Commentaire condensé sur le livre de JOB

Samuel Ridout

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[Cet article reprend les parties principales du commentaire de S.Ridout, sans adaptation, mais sans donner ses commentaires détaillés sur chaque verset, au moins pour la plupart]


Table des matières abrégée :

1 - La première complainte de Job (Job 3)

2 - Première partie : La controverse entre Job et ses trois amis (Job 4 à 26).

3 - Le monologue final de Job — Job 27 à 31

4 - [Élihu : Manifestation du caractère de sainteté et de miséricorde de Dieu (Job 32 à 37)]

5 - [L’Éternel parle] — Témoignage de l’Éternel à partir de la création, qui jette Job dans la poussière (Job 38 à 42:6)

6 - Première partie du discours de l’Éternel (Job 38 et 39)

7 - Seconde partie du discours de l’Éternel (Job 40 et 41)

8 - Effet final des paroles de l’Éternel sur Job (ch.42), et « La Fin du Seigneur »


Table des matières détaillée :

1 - La première complainte de Job (Job 3)

2 - Première partie : La controverse entre Job et ses trois amis (Job 4 à 26).

2.1 - [Sens général]

2.2 - [Ce qui dirige les pensées des amis de Job]

2.3 - [Ce qui dirige les pensées de Job]

2.4 - [Évolution de la controverse]

2.5 - [La nature punitive de la souffrance : différence entre l’AT et le NT]

2.6 - [Les trois sections de la controverse. Niveau des discussions]

2.7 - [Les trois sections de la controverse : leur sujet]

2.8 - [Première section de la controverse]

2.8.1 - 1er discours d’Éliphaz (Job 4, 5) et réponse de Job (Job 6, 7) : Grandeur et justice de Dieu

2.8.2 - Réponse de Job à Éliphaz (Job 6, 7)

2.8.3 - 1er discours de Bildad (Job 8) et réponse de Job (Job 9, 10)

2.8.4 - Plan du discours de Bildad

2.8.5 - Réponse de Job à Bildad

2.8.6 - 1er discours de Tsophar (Job 11) et réponse de Job (Job 12 à 14).

2.8.7 - Réponse de Job à Tsophar

2.8.8 - Plan du discours de Tsophar

2.8.9 - Plan de la réponse de Job

2.9 - [Deuxième section de la controverse]

2.9.1 - 2ème discours d’Éliphaz (Job 15)

2.9.2 - Réponse de Job (Job 16, 17)

2.9.3 - 2ème discours de Bildad (Job 18) et réponse de Job (Job 19)

2.9.4 - Réponse de Job (Job 19)

2.9.5 - 2ème discours de Tsophar (Job 20) et réponse de Job (Job 21)

2.9.6 - Réponse de Job (Job 21)

2.10 - [Troisième section de la controverse]

2.10.1 - 3ème discours d’Éliphaz (Job 22)

2.10.2 - Réponse de Job à Éliphaz (Job 23, 24)

2.10.3 - 3ème discours de Bildad (Job 25) et la réponse de Job (Job 26)

2.10.4 - La réponse de Job (Job 26)

3 - Le monologue final de Job — Job 27 à 31

3.1 - Affirmation de l’intégrité, en contraste avec le méchant et sa destinée (Job 27)

3.2 - La sagesse qui est au-dessus de tout prix (Job 28)

3.3 - Le Moi manifesté (Job 29 à 30)

3.3.1 - La grandeur passée (Job 29)

3.3.2 - La honte présente (Job 30)

3.3.3 - Je suis pur (Job 31)

3.3.4 - « Les paroles de Job sont finies » (31:40)

4 - [Élihu : Manifestation du caractère de sainteté et de miséricorde de Dieu (Job 32 à 37)]

4.1 - [Un arbitre approprié au moment opportun]

4.2 - [Opinions incongrues sur Élihu]

4.3 - [Plan du discours d’ Élihu]

4.4 - 1er point du discours d’Élihu : Le vide et l’échec de la controverse (Job 32 à 33:7)

4.4.1 - Introduction explicative (Job 32:1-5)

4.4.2 - Les raisons de son silence (Job 32:6-10)

4.4.3 - L’échec des amis (Job 32:11-13)

4.4.4 - Élihu sentait l’obligation de parler (Job 32:14-22)

4.4.5 - L’arbitre (Job 33:1-7)

4.5 - 2ème point du discours d’Élihu : But de Dieu quand Il châtie (Job 33:8-33)

4.5.1 - [Élihu veut que son discours ait un résultat effectif]

4.5.2 - [Différence entre le discours d’Élihu et ceux des amis]

4.5.3 - [La controverse a été utile à Élihu pour tenir son discours]

4.5.4 - [Plan du discours d’Élihu relatif au but de Dieu quand Il châtie]

4.6 - 3ème point du discours d’Élihu : Justification du caractère de Dieu (Job 34)

4.6.1 - (3) Réfutation des accusations de Job (Job 34:10-30)

4.7 - 4ème point du discours d’Élihu : Mise à l’épreuve de l’homme par Dieu (Job 35)

4.8 - 5ème point du discours d’Élihu : Discours final d’Élihu — Les actions de Dieu parmi les hommes et dans la nature (Job 36, 37)

4.8.1 - Relations de Dieu avec les hommes (Job 36:1-21)

4.8.2 - Voies de Dieu dans la nature (Job 36:22 à 37:24)

5 - [L’Éternel parle] — Témoignage de l’Éternel à partir de la création, qui jette Job dans la poussière (Job 38 à 42:6)

5.1 - [Retour sur le discours d’Élihu]

5.2 - [La voix de l’Éternel met en présence de Sa Personne]

5.3 - [Voix de Dieu par la nature]

5.4 - [Un message de Dieu qui humilie]

5.5 - Plan du témoignage de l’Éternel

6 - Première partie du discours de l’Éternel (Job 38 et 39)

6.1 - Appel de Dieu à Job (Job 38:1-3)

6.2 - Questions sur les œuvres de la création (Job 38:4-38)

6.3 - La manifestation de Sa sollicitude à l’égard de Ses créatures (Job 39:1-33)

6.4 - Effet sur Job (Job 39:34-38)

7 - Seconde partie du discours de l’Éternel (Job 40 et 41)

7.1 - [Plan du discours]

7.2 - L’appel à Job pour qu’il prenne le trône (Job 40:1-9)

7.3 - Le Béhémoth (Job 40:10-19)

7.3.1 - [La force irrésistible du Béhémoth]

7.3.2 - [Significations possibles]

7.3.3 - [Comme l’antichrist. L’esprit d’apostasie dans la profession religieuse]

7.3.4 - [Comme le péché dans la chair]

7.4 - Le Léviathan — l’orgueil de la créature se manifeste pleinement (Job 41)

7.4.1 - [Type de l’esprit d’apostasie dans le gouvernement civil]

7.4.2 - [1er point — Férocité indomptable]

7.4.3 - [Application individuelle]

7.4.4 - [2ème point — Pouvoir de conquête des membres]

7.4.5 - [3ème point — Sa force prééminente. Invulnérabilité]

8 - Effet final des paroles de l’Éternel sur Job (ch.42), et « La Fin du Seigneur »

8.1 - Job complètement humilié (Job 42:1-6)

8.2 - « La fin du Seigneur ». Le résultat des voies divines avec Job (Job 42:7-17)

8.2.1 - [Les amis restaurés, holocaustes et prière]

8.2.1.1 - [Rétablir l’honneur de Dieu]

8.2.1.2 - [Réprimande des amis]

8.2.1.3 - [Job avait-il parlé comme il convient ?]

8.2.1.4 - [La manière de Dieu de restaurer]

8.2.1.5 - [L’éclairage du Nouveau Testament]

8.2.2 - [Rétablissement complet et prospère]

8.2.3 - [Surabondance dans la restauration]

8.2.4 - [Rassasié de jours]


1 - La première complainte de Job (Job 3)

Ce qui frappe peut-être le plus le lecteur en abordant ce ch.3, c’est le grand contraste entre celui-ci et ce qui précède. Peut-il s’agir du même homme que celui qui courbait docilement la tête sous les coups successifs de l’adversité qui s’abattaient si soudainement sur lui ? celui qui supportait les tortures de sa redoutable maladie, et écoutait sans broncher les sollicitations au suicide de sa femme ? « Recevrons-nous le bien de la main de Dieu, et ne recevrons-nous pas le mal ? »

Pendant sept jours, il est resté silencieux avec ses amis, et lorsqu’il commence à parler, ce ne sont plus des paroles de soumission ou de confiance que nous entendons, mais des malédictions et des imprécations contre le jour de sa naissance, et des paroles sur son désir ardent de mourir ! Qu’est-ce qui a provoqué ce grand changement ?

On pourrait penser que c’est la longue durée de ses souffrances qui a brisé Job ; au début de son affliction, il a résisté, mais lorsque les jours et les nuits de fatigue se sont succédé avec une misère ininterrompue, il a cédé. Mais cela ne semble guère compatible avec la dignité calme de l’homme telle qu’elle apparaît dans les deux premiers chapitres.

À la lumière de son attitude ultérieure, il semble plus probable que les pensées de Job à l’égard de Dieu aient joué un rôle important dans ce changement. Auparavant, il Le considérait comme le Dominateur bienfaisant et le Maître des événements. Mais il apparaît au fur et à mesure que Job a laissé s’immiscer des soupçons quant à la justice et à la bonté de Dieu. Il se sent comme entre les mains d’un pouvoir arbitraire, souffrant pour ce qu’il n’avait pas fait. Il ne voit aucun moyen d’échapper et souhaite donc la mort. C’est ce qui semble expliquer le grand changement dans ses paroles. Cela correspond également aux réponses qu’il donne à ses amis. Tant que ses souffrances étaient extérieures, ou physiques, Job était calme ; mais lorsque les doutes quant à la bonté de Dieu ont été entretenus, il s’est effondré. Cela va apparaître abondamment au fur et à mesure que nous avançons ; nous le notons simplement ici comme faisant comprendre le sujet principal du livre : La justification de Dieu et de Ses voies avec les hommes.

D’autre part, nous devons nous rappeler que même dans une telle angoisse de l’âme autant que du corps, Job n’est pas tombé comme Satan l’avait prédit. Il n’a pas maudit Dieu, bien qu’il ait été très perplexe face à Son traitement. Toujours au milieu de la plus grande angoisse, sa foi brille dans la prière ou dans la confiance — illustrant la déclaration : « Voici, qu’il me tue, j’espérerai en Lui » (Job 13:15).


Quant à la complainte du ch.3, nous pouvons la diviser en cinq parties :



2 - Première partie : La controverse entre Job et ses trois amis (Job 4 à 26).

2.1 - [Sens général]

Il s’agit de la partie centrale, la plus importante et la plus compliquée, de l’ensemble des ch. 3 à 31. Précédée par les lamentations du patriarche souffrant (Job 3), elle est suivie d’un monologue dans lequel il maintient (Job 27 à 31) ce pour quoi il a lutté tout au long du livre — sa droiture — mais sans que ses souffrances soient soulagées et sans que la sombre énigme de la raison de ces souffrances soit expliquée. Cette conclusion ne peut donc pas être considérée comme satisfaisante. Job a rencontré des hommes et les a vaincus sur leur propre terrain ; mais il doit rencontrer Dieu, et Lui répondre — et alors avec quelle différence dans les résultats, des résultats bénis et satisfaisants !


2.2 - [Ce qui dirige les pensées des amis de Job]

Dans la controverse des trois amis, nous avons une unité de pensée, basée sur un principe commun. Ce principe est que toute souffrance est de nature punitive plutôt qu’instructive ; qu’elle est basée sur la justice de Dieu plutôt que sur Son amour — bien que ces deux éléments soient toujours combinés dans toutes Ses voies. Un tel principe ne permet pas de faire la distinction entre les souffrances des justes et celles des méchants. Poussé, comme le firent les amis, jusqu’à sa conclusion légitime, ce principe signifiait que les souffrances de Job étaient dues à un péché, jusqu’alors non détecté, et que son seul espoir de soulagement résidait dans la confession de son péché afin d’obtenir la miséricorde.

En effet, vers la fin de leur controverse, les amis semblent perdre de vue même la miséricorde pour celui qui souffre, et dans le désir de justifier leur principe et de se justifier eux-mêmes, ils s’attardent sur la terrible destinée des méchants sous la main de Dieu dans ce monde, et une obscurité croissante étant suspendue sur l’avenir.


2.3 - [Ce qui dirige les pensées de Job]

De son côté, Job n’a manifestement guère d’avantage sur ses amis en ce qui concerne le principe sur lequel ils fondent leurs discours. Il comprend lui aussi que le châtiment est destiné à punir le mal, et finalement le péché effectif. En fait, il se place sur le même terrain que ses amis, et affirme avec autant de clarté et de force la certitude du sort réservé aux méchants, maintenant et dans l’au-delà. Mais Job diffère de ses amis en ceci : alors qu’ils tendent constamment à le convaincre de son hypocrisie et de son péché, Job est confronté à la terrible pensée de l’injustice de Dieu. Il y est conduit par la conscience de sa droiture personnelle, à laquelle il ne peut renoncer aux heures les plus sombres. Pourquoi alors est-il si affligé ? — D’autre part, grâce à Dieu, il a la vraie foi. Même là où il ne peut pas comprendre, il doit croire en Dieu ; et cette foi demeure, avec une lumière croissante, à travers toutes ses souffrances et en dépit de tous les mystères.


2.4 - [Évolution de la controverse]

Il y a un progrès net dans cette double controverse. Les amis commencent par une certaine dose de courtoisie et de gentillesse, puis dérivent toujours plus dans la suspicion, la dureté et la dénonciation. Job, de son côté, bien qu’accablé au début, trouve peu à peu un point d’appui pour sa foi, et sort du désespoir pour retrouver un peu d’espoir. Il répond ainsi à l’accusation de Satan, et Dieu est justifié par la foi de Son serviteur ; Il peut alors continuer à lui enseigner, si douloureusement que ce soit, la leçon dont il avait si profondément besoin.


2.5 - [La nature punitive de la souffrance : différence entre l’AT et le NT]

Nous devons ajouter un mot sur ce principe de la nature punitive de la souffrance. Nulle part dans l’Ancien Testament il n’est énoncé avec plus de clarté et de force que dans ce livre. Ailleurs, une plus grande importance est accordée à la foi et à ce sur quoi la foi repose — la miséricorde et la bonté de Dieu — « Le Seigneur châtie ceux qu’il aime » (Héb. 12:6 ; Prov. 3:11-12). Il n’en reste pas moins que la vision de Dieu et de Son peuple dans l’Ancien Testament rend possible une partie de l’amertume qui pèse sur Job. On a bien dit que le livre de Job n’aurait pas pu être écrit après la venue du Saint Esprit. Maintenant que l’Homme de Douleurs est venu et a souffert comme personne n’a jamais pu le faire sous la colère de Dieu contre le péché ; maintenant que Dieu est révélé comme Père, et que le chemin vers Sa maison de gloire sans nuage a été ouvert — une grande ligne de séparation a été tracée entre la souffrance pour le péché et pour la justice, entre les méchants et les justes. Les épreuves les plus lourdes ne sont plus qu’une « légère tribulation d’un moment » (2 Cor. 4:17).

La foi, même là où elle ne pouvait raisonner, a toujours agi ainsi ; et là où elle était en plein exercice, elle s’est élevée au-dessus de toute douleur. Abraham déposa son fils sur l’autel sans murmure, et même Jacob ne fut pas longtemps accablé par la perte de Joseph. Dans Job, la foi est réelle, mais elle est à l’arrière-plan, tandis que le principe gouvernemental de la punition du péché usurpe la première place ; il en est ainsi jusqu’à ce qu’Élihu conduise à la grande révélation de l’Éternel Lui-même ; dans la sainte présence de Celui-ci, un autre principe divin brille : le caractère pécheur de la nature, y compris dans Son propre peuple, et la bonté absolue de Dieu ainsi que Sa justice, qui apporte « le fruit paisible de la justice à ceux qui sont exercés par elle » (Héb. 12:11). Nous sommes presque sur le terrain du Nouveau Testament lorsque nous atteignons cette « fin du Seigneur » (Jacq. 5:11). Mais retournons à notre sujet immédiat.


2.6 - [Les trois sections de la controverse. Niveau des discussions]

Dans la controverse, comme nous l’avons déjà dit, les amis de Job et Job progressent nettement dans des directions opposées. Les premiers s’éloignent de la lumière ; le second a le visage tourné vers la lumière. Chacun des trois amis prend la parole, Éliphaz et Bildad trois fois chacun, et Tsophar deux fois seulement. À chaque intervention, Job répond et, comme nous l’avons déjà dit, réduit au silence ses contradicteurs. L’ensemble de la controverse peut donc être divisé naturellement en trois sections, constituées par les discours des amis et les réponses de Job. Job parle donc trois fois plus souvent que chacun des amis et, en règle générale, plus longuement.

On remarque le ton de ces discours et de ces réponses. Les amis deviennent toujours plus sévères ; Job, presque entièrement absorbé par ses propres souffrances, tombe dans l’insulte et la satire vis-à-vis de ses amis, mais finit par en sortir pour discuter avec hauteur et dignité des grands principes en jeu. Les amis, au contraire, sont au mieux de leur forme au début, puis tombent dans la suspicion et terminent par des insultes.

Un autre fait doit être ajouté. Il y a une certaine mesure de connaissance de Dieu. Les amis de Job n’étaient pas des philosophes païens, mais manifestement des hommes qui craignaient Dieu, qui étaient Ses enfants, même s’ils n’étaient guère éclairés. Il faut dire la même chose de Job, de manière plus accentuée.


2.7 - [Les trois sections de la controverse : leur sujet]

Nous sommes maintenant prêts à entrer dans les détails de la controverse. Elle se divise donc en trois parties évidentes :

Section 1. Première série de discours des amis — leur doctrine sur la nature punitive de la souffrance ; désespoir de Job (Job 4 à 14).

Section 2. Seconde série de discours des amis — soupçons et accusations ; Job passe du désespoir à l’espoir (Job 15 à 21).

Section 3. Troisième série de discours des amis ; Job les réduit au silence — mais l’énigme demeure (Job 22 à 26).


