intégrité la racine de tous ces manquements, jugeons-la et ôtons-la afin que nous puissions plus fidèlement témoigner à qui nous appartenons et qui nous servons ! Qu’il soit plus évident que Christ est notre unique objet !
Ce chapitre est du plus profond intérêt et de la plus grande importance. Il est prophétique, et nous présente quelques-unes des « choses cachées » auxquelles il est fait allusion à la fin du chapitre précédent. Il révèle quelques-unes des précieuses ressources renfermées dans le cœur de Dieu, et qui se déploieront quand Israël, ayant manqué entièrement à garder la loi, sera dispersé jusqu’aux bouts de la terre.
« Et lorsque toutes ces
choses que j’ai mises devant toi seront venues sur toi, la bénédiction et la
malédiction, et lorsque tu les auras
rappelées dans ton cœur
, parmi toutes les nations où l’Éternel, ton Dieu, t’aura
chassé, et que tu seras retourné à l’Éternel,
ton Dieu
, et que tu auras écouté sa voix, selon tout ce que je te commande
aujourd’hui, toi
et tes fils, de tout ton cœur et de toute ton
âme
, il arrivera que l’Éternel, ton Dieu, rétablira tes captifs, et aura pitié de toi
; et il te
rassemblera de nouveau d’entre tous les peuples, où l’Éternel, ton Dieu, t’avait
dispersé » (vers. 1-3).
Combien tout cela est touchant et parfaitement beau ! Il n’est pas question d’observation de la loi, mais de quelque chose d’infiniment plus profond et plus précieux ; c’est le retour du cœur tout entier, de l’âme entière à l’Éternel, dans un temps où l’obéissance littérale à la loi était tout à fait impossible. C’est un cœur brisé et contrit qui se tourne vers Dieu, et Dieu qui le reçoit, dans ses tendres et profondes compassions. Telle est la vraie bénédiction en tous lieux et en tous temps. C’est quelque chose qui est au-dessus et au-delà de toutes les voies dispensationnelles. C’est Dieu lui-même, dans toute sa plénitude et son ineffable grâce, recevant une âme repentante, et nous pouvons dire, en vérité, que lorsque cette rencontre a lieu, tout est divinement et éternellement réglé.
Il doit être parfaitement
évident pour le lecteur, que ce que nous avons maintenant sous les yeux est
quelque chose d’aussi éloigné de l’observation de la loi et de la justice de l’homme,
que le ciel l’est de la terre. Le premier verset de notre chapitre prouve, de
la manière la plus évidente, que le peuple d’Israël est envisagé là dans une
condition telle que la mise en pratique des ordonnances de la loi était une
impossibilité. Mais, béni soit notre Dieu, il n’y a pas d’endroit si reculé sur
toute la surface de la terre d’où le cœur ne puisse se tourner vers Dieu. Si les mains
ne pouvaient présenter la
victime à l’autel ; ou si les pieds
étaient
incapables de marcher jusqu’au lieu désigné pour le culte, le cœur
néanmoins pouvait aller jusqu’à
Dieu. Oui, le pauvre cœur meurtri, brisé, contrit, pouvait aller directement à
Dieu, et Dieu, dans la profondeur de ses compassions et sa tendre miséricorde,
pouvait venir au-devant de ce cœur, bander ses plaies, et le remplir jusqu’à
déborder des riches consolations de son amour et de la pleine joie de son
salut.
Mais écoutons davantage de
ces « choses cachées » qui « sont à l’Éternel », choses
précieuses au-delà de toute pensée humaine. « Quand tes dispersés seraient
au bout des cieux
, l’Éternel, ton
Dieu, te rassemblera
de là, et te prendra
de là ; et l’Éternel,
ton Dieu, te ramènera dans le pays que tes pères ont possédé, et tu le
posséderas ; et il te fera du bien
,
et il te rendra plus nombreux que tes pères » (vers. 4-5).
Ces paroles sont bien
précieuses, mais il y a quelque chose de meilleur. Non seulement l’Éternel les
rassemblera, les ramènera et les multipliera, et agira en puissance en leur
faveur, mais il opérera en
eux une
puissante œuvre de grâce d’une valeur bien plus grande qu’aucune prospérité
extérieure. « Et l’Éternel, ton Dieu, circoncira
ton cœur
et le cœur de ta semence, pour que tu aimes l’Éternel, ton Dieu,
de tout ton cœur et de toute ton âme, afin que tu vives ; et l’Éternel,
ton Dieu, mettra toutes ces malédictions sur tes ennemis et sur ceux qui te
haïssent, qui t’ont persécuté. Et toi, tu reviendras, et tu écouteras la voix
de l’Éternel, et tu pratiqueras tous ses commandements que je te commande
aujourd’hui » (vers. 6-8).
Rien ne peut égaler la beauté morale de ces paroles. Ce peuple rassemblé, ramené, multiplié, béni, circoncis de cœur, entièrement dévoué à l’Éternel, et obéissant sincèrement à tous ses précieux commandements ! Quelle bénédiction peut surpasser celle-là pour un peuple sur la terre ?
« Et l’Éternel, ton
Dieu, te fera surabonder en prospérité dans toute l’œuvre de ta main, dans le
fruit de ton ventre, et dans le fruit de tes bêtes, et dans le fruit de ta
terre ; car l’Éternel prendra de nouveau plaisir en toi, pour ton bien,
comme il a pris plaisir en tes pères ; car tu écouteras la voix de l’Éternel,
ton Dieu, pour garder ses commandements et ses statuts, ce qui est écrit dans
ce livre de la loi, quand tu retourneras à l’Éternel, ton Dieu, de tout ton
cœur et de toute ton âme. Car ce commandement que je te commande aujourd’hui, n’est
pas trop merveilleux pour toi, et il n’est pas éloigné. Il n’est pas dans les
cieux, pour que tu dises : Qui montera pour nous dans les cieux, et le
prendra pour nous, et nous le fera entendre, afin que nous le
pratiquions ?… Car la parole est très
près de toi
, dans ta bouche
, et
dans ton cœur
, pour la
pratiquer » (vers. 9-14).
Ce passage est
particulièrement intéressant. Il donne la clef de ces « choses cachées »
auxquelles nous avons déjà fait allusion, et met en avant les grands principes
de la justice divine, en contraste vivant et magnifique avec la justice légale
sous tous ses aspects. Selon la vérité révélée ici, peu importe où l’âme se
trouve : « La parole est très près de toi ». Elle ne pouvait
être plus près ; car elle est « dans ta bouche et dans ton
cœur ». Il n’y a, pour ainsi dire, pas un mouvement à faire pour l’atteindre.
Si elle était au-dessus de nous ou au delà, nous pourrions nous plaindre de notre
absolue incapacité pour l’atteindre. Mais il n’en est pas ainsi ; nous n’avons
besoin ni de nos mains
, ni de nos pieds
, dans cette affaire si importante.
Le cœur
et la bouche
seulement sont ici appelés à agir.
Il y a une bien belle
allusion à ce passage dans le chapitre 10
de l’épître aux Romains. Nous citerons les versets 1 à 11.
« Frères, le souhait de
mon cœur, et la supplication que j’adresse à Dieu pour eux, c’est qu’ils soient
sauvés. Car je leur rends témoignage qu’ils ont du zèle pour Dieu, mais non
selon la connaissance. Car, ignorant la
justice de Dieu
et cherchant
à
établir leur propre justice, ils ne se
sont pas soumis
à la justice de Dieu. Car Christ est la fin de la loi pour
justice à tout croyant.
Car Moïse
décrit la justice qui vient de la loi : « L’homme qui aura pratiqué
ces choses vivra par elles ». Mais la justice qui est sur le principe de
la foi parle ainsi : Ne dis pas en ton cœur : « Qui montera au
ciel ? » — c’est à savoir pour en faire descendre Christ ;
ou : « Qui descendra dans l’abîme ? » — c’est à savoir pour
faire monter Christ d’entre les morts. Mais que dit-elle ? « La
parole est près de toi, dans ta bouche et dans ton cœur », c’est-à-dire la
parole de la foi, laquelle nous prêchons, savoir que, si tu confesses de ta bouche
Jésus comme
Seigneur et que tu croies dans ton cœur
que
Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé. Car du cœur on croit à
justice, et de la bouche on fait confession à salut. Car l’Écriture dit :
« Quiconque croit en Lui ne sera pas confus ».
Remarquez le mot « quiconque ». Il comprend assurément le Juif. Cette parole s’adresse à lui, pauvre exilé, où qu’il soit, aux extrémités de la terre, dans des circonstances où l’obéissance à la loi, comme telle, était impossible ; mais où la riche et précieuse grâce de Dieu et son glorieux salut pouvaient le rencontrer dans sa profonde misère. Là où il ne lui était pas possible d’observer la loi, il pouvait confesser le Seigneur Jésus de sa bouche, et croire dans son cœur que Dieu l’avait ressuscité d’entre les morts ; et c’est là le salut.
Mais alors, ce
« quiconque » ne peut absolument pas se borner au Juif ; c’est
pourquoi l’apôtre dit : « Il n’y a pas de différence de Juif et de
Grec ».
Sous la loi, il y avait
la plus grande différence
possible. La ligne de démarcation tracée par le législateur entre le Juif et le
Grec n’aurait pu être plus distincte ou plus profonde ; mais cette ligne
est effacée pour deux raisons : premièrement, parce que « tous ont
péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu » (Rom. 3:23). Et
secondement, parce que « le même Seigneur de tous est riche envers tous
ceux qui l’invoquent ; car quiconque invoquera le nom du Seigneur sera
sauvé » (chap. 10:12-13).
Combien ces simples mots
renferment de bénédiction : « croire », — « confesser ».
Rien ne peut surpasser la grâce qui brille dans ces expressions ; cela
suppose, il va sans dire, que l’âme est vraie et le cœur engagé avec Dieu. Dieu
veut des réalités
morales. Il ne s’agit
pas d’une foi nominale, d’avoir certaines notions dans sa tête ; mais ce
qu’il faut, c’est une foi opérée dans le cœur par le Saint Esprit, une foi
vivante qui unit l’âme à Christ d’une manière divine, par un lien éternel.
Alors vient la confession de la bouche, ce qui est de toute importance. Quelqu’un peut dire : « Je crois en mon cœur, mais je ne suis pas un homme à faire étalage de ma religion ; je ne suis pas un babillard, je garde mes sentiments pour moi. C’est une affaire entièrement entre mon âme et Dieu ; je ne crois pas nécessaire d’importuner les autres de mes impressions religieuses. Plusieurs de ceux qui font grand bruit en public de leur religion font triste mine dans la vie privée, et certainement je ne tiens pas à leur ressembler. J’ai horreur de toute parole creuse. Il me faut des actes et non des paroles ».
Tout cela a l’air très
plausible, mais ne peut subsister un instant à la lumière de Romains 10:9.
Il faut qu’il y ait cette confession
de la bouche. Plusieurs qui voudraient être sauvés par Christ reculent devant l’opprobre
qu’attirerait sur eux la confession de son nom. Ils désirent bien aller au ciel
quand ils mourront, mais ne se soucient pas d’être identifiés avec un Christ
rejeté. Or Dieu ne reconnaît pas cela. Il attend des siens une vraie, sincère
et énergique confession de Christ à la face d’un monde hostile. Christ, notre
Seigneur, attend aussi cette confession. Il déclare que quiconque le confessera
devant les hommes, il le confessera devant les anges de Dieu ; mais que
quiconque le reniera devant les hommes, il le reniera devant les anges de Dieu.
On voit dans le brigand sur la croix les deux grands principes de la vraie foi
qui sauve. Il crut dans son cœur et confessa de sa bouche. Oui, il donna un
démenti formel au monde entier sur la question la plus vitale possible, celle
relativement à Christ. Il était disciple déclaré de Christ. Oh !
puisse-t-il y en avoir davantage ! Combien ne trouve-t-on pas de ces
professants indécis, froids et doubles de cœur, qui contristent le Saint
Esprit, offensent Christ, et sont haïssables aux yeux de Dieu ! Combien l’on
aimerait voir une franche décision et un témoignage net et vivant rendu à notre
Seigneur Jésus Christ ! Que Dieu, par son Esprit, veuille ranimer nos
cœurs à tous, et nous amener, dans une consécration du cœur plus entière, à
Celui qui a donné gratuitement sa vie pour nous sauver du feu éternel.
Nous terminerons cette section, en citant au lecteur les derniers versets de notre chapitre, dans lesquels Moïse fait un appel particulièrement solennel au cœur et à la conscience du peuple, parole d’exhortation puissante.
« Regarde, j’ai mis
aujourd’hui devant toi la vie et le
bonheur
, et la mort et le malheur
».
