André GIBERT
ME 1980 p. 281 (1°) et 326 (2°)
Table des matières :
1 - Être dans le Christ Jésus — Romains 8:1, 2 ; 38, 39.
2 - Ce que nous avons dans le Christ Jésus — 2° Épître à Timothée
Je désire simplement attirer votre attention sur cette expression : « dans le Christ Jésus ». Vous la trouverez à maintes reprises dans le Nouveau Testament, particulièrement dans les épîtres de Paul. Sans parler des équivalents, le « en moi » du Seigneur Jésus s’adressant à ses disciples, et le « en Lui » fréquent dans les épîtres. Je ne puis que recommander à chacun de chercher pour lui-même tout ce qui se range dans la Parole sous cette rubrique : « dans le Christ Jésus ». Vous verrez que cela se ramène à deux catégories de faits :
1°
être dans le Christ Jésus
: il s’agit des croyants. Ainsi, le premier verset du chapitre 8 de l’Épître aux
Romains affirme qu’il n’y a maintenant plus de condamnation pour ceux qui sont
dans le Christ Jésus ;
2°
ce que nous avons dans le Christ Jésus
: ce qui est à la disposition de ceux qui sont eux-mêmes en Lui : tout ce
qui est nécessaire à leur vie spirituelle et pour leur bénédiction. C’est ainsi
que le verset 2
du même chapitre
parle de l’Esprit de vie qui est dans le Christ Jésus, et le verset 39 de
« l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus », amour dont rien ne peut nous
séparer.
Une question cruciale se pose
avant tout à chacun : Où en êtes-vous par rapport au Christ Jésus ?
Êtes-vous dans
le Christ Jésus ?
Il n’est à cet égard que deux positions possibles pour les créatures humaines,
dès maintenant et pour l’éternité : être dans le Christ Jésus, ou n’être
pas en Lui.
Être dans le Christ Jésus,
c’est le privilège de quiconque est né de Dieu, par la foi ; sa foi repose
sur Christ, sur la valeur de son oeuvre, sur tout ce qui appartient à sa
personne. Il croit en
son nom, au
nom du Fils de Dieu (Jean 1:12 ;
1 Jean 5:13).
C’est la position dans
laquelle le croyant se trouve devant Dieu. Ou bien l’on est, vous êtes, nous
sommes, dans
le Christ Jésus ;
ou l’on reste dans son état de nature, on est devant Dieu comme enfant d’Adam,
comme pécheur, avec le fardeau de ses péchés, et la terrible responsabilité qui
pèse sur des créatures qui doivent tout à leur Créateur et qui se sont
détournées de Lui. Y a-t-il quelqu’un ici qui en serait encore à se dire :
« Je ne suis pas dans le Christ Jésus, je suis étranger à ces choses. Il n’y a
que celles de ce monde qui m’occupent ; ce que vous dites vous fait
peut-être du bien à vous, mais pour moi je n’en ai pas besoin » ? Prenez
garde ! Serez-vous trouvé, quittant cette terre, encore dans votre état
naturel, né dans le péché et vous-même pécheur ? Savez-vous comment cet
état est qualifié, dans cette même Parole ? La Mort. On est moralement
mort pour Dieu et incapable de faire quoi que ce soit pour s’arracher à un tel
état, mort dans ses fautes et dans ses péchés. Qu’avez-vous à attendre si vous
n’avez à présenter à Dieu que cet état de nature dans le premier Adam ? Le
croyant en a été tiré. L’incrédule y demeure.
Pour Dieu, je le répète, il
n’y a pas de position intermédiaire. Il faut, pour être de Dieu, être né de
nouveau (Jean 1:12). Par là on est devenu enfant de Dieu, amené à dire :
« Oh, je ne puis rien, mais Dieu m’a donné un Sauveur ». Alors, savez-vous bien
que vous n’êtes plus dans le premier Adam ? Pour Dieu vous êtes dans le Christ Jésus,
et il veut que vous
preniez vous-même conscience de ce merveilleux changement. De ce fait, je
m’adresse à tous les croyants qui sont ici et qui peuvent dire en vérité :
« Jésus est mon Sauveur, je le reconnais comme le Seigneur, il est mort sur la
croix pour mes péchés ». Usez-vous de ce droit qui vous est donné de dire en
toute liberté : Je suis dans le Christ Jésus ?
