Bible Treasury : Volume 20 (1895) p 231, 248, 261
La traduction JND française de la Bible écrit « en
Troade » au lieu de « à Troas ».
Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest
W. J. Hocking — et plusieurs notes de l’éditeur du Bible Treasury.
Table des matières :
2 - Actes 20:7: Interprétations variées que des hommes tirent de ce passage
3 - Trois passages des Actes avec un séjour spécial de 7 jours
3.2 - Actes 21:4-5 et 28:13-14
3.3 - Ils attendaient le jour habituel de la fraction du pain
4 - Assemblés pour rompre le pain
4.1 - Différences entre Actes 20 et Actes 2
4.2 - Le dimanche est le jour approprié pour célébrer la cène
4.3 - Paul et son discours n’ont pas eu la prééminence sur la fraction du pain
4.4 - Paul et ses compagnons concernés par le rassemblement local
4.5 - Usage du pronom « nous »
4.6 - Le « nous » en Actes 20:7
4.7 - Réunions habituelles et réunions spéciales de l’assemblée dans les Actes
5 - Fraction du pain : la cène ou un repas ordinaire ?
5.1 - En Actes 20:7 la fraction du pain n’est pas un repas ordinaire
5.2 - En Actes 20:11 la fraction du pain est un repas ordinaire, un acte personnel
5.3 - La fraction du pain a-t-elle été repoussée en dernier ? Paul l’a-t-il présidée ?
5.3.1 - Question de la place et de l’importance de la fraction du pain
5.3.2 - Paul a-t-il présidé la fraction du pain ?
5.4 - 1 Corinthiens confirme l’absence de quelqu’un qui préside
Il est fort important de chercher à comprendre clairement la véritable intention des saints de Troas, mais surtout la pensée de Dieu dans le récit de leur rassemblement à l’occasion rendue mémorable par la présence du grand apôtre des Gentils (Actes 20:7). Car la pratique des premiers saints, relatée ainsi par inspiration, offre un guide certain pour ce que l’assemblée avait dorénavant à observer ; dans la mesure où leur exemple est cité par le Saint Esprit de manière approbative, les saints peuvent le suivre avec hardiesse et confiance.
Il faut tout à fait distinguer le récit inspiré de la fondation
et du développement de l’assemblée de Dieu aux temps apostoliques, d’avec ce
qui s’est mis à avoir lieu juste après, quand les hommes n’ont plus écrit par
l’effet de la puissance inerrante du Saint Esprit. La différence n’est pas une
différence de degré, mais de nature. Tandis que l’Écriture est un roc immuable,
les productions de ce qu’on appelle les « Pères de l’Église » sont
des sables mouvants trompeurs : elle
offre un soutien inébranlable,
eux
n’apportent rien, ou, au mieux, une incertitude ténue, couplée au
risque de suivre leur éloignement de la vérité.
Il ne faut par chercher bien loin la raison de cette grande différence. Pour certains, il peut paraître trivial et banal d’insister sur l’inspiration de l’Écriture Sainte et de faire valoir que son caractère inspiré l’élève infiniment au-dessus de tout autre écrit ancien ou moderne. Mais par les temps qui courent, on ne saurait aller trop loin dans le respect pour les Écritures, ni soutenir avec trop de ténacité que la voix de Dieu se fait entendre dans chaque mot, de la Genèse à l’Apocalypse.
La présentation parfaite et suffisante de la pensée de Dieu et de Sa volonté, sous l’opération inerrante du Saint Esprit, ne doit pas être comprise seulement dans les énoncés de doctrine et dans les révélations prophétiques sur l’avenir. Les portions historiques ne sont pas moins divinement données et préservées. Même lorsque les écrivains de la Parole racontaient les événements dont ils avaient directement connaissance, il ne leur a jamais été permis de simplement écrire leurs souvenirs éventuellement complétés par leur imagination. L’Esprit était là à la fois pour assurer l’accomplissement de Son propre dessein dans l’Écriture, et pour éviter toute fragilité ou erreur humaines.
Ainsi dans l’exemple placé devant nous, l’auteur, Luc le médecin, n’a nullement été abandonné à sa propre sagesse pour faire une compilation de l’histoire. Tout en laissant l’empreinte de son individualité sur ses écrits (et cela de manière si nette qu’on ne peut jamais les confondre avec ceux de Matthieu, Marc, ou Jean), cette empreinte est néanmoins telle qu’elle n’inclut aucun des préjugés, distorsions, faiblesses, ou partialités si communs, à des degrés divers, à tous les historiens non inspirés. Car l’« élément humain dans l’inspiration », pour reprendre une expression familière, ne suppose ni n’admet jamais aucune trace de faiblesse ou de préméditation, d’aveuglement ou de parti pris, lesquels sont tout à fait inséparables de la nature humaine déchue.
En effet, sur ce dernier point en particulier, on peut dire que la parole écrite de Dieu ressemble à la Parole incarnée. En Lui, béni soit Son saint nom, nous avons Celui qui était à la fois Dieu et homme. Puisqu’Il était le Fils et le Dieu éternel, Il pouvait révéler Dieu et le Père, et c’est ce qu’Il a fait. Du fait qu’en grâce, Il est devenu homme, Il a révélé le Père de telle sorte que nous avons pu voir et entendre, croire et connaître. Pourtant, bien qu’Il soit descendu si bas pour apporter la plénitude de grâce et de vérité au pauvre homme ruiné, Il est demeuré dans cet état de pureté immaculée qui n’a eu lieu en vérité chez personne d’autre que Lui-même. Pur, sans tache, bien qu’en ressemblance de chair de péché (Rom. 8:3), parfait au-dehors comme au-dedans, c’est du Sauveur seul qu’il est écrit qu’Il était « saint, innocent, sans souillure, séparé des pécheurs » (Héb. 7:26), qu’« Il n’a pas connu le péché » (2 Cor. 5:21).
