Auteur Inconnu
ME 1874 p. 261
Tables des matières :
4 - Pourquoi les divergences d’opinion ?
4.2 - Se contenter de rudiments
4.3 - Les préjugés et la tradition
La première demande que, dans sa prière, le Seigneur adressa à
son Père pour ses disciples sur la terre, c’est qu’ils fussent un, comme Lui et
le Père sont un ; et plus loin, en parlant de ceux qui viendraient à
croire en Lui par leur parole, il dit : « Afin que, tous, ils soient
un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi, afin qu’eux aussi soient un
en nous » (Voyez Jean 17:11:21). Cette unité que Jésus demandait, et qu’Il
exprime selon la perfection de Ses propres pensées, ne procède pas d’arrangements
humains, ou de l’effort de l’homme, mais elle est selon la puissance divine. Un
seul et même Esprit divin en est la source et le lien. Par cet Esprit, pour
autant qu’ils en étaient remplis, la pensée, le but, la vie, l’existence morale
tout entière de tous les saints, dans la communion du Père et du Fils, étaient un
; — et rien ne pouvait être un
témoignage plus puissant dans le monde, qu’une pareille unité. C’est pourquoi
le Seigneur ajoute encore : « Afin que le monde croie que c’est toi
qui m’as envoyé ». Qu’est-ce qui pouvait en effet davantage arrêter
l’attention des hommes en général, et tendre à les convaincre, que ce fait
nouveau, inouï sur la terre, que tous ceux qui croyaient en Christ étaient un
cœur et une âme, et persévéraient dans une même pensée et un même
jugement ? Il ne pouvait pas y avoir de témoignage plus évident qu’une
même vie animait toutes ces âmes, qu’un seul et même Dieu les gouvernait et les
dirigeait, et que les sentiments particuliers et l’égoïsme qui divise, avaient cédé
la place à un seul et même objet qui unissait tous les cœurs dans une seule
sainte et grande pensée, la pensée de
Dieu
. En Dieu, en effet, je n’ai pas besoin de le dire, il n’y a qu’une
seule et même pensée ; et si parmi les hommes il y a sur quelque point que
ce soit, une différence d’opinion, cela ne peut venir que de ce que l’un ou
l’autre de ceux qui diffèrent, ou souvent tous les deux, sont dans l’ignorance
de la pensée de Dieu, ou ont perdu cette pensée. C’est donc toujours une chose
très sérieuse que de différer de sentiment avec un autre chrétien ; car de
deux choses l’une, ou bien c’est moi, en pareil cas, qui affirme et soutiens ce
qui n’est pas de Dieu, ou bien c’est mon frère. Nous ne devrions jamais accepter
de différer de sentiment,
quoique nous puissions devoir user de support pour des différences de jugement.
Une fois qu’on a reconnu que c’est notre vieille nature qui
entrave chez nous la perception de la pensée de Dieu et qui est l’obstacle à sa
vraie et simple réception en nous, on ne peut que sentir combien il est
important que nous nous tenions constamment dans la présence du Seigneur, pour
que Lui
nous enseigne, et nous
communique Ses
pensées, et que, ne
nous laissant pas être des auditeurs oublieux, Il nous apprenne à mettre en
pratique la Parole. Nous ne pouvons être, comme la prière même du Seigneur nous
le montre (comp. 1 Jean 4:5-6 ; 5:19), que
« du monde », ou « du Père ». Si nous sommes « du
Père » nos pensées à tous, ayant leur source en Lui, seront, pour autant,
nécessairement en harmonie. Il ne devrait pas y avoir, par conséquent, de
différences de vues ou de sentiment entre nous et nos frères. Quelques-uns,
sans doute, pourraient voir plus, ou plus clairement que d’autres, mais tous
verraient le même objet ; les uns, qui auraient la vue plus courte et qui
ne verraient que le tronc et les premières branches de l’arbre, et les autres,
qui verraient plus loin jusque dans les hauts rameaux, et qui discerneraient la
merveilleuse structure et l’agencement du branchage, ne verraient qu’un seul et
même arbre. Il y aurait toujours en commun entre tous, « les choses
auxquelles nous sommes parvenus » (Phil. 3:15-16) ; et puis, ce que
l’un ou l’autre verrait de plus, ne serait jamais en contradiction avec ce qui est
clair pour tous, ces exhortations de l’apôtre étant d’ailleurs toujours de
saison : « Nous, les forts, nous devons supporter les infirmités des
faibles… et non pas nous plaire à nous-mêmes » ; et : « Tous,