Certains, parvenus à ce
point, reculent, pour ainsi dire, en disant : « Je ne sais pas si je suis
dans le Christ Jésus ». Ils ne sont pas assurés de leur position devant Dieu.
Ils croient par instants et puis retombent. Ils sont occupés d’eux-mêmes, au
lieu d’être pénétrés de ce que Dieu dit. Or, à tous ceux qui croient en son
nom, il leur a été donné le droit d’être
enfants de Dieu.
Je puis donc me tenir devant Dieu comme étant dans le
Christ !
Ce sont des vérités simples à énoncer ; mais nous savons que, pour qu’elles soient réellement acquises, de grands exercices de conscience peuvent être nécessaires. Nous n’avons qu’à lire le chapitre précédent (Romains 7), et nous y trouvons une âme qui se débat avec elle-même ; elle a la foi, elle croit, elle est née de Dieu à n’en pas douter, mais trouvant toujours en elle le péché, la vieille nature qui n’est pas changée, elle est au désespoir. Heureux désespoir s’il vous amène à vous écrier : « Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort ? », pour dire ensuite : « Je rends grâces à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur ! »
Quand le regard est arrêté
sur cette Personne, de telle manière que le moi soit éclipsé, et que Lui seul
brille devant nous, alors l’Esprit de vie est là ; c’est l’Esprit qui
opère en nous pour nous dégager de nous-mêmes, pour nous dire : Non il n’y
a rien en vous, mais savez-vous que puisque vous croyez dans le Seigneur Jésus,
Dieu vous voit en Lui ! Vous êtes
dans le Christ Jésus,
même si vous n’en jouissez pas. Or Dieu vous appelle
à en jouir.
Il s’agit de recevoir cette parole, et Dieu commence par dire : « Il n’y a aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus ». Pourquoi hésitez-vous à affirmer que vous êtes dans le Christ Jésus ? — « Mais, dites-vous, je ne le sens pas, je ne le vois pas ! » — Dieu vous dit-il de sentir ou de voir quelque chose en vous ? Il nous voit en Christ lui-même et déclare que notre position est assurée comme est assurée la position de Christ.
Être dans le Christ Jésus, c’est être devant Dieu revêtu de toutes les perfections, de toute la valeur de la personne et de l’oeuvre expiatoire de notre précieux Sauveur. Et c’est ainsi que Dieu voit tout croyant. « Il nous a engendrés… pour que nous soyons une sorte de prémices de ses créatures ». C’est chose faite. Si nous avons la vie nouvelle, elle ne peut nous être enlevée. Et c’est selon la puissance et la réalité de cette vie que nous paraissons devant Dieu. La position des croyants est quelque chose d’inaltérable, d’immuable aux yeux de Dieu. La foi se saisit de la Parole de Dieu, et dit : — Mais si le Christ Jésus paraît pour moi devant Dieu, alors il n’y a pas de condamnation pour moi. La condamnation a été subie par celui-là même qui vous présente devant Dieu.
Être dans le Christ Jésus ! Âmes inquiètes, troublées, qui un jour êtes heureuses, et le lendemain pleurez sur vos péchés comme s’ils n’avaient jamais été pardonnés, armez-vous de cette pensée que vous êtes de Dieu, dans le Christ Jésus. C’est une expression très forte que nous avons dans la première épître aux Corinthiens au premier chapitre : l’apôtre, par l’Esprit de Dieu, parle à des croyants et dès le verset 2 il les appelle des « sanctifiés dans le Christ Jésus ». Voilà ce que Paul pouvait dire à ces Corinthiens auxquels il aura ensuite bien des choses à reprocher car ils ne marchaient pas droit, et il y avait chez eux beaucoup à reprendre. Mais dès le début, avant toute chose, ils sont vus dans le Christ Jésus, et il peut même dire : Vous êtes des sanctifiés dans le Christ Jésus, vous êtes mis à part en Lui par Dieu, pour Dieu. Ce n’est pas quelque chose que vous ayez à chercher, c’est quelque chose que Dieu a établi. Dans l’Épître aux Éphésiens il sera dit que nous avons été « créés dans le Christ Jésus » après avoir été morts dans nos fautes. Voilà ce que nous sommes pour Dieu ; et il ne nous demande pas notre façon de penser, il ne nous demande pas notre avis, il nous demande de croire ce qu’Il dit. « Il n’y a aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus » , pour ceux qui s’approchent au nom du Seigneur Jésus. Dieu nous voit en Lui.
