LA PRÉDICATION DE LA CROIX DE CHRIST

1 Corinthiens 1:17-31

ME 1906 p. 251


J.N. Darby


Si Dieu est juste et juge le péché peut-il montrer son amour envers nous dans toute sa plénitude, envers nous qui sommes pécheurs ? Or c’est ici que nous voyons la valeur de la mort et de l’expiation du Seigneur Jésus-Christ. Le Seigneur a entrepris volontairement cette tâche (Psaume 40:7, 8), pour glorifier Dieu parfaitement et nous donner la preuve d’un amour infini, tout en maintenant la parfaite justice de Dieu. Il a porté nos péchés ; il a été fait péché pour nous. Il a bu la coupe amère de la mort et du jugement que nos péchés avaient remplie. Il s’est donné lui-même pour nous ; il a été blessé pour nos transgressions ; il a été meurtri pour nos iniquités (Ésaïe 53:5). Cela n’était-il pas l’amour ? Là cependant le juste jugement de Dieu contre le péché a été pleinement maintenu, à tel point que la moindre trace de péché ne pouvait être supportée. Qu’est-ce qui pouvait mieux le montrer que la mort du Fils de Dieu, quand il fût fait péché pour nous ? N’a-t-il pu être épargné ? Comment alors qui que ce soit pourrait-il être épargné, s’il s’obstine à rejeter la grâce qui vient par Lui ? Était-il possible que cette coupe passât sans qu’il la bût ? Non. Pour qui donc passerait-elle si Lui ne l’avait pas bue ?

Voyez comme la notion que le Seigneur est mort seulement sous la main des méchants, détruit toute la gloire de la croix. Je lis dans la Parole que Christ s’est donné, s’est offert lui-même, c’est là que se montre la sainte perfection de son âme, comme on ne la voit d’aucune autre manière. Quel amour ! Quel dévouement ! Quel renoncement à lui-même pour la gloire du Père ! « Personne ne m’ôte la vie », dit-il, « mais moi je la laisse de moi-même » (Jean 10:18). « Le chef de ce monde vient, et il n’a rien en moi ; mais afin que le monde connaisse que j’aime le Père ; et selon que le Père m’a commandé, ainsi je fais » (Jean 14:30-31). Vous demanderez peut-être comment se livrer soi-même à une mort cruelle et à la colère, pouvait glorifier le Père ? C’est à cause de vos péchés ; eux, ils ont rendu la chose nécessaire. S’il fallait vous montrer l’amour, ce ne pouvait être que de cette manière. La sainteté de Dieu devait être maintenue — l’impossibilité de supporter le péché. Vous qui croyez par grâce, vous ne devez pas être ôtés de devant Lui, à cause de vos péchés et de votre souillure. Au lieu de cela, comme ils ne pouvaient être tolérés, ils ont été ôtés, afin que vous puissiez être en paix devant Lui et connaître ce Dieu d’amour. « Dieu constate son amour à lui envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous » (Romains 5:8).

Voyez comme la croix glorifie Dieu en toutes choses, si je la considère comme un sacrifice pour le péché : Christ, se livrant lui-même, afin que Dieu soit pleinement glorifié (Jean 13:31-32). Voyez quelle est la gloire de Christ lui-même en le faisant. Car, rappelez-vous que c’était une coupe amère, et cependant Christ ne fut jamais autant glorifié que là. Jamais sa Perfection glorieuse n’a autant brillé, en sorte que, bien que cela parût une dure tâche à Lui imposer, c’était réellement, quant à son œuvre, sa plus grande gloire, comme il dit : « Maintenant le fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en Lui » (Jean 13:31). Car c’était une chose glorieuse pour celui qui l’a accomplie, que Dieu fût, pour ainsi dire, le débiteur, pour sa propre gloire, de celui qui se donnait ainsi. De fait, c’était un conseil commun entre le Père et le Fils. La volonté de Dieu était qu’il vînt, et celle du Fils, de venir. « Voici, je viens, pour faire, ô Dieu, ta volonté » (Hébreux 10:7, 9).

