Puissance effective et efforts d’imitation

W. J. Hocking

Bible Treasury, 1892 Vol. 19 p.46


1 - [Domaine concerné]

2 - [Effets de la puissance de l’Esprit]

3 - [Imitation du zèle et de la dévotion personnelle — Samson]

4 - [Action de l’Esprit collective]

4.1 - [Sa contrefaçon — Ananias et Sapphira]

4.2 - [L’assemblée habilitée à remettre les péchés gouvernementalement]

4.3 - [Usurpation de pouvoir — Diotrèphe]

4.4 - [Organisation du culte et du ministère]

5 - [La puissance de Dieu dans la proclamation de l’évangile]

5.1 - [Le développement de l’évangile dans les Actes]

5.2 - [Importance de la prière]

5.3 - [Une supercherie qui conduisit à la catastrophe]

5.4 - [Les artifices humains ne produisent pas la puissance]

5.5 - [Dieu se plaisant à intervenir dans des conditions défavorables]

5.6 - [La faiblesse peut aller de pair avec la puissance]

6 - [En résumé]


1 - [Domaine concerné]

Les Écritures montrent la puissance (*) spirituelle divine opérant dans trois sphères, à savoir :


Dans chacune de ces sphères, on trouve une contrefaçon qu’il peut être utile de considérer brièvement en guise d’avertissement.


(*) Le terme « puissance » n’est pas utilisé pour éclipser la personnalité de l’Esprit, mais pour décrire Son action au moyen d’instruments humains, comme en Actes 1:8 : « Vous recevrez de la puissance, le Saint-Esprit venant sur vous ».


2 - [Effets de la puissance de l’Esprit]

Tout d’abord, il est clairement dit que Dieu donne aux croyants l’Esprit de puissance (Actes 1:8) afin que même les plus faibles puissent prendre part avec hardiesse aux souffrances de l’évangile, en témoignage au Seigneur (2 Tim. 1:7-8). Comme preuve de son origine divine, cette puissance a la particularité de devenir plus abondante et plus facilement disponible selon qu’on en a besoin et qu’on s’en sert — contrairement à la puissance simplement humaine qui diminue forcément à mesure qu’on l’utilise. L’apôtre a appris ce fait béni par la parole du Seigneur : « Ma force s’accomplit dans l’infirmité » ; c’est pourquoi il se glorifiait dans ses infirmités, afin que la puissance du Christ repose sur lui (2 Cor. 12:9). Cependant, c’est non seulement en temps de difficultés, mais constamment, que la puissance de Dieu garde (1 Pierre 1:5), fortifie (Col. 1:11), établit (Rom. 16:25) et opère en nous (Éph. 3:20), amenant nos cœurs remplis de propre volonté à l’obéissance de Christ, et au lieu de colère, de convoitise et de malice, la puissance de Dieu produit l’amour, la joie et la paix. En fait, c’est seulement quand Dieu opère en nous le vouloir et le faire selon Son bon plaisir (Phil. 2:13), que nous pouvons vivre de manière qui Lui soit agréable.


Mais il est tout à fait impossible d’imiter le fruit de l’Esprit le plus manifeste ; en effet, l’hypocrisie est signalée et très sévèrement dénoncée dans toute la Parole de Dieu. Quelle que soit la qualité de la contrefaçon, elle est nécessairement vaine et creuse si elle est produite par une puissance humaine et non divine.

Par exemple, la fervente supplication du juste peut fermer et ouvrir les cieux (Jacq. 5:16-18). Par contre prier aux coins des rues n’a aucune valeur devant Dieu, même si on le fait minutieusement avec une barbe en désordre et non lavée pour se faire voir, ou faire croire que l’on jeûne (Matt. 6). Bien que les hommes comptent beaucoup dessus, ce genre de prière n’est ni entendu au ciel, ni exaucé sur la terre.