L’importance numérique — dans les deux directions opposées — est tout à fait claire. La troisième section est la manifestation complète de la position de chacun, tandis que la première montre son début, et la seconde la développe.


2.8 - [Première section de la controverse]

Première série de discours des amis : leur principe de la nature punitive de la souffrance ; le désespoir de Job.

En rappelant l’erreur fondamentale des amis, on ne peut s’empêcher d’admirer la force avec laquelle ils exposent leur principe, et on doit reconnaître la vérité de ce qu’ils disent, même si elle est pervertie. La poésie sublime de leurs propos a suscité l’admiration même des incrédules.


Cette section se divise à nouveau en trois parties, chacune contenant le discours de l’un des amis et la réponse de Job.

1. Éliphaz — Grandeur et justice de Dieu. Réponse de Job (Job 4 à 7).

2. Bildad — Souffrir est une rétribution. Réponse de Job (Job 8 à 10).

3. Tsophar — Si on souffre, c’est pour le péché. Réponse de Job (Job 11 à 14).


On constate que, si tous les amis ont un principe commun à partir duquel ils raisonnent, ils restent distincts individuellement. Chacun a ses caractéristiques personnelles et sa propre façon de discourir.

Éliphaz, peut-être le plus âgé, est marqué par la dignité, il fait appel à Dieu et a une certaine dose de supplication.

Bildad fait appel à la raison et aux leçons du passé.

Tsophar, peut-être le plus jeune, se distingue par la sévérité et l’impétuosité de ses dénonciations du péché, et par la certitude affirmée de son jugement. Tout cela apparaîtra au fur et à mesure de l’examen détaillé de ces discours.


2.8.1 - 1er discours d’Éliphaz (Job 4, 5) et réponse de Job (Job 6, 7) : Grandeur et justice de Dieu

Éliphaz commence son discours, en partie et nécessairement, pour répondre à la triste plainte de Job au ch.3, mais surtout pour exercer un ministère envers ce que nécessite l’état spirituel de Job à son avis. Le discours des ch. 4 et 5 est empreint d’une grande dignité, d’une grande beauté d’expression, et contient beaucoup de vérités évidentes. Il peut être divisé en sept parties :

(1) Reproche fait au désespoir de Job (Job 4:1-5)

(2) Faveur de Dieu envers le juste (Job 4:6-11)

(3) Vision de la grandeur et de la sainteté de Dieu (Job 4:12-21)

(4) Expérience des voies de Dieu (Job 5:1-5)

(5) Exhortation, adressée à Job, de chercher Dieu (Job 5:6-11)

(6) Triomphe de Dieu sur le mal (Job 5:12-16)

(7) Utilité de l’affliction (Job 5:17-27)


2.8.2 - Réponse de Job à Éliphaz (Job 6, 7)

Dans sa réponse à Éliphaz, comme dans toutes les autres, Job s’adresse à eux en les unissant, et non pas individuellement. Il y a bien une réponse au dernier orateur dans chaque cas, mais Job reconnaît manifestement une unité de sentiment dans l’attitude des trois ; chacun est le porte-parole de tous, et la réponse leur est donc adressée collectivement.

Il y a une ressemblance marquée entre cette première réponse de Job et la complainte par laquelle il a commencé (Job 3). D’autres éléments interviennent ici, et il y a peut-être une plus grande maîtrise de soi dans les paroles adressées à Éliphaz, mais le fardeau est le même ; son affliction est indiciblement grande, il n’y a pas de remède possible, et la mort serait donc un soulagement bienvenu. Il n’y a pas de lueur d’espoir au milieu des ténèbres ; la foi est presque complètement éclipsée pour le moment, et il y a le sentiment de la colère de Dieu qui est le précurseur du doute à l’égard de Sa bonté et Sa justice. Quant aux amis, ils reconnaissent qu’ils n’ont pas joué leur rôle d’amis, ce qui ouvre la voie à une plus grande aliénation, qui se termine par les rudes récriminations qui s’ensuivent.

La réponse de Job présente deux caractéristiques générales, correspondant respectivement aux deux chapitres qui lui sont consacrés (Job 6 et 7). Le ch. 6 s’adresse plus directement aux amis, tandis que la seconde moitié du ch.7 s’adresse à Dieu. Il y a cependant dans l’ensemble de la réponse une unité et une continuité qui nous incitent à en rechercher les divisions selon leur ordre numérique et leur importance :

(1) La réalité de ses souffrances (Job 6:1-7)

(2) L’aspiration à la mort par la main de Dieu (Job 6:8-13)

(3) Les amis se révèlent inutiles (Job 6:14-23)

(4) Qu’ils l’examinent vraiment (Job 6:24-30)

(5) La brièveté de la vie (Job 7:1-11)

(6) Dieu est son ennemi (Job 7:12-19)

(7) Appel à Dieu par rapport à son péché (Job 7:20, 21)


2.8.3 - 1er discours de Bildad (Job 8) et réponse de Job (Job 9, 10)

Le premier des amis s’est exprimé et Job lui a répondu. Bildad prend maintenant la parole dans ce qui devient rapidement une controverse. Il y a peut-être moins de courtoisie et de dignité que dans le discours d’Éliphaz, ainsi qu’une certaine dureté à l’égard de Job, causée apparemment par l’accusation amère de ce dernier à l’égard de Dieu. Malgré toute son ignorance des principes divins, Bildad est jaloux de l’honneur de Dieu et ne peut permettre qu’on L’accuse. En cela, il a certainement raison, mais il ne parvient pas à convaincre Job à cause de l’erreur de base de ses pensées, et même de celles de tous les autres : Dieu doit punir le péché, et Job doit donc être un pécheur puisqu’il est en train d’être puni.

Pour établir cela, Bildad ne se réfère pas seulement à sa propre expérience, comme l’avait fait Éliphaz, mais il fait appel à toute la sagesse rassemblée du passé pour se faire confirmer. Quelle est la manière de faire de Dieu avec les méchants ? Ne récompense-t-Il pas la voie du juste ?

En réponse, Job est plus calme et reconnaît pratiquement la vérité de l’affirmation de Bildad quant aux voies de Dieu, mais il retourne l’ensemble en disant que la justice de Dieu n’est rien d’autre que Sa puissance sous une autre forme. Personne ne peut soutenir sa cause devant Lui, car Il est tout-puissant et Il ne peut être atteint. Ses jugements sont arbitraires, mais personne ne peut les remettre en question, et il n’y a pas d’arbitre, d’avocat, pour plaider la cause des misérables. Cela ramène Job à sa plainte initiale et à son désir de mort.

On va maintenant examiner brièvement les détails de chacun de ces discours.


2.8.4 - Plan du discours de Bildad

Il peut être divisé en cinq parties, suggérant la justesse des jugements de Dieu et la certitude de Sa rétribution, tant à l’égard des méchants qu’à l’égard des justes.

(1) Il fait des reproches à Job (Job 8:1, 2).

(2) Dieu est-il injuste ? (Job 8:3-7).

(3) La lumière du passé (Job 8:8-10).

(4) La voie du méchant (Job 8:11-19).

(5) Rétribution divine des justes (Job 8:20-22).


2.8.5 - Réponse de Job à Bildad

La réponse de Job commence dans le calme, puis passe par des accusations amères contre Dieu et se termine par des gémissements. On peut la diviser en sept parties ; il fait entendre tous les sommets et toutes les profondeurs de la misère dans un survol complet de son cas.

(1) Dieu est suprême ; qui peut contester contre Lui ? (Job 9:1-4)

(2) Sa puissance est irrésistible (Job 9:5-10)

(3) Il est inaccessible et Sa manière d’agir est arbitraire (Job 9:11-24)

(4) Faiblesse totale de Job (Job 9:25-28)

(5) Job voudrait un arbitre (Job 9:29-35)

(6) Plainte contre Dieu (Job 10:1-17)

(7) Désir de mourir (Job 10:18-22)


2.8.6 - 1er discours de Tsophar (Job 11) et réponse de Job (Job 12 à 14).

Il est probable que Tsophar était le plus jeune des trois amis. Il est le dernier à parler, et son discours, tout en ayant le même caractère général que celui des deux autres, est plus intense, manquant de la dignité d’Éliphaz et de l’habileté argumentative de Bildad. On peut dire qu’il compense par la véhémence ce qui lui manque par la raison, ce qui le conduit à une dureté et à une grossièreté brutales peu propres à apaiser l’esprit endolori de quelqu’un qui souffre. En outre, comme les trois autres, il ne parvient absolument pas à expliquer la sombre énigme du trouble de Job et, par sa théorie de la souffrance qui provient de péchés commis, il plonge l’homme déjà bouleversé dans davantage d’obscurité.


2.8.7 - Réponse de Job à Tsophar

Dans sa réponse, Job dépasse de loin Tsophar en largeur de pensée et en vigueur d’expression. En effet, on peut remarquer que dans toute la controverse, Job a l’avantage. Cela ne signifie pas qu’il était plus capable que ses amis, mais que leurs vues étaient plus étroites. Cela les confinait à un champ étroit, où chacun était contraint de répéter sous une forme ou une autre les déclarations de son prédécesseur. D’un autre côté, Job, bien qu’il ne possède pas la clé qui lui permettra de résoudre le mystère de ses souffrances, il survole les choses beaucoup plus largement. Il dépasse ses amis dans leur propre thème, et passe de là à des pensées plus élevées, quoique plus terribles. On voit que sa souffrance mentale est intense, car il est poussé par sa propre théorie, qui est celle des autres, à mettre en doute la bonté et la justice de Dieu. Alors qu’ils l’accusent faussement de mal, il sait qu’il n’est pas coupable, et cela le rapproche des terribles rochers qui consistent à considérer que Dieu utilise Son pouvoir tout-puissant de manière arbitraire et injuste. Va-t-il faire naufrage, ou sa foi résistera-t-elle à l’abîme de ses doutes ?


2.8.8 - Plan du discours de Tsophar

La similitude entre le discours de Tsophar et celui de Bildad se déduit des divisions dans lesquelles il s’inscrit.

(1) Le torrent de paroles de Job réprimandé (Job 11:1-6)

(2) Grandeur de Dieu (Job 11:7-9)

(3) Tout est à découvert devant Lui (Job 11:10-12)

(4) Appel à la repentance (Job 11:13-15)

(5) Promesses d’apaisement (Job 11:16-20)


2.8.9 - Plan de la réponse de Job

La réponse de Job à Tsophar est frappante par son caractère complet. Il se détourne pratiquement de ses amis pour se tourner vers Dieu, mais hélas ! sans trouver de réponse à sa terrible terreur du doute et de l’obscurité. Le discours peut être divisé en trois parties principales.

(1) Il répond à ses amis (Job 12:1 à 13:13)

(2) Il défie Dieu (Job 13:14-28)

(3) Un espoir d’immortalité au milieu du désespoir (Job 14)


2.9 - [Deuxième section de la controverse]

Deuxième série de discours des amis — soupçons et accusations ; Job passe du désespoir à l’espoir (Job 15 à 21).

Il n’y a pratiquement rien de nouveau dans cette deuxième série de discours des amis. En effet, le principe auquel ils sont attachés ne laisse guère de place à des réflexions nouvelles ou élargies. Ils ne pouvaient que réitérer leur position, citer les enseignements d’autrui et leur propre expérience et leurs observations, avec des illustrations variées, vraies et belles, tirées de sources diverses. Mais l’étroitesse de leur vision vicie tout ce qu’ils disent, car ils cherchent à atteindre une conclusion entièrement contraire aux faits. Il ne faut donc pas s’étonner que la discussion perde la courtoisie qui avait en partie marqué son début, et prenne davantage le caractère de menace et de dénonciation. Ils compenseront par la véhémence et la brutalité ce qui leur manque comme preuves ; ils veulent écraser Job par le poids de leurs accusations, et justifier ainsi leur propre attitude. Il faut aussi noter que l’appel à Dieu a moins le sceau de la sincérité et de l’applicabilité. Il n’y a pas de progrès, et chacun laboure dans le sillon tracé par son prédécesseur.

On note également qu’aucune promesse n’est faite à Job, comme au début, s’il se repent. Dans leur empressement à le condamner, ils semblent perdre de vue la possibilité d’une restauration. Et si l’élément d’espérance fait défaut, ce qui reste est tel que leurs accusations tendent à produire le désespoir.

Bien qu’ils suivent tous la même ligne de pensée, l’individualité de chaque orateur est apparente. Éliphaz développe le principe selon lequel Dieu punit sûrement le malfaiteur dans cette vie ; Bildad le souligne sans même un semblant d’argument ; tandis que Tsophar, avec sa véhémence habituelle, dépeint l’inévitable destinée des méchants malgré une prospérité éphémère.

De son côté, Job répond à chacun sur son propre terrain et rend mépris pour mépris, coup pour coup, accusation pour accusation. En outre, il insiste sur l’anomalie de ses souffrances indicibles par rapport à son innocence réitérée. Non seulement il accuse ses amis de dureté et d’impiété, mais il ne peut se cacher à lui-même le fait terrible que Dieu est contre lui. C’est cela qui brûle dans son âme — la suspicion que Dieu n’est pas bon et juste.

Et pourtant, les faibles lueurs de foi que nous avons déjà vues, se transforment ici en une espérance plus brillante. Le fait même qu’il fasse appel à Dieu, qu’il Lui présente ses doutes et ses craintes, montre que la foi n’a pas failli et ne peut pas faillir. C’est pourquoi nous trouvons ici le noble élan qui a exprimé la foi des saints de tous les temps : « Je sais que mon Rédempteur est vivant ».

Pourtant, l’énigme de Job n’est pas résolue, et l’ombre de la mort se profile devant lui, sans guère d’encouragement. Mais n’anticipons pas.

La section se divise, comme la première, en trois parties contenant chacune le discours de chaque ami et la réponse de Job.

1. Éliphaz : le jugement inévitable des méchants dans cette vie. Réponse de Job (Job 15 à 17).

2. Bildad : la condamnation certaine des méchants. Réponse de Job (Job 18, 19).

3. Tsophar : la condamnation certaine et terrible des méchants, malgré une prospérité de courte durée. Réponse de Job (Job 20, 21).


2.9.1 - 2ème discours d’Éliphaz (Job 15)

Comme nous l’avons déjà remarqué, Éliphaz perd, dans ce second discours, la courtoisie et l’espoir dont il avait fait preuve la première fois. Nous pouvons diviser ce qu’il dit en 5 parties :

(1) Job se condamne lui-même (Job 15:1-6).

(2) Est-il plus sage ou meilleur que les autres ? (Job 15:7-13).

(3) La sainteté de Dieu (Job 15:14-16).

(4) L’expérience des méchants (Job 15:17-24).

(5) La rétribution (Job 15:25-35).


Quelqu’un qui ne serait pas innocent pourrait-il supporter le terrible tonnerre d’une telle dénonciation ? Si Job était l’homme qu’ils ont déterminé, il devrait être écrasé sous l’effroyable avalanche. Mais qu’a-t-il à répondre ?


2.9.2 - Réponse de Job (Job 16, 17)

Deux choses frappent dans sa réponse à Éliphaz : premièrement, rien de ce qui a été dit n’a touché la conscience de Job, ce qui explique son indignation morale à l’égard de ses accusateurs. Deuxièmement, il est tellement préoccupé par sa relation avec Dieu que les autres choses sont d’importance mineure. Cela montre la réalité de la foi de cet homme : il doit comprendre Dieu. C’est d’ailleurs le sujet principal de tout le livre : la justification des voies de Dieu et de Sa sainteté dans Ses rapports avec les hommes.

On peut diviser cette réponse, comme pour le discours d’Éliphaz, en cinq parties :

(1) Il leur reproche leur manque de cœur (Job 16:1-5).

(2) Sous la colère de Dieu et la haine des hommes (Job 16:6-14).

(3) Il fait appel à Dieu dans tout cela (Job 16:15-22).

(4) L’expérience d’une épreuve amère (Job 17:1-12).

(5) La perspective sombre de la tombe (Job 17:13-16).


2.9.3 - 2ème discours de Bildad (Job 18) et réponse de Job (Job 19)

La principale différence entre le discours de Bildad et celui d’Éliphaz est la brièveté de Bildad. Il suit largement l’exemple d’Éliphaz, mais d’une manière qui lui est propre. Son discours abonde en belles images poétiques et en déclarations véridiques sur le destin inévitable des méchants, mais il est à côté de la plaque en ce qu’il ne parvient absolument pas à établir une quelconque relation entre Job et les méchants dont il décrit la fin de manière si saisissante. Son discours peut être divisé en six parties, la dernière étant un mot bref de conclusion.

(1) Nouveaux reproches (Job 18:1-3).

(2) La condamnation certaine des méchants (Job 18:4-7).

(3) Un piège tombe sur le méchant (Job 18:8-11).

(4) La maladie et la mort sont sa portion (Job 18:12-15).

(5) Racines et branches sont desséchées (Job 18:16-19).

(6) La fin de son jour (Job 18:20, 21).


2.9.4 - Réponse de Job (Job 19)

Quelle que soit la douleur que lui cause le langage cruel de Bildad, la réponse de Job n’indique pas la moindre conscience d’une culpabilité telle qu’on l’a mise à sa porte. En effet, comme toujours, il fait plus que résister au fouet acéré de la calomnie, et avec beaucoup plus de justice que ses amis, il les accuse de cruauté et de malignité. Il les défie de montrer le moindre mal en lui et, poussé par leur théorie implacable (qui était aussi la sienne), il accuse hardiment Dieu de lui avoir fait du tort. Il est l’objet de la cruauté divine et du mépris humain. Et pourtant, il est merveilleux de voir le pauvre esprit écrasé s’élever de la poussière en prononçant ces paroles de foi et d’espérance : « Je sais que mon Rédempteur est vivant ». L’appel à la pitié des amis est des plus pathétiques, bien que vaine. Les six parties de la réponse contrebalancent le discours de Bildad.

(1) Les reproches (Job 19:1-6).

(2) La main de Dieu (Job 19:7-11).

(3) Le mépris de l’homme (Job 19:12-20).

(4) L’appel à la pitié (Job 19:21-24).

(5) Le triomphe de la foi (Job 19:25-27).

(6) La conclusion (Job 19:28, 29).


