L’état d’Israël aujourd'hui et la Bible

Atwood Simon

Truth & Testimony 2021-2, p.81-85 (Dispensational Disconnect)


Table des matières :

1 - Un peu d’histoire

2 - Un saut au 19ème siècle

3 - Que signifie tout cela pour l’avenir ?


De nombreux chrétiens se polarisent au sujet d’Israël. Certains disent qu’il ne joue plus aucun rôle dans les plans de Dieu pour la terre, tandis que d’autres défendent avec force l’État que nous appelons Israël aujourd’hui. Les premiers suivent une tradition d’enseignement biblique qui remplace Israël par l’Église, bien que certains aient des pensées si radicales qu’on se demande s’ils croient vraiment la Bible. Les seconds, souvent évangéliques, peuvent être tellement préoccupés par Israël qu’ils semblent oublier que le christianisme est centré sur Christ en haut (Col. 3:1-4). Que dit la Bible ?


1 - Un peu d’histoire

Dieu a honoré Sa promesse faite à Abram en Genèse 15 en implantant Israël dans le pays de Canaan (Ex. 6:2-9 ; Ps. 80:8), mais le peuple L’a abandonné dans leur cœur, leurs voies et leurs paroles (Jér. 2:13). Sous Sa main en discipline, ils se sont divisés en deux royaumes en 975 av. J.C. : 1) Israël, composé de dix tribus, et 2) Juda et Benjamin au sud (1 Rois 12:16-24) — appelés plus tard les Juifs. Après de nouvelles infidélités, Dieu laissa l’Assyrie mettre fin au royaume d’Israël en 721 av. J.C. (2 Rois 17:1-23), et Babylone conquérir Juda en 606 avant J.C., (*) l’emmenant aussi en captivité (2 Rois 24 et 25). Mais les deux captivités furent très différentes. Les Assyriens dispersèrent les dix tribus dans tout leur empire et elles n’en sont jamais sorties (**). En revanche, Dieu limita la captivité des Juifs à Babylone à 70 ans (Jér. 25:11), incitant Cyrus le Perse à les laisser retourner à Jérusalem en 536 avant Jésus-Christ (2 Chr. 36:22-23). Mais sur les centaines de milliers de captifs, moins de 50 000 ont profité de l’occasion pour reconstruire le temple et la ville sous la direction de Zorobabel, Esdras et Néhémie (Esd. 2 et 8 ; Néh. 2).


(*) C’est à partir de cette date que commencent les temps des Gentils (Luc 21:24).

(*) Bien qu’on trouve des individus dans le pays plus tard comme Anne de la tribu d’Aser (Luc 2:36).


Avec l’aide de Dieu, les Juifs qui revinrent restaurèrent Son culte (Esdras 3:8-13) et se réinstallèrent dans le pays. Cela signifie que leurs descendants étaient là pour recevoir le Messie lorsqu’Il viendrait conformément à la prophétie (Matt. 2:3-6 ; Gal. 4:4). Mais ils couronnèrent la désobéissance antérieure de leurs ancêtres par le crime affreux de Le rejeter et de Le livrer aux Romains pour qu’Il soit crucifié (Actes 13:17-31). Dans une grâce merveilleuse, Dieu les a suppliés, mais ils lapidèrent Son messager Étienne, disant en fait : « Nous ne voulons pas que cet homme (Christ) règne sur nous » (Luc 19:14). Quarante ans plus tard, ils éprouvèrent eux-mêmes toute la force de la puissance romaine et, à la suite de la destruction du temple et de la ville en 70 après J.C. (selon la prophétie de notre Seigneur en Luc 21:20-24), ils furent chassés du pays.


2 - Un saut au 19ème siècle

Les Juifs ne revinrent pas en nombre dans le pays jusqu’à la fin du XIXe siècle, alors qu’il était aux mains de l’empire ottoman musulman. La perspective d’en reprendre possession n’était encore qu’un rêve ; à cette époque des chrétiens — surtout ceux que l’on appelle « les frères » — avaient déjà commencé à montrer d’après les Écritures qu’Israël était destiné justement à faire cela (Jérémie 33:10-13). Comment cela s’est-il produit ? L’Esprit de vérité guida des croyants pour lire les prophéties de l’Ancien Testament selon leur sens ordinaire (*) et à la lumière du Nouveau (Jean 16:13-14). Les écailles tombèrent de leurs yeux et ils virent l’avenir d’Israël clairement. Ce fut au même moment que Dieu les rendit capable de retrouver la vérité de l’église en tant que Son peuple céleste. Ces deux aspects distincts de la vérité vont de pair.


(*) Ceux qu’on appelle les « pères de l’église » (par exemple Origène, Jérôme et Augustin) allégorisaient ces prophéties comme si elles faisaient référence à l’Église. De nombreux chrétiens le font encore aujourd’hui.


