« Celui
qui reçoit un prophète en qualité de prophète, recevra la récompense d’un prophète »
(Matt. 10:41).
Leçons de l’épreuve, et comparaison des exercices de ces deux femmes.
Philippe Laügt
Août 2005
Table des matières :
1 - La veuve de Sarepta — 1 Rois 17:9-24
2 - La femme de Sunem — 2 Rois 4:8-37
Selon les paroles du Seigneur, recevoir un de ses envoyés c’est Le recevoir et tout ce qui est fait par amour pour Lui ne sera pas oublié. Deux femmes — la veuve de Sarepta de Sidonie et la femme de Sunem — ont eu l’honneur de recevoir un homme de Dieu et de subvenir à ses besoins. L’une a reçu Élie chez elle, et l’autre, Élisée. Elles étaient bien différentes, aussi bien dans les conditions de leur vie journalière que dans leur état spirituel, mais Dieu leur a accordé cette faveur et elles ont été richement bénies !
« Et la parole de l’Éternel vint à Élie, disant :
« Lève-toi, va-t-en à Sarepta, qui appartient à Sidon, et tu habiteras là ;
Voici, j’ai
commandé
là
à une femme veuve de te nourrir ».
Or justement elle était sans ressources, nous ne tarderons pas à l’apprendre !
(1 Rois 17:8-9). C’est un ordre divin tout à fait remarquable, soit que nous pensions
à Israël et à Élie ou encore à cette pauvre veuve à Sidon (1 Cor. 1:27).
On est surpris de voir le premier des grands prophètes d’Israël réduit
à dépendre d’une étrangère pour ses besoins journaliers ! Quel témoignage accablant
de l’extrême misère morale
qui régnait en Israël ! Le Seigneur rappelle
brièvement les faits, longtemps après, dans la synagogue de Nazareth :
« En vérité, je vous dis qu’il y avait plusieurs veuves en Israël, aux jours
d’Élie, lorsque le ciel fut fermé trois ans et six mois, de sorte qu’il y eut une
grande famine par tout le pays ; et Élie ne fut envoyé vers aucune
d’elles,
sinon à Sarepta de la Sidonie vers une femme veuve » (Luc 4:25-26). Les Juifs
se sentent justement repris par Celui qui est venu annoncer de bonnes nouvelles
aux
pauvres
et aux captifs la délivrance (Luc 4:18-19).
Ils
sont remplis de colère. Jésus met ainsi en évidence la ruine d’Israël, et montre
qu’il est venu apporter aussi la grâce aux nations. C’est une pensée intolérable
pour ces Juifs, remplis de prétention, imbus de leurs privilèges et pleins de mépris
à l’égard des Gentils.
Le prophète Élie doit partager avec les fidèles cachés
(Ps.
83:3) les conséquences d’un jugement qu’il est venu prononcer de la part de l’Éternel
sur le peuple tout entier. Dieu permet qu’il soit lui aussi « versé de
vase
en
vase
»
(Jér. 48:11). Il a dû d’abord aller
se cacher dans la solitude, au torrent du Kérith, probablement en Galaad. Être mis
de
côté
est pénible pour la chair, mais facile pour la foi dont le
bonheur est d’obéir
et de rester dépendante
. La question essentielle
pour un croyant c’est d’être assuré qu’il est là
où Dieu veut qu’il soit.
Déjà dans le désert, le peuple trouvait chaque matin la manne là
où se trouvait
la nuée. L’Éternel nourrit les corbeaux (Luc 12:24) mais ici il a commandé à ces
oiseaux naturellement voraces, d’apporter matin et soir à Élie la nourriture nécessaire
(1 Rois 17:3-7). Ces messagers pour le moins surprenants, vont donc agir contre
leurs instincts naturels, comme auparavant des vaches en train d’allaiter (1 Sam.
6:10-12), mais « toutes choses Le servent » (Ps 119:91).