2.9.5 - 2ème discours de Tsophar (Job 20) et réponse de Job (Job 21)

Comme nous l’avons déjà remarqué, Tsophar fait preuve d’une intensité toute spéciale dans ses paroles. Il dénonce le mal avec férocité, ne laissant aucun doute sur le fait qu’il s’agit de Job, et dépeint la fin certaine des méchants dans un langage dont la véhémence même épuise rapidement ce qu’il a à l’esprit. C’est, semble-t-il, la raison pour laquelle il termine tout ce qu’il a à dire par ce second discours. Plus le feu est vif, plus il s’éteint rapidement. Tout ce qu’il dit est vrai ; son erreur impardonnable est de vouloir l’appliquer à un homme juste. Ce discours peut être divisé en sept parties ; la dernière n’est qu’une conclusion.

(1) Bref triomphe des méchants (Job 20:1-5).

(2) Il est bientôt retranché (Job 20:6-11).

(3) Empoisonné par son propre venin (Job 20:12-16).

(4) La prospérité passée ne sert à rien (Job 20:17-20).

(5) La rétribution (Job 20:21-25).

(6) Une colère qui persiste (Job 20:26-28).

(7) Conclusion (Job 20:29).


2.9.6 - Réponse de Job (Job 21)

Bien que nous compatissions avec Job à cause du traitement qu’il reçoit de la part de ses amis, il y a de nombreuses preuves dans ses réponses qu’il est tout à fait capable de répondre pour lui-même, du moins vis-à-vis des hommes. Il répond à chacun des orateurs sur son terrain et les réduit au silence. Dans cette réponse à Tsophar, il montre que son esprit n’est pas encore brisé, et il répond de manière concluante aux semblants d’arguments qui lui ont été présentés. La réponse de Job suit la forme du discours de Tsophar, et peut être divisée en sept parties :

(1) La solennité de la réponse, qui concerne Dieu (Job 21:1-6).

(2) La prospérité des méchants (Job 21:7-16).

(3) Le jugement ne se voit que dans leurs enfants (Job 21:17-21).

(4) Les expériences variées des méchants (Job 21:22-26).

(5) Il accuse les amis (Job 21:27-31).

(6) La fin dans la mort (Job 21:32, 33).

(7) Conclusion (Job 21:34).


2.10 - [Troisième section de la controverse]

Troisième série de discours de ses amis et conclusion de leurs arguments. Job leur répond à tous, et reste imperturbable, mais toujours dans l’obscurité et l’autosatisfaction (Job 22 à 26).


Avec la présente série, nous arrivons à la conclusion de la controverse en ce qui concerne les amis. Au-delà d’une répétition fastidieuse de leurs arguments précédents, si tant est qu’on puisse les qualifier comme tels, ils n’avancent rien d’important. Éliphaz, qui ouvre cette troisième partie de la controverse, maintient sa position initiale et s’exprime avec dignité et beaucoup de beauté poétique, avec un léger retour à la courtoisie. Mais le discours est entaché d’un douloureux esprit d’injustice flagrante. Bildad, le deuxième orateur, conclut faiblement et brièvement. Tsophar reste silencieux. Cette dernière tentative est donc fragmentaire et peut honnêtement être considérée comme un échec.

En revanche, Job se montre de plus en plus fort. Il répond avec vigueur et de manière très concluante aux remarques de ses amis, et d’une manière qui leur ferme effectivement la bouche. Mais sa propre bouche reste ouverte pour déverser la misère de son cœur non soulagé, et le nuage sombre reste suspendu entre lui et Dieu. Tout cela apparaîtra au fur et à mesure que nous aborderons chaque discours et sa réponse. Tout ceci se divise en deux parties, Tsophar n’y prenant pas part.

1. Éliphaz : fausses accusations contre Job ; promesse de restauration s’il se repent. Réponse de Job (Job 22 à 24).

2. Bildad : Renouvellement de l’affirmation de la grandeur de Dieu et du péché de l’homme. Réponse de Job (Job 25, 26).


2.10.1 - 3ème discours d’Éliphaz (Job 22)

Il peut être divisé en sept parties, résumant tout son point de vue sur l’ensemble de l’argumentation :

(1) Le péché de Job face à la grandeur de Dieu (Job 22:1-5).

(2) L’accusation directe (Job 22:6-11).

(3) Tout est connu de Dieu (Job 22:12-14).

(4) La voie des méchants (Job 22:15-18).

(5) Leur juste châtiment (Job 22:19, 20).

(6) Dernier appel à la repentance (Job 22:21-25).

(7) Prophétie d’un avenir radieux (Job 22:26-30).


C’est ainsi que cet ami termine. Il a cherché à faire valoir son point de vue et à mêler les promesses aux dénonciations. Parfois il a semblé prédire le rétablissement de Job, mais tout est gâché par son principe faux, et n’a donc aucune valeur en soi. Et pourtant, il y a ici beaucoup de belles et nobles expressions. Combien il est donc important d’avoir un point de vue juste, afin que les paroles de notre bouche soient justes.


2.10.2 - Réponse de Job à Éliphaz (Job 23, 24)

Job ne se préoccupe pas de répondre aux graves accusations d’Éliphaz ; ce n’est plus le moment de le faire, et il a si souvent déclaré sa justice qu’il n’est pas nécessaire de la répéter encore. Avant de terminer, il voudra se justifier complètement (Job 31). Ici, son souci est en rapport avec Dieu. Le nuage est de nouveau tombé et L’a caché à la vue de la foi qui, peu de temps auparavant, l’avait illuminé de tout son éclat. Cette triste éclipse conduit Job à proférer des paroles dures contre le Seigneur, mais nous pouvons voir que c’est parce qu’il a perdu Dieu de vue, et non par la malice de quelqu’un qui se retourne contre Lui. Mais tant que Dieu n’aura pas sondé les recoins de la propre justice de Job, on peut s’attendre à ce que ces nuages d’incrédulité réapparaissent.

Lorsqu’il en vient à reprendre l’argument d’Éliphaz concernant les méchants, Job a le dessus, comme on le verra en abordant cette partie de sa réponse (Job 24). La position des amis est intenable, et bien que Job n’offre pas de véritable solution au problème, il leur ferme la bouche.


La réponse peut être divisée, comme beaucoup d’autres, en sept parties :

(1) Son désir ardent d’exposer son cas à Dieu (Job 23:1-9).

(2) Protestations de justice (Job 23:10-12).

(3) Effroi à l’idée d’avoir Dieu comme son ennemi (Job 23:13-17).

(4) Échec apparent de Dieu dans Son gouvernement (Job 24:1-12).

(5) Description des méchants (Job 24:13-17).

(6) Leur fuite au Shéol (Job 24:18-21).

(7) Dieu semble être leur protecteur (Job 24:22-25).


Job termine en demandant une réponse. Qui peut l’accuser d’avoir déformé la vérité ou ôter à son discours sa force de réponse aux arguments de ses amis ?

C’est une conclusion solennelle. Non pas que Job ait déformé les faits : ceux-ci sont en effet incontestables ; mais ses déductions sont terribles. Il suit sa logique jusqu’au bord du précipice, à savoir que Dieu serait injuste. Si c’est le cas, Il n’est pas Dieu. Quel triomphe serait une telle conclusion pour l’ennemi malveillant qui a tout machiné, et qui a déclaré que si sa prospérité lui était retirée, Job « Te maudirait en face » (2:5). Job ne l’a pas fait, et Satan est vaincu ; mais selon le raisonnement naturel de Job, il aurait pu faire ce que Satan avait prédit et ce que sa femme lui avait conseillé. À son insu, la grâce avait agi, car il était un enfant de Dieu : il ne lui fut pas permis d’aller là où le menaient ses pensées incrédules. Quel triomphe aussi pour les amis si cette conclusion avait eu lieu. Ils auraient pu dire : « Nous avons défendu Dieu, tandis que Job a attaqué Son caractère ». Mais aucun des deux camps n’a convaincu l’autre. Bien que l’avantage reste à Job, le caractère décevant de ses dernières paroles rend nécessaire ce que nous trouvons dans la dernière partie du livre. Mais nous devons encore l’entendre déverser tout son cœur, avant que Dieu ne puisse être entendu.


2.10.3 - 3ème discours de Bildad (Job 25) et la réponse de Job (Job 26)

Bildad, dans ce troisième discours, est le dernier des amis à parler. Tsophar reste silencieux, après avoir déversé tout son cœur impétueux dans ses discours précédents.

Si l’on en juge par la brièveté du discours de Bildad et par le fait qu’il ne contient pratiquement rien de nouveau, il semble que les amis aient épuisé tous les arguments que leur position leur permettait d’avancer. Et ce n’est pas peu dire, car il s’agissait d’hommes sobrement réfléchis, dotés d’une capacité d’expression rarement égalée. Leur langage est noble et élevé, leurs métaphores d’une beauté et d’une force rares, mais leur position et leur argumentation étaient erronées, étroites et indéfendables. D’où la brièveté de ces dernières paroles.

Pourtant, nous ne pouvons pas parler avec mépris de ces quelques phrases, car elles énoncent les deux grands faits fondamentaux qui ressortent avec clarté à la fin du livre. On pourrait presque dire qu’elles sont prophétiques de « la fin du Seigneur » (Jacq. 5:11), que Job lui-même reconnaîtra à la fin. Mais Bildad n’est guère conscient de la force de ce qu’il dit, car il l’associe à sa théorie et tente ainsi de prouver que Job est l’homme mauvais qu’ils ont toujours affirmé qu’il était. Mais ses paroles étaient aussi vraies pour lui-même et les autres amis que pour Job. Le discours peut être divisé en deux parties, qui mettent en évidence les deux grands faits qui vont encore se manifester.

(1) La grandeur de Dieu (Job 25:1-3).

(2) Le néant de l’homme (Job 25:4-6).


Ainsi, tout en reprenant apparemment les paroles d’Éliphaz (Job 4:18 ; 15:15-16), la point final de Bildad dépasse de beaucoup ses pensées et ses soupçons. Nous nous en tiendrons à ce qu’il dit, plutôt qu’à ce qu’il pense de son pauvre ami souffrant. Nous ne l’accuserons pas de faiblesse ou d’imitation, mais nous soumettrons nos propres esprits à la lumière tranquille de ces cieux qui témoignent de notre néant, et nous nous tournerons vers Celui qui est notre « Force et notre Rédempteur ».


2.10.4 - La réponse de Job (Job 26)

Du point de vue personnel, la réponse de Job est adéquate et concluante. Il déclare que les paroles de Bildad, dans les circonstances actuelles, sont complètement à côté de la plaque. Elles ne concernent pas le cas de Job. Il poursuit dans la lignée des paroles de son ami et s’élève même plus haut que lui, en adoptant également une vision plus profonde et plus large de la grandeur de Dieu. Tout cela est admirable d’un point de vue littéraire — une poésie grandiose et sublime — et c’est bien plus que cela, car il s’agit de l’enregistrement inspiré des pensées d’une âme en quête de Dieu.


La réponse peut être divisée en sept parties.

(1) La futilité des paroles de Bildad (Job 26:1-4).

(2) Le domaine de Dieu dans les profondeurs en bas (Job 26:5, 6).

(3) Sa domination dans les cieux (Job 26:7).

(4) Il gouverne les nuages et les eaux (Job 26:8-10).

(5) La terre et la mer (Job 26:11, 12).

(6) Sa victoire dans le ciel (Job 26:13).

(7) Plus loin encore (Job 26:14).


La brièveté et la concision de ces paroles de Job en rehaussent la beauté et la force. Il se montre égal ou supérieur à ses amis par l’ampleur de la pensée et la beauté de l’expression, car lui aussi a médité sur Dieu durant les nuits (Ps. 16:7).


3 - Le monologue final de Job — Job 27 à 31

La controverse directe s’est terminée par la réponse de Job à Bildad (Job 26), mais celui qui souffrait a encore beaucoup à dire avant d’avoir exprimé tout ce qu’il a sur le cœur. Les amis sont apparemment réduits au silence, et Job sort vainqueur de la lutte qui a duré si longtemps. Nous avons vu qu’il y a eu des progrès au fur et à mesure que nous avancions : de la part des amis, il s’agissait d’un progrès dans l’incapacité de confirmer leurs accusations ; avec Job, nous avons vu un progrès vers le haut, une foi qui s’accroche à Dieu en dépit de tout ce qui semble si sombre et inexplicable.

Dans ce monologue final, nous avons la manifestation du cœur de Job. Il se justifie, refusant de reconnaître les accusations de ses amis, et se déclare implicitement détenteur de la vraie sagesse — la crainte de l’Éternel. Il passe ensuite en revue sa vie passée de bonheur, et la met en contraste avec sa déchéance actuelle, et il termine par des protestations renouvelées et complètes de sa justice.


Cette partie peut être divisée en trois sections :

(1) L’affirmation de l’intégrité, en contraste avec le méchant et sa destinée (Job 27).

(2) La sagesse qui est au-dessus de tout prix (Job 28).

(3) Le Moi manifesté (Job 29 à 31).


Ce monologue comporte certains éléments de confusion. La première partie ressemble beaucoup à ce qui a précédé. La dernière partie est une triste conclusion — l’occupation de soi, l’autojustification, la propre justice. Mais entre ces deux parties, nous avons, dans une grande beauté poétique, une déclaration sur la sagesse — les vraies richesses — inconnues de l’homme naturel. Nous ne pouvons que sentir que, malgré tout ce qu’il lui reste à désapprendre, Job possèdait les éléments de cette sagesse. La racine du problème est en lui, l’or pur est là, et les scories seront bientôt enlevées.


3.1 - Affirmation de l’intégrité, en contraste avec le méchant et sa destinée (Job 27)

Ce chapitre, tout en faisant partie du monologue, est étroitement lié à la réponse à Bildad.

On peut le considérer comme s’adressant à ses amis dans leur ensemble, comme un résumé de la controverse.

Il y a quatre parties principales :

(1) Il maintient sa justice (Job 27:1-7).

(2) Le caractère du méchant mis en contraste (Job 27:8-12).

(3) La condamnation certaine de l’impie (Job 27:13-18).

(4) Chassé dans sa méchanceté (Job 27:19-23).


Il y a un manque apparent d’homogénéité dans cette section, et certains ont pensé à un manque de cohérence avec ce que Job a déclaré précédemment. L’auto-justification est assez familière, mais lorsqu’il commence à décrire le caractère et la destinée des méchants, on pourrait presque voir un de ses amis en train de parler. En effet, la seconde moitié du chapitre a même été considérée par certains comme un troisième discours de Tsophar, mis de côté par inadvertance, puis inséré ici, avec le chapitre 28 comme réponse de Job. Mais il n’y a pas la moindre indication d’une telle perturbation du texte. Ce n’est qu’une théorie utilisée pour expliquer une difficulté imaginaire, difficulté dont la solution se trouve dans l’étude du chapitre lui-même.

La terreur, si longtemps tenue à distance alors que parlait la voix d’avertissement de la conscience, s’abat maintenant sur lui ; comme une tempête dans la nuit, il est emporté. Dieu le fait s’effondrer, et les hommes se réjouissent de la disparition de leur oppresseur.

Job décrit ainsi calmement une fin qu’il sait ne pas être la sienne. Qu’est-ce qui a fait la différence ? N’est-ce pas la foi qui, au milieu de toute sa détresse, s’est attachée fermement à Dieu ? — Un Dieu qu’il connaissait si peu et des afflictions duquel il se plaignait.


3.2 - La sagesse qui est au-dessus de tout prix (Job 28)

Poursuivant son monologue, Job oppose ensuite le sort des riches impies, tel que décrit au chapitre précédent, aux vraies richesses, qui ne peuvent jamais être perdues. Le lien est clair, et la transition est naturelle et frappante. La première partie du chapitre décrit le labeur et le soin avec lesquels les hommes recherchent l’or qu’on extrait en creusant, et qui n’apporte si souvent que « les querelles et la malédiction qui tombent dessus ». Il passe ensuite aux vraies richesses, la sagesse ; où peut-on la trouver ? On la cherche en vain dans la terre ou la mer, et toutes les richesses du monde ne peuvent lui être comparées. Où trouver ce trésor inestimable ? Même les ténèbres de la mort ne peuvent que témoigner de son existence, mais ne disent ni comment ni où l’obtenir. Elle ne peut être obtenue que par la révélation de Dieu ; non seulement dans Ses œuvres, mais dans Sa Parole, Il fait appel à la conscience et au cœur de l’homme. Tout le passage est beau et noble dans sa conception et son expression, et indique que celui qui parle connaît la Personne bénie qu’il décrit. Ce chapitre prouve que Job ne pouvait pas être l’hypocrite que ses amis veulent faire croire.

L’ensemble du chapitre se situe cependant en dehors de l’atmosphère de la controverse. Job ne cherche pas ici à maintenir sa justice, mais, pour un temps au moins, il cesse de s’occuper de lui-même et respire l’air pur de la vérité, sans les vapeurs nocives de la propre justice et de l’incrédulité. Nous ne pouvons que ressentir l’élévation morale de tout cela.

Le chapitre peut être divisé en sept parties.

(1) Les trésors de la terre (Job 28:1-6).

(2) Le trésor caché (Job 28:7-11).

(3) Non révélé par la nature (Job 28:12-14).

(4) Sa valeur inestimable éprouvée (Job 28:15-19).

(5) Ce qui en a fait état (Job 28:20-22).

(6) Celui qui révèle (Job 28:23-27).

(7) La Révélation (Job 28:28).


Le fait que Job ait pu parler ainsi montre qu’il possédait dans une certaine mesure cette sagesse, et qu’il ne pouvait donc pas être rangé parmi les méchants. Mais combien faiblement il avait saisi le grand fait dont il avait parlé. Un peu plus tard, cette crainte de l’Éternel le conduira en effet « à s’éloigner du mal » — de son mauvais cœur et de lui-même. Telle était pour lui, comme pour nous, la vraie sagesse. Avec cette sagesse, nous pouvons passer sur la terre, ou fouiller dans ses profondeurs, traverser les mers, ou nous élever vers le ciel, pour ne trouver partout que Dieu et Son témoignage.

