Articles divers sur la marche chrétienne

Maurice-Jean Koechlin


Table des matières abrégée :

1 - Le rocher des siècles (És. 26:4) — Nombres 20

2 - Une joie accomplie

3 - Questions sans réponse

4 - Trois résurrections — Luc 7:11; Luc 8:40; Jean 11

5 - Sentinelle, à quoi en est la nuit ? — Éz. 3:17, 18; Jér. 6:16, 17; És. 21:11, 12; Ps. 130:6

6 - Zélé pour les bonnes œuvres — Tite 2:14

7 - L’amour et la vérité — 2 Jean 1-3

8 - Zachée — Luc 19:1-10

9 - Le Dieu de paix avec nous (Pensée) — Phil. 4:9

10 - Demeurer en Lui et Lui en nous


Table des matières détaillée :

1 - Le rocher des siècles (És. 26:4) — Nombres 20

2 - Une joie accomplie

2.1 - Jean 15:10-11 — l’obéissance

2.2 - Jean 16:24 — la dépendance

2.3 - 1 Jean 1:3-7 — communion les uns avec les autres

3 - Questions sans réponse

3.1 - Comment n’avez-vous pas de foi ? — Marc 4:40

3.2 - Sur quoi raisonniez-vous en chemin ? — Marc 9:33

3.3 - Pourquoi lui donnez-vous du déplaisir ? — Marc 14:6

3.4 - Et tu ne m’as pas connu, Philippe ? — Jean 14:9

3.5 - Et les neuf, où sont-ils ? — Luc 17:17

3.6 - Pourquoi dormez-vous ? — Luc 22:46

3.7 - Ami, pourquoi es-tu venu ? — Matt. 26:50

3.8 - Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? Ps. 22:1

4 - Trois résurrections — Luc 7:11; Luc 8:40; Jean 11

4.1 - Fils de la veuve de Naïn – Confesser de sa bouche Jésus comme Seigneur

4.2 - Fille de Jaïrus – Nourrir les enfants dans la foi

4.3 - Lazare – Communion et culte

5 - Sentinelle, à quoi en est la nuit ? — Éz. 3:17, 18; Jér. 6:16, 17; És. 21:11, 12; Ps. 130:6

5.1 - La sentinelle qui garde

5.1.1 - Garde ce qui t’a été confié

5.1.2 - Garde ton cœur

5.1.3 - Garder la Parole — la foi

5.2 - Veiller sur les autres

5.3 - Il me crie de Séhir : Sentinelle, à quoi en est la nuit ?

5.4 - Le matin vient

5.5 - Et aussi la nuit

5.6 - Ésaïe 52:8

6 - Zélé pour les bonnes œuvres — Tite 2:14

7 - L’amour et la vérité — 2 Jean 1-3

7.1 - L’amour dans les écrits de Jean

7.2 - La vérité dans les écrits de Jean

7.3 - Ne pas séparer l’amour de la vérité

8 - Zachée — Luc 19:1-10

8.1 - Obstacles intérieurs, personnels

8.2 - Obstacles extérieurs

8.3 - Voir Jésus

9 - Le Dieu de paix avec nous (Pensée) — Phil. 4:9

10 - Demeurer en Lui et Lui en nous


Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest


1 - Le rocher des siècles (És. 26:4) — Nombres 20

ME 1939 p. 128

Les Israélites, après avoir été délivrés de la servitude de l’Égypte et avoir traversé à sec la mer Rouge, ont chanté de joie. Nous aussi, comme eux, nous avons célébré le Dieu Sauveur qui nous a rachetés. Mais si Dieu a entendu le chant de louange des Israélites, trois jours après, Il a entendu leurs murmures, parce qu’ils avaient cherché de l’eau à boire dans le désert et n’avaient trouvé qu’une eau amère et incapable d’apaiser leur soif. Dieu n’a-t-Il pas entendu aussi nos murmures lorsque nous avons cherché dans le monde des rafraîchissements qui, au lieu d’apaiser notre soif, l’ont augmentée et ne nous ont pas satisfaits ?

Dans sa grâce, Dieu ne s’est pas contenté de rendre douces les eaux de Mara ; mais il a fait bien plus, il a donné aux Israélites un rocher, source abondante d’eau vive qui les a accompagnés durant quarante ans, c’est-à-dire pendant toute la traversée du désert (1 Cor. 10:4). Comme les Israélites, nous avons un rocher, celui qui est appelé « le rocher des siècles » et qui est pour nous la source d’eau vive jaillissant en vie éternelle. Mais il a fallu que le rocher soit frappé de la verge du jugement de Dieu, la verge qui avait frappé le fleuve pour qu’il devienne du sang. « À cause de la transgression de mon peuple, lui a été frappé » (És. 53:8).

Ce sont là « les eaux paisibles » auxquelles Il nous mène (Ps. 23:2), « les eaux de Siloé qui vont doucement » (És. 8:6), des eaux qui sont toujours à notre disposition comme elles étaient à la disposition des Israélites dans le désert.

Mais alors comment nous expliquer les nouveaux murmures du peuple, lorsque l’assemblée, arrivée tout près du bout de la course, conteste avec Moïse parce qu’il n’y avait pas d’eau pour elle (Nomb. 20) ? Et pourtant le rocher était là et il avait été frappé ; mais il ne donnait plus d’eau. Avons-nous soif dans le désert, malgré la présence de Celui qui est avec nous, qui ne nous laissera pas et ne nous abandonnera pas ? Hélas, n’avons-nous jamais ressenti la soif et « abandonné la Source des eaux vives, pour nous creuser des citernes, des citernes crevassées qui ne retiennent pas l’eau » (Jér. 2:13) ? Bienheureux celui qui n’a pas fait cette expérience. Pourquoi ressentons-nous la soif comme les Israélites et pourquoi le rocher ne donne-t-il pas d’eau ? « Vous n’avez pas, parce que vous ne demandez pas ; vous demandez, et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, afin de le dépenser pour vos voluptés » (Jac. 4:2, 3). Dieu donne à Moïse le moyen d’avoir de l’eau : « Vous parlerez au rocher ». Comme c’est facile ! Il est prêt à donner des eaux abondantes et rafraîchissantes, parlez-lui. Il veut bénir, demandez-lui sa bénédiction. La source est là, tout près, puisez. Il a été frappé une fois, cela suffit. Il a offert un seul sacrifice pour les péchés (Héb. 10:12). C’est ce que Moïse n’a pas compris. Il a voulu recommencer ce qui avait été accompli et parfaitement accompli une fois pour toutes, il a voulu employer sa verge à lui, une verge de jugement dont le rôle était terminé et qui n’était plus que du bois mort ; il a voulu utiliser sa puissance à lui pour donner à boire au peuple. Quelle leçon pour nous ! La mort du Seigneur, accomplie une fois pour toutes, n’est-elle pas suffisante ? Christ n’est-il pas maintenant élevé dans la gloire, souverain sacrificateur intercédant pour les siens, source toujours nouvelle de bénédictions ? N’a-t-Il pas accompli un sacrifice parfait, et ne peut-Il « sauver entièrement ceux qui s’approchent de Dieu par Lui » (Héb. 7:25) et leur donner abondamment ce qui leur est nécessaire ?

Mais quelle grâce de sa part ! « Si nous sommes incrédules, lui demeure fidèle » (2 Tim. 2:13). Le peuple ne doit pas souffrir de l’infidélité de son serviteur et voici une eau abondante qui coule du rocher et désaltère le peuple. Moïse et Aaron seuls devaient supporter les conséquences de leur infidélité.

Qu’auraient-ils dû faire ? Qu’avons-nous à faire pour nous désaltérer et ouvrir pour nos frères les sources de la bénédiction et du rafraîchissement ? Parler au Rocher, rétablir la communion avec Lui, en présentant à Dieu la verge, non pas la nôtre, mais celle du Souverain Sacrificateur, la verge qui « avait bourgeonné, et avait poussé des boutons, et avait produit des fleurs et mûri des amandes » (Nomb. 17:8), cette puissance de vie éternelle qui est sortie de la mort, à la croix. « Ayant donc, frères, une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints par le sang de Jésus, par le chemin nouveau et vivant qu’il nous a consacré à travers le voile, c’est-à-dire sa chair, approchons-nous avec un cœur vrai, en pleine assurance de foi » (Héb. 10:19-22). En faisant ainsi nous n’aurons jamais soif.


2 - Une joie accomplie

ME 1958 p. 29


Le chrétien a le privilège de posséder une joie que le monde ne connaît pas et ne comprend pas. Le monde ne la connaît pas parce qu’il en ignore la source et l’auteur, et ne la comprend pas parce qu’il ne peut en saisir les motifs.

S’il y a de la joie dans ce monde, c’est une joie dont il est dit : « Même dans le rire le cœur est triste et la fin de la joie, c’est le chagrin » (Prov. 14:13). Une joie qui distrait les pensées de l’incrédule d’un avenir bien sombre pour lui. Une telle joie qui a sa source dans les distractions du monde ne peut être « accomplie ».

Une joie accomplie remplit le cœur parce que c’est une joie dans le Seigneur et qu’il n’y a pas de place dans le cœur du chrétien pour autre chose que Lui. La tristesse en est exclue.

Mais l’expression : « joie accomplie », qui implique bien une joie complète, va plus loin en nous rappelant que cette joie a un auteur, et que Celui qui a dit : « c’est accompli », en ayant terminé l’œuvre de notre salut, a « accompli » [ou : rempli, ou : complété, suivant le sens littéral] pour nous cette joie ineffable et glorieuse qui est notre partage maintenant. Elle a sa source profonde dans les souffrances du Seigneur à la croix et c’est pourquoi elle ne pourra se manifester de la même manière que la joie du monde par des éclats extérieurs souvent bruyants et désordonnés. Ce sera une joie paisible et sereine qui se lira non seulement sur le visage mais dans toutes les paroles et les actions du fidèle. N’avons-nous pas, chacun, gardé le souvenir d’anciens frères ou sœurs qui réalisaient pratiquement ce que c’est que de se réjouir dans le Seigneur ?

Car nous sommes loin de le réaliser tous et toujours, de là l’injonction répétée de l’apôtre aux Philippiens, alors que les circonstances dans lesquelles il se trouvait lui-même étaient loin d’être réjouissantes.


