par Charles Henry Mackintosh
« Des choses nouvelles et des choses vieilles ».
Table des matières :
Éternel ! ta parole est établie à toujours dans les
cieux (Ps. 119:89)
J’ai caché ta parole dans mon cœur, afin que je ne pèche pas
contre toi (Ps. 119:11)
« Et maintenant, Israël, écoute les statuts et les ordonnances que je vous enseigne, pour les pratiquer : afin que vous viviez, et que vous entriez dans le pays que l’Éternel, le Dieu de vos pères, vous donne, et que vous le possédiez » (chap. 4:1).
Ici nous est présenté d’une
manière très frappante le caractère particulier de tout le livre du
Deutéronome. « Écoute », et « pratique », afin que vous
« viviez » et que vous « possédiez ».
— Ceci est un principe général et qui demeure. C’était vrai pour
Israël, et cela est vrai pour nous. Le sentier de la vie et le secret pour
posséder sont la simple obéissance aux saints commandements de Dieu. C’est ce
que nous voyons à chaque page du volume inspiré. Dieu ne nous a pas donné sa
Parole pour l’examiner ou la discuter, mais afin que nous y obéissions. Il faut
que, par l’effet de la grâce, nos cœurs soient soumis avec joie aux statuts de
notre Père céleste, pour que nous puissions marcher dans le sentier de la vie,
et jouir réellement de toutes les richesses que nous possédons en Christ.
« Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime ;
et celui qui m’aime, sera aimé de mon Père ; et moi je l’aimerai, et je me
manifesterai à lui » (Jean 14:21).
Quel privilège ! Chaque croyant n’en jouit pas, mais ceux-là seuls qui, soumis de cœur à notre Seigneur Jésus Christ, gardent ses commandements. Être enfant ou enfant obéissant sont deux choses ; comme aussi être racheté, ou aimer le Sauveur et prendre plaisir à garder ses paroles. Ainsi, dans une de nos familles, voici deux fils, dont l’un ne pense qu’à faire sa volonté et à satisfaire ses goûts ; il ne trouve pas de plaisir dans la société de son père ; connaissant à peine sa volonté et ses désirs, il ne cherche point à s’y conformer, tout en sachant bien profiter des avantages de sa relation de fils. Il accepte volontiers de son père vêtements, nourriture, etc., mais ne cherche jamais à réjouir son cœur par quelque aimable attention. L’autre fils, au contraire, aime la société de son père ; il en jouit, saisissant chaque occasion de prévenir ses désirs. Aimant son père, non à cause de ses dons, mais pour lui-même, sa plus grande jouissance est d’être auprès de lui et de faire sa volonté. Il n’est pas difficile de concevoir quelle sera la différence des sentiments du père à l’égard de ces deux fils, quoique tous deux soient ses enfants, aimés du même amour. Tous deux y ont également droit, au point de vue de la relation ; cependant le père éprouvera, sans doute, un sentiment particulier pour le fils obéissant, tandis que le fils égoïste, ne possédant pas sa confiance, sera pour lui un sujet d’angoisse, d’inquiétude et de prières.
Soyons assurés de ceci, que
l’obéissance est agréable à Dieu, et « ses commandements ne sont pas
pénibles », puisqu’ils sont la précieuse expression de son amour, le
résultat de la relation dans laquelle nous sommes avec Lui. En outre, Dieu,
dans sa grâce infinie, rémunère notre obéissance, en se manifestant plus
pleinement à nos âmes, et en demeurant avec nous. C’est ce qui ressort d’une
manière si frappante de la réponse de notre Seigneur à la question de
Jude : « Seigneur, comment se fait-il que tu vas te manifester à nous
et non pas au monde ? Jésus répondit, et lui dit : Si quelqu’un m’aime,
il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; et nous viendrons à lui, et
nous ferons notre demeure chez lui » (Jean 14:22, 23). Il ne s’agit pas
ici de la différence entre « le monde » et « nous », le
monde ne connaissant ni relation, ni obéissance envers Dieu. Le monde hait Christ,
parce qu’il ne le connaît pas. Son langage est : « Retire-toi de
nous ; nous ne prenons pas plaisir à la connaissance de tes voies »
(Job 21:14). « Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous » (
Luc 19:14). Avec sa civilisation et sa
profession de christianisme, tel est le monde. Sous ces brillantes apparences,
sous ce vernis, on ne trouve qu’une haine profonde pour la personne et l’autorité
de Christ. Son nom sacré est attaché à la religion du monde, — c’est-à-dire à
la chrétienté, — et ce manteau de profession religieuse recouvre des cœurs
pleins d’inimitié contre Dieu et contre son Christ.
Notre Seigneur ne parle donc
pas du monde dans le chap. 14
de l’évangile
de Jean. Il est entouré des « siens », et c’est d’eux dont il parle.
S’il se manifestait lui-même au monde, ce ne pourrait être qu’en jugement et
pour une destruction éternelle. Mais, béni soit son Nom, il se manifeste
lui-même à ses rachetés obéissants ; à ceux qui ont ses commandements et
qui les observent ; à ceux qui l’aiment et qui gardent ses paroles.
Il est important pour le lecteur de bien comprendre que lorsque notre Seigneur parle de ses commandements, de ses paroles et de ses préceptes, il n’entend pas les dix commandements ou la loi de Moïse. Sans doute, ces dix commandements font partie du canon des Écritures, de la parole inspirée de Dieu ; mais, confondre la loi de Moïse avec les commandements de Christ, serait tout renverser et confondre le judaïsme avec la chrétienté, la loi avec la grâce.
L’enseignement du Nouveau Testament tout entier, tend à établir indubitablement que le chrétien n’est pas sous la loi ; qu’il n’est pas du monde, ni dans la chair ou dans ses péchés. Le solide fondement de tout ceci est la rédemption accomplie que nous possédons dans le Christ Jésus, en vertu de laquelle nous sommes scellés du Saint Esprit et, ainsi, inséparablement unis et identifiés à un Christ ressuscité et glorifié ; en sorte que l’apôtre Jean peut dire, en parlant de tous les croyants, de tous les chers enfants de Dieu : « Comme il est, lui, nous sommes, nous aussi, dans ce monde » (1 Jean 4:17). Ceci résout toute la question pour ceux qui ne veulent être guidés que par les Saintes Écritures.
Le lecteur ne saurait se tenir assez en garde contre la tendance à confondre les commandements, dont il est parlé dans le chapitre 14 de Jean, avec les commandements de Moïse, prescrits en Exode 20. Et cependant, l’un de ces chapitres est aussi réellement inspiré que l’autre.
La différence entre le système légal et le christianisme est la même qu’entre la mort et la vie ; l’esclavage et la liberté ; la condamnation et la justice ; l’éloignement et la proximité ; le doute et la certitude. Quelle chose monstrueuse, que la tentative d’unir ces deux principes, d’en faire un seul système, comme si c’étaient deux branches issues du même tronc ; il n’en peut résulter qu’une confusion désespérante. En cherchant à placer ainsi les âmes à la fois sous l’influence de la loi et de la grâce, on ne peut obtenir que le plus triste résultat. Autant vaudrait l’essai de joindre les rayons du soleil de midi à la profonde obscurité de minuit.
Plusieurs âmes pieuses de l’église professante, croient sincèrement que le seul moyen possible de parvenir à l’obéissance, à la sainteté pratique, d’affermir sa marche, et de tenir la vieille nature en bride, est de se placer sous la loi. À leur point de vue, cesser d’avoir les dix commandements comme règle de conduite, c’est enlever ces grandes écluses morales placées par la main de Dieu pour arrêter le cours des dérèglements de l’humanité.
Mais que dit l’Écriture ? Nous fait-elle retourner à Moïse pour apprendre de lui comment nous devons vivre ? Nous renvoie-t-elle à « la montagne qui peut être touchée » (Héb. 12:18), pour produire une vie sainte ? Nous place-t-elle sous la loi, pour tenir la chair en bride ? Lisez les paroles suivantes de l’épître aux Romains, chap. 6:14: « Car le péché ne dominera pas sur vous, parce que vous n’êtes pas sous la loi, mais sous la grâce ».
Le Saint Esprit déclare de la manière la plus simple et la plus emphatique, que les chrétiens ne sont pas sous la loi. Si nous étions sous la loi, le péché dominerait sur nous. En effet, nous trouvons dans l’Écriture, que les mots « péché », « loi » et « chair », sont invariablement liés. Il est impossible qu’une âme sous la loi, jouisse d’une entière délivrance de la domination du péché ; c’est ce qui nous fait voir d’un coup d’œil, la tromperie de tout système légal, et sa complète incapacité pour amener les âmes à une marche de sainteté. Placer les âmes sous la loi est le sûr moyen de les assujettir au péché, et de les tenir sous sa puissance absolue. Il est donc complètement impossible de produire la sainteté par la loi.
Prenons encore, à l’appui de
cette vérité, le verset 4 du chap. 7 de l’épître aux Romains : « C’est
pourquoi, mes frères, vous aussi », — ainsi que tous les vrais croyants,
tout le peuple de Dieu, — « vous avez été mis à mort à la loi
par le corps du Christ, pour être à un autre, à
celui qui est ressuscité d’entre les morts, afin que nous portions du fruit
pour Dieu ».
Remarquons que l’apôtre ne
dit pas ici que la loi est morte. En effet, la loi n’est pas morte, mais nous
sommes morts à la loi. Par la mort de Christ, nous sommes sortis de la sphère à
laquelle la loi s’appliquait. Christ a pris notre place ; il fut placé
sous la loi ; et, sur la croix, il fut fait péché pour nous. Mais il est
mort pour nous, et nous sommes morts en Lui ; il nous a sortis de la
position dans laquelle nous étions assujettis au péché, et sous la loi, pour nous
introduire dans une position entièrement nouvelle, dans une alliance et une
union vivante avec lui-même ressuscité ; en sorte que nous pouvons
dire : « Comme
il est, lui,
nous sommes, nous aussi, dans ce monde » (1 Jean 4:17). Christ dans la
gloire est-il sous la loi ? Assurément non. Eh bien ! nous non plus.
Le péché a-t-il quelque droit sur Lui ? Aucun droit quelconque ;
ainsi donc, sur nous pas davantage. Comme Christ se tient en présence de Dieu,
nous y sommes aussi quant à notre position ; c’est pourquoi nous replacer
sous la loi, serait le bouleversement complet de notre position
chrétienne ; une contradiction flagrante de la doctrine, si précise et si
positive, que l’Écriture Sainte nous donne sur ce sujet.
Nous demanderons encore en toute simplicité, comment, en renversant le fondement même du christianisme, on pourrait progresser dans la sainteté pratique ? comment le péché qui habite en nous, pourrait être subjugué en adoptant le système même qui a donné au péché tout pouvoir sur nous ? comment la vraie obéissance chrétienne pourrait jamais être produite en se détournant de l’Écriture Sainte ? Ce serait impossible ; un but divin ne peut être atteint que par des moyens divins. Eh bien ! le moyen de Dieu pour nous soustraire à la domination du péché, a été de nous délivrer de la loi ; ainsi donc ceux qui enseignent que les chrétiens sont sous la loi, sont simplement en contradiction avec Dieu.
Placer les croyants dans une telle position est autant que saper à leur base les fondements du christianisme, — abandonner la grâce, — renoncer à Christ, — revenir à la chair, dans laquelle nous ne pouvons plaire à Dieu, enfin nous placer sous la malédiction. En un mot, je le répète, le légalisme des hommes est diamétralement opposé à l’enseignement du Nouveau Testament.
Il se peut que, malgré
toutes les preuves si largement fournies par l’Écriture, tel chrétien en soit
encore à demander : « Cette puissance de la loi étant ôtée, n’y
a-t-il pas danger de relâchement et de légèreté profanes ? » À ceci
nous répliquerons que Dieu est plus sage que nous. Il sait mieux comment
remédier au relâchement et à la légèreté, et comment produire la vraie
obéissance. Il a essayé de la loi, qu’en est-il résulté ? Elle produisit
la colère ; elle fit abonder l’offense et développa les mouvements du
péché ; elle fit régner la mort. Elle était la puissance du péché, privant
le pécheur de tout pouvoir ; elle le tua et fut sa condamnation,
maudissant tous ceux qui avaient affaire avec elle. « Car tous ceux qui
sont sous le principe des œuvres de loi sont sous malédiction ».
Il en fut ainsi, non à cause de
quelque défectuosité de la loi, mais à cause de la complète incapacité de l’homme
à l’observer.
Il est donc nécessaire de
placer sur sa vraie base pour le chrétien la doctrine présentée au premier verset
de ce chapitre : si Israël était appelé « à écouter » et
« à pratiquer », combien plus nous
,
qui sommes si richement « bénis de toute bénédiction spirituelle dans les
lieux célestes en Christ » (Éph. 1:3). Nous sommes appelés à l’obéissance
de Jésus Christ (1 Pierre 1:2), à la même obéissance que celle qui a
caractérisé la vie de notre bien-aimé Seigneur Jésus Christ. En Lui, cela va
sans dire, il n’y avait point d’influence contraire, comme, hélas ! c’est
le cas pour nous. ; mais quant au caractère de l’obéissance, il est le
même. Nous devons marcher sur les traces de Jésus : « Celui qui dit
demeurer en lui, doit lui-même aussi marcher comme lui a marché » (1 Jean
2:6). En considérant cette marche, nous trouvons un fait qui se lie d’une
manière remarquable au livre du Deutéronome : c’est la place que Jésus a
donnée constamment à la parole de Dieu. Ce fait tient une place capitale dans
tout le livre que nous étudions et le distingue des trois livres précédents. La
parole de Dieu y est partout signalée comme seule règle, seul modèle et seule
autorité pour l’homme ; elle s’y applique à ses besoins, en toute
position, en toute sphère d’activité, et à chaque phase de son histoire morale
et spirituelle. Cette parole lui dit ce qu’il devrait faire, et ce qu’il ne
doit pas faire ; elle lui donne des directions pour chaque difficulté, s’occupant
même des moindres détails. Le Créateur et le conservateur du vaste univers
condescend à donner une loi, même en faveur d’un nid d’oiseaux (chap. 22:6).
Ce qui donne au Deutéronome un charme particulier, c’est la manière dont la parole de Dieu y est exaltée, et dont le saint devoir de l’obéissance y est présenté. Quelle importance n’a pas cette exhortation à une obéissance implicite, de nos jours surtout, que l’apôtre appelle « les jours de l’homme », jours si tristement marqués par la tendance des chrétiens professants à faire prévaloir la raison, le jugement et la volonté de l’homme. N’entend-on pas de toute part prononcer des paroles hautaines sur la raison humaine, sur le droit qu’a tout homme de juger, de raisonner et de penser librement ? Quiconque confesse une humble croyance dans la divine inspiration, dans la pleine suffisance et l’autorité absolue de l’Écriture, et se laisse entièrement guider par elle, est méprisé, traité d’ignorant, d’esprit borné, sinon de fou, par des milliers d’hommes qui prétendent être des guides et des docteurs de l’église professante. Dans nos universités et nos écoles, la gloire morale du Volume divin tend à s’effacer de plus en plus. Au lieu de s’en servir pour guider notre jeunesse, on lui enseigne à marcher d’après la lumière de la science et de la raison humaine. La parole de Dieu citée à la barre du jugement de l’homme est abaissée au niveau de l’intelligence humaine.
De cette manière, la parole de Dieu est mise de côté ; car si elle doit être soumise au jugement humain, elle cesse d’être la parole de Dieu. Soumettre une révélation divine, et par conséquent parfaite, à un tribunal quelconque, est une folie. Ou Dieu ne nous a pas donné de révélation, ou bien s’il nous en a donné une, elle est supérieure, parfaite, suprême, au-dessus et au-delà de toute question ; absolument incontestable, infaillible et divine. Tout homme doit s’incliner et avoir la bouche fermée devant cette autorité. Supposer, pour un instant, que l’homme soit compétent pour juger la parole de Dieu, ou capable de prononcer sur ce qui est ou n’est pas digne de Dieu, c’est simplement mettre l’homme à la place de Dieu ; or, c’est précisément ce à quoi Satan vise, quoique plusieurs des instruments dont il se sert, ne se doutent pas qu’ils travaillent à l’accomplissement de ses desseins.
À la question qui nous est continuellement présentée : « Comment pouvons-nous être assurés que notre Bible contient la vraie révélation de Dieu ? » — nous répondrons que Dieu seul peut nous en donner la certitude. Si Lui ne le peut pas, nul ne le peut ; et s’il le fait, personne n’a à le faire.
Tel est notre terrain ; il est inattaquable. Sans cette certitude que donne la foi, de quel côté nous tournerions-nous ? Le moindre doute est une torture ; si je n’ai pas la certitude de posséder une révélation de la part de Dieu, me voilà plongé dans les ténèbres morales sans le moindre rayon de lumière pour éclairer mon sentier. Qu’ai-je à faire ? L’homme peut-il m’aider de sa sagesse, de sa science ou de sa raison ? Peut-il, par ses arguments, satisfaire mon âme, résoudre mes difficultés, dissiper mes doutes ? L’homme est-il plus capable que Dieu lui-même de me donner la certitude que Dieu a parlé ? L’idée seule est monstrueuse.
Si Dieu ne peut nous donner la certitude qu’il a parlé, nous sommes sans parole de Lui. S’il nous faut avoir recours à l’autorité humaine, quel que soit le nom qu’elle porte, comme garantie de la parole de Dieu pour nos âmes, nous accordons plus de confiance à cette autorité qu’à la parole qu’elle cautionne. Béni soit Dieu de ce qu’il n’en est pas ainsi ; il a parlé à nos cœurs, il nous a donné sa Parole, et cette Parole porte en elle-même ses propres lettres de crédit ; elle n’a pas besoin de lettre de recommandation, écrite par une main d’homme. Quoi ? avoir recours à l’homme pour accréditer la parole du Dieu vivant ! En appeler à un ver de terre pour nous donner la certitude que notre Dieu nous a parlé ! Loin de nous cette pensée blasphématoire, et que toute la puissance de notre âme rachetée s’élève en louanges à Dieu, pour cette grâce qui ne nous a pas laissé errer dans les ténèbres de nos pensées, ni nous égarer par les opinions diverses des hommes, mais qui nous a donné sa divine lumière pour guider nos pas, éclairer notre intelligence, consoler nos cœurs, et nous garder de toute erreur de doctrine, de toute corruption morale ; pour nous introduire enfin dans le repos de son royaume céleste !
Pénétrons aussi nos âmes de ce fait que le privilège dont nous venons de parler comporte une solennelle responsabilité. S’il est vrai que Dieu nous a donné une parfaite révélation de ses pensées, quelle doit être notre attitude vis-à-vis de Lui ? Avons-nous à juger ses pensées ? La seule attitude, vraie, convenable à l’homme en présence de cette révélation de Dieu, est une entière et joyeuse obéissance ; c’est aussi la seule chose agréable à Dieu.
Si la parole de Dieu est gravée profondément dans nos cœurs, il y aura des progrès marqués dans notre carrière chrétienne, qui présentera de cette manière aux contradicteurs le témoignage le plus efficace à la vérité de Dieu.
Le chapitre placé devant nous abonde en exhortations, fondées sur le fait qu’Israël avait entendu la parole de Dieu ; il y en a une surtout, qui devrait être profondément gravée dans le cœur de chaque chrétien : « Vous n’ajouterez rien à la parole que je vous commande, et vous n’en retrancherez rien » (v. 2).
Ce verset renferme deux vérités importantes, savoir qu’il ne faut rien ajouter à cette Parole, par la simple raison qu’il n’y manque rien ; et rien y retrancher parce qu’elle ne contient rien de superflu. Tout ce dont nous avons besoin s’y trouve, et l’on ne saurait se passer de rien de ce qu’elle contient. Supposer que quoi que ce soit puisse y être ajouté, c’est nier qu’elle soit vraiment la parole de Dieu. D’un autre côté, si nous admettons la divine inspiration de cette Parole, tout nous est nécessaire, rien n’y est de trop.
« Entendez-vous donc
que chaque ligne, du commencement de la Genèse à la fin de l’Apocalypse, est
divinement inspirée ? »
C’est,
en effet, le terrain sur lequel nous nous plaçons avec l’apôtre Paul :
« Toute écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour
convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de
Dieu soit accompli et parfaitement accompli pour toute bonne œuvre » (2
Tim. 3:16-17).
Si la parole de Dieu n’était pas parfaite, si cette révélation qu’il nous a donnée n’était pas complète, où serait le fondement divin de notre foi ? Nous serions comme un vaisseau sans boussole et sans gouvernail, abandonné et jeté çà et là sur l’océan agité de l’incrédulité.
On pourrait encore nous demander : « Croyez-vous vraiment que la longue suite de généalogies, contenue dans les premiers chapitres du premier livre des Chroniques, soit divinement inspirée ? Ont-elles été écrites pour notre instruction ? Que peuvent-elles nous apprendre ? » Nous ne doutons pas que la valeur, l’intérêt et l’importance de cette généalogie seront pleinement prouvées par la suite dans l’histoire du peuple auquel elle se rapporte spécialement. Quant au profit à en retirer, pour nous, nous croyons qu’elle contient une leçon des plus précieuses concernant les soins fidèles de l’Éternel envers son peuple d’Israël, et l’intérêt plein d’amour qu’il porte à tout ce qui le concerne. Bien qu’à vue humaine, ce peuple soit déchu et dispersé, Dieu continue à veiller sur lui de génération en génération. Il connaît tout ce qui concerne les douze tribus ; il les manifestera au temps convenable, et les établira dans l’héritage qui leur est destiné au pays de Canaan, selon sa promesse à Abraham, Isaac et Jacob. N’est-ce pas une précieuse instruction et une consolation pour nos âmes, de voir la vigilance et les soins de notre Père envers son peuple terrestre ?
Malgré cette précieuse
instruction, nous n’entendons pas que ces chapitres des Chroniques offrent
autant d’intérêt que, par exemple, le chapitre 17 de Jean ou le chapitre 8
aux Romains, mais nous pensons que chaque
portion de la Parole étant divinement inspirée, a son utilité et qu’un chapitre
ne peut remplir le but d’un autre.
Il est important par-dessus tout de se rappeler que nous ne sommes pas aptes à juger de ce qui est ou n’est pas digne d’avoir place dans le canon inspiré. Nous sommes ignorants et bornés, et la portion même qui pourrait nous sembler au-dessous de la dignité de l’inspiration, peut avoir une portée très importante dans l’histoire des voies de Dieu envers le monde en général, ou envers son peuple en particulier.
Ce que nous venons de dire se résume en ceci : c’est que nous croyons en la divine inspiration de chaque ligne de l’Écriture, du commencement à la fin. Cette foi n’est basée sur aucune autorité humaine quelconque, car ce serait placer cette autorité au-dessus de la Bible, en tant que ce qui garantit a plus de valeur que la chose garantie. Nous ne devrions pas davantage recourir à l’autorité humaine pour confirmer la parole de Dieu, qu’à la faible flamme d’un lumignon pour prouver que le soleil brille.
L’inspiration plénière des
Saintes Écritures doit être, pour ce qui concerne nos âmes, une vérité
cardinale à laquelle nous tenions plus qu’à la vie même. De cette manière, nous
aurons de quoi répondre à la froide audace du scepticisme moderne, du
rationalisme et de l’incrédulité. Nous ne prétendons pas dire que nous
convaincrons les incrédules ; Dieu agira à leur égard selon ses propres
voies, et les convaincra en son propre temps. Discuter avec de tels hommes, c’est
un temps et un travail perdus ; la réponse la plus digne et la plus
effective à l’incrédule, se trouvera dans le calme d’un cœur qui se repose sur
la certitude que « Toute Écriture est inspirée de Dieu ».
Il est encore écrit :
« Toutes les choses qui ont été écrites auparavant, ont été écrites pour
notre instruction, afin que, par la patience et par la consolation des
Écritures, nous ayons espérance » (Rom. 15:4). Le premier de ces textes
prouve que l’Écriture procède de Dieu ; le dernier, qu’elle est venue à
nous. Les deux ensemble mettent en évidence que nous ne devons ni ajouter à la
parole de Dieu, ni en retrancher ; rien n’y manque, et rien n’y est
superflu.
Nous allons maintenant citer au lecteur quelques-uns des passages de ce chapitre 4 du Deutéronome, qui font ressortir d’une manière si remarquable la valeur, l’importance et l’autorité de la parole de Dieu. Nous y verrons, comme dans ce Livre tout entier, — qu’il n’est pas tant question d’ordonnances particulières, de rites ou de cérémonies, que du poids et de la dignité de la parole de Dieu elle-même, quoi que ce soit que cette Parole place devant nous.
« Regarde, je vous ai
enseigné les statuts et les ordonnances, comme l’Éternel, mon Dieu, me l’a
commandé, afin que vous fassiez ainsi au milieu du pays où vous allez entrer
pour le posséder ».
Leur
conduite devait se régler en toutes choses d’après les commandements divins.
Principe d’une immense portée pour eux, pour nous, et pour tous. « Et vous
les garderez et les pratiquerez ; car ce sera là votre sagesse et votre
intelligence aux yeux des peuples qui entendront tous ces statuts et diront :
Quel peuple sage et intelligent que cette grande nation ! » (vers.
5-6).
Leur sagesse et leur intelligence devaient consister à garder et à pratiquer les statuts et les ordonnances divines. Ce n’était point par des discussions savantes ou des arguments, qu’elles devaient se montrer, mais par une obéissance enfantine et implicite. Toute la sagesse était renfermée dans ces statuts à leur sujet, non pas dans leurs pensées et leurs raisonnements. La sagesse merveilleuse de Dieu ressortait de sa Parole, et était ce que les nations devaient voir et admirer dans la conduite de son peuple.
Mais, hélas combien les
actions d’Israël apprirent peu aux nations de la terre à connaître Dieu et sa
Parole ! Combien son beau Nom fut souvent blasphémé par leurs voies,
lorsque, au lieu de demeurer sur le terrain de l’obéissance aux commandements
divins, ce peuple si privilégié, s’abaissant au niveau des nations qui l’entouraient,
adopta leurs habitudes, et adora leurs dieux. Comment, en ne voyant que
dégradation morale dans leurs voies, les nations auraient-elles pu reconnaître
la sagesse et la gloire morale des statuts divins, dont Israël se vantait être
le dépositaire, et qui le condamnaient ? (Rom. 2:3).
Cependant, quoi qu’il en soit des manquements de son peuple, la parole de l’Éternel subsistera à jamais, et si la puissance de cette Parole n’a pas été démontrée par la conduite d’Israël, elle a brillé par le jugement de son infidélité et continuera à être, d’âge en âge, la bénédiction de chaque âme individuellement, qui désire marcher dans le chemin de l’obéissance.
Tout en montrant les vrais effets de l’obéissance, Moïse avertit le peuple du danger de se détourner des saints commandements de Dieu : « Quelle est, dit-il, la grande nation, qui ait Dieu près d’elle, comme l’Éternel, notre Dieu, est près de nous dans tout ce pour quoi nous l’invoquons ? Et quelle est la grande nation qui ait des statuts et des ordonnances justes, comme toute cette loi que je mets aujourd’hui devant vous ? » (vers. 7-8). C’est la vraie grandeur morale, s’appliquant à tous les âges et en tous lieux à une nation, à un peuple, à la famille, à l’individu. Avoir le Dieu vivant près de soi, avec le précieux privilège de pouvoir l’invoquer en toutes choses, sachant que sa puissance et sa grâce s’exercent sans cesse en notre faveur ; avoir la lumière de sa face brillant avec son approbation sur nous et sur nos voies ; constater journellement l’effet moral de ses saints commandements, dans notre carrière pratique ; avoir la manifestation de Lui-même, et sa demeure en nous par l’Esprit ; quel langage humain est capable de démontrer, même en quelque mesure, la bénédiction de tels privilèges ? Et cependant, ils sont placés à la portée de tout enfant de Dieu sur la terre.
Nous n’entendons pas que chaque enfant de Dieu en puisse jouir ; loin de là. Comme nous l’avons déjà vu, ils sont réservés pour ceux qui, par grâce, sont rendus capables d’obéir à la parole divine. Il était vrai pour Israël, il est vrai pour l’Église et pour tout croyant, que la faveur divine est la récompense inestimable de l’obéissance.
Nous savons cependant que le pauvre cœur humain est sujet à errer et à subir les influences diverses qui travaillent autour de nous pour nous éloigner du sentier étroit de l’obéissance. Nous n’avons donc pas à nous étonner des exhortations si solennelles et si souvent répétées que Moïse adresse au cœur et à la conscience de ses auditeurs. Devant cette congrégation qui lui était si chère, il épanche son cœur en accents pleins d’ardeur, et bien propres à réveiller leurs âmes. « Seulement, dit-il, prends garde à toi et garde soigneusement ton âme, de peur que tu n’oublies les choses que tes yeux ont vues, et afin que tous les jours de ta vie, elles ne s’éloignent pas de ton cœur, mais que tu les fasses connaître à tes fils et aux fils de tes fils » (vers. 9).
Ces paroles placent devant nous deux choses d’une très grande importance, la responsabilité individuelle et le témoignage personnel, avec celui de la famille. Le peuple de Dieu était responsable de garder diligemment son cœur, de peur qu’il ne laissât échapper la précieuse parole de Dieu ; et, de plus, ils étaient responsables d’instruire leurs enfants et leurs petits-enfants. Et nous, avec toute la lumière et les privilèges que nous possédons, serions-nous moins responsables qu’Israël ? Nous sommes impérieusement appelés à étudier avec soin la parole de Dieu, à y appliquer nos cœurs. Il ne suffit pas de lire à la hâte chaque jour quelques versets ou un chapitre entier, comme par une espèce de routine religieuse, mais nous devons faire de la Bible une étude sérieuse et approfondie, pour y trouver notre plaisir et notre édification.
Il est à craindre que
quelques-uns d’entre nous ne lisent la Bible que par devoir, trouvant plus de
plaisir à un journal ou à un livre quelconque. Faut-il alors s’étonner de notre
connaissance superficielle de l’Écriture ? Comment la profondeur de ce
Livre divin et sa gloire morale, nous seront-elles révélées si, ne l’ouvrant
que par devoir, nous en lisons avec indifférence quelques versets
seulement ? On me dira peut-être : « Nous ne pouvons pas
toujours lire la Bible ».
La
même personne dira-t-elle : « On ne peut pas toujours lire le journal
ou un roman ? » Quel serait l’état d’âme d’une personne tenant ce
langage ? Aime-t-elle réellement la parole de Dieu ? A-t-elle une
vraie intelligence du prix de cette Parole, de son excellence, de sa gloire
morale ? Impossible.
Que signifient les paroles suivantes, adressées à Israël ? « Mettez ces miennes paroles dans votre cœur et dans votre âme, et liez-les pour signes sur vos mains, et qu’elles soient comme des fronteaux entre vos yeux » (chap. 11:18). Le « cœur », « l’âme », « la main », « les yeux », tout est engagé au sujet de la précieuse parole de Dieu ; il s’agissait de réalité, non de formes vides, ni d’arides routines. L’homme devait se donner tout entier dans un saint dévouement aux statuts et aux ordonnances de Dieu.
« Et vous les
enseignerez à vos fils, en leur en parlant, quand tu seras assis dans ta
maison, et quand tu marcheras par le chemin, et quand tu te coucheras, et quand
tu te lèveras ; et tu les écriras sur les poteaux de ta maison, et sur tes
portes ».
Sommes-nous, comme
chrétiens, liés par ces paroles ? La parole de Dieu a-t-elle une telle
place dans nos cœurs, nos maisons et nos habitudes ? Quiconque entre chez
nous, ou se trouve en contact avec nous dans la vie journalière, peut-il voir
la parole de Dieu tenue ainsi en honneur ? Ceux avec lesquels nous avons
affaire voient-ils que nous sommes guidés par les préceptes des Saintes
Écritures ? Nos serviteurs et nos enfants voient-ils que nous vivons dans
l’atmosphère même de l’Écriture, et que notre caractère et notre conduite sont
gouvernés par elle ?
C’est ici une pierre de
touche pour nos cœurs, bien-aimé lecteur chrétien ; ne laissons pas
écouler ces paroles, mais soyons assurés qu’il ne peut y avoir d’indicateur
plus exact de notre état moral et spirituel que la manière dont nous traitons
la parole de Dieu. Si nous ne l’aimons pas, soupirant après l’heure tranquille
que nous pouvons consacrer à lire ses pages sacrées dans le secret du cabinet,
en famille et hors de la maison ; en un mot, si nous ne respirons pas
habituellement sa sainte atmosphère, — si jamais il nous arrivait d’exprimer un
sentiment comme celui mentionné plus haut : « On ne peut pas
continuellement lire la Bible », alors, en vérité, notre état spirituel
serait tout à fait mauvais. La nouvelle nature aime la parole de Dieu, la
désire avec ardeur ; comme nous lisons dans 1 Pierre 2:2: « Désirez
ardemment, comme des enfants nouveau-nés, le pur lait intellectuel, afin que
vous croissiez par lui ».
En
effet, si nous ne désirons pas ce lait pur, l’état de notre âme sera en déclin.
Il se peut qu’il n’y ait encore rien d’extérieurement répréhensible dans notre
conduite ; mais nous attristons son cœur par notre négligence de sa
Parole, ce qui est autant que négliger sa personne. C’est une vraie folie de
parler de notre amour pour Christ, si nous n’aimons pas sa Parole et n’en
vivons pas ; c’est une illusion de s’imaginer être dans un état prospère,
lorsque la lecture de la Bible est négligée, en particulier ou en famille.
Il va sans dire que nous n’entendons pas qu’aucun autre livre que la Bible ne doive être lu, car nous n’écririons pas ces « Notes », mais rien ne demande plus de vigilance que le choix de nos lectures. Toutes choses doivent être faites au nom de Jésus, et à la gloire de Dieu ; or la lecture est du nombre de ce : « toutes choses ». Nous ne devrions lire aucun livre, dont la lecture ne tournerait pas à la gloire de Dieu.
Si la Parole a sa vraie place dans le cœur, elle l’aura aussi dans la maison. Les chefs de famille devraient y réfléchir sérieusement ; nous sommes persuadés que, dans chaque famille chrétienne, il devrait y avoir un témoignage journalier rendu à Dieu et à sa Parole. Quelqu’un considérera peut-être une lecture régulière en famille comme une routine religieuse, un esclavage, du légalisme. À de telles objections nous répliquerons à notre tour : Est-ce un esclavage pour la famille de se réunir pour les repas ? Cette réunion de tous les membres autour de la table de famille, a-t-elle jamais été considérée comme une triste routine ? Certainement non, si la famille est heureuse et qu’une bonne intelligence règne entre tous ses membres. Pourquoi alors serait-ce une chose pénible pour un chef de famille chrétien de réunir ses enfants et ses domestiques autour de lui chaque jour, pour lire quelques versets de l’Écriture, et pour faire monter quelques paroles de prière et d’actions de grâces devant le trône de la grâce ? Cette habitude est en parfait accord avec l’Ancien et le Nouveau Testament, elle est sainte, édifiante et agréable au cœur de Dieu.
Que penserions-nous d’un chrétien professant qui ne prierait jamais, qui ne lirait jamais la parole de Dieu en particulier ? Serait-il possible de le considérer comme un vrai chrétien, heureux et vivant ? Ne mettrions-nous pas en doute l’existence de la vie de Dieu dans cette âme ? La prière et la parole de Dieu sont absolument essentielles à la prospérité de la vie chrétienne, en sorte que l’état spirituel d’un homme qui néglige habituellement ces deux choses doit être un état de mort.
Eh bien ! s’il résulte de cela de telles conséquences pour l’individu, qu’en sera-t-il d’une famille où il n’y a ni lecture, ni prière en commun, aucun témoignage rendu à Dieu ou à sa Parole ? Pouvons-nous imaginer une famille craignant Dieu, vivant du dimanche matin au samedi soir, sans se souvenir collectivement de Celui à qui nous devons toutes choses ? Quelle est la différence, demanderons-nous, entre une telle famille et quelque pauvre ménage païen ? N’est-il pas profondément triste de voir ceux qui font une profession publique de christianisme, qui prennent la Cène dans leurs églises, vivre dans une aussi grossière négligence de ce devoir et de ce privilège ?
Lecteur, chef de famille, quelles sont vos habitudes à ce sujet ? Faites-vous une lecture journalière de la Bible avec votre famille ? Si tel n’est pas le cas, voyez et recherchez quelle en est la cause réelle. Si vous lisez et priez en particulier, comment le négligez-vous dans votre cercle de famille ? Peut-être donnerez-vous comme excuse votre état nerveux, votre timidité ? Si c’est le cas, demandez au Seigneur de vous rendre capable de surmonter cette faiblesse. Comptez sur sa grâce ; réunissez votre famille autour de vous à une certaine heure, chaque jour ; lisez quelques versets de l’Écriture et adressez vos demandes à Dieu en commun ; ou bien, si vous ne pouvez le faire tout d’abord, faites agenouiller votre famille quelques moments en silence devant Dieu.
N’y eût-il que la plus faible confession, le plus petit témoignage rendu en famille, cela vaudrait cent fois mieux qu’une maison sans Dieu et sans prière. Commencez tout de suite, vous attendant à Dieu pour le secours nécessaire. Il vous l’accordera sûrement, car il ne fait jamais défaut à un cœur réellement confiant et dépendant.
Il n’est cependant pas nécessaire de prolonger ce service, de manière à le rendre fatigant ; soit à la maison, soit dans nos assemblées publiques, un exercice court, mais fervent, sera toujours le plus édifiant.
Ce n’est pas, assurément,
que nous entendions qu’une simple lecture en famille réponde à tout ce que
comprend cette importante parole : « Nous servirons l’Éternel ».
Loin de là. Le service de Dieu en
famille comprend tout ce qui est du domaine de notre vie privée, jusque dans
ses plus petits détails, mais nous sommes certains que rien ne peut bien aller
dans une famille où la lecture de la Bible et la prière sont négligées.
On pourrait objecter que, dans nombre de maisons où ce devoir est très régulièrement observé matin et soir, la vie intérieure, en famille, est en contradiction flagrante avec ce service soi-disant religieux. Le chef de famille, par exemple, au lieu d’être un modèle et une lumière pour tous, est, au contraire, d’une humeur morose, dur et impoli dans ses manières, rude et contrariant avec sa femme, sévère et arbitraire avec ses enfants, déraisonnable et exigeant avec les domestiques. Après avoir demandé la bénédiction de Dieu sur sa table, il paraît mécontent de ce qui y est placé, — en un mot, il fait le contraire de ce qu’enseigne la Parole qu’il a lue avec sa famille. Il en est souvent de même avec la femme, les enfants et les serviteurs ; il n’y a que désarroi dans toute l’administration domestique ; les repas sont irréguliers ; les rapports peu aimables entre tous : les enfants sont grossiers, égoïstes, volontaires ; les domestiques négligents, prodigues et insubordonnés. Le ton et l’atmosphère morale de cet intérieur, sont, en un mot, antichrétiens.
Écoutez encore, en dehors du cercle domestique, le témoignage de ceux qui ont affaire avec le chef de famille, pour son commerce, pour sa manière de traiter les affaires ; on se plaint de ses marchandises ; il y a de l’avarice, de l’ambition et des artifices ; rien de Dieu, rien de Christ, rien qui le distingue d’avec les plus mondains. La conduite de ceux qui ignorent ce que c’est qu’un culte en famille devrait souvent le rendre confus.
Dans ces circonstances, ce
service en famille n’est qu’une forme vide, une insulte à Dieu. Il semble que
nous oubliions ces paroles si sérieuses de l’apôtre inspiré, en Rom. 14:17:
« Le royaume de Dieu n’est pas manger et boire, mais justice, et paix, et
joie dans l’Esprit Saint ».
C’est
de justice pratique qu’il s’agit ici. À quoi sert de terminer par un soi-disant
culte de famille une journée qui a été du matin au soir marquée par toute sorte
d’actes d’injustice et de vanité ?
Cela ne peut être en rapport avec le saint nom de Christ. Tout dans notre vie privée, l’économie de nos maisons, nos travaux journaliers, nos communications, toutes nos transactions quelles qu’elles soient, doit être mesuré à cette seule mesure : la gloire de Christ. À l’égard de tout ce qui se présente à nous, ou qui sollicite notre attention, la seule question devrait être : « Ceci est-il digne du saint Nom qui est invoqué sur moi ? » Si telle chose n’est pas digne de Dieu, ne la touchons pas. Ne prononçons pas cette question : « Quel mal y a-t-il à cela ? » Rien que du mal, si Christ n’y est pas.
