Articles divers sur « épreuves et encouragements »

Maurice-Jean Koechlin


Table des matières :

1 - Tout va bien — 2 Rois 4:23-24

2 - La femme de Sunem — 2 Rois 4:8-37

3 - Le crible — Luc 22:31

4 - « Qui nous roulera la pierre ? » — Marc 16:3


Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest


1 - Tout va bien — 2 Rois 4:23-24

M.E. 1939 p. 261

« Et elle dit : Tout va bien. Et elle fit seller l’ânesse et dit à son jeune homme : Mène-la, et marche, ne t’arrête pas dans la course à moins que je ne te le dise » (2 Rois 4:23-24).

Tout va bien. Et pourtant à vue humaine, tout semblait aller bien mal pour cette pauvre femme. Son enfant unique, bien-aimé, était mort et devant la mort il n’existe plus aucune ressource humaine. Tout paraissait aller mal, car que pouvait être la vie pour elle, sans l’enfant qu’elle avait tant désiré, que Dieu lui avait donné et qu’Il venait de lui reprendre.

Tant qu’elle l’avait tenu sur ses genoux, elle avait pu espérer le voir se remettre, mais maintenant tout semblait fini. L’enfant était mort et aucune puissance humaine n’eût été capable de lui rendre la vie. Cependant, alors qu’il n’y avait plus de secours possible de la part des hommes, alors que tout allait si mal, la foi a montré à cette femme un chemin, le seul dans lequel tout irait bien parce que c’était celui qui, quoique passant par la vallée de l’ombre de la mort, montait au Carmel. « Tout va bien », a pu dire la Sunamite à son mari, parce qu’elle savait que, sur cette montagne du Carmel et là seulement, il y avait un homme de Dieu capable de lui rendre son enfant, capable de transformer ses pleurs en joie.

Et sa foi n’a pas été déçue. Son fils lui a été rendu et la femme, tombant aux pieds de celui qui lui avait dit : « Prends ton fils », se prosterna en terre.

Ne sommes-nous pas tentés de dire maintenant : « Tout va mal ». La guerre est déclarée, les puissances du mal paraissent déchaînées dans le monde, tout est ruine, misère et mort. Nos amis, nos frères, nous-mêmes aussi et nos enfants, nous sommes ou pouvons être entraînés dans la tourmente. Foyers détruits, deuils, pleurs, aucun de nous ne peut dire qu’il sera épargné. Tout ce sur quoi l’homme se repose est ébranlé. Tout va mal… non, tout va bien.

Tout va bien sur ce chemin qui monte. Élevons les yeux vers les montagnes d’où vient notre secours. Vers la montagne au sommet de laquelle nous voyons l’Homme-Dieu, Jésus, celui qui sympathise avec nous, qui, dans toutes nos détresses, a été en détresses, qui étend ses mains d’en haut, nous arrache et nous délivre des grandes eaux, qui entend notre cri et nous sauve, qui est puissant pour nous secourir, pour nous garder de tout mal, pour garder nos âmes.

Que cette parole : « Tout va bien », soit continuellement sur nos lèvres, et soit une réalité pour nos cœurs. Ne soyons pas comme ceux qui n’ont pas d’espérance, mais, même si nous avons à endurer un grand combat de souffrances, si nos biens terrestres les plus précieux nous sont enlevés, acceptons-le avec joie, sachant que nous avons pour nous-mêmes des biens meilleurs et permanents. C’est par notre attitude à l’heure de l’épreuve que nous montrerons notre foi et que nous glorifierons notre Maître au yeux de ceux qui nous entourent.

« Celui qui marche devant nous est assez grand pour qu’on ne le perde pas de vue », écrivait un soldat aux siens, lors de la dernière guerre. Que le Seigneur nous accorde de garder les yeux fixés sur Lui et nous pourrons alors dire avec foi : « Tout va bien ».

« Ne m’arrête pas dans ma course », disait la Sunamite à son jeune homme. Que rien ne nous arrête en effet. Il répondra à notre foi parce qu’Il nous aime et, comme cette femme, nous pourrons, tombant à Ses pieds, nous prosterner en terre et l’adorer.


Qu’il me faille affronter tourments, combats, épreuves,

Passer par le creuset où l’on affine l’or,

Entrer dans la fournaise ou traverser les fleuves,

Il reste mon Sauveur, mon guide, mon trésor.


Non, je ne craindrai rien ! ni Satan, ni le monde,

Ne pourront me ravir des bras du bon Berger.

Là je savoure en paix sa charité profonde ;

Là je suis pour toujours à l’abri du danger.