Pareillement les écritures sont divines. Dans la Parole incarnée, Dieu se révèle dans notre nature ; dans la Parole écrite, Il se révèle dans notre langage ; mais dans les deux cas il y a exclusion tout à fait stricte de l’imperfection due au péché. Et la raison est évidente, car dans la Parole, Dieu se révèle Lui-même, et révèle le triomphe de Ses voies de grâce sur le péché de l’homme. Et cela est communiqué par le Saint Esprit (1 Cor. 2:13) ; car qui en effet, sinon Lui, pouvait écrire sur un tel sujet ? Et puisqu’Il a entrepris par grâce d’exprimer les pensées de Dieu à l’homme, quelle témérité et quelle impiété d’imputer l’erreur, en quelque manière que ce soit, aux écrits qu’Il a inspiré à ce propos !
La révélation, tout en émanant de l’Esprit de Dieu, a pris une forme humaine. Elle a été donnée aux hommes et à l’intention des hommes ; c’est pourquoi on y trouve la phraséologie et les modes d’expression humains. Et même l’état effectif des langues hébreu ou grecque, lorsqu’elles sont employée, y est reproduit. Néanmoins, il est tellement réconfortant de savoir que chaque expression, même si elle est humaine, est purifiée de l’imperfection morale, des erreurs et des présentations erronées, qu’on trouve en toute autre circonstance dans les écrits des auteurs même les plus accomplis et les plus illustres. Si bien que c’est l’une des caractéristiques les plus bénies de l’Écriture sainte de constituer un fondement absolument immuable sur laquelle l’âme peut se reposer. Gardant à l’esprit cette vérité, nous désirons examiner le passage placé devant nous.
« Et le premier jour de la semaine, lorsque nous étions assemblés pour rompre le pain, Paul sur le point de partir le lendemain, leur fit un discours, et il prolongea le discours jusqu’à minuit » (Actes 20:7).
Quel est l’enseignement de ce passage de l’Écriture, et celui de son contexte, au sujet de la fraction du pain ? Était-ce l’usage général des disciples de s’assembler chaque premier jour de la semaine pour rompre le pain ? En d’autres termes, la fraction du pain avait-elle une telle importance majeure pour les disciples qu’elle était le but spécifique de leur réunion lorsqu’ils se réunissaient ? Ou bien inversement, la fraction du pain était-elle considérée par eux comme d’importance mineure, au point que la présence de Paul était une raison suffisante pour la mettre en arrière-plan au profit du ministère de l’apôtre ? Ce dernier point de vue est celui des tenants de la tradition ecclésiastique, ainsi que des tenants de toute la pratique moderne universelle ; les deux s’unissent pour dépouiller le passage de l’Écriture qui est devant nous de son sens simple et sans équivoque, — en l’utilisant pour placer la Cène du Seigneur dans une position subordonnée tout à fait inconnue des évangiles ou des épîtres. Nous ne parlons pas maintenant de ceux qui la pervertissent pour en faire un sacrifice pour les vivants et les morts, ni des horreurs qui accompagnent ce système incrédule et superstitieux.
Considérons les circonstances intéressantes et instructives de la fraction du pain à Troas, et notons la manière discrète par lesquelles elles sont parsemées dans le récit.
Le voyage du groupe depuis Philippes avait pris cinq jours (Actes 20:6). C’était probablement plus long que prévu. En tout cas, nous savons que, lorsqu’ils avaient traversé vers l’Europe dans une autre occasion, la durée du trajet entre les deux mêmes villes n’avait nécessité que deux jours (Actes 16:11-12). L’allongement de deux à cinq jours prouve de manière très concluante que, dans ce cas, la progression du navire avait dû être considérablement gênée par des vents contraires ou tempétueux, pour expliquer une telle différence.
Il semble que le groupe arriva à Troas l’après-midi du premier jour de la semaine, ou au début du second jour, car ils demeurèrent en ce lieu sept jours (Actes 20:6), pour arriver au prochain premier jour de la semaine. Le fait de ce séjour prolongé est hautement significatif.
Pour quelle raison Paul prolongea-t-il son séjour à Troas à un moment où, comme nous le savons, il se hâtait pour être, si possible, à Jérusalem au jour de la Pentecôte (Actes 20:16) ? Il a fait exprès d’éviter Éphèse, car il ne voulait pas être retardé dans son voyage. Pourtant, il ne passe pas moins de sept jours ici à Troas. Et c’est immédiatement après avoir quitté Troas qu’il demanda aux anciens d’Éphèse une rencontre à Milet, à 50 km, afin de ne pas perdre de temps. Ne sommes-nous pas tenus de déduire de ces faits que quelque considération importante avait assez de poids pour l’apôtre pour le faire rester si longtemps à Troas ?
Or le récit fournit un autre détail qui jette beaucoup de lumière sur les motifs de Paul et de ses compagnons. Lorsque le premier jour de la semaine fut arrivé, et que les disciples eurent rompu le pain ensemble, l’apôtre fut si peu disposé à perdre un moment de plus, que, bien qu’il eût passé toute la nuit en compagnie des saints, il partit (nous est-il dit) à l’aube à pied pour Assos. Il est donc clair que Paul resta les sept jours afin d’être présents à la réunion de l’assemblée à Troas.
