G. V. Wigram
Tiré de “Short Papers” (Allan, 1871) publié par www.stempublishing.com
Partout où il se
trouve, le manque de soumission à Dieu est Péché
.
Je dis intentionnellement manque de
soumission
, ou absence de soumission
(c’est à dire une non-soumission, quelque chose de
négatif), et je ne dis pas insoumission
qui aurait encore un aspect positif pour beaucoup. Mais l’absence de soumission
est péché
,
sans qu’il y ait lieu de prouver la présence positive d’une quelconque activité
rebelle ou acte de rébellion.
Concernant l’homme
(*), il est écrit : « le salaire du péché,
c’est la mort
» (Rom. 6:23). Nous savons d’après l’Écriture que la
mort exerce deux actions sur l’homme : la première est la mort du corps
quand la vie naturelle cesse de l’animer, et la seconde, plus tard, la seconde
mort. La mort morale (comme les gens disent) est le péché habitant dans
l’homme. Le fait de manger d’un certain arbre en Eden était l’expression de
l’indépendance de l’homme à l’égard de Dieu. Je peux imaginer, avec respect et
crainte, qu’on pût toucher l’arbre sans qu’il y eût ni péché ni mort
morale ; mais une fois que la volonté d’en manger eut été formée, il y avait
péché ; et quand Ève mangea, il y eut mort morale. Le jugement de ce péché
fut la mort du corps, et après elle, le jugement et la seconde mort de toute la
race descendante d’Adam et d’Ève.
(*) Il est clair que les expressions « le péché est entré dans le monde et par le péché la mort » (Rom.5:12) et « le salaire du péché c’est la mort » etc, se rapportaient à l’homme en tant qu’âme vivante ayant la capacité de reconnaître Dieu comme la Source et le Donateur de tout bien. Les animaux et végétaux ne sont pas sur le même plan que l’homme quant à la mort, car Dieu ne les a pas placés au même niveau que l’homme dans la création.
Pourquoi les hommes craignent-ils
la mort ? Je ne peux pas traiter cette question en entier ici, quelques
mots suffiront. Un incrédule honnête (si cela peut exister) me disait que
« la mort était un rideau noir en travers de son chemin, toujours devant
lui, lui disant qu’en se fiant à sa raison, il était dans un état pire qu’un
chrétien se confiant dans la foi, car en face de la mort, la raison est comme
dans une impasse. La foi peut la traverser et connaître ce qu’il y a de l’autre
côté ». Pour une nature intelligente
, la mort doit être une chose
terrible, car la mort est le jugement dont Dieu a dit qu’elle était la conséquence
des transgressions de l’homme. Pour une nature inintelligente
, il est
très humiliant d’être exposé aux attaques d’un adversaire puissant, dont on ne
peut se préserver et qu’on ne peut ni mettre de côté ni renvoyer, et qui
grignote petit à petit notre génération pour la jeter dans son sac sans fond.
Celui qui a dans ses mains la Parole de Dieu sait que la mort est le juste jugement de Dieu à cause du péché et qu’après elle, une foule d’autres choses s’y rajoute dans la seconde mort.
Quand la doctrine chrétienne est connue et reçue par la nouvelle nature donnée à tout croyant et grâce à sa relation présente avec Christ vivant maintenant dans les cieux, — tout ce qui concerne la mort est changé.
La mort aux yeux de la nature ou de la foi ne peut que différer parce que le témoignage de Dieu quant à ce qu’est la mort en elle-même pour l’homme naturel, est aux antipodes de Son témoignage quant à ce qu’elle est pour le croyant en Christ. Notez :
1. Il y a une différence essentielle
entre, d’un côté un croyant,
et de l’autre côté Adam dans sa première condition en Eden et tous ceux qui
n’ont pas une nature plus élevée que la sienne ; et
2. La base ou le fondement de la position des deux sont diamétralement opposés :
a) L’homme était une âme
vivante
qui connaissait Dieu comme le Donateur, et l’obéissance était la
base ou le fondement de sa position — Hélas ! toute sa race est morte
dans son âme
et s’attribue à elle même ce qui n’est dû qu’à Dieu.
b) Le croyant est vivifié par
l’Esprit
(1 Pierre 3:18), un seul Esprit avec le Seigneur (1
Cor.6:17) : sa position est en Christ et avec Lui. Bienheureuse
position ! Christ était, est maintenant et sera POUR lui, et l’Esprit de
Christ habite en
lui.
