Commentaire sur Actes 8

Briem Christian

Traduit de l’allemand, Commentaire sur Actes 8.
Collection « Un peuple pour Son Nom » partie 5
Ed. Christliche Schriftenverbreitung, CSV, 2006


Des variantes de traduction du texte biblique par rapport à la version J.N.Darby sont signalés par un soulignement.


Table des matières :

1 - L’évangile en Samarie — Actes 8:1-25

1.1 - La première grande persécution — Actes 8:1

1.1.1 - Saul

1.1.2 - L’ensevelissement d’Étienne — Actes 8:2

1.1.3 - Ensevelissement — et non pas incinération ou crémation

1.1.4 - Faire beaucoup contre le nom de Jésus — Actes 8:3

1.2 - La libre activité de l’Esprit Saint

1.2.1 - Les dispersés — Actes 8:4

1.2.2 - Philippe en Samarie

1.2.2.1 - Une prédication bien faite — Actes 8:5

1.2.2.2 - Encore une fois des signes et des miracles — Actes 8:6-8

1.2.2.3 - Simon le magicien — Actes 8:9-11

1.2.2.4 - Actes 8:12

1.2.2.5 - Une foi vaine — Actes 8:13

1.2.2.6 - Un baptême à remarquer

1.3 - Une visite apostolique — Actes 8:14-17

1.3.1 - Ni indépendance ni rivalité

1.3.2 - Sur la réception du Saint Esprit — Actes 8:15-17

1.3.2.1 - Qu’est-ce qu’ont reçu les croyants de Samarie ?

1.3.2.2 - L’imposition des mains est-elle la règle ?

1.3.2.2.1 - Premier groupe

1.3.2.2.2 - Deuxième groupe

1.3.2.2.3 - Troisième groupe

1.3.2.2.4 - En résumé

1.3.2.3 - Pourquoi y eut-il imposition des mains ? — Actes 8:18

1.3.3 - Le trompeur démasqué — Actes 8:19

1.3.3.1 - Baptisé — et pourtant perdu — Actes 8:20-23

1.3.3.2 - La possibilité du retour

1.3.3.3 - Un seul médiateur — Actes 8:24

1.3.4 - L’évangile dans beaucoup de villages de Samarie — Actes 8:25

2 - Un païen entend l’évangile — Actes 8:26-40

2.1 - Envoyé au désert — Actes 8:26-27

2.2 - Un homme, un Éthiopien — Actes 8:27-29

2.2.1 - Quand le Saint Esprit parle — Actes 8:29

2.2.2 - Comprends-tu ce que tu lis ? — Actes 8:30-31

2.2.3 - « Voici l’Agneau de Dieu » — Actes 8:32-35

2.2.3.1 - Une difficulté du texte : agneau / brebis selon Actes 8 et Ésaïe 53

2.2.4 - Le baptême suit la foi — Actes 8:36-38

2.2.5 - Continuer avec joie — Actes 8:39

2.3 - L’évangile en Judée — Actes 8:40


1 - L’évangile en Samarie — Actes 8:1-25

Avec le chapitre 8 des Actes commence une nouvelle section de ce livre de l’Écriture Sainte : l’évangile de la grâce de Dieu est porté au-delà des limites étroites de Jérusalem. Selon les pensées de Dieu, Jérusalem devait bien être le point de départ de l’annonce de la bonne nouvelle, mais elle ne devait pas en être le point final.

C’est en premier au peuple juif que la grâce de Dieu a été offerte par le ministère du Seigneur Jésus Lui-même quand Il était ici-bas sur la terre. Or non seulement ils ont refusé ce témoignage, mais ils ont aussi refusé le témoignage suivant, celui du Saint Esprit qui avait trait à Christ glorifié. Le double rejet de la grâce de Dieu a eu son sommet et son expression la plus outrageante d’un côté dans la crucifixion de Jésus, et d’un autre côté dans la lapidation de Son fidèle témoin Étienne. Par le fait que les Juifs ont mis à mort Étienne après le Seigneur Jésus, c’était pour ainsi dire l’envoi d’une délégation à Sa suite avec le message plein de haine : « Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous » (Luc 19:14).

Qu’est-ce que Dieu allait faire maintenant ? Allait-Il anéantir à l’instant la nation juive par le jugement ? ou bien, ce qui était aussi pensable, allait-Il renoncer en principe à poursuivre davantage ses desseins de grâce, et abandonner désormais l’homme à lui-même ? Ni l’un, ni l’autre ! Dans Sa grâce infinie, Il a fait au contraire justement que ce que le Seigneur Jésus avait prédit dans la parabole du « Roi qui fit des noces pour son fils » (Matt. 22:1-14). Quand les invités (les Juifs) refusèrent Son invitation aussi bien avant la croix (Matt. 22:3) qu’après la croix (Matt. 22:4, 5), alors Il envoya Ses esclaves aux carrefours des routes pour rassembler d’entre les nations autant de gens qu’il était possible, et les appeler aux noces.

On ne peut pas passer sous silence que le roi se mit en colère à cause du comportement des invités (Matt. 22:7). Le refus de la grâce de Dieu ne peut effectivement avoir qu’un résultat : le jugement de Dieu, qu’il soit temporaire ou éternel, comme la parabole le montre. Les Juifs ont déjà partiellement fait l’expérience amère du jugement temporaire, et ils en feront encore l’expérience dans l’avenir d’une manière encore plus solennelle. Cependant, nous ne voulons pas aller plus loin maintenant dans ce courant de pensées. On en a suffisamment parlé ailleurs (voir le livre de l’auteur sur « les paraboles  »).

Maintenant nous nous intéressons davantage à un autre côté dont nous avons déjà parlé à l’occasion des paroles finales du discours d’Étienne : à partir du moment où, à la suite de Son Fils, Son témoin Étienne était rejeté, Dieu a cessé de rendre un témoignage particulier de la grâce au peuple juif en tant que tel. Avec la mort du premier martyr chrétien, cette époque courte et significative [d’un tel témoignage] a pris fin de manière irréversible. Dès lors Il fait offrir Sa grâce aussi aux nations, Il la fait annoncer « jusqu’au bout de la terre » (1:8).

Sur un plan général, nous pouvons aussi dire que le cœur de l’homme (pas seulement celui des Juifs) a fait la preuve complète de son inimitié contre Dieu, — non seulement dans le rejet de Christ Lui-même, mais aussi dans le rejet du témoignage du Saint Esprit. Dans cette mesure, la lapidation d’Étienne marque un point final à l’homme placé sous la responsabilité, la fin morale de son histoire devant Dieu. Dieu a tout entrepris pour tester s’il y avait quelque bien à tirer de l’homme. Mais plus Il agissait et révélait Sa grâce, plus il devenait clair que l’homme n’avait pour elle que de la haine. Quand l’homme eut tout rejeté ce qui venait de Dieu — la loi, les prophètes, le Fils de Dieu, le témoignage du Saint Esprit — alors tout était désormais inutile. L’homme a entièrement montré ce qu’il est : un ennemi de Dieu, un ennemi de Son amour.

Nous rencontrerons aussi cette inimitié du cœur de l’homme contre Dieu dans la nouvelle section du livre des Actes que nous abordons. Néanmoins ce qui rend cette section si attirante pour nos cœurs, c’est l’art et la manière dont Dieu réagit face à cette inimitié : sur le terrain de la méchanceté de l’homme pleinement démontrée, Il fraye de nouvelles voies, et ouvre les écluses de Sa grâce à tous les hommes sans discrimination. Qui hormis Dieu agirait ou peut agir pareillement ?


1.1 - La première grande persécution — Actes 8:1

« Or Saul consentait à sa mort. Or en ce jour-là, il y eut une grande persécution contre l’assemblée qui était à Jérusalem ; et tous furent dispersés dans les contrées de la Judée et de la Samarie, excepté les apôtres » (8:1).

En considérant le ch. 7, nous n’avons guère réalisé que tout ce qui y est rapporté, s’est déroulé en un seul jour. Ce jour-là deux hommes se sont rencontrés, et la première phrase du ch. 8 les réunit : Étienne et Saul. « Saul consentait à sa [celle d’Étienne] mort ».

Quels contrastes se manifestent là ! Quelles différences, en tout cas à ce moment-là, dans les chemins de ces deux hommes ! L’un fut mis à mort à cause de son témoignage pour Christ, et entra ainsi immédiatement dans la joie de son Maître. L’autre continua à avancer dans son inimitié contre Christ et contre les Siens, et il se mit à être un dévastateur de l’assemblée de Dieu.


1.1.1 - Saul

Bien que la constatation « Saul consentait à sa mort » paraisse appartenir au chapitre précédent, on peut la considérer comme un titre résumant ce qui suit. En effet elle est marquée en grec d’une manière exprimant fortement la durée : « Saul était un… consentant ; Saul continuait à consentir à sa mise à mort ». Sans doute il était tout à fait d’accord avec le meurtre d’Étienne ; mais il persistait dans cet accord, il y continuait. Effectivement la lapidation d’Étienne déclencha la première grande persécution contre l’assemblée du Dieu vivant. Il s’ensuit que l’expression « en ce jour-là » est à prendre tout à fait littéralement : En commençant au jour où Étienne fut tué, une grande persécution contre l’assemblée prit naissance. Ainsi Saul était constant et radical dans son accord avec ce qui avait été commis contre Étienne, au point de chercher à l’étendre à toute l’assemblée à Jérusalem. Autrement dit, Saul devenait un acteur principal de cette persécution acharnée.

Ce ne serait pas honnête d’attribuer à cet homme des motivations de bas étage ou de la passion pour la brutalité. Saul était un pharisien, hébreu des hébreux, un homme d’intelligence polie et fine, qui servait Dieu avec une conscience pure dès ses ancêtres (2 Tim. 1:3). La position qu’il prit dans la mise à mort d’Étienne ne prenait pas sa source dans un penchant à la cruauté, mais dans un jugement perverti. Ce qu’Étienne enseignait, il le considérait comme extrêmement dangereux, comme destructif de la foi juive qui à ses yeux, était la seule religion vraie. Le meilleur moyen de stopper l’hérésie était, à son avis, d’éliminer par la force les apostats, les déchus de la vraie foi. Encore aujourd’hui, de telles idées ne sont pas totalement extirpées. En tout cas il pensait servir Dieu en opprimant les disciples de Jésus et en les faisant mourir. Nous allons tout de suite voir ce qu’il en dit lui-même plus tard.

Sur le fait que la persécution commença ce jour-là, et qu’Étienne en fut la première victime, Luc ne rapporte pas de détail plus précis. Il donne seulement le résultat de cette première persécution générale : tous les disciples du Seigneur, à l’exception des apôtres, furent dispersés dans les contrées de Judée et de Samarie. Le feu de la persécution était allumé, et sa flamme se propagea rapidement alentour. Une fois les passions de la foule allumée, les conducteurs religieux avaient tout intérêt à ne pas les laisser se refroidir. Les bêtes sauvages sont attirées par le sang et elles en veulent toujours plus. C’est ainsi qu’est née une grande persécution.

Le temps de repos pour les disciples avait été bien court, mais par la grâce du Seigneur ils l’avaient bien utilisé. Des milliers et des milliers s’étaient mis à obéir à la foi. Cependant la faveur du peuple (5:13 : « le peuple les louait hautement ») n’a pas duré. Elle fut un bouclier protecteur, mais elle fit comme l’arbre kikajon de Jonas qui poussa très vite, et qui se dessécha tout aussi vite. Les disciples du Seigneur Jésus se voyaient maintenant, de façon inattendue, livrés à une persécution violente qui les forçait à fuir Jérusalem. Beaucoup allèrent dans les environs de Jérusalem, en Judée ; d’autres allèrent plus au nord vers la Samarie. Bien que leur déplacement fût l’effet de la contrainte provenant des circonstances, il commença à s’accomplir ce que le Seigneur avait annoncé à Ses disciples peu avant Son ascension : ils seraient Ses témoins, d’abord à Jérusalem, puis dans toute la Judée, en Samarie et jusqu’au bout de la terre (1:8). Le christianisme devait se caractériser par une large diffusion, et non pas par une concentration localisée.

Pourtant les apôtres restèrent à Jérusalem. Il est étrange que la tempête de la persécution ne les ait pas eux aussi emportés loin ! Mais qui voudrait douter que cela aussi ne fût arrangé par la sagesse de Dieu ? Peut-être qu’à la suite des expériences précédentes, les Juifs ne voulaient plus se risquer à de nouveau porter atteinte à ces gens dénués de peur (5:17 et suiv.). Cela peut tout à fait avoir été la raison extérieure de cette exception. Cependant la vraie raison pour qu’ils soient restés à Jérusalem est plus profonde. Selon les pensées du Seigneur, ils devaient remplir depuis là des missions importantes au vu de la croissance rapide du christianisme. Déjà la suite de notre chapitre va nous le mettre sous les yeux.

On demandera peut-être pourquoi les douze apôtres n’ont pas suivi les instructions du Seigneur en Matt. 10:23, et n’ont pas fui de ville en ville quand ils étaient persécutés dans la précédente. Or dans ce chapitre, le Seigneur parle d’une mission qui dans sa pleine signification, concerne une époque encore future du peuple Juif. Les v. 5 et 6 de Matt. 10 montrent clairement qu’il s’agit d’une mission purement juive, : « Ne vous en allez pas sur le chemin des nations, et n’entrez dans aucune ville de Samaritains ; mais allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël ».

Cette mission ne fut exécutée qu’en partie au temps du Seigneur, et ne trouvera son plein accomplissement par la puissance de Dieu que dans l’avenir au temps de la détresse de Jacob [grande tribulation]. Cela n’a rien à faire avec la mission chrétienne. Ici dans le livre des Actes les disciples sont beaucoup plutôt conduits par la providence de Dieu pour aller justement en Samarie afin d’y annoncer l’évangile.


1.1.2 - L’ensevelissement d’Étienne — Actes 8:2

« Et des hommes pieux emportèrent Étienne pour l’ensevelir, et menèrent un grand deuil sur lui » (8:2).

Chaque fois que cela était possible, les Juifs ensevelissaient leurs morts le jour même du décès. Dans le cas d’Étienne, il n’y avait aucune raison de repousser la date. Mais trouverait-on quelqu’un qui accepte de se charger de ce mort proscrit, et de lui rendre les derniers devoirs de miséricorde ? Les disciples étaient à ce moment-là aussi peu en état de le faire que les apôtres autrefois quand le Sauveur avait été crucifié.

Cependant Quelqu’un se tenait derrière tout pour prendre soin de tout. Lors de la crucifixion, Dieu avait eu à disposition des gens comme Joseph d’Arimathée et Nicodème qui préparèrent l’ensevelissement de Jésus d’une manière digne. Et pour Étienne maintenant, Dieu ne manqua pas non plus d’hommes pieux pour ensevelir Étienne d’une manière honorable. Dès que la foule se fut éloignée du martyr mis à mort et qu’elle se fut dispersée, ils s’approchèrent et ensevelirent le corps saignant et couvert de plaies de l’homme de Dieu.

Qui étaient ces « hommes pieux » ? Il en a déjà été parlé au ch. 2 v.5. À Jérusalem et dans les environs proches de la ville, il y avait des Juifs pieux et craignant Dieu, vraisemblablement des Hellénistes ou des Juifs de pays lointains qui n’avaient pas participé au meurtre, et qui ne s’étaient pas tenu aux côtés de ceux qui lapidaient Étienne. Leur position fut claire et sans équivoque, en ce qu’ils ensevelirent Étienne et menèrent un grand deuil sur lui.

Cette dernière indication confirme que ces hommes droits n’étaient pas des chrétiens : ils manifestèrent leur tristesse d’une manière typiquement juive. Ils ne connaissaient pas encore la vérité que l’esprit de ceux qui sont « endormis » va auprès du Seigneur Jésus dans le paradis (Luc 23:43). En tant que Juifs, l’espérance et la joie chrétiennes relatives à la gloire de Dieu leur étaient entièrement étrangères (Rom. 5:2). Cependant ils étaient droits dans leurs sentiments, et Dieu reconnut ce qu’ils firent, et donna à ces hommes une place qui demeure dans sa Parole.


1.1.3 - Ensevelissement — et non pas incinération ou crémation

Le fait qu’Étienne ait été enseveli par des hommes pieux est en contradiction criante avec la pratique développée aujourd’hui dans beaucoup de « pays chrétiens », et qui consiste à incinérer les morts. Nous ne chercherons pas à connaître de près l’origine et les raisons de cet usage. Mais il me paraît important de montrer que cela ne vient pas de Dieu, et qu’en conséquence les enfants de Dieu devraient s’en éloigner par principe.

Comme par le péché de l’homme, ainsi aussi la mort est entrée dans le monde, et Dieu dit à Adam : « tu es poussière et tu retourneras à la poussière » (Gen. 3:19). L’homme était devenu mortel, et si la mort intervenait, son corps retournerait à la poussière en passant par la corruption. N’était-ce pas alors approprié de le laisser à la terre, de l’ensevelir ? Manifestement les gens l’ont saisi dès le commencement.