Ainsi en est-il toujours dans le gouvernement de Dieu. Les deux choses sont
inséparablement liées. Que personne n’ait la témérité d’en vouloir rompre le
lien. Dieu « rendra à chacun selon ses œuvres : à ceux qui, en
persévérant dans les bonnes œuvres, cherchent la gloire et l’honneur et l’incorruptibilité,
— la vie éternelle ; mais à ceux qui sont contentieux et qui désobéissent
à la vérité, et obéissent à l’iniquité, — la colère et l’indignation ;
tribulation et angoisse sur toute âme d’homme
qui fait le mal
, et du Juif premièrement, et du Grec ; mais gloire et
honneur et paix à tout homme qui fait le
bien
, et au Juif premièrement, et au Grec ; car il n’y a pas d’acception de personnes
auprès de Dieu » (Rom.
2:6-11).
L’apôtre, dans ce passage, n’entre pas dans la question de savoir si l’homme a ou n’a pas la puissance pour arriver à la gloire ; il constate simplement le fait général, applicable à tous les temps, sous toutes les dispensations, gouvernement, loi et chrétienté ; il sera toujours vrai que « Dieu rendra à chacun selon ses œuvres ». Cela est de la plus grande importance. Puissions-nous l’avoir toujours présent à l’esprit. On dira peut-être : Les chrétiens ne sont-ils pas sous la grâce ? — Oui, Dieu en soit loué ; mais cela affaiblit-il en quoi que ce soit le grand principe gouvernemental cité plus haut ? Au contraire, cela le renforce et le confirme.
Encore se peut-il que quelqu’un dise : « Une personne inconvertie peut-elle faire le bien ? » Nous répondrons que cette question n’est pas soulevée dans le passage qu’on vient de citer. Toute personne enseignée de Dieu sait, sent et reconnaît, que pas un atome de « bien » n’a jamais été fait dans ce monde autrement que par la grâce de Dieu, et que l’homme, laissé à lui-même, ne fera que du mal, et cela continuellement. « Tout ce qui nous est donné de bon et tout don parfait descendent d’en haut, du Père des lumières » (Jacques 1:17). Toute âme pieuse reconnaîtra avec actions de grâce cette précieuse vérité, mais cela ne touche en rien le fait présenté dans Deutéronome 30, et confirmé par Romains 2, savoir que la vie et le bonheur, la mort et le malheur, sont unis ensemble par un lien indissoluble. Puissions-nous ne jamais l’oublier !
« Regarde, j’ai mis
aujourd’hui devant toi la vie et le bonheur, et la mort et le malheur, en ce
que je te commande aujourd’hui d’aimer l’Éternel, ton Dieu, de marcher dans ses
voies, de garder ses commandements et ses statuts et ses ordonnances, afin que
tu vives et que tu multiplies, et que l’Éternel, ton Dieu, te bénisse dans le
pays où tu entres pour le posséder. Mais si ton
cœur se détourne
, et que tu n’écoutes
pas
, et que tu te laisses séduire, et que tu te prosternes devant d’autres
dieux et que tu les serves : je vous déclare aujourd’hui que vous périrez
certainement, et que vous ne prolongerez pas vos jours sur la terre où, en
passant le Jourdain, vous entrez afin de la posséder. J’appelle aujourd’hui à témoin
contre vous les cieux et la terre : j’ai mis devant toi la vie et la mort,
la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta
semence, en aimant l’Éternel, ton Dieu, en écoutant sa voix, et en t’attachant à Lui
» — chose de
toute importance et essentielle pour chacun, pour tous, source et puissance de
toute vraie religion dans tous les âges, en tout lieu, — « car c’est là ta
vie et la longueur de tes jours, afin que tu habites sur la terre que l’Éternel
a juré à tes pères, à Abraham, à Isaac et à Jacob, de leur donner » (vers.
15-20). Rien de plus solennel que ce dernier appel à la congrégation, en pleine
harmonie avec le ton et le caractère du livre entier du Deutéronome — livre si
remarquable d’un bout à l’autre, par les puissantes exhortations qu’il
renferme. Nous n’avons rien de si émouvant dans les autres sections du
Pentateuque. Nous l’avons déjà dit, chaque livre a son but spécial, son objet
et son caractère distincts ; ainsi le grand thème du Deutéronome, du
commencement à la fin, c’est l’exhortation ; sa thèse, la parole de
Dieu ; son objet, l’obéissance sincère, entière, du cœur, fondée sur une
relation connue, sur des privilèges dont on jouit.
Ici, le cœur de Moïse s’adresse
encore avec une profonde tendresse et une sollicitude affectueuse, à la
congrégation, comme s’il ne pouvait se lasser de leur faire entendre ses plus
sérieuses exhortations. Il sentait leurs besoins, prévoyait les dangers
auxquels ils seraient exposés, et, comme un vrai et fidèle berger, il cherchait
à les préparer à ce qui les attendait avec toute la tendre et profonde
affection de son cœur large et aimant. Il est impossible de lire ses dernières
paroles, sans être frappé de leur solennité. Elles nous rappellent les
touchants adieux de Paul aux anciens d’Éphèse. Ces deux fidèles serviteurs
sentaient profondément le sérieux de leur position particulière et de celle des
personnes auxquelles ils s’adressaient. Ils comprenaient la gravité des
intérêts qui étaient en jeu, et la nécessité urgente d’agir fidèlement sur le
cœur et la conscience. Cela explique ce que nous pouvons appeler la redoutable
solennité de leurs appels. Tous ceux qui entrent réellement dans la situation
et la destinée du peuple de Dieu dans un monde comme celui-ci, doivent
être sérieux. Le sentiment vrai
de ces choses, l’intelligence que nous en avons dans la présence divine,
doivent nécessairement donner une sainte gravité au caractère, et une puissance
spéciale et pénétrante au témoignage.
« Et Moïse alla, et dit ces paroles à tout Israël et il leur dit : Je suis aujourd’hui âgé de cent vingt ans, je ne puis plus sortir et entrer ; et l’Éternel m’a dit : Tu ne passeras pas ce Jourdain » (vers. 1-2). Combien est touchante cette allusion à son grand âge, et aux dispensations solennelles du gouvernement de Dieu envers lui personnellement ! Son but direct et évident en les rappelant, était de donner à son appel plus de poids sur le cœur et sur la conscience du peuple, de rendre plus puissant le levier moral au moyen duquel il cherchait à le faire marcher dans l’obéissance. S’il attire l’attention sur ses cheveux blancs, ou sur la sainte discipline exercée envers lui, ce n’est assurément pas dans le but de faire étalage de lui-même, de ses circonstances ou de ses sentiments, mais simplement pour atteindre, par tous les moyens possibles, les ressorts les plus profonds de leur être moral.
« L’Éternel, ton Dieu, lui-même, va passer devant toi ; c’est lui qui détruira ces nations devant toi, et tu les déposséderas : Josué, lui, va passer devant toi, comme l’Éternel l’a dit. Et l’Éternel leur fera comme il a fait à Sihon et à Og, rois des Amoréens, et à leur pays, qu’il a détruits. Et l’Éternel les livrera devant vous, et vous leur ferez selon tout le commandement que je vous ai commandé » (vers. 3-5). Pas un mot de murmure ou de plainte pour ce qui le concerne ; pas le moindre sentiment d’envie ou de jalousie à l’égard de celui qui allait prendre sa place ; au contraire, toute considération égoïste disparaît devant son seul et grand but, savoir d’encourager le peuple à suivre d’un pas ferme et résolu le sentier d’obéissance qui était alors, qui est encore maintenant et qui sera toujours, le sentier de la victoire, de la bénédiction et de la paix.
« Fortifiez-vous et soyez fermes, ne les craignez pas, et ne soyez point épouvantés devant eux ; car c’est l’Éternel, ton Dieu, qui marche avec toi ; il ne te laissera pas, et il ne t’abandonnera pas » (vers. 6). Quelles paroles précieuses et encourageantes que celles-ci, bien-aimé lecteur chrétien, éminemment propres à élever le cœur au-dessus de toute influence contraire ! La conscience de la présence du Seigneur et le souvenir de ses voies d’amour envers nous dans le passé, seront toujours le vrai secret de la force pour marcher en avant. La même main puissante qui avait abattu devant eux Sihon et Og, pouvait vaincre tous les rois de Canaan. Les Amoréens étaient tout aussi formidables que les Cananéens ; l’Éternel était plus qu’eux tous. « Ô Dieu ! nous avons entendu de nos oreilles, nos pères nous ont raconté l’œuvre que tu as opérée dans leurs jours, aux jours d’autrefois. Tu as, par ta main, dépossédé les nations, et tu as planté nos pères ; tu as affligé les peuples et tu les as chassés » (Ps. 44:1-2).
Qu’on se représente Dieu chassant les peuples de sa propre main ! Quelle réponse à tous les arguments et à toutes les difficultés qu’oppose une sentimentalité maladive ! Combien les pensées de plusieurs sont superficielles et erronées quant aux voies gouvernementales de Dieu ! Quelles notions bornées et misérables quant à son caractère et à ses actes ! Combien il est absurde de vouloir mesurer Dieu par les sentiments et le jugement humains ! Il est très évident que Moïse n’avait rien de ces sentiments, lorsqu’il adressait à la congrégation d’Israël la magnifique exhortation citée plus haut. Il connaissait quelque chose de la gravité et de la solennité du gouvernement de Dieu, quelque chose aussi du privilège de l’avoir pour bouclier au jour de la bataille, et comme refuge et ressource à l’heure de la détresse et du péril.
Écoutons les paroles
encourageantes adressées à l’homme qui devait lui succéder : « Et
Moïse appela Josué, et lui dit devant les yeux de tout Israël : Fortifie-toi et sois ferme
; car
toi, tu entreras avec ce peuple dans le pays que l’Éternel a juré à leurs pères
de leur donner, et toi, tu le leur feras hériter. Et l’Éternel est celui qui
marche devant toi ; lui, sera avec toi ; il ne te laissera pas, et il
ne t’abandonnera pas : ne crains point, et ne t’effraye point »
(vers. 7-8).
Josué avait besoin de paroles s’adressant à lui spécialement, appelé comme il l’était à occuper une place prééminente et distinguée dans la congrégation. Mais ce qui lui est dit renferme la même précieuse vérité que l’exhortation adressée à l’assemblée tout entière. Il reçoit l’assurance que la présence et la puissance divines sont avec lui. Et cela doit suffire à chacun et à tous ; c’est assez pour le membre le plus humble de l’assemblée aussi bien que pour Josué. Oui, lecteur, et c’est assez pour toi, qui que tu sois, ou quelle que soit ta sphère d’action. Peu importent les dangers ou les difficultés qui sont devant nous ; notre Dieu suffit pleinement à tout. Si seulement nous avions le sentiment de la présence de l’Éternel avec nous, et de l’autorité de sa Parole pour l’œuvre dans laquelle nous sommes engagés, nous pourrions aller en avant avec une pleine et joyeuse confiance, en dépit de tous les obstacles et de toutes les influences hostiles.
« Et Moïse écrivit
cette loi, et la donna aux sacrificateurs, fils de Lévi, qui portaient l’arche
de l’alliance de l’Éternel, et à tous les anciens d’Israël. Et Moïse leur
commanda, disant : Au bout de sept ans, au temps fixé de l’année de
relâche, à la fête des tabernacles, quand tout
Israël
viendra pour paraître devant l’Éternel, ton Dieu, au lieu qu’il aura
choisi, tu liras cette loi devant tout Israël, à leurs oreilles ; tu
réuniras le peuple, hommes
et femmes
, et enfants
, et ton étranger
qui
sera dans tes portes ; afin qu’ils entendent
,
et afin qu’ils apprennent
, et qu’ils craignent
l’Éternel, votre Dieu, et qu’ils prennent garde à pratiquer toutes les
paroles
de cette loi ; et que leurs
fils qui n’en auront pas eu connaissance, entendent, et apprennent à craindre l’Éternel,
votre Dieu
, tous les jours que vous vivrez sur la terre où, en passant le
Jourdain, vous entrez afin de la posséder » (vers. 9-13).
Deux choses dans ce passage réclament notre attention spéciale. D’abord, le fait que l’Éternel attachait l’importance la plus grande à ce que son peuple s’assemblât publiquement dans le but d’entendre sa Parole. « Tout Israël » — hommes, femmes et enfants — avec l’étranger qui avait uni son sort au leur, à tous il était ordonné de s’assembler pour écouter la lecture du livre de la loi de Dieu, afin d’apprendre à connaître sa sainte volonté et leurs devoirs. Chaque membre de l’assemblée, depuis le plus âgé jusqu’au plus jeune, devait être amené en contact direct et personnel avec la volonté révélée de l’Éternel, afin que chacun connût la solennelle responsabilité qui pesait sur lui.
En second lieu, nous avons à peser le fait que les enfants devaient être rassemblés devant l’Éternel pour écouter sa Parole. Ces deux devoirs contiennent une instruction importante pour tous les membres de l’Église de Dieu, instruction des plus nécessaires, car on manque partout d’une manière déplorable quant à ces deux points. Nous négligeons, il est triste de le dire, le rassemblement de nous-mêmes lorsqu’il s’agit d’une simple lecture des Saintes Écritures. Il semble qu’il n’y ait pas assez d’attrait dans la parole de Dieu elle-même, pour nous réunir. Il y a un désir, malsain d’autres choses : éloquence humaine, musique, excitations religieuses d’une nature ou d’une autre, semblent nécessaires pour attirer les gens ; on veut tout excepté la précieuse parole de Dieu.