Il faut être assuré, d’abord,
de cette position chrétienne pour pouvoir marcher véritablement dans le chemin
de la foi ! Ne pas douter de ce que l’on est par grâce. On est
justifié : « Il n’y a aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ
Jésus ». Ils ont été créés,
créés pour
les bonnes oeuvres ils sont sanctifiés
dans
le Christ Jésus ; que de choses merveilleuses sont dites d’eux désormais,
que nous n’oserions pas prendre à notre compte si la Parole de Dieu ne nous les
affirmait.
L’Épître aux Éphésiens à
laquelle nous venons de faire un emprunt au chapitre 2 développe cette vérité,
l’appliquant non seulement au croyant individuellement, mais à nous tous
ensemble, ensemble avec Christ, quand il est dit que « Dieu qui est riche en
miséricorde, à cause de son grand amour dont il nous a aimés, alors même que
nous étions morts dans nos fautes, nous a vivifiés ensemble
avec le Christ, et nous a ressuscités ensemble
avec le Christ et nous a fait asseoir ensemble dans les
lieux célestes dans le Christ Jésus ».
Voilà
la position chrétienne, telle que Dieu même l’établit. Emparons-nous de telles
déclarations. On trouve cela dans le même chapitre 8 de l’Épître aux Romains
(v. 8) : « Vous n’êtes pas dans la chair, mais dans l’Esprit… l’Esprit de
Dieu… l’Esprit de Christ ». Encore une fois, quelle belle expression :
être dans le Christ Jésus ! Avoir une telle demeure pour notre âme, quelle
sécurité, quelle paix ! Tout est garanti par celui qui nous enveloppe,
dans lequel nous sommes ! Qui nous séparera de Lui, de son amour ?
Qu’est-ce qui nous empêche de jouir de cela ? L’occupation de nous-mêmes.
Dans quelle mesure entrons-nous dans la réalité de ces choses ? Dans la
mesure où nous n’avons plus confiance en nous, plus confiance en ce qui est
appelé la chair, c’est-à-dire la vieille nature, la nature adamique condamnée à
la croix de Christ.
Jouir de cela, c’est réaliser
que nous avons été transférés d’une condition à une autre, et non en vertu de
nos propres forces. « Nous croyons en celui qui a ressuscité d’entre les morts,
Jésus notre Seigneur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité
pour notre justification ». Et c’est Dieu lui-même qui opère un tel
transfert : dans la chair par naissance et maintenant dans le Christ
Jésus. « Si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création : les
choses vieilles sont passées ; voici toutes choses sont faites nouvelles,
et toutes sont du Dieu qui nous a réconciliés avec lui-même par Christ » (2 Cor.
5:17, 18). Ennemis, nous sommes réconciliés, nous avons l’espérance glorieuse,
l’espérance de la vie éternelle. Elle sera connue en sa plénitude dans la joie
du ciel, mais dès maintenant Dieu veut que nous ayons la parfaite assurance
d’une position en Christ qui ne peut être ni changée, ni ébranlée. Il faudrait
que Christ soit démis de la position où il est lui-même, lui qui paraît pour
nous devant la face de Dieu, l’homme glorifié dans le ciel après avoir accompli
sur la terre l’oeuvre de la rédemption. Chers frères et soeurs en Christ,
emparons-nous de cette vérité de la position assurée du croyant dans le Christ Jésus
. On ne peut pas être, pour Dieu, à
la fois dans l’une et dans l’autre ; mais pour jouir de cette position en
Christ, redisons-le, il faut que nous ayons compris qu’en nous-mêmes il n’y a
rien de bon, qu’en nous tout était à juger, tout était à expier, et que Christ
a tout accompli. Alors l’Esprit, l’Esprit de vie, l’Esprit de Dieu, l’Esprit de
Christ (Rom. 8:2, 9) vient nous faire pénétrer dans cette vérité-là, ou plutôt
il nous pénètre de cette vérité, de sorte que nous disons amen à ceci, que Christ nous a affranchis.