Que la durée de ce séjour soit tout juste de sept jours et pas plus, nécessite un commentaire. Cette durée est d’autant plus remarquable qu’on retrouve la même durée à une étape ultérieure de ce même voyage vers Jérusalem, et pareillement suivie immédiatement par le départ des voyageurs. Luc raconte qu’à Tyr, ayant trouvé les disciples, ils y demeurèrent sept jours… Mais ayant accompli ces jours, ils partirent et se mirent en route (Actes 21:4-5).
On retrouve encore un troisième exemple dans ce livre. Quand Luc décrit le voyage vers Rome, il écrit : « nous arrivâmes le deuxième jour à Pouzzoles, où, ayant trouvé des frères, nous fûmes priés de demeurer avec eux sept jours ; et ainsi nous allâmes à Rome » (Actes 28:13-14). C’est donc la troisième occasion dans les Actes où Paul et ses compagnons, après un voyage par mer, demeurent au port juste sept jours avec les saints, puis reprennent leur voyage tout de suite après.
L’explication qui ressort du récit d’Actes 20 fournit la clé pour les autres cas, puisque ceux-ci ne donnent rien de plus, et le motif ou mobile est constant. À cause de retards imprévus pendant le voyage, les voyageurs débarquent à Troas tout simplement trop tard pour se joindre au rassemblement hebdomadaire habituel des disciples pour rompre le pain. Aussi, afin de participer avec eux au souvenir de Christ dans la cène selon l’habitude, il était nécessaire de rester une semaine pour la prochaine occasion de rompre le pain.
Il n’aurait pas été nécessaire de demeurer jusqu’au premier jour de la semaine simplement pour leur tenir des discours. Il pouvait en profiter, et sans doute il l’a fait, dans la mesure du possible les autres jours de la semaine : nous savons que c’est ce qu’il a fait ensuite avec les anciens d’Éphèse. Mais le but du rassemblement à Troas et ailleurs, n’était certainement pas d’entendre Paul, malgré le profond intérêt qu’il y eût à cela, et que ce fût une raison tout à fait suffisante de se rassembler à d’autres moments, au moins pour ceux qui le pouvaient. Ici il est expressément déclaré que l’objectif établi ou habituel de se rassembler était « pour rompre le pain ».
En même temps, on remarque que ce but de rassemblement est déclaré sans emphase spéciale, et sans autre précision. Cela indique, non pas l’insignifiance, mais l’importance majeure du motif de ce genre de réunion des disciples. Cela atteste non seulement de la véracité de l’historien, mais du dessein divin de l’histoire pour ceux qui cherchent la vérité. Car il est là consigné par écrit le fait instructif que, pour les saints réunis, à l’époque apostolique, la fraction du pain au premier jour de la semaine était une institution du Seigneur, établie et régulièrement reconnue.
Il apparaît donc du récit de Actes 20 que les saints, à cette occasion particulière, s’assemblaient selon leur manière ordinaire et habituelle dans le but de rompre le pain le premier jour de la semaine.
Il est vrai que, dans les tout premiers temps, les disciples à Jérusalem rompaient le pain plus fréquemment (Actes 2:46). Mais pour la plupart d’entre eux, il s’agissait alors de saints qui se trouvaient là comme des visiteurs exempts de devoirs séculiers, plutôt que comme des résidents ; et dans l’amour et la joie de leur cœur, ils profitaient de l’occasion, et jour après jour ils célébraient la fête à la maison (c’est-à-dire, dans des maisons privées en contraste avec le temple). « Et tous les jours ils persévéraient d’un commun accord dans le temple ; et, rompant le pain dans leurs maisons, ils prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur » (Actes 2:46). Mais à Troas, nous avons la pratique non pas de croyants Juifs, mais de croyants des Gentils, et cela non pas dans des circonstances exceptionnelles, mais dans la routine générale de la vie quotidienne.
C’est à nous de tirer profit de ces deux cas. À l’institution de la Cène, le Seigneur Lui-même ne mit aucune restriction. « Faites ceci en mémoire de moi », fut la parole qu’Il adressa Lui-même aux apôtres de la circoncision ; mais Il n’établit rien quant à la fréquence de la participation. Lorsque le Seigneur fit une révélation particulière à l’apôtre des Gentils (1 Cor. 11:23-26 qui a été écrit avant les événements de Actes 20), le Seigneur n’a pas non plus défini l’intervalle séparant les diverses célébrations de la fête du souvenir. De Son silence sur ce point, on peut donc certainement déduire avec la plus grande certitude qu’Il a laissé à l’amour et à la fidélité de nos cœurs la faculté de répondre au désir qu’Il a exprimé en mangeant le pain et en buvant du vin, aussi souvent que les circonstances le permettraient. Et nous avons vu que c’était la pratique dans les premiers jours. À Jérusalem les saints furent en mesure, au commencement, de rompre le pain quotidiennement à la maison. À Troas la coutume était de se rassembler dans ce but le premier jour de la semaine. Considérant ces deux exemples, nous concluons qu’ils n’étaient ni incités ni contraints à suivre aucune règle rigide, mais qu’ils se réunissaient aussi souvent que possible.