les uns à l’égard des autres, soyons revêtus d’humilité, »… « nous supportant l’un l’autre, et nous pardonnant les uns aux
autres ». Si nous ne laissions pas libre cours à notre propre jugement et
si nos cœurs étaient comme des tables où on n’a jamais écrit ni ne laissera
jamais écrire que la parole de Dieu, nous ne pourrions avoir d’autre pensée que
la pensée du Seigneur, cette pensée que les Écritures ont pour but et pour fin
de nous communiquer. Les Écritures, en effet, ne nous donnent pas seulement de
la lumière sur certains points, ou sur certaines choses, mais elles nous
révèlent la pensée de Dieu au sujet de toutes choses. Vous n’apprendrez jamais
la pensée du Seigneur par l’étude d’un certain nombre de sujets particuliers,
quel que soit d’ailleurs l’intérêt qu’ils puissent présenter ; il faut que
vous recherchiez Christ dans les Écritures et le rapport des choses avec
Christ ; il faut que vous étudiiez les Écritures comme la révélation de
Dieu, et ainsi, à mesure que vous boirez à cette source, l’Esprit de Dieu vous
fera connaître Christ, et vous fera envisager toutes choses comme Dieu les
voit. La beauté et les détails particuliers de telle ou telle pierre d’un
édifice ne seront jamais véritablement compris, si nous n’avons pas appris à
connaître d’abord la grande pensée et l’intention de l’architecte qui en a
conçu le plan.
Ici, avant de signaler quelques-unes des causes de nos
différences de sentiment, je désire rappeler que le grand principe de toute
vraie connaissance c’est la crainte de
Dieu
(Voyez Prov. 1:7). C’est le privilège des pauvres en esprit, qui
sentent leur ignorance et leur dénuement, de recevoir l’enseignement de Dieu,
et de marcher, appuyés sur Lui et sur sa Parole, dans le chemin de sainteté que
Christ a tracé, et où, après que Lui a tout surmonté, nous sommes appelés à Le
suivre dans cette obéissance filiale qu’Il appelle son joug, là où, à travers
toutes les difficultés, Il nous fera trouver le repos de nos âmes et la
jouissance de la bienheureuse communion des saints sous le regard de notre Dieu
et Père.
Mais nous suivons souvent un autre chemin ; et c’est pourquoi il y a, au milieu de nous, de si grandes et si nombreuses différences de sentiments et d’opinions. Que peut-il cependant y avoir de plus humiliant pour nous tous que ces divergences ? Quoi de plus triste que de voir les membres d’un seul et même corps, baptisés d’un seul Esprit, confesser et soutenir souvent de toutes leurs forces, et par tous les moyens qui sont à leur disposition, des opinions directement en opposition les unes avec les autres. C’est pourtant là le spectacle que la chrétienté nous présente.
Il vaut bien la peine de rechercher d’où vient ce désordre, et de passer en revue très succinctement quelques-unes des principales causes de ces humiliantes différences de pensée qui existent parmi nous.
En première ligne il faut placer l’ignorance
. Plusieurs connaissent si peu les Écritures qu’ils sont
incapables de discerner ou de recevoir ce que d’autres ont saisi comme
clairement et positivement révélé de Dieu. Que d’hommes sont, aujourd’hui, dans
le christianisme comme Nicodème auquel le Seigneur devait dire : « Tu
es le docteur d’Israël, et tu ne connais pas ces choses ? ». D’autres,
hélas ! ressemblent fort à ces disciples que Paul
trouva à Éphèse, qui n’avaient pas même ouï dire « si l’Esprit saint
était ». D’autres sont semblables à Thomas quand il disait : « Nous
ne savons où tu vas, comment pouvons-nous en savoir le chemin ? ». Ce
n’est pas, toutefois, l’ignorance elle-même qui est la grande difficulté, car
là où il y a simplement ignorance, l’œil étant net, Dieu, dans sa bonté, donne
de la lumière d’une manière ou d’une autre. Celui qui est simplement ignorant,
a toujours le désir de connaître davantage ; et là où une âme, avec le
sentiment de sa faiblesse, recherche ainsi Dieu et Sa volonté, Dieu, je le
répète, supplée à l’ignorance et fournit de la lumière. « Si ton œil est
simple, ton corps tout entier sera plein de lumière » ; « si
quelqu’un veut faire Sa volonté, il connaîtra de la doctrine ; »… et
encore : « Nous tous donc qui sommes parfaits, ayons ce
sentiment ; et si en quelque chose vous avez un autre sentiment, cela
aussi Dieu vous le révélera » (Matt. 6:22-23 ; Jean 7:17 ; Phil.