C’est ce caractère moral qui distingue la parole de Dieu de tous les autres écrits. Elle s’adresse à la conscience de l’homme, produisant cette « crainte du Seigneur », qui est pure et subsiste à jamais (Ps. 19:9) .


3.3 - Le Moi manifesté (Job 29 à 30)

Comme nous l’avons déjà souligné, le monologue de Job présente plus ou moins d’incohérence, ce qui correspond à l’état de son cœur, dans lequel des émotions contradictoires se mêlent, à la fois de l’intégrité consciente devant l’homme et de la crainte du Seigneur, et en même temps des réminiscences malsaines de la grandeur passée, et enfin encore des lamentations sur la déchéance présente. Le ton général, cependant, montre la nécessité de l’intervention de Dieu dans son âme et nous prépare à ce qui suit.

Dans cette troisième section, nous avons la manifestation de l’homme, les pensées nichées dans son sein, et bien qu’il conclue par des protestations irréfutables d’intégrité, l’impression qu’il laisse à notre esprit est pénible. La section peut être divisée en trois parties, manifestant des stades progressifs de l’occupation de soi.

(1) La grandeur passée (Job 29).

(2) La honte actuelle (Job 30).

(3) Je suis pur (Job 31).


On peut remarquer que dans toute cette section Job s’occupe de la mauvaise personne. Même si tout ce qu’il dit était vrai — et nous n’avons aucune raison de douter de la sincérité de ses propos — il est mauvais pour un homme de s’attarder sur son propre état. Le bonheur de l’homme non déchu était de continuer à jouir de la bonté de Dieu ; en s’en détournant, il est tombé dans la désobéissance. Il est répugnant pour un pécheur de s’attarder sur sa propre bonté — il n’en a pas — et pour un enfant de Dieu de suivre la même voie ; cela montre clairement qu’il n’a pas encore appris sa leçon. Tout cela apparaît clairement dans les chapitres que nous examinons.


3.3.1 - La grandeur passée (Job 29)

En reprenant ces chapitres dans l’ordre, nous trouvons au ch. 29 un certain nombre de divisions nettement marquées.

(1) Prospérité quand il était chez lui (Job 29:1-6).

(2) Honneur à l’extérieur (Job 29:7-10).

(3) Ses bienfaits étaient sa louange (Job 29:11-17).

(4) Une prospérité durable en vue (Job 29:18-20).

(5) Un consolateur pour les affligés (Job 29:21-25).


Les cendres de ses joies passées ne peuvent réchauffer aujourd’hui son pauvre cœur sans consolation ; elles ne peuvent qu’alimenter la flamme de cet orgueil qui brûle d’autant plus fort au milieu de la ruine de son passé.


3.3.2 - La honte présente (Job 30)

S’attardant sur le passé aussi longtemps qu’il le peut, Job est enfin forcé de se tourner vers le présent avec son contraste misérable. Cette portion peut être divisée en sept parties, donnant l’idée d’une misère complète, qui dépasse ainsi sa grandeur passée.

(1) Ses misérables moqueurs (Job 30:1-8).

(2) Leur mépris (Job 30:9-12).

(3) Leur persécution (Job 30:13-15).

(4) Ses souffrances (Job 30:16-19).

(5) Absence de secours de la part de Dieu (Job 30:20-23).

(6) Triomphe de la misère (Job 30:24-27).

(7) Malheur complet (Job 30:28-31).


3.3.3 - Je suis pur (Job 31)

Nous arrivons maintenant à la dernière partie du monologue de Job. Dans la première partie, il s’est appesanti sur sa grandeur et sa bonté passées ; dans la seconde, il les a mises en contraste avec son état misérable actuel ; dans les deux cas, il a trouvé matière à s’enorgueillir ; le point culminant est atteint dans ce ch. 31, où il affirme sa pureté, sa bonté et sa justice de la manière la plus complète. Il n’y a pas d’amertume comme dans les réponses précédentes où il s’indignait des accusations de ses amis ; pas non plus de vains cris au sujet d’injustice de la part de Dieu. Rapidement, délibérément et minutieusement, il passe en revue sa vie et son caractère, et arrive à la conclusion qu’il est prêt à accueillir aussi bien la mise en accusation des hommes que le jugement de Dieu.

Nous ne pouvons pas mettre en doute la vérité et la sincérité de tout ce qu’il dit, mais nous pouvons nous demander si sa conclusion est heureuse, même pour lui-même. Il ferme la bouche de ses amis et semble pleinement satisfait de lui-même ; si Dieu en restait là, le spectacle d’un homme qui s’est complètement justifié lui-même est-il plaisant ? Ah, la vérité divine, tout comme l’amour divin, ne lui permettront pas de s’envelopper de ces mauvaises herbes de la propre justice. Ce sont, pour la plupart, des vêtements empruntés, qui appartiennent à Dieu à qui Job ne rend pas la moindre gloire ; et tout le reste n’est qu’un « vêtement souillé » (És. 64:6) qui appartient à la poussière et à la cendre où Job va bientôt se retrouver.

En d’autres termes, Dieu est exclu, sauf en ce qui concerne la justice de Job : Sa grandeur, sa bonté, sa sainteté, en tant que sujets d’adoration et de joie, sont ignorées. À la fin de tout ce qu’il a à dire, Job est aussi loin de Dieu qu’au commencement, voire pire. Si nous nous rappelons que toutes les voies de Dieu avec l’homme ont pour but de le rapprocher de Lui-même, nous voyons la folie et le péché de la démarche de Job. Il n’est pas étonnant que d’autres voix, avec d’autres sujets, se fassent entendre avant que la « fin du Seigneur » soit atteinte.

Mais essayons d’analyser cette dernière partie du monologue de Job, et tirons des leçons sobres pour nous-mêmes du vain effort de ce meilleur des hommes. La leçon doit certainement être : « Finissons-en avec l’homme » (És 2:22).

Les principaux sujets du chapitre sont regroupés sous sept rubriques :

(1) Assertion de chasteté et de droiture (Job 31:1-12).

(2) La bonté à domicile et à l’extérieur (Job 31:13-23).

(3) Refus de toute forme d’idolâtrie (Job 31:24-28).

(4) Sympathie et hospitalité (Job 31:29-32).

(5) Absence d’hypocrisie et de crainte de l’homme (Job 31:33, 34).

(6) Défi lancé à l’homme et à Dieu (Job 31:35-37).

(7) Sa terre même témoigne en sa faveur (Job 31:38-40).


3.3.4 - « Les paroles de Job sont finies » (31:40)

Il a fait appel à la terre et aux hommes, et même à Dieu, pour déclarer sa justice. Il aurait voulu que tous s’unissent pour chanter ses louanges ! Quelle différence avec le temps heureux où toute la nature exprimera les louanges du Seigneur, du Roi ! « Que les champs se réjouissent, et tout ce qu’ils contiennent ; alors tous les arbres de la forêt chanteront de joie devant l’Éternel, car Il vient juger la terre » (Ps. 96:12-13). Passons de l’autocongratulation de Job à l’adoration : « À celui qui nous aime, qui nous a lavés de nos péchés dans son sang, et qui a fait de nous un royaume, des sacrificateurs pour Son Dieu et Père ; à Lui soient la gloire et la domination, aux siècles des siècles. Amen » (Apoc. 1:5-6).


Les paroles de Job seront finies à juste titre lorsqu’il sera prêt à louer Celui qui seul en est digne. Nous sommes heureux d’en finir avec les paroles de Job telles qu’elles sont prononcées ici.


4 - [Élihu : Manifestation du caractère de sainteté et de miséricorde de Dieu (Job 32 à 37)]

La manifestation du caractère de sainteté et de miséricorde de Dieu, telle qu’il apparaît dans le témoignage d’Élihu (Job 32 à 37).


4.1 - [Un arbitre approprié au moment opportun]

Nous avons maintenant atteint une division des plus importantes et des plus intéressantes de tout le livre : le discours médiateur d’Élihu. On verra qu’il est justifié d’en parler ainsi en le suivant dans ses nobles paroles à l’égard de Dieu et dans ses paroles pour sonder et aider Job. Il rappelle à Job qu’il avait justement exprimé le désir d’avoir une telle personne : « Il n’y a pas entre nous un arbitre qui mettrait sa main sur nous deux » (Job 9:33) ; « Que n’y a-t-il un arbitre pour l’homme auprès de Dieu, et un fils d’homme vis-à-vis de son ami » (Job 16:21). À ce désir, Élihu répond maintenant : « Voici que je suis comme toi, quant à Dieu ; moi aussi, je suis fait d’argile. Voici, ma terreur ne troublera pas et mon poids ne s’appesantira pas sur toi » (Job 33:6-7).

La pertinence de l’entrée d’Élihu à ce moment précis est évidente. Les amis ont été réduits au silence, mais visiblement ne sont pas convaincus ; Job reste maître de la situation, dans la mesure où l’auto-justification peut lui donner une telle place ; et pourtant, non seulement la sombre énigme n’a pas été résolue, mais le caractère de Dieu a été obscurci. Si le livre s’était terminé à ce point, nous aurions eu plus de difficultés soulevées que résolues, et l’incrédulité se serait cachée parmi les variantes de la controverse, grandioses mais tristes, comme jusqu’à présent. D’autre part, si Dieu avait parlé directement, se révélant dans Sa majesté et Sa puissance, comme dans la division suivante, la transition aurait été trop soudaine, et la crainte de Job d’être terrorisé par Sa gloire aurait été justifiée.

Élihu est donc parfaitement là où il faut, donnant une autre illustration de l’origine divine et de la perfection de ce livre. Son discours occupe la troisième place, car il est la manifestation morale de Dieu, l’exposé de Son caractère, nous sortant ainsi du conflit de la pensée humaine d’une part, et nous préparant à la juste vision du « Créateur fidèle » d’autre part.

Conformément à ce qui vient d’être dit, nous trouvons que le discours ressemble, dans sa première partie, au style de la controverse entre Job et ses amis, bien qu’il soit très différent à d’autres égards. À la fin, il est presque conforme aux paroles de l’Éternel, traitant des grandes manifestations de Sa gloire et de Sa puissance, telles qu’on les voit dans les œuvres de la nature.


4.2 - [Opinions incongrues sur Élihu]

Il semble étrange qu’on ait pu imaginer autre chose au sujet d’Élihu, et pourtant, depuis les temps les plus reculés, les commentateurs chrétiens ont défendu des points de vue très contradictoires. Beaucoup ont souligné la justesse et la sagesse de tout ce qu’il dit, mais d’autres ont parlé de lui comme d’un intrus impudent — un jeune homme gonflé par le sentiment de son propre savoir et de sa propre importance.

Si de telles affirmations contenaient une étincelle de vérité, pourquoi le livre ne dit-il rien au sujet d’Élihu ? Pourquoi n’est-il pas appelé à apporter une offrande avec les trois amis, et à profiter de l’intercession de Job ? (42:8). Ou bien serait-il allé trop loin pour qu’un tel rétablissement soit possible ? On a dit en effet que Dieu le blâme au début de sa réponse : « Qui est celui qui obscurcit le conseil par des paroles sans connaissance (Job 38:2) ? Mais cette question s’adresse à Job, et non à Élihu, et Job le reconnaît. On a dit aussi qu’Élihu lui-même est plongé dans la confusion par l’apparition de l’Éternel, et devient incohérent et inepte (Job 37:19-24). Nous ne pouvons que répondre qu’une telle argumentation montre que l’on n’a pas su saisir la beauté d’un passage des plus transcendants, à la fois quant à la poésie et quant au langage de l’inspiration. Détournons-nous de ces idées et examinons les détails qui se présentent à nous.


4.3 - [Plan du discours d’ Élihu]

Le discours d’Élihu se divise pratiquement par les mots figurant au premier verset des ch. 34, 35 et 36. Il ne nous reste plus qu’à séparer le discours d’introduction adressé aux amis et à Job (ch. 32 à 33:7) d’avec le premier argument principal (Job 33:8-33), et cela fait les cinq divisions de son discours :

(1) Vide et échec de la controverse (Job 32 à 33:7).

(2) But de Dieu quand Il châtie (Job 33:8-33).

(3) Justification de Son caractère (Job 34).

(4) Mise à l’épreuve de l’homme par Dieu (Job 35).

(5) L’action de Dieu parmi les hommes et dans la nature (Job 36, 37).


Comme nous l’avons déjà remarqué, il y a une progression manifeste tout au long du discours, et des liens bien définis avec ce qui précède et ce qui suit.


4.4 - 1er point du discours d’Élihu : Le vide et l’échec de la controverse (Job 32 à 33:7)

Cette partie est surtout introductive. Nous avons d’abord un prélude explicatif en prose qui présente Élihu, un peu à la manière des chapitres commençant et terminant le livre. Il est suivi d’une explication courtoise de son silence jusqu’alors et d’une réprimande cinglante des amis pour leur échec. Cependant, il a plein de choses à dire et doit parler avec netteté pour l’honneur de son Créateur. Il termine son exorde par des paroles conciliantes et bienveillantes envers Job, l’invitant à donner toute réponse qu’il voudrait. L’ensemble forme une ouverture admirable, où se mêlent modestie, indignation, gravité et grâce.

(1) Introduction explicative (Job 32:1-5).

(2) Les raisons de son silence (Job 32:6-10).

(3) L’échec des amis (Job 32:11-13).

(4) Il doit parler (Job 32:14-22).

(5) L’arbitre (Job 33:1-7).


4.4.1 - Introduction explicative (Job 32:1-5)

Les trois amis ayant été réduits au silence, et Job étant resté retranché dans sa justice, la colère d’Élihu a été doublement attisée : contre Job pour ne pas avoir glorifié Dieu en reconnaissant Sa justice, et contre les amis pour s’être entêtés à maintenir leurs accusations alors qu’ils n’ont pas pu apporter la moindre preuve. L’attitude d’Élihu est parfaitement expliquée dans les v. 2 et 3. Les v. 4-7 expliquent sa courtoisie en ayant gardé le silence en raison de sa jeunesse et de leur âge.


4.4.2 - Les raisons de son silence (Job 32:6-10)

Il explique ce silence maintenant par le fait de l’esprit qui vient de Dieu, soufflé par Dieu en l’homme.


4.4.3 - L’échec des amis (Job 32:11-13)

Élihu avait écouté attentivement tout ce que les amis avaient dit, et aucun d’entre eux n’avait convaincu Job ni ne lui avait répondu de manière satisfaisante. Il suffit de se rappeler les discours d’Éliphaz, commençant d’une manière si élevée et si digne, et finissant par des accusations très brutales ; les paroles semblables, quoique moins dures, de Bildad ; et les déclarations véhémentes de Tsophar, pour voir combien Élihu était justifié dans ses affirmations. C’est en vérité qu’il pouvait ajouter qu’ils n’avaient pas le droit de prétendre que, eux, avaient découvert la sagesse. C’est Dieu, déclare-t-il, et non l’homme, qui a jeté Job à terre et lui a fait prendre conscience de son impuissance.


4.4.4 - Élihu sentait l’obligation de parler (Job 32:14-22)

Job n’avait eu aucune discussion avec Élihu, et Élihu ne voulait certainement pas descendre dans l’arène des autres, pour se battre avec des mots sans effet. Leur silence actuel montrait à quel point ils étaient vaincus. Maintenant Élihu va parler. Car il est plein, et il doit donner laisser s’exprimer l’esprit qui l’anime, qui est comme un vin nouveau cherchant à s’écouler. Il est contraint, la nécessité s’impose à lui. Quelle différence avec les arguments savants et réfléchis que Job avait été contraint d’écouter jusqu’à présent, ou avec la véhémence si éloignée de la sagesse et de la justice. Cela rappelle la parole de l’apôtre : « C’est une nécessité qui m’est imposée » (1 Cor. 9:16).

Il n’utilise pas non plus de mots flatteurs. Il n’est pas sous l’influence des personnes, ce qui le qualifie pour être le porte-parole de Dieu. Tout est excellent. Il y a un ton d’autorité, « non pas comme les scribes » (Marc 1:22).


4.4.5 - L’arbitre (Job 33:1-7)

Enfin, Élihu s’adresse à Job, non pas avec la colère qui trouvera sa place plus tard, mais avec calme et bienveillance. Il prie Job de l’écouter, car tout se passera bien. Sa sagesse ne vient pas simplement de la connaissance ou de l’expérience humaine, mais du Tout-Puissant. Job est libre de lui répondre s’il n’accepte pas ses affirmations, car il a, tout comme Élihu, un lien avec Dieu. Telle semble être la pensée du début du v. 6. Cela rappelle à Job que Dieu lui fait connaître sa pensée avec douceur, afin que Job apprenne cette pensée. Élihu était aussi un homme, comme Pierre quand il disait : « Moi aussi, je suis un homme » (Actes 10:26). Job n’avait donc pas à être terrifié


4.5 - 2ème point du discours d’Élihu : But de Dieu quand Il châtie (Job 33:8-33)

4.5.1 - [Élihu veut que son discours ait un résultat effectif]

Après avoir clarifié la situation dans son discours introductif aux amis et à Job, Élihu entre tout de suite dans le vif du sujet. Nous remarquons un changement marqué dans la manière dont il traite le sujet par rapport à la méthode des trois amis. Il y a une attente évidente de résultats. Il n’a pas l’intention de laisser des questions aussi importantes que celles qui ont été soulevées, rester dans l’état chaotique où elles se trouvent actuellement, quand tous les concurrents se sont battus jusqu’à n’en plus pouvoir et qu’aucun n’a été convaincu. Son discours n’est donc pas une déclaration déclamatoire de ses propres principes, mais un appel à la conscience et à la raison de Job. Il n’y a pas les abus et les insultes des amis, mais une mise à nu fidèle et sans complaisance des fautes de Job, sans pour autant exciter de l’opposition.


4.5.2 - [Différence entre le discours d’Élihu et ceux des amis]

Tout ce qui a été dit par les amis était sous-tendu par le soupçon misérable, transformé progressivement en certitude, que Job était un hypocrite. Ils n’en avaient pas la moindre preuve, bien au contraire. Ils y étaient contraints par leur théorie, et c’est à cause d’elle qu’ils foulaient aux pieds toute affection naturelle et bienveillante. Rien ne blesse un homme droit et affectueux autant que des soupçons, et des accusations sans fondement qui en découlent. Élihu est entièrement dépourvu de tout cela. Il prend Job tel qu’il le connaît et tel qu’il le trouve. Il n’entretient aucun soupçon, ne porte aucune accusation infondée. Il a beaucoup de choses à dire, mais les paroles mêmes de Job sont sa preuve. Le mal existe, non pas en actions concrètes, mais un mal d’orgueil, de propre volonté, de doute quant à Dieu — des choses qu’il pouvait faire sentir à la conscience de Job.