Dans le premier cas d’ensevelissement dans la Bible, c’est Dieu Lui-même qui en parle, et il est caractéristique qu’Il en parle comme quelque chose qui va de soi, quelque chose de connu qu’Il n’a pas besoin d’expliquer davantage ; Il promet au patriarche Abraham : « tu seras enterré en bonne vieillesse » (Gen. 15:15).

Dans l’occasion suivante où il est parlé d’ensevelissement, nous voyons de nouveau qu’il s’agit d’un usage courant partout. C’est pourquoi non seulement Abraham a dit aux fils de Heth : « j’enterrerai mon mort de devant moi » (Gen. 23:4), mais les fils de Heth lui répondirent aussi ces paroles : « aucun de nous ne te refusera son sépulcre pour y enterrer ton mort » (Gen. 23:6). Tous les autres patriarches ont enseveli leurs morts dans des sépulcres. Une fois même, Dieu a enseveli Lui-même quelqu’un : c’est Moïse son serviteur, qu’Il enterra « dans le pays de Moab vis-à-vis de Beth-Péor » (Deut. 34:6). Il n’est guère besoin de mentionner qu’en Israël aussi les morts étaient en principe ensevelis. Un pendu ne devait pas rester pendu au bois pendant la nuit ; « tu l’enterreras sans faute le jour même » disait l’instruction divine (Deut. 21:23). Plus tard le Seigneur Jésus prononce une fois la parole caractéristique : « laisse les morts ensevelir leurs morts » (Luc 9:60).

Tout cela montre qu’ensevelir les morts était ce qui était à l’origine, ce que Dieu voulait, ce qui était normal. Le Seigneur Jésus lui-même n’a-t-il pas été enseveli ? Ce fait fait même partie de l’évangile : Christ mort, enseveli, ressuscité (1 Cor. 15:3, 4). Au temps du Nouveau Testament, avant même Étienne, il y a eu l’ensevelissement d’Ananias et Sapphira (5:6, 9, 10). Hormis ces cas, nous n’entendons plus parler historiquement d’ensevelissements dans le Nouveau Testament, ni de cérémonies chrétiennes de deuil. Pourquoi ce silence de l’Écriture ? Parce que le racheté n’attend pas la mort, mais il attend le Rédempteur. La mort pour lui n’a qu’une importance secondaire, elle n’est qu’une « servante ».

Quand nous saisissons l’occasion d’ensevelissements d’enfants de Dieu pour glorifier la fidélité de Dieu et pour annoncer l’évangile de Jésus Christ, cela est en parfait accord avec la position chrétienne dans laquelle nous sommes entrés par grâce. Ce qui serait par contre en pleine contradiction avec cette position, c’est de « mener un grand deuil » pour ceux dont nous savons qu’ils sont « avec Christ » (Phil. 1:21-23), comme le firent ces Juifs pieux dans le cas d’Étienne ! Ce serait méconnaître que, pour le croyant, la mort est un ennemi vaincu. « La mort a été engloutie en victoire ». « Où est, ô mort, ton aiguillon ? où est, ô mort, ta victoire ? » (1 Cor. 15:54, 55).

Le corps du croyant mis en terre ressemble à une graine de semence pour la résurrection (1 Cor. 15:35 et suiv.). Cette image utilisée par Dieu serait gâtée par l’incinération. Le Seigneur Jésus ne s’était-Il pas Lui-même comparé à un grain de blé qui tombe en terre et meurt, pour porter beaucoup de fruit en résurrection (Jean 12:24) ? Ainsi tout dans l’Écriture parle en faveur de l’ensevelissement et contre l’incinération ou crémation.

J’avais à cœur d’indiquer ces choses en rapport avec l’ensevelissement d’Étienne. Nous avons vu une fois de plus, j’espère, combien il est nécessaire d’ajuster à tous égards nos actions et nos pensées selon la norme infaillible de la Parole de Dieu, et non pas selon les opinions et les coutumes changeantes des hommes. C’est le moyen de toujours être du côté sûr. Rien ne donne plus de repos et de sécurité que la conscience d’obéir à Dieu et de faire Sa volonté.

Après cette petite digression, revenons à notre texte d’Actes 8 proprement dit.


1.1.4 - Faire beaucoup contre le nom de Jésus — Actes 8:3

Luc présente souvent des contrastes. C’est le cas ici. D’un côté il montre des hommes à Jérusalem menant deuil sur la mort d’Étienne. D’un autre côté il dirige notre attention sur un autre homme, Saul, qui entreprend résolument une œuvre sanglante parmi les chrétiens.

« Or Saul ravageait l’assemblée, entrant de maison en maison ; et traînant hommes et femmes, il les livrait pour être jetés en prison » (8:3).

C’était donc la voie de Saul qui « continuait à consentir à la mort d’Étienne » ! C’était son dessein d’abattre l’assemblée autant qu’il le pouvait, ou bien, selon un autre sens possible du mot grec, de la « ravager » et de la « détruire ». Le mot désigne les ravages faits par une bête sauvage. Il est vrai que « les portes du hadès ne prévaudront pas contre l’assemblée » (Matt. 16:18), mais cet homme ne le savait pas encore.

Il avait gardé les vêtements des témoins qui lapidaient Étienne, et il devait avoir entendu la prière du martyr mourant pour ses meurtriers. Cependant rien de ce qu’il avait vécu et entendu ne pouvait le détourner de sa course meurtrière. Il entrait dans les maisons les unes après les autres, et en tirait les croyants pour les jeter en prison. L’écrivain inspiré a pris soin de mentionner la présence de femmes parmi ces croyants. Par le terme de « maisons », nous ne devons pas simplement comprendre les lieux où se tenaient des réunions. Non il s’agissait de maisons privées où les chrétiens habitaient. Il en forçait l’entrée, y pénétrait, et faisait cela « en série », de maison en maison, méthodiquement.

Il n’y avait jamais eu rien de tel auparavant. C’était une persécution systématique, de caractère inquisitorial. Cependant ces brèves indications sont tout ce que l’historien Luc raconte à ce sujet. Si nous écoutons ce que Saul lui-même dit sur ces événements, bien des années après sa conversion, cela jette une lumière supplémentaire sur cette époque, et nous en fait sentir tout ce qu’il y avait d’effroyable.

Devant ses frères Juifs, il confesse avoir été un zélateur pour Dieu, et avoir persécuté cette voie jusqu’à la mort, liant hommes et femmes et les jetant en prison (22:4). Et peu après nous l’entendons dire : « Seigneur, ils savent que je mettais en prison et que je battais dans les synagogues ceux qui croient en toi ; et lorsque le sang d’Étienne, ton témoin, fut répandu, moi-même aussi j’étais présent et consentant, et je gardais les vêtements de ceux qui le tuaient » (22:19, 20). Devant Agrippa il va encore plus loin dans les détails et dit : « Pour moi donc, j’ai pensé en moi-même qu’il fallait faire beaucoup contre le nom de Jésus le Nazaréen : ce que j’ai fait aussi dans Jérusalem ; et j’ai enfermé dans les prisons beaucoup des saints, après en avoir reçu le pouvoir des principaux sacrificateurs ; et quand on les faisait mourir, j’y donnais ma voix ; et souvent, dans toutes les synagogues, en les punissant, je les contraignais de blasphémer ; et transporté de fureur contre eux, je les persécutais même jusque dans les villes étrangères » (26:9-11).

Ces brèves indications nous confirment qu’Étienne a bien été le premier martyr, mais il n’a pas été le seul, et de loin. Beaucoup ont été mis à mort en ce temps-là. C’était effectivement une grande persécution. Au vu de cela, l’apôtre se qualifie lui-même plus tard de blasphémateur, de persécuteur et d’outrageux (1 Tim. 1:13). Il n’a jamais oublié qu’il a « persécuté » l’assemblée de Dieu, et même « outre mesure » (1 Cor. 15:9 ; Gal. 1:13).

Quelque temps plus tard, dans l’épître aux Hébreux, il est fait référence à ce temps de la première grande persécution, et il est dit : « Mais rappelez dans votre mémoire les jours précédents, dans lesquels, ayant été éclairés, vous avez enduré un grand combat de souffrances, soit en ce que vous avez été offerts en spectacle par des opprobres et des afflictions, soit en ce que vous vous êtes associés à ceux qui ont été ainsi traités. Car vous avez montré de la sympathie pour les prisonniers et vous avez accepté avec joie l’enlèvement de vos biens, sachant que vous avez pour vous-mêmes des biens meilleurs et permanents » (Héb. 10:32-34). De quelle foi ces croyants Juifs ont fait preuve ! Au lieu de poursuivre leurs persécuteurs devant les tribunaux romains, ils ont accepté avec joie l’enlèvement de leurs biens. Ils savaient qu’ils possédaient des biens meilleurs et permanents dans les cieux. Ne nous font-ils pas honte en cela ?


1.2 - La libre activité de l’Esprit Saint

Que le sang des martyrs soit la semence de l’église, c’est ce que nous voyons ici pour la première fois. L’adversaire machinait du mal, et cherchait à détruire l’assemblée. Mais Dieu tourna tout pour le bien, et dans Sa grâce Il utilisa la persécution pour faire répandre au loin la semence de l’évangile. Tôt ou tard la colère même de l’homme elle-même Le louera (Ps. 76:10).


1.2.1 - Les dispersés — Actes 8:4

« Ceux donc qui avaient été dispersés allaient ça et là, annonçant la parole » (8:4).

Quel spectacle émouvant de voir les nombreux croyants fuir, avec femmes et enfants, par les portes de Jérusalem ! Leur foi n’était-elle pas mise à dure épreuve ? Mais ils ne pensaient pas à eux-mêmes et à ce qu’ils laissaient derrière eux. Leurs cœurs étaient dirigés vers leur Seigneur et Rédempteur, et vers la bonne nouvelle qu’Il leur avait commise. Certes la persécution qui avait surgi faisait d’eux des dispersés, mais ils ressemblaient aux étincelles qui allument un nouveau feu partout où elles atterrissent.

Au chapitre 11 ces dispersés sont encore une fois mentionnés (11:19). Nous verrons qu’ils portèrent le feu dans des régions encore plus éloignées, jusqu’en Phénicie, et à Chypre, et à Antioche.

Ils « annonçaient (ou : évangélisaient) la parole » (8:4b). C’était ce dont les hommes avaient besoin à l’époque, et c’est dont ont également besoin les hommes d’aujourd’hui. Puissions-nous en rester là ! Il n’y a rien d’autre que la Parole dans la puissance du Saint Esprit pour éveiller la vie nouvelle dans des hommes morts quant à Dieu. Au cours de nos méditations sur le livre des Actes, nous sommes déjà revenus sur ce point à maintes reprises, insistant sur l’importance décisive à tous égards de la Parole de Dieu. Le passage déjà mentionné du ch. 11 le souligne également : « Ceux donc qui avaient été dispersés par la tribulation qui arriva à l’occasion d’Étienne, passèrent jusqu’en Phénicie, et à Chypre, et à Antioche, n’annonçant la parole à personne, si ce n’est à des Juifs seulement » (11:19). Ce qu’ils annonçaient était la Parole, la Parole de Dieu, non pas des courants de pensées personnelles, ni des traditions ou des inventions humaines.

Qui donnait les pleins pouvoirs à ces dispersés pour accomplir ce service ? En s’en tenant déjà simplement à l’extérieur des choses, on voyait que d’un côté il n’y avait aucun plan mûrement réfléchi par les hommes, et que d’un autre coté ce n’était ni le zèle spirituel, ni le discernement des apôtres qui avaient mis l’œuvre en route, mais c’était la colère de l’ennemi. Dieu dans Sa sagesse et Sa grâce utilisa cette colère pour faire répandre l’évangile au-delà de Jérusalem. Personne n’aurait pu le prévoir. Dieu seul a donné à ces hommes l’habilitation à prêcher la Parole et la capacité de le faire. Si le Seigneur Jésus monté au ciel donne des dons spirituels à Ses serviteurs (Rom. 12:6-8 ; 1 Cor. 12:4 et suiv. ; Éph. 4:7 et suiv.), alors la possession du don suffit pour habiliter celui qui le possède, mais elle oblige aussi à utiliser ce don pour l’honneur de Dieu et pour le bien des hommes.

C’est justement ce que faisaient les dispersés, et en cela ils étaient un témoignage lumineux et un exemple de l’activité libre et sans entrave du Saint Esprit dans les jours du commencement. Or ce qui était juste dans ces jours-là, l’est encore aujourd’hui. Dieu ne change pas Ses pensées. C’est pourquoi nous devons toujours prendre garde contre la réglementation du service par des institutions ou des autorités humaines ou des règlements humains ! Même si à cette époque la doctrine sur l’assemblée de Dieu, et l’ordre qui s’y trouve, n’avaient pas encore été donnés, cependant l’assemblée elle-même existait. Sinon pourquoi Saul aurait-il cherché à l’abattre ? Le Saint Esprit opérait en elle selon des principes qui ne seront mis par écrit que plus tard dans les épîtres de l’apôtre Paul dans le Nouveau Testament.

Quant aux résultats du service exercé en Judée et en Samarie par les dispersés dans un amour sans égoïsme, il ne nous est rien dit de plus ici. Ils y annonçaient la Parole, et cela suffisait. Pour la Samarie, on va voir de plus près dans ce qui suit ce qu’il en fut. En ce qui concerne la Judée, nous apprenons par l’épître aux Galates qu’il y avait déjà des assemblées dans cette province, avant même que Paul « annonce la foi qu’il détruisait jadis » (Gal. 1:23). Selon toute vraisemblance, il se trouvait aussi une assemblée à Lydde et également à Joppé (9:32-43), avant même la visite mémorable de l’apôtre Pierre à Césarée (ch. 10).


1.2.2 - Philippe en Samarie

La libre action de l’Esprit de Dieu dans ces jours-là apparaît d’une manière heureuse chez un autre serviteur du Seigneur. La description de son service occupe une grande partie du ch. 8. Cet homme apparaît sur la scène de manière d’autant plus inattendue qu’il est complètement laissé de côté ensuite. Il n’apparaît dans ce livre que pour peu de temps, et nous ne pouvons suivre son service et son chemin que durant cette courte durée. Ensuite il disparaît de nos regards. Cependant les traces qu’il laisse derrière lui sont bien établies dans la Parole de Dieu, et elles sont là pour notre instruction et notre encouragement.


1.2.2.1 - Une prédication bien faite — Actes 8:5

« Et Philippe, étant descendu dans une ville de la Samarie, leur prêcha le Christ » (8:5).

Qui était Philippe ? Manifestement il ne s’agit pas de l’apôtre Philippe, car les apôtres restèrent à Jérusalem selon le v. 1. Luc s’occupe bien plutôt de ce serviteur qui faisait partie des « sept » du ch. 6 v.5. Plus tard il le nomme « évangéliste » (21:8). Le « service aux tables » pour prendre soin des pauvres parmi les disciples était devenu impossible à cause de la persécution et de la dispersion des disciples. Cependant le Seigneur avait préparé pour son serviteur une nouvelle mission plus étendue.

Philippe est un exemple frappant de « ceux qui ont bien servi » et qui ont acquis « un bon degré », et « une grande hardiesse dans la foi qui est dans le Christ Jésus » (1 Tim. 3:13). Il est possible que Dieu permette que la seule porte ouverte dont disposait un serviteur, se ferme. Mais pour le Seigneur, c’est peu de chose que d’en ouvrir une autre pour une bénédiction encore plus grande.

Cela peut nous encourager à être fidèle et à bien servir dans le domaine qu’Il nous a confié, aussi restreint qu’il paraisse. Nous pouvons Lui laisser en confiance tout le reste. Il suffit de savoir qu’Il est « celui qui a la clef de David, celui qui ouvre et nul ne fermera, celui qui ferme et nul n’ouvrira » (Apoc. 3:7).

Poussé par l’amour pour le Seigneur et pour les hommes, Philippe alla dans une ville de Samarie pour y prêcher la bonne nouvelle de Christ. De quelle ville s’agit-il ? Cela n’est pas dit expressément. Quelques-uns des bons manuscrits anciens lisent ici « dans la ville de Samarie ». Cela pourrait désigner l’ancienne ville de Sichem, située au pied de la montagne de Garizim, qui était le centre de l’adoration en Samarie et qui, plus tard, est devenue Néapolis-Naplouse. Le Seigneur Jésus avait travaillé avec beaucoup de bénédiction à Sichar, non loin de cette ville. Il y était resté deux jours, Lui, le Sauveur du monde (Jean 4:39-42).

Il est tout à fait possible que Philippe soit venu justement dans cette ville, et qu’il ait poursuivi dans un certain sens le service que le Seigneur y avait commencé : « il leur prêchait le Christ ». Ce chapitre nous fait voir deux sortes de prédications par Philippe ; je pense qu’elles servent d’exemple jusqu’à aujourd’hui, et d’exemple valable en tout lieu et en tout temps.