Mais voyez comme il y fut glorifié, Dieu est-il juste dans le jugement contre le péché ? La croix l’a pleinement manifesté. Dieu est-il amour parfait pour le pauvre pécheur ? La croix l’a montré. La majesté de Dieu exigeait-elle que cette majesté fût maintenue contre la rébellion du péché ? La croix l’a fait ; cependant le pécheur est épargné. Dieu est-il vrai, et a-t-il dit que la mort suivrait le péché, tandis que le diable disait, comme il le fait encore, que cela n’aurait pas lieu ? Où trouve-t-on un témoignage plus évident de cette conséquence nécessaire du péché, que lorsque le saint Fils de Dieu mourut comme homme sur la croix ?

Et au moment même où l’homme faisait voir sa haine contre Dieu en mettant son Fils à mort, Dieu a montré son amour envers l’homme en donnant ce Fils pour ôter le péché manifesté en le mettant à mort. Où l’obéissance a-t-elle été montrée comme à la croix ? Il fut « obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix » (Philippiens 2:8). Où l’amour pour nous ? Où le désir de glorifier le Père ? Ainsi le Fils de l’homme fut glorifié, et Dieu le fut en Lui dans toutes les parties de sa nature : son amour, sa justice, sa vérité, sa majesté, tout a été mis en lumière.

Quelle en est la conséquence ? La puissance et la crainte de la mort sont passées pour le croyant. Elle n’est pour lui que l’entrée dans le paradis. Les péchés qu’il craignait, parce qu’ils conduisent au jugement, sont enlevés et effacés. Il sait que Dieu l’aime — l’aime à tel point qu’il n’a pas épargné son propre Fils pour le sauver (Romains 8:32) ; il sait que Dieu n’a rien à lui imputer, car Christ a tout porté. Dieu est fidèle et juste pour lui pardonner ses péchés (Psaume 32:5).

Et cependant le péché est-il une chose légère pour celui qui a cette paix parfaite avec le Dieu d’amour ? Non certes ; il a été la cause de la mort du Fils de Dieu (Romains 5:10-11). Il est vrai que le péché est condamné, que le croyant est justifié, et a la paix avec Dieu. Mais comment ? Par ce qui pour son âme fait du péché la chose la plus effrayante qui puisse être ; et unit étroitement son cœur à Jésus, qui a bien voulu souffrir ainsi pour l’ôter (1 Jean 3:16).

Que nous pensions à la gloire de Dieu, ou à la gloire de Christ, ou à l’effet pratique sur nos cœurs, c’est la croix de Christ qui est réellement efficace, comme étant un sacrifice réel pour le péché. Elle glorifie Dieu, honore infiniment Christ et apporte une bénédiction parfaite à l’homme ; elle lui dit qu’il est l’objet de l’amour infini de Dieu, tout en maintenant la justice dans son cœur. Jésus était Dieu manifesté en chair (1 Timothée 3:16) ; et, quant à sa personne, il est au suprême degré glorieux en dignité (Romains 9:5). Cela, il est vrai, lui permettait d’accomplir une telle œuvre ; mais, quant à son œuvre et à son service, il ne fut jamais plus glorieux qu’il ne le fut sur la croix.