Je ne pense pas que, pour un
croyant, la mort soit en aucune sens le salaire du
péché. Comme homme, j’étais sur le terrain de la nature. Christ m’a trouvé là,
et m’a pris en charge. Toute l’œuvre qu’Il a accomplie avant sa résurrection,
est venue tout régler pour moi. Il a tout payé et a crié : « c’est
accompli » avant de remettre Son esprit. Quand Il sortit du tombeau, Il
ressuscita en tant que chef (ou : tête) de race ; et le propos de
grâce me concernant a désormais été accompli, car je sais et je crois que je
suis ressuscité avec Lui. La mort du croyant fait-elle partie de la dette à
payer ? Certainement pas, car si la mort de l’un
d’eux était nécessaire comme partie du paiement, alors la mort
de tous serait aussi nécessaire. Or tous ne mourront pas, car beaucoup seront
changés [transmués]. Et si j’ai à payer une partie
de la pénalité, alors
la pénalité n’a pas été déjà payée par Christ, et la grâce n’est plus la grâce,
et ma position n’est plus du tout dans le Christ Jésus, mais je suis encore en
Adam et débiteur. Bien ! Mais ne vais-je pas mourir ? Ne voyez-vous
pas des croyants mourir tout autour de vous ? moi
pas, jamais
. Je ne mourrai pas. S’il faut
déposer la tente (2 Pierre 1:14), cela ne me
tuera pas. Étant un homme en Christ
,
je peux passer de bon gré
par la mort
du corps, Christ m’encourageant comme associé à Lui par grâce ; c’est de
la même façon que je peux passer par toutes les douleurs du désert comme chrétien
, et pas seulement comme
homme. Je ne vois pas que le nouvel homme — l’homme en Christ — puisse mourir.
Le Christ qui s’est tenu pour moi
comme mon substitut dans Sa mort, m’a rendu capable, par la foi qu’Il m’a
donnée dans son œuvre et en Lui comme ressuscité d’entre les morts, de
comprendre que toute la charge qui était contre moi a été ôtée ; et non
seulement cela, mais je suis placé sur un tout autre terrain que précédemment —
non plus en Adam où tous meurent, mais en Christ où tous sont rendus vivants (1
Cor. 15:22). Je ne suis plus sous une loi violée, ni devant un Dieu qui exige, d’une
créature ruinée, le paiement de ses dettes, et l’exécution du châtiment du
péché. Je suis dans le désert où Christ a été, mais j’y suis comme déjà racheté,
et en communion avec Lui qui est maintenant pour
moi dans les cieux. Si
je dois passer par la mort (*), la première
question sera alors : par quelle
mort vais-je glorifier Dieu
(une pensée très différente de celle de l’homme
naturel) ? et la seconde : que vais-je gagner par la mort du corps
?
« car vivre c’est Christ et mourir un gain »
pour le chrétien du moins.
(*) l’homme naturel (ou simplement le
descendant d’Adam) ne peut pas parler de passer à travers la mort
. Il doit
mourir lui-même. Le chrétien passe à travers [ou : par] la mort. La mort
est à lui ; comme chrétien, elle lui paye un tribut ; en toute chose
il est plus que vainqueur ; la victoire sur la mort lui appartient déjà,
en Christ. Mais l’homme naturel est placé sous la mort ; c’est lui qui lui
paye un tribut à elle, et de la manière la plus terrible : il est conquis
et vaincu par elle.
