André Gibert
Table des matières :
1 - Un Seigneur qui a vaincu le monde et est ressuscité
2 - Une famille de ressuscités
3 - Un chemin qui commence par la mort et se poursuit dans la puissance de la résurrection
4 - Des gens qui appartiennent au ciel en cheminant ici-bas
ME 1981 p. 113
Aux uns, aux autres, Il avait dit : « Venez après moi… Suis-moi » ; et ils l’avaient suivi. Ils croyaient en Lui comme étant le Messie venu délivrer son peuple, et ils le suivaient s’étant repentis et pensant être estimés dignes de la gloire du Royaume. « Nous avons tout quitté et nous t’avons suivi ; que nous arrivera-t-il ? » demande Pierre. Jésus les assure de leur récompense mais leur enseigne que les bénédictions de « ce temps-ci » s’accompagnent de persécutions ; bien plus, que Lui va mourir (Marc 10:28-34). Ils ne le comprennent ni ne le croient vraiment. Mais, « stupéfiés » et craintifs, il suivent encore le Maître aimé. Thomas dira : « Allons, afin que nous mourions avec lui » ; Pierre : « Quand il me faudrait mourir avec toi je ne te renierai point » ; « et tous les disciples dirent la même chose ».
Mais le moment venu, tous s’enfuient. Pierre suit de loin, entre au palais où Jésus est retenu, mais il va tomber d’autant plus honteusement. Seul Jésus peut avancer dans ce chemin de la mort, et il faut qu’il y soit seul. La chair recule. Elle a suivi en tremblant ; mise à l’épreuve suprême elle est terrifiée et s’effondre. Nous n’avons en nous aucune force pour suivre jusqu’au bout un Christ rejeté, pas plus que de mérite quelconque donnant droit au royaume ; non que Jésus oublie que ses disciples ont persévéré avec lui dans ses tentations, mais il les rétribuera plus tard, après avoir vaincu, lui seul, en mourant.
Mais Il a vaincu.
Le voici ressuscité. Il vient vers « ses frères ». Il les remet en route en qualité de frères : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ». Il restaure Pierre, lui confie ses brebis, ses agneaux, le rétablit, une fois « revenu », dans un service dont il s’était rendu indigne : « fortifier ses frères ». Puis il lui dit tout à nouveau : « Suis-moi ».
Il va les quitter corporellement mais après avoir dit : « Je suis avec vous tous les jours ». Il les engage dans le chemin qui a été le sien, avec ses obstacles et ses peines, mais les y engage maintenant en tant que vainqueur de la mort. Le chemin n’aboutit pas à la croix, il en part, pour aboutir à la gloire. Et s’il comporte la prise journalière de la croix, la mort est derrière, sa puissance est annulée, la vie luit désormais. Le but est Jésus glorifié. Pierre parlera de « l’espérance vivante », et avec quelle sérénité il déclarera venu le moment de déposer sa tente ! Son corps subira bien la mort physique, et c’est ainsi que Pierre glorifiera Dieu, mais il sait que cette mort a perdu son aiguillon, de même qu’il a appris que des croyants resteront, selon la volonté du Seigneur, vivants sur cette terre jusqu’à ce qu’Il vienne, lui qui a été mort et qui vit désormais aux siècles des siècles. Il est « le premier-né des morts » ; sa famille est une famille de ressuscités.
En avons-nous assez
conscience ? Notre chemin est bien à travers le monde qui a mis Jésus à
mort, et « gît dans le méchant » ; mais nous y sommes comme des « régénérés
pour une espérance vivante, par la résurrection de Jésus Christ d’entre les
morts », et nous y marchons après un Jésus toujours contredit et haï, mais qui a
« vaincu le monde ». Le croyant est une nouvelle création au milieu de
l’ancienne. Il possède l’Esprit de vie, quoique dans un corps mortel, et cet
Esprit est plus grand que celui qui domine dans ce monde. L’apôtre Paul était
« mené en triomphe dans le Christ », la croix lui devient sujet de gloire, et
crucifié au monde il tient le monde pour crucifié. Aucune force en nous, mais
toute force en Jésus. Le chemin commence par la mort
de Christ pour
nous, mais donc notre mort avec lui ; il se poursuit dans
« la
puissance de sa résurrection
», laquelle s’exerce dans la mesure où cette
mort est pratiquement appliquée au vieil homme pour que la vie du nouveau se
voie. Paul portait toujours et partout dans son corps la mort de Jésus, il
était toujours livré à la mort pour l’amour de Jésus, afin que la vie de Jésus
fût « manifestée dans son corps », « manifestée dans sa chair mortelle ».
Faisons de ces choses
notre réalité
. Ne les laissons
pas à l’état de savoir théologique
. La vie n’est pas seulement devant
nous, elle est en nous, et c’est la vie de Christ. J’aimerais attirer ici
l’attention sur un des côtés de l’épître aux Hébreux, entre tant d’autres
remarquables. Après avoir présenté Jésus, Fils de Dieu, glorifié comme Fils de
l’homme, et avoir pressé les chrétiens, « compagnons du Christ », de ne pas s’écarter
mais de « tenir ferme jusqu’au bout leur confession », puis nous avoir parlé de
lui comme de notre grand sacrificateur s’occupant de nous dans le ciel,
l’épître nous apprend qu’Il nous a ouvert
l’accès du ciel
, par un
chemin jamais frayé jusque-là, « nouveau et vivant » en vertu du sang de la
propitiation. Et c’est ensuite seulement que, revenant aux exhortations
premières, elle parle du chemin du croyant sur
la terre
, le chemin de la
foi, avec ses épreuves et ses tribulations, chemin illustré par les nombreux
témoins d’autrefois (une nuée !), mais qui revêt maintenant un caractère
nouveau. Les yeux sont invités à se fixer sur Jésus, chef et consommateur de la
foi. Il l’a frayé lui-même, il y engage des gens qui, échappés à la servitude
du pouvoir de la mort, appartiennent au ciel bien que cheminant ici-bas
.
Lui, à cause de la joie qui était devant lui, a enduré la contradiction des
pécheurs, enduré la croix, méprisé la honte, et est assis à la droite du trône
de Dieu. Il est à la fois modèle, but et force. « Suis-moi ». « Il nous a laissé
un modèle afin que nous suivions ses traces », et ses traces vont jusqu’au ciel.
Certes, nous avons besoin de la discipline du Père, et les avertissements du
Seigneur nous sont indispensables, mais en vue de quoi, sinon de nous ramener
au chemin — la « voie éternelle » — où la grâce nous veut, à la suite de Jésus.