L’évangile de la grâce de Dieu atteignit d’abord la Samarie, puis pour ainsi dire « jusqu’au bout de la terre » (1:8). Son service commença par le voisinage immédiat des Juifs, puis il s’est dirigé vers un Éthiopien comme représentant des païens lointains. Le premier service eut lieu dans une ville devant une foule du peuple, tandis que le deuxième eut lieu dans un désert devant un individu tout seul. L’objet de la prédication était pourtant le même dans les deux cas : le Seigneur Jésus. Dans la ville de Samarie, il leur prêcha le Christ ; et à l’Éthiopien dans le désert, il lui annonça l’évangile de Jésus (8:35). La bonne main du Seigneur le conduisait en tout, et il nous sert d’exemple à tous égards.

Un vrai serviteur du Seigneur n’annonce pas la loi, ni n’importe quelle doctrine, ni de la morale, ni de la philosophie, ni de la religion, mais il annonce Christ. À cet égard, il y a une différence subtile entre les versets 35 et 5. À l’intendant d’Éthiopie qui lisait dans le livre du prophète Ésaïe au sujet de l’abaissement du Seigneur, Philippe annonce l’évangile de Jésus. À cet homme il fallait d’abord montrer que cette personne qui avait souffert de si terribles souffrances, était Jésus le Fils de l’homme, Lui-même un vrai Homme. Mais aux gens de Samarie, Philippe leur prêcha le Christ. Cela inclut la résurrection et l’ascension du Seigneur Jésus. Pierre avait déjà parlé de Lui de cette manière au jour de la Pentecôte, « que Dieu L’avait fait et Seigneur et Christ » (2:36).

La résurrection du Seigneur Jésus est la preuve irréfutable de ce que Dieu a agréé Son œuvre : Il « a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification » (Rom. 4:25). Le croyant se tient sur le terrain d’un sacrifice agréé de Dieu. Celui qui est mort sur la croix comme Homme, est ressuscité et assis à la droite de Dieu. Cela nous montre la divinité de Cette Personne unique : Le Seigneur Jésus est à la fois Dieu et Homme dans une seule et même personne. Prêcher Christ implique donc un évangile complet. Prêcher Jésus ne va pas aussi loin. Il y a un temps approprié pour l’un et pour l’autre, et Philippe, qui était dirigé par Dieu, savait quand il fallait faire l’un et quand il fallait faire l’autre.

Encore un point : Philippe leur prêchait le Christ. Il n’est pas dit qu’il vint dans une ville de Samarie et y prêcha le Christ. À l’intendant eunuque, il est dit, en traduisant littéralement (8:35), que Philippe « lui évangélisait Jésus ». Le Saint Esprit ne veut-il pas nous indiquer, par ces manières de s’exprimer, que la personne de Christ était apportée devant chaque cœur et conscience individuellement ? Ce n’était pas une prédication standardisée du genre : nous sommes tous pécheurs, nous avons tous besoin de Christ comme Sauveur.

Certes, il est juste de prêcher que Jésus Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs (1 Tim. 1:15) ; mais ce n’est pas suffisant. Nous devons chercher à mettre les gens en contact personnel avec Christ, aussi bien si nous nous adressons à une foule ou seulement à un individu. Au lieu de parler seulement de Christ comme d’un Sauveur pour tous, témoignons aussi qu’Il veut sauver chacun en particulier (« toi ») ! Autrement, il peut arriver qu’un homme s’estime en sécurité avec la confession « nous sommes tous pécheurs et nous avons tous besoin d’un Sauveur », et pourtant qu’il soit perdu pour l’éternité.


1.2.2.2 - Encore une fois des signes et des miracles — Actes 8:6-8

« Et les foules, d’un commun accord, étaient attentives aux choses que Philippe disait, l’entendant, et voyant les miracles qu’il faisait ; car les esprits immondes, criant à haute voix, sortaient de plusieurs qui en étaient possédés ; et beaucoup de paralytiques et de boiteux furent guéris ; et il y eut une grande joie dans cette ville-là » (8:6-8).

Les « champs » de cette ville de Samarie étaient « blancs pour la moisson » (Jean 4:35). Tandis que Saul poursuivait en Judée son activité meurtrière et persécutait ceux qui croyaient en Christ, Philippe était occupé de manière bénie à annoncer justement ce même Christ aux gens de Samarie. Le diable poussait le premier, et l’Esprit de Dieu conduisait le second. Bien que les gens de cette ville de Samarie étaient précédemment tombés sous le charme d’un homme méchant, un magicien, les foules étaient maintenant unanimes pour être attentives à l’évangile de sorte que finalement elles vinrent à la foi au Seigneur Jésus.

Combien la puissance de la Parole de Dieu se montrait une nouvelle fois merveilleuse ! Ces gens écoutaient ce qui était dit par Philippe. Un profond sérieux et une grande unanimité les animaient. Ils ne se dressaient pas contre le messager de l’évangile pour le chasser. Ils ne restaient indifférents ni à lui ni à son message, mais ils étaient attentifs et écoutaient. Ah ! si seulement les gens d’aujourd’hui faisaient la même chose ! Écouter réellement quand Dieu leur parle ! Ce serait le début d’une bénédiction infinie.

En Samarie c’était le cas. De cette manière la moisson mûrit rapidement dans cette ville dès que Philippe y parut et y travailla, de sorte que nous ne pouvons pas nous empêcher de croire qu’un autre semeur avait auparavant répandu la précieuse semence dans ce champ. Le Maître lui-même avait mis en état ce champ de Sa propre main, et Son serviteur pouvait maintenant en engranger la riche moisson. Nous nous rappelons comment, à la suite de la confession de la femme samaritaine, les gens étaient sortis de la ville pour venir L’entendre (Jean 4:29, 30). Et de nouveau le dicton se vérifiait : « L’un sème et un autre moissonne. Moi, je vous ai envoyés moissonner ce à quoi vous n’avez pas travaillé ; d’autres ont travaillé, et vous, vous êtes entrés dans leur travail » (Jean 4:37, 38).

Pourtant ils est de nouveau parlé de signes et de miracles avec lesquels Dieu a accompagné la prédication de l’évangile en Samarie. Il confirmait par cela que cet évangile était réellement de Lui. Comme les apôtres et ensuite Étienne avaient fait en Judée des miracles et de grands signes, ainsi Dieu utilisait maintenant Philippe pour faire la même chose en Samarie. Tout cela se passait en parfait accord avec ce que le Seigneur Jésus avait prédit juste avant Son ascension : « Et ce sont ici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom ils chasseront les démons… ils imposeront les mains aux infirmes, et ceux-ci se porteront bien » (Marc 16:17, 18). Le Seigneur coopérait de cette manière et confirmait la Parole par ces signes (Marc 16:20 ; Actes 14:3). Cela ne fut nécessaire qu’aux jours du commencement du christianisme, parce que l’évangile était nouveau et que la Parole de Dieu n’avait pas encore été complétée : c’est ce que nous avons déjà mentionné plusieurs fois au cours de nos explications du livre des Actes.

En Samarie il devait se trouver comme en Judée beaucoup de démoniaques, car ils sont ici spécialement mentionnés, et même en premier. Luc laisse entendre que ceux qui avaient des esprits immondes venaient vers Philippe, et que tous ceux qui venaient trouvaient la délivrance. Ces esprits immondes et méchants se comportaient comme ceux que le Seigneur Jésus avait chassés : Ils sortaient en criant à haute voix — parce qu’ils étaient forcés de libérer leurs victimes.

La contemplation de ces miracles qui témoignaient si clairement de la victoire de Jésus sur toute la puissance de l’enfer, ne manqua pas de faire effet sur les Samaritains, et elle les impressionna. Comme beaucoup de paralysés et d’estropiés furent alors guéris, une grande joie éclata dans cette ville. Nous pouvons bien le comprendre ! La suite des événements fait comprendre que cette joie n’était pas seulement superficielle, car beaucoup crurent Philippe et l’évangile qu’il annonçait (8:12). Cela nous étonne-t-il, quand nous voyons un peu plus tard, l’intendant eunuque poursuivre son chemin « tout joyeux » (8:39) ?

Il est vrai que quand quelqu’un reçoit la Parole « immédiatement avec joie » sans s’être vu dans la lumière de Dieu, et sans s’être repenti ni avoir été conduit à la foi au Seigneur Jésus, il s’illusionne lui et les autres, il n’a pas de racine, pas de stabilité (voir Matt. 13:20, 21). Tôt ou tard, il sèche (Matt. 13:6). Un exemple de ce genre de « foi » est donné immédiatement après.

Les miracles peuvent contribuer à confirmer la Parole, mais la foi ne repose pas sur des miracles, mais sur la Parole de Dieu. Le Seigneur Jésus n’avait fait aucun miracle en Samarie. Les gens là-bas avaient cru « à cause de Sa Parole », et ils avaient reconnu « que Celui-ci est véritablement le Sauveur du monde » (Jean 4:41, 42). Le fait que maintenant le Seigneur faisait s’accomplir en Samarie des signes et des prodiges, était encore un cas particulier, comme le montre la section suivante.


1.2.2.3 - Simon le magicien — Actes 8:9-11

Comme on l’a déjà remarqué, il est vraisemblable que Philippe travaillait dans la ville qui représentait le centre religieux de la Samarie. Cependant il n’avait pas seulement à faire face à la religion corrompue des Samaritains, mais aussi à l’occultisme oriental. L’histoire de l’homme qui le pratiquait est introduite par l’écrivain inspiré pour montrer combien grande est la puissance de Dieu, et comment elle remporte la victoire sur la puissance ténébreuse de Satan. Elle est en mesure de libérer de tout lien satanique, aussi effrayant soit-il.

« Or, avant cela, il y avait dans la ville un homme nommé Simon, qui exerçait la magie et étonnait le peuple de la Samarie, se disant être quelque grand personnage ; auquel tous s’attachaient, depuis le petit jusqu’au grand, disant : Celui-ci est la puissance de Dieu appelée la grande. Et ils s’attachaient à lui, parce que depuis longtemps il les étonnait par sa magie » (8:9-11).

Qui était Simon ? Dans la tradition mondaine du deuxième et troisième siècle, on lui attribuait le titre de « le Grand ». Mais nous ne voulons pas nous intéresser aux innombrables spéculations visant à déterminer la personnalité historique de cet homme. Elles sont d’ailleurs vaines. Ce que la Parole de Dieu nous en dit suffit : il faisait de la magie et s’estimait être un grand personnage, et par cette magie il captait sous son charme non seulement la population de la ville, mais tout le peuple de Samarie.

Simon appartenait à une classe de charlatans (des bluffeurs qui simulent des capacités spéciales) et de trompeurs dont le monde était plein en ce temps-là. Ils cherchaient à mettre les gens sous leur contrôle au moyen de pratiques occultes. Pour cela, ils combinaient de la sorcellerie réelle de source satanique avec un usage rusé des lois naturelles qui étaient largement inconnues aux hommes de ce temps-là. Leurs pratiques mauvaises allaient de l’invocation des démons jusqu’aux guérisons de malades, à la divination et à l’astrologie en passant par les relations avec les morts. N’est-ce pas honteux que toutes ces pratiques inspirées par Satan soient aussi largement répandues aujourd’hui dans « les pays chrétiens » ? Elles sont l’anticipation sinistre de l’« homme de péché » qui, à la fin de l’ère présente, fera des signes et des prodiges de mensonge par la puissance de Satan, et qui séduira par-là ceux « qui n’ont pas reçu l’amour de la vérité de Dieu » (2 Thes. 2:9, 10)

Simon devait accomplir des actes étonnants, car Luc utilise lui-même le terme de « magie » [ou : actes de magie] au verset 11. Ces actes de magie permettaient depuis longtemps à ce magicien d’étonner les gens, de les mettre hors d’eux.

En même temps il tenait sa propre personne dans une sorte d’obscurité. Il prétendait bien être quelqu’un de grand, mais sans dire qui ni quoi il était en réalité. En voilant sa propre personne, il impressionnait d’autant plus profondément les gens, car depuis toujours ceux-ci aiment le mystérieux. Il arrivait à ses fins, car « tous s’attachaient à lui depuis le petit jusqu’au grand » (8:10, 11). Nous dirions aujourd’hui « jeunes et vieux » ou encore « la crème et la lie », — tous tombaient sous le charme de sa magie, et étaient suspendus à lui. L’âge et l’éducation ne confèrent aucune protection contre une telle puissance. Et ce qu’il cachait, ils le complétaient par leurs imaginations superstitieuses : ils le désignaient comme étant « la puissance de Dieu qui est appelée la grande ».

Les Samaritains voyaient dans cet homme la révélation de la puissance suprême de Dieu. En réalité, ce trompeur était sous influence satanique. Il appartenait au même genre d’escrocs malfaisants qu’Élymas le magicien du ch. 13 (v.8-10). L’un comme l’autre étaient fils du diable.


1.2.2.4 - Actes 8:12

« Mais quand ils eurent cru Philippe qui leur annonçait les bonnes nouvelles touchant le royaume de Dieu et le nom de Jésus Christ, tant les hommes que les femmes furent baptisés » (8:12).

Si Simon se tenait pour très important, et acceptait volontiers la vénération des foules, Philippe mettait quelqu’un d’autre au premier plan : il annonçait l’évangile [la bonne nouvelle] du royaume de Dieu et le nom de Jésus Christ. Le prédicateur s’effaçait entièrement derrière l’excellence de Celui qu’il annonçait. Se laissait-il aveugler par la magie de Simon ? Pas du tout ! Il avait un bon message à annoncer, et celui-ci n’avait rien à faire avec le royaume de Satan, mais avec le merveilleux royaume de Dieu. Dans ce royaume, Jésus Christ est la personne centrale, et Son nom est comme « un parfum [litt. : huile d’onction] répandu » (Cant. d. Cant. 1:3).

Les différences entre ces deux hommes ont dû agir puissamment sur les gens. Nous voyons maintenant à quoi menait le fait d’être attentif du v.6 : des hommes et des femmes croyaient Philippe, c’est-à-dire qu’ils acceptaient tout ce que ce messager de Dieu leur annonçait quant au bon message « touchant le royaume de Dieu et le nom de Jésus Christ ». Ce n’est que par la nouvelle naissance qu’on peut entrer dans ce royaume, et ce n’est que par la foi au Seigneur Jésus qu’on peut trouver le salut (Jean 3:3-5 ; Actes 4:12 ; 16:31). Quand il est dit ici qu’ils croyaient Philippe, cela montre simplement le contraste avec Simon : ils ne prêtaient plus l’oreille au magicien, mais désormais ils mettaient leur confiance dans le prédicateur de l’évangile. L’objet de la foi ne peut-être que Christ, jamais celui qui annonce l’évangile.

Ainsi la puissance de Dieu remporta la victoire sur la puissance de Satan, et beaucoup d’habitants de Samarie furent délivrés de la tromperie du diable. Ils n’hésitèrent pas non plus à se placer ouvertement, par le moyen du baptême, du côté de Celui qui était méprisé sur la terre, mais qui était Christ glorifié dans le ciel. Le verbe « furent baptisés » est en réalité à l’imparfait, signifiant par-là un processus répété : « ils étaient (toujours à nouveau) baptisés ». À mesure que les individus venaient à la foi les uns après les autres, le baptême leur était appliqué. Tout se passa donc sur un espace de temps plus long. Il est vrai que là-dessus Luc ne nous communique pas les détails.

Nous avons déjà parlé en détail sur le baptême lui-même, en rapport avec Actes 2, de sorte que je n’y reviendrai ici que courtement. À l’époque, au jour de la Pentecôte, beaucoup de Juifs à Jérusalem furent baptisés pour le nom de Jésus Christ, après avoir reçu la Parole de Dieu (2:38-41). Maintenant il se passait la même chose chez les Samaritains. Il semble que l’intention de l’Esprit de Dieu est de faire ressortir le parallèle.

Effectivement entre le ch. 1 et le ch. 8, on ne trouve aucune mention du baptême chrétien. Ici maintenant, la porte du royaume des cieux fut ouverte pour la Samarie. Nous allons nous occuper tout de suite de la portée de ce fait. Quel développement étonnant nous voyons : un grand nombre des Samaritains si méprisés des Juifs, se convertirent au Seigneur ! Par le moyen du baptême, ils entraient sur le terrain chrétien, et devenaient de cette manière disciples du Seigneur tout comme les trois mille âmes du peuple juif.

L’expression « tant les hommes que les femmes » se retrouve au v. 12. Le privilège de recevoir le Seigneur Jésus par la foi n’était et n’est nullement restreint à un sexe. Aussi bien les hommes que les femmes étaient introduits dans le domaine chrétien de la bénédiction. À Jérusalem nous avons vu l’autre côté : aussi bien les hommes que les femmes ont souffert la persécution à cause du Seigneur (8:3). Combien souvent ces deux choses se sont répétées au cours des siècles !


1.2.2.5 - Une foi vaine — Actes 8:13

Un tableau inattendu s’offre alors à nous : Simon le magicien est baptisé ! Comment est-ce possible ? Que s’est-il passé ?

« Et Simon crut aussi lui-même ; et après avoir été baptisé, il se tenait toujours auprès de Philippe ; et voyant les prodiges et les grands miracles qui se faisaient, il était dans l’étonnement » (8:13).

« Et Simon crut aussi lui-même ». À première vue on pourrait penser que ce magicien lui aussi était venu à la foi vivante au Seigneur Jésus. Cependant cette impression fugitive trompe. L’Écriture ne dit pas un mot sur le fait qu’il aurait cru au message que Philippe annonçait, comme les nombreux hommes et femmes de Samarie l’ont fait (8:12). Nous avons vu le contenu de ce message.

