Christian Briem
ME 1999 p.329
Table des matières :
1 - Actes 6v4 : Persévérer dans la prière et dans le service de la parole
2 - Nécessité pour la dépendance
3 - Prier pour soi et pour les autres
4 - Sans la prière, pas de service béni
Alors qu’un murmure s’était élevé parmi les premiers chrétiens
au sujet de la répartition des dons matériels, les douze apôtres, avec beaucoup
de sagesse, avaient établi sept hommes « sur cette affaire » — des
hommes qui devaient satisfaire à de hautes exigences morales (Act. 6:3). Après
avoir délimité le service particulier de ces frères, les apôtres désignèrent
ainsi le leur : « Pour nous, nous persévérerons dans la prière
et
dans le service de la parole
»
(v. 4).
Nous trouvons là un principe de la plus haute importance :
la prière vient avant la prédication. C’est là le côté du serviteur
. Pour que son service soit béni, la
prière doit y avoir la première place. Sans aucun doute Dieu est souverain pour
bénir sa Parole partout et de toute manière. C’est là un autre côté. Mais pour
le serviteur, il demeure toujours vrai que la prière prend place avant le
service. Dans l’œuvre qui est placée devant eux, les apôtres discernent deux
domaines qu’ils désignent dans un ordre de priorité. Les communications cachées
avec Dieu viennent avant
le service
public de la Parole.
La prière est l’expression de notre dépendance de Dieu, dans le sentiment de notre faiblesse et de notre insuffisance. Paul réalisait cela. Dans son service auprès des Corinthiens, il avait été « dans la faiblesse, et dans la crainte, et dans un grand tremblement ». Et parce qu’il était un homme de prière, sa prédication n’avait « pas été en paroles persuasives de sagesse, mais en démonstration de l’Esprit et de puissance » (1 Cor. 2:3, 4). Persévérons dans la prière, pour que le Saint Esprit accompagne de sa puissance la prédication de la parole de Dieu. Combien nécessaire est la dépendance de Dieu pour que notre service soit selon sa pensée, pour qu’une bonne parole soit dite en son temps ! Dieu seul connaît le cœur et l’état d’âme de chacun individuellement. Si le Saint Esprit est libre d’agir, il répondra à chaque besoin selon sa connaissance parfaite. Quel encouragement pour tout serviteur de la Parole !
Lors de son appel, l’apôtre Paul est désigné comme « un vase d’élection » au service du Seigneur (Act. 9:15). Tels étaient aussi les douze apôtres. Il doit en être de même de chaque serviteur du Seigneur. Les « vases » doivent toutefois être préalablement remplis avant d’être utiles aux autres et de pouvoir répandre la bonne odeur du nom de Christ. Dans la prière, ils reçoivent de Dieu ; dans le service de la Parole, ils donnent aux autres.
En considérant les sujets de prières des apôtres, nous remarquons qu’ils ne priaient pas seulement pour eux-mêmes. Si, d’une part, nous les entendons dire : « Et maintenant, Seigneur… donne à tes esclaves d’annoncer ta parole avec toute hardiesse » (Act. 4:29), leurs prières embrassaient aussi les multiples besoins spirituels du peuple de Dieu. Nous en trouvons deux exemples particulièrement beaux dans les chapitres 1 et 3 de l’épître aux Éphésiens. L’apôtre commence ainsi la première de ces prières : « C’est pourquoi moi aussi, ayant ouï parler de la foi au Seigneur Jésus qui est en vous… je ne cesse de rendre grâces pour vous, faisant mention de vous dans mes prières, afin que le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de gloire, vous donne l’esprit de sagesse et de révélation dans sa connaissance… » (v. 15 et suivants).
En plus de nos prières pour nous-mêmes, prions-nous aussi pour
les autres
? Et remarquons le
niveau spirituel de cette prière. Les nôtres n’ont-elles pas trop souvent pour
sujet exclusif nos circonstances terrestres ? En Colossiens 1, Paul nous
donne l’exemple d’une merveilleuse prière qu’un chrétien peut faire monter pour
lui-même et pour les autres (lire les versets 9 à 11). Nous avons besoin d’intercesseurs
tels qu’Épaphras, qui « combattait » toujours par des prières pour
les saints, afin qu’ils demeurent « parfaits et bien assurés dans toute la
volonté de Dieu ». Il était ainsi « un fidèle serviteur du Christ
pour eux » (4:12 et 1:7). Ce service n’est pas réservé aux frères. Il ne s’agit
pas là d’un service public ; il est la part aussi bien des sœurs que des
frères qui ont à cœur la gloire du Seigneur et le bien du peuple de Dieu.
L’anecdote suivante, racontée autrefois par un serviteur du Seigneur, peut servir à illustrer très simplement l’importance de la prière. Ce serviteur observait un homme dont le travail consistait à déplacer, au moyen d’une pelle, de l’argile utilisée pour la fabrication des briques. C’était là sa seule tâche. Comme il travaillait à la pièce, il se concentrait pleinement sur son dur labeur. Après chaque lancement d’une pelletée d’argile, il plongeait l’outil dans un seau plein d’eau, opération qui lui prenait presque autant de temps que le déplacement de la terre. À première vue, l’observateur pensa que l’homme pourrait économiser la moitié de son temps en s’abstenant de ce mouvement vers le récipient. Il comprit cependant que si l’outil n’était plus plongé régulièrement dans l’eau, l’argile s’y attacherait toujours plus, au point de rendre le travail impraticable. Cet ouvrier savait très bien ce qu’il faisait. Le fait de plonger son outil dans l’eau après chaque utilisation ne portait aucun préjudice à son travail, mais le rendait tout simplement possible.
Lorsque les tâches s’accumulent et deviennent pressantes, dans le service du Seigneur, la prière peut nous paraître secondaire. Il n’en est rien. Sans la prière, il n’y a point de service béni.