Rappeler au cœur et à la conscience ces vérités pratiques est une chose essentielle dans nos jours de profession prétentieuse. Chacun de nous a besoin d’examiner l’état réel de son cœur quant à Christ ; car c’est là le secret de toute l’affaire. Si le cœur n’est pas vrai devant Lui, rien ne peut aller bien, ni dans la vie privée, ni dans la famille, ni en affaires, ni dans l’assemblée, ni où que ce soit.
Ne nous étonnons donc pas, si l’apôtre, en terminant la première épître aux Corinthiens, la résume par cette solennelle déclaration : « Si quelqu’un n’aime pas le Seigneur Jésus Christ, qu’il soit anathème ! Maranatha ! » (1 Cor. 16:22). Dans le cours de l’épître, il avait combattu contre diverses formes d’erreurs de doctrine, ou de dépravation morale ; mais quand il en vient à la conclusion, au lieu de prononcer sa sentence sur quelque erreur ou quelque mal particulier, il la prononce contre quiconque n’aime pas le Seigneur Jésus Christ. L’amour pour Christ est la meilleure sauvegarde contre toute forme d’erreur et de mal.
Revenons à notre chapitre.
L’attention du peuple est
appelée d’une manière spéciale sur les scènes solennelles du mont Horeb, scènes
qui auraient dû faire sur leurs cœurs une impression profonde et durable.
« Le jour où tu te tins devant l’Éternel, ton Dieu, à Horeb, quand l’Éternel
me dit : Assemble-moi le peuple, et
je leur ferai entendre mes paroles
».
Le grand point est d’être mis en contact direct et vivant avec la
parole du Dieu vivant : « mes paroles, qu’ils apprendront pour me
craindre tous les jours qu’ils seront vivants sur la terre, et qu’ils enseigneront à leurs fils
» (vers.
10).
Il est très beau de remarquer le rapport intime qui existe entre écouter la parole de Dieu, et craindre son Nom. Le cœur qui aime la Parole, révérera le Nom, et s’inclinera devant sa sainte autorité en toutes choses. « Celui qui ne m’aime pas, ne garde pas mes paroles » (Jean 14:24). « Celui qui dit : Je le connais, et qui ne garde pas ses commandements, est menteur, et la vérité n’est pas en lui. Mais quiconque garde sa parole, — en lui l’amour de Dieu est véritablement consommé » (1 Jean 2:4-5). Toute personne qui aime vraiment Dieu, gardera sa Parole dans son cœur et alors l’influence bénie de cette Parole se fera sentir dans toute sa vie, son caractère et sa conduite. Le but de Dieu en nous donnant sa Parole, est qu’elle serve à gouverner notre conduite. Si sa Parole n’a pas cet effet pratique, c’est en vain que nous parlons de notre amour pour Lui, ce n’est qu’une raillerie positive, qui attirera tôt ou tard son déplaisir.
Prêtons aussi une attention
particulière à la solennelle responsabilité d’Israël à l’égard de leurs
enfants. Ils ne devaient pas seulement « écouter » et
« apprendre » eux-mêmes ; mais ils devaient aussi
« enseigner leurs fils ».
Ce
devoir ne peut être négligé impunément. Dieu attache une très grande importance
à cette question ; nous l’entendons dire d’Abraham : « Car je le
connais, et je sais qu’il commandera à
ses fils et à sa maison après lui
de garder la voie de l’Éternel, pour
pratiquer ce qui est juste et droit, afin que l’Éternel fasse venir sur Abraham
ce qu’il a dit à son égard » (Gen. 18:19).
Ces paroles nous montrent le cas que Dieu fait de la vie domestique et de la piété exercée dans la famille. Sous toutes les dispensations, Dieu a donné son approbation à une éducation fidèle des enfants de son peuple, selon sa sainte Parole.
Il est vrai que nous ne
pouvons faire des chrétiens de nos enfants, et que nous ne devons pas en faire
des formalistes. Mais nous ne sommes pas appelés à faire
d’eux quelque chose ; nous avons simplement à remplir
nos devoirs envers eux et à en laisser les résultats à Dieu. Nous avons reçu le
commandement d’élever nos enfants « dans la discipline et sous les
avertissements du Seigneur » (Éph. 6:4). Quand cette
« éducation » doit-elle commencer ? Au commencement, assurément.
Du moment où nous entrons dans une relation quelconque, nous sommes introduits
dans la responsabilité que cette relation comporte. Il se peut que nous la
négligions ; alors nous aurons à moissonner les tristes conséquences de
notre négligence. Il est vrai, Dieu en soit béni, que sa grâce est suffisante
pour nous, dans cette position comme dans toute autre : « Si quelqu’un
de vous manque de sagesse, qu’il demande à Dieu, qui donne à tous libéralement
et qui ne fait pas de reproches ; et il lui sera donné » (Jac. 1:5).
Non que nous soyons capables par nous-mêmes, en matière si importante, de
penser ou de faire quelque chose comme de nous-mêmes, mais notre capacité vient
de Dieu, et il répondra à tous nos besoins. Nous n’avons qu’à regarder à Lui,
pour les besoins de chaque moment.
Nous avons chacun nos devoirs respectifs à remplir ; tous n’aiment pas ce simple mot « devoir » ; il leur paraît légal. Nous considérons comme moralement sain ce mot, que tout vrai chrétien doit aimer. Une chose en tout cas est certaine, c’est que nous ne pouvons compter sur Dieu que dans le sentier du devoir. Parler de se confier en Dieu, hors du chemin du devoir, est une illusion ; et quant à notre relation de parents, en négliger les devoirs, c’est attirer sur nous les plus désastreuses conséquences.
Nous croyons que toute la
question de l’éducation chrétienne se résume dans ces deux choses, savoir
« compter sur Dieu pour nos enfants, et les élever pour Dieu ».
Adopter le premier de ces principes
sans le second, est de l’antinomianisme ; adopter le second sans le
premier, est du légalisme, tandis que les deux réunis forment un christianisme
sain et pratique — la vraie religion aux yeux de Dieu et des hommes.
Relativement aux difficultés, nous n’avons qu’à recourir, d’heure en heure, au trésor inépuisable de notre Père céleste pour obtenir ce dont nous avons besoin : grâce, sagesse, puissance morale, tout ce qui nous rendra capables de bien remplir les devoirs sacrés de notre relation. « Il donne une plus grande grâce » (Jac. 4:6). Ceci est toujours vrai. Mais si, au lieu de recourir à cette force que Dieu donne, pour remplir nos devoirs, nous recherchons nos aises en les négligeant, un grand nombre de peines fondront sur nous tôt ou tard. « Ne soyez pas séduits ; on ne se moque pas de Dieu ; car ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera. Car celui qui sème pour sa propre chair moissonnera de la chair la corruption ; mais celui qui sème pour l’Esprit moissonnera de l’Esprit la vie éternelle » (Gal. 6:7-8).
Ce passage est l’exposé d’un grand principe du gouvernement moral de Dieu qui s’applique d’une manière frappante à notre sujet : comme nous semons, en matière d’éducation pour nos enfants, ainsi, assurément, nous moissonnerons.
Que les chers parents chrétiens qui parcourent ces lignes, ne se laissent cependant pas décourager ; ils ont toute raison pour se confier joyeusement en Dieu. Qu’ils marchent d’un pas ferme dans le sentier du devoir ; là ils peuvent compter sur Dieu pour les besoins de chaque jour et, au temps convenable, ils moissonneront les fruits de leur travail.
Nous n’essayerons pas de donner des règles, ou une méthode d’éducation, car nous ne croyons pas qu’il y en ait ; les enfants ne peuvent être élevés au moyen de règles uniformes. Qui donc pourrait établir des règles au sujet de tout ce que renferme cette seule exhortation : « Élevez-les dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur » ?
Dans ce commandement par excellence, est compris tout ce qui concerne l’éducation, dès le berceau à l’âge mûr. Oui, « dès le berceau » ; car toute vraie éducation chrétienne commence dès l’âge le plus tendre. Peu de personnes se doutent combien vite les plus petits enfants commencent à observer et à tout comprendre ; combien vite aussi ils subissent l’influence morale qui les entoure ! Cette atmosphère même constitue le grand secret d’une bonne éducation. Nous ne devrions tolérer pour nos enfants qu’une atmosphère d’amour, de paix, de pureté, de sainteté et de justice pratique dans la vie journalière ; cela aurait une grande influence sur leur moral. Quelle chose importante, en effet, pour nos enfants de voir marcher leurs parents dans l’amour, en harmonie, pleins de sollicitude l’un pour l’autre, ayant des égards pour leurs serviteurs, de la charité envers les pauvres. On ne saurait croire, par exemple, le mauvais effet que peut produire sur un enfant, un regard courroucé ou une parole désobligeante échangés entre son père et sa mère. Dans les cas, trop fréquents, hélas ! où la vie journalière d’un ménage se passe en querelles, comment les enfants peuvent-ils se former avec un pareil exemple sous leurs yeux ?
Avant de laisser ce sujet d’administration domestique, nous désirons attirer l’attention des parents chrétiens sur un point d’une extrême importance, celui d’inculquer aux enfants le principe d’une obéissance implicite. L’ordre et le bien-être de l’intérieur d’une famille en dépendent, mais, ce qui est infiniment plus important, cela touche à la gloire de Dieu et à la manifestation de sa vérité. « Enfants, obéissez à vos parents en toutes choses, car cela est agréable dans le Seigneur » (Éph. 6:1 ; Col. 3:20).
L’enfant doit obéir dès sa
plus tendre enfance ; il lui faut apprendre la soumission à une autorité
établie de Dieu, et, comme l’apôtre le dit, « en toutes choses ».
Si l’on n’y prend pas garde dès le
commencement, cela devient plus tard presque impossible. Lorsqu’on laisse agir
la volonté, elle se renforce rapidement, et chaque année il est plus difficile
de la gouverner. C’est pourquoi le père devrait tout d’abord établir son
autorité sur une base de fermeté et de force morale : une fois sur ce
pied, il peut être aussi doux et affectueux que le cœur d’un enfant aimant le
demande. User de dureté, ou d’austérité, n’est pas chose nécessaire à l’éducation.
Dieu a mis entre les mains du père les rênes du gouvernement, la verge de l’autorité ;
mais en tirant continuellement les rênes, et se servant trop de la verge, il
donnera une preuve certaine de faiblesse morale. Lorsque vous entendez un homme
parler beaucoup de son autorité, vous pouvez être sûr que cette autorité n’est
pas établie comme elle devrait l’être ; la vraie puissance morale donne
une dignité calme, à laquelle il est impossible de se méprendre.
De plus, nous croyons que le
père qui contrarie perpétuellement la volonté de son enfant, en des choses de
peu d’importance, a tort ; ce procédé tend plutôt à briser l’énergie
de l’enfant, tandis que briser
la volonté
est la base de toute bonne
éducation. L’enfant devrait toujours se persuader que son père cherche uniquement
son bien, et que s’il lui
refuse quoi que ce soit, c’est par un vrai intérêt pour lui, et non pour lui
retrancher des jouissances. Un point important aussi dans le gouvernement de la
famille est de veiller à ce que chaque membre remplisse avec exactitude ses
devoirs respectifs, et puisse aussi jouir de ses privilèges. Ainsi, le
commandement de Dieu donné à l’enfant, étant d’obéir, les parents sont
responsables de veiller à l’accomplissement de ce devoir, car, s’il est
négligé, quelque autre membre de la famille en souffrira.
Que peut-il y avoir de plus nuisible à la paix d’un intérieur de famille, que la présence d’un enfant méchant et obstiné, et ne le sera-t-il pas, le plus souvent, par suite d’une mauvaise éducation ? Les enfants diffèrent, il est vrai, de caractère et de dispositions ; les uns ont une volonté particulièrement forte, un caractère raide et obstiné, qui rendra beaucoup plus difficile la tâche de les diriger ; mais cela ne change rien à la responsabilité que le père a d’exiger l’obéissance. Il peut compter sur Dieu pour la grâce et les facultés nécessaires. Une mère, laissée veuve, par exemple, comptant sur le Seigneur, sera rendue capable de diriger aussi bien ses enfants et sa maison, que le chef de famille l’aurait fait.
Il arrive aussi que, par une tendresse peu judicieuse, les parents sont tentés de céder à la volonté de l’enfant ; c’est, hélas ! semer à la chair, pour produire la corruption. Ce n’est pas du tout la vraie affection, que celle qui cède à la volonté de l’enfant. Témoignée de cette manière, il est impossible qu’elle contribue à son vrai bonheur ou même à des jouissances légitimes. Un enfant gâté, obstiné, est lui-même malheureux ; il sera une pénible charge pour ceux qui ont affaire à lui ; on devrait lui apprendre à penser aux autres, à chercher à contribuer de son mieux au bonheur et à l’agrément de chacun. — Qu’il est fréquent et peu convenable, par exemple, de voir un enfant rentrer bruyamment à la maison, monter l’escalier en sifflant, chantant, criant, sans aucun égard pour les autres membres de la famille, qu’il peut ainsi déranger ou inquiéter. Aucun enfant bien élevé n’aurait l’idée d’agir de cette manière ; en sorte que, là où une conduite pareille est tolérée, il doit y avoir de graves défectuosités dans l’administration de la maison.
Il est essentiel à la paix, à l’harmonie et au bien-être de la famille, que tous les membres aient des égards les uns pour les autres. Nous sommes responsables de chercher le bien et le bonheur de ceux qui nous entourent, et non pas seulement le nôtre propre. Si chacun s’appliquait à cela, quels intérieurs différents nous aurions, et quel meilleur témoignage serait rendu par chaque famille ! Chaque ménage chrétien devrait être un reflet du caractère divin ; l’atmosphère devrait en être celle du ciel. Comment cela peut-il se faire ? Simplement par l’effort de chacun, père, mère, enfant, maître et serviteur, pour marcher sur les traces de Jésus, et pour manifester son esprit. Lui, ne cherchait ni à se plaire à lui-même, ni ses propres intérêts en quoi que ce soit. Il faisait toujours les choses qui plaisaient à son Père ; il vint pour servir et pour donner. Il allait de lieu en lieu, faisant du bien, et guérissant tous ceux qui étaient sous le pouvoir de Satan. Lui, l’ami suprême, exerçait sa grâce, son amour et sa sympathie envers les faibles, les nécessiteux et les affligés. Si seulement les divers membres de chaque famille chrétienne se conformaient à ce parfait modèle, nous réaliserions, au moins en quelque mesure, l’efficacité du christianisme individuel et domestique qui, béni soit Dieu ! peut toujours être maintenu et manifesté, malgré la ruine désespérée de l’église professante. « Toi et ta maison » est un principe de toute beauté, qui se retrouve à travers le volume de Dieu, du commencement à la fin. À toute époque, sous chaque dispensation, aux jours des patriarches, comme aux jours de la loi et au temps du christianisme, nous trouvons, à notre grand encouragement, que la piété individuelle et domestique a sa place comme quelque chose d’agréable au cœur de Dieu et contribuant à la gloire de son saint Nom.
Ceci est, à notre avis, des plus consolants en tout temps, mais particulièrement dans le moment actuel où l’église professante semble s’enfoncer si rapidement dans une grossière mondanité et dans une incrédulité manifeste, et où ceux même qui désirent marcher dans l’obéissance à la parole de Dieu et agir d’après la grande vérité fondamentale de l’unité du corps, rencontrent tant de difficultés pour maintenir un témoignage collectif. En considérant tout ceci, nous pouvons bénir Dieu de tout notre cœur, de ce que la piété individuelle et dans la famille peut, malgré et à travers tout, être maintenue, et de ce que des accents de louanges peuvent monter constamment au trône de Dieu, ainsi que les supplications de chaque chrétien, en faveur d’un monde plongé dans le péché, la douleur et la misère. Puisse-t-il en être ainsi de plus en plus par la puissante intervention du Saint Esprit, afin qu’en toutes choses notre Dieu soit glorifié par chacun de ses enfants bien-aimés, individuellement et dans sa famille.
Considérons maintenant l’avertissement adressé à la congrégation d’Israël contre le terrible péché de l’idolâtrie, péché auquel, hélas ! le pauvre cœur humain est toujours enclin d’une manière ou d’une autre. Il est très possible de se rendre coupable de ce péché, sans fléchir le genou devant une image taillée ; c’est pourquoi il importe que nous pesions les paroles d’avertissement sortant de la bouche du législateur d’Israël ; elles aussi ont assurément été écrites pour notre instruction.
« Alors vous vous approchâtes et vous vous tîntes au bas de la montagne (et la montagne était brûlante de feu jusqu’au cœur des cieux… ténèbres, nuées, et profonde obscurité), et l’Éternel vous parla du milieu du feu ; vous entendiez la voix de ses paroles, mais vous ne vîtes aucune forme, seulement vous entendiez une voix. Et il vous déclara son alliance, qu’il vous commanda de pratiquer, les dix paroles ; et il les écrivit sur deux tables de pierre. Et l’Éternel me commanda en ce temps-là, de vous enseigner des statuts et des ordonnances, pour que vous les pratiquiez dans le pays dans lequel vous allez passer pour le posséder » (vers. 11-14).
Nous avons ici la base
réelle de l’appel contre l’idolâtrie. Les enfants d’Israël ne voyaient rien,
Dieu ne se montrait pas lui-même à eux, il ne revêtait aucune forme corporelle
dont ils pussent se faire une image. Il leur donnait sa Parole, ses
commandements d’une manière si claire, qu’un enfant aurait pu les
comprendre ; les Israélites, quelque bornés qu’ils pussent être, ne
pouvaient s’y tromper. Il n’était donc pas nécessaire pour eux de s’imaginer à
quoi Dieu était semblable, cette tentation eût été le péché même, contre lequel
Moïse les avertissait. Ils étaient appelés à écouter la voix de Dieu, non à
voir sa forme ; à obéir à ses commandements, et non à se créer de Lui une
image. C’est en vain que la superstition cherche à honorer Dieu en faisant et
en adorant des images ; la foi reçoit et garde ses saints
commandements : « Si quelqu’un m’aime », dit notre Seigneur,
« il gardera ma parole ».
« Personne
ne vit jamais Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a
fait connaître » (Jean 1:18). « Car c’est le Dieu qui a dit que du
sein des ténèbres la lumière resplendît, qui a relui dans nos cœurs pour faire
luire la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Christ » (2
Cor. 4:6).
Jésus est déclaré être le resplendissement de la gloire de Dieu, et l’empreinte de sa substance (Hébreux 1:3). Il pouvait dire : « Celui qui m’a vu, a vu le Père » (Jean 14:9). De cette manière, le Fils révèle le Père, et c’est par la Parole, par la puissance du Saint Esprit, que nous connaissons quelque chose du Fils ; c’est pourquoi la tentative, par quelque effort que ce soit de l’esprit ou de l’imagination, de concevoir une image de Dieu ou de Christ autrement que par les Écritures n’est que mysticisme ou idolâtrie ; plus que cela même, car c’est se mettre entre les mains de Satan, et nous laisser envelopper par lui d’illusions funestes et trompeuses.
C’est pourquoi, comme Israël, au mont Horeb devait s’en tenir à la « voix » de Dieu, et qu’il était exhorté à s’abstenir de toute ressemblance, nous, de même, devons nous en tenir à sa Sainte Écriture, et nous mettre en garde contre tout ce qui pourrait nous éloigner, ne fût-ce que de l’épaisseur d’un cheveu, de ce modèle divin et parfait, n’écoutant ni les suggestions de notre propre esprit, ni aucune opinion humaine.
« Et vous prendrez bien garde à vos âmes (car vous n’avez vu aucune forme au jour où l’Éternel vous parla du milieu du feu à Horeb), de peur que vous ne vous corrompiez, et que vous ne vous fassiez quelque image taillée, la forme d’une image quelconque, la figure d’un mâle ou d’une femelle, la figure de quelque bête qui soit sur la terre, la figure de quelque oiseau ailé qui vole dans les cieux, la figure de quelque reptile du sol, la figure de quelque poisson qui soit dans les eaux, au-dessous de la terre ; et de peur que tu ne lèves tes yeux vers les cieux, et que tu ne voies le soleil, et la lune et les étoiles, toute l’armée des cieux, et que tu ne te laisses séduire et ne te prosternes devant eux, et ne les serves lesquels l’Éternel, ton Dieu, a donnés en partage à tous les peuples, sous tous les cieux. Mais vous, l’Éternel vous a pris, et vous a fait sortir d’Égypte, de la fournaise de fer, afin que vous soyez le peuple de sa possession, comme vous l’êtes aujourd’hui » (v. 15-20).
Ces passages contiennent une vérité d’une grande importance pour nous aussi, montrant au peuple de Dieu que se faire une image quelconque et se prosterner devant elle, c’était, de fait, s’abaisser et se corrompre soi-même. Lorsque les enfants d’Israël firent le veau d’or, l’Éternel dit à Moïse : « Va, descends ; car ton peuple que tu as fait monter du pays d’Égypte, s’est corrompu » (Ex. 32:7). Il ne pouvait en être autrement. L’adorateur doit être inférieur à l’objet de son adoration ; donc, en se prosternant devant un veau, ils s’abaissaient au-dessous encore du niveau de la bête qui périt.
Quel spectacle ! Toute une congrégation conduite par Aaron, le souverain sacrificateur, se prosternant devant une image taillée. Peut-on se représenter un nombre pareil d’êtres intelligents, un peuple doué de raison, de conscience, disant d’un veau de fonte : « C’est ici ton dieu, ô Israël, qui t’a fait monter du pays d’Égypte ! » C’était, à la lettre, destituer Dieu, le remplacer par une image taillée d’après l’invention de l’homme. Et ceux qui le firent étaient ce peuple, témoin des œuvres merveilleuses de l’Éternel au pays d’Égypte !
Toutes ces choses s’étaient
passées sous leurs yeux, et, néanmoins, ils purent si vite tout oublier et dire
d’un veau de fonte : « C’est ici ton dieu, ô Israël, qui t’a fait
monter du pays d’Égypte ».
Croyaient-ils
réellement qu’une image taillée pouvait avoir humilié, fait trembler un fier
monarque, et les avoir fait sortir victorieusement d’Égypte ? Un veau d’or
avait-il pu partager les eaux et les conduire à travers ses profondeurs ?
Eh bien ! Israël le disait, car que n’est-on capable de dire lorsque l’œil
et le cœur se sont détournés de Dieu et de sa Parole !
« Mais », nous demandera-t-on peut-être, « tout ceci s’adresse-t-il à nous aussi ? Les chrétiens peuvent-ils retirer quelque instruction de cette histoire du veau d’or ? Ces exhortations adressées à Israël contre l’idolâtrie, trouvent-elles de l’écho aux oreilles de l’Église ? Court-elle quelque danger de se prosterner devant une image taillée ? Serait-il possible que, possédant le privilège de pouvoir marcher à la pleine lumière du christianisme révélé dans le Nouveau Testament, nous puissions jamais adorer un veau d’or ? »
Nous répondrons d’abord à
ces objections, en citant les paroles de l’apôtre Paul aux Romains
(15:4) : « Toutes les choses
qui
ont été écrites auparavant », — y compris Ex. 32 et Deut. 4, — « ont
été écrites pour notre instruction, afin que, par la patience et par la
consolation des Écritures, nous ayons espérance ».
Ce court passage démontre nos justes droits à user du privilège
de parcourir le vaste champ de l’Ancien Testament pour y recueillir les
précieuses leçons qu’il renferme, pour profiter de ses solennels
avertissements, et y puiser les encouragements et les consolations dont nos
cœurs ont besoin pendant notre course ici-bas. La question de savoir si nous
serions capables de commettre le péché grossier d’idolâtrie, trouve une
solution frappante dans 1 Cor. 10:1-13 où l’apôtre cite cette scène même du
mont Horeb, comme avertissement à l’Église de Dieu ; nous ne saurions donc
mieux faire que d’engager le lecteur à lire soigneusement le passage en entier.
Nous apprenons ici qu’il n’y
a aucun péché, aucune folie, aucune forme de dépravation morale, dans laquelle
nous ne serions sujets à nous plonger d’un moment à l’autre, si nous n’étions
gardés par la toute puissance de Dieu ; il n’y a de vraie sécurité pour nous
qu’à l’abri moral de la présence divine. Nous savons que l’Esprit de Dieu ne
nous met pas en garde contre des choses auxquelles nous ne sommes pas enclins.
Il ne nous dirait pas : « Ne soyez pas non plus idolâtres », si
nous n’étions pas capables de le devenir. Ce n’est, par conséquent, pas de la
forme extérieure de la chose dont il est question, mais de la chose elle-même,
de sa racine ou de son principe. Nous lisons que « l’avarice est une
idolâtrie », c’est-à-dire que l’homme désireux de posséder lui-même plus
que ce que Dieu lui a donné, est coupable en réalité du péché d’Israël, lorsqu’il
fit le veau d’or et l’adora. L’apôtre pouvait, avec raison, dire aux
Corinthiens — nous
dire :
« C’est pourquoi, mes bien-aimés, fuyez l’idolâtrie » (1 Cor. 10:14).
Pourquoi être exhortés à fuir
une
chose à laquelle nous ne serions pas sujets ? Que signifient les paroles
qui terminent la première épître de Jean : « Enfants, gardez-vous des
idoles ? » Ne nous disent-elles pas que nous sommes en danger d’adorer
des idoles ? Assurément. Nos cœurs perfides sont capables de se détourner
du Dieu vivant, et de s’attacher à quelque autre objet en dehors de Lui ;
et qu’est cela sinon de l’idolâtrie ? Tout ce qui gouverne le cœur, est l’idole
du cœur : argent, plaisir, pouvoir, ou autre chose ; nous pouvons
donc facilement saisir la nécessité des nombreuses exhortations que l’Esprit
Saint nous adresse contre le péché d’idolâtrie.
Nous avons encore, au
chapitre 4 des Galates, des paroles
très remarquables, des accents propres à faire impression sur l’église
professante. Les Galates, ainsi que tous les autres gentils, avaient adoré des
idoles ; mais, après avoir reçu l’Évangile, ils s’étaient tournés des
idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai. Cependant, des docteurs
judaïsants étaient survenus, leur enseignant qu’à moins d’être circoncis et de
garder la loi, ils ne pouvaient être sauvés.
C’est ceci justement que l’apôtre
déclare sans hésitation être un retour à la grossière dégradation morale de
leurs jours précédents, après avoir fait profession de recevoir l’évangile de
Christ ; de là cette insistance de l’apôtre : « Mais alors, ne
connaissant pas Dieu, vous étiez asservis à ceux qui, par leur nature, ne sont
pas dieux : mais maintenant,
ayant
connu Dieu, mais plutôt ayant été connus de Dieu, comment retournez-vous
de nouveau aux faibles et misérables éléments
auxquels vous voulez encore derechef
être
asservis ? Vous observez des jours, et des mois, et des temps, et des
années. Je crains quant à vous que peut-être je n’aie travaillé en vain pour
vous » (Gal. 4:8-11).
Les Galates ne retournaient
pas extérieurement au culte des idoles ; il est même probable qu’ils
auraient rejeté avec indignation une telle idée ; malgré cela, l’apôtre
leur demande : « Comment retournez-vous ? » Qu’est-ce que
cette question signifie, s’ils n’étaient pas retournés à l’idolâtrie ? et
qu’avons-nous à apprendre du passage entier ? Simplement ceci, que la
circoncision, le retour à la
loi, l’observation
des jours, des mois et des années, — que tout ceci, en apparence si différent
de leur ancienne idolâtrie, n’était ni plus ni moins qu’y retourner. Observer
les jours et rendre culte aux faux dieux, était autant que se détourner du Dieu
vivant et vrai, de son Fils Jésus Christ, du Saint Esprit, — de ce groupe
brillant de dignités et de gloires appartenant au christianisme.
C’est un fait des plus solennels pour les chrétiens professants, et nous nous demandons si le sens et l’importance de Gal. 4:8-10, est réellement saisi par la grande majorité de ceux qui professent croire à la Bible. Que chacun examine sa position, ses habitudes, ses voies et ses relations, pour voir si, de fait, il ne suit pas l’exemple des assemblées de Galatie, dans l’observance des jours fériés, ou en d’autres choses semblables, qui ne sont propres qu’à détourner les âmes de Christ et de son glorieux salut. Un jour vient où les yeux de milliers d’âmes s’ouvriront à la réalité de ces choses ; ils verront alors ce qu’ils refusent de voir, c’est que les erreurs les plus grossières et les plus sombres du paganisme peuvent se reproduire sous le nom du christianisme, et en rapport avec les plus belles vérités qui aient jamais brillé aux yeux de l’intelligence humaine.
Prêtons maintenant notre
attention au fait présenté au verset 21 de notre chapitre, savoir que Moïse,
pour la troisième fois, rappelle à la congrégation les dispensations
judiciaires de Dieu envers lui-même. Il en avait parlé, comme nous l’avons vu,
au chap. 1:37 ; et encore au chap. 3:26 ; ici, de nouveau, il leur
dit : « Et l’Éternel s’irrita contre moi, à cause de vous, et il jura
que je ne passerais pas le Jourdain et que je n’entrerais pas dans le bon pays
que l’Éternel, ton Dieu, te donne en héritage ; car, pour moi, je mourrai
dans ce pays, je ne passerai pas le Jourdain ; mais vous allez le passer,
et vous posséderez ce bon pays ».
Pourquoi répéter trois fois
cette allusion au même fait ? — Et pourquoi, chaque fois, la mention
spéciale de cette circonstance que l’Éternel a été irrité contre lui, à cause d’eux ?
Une chose est certaine : il n’était nullement dans l’intention de Moïse de
jeter du blâme sur le peuple, ou de se disculper ; un incrédule seul
pourrait le supposer. Ce à quoi il visait, était de donner le plus possible de
force morale et de solennité à son exhortation. Si l’Éternel était irrité
contre un homme tel que Moïse ; si, à cause de sa parole imprudente aux
eaux de Meriba, il ne lui fut pas permis d’entrer au pays de la promesse, —
quoiqu’il le désirât si vivement, — combien plus, eux, devaient-ils prendre
garde ? C’est une chose sérieuse d’avoir affaire avec Dieu, une chose
bénie, sans doute, mais des plus sérieuses, comme le législateur lui-même fut
appelé à le prouver en sa personne. Les paroles suivantes viennent à l’appui de
cette vérité : « Prenez garde à vous, de peur que vous n’oubliiez l’alliance
de l’Éternel, votre Dieu, qu’il a traitée avec vous, et que vous ne vous
fassiez une image taillée, la forme d’une chose quelconque, ce que l’Éternel,
ton Dieu, t’a commandé de ne pas faire. Car l’Éternel, ton Dieu, est un feu
consumant, un Dieu jaloux » (vers. 23-24). Il nous faut laisser à cette
vérité tout son poids moral sur nos âmes. On entend dire parfois :
« Dieu est un feu consumant pour le monde ».
Il le sera, dans la suite, sans doute, mais, maintenant, il agit
en grâce, en patience et en longanimité envers le monde. N’oublions pas que l’apôtre
Pierre nous dit : « Car le temps est venu de commencer le jugement
par la maison de Dieu ;
mais, s’il
commence premièrement par nous, quelle sera la fin de ceux qui n’obéissent pas
à l’évangile de Dieu ? » (1 Pierre 4:17). Nous lisons aussi dans Héb.
12:29 : « Car aussi, notre
Dieu
est un feu consumant ».
Il ne
parle pas de ce que Dieu sera pour le monde, mais de ce qu’il est pour nous. L’Écriture
ne peut être ainsi tordue ; il faut la prendre comme elle est :
claire et distincte ; tout ce que nous ayons à faire est d’écouter et d’obéir.
« Notre Dieu est un feu consumant », un Dieu jaloux, non pas de nous
consumer, béni soit son saint Nom ! mais de consumer le mal en nous et
dans nos voies. Il ne peut tolérer en nous quoi que ce soit de contraire à sa
sainteté, et, par conséquent, à notre vrai bonheur, à notre bénédiction réelle.
Comme « Père Saint », il nous maintient dans une voie digne de lui-même ;
s’il nous châtie, c’est afin de nous rendre participants de sa sainteté. Il
laisse le monde suivre ses voies, n’intervenant pas publiquement ; mais il
juge sa maison, et il châtie ses enfants, afin qu’ils répondent mieux à ses
pensées, et qu’ils soient l’expression de son image morale.
En vérité, c’est un immense privilège, découlant de la grâce infinie de notre Dieu qui condescend à s’intéresser lui-même à nous ; à s’occuper de nos infirmités, de nos manquements et de nos péchés, afin de nous en délivrer et de nous rendre participants de sa sainteté.
Il y a encore un passage
remarquable relatif à ce sujet : « Mon fils, ne méprise pas la
discipline du Seigneur, et ne perds pas courage quand tu es repris par
lui ; car celui que le Seigneur
aime, il le discipline
, et il fouette
tout fils
qu’il agrée. Vous endurez des peines comme discipline : Dieu
agit envers vous comme envers des fils, car qui
est le fils
que le père ne discipline pas ? Mais si vous êtes sans la discipline
à laquelle tous
participent, alors vous êtes des bâtards
et non pas des fils.
De plus, nous avons eu les pères de notre chair pour
nous discipliner, et nous les avons respectés ; ne serons-nous pas
beaucoup plutôt soumis au Père des esprits, et nous vivrons ? Car ceux-là
disciplinaient pendant peu de jours, selon qu’ils le trouvaient bon ; mais celui-ci nous discipline pour notre
profit, afin que nous participions à sa sainteté.
Or aucune discipline,
pour le présent, ne semble être un sujet de joie, mais de tristesse mais plus
tard, elle rend le fruit paisible de la justice à ceux qui sont exercés par
elle. C’est pourquoi, redressez les mains lassées et les genoux
défaillants » (Héb. 12:5-12).
Il y a trois manières de
recevoir la discipline divine : nous pouvons la « mépriser
», comme une chose ordinaire
qui peut arriver à chacun ; nous n’y voyons pas la main de Dieu.
Il peut nous arriver aussi de « perdre
courage » sous son poids, comme trop lourd à porter. Nous ne reconnaissons
pas le cœur du Père
dans cette
dispensation, ni son but miséricordieux, savoir de nous rendre participants de
sa sainteté. En dernier lieu, nous pouvons être « exercés
par elle », et c’est le moyen de recueillir ensuite
« le fruit paisible de la justice ».
Nous n’osons pas « mépriser
»
une chose dans laquelle nous reconnaissons
la main de Dieu. Nous ne devons pas « perdre
courage
» sous une dispensation, dans laquelle nous discernons
clairement le cœur du Père qui nous aime, et qui ne permettra pas que nous
soyons tentés au-delà de nos forces, mais qui donnera une issue à l’épreuve,
afin que nous puissions la supporter ; il nous explique aussi son but dans
la discipline, et nous assure que chaque coup de sa verge est une preuve de son
amour, et une réponse directe à la prière de Christ, dans Jean 17:11, où il
nous recommande aux soins du « Père Saint », pour qu’il nous garde en
ce nom et en tout ce que ce nom implique.
Il y a, de plus, trois attitudes distinctes du cœur en rapport avec la discipline divine, savoir la sujétion, la soumission, et la joie. Quand la volonté est brisée, il y a sujétion. Lorsque l’intelligence est éclairée quant au but du châtiment, il en résulte une soumission calme. Et quand les affections sont engagées quant au cœur du Père, il y a joie, et nous pouvons aller en avant d’un cœur content, recueillant en abondance des fruits paisibles de justice à la louange de Celui qui, dans son amour diligent, s’occupe de ce qui nous concerne, et agit envers nous selon son saint gouvernement, concentrant ses soins sur chacun, comme s’il n’y en avait qu’un seul à soigner.
Combien cette pensée devrait nous aider dans toutes nos épreuves ! Nous sommes entre les mains de Celui dont l’amour est infini, la sagesse infaillible, dont le pouvoir est tout puissant, et les ressources inépuisables. Pourquoi alors serions-nous rejetés ? S’il nous châtie, c’est parce qu’il nous aime et cherche notre bien réel. Nous pouvons trouver le châtiment pénible, nous sentir portés à nous demander parfois comment l’amour peut nous infliger la souffrance et la maladie ; mais souvenons-nous que l’amour divin est sage et fidèle, et ne dispense les peines, la maladie ou le deuil, que pour notre profit et notre bénédiction. Nous ne devons pas toujours juger de l’amour par la forme qu’il revêt. Regardez une bonne et tendre mère appliquant un vésicatoire à son enfant qu’elle aime comme son âme. Elle sait parfaitement que ce remède le fera souffrir ; pourtant elle l’applique sans hésiter, sans écouter son cœur sensible, sachant que la chose est absolument nécessaire, et que, humainement parlant, la vie de son enfant en dépend. Elle sent, qu’avec la bénédiction de Dieu, quelques moments de souffrance rendront la santé à son enfant bien-aimé. Ainsi, tandis que l’enfant n’est occupé que de la douleur passagère, la mère pense au bien permanent ; et si l’enfant pouvait être en communion de pensées avec la mère, le remède ne lui semblerait pas si dur à supporter.
Ceci est une image de la manière dont notre Père agit dans ses dispensations disciplinaires envers nous, et si nous savions nous le rappeler, ce serait d’un grand secours pour supporter tout ce que sa main trouve bon de nous infliger. — On pourrait objecter qu’il n’y a pas de comparaison entre un remède appliqué pour quelques minutes, et des années de souffrances et de peines corporelles intenses. Sans doute, mais quelle différence entre le résultat obtenu dans chaque cas ! Ce n’est qu’avec le principe de la chose que nous avons affaire. Lorsque nous voyons un cher enfant de Dieu appelé à traverser des années de vives souffrances, nous sommes tentés de nous demander pourquoi ; lui-même peut aussi se faire la même question, et être parfois sur le point de perdre courage, d’être accablé sous le poids de sa longue épreuve. Il se peut même qu’il en vienne à s’écrier : « Pourquoi en est-il ainsi ? Cette épreuve peut-elle m’avoir été dispensée par amour, et être l’expression de la sollicitude d’un Père ? » — « Oui, certes », est la réponse claire et décidée de la foi. « C’est tout amour, et divinement juste. Je ne voudrais pas pour rien au monde qu’il en fût autrement. Je sais que cette souffrance passagère opère une bénédiction éternelle, je sais que le Père qui m’aime m’a mis dans ce creuset pour me purifier des impuretés de la chair, et reproduire en moi sa propre image ; donc cette souffrance est la meilleure chose pour moi. Naturellement, je la sens, mais c’est l’intention de mon Père céleste que je la sente, comme la mère avec son remède, sans cela, il ne ferait aucun bien ».
Telle est, lecteur chrétien, la disposition convenable pour traverser quelque épreuve que ce soit.
Reprenons maintenant les derniers versets de notre chapitre, qui renferment des appels si touchants au cœur et à la conscience de la congrégation au sujet de l’obéissance. Si Moïse leur parle de la fournaise de fer d’Égypte, de laquelle l’Éternel, dans sa souveraine grâce, les a délivrés ; s’il insiste sur les signes puissants et les miracles opérés en leur faveur ; s’il leur représente les gloires de ce pays où ils allaient entrer ; ou s’il raconte les voies merveilleuses de Dieu envers eux dans le désert ; — le tout a pour but d’affermir la base morale des droits de l’Éternel à leur obéissance. Le passé, le présent et l’avenir, tout est exposé, comme pour faire peser sur eux la responsabilité, pour fournir des arguments puissants en faveur de leur consécration entière au service de leur Libérateur.
En un mot, ils avaient toute raison pour obéir ; et pas une excuse possible pour la désobéissance. Tous les faits de leur histoire, du premier au dernier, étaient calculés pour donner de la force morale à l’exhortation et à l’avertissement du passage suivant : « Prenez garde que vous n’oubliiez l’alliance de l’Éternel, votre Dieu, qu’il a traitée avec vous, et que vous ne vous fassiez une image taillée, la forme d’une chose quelconque, ce que l’Éternel, ton Dieu, t’a commandé de ne pas faire. Car l’Éternel, ton Dieu, est un feu consumant, un Dieu jaloux ».