Non, Simon était beaucoup plutôt transporté parce que les signes et les grands miracles qu’il voyait s’accomplir, avaient pour source une puissance supérieure à celle de ses miracles à lui. C’est pourquoi « il était dans l’étonnement », — mais ce n’est pas qu’il fût impressionné par la grandeur du royaume de Dieu et du nom de Jésus Christ, ou qu’il se soit reconnu comme un objet de la grâce et de l’amour de Dieu.

En tant qu’instrument dans la main de Satan, en tant qu’ayant pratiqué lui-même la magie, il était le mieux à même de reconnaître la puissance de Dieu qui était au-dessus de lui. Comme les magiciens d’Égypte (Ex. 8:14, 15), il fut obligé de reconnaître que le messager du vrai Dieu avait accès à une source de puissance qui dépassait de loin la sienne.

Si le Saint Esprit utilise malgré tout l’expression « il crut », c’est pour que nous apprenions une leçon importante sur la vraie foi. On peut précisément croire d’une façon qui n’a pas pour résultat la vie éternelle ou le salut. La Parole de Dieu appelle cela « une foi vaine » (1 Cor. 15:2). Il y a une foi intellectuelle et sentimentale, et cela est une foi « vaine », une foi « sans vrai fondement », selon la signification de l’expression grecque. Si quelqu’un comme Simon le magicien appuie sa foi sur des signes et des prodiges ou sur des sentiments et des expériences, alors il manque à la foi son vrai fondement. Tôt ou tard elle va s’écrouler. La foi doit se reposer sur la Parole de Dieu qui vient à nous par ce qu’on entend d’elle : « la foi est de ce qu’on entend, et de ce qu’on entend par la parole de Dieu » (Rom. 10:17).

Or dans le cas de Simon, nous n’entendons pas parler de ce qu’il ait cru à la prédication, à l’annonce de l’évangile. Il fit la même faute que beaucoup de Juifs du temps du Seigneur, et que beaucoup de gens aujourd’hui. Il fonde sa foi sur des preuves et des événements extérieurs. La foi de beaucoup de Juifs de l’époque était ainsi de cette sorte purement naturelle. Mais le Seigneur ne se fiait pas à de tels « croyants » ; car ils ne croyaient pas réellement en Lui. Nous lisons à la fin de Jean 2 : « Et comme il était à Jérusalem, à la Pâque, pendant la fête, plusieurs crurent en son nom, contemplant les miracles qu’il faisait. Mais Jésus lui-même ne se fiait pas à eux, parce qu’il connaissait tous les hommes, et qu’il n’avait pas besoin que quelqu’un rendît témoignage au sujet de l’homme ; car lui-même connaissait ce qui était dans l’homme » (Jean 2:23-25).

Quand la conscience de l’homme n’est pas mise en activité par la Parole de Dieu, quand l’homme ne vient pas à la repentance envers Dieu et à la foi au Seigneur Jésus (20:21), alors tout n’est qu’une prétention de foi, une foi vaine et sans valeur. Dans le meilleur des cas, elle est une foi dans la tête ; dans une mesure c’est tenir-quelque-chose-pour-vrai en raison du contexte et des événements. Il peut y avoir de la sincérité, y compris dans le cas de Simon.

Le fait que Simon « se tenait auprès de Philippe » est une indication supplémentaire qui nous le fait penser. Chez les hommes et des femmes de Samarie qui venaient à la foi, nous chercherions en vain une pareille caractéristique.

C’est effectivement caractéristique. Le croyant se tient près de Christ, comme l’intendant eunuque à la fin du chapitre. Celui-ci poursuivit son chemin avec joie bien que l’Esprit du Seigneur eût enlevé Philippe et qu’il ne le vît plus. Le simple professant, à l’inverse, aime se tenir auprès des personnes, justement auprès de celles par lesquelles il a reçu de la bénédiction ou qui l’ont impressionné. Il est vrai que les enfants de Dieu peuvent eux aussi tomber dans ce piège.

Simon désirait peut-être aussi découvrir le secret de la puissance par laquelle Philippe accomplissait ses grands miracles. Le contexte pousse à cette conclusion, car il est dit : « et voyant les prodiges et les grands miracles qui se faisaient, il était dans l’étonnement ».

D’un autre côté, n’est-il pas également caractéristique qu’il ne soit pas parlé d’étonnement chez les croyants de Samarie au vu des miracles que Philippe faisait ? Ils croyaient la prédication de la Parole de Dieu, tandis que Simon s’étonnait des miracles.


1.2.2.6 - Un baptême à remarquer

Or Philippe baptisa cet homme. Voilà de nouveau une constatation étonnante. Réfléchissons : Philippe était un évangéliste, le seul qui soit ainsi désigné dans le Nouveau Testament, bien que naturellement il n’ait pas été le seul à servir le Seigneur de cette manière et dans Son champ. Philippe connaissait son service, et il s’y cantonnait : la prédication de l’évangile.

Ce chapitre 8 des Actes qu’on pourrait bien intituler « Les actes de Philippe » montre la chose clairement. « Philippe leur prêcha le Christ » (8:5). « Il leur annonçait les bonnes nouvelles touchant le royaume de Dieu et le nom de Jésus Christ » (8:12). « Il lui annonça Jésus » (8:35). « Il évangélisa toutes les villes, jusqu’à ce qu’il fut arrivé à Césarée » (8:40). Il ne possédait pas le don de docteur ou de pasteur, il le savait et il s’en tenait à évangéliser — une attitude juste méritant d’être imitée par tous ceux à qui le Seigneur a confié un don spirituel.

La découverte de ce que Simon était un faux disciple n’a pas été donnée à Philippe. C’était réservé aux deux apôtres Pierre et Jean qui vinrent ensuite en Samarie. Le don de « discernement des esprits » n’est pas du tout donné à tous les hommes de Dieu fidèles (1 Cor. 12:10), c’est-à-dire le don de reconnaître quel esprit anime quelqu’un qui parle.

En 1 Jean 4 il y a une invitation qui va dans ce sens, et valable naturellement pour nous tous : « Bien-aimés, ne croyez pas tout esprit, mais éprouvez les esprits pour voir s’ils sont de Dieu, car beaucoup de faux prophètes sont sortis dans le monde » (1 Jean 4:1). Cependant il y a des serviteurs du Seigneur qui ont un don spécial, un discernement particulier pour ces problèmes. Nous devrions écouter leur jugement, et ne pas nous flatter d’être autant capables de reconnaître ce qui en est. Le Seigneur, en ce sens, nous a rendus dépendants les uns des autres ; cela est bon et nous maintient petits à nos propres yeux.

Une circonstance encore me paraît mériter d’être mentionnée dans ce passage : c’est au plus tard lorsque Simon fut baptisé, que les deux domaines de l’assemblée de Dieu et de la profession chrétienne ne se sont plus recouverts à l’identique, qu’ils n’ont plus eu la même taille. Depuis ce baptême, le nombre des professants a été plus grand que celui des vrais croyants. Simon professait adhérer au christianisme, mais il ne possédait pas la vie de Dieu, comme nous pouvons le voir dans la suite. L’Esprit de Dieu n’habitait pas en lui, et il n’était donc pas membre du corps de Christ, ni n’appartenait à l’assemblée du Dieu vivant.

La dissociation entre ces deux domaines commença déjà alors à se manifester, mais aujourd’hui la différence entre les deux est énorme. C’est justement la raison de l’extrême importance de bien faire la distinction entre les deux. Le Saint Esprit la fait dans de nombreux passages ; et si nous n’apprenons pas à voir la différence, nous pouvons tomber dans un grave désastre, dans des erreurs dangereuses.


1.3 - Une visite apostolique — Actes 8:14-17

L’œuvre puissante du Seigneur en Samarie par le moyen de son serviteur Philippe ne pouvait pas rester cachée. La nouvelle en parvint aux apôtres à Jérusalem, et dans ce qui suit nous apprenons tout de suite un des motifs principaux pour lequel le Seigneur n’avait pas permis que les apôtres fussent chassés de la ville par la persécution.

« Or les apôtres qui étaient à Jérusalem, ayant appris que la Samarie avait reçu la Parole de Dieu, leur envoyèrent Pierre et Jean, qui, étant descendus, prièrent pour eux, pour qu’ils reçussent l’Esprit Saint : car il n’était encore tombé sur aucun d’eux, mais seulement ils avaient été baptisés pour le nom du Seigneur Jésus. Puis ils leur imposèrent les mains, et ils reçurent l’Esprit Saint » (8:14-17).

La Samarie avait reçu la Parole de Dieu. C’était un événement d’une très grande portée, et c’était en outre un triomphe particulier de la grâce de Dieu sur la puissance de Satan. La première phrase ne veut naturellement pas dire que toute la Samarie avait reçu la Parole, ni que tous les gens habitant là étaient devenus croyants. Cela exprime bien plutôt une différenciation ou une délimitation d’avec les Juifs. Selon la volonté du Seigneur (1:8), la Parole de Dieu était maintenant sortie du domaine juif pour arriver en Samarie, où beaucoup l’avaient acceptée. Voilà le point particulier dont il faut bien se rendre compte. Après la Judée, c’était maintenant au tour de la Samarie d’être atteinte par l’évangile.

Il y a plus encore : une œuvre de Dieu authentique avait été opérée chez ces gens-là. Comme plus tard les croyants à Thessalonique, ils avaient accepté la parole de la prédication qui est de Dieu, non pas comme une parole d’hommes, « mais ainsi qu’elle l’est véritablement la parole de Dieu » (1 Thess. 2:13). C’est cela qui est décisif : Saisir que c’est Dieu qui parle. Aujourd’hui nous avons la Parole de Dieu sous forme écrite et complète : la Sainte Écriture. Tous mes lecteurs ont-ils déjà saisi que Dieu leur parle par elle ? Pour beaucoup ce n’est qu’une parole d’hommes. Or c’est une tromperie funeste qui, si on lui fait place, mène l’homme à la perdition éternelle. Les gens de Samarie, en tout cas, accueillirent la parole annoncée par Philippe non comme une parole d’homme, mais comme étant la Parole de Dieu. Ils se courbèrent sous l’autorité de Celui qui avait parlé à leur cœur et à leur conscience. C’est le seul chemin du salut.


1.3.1 - Ni indépendance ni rivalité

Quelle joie ce dut être pour les apôtres restés à Jérusalem, quand, après tout le poids de la première persécution des chrétiens, ils apprirent les bonnes nouvelles de Samarie ! Aussitôt ils envoyèrent deux de leurs représentants les plus éminents : Pierre et Jean. Cet événement mérite toute notre attention. On a là l’indication d’une vérité par la pratique, alors qu’elle ne sera développée comme doctrine que beaucoup plus tard par l’apôtre Paul : la vérité que l’assemblée, vue aussi bien comme corps de Christ que comme maison de Dieu, forme un tout uni, et qu’il ne peut y avoir dedans ni indépendance ni rivalité.

L’assemblée elle-même existait déjà comme telle, même si l’enseignement sur son ordre et sa structure n’a été donné que plus tard dans les épîtres du Nouveau Testament. Cela est important : déjà dès le tout début, le Saint Esprit a conduit les apôtres et les croyants à agir selon les principes de cette vérité du Nouveau Testament au sujet de l’assemblée de Dieu. Nous avons déjà eu l’occasion de le voir. Dieu n’a pas modifié Ses pensées sur l’assemblée ; Il ne les a pas adaptées aux circonstances changeantes, comme les hommes le font. Les principes demeurent les mêmes, à l’époque comme aujourd’hui. Dieu n’en connaît ni n’en reconnaît aucun autre, pas même pour des jours de ruine. Sommes-nous prêts encore aujourd’hui à les prendre pour norme de nos pensées et de notre manière d’agir en rapport avec notre chemin collectif ? Nous aurons dans la suite l’occasion de comparer notre pratique d’aujourd’hui avec celle du commencement, et avec la norme infaillible de la Parole de Dieu.

Deux circonstances donnent un poids tout spécial à l’envoi d’apôtres aux croyants de Samarie. D’un côté, depuis le retour de la captivité de Babylone, il y avait un fossé immense entre Juifs et Samaritains. Bien que ces derniers tirassent leur origine du patriarche Jacob (Jean 4:12), ils avaient institué un culte rival depuis les jours de Néhémie, et ils avaient même érigé leur propre temple sur le mont Garizim, en pleine contradiction avec le temple de Dieu établi à Jérusalem.

Les Samaritains prenaient donc une position totalement schismatique (c’est-à-dire générant une division) dans le domaine religieux. Leur comportement et leur culte étaient clairement caractérisés par l’indépendance.

Dieu opérait maintenant à Sa manière pour contrer le danger que cette rivalité et cette indépendance — quelle qu’en soit la forme, — envahissent aussi les relations chrétiennes, et les mette à mal. Il aurait été tellement facile, par exemple, que naisse d’une part une assemblée à caractère juif en relation avec Jérusalem, et d’autre part une assemblée à caractère samaritain, et qu’elles se dressent en rivales l’une de l’autre ! Ainsi Dieu fit en sorte que la bénédiction caractéristique du christianisme, la réception et la possession du Saint Esprit, ne puisse être acquise qu’en liaison avec Jérusalem. Non seulement Philippe avait dû laisser la capitale et aller annoncer l’évangile aux Samaritains, mais il fallut que Pierre et Jean « descendent » aussi en Samarie pour que les croyants puissent y recevoir le Saint Esprit. C’est ce que les disciples de Samarie durent apprendre, et que nous aussi nous devons apprendre, à savoir que Dieu ne permet aucune indépendance entre les assemblées locales.

D’un autre côté il ne peut pas non plus y avoir de rivalité entre les serviteurs de Dieu. Cela aurait pu aussi facilement conduire à une division de l’assemblée, comme l’enseigne le triste exemple des Corinthiens (1 Cor. 3). Sous ce point de vue également, il était de la plus grande importance que l’unité soit maintenue d’une manière pratique, et que le penchant humain à l’indépendance soit combattu dès le commencement. La Parole de Dieu n’était pas arrivée en Samarie par l’un des apôtres (c’est-à-dire par les instruments utilisés par Dieu jusque là), mais dans la liberté de l’Esprit par un serviteur « normal » du Seigneur, qui en outre avait été choisi par l’assemblée pour un tout autre service, un service extérieur. Il était d’autant plus nécessaire que les apôtres à Jérusalem s’unissent à l’œuvre de Dieu en Samarie. Nous allons voir tout de suite de quelle belle manière ils l’ont fait. Même si les Juifs n’avaient pas de relations avec les Samaritains (Jean 4:9), les apôtres descendirent de Jérusalem en Samarie et se lièrent aux croyants de l’endroit. L’œuvre de Dieu à Jérusalem et l’œuvre de Dieu en Samarie étaient en vérité une même œuvre qui ne pouvait pas être fractionnée par des frontières ou des parti-pris nationaux.

Ce qu’il fallait et qu’il faut apprendre, c’est la vérité que tous les croyants forment un seul corps en Christ, qu’ils soient Juifs ou Samaritains ou de n’importe quel autre peuple.

Cette vérité fut exprimée et gardée pratiquement par l’envoi de Pierre et de Jean en Samarie. Elle devrait toujours être devant nos cœurs et diriger tous nos faits et gestes. C’est la seule manière d’être en accord avec la volonté de Dieu. Les apôtres ne connaissaient pas encore franchement l’exhortation d’Éph. 4:3 de s’appliquer à « garder l’unité de l’Esprit par (ou : dans) le lien de la paix », mais ils agissaient en conformité avec cette vérité, ils agissaient comme membres du seul corps de Christ, parce qu’ils se laissaient conduire par le Saint Esprit.

L’Esprit de Dieu conduit toujours à l’unité, et à la reconnaissance pratique de la vérité du seul corps — jamais à sa négation. En ce temps là comme aujourd’hui, Dieu ne reconnaît aucune autre unité, aucun autre « corps » que le seul corps de Christ, auquel appartiennent tous les croyants. Avons-nous déjà appris à nous considérer simplement comme des membres du corps de Christ, et en conséquence à refuser tout ce qui, en doctrine ou en pratique, nie cette unité merveilleuse ? Ou bien cette vérité nous est-elle devenue comme étrangère et accessoire ?

Nous pourrions justement inscrire cette parole de l’épître aux Éphésiens comme titre du récit des événements de Samarie. Car Philippe aussi a agi dans cet esprit-là. Certes il n’a pas fait appel aux apôtres, mais quand ils sont venus, il ne leur fit pas d’objection. Quand les apôtres manifestèrent une puissance et une intelligence spirituelles plus profondes que lui, alors il en fut satisfait, et il le reconnut. L’envie et la jalousie lui étaient étrangères. Encore une fois, nous désirons le dire : que cet état d’esprit nous remplisse davantage.


