La Repentance

Paul Fuzier

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Table des matières abrégée :

1 - La repentance — Nécessité et caractères


Table des matières détaillée :

1 - La repentance — Nécessité et caractères

1.1 - Recevoir l’évangile, est-ce simple ou difficile ?

1.2 - Se repentir est une nécessité. Est-ce simple ou difficile ?

1.3 - 2 aveugles de Matt. 20. Confession précise et confiance

1.4 - Dieu se réjouit quand il y a repentance (2 Pier. 3:9 ; Luc 15:7)

1.5 - La bonté de Dieu qui pousse à la repentance. David

1.6 - Repentance des lèvres superficielle

1.6.1 - Pharisiens

1.6.2 - Quand Israël eut peur de prendre possession de Canaan

1.6.3 - Saül dans l’affaire d’Amalek

1.7 - Ceux qui refusent délibérément de se repentir

1.8 - Le remords qui n’est pas de la repentance

1.9 - Repentance collective

1.10 - Un long travail de Dieu avant la repentance

1.11 - Le pardon assuré quand il y a repentance (vraie)

1.12 - Des cœurs soumis et droits


1 - La repentance — Nécessité et caractères

ME 1961 p. 169-183

1.1 - Recevoir l’évangile, est-ce simple ou difficile ?

Nous qui, par grâce, sommes « justifiés sur le principe de la foi » (Rom. 5:1), nous avons peine à comprendre qu’un homme inconverti ne puisse recevoir généralement qu’avec beaucoup de difficultés l’évangile qui lui est présenté et, à plus forte raison, qu’il lui soit parfois impossible de l’accepter. C’est si simple, disons-nous, comment peut-il donc se faire que des personnes de bon sens, n’ayant aucun parti pris, se déclarent incapables de saisir avec foi les vérités élémentaires concernant le salut ? Et pourtant, ne nous arrive-t-il pas trop souvent de manquer de foi pour la marche chrétienne, tout autant qu’elles pour le salut ? Dieu nous a fait des promesses, elles sont consignées dans sa Parole ; en un certain sens, nous les croyons, nous savons bien qu’elles sont certaines et qu’Il les accomplira — en un autre sens, nous ne les croyons pas : nous ne savons pas nous en emparer avec une foi vivante et marcher avec l’entière confiance qu’elles seront accomplies. C’est ainsi que nous pourrions dire, nous aussi : « Je crois, viens en aide à mon incrédulité » (Marc 9:23, 24). Pour une chose aussi importante, aux conséquences éternelles, que le salut de l’âme, nous mettons sans réserve notre confiance en Jésus seul ; tandis que pour ce qui concerne la vie chrétienne, nous préférons nous reposer sur tel ou tel appui humain plutôt que sur Dieu seul. La marche par la foi nous est aussi difficile — aussi impossible parfois — que, pour un inconverti, le salut par la foi.


1.2 - Se repentir est une nécessité. Est-ce simple ou difficile ?