Il faut cependant observer que le premier jour de la semaine
offre l’occasion la plus appropriée pour célébrer cette fête. Quel jour peut
être plus approprié que le jour du Seigneur pour célébrer la Cène du
Seigneur ? Tant vis-à-vis de la cène
que vis-à-vis du jour
,
le Seigneur a nettement fixé à l’avance Son droit sur eux, et Il l’a fait
ressortir de manière spéciale en les marquant comme étant Siens [« la cène
dominicale » en 1 Cor. 11:20 et « la journée dominicale » en
Apoc. 1:10]. Si l’utilisation de ce terme (kuriakos = dominical) élève la cène
au-dessus de tout repas
ordinaire, selon ce que l’apôtre démontre en 1
Cor. 11, en mettant en contraste la « cène du Seigneur » avec
« leur propre repas », il est non moins vrai que le jour
du
Seigneur est, d’une manière semblable, distingué de tous les autres jours de la
semaine. Ce fut notamment en ce jour
-là que le Seigneur ressuscita.
Combien il est donc salutaire que les relations joyeuses en rapport avec Sa
résurrection soient mêlées à et tempérées par le souvenir solennel de Sa
mort ! Ce fut également le premier jour de la semaine que le Seigneur
apparut deux fois aux apôtres assemblés (Jean 20:19, 26), et ce fut encore le
même jour de la semaine que le Saint Esprit descendit à la Pentecôte pour
former l’église de Dieu sur terre et y habiter. Si bien qu’il ne manque pas de
raisons pour la coutume établie de rompre le pain le jour du Seigneur, comme
cela se faisait à Troas.
Voilà pour l’occasion ou le moment où ils avaient l’habitude de se rassembler ; examinons maintenant l’intention qui était la leur quand ils se rassemblaient ainsi. Le passage de l’Écriture qui est devant nous l’exprime clairement et nettement : « Et le premier jour de la semaine, lorsque nous étions assemblés pour rompre le pain, Paul… leur fit un discours. Le but avoué est donc expressément déclaré : « pour rompre le pain ». Et cela est indiqué, sans ajout ni commentaire, ce qui aurait été certainement le cas s’il y avait eu quelque chose de particulier dans cette célébration.
Il est bon de noter que, bien que Paul lui-même fût là, sa présence ne permettait pas d’éclipser ce à quoi le Seigneur a droit. Car c’était positivement la fraction du pain qui les réunissaient, montrant ce qui déterminait leurs cœurs par-dessus tout, et que même le ministère du grand apôtre passait au second rang. Il n’est pas douteux que la plupart des saints étaient là ; et qu’après avoir annoncé la mort du Seigneur, Paul profita de l’occasion pour leur adresser un discours d’adieu, car il « devait partir le lendemain ».
On a tout lieu de penser que, dans le cours de la semaine précédente, le serviteur actif et zélé de Christ, avait saisi toutes les occasions pour communiquer la vérité aux frères, tant en public qu’en privé. Mais maintenant il était sur le point de les quitter — peut-être pour ne plus jamais les revoir. Et l’apôtre les aimait tous comme un père aime ses enfants. Comme il parlait, son cœur se gonflait de cette tendre sollicitude pour leur bien-être spirituel, si caractéristique de Paul ; si bien qu’il prolongea son discours jusqu’à minuit. Un moment béni de rafraîchissement, sans aucun doute ! Mais le Saint Esprit fait attention d’enregistrer les faits de façon à ne laisser aucune équivoque sur le but de ce rassemblement des saints, non pas pour entendre le discours d’adieu, mais pour rompre le pain — sans pour autant que cela corresponde le moins du monde à une sous-évaluation du don apostolique.
Mais un autre point mérite considération. Le texte biblique correct est sans aucun doute celui déjà cité : « lorsque nous étions assemblés », etc., et non pas « quand les disciples se réunirent », etc. Ce point a de l’importance, et repose sur d’abondantes autorités. L’action de se réunir ne se réfère pas aux saints locaux seulement, mais l’expression implique que les visiteurs s’y étaient également joints. Paul et ses compagnons étaient autant concernés par le rassemblement que les disciples à Troas. Le Texte Reçu (version autorisée anglaise) laisse entendre que le groupe de serviteurs de passage étaient eux-mêmes dispensés de la responsabilité, voire du privilège, de rompre le pain : c’est une hypothèse indigne et sans fondement ; il en va de même pour l’idée que la cène du Seigneur serait une simple question de disposition locale. Au contraire, le fait de se réunir était l’action unie de toute l’assemblée de Dieu à Troas, y compris les voyageurs.
À propos de l’expression « lorsque nous étions assemblés », il est vrai que le « nous » est souvent utilisé dans les Actes pour indiquer la présence personnelle de Luc dans les événements qu’il raconte ; et il est également vrai que, dans le Nouveau Testament, « nous » est le pronom utilisé constamment pour introduire ce qui est caractéristique de l’ensemble des saints de Dieu, collectivement ou comme ensemble d’individus.
Ainsi, quand Paul écrit en Romains 5:1 : « Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu », qui pourrait douter du fait que « la paix avec Dieu » soit la part commune de toute âme justifiée par la foi ? Ainsi tout au long de l’épître, la position des croyants est enseignée de la même façon. L’exception apparente du « je » en Romains 7:7-25 confirme la règle ; car là l’apôtre prend le cas de quelqu’un qui n’est pas introduit dans la connaissance du vrai privilège chrétien, mais qui gémit sous la loi. C’est pourquoi le « nous » y aurait été inadapté, car les versets ne décrivent pas la condition normale des saints de Dieu ; le « je » est utilisé pour présenter ce qui est un état transitoire, plutôt que la position propre à une âme en Christ.