Comme nous l’avons donc admis, il y a une grande part de vérité dans ce que les amis ont dit, mais ce n’était qu’un côté de la vérité, déformé et vicié par un principe erroné, à savoir que toute souffrance est due à la méchanceté, et est une preuve que tout homme affligé n’est qu’un pécheur démasqué. Le contraste chez Élihu apparaîtra au fur et à mesure que nous examinerons son discours. On a prétendu qu’il répétait, en les atténuant, les déclarations d’Éliphaz ; mais en examinant les points de ressemblance, cette affirmation sera abondamment réfutée.


4.5.3 - [La controverse a été utile à Élihu pour tenir son discours]

On peut dire aussi que la longue et vaine controverse a préparé Job à écouter Élihu, ce qu’il n’aurait probablement pas fait au début. Job s’était « épanché », avait déversé ses lamentations, s’était insurgé contre les accusations de ses amis, avait déclaré sa propre droiture et avait manifesté sa foi en Dieu, tout en manquant gravement de voir Son caractère. Tout cela avait été mis en lumière par les discours des amis et, dans cette mesure, ils avaient été utiles. Il est peut-être bon d’ajouter ici qu’Élihu lui-même ne mène pas tout jusqu’à une conclusion finale. C’est à l’Éternel Lui-même qu’il revient de le faire.


4.5.4 - [Plan du discours d’Élihu relatif au but de Dieu quand Il châtie]

D’après ses traits saillants, le présent discours peut être divisé en quatre parties :

(1) L’accusation de Job contre la justice de Dieu est réfutée (Job 33:8-13).

(2) La double action de Dieu envers les hommes, et son but (Job 33:14-22).

(3) Sa justice révélée, et le rétablissement de l’homme (Job 33:23-30).

(4) Job mis à l’épreuve par ces paroles (Job 33:31-33).


4.6 - 3ème point du discours d’Élihu : Justification du caractère de Dieu (Job 34)

Après avoir fait une pause pour attendre la réponse de Job, Élihu poursuit sa plaidoirie. Le sujet principal de ce chapitre est la défense du caractère de Dieu contre les calomnies de Job. Implicitement, même sans beaucoup de paroles, Job a accusé Dieu d’injustice. C’est la préoccupation principale d’Élihu. Il ne se lance pas dans des raisonnements sur des crimes odieux attribués à Job par ses amis ; il ne se laisse pas aller à des allégations, des insinuations ou des vitupérations. Il fait appel à la raison humaine, expose les faits, attire l’attention sur la nécessité de reconnaître le caractère de Dieu, qu’il justifie de plusieurs points de vue ; et il conclut cette partie par une exhortation directe, mais pleine de bonté, à ce que Job prenne humblement la place d’élève, afin de pouvoir profiter de son châtiment. N’ayant pas pris une telle place jusqu’à présent, il ne restait plus à Job qu’à être mis à l’épreuve jusqu’à ce que sa leçon soit apprise. C’est un traitement très tempéré et admirable de son sujet, qui ne ressemble qu’extérieurement à la méthode des amis, si tant est qu’il y ait une ressemblance. L’appel à la raison, associé à la vérité évidente de la nature de Dieu, conduit à la conclusion de poids que c’est Job qui est fautif, et non pas Dieu. Et ce tort est prouvé par la bouche de celui qui souffrait et par son attitude à l’égard de Dieu.


Nous pouvons diviser le discours en quatre parties principales selon leur sujet, la troisième faisant à son tour l’objet d’une subdivision.

(1) L’appel aux sages (Job 34:1-4).

(2) L’accusation d’injustice de Job à l’égard de Dieu (Job 34:5-9).

(3) Réfutation de l’accusation (Job 34:10-30).

(4) La mise à l’épreuve de Job doit se poursuivre (Job 34:31-37).


4.6.1 - (3) Réfutation des accusations de Job (Job 34:10-30)

Élihu réfute maintenant ces accusations directes ou indirectes contre Dieu. Il va défendre Son caractère, et tout en faisant appel à la sagesse, il fait entendre un son net et clair : « Que Dieu soit vrai, et que tout homme soit menteur » (Rom. 3:4). Il va jusqu’au bout du sujet, et nous pouvons noter les différentes parties de sa réfutation. Dieu est juste :

(a) parce qu’Il est Dieu (Job 34:10-12),

(b) à cause de Ses soins bienfaisants (Job 34:13-15),

(c) à cause de Sa grandeur (Job 34:16-20),

(d) à cause de Son omniscience (Job 34:21-25),

(e) à cause de Son jugement (Job 34:26-30).


4.7 - 4ème point du discours d’Élihu : Mise à l’épreuve de l’homme par Dieu (Job 35)

Dans le ch. 34, Élihu s’est attaché principalement à défendre le caractère de Dieu, tel qu’il apparaît dans Son gouvernement bienfaisant, ainsi que dans le fait évident que la Source de tout droit, de toute justice et de tout gouvernement doit Lui-même être l’incarnation de ce que nous voyons en partie, même dans cette création déchue. Le ch. 35 est si intimement lié au ch. 34 qu’il a été considéré comme faisant partie de la même division. Mais le fait qu’il y ait manifestement un nouveau départ au v. 1 (du ch. 35), ainsi qu’au vu de son contenu, il semble plus approprié de lui donner une place à part. La quatrième partie du discours d’Élihu est à juste titre une mise à l’épreuve de l’homme, qui en est le sujet, plutôt qu’une défense de Dieu comme au ch. 34. Cette mise à l’épreuve s’inscrit cependant dans la même ligne que la défense de Dieu qui précède. Et combien il est vrai que ce qui manifeste Son caractère, dans sa perfection, révèle la nature et les voies de l’homme tel qu’il est.


Le chapitre peut être divisé en trois parties :

(1) La grandeur transcendante de Dieu (Job 35:1-8).

(2) Pourquoi il n’y a pas de réponse au cri de l’opprimé (Job 35:9-13).

(3) Un appel à Lui faire confiance (Job 35:14-16).


4.8 - 5ème point du discours d’Élihu : Discours final d’Élihu — Les actions de Dieu parmi les hommes et dans la nature (Job 36, 37)

Nous arrivons maintenant à la fin des remarquables entretiens d’Élihu avec Job. Il a encore beaucoup à dire, et le sujet est toujours le même : il parlera pour Dieu. Cet objectif suprême de défendre Dieu contre les calomnies de Job — ce en quoi les amis avaient si complètement échoué — est la grande caractéristique du discours d’Élihu et donne la clé de ce qu’il dit. Il agit en médiateur, en interprète pour les hommes, en révélateur de Dieu. La ressemblance typique à l’œuvre de notre Seigneur est manifeste.

Cette partie finale du discours commence par un résumé selon les lignes déjà suivies, mais se termine par une description de l’action de Dieu dans la nature, qui est d’une grandeur incomparable. Si, au début, il parle d’une manière simple et didactique, s’adressant au jugement et à la conscience, la fin est si vivante qu’on a cru y voir la description d’une véritable tempête dont l’approche annonçait la présence de Dieu, prélude tout à fait approprié à la parole de l’Éternel du milieu du tourbillon.


Le discours peut donc être divisé en deux parties, chacune étant subdivisée en fonction de la progression de la pensée.

1. Relations de Dieu avec les hommes (Job 36:1-21).

2. Voies de Dieu dans la nature (Job 36:22-37:24).

Bien que la division indiquée soit claire, il existe un lien étroit entre les deux parties du discours, ce qui en marque l’unité.


4.8.1 - Relations de Dieu avec les hommes (Job 36:1-21)

Nous pouvons donner tout de suite l’esquisse de la première partie, dans laquelle sont exposées les voies de Dieu avec les hommes.

(1) Introduction (Job 36:1-4).

(2) La sollicitude de Dieu envers les justes (Job 36:5-7).

(3) But de l’affliction (Job 36:8-15).

(4) Application à Job (Job 36:16-18).

(5) Exhortations (Job 36:19-21).


(5) Le v. 19 se relie étroitement à ce qui précède, le prix d’une grande rançon.

4.8.2 - Voies de Dieu dans la nature (Job 36:22 à 37:24)

Le reste du discours est consacré à une description de quelques-unes des voies de Dieu dans la nature, presque exclusivement dans la sphère météorologique ou céleste. Ceci est en accord avec ce qui précède et avec ce qui suit, surtout ce qui suit, comme on l’a déjà noté. Les subdivisions sont les suivantes :

(1) La grandeur de Dieu dans Ses œuvres, prouvant Sa droiture (Job 36:22-25).

(2) Les nuages et la pluie (Job 36:26-29).

(3) Signes de Sa présence (Job 36:30-33).

(4) L’homme chétif dans la tornade (Job 37:1-5).

(5) Sa main en hiver sur l’homme (Job 37:6-10).

(6) Les tempêtes et leurs effets variés (Job 37:11-16).

(7) La conclusion (Job 37:17-24).


5 - [L’Éternel parle] — Témoignage de l’Éternel à partir de la création, qui jette Job dans la poussière (Job 38 à 42:6)

5.1 - [Retour sur le discours d’Élihu]

Nous avons déjà attiré l’attention sur le lien étroit qui existe entre les discours d’Élihu et ceux de l’Éternel qui suivent. Élihu avait commencé son discours en toute déférence et tranquillité ; il avait développé ses arguments d’une manière magistrale, convainquant à la fois l’intelligence et la conscience, ce qui n’a pas manqué son but, si l’on en juge d’après le silence de Job lorsqu’il a été invité à plusieurs reprises à répondre. Au fur et à mesure qu’il avance, Élihu passe d’un style didactique à un style descriptif, exposant la sagesse et la grandeur de Dieu telles qu’elles se manifestent dans Sa grande création. Les descriptions de la tempête sont si vivantes qu’on la penserait réellement imminente — les éclairs et les terribles coups de tonnerre le remplissent d’effroi, tandis que les troupeaux en tremblent de peur. Une lueur brillante apparaît dans les sombres nuages d’orage qui descendent du nord. Élihu termine son discours par quelques mots impressionnants qui rappellent à Job la bonté et la majesté de Dieu ; et du milieu du tourbillon qui vient d’être décrit, l’Éternel fait entendre Sa voix terrible.


5.2 - [La voix de l’Éternel met en présence de Sa Personne]

La voix de l’Éternel ! Nous n’écoutons plus les tâtonnements de l’esprit naturel, comme dans les discours des amis ; ni les cris sauvages d’une foi blessée, comme ceux de Job ; ni même le langage clair et sobre d’Élihu — nous sommes en présence de l’Éternel Lui-même, qui nous parle. Cette voix a poussé nos premiers parents coupables à se cacher parmi les arbres du jardin. Elle a commandé à Moïse d’enlever ses chaussures de ses pieds devant le buisson ardent et, plus tard, elle lui a fait dire : « Je suis épouvanté et tout tremblant » (Héb. 12:21), au milieu des terreurs du Sinaï, tandis que le peuple dut s’éloigner à une grande distance. Plus tard, cette voix — « une voix douce et subtile » — pénétra l’âme d’Élie de crainte quand il réalisa qu’il se tenait en présence de l’Éternel.

La voix, peut-être plus que l’apparence, semble révéler la personne. Si nous pouvions voir la forme et les traits d’un homme, noter ses changements de comportements et ses moindres gestes, sans entendre sa voix, cela ne nous impressionnerait pas autant que l’inverse. Ainsi, la voix qui parvint à Job du milieu du tourbillon, le mit en présence de Celui dont il avait grandement ignoré le caractère jusqu’alors. Il avait dit beaucoup de choses excellentes au sujet de Dieu, mais Sa présence réelle n’avait jamais été connue auparavant. C’est là la clé de l’étonnant changement qui s’est opéré chez Job.

Lorsque Dieu est personnellement reconnu comme présent, Il l’est dans la totalité de Son être. Ce n’est pas simplement Sa puissance qui est vue, ni Sa grandeur, ni même Sa bonté, mais Lui-même, celui en présence duquel les séraphins se voilent la face en criant : « Saint, Saint, Saint ».

Pierre L’a aperçu au bord de la mer de Galilée (Luc 5) et a été contraint de s’écrier : « Seigneur, retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur ». Paul est tombé à terre sous la même révélation, de même que Jean dans l’Apocalypse. Dans chacun de ces cas, la manifestation extérieure était différente, passant d’un Homme humble dans une barque de pêche à la Majesté sur un trône dans le ciel (És. 6) ; mais le fait essentiel est que c’est Lui-même, et quelle que soit la manière dont Il voile sa gloire et rencontre l’homme en miséricorde et en grâce, c’est Dieu qui parle et agit. Si cela n’est pas réalisé, aucune grandeur de décor, aucune splendeur de phénomène naturel ne peut transmettre Son message à l’homme.


5.3 - [Voix de Dieu par la nature]

C’est ce qui ressort lamentablement de l’usage que les hommes font du majestueux panorama de la nature qui s’étale chaque jour sous leurs yeux. Les cieux sont comme une tente infiniment spacieuse suspendue au-dessus de nous, resplendissant jour et nuit ; la draperie des nuages, la grandeur des montagnes, la beauté des forêts, des champs et de la mer — que disent-ils à celui qui n’entend pas la Voix ? Le païen fait son image, ou se prosterne devant le soleil et la lune ; le savant balaie les cieux avec son télescope, et perce les entrailles de la terre avec son microscope ; il parle savamment et avec intérêt des « lois de la nature », des « principes de la physique et de la chimie », de la gravitation, de la cohésion et de l’affinité ; mais s’il n’a pas entendu la Voix de l’Éternel, il ne Le connaît pas plus que le pauvre idolâtre trompé qui se prosterne devant le hideux Vishnou.

Cette ignorance est une ignorance coupable, « car ce qui ne peut pas se voir en rapport avec Dieu est manifeste parmi eux ; car Dieu le leur a manifesté, depuis la création du monde, à savoir sa puissance éternelle et sa divinité ; cela se discerne par le moyen de l’intelligence, par les choses qui sont faites, de sorte qu’ils sont inexcusables, parce que, ayant connu Dieu, ils ne l’ont pas glorifié comme Dieu », etc. (Rom. 1:18-25). Tous les hommes sont dans une certaine mesure conscients de leur culpabilité et de leur éloignement moral de Dieu, et ils restent volontiers dans cet état. Ils ferment leurs oreilles à la Voix de Celui qui n’est pas loin de chacun d’entre nous (Actes 17:27).

Si telle est la pensée inhérente à cette révélation personnelle de Dieu, combien il était important pour Job de la saisir ; combien il est nécessaire pour nous aussi, alors que nous en parlons, de réaliser Sa voix qui parle toujours dans la Nature et dans Sa parole. Que nous puissions ne pas nous retirer à distance, ni nous cacher au milieu de Ses beaux arbres, mais de nous approcher, les pieds déchaussés et le visage voilé, pour écouter ce que l’Éternel Dieu veut dire.

En considérant Ses paroles globalement, nous pouvons être surpris de leur caractère. En un sens, elles ne sont pas profondes, comme si elles révélaient des profondeurs de vérité théologique. Elles sont à peine didactiques au sens moral, faisant connaître à l’homme son devoir. Il ne s’agit pas tant d’une révélation de la vérité, que d’une question posée à Job pour savoir s’il connaît les vérités qui se trouvent tout autour de lui dans la vaste création de Dieu. C’est ce qui rend ces paroles de l’Éternel si merveilleuses. Il parle, non pas « dans une langue que personne ne peut comprendre », mais dans le langage de la nature, au sujet de la terre, du ciel, des nuages et de la pluie, des bêtes et des oiseaux.

Il est étonnant de penser que le Créateur puisse ainsi voiler Sa gloire — cette « lumière inaccessible » — et se montrer dans les œuvres de Ses mains.

Car la création elle-même est, dirions-nous avec révérence, une humiliation divine. Elle nous rappelle Celui qui, « étant en forme de Dieu », s’est anéanti, s’est dépouillé de Sa gloire et a pris la forme d’un esclave, en étant fait à la ressemblance des hommes (Phil. 2). La création est comme un « treillis » derrière lequel le Bien-aimé se cache (Cant. 2:9). Et pourtant, c’est ainsi qu’Il se révèle à la foi. Les langes de la mer (Job 38:9) ne sont qu’une figure des langes (pour emmailloter) que Celui qui a fait toutes choses a pris sur Lui, lorsqu’Il s’est fait chair. L’univers entier, immense et sans limites, forme les vêtements du Dieu infini qui Se révèle ainsi.

Nous pouvons donc appliquer cette division du livre à Lui-même. Il « s’est abaissé pour regarder dans les cieux et sur la terre » (Ps. 113:6). Nous croyons qu’Il s’approche de nous, que le message qu’Il a à donner est un message de miséricorde.


5.4 - [Un message de Dieu qui humilie]

Mais ce message met l’homme à l’épreuve et l’humilie. Celui qui se vantait de sa justice, qui semblait considérer sa connaissance comme suffisante, est obligé de reconnaître son ignorance, sa faiblesse et son injustice. C’est opéré divinement, et si efficacement que la leçon amène Job à sa vraie place pour toujours. La création, peut-on dire, est comme l’argile que le Seigneur a mise sur les yeux de l’aveugle. Comme lui, Job peut dire : « Maintenant, mon œil T’a vu » (42:5).

Dieu pose Sa main sur Sa vaste création — les cieux, la terre et la mer — comme pour dire qu’Il est Maître et Seigneur de tout ; comme pour dire à Job : « Peux-tu douter de la puissance d’un tel Être ? ou de Sa sagesse ? Non ? peux-tu douter de la bonté de Celui qui envoie Sa pluie pour rendre la terre fertile pour les besoins de l’homme, ou de Sa fidélité qui apporte jour après jour Ses miséricordes à Ses créatures ?