1.3.2 - Sur la réception du Saint Esprit — Actes 8:15-17

Quand les apôtres Pierre et Jean arrivèrent en Samarie, ils se rendirent compte immédiatement que les croyants là-bas n’avaient pas encore reçu le Saint Esprit. Philippe ne l’avait manifestement pas remarqué. Les gens qui étaient devenus croyants étaient bien baptisés au nom du Seigneur Jésus, mais l’Esprit Saint n’était encore tombé sur aucun d’eux, selon le témoignage de l’Écriture.

La première chose que firent les apôtres devant cette carence fut d’en faire un sujet de prières. Il leur tenait à cœur que les croyants de Samarie reçoivent cette grande bénédiction chrétienne, comme les croyants de Jérusalem en avaient précédemment fait l’expérience. Bien que leur désir fût complètement en accord avec l’intention du Seigneur, ils ressentaient leur impuissance à remédier à cette carence et à mettre fin à cet état anormal. C’est ce qui les poussa à prier : « Pierre et Jean, qui, étant descendus, prièrent pour eux, pour qu’ils reçussent l’Esprit Saint… Puis ils leur imposèrent les mains, et ils reçurent l’Esprit Saint » (8:15, 17).

L’art et la manière de communiquer le Saint Esprit en Samarie a suscité bien des questions : était-ce le cas normal, était-ce une exception ? En tout cas c’était en contraste avec les autres occasions où le Saint Esprit a été donné sous une autre forme. S’agissait-il vraiment de recevoir la personne du Saint Esprit ? Certains en doutent. Du fait qu’à cet égard on peut entendre et lire beaucoup d’erreurs, il est utile d’éclairer ce sujet d’un peu plus près. Nous voulons le faire sous la forme de quelques questions posées, auxquelles nous chercherons à donner la réponse d’après l’Écriture. C’est la meilleure façon d’apprendre à comprendre la relation avec les circonstances, ce qui n’est pas toujours très simple. De cette manière j’espère beaucoup que nous ne verrons ni ne traiterons les choses de manière trop « technique », car il s’agit effectivement de l’un des plus grands privilèges de l’ère chrétienne. Comme en toutes choses, nous sommes ici entièrement dépendants du secours du Seigneur en grâce.


1.3.2.1 - Qu’est-ce qu’ont reçu les croyants de Samarie ?

La première question est de savoir ce qu’ont reçu les croyants de Samarie : était-ce la personne du Saint Esprit, ou s’agissait-il simplement de dons de l’Esprit comme le parler en langues ? — Le contexte et sa considération de près ne permettent qu’une réponse : il s’agit de la personne du Saint Esprit.

L’Écriture dit expressément que les croyants de Samarie reçurent le Saint Esprit — après l’imposition des mains des apôtres. Auparavant il n’était tombé sur aucun d’eux. Recevoir ou tomber sont des expressions synonymes pour une seule et même chose, et j’ai déjà indiqué ailleurs (en relation avec Actes 2:17-19) que, dans ce livre de la Bible, toute une série d’expressions sont utilisées pour la réception de base de l’Esprit Saint, mais que l’expression « baptême du Saint Esprit » n’est utilisée que pour ce qui a eu lieu à la Pentecôte. Les différentes expressions elles-mêmes ne peuvent pas être considérées comme s’il s’agissait de différentes manières de recevoir le Saint Espri,t ni même comme s’il ne s’agissait pas de la réception du Saint Esprit Lui-même.

Si quelqu’un ne croit pas seulement au Seigneur Jésus — ce à quoi est attachée la vie éternelle (Jean 3:16 ; 1 Jean 5:1, 13) — mais s’il croit aussi au plein évangile, « l’évangile de votre salut », il est scellé du Saint Esprit (Éph. 1:13). C’est une bénédiction infinie, qui est le cas normal de tout enfant de Dieu authentique. Le corps du croyant sert de temple au Saint Esprit, c’est-à-dire que cette personne de la Déité habite dans le corps comme dans un temple. Et comme Il habite dans l’individu, Il habite aussi dans l’assemblée comme un tout (1 Cor. 6:19 ; 3:16, 17 ; Éph. 2:21, 22). « L’amour de Dieu est versé dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous a été donné » : voilà qui décrit la même bénédiction en Romains 5:5. Par l’Esprit de Dieu habitant en nous, nous savons que nous sommes enfants de Dieu ; et parce que nous avons reçu « l’Esprit d’adoption », et que par-là nous sommes aussi fils de Dieu, nous pouvons appeler Dieu comme notre Père, et dire « Abba, Père » (Rom. 8:15, 16).

Ces brèves indications suffisent déjà à nous faire sentir combien est effectivement grande la bénédiction de posséder le Saint Esprit habitant en nous comme sceau d’une rédemption accomplie. Cette habitation intérieure du Saint Esprit est fondamentalement différente des dons que l’Esprit de Dieu confère à des hommes pour la bénédiction d’autrui. En 1 Cor. 12 il est un peu parlé de ces dons de grâce spirituels. Aussi importants soient-ils, ils sont quand même d’une classe inférieure. Mais l’Esprit Saint Lui-même est LE don de Dieu (2:38). Après avoir achevé l’œuvre de rédemption à la croix de Golgotha, le Seigneur Jésus a envoyé l’Esprit Saint sur la terre au jour de la Pentecôte. Cela a été le baptême de l’Esprit Saint (1 Cor. 12:13). Depuis ce moment-là, ceux qui s’appuient par la foi sur cette œuvre accomplie, reçoivent le Saint Esprit comme sceau, onction et arrhes (2 Cor. 1:21, 22). Or la réception du Saint Esprit comme personne est toujours une bénédiction qui n’a lieu qu’une fois, qui ne peut pas être perdue et qui demeure (Jean 14:17). Confondre ce don avec les dons serait une grave erreur.

Il y a encore deux choses à ne pas confondre : la réception de la vie divine, et la réception du Saint Esprit. Le Saint Esprit opère, certes, la nouvelle naissance (voir « né d’eau et d’Esprit » en Jean 3:5), mais Il est Lui-même distinct de la vie spirituelle qu’Il fait naître (Jean 3:6). Les croyants de Samarie étaient indiscutablement nés de nouveau, car ils avaient reçu la Parole de Dieu ; mais ils n’avaient pas encore reçu le don du Saint Esprit. Cette circonstance suffit à elle seule à montrer qu’être né de nouveau et être scellé du Saint Esprit ne sont pas une seule et même chose. La première bénédiction (être né de nouveau) était aussi et certainement la part des saints de l’Ancien Testament, mais aucun d’eux n’a jamais possédé la seconde (être scellé du Saint Esprit), qui est la bénédiction spécifiquement chrétienne. Effectivement, l’habitation intérieure du Saint Esprit est une bénédiction que seuls possèdent les croyants de la période chrétienne, ceux du temps de la grâce ; il s’ensuit qu’elle est caractéristique du vrai christianisme.

Il est clair que les circonstances accompagnant la réception du Saint Esprit dans différentes occasions ont varié, et c’est la raison pour laquelle nous en avons déjà parlé en partie, et nous aurons encore l’occasion d’y revenir brièvement. Mais il s’agit toujours quand même de la réception fondamentale de « l’autre Consolateur ». Même quand il n’y a pas d’article devant le « Saint Esprit » en grec, comme c’est le cas aux v. 15 et 17 de notre chapitre, ce n’est pas une preuve, et de loin, pour estimer qu’il ne s’agit pas de la personne du Saint Esprit. Certes on le prétend quelquefois, mais ce n’est pas correct. Le fait que cette assertion est insoutenable ressort clairement et tout simplement de la présence de l’article au verset 18, bien qu’il soit question du même événement que dans les deux versets cités où l’article manque : c’est la réception du Saint Esprit. En principe la règle est la suivante : quand le Saint Esprit (ou une autre personne, ou n’importe quel objet) est précédé de l’article, alors c’est Lui l’objet particulier que l’œil spirituel de l’écrivain a en vue ; si cet article manque, l’accent est mis seulement sur ce qui est caractéristique.


1.3.2.2 - L’imposition des mains est-elle la règle ?

Si nous donnons un coup d’œil aux différentes occasions par lesquelles le Saint Esprit a été donné dans les premiers temps de l’assemblée, nous pouvons voir de façon sûre qu’il y a eu trois manières différentes.


1.3.2.2.1 - Premier groupe

Au jour de la Pentecôte (Actes 2), le Saint Esprit a été répandu sur 120 personnes dans la chambre haute sans imposition des mains. Qui aurait pu leur imposer les mains, puisqu’aucun d’eux ne possédait jusque-là le Saint Esprit ? Cet acte ou événement originel de l’effusion du Saint Esprit, par lequel l’assemblée de Dieu a pris naissance, a eu lieu sans aucune intervention quelconque de l’homme.


1.3.2.2.2 - Deuxième groupe

Après cet événement fondamental, la plupart des croyants, et de loin, ont reçu le don de l’Esprit seulement « de l’ouïe de la foi » (Gal. 3:2). Nous avons déjà vu cela : tous ceux, depuis la Pentecôte, qui ont cru à « la parole de la vérité, l’évangile du salut », sont scellés du Saint Esprit de la promesse » (Éph. 1:13). Toute intervention humaine est ici aussi exclue.

L’exemple historique et typique pour notre temps de cette sorte de réception du Saint Esprit se trouve en Actes 10. Là aussi Pierre a été utilisé comme instrument par le Seigneur. Tandis qu’il avait ouvert le royaume des cieux aux Juifs croyants à Jérusalem (2:37-41 ; Matt. 16:19), il ouvrit ce royaume aux croyants d’entre les nations à Césarée (10:34-48). Ici aussi il n’est rien dit d’une quelconque imposition des mains en rapport avec le don du Saint Esprit. Bien au contraire ! Nous apprenons beaucoup plutôt : « Comme Pierre prononçait encore ces mots, l’Esprit Saint tomba sur tous ceux qui entendaient la parole. Et les fidèles de la circoncision, tous ceux qui étaient venus avec Pierre, s’étonnèrent de ce que le don du Saint Esprit était répandu aussi sur les nations » (10:44, 45). Notons ici aussi l’usage de différentes expressions pour un seul et même événement : « le Saint Esprit tomba sur tous » et « le don du Saint Esprit était répandu ».


1.3.2.2.3 - Troisième groupe

Dans quelques cas, peu nombreux, le Saint Esprit a été donné par l’imposition des mains des apôtres. Les croyants de Samarie font partie de ce groupe.

Un autre exemple se trouve en Actes 19. L’apôtre Paul rencontra à Éphèse quelques disciples de Jean le baptiseur, et leur demanda s’ils avaient reçu le Saint Esprit après avoir cru. Ils ont dû dire que non ; et même ils ne savaient même pas si le Saint Esprit était là. Là-dessus l’apôtre leur parla de la foi en Jésus, et ils furent baptisés au nom du Seigneur Jésus. « Et Paul leur ayant imposé les mains, l’Esprit Saint vint sur eux, et ils parlèrent en langues et prophétisèrent » (19:1-7). Ici il est fait clairement la différence entre le don du Saint Esprit Lui-même et les dons qu’Il apporte. Par le parler en langues et la prophétie, les gens de l’extérieur ont pu reconnaître que le Saint Esprit avait fait son habitation en eux.

Le cas de Saul de Tarse mérite une mention particulière. Bien qu’il ne soit pas dit directement qu’il ait reçu le Saint Esprit par l’imposition des mains d’Ananias, nous pouvons admettre que tel fut le cas (9:12, 17). En tout cas, le Seigneur ne s’est pas servi d’un apôtre, mais d’un simple disciple pour transmettre cette grande bénédiction — bien sûr l’intention était d’ôter dès le départ toute base à une prétention religieuse dans des jours ultérieurs.


1.3.2.2.4 - En résumé

Après tout ce que nous avons vu jusqu’ici, on ne peut bien sûr pas prétendre que l’imposition des mains pour recevoir le Saint Esprit était la règle. Bien plutôt, c’est le contraire qui est vrai : les deux grandes occasions au cours desquelles le Saint Esprit a été donné, concernent les croyants d’entre les Juifs d’une part, et les croyants d’entre les nations d’autre part (groupes 1 et 2). Dans ces deux occasions ou groupes, toute intervention humaine par l’imposition des mains était exclue. Voilà la règle, et non pas la réception du Saint Esprit par l’imposition des mains.

Les exceptions à la règle sont des cas spéciaux (groupe 3). Il faut encore remarquer que dans ces cas spéciaux, ce sont les apôtres qui ont imposé les mains. C’est ce qui eut lieu à Éphèse (ch. 19) et à Samarie (ch. 8), car il est dit ici : « Or Simon, voyant que l’Esprit Saint était donné par l’imposition des mains des apôtres… » (8:18).


1.3.2.3 - Pourquoi y eut-il imposition des mains ? — Actes 8:18

Finalement, nous voulons parler brièvement des raisons pour lesquelles il est parlé d’imposition des mains dans les deux cas des ch. 8 et 19 en rapport avec la réception du Saint Esprit. Fondamentalement, on peut dire que, par ce moyen, Dieu a confirmé et honoré Ses serviteurs les apôtres. Dans ce but, Il a retardé la venue du Saint Esprit, et la fait dépendre de l’imposition des mains des apôtres. C’est certainement un processus étonnant ; cependant il nous montre toute la solennité avec laquelle Dieu prend la chose, et comment Il a conféré un caractère nouveau à l’autorité apostolique.

Dans les deux cas il se rajoutait une question de rivalité, et celle-ci jouait un rôle déterminant. Pour en rester au cas de Samarie, nous avons déjà vu la rivalité qui existait entre la Judée et la Samarie, et combien grand était le danger de scission de l’assemblée. Pour y faire face et éliminer dès le départ toute indépendance, Dieu arrangea les choses de manière que les croyants de Samarie ne purent recevoir le Saint Esprit que par l’intermédiaire des apôtres. Naturellement la même bénédiction leur fut donnée en partage, même si les circonstances accompagnatrices furent d’un genre particulier. Mais de cette manière l’œuvre de Dieu garda son unité, et le lien entre Jérusalem et Samarie fur maintenu.

Par cela nous voyons la signification fondamentale de l’imposition des mains : s’identifier, ou : manifester qu’on est un. Nous avons déjà parlé de cela en détail en rapport avec 6:6, et il suffit ici de le mentionner. Les apôtres Pierre et Jean envoyés par Jérusalem, se sont unis à l’œuvre de Dieu en Samarie, et avec les saints qui s’y trouvaient. Ainsi la porte du royaume des cieux fut ouverte aux Samaritains. Combien tout conduit au bonheur et à la paix quand le Saint Esprit a la direction !


1.3.3 - Le trompeur démasqué — Actes 8:19

L’exercice de la puissance apostolique a soulevé au plus haut degré l’intérêt de Simon, — un homme qui avait « cru ». Mais ce qui est sorti de sa bouche a trahi son véritable état d’esprit.

Il en est souvent ainsi. Nos paroles montrent qui nous sommes. Le Seigneur fit une fois le reproche aux pharisiens : « comment, étant méchants, pouvez-vous dire de bonnes choses ? car de l’abondance du cœur la bouche parle » (Matt. 12:34). Aux excuses du méchant esclave dans la parabole, le Seigneur oppose les paroles solennelles suivantes : « Je te jugerai par ta propre parole » (Luc 19:22). Quelque chose de semblable se déroule maintenant sous nos yeux.

« Or Simon, voyant que l’Esprit Saint était donné par l’imposition des mains des apôtres, leur offrit de l’argent, disant : Donnez-moi aussi ce pouvoir, afin que tous ceux à qui j’imposerai les mains reçoivent l’Esprit Saint » (8:18, 19).

Manifestement en Samarie, la venue du Saint Esprit fut accompagnée d’un déploiement de puissance extérieure comme le parler en langues. À l’inverse de ce qui est arrivé avec les disciples de Jean au ch. 19 (v.6), cela n’est pas dit ici expréssément. Mais nous le déduisons du fait que Simon « vit » que le Saint Esprit était donné par l’imposition des mains des apôtres. C’est également tout à fait une affaire de la sagesse de Dieu. Quand dans les jours du commencement Il le considérait comme approprié pour telle ou telle raison, Il rendait témoignage à la réception du Saint Esprit de cette manière extérieure. Mais cela ne change rien au fait que dans tous les cas il s’agit du don fondamental du Saint Esprit.


1.3.3.1 - Baptisé — et pourtant perdu — Actes 8:20-23

En ce qui concerne Simon, il savait très bien le prestige dont on jouit parmi les hommes, quand on se vante de posséder des forces surnaturelles. Il savait aussi tout ce qu’on peut gagner en aveuglant les gens par la magie. Aussi a-t-il pu penser ceci : « si moi aussi je possédais la puissance que Pierre et Jean exercent ! Combien je pourrais gagner, et quel prestige cela me donnerait aux yeux des gens ! ». Il ne voulait pas le don du Saint Esprit pour lui-même. Il ne s’en souciait pas le moins du monde. Ce qu’il désirait, c’était la puissance de le conférer aux autres. C’est ainsi qu’il offrit de l’argent aux apôtres disant : « Donnez-moi aussi ce pouvoir, afin que tous ceux à qui j’imposerai les mains reçoivent l’Esprit Saint ». Il montrait ainsi toute la méchanceté de son cœur. Il considérait la piété seulement comme une source de gain (1 Tim. 6:5). Aucune œuvre du Saint Esprit n’avait eu lieu en lui intérieurement. Pierre le reconnaît immédiatement.