On parle quelquefois de
l’affranchissement comme d’une chose que l’on aurait à rechercher par de grands
efforts. Tous nos efforts, chers amis, n’aboutiront à rien ! Mais il
s’agit de recevoir simplement cette parole, que « Christ nous a placés dans la liberté
en nous
affranchissant ». C’est ce que l’on trouve dans L’Épître aux Galates, qu’il nous
a
affranchis du péché (Gal. 5:1). Il
nous place devant Dieu et les hommes dans cette position d’hommes libres, et
l’Esprit de vie est là, la loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus. Toute
la loi de cet Esprit de vie, son principe même, son énergie propre, est de nous
faire réaliser ce que Christ a opéré, la délivrance totale qu’il a acquise pour
nous, parce que nous ne pouvions pas l’acquérir. L’opération de la puissance de
la force de Dieu a ressuscité Christ d’entre les morts (Éphésiens 1:20), et
voici l’Esprit de vie, sa loi puissante, qui vient nous affranchir de cette loi
du péché et de la mort attachée au vieil homme, loi qui nous entraînerait dans
la condamnation éternelle, s’il n’y avait la puissance de la vie qui est dans
le Christ Jésus, et que nous connaissons par l’Esprit qui nous a été donné.
Que ces choses nous apparaissent dans leur divine simplicité ! Nous étions des esclaves, quelqu’un nous a affranchis et nous demande de jouir de cette liberté, de jouir de cette position dans laquelle il nous a placés, et de nous y tenir. Il a ouvert la porte de notre prison. Sortons vers Lui.
Alors, étant ainsi créés de
nouveau, sanctifiés dans le Christ Jésus, nous trouvons dans la même personne
tout ce qui est nécessaire à la nourriture de la vie nouvelle, pour la paix et
la joie de nos âmes. Tout ne se trouve-t-il pas résumé dans le dernier verset,
que nous avons lu, de ce chapitre 8 des Romains : l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus ;
la Personne
bénie dans laquelle nous sommes, et ce que nous trouvons dans cette
Personne : l’amour de Dieu. L’amour de Dieu révélé, l’amour de Dieu qui
nous a été apporté, l’amour éternel. C’est l’amour infini du Dieu d’amour,
l’Être du Dieu suprême, il est dans cette Personne et l’Esprit de Dieu nous a
été donné pour nous en faire jouir.
Arrêtons-nous sur la seconde de ces deux notions dont nous nous occupions récemment :
— d’une part, nous ne
pouvions rien pour notre salut, nous restions dans notre état, dans la chair,
des enfants d’Adam, coupables, incapables d’échapper au jugement qui était
devant nous, mais voici que la grâce de Dieu se révèle à nous, nous connaissons
Jésus comme Sauveur, comme Seigneur, vous êtes dans
le Christ Jésus.
— d’autre part, tout ce qu’il
nous faut pour vivre, marcher, progresser vers cette patrie céleste vers
laquelle nous nous rendons, tout ce dont nos âmes ont besoin :
consolation, exhortations, nourriture, rafraîchissement, répréhension, tout
cela, nous l’avons dans le Christ Jésus.
Désormais, nous sommes
appelés à « vivre dans le Christ Jésus », appliquant le caractère de notre
position en Christ à notre existence de tous les jours ; il s’agit de
montrer le Christ Jésus en nous,
sa
vie en nous — « Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi » ; sa vie sera
manifestée selon que le mystère de la piété, qui est la connaissance de cette
personne bénie, Dieu manifesté en chair, imprégnera notre vie intérieure, la
vie cachée de quelqu’un qui est mort quant à lui-même mais qui vit dans le Christ Jésus.