Comme eux, nous attendons que le Seigneur Jésus vienne nous chercher pour être avec Lui (Jean 14:1-3 ; 1 Thess. 1:10 ; 4:16-17), sachant qu’à ce moment-là, l’horloge prophétique se remettra en marche pour cette terre, et pour Israël en particulier. Mais il y a une différence : à leur époque — jusqu’au début du 20e siècle — le pays était un trou perdu et désolé, mais de notre temps, un état juif dynamique, avancé et prospère s’y est installé. Nous sommes tellement habitués à cette réalité que nous ne pensons guère au fait qu’il a fallu un peu plus d’un demi-siècle pour que ce changement tumultueux se produise. De toute évidence, Dieu l’a permis, mais est-ce l’accomplissement des prophéties de l’Ancien Testament selon lesquelles Israël serait restauré sur sa terre, comme certains semblent le penser ?


Pour répondre à cette question, nous nous tournons vers Jérémie 30 à 33. Nous apprenons au moins trois choses de ces chapitres :


(*) Les dix tribus ne passeront pas par la tribulation dans le pays parce qu’elles n’étaient pas dans le pays quand le Seigneur Jésus est venu la première fois, et elles ne sont donc pas coupables de Son rejet et de Sa crucifixion.



La réponse est donc « non ». L’Israël d’aujourd’hui est le résultat des efforts de l’homme pour parvenir à ses fins, même s’il ne fait guère de doute que Dieu l’a permis de manière providentielle pour l’accomplissement de Sa propre volonté parfaite.


3 - Que signifie tout cela pour l’avenir ?

Paul écrit dans l’épître aux Romains : « Tout Israël sera sauvé » (11:26) — pas seulement les Juifs. Dieu accomplira cela sur la base de la nouvelle alliance de grâce, comme le confirme Hébreux 8. Ils bénéficieront des bénédictions matérielles du pays, comme le décrit Jérémie 33:10-18 et d’autres prophéties. La seule façon de lire de telles écritures est de les prendre au sens littéral — les expressions figuratives ressortent par contraste (par exemple, le v. 6). Étant donné que Dieu leur a promis le pays en premier lieu, mais qu’Il a dû les en priver à cause de leur péché, ce serait indigne de Lui de faire moins quand leur péché sera effacé. Et Il le garantit en termes littéraux : comme le jour et la nuit se succèdent (v. 19-26).(*)


(*) Jérémie a cru à ses propres prophéties comme on le voit par son achat, sur instruction de Dieu, d’un terrain en Israël sur la foi de ces prophéties (Jér. 32).


Mais avant cela, Dieu s’occupera de Son peuple, en particulier des Juifs. Il les affinera pendant la période de tribulation (Zach. 13:9), en particulier pendant les 3.5 ans de la soixante-dixième semaine de Daniel — le « temps de la détresse de Jacob » ou « grande tribulation » (Jér. 30:7 ; Matt. 24:21). Le résidu jugera son péché et apprendra sa totale impuissance, mais au moment de la dernière des dernières extrémités, le Messie apparaîtra et le délivrera de ses ennemis (*). Ils « regarderont celui qu’ils ont percé, et ils se lamenteront comme on se lamente sur un fils unique » (Zach. 12:10), utilisant sans doute le langage d’Ésaïe 52:10 à 53:12.


(*) Ces ennemis peuvent inclure les citoyens de l’Israël moderne qui continuent à rejeter Dieu. Ils feront partie de la masse méchante du peuple dont il est question dans les Psaumes (par exemple Ps. 1:1).


Mais pour nous aujourd’hui, le principe de bénédiction déclaré par Dieu est la grâce (Tite 2:11). En tant que croyants au Seigneur Jésus, nous formons l’Église, son peuple céleste. Que nous soyons Juifs (Gal. 6:16) ou Gentils, nous sommes « un seul homme nouveau » (Éph. 2:15). En tant que tels, nous possédons les bénédictions spirituelles de la nouvelle alliance, telles que le pardon des péchés (Jér. 31:34 ; Éph. 1:7), car le sang de Christ sur lequel elle est fondée a déjà été versé (*). Mais nous possédons tellement plus (voir Éph. 1) et nous connaissons Dieu de la manière la plus intime qui soit : comme Père plutôt que comme l’Éternel (comparez Jean 20:17 avec Jér. 31:34). Il est certain que nous devons atteindre avec l’Évangile aussi bien les Juifs que les Arabes, mais gardons-nous du double mal soit 1) de lutter contre le dessein établi de Dieu de bénir Israël, soit 2) de nous mêler de l’accomplissement de ce dessein, ce qui n’est pas notre affaire. Les épîtres sont pleines d’exhortations à nous occuper de nos bénédictions spirituelles. Notre politique est en haut, pas en bas, comme l’écrit Paul : « notre citoyenneté est dans les cieux, d’où nous attendons aussi le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur » (Phil. 3:20).


(*) Comme l’ancienne alliance au Sinaï (Ex. 24:8), la nouvelle alliance sera conclue avec Israël (les 12 tribus).