Toutefois, comme parfois dans nos vies, selon la pensée divine, le
torrent va tarir peu à peu et le prophète est appelé à faire un nouveau pas, plus
inattendu encore. Laissant cette paisible retraite, il va, sur l’ordre de l’Éternel,
quitter sans
murmurer
le pays d’Israël pour se rendre sur la côte
de la Méditerranée, chez une pauvre veuve, qui habite à Sidon, un pays plongé dans
l’idolâtrie. Jézabel, l’épouse perverse du roi Achab, alors sur le trône, en était
originaire (1 Rois 16:31). Dirigé par son
Dieu, Élie rencontre cette veuve
dès l’entrée de la ville (1 Rois 17:9). Mais quelles sont ses ressources pour pratiquer
l’hospitalité ? Il la met à l’épreuve en lui demandant d’abord un peu d’eau
dans un vase, afin de la boire. Puis au moment où elle s’éloigne pour en chercher,
il crie : « Prends-moi dans ta main, je te prie, un morceau de pain »
(1 Rois 17:10-11). Elle ouvre alors son cœur et la pitoyable description qu’elle
donne de sa situation suffit à nous éclairer : « L’Éternel ton
Dieu est vivant, que je n’ai pas un morceau de pain cuit, rien qu’une poignée de
farine dans un pot et un peu d’huile dans une cruche ; et voici, je ramasse
deux bûchettes, afin que j’entre et que je prépare cela pour moi et pour mon fils ;
puis nous le mangerons et nous mourrons
» (1 Rois 17:12). À vue humaine,
les perspectives sont des plus sombres. Il faut la
foi
pour s’élever
au-dessus des impossibilités et compter sur Dieu seul. Qu’importe alors si le pot
de farine est à peu près vide et le vase d’huile presque tari à vue humaine ?
Le croyant compte sur cette Main libérale, qui peut
et veut
répondre
aux besoins de sa créature.
Si Élie avait marché
par
la
vue
, il aurait été découragé en constatant la misère
de cette veuve. Mais il ne doute pas des soins de l’Éternel. Il sait, par expérience,
que Dieu peut prendre des corbeaux pour accomplir ses desseins. Il peut tout aussi
aisément se servir d’une pauvre femme sans ressource, à Sa gloire !
Quand l’homme touche à la fin de ses ressources et le reconnaît, Dieu peut intervenir et répondre à tous les besoins de sa créature (Phil. 4:19). Il va montrer ici sa puissance en faveur de son envoyé (1 Cor. 9:7 ; Luc 22:35) et de cette habitante de Sarepta, dans sa misère extrême. Chacun, autour d’eux en sera témoin. Dans cette scène, comme si souvent dans l’Écriture, l’amour de Dieu se déployait en faveur de ceux qui sont étrangers et forains : ils deviennent « concitoyens des saints et gens de la maison de Dieu » (Éph. 2:17-19).
Mais la grâce doit presque s’imposer
à cette veuve. La bonté
de Dieu la pousse
à la repentance (Rom 2:4). Son cœur s’était aigri, brisé
par la souffrance, mais elle va accepter la part précieuse que l’Éternel lui destinait.
Le prophète lui dit : « Ne crains point… seulement fais premièrement
de cela un petit gâteau et apporte-le moi ». Elle devait donner à Dieu la première
place, comme nous devons le faire, même dans la plus grave crise de notre vie. Notons
que cette farine et cette huile, utilisées en quantité convenable, formaient l’essentiel
d’un sacrifice
de
prospérité
, agréable à l’Éternel, selon le
livre du Lévitique.
Dieu fait ensuite à cette veuve de merveilleuses et surprenantes
promesses : « Le pot de farine ne s’épuisera pas
, et la cruche
d’huile ne manquera pas
jusqu’au jour où l’Éternel donnera de la pluie sur
la face de la terre » (1 Rois 17:14 ; Héb. 13:5-6). Elle reçoit
ces paroles et montre alors une confiance en Dieu rarement égalée :
« Elle s’en alla et fit selon la parole d’Élie » (1 Rois 17:15). Nous
sommes souvent lents aussi à ouvrir une bouche que le Seigneur se propose de remplir
(Ps. 81:10) ! Appuyons-nous résolument sur les promesses divines, ce sont des
certitudes
pour la foi ! (2 Pi. 1:4). L’amour parfait chasse la crainte.