2.1 - Jean 15:10-11 — l’obéissance

Plusieurs conditions sont posées par la Parole pour que nous possédions une joie accomplie. Nous en relèverons trois. La première dans Jean 15:10-11. « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour ; comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit accomplie ». La désobéissance est un obstacle à la joie. Nous en voyons des exemples chez les enfants : un enfant normal qui a désobéi n’est pas heureux avant d’avoir confessé sa faute à ses parents. Nous ne pourrons l’être avant d’avoir réglé avec notre Père la question de nos péchés et de nos manquements. Lorsque nous l’aurons fait, nous pourrons demander comme David au Ps. 51: « Rends-moi la joie de ton salut », et Il nous exaucera.

Cette joie accomplie, résultat de l’obéissance, n’est-elle pas la joie même du Seigneur qui dit aux siens : « … afin que ma joie soit en vous » ? Sa joie. La joie de l’Homme obéissant jusqu’à la mort et à la mort même de la croix. La joie du Chef et du Consommateur de la foi, « lequel, à cause de la joie qui était devant lui, a enduré la croix, ayant méprisé la honte ». Saurait-il y avoir une joie qui dépasse celle qu’Il veut nous faire partager avec Lui, mais dont l’obéissance est la condition ? Est-ce nos délices à nous aussi, comme à Lui, que de faire ce qui est le bon plaisir de Son Père, et sa loi est-elle « au-dedans de nos entrailles » (Ps. 40) ?


2.2 - Jean 16:24 — la dépendance

La deuxième condition à la jouissance d’une joie accomplie, nous la trouvons dans la dépendance : « Demandez, et vous recevrez, afin que votre joie soit accomplie » (Jean 16:24). Après avoir dit aux Philippiens : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; encore une fois je vous le dirai : réjouissez-vous » (Phil. 4:4), l’apôtre Paul leur montre le moyen de parvenir à cette joie, dans la dépendance : « Que votre douceur soit connue de tous les hommes ; le Seigneur est proche ; ne vous inquiétez de rien, mais, en toutes choses, exposez vos requêtes à Dieu par des prières et des supplications avec des actions de grâces ». Douceur, proximité du Seigneur, attente paisible et sans inquiétude de la réponse que Dieu donnera à nos prières et à nos supplications, voilà les caractères d’un homme dépendant et la source d’une joie accomplie. Dans quelle mesure le réalisons-nous ? Nos inquiétudes ne sont-elles pas bien souvent un obstacle à notre joie ?

En cela aussi, considérons le Seigneur, l’Homme dépendant, tel que nous le présente le Ps. 16 dans la perfection de sa vie de soumission et de dépendance parfaite. Et ce psaume n’est-il pas en même temps un chant de joie ? « C’est pourquoi mon cœur se réjouit et mon âme s’égaie… Ta face est un rassasiement de joie, il y a des plaisirs à ta droite pour toujours ». Joie profonde qui doit nous rassasier, comme Lui-même l’a été dans la contemplation de Celui qui Lui a fait connaître le chemin de la vie et l’a gardé dans ce chemin.


2.3 - 1 Jean 1:3-7 — communion les uns avec les autres

Les épîtres de Jean, en particulier, nous donnent une troisième condition d’une joie accomplie, comme résultat de la communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ, et aussi avec nos frères et nos sœurs. « Or notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ. Et nous vous écrivons ces choses, afin que votre joie soit accomplie… Nous avons communion les uns avec les autres » (1 Jean 1:3-7).

Communion de pensées, communion dans l’amour, communion éternelle et joie éternelle que nous trouvons déjà dans l’éternité passée. Communion du Père avec le Fils : « J’étais ses délices tous les jours, toujours en joie devant lui » (Prov. 8:30). Mais communion et joie dans lesquelles nous sommes introduits par grâce : « mes délices étaient dans les fils des hommes ».

En quoi une communion avec le Père est-elle possible pour nous ? En ce que nous pouvons entrer dans ses propres pensées pour tout ce qui concerne les perfections de son Fils. En quoi une communion avec le Fils est-elle possible pour nous ? En ce que le Fils nous a révélé le Père et que nous partageons maintenant avec le Fils la connaissance du Père, étant participants d’un même amour qui a pour mesure l’amour du Père pour le Fils. Mais la communion avec le Père et avec le Fils, si élevée qu’elle puisse être ― et nous touchons là des sommets ― n’est pas concevable sans la communion des uns avec les autres. Ayant tous « une même pensée, ayant un même amour, étant d’un même sentiment, pensant à une seule et même chose » : Cette communion des frères et des sœurs entre eux pouvait seule rendre accomplie la joie de l’apôtre (Phil. 2:2).

Que le Seigneur nous donne de rechercher et de réaliser ces trois conditions qui sont nécessaires pour nous permettre de jouir d’une joie accomplie, afin de pouvoir dire comme David : « À l’ombre de tes ailes, je chanterai de joie » (Ps. 63:7).


3 - Questions sans réponse

ME 1961 p. 29-63

En lisant les Évangiles, nous voyons à chaque page le Seigneur poser des questions aux hommes et aux femmes qu’il rencontre sur son chemin, mais nous remarquons en même temps qu’un grand nombre de ces questions sont restées sans réponse. Il est facile d’ailleurs d’en comprendre la raison, car ses paroles et ses questions étaient « la Parole de Dieu, vivante et opérante et plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants, et atteignant jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; et elle discerne les pensées et les intentions du cœur » (Héb. 4:12). Cette épée touche l’endroit sensible, la conscience et le cœur ; ses coups ne peuvent être parés, ils laissent l’homme sans voix, incapable de répondre.

Ces questions, qui nous sont rapportées dans les quatre évangiles, nous sont adressées pour la plupart à nous aussi. Veuille le Seigneur nous donner d’y prêter attention. Nous en relèverons quelques-unes seulement.


3.1 - Comment n’avez-vous pas de foi ? — Marc 4:40

C’était la fin d’une journée au cours de laquelle le Seigneur avait enseigné beaucoup de choses à ses disciples, et leur avait « donné de connaître le mystère du royaume de Dieu » (4:11). Une journée passée dans son intimité. Et le soir étant venu, ce jour-là, ils avaient pris le Seigneur avec eux, dans la nacelle, dans une heureuse communion avec Lui.

Nous sommes, nous aussi, arrivés à la fin d’une journée, ou d’une étape de notre vie passée avec Lui. Nous avons, comme les disciples, eu le privilège d’entendre sa voix, ayant eu sa Parole entre les mains, et d’y apprendre beaucoup de choses (4:2). Comme eux aussi, nous avons pu Le prendre avec nous « comme Il était », Lui-même, en dehors de toutes les formes et les barrières que la religion a dressées autour de Lui. Il nous reste un peu de chemin à parcourir pour arriver à l’autre rive, ayant nous aussi la certitude d’y arriver. C’est le Seigneur qui leur avait dit : « Passons à l’autre rive », et cette parole leur donnait l’assurance d’y arriver avec Lui. Nous savons, pour ce qui nous concerne, qu’Il restera avec nous jusqu’à notre arrivée à bon port. Cela nous donne une assurance contre le naufrage. Pourrions-nous couler avec un tel passager ?

Si la journée a été fatigante, par contre la soirée est calme. Nous voguons sur une mer tranquille. Nous voyons au loin les lumières du rivage. Nous oublions facilement que le vent peut se lever, jusqu’au moment où il se lève. Nous faisons profession de foi et de confiance, nous nous en glorifions même, peut-être pas ouvertement mais souvent au-dedans de nous-mêmes. Nous nous confions dans la solidité de la barque, dans la tranquillité de la mer, dans notre habileté à naviguer, et aussi, certainement, dans la protection du Seigneur, tant que tout va bien…

Et puis l’ouragan se lève, brusquement, inattendu. Tout ce sur quoi nous nous reposions s’écroule ― santé, situation, famille, amis, capacités personnelles, etc. ― La mer est agitée, la barque fait eau, nous n’y voyons plus clair, nous ne savons plus où nous diriger, et Celui sur lequel nous comptions pour écarter de nous les dangers paraît dormir. Ne voit-Il pas notre situation désespérée ? Est-Il indifférent ? Nous laissera-t-Il sombrer ?… « Où est notre foi ? ».

Mais avant même de poser cette question à ses disciples, question qui va leur faire baisser la tête et qui touchera leur conscience, Il est ému de leur détresse ; Il ne leur fait pas attendre la délivrance : « Alors ils ont crié à l’Éternel dans leur détresse, et Il les a fait sortir de leurs angoisses ; Il arrête la tempête, la changeant en calme, et les flots se taisent, et ils se réjouissent de ce que les eaux sont apaisées, et Il les conduit au port qu’ils désiraient » (Ps. 107:28-30). La leçon viendra ensuite, mais tout d’abord il faut rassurer les craintifs, éloigner le danger qui paraît les menacer. Avant de les reprendre, Il reprend le vent et la mer. Avant la question qui va les sonder, il y a la parole puissante qui va désarmer l’adversaire, et cette fois, la parole n’est pas une question mais un commandement : « Fais silence, tais-toi ! ».

C’est bien là la manière d’agir du Seigneur ― la manière d’agir de l’amour ― envers les siens, envers nous. Il répond d’abord à la prière, même si elle est importune, même si elle manifeste peu de foi ; d’abord Il rassure, d’abord Il délivre, et ensuite seulement, ― n’en avons-nous pas fait bien souvent l’expérience ? ― vient la question : « Où est votre foi ? ».


3.2 - Sur quoi raisonniez-vous en chemin ? — Marc 9:33

Le Seigneur commençait ce dernier voyage qui allait le conduire à Jérusalem. Les jours de son assomption s’accomplissaient. Il avait devant Lui, suivant les expressions d’un cantique, « la souffrance, les pleurs, la mort, l’abandon ».

Il enseignait ses disciples, et leur disait : « Le Fils de l’homme est livré entre les mains des hommes, et ils le feront mourir ; et ayant été mis à mort, il ressuscitera le troisième jour… » (9:31). Il s’apprêtait à donner sa vie pour le salut du monde, le salut de ces disciples mêmes qui le suivaient et pour lesquels son cœur était rempli d’amour. De quoi leur cœur à eux était-il occupé en chemin ?