Si en fait je marche ici bas par
la chair et selon la chair, je trouverai que je suis dans le désert comme
Israël l’était, bien que je sois un croyant ; mais si je marche par
l’Esprit et selon l’Esprit, je trouverai que le désert est pour moi ce qu’il
était pour Christ. La foi me le fera goûter comme
Christ l’a goûté. L’expérience comme homme me le fera goûter comme Israël l’a goûté :
Voilà deux manières très différentes de le goûter. Si je suis dans le désert,
c’est que j’ai déjà traversé la Mer Rouge. Il arrive qu’une petite foi ait
beaucoup à dire sur les longues expériences faites (et des expériences parfois
terribles !) avant qu’elle comprenne où elle était et comment elle a traversé
la mer. Mais le passage de la frontière entre l’Égypte et le désert par Israël
l’a été aux dépens de qui, et suite aux efforts et au labeur de qui ?
Certainement leur Dieu, et personne d’autre, s’est
chargé de tout pour eux. Et que dirons-nous au sujet de ce que nous avons fait
ou souffert dans la rédemption que notre Dieu a opérée dans le Christ Jésus et
qu’Il nous a révélée !
Le Jourdain est-il un cours d’eau pire que la Mer Rouge ? qui a jamais été appelé à le traverser à ses frais ? pourquoi les cœurs des deux tribus et demi se sont-ils attardés de ce côté du Jourdain ? Ont-ils fait un choix sage ?
La peste, la famine et la guerre
écument la terre. La vague de la Mort déferle sur l’homme naturel ; elle
le trouve dans son état de nature, sans rien en lui qui aille au delà de la
nature. Elle interrompt son cours (pour ainsi dire) et il meurt ; elle
s’approche ensuite d’un croyant. Mais voilà une autre question qui surgit :
non seulement : « qui a le pouvoir de la mort ? » (c’est à dire le diable, Héb.2:14), mais « à celui qui
est une de mes brebis », dit le Christ « j’ai donné ma vie pour
lui ». Satan a-t-il, la mort a-t-elle un droit quelconque supérieur à
celui de Christ ? Non, aucun. Supposez, cependant, que le moment soit venu
pour ce croyant de glorifier Dieu en étant lapidé à mort — en étant cloué à une
croix la tête en bas. Si celui qui a le pouvoir de la mort fait tomber une
pluie de pierre sur Étienne, celui qui a le pouvoir de la vie
est là
aussi. Un saint n’est pas comme un homme ordinaire, il ne peut pas être tué avant
que Christ, comme Prince de Vie, agisse. La mort peut déferler parmi les hommes
par une providence générale ou particulière, — parmi les hommes qui sont
simplement des hommes. Mais un saint doit aller au ciel ; la vie en lui,
source de vie et vie éternelle, donnée par Christ et nourrie par Christ à
chaque instant, ne peut pas être arrêtée par l’ennemi ; le fil de la vie
ne peut être coupé par lui. Satan ne peut pas le faire. Cela ne peut avoir lieu
que si Christ recueille la vie pour Lui-même.
Jésus de Nazareth ressuscité d’entre les morts et reconnu dans les cieux comme Christ et Seigneur de tous et, comme preuve de cela, le croyant ayant ici bas la possession consciente de la vie en Lui et de Lui, voilà les deux grands points quant à la délivrance de la crainte de la mort.
Je crois que l’expression commune que la mort est la porte de l’éternité est très fausse. Pour l’homme naturel, c’est la vie qui en est la porte : là où l’arbre tombe, là il gît (Eccl. 11:3). Mais pour le croyant, la vie éternelle lui a été donnée, et il a déjà été introduit, réellement, par la foi, dans la présence de Dieu et de Christ. Christ, dans la gloire du lieu où Il est, s’est fait connaître à moi comme ayant le pouvoir de vivifier — autrement je ne serais pas chrétien. Car celui qui ne connaît pas Jésus Christ ressuscité d’entre les morts n’est pas de Lui. Je ne doute pas que l’expression à laquelle j’ai fait allusion, et d’autres semblables, fassent partie des moyens dont Satan se sert pour jeter de la confusion dans les pensées des chrétiens.