3 - [Imitation du zèle et de la dévotion personnelle — Samson]

En fait, imiter extérieurement l’amour, le zèle, la bienfaisance envers les pauvres et autres choses semblables, ne trompe jamais Dieu, qui lit les motifs du cœur. Mais quand la gloire de Dieu est au centre des exercices de l’âme, Sa puissance opère pour que ceux-ci aboutissent. Mais si le motif est se glorifier soi-même, la puissance divine cesse d’agir et l’énergie humaine la remplace. Or quand la puissance réelle diminue, on cherche souvent à y remédier par du zèle et de la dévotion extérieurs. Samson, rasé par Delila, essaya de se dégager comme les fois précédentes, mais sa force s’était retirée et ne revint pas malgré ses efforts (Juges 16). Il est toujours plus facile de prétendre avoir de la puissance que d’avouer sa défaillance, alors qu’un tel aveu est vraiment la source de la force : « quand je suis faible, alors je suis fort » (2 Cor. 12:10). Avoir la forme de la piété et en renier la puissance (2 Tim. 3:5), est une caractéristique de notre époque ; que ceux qui désirent être fidèles au milieu d’une telle fausseté puissent cultiver l’humilité du cœur et la sincérité de leurs motivations.


4 - [Action de l’Esprit collective]

4.1 - [Sa contrefaçon — Ananias et Sapphira]

En second lieu, la puissance de Dieu opère parmi les saints dans leurs capacités collectives. Tous ceux qui croient sont unis par des liens étroits et indissolubles (1 Cor. 12:11-13), et sont habités par une énergie qui produit toujours, « selon l’opération de chaque partie dans sa mesure, l’accroissement du corps pour l’édification de lui-même en amour » (Éph. 4:16). Au début, tous les saints, poussés par la puissance de l’Esprit, étaient animés par le désir réciproque du bien-être des membres, au point de vendre leurs biens et de mettre tout en commun (Actes 4:32-37). Ce beau renoncement au profit les uns des autres fut contrefait par Ananias et Sapphira, qui déposèrent aux pieds des apôtres une partie du prix de leurs biens comme s’il s’agissait de la totalité. Cette tromperie intentionnelle fut aussitôt jugée par le Saint Esprit comme abominable à Ses yeux ; ils furent tous deux retranchés. C’est un solennel avertissement pour tous ceux qui commettraient de telles hypocrisies.


4.2 - [L’assemblée habilitée à remettre les péchés gouvernementalement]

Depuis le début, l’assemblée a été habilitée à remettre les péchés de manière gouvernementale (Matt. 18:18 ; Jean 20:23). C’est ce qui est fait lors de la réception à la table du Seigneur ; les saints déclarent formellement qu’ils estiment que le Seigneur a pardonné les péchés d’un tel ou un tel, en conséquence de quoi ils l’accueillent dans la communion de ceux qui ont également été pardonnés ; voir le cas de Saul en Actes 9:26-27. L’assemblée a aussi le pouvoir de retenir les péchés. Ainsi, si un croyant persiste à ne pas se repentir d’un péché, l’assemblée réunie « avec la puissance du Seigneur Jésus » (1 Cor. 5:4) peut le rejeter hors du périmètre de l’église, afin que l’honneur du nom du Seigneur et la sainteté de Sa table soient maintenus, et que ce « méchant » puisse être amené à la repentance.


4.3 - [Usurpation de pouvoir — Diotrèphe]

En 3 Jean 8, 9, nous voyons un mauvais usage de ce pouvoir. Une propre volonté méchante opérait chez Diotrèphe au point qu’usurpant l’autorité du Seigneur sur le troupeau de Dieu, il interdisait à l’assemblée de recevoir l’apôtre, et chassait tous ceux qui voulaient le recevoir. Il prétendait à tort avoir le droit d’excommunier. L’histoire de l’Église abonde en exemples semblables, et notre époque n’est pas exempte de telles prétentions infondées. Il est donc utile de souligner avec quel soin extrême doivent être exercés ces actes d’exclure et de recevoir, confiés à l’Église, afin qu’ils ne soient pas un simulacre humain, mais soient de Dieu.