« Sur quoi raisonniez-vous en chemin ? Et ils gardaient le silence, car ils avaient disputé entre eux, en chemin, qui serait le plus grand ». Cette indifférence et, disons-le, cet orgueil de leur part nous surprend, nous indigne même, car s’ils avaient disputé qui serait le plus grand, n’était-ce pas en réalité que chacun avait la pensée qu’il était digne de cette première place ? Ils avaient toujours l’espoir que leur maître, qu’ils aimaient, n’en doutons pas, allait recevoir le royaume et, qu’alors, ils seraient les compagnons du roi, ayant une place, si possible la première, à sa cour.

Comment se peut-il, nous demandons-nous, que de telles pensées les occupent en un pareil moment ? Mais si nous faisons un retour sur nous-mêmes et si nous prenons la question du Seigneur comme nous étant adressée personnellement, nous serons, comme les disciples, obligés de garder le silence. Quelles sont en effet nos préoccupations, bien souvent hélas, lorsque nous sortons du culte, de la présence du Seigneur au milieu de nous, à l’issue de ces moments solennels où Il nous a montré, comme à ses disciples le jour de la résurrection, ses mains et son côté percés, où nous avons réalisé quelque peu la communion de ses souffrances ? Nos pensées sont-elles toujours à un niveau supérieur à celui de ces disciples ? De qui sommes-nous occupés sur le chemin qui nous ramène à la maison, de Lui ou de nous et de nos circonstances ? Comme nous oublions vite, n’est-ce pas, Celui dont nous avons annoncé la mort, Celui qui nous a dit : « Faites ceci en mémoire de moi » ! C’est bien en mémoire de Lui que nous l’avons fait, mais combien de temps a duré cette impression, cette mise de côté de nous-mêmes pour Lui donner à Lui toute la place dans nos vies ? Une heure, un jour, ou la semaine tout entière ?

Nous sommes, comme les disciples, en chemin à la suite du Maître, non pas pour aller à Jérusalem, mais vers la maison du Père, et la Parole nous dit ce qui doit occuper nos pensées pendant tout ce court trajet : « Au reste, frères, toutes les choses qui sont vraies, toutes les choses qui sont vénérables, toutes les choses qui sont justes, toutes les choses qui sont pures, toutes les choses qui sont aimables, toutes les choses qui sont de bonne renommée… que ces choses occupent vos pensées ». Toutes ces choses sont résumées en une personne, Christ. En est-il vraiment ainsi pour chacun de nous ? « Sur quoi raisonniez-vous en chemin ? ».


3.3 - Pourquoi lui donnez-vous du déplaisir ? — Marc 14:6


Aux yeux des hommes, l’acte de cette femme était une folie. Folie de briser un vase d’albâtre, folie de répandre sur la tête du Seigneur un nard pur de grande valeur et cela, semblait-il, sans profit pour personne, folie d’anéantir le fruit du travail peut-être de toute une année. C’est la sagesse humaine qui parle ainsi. Sagesse humaine qui n’a pas connu Dieu (1 Cor. 1:21) manifesté en Christ, qui ignore ce qui convient à sa sainteté et n’a aucune idée de ce qu’est l’adoration. Sagesse humaine qui ne craint pas de causer du déplaisir à cette humble femme qui, elle, a manifesté par son geste l’amour qui était dans son cœur. Manque de crainte et d’amour pour le Seigneur, manque d’amour envers cette femme, et tout cela caché sous le couvert d’une prétendue sagesse et d’un intérêt tout extérieur pour les pauvres.

Prenons garde de ne pas gâter la joie de nos frères et de nos sœurs qui réalisent peut-être beaucoup mieux que nous la joie de la communion avec le Seigneur et de l’adoration. Nos critiques (et nous sommes si facilement portés à critiquer et à juger les intentions) nous élèveront peut-être aux yeux de ceux qui nous entendent, mais elles nous attireront de la part de Celui qui sonde les reins et les cœurs, cette question qui nous laissera aussi sans réponse : « Pourquoi lui donnez-vous du déplaisir ? ».


3.4 - Et tu ne m’as pas connu, Philippe ? — Jean 14:9

Plus de trois ans s’étaient écoulés depuis que le Seigneur, au début de son ministère, avait « trouvé » Philippe qui l’avait aussitôt confessé comme étant « Celui duquel Moïse avait écrit dans la loi et duquel les prophètes aussi avaient écrit ». Philippe l’avait alors reconnu comme étant le fils de Joseph, mais il n’avait, depuis ce jour, quoique marchant à sa suite, pas avancé dans la connaissance de ce qu’Il était. Il avait cependant entendu la confession de Pierre : « Tu es le Fils de Dieu ». Il avait vu ses œuvres et pourtant ses yeux étaient restés fermés : « Tu ne m’as pas connu, Philippe ? ».

Quels progrès avons-nous faits dans sa connaissance pendant toutes les années passées depuis qu’Il nous a trouvés ? Comme on l’a dit souvent, une seule journée pendant laquelle nous n’avons rien appris du Seigneur est une journée perdue, et combien de journées perdues ainsi pouvons-nous compter depuis que nous avons le privilège de marcher avec Lui ! De quoi avons-nous été occupés pendant la journée présente ? pendant toute l’année passée ? Peut-être de choses qui ne sont pas mauvaises en elles-mêmes, notre travail, notre famille ; mais elles sont devenues mauvaises si elles ont pris dans nos cœurs la place que devait y occuper le Seigneur et si elles nous ont empêché de croître dans sa connaissance. Connaissance de Christ ! seule connaissance qui n’enfle pas parce que c’est la connaissance de Celui qui s’est abaissé. Connaissance excellente en présence de laquelle Paul pouvait regarder toutes choses comme une perte et les estimer comme des ordures (Phil. 3:8). « Connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur » (2 Pier. 1:2). Connaissance aussi qui fait que nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire (2 Cor. 3:18). Est-ce ainsi que nous le connaissons ? Ou cette parole, d’une tristesse infinie, s’adresse-t-elle aussi à nous, nous laissant sans réponse : « Et tu ne m’as pas connu ? ».


3.5 - Et les neuf, où sont-ils ? — Luc 17:17

Dix lépreux avaient été guéris par le Seigneur, avec, comme différence entre eux, que l’un était Samaritain et ne faisait donc pas partie du peuple de Dieu. Celui-ci seul était retourné en arrière pour rendre grâce à Jésus et s’était jeté à ses pieds, glorifiant Dieu. C’est alors que nous entendons cette demande si émouvante du Seigneur : « Et les neuf, où sont-ils ? ».

Cette même question vient tout naturellement, et solennellement, à nos oreilles lorsque nous sommes réunis pour le culte. Nombreux sont ceux qui ont été lavés par le Sauveur de la lèpre du péché, qui ont reçu le pardon, la délivrance, le salut. Où sont-ils tous, le dimanche matin ? Là où le Seigneur se trouve, au milieu des deux ou trois rassemblés en son nom, ou ailleurs ? Beaucoup disent : je rends grâce chez moi ; mais on peut se demander si cela correspond bien à ce que faisait le lépreux guéri : « à haute voix ». À haute voix, c’est un témoignage de reconnaissance public qui correspond à ce que les croyants sont invités à faire : annoncer la mort du Seigneur. Peut-être les neuf ont-ils été reconnaissants dans leur cœur au Seigneur qui les avait guéris, cependant leur place était, comme pour le dixième, aux pieds de Jésus, et cette place restait vide. C’est là qu’Il les cherchait et ne les trouvait pas.

C’est autour de Lui maintenant qu’Il cherche les siens, c’est la place de tous ceux qu’Il a rachetés par son sang. Combien peu nombreux sont ceux qui l’occupent ! Mais il faut ajouter que notre seule présence au culte ne nous permet pas de considérer que nous avons pris la même place que le dixième lépreux, car ce qui importe ce n’est pas d’assister corporellement au culte en ayant l’esprit ailleurs, mais bien d’y participer, sinon de nos bouches ― et en tous cas pas de nos bouches seulement ― mais de notre cœur. C’est ainsi que nous Lui montrerons notre reconnaissance.

Nous avons remarqué que si le dixième lépreux est un Samaritain, les autres semblent avoir été des Juifs et nous pouvons tout naturellement en faire l’application à ceux qui ont également parmi nous une situation privilégiée, mais aussi une responsabilité accrue. Je veux parler des enfants de croyants qui dès leur enfance ont appris à connaître le Sauveur et les vérités concernant le culte et qui n’ont pas répondu à son invitation. N’est-ce pas en tout premier lieu de ceux-là que le Seigneur peut dire : « et les neuf, où sont-ils ? ».


3.6 - Pourquoi dormez-vous ? — Luc 22:46

Son heure était venue. Il avait pris à Gethsémané la coupe de la colère de Dieu contre le péché et allait à Golgotha où il fallait qu’Il la bût sans en rien laisser pour nous. Il avait traversé l’angoisse du combat, luttant seul, et sa sueur était devenue « comme des grumeaux de sang découlant sur la terre ». Un ange était venu le fortifier pour que le vase humain ne fût pas brisé par la douleur et l’angoisse. Ces choses, et combien solennelles, nous sont si connues que nous passons peut-être parfois indifférents devant elles, alors que chaque fois que nous les lisons elles devraient toucher nos cœurs toujours à nouveau. Dormons-nous peut-être ?

Sans doute était-il impossible aux disciples de partager les souffrances de Gethsémané et d’y entrer en quoi que ce fût. Le Seigneur se trouvait seul en face de l’homme fort. Il ne cherchait pas d’aides pour combattre avec lui, mais « des consolateurs » (Ps. 69:20) et Il n’en a pas trouvé. Ceux qui auraient pu veiller avec lui étaient endormis de tristesse ; alors que, comme un autre l’a écrit, leur Maître traversait les angoisses de la mort en communion avec son Père, ils étaient incapables de comprendre la solennité du moment, ni le danger auquel ils étaient exposés. Jésus leur répète : « Priez afin que vous n’entriez pas en tentation ». Il pense toujours à eux, ne leur fait aucun reproche, il leur dit simplement : « Pourquoi dormez-vous ? ». Ils auraient dû veiller pour leur propre compte. Lorsque Judas s’est ensuite présenté avec la foule pour Le prendre, le Seigneur était prêt à le recevoir. Pierre qui avait dormi ne l’était pas, il se laisse emporter par son caractère naturel et frappe de l’épée.