Nous pouvons faire la même remarque au sujet de la repentance. L’évangile qui est annoncé est celui que prêchait déjà l’apôtre Paul : « la repentance envers Dieu et la foi en notre seigneur Jésus Christ » (Actes 20:21). La nécessité de la repentance pour obtenir le salut par la foi n’est d’ailleurs pas dans l’évangile seulement, elle se retrouve aussi bien dans le message de Jean le baptiseur que dans celui de Jésus, tout au début de son ministère ici-bas ; c’est un seul et même appel : « Repentez-vous, car le royaume des cieux s’est approché » (Matt. 3:2 ; 4:17). Jésus rejeté, crucifié, le royaume sera établi mais en mystère et, après sa résurrection, le Seigneur dira à ses disciples : « il fallait que le Christ souffrît, et qu’il ressuscitât d’entre les morts le troisième jour, et que la repentance et la rémission des péchés fussent prêchées en son nom à toutes les nations, en commençant par Jérusalem » (Luc 24:46, 47). C’est ainsi que Pierre, à Jérusalem même, pouvait dire aux Juifs dans son premier discours : « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, en rémission des péchés » (Actes 2:38-39). Nous comprenons donc que se repentir, c’est le premier pas à faire dans le chemin de la foi et, par la grâce de Dieu, nous avons été amenés à cela — « repentance envers Dieu » — et nous avons ensuite saisi le salut par « la foi en notre seigneur Jésus Christ » (Actes 20:21). Par contre, dans la marche chrétienne, lorsque nous avons manqué, combien il nous est difficile de le reconnaître et de nous repentir ! Dans la généralité des cas, nous essayons plutôt de nous justifier, nous cherchons de bonnes excuses et nous mettons facilement les responsabilités et les torts sur d’autres épaules, nous efforçant ainsi de nous disculper. N’agissons-nous pas ainsi à la manière de l’incrédule qui ne veut pas admettre sa culpabilité devant Dieu et refuse de se repentir ? Nous présentons l’évangile à cette âme encore dans son état de péché, nous la pressons de se repentir pour connaître tout ce que procure « la foi en notre seigneur Jésus Christ », nous insistons sur le fait que, si elle ne veut pas se repentir elle se ferme elle-même la porte de la bénédiction et ce refus de la repentance, que l’on trouve, hélas ! chez beaucoup, nous étonne. Pourtant, à notre tour, plutôt que de confesser un péché, confession qui nous rendrait la joie du salut (cf. Ps. 51:12), nous demeurons dans un état où nous ne pouvons goûter ni joie ni bénédiction, essayant de cacher notre faute aux yeux de Dieu et même à nos propres yeux. Nous perdons alors de vue ce qui est dans le cœur de Dieu. Notre Dieu est un Dieu miséricordieux et plein de grâce, Il se plaît à bénir, Il y trouve sa joie, mais Il ne peut le faire que lorsque le péché a été confessé, qu’il s’agisse d’un inconverti ou d’un croyant qui a bronché en chemin. Ce qu’Il attend pour ouvrir son cœur et ses bras, c’est cette parole qui, lorsqu’elle est dite avec sincérité, traduit une vraie repentance : « J’ai péché ». Que d’âmes demeurent dans la souffrance, la main de Dieu étendue sur elles, parce que les lèvres ne peuvent arriver à prononcer cette parole ou parce qu’elles la prononcent sans qu’il y ait eu un réel travail de cœur et de conscience !


Plusieurs portions des Écritures nous disent la nécessité de la repentance et le caractère qu’elle doit présenter.


1.3 - 2 aveugles de Matt. 20. Confession précise et confiance

L’exemple des deux aveugles de Matthieu 20 (v. 29 à 34) illustre l’enseignement déjà rappelé d’Actes 20 à propos de « la repentance envers Dieu et la foi en notre seigneur Jésus Christ ». Repentance envers Dieu : c’est la reconnaissance de leur état, un état misérable qui ne peut inspirer que de la pitié et qui les conduit donc à s’écrier : « Aie pitié de nous, Seigneur, Fils de David », et encore, après que la foule les eut repris, « ils criaient plus fort, disant : Aie pitié de nous Seigneur, Fils de David ». Mais ils ne se contentent pas d’une confession générale — ce que nous acceptons de faire, parfois — ils disent ce qui caractérise plus particulièrement leur état — et cela, nous avons beaucoup plus de peine à le reconnaître et à l’exprimer. Ils sont aveugles, aussi disent-ils : « Seigneur, que nos yeux soient ouverts ». Et c’est en même temps l’expression de leur confiance en Jésus qui seul peut ouvrir leurs yeux : c’est « la foi en notre seigneur Jésus Christ ». — Ce récit illustre aussi bien la repentance exprimée et la foi manifestée par un inconverti qui se tourne vers le Seigneur que la repentance d’un croyant qui a péché et la confiance dont il témoigne en Celui qui seul peut le pardonner et le guérir.