3:15-16). Souvent, malheureusement, nous ne sommes pas simplement ignorants, et
sans parler du cas où notre œil serait positivement méchant, nous ressemblons
plutôt à ces Hébreux qui demeuraient à l’état de « petits enfants », et
auxquels beaucoup de choses étaient difficiles à expliquer parce qu’ils étaient
devenus paresseux à écouter, et que, par le fait de l’habitude, ils n’avaient
pas, comme ils auraient dû, vu le temps, les sens exercés à discerner le bien
et le mal (Voyez Héb. 5:11-14 ; comp. Éph. 4:11-16). Combien de
chrétiens sont dans ce cas, ignorants dans les choses même les plus
élémentaires, ne sachant pas distinguer par exemple la dispensation mosaïque et
l’état juif, d’avec l’économie de la grâce et l’état chrétien, et qui pensent
que, parce qu’une chose a été établie une fois par Dieu pour Israël, son peuple
terrestre, cette chose est nécessairement vraie encore aujourd’hui pour nous
chrétiens qui formons l’Église de Dieu. Ils n’ont rien compris au contraste,
que le Seigneur établit dans le discours sur la montagne, entre ce qui avait été
dit aux anciens et ce que Lui disait ; ils oublient que, quand Ses
disciples, les compagnons du Fils de l’homme rejeté, voulurent faire descendre
le feu du ciel sur les Samaritains comme avait fait Élie dans un cas analogue,
Jésus les censure fortement et leur dit : « Vous ne savez de quel
esprit vous êtes animés ». Ils prennent la défense de la guerre et prônent
la gloire terrestre, parce que David fut un vaillant capitaine et un roi
puissant, ne voyant pas que la réjection de Jésus, le Roi des rois, a pour
toujours flétri la gloire de l’homme né d’Adam, et que la seule vraie grandeur
sur la terre maintenant, est celle qui se trouve avec le Fils de l’homme
rejeté, qui a souffert hors de la porte, et qui nous appelle à Le suivre hors
du camp portant Son opprobre (Héb. 13:12-14 ; comp. Luc 9:18-26 ; 22:24 et suivants).
D’autres, qui ont trouvé le pardon de leurs péchés par le sang de la croix, semblent regarder comme superflu de s’enquérir davantage de la vérité. Si on leur parle du péché lui-même, et d’être « mort au péché », et « vivant à Dieu en Jésus Christ », de tout ce que Paul expose si soigneusement à partir du vers. 12 du chap. 5, jusqu’à la fin du chap. 8 de l’épître aux Romains, on voit que ce sujet, si important pour l’affranchissement de l’âme, leur est comme une terre inconnue sur laquelle ils ne se sont jamais aventurés. Ils n’ont jamais envisagé non plus le salut qui est en Christ autrement que comme un remède divin à leur état de péché et de misère, et ils n’ont jamais su recevoir l’enseignement de l’épître aux Éphésiens qui nous initie aux conseils que Dieu avait par devers Lui dès avant la fondation du monde, et en vertu desquels, par l’opération de la puissance de sa force, l’Église, unie à Christ son Chef, assise dans les lieux célestes en Lui, dira dans tous les siècles à venir les immenses richesses de Sa grâce par Sa bonté pour nous en Jésus Christ. Ils ne comprennent pas que nous ne sommes pas seulement des sauvés, comme il y en a eu de tout temps par la grâce de Dieu, mais qu’à la suite de la réjection de Christ, Dieu a établi sur la terre une chose absolument nouvelle, savoir l’Église dont nous sommes les membres, l’Église placée sur la terre pour être la lettre de Christ connue et lue de tous les hommes, l’Église qui est caractéristiquement céleste, en contraste avec Israël, le peuple terrestre. Est-il besoin de dire, sans parler d’autres sujets tels que la venue du Consolateur, ou la bienheureuse seconde venue de Christ et son apparition en gloire, quelle séparation de pensée et de conduite pratique, l’ignorance, sur de pareils points, établit parmi les chrétiens, et combien elle affecte leur témoignage ?