« Quand tu auras engendré des fils et des petits-fils, et que vous aurez vécu longtemps dans le pays, et que vous vous serez corrompus, et que vous aurez fait une image taillée, la forme d’une chose quelconque, et que vous aurez fait ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, ton Dieu, pour le provoquer à colère, j’appelle aujourd’hui à témoin contre vous les cieux et la terre, que vous périrez bientôt entièrement de dessus le pays où, en passant le Jourdain, vous entrez afin de le posséder ; vous n’y prolongerez pas vos jours, car vous serez entièrement détruits. Et l’Éternel vous dispersera parmi les peuples ; et vous resterez en petit nombre parmi les nations où l’Éternel vous mènera. Et vous servirez là des dieux, ouvrage de mains d’homme, du bois et de la pierre, qui ne voient, ni n’entendent, ni ne mangent, ni ne flairent » (vers. 23-28).
Le ciel et la terre sont appelés à témoigner de ces choses. Hélas ! comme tout ceci fut vite et complètement oublié ! Et comme toutes ces terribles prophéties ont été littéralement accomplies dans l’histoire de la nation !
Mais, béni soit Dieu, il y a
miséricorde aussi bien que jugement ; notre Dieu est quelque chose de plus
qu’un « feu consumant et qu’un Dieu jaloux ».
Il est en vérité un feu consumant, parce qu’il est saint. De plus,
il est jaloux, parce qu’il ne peut supporter un rival quelconque dans le cœur
de ceux qu’il aime. Il lui faut avoir le cœur tout entier, parce que Lui seul
en est digne, et peut le remplir et le satisfaire à jamais. Si ses enfants se
détournent de Lui, et vont après des idoles de leur propre imagination, ils
devront moissonner les fruits amers de leurs propres œuvres, et prouveront par
une triste et terrible expérience, la vérité de ces paroles : « les
misères de ceux qui courent après un autre seront multipliées ».
(vers. 29). Remarquez de
quelle manière touchante Moïse présente au peuple le côté brillant des choses —
brillant d’une lumière provenant de la stabilité éternelle de sa grâce et de la
pleine suffisance de cette grâce à tous les besoins de son peuple :
« Et de là vous chercherez l’Éternel, ton Dieu ; et tu le trouveras,
si tu le cherches de tout ton cœur et de toute ton âme. Dans ta
détresse », — moment propice pour découvrir ce qu’est notre Dieu, —
« et lorsque toutes ces choses t’auront atteint, à la fin des jours, tu
retourneras à l’Éternel, ton Dieu, et tu écouteras sa voix ».
— Sera-t-il alors un « feu
consumant » ? Non : « L’Éternel, ton
Dieu est un Dieu miséricordieux, il ne t’abandonnera pas et ne
te détruira pas, et il n’oubliera pas l’alliance de tes pères, qu’il leur a
jurée » (vers. 30-31).
Nous avons ici un
remarquable coup d’œil dans l’avenir d’Israël, leur séparation de Dieu, et leur
dispersion parmi les nations ; la rupture complète de leur forme de
gouvernement, et la perte de leur gloire nationale. Mais, béni soit le Dieu de
toute grâce, il y a quelque chose au-delà de tous ces manquements, de cette ruine
et de ce jugement. En considérant la dernière phase de la triste histoire d’Israël,
— histoire qui peut réellement se résumer dans cette courte phrase :
« C’est ta destruction, Israël, que tu aies été contre moi, contre ton
secours » (Osée 13:9),
nous
voyons le déploiement de la grâce du Dieu de leurs pères quand il se révèle
comme étant le secours d’Israël. Dans la première partie de cette phrase, nous
avons la flèche aiguisée pour la conscience du peuple ; dans la dernière,
le baume qui peut calmer son cœur brisé.
Il y a deux côtés de l’histoire d’Israël, la partie historique et la partie prophétique. La première rapporte leur complète ruine. L’autre révèle le remède de Dieu. Le passé d’Israël a été sombre et triste ; son avenir sera brillant et glorieux. Dans le premier, nous voyons les misérables actions des hommes ; dans le dernier, les voies bénies de Dieu. — Le passé nous donne l’illustration de ce qu’est l’homme ; l’avenir la brillante démonstration de ce que Dieu est. Il faut considérer les deux côtés, si nous voulons avoir une vraie intelligence de l’histoire de ce peuple remarquable. « Un peuple merveilleux dès ce temps » — et, nous pouvons ajouter, un peuple admirable jusqu’à la fin des temps.
Nous sentons l’obligation d’attirer l’attention du lecteur sur les précieux enseignements contenus dans le dernier passage cité. En peu de mots, il réunit toutes les vérités relatives au passé, au présent et à l’avenir d’Israël. Leur passé, par exemple, est vivement dépeint dans ces quelques mots : « Quand tu auras engendré des fils et des petits-fils, et que vous aurez vécu longtemps dans le pays, et que vous vous serez corrompus, et que vous aurez fait une image taillée, la forme d’une chose quelconque, et que vous aurez fait ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, ton Dieu, pour le provoquer à colère… »
N’est-ce pas là précisément ce qu’ils ont fait ? Ils ont fait ce qui déplaît à l’Éternel, leur Dieu, afin de l’irriter. Ce seul mot : « ce qui est mauvais », comprend tout, depuis le veau en Horeb jusqu’à la croix du Calvaire. Tel est le passé d’Israël.
Quant à leur état présent, ne sont-ils pas un monument stable de la vérité impérissable de Dieu ? Est-il tombé un seul iota ou un trait de lettre de tout ce que Dieu a prononcé ? Écoutez ces paroles : « J’appelle aujourd’hui à témoin contre vous les cieux et la terre, que vous périrez bientôt entièrement de dessus le pays où, en passant le Jourdain, vous entrez afin de le posséder ; vous n’y prolongerez pas vos jours, car vous serez entièrement détruits. Et l’Éternel vous dispersera parmi les peuples ; et vous resterez en petit nombre parmi les nations où l’Éternel vous mènera ».
Tout ceci n’a-t-il pas été accompli à la lettre ? Qui pourrait mettre la chose en question ? Le passé et le présent d’Israël attestent tous deux la vérité de la parole de Dieu. Nous pouvons donc, en toute justice, déclarer que, comme le passé et le présent sont un accomplissement littéral de la vérité de Dieu, l’avenir le sera aussi assurément. Le même Esprit a dicté les pages de l’histoire, et celles de la prophétie ; c’est pourquoi elles sont aussi vraies l’une que l’autre, et de même que l’histoire nous rapporte le péché et la dispersion d’Israël, la prophétie nous prédit le repentir du peuple et son relèvement. Pour la foi, l’un est aussi vrai que l’autre. Aussi sûrement qu’Israël a péché dans le passé, et qu’il est dispersé actuellement, aussi sûrement se repentira-t-il et sera-t-il relevé dans l’avenir.
Tout ceci est au-dessus de tout raisonnement. Il n’y a pas un des prophètes, depuis Ésaïe jusqu’à Malachie, qui ne publie en accents pleins de grâce les bénédictions futures, la prééminence et la gloire de la semence d’Abraham (*). Nous aimerions pouvoir citer quelques-uns des sublimes passages se rapportant à ce sujet si intéressant ; mais il nous faut laisser ce soin au lecteur, recommandant tout spécialement à son attention la précieuse portion de l’Écriture contenue dans les derniers chapitres d’Ésaïe, dans laquelle il trouvera une pleine confirmation de cette vérité exprimée par l’apôtre : « Tout Israël sera sauvé » (Rom. 11:26). Tous les prophètes, « depuis Samuel et ceux qui l’ont suivi » (Actes 3:24), sont d’accord en ceci. Les enseignements du Nouveau Testament sont en harmonie avec la voix des prophètes ; ainsi, mettre en question la vérité concernant la restauration d’Israël dans son propre pays, et les bénédictions finales qui y seront leur partage, sous le règne de leur propre Messie, serait ignorer ou nier le témoignage des prophètes et des apôtres, parlant et écrivant sous l’inspiration directe de Dieu.
(*) Il est entendu que Jonas fait exception, sa mission était à Ninive. Il est le seul prophète, dont la mission fut exclusivement relative aux Gentils.
Il peut paraître étrange que ceux qui aiment Christ puissent ignorer ou nier ces témoignages ; cependant ils le font et l’ont fait, soit par suite de préjugés religieux, soit en vertu de certaines tendances théologiques. Mais, malgré tout, la vérité glorieuse du rétablissement d’Israël, et de sa prééminence sur la terre, brille avec une vive clarté dans les pages prophétiques, et tous ceux qui cherchent à la rejeter, ou à l’interpréter de quelque autre manière, se voient dans le cas, non seulement d’éviter la clarté des Saintes Écritures, et de contredire la voix unanime des apôtres et des prophètes, mais encore de s’ingérer dans les conseils et les promesses du Seigneur, Dieu d’Israël, pour aboutir finalement à annuler son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob.
C’est une chose bien sérieuse de s’engager dans cette voie, et plusieurs, nous le croyons, l’ont fait sans le savoir, car il faut comprendre que quiconque applique à l’Église les promesses faites aux pères dans l’Ancien Testament, commet la faute grave dont nous parlons. Nous maintenons que personne n’a le moindre droit d’aliéner les promesses faites aux pères. Nous pouvons y prendre plaisir, retirer du bien et de l’encouragement de leur éternelle stabilité et de leur application directe et littérale ; mais lorsque, sous l’influence d’un système d’interprétation appelé « spiritualiste », on applique à l’Église, ou aux croyants du Nouveau Testament, des prophéties qui s’appliquent à Israël, nous considérons cela comme une chose très sérieuse et contraire à la pensée et au cœur de Dieu. Il aime Israël ; il l’aime à cause des pères, et nous pouvons être assurés qu’il n’approuve pas notre intervention dans leur position, leur lot, ou leurs espérances. Les paroles de Paul aux Romains, chap. 11, nous sont familières, mais il se peut que nous en ayons ignoré ou oublié le vrai sens et la force morale.
Parlant d’Israël, en rapport
avec l’olivier de la promesse, l’apôtre dit : « Et eux aussi, s’ils
ne persévèrent pas dans l’incrédulité, ils seront entés, car » — raison
des plus simples et précieuse — « Dieu
est puissant
pour les enter de nouveau. Car si toi, tu as été coupé de l’olivier
qui selon la nature, était sauvage, et as été enté contre nature sur l’olivier
franc, combien plus ceux qui en sont selon la nature seront-ils entés sur leur
propre olivier ? Car je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce
mystère-ci, afin que vous ne soyez pas sages à vos propres yeux : c’est qu’un
endurcissement partiel
est arrivé à
Israël jusqu’à ce que la plénitude des nations soit entrée (*) ; et ainsi tout Israël sera sauvé, selon qu’il
est écrit : Le libérateur viendra de Sion ; il détournera de Jacob l’impiété.
Et c’est là l’alliance de ma part pour
eux,
lorsque j’ôterai leurs péchés.
En
ce qui concerne l’Évangile, ils sont ennemis à cause de vous ; mais en ce
qui concerne l’élection, ils sont bien-aimés à cause des pères. Car les dons de
grâce et l’appel de Dieu sont sans repentir. Car comme vous aussi vous avez été
autrefois désobéissants à Dieu et que maintenant vous êtes devenus des objets
de miséricorde par la désobéissance de ceux-ci, de même ceux-ci aussi ont été
maintenant désobéissants à votre miséricorde, afin qu’eux aussi deviennent des
objets de miséricorde ».
C’est-à-dire
qu’au lieu d’entrer sur le terrain de la loi, ou de leur descendance selon la
chair, ils viendront simplement, tout comme les gentils, sur le terrain de l’élection
selon la grâce souveraine. « Car Dieu a renfermé tous, Juifs et nations,
dans la désobéissance, afin de faire miséricorde à tous » (Rom. 11:23-32).
(*) Le lecteur doit saisir
la différence entre « la plénitude des gentils », dans Rom. 11, et
« le temps des nations »,
dans
Luc 21. Le premier passage se rapporte à ceux qui forment maintenant l’Église.
Le second, au contraire, a rapport au temps de la suprématie des nations,
commençant avec Nebucadnetsar, et continuant jusqu’au temps où « la pierre
coupée sans main » tombera avec puissance et écrasera la grande statue de
Daniel 2.
Nous ne pouvons nous
empêcher de citer la doxologie, par laquelle l’apôtre termine la grande
exposition des dispensations ou des économies selon le plan de Dieu :
« Ô profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de
Dieu Que ses jugements sont insondables, et ses voies introuvables ! Car
qui a connu la pensée du Seigneur, ou qui a été son conseiller ? ou qui
lui a donné le premier, et il lui sera rendu ? Car de
lui », — comme la source, — « et par
lui », — comme canal, — « et pour
lui », — comme objet, — « sont toutes choses !
À lui soit la gloire éternellement ! Amen » (vers. 33-36).
Cette magnifique partie de l’épître aux Romains est en parfait accord avec l’enseignement du chapitre 4 de notre livre. La condition présente d’Israël est le fruit de sa désobéissance ; sa gloire future sera le fruit de la riche et souveraine miséricorde de Dieu. « Car l’Éternel, ton Dieu, est un Dieu miséricordieux, il ne t’abandonnera pas et ne te détruira pas ; et il n’oubliera pas l’alliance de tes pères qu’il leur a jurée. Car, enquiers-toi donc des premiers jours qui ont été avant toi, depuis le jour où Dieu a créé l’homme sur la terre, et d’un bout des cieux jusqu’à l’autre bout des cieux », — Dieu en appelait aux limites extrêmes du temps et de l’espace, pour voir — « si jamais il est rien arrivé comme cette grande chose, et s’il a été rien entendu de semblable. Est-ce qu’un peuple a entendu la voix de Dieu parlant du milieu du feu, comme toi tu l’as entendue, et est demeuré en vie ? Ou Dieu a-t-il essayé de venir prendre pour lui une nation du milieu d’une nation, par des épreuves, par des signes, et par des prodiges, et par la guerre, et à main forte, et à bras étendu, et par de grandes terreurs, selon tout ce que l’Éternel, votre Dieu, a fait pour vous en Égypte, sous tes yeux. Cela t’a été montré, afin que tu connusses que l’Éternel est Dieu, et qu’il n’y en a point d’autre que lui. Des cieux, Il t’a fait entendre sa voix pour t’instruire, et, sur la terre, il t’a fait voir son grand feu, et tu as entendu ses paroles du milieu du feu » (vers. 31-36).
Le grand objet de toutes les voies divines relativement à Israël ressort de ces paroles avec une singulière puissance morale. C’était afin qu’ils pussent connaître que l’Éternel était le seul Dieu vivant et vrai, et qu’il n’y en avait, et ne pouvait y en avoir aucun autre, en dehors de Lui. En un mot, le dessein de Dieu était qu’Israël fût un témoin pour Lui sur la terre ; et, c’est assurément ce qu’il sera, quoiqu’il ait failli jusqu’à être la cause que son saint Nom a été blasphémé parmi les nations. Mais l’alliance de l’Éternel existera à toujours. Israël sera un témoin vivant de Dieu sur la terre, et le canal de riches bénédictions pour toutes les nations. L’Éternel a juré qu’il en serait ainsi ; et toutes les puissances réunies, de l’enfer, de l’homme et de Satan, ne pourront empêcher le plein accomplissement de tout ce qu’il a prononcé. Sa gloire est intéressée à l’avenir d’Israël, et si un seul iota de sa parole devait tomber, ce serait un déshonneur jeté sur son grand Nom, et un triomphe de l’ennemi, chose complètement impossible. L’anneau qui relie les futures bénédictions d’Israël, et la gloire de l’Éternel ne peut être brisé. Tant que ce fait n’a pas été pleinement saisi, on ne peut avoir l’intelligence du passé, ni de l’avenir d’Israël, et tout système d’interprétation prophétique est frappé de fausseté.
Une autre vérité est mise en
avant dans notre chapitre : savoir, que non seulement la gloire de l’Éternel
est intéressée au relèvement et aux bénédictions futures d’Israël, mais que son cœur
y est engagé. C’est ce qui est
révélé d’une manière touchante, dans les paroles suivantes : « Et
parce qu’il a aimé tes pères, et qu’il a choisi leur semence après eux, il t’a
fait sortir d’Égypte par sa face, par sa grande puissance, pour déposséder
devant toi des nations plus grandes et plus fortes que toi, pour t’introduire
dans leur pays, afin de te le donner en héritage, comme il paraît aujourd’hui »
(vers. 37-38).
De cette manière, la vérité de la parole de Dieu, la gloire de son Nom, et l’amour de son cœur, sont compris dans ses dispensations envers la postérité d’Abraham, son ami ; aussi, bien que les Juifs aient transgressé la loi, déshonoré son Nom, méprisé sa grâce, rejeté ses prophètes, crucifié son Fils, et résisté à son Esprit, et soient en conséquence dispersés, et destinés à passer par une tribulation future sans exemple, — cependant le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, glorifiera son Nom, ratifiera sa parole, et manifestera l’amour immuable de son cœur, dans l’histoire à venir de son peuple terrestre. Rien ne change l’amour de Dieu ; qui que ce soit qu’il aime, il l’aime jusqu’à la fin.
Si nous nions cette vérité
quant à Israël, nous n’avons pas un pouce de terrain solide sur lequel nous
appuyer nous-mêmes : « Car autant il y a de promesses de Dieu, en lui
est le oui et en lui l’amen, à la gloire de Dieu par nous » (2 Cor. 1:20).
Dieu s’est engagé en faveur de la postérité d’Abraham. Il a promis de lui
donner le pays de Canaan, à toujours
.
Ses dons de grâce et son appel sont sans repentir » (Rom. 11:29). C’est
pourquoi toute tentative d’infirmer ses promesses et ses dons, ou d’intervenir
d’une manière quelconque dans leur application à leur vrai objet, doit être une
offense pour Lui. Cela entache l’intégrité de la vérité de Dieu, nous dépouille
de toute certitude quant à l’interprétation des Saintes Écritures, et plonge l’âme
dans les ténèbres du doute.
L’enseignement de l’Écriture est clair. Le Saint Esprit qui a dicté le Volume sacré, entend ce qu’il dit, et dit ce qu’il entend. S’il parle d’Israël, il entend Israël, — de Sion, il entend Sion, — de Jérusalem, Jérusalem. Appliquer quelqu’un de ces noms à l’Église du Nouveau Testament, c’est confondre des choses qui diffèrent, et introduire une méthode d’interpréter l’Écriture qui, par son inconsistance, ne peut conduire qu’aux plus désastreuses conséquences. Si nous manions la parole de Dieu de cette manière irrespectueuse, nous ne pourrons en réaliser la divine autorité sur notre conscience, ou en manifester la puissance dans notre marche.
Considérons maintenant l’appel
par lequel Moïse résume son discours dans notre chapitre : « Sache donc
aujourd’hui, et médite en ton cœur
, que l’Éternel est
Dieu dans les cieux en haut, et sur la terre en bas : il n’y en a point d’autre.
Et garde ses statuts et ses commandements que je te commande aujourd’hui, afin
que tu prospères, toi et tes fils après toi, et que tu prolonges tes jours sur
la terre que l’Éternel, ton Dieu, te donne, pour toujours » (vers. 39-40).
Nous voyons ici que le droit moral à leur obéissance est fondé sur le caractère révélé de Dieu, et sur ses voies merveilleuses à leur égard. En un mot, ils étaient tenus d’obéir, par tous les arguments susceptibles d’agir sur leur cœur, leur conscience et leur intelligence. Celui qui les avait retirés du pays d’Égypte à main forte et à bras étendu ; qui avait fait trembler ce pays par les coups redoublés de sa verge judiciaire ; celui qui avait fendu les eaux pour leur frayer un passage à travers la mer ; qui leur avait envoyé du pain du ciel, et leur avait fait sortir de l’eau du rocher, — le tout, pour la gloire de son grand Nom, et parce qu’il aimait leurs pères, — avait sûrement droit à leur entière obéissance.
Si les fils d’Israël étaient
moralement tenus d’obéir, combien plus le sommes-nous ! Si leurs motifs et
leur objet étaient puissants, combien plus le sont les nôtres ! En sentons-nous
la puissance ? Les droits de Christ sur nous sont-ils le sujet de nos
méditations ? Nous rappelons-nous que nous ne sommes plus à nous-mêmes,
mais rachetés au prix infiniment précieux du sang de Christ ?
Cherchons-nous à vivre pour Lui ? Sa gloire est-elle notre objet, son
amour, notre mobile ? Ou bien, vivons-nous pour nous-mêmes ?
Cherchons-nous nos aises dans le monde qui a crucifié notre Seigneur et
Sauveur ? Cherchons-nous à amasser de l’argent ? L’aimons-nous soit
pour lui-même, soit pour ce qu’il peut nous procurer ? L’argent nous gouverne-t-il
? Sommes-nous à la
recherche d’une position dans ce monde, pour nous-mêmes, ou pour nos
enfants ? Sondons notre cœur en toute honnêteté, à la lumière de sa
présence, et recherchons quel est l’objet qui gouverne ou que chérit notre
cœur.
Pesons ces questions à la
lumière même du tribunal de Christ. Le temps où nous vivons est très solennel.
On voit de tous côtés une fausseté effrayante, et nulle part elle n’est plus
apparente que dans la soi-disant religion. Le temps même où nous sommes
parvenus, a été décrit par une plume qui n’exagère jamais : « Or
sache ceci, que dans les derniers jours
il
surviendra des temps fâcheux ; car les hommes seront égoïstes,
avares, vantards,
hautains,
outrageux, désobéissants à leurs parents
,
ingrats, sans piété, sans affection
naturelle
, implacables, calomniateurs
,
incontinents, cruels, n’aimant pas le bien, traîtres, téméraires, enflés d’orgueil,
amis des voluptés plutôt qu’amis de Dieu
»,
— et l’apôtre couronne cet effrayant tableau par ces mots « ayant la forme
de la piété, mais en ayant renié la puissance » (2 Tim. 3:1-5).
Ces quelques phrases nous
dépeignent la chrétienté infidèle ;
comme
1 Tim. 4 avait peint la chrétienté superstitieuse.
Dans ce dernier passage, nous voyons le papisme ; dans le premier, l’incrédulité,
deux éléments qui sont à l’œuvre autour de nous, et dont le dernier aura
bientôt la suprématie, vers laquelle il s’avance à grands pas. Les conducteurs
mêmes et les docteurs de la chrétienté n’ont pas honte d’attaquer les
fondements du christianisme. Un évêque soi-disant chrétien n’a pas honte, et ne
craint pas de mettre en question l’authenticité des cinq livres de Moïse, et
même celle de la Bible entière ; puisque, si Moïse n’est pas l’écrivain
inspiré du Pentateuque, l’édifice entier de l’Écriture Sainte croule sous nos
pieds. Les écrits de Moïse se lient si intimement avec toutes les autres
grandes divisions du volume divin que, si on y touche, tout croule. Les
colonnes mêmes du christianisme disparaîtraient, et nous aurions à chercher
notre chemin en tâtonnant au milieu du conflit des opinions et des théories de
docteurs infidèles, sans aucun rayon de la lampe divine de l’inspiration.
Ceci paraît-il trop fort à notre lecteur ? Croit-il qu’il soit possible d’accepter le désaveu de l’inspiration de Moïse, et puis de croire à l’inspiration des Psaumes, des Prophètes et du Nouveau Testament ? Celui qui croit cela est le jouet d’une fatale illusion. Qu’il lise avec attention le passage suivant, et qu’il se demande quelle en est la signification et la portée ? Notre Seigneur, en parlant aux Juifs, — qui n’auraient été d’accord avec aucun évêque chrétien pour nier l’authenticité de Moïse, — dit : « Ne pensez pas que moi, je vous accuserai devant le Père ; il y en a un qui vous accuse, Moïse en qui vous espérez. Car si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi ; car lui a écrit de moi. Mais si vous ne croyez pas ses écrits, comment croirez-vous mes paroles ? » (Jean 5:45-47).
Un homme qui ne croit pas
aux écrits de Moïse et ne les reçoit pas comme divinement inspirés, ne croit
pas aux paroles de Christ, et, par conséquent, ne peut avoir une foi d’origine
divine, en Christ lui-même ; il ne peut donc pas être un chrétien. C’est
donc une chose bien sérieuse pour l’homme de nier la divine inspiration du
Pentateuque. Il est tout aussi sérieux d’écouter un tel homme, ou de
sympathiser avec lui. C’est très bien de parler de charité chrétienne et de
libéralité d’esprit, mais nous avons à considérer si c’est avoir de la charité
ou être libéral que de paraître approuver, en quelque manière que ce soit, un
homme qui a l’audace de faire crouler sous nos pieds les fondements mêmes de
notre foi. Qu’un tel homme soit un évêque ou un ministre de quelque
dénomination que ce soit rend la chose mille fois pire. Nous pouvons comprendre
un Voltaire ou un Paine attaquant la Bible ; on ne s’attend pas à autre
chose de leur part ; mais, quand ceux qui prétendent être des ministres de
la religion, gardiens reconnus et établis de la foi des élus de Dieu, se
considérant comme ayant seuls le droit d’enseigner et de prêcher Jésus Christ,
de garder et de paître l’Église de Dieu, — quand ceux-là mettent en question l’inspiration
des cinq livres de Moïse, nous sommes forcés de demander : Jusqu’où l’église
professante est-elle descendue ? Prenons encore un autre passage relatif à
notre sujet ; le reproche du Sauveur ressuscité aux deux disciples d’Emmaüs :
« Ô gens sans intelligence et lents de cœur à croire toutes les choses que
les prophètes ont dites ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces
choses, et qu’il entrât dans sa gloire ? Et commençant par Moïse
et par tous les prophètes, il leur expliquait,
dans toutes les Écritures, les choses qui le regardent ».
Puis encore, aux onze et aux autres avec
eux, il dit : « Ce sont ici les paroles que je vous disais quand j’étais
encore avec vous, qu’il fallait que toutes les choses qui sont écrites de moi
dans la loi de Moïse
, et dans les
prophètes, et dans les psaumes, fussent accomplies » (Luc 24:25-27, 44).
Ici nous trouvons que notre Seigneur reconnaît de la manière la plus positive, la loi de Moïse, comme faisant partie intégrante du canon inspiré, et qu’il la lie à toutes les divisions principales du volume divin, de telle sorte qu’il est complètement impossible de toucher à une seule, sans détruire l’intégralité du tout. Si on n’a pas confiance en Moïse, on ne peut pas davantage se fier aux Prophètes ou aux Psaumes ; ils se maintiennent ou tombent ensemble. Non seulement cela, mais nier la divine authenticité du Pentateuque, c’est comme si l’on affirmait que notre adorable Seigneur et Sauveur a donné la sanction de son autorité à une série de documents faux, en les citant comme des écrits de Moïse, tandis que Moïse ne les aurait pas écrits.
Prenez encore le passage qui termine la parabole de l’homme riche et de Lazare : « Mais Abraham lui dit : Ils ont Moïse et les prophètes ; qu’ils les écoutent. Mais il dit : Non, père Abraham mais si quelqu’un va des morts vers eux, ils se repentiront. Et il lui dit : S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne seront pas persuadés non plus si quelqu’un ressuscitait d’entre les morts » (Luc 16:29-31).
Si, en dernier lieu, nous ajoutons à tout ceci, le fait que notre Seigneur, dans sa lutte avec Satan au désert, ne lui cite que les écrits de Moïse, nous aurons un nombre suffisant de preuves, non seulement pour établir, péremptoirement, la divine inspiration de Moïse, mais aussi pour prouver que l’homme qui met en question l’authenticité des cinq premiers livres de la Bible, ne possède, au fait, ni Bible, ni révélation divine, ni fondement solide pour sa foi. Il peut s’appeler, ou être appelé par d’autres un évêque ou un ministre chrétien ; mais en réalité, il est un sceptique, et devrait être traité comme tel par tous ceux qui croient et connaissent la vérité. Nous ne saurions concevoir comment quiconque possède la moindre étincelle de vie divine dans son âme, puisse se rendre coupable du péché odieux de nier l’inspiration d’une grande partie de la parole de Dieu, ou maintenir que notre Seigneur Jésus Christ a pu citer de faux documents.
Nous pouvons avoir paru sévère dans ce qu’on vient de lire. De nos jours, il semble que ce soit chose reçue de reconnaître comme chrétiens, ceux qui nient les fondements mêmes du christianisme. C’est une opinion assez populaire que, pourvu qu’on soit moral, aimable, bienveillant, charitable et philanthrope, peu importent les croyances. On nous dit que la vie vaut mieux que des dogmes ou un credo ; le tout paraît plausible, mais le lecteur peut être assuré que cette manière de parler et de raisonner tend directement à se débarrasser de la Bible, — du Saint Esprit, — de Christ, — de Dieu, — enfin de tout ce que la Bible révèle à nos âmes. Qu’il serre donc cette parole dans son cœur, et l’étudie toujours davantage, avec prière ; il sera ainsi gardé de l’influence délétère du scepticisme et de l’incrédulité ; son âme sera nourrie du lait pur de la Parole et tout son être moral sera à l’abri dans la présence divine.
Terminons maintenant notre méditation sur le chapitre qui vient d’attirer notre attention ; mais auparavant, prenons encore connaissance du remarquable passage concernant les trois villes de refuge. Cela peut paraître un peu abrupt à un lecteur superficiel ; mais cela relie notre sujet avec le parfait ordre moral qui règne dans l’Écriture, où tout est divinement parfait.
« Alors Moïse sépara trois villes, en deçà du Jourdain, vers le soleil levant, afin que l’homicide qui aurait tué son prochain sans le savoir, et qui ne l’aurait pas haï auparavant, s’y enfuît, et que, s’enfuyant dans l’une de ces villes-là, il vécût : Bétser, dans le désert, sur le plateau, qui est aux Rubénites ; et Ramoth, en Galaad, qui est aux Gadites ; et Golan, en Basan, qui est aux Manassites » (vers. 41-43).
Ici nous avons un remarquable déploiement de la grâce de Dieu qui s’élève, comme toujours, au-dessus des faiblesses et des manquements humains. Les deux tribus et demie, en choisissant leur héritage en deçà du Jourdain, restaient séparées de la portion propre à Israël, au-delà du fleuve de la mort. Mais, malgré leur manquement, Dieu ne voulait pas laisser le pauvre meurtrier, sans lieu de refuge, au jour de sa détresse. Si l’homme ne peut s’élever à la hauteur des pensées de Dieu, Lui peut descendre dans les profondeurs des besoins de l’homme, et dans ce cas, il le fait avec tant d’amour, que les deux tribus et demie devaient avoir autant de villes de refuge, en deçà du Jourdain, que les neuf tribus et demie, au pays de Canaan.
C’était une abondance de grâce ; une manière d’agir bien différente de celle de l’homme ! Quelle supériorité sur la loi ou sur la justice légale qui, dans ce cas, aurait pu dire aux deux tribus et demie : « Si vous choisissez votre héritage en dehors des limites divines, si vous vous contentez de moins que Canaan, le pays de la promesse, il ne faut pas vous attendre à jouir des privilèges et des bénédictions du pays. Les institutions de Canaan sont exclusives à Canaan et, par conséquent, chez vous, le meurtrier doit essayer de traverser le Jourdain pour trouver un refuge ».
La loi peut tenir ce langage, mais la grâce parle différemment. Les pensées de Dieu ne sont pas les nôtres, ni ses voies nos voies. À notre point de vue, c’eût été déjà une grâce merveilleuse d’accorder une ville aux deux tribus et demie. Mais notre Dieu fait infiniment au-delà de ce que nous savons demander ou penser ; c’est pourquoi le district comparativement petit en deçà du Jourdain était pourvu d’une aussi abondante provision de grâce que le pays tout entier de Canaan.
Cela prouve-t-il que les deux tribus et demie avaient raison ? Non, mais cela prouve que Dieu est bon, et qu’il agit toujours selon ce qu’il est, en dépit de toute notre faiblesse. Pouvait-il laisser un pauvre meurtrier sans lieu de refuge, au pays de Galaad, parce que Galaad n’était pas Canaan ? Sûrement non. Cela n’aurait pas été digne de Celui qui dit : « Ma justice est proche » (Ésa. 51:5). Il a pris soin de rapprocher la ville de refuge du meurtrier. Il voulait que sa grâce pût venir au-devant de celui qui en avait besoin. Telle est la manière d’agir de notre Dieu.
« Et c’est ici la loi que Moïse plaça devant les fils d’Israël ; ce sont ici les témoignages, et les statuts, et les ordonnances que Moïse exposa aux fils d’Israël, à leur sortie d’Égypte, en deçà du Jourdain, dans la vallée vis-à-vis de Beth-Péor, dans le pays de Sihon, roi des Amoréens, qui habitait à Hesbon, que Moïse et les fils d’Israël frappèrent à leur sortie d’Égypte ; et ils possédèrent son pays, et le pays d’Og, roi de Basan, deux rois des Amoréens, qui étaient en deçà du Jourdain, vers le soleil levant, depuis Aroër qui est sur le bord du torrent de l’Arnon, jusqu’à la montagne de Scion qui est l’Hermon, et toute la plaine en deçà du Jourdain, vers le levant et jusqu’à la mer de la plaine, sous les pentes du Pisga » (vers. 44-49).
Ici se termine ce
merveilleux discours. L’Esprit de Dieu prend plaisir à tracer les limites du
peuple, et à citer les plus petits détails, concernant son histoire. Il prend
un vif intérêt à tout ce qui les concerne, à leurs luttes, à leurs victoires, à
leurs possessions, à leurs frontières, et tout cela avec une grâce et une
condescendance touchantes, qui remplissent le cœur d’admiration. L’homme, dans
son orgueilleuse suffisance, trouve au-dessous de sa dignité d’entrer dans des
détails minutieux ; mais notre
Dieu
compte les cheveux de nos têtes ; recueille nos larmes dans ses
vaisseaux ; prend connaissance de tous nos besoins. Il n’y a rien de trop
petit pour son amour, comme aussi rien de trop grand pour sa puissance. Il
concentre ses soins d’amour sur chacun de ses enfants ; et il n’y a aucune
des moindres circonstances journalières de notre histoire particulière à
laquelle il ne prenne intérêt.
Souvenons-nous de ceci pour
notre sûreté, et puissions-nous apprendre à nous confier mieux en Lui, et à
recevoir avec une foi simple, les soins paternels de son amour. Il nous dit de
Lui remettre tous nos soucis, car il prend soin de nous. Il voudrait que nos
cœurs fussent aussi libres de soucis, que notre conscience de culpabilité.
« Ne vous inquiétez de rien
;
mais, en toutes choses, exposez vos requêtes à Dieu par des prières et des
supplications avec des actions de grâces ; et la paix de Dieu, laquelle
surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ
Jésus » (Phil. 4:6, 7).
Il est à craindre que la grande majorité d’entre nous ne connaissent que bien peu la profondeur réelle de ces paroles. Nous les lisons et les entendons ; mais nous n’en jouissons pas comme étant pour nous. Nous ne les repassons pas dans nos cœurs pour les mettre en pratique. Combien peu nous réalisons cette vérité bénie, que nous pouvons Lui présenter toutes nos difficultés. Il ne faut pas nous imaginer que de telles choses soient indignes de l’attention du Tout-Puissant qui a son trône au-dessus de la terre ; cette idée nous priverait d’incalculables bénédictions journalières. Rien n’est trop grand ou trop petit pour notre Dieu, qui soutient le vaste univers par la parole de sa puissance, et prend garde à un passereau. Il est tout aussi facile pour lui de créer un monde, que de donner un repas à une pauvre veuve. Que la grandeur de sa puissance, comme les soins minutieux de sa grâce, excitent également l’adoration de nos cœurs !
Lecteur chrétien !
Appropriez-vous toutes ces choses. Cherchez à vivre plus près de Dieu dans
votre vie journalière ; appuyez-vous sur Lui. Profitez davantage de sa
grâce. Allez constamment à Lui, et confiez à Lui seul tous
vos besoins : « Mon Dieu suppléera à tous
vos besoins, selon ses richesses en
gloire, par le Christ Jésus » (Phil. 4:19). Quel privilège de pouvoir
placer tous nos besoins devant ses
richesses
, et de perdre de vue les premiers en présence des dernières. Le
trésor inépuisable de la grâce de Dieu vous est ouvert avec tout l’amour dont
son cœur est rempli. Allez-y puiser, en toute simplicité de foi, et vous n’aurez
pas besoin de recourir aux faibles ressources de la créature.
« Et Moïse appela tout Israël, et leur dit : Écoute, Israël, les statuts et les ordonnances que je prononce aujourd’hui à vos oreilles : vous les apprendrez, et vous les garderez pour les pratiquer ».
Observons avec soin ces
quatre mots, si caractéristiques du livre du Deutéronome, et si importants pour
le peuple de Dieu, en tous temps et en tous lieux : « Écouter »,
— « apprendre », — « garder », — « pratiquer ».
Ces paroles sont d’une valeur
inexprimable pour toute âme pieuse, pour tout homme qui désire réellement
marcher dans le sentier étroit de la justice pratique, si agréable à Dieu, si
sûr et si heureux pour nous.
Le premier de ces mots place
l’âme dans l’attitude la plus bénie où elle puisse se trouver, celle d’écouter.
« La foi est de ce qu’on
entend, et ce qu’on entend par la parole de Dieu » (Rom. 10:17). « J’écouterai
ce que dira Dieu, l’Éternel » (Ps. 85:8). « Écoutez et votre âme
vivra » (Ésa. 55:3). L’oreille attentive est à la base de toute vie
chrétienne réelle et pratique. Elle place l’âme dans la seule attitude qui
convienne à la créature. C’est le secret de toute paix et de toute bénédiction.
Il est à peine nécessaire de rappeler au lecteur que, lorsque nous parlons de l’âme dans l’attitude d’écouter, nous supposons que ce qui est écouté est uniquement la parole de Dieu. Israël devait écouter « les statuts et les ordonnances » de l’Éternel, et pas autre chose. Ce n’était point aux commandements, aux traditions et aux doctrines des hommes qu’ils devaient prêter l’oreille, mais aux paroles mêmes du Dieu vivant qui les avait sauvés et délivrés du pays d’Égypte, pays de servitude, de ténèbres et de mort.
Il est bon de se souvenir de ceci, et l’âme sera préservée de bien des pièges, de bien des difficultés. De nos jours, on parle beaucoup d’obéissance et du devoir moral de se soumettre à l’autorité ecclésiastique. Un grand nombre de personnes excellentes et vraiment pieuses se laissent prendre à ces belles paroles. Mais lorsqu’on nous parle d’obéissance, demandons « à quoi il faut obéir » ? Quand on nous exhorte à soumettre notre volonté propre, informons-nous « à qui nous devons la soumettre » ? Si nous devons nous soumettre à l’autorité, nous devons connaître la source ou la base de cette autorité.
Ce point est de toute importance pour chacun des membres de la famille de la foi. Nombre d’âmes vraiment sincères et pieuses sont bien aises de n’avoir pas la peine de penser pour elles-mêmes, et d’avoir leur sphère d’action et leur ligne de conduite toute tracée par des personnes plus compétentes. On trouve agréable et reposant d’avoir sa tâche de chaque jour indiquée par d’autres. Le cœur est soulagé d’une grande responsabilité, et on a l’apparence de faire preuve d’humilité et de défiance de soi-même en se soumettant à quelque autorité.
Mais qu’on examine soigneusement, en présence de Dieu, quelle est la base de l’autorité à laquelle on se soumet, sans cela on court le risque de se trouver dans une position tout à fait fausse. Prenons l’exemple d’un moine ou d’une religieuse. Le moine obéit à son abbé, la nonne à sa mère abbesse, la religieuse à sa supérieure, mais la position et les relations de chacune de ces personnes sont complètement fausses. Il n’y a pas dans tout le Nouveau Testament un seul mot en faveur des monastères ou des couvents ; au contraire, l’enseignement de la Sainte Écriture, tout comme la voix de la nature, s’oppose à cet ordre de choses, qui sort les hommes et les femmes de la sphère et des relations où Dieu les a placés, pour les former en sociétés qui suppriment les affections naturelles et excluent toute vraie obéissance chrétienne.
Nous nous sentons poussés à attirer l’attention du lecteur chrétien sur ce sujet, vu que l’ennemi fait actuellement de vigoureux efforts pour raviver le système monastique au milieu de nous, sous mille formes diverses. On va même jusqu’à dire que la vie du cloître est la seule vraie vie chrétienne En entendant des assertions aussi monstrueuses, il convient d’examiner ce sujet à la lumière de l’Écriture, et de demander qu’on nous montre dans la parole de Dieu les raisons qui autorisent le système monastique. Est-il fait mention dans tout le Nouveau Testament de quoi que ce soit qui ressemble à un monastère, à un couvent, ou à une communauté de sœurs ? Où trouverons-nous une autorité pour un office tel que celui d’un abbé, d’une abbesse ou d’une supérieure ? Nulle part ; et par conséquent, nous n’hésitons pas un instant à déclarer que tout le système, du sommet à la base, n’est qu’une invention de la superstition, également opposée à la voix de la nature et à la voix de Dieu. On s’étonne que ces choses puissent encore avoir des adhérents de nos jours où la pleine lumière du glorieux Évangile brille sur nous dans les pages du Nouveau Testament (*).