On dira peut-être que chacun a chez soi la parole de Dieu, que les choses ne sont pas les mêmes qu’au temps d’Israël, que chacun pouvant lire sa Bible à la maison, il n’y a pas le même besoin d’une lecture en public. Une telle excuse ne subsistera pas un instant en présence de la vérité ; soyons assurés que si la parole de Dieu était aimée, appréciée et étudiée en particulier et dans la famille, elle le serait tout autant en public. Nous trouverions tout notre plaisir à nous rassembler autour de la source des Saintes Écritures, pour nous rafraîchir à ses eaux vives, dans une heureuse communion.
Mais il n’en est pas ainsi. La parole de Dieu n’est aimée et étudiée ni en particulier, ni en public. On se nourrit chez soi d’une littérature malsaine, puis en public on est avide de musique, de formes, de cérémonies imposantes, et de services rituels. Des milliers de personnes accourront et paieront pour entendre de la musique, et combien peu auront ce même zèle pour venir entendre la lecture des Saintes Écritures ! Ce sont là des faits, et les faits sont des arguments auxquels on ne peut objecter. On voit une soif croissante d’excitations religieuses, et une répugnance toujours plus prononcée aussi pour l’étude calme des Saintes Écritures et les exercices spirituels des assemblées chrétiennes. On ne peut le nier ou fermer les yeux sur cet état de choses ; de tous côtés les preuves abondent.
Toutefois, Dieu soit loué, il y en a quelques-uns, ici et là, qui aiment réellement la parole de Dieu, et qui trouvent leur plaisir à se réunir dans une sainte communion, pour l’étude de ses précieuses vérités. Veuille le Seigneur augmenter le nombre de ceux qui sont tels et les bénir abondamment ! Puissions-nous prendre notre place avec eux jusqu’au bout du pèlerinage ! Ils ne sont qu’un faible et obscur résidu, mais ils aiment Christ et s’attachent à sa Parole ; et leurs plus riches jouissances sont de se rassembler pour penser à Lui, parler de Lui et le célébrer. Dieu veuille les garder et les bénir ! Puisse-t-il approfondir son œuvre dans leurs âmes, les unir toujours plus étroitement à Lui-même et les uns aux autres, et ainsi les préparer, dans leurs affections, à l’apparition de « l’Étoile brillante du matin ! »
Revenons maintenant aux derniers versets de notre chapitre, dans lesquels l’Éternel parle à son bien-aimé serviteur, dans des termes solennels et touchants, de sa propre mort et de l’avenir si sombre et si triste du peuple d’Israël.
« Et l’Éternel dit à
Moïse : Voici, le jour de ta mort s’approche ; appelle Josué, et
présentez-vous dans la tente d’assignation, afin que je lui donne mon
commandement. Et Moïse et Josué allèrent, et se présentèrent dans la tente d’assignation.
Et l’Éternel
apparut dans la tente,
dans la colonne de nuée ; et la colonne de nuée se tint sur l’entrée de la
tente. Et l’Éternel dit à Moïse : Voici, tu vas dormir avec tes
pères ; et ce peuple se lèvera et se prostituera après les dieux étrangers
du pays au milieu duquel il va entrer ; et il m’abandonnera, et rompra mon
alliance que j’ai faite avec lui. Et ma colère s’enflammera contre lui en ce
jour-là ; et je les abandonnerai, et je leur cacherai ma face ; et il
sera dévoré, et des maux nombreux et des détresses l’atteindront ; et il
dira en ce jour-là : N’est-ce pas parce que mon Dieu n’est pas au milieu
de moi que ces maux m’ont atteint ? Et moi, je cacherai entièrement ma
face, en ce jour-là, à cause de tout le mal qu’il aura fait ; parce qu’il
se sera tourné vers d’autres dieux » (vers. 14-18).
« Les misères de ceux
qui courent après un autre seront multipliées ». Ainsi dit l’Esprit de
Christ, au Ps. 16.
Israël a été, est
maintenant, et sera encore plus pleinement ci-après, la preuve évidente de la
vérité solennelle de ces paroles. Son histoire passée, sa dispersion et sa
désolation actuelles, et par-dessus tout cette « grande tribulation »
par laquelle il devra passer, — tout tend à confirmer et à développer cette
vérité, que la manière la plus sûre et la plus certaine de multiplier nos
angoisses est de nous détourner de l’Éternel, et de regarder aux ressources de
la créature.
C’est là une des nombreuses leçons pratiques que nous avons à retirer de l’histoire merveilleuse de la semence d’Abraham. Puissions-nous les apprendre d’une manière efficace, et nous attacher au Seigneur de tout notre cœur, nous détournant avec une sainte décision de tout autre objet. C’est là, nous en sommes persuadés, le seul sentier du vrai bonheur et de la paix. Puissions-nous toujours y marcher !
« Et maintenant,
écrivez ce cantique, et enseigne-le aux fils d’Israël ; mets-le dans leur
bouche, afin que ce cantique me serve de
témoignage contre les fils d’Israël.
Car je l’introduirai dans la terre
ruisselante de lait et de miel, que j’ai promise par serment à ses pères, et il
mangera, et sera rassasié et engraissé, et se tournera vers d’autres
dieux ; et ils les serviront, et ils me mépriseront, et il rompra mon
alliance. Et quand des maux nombreux et des détresses l’auront atteint, il
arrivera que ce cantique élèvera la voix devant lui en témoignage ; car il
ne sera pas oublié dans la bouche de sa postérité ; car je connais sa
pensée qu’il a formée déjà aujourd’hui, avant que je l’introduise dans le pays
que je lui ai promis par serment » (vers. 19-21).
Combien tout cela est saisissant et solennel ! Au lieu qu’Israël soit un témoin pour l’Éternel devant toutes les nations, le cantique de Moïse devait être en témoignage contre les enfants d’Israël. Ils étaient appelés à être Ses témoins ; ils étaient responsables d’annoncer son nom et de proclamer sa louange dans ce pays, où sa fidélité et sa grâce souveraine les avait conduits. Mais hélas ! ils y manquèrent complètement et faillirent d’une manière honteuse ; c’est pourquoi un cantique devait être écrit, qui, en premier lieu, nous le voyons, fait ressortir en accents magnifiques, la gloire de Dieu ; et, secondement, rapporte avec une fidélité inflexible les déplorables manquements d’Israël dans toutes les phases de son histoire.
« Et Moïse écrivit ce
cantique, en ce jour-là, et il l’enseigna aux fils d’Israël. Et l’Éternel
commanda à Josué, fils de Nun, disant : Fortifie-toi et sois ferme
, car c’est toi qui introduiras les fils
d’Israël dans le pays que je leur ai promis par serment, et moi, je serai avec toi
» (vers.
22-23). Josué ne devait pas se décourager, ni s’effrayer à cause de l’infidélité
prédite du peuple. Comme son grand prédécesseur, il devait être fort dans la
foi, donnant gloire à Dieu. Il devait aller en avant avec une joyeuse
confiance, s’appuyant sur le bras de l’Éternel, se confiant en la parole du
Dieu d’Israël, ne se laissant effrayer en rien par ses adversaires, mais se
reposant sur la précieuse assurance que, quand même la postérité d’Abraham
manquerait à l’obéissance et attirerait sur elle, comme conséquence, les
jugements prédits, le Dieu d’Abraham maintiendrait et accomplirait
infailliblement sa promesse, et glorifierait son nom, dans la restauration
finale et la bénédiction éternelle de son peuple élu.
Tout cela ressort avec une puissance remarquable du cantique de Moïse ; et Josué était appelé à servir dans la foi en ces choses. Il devait fixer ses regards non pas sur les voies d’Israël, mais sur la stabilité éternelle de l’alliance divine faite avec Abraham. Il devait conduire Israël à travers le Jourdain et l’établir dans ce bel héritage qui lui était destiné dans les conseils de Dieu. Si l’esprit de Josué avait été occupé d’Israël, il aurait déposé son épée et se serait abandonné au désespoir. Mais non, il devait se fortifier dans l’Éternel, son Dieu, et le servir avec l’énergie d’une foi qui tint ferme, comme voyant Celui qui est invisible.
Précieuse foi qui soutient l’âme et honore Dieu ! Puisse le lecteur, quelle que soit sa vocation ou sa sphère d’activité, connaître dans les profondeurs de son âme la puissance morale de ce principe divin ! Puisse tout bien-aimé enfant de Dieu et tout serviteur de Christ la connaître ! C’est la seule chose qui nous rendra capables de lutter contre les difficultés, les obstacles, et les influences hostiles qui nous entourent sur la scène à travers laquelle nous passons, et d’achever notre course avec joie.
« Et quand Moïse eut
achevé d’écrire dans un livre les paroles de cette loi, jusqu’à ce qu’elles
fussent complètes, il arriva que Moïse commanda aux Lévites qui portaient l’arche
de l’alliance de l’Éternel, disant : Prenez ce livre de la loi, et
placez-le à côté de l’arche de l’alliance de l’Éternel, votre Dieu ; et il sera là en témoignage contre toi.
Car
moi, je connais ton esprit de rébellion et ton cou roide. Voici, aujourd’hui,
tandis que je suis encore vivant avec vous, vous avez été rebelles à l’Éternel ;
combien plus le serez-vous après ma mort ! Réunissez auprès de moi tous
les anciens de vos tribus, et vos magistrats, et je prononcerai ces paroles à
leurs oreilles, et j’appellerai à témoin contre eux les cieux et la terre. Car
je sais qu’après ma mort vous vous corromprez certainement, et vous vous
détournerez du chemin que je vous ai commandé ; et il vous arrivera du mal
à la fin des jours, parce que vous ferez ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel,
pour le provoquer à colère par l’œuvre de vos mains » (vers. 24-29).
Combien ces paroles nous
rappellent vivement le discours d’adieu de l’apôtre Paul aux anciens d’Éphèse !
« Moi je sais qu’après mon départ il entrera parmi vous des loups
redoutables qui n’épargneront pas le troupeau ; et il se lèvera d’entre
vous-mêmes des hommes qui annonceront des doctrines perverses pour attirer les
disciples après eux. C’est pourquoi veillez
,
vous souvenant
que, durant trois ans,
je n’ai cessé nuit et jour d’avertir chacun de vous avec larmes. Et maintenant,
je vous recommande à Dieu, et à la parole de sa grâce, qui a la puissance d’édifier
et de vous donner un héritage avec tous les sanctifiés » (Act. 20:29-32).
L’homme est le même toujours et partout. Son histoire est souillée du
commencement à la fin ; mais quel soulagement et quelle consolation pour
le cœur de savoir et de se souvenir que Dieu est toujours le même, et que sa
Parole demeure et « est établie à toujours dans les cieux ». Elle était
cachée, cette Parole, à côté de l’arche de l’alliance, et conservée là intacte,
en dépit des péchés si graves et de la folie du peuple. C’est ce qui donne en
tout temps du repos au cœur en face des manquements de l’homme, de la décadence
et de la ruine de tout ce qui lui a été confié. « La parole de notre Dieu
demeure à toujours », et, tout en rendant un témoignage vrai et solennel
contre l’homme et ses voies, cette Parole communique au cœur la certitude la
plus précieuse et la plus rassurante que Dieu est au-dessus du péché et de la
folie de l’homme, que ses ressources sont absolument inépuisables, et que
bientôt sa gloire apparaîtra et remplira toute la scène. Loué soit l’Éternel
pour cette précieuse consolation !
« Et Moïse prononça aux oreilles de toute la congrégation d’Israël les paroles de ce cantique-ci, jusqu’à ce qu’elles fussent complètes ». Ce n’est pas trop de dire que la portion du volume divin, placée ici devant nous, est d’entre les plus belles et les plus significatives, et qu’elle demande que nous la lisions avec prière et une sérieuse attention. Elle comprend la suite complète des dispensations de Dieu envers Israël, depuis la première jusqu’à la dernière, et offre le récit le plus solennel de leur péché, de la colère divine et du jugement. Mais, Dieu soit béni, ce cantique commence et finit avec Lui, et quelle riche et profonde bénédiction pour l’âme ! S’il n’en était pas ainsi, et que nous eussions seulement l’affligeante histoire des voies de l’homme, nous en serions complètement accablés. Mais, dans ce magnifique cantique comme dans toute l’Écriture, nous commençons avec Dieu, et nous finissons avec Lui. C’est ce qui rassure l’esprit et nous rend capables de poursuivre l’histoire de l’homme avec une calme et sainte confiance, bien que tout se brise entre ses mains, comme aussi de remarquer les machinations de l’ennemi en opposition avec les conseils et les desseins de Dieu. Nous sommes rendus capables de voir l’entier manquement et la ruine complète de la créature, parce que nous savons avec certitude que Dieu restera Dieu en dépit de tout. Il aura la haute main à la fin, et alors tout sera et devra être bien. Dieu sera tout en tous ; il n’y aura ni ennemi, ni mal, dans ce vaste univers de félicité, dont notre adorable Seigneur et Christ sera le soleil et le centre pour l’éternité. Mais revenons à notre cantique.
