Hébron et Tsoan — Nombres 13:23

Christian Briem


Traduit de l’allemand « Antworten auf Fragen zu biblischen Themen » = Réponses à des questions sur des thèmes bibliques, édité par Christliche Schriftenverbreitung, Hückeswagen, 2005. ISBN 3-89287-088-8


1 - Hébron et Tsoan

Particularités du texte de l’Écriture sainte, p. 454

Au livre des Nombres, dans la description de la reconnaissance du pays de Canaan par les douze espions d’Israël, la première ville où ils arrivèrent est mentionnée comme étant Hébron (Nomb. 13:23). Puis suit cette phrase remarquable, sans lien évident avec le contexte :


« Et Hébron avait été bâtie sept ans avant Tsoan d’Égypte ».


Tsoan d’Égypte ? Quelle est l’importance de ce lieu ? Que veut nous dire le Saint Esprit par cette indication ? Veut-Il vraiment nous donner seulement une information historique, dont nous ne saurions que faire ? Ce n’est guère acceptable.

Commençons par Hébron. Tel est le nom de l’une des plus anciennes villes du monde (Genèse 13:18), qui échut plus tard à la tribu de Juda. Le terme hébreu signifie « liaison, communion ». Sur l’importance de Hébron au sens figuré, typique, citons ici un passage du chapitre 37 : « Et il l’envoya de la vallée de Hébron » (37:14). Le père (Jacob) envoie son fils (Joseph) à partir de la vallée de Hébron, le lieu de la communion, pour qu’il cherche ses frères et les serve. Quelle image saisissante de l’envoi du Seigneur Jésus par son Père, de l’envoi de Celui qui est et a toujours été « dans le sein du Père » (Jean 1:18) !

Tsoan, par contre, était une ville de la basse-Égypte. Lorsque l’Éternel délivra son peuple terrestre de l’esclavage d’Égypte, il accomplit pour cela les miracles nécessaires « dans la campagne de Tsoan » (Psaume 78:12, 43). Le nom de « Tsoan » dérive du verbe hébreu « za’an », qui initialement signifiait « imposer, charger (pour emporter) », mais qui plus tard a été simplement utilisé dans le sens de « voyager ». Un usage tout à fait intéressant de ce mot apparaît en Ésaïe 33:20, où il est utilisé dans le sens de « démonter la tente », comme font les nomades. Au sens figuré, Tsoan est donc une image saisissante du monde dans son instabilité, où l’on est constamment obligé de démonter la tente. En effet tout ce qui est dans le monde est marqué de l’empreinte de « Tsoan ».

Combien il est donc vain, et c’est même une folie, d’écouter le conseil des « princes de Tsoan » (Ésaïe 19:11) — à cette époque comme aujourd’hui ! Au chapitre 30 du même prophète, Dieu doit blâmer les princes de Juda d’être allé à Tsoan pour chercher la protection du pharaon contre l’Assyrien. Cependant ils n’avaient pas interrogé la bouche de l’Éternel. (És. 30:1-4). Mais combien était terrifiante la vision que le prophète devait voir ! Malgré tous les dangers provenant de lions et de serpents brûlants, il voit une caravane qui traverse le désert : à dos d’ânes et de chameaux, les fils de Juda portent leurs trésors en Égypte. Que fera l’Égypte pour eux ? Rien du tout : Elle n’est d’aucun profit (És. 30:5-7). Ils lui donnent tout et ne reçoivent rien en échange.

C’est toujours ce qu’on gagne quand on délaisse le conseil de Dieu et qu’on recherche du secours auprès du monde. En tirons-nous leçon aujourd’hui, nous chrétiens ? N’oublions pas le caractère de « Tsoan » ! Nous n’avons pas ici de cité permanente, mais nous pouvons rechercher celle qui est à venir (Héb. 13:13-16). Et une fois arrivés dans les « demeures » de la maison du Père, nous y resterons (Jean 14:2, 3). Quel contraste avec « Tsoan » où l’on doit constamment démonter la tente !

Comment comprendre, par ailleurs, l’indication que Hébron a été construite sept ans avant Tsoan d’Égypte ?

Pensons premièrement à ceci : Le Seigneur Jésus est venu dans ce monde d’auprès de Son Père, de « Hébron », afin de nous amener en communion avec Dieu par Son œuvre à la croix, de sorte qu’on peut dire maintenant : « notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ » (1 Jean 1:3). Bienheureuse vérité ! Il nous a ramené à la « vallée de Hébron ». Nous habitons déjà à « Hébron », et nous jouissons de la communion avec le Père et le Fils.

Mais la pensée d’en arriver là était déjà dans le cœur de Dieu avant que « Tsoan » existe, avant qu’existe ce monde de désordre et d’agitation. Une période de temps parfaite auparavant (« sept ans »), oui avant la fondation du monde selon ce qu’enseigne le Nouveau Testament, Dieu nous avait élus en Christ, pour que nous soyons saints et irréprochables devant Lui en amour (Éph. 1:4). N’avons pas toutes les raisons de rendre grâces à Dieu de ce qu’Hébron ait été construite avant Tsoan ?