De même en 1 Cor. 15:51-52, un exemple parmi beaucoup d’autres que l’on trouve dans presque tous les chapitres des épîtres de Paul et des épîtres catholiques [= de Jacques, Pierre, Jean et Jude] : « Voici, je vous dis un mystère : Nous ne nous endormirons pas tous, mais nous serons tous changés : en un instant, en un clin d’œil, à la dernière trompette, car la trompette sonnera et les morts seront ressuscités incorruptibles, et nous, nous serons changés ». Il est évident ici qu’une révélation est faite par l’auteur (lui-même étant apôtre et prophète) concernant l’ensemble des saints de Dieu, et non une partie d’entre eux. Il n’est manifestement pas vrai ni de l’assemblée de Corinthe ni de Paul ni de Sosthène qu’ils ne s’endormiraient pas tous. Ils ont été endormis par Jésus depuis longtemps. Mais en disant : « Nous ne nous endormirons pas tous », l’apôtre n’avait nullement à l’esprit la pensée de limiter son application à ses contemporains. Il exprimait le privilège commun de tous les saints, dans la mesure où il n’est pas nécessaire pour eux de passer par la mort. De la même manière, en écrivant aux Thessaloniciens, il dit, en faisant référence à la venue du Seigneur : « nous, les vivants qui demeurons, nous serons ravis ensemble » (1 Thes. 4:17). Ici, comme dans l’épître aux Corinthiens, il envisage les saints qui seraient sur la terre au retour du Seigneur, sans impliquer du tout, comme certains critiques destructeurs le supposent, qu’il avait l’assurance erronée d’être alors lui-même vivant. La vérité enseignée, c’est que l’espérance générale et les attentes chéries des saints de Dieu étaient de ne pas être trouvés nus, mais d’avoir revêtu leur domicile qui est du ciel (2 Cor. 5:2-3).
Dans la première épître de Jean, cette forme d’expression est remarquablement prédominante, comme on pouvait s’y attendre dans une communication adressée, non pas à une assemblée locale, mais à toute la famille de Dieu dans son aspect le plus large et le plus général. « Nous savons » est une formule que l’on trouve constamment.
Mais maintenant on en a sûrement assez dit (*) pour montrer que « nous » est un mode reconnu dans le Nouveau Testament pour énoncer ce qui est universellement vrai dans l’assemblée de Dieu. Et on peut dire que Actes 20:7 : « Lorsque nous étions assemblés pour rompre le pain » est un exemple de cette utilisation. Le rassemblement, et la fraction du pain étaient la pratique habituelle de l’assemblée à Troas et, si c’était le cas là, ça l’était dans toutes les assemblées. Voir 1 Cor. 4:17 & 7:17 & 11:2, 16.
(*) Il n’est guère nécessaire de souligner que les apôtres utilisent parfois le pronom pluriel « nous » pour faire référence à eux-mêmes et à leurs compagnons de travail. Il n’y a rien de spécialement important en cela, contrairement à l’utilisation mentionnée ci-dessus.
Il arrive inversement que l’apôtre fasse allusion parfois à son propre niveau personnel, comme « pour moi, vivre c’est Christ » (Phil. 1:21), « soyez mes imitateurs, comme moi je le suis du Christ » (1 Cor. 11:1), et aussi en 2 Cor. 12. Il parle là de sa propre expérience, ne répondant en rien pour les autres.
En accord avec ceci nous trouvons qu’un langage similaire est employé en 1 Cor. 10:16-17, où les principes de distinction entre la table du Seigneur et la table des démons sont établis. « La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas la communion du sang du Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas la communion du corps du Christ ? Car nous qui sommes plusieurs, sommes un seul pain, un seul corps, car nous participons tous à un seul et même pain ». L’unité des « nous » est expressément déclarée — un seul pain, un seul corps. C’est la vérité générale dont il est question, et elle s’appliquerait à Jérusalem, à Antioche, à Troas, autant qu’à Corinthe. Mais dans 1 Cor. 11 où l’apôtre parle des mauvaises pratiques particulières de l’assemblée de Corinthe à l’égard de la Cène du Seigneur, c’est « vous » qui est utilisé : « Quand donc vous vous réunissez ensemble, ce n’est pas manger la cène dominicale » (1 Cor. 11:20). Ici, il est question des mauvais comportements locaux, non pas de la pratique universelle.
En Actes 20:7 donc, selon le texte correct, il est enseigné que la coutume établie de l’assemblée de Dieu était de se rassembler le premier jour de la semaine dans le but exprès de rompre le pain. Les mots ne peuvent rien signifier d’autre, car personne ne soutiendra sérieusement que « nous » ne comprend que Luc et ceux qui étaient avec lui, et que c’était donc le groupe de voyageurs qui s’était réuni pour rompre le pain, tandis que les autres étaient réunis pour entendre le discours de Paul.
Il a déjà été remarqué que le rassemblement des saints à Troas (Actes 20:7) était l’action unie de l’assemblée dans cette ville. Et la phraséologie employée est telle qu’elle indique une coutume commune et habituelle de l’église de Dieu. La vraie force du passage est bien : « lorsque nous étions assemblés pour rompre le pain » (20:7), et encore « dans la chambre haute où nous étions assemblés » (20:8). Le sens est obscurci dans la version autorisée anglaise (Texte Reçu) où la troisième personne est utilisée au lieu de la première.
Ces mots sont suffisamment précis pour établir que nous avons ici (Actes 20:7) une action spontanée dans le cadre de l’assemblée, tandis que rien ne laisse entendre qu’ils fussent spécialement convoqués pour entendre les instructions et les exhortations d’adieu de Paul. Pour confirmer encore ce point de vue, il est profitable et intéressant de se référer brièvement aux expressions similaires utilisées dans ce même livre.