« Cieux, prêtez l’oreille, et je parlerai ; et toi terre, écoute les paroles de ma bouche. Ma doctrine distillera comme la pluie ; ma parole descendra comme la rosée, comme une pluie fine sur l’herbe tendre, et comme des ondées sur l’herbe mûre. Car je proclamerai le nom de l’Éternel : Attribuez la grandeur à notre Dieu ! » (vers. 1-3).
Voilà où est le fondement solide et impérissable de toute chose. Quoi qu’il en soit, le nom de notre Dieu subsistera à toujours. Aucune puissance de la terre ou de l’enfer ne peut agir contre les desseins de Dieu, ni arrêter l’éclat de la gloire divine. Quel repos cela donne au cœur, au milieu de ce monde si sombre, captif du péché, et devant le succès apparent des desseins de l’ennemi. Notre refuge, notre ressource et notre consolation, se trouvent dans le nom de l’Éternel, notre Dieu, le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ. En vérité, ce nom précieux doit être toujours comme une rosée rafraîchissante et une douce pluie descendant sur nos cœurs ; doctrine céleste et divine dont l’âme peut se nourrir, et qui la soutient en tout temps et dans toutes les circonstances.
« Il est le
Rocher » — pas simplement un
rocher. Il n’y a et ne peut y avoir d’autre
Rocher que Lui. « Son œuvre est parfaite » ; tout ce qui vient
de sa main bénie porte le cachet d’une perfection absolue. Cette vérité sera
bientôt rendue manifeste à toute créature intelligente. Elle l’est déjà pour la
foi, et c’est une source de consolation divine pour tous les vrais croyants. La
pensée seule de cette perfection distille comme de la rosée sur l’âme altérée.
« Car toutes
ses voies sont
justice. C’est un Dieu fidèle, et il n’y a pas d’iniquité en Lui ; il est
juste et droit » (vers. 4). Les incrédules peuvent se railler ou, dans
leur prétendue sagesse, essayer de critiquer les actes de Dieu, mais leur folie
sera rendue manifeste à tous. « Que Dieu soit vrai et tout homme menteur,
selon ce qui est écrit : En sorte que tu sois justifié dans tes paroles,
et que tu aies gain de cause quand tu es jugé » (Rom. 3:4).
Dieu aura finalement la haute main.
Que l’homme prenne donc garde à ce qu’il fait en mettant en question ce que dit
ou fait le Dieu Tout-Puissant, le seul vrai et seul sage. Il y a quelque chose
de particulièrement beau dans les premières paroles de ce cantique. C’est un
repos pour le cœur de savoir que, si l’homme et même le peuple de Dieu manquent
et sont ruinés, nous avons affaire à Celui qui demeure fidèle, qui ne peut se
renier Lui-même, dont les voies sont parfaites, et qui, lorsque l’ennemi aura
fait tous ses efforts et mûri tous ses desseins de méchanceté, se glorifiera
Lui-même, et introduira une bénédiction universelle et éternelle.
Il faut, il est vrai, que le jugement s’exécute sur les voies de l’homme. Dieu est forcé de prendre la verge de la discipline et de s’en servir parfois avec une sévérité terrible sur son propre peuple. Il ne peut tolérer le mal chez ceux qui portent son saint nom. Cela nous est montré avec une solennité toute particulière dans ce cantique. Les voies d’Israël y sont exposées sans ménagements ou restrictions ; rien n’y est passé sous silence ; tout est mis au jour avec précision et fidélité. Ainsi nous lisons : « Ils se sont corrompus à son égard, leur tache n’est pas celle de ses fils ; c’est une génération tortue et perverse. Est-ce ainsi que vous récompensez l’Éternel, peuple insensé et dénué de sagesse ? N’est-il pas ton père, qui t’a acheté ? C’est lui qui t’a fait et qui t’a établi » (vers. 5-6).
Ici se fait entendre la première parole de reproche dans ce cantique, mais elle est aussitôt suivie par le plus précieux témoignage rendu à la bonté, la longanimité, la fidélité et les tendres compassions de l’Éternel, l’Élohim d’Israël, le Très-Haut, l’Élion de toute la terre. « Souviens-toi des jours d’autrefois, considérez les années de génération en génération ; interroge ton père, et il te le déclarera, tes anciens, et ils te le diront. Quand le Très-Haut (Élion) partageait l’héritage aux nations, quand il séparait les fils d’Adam, il établit les limites des peuples selon le nombre des fils d’Israël » (vers. 8).
Quel fait glorieux est déployé ici devant nos yeux, pourtant peu saisi ou pris en considération par les nations de la terre. On oublie que, dans l’établissement original des grandes limites nationales, le Très-Haut avait directement en vue « les fils d’Israël » ! Le lecteur ferait bien de chercher à saisir ce fait si grand et si intéressant. En considérant la géographie et l’histoire au point de vue divin, nous trouvons que Canaan et la semence de Jacob sont pour Dieu le centre de tout sur la terre. Oui ; Canaan, cette petite bande de terre située le long de la côte orientale de la Méditerranée, occupant une superficie de vingt-deux mille kilomètres carrés, les deux tiers environ de l’étendue de l’Irlande, est le centre de la géographie divine ; et les douze tribus d’Israël sont l’objet central de l’histoire de Dieu. Combien peu les géographes et les historiens y ont pensé ! Ils ont décrit des pays et écrit l’histoire de nations qui, d’après leur étendue géographique et leur importance politique, dépassent de beaucoup la Palestine et son peuple, selon la pensée humaine, mais qui, aux yeux de Dieu, ne sont rien en comparaison de ce petit coin de terre qu’il daigne appeler son pays, et que, selon son propos arrêté, la postérité d’Abraham, son ami, doit hériter (*).
(*) Combien
il est vrai que les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées, et que ses voies
ne sont pas nos voies ! L’homme attache de l’importance à de vastes
territoires, à la force matérielle, aux ressources pécuniaires, aux armées bien
disciplinées, à des flottes puissantes. Dieu, au contraire, ne tient nul compte
de ces choses ; elles Lui sont comme la poussière menue dans une balance.
« Ne savez-vous pas ? Ne l’avez-vous pas entendu ? Cela ne vous
a-t-il pas été déclaré dès le commencement ? N’avez-vous pas compris la
fondation de la terre ?…
Lui,
qui est assis au-dessus du cercle de la terre, et ses habitants sont comme des
sauterelles, — qui étend les cieux comme une toile légère, et qui les déploie
comme une tente pour y habiter ; qui réduit ses chefs à néant, qui fait
que les juges de la terre sont comme rien » (Ésaïe 40:21-23). Ces paroles
nous font voir la raison morale pour laquelle en choisissant un pays pour
centre de ses plans et de ses conseils sur la terre, l’Éternel n’en a pas pris
un d’une vaste étendue, mais a préféré cette portion de terre de peu de valeur
dans les pensées de l’homme. Mais quelle importance se rattache à ce petit pays !
Quels principes y ont été déployés ! Quels événements y ont eu lieu !
Quelles choses y ont été accomplies, et que de plans et de desseins y auront
encore leur accomplissement ! Il n’y a aucun endroit sur toute la terre
qui intéresse autant le cœur de Dieu que le pays de Canaan et la ville de
Jérusalem. L’Écriture abonde en preuves à l’appui de cette assertion. Le temps
approche rapidement où des faits palpables opéreront ce que le témoignage le
plus clair des Écritures n’a pu faire, savoir : convaincre les hommes que
le pays d’Israël était, est, et sera à toujours le centre terrestre de Dieu.
Toutes les nations qui ont eu de l’importance, de l’intérêt, ou une place
quelconque dans les pages inspirées, le doivent simplement à ce que, d’une
manière ou d’une autre, elles ont été en relation avec le pays ou le peuple d’Israël.
Combien peu les historiens le savent ou même s’en doutent ! Mais
assurément, toute âme qui aime Dieu devrait le savoir et y penser.
Nous ne pouvons nous arrêter
sur ce sujet important, mais nous prions le lecteur de le considérer
sérieusement. Il le trouvera pleinement développé et éclairci d’une manière
frappante dans les écrits prophétiques de l’Ancien et du Nouveau Testament.
« Car la portion de l’Éternel, c’est son peuple ; Jacob est le lot de
son héritage. Il le trouva dans un pays désert et dans la désolation des
hurlements d’une solitude ; il le conduisit çà et là ; il prit soin
de lui, il le garda comme la prunelle de
son œil.
Comme l’aigle éveille son nid, plane au-dessus de ses petits,
étend ses ailes, les prend, les porte sur ses plumes, l’Éternel seul l’a
conduit, et il n’y a point eu avec lui de dieu étranger. Il l’a fait passer à
cheval sur les lieux hauts de la terre ; et il a mangé le produit des
champs, et il lui a fait sucer le miel du rocher, et l’huile du roc dur ;
le caillé des vaches, et le lait des brebis, et la graisse des agneaux et des
béliers de la race de Basan, et des boucs, avec la fine graisse du
froment ; et tu as bu le vin pur, le sang du raisin » (vers. 9-14).
Est-il nécessaire de dire
que ces paroles s’appliquent dans le principe à Israël ? L’Église, sans
doute, peut en retirer de l’instruction et en profiter ; mais l’appliquer
à l’Église impliquerait une double erreur, erreur des plus sérieuses ; ce
ne serait rien moins que rabaisser l’Église d’un niveau céleste à un terrestre,
et lui donner, sans y être autorisé, la place et la portion que Dieu a
assignées à Israël. Qu’est-ce que l’Église de Dieu, le corps de Christ, a à
faire avec l’établissement des nations de la terre ? Absolument rien. L’Église,
selon la pensée de Dieu
, est
étrangère, sur la terre. Sa portion, son espérance, sa patrie, son héritage,
tout pour elle est céleste. On n’aurait jamais entendu parler de l’Église, qu’il
n’y aurait aucune différence dans le courant de l’histoire de ce monde. Sa
vocation, sa marche, sa destinée et son caractère tout entiers, ses principes
et sa morale sont célestes, ou, du moins, devraient l’être. L’Église n’a rien à
faire avec la politique de ce monde. Sa bourgeoisie est dans les cieux, d’où
elle attend le Sauveur. En se mêlant aux affaires du monde, elle renie son
Seigneur, sa vocation et ses principes. Son grand et saint privilège est d’être
liée et moralement identifiée à un Christ rejeté, crucifié, ressuscité et
glorifié. Elle n’a pas plus à faire avec le système actuel des choses, ou avec
le courant de l’histoire de ce monde, que sa Tête glorifiée dans le ciel. En
parlant de son peuple, Christ, notre Seigneur, dit : « Ils ne sont pas
du monde, comme moi, je ne suis pas du monde » (Jean 17:16).
Ces paroles sont concluantes
et déterminent notre position et notre chemin de la manière la plus précise et
la plus définie. « Comme il est, lui, nous sommes, nous aussi, dans ce
monde » (1 Jean 4:17). Ce passage renferme une double vérité,
savoir : notre parfaite acceptation devant Dieu et notre complète
séparation d’avec le monde. Nous sommes dans
le monde, mais pas du
monde. Nous
avons à le traverser comme des pèlerins et des étrangers attendant la venue de
notre Seigneur, l’apparition de la brillante étoile du matin. Ce n’est donc pas
à nous à prendre part aux affaires municipales ou politiques. Nous sommes
appelés et exhortés à obéir aux puissances établies, à prier pour tous ceux qui
sont élevés en autorité, à payer le tribut, et à ne devoir rien à
personne ; à être « sans reproche et purs, des enfants de Dieu
irréprochables, au milieu d’une génération tortue et perverse, parmi laquelle
vous reluisez comme des luminaires dans le monde, présentant la parole de
vie » (Phil. 2:15-16).
De tout ce qui précède, nous pouvons saisir quelque chose de l’immense importance pratique qu’il y a « d’exposer justement la parole de la vérité » (2 Tim. 2:15). Nous n’avons qu’une faible idée du tort fait, soit à la vérité de Dieu, soit aux enfants de Dieu, en confondant Israël avec l’Église, ce qui est terrestre avec ce qui est céleste. Cela est un obstacle à tout progrès dans la connaissance des Écritures, et nuit à l’intégrité de la marche chrétienne et du témoignage. On peut trouver cette assertion exagérée, mais nous avons vu nombre d’exemples qui en établissent la vérité ; et nous avons désiré une fois de plus appeler l’attention du lecteur sur ce sujet. Poursuivons maintenant l’étude de notre chapitre.
Le verset 15 nous fait entendre une note très différente du cantique de Moïse. Jusqu’ici nous avons eu devant nous, Dieu, ses actes, ses desseins, ses conseils, ses pensées, son intérêt plein d’amour pour son peuple d’Israël, ses voies pleines de compassion envers lui. Tout y est rempli des plus riches bénédictions. Il n’y a point là de retour en arrière, et il ne pourrait y en avoir. Quand nous avons Dieu et ses voies devant nous, il n’y a aucun obstacle aux jouissances du cœur. Tout est perfection, perfection divine, absolue, et en la découvrant, nos cœurs sont remplis d’admiration, d’amour et de louange.