« Mais Pierre lui dit : Que ton argent périsse [litt. : aille à la perdition] avec toi, parce que tu as pensé acquérir avec de l’argent le don de Dieu. Tu n’as ni part ni portion dans cette affaire ; car ton cœur n’est pas droit devant Dieu. Repens-toi donc de cette méchanceté, et supplie le Seigneur, afin que, si faire se peut, la pensée de ton cœur te soit pardonnée ; car je vois que tu es dans un fiel d’amertume et dans un lien d’iniquité » (8:20-23).

La réponse de l’apôtre Pierre à la requête de Simon fut immédiate. Elle est péremptoire et foudroyante, et elle révèle le vrai état moral de cet homme. Certes il avait été baptisé, mais il ne possédait pas la vie divine. Il ne s’était jamais tourné des ténèbres vers la lumière, et du pouvoir de Satan à Dieu (26:18). Il n’avait jamais vécu la nouvelle naissance. « Il était dans un fiel d’amertume et dans un lien d’iniquité » (8:23). Son chemin le conduisait avec son argent directement à la perdition — qu’il puisse chercher et trouver le pardon du projet de son cœur !

Un vrai enfant de Dieu ne va ni ne vient jamais à la perdition (Jean 5:24 et 10:27-29).

Mais Simon n’appartenait pas à cette classe de personnes, car son cœur n’était pas droit avec Dieu. Il y avait eu manifestement une certaine foi intellectuelle, et il avait été baptisé. Mais malgré ces deux choses, il était sur le chemin de la perdition parce qu’il n’avait jamais ouvert son cœur au Seigneur Jésus. C’est à cause de cela qu’il n’avait ni part ni portion à ce qui est le vrai christianisme.

Nombreux sont les gens dans la chrétienté qui ressemblent à Simon ! Ils se satisfont de n’importe quelle foi dans leur tête, et font confiance au fait d’être baptisé qui leur donnerait la vie éternelle. En tout cas c’est ce qu’on leur a dit. C’est un enseignement funeste dans la chrétienté, qu’on reçoit la vie éternelle par le baptême. Le baptême en tant que tel ne parle pas de vie, mais de mort (Rom. 6:3, 4). À quoi servirait-il de confesser extérieurement le Seigneur, si on ne Le laisse pas entrer dans son cœur ? Cela ne fait que multiplier la responsabilité, et montre que le cœur n’est pas droit devant Dieu. On n’a ainsi ni part, ni portion aux bénédictions du vrai christianisme, mais on se trouve sur le chemin de la perdition (voir 1 Cor. 1:18). Pensée bouleversante : être baptisé, et quand même perdu !


1.3.3.2 - La possibilité du retour

Cependant personne ne doit rester sur ce chemin, y compris le pire des pécheurs. Tout au contraire ! « Que le méchant abandonne sa voie, » dit Dieu « et l’homme inique, ses pensées, et qu’il retourne à l’Éternel, et il aura compassion de lui, — et à notre Dieu, car il pardonne abondamment » (Ésaïe 55:7). De même que Dieu utilisa le prophète Ésaïe comme canal pour communiquer Son message à Israël apostat, ainsi Il mit au cœur de Son serviteur Pierre d’offrir la possibilité d’un retour à Simon le trompeur. Car ceux qui ont fait personnellement l’expérience de la miséricorde de Dieu, ne doivent-ils pas avoir de la miséricorde avec les autres, pour qu’ils sachent que le jugement de Dieu s’exerce sur tous les impies ?

Ainsi Pierre montre à cet homme égaré le seul chemin qui conduit à Dieu : « Repens-toi donc de cette méchanceté, et supplie le Seigneur, afin que, si faire se peut, la pensée de ton cœur te soit pardonnée » (8:22). Nous avons vu en Actes 1 en rapport avec Judas Iscariote ce qui différencie la repentance d’avec le simple remords, et nous ne reviendrons pas là-dessus. En tout cas la repentance envers Dieu et la foi au Seigneur Jésus Christ (20:21) sont des conditions incontournables pour trouver le salut de son âme et le chemin de la vie.


1.3.3.3 - Un seul médiateur — Actes 8:24

L’appel solennel de l’apôtre Pierre a-t-il atteint la conscience de Simon ? La réponse de celui-ci manifeste que non :

« Et Simon, répondant, dit : VOUS, suppliez le Seigneur pour moi, en sorte que rien ne vienne sur moi, de ce dont vous avez parlé » (v. 24).

Il voulait bien échapper au jugement de Dieu, mais c’était manifestement sa seule motivation. La peur le remplissait, non pas la crainte de Dieu. Au lieu d’aller lui-même au Seigneur, il demande à des hommes de prier, il demande qu’ils jouent les intermédiaires dans son affaire. Mais cela ne fait que montrer qu’il n’avait aucune confiance dans le Seigneur, et qu’il avait davantage confiance dans l’influence des apôtres qu’en Dieu Lui-même et qu’en Sa grâce.

Cet état d’esprit ne se trouve-t-il pas beaucoup trop souvent chez des gens qui certes confessent Christ extérieurement, mais ne Lui font pas réellement confiance ? Ils préfèrent aller à un médiateur humain plutôt qu’au Seigneur Lui-même, méconnaissant par-là qu’il n’y a qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes, l’homme Christ Jésus (1 Tim. 2:5). Dieu vient par Lui vers les hommes, et personne ne vient à Dieu si ce n’est par Lui. Lui est le chemin, la vérité et la vie (Jean 14:6). « Celui qui a le Fils a la vie, celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie » (1 Jean 5:12).

La Parole de Dieu peut-elle parler plus clairement ? Et malgré tout, beaucoup pensent arriver à être en bons termes avec Dieu et avoir la vie éternelle en contournant le Seigneur Jésus et en passant par un autre médiateur, ou par de l’argent et des offrandes. Erreur fatale ! Ne ressemblent-ils pas à Simon ? Il est effrayant de le dire : leur fin sera comme la sienne. Car nous n’entendons rien sur une éventuelle repentance de cet homme, ni qu’il ait demandé le pardon de ses péchés. Il n’a tenu aucun compte de l’avertissement de l’apôtre, et est resté sur le chemin qu’il avait suivi jusqu’alors, le chemin de la perdition. — Voilà le dernier coup d’œil qu’en donne la Parole de Dieu. Il n’est plus jamais mentionné dans le canon des Saintes Écritures.


1.3.4 - L’évangile dans beaucoup de villages de Samarie — Actes 8:25

L’écrivain des Actes ajoute encore un mot assez bref au sujet des apôtres Pierre et Jean en Samarie. C’est d’ailleurs la dernière mention de l’apôtre Jean dans ce livre des Actes. Hormis une courte remarque de l’apôtre Paul dans l’épître aux Galates (2:9), nous ne rencontrons plus le nom de cet instrument béni de Dieu jusqu’au dernier livre de la Bible, l’Apocalypse (Apoc. 1:4, 9 ; 22:8). On peut en déduire que Jean a survécu à tous les autres apôtres, avant de pouvoir entrer dans la joie de son Maître, ayant achevé son service.

« Eux donc, après avoir rendu témoignage et avoir annoncé la parole du Seigneur, s’en retournaient à Jérusalem ; et ils évangélisaient plusieurs villages des Samaritains » (8:25).

Le Saint Esprit renouvelle cette indication : Ce dont ces deux hommes de Dieu témoignaient, et ce qui était le contenu de leur prédication, c’était la Parole du Seigneur ! Rien d’autre ne peut apporter le salut et la vie à des hommes morts spirituellement ; rien d’autre ne peut donner force et instructions à ceux qui sont vivifiés. Les croyants de Samarie avaient reçu le Saint Esprit par le moyen des apôtres. Soit dit plutôt en passant, Dieu avait par cela conféré un nouveau caractère à l’autorité apostolique. Et là maintenant, les apôtres faisaient progresser les croyants plus avant dans les pensées de Dieu.

Combien ceux-ci se sont réjouis de la parole du Seigneur, qu’ils pouvaient comprendre dans la puissance du Saint Esprit ! Déjà au commencement, il y avait eu une grande joie dans cette ville-là (8:8). Maintenant elle n’est guère diminuée.

Leur mission étant accomplie, les apôtres rentrèrent alors à Jérusalem, vraisemblablement après un court séjour. Cependant sur le chemin de retour, ils annoncèrent encore l’évangile dans beaucoup de villages des Samaritains. Comme le verbe grec est à l’imparfait, cela montre qu’il s’agit d’une manière d’agir continuelle, d’une œuvre qui était poursuivie : « ils continuèrent à annoncer l’évangile ». L’amour pour le Seigneur et l’amour pour les hommes les y contraignaient.

Combien ils trouvèrent changés les gens de cette contrée ! Car quand le Seigneur Jésus, en chemin vers Jérusalem, était arrivé à un village des Samaritains, ses habitants ne L’avaient pas reçu « parce que Son visage était tourné vers Jérusalem » (Luc 9:53). Le Seigneur et Ses disciples avaient été ainsi forcés d’aller dans un autre village (Luc 9:55). Mais maintenant, Pierre et Jean qui avaient vécu cet incident, ne rencontraient ni froideur ni refus. Bien qu’ils fussent en chemin vers Jérusalem, aucun des villages des Samaritains ne se ferma à eux : la Samarie recevait la Parole de Dieu.

Merveilleuse grâce de Dieu ! Quand l’Esprit de Dieu opère réellement, tous les préjugés et les difficultés en apparence insurmontables fondent comme neige au soleil. Dieu prépare les cœurs, et alors la Parole de Dieu peut se répandre comme une pluie rafraîchissante sur une terre desséchée, et y porter du fruit. C’est ce qui eut lieu cette fois-là, et qui se répète encore aujourd’hui, Dieu soit loué.


2 - Un païen entend l’évangile — Actes 8:26-40

Avec le verset 26 d’Actes 8, la scène change pour passer des villages de Samarie au désert du sud-ouest de Jérusalem.

Le récit qui est devant nous, n’a pas pour objet beaucoup de personnes, mais juste une personne toute seule. Pour l’histoire de l’église (= assemblée) primitive, sa conversion est de la plus haute importance. C’est pourquoi le récit qu’en fait Luc remplit tout le reste de ce chapitre. En outre la succession des récits tout à fait est remarquable : il y a d’abord la conversion des Samaritains, ensuite la conversion d’un païen, et ensuite la conversion de Saul de Tarse (ch. 9).

L’intendant eunuque d’Éthiopie dont le nom n’est pas donné, est le premier païen à qui l’évangile de Jésus Christ a été annoncé, et qui s’est converti en vérité au christianisme, à Christ. Il s’agissait certainement d’un prosélyte, c’est-à-dire d’un non-Juif passé au Judaïsme par la circoncision, mais les Juifs ne voyaient encore en lui rien d’autre qu’un païen. Avec lui l’évangile fit son entrée en Afrique, et même en Afrique « noire ». Tandis que beaucoup de Juifs vivaient à Alexandrie par exemple (en Égypte), ceux qui habitaient l’Éthiopie profonde (appelée autrefois Abyssinie) étaient des gens de couleur très noire, des descendants de Cush (Gen. 10:6). Selon la volonté du Seigneur, l’évangile devait quitter les frontières étroites de la Judée et de la Samarie, et il fallait que la porte du vaste monde lui soit désormais ouverte. Son instrument pour cela n’a de nouveau été aucun des apôtres, mais le même « évangéliste » déjà utilisé en Samarie avec une grande bénédiction.


2.1 - Envoyé au désert — Actes 8:26-27

« Et un ange du Seigneur parla à Philippe, disant : Lève-toi, et va vers le midi, sur le chemin qui descend de Jérusalem à Gaza, lequel est désert. Et lui, se levant, s’en alla » (8:26, 27).

Nous pouvons bien nous représenter les jours heureux vécus par Philippe parmi les croyants de Samarie. La parole dite autrefois par le Seigneur à Ses disciples lors de Sa visite dans cette contrée, s’était accomplie : « Celui qui moissonne reçoit un salaire et assemble du fruit en vie éternelle – afin que, et celui qui sème et celui qui moissonne, se réjouissent ensemble » (Jean 4:36). Un autre, un plus grand que Philippe avait semé et travaillé là, et Philippe était entré dans son champ et avait pu y moissonner. Ainsi il était digne de partager la joie de son Seigneur et Maître.

Combien de gens de Samarie vinrent alors à la foi, l’Écriture Sainte ne nous le dit pas. Il ne nous appartient pas de faire des comptes, même si c’est justement ce que les gens aiment faire. Ce n’est qu’au début du livre des Actes que le Saint Esprit nous renseigne chaque fois sur le grand nombre de ceux qui devinrent croyants ; mais il s’agissait alors exclusivement de croyants d’entre les Juifs (2:41 ; 4:4). Cependant depuis que l’évangile franchit les limites étroites de Jérusalem, nous ne trouvons plus de telles données chiffrées.

En plein milieu d’un travail richement béni, Philippe est appelé à en sortir. C’est un ange du Seigneur qui lui donne la mission de se préparer (« lève-toi ») et de se rendre sur le chemin qui mène de Jérusalem à Gaza. L’ange ajoute la parole très significative : « lequel est désert (*) ». Cela peut nous paraître une mission guère attirante. Bien que Philippe ne connût ni l’importance ni le but de sa mission, il obéit immédiatement à la volonté de Dieu : « lui, se levant, s’en alla ». Comme Paul plus tard, il ne fut pas désobéissant à la vision céleste (26:19), bien qu’il ne soit jamais dit qu’il ait vu l’ange du Seigneur. Il entendit le message, et cela lui suffit.


(*) Du fait qu’en grec, aussi bien « Gaza » que « le chemin » sont féminin, il n’est pas clair si ce qui est désert est la route ou la ville. Il semble établi qu’au temps où Philippe annonçait l’évangile, Gaza existait encore, mais que lorsque Luc a rédigé son récit, elle était tombée ou détruite. C’est pourquoi certains commentateurs de la Parole rapportent l’expression « laquelle est déserte » à la ville, et ils voient en cela une sorte de remarque ou commentaire de Luc l’écrivain de l’histoire, au vu de l’état de la ville au temps où il écrivait. D’autres voient cette même parole comme faisant partie du message de l’ange, et cela indique alors que le chemin traversait un territoire désert. Bien que les deux positions reviennent finalement au même, la seconde interprétation parait la plus naturelle. — Il y a plusieurs chemins de Jérusalem vers Gaza, cette ville ancienne des Philistins au bord de la mer. L’un des chemins va au sud et passe par Hébron, l’autre se dirige davantage vers l’ouest.


Si Philippe avait cherché comme Jonas des excuses pour ne pas aller, il n’aurait certainement pas manqué d’en trouver. Le Seigneur ne lui avait-il pas ouvert largement une porte en Samarie ? N’y avait-il pas de grandes foules pour écouter quand il prêchait ? Beaucoup n’étaient-ils pas venus à la foi au Seigneur Jésus et avaient maintenant besoin d’un enseignement supplémentaire ? Si le Seigneur l’avait appelé d’une ville à l’autre en Samarie, cela aurait pu lui paraître plausible. Mais quitter la ville pour aller au désert, voilà qui n’était pas une mince épreuve pour sa foi. Seule une confiance simple et inconditionnelle pouvait surmonter cette épreuve, — et elle la surmonta.

Que Philippe ait choisi le chemin passant par Hébron ou la route plus à l’ouest, il a dû en tout cas laisser les zones habitées et traverser le territoire inhospitalier qui s’étend vers le sud, vers l’Égypte, jusqu’à la mer rouge. C’était pénible de marcher dans le sable et les éboulis, — une route qui n’était frayée qu’imparfaitement par les voyageurs l’ayant précédé. Philippe ne savait pas encore pourquoi il était envoyé sur cette route, ni ce qu’il devait y faire. Il avait confiance que le Seigneur le lui montrerait.

Combien nous avons à apprendre de ce serviteur ! Sur ordre de son Maître, il était prêt à quitter un champ de travail béni, et à aller au désert pour y faire face à une nouvelle mission. Les évangélistes ont justement le devoir d’aller d’un endroit à l’autre avec la bonne nouvelle, que ce soit pour y rencontrer beaucoup de monde ou une seule personne. Quand on obéit sans condition, on apprend alors combien sont merveilleuses les voies du Seigneur, et avec quelle précision divine elles s’imbriquent les unes dans les autres.


2.2 - Un homme, un Éthiopien — Actes 8:27-29

Si jusqu’ici nous avons quelque peu suivi le chemin de Philippe, c’est maintenant celui d’un autre homme, un Éthiopien, qui est placé devant nous. Les deux chemins se croisent, se fondent ensemble pour un court moment, puis se reséparent, — vraisemblablement pour toujours. Oui, voilà bien quelque chose de particulier aux voies de Dieu ! Elles imposent le respect et la crainte.

« Et voici, un Éthiopien (litt. : « un homme, un Éthiopien »), intendant, homme puissant à la cour de Candace, reine des Éthiopiens, établi sur tous ses trésors, et qui était venu pour adorer à Jérusalem ; et il s’en retournait et était assis dans son char et il lisait le prophète Ésaïe » (8:27, 28).

