Péché volontaire — Hébreux 10:26

Christian Briem

Traduit de l’allemand « Antworten auf Fragen zu biblischen Themen » = Réponses à des questions sur des thèmes bibliques, Ed. CSV, 2005 — p. 231 et 234

Table des matières :

1 - Question : Péché par fierté dans l’Ancien et le Nouveau Testament. Péché contre le Saint Esprit ?

1.1 - Réponse : dans le NT, pas de différences entre les péchés, sinon le péché à la mort (du corps)

2 - Rapport entre Héb. 10:26 et 1 Jean 2:1 (avocat auprès du Père) et 2 Pierre 2:20 (ceux qui retournent à leur condition première)

2.1 - Réponse : Professants sans vie en Héb. 10:26 et 2 Pierre 2:20. Rétablissement de la jouissance de la communion en 1 Jean 2:1


1 - Question : Péché par fierté dans l’Ancien et le Nouveau Testament. Péché contre le Saint Esprit ?

Les sacrifices pour le péché en Lév. 4 n’étaient prévus que pour les péchés commis « par erreur ». Il en est de même en Nombres 15 à partir du v. 27. Mais là il est indiqué que, pour le péché commis « à main levée », ou autrement traduit « par fierté », il n’y a pas de sacrifice, car « cette âme doit être retranchée du milieu de son peuple » (Nomb. 15:30). Que signifie pécher « à main levée » ou « par fierté » pour nous chrétiens aujourd'hui ? Y a-t-il des péchés qui ne sont pas pardonnés, par exemple les péchés commis « volontairement » (Héb. 10:26) ou « contre le Saint Esprit » (Matt. 12:31-32) ? Ces questions peuvent causer beaucoup de troubles chez un enfant de Dieu.


1.1 - Réponse : dans le NT, pas de différences entre les péchés, sinon le péché à la mort (du corps)

Sans doute le « péché à main levée » (= commis « par fierté ») décrit des péchés commis consciemment, en le sachant ; et il est vrai et extrêmement solennel que Dieu n’a prévu pour cela aucun sacrifice dans l’ancienne alliance, mais qu’au contraire Il a ordonné le jugement. Pourtant, à l’égard des enfants de Dieu du temps de la grâce, le Nouveau Testament ne fait aucune différence. La seule différence dans ce domaine, est le « péché à la mort » (1 Jean 5:16-17), et là il s’agit d’un péché qui, dans le gouvernement de Dieu avec Ses enfants, a pour effet la mort du corps, comme dans le cas d’Ananias et Saphira (Actes 5). Mais cela ne touche pas la question du salut éternel.

Dieu ne part pas du fait que Ses enfants qui sont rachetés par le sang de Son Fils, pèchent intentionnellement, volontairement. Ils possèdent la vie divine, et cette vie ne veut pas et ne peut pas pécher (1 Jean 3:9). Quand malgré tout il arrive quelquefois qu’il y a l’apparence que nous aussi, enfants de Dieu, péchons sciemment et volontairement (ce n’est pas le cas de Héb. 10), c’est parce que nous portons encore en nous la vieille nature, et que c’est elle qui veut pécher et qui y prend plaisir. Mais cette nature pécheresse, appelée le « péché » ou la « chair » dans la Parole de Dieu, a été jugée et condamnée dans la mort de Christ, de sorte que Dieu ne nous voit plus « dans la chair », mais « en Christ » ou « dans l’Esprit », ce qui signifie pratiquement la même chose (Rom. 8:1-9).

Quand un vrai chrétien pèche, ce n’est pas un cas normal aux yeux de Dieu — et le croyant peut aussi le considérer ainsi — mais c’est une sorte d’état exceptionnel qui conduit bien sûr à ce que la communion avec Lui est entravée, et il ne peut y être remis l’ordre que par la confession devant Lui. Mais parce que Christ est mort sur la croix pour les Siens, les enfants de Dieu possèdent, en principe et à demeure, la vie éternelle ainsi que la rémission (le pardon) de leurs péchés (1 Jean 5:13 ; Col. 1:14 ; Héb. 10:14-18). S’il n’en était pas ainsi, aucun d’entre nous ne pourrait d’ailleurs être sauvé. Christ Lui-même ne peut rien faire de plus pour nous que ce qu’Il a fait ; et si cela ne suffisait pas, rien ne pourrait suffire ; car Il ne peut pas mourir une nouvelle fois.

En Héb. 10:26, il n’est pas question d’enfants de Dieu, mais de gens qui professent adhérer au christianisme, à la « vérité ». Or quand de tels professants abandonnent sciemment le christianisme, pour adopter à la place une religion humaine, cela est alors l’apostasie de la foi chrétienne. C’est cela qui est qualifié de péché volontaire dans ce passage. À l’égard de vrais chrétiens, cela n’est jamais dit.

