Les sentiments du Père

vis-à-vis des souffrances du Fils

Christian Briem


Traduit de l’allemand « Antworten auf Fragen zu biblischen Themen » = Réponses à des questions sur des thèmes bibliques, édité par Christliche Schriftenverbreitung, Hückeswagen, 2005. ISBN 3-89287-088-8


Table des matières :

1 - Sympathies du Père aux souffrances du Fils ?

1.1 - Question

1.2 - Réponse


1 - Sympathies du Père aux souffrances du Fils ?

Questions et réponses, p. 225

1.1 - Question

Autrefois on entendait souvent exprimer la pensée, spécialement à l’occasion de la prière de la Cène, que Dieu le Père avait souffert avec Son Fils à la croix, qu’Il était entré profondément en sympathie avec la douleur de Celui-ci. Cette pensée qui, en soi, touche le cœur, a-t-elle une base dans l’Écriture sainte ?


1.2 - Réponse

Nous ressentons certainement tous que, lorsque nous nous occupons d’un tel sujet, nous marchons sur une « terrain saint », et il nous est donc convenable de nous « déchausser » (Exode 2:3, 5). Il est déjà important dans les choses divines de ne pas aller au-delà de ce que la parole dit sur tel sujet particulier ; combien plus lorsqu’il s’agit d’une telle question. Les conclusions humaines et les sentiments humains ne sont pas des conducteurs fiables pour juger de la vérité divine. Trop souvent ils nous ont induits en erreur, surtout lorsqu’ils avaient pour objet les relations entre les personnes divines. Combien avons-nous besoin, surtout ici, de la conduite de l’Esprit de Dieu !

Nous pouvons êtres assurés que Dieu n’est pas insensible à ce qui se passe sur la terre. Beaucoup de passages de l’Écriture donnent des indications à ce sujet. La personne et le chemin de Son Fils, quand Il était ici-bas, ont tout particulièrement ému Son cœur, car nous entendons plusieurs fois Sa voix à Son sujet : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir ». La communion avec Son Père était pour le Seigneur Jésus de la plus haute valeur, et dans Ses souffrances, Il était consolé de ce que le Père serait auprès de Lui même si Ses disciples l’abandonnaient, et étaient dispersés chacun chez eux (Jean 16:32). Ainsi, le Père allait avec le Fils, et le Fils avec le Père, selon le type de Genèse 22 : « Et ils allaient les deux ensemble ». Une pleine communion en jugements, en sentiments, en pensées unissait le Père et le Fils.

Mais s’agissant du Père ressentant les souffrances du Fils, la première remarque à faire est qu’aucun passage de l’Écriture n’étaye cette pensée. On ne trouve même pas d’indication qui s’en rapproche. Ce silence absolu est encore plus significatif quand on se trouve en présence des souffrances de la mort, et de la mort expiatoire de Christ. Dans l’Ancien Testament, il n’existe qu’un seul type faisant apparaître le côté du Père dans le sacrifice de Son Fils : c’est le cas déjà mentionné du sacrifice d’Isaac par Abraham. Aussi saisissante que soit toute cette circonstance, nous n’entendons pas un seul mot des sentiments d’Abraham. Cela ne veut pas dire qu’il n’en ait pas eu, mais l’Écriture ne nous les décrit pas. Cet exemple ne devrait-il pas, à lui seul, nous rendre prudents et réservés dans nos expressions ?

Même quand le Seigneur Jésus souffrit comme le vrai holocauste, Ses souffrances furent d’une profondeur extraordinaire. Ce sacrifice devait être consumé « tout entier » par le feu, ce qui parle de l’immensité de ces souffrances. Mais au lieu d’entendre parler de compassion de la part du Père, nous apprenons qu’il s’agissait d’un « un sacrifice par feu, une odeur agréable à l’Éternel » (Lév. 1:9).

La pensée que le jugement de Dieu a atteint notre Substitut avec une dureté sans frein, ne nous a-elle pas souvent conduit à l’adoration ? « Vous n’en mangerez pas qui soit à demi cuit ou qui ait été cuit dans l’eau, mais rôti au feu » : ainsi s’exprimait l’ordonnance pour l’agneau pascal (Exode 12:9). Aucun adoucissement n’a été accordé à Christ, l’Agneau de Dieu, quoiqu’il fût le Fils. Quand Il a souffert en vrai sacrifice pour le péché, une souffrance infinie, l’Écriture nous fait savoir : « Mais il plut à l’Éternel de le meurtrir ; il l’a soumis à la souffrance » (Ésaïe 53:10). L’appel bouleversant du tourment suprême : « Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné ? » est resté sans être exaucé à ce moment-là. Dieu lui-même a dirigé son épée contre Son compagnon : « Épée, réveille-toi contre mon berger, contre l’homme qui est mon compagnon » (Zach. 13:7). Notre Sauveur n’a pas connu la compassion, mais la colère, la fureur de Dieu contre le péché : « Ta fureur s’est appesantie sur moi » (Ps. 88:7).

Si nous repassons tout cela devant nos yeux, nous sommes remplis d’adoration et d’action de grâce de ce que le Seigneur Jésus, le Fils du Père, a tant souffert. Et si notre cœur se tourne alors vers le Père, qu’y a-t-il de plus approprié que de Le remercier « pour Son don inexprimable ! » (2 Cor. 9:15) ? — Ne nous faut-il pas en rester-là ?