Cela nous amène à nous demander si nous ne pouvons pas attendre un sens plus profond de toutes ces questions relatives à la nature — une signification morale et spirituelle. La création est une vaste parabole, et nous ne parvenons pas à en tirer des leçons si nous ne trouvons pas, comme nous l’avons déjà indiqué, les riches vérités typiques juste sous la surface. Nous n’avons pas la prétention de dogmatiser, tout ce qui peut être dit est sujet à correction ; mais nous n’hésitons pas à dire que nous devrions chercher à trouver une « signification secrète de Dieu dans Ses actes ».


Nous sommes encouragés à le faire, car n’a-t-il pas dit : « Celui qui cherche trouve » ? (Luc 11:10).


5.5 - Plan du témoignage de l’Éternel

Mais reprenons notre sujet de manière ordonnée. Ce témoignage de l’Éternel peut être divisé en deux parties principales, marquées par la réponse de Job à chacune d’elles.

1. Les attributs de Dieu vus dans l’univers (Job 38 à 39).

2. Le contrôle qu’Il exerce sur Ses créatures (Job 40 à 41).


Chaque partie a un caractère qui lui est propre, mais les deux sont étroitement liées. La première (ch. 38 à 39) insiste sur la puissance, la sagesse et la bonté de l’Éternel, telles que manifestées dans les œuvres de la création et dans la providence ; la seconde (ch. 40 à 41) montre le contrôle qu’Il exerce sur les bêtes indomptables qui défient la puissance de l’homme.


L’ensemble du discours est en grande partie sous forme de questions. Job s’est permis de juger l’Éternel et Ses voies ; sa compétence à cet égard est mise à l’épreuve : que sait-il ? Que peut-il faire ? La créature — si chétive, si ignorante, et en même temps si remplie d’un vain orgueil — peut-elle prétendre instruire Dieu de Ses devoirs, Lui signaler ses échecs, en fait usurper Ses prérogatives ? L’effet sur Job est visible dans ses deux réponses : dans la première (39:36-38), il s’abaisse et met sa main sur sa bouche ; dans la seconde (42:1-6), il confesse pleinement son orgueil pécheur et a horreur de lui-même, préparant ainsi la voie au rétablissement extérieur et à la restauration de sa prospérité.


Nous pouvons dire que la deuxième partie du discours de l’Éternel est consacrée à l’humiliation de l’orgueil de Job, en lui présentant les créatures dans lesquelles cet orgueil se manifeste, d’une manière typique. Le dessein divin est visible tout au long du discours, et les effets sont des plus bénis et des plus complets.


6 - Première partie du discours de l’Éternel (Job 38 et 39)

La première partie est consacrée au déploiement des attributs divins de puissance, de sagesse et de bonté, en contraste avec la faiblesse et l’ignorance de Job. Il est contraint de reconnaître son propre manque de bonté dans sa confession : « Je suis une créature de rien » (39:37). Cette partie se divise en quatre sections.

1. Appel de Dieu à Job (Job 38:1-3).

2. Questions sur les œuvres de la création (Job 38:4-38).

3. Manifestation de Sa sollicitude à l’égard de Ses créatures (Job 39:1-33).

4. Effet sur Job (Job 40:1-5).


6.1 - Appel de Dieu à Job (Job 38:1-3)

C’est du milieu de ce tourbillon, ou nuage d’orage (Job 37:21-22), que l’Éternel répond aux vaines questions et lamentations de Job. Il suffit de remarquer qu’il ne s’agit pas d’une réponse à Élihu, ce qui écarte l’idée que c’est lui qui a obscurci le conseil (38:2). Élihu avait été le porte-parole de Dieu, conduisant à la manifestation divine qui est maintenant devant nous. De même qu’Élihu s’était adressé à Job tout du long, l’Éternel poursuit les paroles de Son serviteur. La dernière parole de Job avait été « Que le Tout-Puissant me réponde » (Job 31:35). Son désir va maintenant être exaucé ; mais quel effet différent ! Il avait déclaré : « Comme un prince je m’approcherais de lui » (31:37). Quand il entend la voix de l’Éternel, il doit dire : « Je suis une créature de rien » (39:37). L’Éternel demande : « Qui est celui-ci qui obscurcit le conseil » (38:2), qui cache les desseins de Dieu et la vérité « par des discours sans connaissance » ? Job avait déversé un flot de paroles, de lamentations, de protestations, d’accusations. Il y avait beaucoup de choses vraies et excellentes, mais tout était vicié, en ce qui concerne les desseins de Dieu, par l’exaltation de sa propre justice aux dépens de celle de l’Éternel. Au lieu de la lumière, de la flamme claire de la vérité divine, tout n’était qu’un sinistre nuage de fumée d’incrédulité qui obscurcissait le soleil dans les cieux. De qui s’agissait-il ? Est-ce un être divin, l’égal de l’Éternel, qui mettait en doute les actes de l’autre ? Était-ce un ange puissant, doué d’une sagesse céleste, qui osait accuser son créateur ? Non, c’était un homme, fragile, ignorant, pécheur. La question de l’Éternel détourne la pensée de Job de tous ses torts imaginaires pour la ramener à lui-même. Le psalmiste, en contemplant la création céleste (Ps. 8), demande : « Qu’est-ce que l’homme ? ». Abraham, en présence de Dieu, avait déclaré qu’il n’était que « poussière et cendre » (Gen. 18:27). Paul ferme la bouche de l’opposant en demandant : « Mais toi, ô homme, qui es-tu qui contestes contre Dieu ? » (Rom. 9:20). L’homme — la créature finie, faillible, déchue — serait-il plus juste que son Créateur ?

C’est là la question que Dieu pose à toutes les vaines paroles des hommes. Il peut s’agir des cris d’un mal imaginaire, ou des tentatives vides de la raison humaine pour expliquer la condition du monde qui nous entoure, et de la famille humaine en particulier ; mais quelle que soit la forme qu’elles prennent, elles ne font qu’obscurcir la vraie sagesse. Au-dessus de la porte de toutes les bibliothèques, remplies de volumes de science, d’histoire et de philosophie humaines, excluant volontairement ou par ignorance la révélation de Dieu, cette même question divine peut être inscrite.

Pourtant, l’Éternel ne cherche pas à écraser Job, mais plutôt à l’amener à une vraie connaissance de lui-même et de Dieu. Qu’il se ceigne les reins comme un homme. Dieu ne pose pas des questions qu’un homme ne peut pas comprendre. Si ses reins sont « ceints de la vérité », il peut répondre — et il le fait — à ces questions. Le fait même que l’Éternel s’adresse ainsi à Job montre Son propos de miséricorde à son égard. Il fait appel à la raison, et donc à la conscience. Il conduit Job à travers les vastes scènes de la création, qui lui sont pourtant familières. Peut-il résoudre l’une des dix mille énigmes de la création ? Peut-il percer les secrets cachés de la nature ? Si ce n’est pas le cas, pourquoi tente-t-il de faire des déclarations sur les conseils de Dieu et de s’immiscer dans les desseins de Celui qui ne rend compte à personne de Ses affaires et dont l’apôtre déclare, en adorant : « Que Ses jugements sont insondables et ses voies introuvables » (Rom. 11:33).


6.2 - Questions sur les œuvres de la création (Job 38:4-38)

Nous en venons maintenant à ces questions sur la création de Dieu, qui nous donnent un cycle complet de vérité divine tel qu’exposé dans Ses œuvres, et regroupé bien à propos en sept parties.

(1) Les fondements de la terre (Job 38:4-7).

(2) Les limites de la mer (Job 38:8-11).

(3) Le jour et la nuit (Job 38:12-15).

(4) Des profondeurs inconnues (Job 38:16-21).

(5) Les éléments du temps qu’il fait (Job 38:22-30).

(6) Les corps célestes (Job 38:31-33).

(7) Les nuages et leur contrôle (Job 38:34-38).


D’une certaine manière, ces questions sont d’une simplicité qui pourrait conduire à des réponses faciles, bien que superficielles. On peut imaginer le jeune étudiant, avec quelques notions de géologie, de géographie physique et d’astronomie, se plaisant à s’asseoir devant une telle « feuille d’examen ».

Pourtant, ne laissons pas la science moderne proclamer sa capacité à répondre tandis que Job n’a pas pu. Il y a eu des progrès dans la connaissance extérieure, des découvertes de grandes lois et principes de la nature, mais le scientifique d’aujourd’hui peut-il donner des réponses plus vraies et plus satisfaisantes à ces questions divines que ne pouvait le faire le patriarche d’autrefois ? Après tout, qu’est-ce que la connaissance humaine, sinon la connaissance de notre ignorance, comme disait Socrate ? Les nobles paroles de Job lui-même (Job 28) montrent qu’il a eu un aperçu de ce grand fait, quand, pour un moment, il a été à l’abri de ses douleurs. Quelle est la clé de toutes ces questions ? C’est Dieu, la vraie connaissance de Lui-même. En Le connaissant, nous connaissons l’Auteur et la Source de toute connaissance. Si nous ne tenons pas compte de Lui, la somme de toutes les sciences n’est qu’un mur blanc, derrière lequel se trouve encore la vérité cachée.


6.3 - La manifestation de Sa sollicitude à l’égard de Ses créatures (Job 39:1-33)

Nous avons donc été confrontés à notre faiblesse et à notre ignorance face à la sagesse et à la puissance infinies de Dieu. Nous en venons maintenant à ce qu’on peut voir de cette sagesse et de cette puissance dans le cadre de Ses soins protecteurs et de l’assistance qu’Il apporte à toutes Ses créatures. Dans cette partie, nous passons des gloires du Créateur à la sagesse et à la bonté du Dieu de la Providence. Il n’a pas seulement conçu le plan merveilleux de l’univers, mais il a rempli la terre de créatures vivantes, qui dépendent de Lui pour la vie et pour toutes choses. Cette partie peut être divisée en plusieurs parties :

(1) Les bêtes de proie (Job 39:1-3).

(2) Les bouquetins, les biches et leurs petits (Job 39:4-7).

(3) L’âne sauvage du désert (Job 39:8-11).

(4) Le buffle sauvage (Job 39:12-15).

(5) L’autruche (Job 39:16-21).

(6) Le cheval (Job 39:22-28).

(7) Les rapaces (Job 39:29-33).


La série s’ouvre sur une déclaration des ressources que Dieu fournit aux bêtes et aux oiseaux de proie, avec l’exemple du lion et du corbeau ; ensuite, les animaux sauvages de la montagne et du désert sont l’objet de Ses soins pleins de sagesse ; puis le contrôle de ces bêtes dont la force et la rapidité dépassent manifestement le pouvoir de l’homme (39:12-21) ; enfin, le contrôle de l’instinct migratoire des oiseaux (39:29). Il est significatif que la série commence et se termine par la mention des bêtes et des oiseaux de proie. Ils pourraient sembler sans valeur, voire carrément nuisibles, et pourtant Dieu s’occupe d’eux avec une sagesse infaillible. Ne veillera-t-il pas sur Son enfant qui Le connaît et Lui fait confiance ?


6.4 - Effet sur Job (Job 39:34-38)

C’est ainsi que l’Éternel termine sa première mise à l’épreuve de Job. Il a pris, pour ainsi dire, l’argile de la création et l’a posée sur les yeux du pauvre souffrant qui, à cause de ce qui l’accablait, avait été aveuglé à l’égard de toute la puissance, la sagesse et la bonté de Dieu. Job voulait-il aller « se laver à la piscine de Siloé » ? Voulait-il se soumettre à la mise à l’épreuve de son Créateur ?

« Celui qui conteste avec le Tout-Puissant L’instruira-t-il ? Celui qui fait des reproches à Dieu, qu’il Lui réponde » (39:35). C’est là que se trouvait la racine du problème de Job : il s’était assis en jugement contre Dieu, il avait accusé l’Omnipotent de faire le mal ? Dieu s’est approché, et lui a fait sentir Sa présence, et a soulevé le voile de la face de la Nature pour révéler une partie de Son caractère. Quel a été l’effet sur l’homme orgueilleux ?

« Je suis une créature de rien ; que Te répondrai-je ?

Je mettrai ma main sur ma bouche » (39:37).


Job avait prononcé beaucoup de paroles : au début de ses souffrances, c’était des paroles de foi en Dieu ; même pendant ses « cris dans la nuit », beaucoup de belles et nobles pensées sont sorties de sa bouche, mais aucune parole comme celle-ci — une musique agréable à l’oreille de Dieu — confession, contrition, reconnaissance muette de toute l’erreur de sa pensée.

C’est ainsi que se termine pratiquement la mise à l’épreuve de Job ; et pourtant, par fidélité, l’Éternel va encore sonder les recoins les plus profonds de son cœur, et mettre à nu tout mal qui pourrait y avoir. Nous devons donc continuer à écouter ce que l’Éternel a à dire.


7 - Seconde partie du discours de l’Éternel (Job 40 et 41)

Dans son deuxième discours, le Seigneur approfondit l’œuvre déjà en cours dans le cœur de Job. Dans le premier discours, Job est réduit au silence et convaincu par la majesté, la puissance et la sagesse de Dieu. Un tel Être, dont les perfections se manifestent dans Ses œuvres, ne peut être arbitraire et injuste dans Ses rapports avec l’homme. Si Sa sagesse dans le soin des bêtes et des oiseaux dépassait l’intelligence de Job, il doit en être de même quant à Sa main lorsqu’elle afflige. L’effet principal sur Job de ce premier discours semble être que l’Éternel est devenu une réalité pour lui.

Dans le second discours, ces impressions sont approfondies. Dieu ne laisse pas Son serviteur avec une leçon à moitié apprise : Il laboure plus profondément dans son cœur jusqu’à ce que les profondeurs cachées de l’orgueil soient atteintes et jugées. Le deuxième discours s’attarde donc sur cet orgueil si commun à la créature. Il invite Job, pour ainsi dire, à voir si lui peut humilier les orgueilleux et les abaisser. L’implication manifeste est que Job lui-même fait partie de cette classe.

Le caractère du discours est très semblable au premier quant à ses sujets. Dieu veut encore enseigner, à partir du livre de lecture basique de la Nature, les leçons les plus profondes de Ses voies. C’est ainsi que nous trouvons dans le béhémoth et le léviathan des créatures d’une force et d’un courage immenses comme le buffle ou le cheval, des créatures de Dieu que Lui préserve. Mais il y a une signification typique et morale manifeste liée à ces créatures qui, à cet égard, va plus loin que les précédentes. Là, la leçon était surtout la sollicitude providentielle de Dieu ; ici, il s’agit plutôt du contrôle que Lui exerce sur des créatures dont la force défie l’homme. Elles sont de cette manière le type de l’orgueil et de la force irrésistible, représentant le sommet de la puissance chez des créatures. Job peut-il les soumettre ou les contrôler ? Non ; pourtant, ne se trouve-t-il pas moralement en leur compagnie, car ne s’est-il pas élevé contre Dieu ?


7.1 - [Plan du discours]

Le discours se divise, comme le premier, en quatre parties :

1. L’appel à Job pour qu’il prenne le trône (Job 40:1-9).

2. Le Béhémoth — la force irrésistible (Job 40:10-19).

3. Le Léviathan — l’orgueil de la créature pleinement manifesté (Job 40:20 à 41:25).

4. Job complètement humilié (Job 42:1-6). — Ce 4ème point se rattache à « La Fin du Seigneur  »


7.2 - L’appel à Job pour qu’il prenne le trône (Job 40:1-9)

Dieu parle encore à Job du milieu du tourbillon, comme Il lui était déjà apparu. Sa gloire et sa majesté divines sont donc toujours devant le patriarche. Cependant, l’appel « Ceins tes reins comme un homme » est à la fois un encouragement et une réprimande. Dieu n’écrase pas Son pauvre serviteur insensé, mais fait appel à sa raison et à sa conscience. Job a déjà appris, comme il l’a déjà fait dans une certaine mesure, la puissance, la sagesse et la bonté de Dieu. Mais c’est surtout à sa conscience que s’adresse ce nouvel appel. Va-t-il annuler, nier le juste jugement de Dieu et condamner Dieu afin que lui puisse établir une petite justice humaine ? Car c’est bien là le fond des plaintes de Job : il subissait des souffrances qu’il ne méritait pas ; lui, un homme juste, était traité comme s’il était injuste. La conclusion était donc inévitable : Celui qui l’affligeait ainsi était injuste ! Élihu avait déjà insisté auprès de Job sur les conséquences terribles de ses pensées : « Je suis juste, et Dieu a écarté mon droit » (Job 34:5). « Penses-tu que ce soit fondé que tu aies dit : Ma justice est plus grande que celle de Dieu ? » (Job 35:2). L’Éternel insiste auprès de Job sur le caractère haïssable de ce péché. Il s’était permis de juger Dieu — sur quelles bases ? A-t-il, lui, la puissance et la majesté divines ? Peut-il, lui, parler d’une voix de tonnerre ?

S’il est ainsi qualifié, l’Éternel l’invite en quelque sorte à s’asseoir sur le trône du jugement divin. Qu’il revête ses habits d’apparat et de dignité, qu’il se pare de majesté et de gloire (40:5), et que les flots de sa colère se déversent sur tout orgueilleux, et qu’ils l’abaissent (40:6). Quelle terrible et sainte ironie ! Et pourtant combien c’est divinement juste ! Si Job peut s’asseoir en jugement vis-à-vis de Dieu, il est certainement qualifié pour administrer toutes Ses affaires mieux que Lui ! Il peut réprimer la rébellion orgueilleuse de tout malfaiteur, et plonger les hommes dans la poussière devant lui. L’a-t-il fait avec son propre cœur orgueilleux et rebelle ? A-t-il humilié même ses amis ? Et encore moins le monde entier.

Peut-on appliquer un tel langage à Job ? — « Tu es merveilleusement grand, tu es revêtu de majesté et de magnificence. Il s’enveloppe de lumière comme d’un manteau » (Ps. 104:1-2). « Il est puissant pour abaisser ceux qui marchent avec orgueil » (Dan. 4:37). S’il en était ainsi, l’Éternel Lui-même serait le premier à le louer et à confesser qu’il est capable de se secourir lui-même. Mais sa propre main droite avait-elle même arrêté les hordes qui avaient pillé ses biens ? ou avait-il détourné la tempête qui avait emporté ses enfants ? Hélas, il avait besoin d’un tesson pour se gratter ; son vêtement était un sac, et non pas la gloire et la majesté ; son siège était les cendres d’une vie détruite, et non pas le trône de gloire.