P.S. : L’espérance
de beaucoup semble
défectueuse. Ils parlent comme s’ils espéraient attendre sur la terre que le
Seigneur y descende. En tant que chrétien céleste, ce n’est pas là mon
espérance.
La foi me révèle Christ comme
Fils de Dieu, maintenant sur le trône du Père. Sur la terre, j’ai joui de Lui
dans cette position, comme Paul en a joui quand il était ici-bas. Paul en jouit
pareillement maintenant, alors qu’il est absent du corps et présent avec le
Seigneur. Jusqu’à ce qu’Il quitte le lieu où Il est, beaucoup auront cette
jouissance dans Sa présence, ainsi que quelques-uns sur la terre. Quand je
parle d’Espérance, mon espérance comme ma foi le possèdent Lui comme objet.
Étant dans le corps, ma foi se repose sur Lui, sur qui Il est, sur ce qu’Il
est, et sur où Il est MAINTENANT — exactement ce que je goûterais (mais plus
pleinement, sans empêchement) si j’étais absent du corps et avec Lui.
L’espérance Le voit Lui, non dans Sa position présente, mais dans Sa position
future (*). L’espérance a pour objet Christ
dans ce qui est pour Lui
une position future ; il doit en être
ainsi, car l’Esprit en nous voit les choses non selon nos sentiments, mais
selon Christ. Il doit être élevé de la position dans laquelle il est maintenant
pour entrer dans les parvis éternels qui font partie de la sphère de la
rédemption. Pour autant que je sache, Il conduit avec Lui à Sa suite la
compagnie des saints qui ont été absents du corps et présents avec lui. Que les
morts en Christ doivent ressusciter premièrement, c’est vrai, même si la
puissance qui est en Lui opérera en un seul instant, en un clin d’œil, pour que
le corruptible revête l’incorruptibilité et que le mortel revête l’immortalité.
Ceux qui dorment seront les premiers, mais le reste suivra juste après, une
seule foule bénie, même qu’elle ait son avant-garde et son arrière garde.
(*) Je n’admettrais pas que l’espérance de Paul, comme chrétien, ait été réalisée en étant absent du corps et présent avec le Seigneur, bien que, humainement, Paul aspirait à cela.
La manière dont certains reculent à l’idée d’être présents avec le Seigneur, et s’attachent à être absent de Lui, est étrange.
Trouvent-ils que tout en eux est si parfaitement en accord avec la gloire à venir que, s’Il venait, ils seraient présentement en harmonie avec cette gloire, juste comme ils sont, corps, âme et esprit ? Comment donc ne pas être heureux avec Lui là où Il est ?
Est-ce parce qu’ils n’aiment pas être seuls avec Christ, de sorte qu’ils ne savent pas comment se confier tous seuls en Lui ? ou bien n’y a-t-il rien d’attrayant à ce qu’Il soit là où Il est, pour ceux qui l’aiment ? ou bien Pierre, Jacques et Jean sont-ils dans une condition inférieure à celle qu’ils avaient quand ils étaient pèlerins sur la terre ?
La douce expérience de Christ, comme pilote de mon âme, n’est pas étrange pour moi. Il doit choisir pour moi, et Il est digne de confiance, où qu’Il conduise. Qui connaît la détresse de la mort aussi bien que Lui, et qui sait comment y réconforter un Étienne ? Le passage à travers le voile est un chemin bien connu pour la foi (Héb. 10:20), et Christ — Christ vivant — ne me laissera jamais défaillir ; les parvis célestes ne sont pas comme une terre inconnue, très très loin, séparés de nous par une vaste mer.
Ce qu’ils sont, je n’en sais
rien, mais je crains que, chez beaucoup, à cet égard, les choses qui se voient
et les choses visibles aient plus de prise sur eux que les choses spirituelles
et les objets de foi. Ou alors, font-ils comme Jacob
au torrent de Jabbok, faisant passer tous les leurs à
travers le petit
torrent, sans passer
eux même tant que leur chair n’a pas été matée ?