2 - La femme de Sunem — 2 Rois 4:8-37

M.E. 1979 p. 141

L’Ancien Testament a été appelé le « livre d’images » du Nouveau. Le Seigneur Jésus, en particulier, nous y est présenté par bien des personnes. Des hommes certes, avec leurs manquements et leurs fautes, et s’ils préfigurent le Seigneur, c’est comme pour nous dire : Dans une circonstance semblable, Lui a agi dans la perfection. Ainsi par leur faiblesse même, ces « types » de l’Ancien Testament parlent à l’avance des gloires de Celui qui devait être le Modèle parfait, et mettent en relief le Seigneur Jésus lui-même. Parfois, deux personnes sont associées pour mieux le représenter dans ses différents caractères. Ainsi Moïse et Josué qui étaient chargés, l’un de faire sortir le peuple d’Israël du pays d’esclavage, l’autre de l’introduire dans le pays de Canaan. Jésus est celui qui, comme Moïse, nous a fait sortir du pays d’esclavage, passer la mer Rouge, traverser le désert, et enfin, comme Josué fit entrer le peuple en Canaan, nous fait pénétrer dans le ciel même. Il en est de même de David, le roi souffrant persécuté, suivi de Salomon, le roi de gloire. Comme David, Christ a été dans ce monde le roi rejeté, et ceci nous permet de trouver dans ses psaumes les paroles mêmes de Jésus. Mais aussi, comme Salomon, le Seigneur sera établi sur ce même monde, comme le glorieux Prince de paix.

Dans les livres des Rois nous avons pareillement deux hommes, Élie et Élisée, qui ensemble nous parlent à l’avance du Seigneur Jésus. Élie a été le fidèle témoin de l’Éternel qui s’est trouvé seul en présence des quatre cents prophètes de Baal et a été ferme devant tous. Il y avait encore sept mille fidèles en Israël, mais lui seul a rendu un témoignage public. Il a été un remarquable modèle de justice et d’obéissance à la loi. Élisée complète Élie : c’est le prophète de la grâce. La loi et la grâce sont toutes deux représentées en Jésus. Toute une série de récits nous sont donnés au sujet d’Élisée. Leur extrême intérêt provient de ce qu’ils nous parlent tous de Christ et de ce que sa grâce a fait. Lui seul a été le modèle de la grâce, la grâce en personne dans ce monde. Il a été en même temps celui qui a constamment revendiqué ici-bas les droits de Dieu son Père.

Or, de même que le Seigneur a eu affaire ici-bas avec tel homme ou telle femme chez qui s’est montrée la foi, Élisée, comme Élie, a rencontré des âmes préparées par Dieu. Cette femme de Sunem a le privilège de recevoir l’homme de Dieu chaque fois qu’il passe dans cette ville. Le désir naît en elle de lui aménager une petite chambre. Elle veut qu’il se trouve comme chez lui lorsqu’il est dans sa maison. Ainsi, chaque fois qu’Élisée passait à Sunem, il était sûr de trouver cette chambre haute, tranquille, hospitalière. Elle ne lui offrait pas de luxe ni rien de superflu : un lit, une table, un chandelier. Mais il n’en fallait pas plus à l’homme de Dieu ; il n’en fallait pas moins non plus. Avons-nous tous dans nos cœurs cette place pour le Seigneur, une place préparée pour lui seul ? La femme a fait construire cette chambre spécialement pour l’homme de Dieu ; c’est un endroit où il pouvait se retirer lorsqu’il venait là. Nous pensons à la maison de Béthanie où le Seigneur aimait à se rendre, en particulier la dernière semaine qu’il a passée sur la terre. Sortant de Jérusalem, il allait à Béthanie, où il trouvait un lieu pour lui chez ceux qu’il appelait ses amis : « Jésus aimait Marthe, et sa sœur, et Lazare ». En retour Élisée aurait voulu faire quelque chose pour cette femme (v. 13). Que puis-je désirer d’autre ? répond-elle, je suis là au milieu de mon peuple. Cela ne nous suffit-il pas d’« habiter » où le Seigneur a promis sa présence, autrement dit de demeurer dans l’Assemblée ? Ce n’est même pas une réponse que fait cette femme, c’est une déclaration magnifique : elle avait préparé dans sa maison une chambre pour Élisée et en même temps elle-même réalisait ce que nous trouvons à plusieurs reprises dans les Psaumes : habiter dans la maison de l’Éternel.