Était-ce cruel de la part de l’Éternel de traiter ainsi une pauvre créature au cœur brisé ? Demandons-nous plutôt si cela aurait été de la bienveillance de le laisser porter son orgueil comme un vêtement, et de se répandre en plaintes contre le Tout-Puissant. L’orgueil ne peut être abaissé qu’en étant mis face à face avec son néant en présence de la majesté et de la bonté illimitée de Dieu. Tant que Job n’a pas appris cela, et qu’il ne l’a pas appris pleinement, toutes les dispositions de Dieu à son égard dans ses afflictions, et les raisonnements de ses amis et ceux d’Élihu, sont vains et pires.


7.3 - Le Béhémoth (Job 40:10-19)

Nous sommes ainsi amenés à écouter l’application faite par l’Éternel de la leçon à tirer de la force et de l’orgueil de la créature, tels qu’on les voit montrés et typifiés dans le béhémoth et le léviathan. La présente section traite du premier, la suivante traite du second. Le premier est principalement un animal terrestre, le second est principalement aquatique. À eux deux, ils englobent, en type, toute la création.


7.3.1 - [La force irrésistible du Béhémoth]

On s’accorde à dire que la première bête correspond à l’hippopotame, modèle de force et d’énergie irrésistibles. C’est l’un des créatures au même titre que Job, mais quelle puissance transcendante ! Chaque partie de son anatomie parle de force — les reins et le corps, les jambes et les os, et même la queue, sont doués de cette puissance (40:11-13). Il est donc un sommet des créatures de Dieu (*), excellant en force. Avec ses dents acérées en forme d’épée (40:14b), fournies par son Créateur, il fauche l’herbe comme un bœuf (40:15a) — inoffensif aussi quand il n’est pas réveillé, car les autres bêtes s’amusent dans le même pâturage (40:15b). Il s’allonge à l’ombre des lotus et se repose (40:16-17), car il ne craint rien, même si un déluge furieux cherche à l’engloutir (40:18). Peut-on le prendre au piège, comme un animal plus petit, ou le retenir avec une corde et un anneau dans les narines ? (40:19).


(*) note bibliquest : Le verset 14 de Job 40 selon la version autorisée KJV énonce « Il est le chef [chief] des voies [ways] de Dieu », tandis que Darby traduit « Il est la première des voies de Dieu ».


En d’autres termes, ce béhémoth est une bête indomptable et incontrôlable. Il n’est d’aucune utilité pour le service de l’homme. Toute cette description donne l’impression d’une puissance absolue utilisé à des fins purement égoïstes. Il vit pour lui-même, refusant de mettre sa force au service d’autrui.

Et pourtant, il n’est qu’une créature, dotée par Dieu d’une force surhumaine, pour Ses desseins pleins de sagesse. Que Job et tous ceux qui sont tentés de se fier à leur propre force, soit du corps comme ici, soit du cœur et de l’esprit, considèrent de près cette créature auto-suffisante et à qui rien ne résiste. Combien leur propre bras leur paraîtra dérisoire.


7.3.2 - [Significations possibles]

Certains ont pensé que cette créature devait représenter Satan, dans son caractère de Prince des créatures de Dieu (Ézéchiel 28), excellant en force et en orgueil. Il en serait de même pour le Léviathan, au chapitre suivant. Les deux bêtes représentent la puissance et l’orgueil. Il faut donc avouer qu’il ne semble pas tout à fait fantaisiste de dire avec Wordsworth : « Il semble probable que le béhémoth représente le Malin agissant dans les éléments animaux et charnels de la constitution propre à l’homme, le léviathan symbolisant le Malin agissant comme ennemi extérieur, en dehors de nous ; et le Béhémoth comme l’ennemi qui est en nous ».


7.3.3 - [Comme l’antichrist. L’esprit d’apostasie dans la profession religieuse]

Mais en tant que « l’esprit qui opère maintenant dans les enfants de la désobéissance » (Éph. 2:2), nous pouvons considérer ces créatures comme des figures d’hommes mauvais animés et contrôlés par Satan, plutôt que comme Satan lui-même. À titre de simple suggestion, on peut se demander si, dans le béhémoth, la créature de la terre, nous n’avons pas une figure de « l’homme de péché », la Bête qui monte de la terre (2 Thess. 2 ; Apoc. 13:11-18). Il représenterait ainsi l’Antichrist, l’homme sans foi ni loi, qui est l’aboutissement de tout le mal en relation avec le peuple professant de Dieu.

Or « maintenant déjà, il y a plusieurs / beaucoup d’antichrists » (1 Jean 2:18) ; ne pouvons-nous pas découvrir dans cette créature hideuse ce « mystère d’iniquité qui opère déjà » (2 Thes. 2:7a), c’est-à-dire ce développement insidieux du mal qui, revendiquant extérieurement une place parmi les créatures de Dieu au service de l’homme, en réalité s’exalte jusqu’à la négation ultime de tout ce qui est appelé Dieu ! Cet esprit d’antichrist est tellement répandu dans la profession religieuse d’aujourd’hui ! il nie le Père et le Fils, il se vante de sa propre suffisance, se glorifie de sa propre force et de ses réalisations, il vit pour lui-même. C’est ce qui est à l’œuvre aujourd’hui, se nourrissant de la brebis timide et du bœuf serviteur, tout en étant totalement différent d’eux.


7.3.4 - [Comme le péché dans la chair]

Il n’y a pas lieu de s’étonner que Dieu parle ainsi du mal dans un temps reculé comme celui de Job. En effet, le péché a eu ce caractère dès le commencement, mais il s’est développé dans le plein déploiement de sa nature au fur et à mesure que la révélation progresse. Pour Job, le Béhémoth représenterait la créature d’orgueil qui prospère au sein de ceux qui professent être le peuple de Dieu. S’il se demandait qui était le pendant de cette bête malfaisante, il ne pouvait trouver de consolation en regardant Éliphaz ou ses compagnons. Dans l’orgueil de sa propre justice, « se présentant lui-même comme étant Dieu » (2 Thes. 2:4), il aurait un aperçu de cet être maléfique qui, un jour, se développerait dans toute la plénitude d’une apostasie hideuse. Quelle révélation plus terrible du mal de l’orgueil pouvait-il avoir, ou pouvons-nous avoir ? La propre justice, la recherche de soi, l’orgueil de la conduite ou du caractère, la négation d’avoir aucun besoin de Christ et de Dieu… voilà le péché dans la chair — incorrigible et hideux. Qui peut le soumettre ou changer sa nature ?

Et pourtant, le béhémoth est sous contrôle, mais pas par l’homme. Dieu est au-dessus de tout, et « Celui qui retient le fera jusqu’à ce qu’Il soit loin » (2 Thes. 2:7b). La chair sera contrôlée par l’Esprit ; et comme Celui-ci demeure dans l’Église, Il ne permet pas le plein développement de l’iniquité. De même, d’une manière correspondante, l’Esprit contrôle et entrave l’activité de la chair. « Marchez par l’Esprit, et vous n’accomplirez pas les convoitises de la chair » (Gal. 5:16).

Il en était de même au temps de Job ; il pouvait reconnaître en lui un principe mauvais que Dieu seul pouvait freiner, un principe qu’il apprit à avoir en horreur et à juger comme étant lui-même — laissant de côté pour un moment toute confiance consciente en Dieu ainsi que les fruits vraiment excellents de la grâce dans le cœur. Mais nous y reviendrons plus en détail dans un instant.


7.4 - Le Léviathan — l’orgueil de la créature se manifeste pleinement (Job 41)

La plupart des interprètes s’accordent à voir dans le « léviathan » le crocodile d’Égypte, décrit avec force détails. Alors que l’hippopotame est essentiellement un animal terrestre, le crocodile est principalement aquatique, mais tous deux sont amphibies. Cette créature est décrite d’une manière assez similaire à la précédente, mais beaucoup plus longuement. On peut donc chercher à reconnaître les différentes parties en lesquelles se divise la description. Il semble qu’il y en ait trois :

(1) Sa férocité indomptable (Job 40:20 à 41:2).

(2) Analyse de ses différentes parties (Job 41:3-15).

(3) Sa force prééminente (Job 41:16-25).


7.4.1 - [Type de l’esprit d’apostasie dans le gouvernement civil]

Avant d’entrer dans les détails, il convient de s’interroger sur la signification de cette bête par rapport à la précédente. Cette dernière, comme nous l’avons suggéré, représente l’esprit d’apostasie par rapport à la vérité révélée, culminant dans l’Antichrist, l’homme du péché. Comme bête sortant de l’eau, le léviathan suggère la première bête d’Apocalypse 13, la grande puissance mondiale, telle qu’elle apparaît dans les différentes bêtes de la vision de Daniel 7. Si le Béhémoth représente l’esprit d’apostasie dans la religion, le Léviathan représente l’esprit d’apostasie dans le gouvernement civil. Il s’agit du pouvoir mondial, plutôt que du pouvoir du faux prophète, et pourtant les deux sont étroitement liés. Mais cela est une anticipation de l’apogée dans les derniers jours. Le principe (indépendance de Dieu), qui cherche à se faire un nom, a été manifeste depuis les jours de Caïn, qui fonda une ville, et de Nimrod, le fondateur du premier grand empire mondial (Gen. 10:8-10). Cela ne se limite pas à une prééminence nationale ; le même esprit de forte volonté propre, ne supportant aucune contradiction, se manifeste également chez l’individu, une insoumission indomptable à l’égard de l’autorité. Qui a jamais lié et retenu la volonté orgueilleuse de l’homme ? Mais cela nous amène aux détails, tels qu’ils s’ouvrent à nous dans notre chapitre.


7.4.2 - [1er point — Férocité indomptable]

La question finale concernant le béhémoth conduit à une question similaire concernant le léviathan (40:20). Peut-on le capturer à l’aide d’un filet ou d’un hameçon, en appuyant une corde sur sa langue ? Peut-on le lier comme un poisson ordinaire avec une corde de jonc passée à travers les branchies ? (40:21). Est-il timide et servile, ou loyal et soumis ? (40:22-23). Peut-on en faire un jouet, comme un oiseau, pour amuser la maisonnée ? (40:24). Est-il un produit banal sur les marchés, qu’on achète et qu’on vend ? (40:25). S’il n’est pas pêché comme un poisson, est-il attaquable avec des fléchettes, avec des armes ? (40:26). Celui qui s’y est essayé se souviendra certainement de l’effroyable bataille, et n’essaiera pas de recommencer (40:27). Il est le désespoir de toute opposition ; personne n’ose l’agiter ni se dresser devant lui (41:1).

S’il en est ainsi pour cette simple créature, qui peut tenir tête au Créateur ? (C’est ainsi qu’il faut rendre Job 41:1c : « Qui se tiendra devant moi ? »). Cela conduit à 41:2 : « Qui a d’abord donné à l’Éternel pour qu’il puisse exiger qu’on lui rende la pareille ? ». Ou, comme le demande l’apôtre, « Qui lui a donné le premier, et il lui sera rendu ? » (Rom. 11:35).

Dans toute cette première partie de la description, nous avons le caractère féroce, inapprochable, indomptable de cette créature ; la déduction évidente est, comme nous l’avons déjà indiqué, que si la créature est si puissante, que doit être le Créateur ? Mais, comme nous l’avons dit, nous sommes amenés à attendre quelque chose de plus que cette déclaration de la grandeur et de la puissance de Dieu. Ce n’est pas seulement un pouvoir puissant qui est décrit, mais une puissance pour le mal. Ainsi, Satan est appelé le dragon (Apoc. 20:2), et en tant que gouvernant la terre, par l’intermédiaire de son instrument le dominateur de l’Égypte, il est dit de lui : « En ce jour-là, l’Éternel visitera avec son épée redoutable, grande et forte, et châtiera le léviathan, le serpent perçant, le léviathan, le serpent tortueux, et il tuera le dragon qui est dans la mer » (Ésaïe 27:1, 12, 13). Il est remarquable qu’il soit ainsi parlé du maître du monde. Le lien avec la puissance du mal, dont il est question dans notre chapitre, n’est-il pas manifeste ?

La domination de l’homme, opposée à celle de Dieu, combien on a souvent vu cela ! En la personne de Nebucadnetsar, cet orgueil s’est manifesté au sommet même de la grandeur de Babylone. Et depuis son époque, combien de rois ont rêvé de régner sur le monde — les Mèdes, les Grecs, les Romains et tous les petits Césars depuis ce jour. Combien ils ont été féroces et cruels, intraitables, indomptables. Qui pouvait se disputer avec eux au zénith de leur puissance — « souviens-toi de la bataille, n’y reviens pas » (40:27).

Job voulait-il se trouver en pareille compagnie — des gens qui, pour satisfaire leurs propres ambitions, voudraient chasser l’Éternel de Son trône ? Quelle affreuse méchanceté, quelle horreur !


7.4.3 - [Application individuelle]

Pour en venir à l’application individuelle, nous voyons dans ce « serpent tortueux » une figure de la volonté pervertie de l’homme. Tout péché a sa racine dans la désobéissance. On peut en sourire comme on veut, mais il n’y a rien de plus terrible que cette volonté propre — l’esprit charnel. La pensée de la chair « est inimitié contre Dieu, car elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, car aussi elle ne le peut pas » (Rom. 8:7). Les hommes peuvent rêver et planifier, et chercher à bannir la misère de la terre — mais même au milieu de ses gémissements, la création se moque des efforts humains pour soumettre sa propre volonté pervertie. Encore une fois, quelle horreur pour Job de trouver que de telles possibilités de mal et de rébellion sont tapies dans son propre cœur.


7.4.4 - [2ème point — Pouvoir de conquête des membres]

Venons-en aux détails. L’Éternel montre que non seulement la bête est irrésistible, si on la considère globalement, mais que chacun de ses membres présente la même puissance conquérante. En commençant par son museau effrayant, ses dents acérées et cruelles disposées en cercle, le Seigneur fait remarquer que tout a le même caractère. Les écailles sur sa tête et son corps sont, comme l’orgueil, une armure imperméable — chaque écaille étant reliée à sa voisine, et aucune jointure de l’armure ne peut être percée par une flèche. L’éternuement même d’une telle créature est comme une lumière sulfureuse provenant de feux cachés à l’intérieur (41:9-12) ; ses yeux brillent comme les rayons du soleil levant (41:9b). Comme les chevaux de la sixième trompette, sa gueule crache « du feu, de la fumée et du soufre » (Apoc. 9:17). Son cou, incarnation de la force, ne fait pas danser la joie devant lui, mais le désespoir : il est le héraut de la misère (41:13). Ses flancs, habituellement une partie vulnérable chez les animaux, non protégée par les côtes, sont compacts et imperméables (41:14). À l’intérieur se trouve un cœur de pierre, indifférent à toute peur (41:15).

Telle est la description de la bête elle-même ; nous pouvons croire que la réalité spirituelle est incroyablement plus terrible. Un empereur satanique sur le monde ! — Féroce, impitoyable, « respirant menaces et meurtres » (Actes 9:1). Qui ose le défier en face ? Quelle arme peut pénétrer son armure ? Les feux cachés de l’abime s’allument dans ses éternuements, ses menaces et ses paroles, lorsqu’il ouvre la bouche pour blasphémer contre Dieu, pour blasphémer Son nom et Son habitation, et ceux qui habitent dans le ciel » (Apoc. 13:6). Quelle raideur de cou non brisé, qui fait tout plier devant lui, remplissant la terre de ruine et le cœur des hommes de malheur ; une orgie de misère, un carnaval de désespoir danse allègrement devant lui — l’épée, la peste et la mort, les accompagnateurs inévitables d’un pouvoir autocratique et satanique. Il n’y aura pas de « flanc » vulnérables dans « la Bête », capables d’être « tournés » comme les flancs d’une armée ; il ne connaîtra pas non plus la pitié. De son cœur inflexible jaillissent la haine, le mépris, la mort. Ceux qui ont refusé les tendres supplications du Cœur d’Amour, de Celui qui a dit : « Venez à Moi, vous tous qui peinez et qui êtes chargés, et Je vous donnerai du repos », seront écrasés par le cœur dur du conquérant du monde qui ne connaît ni l’amour ni la pitié.

Et Job abriterait-il en son sein ne serait-ce que le germe de toute cette horreur ? L’indépendance, la volonté propre, l’orgueil auraient-ils un lieu de repos dans son sein pour faire éclore une telle progéniture de l’enfer ? Telle est la volonté propre dans son essence, et tel est son plein développement — ‘féroce comme dix mille furies, terrible comme l’enfer’ (Milton). Voilà ce qui peut se cacher sous la belle apparence de l’homme. Même chez l’enfant de Dieu se cache une nature qui présente ces caractéristiques.


7.4.5 - [3ème point — Sa force prééminente. Invulnérabilité]

Revenant en quelque mesure aux premiers aspects de la description du léviathan, l’Éternel insiste sur l’invulnérabilité de cette bête. Les hommes forts en sont effrayés (41:16). Même si l’épée le touche, elle ne le blesse pas ; aucune arme, que ce soit à distance ou de près, ne peut atteindre un point vital (41:17). Le fer est piétiné comme de la paille, l’airain comme du bois vermoulu (41:18). La flèche ne peut le faire fuir, la pierre de fronde est comme de la balle de blé (41:19), il se moque des massues et des javelots (41:20). Son dessous n’est pas faible, mais semblable à des tessons solides (41:21). Son chemin écumeux à travers les eaux laisse un sillage comme un navire (41:22-23). « Il n’a pas son semblable sur la terre, il a été fait pour être sans crainte. Il regarde tout ce qui est élevé, il est roi sur tous les fils de l’orgueil » (41:24-25).