Une seconde cause vient se joindre à l’ignorance pour établir et
maintenir entre les saints cette diversité de vues dont nous parlons ; je
veux parler des préjugés
. Les
disciples étaient ignorants à beaucoup d’égards, Marie Magdeleine aussi était
bien ignorante ; mais chez nous l’ignorance est souvent devenue tradition
ou préjugé
, et les divergences d’opinions en ont reçu une nouvelle
force. Les préjugés ont leur source dans une certaine éducation liée à un
système religieux ; et plus la forme extérieure de cette religion se
rapproche de la vérité, plus le préjugé s’enracine, prend de la puissance, et
fausse la conscience et le jugement. C’est une chose d’une immense importance
que la conscience s’affranchisse de tout préjugé et de toute tradition
religieuse, de tout ce qui n’est qu’opinion ou commandement d’hommes. Les Juifs
étaient aveuglés par le préjugé, et asservis à la religion des pères, de sorte
qu’ils renversaient le commandement de Dieu à cause de leur tradition, et
qu’ils pensaient rendre service à Dieu en tuant les disciples de Christ. « Ils
avaient du zèle pour Dieu, mais non selon la connaissance » (Rom. 10:2).
L’homme tient naturellement aux détails de la religion, quelle qu’elle soit
d’ailleurs, dans laquelle il a été élevé ; il tient à tout ce qui, sous
une forme ou sous une autre, a pris autorité sur sa conscience ; et il se
sert même très volontiers de quelque passage des Écritures, mal interprété,
pour placer, s’il le pouvait, la sanction de Dieu sur ce à quoi Dieu n’a jamais
pensé et qu’Il n’a jamais ordonné. Si Dieu a mis fin au judaïsme maintenant,
les préjugés et la pensée de la religion des pères ne se sont pas éteints
pourtant : la loi comme règle de vie, les deux institutions du baptême et
de la cène du Seigneur sous différents modes d’administration, le ministère, et
mille autres sujets, lui ont servi d’aliment. Le préjugé juge toutes choses,
même la Parole de Dieu, à la lumière du dogme religieux qui gouverne la
conscience ; et il n’y a d’autre moyen d’en être délivré que la mort qui
est la fin du vieil homme. C’est ainsi que l’apôtre Paul, un homme à préjugé,
s’il y en eut, — plus zélé qu’aucun autre pour la tradition de ses pères, lui
qui avait vécu comme pharisien dans la secte la plus étroite du culte judaïque,
fut désigné et appelé par Dieu pour être le témoin, en puissance divine, d’une
supériorité complète sur tous les préjugés.
Une troisième cause de nos diversités d’opinions, c’est notre préoccupation de l’utilité ou des
conséquences d’une chose
, envisagée d’en bas, au point de vue des hommes.
Cette fâcheuse disposition se rencontre souvent là où il n’y a ni ignorance ni
préjugé, et elle tient à ce qu’on regarde aux choses en rapport avec l’homme,
et non en rapport avec Dieu. Ainsi Jacques, en vue de l’effet qu’il en
attendait, induisit Paul à montrer son zèle pour la loi (Actes 21) ; mais
il fut entièrement confondu dans son attente. On appelle utile ce qui tient
compte de certains besoins, et paraît fait pour y répondre. On met en avant
certains devoirs ou prétendus devoirs, pour justifier une marche au sujet de
laquelle on n’a jamais consulté la pensée ou le bon plaisir du Seigneur. Marthe
tomba dans une erreur de ce genre ; car quelque bien et bon que fût
assurément en son lieu et place le service qui l’absorbait, elle eût été
conduite dans une autre direction si, au lieu de consulter son propre cœur,
elle s’était enquis de la pensée du Seigneur. Il dut ainsi y avoir entre elle et Marie, que la parole de
Jésus tenait aux pieds du Sauveur, une grande divergence de manière de voir, et
peu de communion. Plus une chose paraît utile et convenable, plus il est
difficile d’y renoncer pour l’amour de la Parole de Dieu. Qu’est-ce qui est
plus naturel, et peut paraître plus convenable, que le désir de David, établi
dans sa propre maison de cèdres, de bâtir une maison pour le Seigneur ?