Heureuse femme ! Pourtant, nous allons le voir, il faudra qu’elle apprenne deux grandes et difficiles leçons. Leçons qui correspondent aux paroles du Seigneur à Marthe : « Je suis la résurrection et la vie » (Jean 11:25). Élisée, présent dans cette maison, va s’y révéler à cette femme comme apportant la vie d’abord et la résurrection ensuite. La Sunamite désirait un enfant. Soumise à ce que le Seigneur voulait pour elle, elle n’a pas exprimé cet ardent désir, mais il est porté à la connaissance d’Élisée, de même que le Seigneur discerne toutes les pensées de notre cœur. Si, comme cette femme, nous avons, pour ainsi dire, dans ce cœur la chambre haute où le Seigneur a sa place, il connaîtra nos besoins sans que nous les exprimions. L’Éternel donne à cette femme un enfant. Elle avait déjà appris à connaître Élisée, qui était un type du Seigneur. Elle trouve à présent en lui l’image de Celui qui donne la vie.

L’enfant a grandi. Mais comment comprendre ce qui arrive en ce jour de moisson ? Le voici qui meurt dans les bras de sa mère. Alors que fait cette femme ? Remplit-elle la maison de ses plaintes et de ses cris ? Nullement ! Elle n’en dit même rien à son mari. Elle n’exprime qu’une seule parole : « Tout va bien ». Son mari ne comprend pas. Ce n’est pas un jour consacré, la nouvelle lune, pourquoi s’occuper de choses religieuses ? Que faire chez l’homme de Dieu dans un jour ordinaire comme celui-ci ? Il n’a pas discerné sur le visage serein de sa femme que son fils était mort. « Tout va bien ». Tout n’allait-il pas en réalité mal pour cette femme ? Elle perdait son bien le plus précieux, ce fils donné alors que son mari était déjà vieux ! Non, pour sa foi tout va bien !

Mais elle sent le besoin de la présence d’Élisée. Il lui fallait rencontrer celui qui était pour elle ce qu’est le Seigneur Jésus pour nous. Et cela sans un instant de retard : « Marche ; ne m’arrête pas dans la course » (v. 24). Comment nous comportons-nous dans les moments où l’épreuve nous surprend ? Quelles pensées agitent nos esprits ? Des regrets peut-être, comme ceux qu’aurait pu avoir la Sunamite : pourquoi Dieu m’a-t-il donné cet enfant puisqu’il me l’enlève maintenant ? Va-t-elle chercher à droite ou à gauche des consolations et de l’aide ? Non, une seule personne lui est nécessaire. Et cette femme peut dire à celui qui la conduit : Oh ! ne t’arrête pas, il faut que j’aille le trouver ! Elle ne se propose pas de lui demander quoi que ce soit ; il faut seulement qu’elle soit avec lui ; elle a besoin de sa présence. Sans s’arrêter, elle poursuit sa course jusqu’à la montagne du Carmel. Élisée s’y trouve. Mais il ignore ce qui s’est passé. Il n’en est jamais ainsi du Seigneur. Lui sait toujours de quoi nous avons besoin. Élisée envoie son jeune homme Guéhazi, mais celui-ci n’obtient aucun résultat. Il personnifie la religion qui ne peut remplacer le Seigneur Jésus. Guéhazi a beau détenir le bâton du prophète, être envoyé par lui, rien ne remplace la présence personnelle de celui-ci. Il en est de même de la profession chrétienne par rapport à Jésus. Lui seul est la résurrection et la vie. Nous ne trouvons pas celles-ci dans la religion ni dans les dogmes. C’est Lui-même qui nous est nécessaire.

Que dit cette femme ? « L’Éternel est vivant, et ton âme est vivante, que je ne te laisserai point ! ». Une telle parole est agréable au Seigneur. Sommes-nous disposés à la lui dire : « Oh, je ne te laisserai pas, tiens-moi près de toi, avec toi partout où tu iras » ? Élisée se lève et s’en va avec la Sunamite. Il accède à son désir de même que le Seigneur répond à nos demandes. Si nous désirons sa présence, si nous l’appelons, il ne manquera jamais de nous répondre. Le prophète arrive, le voilà dans cette maison amie, mais nous constatons là encore une différence entre celui qui est un type de Christ et le Seigneur Jésus lui-même. Quand il s’est agi de ressusciter Lazare, Celui qui est la résurrection et la vie a pu dire : « Lazare, sors dehors ! Et le mort sortit ». Pour Élisée il n’en est pas ainsi. Il n’a ni l’autorité personnelle, ni la puissance du Fils de Dieu. Le miracle s’accomplit en quelque sorte difficilement. Élisée n’est qu’un serviteur, un homme ayant les mêmes passions que nous. Lui n’était pas la résurrection et la vie de sorte que, comme nous le voyons, ce n’est pas peu de chose pour lui que de rappeler un enfant à la vie. Dieu seul peut accomplir ce miracle à la demande de son serviteur.