« C’est déjà l’heure de nous réveiller du sommeil, car maintenant le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru » (Rom. 13:11). C’était l’heure au temps de l’apôtre, n’est-ce pas plus encore maintenant l’heure de nous réveiller, afin que, lorsque la tentation viendra, nous soyons prêts ? Que ni l’indifférence, ni les difficultés, ni la tristesse même ― et les motifs de tristesse en présence de la ruine actuelle de l’Église sont bien grands ! ― ne soient pour nous une excuse à dormir. Et si nous sommes endormis, écoutons Celui qui nous dit avec tendresse mais aussi avec instance : « Pourquoi dormez-vous ? Levez-vous et priez afin que vous n’entriez pas en tentation ».


3.7 - Ami, pourquoi es-tu venu ? — Matt. 26:50

Cette question, le Seigneur l’a adressée à Judas venu avec une grande foule, avec des épées et des bâtons, pour se saisir de Lui.

Dieu veuille que, si un de nos lecteurs se trouvait dans la situation de Judas, c’est-à-dire en opposition pas toujours ouverte, mais peut-être aussi cachée ― Judas était venu de nuit ― avec le Seigneur, il considère aujourd’hui encore le sérieux de cette question qui lui est adressée maintenant par l’Ami, mais à laquelle il devra un jour répondre lorsque l’Ami sera devenu le Juge : « Pourquoi es-tu venu ? ».


3.8 - Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? Ps. 22:1

Bien d’autres questions ont été posées par le Seigneur qui sont restées sans réponse de la part des hommes.

Je voudrais seulement pour terminer mentionner cette demande solennelle adressée non plus à des hommes mais à Dieu par le Sauveur sur la croix et restée alors sans réponse : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ».

Il nous appartient, à chacun de nous, d’y répondre dans une sainte révérence et avec adoration : « Seigneur, c’est pour moi ».


4 - Trois résurrections — Luc 7:11; Luc 8:40; Jean 11

ME 1964 p. 141

Les évangiles nous donnent le récit de trois résurrections opérées par le Seigneur : ils parlent de trois morts ― deux enfants et un homme ― auxquels Il a rendu la vie alors qu’Il était dans le monde.

La sentence de mort, prononcée par Dieu sur Adam et sur toute sa descendance, n’a jamais été révoquée, elle a trouvé son application au temps d’Abel, comme au temps du Seigneur. Et maintenant encore « la mort a passé à tous les hommes en ce que tous ont péché » (Rom. 5:12). Notre vie terrestre à tous doit ainsi avoir sa fin. Toutefois cette même Parole qui dit : « Les gages du péché c’est la mort », ajoute : « mais le don de grâce de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus, notre Seigneur » (Rom. 6:23). En sorte que nous tous qui Lui appartenons possédons cette vie éternelle, « nous sommes passés de la mort à la vie » (1 Jean 3:14) et nous sommes suivant l’expression de Col. 3:1: ressuscités avec Christ.

Si nous rappelons ici cette vérité qui est à la base de notre foi, c’est pour insister sur le fait que, dans les trois cas de résurrection qui nous occupent, il ne s’agit pas de vie éternelle, mais de vie terrestre rendue par le Seigneur à trois personnes qui étaient mortes, vie qui n’était en rien différente de celle qu’ils possédaient auparavant, en sorte que le jour est venu plus tard, pour tous les trois, où ils ont dû à nouveau passer par la mort. Malgré ce fait, les trois récits qui nous sont donnés dans les évangiles sont d’un grand intérêt pratique, comme images de la nouvelle vie de résurrection que possèdent, déjà durant leur vie terrestre, dès leur conversion, tous ceux qui ont reçu Christ pour leur Sauveur.

Considérons brièvement chacun des trois récits.


4.1 - Fils de la veuve de Naïn – Confesser de sa bouche Jésus comme Seigneur

À l’image du jeune garçon, fils de la veuve de Naïn, nous étions morts, morts dans nos fautes et nos péchés, suivant l’expression de la Parole, et incapables de sortir par nous-mêmes de cet état, comme aussi dans l’impossibilité d’en être délivrés par d’autres. La tendre affection de sa mère était sans aucun pouvoir pour redonner la vie à son enfant mort. Il en est bien de même pour nous : nous sommes dans l’incapacité absolue aussi bien de nous sauver nous-mêmes, que de sauver les autres. Sans doute, la veuve de Naïn aurait-elle donné volontiers sa propre vie pour que fût conservée celle de son fils, mais c’était chose impossible.

La voix puissante du Prince de la vie pouvait seule rendre la vie à l’enfant, de même que Lui seul est puissant pour nous délivrer de l’état de mort morale dans lequel nous gisions. « Jeune homme, je te dis, lève-toi. Et le mort se leva sur son séant et commença à parler ». N’est-il pas remarquable de lire que le premier effet de l’œuvre du Seigneur produit chez cet enfant, alors qu’il était encore assis, avant même qu’il eût fait un seul pas, a été de le faire parler. Ce que le jeune homme a dit, nous ne le savons pas, mais nous pouvons bien penser que ses paroles ont traduit sa joie, conséquence du don de la vie qui venait de lui être rendue.

C’est bien là aussi ce qui devrait caractériser tous ceux qui ont reçu une vie plus précieuse que celle qui avait été rendue à l’enfant, car il s’agit pour eux de la vie éternelle. Si ces lignes tombent sous les yeux d’un enfant qui a reçu la vie par la foi sans, comme cela arrive, l’avoir encore confessé, qu’il ne tarde pas à le faire pour donner à ses parents et à ceux qui l’aiment, une joie semblable à celle que la pauvre veuve a ressentie en entendant son enfant rendre témoignage de sa résurrection. Qu’aucun de nous n’oublie que la parole de la foi consiste à confesser de sa bouche Jésus comme Seigneur (Rom. 10:9). Sans attendre un seul jour !


4.2 - Fille de Jaïrus – Nourrir les enfants dans la foi

Le récit de la résurrection de la fille de Jaïrus (Luc 8:40) nous enseigne une autre leçon non moins importante.

La jeune fille dormait du sommeil de la mort lorsque le Seigneur est entré dans la maison de ses parents, et Lui seul pouvait discerner en elle une âme vivante. C’est pourquoi Il a pu dire : « Elle n’est pas morte, mais elle dort ». Il a vaincu la mort et seule sa voix puissante a pu rappeler aussi cette enfant à la vie et ordonner à son esprit de retourner en elle. Voix puissante qui donne la vie, mais aussi voix de grâce qui, s’adressant aux parents, leur commande de donner à manger à leur fille. Tendres soins à l’égard de l’enfant, mais paroles solennelles pour les parents en même temps que pour nous. Sans nourriture, la fille de Jaïrus aurait dépéri et serait vite retombée dans un sommeil semblable à la mort. Si le Seigneur a donné la vie à nos enfants, il nous appartient de les nourrir de la manne céleste, de la Parole de Dieu, sans attendre un seul jour. Notre responsabilité est donc de donner aux enfants que Dieu nous a confiés, et plus généralement aux enfants dans la foi avec lesquels nous avons affaire, une nourriture appropriée à leur âge spirituel et à leurs besoins, afin qu’ils croissent dans la foi.


4.3 - Lazare – Communion et culte

Lazare était bien mort aussi, et, déjà, la corruption avait commencé son œuvre en lui (Jean 11:39), lorsque la même voix puissante du Seigneur s’est adressée à lui, devant son tombeau, pour lui dire : « Lazare, sors dehors ». Et le Seigneur ajoute pour ceux qui l’entourent : « Déliez-le, et laissez-le aller ».

« Déliez-le », aidez-le à se débarrasser de tout ce qui pourrait encore le retenir dans les liens de la mort, tout ce qui le rattache encore à ce corps corruptible et corrompu qui a été le sien. Ne laissons pas, chers frères, ceux qui ont reçu une vie nouvelle, rester enlacés par des liens charnels qui les empêcheraient d’en jouir. Occupons-nous d’eux pour les en faire sortir en leur donnant à connaître ce qu’est la liberté des enfants de Dieu.

« Et laissez-le aller… ». Aller où ? Il n’a pas été nécessaire de dire à Lazare où il devait aller. Débarrassé de ses liens, son cœur l’a conduit sans hésiter là où nous le trouvons au chap. 12, dans le lieu même où son maître aimait à se rendre, à Béthanie. Là un souper devait être préparé pour le Seigneur, et à la table du souper il y avait une place pour « Lazare, le mort, que Jésus avait ressuscité d’entre les morts ». Heureux Lazare, il ne lui manque rien, il jouit de la communion paisible avec Celui qui l’a sauvé de la mort et lui a donné la vie. Dans cette maison, un parfum s’exhale, parfum de louange, encens versé sur les pieds du Seigneur par Marie ; mais, sans paroles, ― car nous n’entendons pas un seul mot sortir de la bouche de Lazare ― Lazare participe à ce culte et adore.

Si nous avons quelque peu compris l’œuvre de rédemption et d’amour accomplie envers nous par le Seigneur en nous donnant la vie, nous ne tarderons pas à aller au lieu où Il a promis sa présence, au milieu des deux ou trois réunis en son nom et à prendre, à sa table, la place qu’il a réservée à chacun de ses rachetés.


Rendre témoignage, à l’image du fils de la veuve de Naïn ; nous nourrir de Lui, à l’image de la fille de Jaïrus ; participer à sa table, dans la communion avec Lui et dans l’adoration, comme Lazare, ce sont bien là les fruits bénis de la nouvelle vie qu’Il nous a donnée.

Qu’Il nous accorde de le réaliser.