Maintenant, remarquez aussi l’efficace bénie de la croix pour moi, pauvre pécheur. Il y avait contre moi le péché, la mort, le jugement, la juste colère de Dieu. Ma conscience me disait qu’il en était ainsi, et la parole de Dieu le déclarait pleinement. La puissance de Satan en faisait peser le fardeau sur mon âme ; tandis que ses tentations m’encourageaient à marcher dans ce qui conduisait au jugement. Et même la loi de Dieu n’a fait que rendre ma position plus mauvaise, si j’essayais de me placer sous elle ; car sa sainteté condamnait mes transgressions (Galates 3:10-14). Mais maintenant, pour celui qui croit, tout obstacle est ôté. Le péché n’est plus ; et la mort, cette chose terrible que j’attendais, a disparu aussi. Christ l’a changée en gain, je serai avec Christ (2 Corinthiens 5:8 ; Philippiens 1:23). Quant au jugement, Christ l’a porté ; quant à la colère, il n’y en a point pour moi, j’ai l’assurance d’un amour parfait (1 Jean 4:16-19). Christ, en me faisant participer à l’efficace de sa mort, m’a placé au delà de toutes ces choses dans la lumière, comme Dieu est dans la lumière ; car il m’a aimé et m’a lavé de mes péchés dans son sang, et m’a fait roi et sacrificateur pour son Dieu et Père. En ressuscitant, il m’a révélé cette nouvelle place dans laquelle il m’a amené (Colossiens 3:1-4), bien que, pour le moment, je ne l’aie que par la foi et par la participation à la vie, dans la puissance de laquelle il est ressuscité. Oui, cher lecteur, le croyant est sauvé, il a la vie éternelle, il est justifié.

Il y a un jugement (2 Thessaloniciens 1:7-10) ; (il sera terrible pour ceux qui ont méprisé la grâce et rejeté le Sauveur) ; mais pour ceux qui, comme pauvres pécheurs, se sont soumis à la justice de Dieu, croyant en son amour, Christ « apparaîtra une seconde fois, sans péché, à salut » (Hébreux 9:28). C’est-à-dire que la première fois il a tout à fait aboli pour eux le péché, sans qu’il en soit plus question, afin qu’ils aient la pleine possession du glorieux résultat de cette œuvre. Comme il l’a dit lui-même : « Je vais vous préparer une place. Et si je m’en vais, et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi ; afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi » (Jean 14:2-3).

Pesez ce passage cité de l’épître aux Hébreux. Christ « a été manifesté une fois en la consommation des siècles… pour l’abolition du péché par son sacrifice ». Et comme « il est réservé aux hommes de mourir une fois, — et après cela le jugement », — telle est la part naturelle du pécheur — « ainsi le Christ aussi, ayant été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs, apparaîtra une seconde fois sans péché, à salut à ceux qui l’attendent » (Hébreux 9:26-28). La première fois qu’il vint, il porta les péchés ; la seconde fois il viendra, n’ayant rien à faire avec le péché, pour le salut parfait de ceux qui l’attendent.

Lecteur, êtes-vous disposé à renoncer à tout cela pour accepter la notion qu’il a été victime d’hommes égoïstes, qui l’ont fait périr de mort violente ? Ne s’est-il pas offert en sacrifice pour ôter le péché ? L’Éternel ne l’a-t-il pas meurtri ? Ne s’est-il pas écrié : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Matthieu 27:46). Votre âme ne sent-elle pas le besoin que le péché soit ôté ? L’amour de Dieu n’est-il pas manifesté de la manière dont vous en avez besoin, par le fait que Christ a été offert ainsi ? (1 Jean 4:9-10). N’a-t-il pas glorifié Dieu par cette œuvre ? N’a-t-il pas été glorifié en elle et par elle, tout amère que fût cette coupe ? N’est-ce pas la paix, de savoir qu’il a fait cela et que, par ce moyen, il a aboli le péché pour nous ? La Parole ne nous présente-t-elle pas ces choses ainsi ? (Romains 4:23 à 5:2).