Et voilà cet enfant qui ouvre les yeux. « Prends ton fils », dit alors le prophète à la femme. « Et elle vint et tomba à ses pieds, et se prosterna en terre ». C’est en effet la seule chose qui lui reste à faire. Ah, que de fois, quand nous avons reçu une réponse à nos prières, nous oublions ce qui devrait en être la suite immédiate. Quelle reconnaissance remplit le cœur de cette femme ! Le Seigneur ne nous demande rien en échange de ce qu’il nous donne. C’est un fait que nous remarquons dans les évangiles ; quand le Seigneur donne, que ce soit spontanément ou en réponse à une demande, il ne demande rien en échange. Il ressuscite le fils de la veuve de Naïn ; il donne la vue à des aveugles, guérit des malades sans poser de conditions. Lui qui nous a tout donné, n’a-t-il pas tant de fois répondu à des prières que nous n’avons même pas exprimées ? Il est celui qui lit merveilleusement dans les cœurs.

Que le Seigneur nous accorde, même lorsque tout peut paraître aller mal, dans nos circonstances personnelles ou même dans l’assemblée, de réaliser comme cette femme que tout va bien, parce que toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui l’aiment (Rom. 8:28). Et qu’il nous donne de réaliser, comme cette femme de foi, les paroles de ce cantique :


Partout avec Jésus ! Si ce tendre Berger

En des sentiers ardus me fait parfois marcher,

S’il m’éprouve souvent, et m’ôte ceux que j’aime,

Quand tout vient à manquer, il me reste Lui-même.


Partout avec Jésus ! Rien ne peut m’émouvoir.

Avec Lui, la mort même a perdu son pouvoir.

Il marche devant moi, m’encourage à le suivre.

Partout avec Jésus, pour mourir et pour vivre !


3 - Le crible — Luc 22:31

M.E. 1962 p. 151

Satan, en demandant d’avoir les apôtres pour les cribler, avait la pensée qu’après le criblage il ne resterait rien chez ces hommes d’acceptable pour Dieu. Réalisant peut-être qu’il était à la veille de subir une défaite de la part de Celui qui allait sortir victorieux du tombeau, il pouvait espérer compenser en quelque sorte cette défaite par une victoire sur ceux qui avaient été les compagnons du Seigneur pendant son ministère. Leur attitude et leurs propos paraissaient en effet justifier l’espoir de l’ennemi. Leur contestation pour établir « lequel d’entre eux serait estimé le plus grand » ne semblait-elle pas lui donner raison ?

En cela, comme en toute chose, Satan fait une œuvre qui le trompe. Dieu a permis le crible parce que tout ce qui était de l’homme en eux devait être éprouvé et jugé. Mais, tout cela une fois mis de côté, une chose allait résister à l’épreuve et être ainsi manifestée : c’est ce qui, chez les disciples, n’était pas de l’homme mais de Dieu ; c’est ce que le Seigneur avait produit en eux, le fruit de la nouvelle nature, une foi qui soutenue par les prières du Seigneur ne peut pas défaillir.

Le crible pouvait amener les disciples à s’enfuir en laissant le Seigneur seul, le crible pouvait amener Pierre à renier son Maître, mais Satan ne pouvait pas empêcher ces hommes, après la résurrection du Seigneur, de se trouver réunis autour de Lui, et, par l’Esprit, assemblés tous ensemble en un même lieu, d’annoncer les choses magnifiques de Dieu.

Satan est toujours encore là, le crible aussi, mais la ressource l’est également. Elle repose sur Celui qui a prié pour nous afin que notre foi ne défaille pas. Ne nous laissons donc pas abattre. Notre tendance naturelle est de nous opposer au criblage parce qu’il nous secoue désagréablement, parce qu’il nous enlève bien des choses auxquelles nous tenons : de la considération, du confort, des satisfactions humaines, peut-être même des amis et des parents. Tant de choses qui nous tiennent au cœur ou qui nous font grands à nos yeux.

Mais ce qui importe pour nous, ce n’est pas de retenir ce que le crible nous enlève, en nous y cramponnant, retenir des choses qui plaisent à la chair : ce à quoi la Parole nous exhorte, c’est à affermir ce qui reste, et à être vigilants pour que Satan ne nous prive pas de la jouissance de Celui que nous possédons et qu’il ne peut nous ravir.