Connaissons-nous Jéhovah-Jiré, c’est à dire « en la montagne de l’Éternel,
il y sera pourvu » (Gen. 22:14) ?
Dieu, dans son amour, continue d’enseigner cette veuve en permettant
une nouvelle épreuve. Des expériences toujours plus profondes sont nécessaires pour
faire des progrès dans Sa connaissance. « Et il arriva, après
ces
choses
, que le fils de la femme, maîtresse de la maison, tomba malade ;
et sa maladie devint très-forte, de sorte qu’il ne resta plus de souffle en lui.
Et elle dit à Élie : Qu’y a-t-il entre moi et toi, homme de Dieu ? Es-tu
venu chez moi pour mettre en mémoire mon iniquité et faire mourir mon fils ? »
(1 Rois 17:17-18). De telles paroles ne manifestent pas la dignité d’une âme en
communion habituelle avec Dieu ni le calme et la soumission d’un enfant de Dieu
qui, dans l’épreuve, trouve un refuge dans Son intimité (Jér. 17:17). L’absence
de soumission est une réelle entrave au travail divin, mais la question « es-tu
venu chez moi pour mettre en mémoire mon péché
? » montre que la
conscience de la veuve est réveillée
. Elle pense qu’il y a un rapport entre
la mort de son fils et tel ou tel fait, telle ou telle habitude longtemps ancrée
et cachée dans sa conduite passée.
Pour tirer réellement profit du travail que le Seigneur veut opérer
en lui, le croyant doit se tenir dans sa lumière (Ps. 36:9). « Aucune discipline,
pour le présent, ne semble être un sujet de joie, mais de tristesse ; mais
plus tard, elle rend le fruit paisible de la justice, à ceux qui sont exercés par
elle » (Héb. 12:11). Ces mots : « plus
tard
» et « exercés
» ont une signification profonde qu’il
faut apprendre à discerner !
La veuve de Sarepta semble donc penser que la présence du prophète
dans sa maison a attiré l’attention du Seigneur qui s’est souvenu de ses péchés
et l’a châtiée en lui retirant son fils. Il est vrai que la mort est le salaire
du péché (Rom. 6:23). Mais le croyant du Nouveau Testament sait
que Dieu
a jeté tous ses péchés derrière son dos et qu’Il ne s’en souviendra plus jamais
(És. 38:17 ; Héb. 10:17). Désormais, au lieu de voir les péchés de ses rachetés,
Il trouve Sa joie et Son repos dans le sang versé une
fois
pour
toutes
par son Fils bien-aimé à la croix. Son œuvre efface à jamais le péché
et les péchés.
Quel est le but que Dieu poursuit quand il discipline ou châtie ?
C’est « afin que nous participions
à Sa sainteté » (Héb. 10:10).
Ce n’est pas pour nous punir
pour
ces péchés qui ont déjà été jugés
sur Celui qui les a portés en son corps sur le bois (1 Pi. 2:24). Mais Il prend
soin des Siens et « quand nous sommes jugés, nous sommes châtiés par le Seigneur,
afin que nous ne soyons pas condamnés avec le monde » (1 Cor. 11:32).
Il faut être au clair à ce sujet. D’une part notre communion personnelle
avec Lui s’en trouvera fortifiée. D’autre part, nous serons gardés de tomber dans
cette fâcheuse attitude de supposer
le
mal
dès qu’une personne
de notre entourage est éprouvée. Nourrir de telles pensées est une faute grave (Ps.
41:6-8), contre laquelle la Parole met fortement en garde (Matt. 7:1-2).
Toute cette scène parle de Christ : Élie en est l’image.