Alors dans ce
monde nous pouvons vivre pieusement. Or, vivre pieusement dans le Christ Jésus
au milieu d’un monde qui L’a banni, c’est y rencontrer la haine. « Tous ceux qui
veulent vivre pieusement dans le Christ Jésus seront persécutés » (2:12). La vie
de Christ dans le chrétien est celle du Christ qui a été crucifié par ce monde
et dont le nom continue à être l’objet de sa haine méprisante. Le monde n’aime
pas le Père. Or Christ est venu faire connaître le Père, et la croix de Christ
condamne le monde ; c’est pourquoi ceux qui veulent vivre pieusement dans
le Christ Jésus auront à connaître cet opprobre du Christ que Moïse, à
l’avance, considérait comme plus précieux que toutes les richesses de l’Égypte.
Mais vivre dans le Christ Jésus, connaître son opprobre, il en vaut la peine. En dehors de lui, tout s’effondre. Autour de nous tout s’en va, et en nous-mêmes nous ne trouvons plus que notre vieille nature ; elle est toujours là tant que nous sommes dans ce corps d’infirmité, et nous avons à la tenir dans la mort. Nous ne pouvons l’y tenir si nous détournons nos regards de Celui qui est notre vie, dans la puissance de son Esprit triomphant de cette vieille nature qui a été mise dans la mort quand Christ est mort pour nous.
La seconde Épître à Timothée est particulièrement caractéristique de ce que le croyant est appelé à trouver dans le Christ Jésus, pour jouir de lui et s’en nourrir afin d’être un vrai serviteur (car nous avons été affranchis pour devenir serviteurs de Dieu, et c’est là la vraie liberté) et un fidèle témoin. L’expression s’y trouve sept fois, l’une d’elle étant ce « vivre dans le Christ Jésus » qui fait du chrétien l’objet de la haine du monde !
Les choses trouvées « dans le
Christ Jésus » le sont en écoutant la Parole qui nous les révèle, elles sont
saisies dans la confiance en Dieu et dans la dépendance du Saint Esprit qui en
pénètre l’âme, quelles que soient les circonstances. Cette épître est significative
en ce qu’elle nous présente la permanence
et l’inaltérabilité
de tout ce
qui est mis à la disposition du fidèle, même dans les temps les plus fâcheux.
Dans le Christ Jésus nous avons : la promesse de la vie
(1:1), la grâce
(1:9
et 2:1), l’amour
(1:13), le salut
(2:10), la foi
(3:15). Il les faut pour vivre pieusement la vie quotidienne.
Ce n’est pas affaire de mots, mais de pratique : l’existence terrestre dans un climat céleste.
Ces choses se
trouvent dans ce Christ Jésus qui, glorifié dans le ciel, s’occupe
inlassablement des siens, et c’est en étant occupés de lui que ceux-ci font
l’expérience que ses ressources sont inépuisablement mises à leur disposition.
Quoi qu’il en soit des circonstances extérieures, de l’état de ruine de
l’Église, de celui du témoignage suscité au sein de cette ruine, ces ressources
demeurent intactes, immuables, dans le Christ Jésus. Toutes nos sources sont en
Lui (Ps. 87:7).
Voilà ce que l’apôtre Paul pouvait dire, dans des temps où, vieillard prématurément usé au service de Christ, il aurait pu se décourager. « Tous ceux qui sont en Asie se sont détournés de moi », dit-il, et encore : « Dans ma première défense, tous m’ont abandonné » (1:15 ; 4:16). Il voyait déjà l’apostasie poindre, les réprouvés détourner les disciples, les fausses doctrines se multiplier, mêlant à la vérité les rêveries des hommes, la forme extérieure de la piété sans la puissance ; il se voyait contesté, oublié, lui qui avait tant travaillé pour les saints. Un Démas qui avait été un de ses compagnons d’oeuvre (Philémon 23) l’avait abandonné, ayant aimé le présent siècle. Dans la grande maison allaient abonder les vases à déshonneur. Et, quant à lui-même, prisonnier, il attendait une seconde comparution devant le tribunal de César, que suivrait, il le savait, le supplice (4:6). Que de motifs pour baisser les bras, abandonner la lutte en disant : J’ai fait ce que j’ai pu et au-delà, cela n’a servi de rien, tout est perdu… — Bien loin de là ! Il parle en vainqueur, parce que, dans la faiblesse et sous l’opprobre, il sait Qui il a cru : c’est Celui qui a dit, avant de quitter les siens : « Vous aurez de la tribulation dans le monde, mais ayez bon courage, moi j’ai vaincu le monde ». Paul réalisait pour lui-même et pour ceux qu’il laissait : il envoyait de Rome des salutations au dehors ; d’autres, à Rome, envoyaient des salutations par son intermédiaire. Il stimule Timothée. Loin de le décharger des responsabilités qui pesaient sur lui, comme pasteur et docteur, ainsi que comme dépositaire de l’autorité apostolique, il l’adjure de persévérer à les remplir, quelle que soit la ruine, et il le charge expressément d’évangéliser ; mais il peut lui dire : « Fortifie-toi » ; il y a un secret pour avoir la force.