Plus Satan fait d’efforts pour nous cribler, plus nous avons à veiller pour garder humblement, fidèlement, joyeusement jusqu’à sa venue ce qu’Il nous a confié : « Soyez fermes, inébranlables ». Si nous nous fondons sur la victoire de Christ, nous serons capables de tenir ferme. C’est là ce à quoi nous avons à nous exhorter l’un l’autre ; en le réalisant, nous ne serons pas découragés, et nous pourrons au travers des exercices et des difficultés aller en avant en vainqueurs et rendre grâces à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ.


4 - « Qui nous roulera la pierre ? » — Marc 16:3

M.E. 1961 p. 85

Elles avaient accompagné le Maître tout le long du chemin qu’Il avait suivi depuis la Galilée, ayant dressé sa face résolument pour aller à Jérusalem. Elles l’avaient servi, sans se mettre en avant, humblement, fidèlement, jour après jour. Elles l’avaient vu devant Pilate et avaient entendu la foule crier : « Crucifie, crucifie-le ». Elles étaient là, sans doute, lorsqu’Il avait été bafoué, injurié, frappé, couronné d’épines, objet des railleries et des coups de la part des soldats et de la foule. Elles l’avaient vu sortir portant sa croix, mené à Golgotha, cloué au bois, abreuvé de vinaigre. Elles avaient entendu son cri douloureux : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Il était tout pour leur cœur, puisqu’elles avaient tout abandonné par amour pour Lui, et leur cœur, saisi par son amour, avait été déchiré.

Pas plus que les disciples, elles n’avaient compris ses paroles, lorsqu’en chemin Il leur annonçait les choses qui devaient Lui arriver et leur parlait de sa résurrection. Que leur restait-il alors d’autre à faire, que d’accomplir jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à la tombe, leur humble service ?

Et voici ces femmes, le vendredi soir, regardant le lieu où on le mettait, pour le retrouver là à l’aube du premier jour de la semaine. Qu’au moins elles puissent encore voir dans le sépulcre leur Maître bien-aimé et Lui rendre, en embaumant son corps, un dernier hommage, une dernière marque de leur amour !

C’est ainsi que, de fort grand matin, cette petite troupe de femmes se met en route pour retrouver le Seigneur et approcher l’endroit où son corps gisait. Mais un obstacle, elles le savent, se trouve devant elles, un obstacle propre à les empêcher de le rejoindre, un obstacle insurmontable par leurs propres forces : une « fort grande » pierre ferme l’entrée du sépulcre. « Et elles disaient entre elles : Qui nous roulera la pierre ? ». Trouveront-elles sur place l’aide nécessaire pour la rouler ? Auraient-elles dû se faire accompagner par quelqu’un de plus fort qu’elles ? Avaient-elles bien fait de se rendre aussi matin au sépulcre, à l’heure où le lieu serait peut-être désert ? Tout cela occupait sans doute leurs pensées, mais ne les arrêtait pas dans leur course pour retrouver leur Seigneur, un Seigneur mort sans doute, dont elles ignoraient la résurrection, mais que Marie de Magdala pouvait appeler mon Seigneur.

Elles avaient peu de force, peu de connaissance, peu de mémoire, mais l’amour remplissait leur cœur et le Seigneur répond toujours à l’amour des siens, même faible et ignorant. Sa réponse précède même l’expression de leur besoin et va au-devant de leur foi. Ayant regardé, elles voient que la pierre est roulée. Comment ? Par qui ? Peu importe, l’accès au lieu où leur Seigneur avait été mis est ouvert ! Elles apprennent là ― réponse qui dépasse infiniment la faible foi de ces femmes ― que leur Seigneur, Celui qu’elles désiraient si ardemment voir, même mort, est ressuscité et qu’elles le verront de leurs yeux, vivant.

Que de fois n’avons-nous pas fait semblable expérience ! Nous avons rencontré sur notre route des obstacles souvent bien grands à nos yeux, qui même nous paraissaient insurmontables, et semblaient barrer à notre foi le chemin qui nous rapprochait du Seigneur. Des obstacles qui nous incitaient à chercher auprès des hommes une aide que le Seigneur seul pouvait et voulait nous accorder ; mais ces obstacles, dressés sur notre route, étaient là pour éprouver notre foi et notre amour et pour nous montrer que Celui que nous cherchions parmi les morts est vivant. Vivant pour intercéder pour nous. La pierre est roulée, pour nous ouvrir tout grand l’accès, non pas d’un sépulcre, mais du sanctuaire de sa présence.