5 - Sentinelle, à quoi en est la nuit ? — Éz. 3:17, 18; Jér. 6:16, 17; És. 21:11, 12; Ps. 130:6

ME 1980 p. 141


5.1 - La sentinelle qui garde

Nous avons lu en Ézéchiel : « Fils d’homme, je t’ai établi sentinelle ». Chers amis, cette parole ne s’adresse pas seulement au prophète, mais bien à chacun de nous. « Je t’ai établi sentinelle ». Parole sérieuse parce que le poste de sentinelle est dans une armée un poste d’honneur, un poste de responsabilité et de confiance. Un poste d’honneur : dans certaines armées étrangères, il est interdit de confier le poste de sentinelle à un homme qui a été puni une fois. Poste de confiance : parce que la sécurité d’une troupe peut dépendre de la sentinelle. On place une sentinelle pour veiller, pour voir si l’ennemi approche, pour signaler les dangers ou pour garder quelque chose de précieux. Le rôle d’une sentinelle n’est pas de combattre ; elle peut avoir à se défendre, mais n’a pas à combattre offensivement, elle ne le pourrait d’ailleurs pas. Que pourrait faire une sentinelle isolée contre toute une troupe d’assaillants ? Non, elle a un autre rôle, une autre arme aussi : une trompette pour avertir et pour appeler celui ou ceux qui combattront. Mais la sentinelle doit veiller pour garder.

Nous trouvons bien souvent dans la Parole cette injonction : garde, gardez.


5.1.1 - Garde ce qui t’a été confié

Quand Paul écrit à Timothée : « Ô Timothée, garde ce qui t’a été confié », on sent combien l’apôtre avait à cœur que son cher enfant dans la foi soit une sentinelle fidèle. Nous savons ce qu’il peut en coûter de ne pas garder. Nous en avons un exemple dans le premier homme, quand Dieu l’a placé dans le jardin d’Eden, pour le cultiver et pour le garder. Mais Adam ne l’a pas bien gardé, il a laissé entrer dans le jardin un animal des champs, du dehors, le serpent. Satan a pénétré dans le jardin, alors qu’il n’avait rien à y faire, et nous savons ce qu’il en est advenu.

Pour nous, nous avons d’abord à veiller sur nous-mêmes, puis à garder nos maisons du monde et du mal, ensuite à être vigilants en ce qui concerne l’Assemblée, nos frères, tous les croyants. Et enfin nous avons aussi une fonction de sentinelle vis-à-vis du monde, vis-à-vis de ceux qui ne connaissent pas encore le Seigneur, pour les avertir du jugement qui est à la porte.


5.1.2 - Garde ton cœur

Il est une première chose que la Parole nous enjoint de garder plus que tout ce que l’on garde. Nous la trouvons dans le livre des Proverbes : « Garde ton cœur plus que tout ce que l’on garde, car de lui sont les issues de la vie » (ch. 4:23). Qui a écrit cette parole sous l’inspiration de Dieu ? Salomon, précisément quelqu’un qui ensuite n’a pas gardé son propre cœur. Voyez combien nous avons à veiller ! Si celui même que Dieu a chargé d’écrire cette exhortation n’a pas su la mettre en pratique, à combien plus forte raison, avons-nous à veiller sur nous-mêmes pour le faire. Il est dit de Salomon que Dieu lui avait donné un cœur large comme le sable qui est sur le bord de la mer (1 Rois 4:29), expression qu’un autre verset, un peu plus haut, nous explique : il est dit du peuple d’Israël qu’il était nombreux comme le sable qui est sur le bord de la mer (ibid. v. 20). Et Dieu, en donnant à Salomon la charge de ce peuple, lui avait donné exactement le cœur qu’il fallait pour cela ; il n’y avait pas de place pour un grain de sable de plus dans son cœur. Or nous savons que Salomon y a laissé entrer beaucoup d’autres choses : des richesses, des chevaux qu’il tirait d’Égypte, des femmes étrangères. Toutes ces choses ont occupé le cœur de Salomon, lequel, de ce fait, n’a pas pu remplir comme il l’aurait dû la tâche qui était la sienne.

Et nous, qu’avons-nous à garder dans notre cœur ? Nos affections pour une Personne : le Seigneur Jésus, notre Sauveur, Lui qui est la vie, notre vie, doit le remplir. Gardons Christ dans notre cœur, sans rien y laisser entrer d’autre. S’il est vraiment notre vie, notre tout, que sont toutes les autres choses que nous pouvons désirer et qui, trop souvent, prennent une place dans nos cœurs ? On peut dire que cette place est perdue pour le Seigneur.


5.1.3 - Garder la Parole — la foi

Combien de fois trouvons-nous aussi cette expression : garder la Parole. Elle nous a été confiée, cette précieuse Parole de Dieu. Nous l’avons entre les mains ; il nous faut la connaître, la lire, la méditer, en faire notre nourriture, et alors la garder, la mettre en pratique tous les jours de notre vie. Oui, que le Seigneur nous donne de garder cette Parole.

Puis : garder la foi. Quand l’apôtre Paul, arrivé à la fin de sa carrière, regarde en arrière le chemin parcouru, il peut dire : « J’ai gardé la foi ». La foi ici, ce n’est pas proprement celle qui sauve ; mais c’est toute la doctrine, tout ce que Dieu nous a enseigné, tout ce que nous avons reçu de Lui en croyant. Ce sont les sentiers anciens qu’ont tracés nos conducteurs ; ce sont toutes les vérités de la Parole, rien qu’elles, que beaucoup d’entre nous ont entendues dès leur jeunesse.

Nous connaissons tant d’exemples de chrétiens qui ont laissé de côté quelque chose de cette foi, un verset par-ci, un autre par-là. Et puis ce quelque chose est devenu beaucoup ; en sorte que nous en avons même vus, nous pouvons le dire en pleurant, qui ont fait naufrage quant à la foi. Bien-aimés, la foi nous a été confiée ; qu’elle ne soit pas comme la rosée du matin qui s’en va de bonne heure (comp. Os. 6:4). Dieu veuille que chacun de nous prenne pour lui cette parole de l’apôtre à Timothée : « Garde ce qui t’a été confié ». Pour beaucoup d’entre nous, pour les jeunes qui ont toujours été en contact avec la Parole, on peut dire vraiment qu’il leur a été beaucoup confié. Gardez ce que Dieu vous a confié, comme une sentinelle vigilante !


5.2 - Veiller sur les autres

Nous avons à veiller aussi sur les autres. C’est un rôle que nous remplissons souvent dans un sentiment de supériorité ou de critique. Mais, lorsqu’il est dit que nous avons à veiller les uns sur les autres, ce n’est pas dans un esprit de jugement, ni pour condamner le mal déjà commis, mais pour mettre en garde aux approches du mal. Lorsque la sentinelle voit l’ennemi s’approcher du camp qu’elle doit surveiller, c’est alors qu’il faut qu’elle sonne de la trompette, de cette arme qui lui a été donnée pour avertir ses frères. Ensuite, ce peut être trop tard. C’est avant l’attaque qu’il faut veiller ; pour cela, avec la vigilance, il faut une autre vertu : l’amour. On veille sur ce qu’on aime. Sans amour, nous ne saurons pas veiller les uns sur les autres. Aimer est le grand secret pour veiller avec soin sur nos frères et sur l’assemblée de Dieu. Veiller quand nous voyons le danger s’approcher d’un de nos frères. Oh, alors aller à lui, non pas avec un jugement sévère, mais en suivant le modèle que le Seigneur nous a donné. Tel est le rôle de la sentinelle. Veiller sur l’assemblée de Dieu dans son ensemble, comme aussi sur chaque âme en particulier. Que le Seigneur nous accorde là aussi de ne pas y manquer, avec l’aide de la Parole, et en usant de cet amour que Dieu lui-même a versé dans nos cœurs.


5.3 - Il me crie de Séhir : Sentinelle, à quoi en est la nuit ?

Dans Ésaïe 21 nous avons lu cet oracle : « Il me crie de Séhir (ou Duma)… ». Nous savons qu’il s’agit de l’Idumée, le pays d’Ésaü, et Séhir c’est la montagne qui se trouvait là. Ésaü, image du monde profane, c’est le monde s’adressant à nous. Nous avons souvent entendu cette voix-là ― une voix moqueuse : « Sentinelle, à quoi en est la nuit ? ». Le chrétien parle de la nuit qui règne dans le monde, et le monde parle de lumière : la lumière de la civilisation, la lumière du progrès, la lumière de la science… C’est comme ces hommes qui s’adressaient au Seigneur en Jean 9, et à qui le Seigneur doit montrer qu’ils sont aveugles. Ils croyaient voir, mais ils étaient aveugles. Il n’y a qu’une lumière : la vraie lumière, c’est « celle qui, venant dans le monde, éclaire tout homme ». Le Seigneur est la lumière du monde. Les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, mais ils croient qu’ils voient clair. Ils peuvent s’adresser aux croyants avec ironie : À quoi en est la nuit ? Tu prétends que c’est la nuit, mais à quoi en est-elle ? Écoutez la réponse de la sentinelle : « Le matin vient ». Oui, nous sommes au bout de la nuit ; pour nous qui connaissons la Parole, nous savons que le matin vient.


5.4 - Le matin vient

Quand la sentinelle a passé toute la nuit à veiller, elle voit vers le matin, avant le lever du soleil, une étoile qui monte à l’orient : l’étoile du matin. Elle annonce que cette longue nuit de fatigue, de dangers, d’alarmes, va être enfin terminée : le matin vient !

Chers amis, c’est le matin sans nuage !

Cette étoile du matin, l’apôtre Pierre déclare qu’elle est déjà levée dans nos cœurs. Elle annonce le lever du soleil, la fin de toutes les inquiétudes, la fin du danger, la fin des terreurs de la nuit, la fin de l’ennemi lui-même : le matin vient. Et nous avons l’expression de l’attente de la sentinelle dans ces versets que nous avons lus au Psaume 130: « Mon âme attend le Seigneur » ― là aussi nous trouvons une répétition ― « plus que les sentinelles n’attendent le matin ».

En est-il ainsi de nous ? Est-ce que nous aussi, comme ces sentinelles, nous attendons ? Qu’attendons-nous ? le matin ? Oh ! nous attendons mieux que le matin, nous attendons le Seigneur.

Si nous attendions comme ces sentinelles, comme notre attitude serait différente de ce qu’elle est ! « Mon âme attend le Seigneur », Celui qui vient.