Mais quoique la pensée de son cœur fût bonne, et qu’il fût bien qu’il l’ait
eue, le Seigneur avait une autre pensée : c’est Lui qui voulait bâtir une
maison à David et affermir son trône à jamais (voyez 1 Chr. 17). Il est aussi
difficile d’amener un accord entre l’homme qui est préoccupé des conséquences
et de ce qu’il estime utile, et l’homme de foi qui est conduit simplement par
la Parole de Dieu, que de faire voir à un homme qui regarde à droite, ce qu’on
ne peut apercevoir qu’en regardant à gauche. L’homme préoccupé de ce qui est
utile, raisonne toujours bien, et a toujours une foule d’excellents arguments à
mettre en avant pour justifier sa manière de voir et son faire. L’homme de foi
compte sur Dieu et attend de Dieu Sa direction ; il prête l’oreille à Sa
parole et s’applique avec patience à accomplir Sa volonté, se souvenant
qu’obéissance vaut mieux que sacrifice (1 Sam. 15:22)
et que Celui sur les pas duquel il marche a exprimé toute Sa vie en une seule
parole : « Voici je viens… pour faire, ô Dieu, ta volonté » (Héb. 10:5-8 ; comp. Phil.
2). Entre ces deux hommes il n’y a pas d’unité de jugement possible.
L’amour du Mammon
de
ce siècle, lui aussi, est une des grandes causes qui nous empêchent de voir
clair et de juger sciemment, selon Dieu : on convoite, on cherche quelque
chose pour sa propre satisfaction ; il y a une idole dans le cœur, et
toute vérité est mise à profit pour la justifier, ou réduite, afin de
l’épargner. Nous lisons dans Ézéchiel : « Ainsi dit le Seigneur,
l’Éternel : Quiconque, de la maison d’Israël, aura élevé ses idoles dans
son cœur et aura placé devant sa face la pierre d’achoppement de son iniquité,
et viendra vers le prophète, — moi, l’Éternel, je lui répondrai selon ceci,
selon la multitude de ses idoles » (Ézé. 14:4).
Si je viens à la lumière et que je me place simplement devant la Parole de
Dieu, je découvrirai toujours que ce qui m’entrave le plus, c’est ce que la
Parole reprend le plus ; mais si je crains la lumière, voulant à tout prix
sauver mon idole, quelle qu’elle soit, celle-ci limitera toujours l’action de
la Parole, et cette limitation s’étendra à tous les sujets qui m’occuperont
dans cette Parole. N’avez-vous pas remarqué combien différemment et plus
courageusement, quand nous avons renoncé à la poursuite de quelque convoitise,
nous insistons sur un passage qui nous restait toujours obscur, ou que nous
mutilions auparavant ? L’homme qui nourrit quelque idole, ne diffère pas
seulement de celui qui confesse fidèlement la pleine vérité, mais encore il le
craint, comme firent les Galates et tous ceux qui étaient en Asie, qui abandonnèrent Paul. La Parole de Dieu a toujours une double
action, l’une qui est d’approfondir dans l’âme, la vérité que nous avons
réellement et simplement reçue, l’autre qui est de mettre en évidence et de
juger, soit l’action, soit la tendance de la chair en nous ; et, quand le
cœur est simple, il aime l’une et l’autre de ces deux opérations. Il est ainsi
initié à la pensée du Seigneur. Et tous ceux qui sont tels, ne peuvent avoir
qu’une seule et même pensée, et un seul et même jugement. Que le Seigneur
exerce donc nos cœurs et nos consciences en sorte que nous n’y abritions pas
quelque chose qui soit un obstacle à l’unité de pensée, de sentiment et de
jugement qui doit régner au milieu de Ses saints pour la gloire de Son nom.