« Il dit à cette veuve : Donne-moi ton fils ». Dans la chambre haute
où il habitait, il se tient devant Dieu et crie
(1 Rois 17:20, 21 ;
Ps. 119:145). L’Éternel écoute sa prière simple et ardente en faveur de celle qui
l’a si bien reçu, et fait revenir l’âme de l’enfant en lui. Le prophète redescend
avec l’enfant et le donne avec calme et dignité à sa mère : « Vois
,
ton fils vit ».
Alors les heureux effets de la discipline se font sentir chez la
veuve de Sarepta. Elle connaît désormais la puissance de la résurrection qui délivre
de la mort. Elle déclare : « Maintenant
, à cela je connais que
tu es un homme de Dieu et que la Parole de l’Éternel dans ta bouche est la vérité »
(1 Rois 17:23-24). Pour arriver à cette conclusion, un miracle avait été nécessaire.
Enseignée par le travail patient de Dieu, elle a appris à connaître Son immense
grâce ! Que de vérités nous professons
, qui doivent être expérimentées
tôt ou tard dans notre vie. Au temps convenable, Dieu enverra, si nécessaire, les
eaux profondes de l’affliction. Sous l’action de la discipline, chacun doit apprendre
à se soumettre pour son bien au « Père des esprits » (Héb. 12:9 ;
Deut. 8:16).
On constate que les exercices spirituels de la Sunamite ne sont pas
au même niveau que ceux de la veuve de Sarepta. « Un jour, il arriva qu’Élisée
passa par Sunem ; et il y avait là une femme riche (ou : de distinction),
et elle le retint pour manger le pain. Et il se trouva que, chaque fois qu’il passait,
il se retirait là pour manger le pain. Et elle dit à son mari : Voici, je connais
que c’est un saint homme de Dieu qui passe chez nous continuellement » (2 Rois
4:8-9). Elle possède déjà un discernement spirituel que la veuve de Sarepta n’avait
acquis qu’après avoir traversé de grandes afflictions. À l’école où Dieu se plaît
à former les siens, la Sunamite se trouvait dans une classe plus avancée que celle
où était la veuve de Sarepta. Le comportement de la Sunamite montre qu’elle a déjà
acquis un
bon
degré
(1 Tim. 3:13). Sa dignité, l’élévation
de ses pensées appartiennent à ceux qui entrent habituellement
dans le sanctuaire.
Toutefois c’est la même
vraie
grâce de Dieu
(1 Pi. 5:12) qui prend soin de ces deux femmes, comme de chaque croyant. Les fruits
produits sont en rapport avec l’état spirituel qui est le leur au moment du récit
conservé dans la Parole. Les différences que l’on constate entre ces deux femmes
ne découlent pas essentiellement des circonstances différentes dans lesquelles elles
se trouvent. Toutefois on comprend que la veuve de Sarepta soit troublée dans son
cœur et dans ses pensées du fait de sa grande misère. Elle touche à la fin de ses
ressources, elle voit ses plans détruits, et se désole (Job 17:11). Elle s’efforce
de sauvegarder le peu qu’elle possède encore, mais justement elle doit apprendre
à s’abandonner sans
réserve
à la bonté de ce Dieu qu’elle connaît
encore à peine. La Sunamite est riche, mais, soulignons-le, elle est avant tout
riche en
foi
. Elle a déjà beaucoup appris dans sa communion avec Dieu.
Du fait de sa confiance en Lui, elle est une exception dans sa génération et trouve
une place dans la lignée de ces témoins dont parle Hébreux 11 et 12.
Le prophète Élie, conduit par l’Éternel, a dû contraindre
la veuve de Sarepta à lui préparer premièrement un petit gâteau. Elle montre ainsi,
dans sa
pénurie
, une foi encore faible mais réelle (1 Rois 17:13 ;
Luc 21:4), et après
ce petit commencement, sa maison sera abondamment bénie
(Mal. 3:10).
La pieuse Sunamite use
libéralement
de ses ressources
en faveur d’Élisée, qui se sent immédiatement à l’aise chez elle. On pense à ce
logis de Marthe, Marie et Lazare, où le Seigneur s’est si souvent rendu.