1.4 - Dieu se réjouit quand il y a repentance (2 Pier. 3:9 ; Luc 15:7)

Aujourd’hui encore, l’évangile est prêché dans ce monde et des pécheurs sont invités à se repentir. C’est le temps de la patience de Dieu, ainsi que l’écrit l’apôtre Pierre : « Il est patient envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance » (2 Pierre 3:9). Tel est le désir de son cœur : que tous viennent à la repentance ! Parce que tous ont à se repentir. Hélas ! comme aux jours où le Seigneur était sur la terre, il y a encore tant de « justes qui n’ont pas besoin de repentance » (Luc 15:7), c’est-à-dire des hommes qui se croient justes, qui le sont à leurs propres yeux et estiment par conséquent n’avoir aucune raison de se repentir. Quel aveuglement et quelle méconnaissance de ce que Dieu enseigne dans sa Parole ! S’il veut que « tous viennent à la repentance » c’est bien parce qu’il n’est pas un seul homme qui n’ait à se repentir. — Cette expression de Luc 15:7 peut aussi s’appliquer à un croyant qui a péché et qui, au lieu de se repentir, essaye de se justifier ; il est, à ses yeux, un juste qui n’a pas besoin de repentance. Il peut s’en réjouir mais nul ne partage cette joie. Quel contraste entre un tel état et celui du « pécheur qui se repent » (Luc 15:7, 10). Pour ce dernier, il y a de la joie dans le ciel. Dieu se réjouit en entendant l’expression d’une vraie repentance parce qu’Il peut alors pardonner et bénir et tel est le propos de son cœur.


1.5 - La bonté de Dieu qui pousse à la repentance. David

Comment un inconverti ou un croyant qui a péché peuvent-ils être conduits à cette repentance qui ouvre la porte à la bénédiction divine, mais qui est tellement en opposition avec les tendances de nos cœurs naturels ? Il faut que la grâce de Dieu opère et produise un profond travail de repentance. De telle sorte que si nous sommes conduits à nous repentir, il ne faut pas nous en glorifier et nous croire en cela meilleurs que d’autres ; c’est « la bonté de Dieu » qui « pousse à la repentance » (Rom. 2:4).


C’est la bonté de Dieu qui a conduit David à se repentir. Il avait commis un grave péché (2 Sam. 11:4-5), péché qu’il espérait pouvoir cacher à son entourage. Pour cela, il en commet un second (v. 15 à 17). Ne jetons pas la pierre à David ! Ne nous est-il pas arrivé aussi d’être conduits à un deuxième manquement pour essayer de dissimuler le premier ? Comme David autrefois, nous oublions que l’on ne peut rien cacher à Dieu et qu’Il découvre ce que nous essayons de couvrir. Voilà donc David coupable d’un double péché, adultère et meurtre, et n’ayant nullement conscience de ce qu’il a fait. À tel point qu’il ne comprend pas les paroles du prophète que Dieu lui envoie et prononce lui-même, sans le savoir, sa propre condamnation ! C’est un premier stade : il nous arrive aussi parfois d’avoir commis telle ou telle faute et de ne pas en avoir conscience. Mais « la bonté de Dieu » s’occupe de nous comme alors du roi d’Israël. Les moyens employés sont divers ; pour David, nous est-il dit, « l’Éternel envoya Nathan » (2 Sam. 12:1). C’est le deuxième stade : Dieu opère pour réveiller une conscience endurcie, qui n’a pas le sentiment du péché commis. Le résultat de ce travail, c’est la repentance — troisième stade. David déclare alors : « J’ai péché contre l’Éternel » (2 Sam. 12:13). Le Psaume 32, le Psaume 51 traduisent les sentiments éprouvés par David, dans son cœur et sa conscience, avant qu’il ne se repente : « Quand je me suis tu, mes os ont dépéri… » (Ps. 32:3-4) — lorsqu’il confesse son péché : « Car je connais mes transgressions, et mon péché est continuellement devant moi. Contre toi, contre toi seul, j’ai péché… » (Ps. 51:3-4 et suivants) — et enfin, après qu’il s’est repenti : « Tu as pardonné l’iniquité de mon péché… Tu m’entoures des chants de triomphe de la délivrance… » (Ps. 32:5, 7). Comme elle fut profonde, la repentance de David ! Le prophète lui avait fait connaître la grâce de Dieu qui pardonne au pécheur repentant : « l’Éternel a fait passer ton péché ; tu ne mourras pas », mais aussi ce qu’est le juste gouvernement de Dieu : « Toutefois, comme par cette chose tu as donné occasion aux ennemis de l’Éternel de blasphémer, le fils qui t’est né mourra certainement » (2 Sam. 12:13, 14). David passe alors sept jours dans le jeûne et la supplication, couché sur la terre ; cependant, il se soumet entièrement à ce que Dieu opère dans son gouvernement et, lorsque l’enfant est mort, il se lève de terre, et, lavé, oint, ayant changé de vêtements, il entre dans la maison de l’Éternel et se prosterne devant Lui (2 Sam. 12:16-20). Tel est le résultat du travail accompli en celui que la bonté de Dieu pousse à la repentance.