(*) Il est important de
distinguer entre « nature
»
et « chair
».
La première
est reconnue dans l’Écriture, la seconde est condamnée et mise de côté.
« La nature même ne vous enseigne-t-elle pas ?
»
dit l’apôtre
(1 Cor. 11:14). Jésus, ayant regardé le jeune homme, en Marc 10, « l’aima ».
Être sans affections naturelles, sera
un des signes de l’apostasie. L’Écriture dit que nous sommes morts au péché,
mais non à notre nature, car alors qu’en serait-il de nos relations de famille
et des affections naturelles ?
Béni soit Dieu, nous sommes
appelés à l’obéissance ; nous devons « écouter », et nous
soumettre avec un saint respect, à l’autorité. Et ici nous nous écartons encore
de l’incrédulité et de ses hautes prétentions. Le chemin de l’humble et pieux
chrétien est également éloigné de la superstition et de l’incrédulité de l’autre.
La noble réplique de Pierre au sanhédrin (Actes 5:29), est une réponse complète
à l’une et à l’autre : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux
hommes ».
Nous pouvons faire
face à l’incrédulité dans toutes ses phases et sous toutes ses formes, avec
cette seule phrase : « Il faut obéir
».
Et nous pouvons faire face à la
superstition, de quelque manteau qu’elle se couvre, avec ces mots de toute
importance : « Il faut obéir à
Dieu
».
Nous avons là, dans sa forme la plus simple, le devoir de tout vrai chrétien. Il doit obéir à Dieu. L’incrédule peut se moquer d’un moine ou d’une nonne, et s’étonner de ce qu’un être doué de raison et d’intelligence puisse se soumettre aussi complètement à l’autorité d’un de ses semblables, et obéir à des règles et à des pratiques absurdes, dégradantes et contraires à la nature. L’incrédule se vante de sa soi-disant liberté intellectuelle, et s’imagine que sa raison est un guide tout à fait suffisant pour lui. Il ne voit pas qu’il est plus loin de Dieu que le pauvre moine ou que la nonne qu’il méprise. Il ne sait pas que, tout en s’enorgueillissant de sa volonté propre, il est, en réalité, tenu en esclavage par Satan, le prince et le dieu de ce monde. L’homme a été formé pour obéir, pour avoir quelqu’un au-dessus de lui. Le chrétien est sanctifié (mis à part) pour l’obéissance de Jésus Christ, c’est-à-dire pour posséder la même obéissance que celle que notre adorable Seigneur et Sauveur lui-même rendait à Dieu (1 Pierre 1:2).
Cela est de la plus grande importance pour celui qui désire vraiment savoir ce qu’est l’obéissance chrétienne. Si elle est bien comprise, adieu la volonté propre de l’incrédule et la fausse obéissance de la superstition. Il ne peut jamais être bien de faire notre propre volonté, mais ce peut être tout à fait mal de faire la volonté d’un de nos semblables. En revanche, il est toujours bien de faire la volonté de Dieu. C’est ce que Jésus est venu faire ; ce qu’il fit toujours. « Voici, je viens, pour faire, ô Dieu, ta volonté » (Héb. 10:7). « C’est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir, et ta loi est au-dedans de mes entrailles » (Ps. 40:8).
Mais il se peut que le lecteur pieux désire attirer notre attention sur l’exhortation du chap. 13 des Hébreux, vers. 17: « Obéissez à vos conducteurs, et soyez soumis, car ils veillent pour vos âmes, comme ayant à rendre compte ; afin qu’ils fassent cela avec joie, et non en gémissant, car cela ne vous serait pas profitable ».
Exhortation importante,
assurément, à laquelle nous devons ajouter aussi un passage de la première
épître aux Thessaloniciens : « Or nous vous prions, frères, de
connaître ceux qui travaillent parmi vous, et qui sont à la tête parmi vous
dans le Seigneur, et qui vous avertissent, et de les estimer très haut en amour
à cause de leur œuvre » (5:12-13). Et encore, en 1 Cor. 16:15, 16 :
« Or je vous exhorte, frères… (vous connaissez la maison de Stéphanas, qu’elle
est les prémices de l’Achaïe, et qu’ils se sont voués au service des saints), —
à vous soumettre, vous aussi, à de tels hommes, et à quiconque coopère à l’œuvre
et travaille ». À tous ces passages, nous en ajouterons encore un, tiré de
la première épître de Pierre. « J’exhorte les anciens qui sont parmi vous,
moi qui suis ancien avec eux et témoin des souffrances de Christ, qui aussi ai
part à la gloire qui va être révélée : paissez le troupeau de Dieu qui est
avec vous, le surveillant non point par contrainte, mais volontairement, ni
pour un gain honteux, mais de bon gré, ni comme dominant sur des héritages,
mais en étant les modèles du troupeau ; et quand le souverain pasteur sera
manifesté, vous recevrez la couronne inflétrissable de gloire » (5:1-4). —
Tous les passages cités ci-dessus, n’établissent-ils pas le principe de l’obéissance
à certaines personnes ? nous demandera-t-on. Et s’il en est ainsi,
pourquoi objecter à l’autorité humaine ? — La réponse est fort simple.
Lorsque Christ confère un don spirituel, que ce soit le don d’enseignement, de
direction ou de surveillance, c’est le devoir et le privilège des chrétiens de
reconnaître et d’apprécier de tels dons. Ne pas le faire, serait renoncer à nos
bénédictions. Mais nous devons nous rappeler qu’en pareils cas, il faut que le
don soit une réalité, une chose visible, reconnaissable, bona fide
, donnée de Dieu. Ce n’est pas un homme s’emparant d’un
certain office, ou étant établi et consacré par ses semblables pour un
soi-disant ministère. Tout cela n’a aucune valeur quelconque ; bien plus,
c’est une présomptueuse intrusion sur un domaine sacré et qui attirera, tôt ou
tard, le jugement de Dieu.
Tout vrai ministère est de Dieu et se base sur la possession d’un don positif du Christ, Chef ou Tête de l’Église ; en sorte que nous pouvons réellement dire : pas de dons, pas de ministère. Dans tous les passages cités plus haut, nous voyons des dons positifs possédés, et un travail réel accompli. Nous voyons en outre de l’amour pour les brebis et les agneaux du troupeau de Christ ; nous voyons une grâce et une puissance divines. L’expression en Héb. 13 est : « Obéissez à vos conducteurs ». Or, il est essentiel qu’un bon guide ou conducteur marche devant nous sur le chemin. Ce serait folie à quelqu’un de se donner pour guide s’il était ignorant de la route, et s’il ne pouvait ni ne voulait y marcher. Qui songerait à suivre un tel homme ?
De même, lorsque l’apôtre
exhorte les Thessaloniciens à « connaître » et à « estimer »
certaines personnes, sur quoi base-t-il son exhortation ? Est-ce sur la
simple attribution d’un titre, d’un office ou d’une position quelconque ?
Nullement. Il fait reposer son appel sur le fait positif et bien connu que ces
personnes étaient « à la tête parmi eux dans le Seigneur
», et qu’elles les avertissaient. Et pourquoi
devait-on « les estimer très haut, en amour ? » Était-ce à cause
de leur charge ou de leur titre ? Non, mais « à cause de leur
œuvre ». Et pourquoi les Corinthiens étaient-ils exhortés à se soumettre à
la maison de Stéphanas ? Était-ce à cause d’un vain titre ou d’une charge
dont ils s’étaient emparés ? En aucune façon, mais parce « qu’ils s’étaient
voués au service des saints ». Ils étaient à l’œuvre. Ils avaient reçu le
don et la grâce de Christ, et ils avaient de l’amour pour son peuple. Ils ne se
vantaient point de leur office ou de leurs titres, mais se donnaient
entièrement au service de Christ en la personne de ses rachetés.
Voilà le vrai principe du ministère. Ce n’est point une autorité humaine, mais un don divin, une puissance spirituelle communiquée par Christ à ses serviteurs ; exercée par eux sous sa dépendance, et reconnue avec gratitude par ses saints. Un homme peut se donner comme pasteur ou docteur ; il peut aussi être nommé à cet office par ses semblables, mais à moins qu’il n’ait reçu un don réel du Chef de l’Église, tout cela ne sera que vaines paroles, vides de sens et de force ; la voix de ce berger sera la voix d’un étranger que les vraies brebis de Christ ne connaissent point et ne doivent point reconnaître (*).
(*) Le lecteur fera bien de
considérer le fait qu’il n’y a rien dans le Nouveau Testament qui indique un
appel humain à prêcher l’Évangile, à enseigner dans l’assemblée de Dieu ou à
paître le troupeau de Christ. Les anciens et les diacres furent nommés par les
apôtres ou par leurs délégués Timothée et Tite, mais les évangélistes, les
pasteurs et les docteurs ne sont jamais nommés de la sorte. Il s’agit de
distinguer entre les dons et les charges locales. Les anciens et les diacres
pouvaient posséder un don spécial, ou non ; ce don n’avait rien à faire
avec leur charge locale. Si le lecteur désire comprendre le sujet du ministère,
qu’il étudie les chapitres 12-
14
de 1 Cor. et Éph. 4:8-13. Dans les
Corinthiens, nous avons d’abord la base
de
tout vrai ministère dans l’Église de Dieu, savoir l’appel divin
: « Dieu a placé les membres »,
etc. Secondement, le mobile d’action,
« l’amour ».
Troisièmement, le but
,
« afin que l’assemblée
reçoive de l’édification ».
En
Éph. 4, nous avons la source
de tout
ministère, un Seigneur ressuscité et monté au ciel. Le but :
« en vue de la perfection des saints ; pour l’œuvre
du service ».
La durée
: « jusqu’à ce que nous
parvenions tous à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature de la
plénitude du Christ ».
En un mot, le ministère dans
toutes ses branches est une institution entièrement
divine. Elle n’est pas de l’homme ni par l’homme, mais de Dieu. Il faut
que, dans chaque cas, le Maître prépare, remplisse et place le vaisseau. Il n’y
a aucune autorité dans l’Écriture pour la notion que tout homme a le droit de
se faire entendre dans l’Église de Dieu. La liberté pour les hommes est le
radicalisme et non pas l’Écriture. Le ministère par le Saint Esprit de ceux qu’il
appelle à s’y vouer, voilà ce que nous enseigne le Nouveau Testament.
Puissions-nous apprendre à connaître cette liberté.
Mais, d’un autre côté, nous n’aurons pas de peine à reconnaître et à apprécier le docteur enseigné de Dieu, le fidèle et infatigable pasteur qui veille sur les âmes, qui pleure sur elles, qui les soigne comme une tendre nourrice, qui peut leur dire : « Car maintenant nous vivons, si vous tenez fermes dans le Seigneur » (1 Thes. 3:8). Comment connaissons-nous un bon chirurgien ? Est-ce en voyant son nom sur sa plaque ? Non, c’est par son ouvrage. Un homme peut s’appeler mille fois chirurgien, mais s’il est un opérateur maladroit, qui songerait à l’employer ?
Il en est ainsi dans toutes les choses humaines, et de même aussi dans ce qui concerne le ministère. Si un homme a reçu un don, il est un ministre, si non, toutes les consécrations du monde ne le feront pas être un ministre de Christ. Il pourra être un ministre de la religion ; mais un ministre de la religion et un ministre de Christ, un ministre dans la chrétienté et un ministre dans l’Église de Dieu, sont deux choses totalement différentes. Tout vrai ministère a sa source en Dieu, il repose sur l’autorité divine, et son but est d’amener l’âme en la présence de Dieu et de l’attacher à Lui. Le faux ministère, au contraire, a sa source en l’homme ; il repose sur une autorité humaine, et son but est de s’attacher les âmes. L’immense différence entre ces deux ministères consiste en ce que le premier conduit à Dieu et le second loin de Lui. L’un nourrit et fortifie la vie nouvelle ; l’autre en empêche les progrès de toute manière et la plonge dans le doute et les ténèbres. En un mot, on peut dire que le vrai ministère est de Dieu, par lui et pour lui ; le faux ministère est de l’homme, par l’homme et pour l’homme. Nous estimons le premier plus que nous ne pouvons l’exprimer ; nous rejetons le second de tout notre pouvoir.
Nous croyons en avoir dit assez pour fixer l’esprit du lecteur sur le sujet de l’obéissance à ceux que le Seigneur appelle à l’œuvre du ministère. Nous sommes tenus de juger par la parole de Dieu et d’être bien assurés que c’est une divine réalité et non une prétention humaine, un don positif du Chef de l’Église et non un vain titre conféré par les hommes. Dans tous les cas où il y a un don réel, c’est notre doux privilège de le reconnaître et de nous y soumettre, en tant que nous discernons Christ dans la personne et dans le ministère de ses bien-aimés serviteurs.
Un cœur spirituel n’aura pas de difficulté à discerner la grâce et la puissance réelles. Nous pouvons aisément dire si un homme cherche avec amour à nourrir nos âmes du pain de vie et à nous conduire dans les voies de Dieu ; ou bien s’il cherche à s’élever lui-même et à avancer ses propres intérêts. Ceux qui vivent près du Seigneur, distinguent bien vite entre la vraie puissance et de vaines prétentions. En outre, nous ne verrons jamais les vrais ministres de Christ faire parade de leur autorité ou se vanter de leur charge ; ils font leur œuvre et la laissent parler pour elle-même. Dans le cas de l’apôtre Paul, nous le voyons faire, maintes fois, allusion aux preuves de son ministère, à l’évidence fournie par la conversion des âmes. Il pouvait dire aux pauvres Corinthiens égarés, lorsque, sous l’influence de quelque faux docteur, ils mettaient en question son apostolat : « Puisque vous cherchez une preuve que Christ parle en moi… examinez-vous vous-mêmes » (2 Cor. 13:3).
C’était les mettre au pied du mur. Eux-mêmes, ils étaient les preuves vivantes de son ministère. Si son ministère n’était pas de Dieu, qu’étaient-ils et où en étaient-ils ? Mais il était de Dieu, et c’était là sa joie, sa consolation et sa force. Il était « apôtre, non de la part des hommes, ni par l’homme, mais par Jésus Christ, et Dieu le Père, qui l’a ressuscité d’entre les morts » (Gal. 1:1). Il se glorifiait dans la source de son ministère, et quant à son caractère, il lui était aisé de produire des preuves amplement suffisantes pour convaincre tout esprit droit : chez lui, ce n’étaient pas les paroles, mais la puissance.
Il en doit toujours être, plus ou moins, ainsi. Il nous faut la puissance ; il nous faut la réalité. Les hommes peuvent essayer de conférer des titres et de donner des charges, mais ils n’ont pas plus le droit de le faire, qu’ils n’ont celui de nommer des amiraux dans la flotte de Sa Majesté, ou des généraux dans ses armées. Si nous voyions un homme se permettre de prendre le titre d’un amiral ou d’un général, sans une commission de Sa Majesté, nous l’appellerions un imbécile ou un fou. Cela ne serait pourtant qu’une faible imitation de la folie d’hommes prenant le titre de ministres de Christ, sans avoir ni don spirituel ni autorité divine.
Nous dira-t-on que ce n’est
pas à nous d’en juger ? Au contraire, c’est à nous qu’il est dit :
« Soyez en garde contre les faux prophètes ».
Comment nous en garderons-nous, si nous ne devons pas juger ?
Mais comment jugerons-nous ? « Vous les reconnaîtrez à leurs
fruits ».
Les enfants de Dieu ne
distingueront-ils pas entre un homme qui vient à eux avec la puissance de l’Esprit,
doué par le Chef de l’Église, rempli d’amour pour leurs âmes, désirant
ardemment leur avancement spirituel, un humble, saint et désintéressé serviteur
de Christ, et un homme qui se présente avec un titre purement humain, sans
avoir trace de quoi que ce soit de divin ou de céleste, soit dans son
ministère, soit dans sa vie ? Évidemment, ils ne s’y tromperont pas.
Nous demanderons encore ce
que signifient ces paroles du vénérable apôtre Jean : « Bien-aimés,
ne croyez pas tout esprit, mais éprouvez les esprits pour voir s’ils sont de
Dieu, car beaucoup de faux prophètes sont sortis dans le monde » (1 Jean
4:1). Comment éprouverons-nous les esprits, ou comment distinguerons-nous entre
les vrais et les faux, si nous ne devons pas juger ? Le même apôtre, en
écrivant à « la dame élue », lui fait encore la solennelle
exhortation que voici : « Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas
cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison et ne le saluez pas, car
celui qui le salue participe à ses mauvaises œuvres » (2 Jean 10). La dame
élue n’était-elle pas tenue d’agir d’après cette exhortation ? Assurément.
Mais comment le pouvait-elle, si nous ne devons point juger ? Et de quoi
devait-elle s’inquiéter ? Était-ce de savoir si ceux qui venaient chez
elle avaient été consacrés, ou autorisés par un homme quelconque ou par une
société quelconque ? Rien de semblable. La seule et toute importante
question pour elle avait trait à la doctrine. S’ils apportaient la saine et
divine doctrine de Christ, — la doctrine de Jésus venu en chair, — elle devait
les recevoir ; si non, elle devait leur fermer sa maison résolument, quels
qu’ils fussent et d’où qu’ils vinssent. Lors même qu’ils eussent eu tous les
meilleurs témoignages des hommes, s’ils n’apportaient pas la vérité
, elle devait les repousser sans
hésiter. Cela pouvait sembler sévère, étroit, bigot, n’importe ; c’est à
la vérité qu’elle devait se mesurer. Sa porte et son cœur devaient être assez
larges pour admettre tous ceux qui apportaient Christ, mais non au delà.
Devait-elle être polie aux dépens de son Seigneur ? Devait-elle se faire
la réputation d’avoir le cœur et l’esprit larges, en recevant dans sa maison et
à sa table ceux qui prêchaient un faux Christ ? La seule pensée en est
horrible.
Enfin, dans le second chapitre de l’Apocalypse, nous voyons l’église d’Éphèse louée pour avoir éprouvé ceux qui se disaient apôtres et qui ne l’étaient pas. Comment auraient-ils pu faire cela, s’ils ne devaient pas juger ceux qui se disaient apôtres ? Il est évident qu’on applique tout à fait à tort ces paroles de notre Seigneur, en Matt. 7:1 : « Ne jugez pas afin que vous ne soyez pas jugés », de même que celles de l’apôtre, en 1 Cor. 4:5 : « Ainsi, ne jugez rien avant le temps ». L’Écriture ne peut se contredire, et par conséquent, quelle que soit la signification du « ne jugez pas » de notre Seigneur, ou celle du « ne jugez rien… » de l’apôtre, il est parfaitement certain que ces deux injonctions ne diminuent en aucune manière la responsabilité solennelle qu’ont tous les chrétiens de juger les dons, les doctrines et la vie de tous ceux qui prennent la position de prédicateurs, de docteurs et de pasteurs dans l’Église de Dieu.
Si maintenant, l’on nous demande la signification de « ne jugez pas » et « ne jugez rien avant le temps », nous répondrons que ces paroles nous défendent simplement de juger les motifs ou les ressorts cachés des actions des autres. Nous n’avons absolument pas à nous en inquiéter. Nous ne pouvons pénétrer sous la surface et, grâce à Dieu, nous ne sommes pas appelés à le faire, cela nous est même interdit. Nous ne pouvons pas connaître les conseils du cœur, c’est l’affaire de Dieu seul. Mais dire que nous ne devons pas juger la doctrine, le don ou la conduite de ceux qui s’emparent des ministères dans l’Église de Dieu, c’est contredire ouvertement les Saintes Écritures et ignorer les instincts de la nature divine que Dieu a mis en nous par le Saint Esprit.
Le fait que nous reconnaissons tout vrai ministère dans l’Église, et que nous nous soumettons à ceux que le Seigneur juge capables d’être nos pasteurs, nos docteurs et nos guides, ce fait est en parfait accord avec le grand principe fondamental : « Il faut obéir à Dieu, plutôt qu’aux hommes ».
Le chapitre ouvert devant nous, de même que le livre tout entier du Deutéronome, nous montre Moïse cherchant constamment et avec instance, à persuader la congrégation d’Israël de l’urgente nécessité d’une obéissance implicite à tous les statuts et les droits de l’Éternel. Il ne recherchait pas l’autorité pour lui-même, et ne domina jamais sur le peuple de Dieu. Du commencement à la fin, il prêcha l’obéissance, non à lui-même, mais à Celui qui était son Seigneur et le leur. Il savait que là était le secret de leur bonheur, leur sécurité morale, leur dignité et leur force. Il savait qu’un peuple obéissant devait nécessairement être un peuple invincible et invulnérable. Nulle arme ne pourrait les atteindre, aussi longtemps qu’ils seraient gouvernés par la parole de Dieu. En un mot, il savait et il croyait que le devoir d’Israël était d’obéir à l’Éternel, tout comme le désir de l’Éternel était de bénir Israël. Tout ce qu’ils avaient à faire était « d’écouter », « d’apprendre », de « garder », et de « pratiquer » la volonté révélée de Dieu ; ainsi, ils pouvaient compter sur Lui et être assurés qu’il serait leur bouclier, leur force, leur refuge, leur tout. Et pour l’Israël de Dieu aussi, le seul sentier heureux et béni est le sentier étroit de l’obéissance, sur lequel brille sans cesse la lumière de la face approbatrice de Dieu ; et tous ceux à qui il fait la grâce d’y marcher, y trouveront toujours le Seigneur pour guide et pour défenseur ; mais si nous accomplissons notre volonté propre, si nous vivons dans une négligence habituelle de la parole de Dieu, alors le nom de l’Éternel, au lieu d’être pour nous une forte tour, nous sera un reproche qui nous fera juger nos voies et rentrer sur le chemin de la justice, duquel nous nous étions écartés.
Revenons maintenant à notre chapitre.
Au verset 2, Moïse rappelle
au peuple leurs relations avec l’Éternel. Il dit : « L’Éternel, notre
Dieu, fit avec nous une alliance à
Horeb. Ce n’est pas avec nos pères que l’Éternel a fait cette alliance, mais
avec nous, avec nous qui sommes ici aujourd’hui tous vivants. L’Éternel vous
parla face à face, sur la montagne, du milieu du feu (moi, je me tenais en ce
temps-là entre l’Éternel et vous, pour vous déclarer la parole de l’Éternel,
car vous aviez peur à cause du feu et vous ne montâtes point sur la montagne)
disant », etc.
Il est important de bien saisir la différence entre l’alliance traitée en Horeb et celle faite avec Abraham, Isaac et Jacob. Elles sont essentiellement différentes. La première était une alliance pour les œuvres, le peuple s’engageant à faire tout ce que l’Éternel avait ordonné. La seconde était une alliance toute de grâce, par laquelle Dieu s’engageait avec serment à tenir tout ce qu’il avait promis.
Le langage humain est impuissant pour exprimer l’immense différence, à tous égards, entre ces deux alliances : différence quant à leur base, leur caractère et leurs résultats. L’alliance d’Horeb reposait sur la capacité supposée de l’homme d’accomplir ses engagements ; l’alliance faite avec Abraham reposait sur la capacité de Dieu d’accomplir ses promesses et, par conséquent, elle ne peut manquer en un seul point.
Dans les « Notes sur l’Exode », nous avons cherché à montrer quel avait été le but de Dieu en donnant la loi, et l’impossibilité où se trouve l’homme pécheur d’obtenir la vie ou la justice en la gardant. Nous renvoyons donc le lecteur à ce que nous avons déjà dit sur cet important sujet.
Il semble étrange à ceux qui s’en tiennent uniquement à l’Écriture, qu’une ignorance aussi générale puisse exister parmi les chrétiens professants à l’égard d’une question que le Saint Esprit a éclaircie d’une façon aussi positive.
Tous les chrétiens sincères croient que la valeur morale de la loi est d’une application constante et universelle ; mais, quand nous en venons à considérer la loi comme base de relations avec Dieu, nous entrons dans un champ de pensées totalement différent. L’Écriture, en maint endroit, et de la manière la plus claire, nous enseigne que, comme enfants de Dieu, nous ne sommes pas du tout sur ce terrain-là. Le Juif y était, mais il ne pouvait s’y maintenir devant Dieu ; c’était pour lui la mort et la condamnation.
Les Juifs étaient sous la loi ; les nations sans loi. Rien ne saurait être plus distinct que cela. Les gentils furent placés sous le gouvernement humain en la personne de Noé ; jamais ils ne le furent sous la loi.
Au chap. 10
des Actes, nous voyons Dieu ouvrant la
porte du royaume aux nations ; puis, au chap. 14:27, il leur ouvre
« la porte de la foi ». Au chap. 28:28, nous voyons Dieu proclamant
son salut aux nations ; mais du commencement à la fin du précieux volume,
nous chercherions en vain un passage indiquant qu’il ait jamais placé les
nations sous la loi.
Examinons cette si
intéressante et importante question à la lumière de l’Écriture, en laissant de
côté toutes les idées que nous pourrions avoir conçues à ce sujet. Quoiqu’on
puisse nous dire le contraire, la Bible déclare invariablement la position du
Juif comme étant « sous la loi », et celle des nations comme étant
« sans loi ».
Il n’y a pas
à s’y méprendre (*).
(*) On nous demandera
peut-être sur quel pied les nations seront jugées, si elles ne sont point sous
la loi ? Le vers. 20 du chap. 1 aux Romains, nous dit clairement que le
témoignage de la création
les laisse
sans excuse. Puis, au chap. 2:14, 15, elles sont jugées sur le terrain de la conscience,
« car quand les
nations, qui n’ont point de loi, font naturellement les choses de la loi, n’ayant
pas de loi, elles sont loi à elles-mêmes, et elles montrent l’œuvre de la loi,
écrite dans leurs cœurs, leur conscience rendant en même temps témoignage »,
etc. Enfin, quant aux nations qui sont
devenues chrétiennes de profession, elles seront jugées sur le terrain de leur
profession.
Si le lecteur veut ouvrir le
chapitre 15
des Actes, il verra
comment la première tentative faite pour placer les nations sous la loi, fut
blâmée à Jérusalem par les apôtres et par l’Église tout entière. La question
avait été soulevée à Antioche ; mais Dieu, dans sa sagesse, dirigea tout
pour que ce fût à Jérusalem, où Paul et Barnabas se rendirent, qu’elle fut
discutée librement et finalement tranchée par la voix unanime des douze apôtres
et de l’Église tout entière.
Nous voyons par ce passage que la décision d’une assemblée locale, telle que celle d’Antioche, lors même qu’elle était approuvée par Paul et Barnabas, n’avait pas la même valeur que celle des douze apôtres réunis en conseil, à Jérusalem. Le Seigneur veilla à ce que l’ennemi y fut complètement confondu, et à ce que les docteurs de la loi d’alors et ceux de tous les temps apprissent qu’il n’est point selon sa volonté que les chrétiens soient placés en aucune manière sous la loi.
Ce sujet est tellement
important, que nous nous sentons pressés de citer quelques-unes des paroles si
convaincantes, adressées aux auditeurs dans ce concile. « Et quelques-uns,
étant descendus de Judée, enseignaient les frères, disant : Si vous n’avez
pas été circoncis selon l’usage de Moïse, vous ne pouvez être sauvés ».
Que c’était terrible et décourageant ! Quel glas funèbre pour les oreilles
de ceux qui avaient été convertis par le discours magnifique de Paul dans la
synagogue d’Antioche ! « Sachez donc, hommes frères, que par Lui
vous est annoncée la rémission
des péchés », — sans circoncision ou œuvres de la loi d’aucune espèce, —
« et que de tout
ce dont vous n’avez
pu être justifiés par la loi de Moïse, quiconque croit est
justifié par lui…
»
Et quand les Juifs furent sortis de la synagogue, les gentils demandèrent que
ces paroles leur fussent annoncées le sabbat suivant (Actes 15:1 ; 13:38,
39, 42).
Tel était le glorieux
message transmis aux nations par l’apôtre Paul, message d’un salut gratuit,
immédiat et parfait, d’une entière rémission des péchés et d’une complète
justification par la foi en notre Seigneur Jésus Christ. Or, d’après ce qu’enseignaient
« quelques-uns qui étaient descendus
de Judée
», tout cela était insuffisant. Christ n’était point
suffisant, sans la circoncision et la loi de Moïse. Les pauvres gentils, qui n’avaient
jamais entendu parler de Moïse, devaient ajouter la circoncision et l’observation
de la loi à Christ et à son glorieux salut.
Combien le cœur de Paul devait souffrir, de voir les bien-aimés disciples gentils exposés à un enseignement aussi erroné ! Il n’y voyait rien moins que l’anéantissement complet du christianisme. Si la circoncision devait être ajoutée à la croix de Christ, si la loi de Moïse devait supplanter la grâce de Dieu, alors tout était perdu.
Béni soit le Dieu de toute grâce, il suscita de nobles champions pour s’opposer à une si funeste doctrine. « Une contestation s’étant donc élevée et une grande dispute, entre Paul et Barnabas et eux (les docteurs judaïsants), ils résolurent que Paul et Barnabas et quelques autres d’entre eux monteraient à Jérusalem vers les apôtres et les anciens pour cette question… Et (ceux-ci) étant arrivés à Jérusalem, ils furent reçus par l’assemblée et les apôtres et les anciens ; et ils racontèrent toutes les choses que Dieu avait faites avec eux. Et quelques-uns de la secte des pharisiens, qui avaient cru, s’élevèrent, disant qu’il faut les circoncire et leur enjoindre de garder la loi de Moïse » (Actes 15:2-5).
D’où venait cette
nécessité ? Pas de Dieu, assurément, qui leur avait, dans sa grâce
infinie, ouvert la porte de la foi, sans la circoncision ou l’obligation de
garder la loi de Moïse. Non, c’étaient « quelques hommes » qui se
permirent de dire que ces choses étaient nécessaires, des hommes qui ont
troublé l’Église de Dieu dès ce moment jusqu’à maintenant, des hommes
« voulant être docteurs de la loi, n’entendant ni ce qu’ils disent, ni ce
sur quoi ils insistent » (1 Tim. 1:7).
Les docteurs de la loi ne savent pas ce qui est impliqué dans leur triste
enseignement. Ils ne se font pas une idée, combien leurs doctrines sont
haïssables aux yeux du Dieu de toute grâce, du Père des miséricordes.
Le chapitre des Actes dont
nous nous occupons, nous donne, avec une grande clarté, les pensées de Dieu à
ce sujet. Il prouve, à n’en pouvoir douter, qu’il n’était pas selon Dieu de
placer les nations sous la loi. « Et les apôtres et les anciens s’assemblèrent
pour examiner cette affaire. Et une grande discussion ayant eu lieu », —
hélas, déjà ! — « Pierre se leva et leur dit : Hommes frères,
vous savez vous-mêmes que, dès les jours anciens, Dieu m’a choisi entre vous,
afin que par ma bouche les nations ouïssent » — non la loi de Moïse et la
circoncision, mais — « la parole de l’Évangile, et qu’elles crussent. Et
Dieu qui connaît les cœurs, leur a rendu témoignage, leur ayant donné l’Esprit
Saint comme à nous-mêmes ; et il n’a
fait aucune différence entre nous et eux
, ayant purifié leurs cœurs par la
foi. Maintenant donc, pourquoi
tentez-vous Dieu
, en mettant sur le cou des disciples un joug que ni nos
pères ni nous n’avons pu porter ? »
Remarquez ceci,
lecteur ; la loi avait été un joug intolérable pour les Juifs qui y avaient
été assujettis ; puis, ce n’était rien moins que tenter Dieu
de vouloir mettre ce joug sur le cou des chrétiens d’entre
les nations. « Mais » — ajoute le cher apôtre de la circoncision —
« par la grâce du Seigneur Jésus », — et non par la loi, — « nous
croyons être sauvés de la même manière qu’eux
aussi
».
Combien ceci est concluant, comme sortant de la bouche de l’apôtre de la circoncision ! Il ne dit pas : « ils seront sauvés de la même manière que nous », mais : « nous serons sauvés de la même manière qu’eux aussi ». Le Juif consent à descendre de sa haute position dispensationnelle, et à être sauvé sur le même pied que le pauvre gentil incirconcis. Quel effet ces nobles paroles durent produire sur les partisans du système légal ! Ils ne surent que répondre.
« Et toute la multitude se tut ; et ils écoutaient Barnabas et Paul qui racontaient quels miracles et quels prodiges Dieu avait faits par leur moyen parmi les nations ». L’Esprit n’a pas jugé bon de nous faire savoir ce que dirent Paul et Barnabas en cette mémorable occasion, et nous en comprenons la sage raison. Son but est évidemment de donner la prééminence à Pierre et à Jacques, dont les paroles devaient avoir plus de poids auprès des docteurs de la loi que celles de l’apôtre des gentils et de son compagnon.
« Et après qu’ils se
furent tus, Jacques répondit, disant : Hommes frères, écoutez-moi Siméon a
raconté comment Dieu a premièrement visité les nations » — non pour les
convertir toutes, mais —
« pour
en tirer un peuple pour son nom. Et avec cela s’accordent les paroles des
prophètes, selon qu’il est écrit : « Après ces choses, je retournerai
et je réédifierai le tabernacle de David, qui est tombé, et je réédifierai ses
ruines et je le relèverai, en sorte que le résidu des hommes recherche le Seigneur,
et toutes les nations
sur lesquelles
mon nom est réclamé, dit le Seigneur, qui fait ces choses », connues de
tout temps. C’est pourquoi moi, je suis d’avis de ne pas inquiéter ceux des
nations qui se tournent vers Dieu ».
Nous devons être frappés de voir que, dans cette imposante assemblée, nul ne parle avec plus de force et de clarté que Pierre et Jacques, l’un, l’apôtre de la circoncision, l’autre, celui dont le ministère s’adressait plus spécialement aux douze tribus, et dont la position pouvait donner du poids à ses paroles vis-à-vis des défenseurs du système légal. Ces deux éminents apôtres furent d’accord pour déclarer positivement, que les nouveaux convertis d’entre les nations ne devaient pas être « inquiétés » ou « chargés » de la loi. Ils prouvèrent par leurs puissants discours qu’il était entièrement contraire à la parole et à la volonté de Dieu de placer les chrétiens d’entre les nations sous la loi.
Les paroles de Paul et de Barnabas ne nous sont point rapportées, et qui ne verrait là une preuve de la merveilleuse sagesse de Dieu ? Il nous est simplement dit qu’ils racontèrent les choses que Dieu avait faites parmi les nations. Il était naturel qu’ils s’opposent formellement à mettre les gentils sous la loi, mais que Pierre et Jacques fussent aussi décidés là-dessus, c’est ce qui devait étonner chacun.
Si le lecteur désire
connaître à fond les pensées de Paul sur le sujet de la loi, qu’il étudie l’épître
aux Galates. C’est là que ce précieux apôtre, sous l’inspiration du Saint
Esprit, épanche son cœur envers les nouveaux chrétiens en paroles ferventes et
pleines de force et d’énergie. Il est étonnant qu’on puisse lire cette
remarquable épître, puis persister à soutenir que les chrétiens sont sous la
loi, en quelque manière que ce soit. À peine l’apôtre a-t-il terminé ses
courtes paroles d’introduction, qu’il se plonge, avec son énergie habituelle,
dans le sujet dont son cœur aimant, mais affligé, est rempli jusqu’à déborder —
« Je m’étonne » — dit-il, et il pouvait s’étonner — « de ce que
vous passez si promptement de celui qui vous a appelés par la grâce de
Christ », —
non la loi de Moïse,
— « à un évangile différent, qui n’en est pas un autre ; mais il y a
des gens qui vous troublent, et qui veulent pervertir l’évangile du Christ.
Mais quand nous-mêmes, ou quand un ange venu du ciel vous évangéliserait outre
ce que nous vous avons évangélisé, qu’il soit anathème. Comme nous l’avons déjà
dit, maintenant aussi je le dis encore : si quelqu’un vous évangélise
outre ce que vous avez reçu, qu’il soit anathème » (Gal. 1:6-
9).
Que tous ceux qui prêchent la loi, méditent ces paroles. Elles paraissent sévères, mais souvenons-nous que ce sont les paroles mêmes de Dieu, le Saint Esprit. Oui, Dieu lance son terrible anathème sur quiconque ose ajouter la loi de Moïse à l’évangile de Christ, sur quiconque essaie de placer les chrétiens sous la loi.
Quelques personnes cherchent
à arranger les choses, en nous disant qu’elles n’usent pas de la
loi comme d’un moyen de justification,
mais comme d’une règle de conduite.
Nous
leur demanderons sur quoi elles se fondent pour oser décider quel usage nous
devons faire de la loi ? Ou nous sommes sous la loi, ou nous n’y sommes
pas. Si nous y sommes, il ne s’agit pas de savoir comment nous la prenons, mais
comment elle nous prend.
Là est toute la différence.
La loi ne connaît point les distinctions des théologiens. Si nous sommes sous
la loi, nous sommes sous la malédiction, car il est écrit : « Maudit
est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites dans le
livre de la loi pour les faire » (Gal. 3:10). Cela ne me servira de rien
de dire que je suis un chrétien, que je suis né de nouveau, car qu’est-ce que
la loi a à faire avec le christianisme ou avec la nouvelle naissance ?
Absolument rien. La loi s’adresse à l’homme pécheur, comme être responsable.
Elle exige une obéissance parfaite, et prononce sa malédiction sur quiconque
lui manque ou lui désobéit, ne fût-ce qu’en
un seul point
(Gal. 3:10 ; 5:3 ; Jacques 2:10, 11 ; Deut.
6:25 ; 27:26. Voir Luc 18:10).
On dit aussi que si nous avons failli à garder toute la loi, Christ l’a accomplie à notre place. Argument sans valeur. La loi ne connaît pas l’obéissance par procuration. Son langage est : « Celui qui aura fait ces choses vivra par elles » (Gal. 3:12).
Et ce n’est pas seulement sur l’homme qui a désobéi à la loi que la malédiction est prononcée, mais afin de donner toute la clarté possible à ce principe, il est dit (3:10) « que tous ceux qui sont sur le principe des œuvres de loi sont sous la malédiction ». Ainsi donc tous ceux qui sont sur le terrain légal, sur le principe légal, en un mot tous ceux qui ont affaire avec les œuvres de la loi, sont nécessairement sous la malédiction. Dieu en soit mille fois béni, le chrétien n’est pas sous la malédiction, mais pourquoi ? Est-ce parce que la loi a perdu sa puissance, sa majesté, sa dignité, sa sainte énergie ? Nullement. Ce serait blasphémer la loi que de le penser. Et penser qu’un « homme » quelconque, qu’il soit chrétien, Juif ou païen, peut être sous la loi, et sur ce terrain, sans encourir la malédiction, c’est dire qu’il accomplit parfaitement la loi, ou bien, que la loi est abrogée et nulle. Malheur à qui oserait dire une telle chose !
Comment donc se fait-il que
le chrétien ne soit pas sous la malédiction ? Voici la réponse dans toute
sa force morale et sa beauté : « Car moi,
par la loi, je suis mort à la loi, afin que je vive à
Dieu » (*) (Gal. 2:19).
(*) La suppression de l’article
ajoute immensément à la force et à la clarté du passage. C’est dia nomou nomô
; clause
remarquable, assurément, et qui renverse tout un système théologique. Elle
laisse la loi à sa place, mais met le croyant hors de son pouvoir et de ses
atteintes, et cela « par la mort
».
« C’est pourquoi, mes frères, vous aussi, vous avez été mis à mort à la
loi par le corps du Christ, pour être à un autre, à celui qui est ressuscité d’entre
les morts, afin que nous portions du fruit pour Dieu », — ce que nous ne
pourrions jamais faire si nous étions sous la loi. —
« Car quand nous étions dans la chair », —
et la loi ne s’applique qu’à l’homme
« en la chair », —
« les
passions des péchés, lesquelles sont par la loi, agissaient dans nos membres
pour porter du fruit pour la mort ». Remarquez la triste
association : « sous la loi » — « dans la chair » —
« passions des péchés » —
« fruits
pour la mort » ! Mais, grâce à Dieu, il y a un autre côté à la
question : « Mais maintenant nous
avons été déliés de la loi
». Comment ? Est-ce parce qu’un autre
l’a accomplie à notre place ? Non, mais « étant morts dans ce en quoi
nous étions tenus, en sorte que nous servions en nouveauté d’esprit, et non pas
en vieillesse de lettre ». Quelle harmonie parfaite entre le 7 des Romains
et le 2 des Galates ! « Car moi, par la loi, je suis mort à la loi,
afin que je vive à Dieu ».