Mais il y a le côté de l’homme,
et ici, hélas ! tout est manquement et désappointement. Ainsi, au verset
15 de notre chapitre, nous lisons : « Mais Jeshurun s’est engraissé,
et a regimbé : tu es devenu gras, gros, replet ; et il a abandonné le
Dieu qui l’a fait, et il a méprisé le Rocher de son salut. Ils l’ont ému à
jalousie par des dieux étrangers ; ils l’ont provoqué à colère par des
abominations. Ils ont sacrifié aux démons qui ne sont point Dieu, à des dieux
qu’ils ne connaissaient pas, dieux nouveaux, venus depuis peu, que vos pères n’ont
pas révérés. Tu as oublié le Rocher qui t’a engendré, et tu as mis en oubli le
Dieu qui t’a enfanté » (vers. 15-18). Nous trouvons dans ces paroles un
solennel avertissement. Chacun de nous est en danger de suivre le sentier moral
qu’elles indiquent. Entourés de toute manière des tendres et riches compassions
de Dieu, nous sommes enclins à en faire usage pour nourrir un esprit de
satisfaction propre. Nous nous servons des dons pour exclure le Donateur. En un
mot, nous aussi, comme Israël, nous nous engraissons et nous regimbons. Nous
oublions Dieu. Nous perdons le doux et précieux sentiment de sa présence et de
sa parfaite suffisance, et nous nous tournons vers d’autres objets, comme
Israël vers les faux dieux. Combien souvent nous oublions le Rocher qui nous a
engendrés, le Dieu qui nous a enfantés, le Seigneur qui nous a rachetés !
Et cette ingratitude est d’autant moins excusable en nous, que nos privilèges
sont bien plus élevés que ceux d’Israël. Nous sommes amenés dans une position
et dans une relation que le peuple terrestre ignorait totalement ; nos
privilèges et nos bénédictions sont de l’ordre le plus élevé ; notre
privilège est d’avoir communion avec le Père et avec son Fils, Jésus
Christ ; nous sommes les objets de cet amour parfait qui n’a rien épargné
pour nous introduire dans une position qui permet de dire de nous :
« Comme il est, Lui
(Christ),
nous sommes, nous aussi, dans ce monde ». Rien ne peut surpasser la bénédiction
qui se trouve là ; l’amour
divin même n’aurait pu faire davantage. Non seulement l’amour de Dieu nous a
été manifesté dans le don et la mort de son Fils unique et bien-aimé, et dans
le don de son Esprit ; mais cet amour a été rendu parfait envers nous, en
nous plaçant dans la même position que ce Bien-aimé sur le trône de Dieu. Tout
cela est merveilleux et surpasse toute connaissance. Et pourtant, combien nous
sommes portés à oublier Celui qui nous a aimés ainsi, qui a été en travail pour
nous, et qui nous a bénis ! Combien souvent nous glissons loin de Lui dans
nos pensées et les affections de nos cœurs ! Il ne s’agit pas ici
seulement de ce qu’a fait l’église professante dans son ensemble ; la
question est plus intime ; c’est là ce que nos pauvres misérables cœurs
sont constamment enclins à faire. Nous oublions facilement Dieu pour nous
tourner vers d’autres objets, et cela à notre sérieuse perte et à son
déshonneur.
Voulons-nous savoir ce qu’en éprouve le cœur de Dieu ? Désirons-nous nous en former une juste idée ? Écoutons les paroles brûlantes que Moïse, dans son cantique, adresse au peuple égaré. Puissions-nous les écouter attentivement, de façon à en profiter réellement.
« Et l’Éternel l’a vu et les a rejetés, par indignation contre ses fils et ses filles. Et il a dit : Je leur cacherai ma face, je verrai quelle sera leur fin, car ils sont une génération perverse, des fils en qui il n’y a point de fidélité. Ils m’ont ému à jalousie par ce qui n’est point Dieu, ils m’ont provoqué à colère par leurs vanités ; et moi, je les exciterai à la jalousie par ce qui n’est pas un peuple, je les provoquerai à la colère par une nation insensée. Car un feu s’est allumé dans ma colère, et il brûlera jusqu’au shéol le plus profond, et dévorera la terre et son rapport, et embrasera les fondements des montagnes. J’accumulerai sur eux des maux ; j’épuiserai contre eux mes flèches. Ils seront consumés par la famine et rongés par des ardeurs dévorantes, et par une peste maligne ; et j’enverrai contre eux la dent des bêtes, avec le venin de ce qui rampe dans la poussière. Au dehors l’épée, et au dedans la terreur, détruiront le jeune homme et la vierge, l’enfant qui tette et l’homme à cheveux blancs » (vers. 19-25).
Nous avons ici un exposé solennel des voies gouvernementales de Dieu, éminemment propre à faire ressortir la terrible vérité de Héb. 10:31: « C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant ! » L’histoire d’Israël dans le passé, sa condition actuelle, et ce par quoi il devra passer dans l’avenir, tout s’accorde à prouver d’une manière éclatante que « notre Dieu est un feu consumant ». Nulle nation sur la terre n’a été appelée à passer par une discipline aussi sévère que le peuple d’Israël. L’Éternel le leur rappelle dans ces paroles pénétrantes : « Je vous ai connus, vous seuls, de toutes les familles de la terre ; c’est pourquoi je visiterai sur vous toutes vos iniquités » (Amos 3:2). Aucune autre nation n’a jamais été appelée à jouir du privilège élevé d’une relation actuelle avec l’Éternel. Cette dignité était réservée à une seule nation ; mais la dignité même de cette position était la base d’une solennelle responsabilité. Si les enfants d’Israël étaient appelés à être son peuple, ils devaient se conduire d’une manière digne d’une position aussi merveilleuse, ou bien endurer des châtiments plus terribles que jamais nation sous le soleil ait endurés. Les hommes peuvent raisonner là-dessus, et demander s’il convient au caractère d’un Dieu de bonté d’agir selon ce que nous trouvons aux versets 22-25 de notre chapitre. Mais toutes ces objections et tous ces raisonnements seront tôt ou tard trouvés n’être que folie. Il est parfaitement inutile à l’homme d’argumenter contre les actes solennels du gouvernement divin, ou contre la terrible sévérité de la discipline exercée envers le peuple élu de Dieu. Combien il est plus sage, meilleur et plus sûr, de se laisser avertir, par les faits de l’histoire d’Israël, à fuir la colère à venir et à saisir la vie éternelle et le plein salut révélé dans le précieux évangile de Dieu.
Quant à nous, chrétiens, il y a un immense profit à retirer du récit des voies de Dieu envers son peuple, et cela en apprenant par ses expériences combien nous avons besoin de marcher, dans notre haute et sainte position, avec humilité, dans la vigilance et la prière. Nous possédons, il est vrai, la vie éternelle ; nous sommes les objets privilégiés de cette grâce magnifique qui règne par la justice en vie éternelle, par Jésus Christ, notre Seigneur ; nous sommes membres du corps de Christ, les temples du Saint Esprit, et les héritiers de la gloire éternelle. Mais ces privilèges si élevés offrent-ils le moindre prétexte pour négliger la voix d’avertissement que l’histoire d’Israël fait retentir à nos oreilles ? Nous autorisent-ils à marcher dans l’insouciance, et à mépriser les salutaires enseignements que nous donne cette histoire du peuple terrestre ? Au contraire, nous sommes tenus de donner la plus sérieuse attention aux choses que le Saint Esprit a écrites pour notre instruction. Plus nos privilèges sont élevés, plus riches sont nos bénédictions, plus nos relations nous rapprochent de Dieu, plus aussi nous sommes dans l’obligation d’être fidèles, et de chercher en toutes choses à nous conduire de manière à être agréables à Celui qui nous a appelés à occuper la place la plus élevée et la plus riche en bénédiction, que son amour parfait pût nous accorder. Que le Seigneur, dans sa bonté infinie, nous accorde de peser ces choses en sa sainte présence, avec un cœur vrai et sincère, et de chercher sérieusement à le servir avec révérence et avec crainte !
Le verset 26 présente un
point du plus profond intérêt en rapport avec l’histoire des dispensations
divines envers Israël. « Je dirais : Je les disperserai, j’abolirai du milieu des hommes leur mémoire
».
Et pourquoi ne le fit-il pas ? La réponse à cette question renferme une
vérité d’une valeur et d’une importance infinies pour Israël, une vérité qui
est à la base même de toutes ses bénédictions futures. Quant à ce qui les
concernait, assurément ils méritaient que leur mémoire fût abolie du milieu des
hommes, mais Dieu a ses pensées, ses conseils et ses desseins à Lui, à leur
égard ; de plus, il tient compte des pensées et des actes des nations
relativement à son peuple. C’est ce qui ressort d’une manière bien remarquable
au verset 27, où Dieu condescend à nous donner la raison pour laquelle il n’efface
pas toute trace de ce peuple pécheur et rebelle : « Si je ne craignais la provocation de l’ennemi
,
que leurs adversaires ne s’y méprennent et qu’ils ne disent : Notre main
est élevée, et ce n’est pas l’Éternel qui a fait tout cela ».
Rien n’est plus touchant que la grâce qui respire dans ces paroles. Dieu ne permettra pas aux nations de traiter son pauvre peuple égaré comme s’il l’avait oublié. Il se servira bien d’elles comme de verge pour le châtier, mais du moment où, se livrant à leur propre animosité, elles tenteraient d’aller au-delà des limites qu’il a assignées, il brisera la verge et rendra manifeste à tous que c’est Lui-même qui agit envers le peuple qu’il n’a cessé d’aimer, et qu’il bénira finalement pour sa propre gloire.
Cette vérité est d’un prix inexprimable. Le propos arrêté de l’Éternel est d’enseigner à toutes les nations de la terre, qu’Israël a une place particulière dans son cœur et une position d’excellence sur la terre. Cela est incontestable. Les écrits des prophètes sont remplis de preuves qui établissent cette vérité. Si les nations l’oublient ou s’y opposent, c’est à leur détriment. C’est en vain qu’elles tenteront d’agir contre les conseils divins, car, certainement, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, confondra tout plan formé contre le peuple de son choix. Les hommes peuvent, dans leur orgueil et leur folie, s’imaginer que leur bras est puissant, mais ils apprendront que celui de Dieu l’est davantage.
Nous ne pouvons entrer plus loin dans l’étude de ce sujet si profondément intéressant ; nous engageons le lecteur à le continuer pour lui-même à la lumière des Saintes Écritures. Il y trouvera profit et édification pour son âme. Il peut voir dans le magnifique cantique de Moïse, un abrégé de toutes les voies de Dieu envers Israël, et d’Israël à l’égard de Dieu, de cette histoire qui expose d’une manière si frappante les grands principes de la grâce, de la loi, du gouvernement et de la gloire.
Dans les versets 29 et
suivants, nous avons un appel très touchant : « Oh ! s’ils
eussent été sages, ils eussent compris ceci, ils eussent considéré leur
fin ! Comment un seul en eût-il poursuivi mille, et deux en eussent-ils
mis en fuite dix mille, si leur Rocher ne les avait pas vendus, et si l’Éternel
ne les avait pas livrés ? Car leur rocher n’est pas comme notre Rocher, et
nos ennemis en sont juges. Car leur vigne est de la vigne de Sodome et du
terroir de Gomorrhe ; leurs raisins sont des raisins vénéneux, et leurs
grappes sont amères ; leur vin est un venin de monstres et un poison cruel
d’aspic » (vers. 29-33). Terrible tableau de la condition morale d’un
peuple ! Mais c’est ainsi que Dieu voit l’état réel de ceux dont le rocher
n’est pas comme le Rocher d’Israël. Un jour de vengeance viendra. Il est
différé par la longanimité miséricordieuse de Dieu, mais il viendra
; cela est aussi sûr qu’il
y a un Dieu sur le trône du ciel. Un jour vient, dans lequel toutes ces nations
qui ont agi orgueilleusement envers Israël, auront à répondre au tribunal du
Fils de l’homme, à rendre compte de leur conduite, à entendre sa sentence
solennelle, et à subir sa colère : « Cela n’est-il pas caché par
devers moi, scellé dans mes trésors
?
À moi la vengeance et la rétribution, au temps où leur pied bronchera. Car le
jour de leur calamité est proche, et ce qui leur est préparé se hâte. Car l’Éternel
jugera son peuple, et se repentira en
faveur de ses serviteurs
, quand il verra que la force s’en est allée, et qu’il
n’y a plus personne, homme lié ou homme libre. Et il dira : Où sont leurs
dieux, le rocher en qui ils se confiaient, qui mangeaient la graisse de leurs
sacrifices, et buvaient le vin de leurs libations ? Qu’ils se lèvent, et
qu’ils vous secourent, qu’ils soient une retraite pour vous ! Voyez
maintenant que c’est moi, moi, le Même, et il n’y a point de dieu à côté de
moi ; moi, je tue, et moi, je fais vivre ; moi, je blesse, et moi, je
guéris ; et il n’y a personne qui délivre de ma main. Car je lève ma main
aux cieux, et je dis : Je vis éternellement. Si j’aiguise l’éclair de mon
épée et que ma main saisisse le jugement, je rendrai la vengeance à mes
adversaires et je récompenserai ceux qui me haïssent. J’enivrerai mes flèches
de sang, et mon épée dévorera de la chair ; je les enivrerai du sang des
tués et des captifs, de la tête des chefs
de l’ennemi
» (vers. 34-42).