L’assemblée à Jérusalem n’avait certainement pas été spécialement convoquée pour l’occasion mentionnée en Actes 4:31. Au contraire, c’était tellement la disposition habituelle pour eux d’être ensemble dans ce temps particulier, que Pierre et Jean, relâchés avec des menaces par le conseil juif, allèrent directement rejoindre leur propre groupe où on fit monter vers Dieu une prière unie (Actes 4:23 ; cf 12:12). « Et comme ils faisaient leur supplication, le lieu où ils étaient assemblés fut ébranlé », — assemblés = συνηγμένοι comme en Actes 20:7-8 ; voir Actes 4:31.
En contraste avec cet exemple de réunion formelle et habituelle, nous trouvons que, lorsque Paul et Barnabas revinrent à Antioche après leur voyage de service dans l’évangile, ils « réunirent l’assemblée » et « racontèrent toutes les choses que Dieu avait faites avec eux » (Actes 14:27). À nouveau, quand Barnabas et Paul avec Jude et Silas revinrent au même endroit avec une certaine communication de l’assemblée à Jérusalem, il est dit : « Ayant assemblé la multitude, ils remirent la lettre » (Actes 15:30). De la même manière, Paul réunit les anciens d’Éphèse à Milet (Actes 20:17).
Voici donc trois exemples de réunions spéciales des saints par invitation, et chacune se distingue de la forme d’expression à laquelle on s’attend pour des rassemblements établis et habituels des saints en tant qu’assemblée.
À Troas donc il nous est incontestablement enseigné que les visiteurs s’assemblèrent avec toute l’assemblée pour rompre le pain, juste comme Barnabas et Paul l’avaient fait auparavant une année entière à Antioche (Actes 11:26) ; et ceux qui nient cela, tordent l’Écriture au péril de leur âme et de l’âme des autres.
Nous tournant maintenant vers une autre sorte de perversion de la vérité, il y a ceux qui soutiennent que la fraction du pain fait référence aux agapes ou repas conviviaux mangés par les premiers chrétiens, et non pas à la cène du Seigneur, sauf comme un complément mineur : ceci n’est pas ce que retiennent ceux qui s’en tiennent au langage clair et non équivoque de l’Écriture.
L’emploi de l’expression « la fraction du pain » dans les Actes est certainement convaincant par lui-même. En parlant du rassemblement lors de la Pentecôte, il est écrit : « Et ils persévéraient dans la doctrine et la communion des apôtres, dans la fraction du pain et les prières » (Actes 2:42). Cet emploi de l’expression « fraction du pain » conjointement à « la doctrine et la communion des apôtres » et aux « prières », interdit de réduire la fraction du pain à une rencontre sociale ordinaire ou même à une agape. En effet, elle est expressément distinguée des repas ordinaires dans les versets qui suivent. « Et tous les jours ils persévéraient d’un commun accord dans le temple ; et, rompant le pain dans leurs maisons, ils prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur, louant Dieu, et ayant la faveur de tout le peuple » (2:46-47). Il s’ensuit que la fraction du pain ne peut pas être confondue avec la prise de nourriture à cette occasion, et c’est l’intention évidente de l’Esprit qu’on ne les confonde pas ainsi.
Dans le passage d’Actes 20, la même distinction est conservée. Au verset 11, après l’épisode d’Eutyche, Paul retourne dans la chambre haute, rompt le pain, mange et converse (c’est-à-dire a des entretiens) longtemps jusqu’à l’aube. Cela ne ressemble pas à la cène (ou : eucharistie) comme on le suppose souvent (*) ; car quand il est fait références la cène, elle est toujours vue comme l’action de toute l’assemblée. Comparez le verset 7 : « Lorsque nous étions assemblés pour rompre le pain », et 1 Cor. 10:16 : « Le pain que nous rompons ». Mais au verset 11, c’est Paul qui rompt le pain, comme il le fait en Actes 27:35 après le jeûne de 14 jours à bord du navire. Ici, après son discours et avant son long voyage qui devait commencer à l’aube, l’apôtre prend du pain pour satisfaire sa faim ; si bien que manger dans ce cas n’est pas participer à la fête du souvenir, mais c’est prendre un repas comme en Actes 10:10 ; en rapport avec cela, « converser » (avoir des entretiens) est tout à fait approprié, et a un caractère différent du discours plus formel tenu auparavant.
(*) Le
pain… désigne la cène », affirme
Canon Cook sur ce passage dans le Commentaire de l’Orateur. Londres, 1880. —
Réponse de l’éditeur du Bible Treasury : L’article n’a pas une telle force
là, pas plus qu’ailleurs, étant inséré ou omis selon des principes constants.
Si l’écrivain présente à l’esprit quelque chose d’objectif, l’article est
utilisé ; sinon, il est omis. « Le » pain de Matthieu 26:26, si
on lit juste, signifierait ce qu’il y avait sur la table ; mais les
meilleurs éditions issues des meilleurs manuscrits omettent l’article, disant
simplement que le Seigneur a pris « du pain ». De même en Marc 14:22,
Luc 19:19, et 1 Cor. 11:23. Il est encore plus pertinent de remarquer qu’en
Actes 2, où il est fait deux fois référence à la cène du Seigneur (v 42 et 46),
une phrase a l’article (en anglais), tandis que l’autre ne l’a pas. L’usage de
l’anglais est ici semblable à celui du grec. On parle de « la fraction du
pain » [« du » = de le ; avec l’article, breaking of the
bread], quand on désigne la cène de manière formelle comme l’institution
chrétienne bien connue ; mais nous disons, en tant que de besoin, que
certains chrétiens rompaient du pain [« du » désignant la matière rompue ;
sans l’article, breaking bread] à la maison. Actes 20:7, ainsi que 2:46,
contredisent la notion de Canon Cook, l’article étant absent dans les deux cas.