Or s’il est vrai, comme le
dit l’apôtre, que nous sommes morts par
le moyen de la loi
, comment est-il possible que la loi soit la règle de
notre vie ? Elle ne fut qu’une règle de mort, de malédiction et de
condamnation pour ceux qui lui étaient assujettis, pour ceux qui l’avaient
reçue par l’entremise des anges (Gal. 3:19). Peut-elle être autre chose pour
nous ? La loi a-t-elle jamais produit un seul bon fruit chez un fils ou
une fille d’Adam ? Écoutez la réponse de l’apôtre : « Car quand
nous étions dans la chair », — c’est-à-dire quand nous étions considérés
dans notre nature déchue, — « les passions des péchés, lesquelles sont par
la loi, agissaient dans nos membres pour porter du fruit pour la mort »
(Rom. 7:5) (*).
(*) Il est nécessaire de se rappeler que, quoique les gentils n’aient jamais été placés sous la loi par les dispensations de Dieu, cependant tous les professants baptisés se placent sur ce terrain. C’est pourquoi il y a une grande différence entre la chrétienté et les païens quant à la question de la loi. Dans la chrétienté, des milliers de personnes inconverties demandent chaque semaine à Dieu d’incliner leurs cœurs à garder sa loi. Sûrement, ces personnes sont dans une position bien différente de celle des païens qui n’ont jamais entendu parler de la loi, ni de la Bible.
Où en sommes-nous
maintenant, comme chrétiens ? Écoutez la réponse : « Car moi,
par la loi, je suis mort à la loi, afin que je vive à Dieu. Je suis crucifié
avec Christ, et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi ; et ce que je
vis maintenant dans la chair », —
ici
chair signifie le corps, — « je le vis » —
comment ? Par la loi, comme règle de ma vie ?
nullement, mais : —
« je le
vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même
pour moi » (Gal. 2:19-20).
Voilà le christianisme. Le comprenons-nous ? En saisissons-nous bien le sens et la portée ? La précieuse mort de Christ, comme si elle était la nôtre, nous délivre complètement de deux maux bien distincts : du légalisme, d’un côté, de la licence de l’autre. Au lieu de ces choses terribles, elle nous introduit dans la sainte liberté de la grâce ; dans la liberté pour servir Dieu, ou de « mortifier nos membres qui sont sur la terre », de « renier l’impiété et les convoitises mondaines », ou enfin de « vivre sobrement, justement et pieusement ».
Méditons ces paroles : « Je suis crucifié avec Christ, et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi ». Le vieux « moi » mort, crucifié, enterré. Le nouveau « moi » vivant, en Christ. Ne nous trompons point, car il n’y a rien de plus terrible et de plus dangereux, que lorsque le vieux « moi » se place sur le nouveau terrain ; ou, en d’autres termes, lorsque les glorieuses doctrines du christianisme sont adoptées par la chair et que les inconvertis se disent délivrés de la loi, et changent la grâce de Dieu en dissolution. Nous avouons que nous préférons mille fois le légalisme à la licence. C’est contre ce dernier mal que nous avons à veiller avec le plus grand soin. Il fait de rapides progrès, préparant la voie à ces terribles flots d’incrédulité qui, avant qu’il soit longtemps, vont envahir la chrétienté.
Dire qu’on est délivré de la loi autrement que par la mort à la loi et par la vie en Christ, n’est pas du christianisme du tout, mais de la licence, dont toute âme pieuse doit s’éloigner avec une sainte horreur. Si nous sommes morts à la loi, nous sommes aussi morts au péché et, par conséquent, nous ne devons pas faire notre propre volonté qui est péché, mais la volonté de Dieu qui est la vraie sainteté pratique.
Souvenons-nous encore que, si nous sommes morts à la loi, nous sommes morts aussi à ce présent siècle mauvais, et associés à un Christ ressuscité, monté au ciel et glorifié. Nous ne sommes donc pas du monde, comme Christ n’était pas du monde. Chercher à se faire une position dans le monde, c’est renier le fait que nous sommes morts à la loi, car nous ne pouvons vivre pour le monde, et en même temps être morts à la loi. La mort de Christ nous a délivrés de la loi, de la puissance du péché, de ce présent siècle mauvais, et de la crainte de la mort. Mais toutes ces choses se lient, et nous ne pouvons être délivrés de l’une sans l’être de toutes. Prétendre être libéré de la loi, tandis qu’on vit dans la chair, dans la mondanité et l’égoïsme, c’est là un des caractères les plus terribles des derniers jours.
Le chrétien est appelé à prouver, dans sa vie journalière, que la grâce peut produire des résultats auxquels la loi n’a jamais pu atteindre. C’est une des gloires morales du christianisme de rendre un homme capable d’abandonner son moi et de vivre pour les autres. C’est ce que la loi n’a jamais pu faire. Sous son empire, chacun devait faire de son mieux, en vue de soi-même. Si un homme essayait d’aimer son prochain, c’était pour s’acquérir une justice propre. Sous la grâce, tout est glorieusement le contraire. Le moi est mis de côté comme une chose condamnée, crucifiée, morte et ensevelie. Le vieux « moi » a disparu, et le nouveau « moi » est devant Dieu dans toute la valeur et la perfection de Christ. Il est notre vie, notre sainteté, notre justice, notre but, notre modèle, notre tout. Il est en nous et nous sommes en lui ; notre vie pratique de chaque jour doit simplement être Christ reproduit en nous par la puissance du Saint Esprit. Nous ne devons donc pas aimer seulement notre prochain, mais aussi nos ennemis, et cela non pour nous acquérir une justice, car nous sommes devenus la justice de Dieu en Christ mais parce que la vie que nous possédons déborde, et cette vie est Christ. Un chrétien est un homme qui devrait vivre Christ. Il n’est ni un Juif « sous la loi », ni un gentil « sans loi », mais il est « un homme en Christ », placé dans la grâce, appelé à la même obéissance que celle dans laquelle a vécu le Seigneur Jésus lui-même.
Dieu veuille ouvrir les yeux de tous les chrétiens à la vérité de ces choses ! Puisse-t-il les amener à étudier les Écritures, et à se soumettre à leur sainte autorité en tous points ! C’est le grand besoin de notre époque.
Nous savons que notre Seigneur Jésus Christ viendra bientôt, pour enlever son peuple racheté dans les demeures préparées dans la maison du Père, pour être à toujours avec Lui. Mais que deviendront ceux qui seront laissés en arrière ? toute la masse de professants baptisés, mais mondains ? Voilà de solennelles questions qui doivent être considérées devant Dieu, pour qu’elles reçoivent la vraie, la divine réponse.
Nous avons cherché à démontrer par l’Écriture que le chrétien n’est pas sous la loi, mais sous la grâce ; maintenant, nous continuerons notre étude du chapitre 5 du Deutéronome. Nous y trouvons les dix commandements, mais ils y sont présentés un peu autrement que dans le chapitre 20 de l’Exode. Quelques traits caractéristiques demandent l’attention du lecteur.
En Exode 20, nous avons l’histoire ;
dans Deut. 5, outre l’histoire, le commentaire ; le législateur y présente
des motifs moraux et y fait des appels qui ne seraient nullement à leur place
dans l’Exode. Dans l’un, nous avons les faits seuls ; dans l’autre, les
faits et leur application pratique. En un mot, nous n’avons aucun motif de
supposer que le chap. 5
du
Deutéronome ait dû être une répétition littérale du chap. 20 de l’Exode, et,
par conséquent, les misérables arguments des incrédules, qui s’appuient sur ces
apparentes divergences, tombent d’eux-mêmes.
Comparons, par exemple, les
deux passages qui traitent du sabbat. En Exode 20, nous lisons :
« Souviens-toi du jour du sabbat, pour le sanctifier. Six jours tu
travailleras, et tu feras toute ton œuvre ; mais le septième jour est le
sabbat consacré à l’Éternel, ton Dieu Tu ne feras aucune œuvre, ni toi, ni ton
fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ta bête, ni ton
étranger qui est dans tes portes. Car en
six jours l’Éternel a fait les cieux, et la terre, la mer, et tout ce qui est
en eux
, et il s’est reposé le septième jour ; c’est pourquoi l’Éternel
a béni le jour du sabbat, et l’a sanctifié ».
En Deutéronome 5, nous
lisons : « Garde le jour du sabbat pour le sanctifier, comme l’Éternel, ton Dieu, te l’a commandé.
Six
jours tu travailleras et tu feras toute ton œuvre ; mais le septième jour
est le sabbat consacré à l’Éternel, ton Dieu ; tu ne feras aucune œuvre,
ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bœuf, ni ton âne,
ni aucune de
tes bêtes, ni ton étranger qui est dans tes portes, afin que ton serviteur et
ta servante se reposent comme toi ; et
tu te souviendras que tu as été serviteur dans le pays d’Égypte, et que l’Éternel,
ton Dieu, t’a fait sortir de là à main forte et à bras étendu ; c’est
pourquoi l’Éternel, ton Dieu, t’a commandé de garder le jour du sabbat
»
(vers. 12-15).
La différence entre ces deux
passages frappe immédiatement. Dans l’Exode, le commandement de garder le jour
du repos est basé sur la création.
Dans
le Deutéronome, il est basé sur la rédemption,
sans la moindre allusion à la création. En un mot, les points de différence
proviennent du caractère distinct de chaque livre, et s’expliquent aisément
pour tout chrétien spirituel.
Quant à ce qui concerne l’institution du sabbat, souvenons-nous qu’elle repose entièrement sur l’autorité immédiate de la parole de Dieu. D’autres commandements prescrivent de simples devoirs moraux. Chacun sait que c’est moralement mal de tuer ou de voler ; mais, à garder le sabbat, nul n’aurait vu un devoir, si cela n’eût été expressément ordonné par l’autorité divine. De là son immense importance et son intérêt. Dans notre chapitre et en Exode 20, il est placé sur la même ligne que ces grands devoirs moraux, qui sont universellement reconnus par la conscience humaine.
Bien plus, nous voyons en maints autres endroits de l’Écriture que le sabbat est mis à part et présenté tout spécialement comme un précieux lien entre l’Éternel et Israël, comme le sceau de son alliance avec eux et le signe de leur consécration à Lui. Chacun pouvait reconnaître que c’est moralement mal de tuer et de voler, mais ceux-là seulement qui aimaient l’Éternel et sa Parole aimaient et gardaient ses sabbats.
Ainsi, au chap. 16 de l’Exode,
en connexion avec l’envoi de la manne, nous lisons : « Le sixième
jour, ils recueillirent du pain au double, deux omers pour chacun ; et
tous les principaux de l’assemblée vinrent et le rapportèrent à Moïse. Et il
leur dit : C’est ici ce que l’Éternel a dit : Demain est le repos, le sabbat consacré à l’Éternel
;
faites cuire ce que vous avez à cuire, et faites bouillir ce que vous avez à
faire bouillir, et tout le surplus, serrez-le pour vous pour le garder jusqu’au
matin… Et Moïse dit : Mangez-le aujourd’hui, car aujourd’hui est le sabbat consacré à l’Éternel
;
aujourd’hui, vous n’en trouverez point
aux champs. Six jours vous en recueillerez ; mais au septième jour est le
sabbat ; il n’y en aura point en ce jour-là » (v. 22-26). Ils étaient
cependant si peu capables d’apprécier le précieux privilège d’avoir à garder le
sabbat de l’Éternel, qu’il arriva « qu’au septième jour quelques-uns du
peuple sortirent pour en recueillir, et ils n’en trouvèrent point. Et l’Éternel
dit à Moïse : Jusques à quand refuserez-vous de garder mes commandements
et mes lois ? » — Le fait qu’ils négligeaient le sabbat prouvait que
leur état moral était mauvais, qu’ils s’étaient détournés de tous les
commandements de Dieu. Le sabbat était la pierre de touche de l’état réel de
leurs cœurs envers l’Éternel. — « Voyez que l’Éternel vous a donné le
sabbat ; c’est pourquoi il vous donne au sixième jour du pain pour deux
jours. Que chacun reste chez lui, que personne ne sorte du lieu où il est, le
septième jour. Et le peuple se reposa le septième jour ». Ils trouvaient
repos et nourriture en ce saint jour du sabbat.
À la fin du chap. 31, nous
trouvons encore un passage bien remarquable pour montrer l’importance que l’Éternel
attachait à l’observation du sabbat. Une description détaillée du tabernacle et
de ses vaisseaux avait été donnée à Moïse, et il allait recevoir les deux
tables du témoignage de la main de l’Éternel ; mais, comme pour prouver la
place éminente que le sabbat occupait dans la pensée de Dieu, nous
lisons : « Et l’Éternel parla à Moïse, disant : Toi, parle aux
fils d’Israël, disant : Certainement, vous garderez mes sabbats, car c’est un signe entre moi et vous, en vos
générations
, pour que vous sachiez que c’est moi, l’Éternel, qui vous
sanctifie. Et vous garderez le sabbat, car il vous sera saint ; celui qui
le profanera sera certainement mis à mort, car quiconque fera une œuvre en ce
jour-là, cette âme sera retranchée du milieu de ses peuples. Pendant six jours
le travail se fera, et le septième jour est le sabbat de repos, consacré à l’Éternel ;
quiconque fera une œuvre le jour du sabbat sera certainement mis à mort. Et les
fils d’Israël garderont le sabbat, pour observer le sabbat en leurs
générations ; — une alliance
perpétuelle. C’est un signe entre moi et les fils d’Israël, à toujours
;
car en six jours l’Éternel a fait les cieux et la terre, et le septième jour il
s’est reposé, et a été rafraîchi » (Ex. 31:12-17).
Ce passage établit
clairement la stabilité du sabbat. Les termes employés prouvent que ce n’était
point une institution temporaire : « un signe entre moi et vous en
vos générations » — « une alliance perpétuelle » —
« un signe à toujours ».
Le sabbat fut distinctement et exclusivement institué pour la nation juive. Il est mentionné à diverses reprises, comme étant un signe entre l’Éternel et son peuple Israël, mais il ne concernait en aucune manière les nations. Nous verrons par la suite que c’est un beau type du temps du rétablissement de toutes choses, dont Dieu a parlé par la bouche de tous ses saints prophètes, mais cela n’ôte rien au fait qu’il est exclusivement une institution juive. Il n’y a pas, dans toute l’Écriture, un seul passage prouvant que le sabbat concernait aussi les gentils.
On allègue que, puisque le sabbat est déjà mentionné dans le second chapitre de la Genèse, il doit nécessairement avoir une application plus générale qu’à la nation juive. Voyons le passage : « Et Dieu eut achevé au sixième jour son œuvre qu’il fit, et il se reposa au septième jour de toute son œuvre qu’il fit. Et Dieu bénit le septième jour, et le sanctifia, car en ce jour, il se reposa de toute son œuvre que Dieu créa en la faisant » (Gen. 2:2-3).
Voilà qui est bien simple.
Il n’est point ici fait mention de l’homme. Il ne nous est pas dit que l’homme
se reposa le septième jour. On pourrait s’imaginer ou conclure qu’il le fit,
mais le chap. 2 de la Genèse n’en dit rien. Bien plus ; nous ne voyons pas
dans tout ce livre une seule allusion au sabbat. La première fois qu’il en est
fait mention, c’est au chap. 16
de l’Exode,
passage que nous avons déjà cité : or, là nous voyons qu’il fut donné à
Israël, comme à un peuple qui était en relation d’alliance avec l’Éternel. Il
est évident qu’ils ne surent ni le reconnaître, ni l’apprécier. Le Psaume 95
et le chap. 4 des Hébreux, nous
montrent qu’ils n’entrèrent jamais dans ce repos. Si nous parlons de ce qu’était
le sabbat aux yeux de Dieu, il nous dit que c’était un signe entre Lui et son
peuple d’Israël, et le critérium de leur condition morale et de l’état de leur
cœur envers Lui. Ce n’était pas seulement une portion de la loi donnée par
Moïse à la congrégation d’Israël, mais il est maintes fois mentionné et
spécifié comme étant une institution qui tenait une place toute particulière
aux yeux de Dieu.
Ainsi, nous lisons au chap.
56
d’Ésaïe : « Bienheureux
l’homme qui fait cela, et le fils de l’homme qui le tient ferme ; qui
garde le sabbat pour ne pas le profaner, et qui garde sa main de faire aucun
mal ! Et que le fils de l’étranger qui s’est attaché à l’Éternel ne parle
pas, disant : L’Éternel m’a entièrement séparé de son peuple ; et que
l’eunuque ne dise pas : Voici, je suis un arbre sec ; car ainsi dit l’Éternel :
Aux eunuques qui gardent mes sabbats, et choisissent les choses auxquelles je
prends plaisir, et qui tiennent ferme mon alliance, je leur donnerai dans ma
maison et au-dedans de mes murs une place et un nom meilleurs que des fils et
des filles ; je leur donnerai un nom éternel qui ne sera pas retranché. Et
les fils de l’étranger » — considérés, cela va sans dire, comme liés à
Israël de même qu’en Nomb. 15
—
« qui s’attachent à l’Éternel pour le servir et pour aimer le nom de l’Éternel,
pour être ses serviteurs, — quiconque observe le sabbat pour ne pas le
profaner, et ceux qui tiennent ferme mon alliance, je les ferai venir à ma
montagne sainte, et je les rendrai joyeux dans ma maison de prière ; leurs
holocaustes et leurs sacrifices seront agréés sur mon autel ; car ma
maison sera appelée une maison de prière pour tous les peuples » (v. 2-7).
Et encore : « Si tu gardes ton pied de profaner le sabbat, de faire ton plaisir en mon saint jour, si tu appelles le sabbat tes délices, et honorable le saint jour de l’Éternel, si tu l’honores en t’abstenant de suivre tes propres chemins, de chercher ton plaisir et de dire des paroles vaines, alors tu trouveras tes délices en l’Éternel, et je te ferai passer à cheval sur les lieux hauts de la terre, et je te nourrirai de l’héritage de Jacob, ton père : car la bouche de l’Éternel a parlé » (Ésa. 58:13-14). Ces citations suffisent pour montrer quelle place importante le sabbat occupe aux yeux de Dieu. Il serait inutile de les multiplier, mais il est encore un passage du Lévitique que nous voudrions citer au lecteur : « Et l’Éternel parla à Moïse, disant : Parle aux fils d’Israël, et dis-leur : Les jours solennels de l’Éternel, que vous publierez, seront de saintes convocations. Ce sont ici mes jours solennels : Six jours on travaillera ; et le septième jour est un sabbat de repos, une sainte convocation ; vous ne ferez aucune œuvre : c’est un sabbat consacré à l’Éternel dans toutes vos habitations » (Lév. 23:1-3).
Le sabbat est ici placé en tête de toutes les fêtes solennelles énumérées dans ce merveilleux chapitre, et qui sont pour nous les types de toutes les dispensations de Dieu envers son peuple. Le sabbat est le type du repos éternel, dans lequel Dieu introduira son peuple, quand toutes ses tribulations auront pris fin ; de ce « repos sabbatique » qui reste « pour le peuple de Dieu » (Héb. 4:9). L’Éternel cherchait constamment à rappeler ce glorieux repos à son peuple ; le septième jour, la septième année, l’année du Jubilé, toutes ces belles fêtes sabbatiques avaient pour but de typifier l’époque bénie où Israël sera rassemblé dans son pays, et où le sabbat sera observé comme il ne l’a encore jamais été.
Ceci nous conduit à un second point de vue, savoir la durée permanente du sabbat. Des expressions telles que : « un signe en vos générations » — « une alliance perpétuelle » — « à perpétuité » auraient jamais été employées pour désigner une institution simplement temporaire. Il est vrai, hélas ! qu’Israël n’observa jamais le sabbat selon Dieu, et il n’en comprit jamais la signification ; il n’en savoura jamais les douceurs et les bénédictions. Il en fit le signe de sa justice propre, s’en vanta comme d’une institution nationale, et s’en servit pour s’enorgueillir ; jamais il ne le célébra dans la communion avec Dieu.
Nous parlons de la nation en général, car nous ne saurions douter qu’il ne se soit trouvé des âmes qui, dans le secret, jouissaient du sabbat et comprenaient les pensées de Dieu à ce sujet. Néanmoins, comme nation, Israël ne l’observa jamais comme Dieu le désirait. Écoutons ce que dit Ésaïe : « Ne continuez pas d’apporter de vaines offrandes : l’encens m’est une abomination, — la nouvelle lune et le sabbat, la convocation des assemblées ; je ne puis supporter l’iniquité et la fête solennelle » (chap. 1:13).
La précieuse institution du sabbat, que Dieu avait donnée comme un signe de son alliance avec son peuple, était donc devenue, entre leurs mains, une abomination qu’il ne pouvait plus supporter. Si nous ouvrons les pages du Nouveau Testament, nous voyons les chefs et les docteurs du peuple juif constamment en guerre avec le Seigneur Jésus, par rapport au sabbat. Lisez, par exemple, Luc 6:1-5 et 6-11.
Quelle preuve nous avons ici
du peu de valeur du formalisme humain dans l’observance du sabbat. Ces
directeurs religieux voulaient que les disciples endurent la faim, plutôt que d’enfreindre
leur
sabbat. Ils auraient laissé l’homme
emporter sa main sèche au tombeau, plutôt que de le voir guérir le jour de leur
sabbat. Hélas ! c’était bien
leur sabbat et non celui de Dieu. Son repos ne pouvait s’allier avec la faim et
des membres desséchés. Ils n’avaient jamais bien compris le récit de David
mangeant les pains de proposition. Ils ne comprenaient pas que les institutions
légales doivent céder le pas à la grâce divine venant au-devant des besoins de
l’homme. La grâce, avec toute sa splendeur, s’élève au-dessus de toutes les
barrières légales, et la foi se réjouit à sa lumière ; mais la religiosité
s’offense de l’activité de la grâce et de la hardiesse de la foi. Les
pharisiens ne comprenaient pas que l’homme à la main sèche était un commentaire
frappant de l’état moral de cette nation ; une preuve vivante du fait qu’ils
étaient fort éloignés de Dieu. S’ils eussent été comme ils auraient dû être, il
n’y aurait pas eu de mains sèches à guérir ; mais ils n’étaient pas
fidèles, et, par conséquent, leur sabbat n’était qu’une forme vide de sens, une
observance sans valeur et sans force, une célébration abominable, haïssable aux
yeux de Dieu et entièrement incompatible avec la condition de l’homme. Lisez
encore Luc 13:10-16.
Quel accablant reproche pour ces formalistes ! Quelle démonstration de la vanité et de la complète nullité de tout leur système judaïque ! Oser parler du sabbat en présence d’une fille d’Abraham liée depuis dix-huit ans par la main cruelle de Satan, quelle incongruité ! Il n’y a rien au monde qui aveugle l’esprit, endurcisse le cœur, endorme la conscience, comme une religion sans Christ. On ne peut bien juger de cette puissance trompeuse et dégradante qu’à la lumière de la présence divine. Peu importait au chef de la synagogue que cette pauvre femme restât infirme jusqu’à la fin de ses jours. Il l’eût laissée continuer à être une triste preuve de la puissance de Satan, pourvu qu’il pût observer son sabbat. Son indignation religieuse était excitée, non pas par la puissance de Satan révélée dans l’état de cette femme, mais par la puissance de Christ révélée par sa complète délivrance.
Le Seigneur lui répond comme il le mérite. « Et comme il disait ces choses ; tous ses adversaires furent couverts de honte ; et toute la foule se réjouissait de toutes les choses glorieuses qui étaient faites par lui » (Luc 13:17). Quel contraste frappant ! Les adhérents d’une religion fausse, vaine et cruelle, démasqués et couverts de honte et de confusion ; puis, d’un autre côté, la foule se réjouissant des œuvres glorieuses du Fils de Dieu qui était venu au milieu d’eux pour les délivrer de la puissance écrasante de Satan ; pour remplir leurs cœurs de la joie du salut de Dieu, leurs bouches de sa louange.
Cette question du sabbat, si souvent débattue, doit être examinée à fond à la lumière de l’Écriture, car nous sommes convaincus que nombre de chrétiens professants ne se doutent pas de tout ce qui s’y rattache.
Le commencement du chap. 5
de Jean illustre, d’une manière
remarquable la condition d’Israël.
Le réservoir de Béthesda est une frappante illustration de toute la famille humaine et de la nation d’Israël, de leur condition morale et spirituelle, considérée au point de vue de Dieu ! « Aveugles, infirmes, membres secs », tel est le réel état de l’homme, et plût à Dieu que l’homme le comprît.
Mais il y avait au milieu de
cette multitude d’infirmes un homme, dont l’état de faiblesse et d’épuisement
était tel que le réservoir de Béthesda ne pouvait rien pour lui. Il ne pensait
qu’à obtenir un secours humain pour parvenir au réservoir, mais chacun, image
frappante de tous ceux qui cherchent le salut par les œuvres, faisait de son
mieux pour soi-même. Nul souci des autres ; nulle pensée de leur venir en
aide. « Jésus lui dit : Lève-toi, prends ton petit lit, et marche. Et
aussitôt l’homme fut guéri, et il prit son petit lit, et marcha. Or c’était sabbat ce jour-là
» (v.
8-9).
Nous avons de nouveau ici le sabbat de l’homme, car ce n’était certainement pas celui de Dieu. La misérable multitude réunie autour du réservoir prouvait que le repos de Dieu n’était pas encore venu, que son glorieux antitype n’avait point encore lui sur cette terre coupable. Lorsque ce beau jour paraîtra, il n’y aura plus d’aveugles, de boiteux, ni d’infirmes, sous les portiques du réservoir de Béthesda. Le repos sabbatique de Dieu est absolument incompatible avec les misères humaines.
C’était le sabbat de l’homme. Ce n’était plus le signe de l’alliance de l’Éternel avec la postérité d’Abraham, comme cela avait été jadis, et comme cela sera de nouveau une fois. Le sabbat était devenu en Israël un signe de la propre justice de l’homme. Selon les Juifs, il était permis à l’homme de rester couché année après année sur ce même grabat, tandis qu’eux continuaient leurs vaines et inutiles tentatives pour observer le sabbat. S’ils eussent eu la moindre intelligence spirituelle, ils eussent compris l’inconséquence qu’il y avait à vouloir conserver leurs traditions au sujet du sabbat, en présence des misères humaines, des maladies et de toutes sortes de dégradations. Mais ils étaient complètement aveugles ; aussi, lorsque les résultats glorieux du ministère de Christ se révèlent, ils ont l’audace de les déclarer contraires à la loi.
Et non seulement cela, mais « à cause de cela, les Juifs persécutaient Jésus et cherchaient à le faire mourir, parce qu’il avait fait ces choses en un jour de sabbat ». Quel spectacle ! Des gens religieux, mieux encore, les chefs et les docteurs de la religion, les conducteurs du soi-disant peuple de Dieu, cherchent à faire mourir « le Seigneur du sabbat », parce qu’il avait guéri un homme le jour du sabbat !
Mais observez la réponse de
notre Seigneur au verset 17: « Mon père travaille
jusqu’à maintenant, et moi je travaille ». Cette
parole si brève, mais si concluante, nous donne la clef de toute l’affaire.
Elle nous dévoile la vraie condition de l’humanité en général et celle d’Israël
en particulier ; elle nous présente d’une manière touchante le grand
secret de la vie et du ministère de notre Seigneur. Il n’était pas venu dans ce
monde pour se reposer ; que Dieu en soit béni ! Comment aurait-il pu
se reposer, —
observer le sabbat, —
entouré qu’il était par toutes les misères humaines ? Cette multitude d’impotents
qui remplissaient les portiques du réservoir de Béthesda, n’aurait-elle pas dû
montrer « aux Juifs » la folie de leurs idées au sujet du
sabbat ? Car cette multitude n’était-elle pas un spécimen de la condition
de la nation d’Israël et de toute la famille humaine ? Et comment l’amour
divin aurait-il pu se reposer au milieu d’un tel état de choses ? C’eût
été totalement impossible. L’amour ne peut que travailler au milieu des scènes
de péché et de douleurs. Du moment où l’homme est tombé, le Père avait
travaillé. Puis le Fils parut pour continuer l’œuvre. Maintenant le Saint
Esprit travaille. C’est le travail, et non le repos, qui est l’ordre divin dans
un monde tel que celui-ci. « Il reste donc un repos sabbatique pour le
peuple de Dieu ».
Le Seigneur Jésus allait faisant du bien le jour du sabbat tout comme les autres jours, et lorsque enfin il eut achevé l’œuvre glorieuse de la rédemption, il passa le sabbat dans le tombeau et ressuscita le premier jour de la semaine, comme le premier-né d’entre les morts, la tête d’une nouvelle création dans laquelle tout est de Dieu, et où il ne saurait plus être question « de jours, de mois, de temps et d’années ». Si nous comprenons bien ce que signifient la mort et la résurrection, nous n’observerons plus les jours. La mort de Christ a mis fin à tout cet ordre de choses, et sa résurrection nous introduit dans une sphère entièrement différente, où nous avons le privilège de marcher à la lumière et dans la puissance de ces réalités éternelles qui sont nôtres en Christ, et en vivant contraste avec les observances superstitieuses d’une religiosité charnelle et mondaine.
Nous voici arrivés à un point fort intéressant de notre sujet, savoir, la différence qui existe entre le sabbat et « le jour du Seigneur, ou le premier jour de la semaine ». On confond souvent ces deux choses. Nous entendons fréquemment des personnes vraiment pieuses parler du « sabbat chrétien », expression qui ne se trouve nulle part dans toute la Bible. Or nous devons toujours chercher à nous exprimer d’une manière conforme à l’Écriture.
Nous sommes persuadés que l’ennemi de Dieu et de son Christ est beaucoup plus mêlé qu’on ne le croit aux formes et aux conventions de la chrétienté ; c’est là ce qui rend la chose si sérieuse. Le lecteur trouvera peut-être qu’il est ridicule de désapprouver l’expression de « sabbat chrétien », mais s’il examine la question à la lumière du Nouveau Testament, il verra qu’elle se développe d’une manière fort importante. On dit souvent que « le nom ne fait rien à la chose », mais dans le sujet qui nous occupe, le nom caractérise la chose.
Nous avons déjà remarqué que notre Seigneur passa le jour du sabbat dans le tombeau. Ce fait n’a-t-il pas une profonde signification ? Nous ne saurions en douter. Nous y lisons la mise de côté de l’ancien ordre de choses, et la complète impossibilité d’observer un sabbat dans un monde de péché et de mort. L’amour ne pouvait se reposer dans un monde tel que celui-ci ; il ne pouvait que travailler et mourir. C’est ce que nous lisons sur la tombe où le Seigneur du sabbat fut déposé.
Mais, dira-t-on, le premier jour de la semaine n’est-il pas le sabbat nouveau, le sabbat chrétien ? Il n’est jamais appelé ainsi dans le Nouveau Testament. Si nous étudions les Actes des Apôtres, nous verrons que ces deux jours sont mentionnés d’une manière tout à fait distincte. Le jour du sabbat, nous voyons les Juifs assemblés dans leurs synagogues pour la lecture de la loi et des prophètes. Le premier jour de la semaine, nous voyons les chrétiens assemblés pour rompre le pain. Ces deux jours étaient aussi distincts que le judaïsme et le christianisme, et rien, absolument rien, ne pourrait faire supposer que le sabbat se soit jamais confondu avec le premier jour de la semaine. Où nous est-il dit que le sabbat ait été transporté, du septième jour au huitième, ou au premier jour de la semaine ? Nulle part, assurément.
Qu’on se souvienne aussi que
le sabbat n’est pas seulement un
septième
jour, mais le
septième jour.
Quelques-uns croient que, pourvu qu’une septième partie du temps soit donnée au
repos et aux devoirs publics de la religion, cela suffit, et que peu importe le
nom dont on l’appelle. Il en résulte que différentes nations et divers systèmes
religieux ont leur jour du sabbat. Mais cela ne saurait suffire aux âmes qui
désirent s’en tenir uniquement à l’Écriture. Le repos d’Éden était le
septième jour. Le repos pour Israël
était le
septième jour. Mais le
huitième attire nos pensées vers l’éternité, et, dans le Nouveau Testament, il
est appelé « le premier jour de la semaine », comme marquant le
commencement de ce nouvel ordre de choses, dont la croix est la base
impérissable, et un Christ ressuscité la Tête glorieuse et le centre. Or,
appeler ce jour-là le « sabbat chrétien », c’est simplement confondre
les choses terrestres et les célestes. C’est faire descendre le chrétien de sa
haute position, en tant qu’uni à une Tête glorifiée dans les cieux, et l’occuper
d’ordonnances charnelles imposées jusqu’au temps de l’Évangile ; d’observances
de jours, de mois, de temps et d’années, comme l’apôtre le reprochait aux
assemblées de la Galatie.
Bref, plus nous réfléchissons à cette expression « sabbat chrétien », plus nous sommes convaincus qu’elle tend, ainsi que beaucoup d’autres termes usuels dans la chrétienté, à dérober au chrétien ces grandes vérités qui distinguent l’Église de Dieu de tout ce qui l’a précédée et de tout ce qui suivra. L’Église, bien que sur la terre, n’est pas de ce monde, tout comme Christ n’est pas de ce monde. Elle est céleste dans son origine, son caractère, ses principes, sa marche et ses espérances. Elle est placée entre la croix et la gloire. Les limites de son existence sur la terre sont le jour de la Pentecôte, lorsque le Saint Esprit descendit pour la former, et la venue de Christ pour la prendre auprès de Lui.
Rien ne saurait être plus clair. C’est donc fausser la position du chrétien tout entière, que de vouloir forcer l’Église de Dieu à observer, soit légalement, soit superstitieusement, « les jours, les mois, les temps et les années » ; c’est attaquer la révélation divine, et priver le chrétien de la place qui lui appartient, par la grâce infinie de Dieu et par la rédemption accomplie par Christ.
Si le lecteur trouve que
nous allons trop loin dans nos assertions, qu’il médite le passage suivant de l’épître
de Paul aux Colossiens : « Comme donc vous avez reçu le Christ Jésus,
le Seigneur, marchez en lui, enracinés et édifiés en lui, et affermis dans la
foi, selon que vous avez été enseignés, abondant en elle avec des actions de
grâces. Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie
et par de vaines déceptions
», — remarquez cette association peu
flatteuse pour la philosophie ! — « selon l’enseignement des hommes,
selon les éléments du monde, et non selon Christ ; car en lui habite toute la plénitude de la déité
corporellement ;
et vous êtes accomplis en lui, qui est le chef de toute principauté et autorité ».
— Que nous faut-il de plus ? — « En qui aussi vous avez été circoncis
d’une circoncision qui n’a pas été faite
de main
, dans le dépouillement du corps de la chair par la circoncision du
Christ, étant ensevelis avec lui dans le baptême, dans lequel aussi vous avez
été ressuscités ensemble par la foi en l’opération de Dieu qui l’a ressuscité d’entre
les morts. Et vous, lorsque vous étiez morts dans vos fautes et dans l’incirconcision
de votre chair, il vous a vivifiés ensemble avec lui, nous ayant pardonné toutes nos fautes
, ayant effacé l’obligation
qui était contre nous, laquelle consistait en ordonnances et qui nous était
contraire, et il l’a ôtée en la clouant à la croix ayant dépouillé les
principautés et les autorités, il les a produites en public, triomphant d’elles
en la croix » (Col. 2:6-15).
Magnifique victoire
remportée par Lui seul et pour nous ! Que reste-t-il encore ?
« Que personne donc
ne vous juge
en ce qui concerne le manger ou le boire, ou à propos d’un jour de fête ou de
nouvelle lune, ou de sabbats, qui sont une ombre des choses à venir ; mais
le corps est du Christ ».
Que peut avoir à faire, au
point de vue religieux, avec le manger, le boire, ou les jours de fête, un
chrétien qui est complet et accepté en un Christ ressuscité et glorifié ?
Que peuvent faire pour lui la
philosophie, les traditions, ou la religion du monde ? Que sont les ombres
pour celui qui a saisi, par la foi, la substance éternelle ? Rien
absolument ; c’est pourquoi aussi l’apôtre continue : « Que
personne ne vous frustre du prix du combat, faisant sa volonté propre dans l’humilité
et dans le culte des anges, s’ingérant dans les choses qu’il n’a pas vues,
enflé d’un vain orgueil par les pensées de sa chair, et ne tenant pas ferme le chef
, duquel tout le corps, alimenté et bien
uni ensemble par des jointures et des liens, croît de l’accroissement de Dieu. Si vous êtes morts avec Christ
aux
éléments du monde, pourquoi, comme si
vous étiez encore en vie dans le monde
, établissez-vous des ordonnances —
ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas ! — (choses qui sont toutes
destinées à périr par l’usage), selon les
commandements et les enseignements des hommes
(qui ont bien une apparence
de sagesse en dévotion volontaire et en humilité, et en ce qu’elles n’épargnent
pas le corps, ne lui rendant pas un certain honneur), pour la satisfaction de
la chair ? » c’est-à-dire non pas en rendant au corps le degré d’honneur
qui lui est dû en tant que vaisseau de Dieu, mais enflant la chair par un
orgueil religieux alimenté par une vaine, creuse et prétendue sainteté (Col.
2:6-23).
Si l’on comprend bien l’esprit
de ce merveilleux passage, on sera au clair, non seulement sur la question du
sabbat, mais encore sur tout un système de choses qui y a rapport. Le chrétien,
qui a bien saisi quelle est sa position, en a fini pour toujours avec toute
question religieuse, au sujet du manger, du boire, des jours, des mois, des
temps et des années. Il n’a rien à faire avec les saintes époques, ni avec les
saints lieux. Il est mort avec Christ aux éléments du monde, et comme tel, il
est délivré de toutes les ordonnances d’une religion traditionnelle. Il est du
ciel, où il n’y a ni nouvelles lunes, ni jours de fête, ni sabbats. Il
appartient à la nouvelle création, où toutes choses sont de Dieu, et, par
conséquent, il ne saurait voir aucune force morale dans des mots tels que
ceux-ci : « ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas ». Ils ne
s’appliquent en aucune façon à lui. Il vit dans une atmosphère où les nuages,
les vapeurs et les brouillards du monachisme et de l’ascétisme ne se voient
jamais. Il a mis de côté toutes les formes inutiles d’un piétisme charnel et a
reçu, en échange, les sûres réalités de la vie chrétienne. Son oreille a été
ouverte pour entendre et son cœur pour comprendre la puissante exhortation de l’apôtre
inspiré : « Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ,
cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de
Dieu pensez aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la
terre ; car vous êtes morts
, et
votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Quand le Christ qui est votre vie,
sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui en
gloire » (Col. 3:1).
Nous avons ici le contraste frappant de quelques-unes des gloires du vrai christianisme avec les formes stériles et desséchantes d’une religiosité charnelle et mondaine. La vie chrétienne ne consiste point dans l’observation de certaines ordonnances, commandements ou traditions des hommes. Elle est une divine réalité. C’est Christ dans le cœur, et Christ reproduit dans la vie de chaque jour, par la puissance du Saint Esprit. C’est l’homme nouveau, formé d’après le modèle de Christ lui-même, et se révélant dans les moindres détails de notre conduite et de notre marche au milieu du monde, de nos familles, dans nos transactions avec nos semblables, dans nos manières, notre humeur, en un mot dans tout ce qui est nous-mêmes. Ce n’est point une affaire de profession ou de dogme, d’opinion ou de sentiment, mais une réalité vivante et incontestable. C’est la dépendance de Dieu établie dans le cœur, étendant sa domination bénie sur tout l’être moral, et répandant sa douce influence sur toute la sphère où nous sommes appelés à vivre. C’est le chrétien marchant sur les traces bénies de Celui qui allait de lieu en lieu, faisant du bien ; cherchant, selon son pouvoir, à se rendre utile ; ne vivant pas pour soi-même, mais pour les autres ; trouvant son plaisir à donner et à servir ; toujours prêt à soulager et à sympathiser avec les cœurs affligés ou découragés.