4.4 - [Organisation du culte et du ministère]

Nous trouvons une autre étape de ce même fait en 1 Corinthiens 12 et 14 qui montre en détail que de la puissance a été conférée dans l’assemblée pour le culte et le ministère. L’homme pense que, s’il ne conçoit pas et ne fixe pas un plan ou un système de culte, il y aura de la confusion. Au contraire, la confusion a une origine humaine (1 Cor. 14:33) et découle d’un manque de foi en l’Esprit de Dieu pour diriger les exercices des saints dans la prière et la louange et pour dispenser la parole de vie pour la nourriture de Son peuple. En fait, tout est confusion en dehors de l’ordre divin ; et les exemples sont faciles à trouver. Au lieu de la libre action de l’Esprit de Dieu dans les supplications ou les actions de grâce, on établit une liturgie rigide, sans pitié ni égards aux besoins du peuple. Au lieu de laisser l’Esprit animer les différents dons dans l’assemblée, « distribuant à chacun comme il Lui plait », les saints se chargent de gérer leur « ministre », prescrivant son cursus de formation, ses qualifications spéciales et la façon de remplir son service, pour leur propre satisfaction, s’attendant à ce que le pauvre homme soit pasteur, enseignant, évangéliste ou autre avec la même facilité et le même succès. Toutes ces dispositions ecclésiastiques ne sont que de mauvaises imitations de ce qui devrait être ; elles sont toutes éloignées les unes des autres et éloignées de la vérité, et malgré les apparences, elles sont donc une source de faiblesse permanente pour les saints de Dieu.


5 - [La puissance de Dieu dans la proclamation de l’évangile]

5.1 - [Le développement de l’évangile dans les Actes]

En troisième lieu, la puissance de Dieu se manifeste dans la proclamation de l’évangile ; car il a plu à Dieu, par la folie de la prédication, de sauver ceux qui croient (1 Cor. 1:21). Naturellement, le livre des Actes qui relate la fondation de l’Église, est très riche sur ce sujet. Depuis le sermon de Pierre à la Pentecôte jusqu’à la prédication de Paul prisonnier à Rome, nous avons un exposé pratique de : « Je n’ai pas honte de l’évangile, car il est la puissance de Dieu en salut à quiconque croit » (Rom. 1:16). L’évangile s’est répandu au près et au loin « non en parole seulement, mais en puissance » (1 Thess. 1:5 ; Actes 4:33). Contrairement à la vaine philosophie de l’époque, il s’est emparé d’hommes de tous rangs et de toutes classes, et les a gagnés à sa cause. Car si la philosophie avait une éloquence raffinée, une certaine connaissance des pensées et du caractère de l’homme, un attachement personnel aux principes et une moralité au-delà de son temps, elle ne possédait pas la puissance de Dieu comme l’évangile. Et puisque cette puissance était là, il était de la plus haute importance qu’elle opère dans la prédication de la croix de Christ.


5.2 - [Importance de la prière]

Comme tous les dons de Dieu, cette puissance semblait être facilement accessible. Il semblerait, d’après les Actes, qu’on pouvait l’obtenir en la demandant, en se rappelant toujours que la prière dans l’Écriture implique un sens profond de l’incapacité d’agir sans Dieu. Lorsque les apôtres eurent prié, est-il dit, « ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et annonçaient la parole de Dieu avec hardiesse. Et les apôtres rendaient témoignage, avec une grande puissance, de la résurrection du Seigneur Jésus » (Actes 4:31, 33). Et nous savons quels grands résultats ont suivi.