5.5 - Et aussi la nuit

Mais la sentinelle ajoute quelque chose à l’égard de ceux qui lui crient de Séhir : « Sentinelle, à quoi en est la nuit ? ». Elle peut dire : « Le matin vient », parce qu’elle-même attend le matin. Mais elle ajoute : « Et aussi la nuit ». Pour ceux qui connaissent le Seigneur et qui l’attendent, c’est le matin, c’est le merveilleux matin qui n’aura pas de fin, ce matin du jour sans nuages que nous attendons ; mais pour le monde, c’est la nuit. La nuit va venir dans ce pauvre monde, une obscurité plus profonde encore qu’elle ne l’est maintenant. Car il y a les croyants auxquels le Seigneur a pu dire : « Vous êtes la lumière du monde ». En l’absence du Seigneur, c’est nous qui devons refléter quelque chose de cette lumière. Il y a dans le monde maintenant une lumière qui luit encore et dont chacun peut s’approcher. Tous peuvent venir à cette lumière et attendre avec ceux qui attendent le matin. Mais pour les autres, qui ne veulent pas répondre à cet appel que nous avons lu : « Revenez, venez », il y a ceci : « Enquérez-vous » dans la Parole ; voyez si ce que nous disons n’est pas exact. N’est-ce pas la Parole de Dieu lui-même qui vous avertit maintenant et qui parle de la venue du Seigneur, de Celui qui est le Sauveur, venu déjà une fois dans ce monde mourir sur la croix pour sauver les pécheurs ? Il est venu comme la lumière du monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière. Mais il doit revenir, et c’est Lui que nous attendons. Il viendra pour chercher les siens, et alors il laissera le monde dans une obscurité terrible. Eh bien, il est temps encore maintenant de venir, ou de revenir, pour ceux qui se sont écartés. Venez à Lui, non pas à la sentinelle, non pas à nous, venez au Seigneur, au Sauveur, à Celui qui appelle par la voix de la sentinelle, à Celui qui dit : « Revenez, venez ».


Revenez, vous qui vous êtes peut-être écartés. Peut-être y en a-t-il ici qui n’ont pas gardé ce qui leur avait été confié, et que le Seigneur appelle à revenir ? Il est temps encore, revenez à Lui.


5.6 - Ésaïe 52:8

Et quand le temps des avertissements aura pris fin, quand le matin sans nuages se sera levé, encore une fois les sentinelles que nous sommes aujourd’hui feront entendre leur voix. Plus pour s’adresser à leurs frères, plus pour s’adresser au monde, mais pour un chant de triomphe qui ne finira jamais :

« La voix de tes sentinelles ! ― elles élèvent la voix, elles exultent ensemble avec chant de triomphe ; car elles verront face à face » (És. 52:8).

Voir face à face Celui qui nous a aimés, Celui qui est mort pour nous, notre bien-aimé Seigneur et Sauveur. Ce sera notre grand motif pour exulter ensemble, éternellement, avec un chant de triomphe !


6 - Zélé pour les bonnes œuvres — Tite 2:14

M.E. 1963 p. 29

L’Ancien Testament nous donne, entre autres, deux beaux exemples d’hommes zélés pour l’Éternel.

Moïse, dont il nous est pourtant dit qu’il « était très doux, plus que tous les hommes qui étaient sur la face de la terre » (Nomb. 12:3), a montré son zèle en se mettant en colère, et même parfois dans une ardente colère, chaque fois qu’il s’est agi de défendre les droits de l’Éternel. Il a été, à l’avance, une figure de Celui qui, tout en étant « débonnaire et humble de cœur » (Matt. 11:29), a fait un fouet de cordes pour chasser hors du temple ceux qui profanaient la maison, encore appelée la maison de Dieu (Jean 2:15). C’est ainsi que le Seigneur a pu dire à l’avance par la bouche de David : « Le zèle de ta maison m’a dévoré » (Ps. 69:9).

Un autre bel exemple de zèle nous est donné par Phinées, petit-fils d’Aaron, au chap. 25 des Nombres.

Les Israélites, entraînés par les filles de Moab, à l’instigation de Balaam, s’étaient attachés à Baal-Péor, et Zimri, un prince de la tribu de Siméon, avait même fait entrer dans le camp une femme idolâtre. En présence de ce grand mal, introduit ainsi dans l’assemblée des fils d’Israël, ceux-ci se contentent de pleurer à l’entrée de la tente d’assignation. Seul Phinées « jaloux de ma jalousie », dit l’Éternel, et animé d’un saint zèle pour Lui, se lève au milieu de l’assemblée et frappe l’homme coupable. L’Éternel apprécie ce zèle et donne à Phinées son « alliance de paix… une alliance de sacrificature perpétuelle pour lui et pour sa semence après lui, parce qu’il a été jaloux pour son Dieu et a fait propitiation pour les fils d’Israël » (Nomb. 25:12, 13). Ce que Phinées a fait « lui a été compté à justice de génération en génération, pour toujours » (Ps. 106:31). Récompense éternelle qui place, en quelque sorte, cet Israélite fidèle et zélé sur le même plan qu’Abraham, dont la foi a été comptée à justice.

Nous pouvons nous demander si, en présence du mal qui a pénétré dans l’assemblée et qui est fréquemment caractérisé par la mondanité, nous n’avons pas bien souvent l’attitude des Israélites qui se contentaient de pleurer et de se lamenter. Tolérer le mal dans l’assemblée, tout en le déplorant, n’est-ce pas montrer bien peu de zèle pour Dieu et peu se soucier de Celui qui est le centre de rassemblement de l’assemblée ? S’il en est ainsi, c’est peut-être souvent parce que nous sentons bien qu’il importerait, avant de juger et de combattre la mondanité chez nos frères et nos sœurs, que nous soyons bien certains qu’elle n’a pas pénétré en nous-mêmes, ou dans nos maisons. C’est avant tout par notre exemple que nous montrerons du zèle pour la purification de l’assemblée.

Pour excuser le manque de zèle, on le décore volontiers du nom de tolérance. Dans le monde religieux, la tolérance, que l’on qualifie souvent de largeur d’esprit, est généralement considérée comme une des qualités qui honorent un chrétien. Penser cela, c’est méconnaître la différence essentielle qui existe entre d’une part le support, suivant 2 Tim. 2:24, ou la patience que nous avons à exercer à l’égard des ignorants ― patience dont le Seigneur nous a donné tant d’exemples ― et, d’autre part, la tolérance du mal, qu’il soit moral ou doctrinal, qui touche à la gloire de Dieu.

Remarquons encore que, si l’Éternel a pu utiliser plus tard le zèle de Phinées en l’envoyant au loin combattre contre Madian dans les plaines de Moab (Nomb. 31), c’est bien parce que ce zèle s’était manifesté d’abord chez lui par le souci de la sainteté du peuple de Dieu. Il en a été de même pour Gédéon qui n’a combattu Madian qu’après avoir renversé l’autel de Baal dans la maison de son père (Jug. 6:25). Phinées, dont le zèle paraît avoir dépassé celui de Gédéon, n’a pas attendu un ordre spécial pour ôter le mal introduit par Zimri dans l’assemblée d’Israël. C’est ainsi que notre souci constant, à tous, doit être, sans attendre un appel spécial et individuel à cela, le maintien de la sainteté qui sied à la maison de Dieu. Par contre, pour sortir du camp et aller combattre les ennemis du peuple de Dieu, Phinées a attendu que l’Éternel lui confie cette mission spéciale par la bouche de Moïse (Nomb. 31:6).

La Parole nous dit qu’il est bon d’être toujours zélé pour le bien (Gal. 4:18). Il importe cependant que nous soyons au clair sur la nature du zèle que nous montrons et sur les mobiles qui nous font agir car, si nous pouvons tromper nos frères à ce sujet, nous ne tromperons pas Dieu. Notre zèle a-t-il sa racine dans la chair ou dans l’Esprit ? Il est solennel de lire que les Juifs avaient du zèle pour Dieu, mais que ce zèle n’était pas selon la connaissance, c’est-à-dire selon Dieu. C’était un zèle ayant sa source dans la chair et qui ne les sauvait pas (Rom. 10:2). Saul lui-même avait été le plus ardent zélateur des traditions de ses pères (Gal. 1:14), tout en étant en même temps le premier des pécheurs (1 Tim. 1:15).

Être zélé pour le bien, c’est accomplir pour le Seigneur fidèlement, promptement et joyeusement, comme de bons serviteurs, non pas seulement un service spécial qui peut nous être confié, mais notre tâche journalière, tout humble qu’elle soit, précieuse cependant aux yeux du Maître. Cela ne sera possible que dans la mesure où nous connaîtrons sa volonté. Un vrai zèle selon Dieu se manifestera donc en tout premier lieu par la recherche de cette volonté, c’est-à-dire par notre application à lire, à entendre et à méditer sa Parole. Paul considérait « toutes choses comme étant une perte à cause de l’excellence de la connaissance du Christ Jésus » (Phil. 3:8), et tous ses efforts tendaient à « Le connaître, Lui » (v. 10). Un pareil zèle pour connaître Christ se poursuivra en quelque sorte tout naturellement dans le service qu’Il placera devant nous, et n’aura rien de commun avec une activité fébrile, souvent confondue avec lui, mais charnelle et qui tendra à nous mettre nous-mêmes en avant en nous faisant valoir aux yeux de nos frères. C’est un zèle qui deviendra facilement de l’orgueil, alors qu’un service zélé conduit par l’Esprit est paisible et humble. Pour que la belle-mère de Pierre fût en mesure de servir le Seigneur, il a fallu qu’elle soit tout d’abord guérie de la fièvre (Marc 1:31).

Les bonnes œuvres qui doivent caractériser le zèle du peuple de Dieu (Tite 2:14) sont celles-là même qu’Il a « préparées à l’avance, afin que nous marchions en elles » (Éph. 2:10). Il en a préparé assez pour occuper notre activité, mais il importe, d’une part, que nous les recherchions pour les accomplir, même si elles ne nous plaisent pas, et d’autre part, que nous n’en recherchions pas d’autres qu’Il n’a pas préparées pour nous, qui nous plairaient peut-être davantage en attirant sur nous du prestige et de la considération de la part des hommes. C’est dire que notre zèle ne pourra s’exercer que dans la dépendance, la soumission et la prière que nous exprimons parfois par les paroles du cantique :

Veuille, ô Jésus, mon Rédempteur,

M’animer d’un saint zèle !

Fais qu’à jamais ton serviteur

Te demeure fidèle.