Quel beau témoignage peut être rendu à l’égard d’Élisée ! La
Sunamite a pu discerner des caractères de séparation
et de consécration
chez son invité. Elle garde sa place et consulte son mari avant de lui préparer
une chambre (2 Rois 4 :9). Elle comprend parfaitement qu’une extrême sobriété
sied à la chambre de ce prophète. Un luxe, même relatif, mettrait Élisée mal à l’aise
(2 Rois 4:9-10). Il n’y avait plus de place dans ce cœur pour les vanités du monde.
Il avait abandonné ses bœufs et toute son aisance pour servir le Seigneur (1 Rois
19:20-21).
La parole que le prophète reconnaissant adresse à cette Sunamite
pour s’enquérir de ses désirs éventuels est l’occasion de manifester sa piété et
son contentement : « J’habite au milieu de mon peuple » (2 Rois 4:13 ;
1 Tim. 6:6). Par cette belle réponse, elle s’identifie, elle aussi, avec son
peuple, une nation sur laquelle le jugement de Dieu est suspendu. Les honneurs de
ce monde n’ont aucun attrait pour elle, elle préfère rester dans la simplicité.
Les choses que l’homme place en haut, Dieu les place en bas.
Comment aurions-nous répondu à une telle question ? Conscient
de la ruine présente de l’Église, un racheté fidèle est disposé à prendre sa
part de souffrances, là
où Dieu l’a placé, dans l’assemblée. Il se montre
ainsi attaché en pratique
à ce que le Seigneur a établi dès le commencement
(Matt. 16:18).
Les conditions de vie de ces deux femmes sont tout à fait dissemblables,
mais leurs exercices, dans un sens, sont orientés dans le même sens par Celui qui
aime tous les siens. La Sunamite jouissait
déjà
d’un degré plus élevé
de communion, au moment où l’Écriture en parle. Ses paroles, ses actes, son comportement
au jour de l’épreuve, tout confirme une plus grande proximité avec Dieu.
Toutefois il y avait une souffrance cachée
dans son cœur.
Un besoin que ni le roi ni le chef de l’armée ne pouvaient satisfaire (2 Rois 4:13).
Elle aurait voulu un objet pour ses affections. La stérilité était une grande épreuve
pour ces femmes pieuses en Israël. Leur sainte ambition était d’entrer dans la lignée
du Messie. Averti par Guéhazi, Élisée fait appeler cette femme fidèle et lui fait
des promesses qui rappellent celles qui avaient été adressées à Sara (Gen. 18:10,
14) : « À cette même époque, quand ton terme sera là, tu embrasseras un
fils » (2 Rois 4:16). Quelle immense joie pour cette personne pieuse !
Mais hélas, alors que l’enfant est né et commence à grandir pour la joie de ses parents, quelques heures suffisent pour le perdre : la mort fait son œuvre : tout semble perdu ! Cependant la foi et l’espérance de la Sunamite restent intactes. Comme le patriarche, elle se repose sur la puissance vivifiante du Dieu de la résurrection et ne doute pas qu’Il puisse agir dans sa propre vie (Job 19:25). Il est seul en mesure d’apporter une réponse à sa totale incapacité devant cet enfant mort. Elle a déjà serré de grandes vérités dans son cœur. Dieu va lui faire suivre un sentier plus élevé encore !
La veuve de Sarepta, courbée
vers son pot et sa cruche presque
vides, ne voyait plus d’autre issue que la mort (1 Rois 17:12). Mais la Sunamite
a les yeux fixés
sur le Dieu de résurrection, en contraste absolu avec cette
terre où règne la mort et la stérilité. Sa foi attend de grandes
choses
du Dieu Vivant : elle ne sera pas déçue ! Il lui a déjà accordé
« d’embrasser un fils » (2 Rois 4:16), elle va maintenant le recevoir
en résurrection. Elle ne s’attend pas seulement à un Dieu de providence qui, dans
son amour fidèle, peut renouveler miraculeusement le contenu d’un pot de farine
et d’une cruche d’huile, mais au Dieu de la Résurrection, à Celui qui vivifie les
morts. Amener une âme à Christ suppose aussi un grand travail ; il faut instamment
supplier le Seigneur d’agir : Lui seul peut opérer la conversion ;
mais quant à à notre responsabilité, il faut s’appliquer à garder, si telle est
la volonté de Dieu, un contact étroit et durable avec l’âme où un tel travail
est en cours (2 Rois 4:33-35 ; Matt. 6:6).