5.3 - [Une supercherie qui conduisit à la catastrophe]

Quand les fils de Scéva voulurent imiter le pouvoir des apôtres pour chasser les démons, ils échouèrent lamentablement. Bien qu’ils fussent sept et qu’ils utilisèrent le nom de Jésus comme l’apôtre l’avait fait, les démons dévoilèrent leur supercherie, et ils n’eurent qu’à s’enfuir confus (Actes 19:13-16). Aujourd’hui, des prédicateurs ne tombent-ils pas dans l’erreur de ces Juifs en pensant que le simple énoncé des faits de l’évangile, ou en faire une répétition solennelle, suffit à sauver l’âme ? L’échec de telles personnes pourrait devenir comparable à celui de ces juifs exorcistes d’autrefois.


5.4 - [Les artifices humains ne produisent pas la puissance]

Personne ne niera combien il est facile de soigner l’apparence extérieure aux dépens du sentiment conscient de puissance intérieure ; ou même de faire comme Jacob qui planifiait d’abord, et priait ensuite, supposant que de bons arrangements humains sont le meilleur moyen pour avoir de l’aide divine. Il serait donc bon de se rappeler les uns aux autres que la puissance divine ne réside ni dans une analyse logique, ni dans une imagination fertile, ni dans une illustration pertinente, ni dans une copie-conforme, ni dans la gestuelle, ni dans les tremolos de la voix, ni dans l’originalité du sujet, ni dans les bizarreries, ni dans l’humour, ni dans une solennité funèbre. En effet, ce qui attire l’attention de l’homme n’attire pas forcément la bénédiction du ciel. Et si Dieu daigne utiliser l’une ou l’autre attitude que nous venons de citer chez l’un de ses honorables serviteurs, ce n’est pas pour que d’autres l’imitent sur ce point et prétendent avoir ce qu’ils ne possèdent pas. La clé du succès est dans l’intervention de la puissance divine, et c’est donc elle qui est à rechercher sérieusement par-dessus tout. Soyons toujours plus en prière. Considérons la réunion de prière comme la source de bénédiction. S’il n’y a pas de puissance, tout le reste est vain, ce n’est rien de plus que du spectacle.


5.5 - [Dieu se plaisant à intervenir dans des conditions défavorables]

La différence entre la puissance réelle et l’imitation s’est déjà vue sur le mont Carmel (1 Rois 18). Au début la cause de Baal semblait être largement à l’avantage. Ils avaient le choix du sacrifice, la sympathie de la cour, de nombreux sacrificateurs zélés pour ses intérêts (ou plutôt les leurs). Toute la journée ils hurlèrent à tue-tête : « Ô Baal, réponds-nous ». Ils crièrent, gesticulèrent, sautèrent autour de l’autel et se firent des incisions jusqu’au sang. Mais leur exubérance même montrait l’inefficacité de leurs efforts. Pas de réponse : la montagne de zèle n’accoucha même pas d’une souris. Il n’en fut pas de même pour Élie. Bien que tout seul, il avait une confiance absolue en l’Éternel. Il prit même toutes les précautions pour exclure tout soupçon d’intervention humaine. L’autel et le sacrifice furent noyés d’eau. Puis, en réponse à sa prière, le feu sacré tomba d’un ciel sans nuage et consuma tout. Dieu intervint dans les conditions les plus défavorables possibles, humainement parlant, pour la gloire de Son nom.


5.6 - [La faiblesse peut aller de pair avec la puissance]

Cette grande leçon de la souveraineté de Dieu se retrouve dans les épîtres aux Corinthiens. Paul dit que sa présence parmi eux était « dans la faiblesse, dans la crainte et dans un grand tremblement » ; mais eux savaient bien que sa prédication était « avec puissance » (1 Cor. 2:3-4). Le fait que la faiblesse puisse aller de pair avec la puissance est paradoxal pour l’homme, mais pour le serviteur de Dieu, c’est une bénédiction. L’apôtre se réjouissait lorsque l’excellence de la puissance était perçue comme étant de Dieu et non de l’homme.


6 - [En résumé]

Tout en laissant chacun approfondir ce sujet pour son propre profit, nous résumerons brièvement les points suivants qui semblent importants :