Cant. 96 v. 6


7 - L’amour et la vérité — 2 Jean 1-3

M.E. 1948 p. 320

7.1 - L’amour dans les écrits de Jean

Jean peut être appelé l’apôtre de l’amour. Tous les écrivains du Nouveau Testament nous parlent de l’amour ― comment nous parleraient-ils de Christ sans parler d’amour ? ― mais la mission spéciale de Jean a été de nous révéler l’amour du Père et l’amour du Fils. Jean avait saisi et goûté cet amour ; sa place était dans le sein de Jésus, près de son cœur, comme le Seigneur lui-même avait sa place « dans le sein du Père ». Connaissant l’amour de Jésus et en jouissant pour lui-même, Jean pouvait prendre le doux nom du « disciple que Jésus aimait ». Les mots aimer, amour, remplissent les pages inspirées que Jean a écrites et nous les trouvons répétés aussi bien dans son évangile que dans ses épîtres.

L’amour ne se définit pas. Dieu est amour et on ne définit pas Dieu. L’amour véritable n’a sa source qu’en Dieu. L’homme pécheur est incapable par lui-même d’aimer. Comment y aurait-il place dans un cœur humain naturel, rempli de tout ce qui se trouve énuméré dans Marc 7:21 et 22, pour un autre amour que l’amour de soi-même ? Ce qui est appelé amour dans le monde n’est bien souvent que de la sentimentalité, une contrefaçon de l’amour, ou bien n’est autre chose que de l’égoïsme, c’est-à-dire l’opposé de l’amour. La preuve en a été faite : aucun homme n’a été capable d’obéir au double commandement qui résume la loi tout entière : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, et de toute ton âme, et de toute ta pensée, et de toute ta force », et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Marc 12:30 et 31).

Mais ce qui est impossible à l’homme est possible à Dieu. Le Fils bien-aimé du Père est venu dans le monde nous révéler, à nous qui étions « haïssables et nous haïssant l’un l’autre », l’amour qui était dans le cœur du Père. Et non seulement Il nous l’a révélé, mais cet amour même a été versé dans nos cœurs : « Voyez de quel amour le Père nous a fait don, que nous soyons appelés enfants de Dieu » (1 Jean 3:1), en sorte que des créatures incapables d’aimer leur prochain comme elles-mêmes, ont été rendues capables d’obéir au commandement nouveau qui nous a été donné de nous aimer les uns les autres comme Lui nous a aimés. Le terme de comparaison n’est plus humain, mais divin. Cela ne peut avoir lieu que dans la mesure où nos cœurs sont remplis de Lui.


7.2 - La vérité dans les écrits de Jean

Si l’amour caractérise les pages écrites par Jean, il est un autre mot qui revient sans cesse sous la plume de l’apôtre, un mot que nous laissons souvent volontiers de côté : c’est le mot « vérité », que nous trouvons répété onze fois dans les courtes deuxième et troisième épîtres de Jean.

En nous faisant entrer dans le mystère de l’amour, le disciple que Jésus aimait nous montre en même temps comment a été réalisée à la croix la parole des fils de Coré : « La bonté (ou l’amour) et la vérité se sont rencontrées » (Ps. 85:10). Il ne sépare pas l’amour de la vérité. Dieu est amour, mais il est en même temps appelé le Véritable. Dieu ne se divise pas : « Écoute, Israël, l’Éternel notre Dieu est un seul Éternel » (Deut. 6:4).

« Qu’est-ce que la vérité ? ». Pilate a posé cette question au Seigneur sans se soucier de la réponse. Combien d’hommes l’ont posée comme lui et, comme lui, au lieu d’attendre la réponse que seul le Seigneur pouvait donner, s’en sont allés pour ne pas l’entendre ! La vérité place deux choses dans la lumière : ce qu’est Dieu et ce que je suis. Cette double révélation nous est faite par la Parole qui est la vérité. Pour la comprendre, nous avons reçu l’Esprit de vérité qui nous conduit dans toute la vérité. La vérité sur ce que Dieu est dans sa plénitude et sa gloire manifestées dans la personne de Christ. La vérité sur ce que nous sommes, morts dans nos fautes et dans nos péchés. La vérité sur ce qu’est Dieu, le même dans l’éternité passée, dans le présent et dans l’éternité future, la vérité sur ce qu’est l’homme, le même depuis Adam, sans espoir d’amélioration malgré ses efforts, malgré ce qu’il appelle dans son orgueil les progrès de la civilisation.


7.3 - Ne pas séparer l’amour de la vérité

Un artifice de Satan dont nous avons vu les tristes effets parmi les chrétiens, plus spécialement peut-être dans ces dernières années, a été de chercher à mettre en opposition ces deux choses que Dieu ne sépare pas : l’amour et la vérité. Ne sommes-nous pas souvent tentés ― cherchant à nous persuader que nous sommes conduits par l’amour, mais nous trompant nous-mêmes ― de mettre un voile sur la vérité ou d’en dissimuler une partie pour la rendre moins sévère ou plus attrayante ? L’Assemblée, dont tous les croyants font partie, est la colonne et le soutien de la vérité. Un objet est placé sur une colonne pour être bien en vue. Voiler la vérité n’est rien moins que voiler Christ qui est la vérité et dont nous ne devons laisser aucune des gloires dans l’obscurité ou même la pénombre. Christ tout entier dans toute sa glorieuse beauté. Un amour réel pour nos frères, et pour les hommes en général, ne pourra jamais ― bien au contraire ― nous empêcher de présenter, dans « un esprit de puissance, d’amour et de conseil », Christ et la parole de vérité. Pour le faire, il nous faut considérer et imiter Celui qui est notre modèle parfait. Un jour, un jeune homme riche, honoré et honorable est venu le trouver. La Parole nous dit : « Jésus, l’ayant regardé, l’aima » (Marc 10:21). Parce qu’Il l’aimait, le Seigneur lui a dit des paroles de vérité, lui montrant d’une part ce qu’est Dieu : « Nul n’est bon, sinon un seul, Dieu » ; d’autre part ce qu’il y avait dans son cœur : l’amour de ses richesses et de sa position. Et nous pouvons quelque peu comprendre la douleur du Seigneur en voyant s’en aller tout triste ce jeune homme pour lequel son cœur était plein d’amour, qu’il aurait peut-être réussi à retenir auprès de lui par des paroles plus douces, telles que les hommes en emploient entre eux, mais d’où la vérité eût été absente.

Quel amour aussi dans le cœur du Seigneur pour cette misérable Samaritaine pécheresse, qu’Il a été chercher bien loin ! Cet amour n’a été arrêté ni par la longueur de la route ― Il a été lassé du chemin ― ni par la chaleur de midi ― « Donne-moi à boire ». Et Il lui dit des paroles de vérité, lui révélant un Dieu qui donne, mais aussi portant le fer rouge dans sa conscience. Le jeune homme riche n’a pas supporté la lumière de la vérité. Cette pauvre femme l’a reçue et a appris quels sont les adorateurs que le Père cherche.

Les efforts que l’on fait maintenant dans le monde religieux sont destinés, sous prétexte d’amour fraternel, à réunir tous les chrétiens, réels ou non, en abandonnant une partie de la vérité. Nous avons à prendre garde de ne pas entrer dans ces combinaisons humaines en laissant de côté une parcelle de la vérité et en portant ainsi atteinte à la gloire de Christ. L’amour sans la vérité n’est pas l’amour.

Mais la vérité sans l’amour n’est pas la vérité. Pour redresser une erreur, pour toucher une conscience ou un cœur en lui présentant la vérité, pour ramener un frère qui s’est égaré, nous avons une place à prendre, et une seule. La place de l’amour. À ses pieds. Le Seigneur ne s’est-il pas mis aux pieds de ses disciples pour les leur laver ? Hélas ! nous avons tant de peine à prendre nous-mêmes cette place ! Ce n’est d’ailleurs pas en parole seulement que nous avons à nous mettre aux pieds d’un frère. Il ne suffit pas de chercher à montrer de l’amour à ce frère par des paroles extérieurement affectueuses. On ne donne réellement que ce que l’on possède. Il peut nous arriver parfois de simuler de l’amour, mais, ne nous y trompons pas, un amour simulé ne touche pas le cœur. Je pense qu’il vaudra mieux, bien souvent, nous abstenir de dire certaines vérités à un frère si, après nous être sondés nous-mêmes sincèrement devant Dieu, nous devons faire la triste constatation que nous n’aimons pas ce frère comme le Seigneur nous a aimés. Le manque d’amour chez nous est peut-être plus grave que chez notre frère l’ignorance et même la négligence d’une vérité, parce que ce manque d’amour est la preuve que, comme les Éphésiens (Apoc. 2:4) nous ne sommes plus alimentés à la source de l’amour.

Lorsque des hommes sont venus trouver le Seigneur, lui amenant une femme surprise en adultère, « Jésus s’étant baissé, écrivait avec le doigt sur la terre » (Jean 8:6). La Parole ne nous dit pas ce que le Seigneur écrivait sur la terre, mais nous le montre dans l’attitude d’une personne qui attend. Et lorsque le moment est venu, après avoir d’une parole touché la conscience des accusateurs, seul avec cette femme, son amour peut s’exprimer en paroles de vérité.

Le chapitre 13 de la première épître aux Corinthiens, auquel nous avons toujours à revenir pour comprendre mieux la place que doit occuper l’amour dans notre vie, met la vérité sur le même pied que l’amour : ― « L’amour se réjouit avec la vérité » (1 Cor. 13:6) ― au-dessus de la connaissance. Non pas au-dessus de la connaissance de Christ, lequel est en même temps l’amour et la vérité, seule connaissance qui n’enfle pas, mais qui, bien au contraire, nous rend tout petits. Il y a une connaissance qui aura sa fin (vers. 8), et que nous sommes souvent tentés de confondre avec la vérité, la connaissance de la lettre qui tue (2 Cor. 3:6), la connaissance qui peut même faire périr « le frère pour lequel Christ est mort » (1 Cor. 8:11). Gardons-nous de vouloir imposer cette connaissance en cherchant à la faire prendre pour la vérité, mais apprenons, comme Marie aux pieds du Seigneur, à connaître la vérité dans l’amour.