Ici, nous avons la fin des
terribles sentences de jugement, de colère et de vengeance, exprimées
brièvement dans le cantique de Moïse, mais exposées largement dans tous les
écrits prophétiques. Le lecteur pourra confronter avec beaucoup d’intérêt et de
profit, Ézéchiel 38
et 39, où nous
avons le jugement de Gog et Magog, le grand ennemi du nord qui s’élèvera à la
fin contre le pays d’Israël, et trouvera là une fin ignominieuse et une
complète destruction.
Dans Joël 3
aussi, se lisent des paroles de baume
et de consolation pour l’Israël futur : « Car voici, en ces jours-là
et en ce temps-là où je rétablirai les captifs de Juda et de Jérusalem, je
rassemblerai toutes les nations, et je les ferai descendre dans la vallée de
Josaphat, et là j’entrerai en jugement avec elles au sujet de mon peuple et de
mon héritage, Israël, qu’elles ont dispersé parmi les nations ; et elles
ont partagé mon pays » (vers. 1-2).
Nous voyons ainsi comment la voix des prophètes s’harmonise parfaitement avec le cantique de Moïse, et comment, par le moyen de tous, le Saint Esprit démontre clairement et pleinement cette grande vérité de la restauration d’Israël, de sa suprématie et de sa gloire futures.
Combien est réjouissante la
note qui termine notre cantique ! Quel magnifique couronnement de tout l’édifice !
Les nations hostiles sont jugées, de quelque manière qu’elles apparaissent sur
la scène, que ce soit Gog et Magog, les Assyriens, ou le roi du Nord, — tous
les ennemis d’Israël seront confondus et désignés pour la perdition éternelle,
mais alors se font entendre ces douces paroles : « Réjouissez-vous, nations, avec son
peuple ; car il vengera le sang de ses serviteurs, et il rendra la
vengeance à ses adversaires, et il pardonnera à sa terre, à son peuple
»
(vers. 43).
Ici prend fin ce cantique
admirable. Il commence avec Dieu, se termine avec Lui, et résume d’une manière
précise l’histoire passée, présente et future, de son peuple terrestre, Israël.
Il nous montre les nations établies sur la terre en rapport direct avec les
desseins de Dieu relativement à la semence d’Abraham. Il révèle aussi le jugement
final de toutes ces nations qui ont agi et agiront encore en s’opposant à la
postérité élue ; puis enfin, quand Israël est pleinement restauré et béni,
selon l’alliance faite avec les pères, les nations sauvées sont invitées à se
réjouir avec le peuple de Dieu. Quelle gloire dans ce déploiement des vérités
présentées à nos âmes dans ce chapitre 32 du Deutéronome ! Comment ne pas
s’écrier en les contemplant : « Dieu est le
Rocher, son œuvre est parfaite ! » Le cœur repose
ainsi, quoi qu’il arrive, dans une sainte tranquillité. Tout, entre les mains
de l’homme, se brise, tout ce qui est humain finit par tomber en ruines ;
mais « le Rocher » demeurera ferme à toujours, et toute
« œuvre » provenant de la main divine brillera dans une perfection
éternelle à la gloire de Dieu et pour la bénédiction parfaite de son peuple.
Tel est ce cantique de Moïse, son but, sa portée et son application. Il n’est pas nécessaire de faire remarquer au lecteur intelligent que l’Église de Dieu, le corps de Christ, ce mystère dont le bienheureux apôtre Paul a été fait ministre, ne trouvent pas de place dans ce cantique. Lorsque Moïse écrivait ces paroles, le mystère de l’Église était caché dans le sein de Dieu. Un esprit simple, enseigné exclusivement par les Écritures, verra clairement que le cantique de Moïse a pour thèse le gouvernement de Dieu, en rapport avec Israël et les nations ; pour sphère, la terre ; et pour centre, le pays de Canaan.
« Et Moïse vint, et
prononça toutes les paroles de ce cantique aux oreilles du peuple, lui et
Josué, fils de Nun. Et Moïse acheva de prononcer toutes ces paroles à tout
Israël, et il leur dit : Appliquez
votre cœur à toutes les paroles
par lesquelles je rends témoignage parmi
vous aujourd’hui, pour les commander à
vos fils, afin qu’ils prennent garde à pratiquer toutes les paroles de cette
loi.
Car ce n’est pas ici une parole vaine pour vous, mais c’est votre vie
; et par cette
parole vous prolongerez vos jours sur la terre où, en passant le Jourdain, vous
entrez afin de la posséder » (vers. 44-47).
Ainsi, du commencement à la
fin du Deutéronome, nous voyons Moïse, ce dévoué serviteur de Dieu, insistant
auprès du peuple sur le devoir solennel d’une obéissance implicite, complète et
cordiale à la parole de Dieu. Là gît le précieux secret de la vie, de la paix,
des progrès et de la prospérité spirituels. Ils n’avaient rien d’autre à faire
qu’à obéir.
Heureuse tâche !
Doux et saint devoir ! Que ce soit le nôtre, cher lecteur, dans ces jours
de conflit et de confusion où la volonté de l’homme domine d’une manière si
terrible. Le monde et la soi-disant église courent ensemble avec une rapidité
effrayante dans le sombre sentier de la volonté propre, sentier qui doit
aboutir aux ténèbres éternelles. Pesons avec soin la chose, et cherchons
sérieusement à suivre le sentier étroit d’une simple obéissance à tous les
précieux commandements de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. De cette
manière, nos cœurs seront maintenus dans une douce paix, et quand même nous
paraîtrions singuliers et étroits aux yeux des hommes du monde, et même des
chrétiens professants, ne nous laissons pas détourner, ne fût-ce que de l’épaisseur
d’un cheveu, du sentier que nous montre la parole de Dieu. Que la parole du
Christ habite en nous richement, et que la paix de Christ règne dans nos cœurs,
jusqu’à la fin
!
Il est très remarquable
aussi de voir ce chapitre se terminer en rappelant encore les voies
gouvernementales de Dieu envers son fidèle serviteur Moïse. « Et, en ce même jour
, l’Éternel parla à
Moïse, disant : Monte sur cette montagne d’Abarim, le mont Nebo, qui est
dans le pays de Moab, qui est vis-à-vis de Jéricho ; et regarde le pays de
Canaan que je donne en possession aux fils d’Israël. Et tu mourras sur la
montagne sur laquelle tu monteras, et tu seras recueilli vers tes peuples,
comme Aaron, ton frère, est mort sur la montagne de Hor et a été recueilli vers
ses peuples ; parce que vous avez été infidèles envers moi, au milieu des
fils d’Israël, aux eaux de Meriba-Kadès, dans le désert de Tsin, en ce que vous
ne m’avez pas sanctifié au milieu des fils d’Israël. Car tu verras devant toi
le pays mais tu n’y entreras pas, dans le
pays que je donne aux fils d’Israël
» (vers. 48-52).
Combien le gouvernement de Dieu est solennel et propre à soumettre les âmes ! La pensée seule de désobéir devrait faire trembler le cœur. Si un serviteur aussi éminent que l’était Moïse a été jugé pour avoir parlé imprudemment de ses lèvres, quelle sera la fin de ceux qui vivent jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, et année après année, dans une négligence habituelle et délibérée des plus simples commandements de Dieu, et dans un mépris positif et opiniâtre de son autorité ?
Oh ! que Dieu nous donne un esprit soumis, un cœur brisé et contrit. Voilà ce qu’Il recherche et en quoi il prend plaisir ; c’est avec ceux qui sont tels qu’il fait sa demeure. « C’est à celui-ci que je regarderai : à l’affligé, et à celui qui a l’esprit contrit et qui tremble à ma parole » (Ésaïe 66:2). Que Dieu veuille accorder beaucoup de cet esprit de douceur et d’humilité à chacun de ses bien-aimés enfants, pour l’amour de Jésus !
« Et c’est ici la bénédiction dont Moïse, homme de Dieu, bénit les fils d’Israël, avant sa mort ».
Il est intéressant et consolant de ne voir que bénédiction sans mélange dans les dernières paroles du législateur. Nous nous sommes arrêtés sur les allocutions diverses, les avertissements solennels et pressants qu’il adressait à la congrégation d’Israël ; nous avons médité sur ce merveilleux cantique, dans les tons variés duquel nous avons entendu tour à tour l’expression de la grâce et du gouvernement : ici, ce ne sont que paroles les plus douces de bénédiction et de consolation, débordant du cœur même du Dieu d’Israël, et communiquant ses propres pensées d’amour relativement à son peuple, et nous laissant entrevoir son glorieux avenir.
Le lecteur remarquera sans doute une différence accentuée entre ces dernières paroles de Moïse et celles exprimées par Jacob, dans le chapitre 49 de la Genèse. Il est superflu de dire que ces deux passages, écrits par la même plume, sont tous deux divinement inspirés. Aussi, bien que différent, ils ne sont pas en contradiction, car il ne peut y en avoir entre deux passages du Livre de Dieu. C’est là une vérité capitale, un principe fondamental et vital, qui doit être fermement retenu et confessé en toute fidélité par chaque chrétien sincère et pieux, en face de tous les assauts insolents de l’incrédulité.
Nous n’entrerons pas ici dans une comparaison détaillée de ces deux chapitres ; nous signalerons seulement le principal point de différence qu’il est facile de saisir à première vue. Jacob rappelle les actes de ses fils, actes souvent hélas ! des plus tristes et des plus humiliants ; Moïse présente, au contraire, les actes de la grâce divine en eux ou envers eux. Cela explique immédiatement la différence. Les méchantes actions de Ruben, de Siméon et de Lévi, sont rapportées par Jacob, mais entièrement omises par Moïse. Est-ce une contradiction ? Non ; mais, au contraire, une harmonie divine. Jacob a en vue ses fils, dans leur histoire personnelle, et Moïse dans leurs relations d’alliance avec l’Éternel. Jacob montre les manquements de l’homme, ses infirmités et ses péchés ; Moïse fait ressortir la fidélité, la bonté et les compassions de Dieu. Jacob nous parle des actes des hommes et de leur jugement ; Moïse présente, lui, les conseils de Dieu et la bénédiction sans mélange qui en découle. Grâce et gloire en soient à notre Dieu ! Ses conseils, ses bénédictions et sa gloire sont au-dessus de tous les manquements de l’homme, de son péché et de sa folie. Sa volonté, à la fin, s’accomplira tout entière, et pour toujours. Israël et les nations seront alors pleinement bénis, et se réjouiront ensemble de la riche bonté de Dieu. Ils proclameront sa louange d’un rivage à l’autre, et depuis le fleuve jusqu’aux bouts de la terre (voyez Psaume 72).
Nous ne ferons guère que citer pour le lecteur les diverses bénédictions des tribus. Elles sont remplies de précieux enseignements et ne demandent pas beaucoup d’explications.
« Et il dit : L’Éternel
est venu de Sinaï, et il s’est levé pour eux de Séhir ; il a resplendi de
la montagne de Paran, et est venu des saintes myriades ; de sa droite
sortit une loi de feu pour eux. Oui, il
aime les peuples
(ou les tribus) ; tous
ses saints sont dans ta main
, et ils se tiennent à tes pieds
; ils reçoivent tes paroles » (vers. 1-3). Vrai
secret d’une sécurité parfaite. Don béni ! Trésor précieux. Toute parole
qui sort de la bouche de l’Éternel est plus précieuse que des milliers de
pièces d’or et d’argent ; plus douce que le miel et les rayons de miel. —
« Moïse nous a commandé une loi, héritage de la congrégation de
Jacob ; et il a été roi en Jeshurun, quand les chefs du peuple se
réunirent ensemble avec les tribus d’Israël. Que Ruben vive et ne meure pas, et
que ses hommes soient en petit nombre » (vers. 4-6).
Rien n’est rappelé ici du peu de fermeté de Ruben, rien de son péché. La grâce domine ; les bénédictions découlent en riche abondance du cœur aimant de Celui qui prend plaisir à bénir et à s’entourer de cœurs remplis du sentiment de sa bonté.
« Et ceci pour Juda
:
et il dit Éternel, écoute la voix de Juda, et amène-le à son
peuple ; qu’il combatte de ses mains pour lui, et sois-lui en aide contre
ses ennemis ». Juda est la lignée royale. « Notre Seigneur a surgi de
Juda », montrant ainsi d’une manière vraiment merveilleuse, comment la
grâce divine s’élève dans toute sa majesté au-dessus du péché de l’homme, et
triomphe glorieusement des circonstances qui révèlent l’absolue faiblesse de l’homme.