Tel est le christianisme. Oh ! combien il diffère de toutes les formes que revêtent le légalisme et la superstition ! Quel contraste avec l’ignorante observance des jours, des mois, des temps et des années, l’abstention des viandes, la défense de se marier, et tant d’autres erreurs ! Quelle différence d’avec la sentimentalité du mystique, la mélancolie de l’ascète et les austérités du moine ! Oui, le vrai christianisme du Nouveau Testament est entièrement différent de tout cela, comme aussi de la triste union d’une profession sans pratique, qui, possédant par l’intelligence de grandes vérités, ne s’en associe pas moins à une vie de mondanité et de satisfactions égoïstes. Le vrai christianisme produit ce qui est divin, céleste et spirituel, au milieu de tout ce qui est naturel, humain et terrestre. Puissent l’auteur et le lecteur de ces lignes avoir le saint désir de posséder ce christianisme moralement glorieux révélé dans les pages du Nouveau Testament.
Il n’est pas nécessaire, croyons-nous, d’en dire davantage sur la question du sabbat. Si le lecteur a bien saisi le sens des passages qui ont été cités, il verra sans peine quelle est la place que le sabbat occupe dans les dispensations de Dieu. Il comprendra qu’il se rapporte directement à Israël et à la terre, qu’il est un signe de l’alliance entre l’Éternel et son peuple terrestre, et une importante pierre de touche de leur état spirituel.
En outre, le lecteur verra qu’Israël n’observa jamais réellement le sabbat, n’en comprit jamais la signification, n’en apprécia jamais la valeur. C’est ce qui fut rendu évident dans la vie, le ministère et la mort de notre Seigneur Jésus Christ, lequel accomplit nombre de ses œuvres de miséricorde le jour du sabbat, et finalement passa cette journée dans le tombeau.
Le lecteur enfin comprendra quelle différence il y a entre le sabbat juif et le premier jour de la semaine ou le jour du Seigneur, lequel n’est pas une seule fois appelé sabbat dans le Nouveau Testament, mais est, au contraire, constamment mentionné distinctement. Ce n’est point le sabbat transformé et transféré à un autre jour, mais un jour entièrement nouveau, ayant sa propre identité et sa raison d’être, laissant le sabbat complètement de côté, comme une institution suspendue momentanément, pour être reprise par la suite, lorsque la postérité d’Abraham sera rentrée de nouveau dans la terre promise (voyez Ézé. 46:1, 12).
Nous ne pouvons quitter cet intéressant sujet, sans dire quelques mots de la place assignée dans le Nouveau Testament au jour du Seigneur, ou premier jour de la semaine. Bien qu’il ne soit pas le sabbat et qu’il n’ait rien à faire avec les fêtes, les nouvelles lunes, ou « les jours, les mois, les temps et les années », il a cependant une place qui lui est propre dans la chrétienté, comme le prouvent maints passages du Nouveau Testament.
Notre Seigneur est
ressuscité d’entre les morts ce jour-là. Il a rencontré maintes et maintes fois
ses disciples en ce jour. Les apôtres et les frères en Troade se réunissaient
pour rompre le pain ce même jour (Actes 20:7).
L’apôtre ordonne aux Corinthiens et à tous ceux qui, en tous
lieux, invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, de déposer leurs
offrandes ce jour-là. Le premier jour de la semaine était donc le
jour spécial, où le peuple de Dieu
devait se réunir pour prendre la cène du Seigneur ; le culte, la
communion, et le ministère, se trouvant ainsi liés à cette précieuse
institution. L’apôtre Jean nous dit aussi que ce fut en ce jour dominical qu’il
fut en esprit et qu’il reçut la Révélation merveilleuse qui clôt le volume
divin (Apocalypse. 1:10) (*).
(*) Quelques personnes
croient que l’expression : « Jour dominical » devrait être
rendue par : « le jour du Seigneur » ; elles pensent que l’apôtre
était dans l’esprit de ce jour où notre Seigneur reprendra possession de sa
puissance et de son royaume. Il y a deux graves objections à cette manière de
voir. D’abord les mots rendus en Apoc. 1:10, par « le jour
dominical », sont différents de ceux traduits en 1 Thes. 5:2 ; 2
Thes. 2:2 ; 2 Pierre 3.
10,
par : « le jour du Seigneur ».
Il nous semble que cela devrait trancher la question, mais nous ferons remarquer, en outre, que la plus grande partie du livre de l’Apocalypse traite non « du jour du Seigneur », mais d’événements qui lui sont antérieurs.
Nous sommes donc convaincus que, dans ce passage, l’expression « jour du Seigneur », ou « dominical », signifie : « le premier jour de la semaine », fait important, puisqu’il nous prouve que ce jour-là a une place toute spéciale dans la parole de Dieu, place que tout chrétien spirituel lui donnera avec reconnaissance.
Nous avons donc des preuves évidentes que le jour du Seigneur ne doit pas être mis au même niveau que les jours ordinaires. Pour le vrai chrétien, ce n’est ni le sabbat juif, ni le dimanche des gentils, mais le jour du Seigneur, dans lequel ses rachetés se réunissent avec joie autour de sa table pour faire la fête par laquelle ils annoncent sa mort jusqu’à ce qu’il vienne.
Aucun légalisme, aucune superstition ne se rattachent au premier jour de la semaine. Le prétendre, serait renier toute la chaîne de vérités qui se lient à ce jour. Nous n’avons pas de commandements directs touchant l’observation de ce jour, mais les passages auxquels nous avons fait allusion suffiront à tout cœur spirituel ; et nous dirons, en outre, que les instincts de la nature divine pousseront tout vrai chrétien à honorer le jour du Seigneur, à l’aimer et à le mettre à part pour le culte et le service de Dieu. La seule pensée que quelqu’un, faisant profession d’aimer Christ, puisse s’occuper d’affaires ou voyager sans nécessité le jour du Seigneur répugne à tout cœur vraiment pieux. Nous croyons que c’est un saint privilège que de pouvoir se retirer, autant que possible, de toutes les distractions de la terre, pour consacrer les heures du jour du Seigneur à Lui-même et à son service.
On objectera, peut-être, que le chrétien doit consacrer chaque jour au Seigneur. Assurément ; nous Lui appartenons dans le sens le plus complet et le plus élevé. Tout ce que nous avons et tout ce que nous sommes lui appartient ; nous en convenons avec bonheur. Nous sommes appelés à faire tout en son nom et pour sa gloire. C’est notre privilège d’acheter, de vendre, de manger, de boire, en un mot de tout faire comme étant devant ses yeux, dans la crainte et l’amour de son saint Nom. Nous ne devrions jamais, quelque jour de la semaine que ce soit, mettre la main à une chose quelconque sur laquelle nous ne pouvons pas, en toute confiance, demander la bénédiction du Seigneur.
Tout cela est pleinement reconnu par tout vrai chrétien ; mais, en même temps, il nous semble impossible qu’on lise le Nouveau Testament sans voir que le jour du Seigneur y occupe une place unique ; qu’il est marqué pour nous, de la manière la plus distincte ; qu’il a une signification et une importance que ne peut s’approprier aucun autre jour de la semaine. Nous en sommes si convaincus, que lors même que les lois de divers pays n’ordonneraient point que le jour du Seigneur soit observé, nous considérerions comme un devoir sacré et comme un saint privilège de nous abstenir alors de toute transaction commerciale quelconque.
Grâces à Dieu, les lois de plusieurs contrées veulent que le jour du Seigneur soit observé. C’est là une bénédiction signalée pour tous ceux qui aiment ce jour par amour pour le Seigneur. Nous reconnaissons sa grande bonté en arrachant ce jour à l’étreinte envahissante du monde pour le donner à son peuple et à ses serviteurs, afin qu’ils le consacrent à son culte et à son service.
Quelle faveur que d’avoir le jour du Seigneur avec son oubli profond des choses de la terre. Que ferions-nous sans lui ? Quelle interruption bénie au travail de la semaine. Que ses exercices sont rafraîchissants pour l’âme. Qu’il est précieux de se réunir autour de la table du Seigneur pour se souvenir de Lui, pour annoncer sa mort, et célébrer ses louanges. Qu’ils sont doux les devoirs divers du jour du Seigneur, que ce soient ceux de l’évangéliste, du pasteur, du docteur, de celui qui enseigne à l’école du dimanche, ou de celui qui distribue des traités. Quel langage humain pourra exprimer la valeur et l’intérêt de toutes ces choses ? Il est vrai que le jour du Seigneur n’est rien moins qu’un jour de repos pour ses serviteurs ; ils sont souvent plus fatigués ce jour-là que tout autre de la semaine ; mais, c’est une fatigue qui recevra sa belle récompense dans le repos qui reste pour le peuple de Dieu.
Encore une fois, cher lecteur chrétien, élevons nos cœurs avec reconnaissance à Dieu, pour le précieux privilège du jour du Seigneur. Puisse-t-il le continuer à son Église jusqu’à ce qu’il vienne ! Puisse-t-il anéantir, par sa toute-puissance, tous les efforts des incrédules et des athées pour renverser les barrières que les ordonnances ont élevées autour du jour du Seigneur ! Ce serait réellement un triste jour que celui où ces barrières seraient renversées.
Quelques personnes diront peut-être que le sabbat est aboli et, par conséquent, qu’il ne nous lie plus. Un grand nombre de chrétiens de profession ont pris cette raison pour demander, en Angleterre, que les lieux publics de récréation fussent ouverts le dimanche. Hélas ! il est facile de voir ce que l’on recherche et à quoi l’on voudrait en venir. On voudrait mettre de côté la loi, afin d’avoir toute liberté pour les plaisirs mondains. On ne comprend pas que le seul moyen d’être délivré de la loi, c’est d’être mort à la loi, et si nous sommes morts à la loi, nous sommes aussi nécessairement morts au péché et au monde.
C’est là toute la différence. Béni soit Dieu, le chrétien est affranchi de la loi, mais s’il en est ainsi, ce n’est point pour qu’il s’amuse et prenne ses aises le jour du Seigneur ou tel autre jour, mais afin qu’il vive pour Dieu. « Car moi, par la loi, je suis mort à la loi, afin que je vive à Dieu » (Gal. 2:19). Voilà le terrain chrétien ; il ne peut être occupé que par ceux qui sont vraiment nés de Dieu. Le monde ne saurait le comprendre, non plus que les saints privilèges et exercices spirituels du jour du Seigneur.
Tout cela est vrai, mais en même temps nous sommes persuadés que si l’Angleterre enlevait les barrières qui entourent le jour du Seigneur, on verrait alors combien elle a abandonné cette profession de religion qui l’a si longtemps caractérisée comme nation, et avec quelle rapidité elle s’avance du côté de l’incrédulité et de l’athéisme. Nous ne devons pas perdre de vue le fait sérieux que l’Angleterre s’est donnée pour être une nation chrétienne, faisant profession d’être gouvernée par la parole de Dieu. Elle est, par conséquent, beaucoup plus responsable que les nations qui sont enveloppées dans les ténèbres du paganisme. Nous croyons que les nations, tout comme les individus, auront à répondre de la profession qu’elles auront faite, et que, par conséquent, les nations qui s’appellent chrétiennes seront jugées, non seulement par la lumière de la création ou par la loi de Moïse, mais par la pleine et brillante lumière de ce christianisme qu’elles professent, oui, par toute la vérité contenue dans le précieux volume qu’elles possèdent et dont elles font leur gloire. Les païens seront jugés sur le terrain de la création ; les Juifs sur celui de la loi, les chrétiens de nom sur le terrain de la vérité du christianisme.
Ce fait si sérieux rend la position de toutes les nations professantes, excessivement grave. Dieu les traitera, sans aucun doute, suivant la profession qu’elles auront faite. Il ne sert à rien de dire qu’elles ne comprennent pas ce qu’elles professent, car pourquoi professer ce qu’on ne comprend ni ne croit ? Le fait est qu’elles font profession de comprendre et de croire ; or c’est d’après ce fait qu’elles seront jugées. Elles se font gloire de cette phrase familière : « La Bible, et la Bible seule est la religion des protestants ».
S’il en est ainsi, combien solennelle est la pensée que l’Angleterre sera jugée d’après la Bible Quel sera son jugement ? quelle sera sa fin ? Que tous ceux que cela concerne y réfléchissent sérieusement.
Nous quitterons maintenant le sujet du sabbat et du jour du Seigneur, pour terminer cette partie de notre étude, en recommandant à nos lecteurs de lire attentivement les versets 22 à 23, fin de notre chapitre 5.
Après avoir présenté au peuple les dix commandements, Moïse leur rappelle les circonstances solennelles qui avaient accompagné la promulgation de la loi, de même que ce qu’ils avaient éprouvé et exprimé en cette occasion.
Le grand principe du livre
du Deutéronome brille ici dans tout son éclat. Il est exprimé par ces
touchantes paroles qui sont comme le noyau du passage que nous venons de
citer : « Oh ! s’ils avaient toujours
ce cœur-là pour me craindre
et pour garder tous
mes commandements, afin de prospérer, eux et leurs fils, à
toujours ! » (v. 29).
Précieuses paroles ! Elles nous révèlent, d’une manière bénie, le secret de cette vie que, en tant que chrétiens, nous sommes appelés à vivre jour après jour, de cette vie d’obéissance simple et implicite, provenant d’un cœur qui craint le Seigneur, non dans un esprit servile, mais avec cet amour vrai, respectueux, que le Saint Esprit répand dans nos cœurs. C’est là ce qui réjouit notre Père. Il nous dit : « Mon fils, donne-moi ton cœur ». Quand le cœur est donné, tout vient ensuite, sans peine. Un cœur qui aime Dieu, trouve sa plus grande joie à obéir à tous ses commandements, et rien n’a de valeur pour Dieu que ce qui découle d’un cœur dévoué. C’est du cœur que procèdent les sources de la vie ; lors donc qu’il est gouverné par l’amour de Dieu, il éprouve le besoin et le désir d’obéir à tous ses commandements. Nous aimons ses commandements, parce que nous l’aimons, Lui. Chacune de ses paroles est précieuse au cœur qui l’aime. Chaque précepte, chaque statut, chaque ordonnance, en un mot sa loi tout entière, sont chéris, respectés et obéis, parce que son Nom et son autorité s’y rattachent.
Le lecteur trouvera au
Psaume 119
l’illustration du sujet
qui nous occupe, et l’exemple d’une âme qui est à l’unisson avec ces
paroles : « Oh ! S’ils avaient toujours ce cœur-là
pour me craindre et pour garder tous
mes commandements ! » Ce
sont les touchantes aspirations d’un cœur, qui trouvait ses constantes et
profondes délices en la loi de Dieu. Il y a, dans ce Psaume admirable, non
moins de cent soixante et dix allusions à cette précieuse loi ; semblables
à des perles, elles enrichissent chacun de ces versets.
Sûrement, cela réjouit le cœur et restaure l’âme d’avoir sous les yeux des paroles telles que celles de ce Psaume, et dont plusieurs furent prononcées par notre Seigneur lui-même, dans les jours de sa chair. Il vivait de la Parole. Elle était la nourriture de son âme, l’instrument de son ministère, son autorité en toutes choses. C’est par elle qu’il était victorieux de Satan, qu’il réduisait au silence les sadducéens, les pharisiens et les hérodiens. C’est par la Parole qu’il enseignait ses disciples, et c’est à elle qu’il recommanda ses serviteurs au moment de monter au ciel.
Quelle place cela donne à l’Écriture Sainte, lorsque nous nous souvenons que le précieux volume inspiré est sous-entendu dans chacune des sentences de cet admirable Psaume ! Le Seigneur en appelle en toute occasion à la Parole, comme à une autorité divine et irrévocable. Quoiqu’il fût lui-même Dieu et l’Auteur du volume, cependant, ayant pris sa place comme homme sur la terre, il démontre constamment que c’est le devoir absolu et le privilège sacré de l’homme de vivre de la parole de Dieu, et de se soumettre à son autorité divine.
N’y a-t-il pas là une réponse bien claire à cette question si souvent faite par l’incrédulité : « Comment saurons-nous que la Bible est la parole de Dieu ? » Si nous croyons réellement en Christ, si nous le reconnaissons comme Fils de Dieu, Dieu manifesté en chair, vrai Dieu et vrai homme, nous ne pouvons ne pas admettre la force morale du fait que cette Personne divine en appelle constamment aux Écritures, — Moïse, les prophètes et les Psaumes, — comme à une loi divine. Ne savait-il pas que c’était la parole de Dieu ? En tant que Dieu, il l’avait dictée ; en tant qu’homme, il la recevait, il en vivait et en reconnaissait l’autorité supérieure en toutes choses.
Quelle leçon et quel reproche pour l’église professante et pour tous ces docteurs et écrivains soi-disant chrétiens, qui ont eu l’audace d’attaquer la grande vérité fondamentale de l’inspiration des Écritures en général, et celle des cinq livres de Moïse en particulier ! Qu’il est terrible d’entendre des hommes qui enseignent dans l’Église de Dieu, oser appeler apocryphes les pages que notre Seigneur et Maître recevait et reconnaissait comme étant divines !
Et pourtant on voudrait nous faire croire que tout va progressant ! Les absurdités dégradantes du ritualisme et les raisonnements blasphématoires de l’incrédulité se multiplient rapidement autour de nous. Là même où ces influences ne dominent pas directement, on ne voit que froide indifférence, amour de ses aises, égoïsme, mondanité, tout en un mot, sauf les preuves d’un progrès spirituel. Si les masses ne sont pas entraînées par l’incrédulité d’un côté, ou par le ritualisme de l’autre, c’est en grande partie parce qu’elles sont trop occupées de leurs plaisirs et de leurs gains pour penser à autre chose. Quant à la religion du jour, si vous en retranchez l’argent et la musique, il ne vous restera pas grand-chose.
L’observation et l’expérience montrent donc avec évidence que les choses sont loin de progresser ; les preuves du contraire sont en si grand nombre, que croire encore à cette théorie est le fait d’une étonnante crédulité.
Quelques-uns diront peut-être que nous ne devons pas juger d’après ce que nous voyons ; qu’il faut toujours espérer. Cela est vrai, pourvu que notre espoir soit fondé sur une parole divine. Si l’on peut nous montrer une seule ligne de l’Écriture qui prouve que le système actuel sera marqué par une amélioration générale dans la religion, la politique, la morale ou la société, alors espérons, même contre espérance. Une seule parole inspirée est suffisante pour former la base d’une espérance qui élèvera le cœur au-dessus des circonstances les plus sombres et les plus décourageantes.
Mais où trouverons-nous cette parole ? Nulle part. Le témoignage de la Bible, du commencement à la fin, l’enseignement constant de la Sainte Écriture, la voix des prophètes et des apôtres, tous à l’unisson s’accordent à prouver que l’état actuel des choses empirera rapidement jusqu’à ce que les brillants rayons de la gloire millénaire viennent réjouir la terre oppressée. Il faut, avant cela, que l’épée du jugement accomplisse son œuvre terrible. Si nous voulions citer les passages à l’appui de cette assertion, nous remplirions un volume, car ils forment une large portion des écrits prophétiques de l’Ancien et du Nouveau Testament.
C’est ce que nous n’essaierons pas de faire. Le lecteur a sa Bible devant lui ; qu’il l’étudie, en mettant de côté toutes ses idées préconçues selon les enseignements généralement admis dans la chrétienté, ainsi que la phraséologie du monde religieux, avec tous les dogmes des écoles de théologie ; s’il vient avec la simplicité d’un petit enfant à la pure source de la Sainte Écriture, le résultat de ses recherches sera une conviction claire et certaine que le monde ne se convertira point par les moyens employés jusqu’ici ; enfin que ce ne sera pas l’Évangile de paix, mais la verge de la destruction qui préparera la terre pour la gloire millénaire.
Qu’on ne pense pas, néanmoins, que nous désapprouvons le bien qui se fait. Au contraire, nous en bénissons Dieu, et nous nous réjouissons du moindre effort tenté pour répandre le précieux Évangile de la grâce de Dieu ; nous rendons grâces pour chaque âme amenée dans le cercle béni du salut de Dieu. Nous sommes heureux à la pensée que quatre-vingt-cinq millions de Bibles sont répandues sur la terre. Qui pourrait calculer les effets qu’elles peuvent produire, ou même celui d’un seul exemplaire ? Nous accompagnons de nos meilleurs vœux tous les pieux missionnaires qui portent la bonne nouvelle du salut dans les ruelles de Londres, ou jusqu’aux confins les plus éloignés de la terre.
Cependant nous ne sommes pas de ceux qui croient à la conversion du monde par les moyens employés maintenant. L’Écriture nous dit que ce sera lorsque les jugements de Dieu seront sur la terre, que les peuples apprendront la justice.
Ce seul texte inspiré devrait suffire pour prouver que ce n’est point par l’Évangile que le monde doit être converti ; des centaines d’autres tiennent le même langage et enseignent la même vérité. Ce n’est point par la grâce, mais par le jugement, que les habitants de la terre apprendront la justice (Ésaïe 26:8, 9).
Quel est donc le but de l’Évangile ?
S’il ne doit pas convertir le monde, pourquoi donc le prêche-t-on ? L’apôtre
Jacques, dans son discours au concile assemblé à Jérusalem, répond d’une
manière directe à cette question. Il dit : « Siméon a raconté comment
Dieu a premièrement visité les nations ». — Dans quel but ? Était-ce
pour les convertir toutes ? Bien au contraire : « Pour en tirer
un peuple pour son
nom » (Actes 15:13). Rien ne saurait être plus clair. Ces paroles nous
montrent quel devrait être le but de tous les efforts missionnaires,
savoir : « de tirer (d’entre les nations) un peuple pour Son
nom ».
Combien n’est-il pas important de se souvenir de cela, et d’avoir toujours un but utile et réel devant nous en tout ce que nous entreprenons. À quoi sert de travailler pour un faux but ? Ne vaut-il pas bien mieux agir d’accord avec Dieu ? Les efforts du missionnaire seront-ils arrêtés ou même ralentis, parce qu’il sait quelles sont les pensées de Dieu à l’égard de son œuvre ? Assurément non. Supposons deux missionnaires partant pour quelque mission lointaine. L’un a pour but la conversion du monde ; l’autre celui d’en tirer un peuple pour Dieu. Ce dernier sera-t-il, à cause de son but, moins dévoué, moins énergique, moins enthousiaste que le premier ? Bien au contraire ; le fait même qu’il est dans le courant des pensées de Dieu, donnera de la puissance et de la stabilité à ses efforts, et fortifiera son cœur au milieu des difficultés et des obstacles qui l’entourent.
Il est parfaitement évident que les apôtres de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ n’avaient pas en vue la conversion du monde, lorsqu’ils partirent pour leur œuvre d’évangélisation : « Allez dans tout le monde, et prêchez l’Évangile à toute la création. Celui qui aura cru, et qui aura été baptisé, sera sauvé ; et celui qui n’aura pas cru, sera condamné » (Marc 16:15, 16).
Ces paroles s’adressaient
aux douze. Le monde devait être leur sphère d’activité. Leur message s’adressait
à toute la création, mais son application n’était que pour ceux qui avaient
cru. C’était avant tout une affaire individuelle. La conversion du monde ne
devait point être leur but ; elle sera opérée par des moyens entièrement
différents, après que l’œuvre actuelle de Dieu par l’Évangile aura eu pour
résultat le rassemblement d’un peuple pour le ciel. Le Saint Esprit descendit
du ciel le jour de la Pentecôte, non pas pour convertir le monde, mais pour le
« convaincre
» (éléghxo
), c’est-à-dire le convaincre du
péché d’avoir rejeté le Fils de Dieu (*). L’effet
de sa présence était de montrer que le monde était coupable ; le grand but
de sa mission était de former un corps composé de croyants tirés d’entre les
Juifs et les gentils. Or, c’est de ceci qu’il s’occupe depuis plus de dix-huit
cents ans. Tel est le « mystère » dont l’apôtre Paul fut fait
ministre, et qu’il explique et développe d’une manière si bénie dans son épître
aux Éphésiens. Si l’on comprend bien la vérité exposée dans cette épître, il
est impossible de ne pas voir que la conversion du monde et la formation du
corps de Christ sont deux choses totalement différentes, qui ne sauraient
marcher de front.
(*) Appliquer le passage de
Jean 16:8-11, à l’œuvre de l’Esprit dans
les individus,
est une grave erreur, à nos yeux. Il fait allusion à l’effet
de sa présence et de toute son action sur la terre, par rapport au monde en
général. Son œuvre dans l’âme est une précieuse vérité ; mais ce n’est
point cette vérité qui est enseignée dans ce passage.
Le lecteur verra par des
passages tels que Éph. 3:1-10 ; Col. 1:23-29 et par d’autres encore, quel
était le but spécial du ministère de Paul. Il n’avait assurément pas en vue la
conversion du monde. Il est vrai qu’il prêchait l’Évangile dans toute sa
puissance, soit « depuis Jérusalem, et tout alentour, jusqu’en
Illyrie » (Rom. 15:19), soit « parmi les nations » (Éph.
3:8) ; mais ce n’était point dans le but de convertir le monde. Il savait
et enseignait que le monde mûrissait rapidement pour le jugement, que
« les hommes méchants et les imposteurs iraient de mal en pis » (2
Tim. 3:13), que « aux derniers temps
quelques-uns apostasieraient de la foi, s’attachant à des esprits séducteurs
et à des enseignements de démons, disant des mensonges par hypocrisie, ayant
leur propre conscience cautérisée, défendant de se marier, prescrivant de s’abstenir
des viandes que Dieu a créées pour être prises avec actions de grâces par les
fidèles et par ceux qui connaissent la vérité » (1 Tim. 4:1-3).
Plus loin il dit que
« dans les derniers jours
»
— plus tard encore que « les derniers temps » — « il surviendra
des temps fâcheux » (ou difficiles), « car les hommes seront
égoïstes, avares, vantards, hautains, outrageux, désobéissants à leurs parents,
ingrats, sans piété, sans affection naturelle, implacables, calomniateurs,
incontinents, cruels, n’aimant pas le bien, traîtres, téméraires, enflés d’orgueil,
amis des voluptés, plutôt qu’amis de Dieu
,
ayant la forme de la piété, mais en ayant renié la puissance » (comparez 1
Tim. 4:1-3, avec 2 Tim. 3:1-5).
Ce tableau nous reporte à la fin du premier chapitre de l’épître aux Romains, où la même plume inspirée nous dépeint les mœurs du paganisme, mais avec cette différence terrible, que, dans la seconde épître à Timothée, il ne s’agit plus du paganisme, mais de la chrétienté qui a « une forme de piété ».
Telle sera la fin de l’état de choses actuel ! Serait-ce là le monde converti, dont on parle tant ? Hélas ! il s’élève de tous côtés des faux prophètes. On crie paix, paix ! quand il n’y a point de paix. On essaie de raffermir les murs croulants de la chrétienté avec un mortier sans consistance.
Tout cela n’empêchera point le jugement qui est à la porte. L’église professante a honteusement failli ; elle s’est éloignée de la parole de Dieu et s’est rebellée contre l’autorité de son Seigneur. Il n’y a pas le moindre rayon d’espoir pour elle. De toutes les pages de l’histoire de la création de Dieu, c’est elle qui présente le plus sombre tableau.
Le même apôtre que nous avons déjà si souvent cité, nous dit que « le mystère d’iniquité opère déjà », par conséquent, il opère maintenant depuis plus de dix-huit siècles. « Seulement celui qui retient maintenant, le fera jusqu’à ce qu’il soit loin. Et alors sera révélé l’inique, que le Seigneur Jésus consumera par… l’apparition de sa venue ; duquel la venue est selon l’opération de Satan en toute sorte de miracles et signes et prodiges de mensonge, et en toute séduction d’injustice pour ceux qui périssent, parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés. Et à cause de cela, Dieu leur envoie une énergie d’erreur pour qu’ils croient au mensonge, afin que tous ceux-là soient jugés qui n’ont pas cru la vérité, mais qui ont pris plaisir à l’injustice » (2 Thes. 2:7-12).
Qu’il est terrible le sort de la chrétienté, en dépit des rêves de ces faux prophètes, qui parlent aux âmes du « beau côté des choses ». Grâce à Dieu, il y a un beau côté pour tous ceux qui appartiennent à Christ. L’apôtre peut s’adresser à ceux-là avec des paroles joyeuses et encourageantes : « Mais nous, nous devons toujours rendre grâces à Dieu pour vous, frères aimés du Seigneur, de ce que Dieu vous a choisis dès le commencement pour le salut, dans la sainteté de l’Esprit et la foi de la vérité, à quoi il vous a appelés par notre Évangile pour que vous obteniez la gloire de notre Seigneur Jésus Christ » (2 Thes. 2:13, 14).
Voilà quelle est la vraie espérance de l’Église de Dieu, espérance qu’il voudrait toujours voir luire dans les cœurs de ses bien-aimés enfants avec une puissance purifiante et sanctifiante.
Satan a ravi à l’Église son espérance divine, et lui a donné à la place une illusion, un mensonge. Au lieu d’attendre « l’Étoile brillante du matin », il l’a conduite à espérer la conversion du monde — un millénium sans Christ. Il a réussi à jeter sur l’avenir un voile tel, que l’Église a complètement perdu sa route. Elle ne sait plus où elle en est. Semblable à un vaisseau ballotté sur l’océan en tourmente, n’ayant ni gouvernail, ni boussole, n’apercevant ni soleil, ni étoiles. Tout est ténèbres et confusion !
D’où cela vient-il ? De ce que l’Église a perdu de vue les précieuses promesses de son Seigneur, et accepté à la place ces croyances et ces traditions humaines qui embrouillent et mutilent la vérité de Dieu, au point que les chrétiens ne savent plus quelle est leur vraie position ni leur espérance.
Et cependant, ils ont la Bible entre les mains. Cela est vrai, mais les Juifs l’avaient aussi, et néanmoins ils rejetèrent Celui qui est le grand sujet de la Bible, du commencement à la fin. C’était là l’inconséquence morale que notre Seigneur leur reprochait au chap. 5 de Jean, vers. 39 : « Sondez les Écritures, car vous, vous estimez avoir en elles la vie éternelle, et ce sont elles qui rendent témoignage de moi — et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie ».
Et pourquoi cela ? Simplement parce que leurs cœurs étaient aveuglés par des préjugés religieux. Ils étaient sous l’influence de doctrines et de commandements d’hommes. Par conséquent, bien qu’ils eussent les Écritures et s’en vantassent, ils en étaient aussi ignorants et se laissaient aussi peu diriger par elles, que les pauvres païens qui les entouraient. Une chose est d’avoir la Bible entre nos mains, dans nos demeures et dans nos assemblées, et autre chose d’avoir les vérités de la Bible agissant dans nos cœurs et nos consciences, et se montrant dans nos vies.
Prenons pour exemple le sujet qui vient de nous entraîner dans cette longue digression. Y a-t-il, dans le Nouveau Testament, rien de plus clairement démontré que ceci, savoir que la fin de l’état de choses actuel sera une terrible apostasie et une révolte complète contre Dieu et contre l’Agneau ? Les évangiles, les épîtres, l’Apocalypse, s’accordent à proclamer cette si solennelle vérité avec tant de clarté et de simplicité qu’un nouveau-né en Christ peut la saisir.
Et cependant, combien peu la
reçoivent. La grande majorité croit exactement le contraire. On s’imagine que
toutes les nations seront converties par le concours des divers moyens à l’œuvre
actuellement. Mais alors, comment interprète-t-on les paraboles de notre
Seigneur en Matt. 13, l’ivraie, le levain et le grain de moutarde ?
Comment s’accordent-elles avec l’idée d’un monde converti ? Si le monde
entier doit être converti par la prédication de l’Évangile, comment l’ivraie
sera-t-elle trouvée dans le champ à la fin ? Comment y aura-t-il autant de
vierges folles que de sages, lorsque l’Époux arrivera ? Si le monde entier
doit être converti par l’Évangile, sur qui donc « le jour du Seigneur
viendra-t-il comme un larron dans la nuit ? » Et que signifient ces
terribles paroles : « Quand ils diront : paix et sûreté, une
subite destruction viendra sur eux, comme les douleurs sur celle qui est
enceinte, et ils n’échapperont point » (1 Thess. 5:3) ? Quelle serait
l’application, quelle serait la force morale du chap. 1
de l’Apocalypse, si l’on espère la conversion du monde ?
« Voici, il vient avec les nuées, et tout œil le verra, et ceux qui l’ont
percé ; et toutes les tribus de la
terre
se lamenteront à cause de lui ». Où trouverait-on toutes ces
tribus malheureuses, si la terre entière avait été convertie ?
Lecteur, n’est-il pas clair comme le jour, que les deux choses ne peuvent aller ensemble ? N’est-il pas évident que la théorie d’un monde converti par l’Évangile est diamétralement opposée à l’enseignement du Nouveau Testament tout entier ? Comment se fait-il donc que la grande majorité des chrétiens professants persistent à y croire ? Il n’y a qu’une réponse : c’est qu’ils ne se soumettent pas à l’autorité de l’Écriture. Cela est fort triste à dire ; mais, hélas ! ce n’est que trop vrai. La Bible est lue dans la chrétienté, mais loin de croire aux vérités de la Bible, on les repousse obstinément, malgré l’axiome si fréquemment répété : « La Bible, et la Bible seule est la religion des protestants ».
Là se trouve la cause réelle
de toute la confusion, de toutes les erreurs, de tout le mal au milieu de nous.
Nous nous sommes détournés de la parole du Seigneur et de Lui-même. Aussi
longtemps que cela ne sera pas reconnu, senti et confessé, nous ne pourrons
marcher droit. Le Seigneur exige et recherche une vraie repentance, une réelle
contrition de cœur : « Je regarderai à l’affligé
, et à celui qui a l’esprit contrit
, et qui tremble à ma parole » (Ésa. 66:2).
Cela est vrai en tout temps.
Il n’y a pas de bornes à la bénédiction pour l’âme qui se trouve dans cette
attitude bénie. Dieu veut des réalités. Il ne s’agit pas de dire
, qu’on est « affligé et
contrit », il faut l’être.
C’est
une chose individuelle. « Je regarderai à
celui
».
Oh ! veuille le Seigneur, dans sa grâce infinie, amener chacun d’entre nous, à un vrai jugement de lui-même, à la lumière de sa Parole ! Puissent nos oreilles être ouvertes pour entendre sa voix ! Puissent nos cœurs se tourner en réalité vers Lui et vers sa Parole ! Puissions-nous, une fois pour toutes, nous détourner fermement de tout ce qui ne s’appuie pas sur l’Écriture ! C’est, nous n’en saurions douter, ce que notre Seigneur attend de ceux qui lui appartiennent au milieu des ruines de la chrétienté.
« Et ce sont ici les commandements, les statuts, et les ordonnances que l’Éternel, votre Dieu, a commandé de vous enseigner, afin que vous les pratiquiez dans le pays dans lequel vous passez pour le posséder ; afin que tu craignes l’Éternel, ton Dieu, pour garder, tous les jours de ta vie, toi, et ton fils, et le fils de ton fils, tous ses statuts et ses commandements que je te commande, et afin que tes jours soient prolongés. Et tu écouteras, Israël ! et tu prendras garde à les pratiquer, afin que tu prospères, et que vous multipliiez beaucoup dans un pays ruisselant de lait et de miel, comme l’Éternel, le Dieu de tes pères, te l’a dit. Écoute, Israël : L’Éternel, notre Dieu, est un seul Éternel » (chap. 6:1-4).
Ici nous est présentée cette grande vérité cardinale, que la nation d’Israël était spécialement responsable de retenir et de confesser, savoir l’unité de la divinité, vérité formant la base même de l’économie judaïque, le centre autour duquel le peuple devait se rallier. Aussi longtemps qu’ils la maintenaient, il y avait pour Israël, bonheur, prospérité et fertilité ; mais cette vérité une fois abandonnée, tout disparaissait. C’était, pour ainsi dire, le grand rempart national qui les séparait de tous les autres peuples de la terre ; ils étaient appelés à confesser cette glorieuse vérité à la face d’un monde idolâtre, et de ses plusieurs dieux et plusieurs seigneurs (voyez 1 Cor. 8:5).
Leur père Abraham avait été appelé hors du centre de l’idolâtrie païenne, pour devenir le témoin du seul Dieu vivant et vrai, se confier en Lui, marcher avec Lui, s’appuyer sur Lui, et Lui obéir.
Le lecteur trouvera dans le dernier chapitre de Josué, une expression très frappante de l’importance que l’Éternel attache à ce fait, lorsqu’il s’adresse pour la dernière fois au peuple : « Josué assembla toutes les tribus d’Israël à Sichem, et il appela les anciens d’Israël, et ses chefs, et ses juges, et ses magistrats ; et ils se tinrent devant Dieu. Et Josué dit à tout le peuple : Ainsi dit l’Éternel, le Dieu d’Israël : Vos pères, Térakh, père d’Abraham et père de Nakhor, ont habité anciennement au-delà du fleuve, et ils ont servi d’autres dieux ; et je pris votre père Abraham d’au-delà du fleuve, et je le fis aller par tout le pays de Canaan, et je multipliai sa semence : je lui donnai Isaac » (Josué 24:1-3).
Ici Josué rappelle au peuple que leurs pères ont servi d’autres dieux — fait très solennel et dont le souvenir leur aurait rappelé le profond besoin qu’ils avaient de veiller sur eux-mêmes, de peur d’être entraînés de nouveau dans l’idolâtrie, hors de laquelle Dieu, dans sa grâce souveraine, avait élu et appelé leur père Abraham. C’eût été sagesse de leur part de considérer que, même ce mal dans lequel leurs pères avaient vécu autrefois, était justement celui dont ils se rendraient coupables eux-mêmes.
Après avoir présenté ce fait
au peuple, Josué retrace avec une force remarquable tous les principaux événements
de leur histoire, depuis la naissance de leur père Isaac, jusqu’au moment où il
s’adresse à eux, puis il résume son discours par l’appel suivant :
« Et maintenant, craignez l’Éternel, et servez-le en intégrité et en
vérité ; et ôtez les dieux que vos
pères ont servis de l’autre côté du fleuve, et en Égypte,
et servez l’Éternel.
Et s’il est mauvais à vos yeux de servir l’Éternel, choisissez aujourd’hui qui
vous voulez servir, soit les dieux que
vos pères qui étaient de l’autre côté du fleuve ont servis
, soit les dieux
de l’Amoréen, dans le pays duquel vous habitez. Mais moi et ma maison, nous
servirons l’Éternel » (Josué 24:14, 15).
Remarquez cette allusion répétée au fait que leurs pères avaient adoré des faux dieux ; et, en outre, que le pays dans lequel l’Éternel les avait amenés avait été souillé, d’une extrémité à l’autre, par les abominations de l’idolâtrie païenne.
Ainsi, ce fidèle serviteur
de l’Éternel, évidemment inspiré par le Saint Esprit, cherche à représenter au
peuple le danger qu’il court d’abandonner la grande vérité fondamentale d’un
seul Dieu vivant et vrai, pour retourner au culte des idoles. Il insiste sur la
nécessité urgente pour eux d’une décision absolue. « Choisissez aujourd’hui
qui vous voulez
servir ». Rien n’égale une décision du cœur franche et complète pour
Dieu ; c’est ce que nous lui devons en tout temps. Quant à Israël, Dieu
lui avait donné des preuves évidentes que Lui-même était pour eux, en les
rachetant de la servitude d’Égypte et en les conduisant à travers le désert
pour les établir au pays de Canaan ; pour cette raison, une consécration
complète à l’Éternel n’était de leur part qu’un service raisonnable.
Les paroles de Josué prouvent combien il en sentait profondément l’importance pour ce qui le concernait : « Mais moi et ma maison, nous servirons l’Éternel ». Précieuse décision, qui nous montre que, quelle que soit la déchéance de la religion nationale, celle de la famille, et l’âme individuellement peuvent, par la grâce de Dieu, être maintenues en tout temps et en tous lieux.
Puissions-nous ne pas l’oublier ! « Moi et ma maison » est la réponse claire et précieuse de la foi à ces paroles de Dieu : « Toi et ta maison ». Quelle que puisse être, en un temps donné, la condition du peuple de Dieu ostensible et professant, tout homme de Dieu sincère et fidèle possède le privilège de pouvoir adopter ce principe : « Mais moi et ma maison, nous servirons l’Éternel », et d’y conformer tous ses actes.
Il est vrai que cette sainte
résolution ne peut être mise en pratique que par le secours incessant de la
grâce de Dieu ; mais nous pouvons être assurés que, si notre cœur est
déterminé à suivre entièrement le Seigneur, toute grâce nécessaire nous sera
fournie jour après jour, car ces paroles seront toujours vraies : « Ma
grâce te
suffit, car ma puissance s’accomplit dans l’infirmité » (2
Cor. 12:9).