C’est là l’image divine de la créature, et peut-on douter qu’Il voulait aussi en tirer la description plus redoutable de « la Bête » et de la volonté propre qui l’animera ? « Qui est semblable à la Bête ? Qui peut combattre contre elle ? » (Apoc. 13:4). La « blessure mortelle » qui aura été guérie ne sera qu’une déclaration supplémentaire d’invulnérabilité. Elle « dévorera toute la terre, et la foulera aux pieds et l’écrasera » (Dan. 7:23). La « vase » même du peuple la protègera (41:21), pour un temps du moins. Le tourbillon qu’elle créera sur la terre, la marquant de ruines, fera voir sa trace (41:23). Il n’aura pas d’égal sur terre (41:24). De même que le crocodile est le roi de toutes les bêtes orgueilleuses (ou ‘fiers animaux’), de même cette Bête sera roi sur tous les ‘fils de l’orgueil’. Soit Job soit nous, devons-nous la respecter et contribuer à son royaume ? Sinon, il n’y a qu’un seul chemin ouvert pour lui et pour nous.


8 - Effet final des paroles de l’Éternel sur Job (ch.42), et « La Fin du Seigneur »

8.1 - Job complètement humilié (Job 42:1-6)

Cette partie constitue le lien entre la dernière partie du discours de l’Éternel et la dernière division principale du livre (« la fin du Seigneur »). En tant qu’elle montre l’effet des paroles de l’Éternel sur Job, elle appartient à la division concernant les discours de l’Éternel ; en tant qu’introduction à la conclusion de tout le livre, elle appartient à la brève et dernière division du livre (« la fin du Seigneur »). Comme il y a eu un premier effet sur Job de la première partie du discours de l’Éternel (39:36-38), cette partie (42:1-6) est l’expression de l’effet foudroyant que les paroles de l’Éternel ont eu sur Job.

Job répond de nouveau aux paroles percutantes et humiliantes de l’Éternel. Il réitère sa confession de manière complète. Il reconnaît la toute-puissance de Dieu et le fait qu’Il ne peut être contrecarré dans Ses desseins, qui démontrent Sa puissance, Sa sagesse et Sa bonté aussi pleinement que Ses œuvres. Il s’agit d’une reddition complète et d’un renversement de tout ce qu’il avait dit auparavant contre Dieu.

Citant les paroles mêmes de l’Éternel, il se demande : « Qui est celui qui obscurcit le conseil ? » (38:2 ; 42:3) — Qui ose jeter de l’ombre sur le Tout-Puissant ? Il y a des mystères dans Ses voies, comme dans toute la création et la providence ; mais on ne gagne rien à se révolter contre ces mystères du conseil divin. Lui, un homme qui ne connaissait pas les vérités les plus élémentaires de la nature dans leur « sens caché », avait dit des choses qui dépassaient la portée de l’intelligence finie ; il avait donc parlé de manière folle. Quelle différence d’avec le pieux psalmiste : « Connaissance trop merveilleuse pour moi, que je ne puis atteindre » (Ps. 139:6). Il s’était immiscé dans les choses de Dieu et avait osé dire du mal de la toute-puissance divine et de la bonté divine !

Appliquant les paroles de l’Éternel à lui-même, Job demande : « Qui est celui-ci… ? Écoute, et je parlerai… ». C’est comme s’il voulait servilement s’incliner devant ces questions en les répétant, et qu’il donnait sa réponse à son divin Interrogateur. Et quelle réponse ! La seule réponse que l’orgueil humain puisse donner à Dieu : « Mon oreille avait entendu parler de Toi » — Job avait été correctement instruit d’une manière générale, mais il avait seulement appris au sujet de Dieu, — « mais maintenant mon œil T’a vu » — il avait été mis face à face avec Dieu, non pas certes visuellement, bien qu’il y ait eu la gloire terrible dans le ciel, mais il avait eu une perception de Dieu dans son âme par sa raison éclairée, et surtout par sa conscience. Dieu s’était approché, personnellement, et Job était conscient de la sainteté inexprimable, ainsi que de la puissance qui sont les Siennes. Auparavant, il s’était trouvé en présence d’hommes, et il pouvait tout à fait tenir tête aux meilleurs d’entre eux. Mais en présence de Dieu, aucune créature ne peut se glorifier, et Job se trouvait enfin dans cette glorieuse et sainte Présence. Tous les « haillons sales » d’une justice personnelle imaginaire lui étaient ôtés, et il se tenait debout dans toute la nudité et l’horreur de l’orgueil et de la rébellion contre Dieu. « C’est pourquoi j’ai horreur… » de quoi ? De tout le passé, de tous les soupçons injustes, de toutes les accusations brûlantes, de toutes les lamentations désespérées et agitées ? Oui, bien plus : de l’auteur et la source de tout cela : « J’ai horreur de moi ». Car sans aucun doute la repentance de Job allait au-delà du simple jugement de ses paroles ; il se jugeait lui-même. Ainsi, l’absence même du pronom souligne la pensée : « J’ai horreur… » ; je me distingue devant tous les hommes en le décrivant par un seul mot : « horreur ».

C’est ainsi qu’il prend la place qui lui revient — la place qu’il avait prise extérieurement au commencement — dans la poussière et dans la cendre. Il est celui qui se lamente en vérité, le vrai repentant, il se lamente lui-même, il se repent de lui-même, une douleur et une pénitence bien plus profonds que n’importe quelle simple reconnaissance d’actes et de paroles.

Nous pouvons dire que ce sont les paroles que le Seigneur attendait depuis longtemps. Il ne les avait pas entendues aux jours de prospérité du patriarche, bien que sa piété n’ait jamais été contestée. Quel que soit l’objectif sinistre de Satan dans toutes ces souffrances infligées à Job, le dessein de Dieu était de susciter précisément cette confession. Et pourquoi ? Pour l’humilier ? Non, mais pour lui donner la vraie gloire — pour lui donner le privilège, en sortant de la poussière, de contempler la gloire de l’Éternel et de ne plus jamais avoir de nuage sur son âme. L’expérience ne valait-elle pas la peine ? Il n’y a qu’une seule réponse. Puissions-nous tous la donner.


8.2 - « La fin du Seigneur ». Le résultat des voies divines avec Job (Job 42:7-17)

« La fin du Seigneur » (Jacq. 5:11). Le résultat des voies divines avec Job, le rétablissant dans une bénédiction plus grande qu’auparavant (Job 42:7-17).


Job a appris sa leçon, et nous pourrions bien le laisser assis dans les cendres, toujours affligé, mais heureux dans sa joie nouvellement trouvée : la pleine connaissance de Dieu. Il aurait pu « boiter sur sa cuisse » (Gen. 32:31, Jacob à Peniel) pour le reste de ses jours, sans avoir besoin de notre pitié.

Mais ce n’est pas la manière de Dieu de châtier inutilement, même dans la vie présente de douleur. « Ce n’est pas volontiers qu’il afflige » (Lam. 3:33). Nous devons donc voir « la fin du Seigneur », le rétablissement extérieur et la restauration de celui qui souffrait. C’est ce qui nous est présenté dans cette brève conclusion du livre.

Aussi brève qu’elle soit, elle est très importante. Job ayant déjà pris sa place, l’Éternel fait prendre la leur aux trois amis, non seulement devant Lui, mais devant celui qu’ils avaient si injustement soupçonné et si gravement calomnié.

Le rétablissement de la santé, de la richesse, de la famille et de l’honneur est décrit en quelques mots, et nous voyons pour la dernière fois le patriarche dans une heureuse vieillesse, à la fin de sa vie. Les divisions sont simples :

(1) Les amis restaurés (Job 42:7-9).

(2) Rétablissement de l’ancien état de Job (Job 42:10, 11).

(3) Retour à la prospérité (Job 42:12-15).

(4) La fin (Job 42:16, 17).


8.2.1 - [Les amis restaurés, holocaustes et prière]

8.2.1.1 - [Rétablir l’honneur de Dieu]

Dieu doit d’abord maintenir Son propre honneur. C’est la base de toute bénédiction pour la créature. S’il était possible de concevoir que Son honneur soit renversé, tout tomberait dans un chaos sans espoir. Ce principe est toujours en avant dans l’Écriture : « Au commencement, DIEU… ». La première partie de la loi est consacrée à Sa gloire ; les premières demandes de la « prière du Seigneur » [‘le Notre Père’] s’y rapportent. L’Évangile est fondé là-dessus, et dans l’éternité, le ciel et la terre le manifesteront à un univers en adoration.


8.2.1.2 - [Réprimande des amis]

Nous ne devons donc pas nous étonner que Dieu s’adresse à Éliphaz et à ses amis avec une sévère réprimande pour leur rôle dans la controverse qui s’est si heureusement terminée pour Job. S’adressant à Éliphaz, le chef de file des trois, l’Éternel déclare Sa colère contre eux tous, parce qu’ils n’ont pas parlé de Lui comme il convenait, comme l’avait fait Son serviteur Job. Et pourtant, toute leur argumentation avait apparemment porté sur la justice de Dieu ! Ne l’avaient-ils pas soutenue dès le début, avec maintes descriptions nobles et maintes dénonciations cinglantes du mal ? N’avaient-ils pas accusé Job d’iniquité en dépit de l’absence totale de preuves et de faits bien connus prouvant le contraire ? Zélés pour l’honneur de Dieu ! — cela avait été leur seul sujet.

Du moins en apparence. Mais Dieu n’accepte pas l’honneur au détriment de la vérité. C’est Sa gloire que tous Ses attributs se fondent dans une lumière harmonieuse. Peut-Il accepter que Son caractère et Ses voies soient justifiés sur la base d’une fausse accusation ? Cela aurait mis le stigmate de la méchanceté et de l’hypocrisie sur un homme dont Il avait Lui-même déclaré : « Il n’y a personne sur la terre comme lui, parfait, droit et craignant Dieu, et se retirant du mal ». Pouvait-Il laisser passer une théorie de la souffrance aussi monstrueuse que celle formulée par ces hommes, à savoir que la souffrance est toujours le doigt infaillible pointé sur la méchanceté ? Que tout est dans la colère ? Qu’en est-il alors de la mise à l’épreuve des Siens, de l’effet sanctifiant du châtiment ?

En vérité, en parlant de Job comme ils l’avaient fait, ces hommes diffamaient en réalité le caractère de Dieu. Il ne pouvait pas l’accepter, ni leur permettre de rester impunis. Il ne voulait pas avoir à faire avec eux tant qu’ils n’auraient pas rectifié la situation par la confession et le sacrifice.


8.2.1.3 - [Job avait-il parlé comme il convient ?]

« Comme l’a fait mon serviteur Job » (42:7). Quand Job a-t-il parlé « comme il convient » ? Sûrement pas lorsqu’il se livrait à des accusations amères contre Dieu. Nous ne pensons pas non plus spécialement aux éclairs de foi exprimés dans les intervalles : « J’espérerai en Lui » (13:15), « Je sais que mon Rédempteur est vivant » (19:25), ni aux nobles paroles sur la sagesse. Tout cela est très vrai, excellent et beau ; tout cela est à sa place après la confession et la repentance sur lesquelles nous venons de nous arrêter.

Le fait de parler de l’Éternel comme « comme il convient », c’est le fait de prendre et de garder la place de la créature pécheresse qui ne peut pas comprendre la moindre de ces voies parfaites — de ces voies qui sont justes alors qu’elles semblent très mauvaises. C’est la déclaration que Dieu est Dieu — l’Éternel, celui qui existe par Lui-même, et qui est parfait ; le plus sage, le plus juste, le plus bon et le plus puissant ; le plus juste et le plus saint dans toutes Ses voies, quelles qu’elles soient. Il peut être entouré de « nuées et d’obscurité », mais, béni soit Son nom, « la justice et le jugement sont la base de Son trône » (Ps. 97:2 ; 89:14).


8.2.1.4 - [La manière de Dieu de restaurer]

Voilà donc la leçon que Job avait apprise — pour lui-même et pour les autres. Que ces sages montrent leur sagesse en se présentant humblement devant Dieu sur ce terrain. Lui ne les avait pas bannis, mais Il voulait qu’ils soient approchés de la seule façon dont l’homme peut s’approcher, par le sacrifice. Qu’ils prennent les sept taureaux (une soumission et un service parfait jusqu’à la mort) et les sept béliers (un dévouement total de toute l’énergie) et qu’ils les offrent en holocauste. Le pauvre Job incompris n’est pas perdu de vue non plus ; lui intercédera pour eux, de peur qu’ils ne récoltent le fruit de leur folie, « car lui, Je l’aurai pour agréable » (42:8).

Combien la réprimande est complète, combien la restauration est pleine de grâce, quelle tendresse dans l’association de Job à ce processus !


8.2.1.5 - [L’éclairage du Nouveau Testament]

Et nous qui avons la pleine lumière de la grâce de Dieu, quelle image parfaite nous en avons ici ! L’honneur de l’homme est rabaissé, ses choses excellentes sont vues comme de la folie, et il en est détourné — détourné de ce qui est bon comme de ce qui est mauvais — pour être tourné vers l’holocauste, vers Celui qui est notre Substitut parfait et pleinement suffisant. Dans le taureau, nous Le voyons dans toute la force d’un service humble, « obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix ». En tant que bélier, nous voyons une dévouement d’énergie Le conduisant au « sacrifice suprême ». Oh ! où est la justice humaine, l’obéissance humaine, à la lumière de cette « merveilleuse croix » !

Remarquez que ce n’est pas un sacrifice pour le péché que les amis doivent apporter, bien que leur sacrifice comprenne l’expiation du péché ; ce n’est pas non plus un sacrifice de prospérité, bien qu’il appelle à la plus haute communion. Il s’agit de la première grande offrande, fournie par les voies de Dieu à l’époque des patriarches, dans laquelle tout est pour Lui. Ainsi, Celui qui est venu, en remplacement de tout « sacrifice et toute offrande », pouvait dire : « Voici, je viens, ô Dieu, pour faire Ta volonté. C’est par cette volonté que nous sommes sanctifiés par l’offrande du corps de Jésus-Christ, faite une fois pour toutes » (Héb. 10 10).

Et à ce sacrifice efficace à tous égards est liée l’intercession de l’homme qui a appris sa leçon, et qui, en figure, ne s’est glorifié que dans la Croix. Pensons à Job, debout, main dans la main avec ces amis, et confessant leur péché et intercédant pour eux. Il n’y a plus d’accusation acerbe : « Vous êtes tous des consolateurs fâcheux », ni de sarcasme amer : « Vous êtes les seuls hommes, et avec vous mourra la sagesse » (12:2). Accusés et accusateurs détournent leurs yeux les uns des autres pour regarder cet Holocauste, et y voir leur acceptation commune.


« Je voudrais cacher mon visage rougissant quand Sa forme bénie apparaît,

Et fondre mon cœur en reconnaissance,

Et faire fondre mes yeux en larmes. »


Il est très significatif que le livre se termine comme il a commencé, par l’holocauste (Job 1). Christ est la Fin comme Il est le Commencement. CHRIST EST TOUT.


8.2.2 - [Rétablissement complet et prospère]

(2) Maintenant, l’Éternel peut lever Sa main de dessus de celui qui souffre, et rétablir son ancien état (litt. : ‘tourner la captivité’ douloureuse) et donner un rétablissement complet et prospère. Job peut dire : « J’ai reçu le double des mains de l’Éternel » (42:10). Ses proches et ses connaissances, qui l’avaient fui et méprisé, reviennent avec des cadeaux et l’expression de leur sympathie (42:11).

Nous ne devons pas penser que c’est de l’absence de cœur, ou une simple forme. Dieu mettait dans leur cœur de reconnaître Son approbation et Son acceptation à l’égard de Son serviteur. Toutes ses richesses sont doublées : le bétail, les moutons et tout le reste. Qu’est-ce que de tels détails pour Celui qui est le Possesseur du ciel et de la terre ? (Gen. 14:19,22).

Un enfant de Dieu qui souffre murmure-t-il : « Oh, s’il en était ainsi pour moi, si je pouvais voir la santé, la prospérité et les êtres chers rétablis ? ». Ah, qu’avons-nous encore maintenant ? La connaissance de Dieu en Christ, l’habitation de l’Esprit, la Parole de Dieu complète et entière. Et juste au-delà des souffrances « pour un peu de temps », une « mesure surabondante d’un poids éternel de gloire ». Pouvons-nous nous plaindre ? Attendons plutôt avec patience « la rédemption de la possession acquise » (Éph. 1:14). Aussi sûrement que la « captivité de Job a été transformée », aussi sûrement chaque enfant de Dieu qui souffre entrera dans l’héritage « incorruptible, sans souillure et inflétrissable » (1 Pierre 1:4).


8.2.3 - [Surabondance dans la restauration]

(3) Nous voyons maintenant la pleine manifestation de cette restauration. Non seulement tous ses biens sont doublés, mais sept fils et trois filles lui sont donnés. S’agit-il d’une exception à la double dotation ou n’est-ce pas plutôt une allusion au fait que les enfants précédents, sept fils et trois filles, ne sont pas perdus, et qu’il les retrouvera un jour, à la résurrection, et qu’il constatera alors que tout a été effectivement doublé ?

Les noms des filles sont donnés, sans doute avec des significations divines. Jemima, « une colombe » [selon JND : « belle comme le jour »] ; Ketsia, « casse » ; Keren-happuc, « une corne de peinture » ou ornement [selon JND : « flacon de fard »]. Ce sont les fruits des épreuves de Job. La colombe suggère la douceur, la paix et l’amour de l’oiseau de la douleur. La casse évoque le parfum qui s’est dégagé de ses meurtrissures, et la corne d’ornement évoque « l’ornement au lieu de la cendre » (És. 61:3) qui est maintenant le sien. L’amour et la paix, le parfum, la beauté : voilà ce qui découle de nos douleurs. Il n’y a pas de filles aussi belles que celles-ci. Leurs enfants se groupent aux genoux de Job pour lui donner la joie de la jeunesse dans sa vieillesse (42:16).


8.2.4 - [Rassasié de jours]

(4) C’est ainsi que ce cher homme disparaît de nos yeux, « vieux et rassasié de jours ». Il aurait dit autrefois « rassasié de nuits », mais la lumière a brillé sur lui, et il marche dans cette lumière jusqu’au « jour parfait ».


« As-tu considéré mon serviteur Job ? » (1:8 ; 2:3).


« Vous avez entendu parler de la patience de Job, et vous avez vu la fin du Seigneur, savoir que le Seigneur est plein de compassion et miséricordieux » (Jacq. 5:11).