Jean nous révèle les bénédictions qui sont la part de ceux qui aiment dans la vérité : « La grâce, la miséricorde, la paix, seront avec vous de la part de Dieu le Père et de la part du Seigneur Jésus Christ le Fils du Père, dans la vérité et dans l’amour » (2 Jean 3). Dieu veuille que ce soit là notre part à tous.


8 - Zachée — Luc 19:1-10

M.E. 1960 p. 113

8.1 - Obstacles intérieurs, personnels

Deux obstacles empêchaient Zachée de voir « Jésus, quel il était ». Il y avait en premier lieu le fait que Zachée était petit de taille. Si nous avons le même désir que lui de voir Jésus, et Dieu veuille qu’il en soit ainsi, nous nous heurtons au même obstacle. Nous sommes petits, trop petits pour voir, en restant au sol, la grandeur de Celui dont l’Ange avait dit à Marie : « Il sera grand ». Nous avons, par nature, nos pensées aux choses de la terre, et ce sont de bien petites choses, vues à l’échelle de Dieu. Nous sommes occupés de notre personne, de notre santé, de notre famille, de nos amis, de notre travail, de notre service, de nos loisirs et de tant de choses qui peuvent ne pas être mauvaises en elles-mêmes, mais qui sont en vérité très petites. Et cependant elles occupent une grande place dans nos vies et dans nos cœurs, une place souvent si importante qu’il n’y reste que bien peu d’espace libre pour Celui qui seul est grand.

Il est bon qu’un père de famille pense à ses enfants, une maîtresse de maison à son ménage, un ouvrier à la bonne exécution de son travail, mais ces choses bonnes deviennent mauvaises si elles nous empêchent de voir Jésus, quel Il est, du fait que nous fixons nos yeux sur elles au lieu de les lever sur Lui.


8.2 - Obstacles extérieurs

Il y avait aussi un obstacle extérieur qui aurait privé Zachée, s’il était resté à terre, de la vue nette et précise de Celui qui traversait Jéricho. C’était la foule qui entourait le Seigneur et qui représente pour nous ce que nous pouvons appeler le monde religieux. Impossible de le voir comme Il est au travers du fatras des dogmes, enseignements et formes propagés par toutes les sectes qui composent la chrétienté professante. La foule est si dense que c’est à peine si l’on peut distinguer quelques traits de la personne du Seigneur.

Il est humiliant de courir, comme Zachée, lorsqu’on aime à marcher avec une certaine dignité humaine. Il est humiliant de grimper sur un arbre comme un enfant lorsqu’on est un homme fait. Il est humiliant de se montrer petit lorsqu’on se croit grand et de reconnaître son ignorance lorsqu’on prétend à la connaissance. Il est parfois humiliant de refuser les distractions offertes par le monde pour aller rencontrer, en dépit des railleries, le Seigneur là où Il a promis sa présence. Zachée aurait eu bien des motifs humains pour ne pas s’exposer à de pareilles humiliations. Il lui eût suffi de rester au sol, ou même de ne pas quitter son bureau de recette, avec la pensée que d’autres, plus grands que lui, verraient passer le Christ et pourraient lui en parler ensuite. N’est-ce pas, comme l’estiment beaucoup de chrétiens, le rôle du clergé de s’enquérir des choses de Dieu et de leur résumer ensuite, dans un sermon, le résultat de leurs études ? N’avons-nous pas été aussi parfois retenus loin de la présence du Seigneur par des motifs que nous considérions comme légitimes, mais qui étaient en réalité bien petits, et n’avons-nous pas justifié cette attitude à nos propres yeux avec la pensée que Sa présence personnelle pourrait être remplacée par un entretien ou une lecture au moment où cela gênerait le moins nos occupations ?


8.3 - Voir Jésus

Ce n’est pas ainsi qu’a agi Zachée auquel peut s’appliquer la Parole : « Celui qui s’abaisse sera élevé » (Luc 14:11). Il s’est, en s’abaissant, c’est-à-dire en s’humiliant, élevé au-dessus des obstacles, il s’est isolé de la foule, et, d’en haut, il a vu Jésus, quel Il était.

Il en est de même pour nous. En restant au niveau de la terre, sans nous élever au-dessus du monde qui est dans nos cœurs naturels, au-dessus du monde religieux qui nous entoure et obscurcit notre vue, nous ne distinguerons pas les perfections du Seigneur. Pour voir dans toute sa grandeur et sa beauté Celui qui est la Vérité, il nous faut le chercher dans la Parole de vérité, dégagée de tout commentaire humain et le rencontrer là où Il a promis sa présence, en dehors et au-dessus des formes religieuses, dans la dépendance du Saint Esprit qui seul peut nous conduire dans toute la vérité.

Pour en arriver là, nous aurons à subir comme Zachée des humiliations, surmonter des difficultés et peut-être même rencontrer des persécutions, mais, comme pour lui, la réponse dépassera toujours notre attente. Non seulement Zachée a vu passer le Seigneur, comme il le désirait, mais il a encore eu la joie d’entendre Celui qui le connaissait par son nom lui dire : « Zachée, descends vite ; car il faut que je demeure aujourd’hui dans ta maison ».

Il vaut bien la peine d’endurer quelques souffrances pour jouir ensuite de la proximité de Celui qui nous dit : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma Parole et mon Père l’aimera… et nous ferons notre demeure chez lui » (Jean 14:23).


9 - Le Dieu de paix avec nous (Pensée) — Phil. 4:9

M.E. 1966 p. 168

Nous sommes invités à occuper nos pensées de « toutes les choses qui sont vraies, toutes les choses qui sont vénérables, toutes les choses qui sont justes, toutes les choses qui sont pures, toutes les choses qui sont aimables, toutes les choses qui sont de bonne renommée » (Phil. 4:8), et, en faisant ainsi, nous avons la précieuse promesse que « le Dieu de paix sera avec nous ». Parmi toutes ces choses bonnes, il en est d’« excellentes » que nous sommes invités à « discerner » (Phil. 1:10; Rom. 2:18). Ce sont toutes celles qui concernent le Christ, Celui dont toute la Personne est désirable. Discerner le Fils (Jean 6:40), discerner sa pensée (1 Cor. 2:15, 16), discerner son œuvre (Ps. 28:5), discerner sa justice (Prov. 2:9), demeurer dans son amour (1 Jean 4:16), contempler sa gloire (2 Cor. 3:18) ! S’Il est ainsi le sujet continuel de nos méditations, rien ne pourra troubler la paix de Dieu, laquelle surpasse toute intelligence, qui reposera sur nous, et que « le Dieu de paix » lui-même nous fera goûter, dans le bonheur de sa présence avec nous.


10 - Demeurer en Lui et Lui en nous

M.E. 1960 p. 259

L’expression « demeurer », que nous trouvons répétée plusieurs fois dans l’évangile de Jean, revient constamment dans sa première épître. Elle nous parle de stabilité, de permanence, de sécurité, de paix, et correspond bien à l’enseignement du disciple que Jésus aimait.

Ici-bas tout passe. Les pensées, les sentiments, les joies, les choses qui peuvent paraître même les plus stables et les plus solides aux yeux du monde s’évanouissent bien vite. Dans la crainte d’un avenir qu’il ignore, l’homme voudrait se cramponner à quelque chose, mais c’est en vain qu’il cherche un appui qui demeure en dehors de la Parole qui seule demeure et ne passera pas. Heureux les jeunes gens en qui la Parole de Dieu demeure (1 Jean 2:14).

Rien de ce qui demeure n’est lié à la terre, mais les choses qui ne se voient pas sont éternelles, et c’est pourquoi Jean nous amène, ou nous ramène, dans sa première épître, à ce qui était dès le commencement, le commencement de la vie de Christ en nous, Christ la Parole vivante et éternelle. Connaissant Christ ainsi, nous avons la vie éternelle demeurant en nous.

L’homme naturel demeure dans la mort, parce que ses œuvres, même les meilleures aux yeux du monde, sont mauvaises. Seul l’homme en Christ, participant de la nature divine (2 Pier. 1:4), né de Lui, possédant Sa vie, ayant reçu le don de l’amour du Père, peut demeurer en Lui et manifester les fruits de Sa vie en lui-même. Il est impossible qu’un tel « homme en Christ » pratique le péché, car la semence de Dieu demeure en lui. Sa part, élevée, est de pratiquer la justice, comme Lui est juste. Et, s’il arrive que le croyant pèche cependant en laissant agir la vieille nature qui est en lui, Jean règle la question à la fin du premier chapitre pour n’y plus revenir.

Il nous appartient ainsi, non seulement de dire que nous demeurons en Lui, mais de le réaliser, et c’est en cela que réside notre responsabilité, car demeurer en Lui, c’est marcher comme Lui a marché, dans une pleine et entière dépendance, et vivre une vie de sainteté pratique. Cela nous est impossible avec nos forces naturelles qui ne pourraient que nous éloigner de Lui. Il nous faut rester attachés à Lui et fixer les yeux sur notre modèle, modèle de justice et modèle d’amour. « Comme Lui » est une expression qui revient aussi bien souvent tout au long de l’épître.

Demeurer en Lui implique donc la dépendance et la sainteté pratique dans notre vie. Nous avons à manifester ces caractères. Mais, à l’exhortation qui nous est faite de demeurer en Lui, s’ajoute la promesse plusieurs fois répétée que Lui-même demeurera en nous. Nous comprenons bien que cela ne peut être que si nous pratiquons la sainteté, car comment le Seigneur demeurerait-Il dans des vases impurs ?

Si nous demeurons en Lui, Il se plaira à répondre à notre fidélité. Le Seigneur lui-même nous en a donné l’assurance : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui » (Jean 14:23).

Dieu n’a habité ni en Adam, ni en Abraham, ni même en David, car seul l’homme possédant la vie de résurrection, scellé du Saint Esprit, peut jouir de cette faveur élevée et glorieuse d’être la demeure même de Dieu. Le réaliser, c’est jouir par avance du bonheur qui sera notre part lorsque nous serons dans le ciel même. Nous goûtons ce privilège bien faiblement encore, étant enveloppés d’infirmité, mais ce n’en est pas moins une réalité bénie qui constitue un sujet de louange et d’adoration.

Que Dieu nous donne de jouir sans défaillance de cette douce et précieuse communion avec Lui, pour que notre joie soit accomplie.