1.6 - Repentance des lèvres superficielle

1.6.1 - Pharisiens

Ce que Dieu désire, c’est une vraie repentance et non pas seulement quelques mots prononcés des lèvres sans qu’il y ait un véritable travail de cœur et de conscience. Des pharisiens et des sadducéens venaient au Jourdain pour être baptisés par Jean du baptême de la repentance ; ils répondaient, extérieurement, à l’appel qui avait retenti dans le désert de Judée : « Repentez-vous, car le royaume des cieux s’est approché ». Pouvait-on s’en réjouir ? Y avait-t-il « de la joie au ciel » ? En aucune manière. Car Dieu discerne la réalité qu’une trompeuse apparence recouvre. Et Jean est amené à dire à ces hommes : « Race de vipères, qui vous a avertis de fuir la colère qui vient ? Produisez donc du fruit qui convienne à la repentance… » (Matt. 3:2 et 7, 8 — cf. Luc 3:3 à 8). La repentance ne doit pas être des lèvres seulement, elle doit être vue, dans ses fruits. Pharisiens et sadducéens ne voulaient pas rester à l’écart ; considérant les foules qui allaient se faire baptiser au Jourdain, ils estimaient que, pour conserver sur elles l’autorité dont ils étaient jaloux, ils devaient s’associer à ce qu’ils prenaient pour une sorte de mouvement religieux. Sans doute pensaient-ils qu’en agissant ainsi ils maintiendraient sous leur joug ces foules qui risquaient de leur échapper. Ils manifestent donc une certaine repentance mais elle n’est qu’extérieure ; sans aucun fruit, elle est sans valeur aux yeux de Dieu car Dieu veut de la réalité et non des formes extérieures recouvrant un état que l’on cherche à cacher.


1.6.2 - Quand Israël eut peur de prendre possession de Canaan

L’Ancien Testament nous donne aussi quelques exemples d’une repentance superficielle.

Le peuple d’Israël avait manifesté son incrédulité, refusant de monter et de prendre possession du pays de Canaan ; au lieu de se confier en Dieu, les Israélites eurent peur du peuple qui habitait alors le pays. Aussi, durent-ils partir pour le désert, par le chemin de la mer Rouge. Que firent-ils ? Ils semblèrent se repentir : « Nous avons péché contre l’Éternel ». Mais ce n’était qu’une confession des lèvres, il n’y avait pas le « fruit qui convient à la repentance ». Tout au contraire, après cette confession ils déclarent aussitôt : « nous monterons, et nous combattrons, selon tout ce que l’Éternel, notre Dieu, nous a commandé ». Il était trop tard pour le faire ; ce n’était plus, à ce moment-là, ce que l’Éternel avait commandé. Aussi, sur l’ordre de l’Éternel, Moïse les arrête. Mais ils n’écoutèrent pas, se rebellèrent contre le commandement de l’Éternel et furent battus : l’Amoréen, qui habitait cette montagne, les tailla en pièces en Séhir, jusqu’à Horma. Cela les conduira-t-il maintenant à une sincère repentance ? Moïse, leur rappelant ces circonstances, leur dira plus tard : « Et à votre retour vous pleurâtes devant l’Éternel ». Mais il n’y avait pas plus de réalité dans leurs larmes qu’il n’y en avait eu précédemment dans leurs paroles ; aussi Moïse ajoute : « et l’Éternel n’écouta point votre voix et ne vous prêta point l’oreille » (Deut. 1:32 à 45).