« Juda engendra Pharès et Zara, de Thamar ! » Qui, sinon le
Saint Esprit, aurait écrit ces mots ? Comme ils déclarent clairement que
les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées ! Quelle main humaine aurait
introduit Thamar dans la généalogie de notre adorable Seigneur et Sauveur Jésus
Christ ? Pas une seule. Le cachet de Dieu est empreint d’une manière
frappante sur Matthieu 1:3, comme il l’est sur chaque verset du saint Volume,
du commencement à la fin. Loué soit le Seigneur de ce qu’il en est ainsi :
« Toi, Juda, tes frères te loueront ; ta main sera sur la nuque de
tes ennemis ; les fils de ton père se prosterneront devant toi. Juda est
un jeune lion. Tu es monté d’auprès de la proie, mon fils. Il se courbe, il se
couche comme un lion, et comme une lionne ; qui le fera lever ? Le
sceptre ne se retirera point de Juda, ni un législateur d’entre ses pieds,
jusqu’à ce que Shilo vienne ; et à lui sera l’obéissance des peuples. Il
attache à la vigne son ânon, et au cep excellent le petit de son ânesse ;
il lave dans le vin son vêtement, et dans le sang des raisins son manteau. Ses
yeux sont rouges de vin, et ses dents blanches de lait » (Genèse 49:8-12).
« Et je vis dans la
droite de celui qui était assis sur le trône, un livre, écrit au dedans et sur
le revers, scellé de sept sceaux. Et je vis un ange puissant, proclamant à
haute voix : Qui est digne d’ouvrir le livre et d’en rompre les
sceaux ? Et personne, ni dans le ciel, ni sur la terre, ni au-dessous de
la terre, ne pouvait ouvrir le livre ni le regarder. Et moi, je pleurais fort,
parce que nul n’était trouvé digne d’ouvrir le livre ni de le regarder. Et l’un
des anciens me dit : Ne pleure pas ; voici, le lion qui est de la tribu de Juda
, la racine de David, a vaincu
pour ouvrir le livre et ses sept sceaux. Et je vis au milieu du trône et des
quatre animaux, et au milieu des anciens, un
agneau
qui se tenait là, comme immolé, ayant sept cornes et sept yeux, qui
sont les sept Esprits de Dieu, envoyés sur toute la terre » (Apoc. 5:1-6).
Combien la tribu de Juda est favorisée ! Assurément, être signalé dans la lignée généalogique de laquelle notre Seigneur est issu, c’est un insigne honneur ; et néanmoins nous savons — car notre Seigneur lui-même nous l’a dit — que c’est un privilège bien plus élevé et béni d’entendre la parole de Dieu et de la garder. Faire la volonté de Dieu et serrer ses précieux commandements dans nos cœurs, nous amène moralement plus près de Christ que le fait même d’être de sa parenté selon la chair (voyez Matt. 12:46-50).
« Et de Lévi
il dit : Tes thummim
(perfections) et tes urim (lumières) sont à l’homme de ta bonté, que tu as
éprouvé à Massa, et avec lequel tu as contesté aux eaux de Meriba ; qui dit de son père et de sa mère : Je
ne l’ai point vu ; et qui n’a pas reconnu ses frères, et n’a pas connu ses
fils. Car ils ont gardé tes paroles et observé ton alliance.
Ils
enseigneront tes ordonnances à Jacob et ta loi à Israël ; ils mettront l’encens
sous tes narines et l’holocauste sur ton autel. Éternel ! bénis sa force ;
et que l’œuvre de ses mains te soit agréable ! Brise les reins de ceux qui
s’élèvent contre lui, et de ceux qui le haïssent, en sorte qu’ils ne puissent
plus se relever » (vers. 8-11).
Le lecteur remarquera le
fait que Siméon est omis ici, quoiqu’en Genèse 49, il soit si intimement
associé à Lévi. « Siméon et Lévi sont frères. Leurs glaives ont été des
instruments de violence. Mon âme, n’entre pas dans leur conseil secret ;
ma gloire, ne t’unis pas à leur assemblée ! Car dans leur colère ils ont tué des hommes
, et pour leur plaisir ils
ont coupé les jarrets du taureau. Maudite soit leur colère, car elle a été
violente ; et leur furie, car elle a été cruelle ! Je les diviserai
en Jacob, et les disperserai en Israël ».
Or si nous comparons le passage de la Genèse avec celui du Deutéronome, nous observons deux choses, savoir : la responsabilité de l’homme d’un côté, et la souveraineté de Dieu de l’autre ; nous y voyons, en outre, la nature et ses actes ; la grâce et ses fruits. Jacob considère Siméon et Lévi liés l’un à l’autre par la nature, et reproduisant le caractère et les voies de la nature. Quant à ce qui les concerne individuellement, tous deux méritaient également la malédiction. Mais en Lévi, nous voyons le triomphe de la grâce souveraine ; c’est par la grâce qu’il fut rendu capable, aux jours du veau d’or, de ceindre l’épée pour la gloire du Dieu d’Israël. « Et Moïse se tint à la porte du camp, et dit : À moi, quiconque est pour l’Éternel ! Et tous les fils de Lévi se rassemblèrent vers lui. Et il leur dit : Ainsi dit l’Éternel, le Dieu d’Israël : Que chacun mette son épée sur sa cuisse ; passez et revenez d’une porte à l’autre dans le camp, et que chacun de vous tue son frère, et chacun son compagnon, et chacun son intime ami. Et les fils de Lévi firent selon la parole de Moïse ; et il tomba d’entre le peuple, ce jour-là, environ trois mille hommes. Et Moïse dit : Consacrez-vous aujourd’hui à l’Éternel, chacun dans son fils et dans son frère, afin de faire venir aujourd’hui sur vous une bénédiction » (Exode 32:26-29).
Où était Siméon dans cette occasion ? Lui que nous voyons associé à Lévi au jour de la volonté propre, de la colère et du courroux cruel ; pourquoi ne l’est-il plus au jour où il fallait se montrer décidé pour l’Éternel ? Prêt à suivre son frère pour venger une insulte faite à la famille, pourquoi ne l’était-il pas aussi pour défendre l’honneur dû à Dieu, outragé comme il l’était alors par l’acte d’idolâtrie de la congrégation entière ? Quelqu’un dirait-il que Siméon n’était pas responsable ? Gardons-nous de poser pareille question. L’appel de Moïse s’adressait à toute la congrégation ; Lévi seul y répondit, et c’est lui qui fut béni. Avoir soutenu la cause de Dieu, dans les jours sombres et mauvais, lui valut l’honneur de la sacrificature, — dignité la plus élevée qui pût lui être conférée. Dieu est souverain. Il fait ce qu’il lui plaît sans avoir à rendre compte à personne de ses voies. Si quelqu’un demandait : « Pourquoi le nom de Siméon est-il omis en Deutéronome 33 ? » la réponse la plus simple et la plus concluante est celle-ci « Ô homme, qui es-tu, qui contestes contre Dieu ? » (Rom. 9:20).
En Siméon, nous voyons les actes de la nature jugés ; en Lévi, les fruits de la grâce récompensés, et en tous deux la vérité de Dieu revendiquée et son nom glorifié. Cela a toujours été et sera toujours ainsi. L’homme est responsable et Dieu est souverain. Sommes-nous appelés à concilier ces deux propositions ? Non, mais à les croire. Elles sont déjà conciliées en tant qu’elles paraissent côte à côte dans les pages inspirées. Cela suffit à toute âme pieuse ; et quant à ceux qui contestent par incrédulité, ils auront bientôt la réponse à leurs objections (*).
(*) Pour plus de détails sur la tribu de Lévi, nous renvoyons le lecteur aux « Notes sur l’Exode », chap. 32, ainsi qu’aux « Notes sur les Nombres », chap. 3, 4 et 8.
« De Benjamin
il dit : Le bien-aimé de l’Éternel,
— il habitera en sécurité auprès de lui ; l’Éternel le couvrira tout le
jour, et il habitera entre ses épaules » (vers. 12).
Heureuse place pour Benjamin, comme aussi pour tout enfant de Dieu ! Combien est précieuse cette pensée de pouvoir demeurer en toute sécurité dans la présence divine, dans une proximité consciente du vrai et fidèle Berger et Surveillant de nos âmes, abrités jour et nuit sous ses ailes protectrices.
Puissiez-vous, cher lecteur, chercher à connaître toujours plus le bonheur réel qui se trouve dans la place et la portion de Benjamin. Que la jouissance de la présence de Christ, le sentiment permanent de sa communion et de sa proximité, satisfassent seuls votre cœur. Soyez-en certain, c’est là votre heureux privilège. Que rien ne vous en prive. Demeurez près du Berger, reposez dans son amour, paissez dans ses gras pâturages, le long des eaux paisibles. Que le Seigneur nous donne de faire l’expérience de ces précieuses bénédictions. Puissions-nous connaître la valeur inappréciable d’une profonde intimité personnelle avec Lui-même. Voilà ce dont on a si impérieusement besoin en ces jours, où l’on voit tant de connaissance intellectuelle de la vérité, mais si peu de connaissance du cœur et de vraie appréciation de Christ.
« Et de Joseph
il dit : Son pays soit béni
par l’Éternel de ce qu’il y a de plus précieux au ciel, de la rosée, et de ce
qui vient des profondeurs qui gisent en bas ; et du plus précieux des
produits du soleil, et du plus précieux des produits des mois ; et de ce
qui croît sur le sommet des montagnes d’ancienneté, et du plus précieux des
collines éternelles ; et du plus précieux de la terre et de sa plénitude.
Et que la faveur de celui qui demeurait dans le buisson, vienne sur la tête de
Joseph, sur le sommet de la tête de celui qui a été mis à part de ses
frères ! Sa magnificence est comme le premier-né de son taureau, et ses
cornes sont des cornes de buffle. Avec elles, il poussera les peuples ensemble
jusqu’aux bouts de la terre. Ce sont les myriades d’Éphraïm, et ce sont les
milliers de Manassé » (vers. 13-17).
Joseph est un type très remarquable de Christ ; c’est ce que nous avons vu dans nos études sur la Genèse. Le lecteur remarquera combien Moïse fait ressortir le fait qu’il a été séparé de ses frères. Il fut rejeté et mis dans la fosse. Il a passé, en figure, par les eaux profondes de la mort, et est ainsi parvenu à une position de dignité et de gloire. Il fut retiré du fond de la prison pour être gouverneur du pays d’Égypte, et devint le protecteur et le soutien de ses frères. Le fer a pénétré son âme et il a dû goûter l’amertume de la mort avant d’entrer dans la sphère de la gloire. Type frappant de Celui qui a été cloué à la croix, mis dans le tombeau, et qui siège maintenant sur le trône de la majesté dans le ciel.
On ne peut qu’être frappé en voyant l’abondance des bénédictions prononcées sur Joseph, par Moïse, dans notre chapitre, et par Jacob, dans le chapitre 49 de la Genèse. Il y a quelque chose de particulièrement beau dans les expressions de Jacob : « Joseph est une branche qui porte du fruit, une branche qui porte du fruit près d’une fontaine ; ses rameaux poussent par-dessus la muraille. Les archers l’ont provoqué amèrement, et ont tiré contre lui, et l’ont haï ; mais son arc est demeuré ferme, et les bras de ses mains sont souples par les mains du Puissant de Jacob. De là est le berger, la pierre d’Israël : du Dieu de ton père, et il t’aidera ; et du Tout-Puissant, et il te bénira des bénédictions des cieux en haut, des bénédictions de l’abîme qui est en bas, des bénédictions des mamelles et de la matrice. Les bénédictions de ton père surpassent les bénédictions de mes ancêtres jusqu’au bout des collines éternelles ; elles seront sur la tête de Joseph, et sur le sommet de la tête de celui qui a été mis à part de ses frères » (Gen. 49:22-26).
Quelle suite magnifique de bénédictions ! Et toutes découlent des souffrances de Joseph et sont basées sur elles. Il est inutile d’ajouter que bientôt elles se réaliseront pour Israël. Les souffrances du vrai Joseph formeront le fondement impérissable des bénédictions futures de ses frères au pays de Canaan ; et non seulement cela, mais leurs flots profonds et abondants couleront de ce pays si favorisé alors, quoique désert maintenant, et iront rafraîchir la terre entière. « Et il arrivera, en ce jour-là, que des eaux vives sortiront de Jérusalem » (Zac. 14:8). Quelle brillante perspective pour Jérusalem, le pays d’Israël, et pour toute la terre ! Et quelle triste erreur de vouloir appliquer ces prophéties à l’économie de l’évangile ou à l’Église de Dieu ! Combien cela est contraire au témoignage des Saintes Écritures, au cœur de Dieu et à l’esprit de Christ !
« Et de Zabulon
il dit : Réjouis-toi,
Zabulon, en ta sortie ; et toi, Issacar
,
dans tes tentes ! ils appelleront les peuples à la montagne ; là ils
offriront des sacrifices de justice, car ils suceront l’abondance des mers, et
les trésors cachés du sable » (vers. 18-19).