Ces conditions des fidèles au
cours des siècles n’ont pas varié, et nous voici dans les temps fâcheux
des derniers
jours
dont parle l’apôtre (3:1). Que de fois l’Ennemi suggère :
Vaut-il encore la peine de parler d’un témoignage collectif, ou même
individuel ? Avez-vous le droit de prétendre à une puissance de l’Esprit,
de parler des droits de Christ, de l’amour fraternel, de l’espérance
chrétienne ? — Paul avait plus de sujets que nous de dire : C’est
fini, et il dit : Non, parce que le Christ Jésus demeure. Et il continue à
placer devant nous ce qu’il place devant Timothée : tout ce qui se trouve dans le Christ Jésus.
Pour lui tout
était bien assuré ; la couronne de justice lui serait bientôt décernée,
mais il était préoccupé des combattants qui viendraient après lui, et il leur
faut tout ce que l’Esprit Saint lui inspirait pour leur donner, avec les
avertissements nécessaires, force, consolation, assurance. Ne t’effraie pas,
dit-il à Timothée, « Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de
puissance, d’amour et de conseil ». Que les accents qu’il fait entendre à son
cher enfant dans la foi trouvent écho en nous ! Nous ne nous sommes que
trop laissés gagner par l’influence d’un monde qui va être jugé, d’un monde
extérieurement christianisé, hélas. Dégageons-nous. Ne nous laissons pas
prendre à l’insidieuse pensée que, après tout, il suffit de garder tout juste
la tête hors de l’eau en ayant la certitude d’être sauvé. Saisissons la réalité
présente
de la vie éternelle et
puisons dans ce que Dieu conserve pour tous nos besoins, ce que nous trouvons
dans le Christ Jésus, — la nourriture et la force des vainqueurs.
Parcourons rapidement la succession qui nous est présentée dans cette épître.
D’abord, chapitre 1, verset
1 : la promesse de la vie qui est
dans le Christ Jésus.
Souviens-toi de cela, Timothée : nous qui étions
morts, avons maintenant une vie contre laquelle l’Ennemi lui-même ne peut rien.
Elle avait été promise avant les temps des siècles, avant que le temps fût. Au
temps convenable, nous l’avons reçue, parce que la grâce
nous a été donnée en vertu de la victoire remportée sur le
tombeau. Voilà ce qui demeure : cette vie, cette grâce, promises et
données. Y a-t-il quelque chose de changé à la source, à ce que le croyant
reçoit de Christ ? Qui pourrait porter atteinte à ce qui est dans le Christ
Jésus ? Cette grâce existait en elle-même, mais nous la trouvons
maintenant dans le Christ Jésus, en venant à Lui : et l’on peut venir à
Lui tous les jours, à tous les instants, quelles que soient nos occupations. On
trouve vie et grâce dans le Christ Jésus, et nulle part ailleurs.
Chapitre 1:13 :
qu’avons-nous ensuite pour entrer dans la possession de ces choses ? La foi.
C’est la faculté donnée pour les
saisir ; elle s’accompagne de l’amour.
Le Saint Esprit est là pour animer la vie, nourrir cet amour et la foi qui
sont dans le Christ Jésus. Puis on trouve en lui à nouveau la grâce,
dans son effet pratique, qui consiste à vivre pieusement
dans le Christ Jésus. Vie qui peut entraîner la persécution, mais qui est
heureuse.