1.6.3 - Saül dans l’affaire d’Amalek

L’histoire de Saül nous offre un autre exemple d’une repentance superficielle. Après avoir entendu les paroles de Samuel (1 Sam. 15:16 à 23), Saül déclare : « J’ai péché, car j’ai transgressé le commandement de l’Éternel et tes paroles », mais il n’y a là aucune vraie humiliation ; au fond, s’il a agi ainsi c’est, d’après lui, la faute du peuple et non la sienne, car il ajoute : « j’ai craint le peuple et j’ai écouté leur voix ». Et après que Samuel a insisté sur le fait que lui, Saül, a « rejeté la parole de l’Éternel », le roi d’Israël déclare bien, une seconde fois : « J’ai péché », mais sans qu’il y ait davantage de réalité que la première fois, car il dit aussitôt à Samuel : « Honore-moi maintenant, je te prie, en la présence des anciens de mon peuple et en la présence d’Israël » (1 Sam. 15:24 à 30). On peut assurer : « J’ai péché », on peut le répéter, ce ne sont que mots qui n’ont aucune valeur pour Dieu s’ils ne traduisent pas ce qu’il y a dans le cœur, s’il n’y a pas le fruit qui convient à la repentance.


Dans les exemples que nous venons de rappeler, il n’y a en fait aucun travail intérieur de repentance, il y a simplement une attitude extérieure, des paroles qui peuvent en certains cas tromper les hommes mais jamais Celui dont il nous est dit qu’Il connaît tous les hommes et ce qui est dans l’homme (cf. Jean 2:24, 25).


1.7 - Ceux qui refusent délibérément de se repentir

L’Écriture nous parle aussi d’un refus délibéré de se repentir — Dieu donne du temps aux hommes pour se repentir, c’est le temps de sa patience (cf. 2 Pierre 3:9), Il donne du temps aussi à un croyant qui a manqué, qui peut-être jusque-là a refusé de se repentir, laissant son cœur s’endurcir. Et même la Jésabel de Thyatire, tellement coupable pourtant, a eu du temps pour se repentir, si elle l’avait voulu : « Et je lui ai donné du temps afin qu’elle se repentît ; et elle ne veut pas se repentir de sa fornication » (Apoc. 2:20, 21). Elle « méprise les richesses de sa bonté, et de sa patience, et de sa longue attente », elle « ne connaît pas que la bonté de Dieu pousse à la repentance » (Rom. 2:4), « elle ne veut pas se repentir ». Aussi, elle n’échappera pas au jugement : « Voici, je la jette sur un lit, et ceux qui commettent adultère avec elle, dans une grande tribulation, à moins qu’ils ne se repentent de ses œuvres ; et je ferai mourir de mort ses enfants. ». Ce jugement aura des conséquences selon Dieu « dans toutes les assemblées » : « et toutes les assemblées connaîtront que c’est moi qui sonde les reins et les cœurs » (Apoc. 2:22, 23). — De même, les jugements apocalyptiques laisseront les hommes qui ne seront pas détruits par eux dans un état semblable à celui de Jésabel : ils ne se repentiront pas (cf. Apoc. 9:20, 21 ; 16:8-11).


1.8 - Le remords qui n’est pas de la repentance

En dehors de la repentance superficielle et du refus de se repentir, il y a encore le retour sur la faute qui se manifeste alors qu’il est déjà trop tard pour se repentir. Tel fut le cas de Judas : « Alors Judas, qui l’avait livré, voyant qu’il était condamné, ayant du remords, reporta les trente pièces d’argent aux principaux sacrificateurs et aux anciens, disant : J’ai péché en livrant le sang innocent. Mais ils dirent : Que nous importe ! tu y aviseras. Et ayant jeté l’argent dans le temple, il se retira ; et s’en étant allé, il se pendit » (Matt. 27:3 à 5). Trop tard aussi pour Ésaü « qui pour un seul mets vendit son droit de premier-né ; car vous savez que, aussi,plus tard, désirant hériter de la bénédiction, il fut rejeté, (car il ne trouva pas lieu à la repentance), quoiqu’il l’eût recherchée avec larmes » (Hébr. 12:16, 17). — De Judas, d’Ésaü, d’autres encore sans doute, il peut être dit ce qui est dit du Pharaon : « il a laissé passer le temps » (Jér. 46:17). Combien il est sérieux de « laisser passer le temps » durant lequel on peut encore se repentir !