Le verset 11 de Actes 20 montre simplement qu’après l’incident, Paul prit un
repas fait avec « le » pain. C’était la même miche de pain ;
mais on ne voudrait pas l’utiliser pour l’eucharistie, et le singulier n’aurait
pas suivi cet acte solennel. D’un autre côté nous voyons les expressions
« le pain » et « la fraction du pain » (avec l’article —
Luc 24:30, 35) comme un repas pour se faire reconnaître, et non pas comme étant
la cène. De toute façon l’affirmation de Canon Cook, et d’autres aussi, est
indéfendable . — L’éditeur du Bible Treasury.
Page a écrit sur ce passage (dans : Actes des Apôtres, Macmillan 1886, page 213), une note tout à fait sans fondement. Il écrit : « ils s’étaient réunis « pour rompre le pain », ce qui aurait eu sa place naturellement à la fin du discours de Paul, s’il n’y avait pas eu l’interruption ; c’est pourquoi maintenant, il reprend l’ordre de la réunion au moyen de la fraction du pain ».
Ce commentaire contient au moins deux suppositions dépourvues de toute justification scripturaire.
Page fait d’abord la supposition suivante : Bien que les saints se soient réunis expressément pour rompre le pain, l’acte du Souvenir fut mis de côté dans le but d’écouter le discours d’adieu de Paul — Il s’ensuit, selon ce commentateur, que participer à la cène du Seigneur n’était qu’une raison nominale de se rassembler, + et qu’il était tout à fait « naturel » pour la fête du Souvenir d’être supplantée par le ministère de la parole, + et que ce ministère n’avait pas nécessairement un caractère simplement introductif à la célébration solennelle, mais que, comme dans ce cas, il était une exhortation finale en vue du départ immédiat de l’apôtre !
Une telle théorie n’est aucunement soutenue par l’Écriture. L’Esprit de Dieu ne remplace jamais ce que revendique le Seigneur par ce que revendique l’église, fût-ce même des apôtres. Le ministère de Paul était certes nécessaire aux saints, mais la fraction du pain était due au Seigneur. Et l’apôtre lui-même n’aurait pas voulu contribuer en aucune manière à mettre de côté ce sur quoi il avait insisté dans sa récente épître aux Corinthiens.
Paul disait (1 Cor. 11:17) n’avoir pas de quoi louer l’assemblée à Corinthe sur leur manière de célébrer la cène ; en fait il leur reproche sévèrement la chose même que des hommes égarés soutiennent comme la vérité. Car c’était à Corinthe, et non pas à Troas, que nous trouvons les saints permettant que des rapports sociaux dévalorisent, voire détruisent, le caractère solennel du souvenir du Seigneur. « N’avez-vous donc pas des maisons pour manger et pour boire ? Ou méprisez-vous l’assemblée de Dieu, et faites-vous honte à ceux qui n’ont rien ? » (1 Cor. 11:22)
Les Corinthiens se réunissaient vraiment en un lieu, mais cela n’avait pas pour effet de participer à la cène du Seigneur (1 Cor. 11:20). Leur but avoué était bien, comme à Troas, de participer à la cène du Seigneur, mais à cause des désordres flagrants qui prévalaient, cet objectif était réduit à néant. Si bien que, comme l’apôtre le leur dit, ils se réunissaient non pas pour leur profit, mais à leur détriment » (1 Cor. 11:17).
Il est vrai que dans la jeune assemblée à Corinthe, il y avait des excès dans le manger et le boire ; mais le principe sur lequel il insiste, c’est que le désir du Seigneur la nuit où Il fut livré est primordial par rapport à tout le reste. Et ce principe met effectivement à leur place tous les arrangements humains tendant à affaiblir les exigences transcendantes de la Cène du Seigneur, que ces arrangements soient des agapes ou de la liturgie ou un sermon apostolique (ou autre).
La seconde supposition faite dans la citation de Page est que naturellement le pain a été rompu par Paul (v. 11, verbe au singulier), c’est-à-dire selon une habilitation officielle. Ceci est pareillement sans support scripturaire. Nous avons vu qu’il est fait référence à manger pour apaiser sa faim, et pas du tout à la fête du souvenir (20:11).
Or loin d’offrir une base pour une présidence (*) à la table du Seigneur, l’Écriture enseigne que, là, tous les saints se rencontrent comme étant un pour se souvenir de Lui. Les Corinthiens, dans leur légèreté, introduisaient des distinctions de classe lors de la cène, et même des distinctions de caractère mondain : les riches ignoraient les pauvres ; le moi gouvernait, et non pas Christ, — à leur honte. L’apôtre les réprimanda gravement, et leur dit clairement qu’en mettant les personnalités en avant, ils faisaient de la cène « leur propre » repas et non pas celui du Seigneur.
(*) Note de l’éditeur du Bible Treasury : Présider, ou être à la tête, est tout à fait approprié à sa place, comme on peut le voir en Actes 15:22 & Rom. 12:8 & 1 Thes. 5:12 & Héb. 13:7, 17, 24. En effet le premier devoir des anciens (1 Tim. 5:17), n’était pas nécessairement l’enseignement, mais conduire ou présider. Seulement nulle part l’Écriture ne mélange cela avec la cène du Seigneur, car cela est exclu par la nature et l’ordre de la cène.