Il y a encore une autre cause de nos différences de vues et de
sentiment que je voudrais signaler ici en terminant : On dit que ces
différences, ne portant que sur des points secondaires, n’ont pas l’importance
qu’on veut leur donner, et que la Parole de Dieu elle-même, dans les choses qui
ne sont pas essentielles au salut, est
sinon obscure, tout au moins peu claire et insuffisante, là où il s’agit des
détails de la vie pratique d’une personne ou d’une assemblée
. À l’appui de
cette thèse on cite des noms d’hommes éminents qui ont professé, ou qui
professent des opinions diamétralement opposées ; on fait valoir leur
piété, leur dévouement, la droiture de leur caractère, leur capacité, leurs
savantes études, et tout cela pour faire disparaître la vérité de Dieu, la
fermeté et la pleine suffisance des Écritures, sous le voile de la faiblesse de
l’homme et de ce qui n’est qu’opinions d’hommes. Sans doute l’homme est un être
faible, exposé à subir toutes sortes d’influences et à mêler sa faiblesse et
l’erreur à ce qu’il saisit de la vérité. Mais, quel bonheur, il n’y a pas
seulement des opinions d’hommes, mais il y a la vérité de Dieu elle-même, cette
parole dont Jésus disait : « Si vous persévérez dans ma parole, vous
êtes vraiment mes disciples, et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous
affranchira ! ». Quel repos pour l’âme ! Quelle lumière au
milieu des ténèbres de ce monde, de la fragilité et de l’instabilité des
pensées des hommes ! Quelle épée, pour atteindre jusqu’à la division de
l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles, pour discerner les pensées
et les intentions du cœur ! Dieu a donné une révélation, sa bonté a
conservé pour nous ces « Saintes
lettres »,
« qui peuvent rendre sages à salut par la foi qui est
dans le Christ Jésus » ; il nous a conservé ces « Écritures
» dont l’apôtre dit,
après avoir parlé de ce qui concernait le salut : « Toute Écriture
est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger,
pour instruire dans la justice, afin que
l’homme de Dieu soit accompli et parfaitement accompli pour toute bonne œuvre
»
(2 Tim. 3:14-17). N’est-ce pas encore à Dieu et à ces
mêmes Écritures que le même apôtre, en vue des dangers qui devaient assaillir
l’Église, remet les saints ? — « Je vous recommande à Dieu et à la
parole de sa grâce qui a la puissance de vous édifier et de vous donner un
héritage avec tous les sanctifiés » (Act. 20:32).
— Paul avait un grand combat pour les saints, tous ceux même qui n’avaient pas
vu son visage en la chair, afin que leurs cœurs fussent consolés, « étant
unis ensemble dans l’amour et pour toutes les richesses de la pleine certitude
d’intelligence, pour la connaissance du mystère de Dieu, dans lequel sont
cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance » (Col. 2:1-4).
Il y a en réserve auprès de Dieu, nous le voyons, pour ceux qui Le recherchent
et qui tremblent à Sa parole, « une pleine certitude d’intelligence »,
comme ailleurs il nous est parlé « d’une pleine assurance de foi » et
d’une « pleine assurance d’espérance » (Héb.
10:22 ; 11:11). « Il est écrit
»
demeure toujours la ressource et la sauvegarde du fidèle ; il sera
toujours vrai que, « Si quelqu’un m’aime », comme dit le Seigneur, « il gardera ma parole
» ;
et, dans notre faiblesse qu’il connaît, Lui-même nous encourage, nous
disant : « Tu as peu de force, et tu
as gardé ma parole
… tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne
ta couronne » (Apoc. 3:8-11). Ne soyons donc pas
comme ceux qui n’ont point d’oreilles pour entendre, ni de cœur pour
comprendre, et souvenons-nous de cette joie que l’apôtre voulait avoir dans les
Philippiens, en les voyant remplis d’une même pensée,
ayant un même amour, un même sentiment, pensant à une seule et même chose, —
toujours obéissants, pour être sans reproche et purs, des enfants de Dieu
irréprochables au milieu d’une génération tortue et perverse « parmi
laquelle vous reluisez comme des luminaires dans le monde, présentant la parole
de vie… » (Phil. 2).