Chapitre 2:1 : tout est déception en nous-mêmes, et souvent en nos frères, mais le chrétien trouve sa force dans la grâce qui est dans le Christ Jésus, grâce présentée ici non plus comme la grâce justifiante, mais comme la grâce qui répond à nos besoins. Elle est là comme une source toujours renouvelée dans ce que Dieu donne. Autant de besoins, autant de grâces préparées pour y répondre. Nous la trouvons cette grâce aujourd’hui comme à la Pentecôte, comme au temps des apôtres. Paul, à ce moment-là, est abandonné, mais enjoint à Timothée : fortifie-toi dans cette grâce. Elle est dans le Christ Jésus.
Chapitre 2:10 : dans la
pleine acception de ce terme il y a ensuite le
salut.
Paul s’était entièrement dévoué à l’évangile ; il avait appelé
les âmes, les avait amenées à Christ, chef de l’assemblée, et s’était occupé
des saints comme étant déjà une assemblée (voir par exemple l’Épître aux
Colossiens, celle aux Romains), ou comme ayant été lui-même employé pour fonder
des assemblées (Philippiens, Thessaloniciens) ; il les exhortait à
continuer tous dans la ligne où il les avait placés, travaillant à leur propre
salut, mais laissant Dieu opérer dans leurs coeurs. En 2 Tim. 2:10, le salut
est vu dans son entier, depuis le point de départ ou l’âme reconnaît Jésus
comme Sauveur, jusqu’à l’aboutissement dans la gloire éternelle. Entre les
deux, il y a la vie à poursuivre ici-bas et chaque jour, il y a des victoires
nouvelles à remporter, victoires qui nous délivrent de tout ce qui nous empêche
de poursuivre la course. C’est cela, le salut auquel nous avons à travailler
(Phil. 2:12). Tout se tient. Satan cherche soit à nous faire douter du salut
(mais n’est-il pas écrit : « nul ne les ravira de ma main » ?), soit à
nous dire : fais ce que tu veux puisque tu es assuré de l’avenir. II faut
aussi triompher de ces tentations et le secret est toujours le même : le
salut qui est dans le Christ Jésus, salut passé, présent, à venir, jusque dans
la gloire éternelle.
Chapitre 3:15 : les
saintes Lettres qui peuvent te rendre sage à salut par la foi qui est dans
le Christ Jésus
. La foi
ici, c’est la foi comme doctrine chrétienne, des paroles objet de foi, paroles
vivantes qui présentent Christ dans la valeur de son oeuvre. Non pas des
élucubrations humaines, mais la parole vivante de Dieu, et ces « saintes
Lettres » rendent sages à salut. Nous avons tout ce qui nous est nécessaire pour
poursuivre la course et pour combattre le combat. Tout cela est à la
disposition de la foi qui reçoit la parole de Dieu et laisse agir l’Esprit. On
compare souvent la montée du mal à la marée qui submerge tout : mais il
reste toujours des rochers contre lesquels les flots viennent se briser et nous
avons là dans le Christ Jésus, autant de rochers portant des phares, et offrant
des appuis sûrs. Plus que cela, une force vivante est toujours prête, la force
de vivre pieusement en nous laissant enseigner jour après jour. Tout cela
demeure intangible dans le Christ Jésus. Ne nous laissons pas décourager ni
endormir. Le Seigneur veut des chrétiens actifs, non pas passifs et oisifs, il
veut une activité dont l’origine intérieure (avec ses moments d’heureuse
communion) s’extériorise en témoignage. Ce qui nous guette, c’est
l’assimilation au monde, le retour vers lui, même après le réveil des vierges
assoupies. II y a un combat, une course, il faut de la force, elle est dans le
Christ Jésus. « Tiens-nous près de ton coeur… d’une sainte ferveur augmente en
nous les flammes » (Cant. 61). Une sainte ferveur, c’est le contraire de la
tiède Laodicée. Puissions-nous être fervents dans le Seigneur et chanter de
tout notre coeur le verset 2 de ce cantique :
De Toi nous approcher est toute notre envie,
Ô Saint Emmanuel
Ton amour est pour nous la source de la vie,
Car il est éternel