Le livre et l’âme

Charles Henry MacIntosh

Short papers, section 7 of 10.

[Sommaire de Bibliquest : cet article insiste sur le besoin absolu pour tout prédicateur d’être à la fois fondé dans l’Écriture Sainte et d’avoir une bonne connaissance des besoins des âmes. À défaut de cela, le ministère sera très défectueux]


Deux ingrédients sont essentiels dans la formation du caractère d’un serviteur de la Parole de Dieu : une connaissance précise de la Bible et une saine appréciation de la valeur d’une âme et de ses besoins. La combinaison de ces deux qualités est de la plus grande importance pour toute personne appelée à servir dans la Parole et la doctrine. S’il n’en possède qu’une, le serviteur sera tout à fait déséquilibré. Je peux être très fondé dans l’Ecriture ; je peux avoir une connaissance profonde du contenu du Livre, un sens très raffiné de ses gloires morales, mais si j’oublie l’âme et ses besoins profonds et multiples, mon ministère sera lamentablement défectueux. Je manquerai de tranchant, de mordant et de puissance. Je ne répondrai pas aux besoins impérieux du cœur ni ne toucherai la conscience. Ce sera un ministère livresque, mais pas pour l’âme. Juste et beau sans doute, mais déficient dans son utilité et sa puissance pratique.

D’un autre côté, je peux avoir devant moi l’âme et ses besoins précis. Je peux aspirer à être utile. Ce peut être mon désir de toucher le cœur et la conscience de mon auditeur ou de mon lecteur, mais si je ne connais pas ma Bible en profondeur, si je ne suis pas un scribe versé dans la Parole de Dieu, je n’aurai pas de matière pour être utile. Je n’aurais rien à donner à l’âme, rien pour atteindre le cœur, rien pour agir sur la conscience. Mon ministère sera stérile et ennuyeux. Au lieu d’enseigner les âmes, je les lasserai. Au lieu de les édifier, je les irriterai. Mon exhortation, au lieu d’engager les âmes dans le chemin ascendant du disciple, aura, par manque de fondement, un effet de découragement.

Ces choses méritent d’être considérées. Vous pouvez parfois écouter quelqu’un présenter la Parole et qui possède beaucoup de la première des qualités mentionnées ci-dessus et très peu de la deuxième. Il est évident qu’il a le Livre et ses gloires morales dans sa vision spirituelle. Il en est occupé, imprégné même – tellement imprégné qu’il oublie même qu’il a des âmes devant lui. Il n’y a pas d’appel tranchant et puissant pour le cœur, pas de ferveur qui accroche la conscience, pas d’application pratique du contenu du Livre aux âmes des auditeurs. C’est très beau, mais pas aussi utile que cela pourrait être. Le serviteur manque de la deuxième qualité. Il est plus un serviteur livresque qu’un serviteur de l’âme.

Vous en trouverez d’autres qui, dans leur ministère, semblent être entièrement occupés des âmes. Ils appellent, ils exhortent, ils insistent. Mais à cause d'un manque de connaissance et d'occupation régulière de l'Écriture, les âmes sont complètement épuisées et usées par leur ministère. Certes, le Livre est manifestement la base de leur ministère, mais ils s’en servent si maladroitement, ils le manient si gauchement, ils l’appliquent avec si peu d’intelligence, que leur ministère s’avère à la fois inintéressant et inutile.

Si on nous demandait maintenant lequel de ces deux caractères de ministères devrait-on préférer, sans hésitation, nous devrions dire le premier. Si les gloires morales du Livre sont déployées, il y a quelque chose pour intéresser et toucher le cœur, et quelqu’un de tant soit peu sérieux et consciencieux saura en tirer profit. Tandis que dans le second cas, il n'y a rien d'autre que des appels fatigants et des réprimandes.

Mais nous aspirons à voir dans tous ceux qui se lèvent pour servir les âmes une connaissance intime de la Bible sainement combinée et ajustée avec une pleine appréciation de la valeur de l'âme. L'instruction ne va pas sans la persuasion, ni la persuasion sans l'instruction. Que chaque serviteur donc étudie le Livre et ses gloires et pense aux âmes et à leurs besoins. Que chacun se souvienne du lien entre le Livre et l'âme.