Considérons maintenant l’effet apparent produit par l’émouvant appel de Josué à la congrégation : ne semble-t-il pas devoir être considérable ?
« Et le peuple répondit et dit : Loin de nous que nous abandonnions l’Éternel pour servir d’autres dieux ! Car l’Éternel, notre Dieu, c’est lui qui nous a fait monter, nous et nos pères, du pays d’Égypte, de la maison de servitude, et qui a fait devant nos yeux ces grands signes, et qui nous a gardés dans tout le chemin par lequel nous avons marché, et parmi tous les peuples, au milieu desquels nous avons passé. Et l’Éternel a chassé de devant nous tous les peuples, et l’Amoréen qui habitait dans le pays. Aussi nous, nous servirons l’Éternel, car c’est lui qui est notre Dieu » (Jos. 24:16-18).
Tout ceci sonnait très bien et donnait grand espoir, car le peuple paraissait avoir une claire intelligence du fondement moral des droits de l’Éternel à une obéissance implicite de leur part. Ils étaient en état de faire un récit exact de toutes ses œuvres de puissance à leur égard, de protester sérieusement, en toute sincérité, contre l’idolâtrie, et avec tout cela de promettre l’obéissance à l’Éternel, leur Dieu.
Cependant, il est évident
que Josué n’avait pas une confiance particulière en cette profession, puisqu’il
dit au peuple : « Vous ne pourrez pas servir l’Éternel ; car il
est un Dieu saint, il est un Dieu jaloux : il ne pardonnera pas votre
transgression et vos péchés. Si vous abandonnez l’Éternel, et si vous servez
des dieux étrangers, alors il se retournera et vous fera du mal et vous
consumera après vous avoir fait du bien. Et le peuple dit à Josué : Non,
car nous servirons l’Éternel. Et Josué dit au peuple : Vous êtes témoins
contre vous-mêmes que c’est vous qui vous êtes choisi l’Éternel pour le servir.
Et ils dirent : Nous en sommes témoins. Et maintenant, ôtez les dieux étrangers qui sont au milieu
de vous, et inclinez votre cœur vers l’Éternel, le Dieu d’Israël.
Et le
peuple dit à Josué : Nous servirons l’Éternel, notre Dieu, et nous
écouterons sa voix » (Josué 24:19-24).
Arrêtons-nous ici pour méditer sur l’aspect sous lequel Josué présente Dieu à la congrégation d’Israël, puisque notre but en nous occupant de ce passage est de montrer la place éminente assignée dans le discours de Josué, à la vérité de l’unité de la divinité ; vérité à laquelle, comme nous l’avons vu, Israël était appelé à rendre témoignage devant toutes les nations de la terre, et dans laquelle se trouvait leur sauvegarde morale contre les influences séductrices de l’idolâtrie.
Or cette vérité même fut
celle qu’ils abandonnèrent la première, de la manière la plus signalée. Les
promesses, les vœux et les résolutions prises sous l’influence des paroles de
Josué, se trouvèrent être semblables à une rosée du matin qui s’en va (Osée
6:4). « Et le peuple servit l’Éternel tous les jours de Josué, et tous les
jours des anciens dont les jours se prolongèrent après Josué, et qui avaient vu
toute la grande œuvre de l’Éternel, qu’il avait faite pour Israël. Et Josué,
fils de Nun, serviteur de l’Éternel, mourut, âgé de cent dix ans… Et toute
cette génération fut aussi recueillie vers ses pères ; et après eux, se
leva une autre génération qui ne connaissait pas l’Éternel, ni l’œuvre qu’il
avait faite pour Israël. Et les fils d’Israël firent ce qui est mauvais aux
yeux de l’Éternel, et servirent les
Baals.
Et ils abandonnèrent l’Éternel, le Dieu de leurs pères, qui les
avait fait sortir du pays d’Égypte ; et
ils marchèrent après
d’autres dieux, d’entre les dieux des peuples qui
étaient autour d’eux, et se prosternèrent
devant eux
; et ils provoquèrent à colère l’Éternel, et abandonnèrent
l’Éternel, et servirent Baal et Ashtaroth » (Juges 2:7-13).
Quel avertissement solennel pour nous tous ! Une vérité si grande, d’une telle importance, sitôt abandonnée ! Se départir du seul Dieu vivant et vrai, pour suivre Baal et Astarté ! Tant que Josué et les anciens vivaient, leur présence et leur influence avaient gardé Israël d’une apostasie ouverte, mais à peine ces digues morales sont-elles ôtées, que le sombre courant de l’idolâtrie les envahit et emporte le fondement même de la foi nationale. L’Éternel, le Dieu d’Israël, était remplacé par les divinités mâles et femelles. L’influence humaine est un pauvre appui, une faible barrière ; il nous faut être soutenus par la puissance de Dieu, autrement, tôt ou tard, nous succomberons. La foi, maintenue simplement par la sagesse des hommes et non par la puissance de Dieu, sera sûrement démontrée faible et sans valeur ; elle ne résistera pas au jour de l’épreuve, ne supportera pas la fournaise, et défaillira inévitablement.
En second lieu, la foi ne suffit pas, il doit y avoir un lien vivant entre l’âme et Dieu. Nous devons avoir affaire avec Dieu pour nous-même, individuellement, autrement lorsque le temps de l’épreuve surviendra nous succomberons. L’exemple et l’influence de l’homme sont bons à leur place ; il était bon de considérer comment Josué et les anciens suivaient le Seigneur ; cette parole est vraie : « Le fer s’aiguise par le fer, et un homme ranime le visage de son ami » (Prov. 27:17). Il est très encourageant d’être entouré de cœurs réellement dévoués ; très doux d’être soutenu par le courant d’une fidélité collective à Christ, à sa personne et à sa cause. Mais si c’est tout, si la source profonde d’une foi et d’une connaissance personnelles n’existe pas ; s’il n’y a pas le lien formé et maintenu en Dieu dans une communion individuelle avec Lui, lorsque le courant de l’influence humaine décline, que les appuis humains manquent, lorsqu’en un mot, la décadence générale commence, alors, en principe, nous serons semblables à Israël qui suivait l’Éternel, tous les jours de Josué et des anciens, et qui finit par abandonner la confession de son Nom, pour retourner aux folies et aux vanités de ce présent siècle — choses nullement meilleures, en réalité, que Baal et Ashtaroth.
Mais, d’un autre côté, quand
le cœur est fermement établi dans la vérité et la grâce de Dieu ; quand
nous pouvons dire — et c’est le privilège de tout vrai croyant — « Je sais
qui
j’ai cru, et je suis persuadé qu’il
a la puissance de garder ce que je lui ai confié, jusqu’à ce jour-là » (2
Tim. 1:12), alors même que tous se détourneraient de la confession publique de
Christ, que tout secours humain viendrait à manquer, « le fondement de
Dieu » demeurerait aussi solide que jamais pour nous, et le sentier de l’obéissance
aussi distinct devant nous que si des milliers d’âmes le foulaient avec
décision et une sainte énergie.
Nous ne devons pas perdre de
vue le fait que, selon les décrets divins, l’Église professante de Dieu doit
retirer de profondes et saintes leçons de l’histoire d’Israël, « car
toutes les choses qui ont été écrites auparavant, ont été écrites pour notre
instruction, afin que, par la patience et par la consolation des Écritures,
nous ayons espérance » (Rom. 15:4).
Cependant il n’est nullement nécessaire, pour retirer cette instruction des écrits de l’Ancien Testament, que nous nous occupions à rechercher des analogies fantastiques, des théories extraordinaires ou des illustrations hasardées. Combien d’âmes, hélas ! en faisant ainsi, ont été entraînées à de folles et vides conceptions, sinon à de mortelles erreurs, au lieu de trouver « la consolation des Écritures ».
C’est avec les faits réels rapportés par les pages de l’histoire inspirée, que nous avons affaire ; il faut les étudier avec soin, puisque de grandes leçons pratiques peuvent en être retirées. Ce fait, par exemple, que nous venons de faire ressortir dans l’histoire d’Israël, savoir l’abandon de la vérité même qu’ils avaient été spécialement appelés à maintenir et à confesser, au sujet de l’unité de la divinité, ce fait, dis-je, est pour nous un avertissement de la plus grande importance. L’existence même d’Israël, comme nation, dépendait de cette vérité glorieuse, et ils l’abandonnèrent. L’eussent-ils retenue fermement, ils auraient été invincibles, mais en l’abandonnant, ils perdaient tout et devenaient pires que les nations qui les environnaient, en tant qu’ils péchaient contre la lumière et la connaissance, ayant les yeux ouverts, en dépit des plus solennelles exhortations, et ajoutons encore, malgré leurs protestations et leurs promesses d’obéissance souvent répétées.
Oui, lecteur, Israël abandonna le culte du seul Dieu vivant et vrai, l’Éternel Élohim, le Dieu de leur alliance ; non seulement leur Créateur, mais leur Rédempteur ; Celui qui les avait retirés d’Égypte, conduits à travers la mer Rouge, le désert et le Jourdain, pour les établir triomphalement sur l’héritage qu’il avait promis à Abraham, leur père : « Pays ruisselant de lait et de miel, qui est un ornement entre tous les pays » (Ézé. 20:6). Ils se détournèrent de Lui et s’adonnèrent au culte des faux dieux. « Ils le provoquèrent à colère par leurs hauts lieux, et l’émurent à jalousie par leurs images taillées » (Ps. 78:58). Combien cela paraît étonnant, qu’un peuple qui avait autant vu et connu de la bonté et de la grâce de Dieu, qui avait été témoin de ses actes de puissance, de sa fidélité, de sa majesté, de sa gloire, ait pu en venir à se prosterner devant une bûche de bois ! Leur histoire entière, depuis les jours du veau d’or, au pied du mont Sinaï, jusqu’au temps où Nebucadnetsar réduisit Jérusalem en ruines, toute cette histoire est marquée par un esprit d’invincible idolâtrie. Ce fut en vain que l’Éternel, dans sa patiente miséricorde, leur suscita des libérateurs pour les soustraire aux terribles conséquences de leur péché et de leur folie. Plusieurs fois, dans sa bonté inépuisable, il les délivra de la main de leurs ennemis, leur suscitant un Othniel, un Éhud, un Barak, un Gédéon, un Jephthé, un Samson, tous ces instruments de sa puissance et de sa miséricorde, témoins de son tendre amour et de ses compassions envers son peuple rebelle. À peine chacun de ces juges avait-il disparu de la scène, que la nation se plongeait de nouveau dans l’idolâtrie.
Au temps des rois, nous voyons la même affligeante histoire. Nous découvrons, il est vrai, quelques points brillants, quelques étoiles lumineuses à travers les tristes ténèbres de l’histoire d’Israël ; nous avons un David, un Asa, un Josaphat, un Ézéchias, un Josias, — autant d’exceptions bénies et rafraîchissantes à la funeste règle. Mais ces hommes même ne purent extirper du cœur de la nation, cette racine d’idolâtrie. Au milieu des splendeurs sans pareilles du règne de Salomon, cette racine produisit des rejetons sous forme de hauts lieux, élevés à Ashtaroth, déesse des Sidoniens, à Milcom, l’abomination des Ammonites ; et à Kemosh, l’abomination de Moab.
Arrêtez-vous un instant, lecteur, et représentez-vous l’écrivain de l’Ecclésiaste et des Proverbes, se prosternant dans le temple de Moloch ! Est-il possible de se représenter le plus sage et le plus glorieux des monarques d’Israël, brûlant de l’encens, et offrant des sacrifices sur l’autel de Kemosh ? N’y a-t-il pas là, pour nous, quelque instruction à retirer ? Le règne de Salomon fournit une des preuves les plus frappantes du fait qui nous occupe maintenant, savoir l’apostasie complète d’Israël quant à l’unité de la divinité — leur esprit invincible d’idolâtrie. La vérité qu’ils auraient dû maintenir avant tout, fut abandonnée la première.
Nous ne voulons pas
rechercher d’autres preuves, ni nous arrêter à l’épouvantable description du
jugement de la nation, conséquence de son idolâtrie. La condition actuelle de
ce peuple est celle dont parle le prophète Osée : « Car les fils d’Israël
resteront beaucoup de jours sans roi, et sans prince, et sans sacrifice, et
sans statue, et sans éphod ni théraphim » (Osée 3:4).
« L’esprit immonde d’idolâtrie est sorti d’eux »
pendant ces « beaucoup de jours », pour retourner bientôt avec
« sept autres esprits plus méchants que lui-même » (Luc 11:24-26) —
la perfection même de la méchanceté spirituelle. Et alors surviendront des jours
de tribulation incomparable pour ce peuple si longtemps égaré et révolté,
« le temps de la détresse pour Jacob » (Jér. 30:7).
Mais, Dieu soit béni, la délivrance viendra. Des jours de bonheur sont réservés à la nation restaurée, — « jours du ciel sur la terre », — comme nous dit aussi le prophète Osée : « Ensuite, les fils d’Israël retourneront et rechercheront l’Éternel, leur Dieu, et David, leur roi, et se tourneront avec crainte vers l’Éternel et vers sa bonté, à la fin des jours » (Osée 3:5). Toutes les promesses de Dieu à Abraham, Isaac, Jacob et David, s’accompliront ; toutes les brillantes prédictions des prophètes, d’Ésaïe à Malachie, auront un glorieux accomplissement, car « l’Écriture ne peut être anéantie » (Jean 10:35). À la longue nuit, succédera le plus glorieux jour qui ait jamais brillé sur la terre ; la fille de Sion se réchauffera aux rayons du « soleil de justice » ; et « la terre sera pleine de la connaissance de la gloire de l’Éternel, comme les eaux couvrent le fond de la mer » (Hab. 2:14).
Il serait fort intéressant de reproduire ici les beaux passages des prophètes, concernant l’avenir d’Israël ; mais notre désir était seulement d’attirer l’attention sur l’application pratique du fait solennel de l’abandon si prompt et si complet que fit Israël de cette vérité : « Écoute, Israël : L’Éternel, notre Dieu, est un seul Éternel ».
On demandera peut-être : « En quoi ce fait peut-il intéresser l’Église de Dieu ? » Notre conviction est qu’il a pour elle une portée des plus solennelles ; et nous croirions manquer à notre devoir envers Christ et envers son Église, en négligeant de signaler cette application.
En considérant l’histoire de l’Église de Dieu, comme témoin public de Christ sur la terre, nous voyons qu’à peine établie dans toute la plénitude des bénédictions et des privilèges qui ont marqué le début de sa carrière, elle commença à laisser échapper les vérités mêmes que le chrétien était spécialement responsable de maintenir et de confesser, et qui devaient caractériser le christianisme et le distinguer de tout ce qui avait précédé. Comme Adam au jardin d’Éden, comme Noé sur la terre restaurée, comme Israël en Canaan, l’Église, à peine établie comme dispensateur responsable des mystères de Dieu, commença son déclin et sa chute. Sous les yeux mêmes des apôtres, des erreurs et des maux surgirent, travaillant à miner les fondements mêmes du témoignage de l’Église.
Les preuves de ce fait abondent. Écoutez les paroles de l’apôtre, qui a répandu plus de larmes sur la ruine de l’Église qu’aucun autre homme : « Je m’étonne », dit-il, « de ce que vous passez si promptement de celui qui vous a appelés par la grâce de Christ, à un évangile différent, qui n’en est pas un autre ». « Ô Galates insensés, qui vous a ensorcelés, vous devant les yeux de qui Jésus Christ a été dépeint, crucifié au milieu de vous ? » « Mais alors, ne connaissant pas Dieu, vous étiez asservis à ceux qui, par leur nature, ne sont pas dieux : mais maintenant, ayant connu Dieu, mais plutôt ayant été connus de Dieu, comment retournez-vous de nouveau aux faibles et misérables éléments auxquels vous voulez encore derechef être asservis ? Vous observez des jours, et des mois, et des temps, et des années » ; fêtes soi-disant chrétiennes, très imposantes devant la nature religieuse, et satisfaisant la chair ; mais dont la signification, d’après le jugement de l’apôtre et celui du Saint Esprit, était simplement d’abandonner le christianisme pour retourner au culte des idoles. L’apôtre ajoute : « Je crains quant à vous », (et quoi d’étonnant, quand ces Galates avaient pu si promptement se détourner des grandes vérités caractéristiques d’un christianisme céleste, pour s’occuper d’observances superstitieuses ?) « que peut-être je n’aie travaillé en vain pour vous ». « Vous couriez bien, qui est-ce qui vous a arrêtés pour que vous n’obéissiez pas à la vérité ? La persuasion ne vient pas de celui qui vous appelle. Un peu de levain fait lever la pâte tout entière » (Gal. 1:6 ; 3:1 ; 4:8-11 ; 5:7-9).
Tout ceci se passait au temps même de l’apôtre. L’abandon de la vérité fut encore plus rapide que dans le cas d’Israël ; car ils avaient servi l’Éternel tous les jours de Josué, et tous les jours des anciens qui lui survécurent ; mais, dans la triste et humiliante histoire de l’Église, l’ennemi réussit presque immédiatement à introduire du levain dans la farine, de l’ivraie parmi le blé. Avant même que les apôtres eussent disparu de la scène, une semence avait été jetée, qui continuera dès lors à produire ses fruits pernicieux, jusqu’à ce que des moissonneurs angéliques viennent nettoyer le champ.
Cherchons des preuves de la
chose dans l’Écriture. Écoutons le même témoin inspiré, épanchant, à la fin de
son ministère, son cœur dans celui de son bien-aimé fils Timothée :
« Tu sais ceci, que tous ceux qui sont en Asie, du nombre desquels sont
Phygelle et Hermogène, se sont détournés de moi ». Et encore :
« Il y aura un temps où ils ne supporteront pas le sain
enseignement ; mais, ayant des oreilles qui leur démangent, ils s’amasseront
des docteurs selon leurs propres convoitises, et ils détourneront leurs oreilles de la vérité
et se tourneront vers
les fables » (2 Tim. 1:15 ; 4:3-4).
Tel est le témoignage de l’homme qui, en sage architecte, avait posé les fondements de l’Église. Et quant à ses propres expériences personnelles, qu’en était-il ? Comme son Maître ; il avait été abandonné, délaissé par ceux qui, une fois, s’étaient rassemblés autour de lui, dans toute la fraîcheur et l’ardeur des premiers temps. Son cœur large et aimant avait été brisé par des docteurs judaïsants, qui cherchaient à renverser les fondements mêmes du christianisme et la foi des élus de Dieu. Il pleurait sur les voies de ceux qui, tout en faisant profession, étaient néanmoins « ennemis de la croix de Christ ».
En un mot, l’apôtre Paul, de sa prison à Rome, prévoyait la décadence et la ruine du corps professant, et un sort pareil à celui du vaisseau dans lequel il avait fait son dernier voyage.
Rappelons ici que nous ne
sommes occupés maintenant que de la question de l’Église, dans son caractère de
témoin responsable
pour Christ sur la
terre ; il importe d’être au clair là-dessus, pour ne pas laisser nos
pensées s’égarer à ce sujet. On ne saurait être assez exact à faire la
distinction entre l’Église comme corps de Christ, et l’Église comme luminaire
ou témoin de Christ dans le monde. Dans ce premier caractère, il ne peut y
avoir de déchéance, tandis que dans le dernier, la ruine est complète et sans
espoir.
L’Église, comme corps de Christ, unie à sa Tête vivante et glorifiée dans les cieux, par la présence et l’habitation du Saint Esprit, ne peut jamais, par aucun moyen faillir, — jamais être brisée, comme le vaisseau de Paul, par les orages et les flots d’un monde hostile ; l’Église, dis-je, est aussi à l’abri que Christ lui-même. La Tête et le corps sont un — indissolublement liés. Aucune puissance sur la terre ou dans l’enfer ne pourra jamais toucher ou attaquer le plus faible ou le plus obscur des membres de son corps. Tous les membres ont la même position devant Dieu, tous sont sous son œil miséricordieux dans la plénitude, la beauté et l’acceptation de Christ lui-même. Telle qu’est la Tête, tels sont les membres — tous les membres ensemble — chaque membre en particulier. Tous ont droit aux pleins résultats éternels de l’œuvre accomplie sur la croix. Il ne peut être question ici de responsabilité. La Tête s’est rendue responsable pour les membres, a parfaitement répondu à toutes les obligations, et nous a déchargés de toute responsabilité. Il ne reste rien qu’amour, — un amour aussi profond que le cœur de Christ, parfait comme son œuvre, invariable comme son trône. Toute question qui aurait pu être soulevée contre quelque individu, ou collectivement contre tous les membres de l’Église de Dieu, a été définitivement réglée, entre Dieu et son Christ sur la croix. Tous les péchés, toute la culpabilité de chaque membre individuellement, et de tous les membres collectivement, — oui, tout, et cela de la manière la plus entière et la plus absolue, a été mis sur Christ et porté par Lui. Dieu, dans son inflexible justice, et sa sainteté infinie, a ôté tout ce qui pouvait s’opposer au plein salut, et à la bénédiction parfaite de chacun des membres du corps de Christ, de l’Assemblée de Dieu. Chaque membre du corps subsiste par la vie de la Tête. Tous sont unis ensemble par la puissance d’un lien qui ne peut jamais être dissout.
Comprenons bien, en outre, que l’unité du corps de Christ est absolument indissoluble ; c’est là un point essentiel qui doit être fidèlement maintenu. Mais évidemment, si l’on ne croit pas cette vérité, on ne peut ni la maintenir, ni la confesser ; et à en juger d’après certaines opinions émises à ce sujet, on est tenté de se demander si cette belle vérité de l’Unité du corps de Christ, — unité maintenue sur la terre par l’habitation du Saint Esprit, — a jamais été saisie dans son sens divin, par les personnes qui expriment ces opinions.
Par exemple, nous entendons parler de « diviser le corps de Christ », ce qui est une grave erreur, la chose étant complètement impossible. Les réformateurs furent accusés de rompre ou de désunir le corps de Christ, lorsqu’ils tournèrent le dos au système romain. Cela revenait simplement à la monstrueuse présomption que cette vaste masse de mal moral, d’erreurs doctrinales, de corruption ecclésiastique et de superstition avilissante, devait être reconnue comme le corps de Christ ! Comment, avec le Nouveau Testament en main, aurait-il été possible de considérer la soi-disant église de Rome et ses abominations sans nom et sans nombre, comme étant le corps de Christ ? Comment, avec la plus faible idée de ce qu’est la vraie Église de Dieu, quelqu’un penserait-il jamais à accorder ce titre au Romanisme, sombre amas de méchanceté, le plus grand chef d’œuvre de Satan que le monde ait jamais contemplé ?
Non, lecteur ; il ne faut jamais confondre les systèmes ecclésiastiques de ce monde, — anciens ou modernes, grecs, latins, anglicans, nationaux ou populaires, établis ou dissidents, — avec la vraie Église de Dieu, le corps de Christ. Il n’existe de nos jours et n’exista jamais un système religieux, comme qu’il se nomme, qui possède le moindre droit d’être appelé « l’Église de Dieu » ou « le corps de Christ ». Par conséquent, on ne peut à juste titre et intelligemment appeler schisme ou division du corps de Christ, la séparation d’avec de pareils systèmes ; au contraire, le devoir de toute âme qui désire maintenir fidèlement et confesser la vérité de l’unité du corps est de se séparer avec décision de tout ce qui s’appelle faussement une église. On ne peut appeler schisme que l’acte de se séparer de ceux qui, clairement et incontestablement, se rassemblent sur le terrain de l’Assemblée de Dieu.
Aucun corps de chrétiens ne peut maintenant revendiquer le droit au titre de corps de Christ, ou d’Église de Dieu. Les membres de ce corps sont dispersés partout ; ils se trouvent dans toutes les diverses organisations religieuses du jour, excepté dans celles qui nient la divinité de notre Seigneur Jésus Christ, car impossible d’admettre l’idée que quelque vrai chrétien que ce soit, puisse continuer à fréquenter un endroit où son Seigneur est blasphémé. Mais quoique aucun corps de chrétiens n’ait droit au titre d’Assemblée de Dieu, tous les chrétiens sont responsables de se réunir sur le terrain de cette Assemblée et sur aucun autre.
Et si l’on nous
demande : « Comment reconnaître et où trouver ce
terrain ? » nous répondrons : « Lorsque ton œil est simple,
ton corps tout entier aussi est plein de lumière » (Luc 11:34). « Si
quelqu’un veut
faire sa volonté, il
connaîtra de la doctrine si elle est de Dieu » (Jean 7:17). Il y a un sentier
, — Dieu en soit béni,
— « que l’oiseau de proie ne connaît pas et que l’œil du vautour n’a pas
aperçu ». La vue naturelle la plus pénétrante ne peut voir ce
sentier ; le lion ne l’a pas traversé. Où est-il donc ? À l’homme,
à chacun de nous, Dieu
dit : « Voici la crainte du Seigneur, c’est là la sagesse ; et
se retirer du mal est l’intelligence » (Job 28:7, 28).
Il y a une autre expression dont se servent assez souvent des personnes desquelles on pourrait attendre plus d’intelligence, savoir « retrancher les membres du corps de Christ » (*). Ceci aussi est impossible. Pas un seul membre du corps de Christ ne peut être séparé de la Tête, ou même ôté de la place dans laquelle le Saint Esprit l’a incorporé, d’après les desseins éternels de Dieu, et en vertu de l’expiation accomplie par notre Sauveur. Les trois personnes divines en une, sont le gage de l’éternelle sécurité du plus faible des membres du corps, et la cause du maintien de l’unité indissoluble du corps tout entier.
(*) L’expression « retrancher les membres du corps de Christ », s’applique en général aux cas de discipline, ce qui, est une fausse application. La discipline de l’assemblée ne peut jamais toucher à l’unité du corps. Un membre du corps peut manquer quant à la moralité, ou s’égarer de telle manière quant à la doctrine, que l’assemblée soit appelée à agir, en le privant de la Cène ; mais cela n’a rien à faire avec sa place dans le corps. Les deux choses sont parfaitement distinctes.
En un mot, il est aussi vrai aujourd’hui que lorsque l’apôtre inspiré écrivait le chapitre 4 de son épître aux Éphésiens, que « il y a un seul corps », dont Christ est la tête, dont le Saint Esprit est la puissance créatrice, et dont tous les vrais croyants sont les membres. Ce corps a été sur la terre depuis le jour de la Pentecôte ; il est encore sur la terre et continuera d’y être, jusqu’au moment qui approche rapidement, où Christ viendra l’introduire dans la maison de son Père. Il en est de ce corps dans la succession continue de ses membres, comme, par comparaison, d’un certain régiment de l’armée de la Reine ayant été à Waterloo, maintenant en garnison à Aldershot, et qui ne reste pas moins le même régiment, quoique pas un des hommes dont il est composé aujourd’hui n’ait existé lors de la mémorable bataille de 1815.
Le lecteur éprouve-t-il
encore quelque difficulté à comprendre tout ceci ? Il se peut qu’il trouve
difficile, en présence de la condition actuelle si affligeante des membres de
ce corps, de croire et de confesser l’unité inviolable du corps. Il peut être
tenté de limiter l’application de Éph. 4:4, aux jours où l’apôtre écrivait ces
mots, lorsque les chrétiens étaient manifestement unis ; lorsqu’il ne
pouvait être question d’être membre de telle ou de telle église, parce que tous
les croyants étaient membres de la
seule
Église de Dieu (*).
(*) L’unité de l’Église peut
être comparée à
une chaîne jetée à travers
une rivière ; nous la voyons aux deux bords, mais elle plonge au milieu.
Quoique cachée dans l’eau, elle n’est pas rompue, et sans voir
l’union du milieu nous y croyons néanmoins. L’Église a été vue
dans son unité au jour de la Pentecôte ; elle sera vue dans son unité dans
la gloire ; et, quoique ne voyant pas cela maintenant, nous y croyons
néanmoins fermement.
Souvenons-nous aussi que l’unité du corps est une grande vérité pratique fondamentale, dont une déduction très importante et pratique aussi, est celle-ci, que l’état et la marche de chaque membre affectent tout le corps : « Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui » (1 Cor. 12:26). Un membre de quoi ? De quelque assemblée locale ? Non ; mais un membre du corps. Il ne faut pas faire du corps de Christ une question de géographie.
Mais, nous demandera-t-on peut-être, une chose que nous ne voyons ni ne connaissons, peut-elle nous affecter ? Oui, assurément. Pouvons-nous limiter la grande vérité de l’unité du corps avec toutes ses conséquences pratiques, à la mesure de notre connaissance et de notre expérience personnelles ? Loin de nous cette pensée ! C’est la présence du Saint Esprit qui unit les membres du corps à la Tête et les uns aux autres ; de là vient que la marche et les voies de chaque individu affectent tout le corps. Même dans le cas d’Israël, dont l’unité n’était pas de corps mais nationale, lorsqu’Acan pécha, il est dit : « Israël a péché » ; et la congrégation tout entière eut à souffrir une humiliante défaite à cause d’un péché qu’elle ignorait.
Il est des plus étonnant de voir combien le peuple de Dieu paraît peu comprendre cette glorieuse vérité de l’unité du corps, et les conséquences pratiques qui en découlent.
En réponse à cette
objection, nous devons protester contre l’idée de limiter ainsi la parole de
Dieu. Quel droit avons-nous de séparer un membre de phrase d’Éph. 4:4-6, et de
dire qu’il s’applique seulement aux jours des apôtres ? Si une clause peut
être limitée, pourquoi pas toutes ? N’y a-t-il pas encore « un seul
Esprit, un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père
de tous ? » Quelqu’un mettra-t-il cette vérité en question ?
Sûrement pas. Eh bien donc, il en résulte qu’il y a aussi sûrement un
seul corps et un
seul Esprit, qu’il y a un seul Seigneur et un seul Dieu. Tous
sont intimement liés ensemble, et vous ne pouvez toucher à l’un sans les
toucher tous. Nous n’avons pas plus le droit de nier l’existence de ce corps,
que de nier l’existence de Dieu, en tant que le même passage qui nous déclare
une de ces vérités nous déclare l’autre aussi.
Quelqu’un, sans doute, nous demandera encore : « Où peut-on voir ce seul corps ? N’est-ce pas une absurdité de parler d’une telle chose que l’unité, en face des innombrables dénominations de chrétiens ? » Nous répondons ceci : Conviendrait-il d’abandonner la vérité de Dieu, parce que l’homme a manqué de la maintenir et cela d’une manière aussi signalée ? Israël n’a-t-il pas complètement manqué à maintenir et à confesser la vérité de l’unité de la divinité ? et cette glorieuse vérité a-t-elle été, en quelque manière, atteinte par ces manquements ? N’était-il pas aussi vrai qu’il n’y avait qu’un Dieu, lorsque les autels idolâtres étaient aussi nombreux que les rues de Jérusalem, et que de chaque toit de maison, un nuage d’encens était envoyé à la reine des cieux, que lorsque Moïse prononça aux oreilles de la congrégation entière, ces paroles : « Écoute Israël : L’Éternel, notre Dieu, est un seul Éternel ? » Grâce à Dieu, sa vérité ne dépend pas des voies infidèles et insensées des hommes ; elle demeure dans sa propre intégrité divine ; elle brille de son propre éclat céleste, en dépit des manquements les plus grossiers de l’humanité. S’il n’en était pas ainsi, que ferions-nous ? Où nous tournerions-nous, et qu’en adviendrait-il de nous ? De fait, cela revient à ceci que, si nous ne croyions que la faible mesure de vérité pratiquée par les hommes dans leurs voies, nous l’abandonnerions avec désespoir, et serions de tous les hommes les plus misérables.
Mais comment cette vérité de l’unité du corps peut-elle être maintenue pratiquement ? En refusant de reconnaître aucun autre principe de communion chrétienne, aucun autre terrain de rassemblement que Christ. Tous les vrais croyants devraient se réunir sur le simple terrain de communion du corps de Christ, et sur aucun autre. Ils devraient se réunir le premier jour de la semaine autour de la table du Seigneur et rompre le pain, comme membres d’un seul corps, suivant ce que nous lisons en 1 Cor. 10:17: « Car nous qui sommes plusieurs, sommes un seul pain, un seul corps, car nous participons tous à un seul et même pain ».
Cela est aussi vrai et aussi pratique aujourd’hui que lorsque l’apôtre s’adressait à l’assemblée de Corinthe. Il est vrai qu’il y avait des divisions à Corinthe, comme il y en a dans la chrétienté ; mais cela n’altérait en aucune manière la vérité de Dieu. L’apôtre blâmait les divisions : il les déclarait charnelles. Il n’avait aucune sympathie pour cette misérable idée émise quelquefois, que les divisions sont une bonne chose pour exciter l’émulation. Il croyait au contraire qu’elles étaient une très mauvaise chose — le fruit de la chair ; une œuvre de Satan.
L’apôtre n’aurait pas non plus, nous en sommes certains, accepté cette explication populaire que les divisions dans l’Église sont comme autant de régiments avec des drapeaux divers, mais combattant tous sous le même chef. Cela ne saurait être vrai d’aucune manière. Cela ne peut avoir aucune application quelconque, mais est plutôt en contradiction flagrante avec ce fait distinct et emphatique : « Il y a un seul corps ».
Lecteur ! c’est une vérité glorieuse et qui demande toute notre attention. Examinons la chrétienté à sa lumière, ainsi que notre propre position. Est-ce que nous marchons d’une manière conforme à cette vérité ? Est-ce que nous la proclamons à la table du Seigneur, chaque premier jour de la semaine, comme c’est notre devoir sacré et notre précieux privilège de le faire ? Ne disons pas qu’il se présente des difficultés de toute espèce, des pierres d’achoppement, des faiblesses chez ceux qui font profession de se réunir de la manière dont nous venons de parler. Tout cela, hélas ! n’est que trop vrai, et nous devons nous y attendre. Satan met tout en œuvre pour nous aveugler, afin que nous ne percevions pas la grâce de Dieu envers son peuple ; mais n’écoutons pas ses suggestions. Il y a toujours eu et il y aura toujours des difficultés à surmonter pour agir d’après la précieuse vérité de Dieu ; l’une des principales se trouve peut-être dans la conduite inconsistante de ceux qui font profession de la pratiquer.
Mais il importe de faire une distinction entre la vérité et ceux qui la professent ; entre le terrain et la marche de ceux qui l’occupent. Ils devraient être d’accord, mais ils ne le sont pas ; et, par conséquent, nous sommes appelés à juger la conduite par le terrain et non le terrain par la conduite. Si nous voyions un agriculteur travailler d’après des principes que nous savons être excellents, tout en étant un mauvais agriculteur, que ferions-nous ? Nous rejetterions sa manière de travailler, tout en maintenant les principes.
Il n’en est pas autrement relativement à la vérité qui nous occupe. Il y avait à Corinthe des hérésies, des schismes, des erreurs, du mal sous toutes les formes. Eh bien ! la vérité de Dieu devait-elle être abandonnée comme un mythe, comme quelque chose de tout à fait impraticable ? Fallait-il y renoncer ? Les Corinthiens devaient-ils se réunir sur quelque autre principe ? Devaient-ils s’organiser sur quelque nouveau terrain ? Devaient-ils se grouper autour d’un autre centre ? Non, Dieu en soit béni ! Sa vérité ne devait pas être abandonnée un seul instant, quoique l’église de Corinthe fût déchirée par mille sectes et son horizon assombri par mille hérésies. Le corps de Christ était un, et l’apôtre déploie simplement à leurs yeux la bannière portant cette inscription bénie : « Vous êtes le corps de Christ, et ses membres chacun en particulier » (1 Cor. 12:27).
Or ces paroles ne s’adressaient pas seulement à « l’assemblée de Dieu qui est à Corinthe », mais aussi « à tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, et leur Seigneur et le nôtre ». Par conséquent, la vérité de l’unité du corps est permanente et universelle. Tout vrai chrétien est appelé à la reconnaître et à la pratiquer, et toute assemblée de chrétiens, en quelque lieu que ce soit, devrait être l’expression locale de cette grande et si importante vérité.
On demandera, peut-être, comment on pouvait dire à une assemblée : « Vous êtes le corps de Christ ? » N’y avait-il pas des saints à Éphèse, à Colosses et à Philippes ? Sans doute, et si l’apôtre leur eût écrit sur ce même sujet, il aurait pu leur dire de même : « Vous êtes le corps de Christ », en tant qu’ils étaient l’expression locale du corps, et non seulement cela, mais en s’adressant à eux, il pensait à tous les saints jusqu’à la fin de la carrière terrestre de l’Église.
Mais nous devons nous rappeler que l’apôtre ne pouvait donner ce titre à aucun ordre de choses humain, ancien ou moderne ; et, si même toutes ces diverses organisations, quel que soit le nom qu’on leur donne, étaient fondues en une, il ne pourrait les appeler « le corps de Christ ». Ce corps est formé par tous les vrais croyants du monde entier. Si tous ne sont pas réunis sur ce terrain, seul divin, c’est à leur perte et au déshonneur de leur Seigneur. La précieuse vérité : « Il y a un seul corps », subsiste tout de même, et c’est à cette mesure divine que doivent se mesurer toutes les associations ecclésiastiques et tous les systèmes religieux sous le soleil.
Il nous semble nécessaire d’étudier à fond le côté divin de la question de l’Église, afin de sauvegarder la vérité de Dieu, et aussi afin que le lecteur comprenne clairement que lorsque nous parlons de la ruine complète de l’Église, nous avons en vue le côté humain du sujet. C’est à celui-ci que nous revenons.
Il est impossible de lire le
Nouveau Testament avec attention et de ne pas voir que l’Église, en tant que
témoin responsable pour Christ sur la terre, a totalement et honteusement
manqué à sa mission. On remplirait un volume si l’on voulait citer tous les
passages à l’appui de cette assertion. Mais examinons les chapitres second et
troisième de l’Apocalypse, où l’Église est vue sous le jugement. Nous avons,
dans ces chapitres solennels, ce que nous pouvons appeler une histoire divine
de l’Église. Sept assemblées sont choisies comme symboles des diverses phases
de l’histoire de l’Église, depuis le jour où elle fut placée sur la terre avec
sa responsabilité, jusqu’au moment où elle sera vomie de la bouche du Seigneur,
comme quelque chose de parfaitement intolérable. Si nous ne discernons pas que
ces deux chapitres sont prophétiques aussi bien qu’historiques, nous nous
privons d’un vaste champ de précieuses instructions. Aucun langage humain ne
pourrait exprimer toutes les richesses que nous avons recueillies dans ces
chap. 2 et 3
de l’Apocalypse,
considérés sous leur aspect prophétique.
Toutefois nous ne
mentionnons maintenant ces richesses que comme les dernières preuves, parmi
tant d’autres dans l’Écriture, à l’appui de notre thèse. Prenons l’adresse à
Éphèse, cette même assemblée à laquelle l’apôtre Paul écrivit l’épître où il
découvre, d’une manière si bénie, le côté céleste des choses, les desseins
éternels de Dieu concernant l’Église — la position et la portion de l’Église
acceptée en Christ, et bénie de toute bénédiction spirituelle dans les lieux
célestes en Lui. Là aucun manquement ne peut être trouvé. Tout procède de Dieu.
Le conseil est de Lui ; l’œuvre est de Lui. C’est sa grâce, sa gloire, sa
toute-puissance, son bon plaisir ; et tout cela, fondé sur le sang de
Christ. Il n’est point là question de responsabilité. Les saints qui forment l’Église
étaient « morts dans leurs fautes et dans leurs péchés », mais Christ
est mort pour l’Église ; il s’est placé judiciairement là où elle était
moralement, et alors Dieu, dans sa grâce souveraine, a paru sur la scène et a
ressuscité Christ d’entre les morts, et l’Église avec Lui — chose
glorieuse ! Ici tout est définitivement réglé. Nous voyons l’Église dans
les lieux célestes, en
Christ, non l’Église
sur la terre pour
Christ. C’est le corps
« accepté
», non le
chandelier jugé.
Si nous ne savons pas voir les deux côtés de cette grave
question, nous avons encore beaucoup à apprendre.
Mais il y a le côté
terrestre, aussi bien que le céleste ; et c’est pourquoi, dans l’adresse
judiciaire du chap. 2 de l’Apocalypse, nous avons des paroles solennelles
telles que celles-ci : « J’ai
contre toi
que tu as abandonné ton premier amour ».
Quelle différence ! Rien de semblable dans l’épître aux Éphésiens ; tandis que dans l’Apocalypse nous ne trouvons rien contre le corps, rien contre l’épouse, mais il y a quelque chose à reprocher au chandelier. Alors déjà la lumière s’était obscurcie. À peine était-elle allumée qu’il fallait employer des mouchettes.