Quant au péché contre le Saint Esprit, cette expression elle-même n’est déjà pas correcte. Naturellement tout péché est dirigé contre le Saint Esprit, parce que le Saint Esprit est Dieu comme le Père et le Fils. Mais le passage dans les évangiles parle sans exception de blasphème (ou : paroles injurieuses) contre le Saint Esprit (Matt. 12:31 ; Marc 3:29 ; Luc 12:10), et c’est un péché tout à fait particulier qu’on ne pouvait commettre qu’au temps du Seigneur. Quand Il chassait des démons par l’Esprit de Dieu et qu’on l’accusait de les chasser par Beelzebub, le chef des démons, c’était un blasphème direct contre l’Esprit de Dieu, qui agissait parfaitement dans le Seigneur Jésus (Matt. 12:24-28).


2 - Rapport entre Héb. 10:26 et 1 Jean 2:1 (avocat auprès du Père) et 2 Pierre 2:20 (ceux qui retournent à leur condition première)

En Hébreux 10:26, il est dit que, si quelqu'un pèche volontairement, il ne reste plus de sacrifice pour le péché, mais seulement une certaine attente terrible du jugement. Comment faut-il comprendre ce passage et comment s’accorde-t-il avec 1 Jean 2:1 où Christ nous est présenté comme avocat au cas où nous péchons ? 2 Pierre 2:20 ne montre-t-il pas la même situation que Héb. 10:26 ?


2.1 - Réponse : Professants sans vie en Héb. 10:26 et 2 Pierre 2:20. Rétablissement de la jouissance de la communion en 1 Jean 2:1

Le v. 26 de Héb. 10 ne concerne pas des enfants de Dieu quand ils pèchent, mais des Juifs qui avaient quitté le judaïsme et avaient adhéré à une profession extérieure de christianisme, mais n’étaient pas réellement nés de nouveau. Pour échapper à l’opprobre qui se rattache au nom de Christ, ils s’apprêtaient à abandonner le christianisme, y compris le christianisme dans la valeur du sacrifice parfait de Christ qui s’est offert une fois pour toutes. C’est sous ce point de vue que le christianisme est considéré dans cette épître et mis en contraste avec le judaïsme.

Or celui qui abandonnait le christianisme, péchait « volontairement », car dans le christianisme il avait reconnu la vérité dans une certaine mesure, et il avait reçu la connaissance du sacrifice de Christ et de ses résultats bénis. Mais s’il abandonnait tout cela et choisissait de son propre gré le péché, il n’y avait plus pour lui aucun autre sacrifice efficace. S’il refusait le sacrifice de Christ, où allait-il trouver en dehors du christianisme un autre sacrifice pour les péchés ? Préférer le judaïsme ou n’importe quelle religion humaine au christianisme « après avoir reçu la connaissance de la vérité », c’était l’apostasie, l’abandon de la foi chrétienne. La fin d’un tel homme ne pouvait être que le jugement (voir aussi 6:1-8).

Ce passage donc ne parle pas plus que 2 Pierre 2:20 de ce qu’un croyant pourrait aller à la perdition (perdre le salut). Il montre bien plutôt ce qui attend un simple professant sans la vie quand il rejette le seul sacrifice de Christ. Certes l’écrivain de l’épître ne parle pas de « quiconque », mais de « nous » (si nous péchons volontairement…), mais il fait ainsi parce que cette épître voit le professant chrétien croyant et le professant chrétien incrédule sur le même terrain, celui de la profession de christianisme. Celui qui professe être à Christ, est responsable devant Dieu de se conduire de manière correspondante à sa profession. Le professant croyant est capable de satisfaire à cette responsabilité, mais pas le professant incrédule. Personne n’a le droit de penser que cette parole d’avertissement ne le concerne pas. Mais dans sa conséquence ultime, elle ne vise pourtant que ceux qui n’ont pas passé par la nouvelle naissance.

En contraste avec Hébreux 10, en 1 Jean 2:1 il s’agit exclusivement de vrais enfants de Dieu. Si nous péchons comme croyants, nous avons alors dans la Personne du Seigneur Jésus un avocat [litt. : « quelqu'un qui parle pour nous »] auprès du Père, lequel, en tant que Juste auprès du Père, est la propitiation pour nos péchés. Même le cas honteux où nous avons péché, ne modifie pas notre relation avec le Père : nous sommes et restons Ses enfants, — des enfants désobéissants certes, mais des enfants quand même. Certes la jouissance de cette relation est interrompue de notre côté par notre péché, mais non pas la relation elle-même. C’est une profonde consolation de ce que nous avons un avocat auprès du Père pour le cas si sérieux d’avoir péché — un avocat qui est déjà actif pour nous avant notre chute, et qui, dans Son amour, entreprend tout pour nous ramener à la jouissance de la communion.