Remarquons l’attitude de la Sunamite devant la puissante manifestation de la grâce divine. Suite à cette simple parole d’Élisée : « Prends ton fils », la Sunamite « vint et tomba à ses pieds, et se prosterna en terre » ; puis elle prend son fils et sort en silence (2 Rois 4:36-37) : Sa foi est pleinement récompensée (Héb. 11:35).
La veuve de Sarepta s’était trouvée, elle aussi, en présence de la
mort, mais sans rien connaître encore de la résurrection. Il lui a fallu descendre
dans la vallée des pleurs pour comprendre la merveilleuse bonté de ce Dieu qui lui
a fait retrouver son fils.
La Sunamite, par contre, avait reçu d’en Haut la force de résister à de longues heures de route, malgré l’angoisse qui a suivi le décès de son fils. Elle a du parcourir plus de cinquante kilomètres pour aller au Mont Carmel et revenir chez elle. Sans une plainte, elle se confie fermement dans la puissance de la résurrection (voir Phil. 3:10).
Ne sommes-nous pas souvent de ceux qui se contentent
de vivre
au même
niveau
spirituel que la veuve de Sarepta, au lieu de chercher
à respirer « l’air des cimes » ? Désirons-nous marcher au contraire
sur les lieux élevés où se mouvait habituellement la Sunamite ? (Hab. 3:19).
Peut-être nous suffit-il de voir la Providence remplir libéralement notre pot et
notre cruche ; sans rechercher cette communion plus
profonde
,
qui se goûte seulement
en compagnie de ce Dieu qui ressuscite les morts !
La Sunamite ne pouvait partager sa souffrance ni avec son mari, qui
se montre surpris de ses désirs (2 Rois 4:23), ni même avec un Guéhazi, serviteur
finalement infidèle d’Élisée : Ils n’étaient pas en mesure de la comprendre.
Elle referme la porte de la chambre du prophète sur son fils mort (2 Rois 4:21) ;
le seul qui est désormais habilité à entrer est le Dieu de Résurrection ; Il
remplira cette chambre obscure de Sa lumière et des accents de la vie. La
foi
sait
que Dieu peut accomplir ce miracle. À ces questions :
« Tout va-t-il bien ? L’enfant va-t-il bien ? », elle répond
simplement : « Bien
», même si ce terme
cache en fait une douleur d’autant plus profonde qu’elle ne peut la partager
avec ses interlocuteurs (2 Rois 4:26). Son âme est soutenue par l’assurance que
le Tout-Puissant dont l’homme de Dieu est le représentant, demeure Le Même et
peut encore agir selon les merveilles qu’Il a déjà commencé à faire (Phil. 1:6).
Elle ne veut pas quitter le prophète et celui-ci accepte de la suivre (2 Rois 4:30).
Quand Dieu agit par le moyen d’Élie, elle se prosterne et adore en silence.
Frères et sœurs, ayons la certitude que pour chaque croyant tout
est toujours
bien
: « Nous savons que toutes choses travaillent
ensemble pour le bien
de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son
propos » (Rom. 8:28). Apprenons, en suivant l’exemple de cette Sunamite, à
marcher avec Lui d’une manière toujours plus vraie et plus intime. Soyons assurés
que Celui qui a commencé en nous une bonne œuvre, l’achèvera
jusqu’au jour
de Christ (Phil. 1:6).
De ta grâce salutaire
L’œuvre s’accomplit en nous,
Et nous sommes ton salaire,
Ô Jésus céleste époux.
Tu nous as donné la vie :
Que notre âme chaque jour,
À ton joug soit asservie,
Heureuse dans ton amour.