Ainsi, dès le début, des
symptômes de déclin se montraient à l’œil pénétrant de celui qui marchait au
milieu des sept chandeliers, et lorsque nous arrivons au bout et considérons la
dernière phase de la condition de l’Église, telle qu’elle est représentée par l’assemblée
de Laodicée, il n’y a
plus un seul
point favorable ;
le cas est
presque sans espoir. Le Seigneur se tient dehors, à la porte. « Voici, je
me tiens à la porte, et je frappe ». Ce n’est pas ici comme à
Éphèse : « J’ai quelque chose contre toi ». Tout l’état est
mauvais. Toute l’assemblée professante va être rejetée. « Je vais te vomir
de ma bouche ». Il attend encore, car il est toujours lent à quitter le
terrain de la grâce pour entrer sur celui du jugement. Cela nous rappelle le
départ de la gloire au commencement d’Ézéchiel ; elle marchait d’un pas
lent et mesuré, comme regrettant de quitter la maison, le peuple et le pays.
« Et la gloire de l’Éternel s’éleva de dessus le chérubin, et vint sur le
seuil de la maison ; et la maison fut remplie de la nuée, et le parvis fut
rempli de la splendeur de la gloire de l’Éternel ». « Et la gloire de
l’Éternel sortit de dessus le seuil de la maison, et se tint au-dessus des
chérubins ». Et enfin : « Et la gloire de l’Éternel monta du
milieu de la ville, et se tint sur la montagne qui est à l’orient de la
ville » (Ézé. 10:4, 18 ; 11:23). Que c’est touchant ! Quel
contraste entre ce départ retardé de la gloire, et sa rapide entrée dans la
maison au jour de la dédicace de Salomon, en 2 Chr. 7:1. L’Éternel était prompt
à entrer dans sa demeure au milieu de son peuple, mais lent à la quitter. Il en
fut, pour ainsi dire, chassé par les péchés et l’impénitence invétérée de ce
peuple insensé.
Il en est de même de l’Église.
Nous voyons, au chap. 2 des Actes, de quelle manière rapide il entre dans sa
maison spirituelle. Il vint comme un souffle violent et impétueux pour remplir
toute la maison de sa gloire. Mais, au chap. 3
de l’Apocalypse, quelle est son attitude ? Il est dehors.
Oui, mais il frappe. Il s’attarde, non avec l’espoir d’une restauration en
corps, mais pour le cas où « quelqu’un
entendrait sa voix et lui ouvrirait la porte ». Le fait qu’il est
dehors, montre ce qu’est l’Église. Le fait qu’il frappe, montre ce qu’il est.
Lecteur chrétien, il est de la plus haute importance que vous compreniez bien ce sujet. Nous sommes submergés de tous côtés par de fausses notions quant à l’état actuel et à la destinée future de l’église professante. Nous devons les rejeter toutes avec une sainte fermeté, et nous en tenir scrupuleusement à l’enseignement de l’Écriture. Cet enseignement est aussi clair que le jour. L’église professante est en ruines et le jugement est à la porte. Lisez l’épître de Jude ; lisez 2 Pierre 2 et 3, et la seconde épître à Timothée. Examinez attentivement ces passages solennels, et nous sommes assurés que cette étude vous prouvera infailliblement que la chrétienté n’a rien au-devant d’elle sinon la colère inflexible du Dieu Tout-Puissant. Son sort est prononcé dans cette courte, mais solennelle sentence de Romains 11: « Toi aussi, tu seras coupé ».
Oui, tel est le langage de l’Écriture : « Coupé », « vomi ». L’église professante a totalement failli en tant que témoin de Christ sur la terre. Il en a été de l’Église comme d’Israël, elle a abandonné la vérité même qu’elle était responsable de garder et de confesser. À peine les écrits du Nouveau Testament étaient-ils terminés, à peine les premiers ouvriers avaient-ils quitté le champ, que d’épaisses ténèbres se répandirent sur toute l’église professante. De quel côté que l’on se tourne ou que l’on feuillette les gros volumes des « Pères », comme on les appelle, on ne trouvera pas trace de ces grandes vérités caractéristiques de notre glorieux christianisme. Tout, tout avait été honteusement abandonné. Comme Israël, en Canaan, abandonna l’Éternel pour Baal et Ashtaroth, de même l’Église abandonna la précieuse parole de Dieu pour des fables puériles et de dangereuses erreurs. Ce déclin si rapide est des plus étonnants. Mais c’était précisément ce que l’apôtre Paul avait prédit aux anciens d’Éphèse : « Prenez donc garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau au milieu duquel l’Esprit Saint vous a établis surveillants pour paître l’assemblée de Dieu, laquelle il a acquise par le sang de son propre Fils. Moi je sais qu’après mon départ il entrera parmi vous des loups redoutables qui n’épargneront pas le troupeau ; et il se lèvera d’entre vous-mêmes des hommes qui annonceront des doctrines perverses pour attirer les disciples après eux » (Actes 20:28-30).
Quel tableau ! Les saints apôtres de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ, remplacés presque immédiatement par des « loups redoutables » et par des propagateurs de doctrines perverses ; l’Église tout entière plongée dans des ténèbres épaisses ; la lampe de la révélation divine presque cachée aux regards ; la corruption ecclésiastique sous toutes ses formes ; la domination sacerdotale avec toutes ses terribles conséquences. Bref, l’histoire de l’Église — l’histoire de la chrétienté — est l’histoire la plus effroyable qui ait jamais été écrite.
Il est vrai que Dieu s’est toujours suscité des témoins. De siècle en siècle il a appelé, ici ou là, comme en Israël, des hommes pour proclamer sa vérité. Même au milieu des ténèbres les plus épaisses du moyen âge, une étoile paraît parfois au-dessus de l’horizon. Les Vaudois et d’autres encore purent, par la grâce de Dieu, s’en tenir à sa Parole, et confesser le nom de Jésus malgré la tyrannie et les cruelles persécutions de l’église romaine.
Puis vint l’époque du seizième siècle, où Dieu suscita Luther et ses bien-aimés compagnons d’œuvre, pour prêcher la grande vérité de la justification par la foi, et pour donner au monde le précieux livre de Dieu en langue moderne. Le langage humain est trop faible pour exprimer tous les bienfaits de cette époque mémorable. Des milliers d’âmes entendirent la bonne nouvelle du salut — l’entendirent, la crurent, et furent sauvées. Des milliers d’âmes qui avaient gémi longtemps sous le poids intolérable des superstitions romaines, accueillirent avec une profonde reconnaissance le message céleste. Des milliers s’abreuvèrent avec joie à ces sources inspirées, qui avaient été scellées pendant des siècles par l’ignorance et l’intolérance des papes. La lumière de la révélation divine, si longtemps voilée par la main de l’ennemi, put de nouveau jeter ses rayons au milieu des ténèbres, et des myriades se réjouirent à cette lumière céleste.
Mais, tout en bénissant Dieu pour tous les résultats glorieux de ce qu’on nomme ordinairement la Réformation, nous ne saurions y voir rien qui ressemble à un retour de l’Église à sa première condition. Loin de là. Luther et ses confrères, à en juger par leurs écrits, — quelque précieux qu’ils soient, — ne saisirent jamais la notion de l’Église, corps de Christ. Ils ne comprirent point l’unité du corps, ni la présence du Saint Esprit dans l’assemblée et son habitation en chaque croyant. Ils ne connurent pas la grande vérité du ministère dans l’Église, sa nature, sa source, sa puissance et sa responsabilité. Ils en restèrent toujours à l’idée que le ministère est basé sur une autorité humaine. Ils se taisent sur la vraie espérance de l’Église, savoir la venue de Christ pour son peuple — l’Étoile brillante du matin. Ils ne comprirent pas toute la portée des prophéties, et ne surent pas distribuer comme il faut la Parole de vérité.
Qu’on ne se méprenne pas, nous aimons la mémoire des réformateurs. Leurs noms nous sont chers et familiers. C’étaient des serviteurs de Christ, dévoués et bénis. Plût à Dieu qu’il y en eût beaucoup comme eux dans ces jours de papisme et de basse incrédulité ! Nous ne le cédons à personne en amour et en estime pour Luther, Mélanchton, Calvin, Farel, Latimer et Knox. Ils furent des lumières brillantes en leur temps, et des milliers d’âmes béniront Dieu durant toute l’éternité de ce qu’ils ont vécu, prêché et écrit. Et si on les considère dans leurs vies privées et dans leurs ministères publics, ils font honte à beaucoup de chrétiens qui ont le privilège de connaître toute une série de vérités, que nous cherchons en vain dans les écrits volumineux des réformateurs.
Mais, en admettant tout cela, nous sommes néanmoins convaincus que ces honorés serviteurs de Christ ne saisirent point plusieurs des vérités spéciales et caractéristiques du christianisme, et par conséquent ne les prêchèrent, ni ne les enseignèrent ; du moins nous ne trouvons pas ces vérités dans leurs écrits. Ils prêchèrent la précieuse vérité de la justification par la foi ; ils donnèrent les Saintes Écritures au peuple ; ils foulèrent aux pieds beaucoup de superstitions romaines. Ils firent tout cela, par la grâce de Dieu, et nous en bénissons le Père des miséricordes. Mais le protestantisme n’est pas le christianisme, et les églises nommées églises de la réformation, qu’elles soient nationales ou dissidentes, ne sont pas l’Église de Dieu, loin de là. Jetons un regard en arrière sur les dix-huit siècles écoulés, et malgré de soi-disant réveils, malgré les lumières brillantes qui ont lui de temps à autre sur l’horizon de l’Église, — lumières qui paraissaient d’autant plus vives par le contraste des ténèbres profondes qui les entouraient, — malgré les nombreuses manifestations de l’Esprit de Dieu, soit en Europe, soit en Amérique, au siècle passé et dans celui où nous sommes, malgré, dis-je, toutes ces choses, pour lesquelles nous bénissons Dieu, nous en revenons sans hésiter à notre assertion, savoir que l’église professante a fait naufrage, que la chrétienté descend rapidement la pente fatale qui mène aux ténèbres finales, que ces contrées favorisées, où la vérité évangélique a été prêchée, où les Bibles et les traités ont circulé par millions, seront couvertes de ténèbres épaisses, et tomberont dans une énergie d’erreur pour croire au mensonge.
Verra-t-on alors un monde converti
? Non, mais une église jugée.
Les saints de Dieu,
dispersés dans la chrétienté, tous les vrais membres du corps de Christ, seront
enlevés à la rencontre du Seigneur, — les saints endormis seront ressuscités,
les vivants transmués en un instant, — et tous ravis en même temps pour être
toujours avec le Seigneur. Alors le mystère d’iniquité se montrera en la
personne de l’homme de péché, du méchant, de l’antichrist. Le Seigneur Jésus
viendra, et tous ses saints avec Lui, pour exécuter le jugement sur la Bête, c’est-à-dire
sur l’empire romain qui aura repris vie et sur l’antichrist ; l’empire
romain en Occident, le faux prophète en Orient.
Ce jugement sera un acte sommaire de jugement guerrier sans procès juridique quelconque, vu que soit la Bête, soit le faux prophète, seront trouvés en révolte ouverte et en opposition blasphématoire contre Dieu et contre l’Agneau. Ensuite aura lieu le jugement des nations vivantes, tel qu’il est rapporté en Matt. 25:31-46.
Dès lors, tout mal ayant été détruit, Christ régnera en justice et en paix pendant mille ans, — période heureuse et bénie, vrai sabbat pour Israël et pour toute la terre, — période marquée par ces deux grands faits : Satan lié et Christ régnant. Faits glorieux, dont la seule mention fait déborder le cœur en louanges !
Mais, après sa captivité de mille ans, Satan sera délié, et il lui sera permis de faire encore un effort contre Dieu et contre son Christ. « Et quand les mille ans seront accomplis, Satan sera délié de sa prison ; et il sortira pour égarer les nations qui sont aux quatre coins de la terre, Gog et Magog, pour les assembler pour le combat, eux dont le nombre est comme le sable de la mer (*). Et ils montèrent sur la largeur de la terre, et ils environnèrent le camp des saints et la cité bien-aimée ; et du feu descendit du ciel de la part de Dieu et les dévora. Et le diable qui les avait égarés fut jeté dans l’étang de feu et de soufre, où sont et la bête et le faux prophète ; et ils seront tourmentés, jour et nuit, aux siècles des siècles » (Apoc. 20:7-10).
(*) Le lecteur distinguera
entre les Gog et Magog d’Apoc. 20, et ceux d’Ézé. 38
et 39.
Les premiers sont
post-millénaires, les seconds anti-millénaires.
Ce sera le dernier effort de Satan, suivi de sa perdition éternelle. Ensuite, nous avons le jugement des morts, « petits et grands », de tous ceux qui sont morts dans leurs péchés, depuis les jours de Caïn. Scène terrible que rien ne saurait dépeindre !
Enfin nous voyons se dérouler devant nous l’état éternel les nouveaux cieux et la nouvelle terre où la justice habitera.
Tel est l’ordre des événements que nous trouvons tracés de la manière la plus claire dans les pages inspirées. Nous venons d’en donner un court résumé, en rapport avec les vérités qui nous ont occupés, vérités qui, nous le savons, ne sont point populaires ; mais notre devoir est d’annoncer tout le conseil de Dieu et non pas de rechercher la popularité. Nous ne nous attendons pas à ce que la vérité de Dieu soit populaire dans la chrétienté ; nous avons, au contraire, cherché à prouver que, tout comme Israël abandonna la vérité qu’il devait garder, de même l’église professante a laissé échapper toutes les grandes vérités qui caractérisent le christianisme du Nouveau Testament. Notre désir est de réveiller les cœurs de tous les vrais chrétiens, au sujet de ces vérités et de la responsabilité qui leur incombe, non seulement de les recevoir, mais de chercher à les réaliser mieux et à en faire une plus noble confession. Nous voudrions voir se lever nombreux, dans ces heures dernières de l’histoire terrestre de l’Église, des hommes doués d’une véritable puissance spirituelle, pour proclamer avec ardeur les vérités trop longtemps oubliées de l’évangile de Dieu. Veuille le Seigneur, dans sa grande bonté envers son peuple, susciter de tels hommes et les envoyer. Puisse le Seigneur Jésus frapper de plus en plus fort à la porte, afin que beaucoup d’âmes entendent et lui ouvrent, selon le désir de son cœur, et qu’elles goûtent la douceur d’une communion personnelle avec lui-même, en attendant sa venue !
Il n’y a aucune limite aux bénédictions de l’âme qui entend la voix de Christ et lui ouvre la porte ; et ce qui est vrai pour une âme, l’est aussi pour des milliers. Mais soyons simples, sincères, reconnaissant notre faiblesse et notre néant, mettant de côté toute vaine prétention, ne cherchant pas être quelque chose, mais gardant la parole de Christ et ne reniant pas son nom, trouvant notre bonheur à rester à ses pieds, à nous nourrir de Lui, et notre joie à le servir en toutes choses. Alors nous cheminerons tous ensemble en bon accord et en amour, ayant notre centre commun en Christ, et pour but commun de faire avancer sa cause et connaître sa gloire. Plût à Dieu qu’il en fût ainsi, de nos jours, pour tous les chers enfants de Dieu ! Quel aspect différent nous présenterions au monde ! Le Seigneur veuille réveiller son peuple !
Le lecteur trouvera
peut-être que nous nous sommes bien écartés du sixième chapitre du Deutéronome.
Nous lui rappellerons, une fois pour toutes, que ce n’est point seulement ce
que chaque chapitre renferme
qui
demande notre attention, mais aussi ce qu’il suggère.
Et de plus, notre désir en écrivant est d’être conduit par
l’Esprit de Dieu à développer certaines vérités qui peuvent s’appliquer aux
besoins de tous nos lecteurs. Pourvu que le cher troupeau de Christ soit
nourri, instruit et consolé, peu importe que ce soit par des explications
complètes et suivies, ou par des fragments détachés.
Nous continuerons maintenant
notre chapitre. Moïse ayant posé la grande vérité fondamentale, contenue au
vers. 4: « Écoute, Israël : L’Éternel, notre Dieu, est un seul
Éternel », continue à enjoindre à la congrégation, ses devoirs sacrés
envers cet Être béni. Il n’était pas seulement un
Dieu, mais il était leur
Dieu.
Il avait daigné faire une alliance avec eux. Il les avait délivrés, portés
comme sur des ailes d’aigle et amenés à Lui, afin qu’ils lui fussent un peuple
et que Lui fût leur Dieu.
Relation précieuse !
Mais il fallait qu’on rappelât à Israël quelle était la conduite qui convenait
à une telle relation et qui ne pouvait résulter que d’un cœur aimant :
« Tu aimeras l’Éternel, ton
Dieu,
de tout
ton cœur, et de toute
ton âme et de toute
ta force ». C’est le secret de toute vraie religion
pratique. Sans cela, tout est sans valeur pour Dieu : « Mon fils,
donne-moi ton cœur ». Lorsque le cœur est donné, tout va bien. On peut
comparer le cœur au régulateur d’une montre, lequel fait agir le petit ressort,
puis celui-ci fait mouvoir le grand ressort, lequel pousse les aiguilles dans
leur marche tout autour du cadran. Si votre montre va mal, il ne suffit pas de
changer la position des aiguilles, il faut toucher le régulateur. Dieu demande
un travail réel, venant du cœur. Il nous dit : « Enfants, n’aimons
pas de parole, ni de langue, mais en action et en vérité » (1 Jean 3:18).
Comme nous devrions le bénir pour des paroles si touchantes ! Elles nous révèlent si bien son cœur aimant ! Il nous aime en action et en vérité, et rien autre ne saurait le satisfaire, soit dans notre conduite envers lui, soit envers nos semblables. Tout doit procéder directement du cœur.
« Et ces paroles que je
te commande aujourd’hui, seront sur ton
cœur
», à la source même de la vie. Tout ce qui est dans le cœur sort
par les lèvres et dans la vie. Combien donc il importe que le cœur soit rempli
de la parole de Dieu ; tellement plein qu’il n’y ait plus de place pour
les folies et les vanités de ce monde. Alors notre conversation sera toujours
dans un esprit de grâce, assaisonnée de sel. « De l’abondance du cœur la
bouche parle ». Nous pouvons donc juger, par ce qui sort de la bouche, de
ce qui est dans le cœur. La langue est l’organe du cœur — l’organe de l’homme.
« L’homme bon, du bon trésor, produit de bonnes choses, et l’homme
mauvais, du mauvais trésor, produit de mauvaises choses » (Matt. 12:34-35).
Quand le cœur est réellement gouverné par la parole de Dieu, toute la conduite
le montre et il faut qu’il en soit ainsi, car le cœur est le ressort principal
de tout notre être moral ; il est au centre de toutes ces influences
morales qui gouvernent notre vie et dirigent notre carrière individuelle.
Dans toutes les pages du
volume divin, nous voyons l’importance que Dieu attache à l’état du cœur
vis-à-vis de Lui ou de sa Parole, ce qui est la même chose. Lorsque le cœur est
vrai pour Dieu, tout va bien ; s’il devient froid et négligent pour la
vérité, tôt ou tard un éloignement manifeste du chemin de la justice s’en
suivra. Il y a donc une grande force dans cette exhortation, adressée par
Barnabas aux nouveaux convertis d’Antioche : « Il les exhortait tous
à demeurer attachés au Seigneur de tout
leur cœur
(ou du propos de leur cœur
) »
(Actes 11:23).
Exhortation nécessaire, maintenant comme alors. Ce « propos du cœur » est précieux à Dieu. C’est ce que nous osons appeler le grand régulateur moral. Il donne au caractère chrétien un sérieux qui devrait être souhaité par chacun de nous. C’est l’antidote divin contre la tiédeur, la mort, le formalisme, toutes choses haïssables aux yeux de Dieu. La vie extérieure peut être correcte et les principes tout à fait orthodoxes, mais si le propos du cœur manque, si tout l’être moral ne s’attache pas avec amour à Dieu et à son Christ, tout le reste est sans valeur.
C’est par le cœur que le
Saint Esprit nous enseigne. C’est pourquoi l’apôtre priait pour les saints à
Éphèse, que « les yeux de leur cœur
(cardias
) fussent éclairés », et
encore : « que le Christ habite par la foi dans vos cœurs
» (Éph. 1:18 ; 3:17).
Ainsi donc nous voyons l’harmonie parfaite de toute l’Écriture avec l’exhortation contenue dans notre chapitre : « Et ces paroles, que je te commande aujourd’hui, seront sur ton cœur ». S’il les eût gardées, combien Israël aurait évité d’égarements, et surtout ce terrible péché national de l’idolâtrie dans lequel il retomba si souvent ! Si les précieuses paroles de l’Éternel eussent trouvé leur place dans leur cœur, ils n’eussent pas eu peur de Baal ou d’Ashtaroth. En un mot, toutes les idoles des païens auraient été estimées pour ce qu’elles valaient, si la parole de l’Éternel avait été gardée dans le cœur d’Israël.
Remarquons ici comme tout
cela est caractéristique du livre du Deutéronome. Il ne s’agit pas seulement
ici de certaines observances religieuses, de sacrifices, de rites et de
cérémonies. Tout cela y a sans doute sa place, mais ce n’est nullement la chose
principale. La Parole est l’objet
capital dans le Deutéronome. C’est la parole
de l’Éternel sur le cœur d’Israël.
Le lecteur doit bien saisir cela, s’il
désire avoir la clef du Deutéronome. Ce n’est point un livre de
cérémonies ; c’est un livre d’obéissance morale. Il enseigne, presque à
chaque page, que le cœur qui aime, apprécie et honore la parole de Dieu, est
prêt à tout acte d’obéissance, soit pour offrir un sacrifice, soit pour
observer un certain jour. Il pouvait arriver qu’un Israélite se trouvât en un
lieu ou au milieu de circonstances où il ne pouvait adhérer strictement aux
rites et aux cérémonies de sa religion ; mais il ne pouvait jamais être
placé dans un milieu où il ne pût aimer, révérer la parole de Dieu, et lui
obéir. Fût-il emmené captif aux bouts de la terre, rien ne pouvait lui enlever
le précieux privilège de répéter ces paroles précieuses et d’agir en
conséquence : « J’ai caché ta parole dans mon cœur, afin que je ne
pèche pas contre toi ».
Dans leur court commentaire, ces paroles renferment le grand principe du livre du Deutéronome, et nous pouvons ajouter le grand principe de la vie divine en tous temps, et en tous lieux. Il ne saurait jamais perdre sa force et sa valeur morales. Il subsiste à toujours. Il était vrai au temps des patriarches, pour Israël en Canaan, pour Israël dispersé jusqu’aux bouts de la terre, vrai pour l’Église entière, vrai pour chaque croyant individuel au milieu des ruines désolées de l’Église. En un mot, l’obéissance sera toujours le devoir sacré, le grand privilège de la créature — une obéissance simple, immédiate, à la parole du Seigneur. C’est là une grâce pour laquelle nous pouvons bénir sans cesse notre Dieu. Il nous a donné sa Parole, et il nous exhorte à laisser cette Parole habiter dans nos cœurs, et gouverner toute notre vie et toute notre conduite.
« Et ces paroles que je te commande aujourd’hui, seront sur ton cœur. Tu les inculqueras à tes fils, et tu en parleras, quand tu seras assis dans ta maison, et quand tu marcheras par le chemin, et quand tu te coucheras, et quand tu te lèveras et tu les lieras comme un signe sur ta main, et elles te seront pour fronteau entre les yeux, et tu les écriras aussi sur les poteaux de ta maison et sur tes portes ».
Tout cela est magnifique : la parole de Dieu cachée dans le cœur, et découlant du cœur en douces instructions pour les enfants et en sainte conversation dans le sein de la famille ; la parole brillant dans tous les actes de la vie journalière, de sorte que tous ceux qui passaient par les portes ou entraient dans la maison, pouvaient voir que la parole de Dieu était la bannière de tous ses habitants.
C’est ainsi qu’il en devait être jadis pour Israël, c’est ainsi qu’il en devrait être maintenant des chrétiens. En est-il ainsi ? Est-ce de la sorte que nous enseignons nos enfants ? Nous efforçons-nous toujours de rendre la parole de Dieu attrayante pour leurs jeunes cœurs ? La voient-ils briller dans notre vie journalière, influencer notre humeur, notre caractère, nos habitudes, nos occupations, nos affaires ? C’est ce que signifient ces expressions : « lier la Parole comme un signe sur la main et un fronteau entre les yeux » ; « l’écrire sur les poteaux de la maison et sur les portes ».
Il ne sert pas à grand-chose de nous efforcer d’enseigner la parole de Dieu à nos enfants, si nos vies ne sont pas gouvernées par elle. Ce précieux volume ne doit pas être un simple livre d’école qu’il s’agirait d’apprendre comme une tâche. Nos enfants devraient voir que nous vivons dans l’atmosphère de l’Écriture, et qu’elle forme le sujet de notre conversation dans nos moments de loisir, au sein de nos familles.
Mais n’avons-nous pas sujet d’être humiliés, lorsque nous réfléchissons au caractère habituel de nos conversations, soit à table, soit dans le cercle de la famille ? Combien peu s’y trouvent les éléments de Deutéronome 6:7 ! Combien, au contraire, de causeries oiseuses et de plaisanteries qui ne sont point bienséantes ! Que de médisances sur nos frères, nos voisins, nos connaissances ! Que de babil futile !
D’où cela provient-il ? Simplement de l’état de notre cœur. La parole de Dieu, les commandements et les préceptes de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ n’habitent pas dans nos cœurs, et par conséquent, ils ne sont pas remplis, et ne débordent pas en fleuves de grâce et d’édification.
Quelqu’un dira-t-il que le chrétien n’a pas besoin de considérer ces choses ? Mais alors que signifie l’exhortation suivante : « Qu’aucune parole déshonnête ne sorte de votre bouche, mais celle-là qui est bonne, propre à l’édification selon le besoin, afin qu’elle communique la grâce à ceux qui l’entendent ». Et celle-ci : « Soyez remplis de l’Esprit, vous entretenant par des psaumes et des hymnes et des cantiques spirituels, chantant et psalmodiant de votre cœur au Seigneur ; rendant toujours grâces pour toutes choses, au nom de notre Seigneur Jésus Christ, à Dieu le Père » (Éph. 4:29 ; 5:18-20).
Ces paroles étaient adressées aux saints à Éphèse, et assurément elles nous concernent aussi. Il se peut que nous ne nous rendions pas compte quel degré nous manquons de maintenir notre conversation à un niveau spirituel. C’est dans nos familles et dans nos relations journalières, que le manque de spiritualité se remarque surtout. Aussi avons-nous grand besoin des paroles d’exhortation citées plus haut. Il est évident que le Saint Esprit prévit ce besoin et y pourvut dans sa grâce. Écoutez ce qu’il dit « aux saints et fidèles frères en Christ qui sont à Colosses » : « Que la paix du Christ, à laquelle aussi vous avez été appelés en un seul corps, préside dans vos cœurs ; et soyez reconnaissants. Que la parole du Christ habite en vous richement, — en toute sagesse vous enseignant et vous exhortant l’un l’autre, par des psaumes, des hymnes, des cantiques spirituels, chantant de vos cœurs à Dieu dans un esprit de grâce » (Col. 3:15, 16).
Quel tableau délicieux de ce que devrait être toute vie chrétienne ! C’est le développement de ce qui se trouve dans notre chapitre, où nous voyons l’Israélite au milieu de sa famille, la parole de Dieu découlant de son cœur en tendres instructions à ses enfants, où nous le voyons dans sa vie journalière, dans toutes ses occupations au dedans ou au dehors, sous l’influence bénie des paroles de l’Éternel.
Ayons donc un cœur rempli de la paix de Christ, de la parole de Christ, de Christ lui-même. Il ne faut rien moins que cela. Commençons avec le cœur, et quand il sera entièrement occupé des choses célestes, nous en aurons vite fini avec toute espèce de médisances et de plaisanteries.
« Et il arrivera, quand l’Éternel, ton Dieu, t’aura introduit dans le pays qu’il a juré à tes pères, à Abraham, à Isaac et à Jacob, de te donner : de grandes et bonnes villes que tu n’as pas bâties, et des maisons pleines de tous biens que tu n’as pas remplies ; et des puits creusés que tu n’as pas creusés, des vignes et des oliviers que tu n’as pas plantés ; et que tu mangeras, et que tu seras rassasié ; alors prends garde à toi, de peur que tu n’oublies l’Éternel qui t’a fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude » (vers. 10-12).
Au milieu de toutes les bénédictions de la terre de Canaan, ils devaient se souvenir de Celui qui les avait tirés de la maison de servitude. Ils devaient se rappeler aussi que toutes ces choses leur étaient données gratuitement. Le pays et tout ce qu’il contenait devenait leur partage, en vertu des promesses de Dieu à Abraham, à Isaac et à Jacob. Les villes bâties, les maisons remplies, les puits creusés, les vignes et les oliviers prêts pour la récolte, tout était don gratuit de la grâce souveraine. Tout ce qu’ils avaient à faire, c’était de prendre possession avec une foi simple, et de garder à toujours dans leurs cœurs le souvenir du tendre Donateur. Ils devaient penser à Lui et trouver dans son amour le vrai motif d’une vie d’obéissance filiale. De quelque côté qu’ils tournassent leurs regards, ils voyaient les preuves de sa grande bonté, les fruits abondants de son amour merveilleux. Chaque ville, chaque maison, chaque puits, chaque vigne et chaque olivier leur parlaient de la grâce de l’Éternel et leur offraient la preuve évidente de sa fidélité inviolable à sa promesse.
« Tu craindras l’Éternel, ton Dieu, et tu le serviras, et tu jureras par son nom. Vous n’irez point après d’autres dieux, d’entre les dieux des peuples qui seront autour de vous ; car l’Éternel, ton Dieu, qui est au milieu de toi, est un Dieu jaloux ; de peur que la colère de l’Éternel, ton Dieu, ne s’embrase contre toi, et qu’il ne te détruise de dessus la face de la terre » (vers. 13-15).
Deux grands motifs sont placés, dans notre chapitre, devant la congrégation : « l’amour », au vers. 5, et la « crainte », au vers. 13. Nous trouvons ces motifs dans toute l’Écriture, et on ne saurait leur donner trop d’importance comme mobiles de la vie et de la conduite du chrétien. « La crainte de l’Éternel est le commencement de la sagesse ». Nous sommes exhortés à être « tout le jour dans la crainte de l’Éternel » (Prov. 9:10 ; 23:17). C’est le refuge moral contre le mal. « Et il dit à l’homme : Voici, la crainte du Seigneur, c’est là la sagesse, et se retirer du mal est l’intelligence » (Job 28:28).
Le livre divin abonde en passages qui montrent la grande importance de la crainte de Dieu. « Comment », dit Joseph, « ferais-je ce grand mal, et pécherais-je contre Dieu ? » Le chrétien, qui marche habituellement dans la crainte de Dieu, est préservé de commettre toute espèce de mal. La réalisation constante de la présence divine doit être une protection efficace contre toute tentation. Que de fois nous voyons la présence d’un chrétien spirituel, mettre un frein à la légèreté et à la folie ; et si telle peut être l’influence d’un de nos semblables, combien plus puissante doit être celle de la présence de Dieu réalisée par une âme ?
Lecteur chrétien, efforçons-nous de vivre comme étant en la présence immédiate de Dieu ; alors nous serons préservés du mal sous mille formes diverses ; nous y sommes exposés journellement, et nos dispositions nous y poussent. La pensée que les yeux de Dieu sont sur nous, aurait sur nos vies et nos paroles une influence beaucoup plus puissante que la présence de tous les saints sur la terre et que celle de tous les anges du ciel. Cette crainte de l’Éternel, dont l’Écriture parle tant, deviendrait pour nous un rempart contre toute mauvaise pensée ou action, contre tout ce qui est mal, quelle qu’en soit la forme.
Nous vivons, nous nous mouvons, et nous sommes peu en la présence de Dieu (Actes 17:28). Si nous nous rappelions que Dieu nous voit, et qu’il entend chacune de nos paroles, qu’il connaît chacune de nos pensées, chacun de nos actes, comme nous nous conduirions différemment !
C’est alors que nous pourrons montrer la vaste influence de l’amour qui nous « étreint ». Nous entrerons dans la sainte activité que cet amour produit toujours. « L’amour du Christ nous étreint », dit l’apôtre, « en ce que nous avons jugé ceci, que si un est mort pour tous, tous donc sont morts, et qu’il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui pour eux est mort et a été ressuscité » (2 Cor. 5:14-15).
Plût à Dieu que tout cela fût plus pleinement réalisé parmi nous, et que la crainte et l’amour de Dieu fussent continuellement dans nos cœurs avec leur puissance sanctifiante ! Alors notre vie journalière serait à sa louange et en bénédiction pour tous ceux avec lesquels nous sommes appelés à être en contact.
Le vers. 16 de notre chapitre demande une attention toute spéciale. « Vous ne tenterez point l’Éternel, votre Dieu, comme vous l’avez tenté à Massa ». Ces paroles furent citées par notre Seigneur, lorsqu’il fut tenté par Satan à se jeter du haut du temple : « Alors le diable le transporte dans la ville sainte, et le place sur le faîte du temple, et lui dit : Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas, car il est écrit : Il donnera des ordres à ses anges à ton sujet, et ils te porteront sur leurs mains, de peur que tu ne heurtes ton pied contre une pierre » (Matt. 4:5, 6).
Ce passage est très remarquable. Il prouve que Satan peut citer l’Écriture, lorsque cela lui convient. Mais il omet une clause importante : « De te garder en toutes tes voies ». Or il n’entrait point dans les voies de Christ de se jeter du faîte du temple. Ce n’était pas le chemin du devoir. Il n’avait pas reçu de commandement de Dieu à ce sujet, et, par conséquent, il refuse de le faire. Il n’avait pas besoin de tenter Dieu, de le mettre à l’épreuve. Il avait, comme homme, la confiance en Dieu la plus entière, la plus grande assurance en sa protection.
De plus, il n’allait pas quitter le sentier du devoir afin de se convaincre si Dieu aurait soin de lui ; et cela nous enseigne une importante leçon. Nous pouvons toujours compter sur la protection de Dieu, tant que nous sommes sur le chemin du devoir. Mais si nous choisissons notre propre route, si nous recherchons notre plaisir ou notre intérêt, c’est une coupable présomption que de dire que nous comptons sur Dieu.
Sans doute, notre Dieu est plein de grâce et d’amour et ses compassions sont sur nous, lors même que nous nous écartons du chemin du devoir ; mais cela ne touche en rien ce que nous avançons, savoir que nous ne pouvons compter sur la protection divine que lorsque nous marchons dans le sentier de l’obéissance. Si un chrétien expose sa vie en escaladant les Alpes simplement pour son plaisir, a-t-il le droit de croire que Dieu prendra soin de lui ? Que sa conscience réponde. Si Dieu nous appelle à traverser un lac en tourmente pour aller prêcher l’Évangile ; s’il nous ordonne de traverser les Alpes en vue d’un service spécial à lui rendre, alors, assurément, nous pouvons nous confier à sa main puissante pour nous protéger contre tout mal. Le grand point, pour chacun de nous, c’est d’être trouvé dans le chemin du devoir. Il se peut qu’il soit étroit, rude et solitaire, mais il n’en est pas moins ombragé par les ailes du Tout-Puissant, et illuminé par la lumière de sa face.
Avant de quitter le sujet suggéré par le vers. 16, remarquons ce fait intéressant que notre Seigneur, dans sa réponse à Satan, ne fait aucune remarque sur sa fausse interprétation du Ps. 91:11. Au lieu de dire à l’ennemi : Tu as omis une clause importante du passage que tu viens de rapporter, il cite simplement un autre passage, comme faisant autorité pour sa propre conduite. C’est de cette manière qu’il vainquit le tentateur et qu’il nous laissa un exemple béni.
Remarquons encore que le Seigneur Jésus ne vainquit pas Satan par son pouvoir divin. S’il en eût été ainsi, il ne pourrait être un exemple pour nous. Mais lorsque nous le voyons, comme homme, se servir de la Parole seule pour arme, et par elle remporter la victoire, nos cœurs sont encouragés et consolés, et nous apprenons comment nous devons, dans notre sphère individuelle, agir et résister aux tentations. L’homme Christ Jésus vainquit en se confiant simplement en Dieu et en obéissant à sa Parole.
Fait rempli d’encouragement et de consolation pour nous ! Satan ne pouvait rien sur Celui qui ne voulait agir que sur l’autorité divine et par la puissance de l’Esprit. Jésus ne fit jamais sa propre volonté, quoique, nous le savons, cette volonté fut absolument parfaite. Il descendit du ciel, ainsi, qu’il nous le dit lui-même en Jean 6, non pour faire sa volonté, mais la volonté du Père qui l’avait envoyé. Du commencement à la fin, il fut un serviteur parfait. Sa règle de conduite était la parole de Dieu, sa puissance pour agir était le Saint Esprit ; son seul motif d’action, la volonté de Dieu ; par conséquent le prince de ce monde n’avait rien en Lui. Satan, avec toutes ses ruses, ne pouvait lui faire quitter le chemin de l’obéissance ou la place de dépendance.
Lecteur chrétien, souvenons-nous que notre Seigneur et Maître nous a laissé un exemple, afin que nous suivions ses traces. Puissions-nous les suivre avec zèle, pendant le peu de temps qui nous reste, avec l’aide du Saint Esprit, comprendre davantage que nous sommes appelés à marcher comme Jésus a marché ! Il est notre grand modèle en toutes choses. Étudions-le mieux, afin de le reproduire plus fidèlement.
Nous terminerons cette longue section, en vous priant de lire attentivement les versets 17 à 25 du chapitre qui vient de nous occuper ; ce passage, d’une puissance, d’une plénitude et d’une profondeur remarquable, est aussi très caractéristique du livre tout entier du Deutéronome.
La parole de Dieu est placée
devant l’âme dans chaque page, dans chaque paragraphe de ce livre. C’est le
grand sujet de tous les discours du législateur et celui qui lui tient le plus
au cœur. Son but est de glorifier la parole de Dieu sous tous ses aspects, soit
sous la forme de témoignages, de commandements, de statuts ou d’ordonnances, et
de démontrer l’importance morale, l’urgente nécessité d’une obéissance entière,
complète et zélée, de la part du peuple. « Vous garderez soigneusement
les commandements de l’Éternel,
votre Dieu ». Et plus loin : « Tu feras ce qui est droit
et bon
aux yeux de l’Éternel ».
Nous voyons ici se dérouler devant nos yeux ces principes éternels qu’aucun changement de dispensation, de milieu, ou de circonstances, ne peut altérer. « Ce qui est droit et bon » sera toujours d’une application universelle et permanente. Cela nous rappelle les paroles de l’apôtre Jean à son ami bien-aimé Gaïus. « Bien-aimé, n’imite pas le mal, mais le bien ». Il se pouvait que l’assemblée fût dans un triste état, que beaucoup de choses affligeassent le cœur de Gaïus ; Diotrèphe se comportait d’une manière impardonnable envers le vénérable apôtre et envers d’autres ; tout cela était vrai et il se pouvait qu’il y eût des choses pires encore. Que devait faire Gaïus ? Simplement imiter ce qui était droit et bon ; ouvrir son cœur, sa main et sa maison à tous ceux qui apportaient la vérité ; chercher de toute manière à aider la cause de Christ.
C’est aussi ce que doit
faire tout vrai disciple de Christ, en toutes circonstances. Il se peut que
nous soyons en petit nombre, peut-être même presque seuls, mais n’importe ;
nous devons imiter ce qui est bon, coûte que coûte. Nous devons nous retirer
de l’iniquité, nous purifier
des vases à déshonneur, fuir
les convoitises de la jeunesse,
nous détourner
des professants sans
vie ; puis, « poursuivre la justice, la foi, l’amour et la
paix ». Dans l’isolement ? Non, mais « avec ceux qui invoquent
le Seigneur d’un cœur pur » (2 Tim. 2:22). Je puis me trouver seul pour un
temps ; mais il ne peut y avoir d’isolement aussi longtemps que le corps
de Christ est sur la terre, et jusqu’à ce qu’il vienne nous prendre. Nous
pouvons donc toujours espérer de trouver ici ou là des âmes qui invoquent le
Seigneur d’un cœur pur ; c’est notre devoir de les chercher, et les ayant
trouvées, de marcher avec elles dans une sainte communion « jusqu’à la
fin ».