Luc se sert de l’expression « et voici » pour décrire la surprise que Philippe a dû éprouver quand, sur son chemin solitaire, il aperçut soudain un voyageur avec sa suite. Il s’agissait, comme Luc le présente, d’un Éthiopien, un homme de couleur de peau très noire. Le mot grec pour « Éthiopien » se compose de deux mots qui signifient « brûlé » et « visage » : un homme au visage brûlé. Cela indique la race et la nationalité, et non pas seulement le lieu d’habitation de l’homme. Cela ôte tout fondement à la supposition qu’il se soit agi d’un Juif arrivé au sommet de la puissance et de la richesse en Éthiopie. Non, c’était un Éthiopien, un noir, un païen, un descendant de Cham, et non pas de Sem. Toute la suite du récit le confirme. « L’Éthiopien peut-il changer sa peau, et le léopard ses taches » demandait l’Éternel autrefois (Jér. 13:23). Certainement cet Éthiopien ne pouvait pas davantage changer la couleur de sa peau. Pourtant Dieu pouvait changer son caractère et sa vie, de fond en comble.

Cet homme était un intendant, ou plutôt un eunuque au sens littéral (un castrat). Sa position officielle n’est décrite qu’ensuite : un homme puissant à la cour de Candace (*), la reine des Éthiopiens ; il était l’intendant de tous ses trésors, ou ministre des finances. Le fait d’être eunuque lui interdisait, au temps de la loi, l’accès à la congrégation de l’Éternel dans les cours intérieures du temple (Deut. 23:1). Pourtant Dieu dans Sa grâce avait donné aux étrangers et aux eunuques qui gardent Ses sabbats et qui tiennent ferme Son alliance, la merveilleuse promesse d’avoir une place dans Sa maison et au-dedans de Ses murs, et un nom meilleur que des fils et des filles : un nom éternel (Ésaïe 56:3-5). De manière semblable, cette promesse devait maintenant s’accomplir à l’égard de cet étranger.


(*) Candace n’est pas un nom propre, mais un titre comme « Pharaon », « Sultan » ou « César ». En ce temps-là, les Éthiopiens étaient gouvernés par une femme. Bien que les fils fussent envisageables comme rois, le matriarcat prévalait dans le pays.


Il était venu à Jérusalem pour adorer, bien que l’accès au temple lui fût interdit. Son sérieux vis-à-vis de l’adoration du Dieu d’Israël est prouvé par le voyage long et dangereux qu’il avait entrepris dans ce but. Cependant à la différence de la reine de Shéba (1 Rois 10) qui avait eu pareillement à surmonter un grand éloignement depuis le sud de l’Arabie, il n’avait pas trouvé à Jérusalem ce à quoi il aspirait. Il était venu en recherche, et il repartait chez lui insatisfait et encore en recherche.

Mais il emmenait avec lui quelque chose que, très vraisemblablement, il ne possédait pas auparavant : un rouleau de livre précieux et de poids, celui du prophète Ésaïe. C’était un grand trésor, en fait, qu’on ne pouvait guère posséder en propre en ces jours-là ! Combien sommes-nous peu reconnaissants d’avoir aujourd’hui toute la Parole de Dieu dans les mains, — accessible à tous et à prix raisonnable pour chacun !

Cet homme lisait son trésor nouvellement acquis. Il était tellement absorbé par sa lecture qu’il ne remarqua pas le voyageur étranger qui se rapprochait lentement de lui. Avait-il choisi cette route déserte pour avoir le temps de fouiller tranquillement dans l’Écriture ? Manifestement le rouleau était sur ses genoux, et il y lisait à voix haute. Le fait de lire à voix haute n’est certainement pas en soi une indication de ce qu’il s’adonnait avec sérieux à la lecture. La lecture du texte grec des Septante (traduction de l’Ancien Testament hébreu) était quelque chose de pénible en raison de l’absence de tout ce qui facilite la lecture, comme l’espace entre les mots, la ponctuation, les accents, la séparation en chapitres et versets. Les anciens écrivaient en lettres majuscules sans aucun espace entre les mots ou les phrases. Seuls les habitués pouvaient malgré tout saisir rapidement le sens.

N’était-ce pas une grâce active de Dieu de ce que le voyageur fût justement entré en possession du prophète Ésaïe, qui est l’« évangéliste » parmi les écrivains de l’Ancien Testament ? N’était-ce pas la même main divine qui l’avait conduit à y lire la section la plus profonde et la plus précieuse — juste au moment où Philippe se rapprochait ?


2.2.1 - Quand le Saint Esprit parle — Actes 8:29

« Et l’Esprit dit à Philippe : Approche-toi et joins-toi à ce char » (8:29).

Tandis que précédemment c’était un ange du Seigneur qui avait confié à Philippe la mission de se rendre sur le chemin de Gaza, c’est maintenant l’Esprit de Dieu qui lui parle. Ceci est remarquable à un double point de vue.

Le premier point est que les anges n’ont à faire qu’avec les circonstances extérieures des saints. On l’a déjà vu au ch. 5 des Actes, quand un ange du Seigneur ouvrit les portes de la prison (5:19), et on le reverra encore à plusieurs reprises au cours de ce livre. Les anges ne sont que « des esprits administrateurs envoyés pour servir en faveur de ceux qui vont hériter du salut » (Héb. 1:14). Mais quand il s’agit de s’occuper des personnes et de leur âme immortelle, alors le Saint Esprit prend Lui-même la direction.

L’autre point est que l’Esprit parle à Philippe, mais ne parle pas directement à l’intendant. Le Seigneur a confié l’annonce de la bonne nouvelle aux rachetés, et elle se fait par le moyen de la Parole de Dieu, comme le montre l’exemple placé devant nous. Voilà la manière de Dieu pour faire transmettre la connaissance de la vérité divine à ceux qui ne sont pas instruits dans le royaume de Dieu : elle consiste à se servir de ceux qui sont déjà instruits à cet égard.

Une circonstance supplémentaire nécessitait que l’Esprit parle à Philippe. C’est que le royaume des cieux n’avait pas encore été ouvert aux gens des nations. Cela n’eut lieu que quelque temps plus tard à Césarée par l’apôtre Pierre (ch. 10). Ainsi pour un Juif de naissance comme Philippe, il y avait une difficulté insurmontable à s’approcher d’un païen, d’un noir, fût-il dans une position aussi élevée, et de monter dans son véhicule. Or c’est justement ce que l’Esprit demanda de faire : « Approche-toi et joins-toi à ce char ».

Une fois que l’Esprit de Dieu eut dit cela, toutes les objections, les mais et les si, disparurent pour Philippe, et il obéit sans hésiter. Plus tard Pierre eut beaucoup plus de peine à obéir à la voix de l’Esprit et à se joindre à un païen. Comment Philippe a-t-il su, comment Pierre et plus tard Paul ont-ils su que c’était l’Esprit de Dieu qui leur parlait ? — Il n’est jamais difficile pour l’Esprit, ni à cette époque-là, ni aujourd’hui, de se faire comprendre par un serviteur du Seigneur de manière à ce que celui-ci sache qui est en train de parler. Nous n’avons qu’à nous tenir près du Seigneur pour rester préservés de toute illusion. Le Saint Esprit également ne dira jamais quelque chose de contraire à la Parole de Dieu révélée. N’est-ce pas Lui qui l’a donnée ? Je suis convaincu que des serviteurs de Dieu placés dans des situations particulières peuvent encore aujourd’hui vivre l’expérience du « l’Esprit lui dit… » pour être dirigé personnellement dans le chemin du service.


2.2.2 - Comprends-tu ce que tu lis ? — Actes 8:30-31

Il semble que le char de l’intendant se trouvait en avant de Philippe et n’avançait que lentement, de sorte qu’en accélérant le pas Philippe put le rattraper et arriver à son côté. C’est pourquoi il n’est plus parlé maintenant que Philippe allait comme au verset 26, mais qu’il accourut :

« Et Philippe étant accouru, l’entendit qui lisait le prophète Ésaïe ; et il dit : Mais comprends-tu ce que tu lis ? Et il dit : Comment donc le pourrais-je, si quelqu’un ne me conduit ? Et il pria Philippe de monter et de s’asseoir avec lui » (8:30, 31).

La grâce de Dieu avait déjà opéré dans le cœur de l’intendant de sorte qu’il appréciait la Parole de Dieu et la croyait. Mais il ne la comprenait pas. Il n’avait pu obtenir aucune lumière auprès des « docteurs » de Jérusalem, et maintenant il se trouvait sur le chemin de retour vers son pays lointain, — tout seul et dans un désert. Pouvait-il rester sans la lumière divine dont il avait besoin ? Les circonstances semblaient toutes aller dans ce sens. Malgré cela il lisait tranquillement dans le livre, sans maître pour l’enseigner, et sans aide — Cependant cette lumière était plus proche qu’il ne croyait. Car Philippe qui se hâtait vers lui, l’entendit lire le prophète Ésaïe, et sans s’imposer à l’étranger, lui demanda s’il comprenait ce qu’il lisait.

Ce n’était pas seulement inhabituel, c’était aussi hardi. Philippe n’était-il pas un homme simple, un voyageur isolé ? À l’opposé de son interlocuteur, il lui manquait tous les signes distinctifs de dignité et de haute position. Cependant combien cela est encourageant ! Quand l’Esprit de Dieu opère dans un cœur et le prépare, celui-ci est aussi incliné à accepter de l’aide, quel que soit le caractère inhabituel des circonstances. Ainsi l’interlocuteur confesse franchement sa propre incapacité à comprendre l’Écriture, et il confesse son besoin de quelqu’un pour l’y conduire. « Et il pria Philippe de monter et de s’asseoir avec lui ».

Il fait immédiatement confiance à cet étranger, et croit qu’il peut lui donner l’aide dont il a besoin. Et les voilà tous deux assis l’un à côté de l’autre, le serviteur de haut rang de Candace et le simple serviteur du Seigneur. L’homme qui était bien sûr habitué à ce que les autres l’écoutent avec respect, s’asseye maintenant comme un élève aux pieds de l’évangéliste, et l’écoute.

Tableau admirable ! Scène impressionnante ! N’avons-nous pas tous saisis dans le cœur l’enseignement qui s’y trouve ? Quand il s’agit de comprendre la Sainte Écriture, le rang, la dignité et l’éducation ne jouent aucun rôle. Ceux-ci ne sont pas des conditions suffisantes pour une connaissance spirituelle de ce qui est divin. On doit venir à Dieu comme un humble élève. Il n’y a que ça.

Sommes-nous conscients que, pour saisir la vérité de Dieu, nous avons besoin de quelqu’un rendu capable par Dieu de nous y conduire ? Certainement celui qui nous conduit dans toute la vérité, c’est le Saint Esprit, l’Esprit de vérité (Jean 16:13). Mais hormis quelques rares exceptions, Il se sert d’instruments humains, de dons que le Seigneur ressuscité et élevé au-dessus de tous les cieux a donnés aux hommes. L’épître aux Éphésiens nous montre qu’en dehors des dons qui ont posé les fondements — les apôtres et les prophètes, — il y a aussi les dons qui demeurent : les évangélistes, les pasteurs et les docteurs (Éph. 2:20 et 4:8-11). Penserions-nous réellement pouvoir nous passer de leur service et assimiler par nous-mêmes la connaissance de la vérité divine ? Dans ce cas nous nous ferions une grave illusion. Dieu ne récompensera jamais notre orgueil par une intelligence spirituelle profonde. Quelle bénédiction est perdue pour ceux qui ne se tiennent pas franchement dans l’attitude humble et désireuse d’apprendre qui était celle de l’Éthiopien, disant avec lui : « Comment le pourrais-je, si quelqu’un ne me conduit ? »


2.2.3 - « Voici l’Agneau de Dieu » — Actes 8:32-35

« Or le passage de l’écriture qu’il lisait était celui-ci : « Il a été mené comme une brebis à la boucherie ; et comme un agneau, muet devant celui qui le tond, ainsi il n’ouvre point sa bouche ; dans son humiliation, son jugement a été ôté ; et qui racontera sa génération ? Car sa vie est ôtée de la terre » (És. 53:7, 8). Et l’intendant, répondant dit à Philippe : Je te prie, de qui le prophète dit-il cela ? De lui-même, ou de quelque autre ? Et Philippe, ouvrant sa bouche et commençant par cette écriture, lui annonça l’évangile de Jésus » (8:32-35).

L’intendant lisait justement le passage qu’en général nous connaissons bien, et qui se situe aujourd’hui au chapitre 53 du livre d’Ésaïe, v. 7 et 8. Combien Dieu avait tout arrangé et tout disposé ! Non seulement il envoyait à cet homme le commentateur souhaité, mais le texte qu’il était juste en train de lire offrait à Philippe un point de départ extrêmement approprié pour annoncer le Seigneur Jésus.

Mais la signification de ce passage était encore obscure pour l’intendant. Qui était celui qui avait ainsi tant souffert ? Le prophète parlait-il de lui-même ou de quelqu’un d’autre ? « Et Philippe », entendons-nous, « ouvrit sa bouche, et commençant par cette écriture, lui annonça l’évangile de Jésus ». Il prit ces deux versets comme point de départ de sa prédication, mais manifestement il n’en resta pas là. Quelle prédication merveilleuse ce dut être ! Tout ce chapitre ne parle-t-il pas de cet « autre », — de Jésus !

Son rejet dans la vie est prédit dès le premier verset d’Ésaïe 53 (voir aussi Jean 12:38). Ses voies en grâce, en guérison des maladies et choses semblables sont davantage l’objet de la prophétie du v. 4 (voir aussi Matt. 8:17). Qu’Il ait dû porter nos péchés et quel en fut le résultat pour nous, cela est présenté prophétiquement au v. 5 (voir aussi 1 Pierre 2:24). Le v. 9 indique Sa pureté et Son absence de défaut (voir aussi 1 Pierre 2:22). Le v. 9 prédit également qu’Il serait enseveli dans le tombeau de Joseph d’Arimathée (voir aussi Matt. 27:57-60). Le dernier verset de ce chapitre 53 nous dit finalement la valeur pour Dieu de Sa personne et de Son œuvre.

Quelle histoire saisissante offre ce seul chapitre du rouleau du prophète Ésaïe ! Combien l’intendant a dû écouter avec étonnement et avec joie quand il lui fut exposé et qu’il eut apprit à comprendre que celui qui souffrait était Jésus, l’Agneau de Dieu ; que ce Saint souffrant « a lui-même porté nos péchés en son corps sur le bois » ! Celui qui s’est abaissé si bas était « l’Éternel, le Sauveur », car telle est la signification du nom de « Jésus ». Nous avons déjà vu plus haut combien il était approprié que Philippe annonce à l’intendant l’évangile de Jésus. N’était-il pas le méprisé et le rejeté des hommes, spécialement des Juifs !


2.2.3.1 - Une difficulté du texte : agneau / brebis selon Actes 8 et Ésaïe 53

Quand nous comparons les expressions de la citation d’Actes 8 avec l’original d’Ésaïe 53, nous sommes frappés par une différence dans l’utilisation de l’expression « brebis » et « agneau ».

L’Éthiopien qui revenait de Jérusalem lisait dans son char le passage d’Ésaïe 53 avec la formulation suivante : « Il a été mené comme une brebis à la boucherie ; et comme un agneau muet devant celui qui le tond, ainsi il n’ouvre point sa bouche » (8:32). Mais si nous regardons Ésaïe 53 (v.7), l’ordre des mots brebis / agneau est inversé. « Il a été amené comme un agneau à la boucherie, et a été comme une brebis muette devant ceux qui la tondent ; et il n’a pas ouvert sa bouche ». La question a occupé bien des enfants de Dieu : comment expliquer cette permutation des mots ! Et surtout comment est-il possible de tondre un agneau ?

Or sur le plan purement externe, le changement s’explique par le fait que, dans le livre des Actes, Luc cite à ses lecteurs le texte de la traduction grecque de l’Ancien Testament, la Septante. Dans la Septante la brebis est rattachée à la boucherie, et l’agneau à celui qui tond. Mais il n’y a là qu’une contradiction apparente avec le texte hébreu d’Ésaïe 53 où effectivement les mots sont dans l’ordre inverse. Pour comprendre ce qui en est, nous devons nous occuper un peu des mots utilisés.

L’agneau — le premier mot qui nous occupe en Ésaïe 53:7 — traduit le mot hébreu « zéh » qui désigne une bête de menu bétail, aussi bien mouton que chèvre. On le trouve par exemple dans les passages suivants Gen. 22:7, 8 ; Ex. 12:5 ; Nb. 15:11 ; Deut. 14:4. Dans le premier de ces passages, si la version française Darby traduit les deux fois le mot « zéh » par agneau (« mais où est l’agneau pour l’holocauste ? »), la version allemand Elberfeld traduit ce même mot par « mouton » (« mais où est le mouton pour l’holocauste ? »). Le deuxième passage d’Exode 12 contient une autre particularité remarquable, importante en outre en rapport avec notre question : le « zéh » ou agneau pour le repas de la Pâque devait être âgé d’un an. Par agneau nous ne devons donc absolument pas nous représenter un agnelet, mais un mouton d’un an qui a déjà besoin d’être tondu.