La vérité est que la fraction du pain est l’action de toute l’assemblée des saints, et qu’alors le Seigneur seul préside, et personne d’autre, pas même Paul ou Pierre. Car le même apôtre qui déclarait n’avoir été en rien moindre que les plus excellents apôtres (2 Cor. 11:5), confessait aussi être lui-même moins que le moindre de tous les saints (Éph 3:8). Quand il était question de communiquer la vérité de Dieu, il le faisait comme apôtre et prophète (Éph. 2:20), comme docteur et prédicateur (1 Tim. 2:7). Quand il était question de se souvenir du Seigneur, il se mêlait aux autres. Mais mettre des personnalités en avant a été le désir charnel du formalisme qui, dans les jours suivant les temps apostoliques, a introduit l’invention de l’administration ministérielle, pour la perte incommensurable de tous ceux qui étaient concernées. Ce que le Seigneur avait disposé pour mettre les âmes des Siens en contact avec Lui-même (« Faites ceci en mémoire de moi »), l’homme l’a perverti en établissant un intermédiaire entre l’âme du saint et Celui dont il se souvient. Sûrement chaque enfant de Dieu devrait résister à une telle innovation et à toute autre chose qui entraverait ou détériorerait le vrai caractère de la sainte communion à la table du Seigneur.
Note de l’éditeur du Bible Treasury. — N’est-il pas instructif de noter que la correction des abus (que l’apôtre effectuait en 1 Cor. 10 et 11 en rappelant la Cène du Seigneur dans son véritable ordre, but et caractère, comme lui ayant été révélé expressément à lui-même) est introduite et achevée (1 Cor. 10 et 11), avant d’entrer dans le sujet de l’Esprit Saint et de Son action variée dans les dons (1 Cor. 12 à 14) ? Selon la pratique traditionnelle de la chrétienté, personne ne penserait traiter de cette manière l’un ou l’autre de ces sujets. Car les hommes ont tendance inconsciemment à lire et à interpréter l’Écriture en fonction de leurs habitudes ecclésiastiques quotidiennes. Il est clair que Dieu a écrit Sa parole afin qu’elle soit la norme de la vérité, pour nous faire connaître ce qui était Sa pensée dès le commencement, et ainsi pour nous prémunir contre ce glissement loin de Sa volonté, qui est encore plus facile et invétéré dans la profession chrétienne qu’il ne l’était dans la profession juive qui a précédé.
Le nivellement de l’ordre de Dieu est de la rébellion religieuse. Cela était déjà à l’œuvre activement à Corinthe contre l’apôtre lui-même (1 Cor. 1 à 4 et 2 Cor.). Des maux similaires se sont développés de plus en plus jusqu’à ce jour. Les fidèles sont d’autant plus appelés à reconnaître et honorer ce qui est Son bon plaisir. « Et Dieu a placé les uns dans l’assemblée : — d’abord des apôtres, en second lieu des prophètes, en troisième lieu des docteurs », etc. (1 Cor. 12:28). Dieu n’a pas abdiqué Ses droits. Mais cette question, très importante à sa place, est un autre sujet, et elle est distinguée et intentionnellement mise à part [1 Cor. 10 et 11 par rapport à 1 Cor. 12 à 14] de la célébration de la cène du Seigneur qui est un devoir divinement prescrit. Le désordre à cet égard n’a pas été mis à la charge des anciens pour qu’ils le redressent, ni à la charge de quelqu’autre personnage officiel, mais il a été placé avec insistance sur la conscience et les sentiments spirituels des saints eux-mêmes. Pendant ce temps le Seigneur, qu’ils oubliaient, n’avait pas oublié de châtier les coupables afin qu’ils ne soient pas condamnés avec le monde (1 Cor. 11:30, 32).
Le fait est que peu d’enfants de Dieu sont conscients à quel point on s’est éloigné de la seule norme de l’autorité, et combien grand et vaste est cet éloignement. Ainsi nous entendons souvent que l’église enseigne ceci ou cela. Combien cela est opposé à l’Écriture ! L’église est enseignée et n’enseigne jamais. La parole de Dieu vient à l’église, et à toute l’église (non pas à une seule), mais jamais elle ne vient d’elle ; pour ce faire, Dieu emploie Ses serviteurs. C’est un travail ministériel [travail de serviteur], ce n’est pas du tout la place de l’église. Mais la cène du Seigneur est essentiellement une solennité de l’église, où les ministres, si éminents soient-ils, sont mélangés aux saints, et le Seigneur seul est exalté dans la communion de Son amour infini, et dans le sentiment de combien nous sommes tous et chacun redevables de manière incalculable à Sa mort. « La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas la communion du sang du Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas la communion du corps du Christ ? Car nous qui sommes plusieurs, sommes un seul pain, un seul corps, car nous participons tous à un seul et même pain » (1 Cor. 10:16-17). Le péché autrefois a tout nivelé et les différences se sont évanouies ; de même la grâce maintenant dans le souvenir du Seigneur. Il est bon et juste de reconnaître le Seigneur dans tout serviteur qu’Il envoie ; il est au moins aussi bon, sinon encore meilleur, de jouir ici-bas de cette cène bénie et sainte, où de telles distinctions disparaissent quand on se souvient de Celui qui est mort pour nos péchés, et qui daigne donner Sa présence réelle au milieu de nous.