Zabulon doit se réjouir en sa sortie, et Issacar en restant dans ses tentes. Il y aura joie au dehors et au dedans ; il y aura aussi une puissance agissant envers d’autres, appelant les peuples à la montagne de l’Éternel pour offrir des sacrifices de justice. Tout cela basé sur le fait qu’eux-mêmes suceront l’abondance des mers et les trésors cachés. Il en est toujours ainsi en principe. Notre privilège constant est de nous réjouir dans le Seigneur, quoiqu’il en soit, et de puiser aux sources éternelles des trésors cachés qui se trouvent en Lui-même. Alors seulement nous serons dans l’état d’âme convenable pour en appeler d’autres à goûter et à voir combien le Seigneur est bon ; et non seulement cela, mais nous pourrons présenter à Dieu ces sacrifices de justice qui Lui sont agréables.
« Et de Gad
il dit : Béni soit celui qui
élargit Gad. Il habite comme une lionne, et il déchire le bras, même le sommet
de la tête. Et il s’est choisi la première partie du pays ; car là était
réservée la part du législateur ; et il est allé avec les chefs du
peuple ; il a accompli avec Israël la justice de l’Éternel et ses
jugements. Et de Dan
il dit :
Dan est un jeune lion, il s’élance de Basan. Et de Nephthali
il dit : Nephthali, rassasié de faveurs et comblé de
la bénédiction de l’Éternel, possède la mer et le Darôm ! Et d’Aser
il dit : Aser sera béni en
fils ; il sera agréable à ses frères, et il trempera son pied dans l’huile.
Tes verrous seront de fer et d’airain, et ton repos comme tes jours. Nul n’est comme
le Dieu de Jeshurun, qui est porté sur les cieux à ton secours, et sur les
nuées dans sa majesté. Le Dieu d’ancienneté est ta demeure, et au-dessous de
toi sont les bras éternels ; il chasse l’ennemi devant toi, et il
dit : Détruis ! Et Israël habitera en sécurité, la source de Jacob, à
part, dans un pays de froment et de moût, et ses cieux distilleront la rosée.
Tu es bienheureux, Israël ! Qui est comme toi, un peuple sauvé par l’Éternel,
le bouclier de ton secours et l’épée de ta gloire ? Tes ennemis
dissimuleront devant toi, et toi, tu marcheras sur leurs lieux élevés »
(vers. 20-29).
Vraiment, tout commentaire
humain est inutile ici. Rien ne peut égaler le prix de la grâce que respirent
ces dernières lignes de notre chapitre. Les bénédictions qu’il renferme, comme
le cantique du chap. 32,
commencent
et se terminent avec Dieu et ses voies merveilleuses envers Israël. Cette
magnifique conclusion du Deutéronome est réjouissante et rafraîchissante
au-delà de toute expression. La grâce et la gloire y brillent d’un éclat tout
particulier. Dieu sera encore glorifié en Israël, et Israël sera béni
pleinement et à toujours en Dieu. Rien n’y peut mettre obstacle. Les dons et l’appel
de Dieu sont sans repentir. Chaque iota ou trait de lettre des précieuses promesses
faites à Israël, s’accomplira. Les dernières paroles du législateur le
témoignent de la manière la plus claire et la plus certaine ; n’eussions-nous
même que les quatre derniers versets de ce précieux chapitre, ils suffiraient
amplement pour prouver d’une manière incontestable la restauration future, la
bénédiction, la prééminence et la gloire des douze tribus d’Israël dans leur
propre pays.
Mais il est vrai aussi que des bénédictions prononcées sur Israël, le peuple de Dieu d’aujourd’hui peut tirer instruction, consolation et rafraîchissement. Oui, Dieu en soit béni, nous savons ce que c’est que d’être « rassasié de faveurs et comblé de la bénédiction de l’Éternel ». Pour nous aussi, « le Dieu d’ancienneté est notre demeure, et au-dessous de nous sont les bras éternels ». Nous pouvons dire tout cela et beaucoup plus encore ; plus qu’Israël n’a dit ou ne dira jamais. Les bénédictions et les privilèges de l’Église sont célestes et spirituels, ce qui ne nous empêche pas de trouver des consolations dans les promesses faites à Israël. La grande erreur des chrétiens professants est d’appliquer exclusivement à l’Église ce qui concerne, d’une manière évidente, le peuple terrestre de Dieu. C’est pourquoi nous supplions encore une fois le lecteur chrétien d’être en garde contre cette erreur si sérieuse. Il ne doit nullement craindre de perdre aucune de ses bénédictions spéciales, en laissant à la postérité d’Abraham la place et la portion qui lui ont été assignées par les conseils et les promesses de Dieu. Au contraire, ce n’est qu’après avoir clairement saisi et reconnu cette vérité, que nous pouvons faire un usage intelligent des Écritures de l’Ancien Testament. Nous posons comme principe fondamental, qu’il est impossible de comprendre ou d’interpréter l’Écriture, si l’on n’a pas clairement discerné la grande différence qui existe entre Israël et l’Église de Dieu.
Ce court chapitre forme une sorte d’appendice inspiré au livre du Deutéronome. Il ne nous est pas dit quel a été l’instrument employé par l’Esprit pour l’écrire, mais cela importe peu au chrétien sérieux qui étudie les Saintes Écritures. Nous sommes pleinement persuadés que cet appendice est aussi véritablement inspiré que le Deutéronome entier, et tout le Livre de Dieu.
« Et Moïse monta des plaines de Moab sur le mont Nebo, le sommet du Pisga, qui est vis-à-vis de Jéricho ; et l’Éternel lui fit voir tout le pays : Galaad, jusqu’à Dan, et tout Nephthali, et le pays d’Éphraïm et de Manassé, et tout le pays de Juda jusqu’à la mer d’occident, et le midi, et la plaine du Jourdain, la vallée de Jéricho, la ville des palmiers, jusqu’à Tsoar. — Et l’Éternel lui dit : C’est ici le pays au sujet duquel j’ai juré à Abraham, à Isaac, et à Jacob, disant : Je le donnerai à ta semence. Je te l’ai fait voir de tes yeux, mais tu n’y passeras pas. Et Moïse, serviteur de l’Éternel, mourut là dans le pays de Moab, selon la parole de l’Éternel. Et il l’enterra dans la vallée, dans le pays de Moab, vis-à-vis de Beth-Péor ; et personne ne connaît son sépulcre, jusqu’à aujourd’hui » (vers. 1-6).
Dans nos études sur le livre des Nombres et sur celui du Deutéronome, nous avons eu déjà l’occasion de nous arrêter sur le fait solennel rapporté dans ces paroles ; nous n’y ajouterons donc ici que peu de mots. Nous rappellerons seulement au lecteur que pour avoir une pleine intelligence du sujet entier, il faut considérer Moïse sous un double aspect, savoir sous son caractère officiel et sous son caractère personnel. Si nous l’envisageons au point de vue de son caractère officiel, il paraîtra très évident que sa mission n’était pas de conduire Israël dans la terre promise. Sa sphère d’action était le désert ; ce n’était pas à lui de conduire le peuple à travers le fleuve de la mort, jusqu’à l’héritage qui lui était destiné. Son ministère était en rapport avec la responsabilité de l’homme sous la loi et le gouvernement de Dieu, par conséquent il ne pouvait pas amener le peuple à la jouissance de la promesse. Cette mission était réservée à son successeur Josué, type du Sauveur ressuscité.
Tout cela est clair et d’un profond intérêt. Mais il nous faut considérer aussi Moïse au point de vue personnel. Il se présente alors à nous sous un double aspect, comme objet du gouvernement de Dieu et comme objet de sa grâce, distinction très importante qu’il ne faut pas perdre de vue. Toute l’Écriture nous en offre des exemples frappants dans l’histoire de plusieurs des bien-aimés du Seigneur et dans celle de ses plus éminents serviteurs. Ce sujet de la grâce et du gouvernement demande notre plus sérieuse attention. Bien que nous en ayons parlé bien des fois dans le cours de nos études, nous ne saurions trop insister sur son importance morale et sur son immense valeur pratique, surtout dans le moment actuel.
C’est le gouvernement de Dieu qui, selon une résolution inflexible, ne permit pas que Moïse, malgré son ardent désir, entrât dans la terre promise. Il avait parlé imprudemment de ses lèvres : il n’avait pas glorifié Dieu aux yeux de la congrégation aux eaux de Meriba, et pour cette raison, il lui fut interdit de traverser le Jourdain et de poser son pied dans le pays de la promesse. Pensons sérieusement à cela, cher lecteur chrétien, et voyons si nous en saisissons pleinement la force morale et l’application pratique. Nous avons certainement besoin de beaucoup de délicatesse et d’amour, pour rappeler le manquement d’un des plus distingués d’entre les serviteurs de Dieu ; nous sommes tenus cependant de le faire, puisque ce fait a été rapporté pour notre instruction et comme avertissement solennel.
Il bon de se souvenir que, quoique sous la grâce, nous sommes aussi les objets du gouvernement de Dieu. Nous sommes sur la terre sous une responsabilité sérieuse et sous un gouvernement duquel on ne peut se jouer. Nous sommes, il est vrai, enfants du Père, aimés d’un amour éternel et infini, aimés même comme Jésus est aimé ; nous sommes membres du corps de Christ, aimés, chéris et nourris selon tout l’amour parfait de son cœur.
Là il n’est pas question de responsabilité, ni de possibilité de manquement ; tout est divinement établi, divinement sûr ; mais nous sommes aussi sous le gouvernement de Dieu. Ne perdons pas un instant de vue cette vérité, et prenons garde aux fausses et pernicieuses notions sur la grâce. Le fait même que nous sommes les objets de la faveur et de l’amour divins, enfants de Dieu, membres de Christ, est ce qui doit nous conduire à avoir d’autant plus de respect pour le gouvernement divin.
Il en serait de même quant
aux enfants d’un souverain, sous un gouvernement humain ; ils sont tenus de
le respecter d’autant plus qu’ils sont les enfants du prince ; combien
plus doit-il en être ainsi sous le gouvernement de Dieu ! « Je vous
ai connus, vous seuls, de toutes les familles de la terre
; c’est pourquoi
je
visiterai sur vous toutes vos iniquités » (Amos 3:2).
« Car le temps est venu de commencer le jugement par la maison de Dieu
; mais s’il
commence premièrement par nous, quelle sera la fin de ceux qui n’obéissent pas
à l’évangile de Dieu ? Et si le juste est sauvé difficilement, où paraîtra
l’impie et le pécheur ? » (1 Pierre 4:17). Combien ces paroles sont
sérieuses et dignes de toute notre considération !
Mais, comme nous l’avons dit, Moïse était sous la grâce aussi bien que sous le gouvernement ; et, en vérité, cette grâce brille d’un éclat particulier au sommet du Pisga. Là, il fut permis au vénérable serviteur de Dieu de se tenir en la présence de son Maître, et, d’un œil que rien n’obscurcissait, de contempler le beau pays de la promesse. Il put le voir à un point de vue divin, non seulement comme possédé par Israël, mais comme donné de Dieu.
Et ensuite ? Moïse s’endormit et fut recueilli vers ses pères. Il mourut non pas faible et usé comme un vieillard, mais dans toute la force et la vigueur de l’âge mûr. « Et Moïse était âgé de cent vingt ans quand il mourut ; son œil n’était pas affaibli, et sa vigueur ne s’en était pas allée ». Frappant témoignage ! Fait rare dans les annales de notre race déchue ! La vie de Moïse se divise en trois périodes importantes et distinctes de quarante années chacune : il passa quarante ans dans la maison du Pharaon ; quarante ans derrière le désert ; et quarante ans dans le désert. Que d’instructions pour nous dans cette vie si remarquable, dans cette histoire si riche en événements ! Combien l’étude en est intéressante ! Suivre ce serviteur de Dieu depuis le bord du Nil lorsque, petit enfant abandonné, il reposait dans son coffret de jonc, jusqu’au sommet du Pisga où, en compagnie de son Seigneur, il contemplait le bel héritage de l’Israël de Dieu ; puis le voir de nouveau sur le mont de la transfiguration avec Élie, « parlant avec Jésus » sur le sujet le plus grand qui puisse occuper l’attention des hommes ou des anges. Quelle vie merveilleuse ! Quel autre homme fut ainsi favorisé ? Où trouverons-nous semblable serviteur ?
Écoutons encore le témoignage divin rendu à cet homme de Dieu. « Et il ne s’est plus levé en Israël de prophète tel que Moïse, que l’Éternel ait connu face à face, selon tous les signes et les merveilles que l’Éternel l’envoya faire dans le pays d’Égypte contre le Pharaon et tous ses serviteurs et tout son pays, et selon toute cette main forte, et selon tous les terribles prodiges que fit Moïse aux yeux de tout Israël » (vers. 10-12).
Veuille le Seigneur, dans sa grâce infinie, bénir notre étude du livre du Deutéronome ! Puissent ses précieuses leçons être gravées sur les tables de nos cœurs par la puissance du Saint Esprit, et produire leur résultat propre, en formant notre caractère, en gouvernant notre conduite et en nous montrant notre chemin à travers ce monde ! Qu’il nous soit donné de chercher en toute réalité à marcher humblement et d’un pas ferme dans le sentier étroit de l’obéissance, jusqu’à ce que notre pèlerinage soit achevé !