1.9 - Repentance collective

La repentance n’est pas seulement individuelle, elle doit présenter parfois un caractère collectif. Il est très frappant de remarquer que, dans les chapitres 2 et 3 du livre de l’Apocalypse, qui retracent l’histoire de l’Église responsable sur la terre pendant le temps de l’absence du Seigneur, un appel à la repentance est adressé dans chacune des sept épîtres, sauf dans deux d’entre elles : celles écrites à Smyrne et à Philadelphie. La première des deux est caractérisée par la fermeté dans l’épreuve, la seconde par la fidélité dans la faiblesse. Dans les épîtres adressées aux cinq autres, il y a chaque fois cette exhortation : « Repens-toi », ou une exhortation analogue (2:5, 16, 21, 22 ; 3:3 et 19). Éphèse, Pergame, la Jésabel de Thyatire, Sardes et Laodicée sont invitées à se repentir. — La deuxième Épître aux Corinthiens nous donne un autre exemple de repentance collective ; l’apôtre écrit « à l’assemblée de Dieu qui est à Corinthe, avec tous les saints qui sont dans l’Achaïe tout entière » : « Maintenant je me réjouis, non de ce que vous avez été attristés, mais de ce que vous avez été attristés à repentance… Car la tristesse qui est selon Dieu opère une repentance à salut dont on n’a pas de regret… » (2 Cor. 1:1 ; 7:9, 10). — Que de motifs nous avons aujourd’hui de nous humilier et de nous repentir, si nous considérons l’état de la chrétienté comme aussi celui du témoignage ! Puissions-nous vraiment être « attristés à repentance » et Dieu veuille que cette repentance ne soit pas superficielle ! Écoutons l’exhortation adressée autrefois par l’Éternel au peuple d’Israël : « Revenez à moi de tout votre cœur, avec jeûne, et avec pleurs, et avec deuil ; et déchirez vos cœurs et non vos vêtements… », c’est-à-dire : gardez-vous de ce qui n’aurait qu’une apparence extérieure, comme le fait de déchirer ses vêtements ; que votre humiliation soit profonde et sincère ! (Joël 2:12 à 14).


1.10 - Un long travail de Dieu avant la repentance

Il faut souvent un long et patient travail de Dieu en nous pour nous conduire à une semblable repentance. Lisons le livre de Job, nous verrons avec quelle sagesse et quelle patience Dieu a opéré, soit par le moyen d’instruments soit directement Lui-même, dans le cœur et la conscience du patriarche. Mais quels résultats produits ! Quel exemple d’une vraie et profonde repentance ! En vérité Job a pu dire à l’Éternel : « Je sais que tu peux tout, et qu’aucun dessein n’est trop difficile pour toi. Qui est celui-ci qui, sans connaissance, voile le conseil ? J’ai donc parlé, et sans comprendre, de choses trop merveilleuses pour moi, que je ne connaissais pas. Écoute, je te prie, et je parlerai ; je t’interrogerai, et toi, instruis-moi. Mon oreille avait entendu parler de toi, maintenant mon œil t’a vu ». Et il termine par ces paroles qui disent jusqu’où a été le travail de Dieu en lui : « C’est pourquoi j’ai horreur de moi, et je me repens dans la poussière et dans la cendre » (Job 42:1 à 6). Pouvoir exprimer cela en vérité, c’est témoigner d’une réelle et sincère repentance et c’est le vrai chemin de la bénédiction : « Et l’Éternel bénit la fin de Job plus que son commencement » (Job 42:12). Dieu pardonne à celui qui se repent — c’est d’ailleurs sur le même principe que nous sommes exhortés à nous pardonner les uns aux autres : « Si ton frère pèche, reprends-le, et s’il se repent, pardonne-lui… » (Luc 17:3, 4) — et ensuite, Il peut bénir.