Le mot grec correspondant à « agneau » est « amnos ». Ce mot apparaît dans le Nouveau Testament dans trois passages en plus d’Actes 8 (Jean 1:29 et 36 ; 1 Pierre 1:19) et il n’est utilisé qu’en rapport avec Christ ou à Son sujet. Cela touche nos cœurs de ce que le Saint Esprit utilise ce mot ou cette image pour nous présenter le Seigneur Jésus comme Celui qui a accompli la propitiation pour nos péchés par Ses souffrances inexprimables et par Sa mort.

Le deuxième mot hébreu utilisé en Ésaïe 53 pour brebis ou mouton est « rakhel ». Au contraire du mot « zéh », il désigne souvent un mouton femelle, une brebis (voir Gen. 31:38 ; 32:14 ; Cant. des Cant. 6:6), mais il peut aussi signifier simplement un mouton.

Ainsi nous voyons que la signification des deux mots « brebis » et « agneau » dans les langues originelles se recoupent considérablement, et que les déclarations des deux passages de l’Écriture concordent parfaitement quant à l’essentiel du contenu.


2.2.4 - Le baptême suit la foi — Actes 8:36-38

Le Seigneur avait utilisé Son serviteur pour témoigner de Lui devant beaucoup de gens, des foules entières (8:5, 6). Mais ici, Philippe n’avait qu’un seul auditeur, auquel « il annonçait la bonne nouvelle de Jésus [litt. : il évangélisa Jésus] ». Nous avons déjà vu ce que cela signifie. Que le soleil brille sur tout et sur tous, c’est une chose ; mais c’en est une autre quand on concentre ses rayons sur un point avec une loupe. C’est ainsi que l’Éthiopien s’est vu placé dans la lumière de Dieu avec une intensité comme s’il n’y avait personne d’autre que lui au monde.

Il reçut la bonne nouvelle de Jésus avec une foi simple, comme la suite du récit le montre très clairement. On n’a pas besoin de lampe pour voir si le soleil brille. Ici la vie nouvelle était présente, il n’y avait pas à la chercher. Elle se manifestait d’elle-même.


« Et comme ils continuaient leur chemin, ils arrivèrent à une eau, et l’intendant dit : Voici de l’eau, qu’est-ce qui m’empêche d’être baptisé (*) ? Et il donna l’ordre qu’on arrêtât le char, et ils descendirent tous deux à l’eau, et Philippe et l’intendant ; et Philippe le baptisa » (8:36-38).


(*) Le lecteur de la Bible aura remarqué que le v. 37 est laissé de côté. Ce verset 37 se lit comme suit : « mais Philippe dit : si tu crois de tout ton cœur cela est permis. Et lui, répondit et dit : je crois que Jésus est le Fils de Dieu ». Deux raisons parlent en faveur de la mise de côté de ce verset. D’abord ces paroles sont mal supportées par les manuscrits qui font autorité ; les manuscrits les plus anciens et les meilleurs ne les comportent pas. D'un autre côté, le contexte montre clairement qu’il s’agit d’une interpolation (insertion ultérieure). En effet, ce verset met dans la bouche de l’intendant la connaissance de ce que Jésus Christ est le Fils de Dieu. Philippe, cependant, n’avait annoncé que l’évangile de Jésus. Selon les pensées de Dieu, c’est à l’apôtre Paul qu’il était réservé de témoigner que « Celui-ci est le Fils de Dieu » (9:20).


Nous ne savons pas ce que l’intendant avait entendu à Jérusalem au sujet de Jésus. Il est tout à fait invraisemblable qu’il y ait rencontré quelqu’un des apôtres ou des disciples du Seigneur. Mais la réception de bon cœur de ce que Philippe lui disait du Sauveur, paraît signifier qu’il connaissait déjà quelque chose sur Lui et sur Sa voie. Mais une chose lui manquait : il ne voyait pas la liaison entre les prophéties de l’Ancien Testament et la personne de Jésus. Il ne pouvait qu’avoir des difficultés parce qu’il ne savait pas encore, et ne pouvait même pas savoir que les prophéties de l’Ancien Testament — comme celle d’Ésaïe, — ne concernaient personne d’autre que Jésus. Une fois que cette explication lui eût été donnée, l’obstacle principal tombait pour lui, et il ouvrit sans hésitation son cœur à Jésus Christ, qui devenait maintenant son Rédempteur et son Seigneur.

Aussi nous ne nous étonnons pas qu’il ait voulu se mettre sur-le-champ et publiquement du côté du crucifié, dès que l’occasion lui en fut offerte. Par quel moyen ? Par le baptême. Il ne connaissait pas encore l’enseignement de Rom. 6 sur le baptême. Nous ne savons même pas si Philippe lui avait parlé du baptême chrétien. En tout cas il était familier avec la signification fondamentale du baptême : on s’identifie [ou : s’unit] avec un Christ mort et rejeté ; on entre sur le terrain chrétien d’après ce qu’on confesse, c’est-à-dire qu’on devient extérieurement un chrétien, un disciple du Seigneur Jésus. La confession suit la foi, ou pour reprendre les expressions de Rom. 10:10 : On commence par croire avec le cœur à justice, et ensuite on fait confession de la bouche à salut.

C’est l’ordre normal présenté dans l’Écriture Sainte en rapport avec le baptême : la prédication — la foi — le baptême — le salut (Marc 16:15, 16). On le voit ici concrétisé chez l’intendant.

« Voici de l’eau, qu’est-ce qui m’empêche d’être baptisé ? » Une attente joyeuse résonne dans ces paroles. Ce païen qui venait juste de venir à la foi au Seigneur Jésus voyait comme un privilège de Le confesser publiquement. « Qu’est-ce qui m’empêche… ? ». Il n’a pas attendu un jour de plus, mais il a voulu le faire tout de suite, et commença par faire arrêter son char. En posant la question sur ce qui pouvait l’empêcher d’être baptisé, il indique qu’il ne voyait lui-même aucune raison d’en être empêché, mais qu’il s’en remettait à l’examen plus profond de son maître pour savoir si sa supposition était correcte.

N’y a-t-il pas beaucoup à apprendre de la simplicité et de la détermination de cet homme ? Être baptisé est un privilège et non pas un commandement ardu ; cela est aussi souligné par les paroles de l’apôtre Pierre dans la maison du centurion romain Corneille : « Quelqu’un pourrait-il refuser l’eau, afin que ceux-ci ne soient pas baptisés… » (10:47). Les deux passages montrent que le baptême se situe au commencement du chemin de la foi. Que le baptême ait lieu dans des eaux à l’air libre dans un désert, ou quelque part au sein d’une prison romaine (16:33), c’est finalement sans importance : c’est le baptême chrétien, c’est la confession publique quant à Christ. Voilà pour ce qui concerne le côté du baptisé.

Maintenant, pour ce qui concerne le côté de celui qui baptise, là aussi nous trouvons un enseignement complet. Nous apprenons plus précisément ceci : ni dans le cas de l’intendant, ni dans celui des croyants de Samarie, Philippe n’a cherché le conseil ou l’accord d’autres croyants, par exemple des saints de Jérusalem. Il a agi comme évangéliste, sous sa propre responsabilité, et cela était juste.

Il est certes heureux et il vaut la peine qu’on fasse des efforts pour agir en communion avec les saints, mais il y a quelque chose à ne pas oublier : l’assemblée comme telle n’a pas mission de baptiser, — pas plus que d’enseigner ou de prêcher. Pour ces services, le Seigneur a appelé et qualifié des serviteurs individuellement, et ceux-ci agissent en étant responsables vis-à-vis de Lui. Le baptême est ainsi un service personnel, ce n’est pas une affaire de l’assemblée. — En parfait accord avec cela, les deux hommes « descendirent tous deux à l’eau », aussi bien Philippe que l’intendant ; « et Philippe le baptisa ».


2.2.5 - Continuer avec joie — Actes 8:39

C’est ainsi que le premier païen a été atteint par l’évangile de la grâce de Dieu : l’Éthiopien est devenu un chrétien croyant. La mission de Philippe était ainsi accomplie. Il avait annoncé Jésus à cet homme, et l’avait baptisé après qu’il soit venu à la foi au Seigneur Jésus. Il n’y avait rien de plus à faire à son égard. Selon les pensées de Dieu, leur chemin devait se séparer à nouveau, et le moment du départ était arrivé. Pourtant il ne leur est pas laissé de temps pour prendre congé. Aucune poignée de main, aucun baiser fraternel, aucune parole d’adieu ? Non, rien.

« Et, quand ils furent remontés hors de l’eau, l’Esprit du Seigneur enleva Philippe, et l’intendant ne le vit plus, car il continua son chemin tout joyeux ; » (8:39).

C’est par un miracle que Philippe fut enlevé d’auprès de l’intendant. La mission étant accomplie, l’Esprit du Seigneur l’« enleva ». On trouve ce mot quatorze fois dans le Nouveau Testament ; il décrit un enlèvement, un arrachement, un ravissement puissant. Ce mot est peut-être utilisé ici pour nous donner un petit avant-goût de ce qui nous attend quand le Seigneur Jésus nous enlèvera auprès de Lui en l’air à Sa venue (1 Thess. 4:17). Paul a été ravi au troisième ciel, dans le paradis (2 Cor. 12:2-4), et « l’enfant mâle » de la femme d’Apocalypse 12:5 fut « enlevé vers Dieu et vers son trône ». En tout cas, ce dernier exemple est avec certitude une indication prophétique de l’enlèvement des saints de 1 Thess. 4.

Ici c’est Philippe qui est enlevé par un acte de puissance divine pour être retrouvé ailleurs à Asdod (= Azot). Voilà comment, selon la sagesse divine, ont eu lieu les adieux de l’évangéliste d’avec l’intendant ! Il est venu soudain à lui, et l’a quitté encore plus soudainement. Pour un temps ils se sont rencontrés les deux dans le désert, pour ne plus jamais se revoir sur la terre. Cela a-t-il causé de la tristesse de cœur chez l’intendant, ou au moins de la surprise quand il n’a plus vu l’évangéliste ? Pas du tout ! « Il continua son chemin tout joyeux ».

Arrêtons-nous ici un peu maintenant ! La disparition subite et mystérieuse de l’évangéliste n’a pas suscité chez l’intendant le moindre saisissement. Cela a plutôt fortifié sa foi. Il ne lui est pas venu à l’idée de dévier sa route pour chercher à le retrouver. Non « il continua son chemin », et le continua imperturbablement. Certainement il dut traverser le désert pour rentrer dans son pays, et ce dernier n’était rien d’autre qu’un désert du point de vue spirituel. Même s’il ne savait pas quelle tournure prendraient pour lui, comme chrétien, les circonstances futures à la cour de la reine païenne, il mettait sa confiance dans son Seigneur et dans Ses directions. Le Bon Berger l’avait « trouvé » dans son chemin de retour de Jérusalem vers son pays, et il poursuivit ce chemin. Il n’est pas allé après Philippe, il n’est pas retourné à Jérusalem où se trouvaient les apôtres du Seigneur, mais il est rentré dans le pays d’où il venait ; c’est dans la lointaine Éthiopie que conduisait son chemin. Ne devait-il pas rester dans l’état où il avait été appelé (1 Cor. 7:20 et 24) ? Le Seigneur veut avoir Ses serviteurs dans tous les pays et dans toutes les positions.

« Il continua son chemin tout joyeux » ? Tout joyeux ? Oui parce qu’il avait Christ. C’est pourquoi celui qui l’avait instruit ne lui a pas beaucoup manqué. À l’inverse de Simon le magicien, il ne s’est pas tenu auprès de Philippe. Son cœur était suspendu au premier chef, non pas à ce serviteur précieux, mais à Celui que ce serviteur lui avait annoncé. « Et nous vous écrivons ces choses, afin que votre joie soit accomplie » (1 Jean 1:4).

Poursuivons-nous, nous aussi, imperturbablement le chemin que le Seigneur a tracé devant nous malgré les circonstances changeantes de la vie, et est-ce que nous le poursuivons avec Lui ? Alors nous aussi, nous serons remplis de joie, même si notre chemin nous conduit au travers du « désert ». Quelqu’un t’a-t-il déjà susurré à l’oreille quelquefois que le christianisme est quelque chose de bon pour mourir, mais que pour vivre il est triste et pénible ? C’est là la voix de l’ennemi. Ne lui prête pas l’oreille ! Celui qui parle de cette manière ne connaît pas notre bon Sauveur et Seigneur, et ne connaît pas non plus le but vers lequel Il nous conduit. Veillons plutôt à rester près de Lui !

En Afrique comme en Amérique, il existe des zones désertiques et sableuses où aucune goutte de pluie ne tombe. Il y pousse pourtant des plantes isolées du genre arbrisseaux (welwitschia mirabilis) dont les racines profondes se propagent dans du sable complètement sec, alors qu’elles-mêmes ne sont pas du tout sèches. Ces plantes sont charnues, juteuses, avec de longues feuilles épaisses, également pleines de jus. Si on les coupe, il en sort de l’eau à la surface.

Comment cela se fait-il ? Cette plante rare du désert n’est-elle pas séparée de toute source utile, et n’est-elle pas condamnée à mourir ? Non ! Cette plante a toute l’eau de l’Atlantique à disposition ! Chaque feuille individuellement a, à sa surface, un grand nombre de petits orifices microscopiques qui s’ouvrent et se ferment, comme des lèvres d’animaux en train de laper. Ces plantes sucent et lapent l’humidité contenue dans l’air, et elles récupèrent ainsi l’eau nécessaire à la vie. Quant à l’air ayant perdu une partie de son humidité, il se recharge aisément dans l’océan lointain. En fait, la plante isolée dans le désert desséché se comporte comme un réservoir inépuisable, mis à disposition pour la vie.

Ne pouvons-nous pas nous appliquer cette image tirée de la création merveilleuse de Dieu ? N’avons-nous pas toute raison de faire confiance à notre Dieu et Père ? S’Il fournit de l’eau aux plantes du désert dans les coins perdus d’Afrique, ne pourvoira-t-Il pas aussi dans notre voyage à travers le désert à tout ce dont nos cœurs ont besoin en matière de consolation et de joie ? Qu’Il veuille faire qu’il puisse être dit de chacun de nous : « Il continua son chemin tout joyeux » !


2.3 - L’évangile en Judée — Actes 8:40

L’intendant en route vers le sud lointain est maintenant perdu de vue. La grâce de Dieu l’a enrichi infiniment ; mais nous ne savons rien de plus à son sujet. Nous pouvons quand même admettre qu’il a témoigné de son Sauveur dans sa patrie et qu’il a parlé de la foi chrétienne. Quant aux résultats effectifs, il faudra attendre un jour encore à venir pour en savoir quelque chose. En tout cas, sa conversion annonce une nouvelle époque dans les voies de Dieu : Dieu allait bientôt se tourner en grâce vers les nations (ch. 10). Au préalable cependant, il fallait que Saul de Tarse, le futur apôtre des nations, vive une conversion exemplaire (ch. 9).

Entre-temps notre regard est encore dirigé vers Philippe. Mais alors ce serviteur fidèle quitte lui aussi la scène.

« Mais Philippe fut trouvé à Asdod ; et en passant au travers du pays, il évangélisa toutes les villes, jusqu’à ce qu’il fut arrivé à Césarée » (8:40).

À Asdod, environ 30 km au nord, Philippe s’est à nouveau trouvé, ou bien on l’a retrouvé. De là, il poursuivit son chemin vers le nord à travers la plaine du Saron, qui s’étend le long de la côte, et il annonça l’évangile à toutes les villes sur sa route vers Césarée. On peut admettre qu’il a traversé les plus grandes villes comme Jamnia, Lydde, Joppé, Antipatris ; là aussi il y avait beaucoup de païens. Il semble s’être fixé à Césarée, ville impériale.

C’est ainsi que l’évangile a maintenant été annoncé à la fois en Samarie et en Judée, bien qu’il restât encore beaucoup de lieux n’ayant pas été visités. Cependant l’évangile avait pris pied dans ces contrées, et la mission donnée aux disciples par le Seigneur était accomplie (Luc 24:47 ; Actes 1:8). Il ne nous est pas rapporté quant à ces régions d’autres particularités de l’œuvre avec lesquelles l’écrivain inspiré fût familier. Luc a devant lui la grande œuvre de la grâce de Dieu parmi les nations, et c’est vers cela qu’il se tourne.

Ce n’est qu’au jour de Jésus Christ que sera révélé tout le travail effectué par ce grand évangéliste Philippe, et quel fruit il a porté. Philippe n’est mentionné qu’une fois de plus dans le livre des Actes au ch. 21. Lors de son dernier voyage vers Jérusalem, avant son emprisonnement, Paul s’est arrêté avec ses compagnons dans la maison de l’évangéliste à Césarée et y a séjourné quelques jours (21:8, 9). C’était vingt ans plus tard. Nous pouvons admettre que Luc y a rencontré Philippe pour la première fois, et qu’il a appris de sa propre bouche l’affaire de l’intendant Éthiopien.