1.11 - Le pardon assuré quand il y a repentance (vraie)

Si Dieu pardonne à tout pécheur qui se repent, c’est en vertu de l’œuvre expiatoire de Christ. Le sang de Christ a coulé à la croix, de son côté percé, et ce sang, dont la valeur aux yeux de Dieu est infinie, nous purifie de tout péché. Dieu peut donc assurer un plein pardon au pécheur repentant qui se place sous la parfaite efficace du sang d’expiation. Sa Parole nous le dit aussi clairement qu’il est possible : « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés, et nous purifier de toute iniquité » — « Le sang de Jésus Christ son Fils nous purifie de tout péché » (1 Jean 1:9 et 7).

Mais Dieu n’assure le pardon que s’il y a d’abord une vraie repentance — « Si nous confessons nos péchés… » — car, agir autrement serait passer à la légère sur le péché, ce qui est impossible puisque « Dieu est lumière » et qu’Il a « les yeux trop purs pour voir le mal » (1 Jean 1:5 ; Habakuk 1:13). L’ennemi déploie ses efforts et multiplie ses ruses pour répandre dans la chrétienté tant de fausses doctrines qui, en définitive, sous des apparences très différentes, ont au moins un point commun : elles tendent à affaiblir dans l’âme le sentiment du péché, en en atténuant plus ou moins le caractère et les conséquences. Même dans la marche pratique du croyant le plus attaché au sain enseignement, il peut y avoir aussi une certaine inclination à penser que l’on peut bien, après tout, ne pas y regarder de si près : nous sommes faibles, dira-t-on, incapables souvent de résister à la tentation, notre manquement est si peu de chose et d’autres autour de nous font bien pis encore ; autant de mauvaises raisons que l’adversaire vient nous suggérer pour nous faire passer à la légère sur le péché commis. Disons-le : au fond, c’est véritablement là ce qui est à la base d’à peu près tous les maux dont nous souffrons et sur lesquels nous gémissons. Si nous avions toujours la juste appréciation de ce qu’est le péché aux yeux de Dieu — son expiation n’a-t-elle pas nécessité l’horreur des trois heures sombres, au cours desquelles Dieu a dû abandonner Celui qui portait alors l’éternité de notre châtiment ? — nous serions amenés à porter sur un péché commis le même jugement moral que Dieu porte sur lui et, par suite, à réaliser cette vraie confession, cette « repentance envers Dieu » qui nous conduirait à goûter pleinement la joie de la communion, avec toute la bénédiction qui en découle. Est-ce trop de dire que nos vies individuelles, comme aussi la vie de l’assemblée, en seraient transformées ?


1.12 - Des cœurs soumis et droits

Pour cela, pour nous « pousser à la repentance », il faut toute « la bonté de Dieu », qui se manifeste en particulier dans l’exercice du ministère du Seigneur comme « avocat auprès du Père » (1 Jean 2:1). Avec des cœurs soumis, notre volonté propre étant brisée, laissons le Seigneur remplir à notre égard, lorsque nous avons péché, ce service d’amour ! Qu’ainsi nous soyons délivrés de cette tendance que nous avons à toujours chercher à nous justifier et qui est celle du cœur naturel, aussi bien chez l’incrédule que dans le croyant — et cela dès le commencement (cf. Gen. 3:12). Que Dieu nous donne des cœurs droits devant Lui, qui sachent reconnaître ce en quoi nous avons manqué et s’en humilier ! Qu’Il nous garde de toute propre justice qui estime n’avoir pas besoin de repentance, comme aussi de cette repentance superficielle qui nous fait déchirer, ostensiblement peut-être, nos vêtements sans que nos cœurs soient touchés ! Et n’oublions jamais qu’Il se plaît à bénir et que, chaque fois que cela est nécessaire, Il attend pour nous pardonner, nous délivrer, nous bénir, que nous ayons exprimé les paroles qui traduisent notre sincère et profonde repentance !