Même si je pense à la manière dont le bien et le mal ont été mis en lumière par elle, il n’y a rien de semblable à la croix. Toute question morale est amenée à ce centre glorieux de la croix, et de là découle sur chaque pauvre cœur croyant la preuve que le mal a été rencontré et ôté, et que le bien a triomphé. Où la mort a-t-elle été montrée dans sa terrible puissance comme à la croix ? Où le péché a-t-il été mieux révélé dans son affreux caractère et tous ses épouvantables effets ? Où vois-je la haine de l’homme contre la bonté elle-même, et le Fils de Dieu portant les péchés devant Dieu ? Et de plus, où est-ce que la vie éternelle a été obtenue pour nous telle que la mort ne peut jamais y toucher ? Où la bonté et l’amour ont-ils été déployés comme à la croix ? Où la justice et l’obéissance ont-elles été accomplies malgré tout ? Où est-ce que le péché a été amené plus immédiatement sous l’œil de Dieu et puni ? Mais encore, où voit-on avec plus d’évidence que le péché a été ôté et que Dieu a trouvé son parfait délice dans l’obéissance absolue ? Où vit-on l’abaissement dans la faiblesse sous la mort comme le montra Celui dont l’âme se fondait comme de la cire au dedans de ses entrailles ? Où la force divine pouvait-elle s’amasser davantage que sur la tête de Celui qui but la coupe amère, force qui le conduisit à travers tout ce qui affaiblit : la mort, la haine de l’homme, la puissance de Satan et la colère de Dieu ? Tout cela nous est raconté dans l’Écriture. « Il a été crucifié en infirmité » (2 Corinthiens 13:4). « C’est ici votre heure, et le pouvoir des ténèbres », disait-il (Luc 22:53). « Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort » (Matthieu 26:38). « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Matthieu 27:46).

En un mot, si je désire savoir ce qu’est le péché, la justice, la haine sans cause, un amour sans bornes, le jugement et la condamnation du péché, la délivrance et la paix, la colère divine contre le mal, la parfaite faveur de Dieu et ses délices dans ce qui l’a infiniment glorifié, il me faut regarder à la croix. La faiblesse et la mort, bien qu’il les ait subies volontairement, c’est là qu’on les trouve. La force, la force divine, qui a rencontré et ôté le mal, je les y trouve ; la paix et la colère s’y trouvent aussi. C’est là que le monde s’élève, sous le pouvoir de Satan, pour se débarrasser définitivement d’un Dieu d’amour ; c’est là que Dieu, par cet acte même, délivre le monde et fait la paix par le sang de son Fils. Comme il est dit : « Afin que, par la mort, il rendît impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable ; et qu’il délivrât tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient, pendant toute leur vie, assujettis à la servitude » (Hébreux 2:14-15). Le bien et le mal, dans toute leur étendue et sous toutes leurs formes, se sont rencontrés là pour le triomphe de l’amour, souffrant une fois pour toutes le mal, afin que le bien pût avoir toute sa puissance.

Si vous demandez : Pourquoi donc sommes-nous encore dans un tel monde ? L’Écriture vous en donne la raison. Elle nous dit que Dieu amène encore des âmes pour profiter de sa grâce et en jouir. C’est un monde de misère, de douleur et d’oppression. Si Dieu intervenait pour le changer, il devrait agir en jugement et clore le temps de la grâce ; mais il ne le fait pas pendant qu’il y a encore des oreilles pour entendre. C’est pourquoi, dans l’intervalle, il permet que le mal qu’il jugera continue. Et, quoique nous puissions avoir à souffrir encore un peu de temps dans le monde, nous devons en ce sens nous réjouir de ce que le mal soit encore toléré, parce que c’est encore un temps de grâce accordé à d’autres.

Enfin, cher lecteur, vous pouvez ne pas être capable, dans la paix de l’âme, de contempler toute la gloire de la croix. Vous avez encore devant vous une part bénie ; mais souvenez-vous que la croix vous est présentée, à vous, tel que vous êtes, pour répondre à vos besoins selon toute la grâce qu’elle manifeste à l’égard d’un pauvre pécheur. Elle répond à votre état en remédiant à tous vos péchés, tout en glorifiant infiniment Dieu. Un Sauveur mourant sur la croix pour les êtres les plus vils répond aux besoins des plus vils, en portant leurs fardeaux ; il vient demeurer en grâce dans nos cœurs.

Si nos péchés sont un fardeau pour nous, nous pouvons voir Christ les portant, afin que nous soyons libres et que nous ayons la paix. « Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jean 3:16). « Quiconque croit est justifié par lui » (Actes 13:39). « Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige » (Ésaïe 1:18). Si vous êtes travaillés et chargés, venez à Lui qui est venu en amour pour vous donner du repos et qui est mort en amour pour vous (Matthieu 11:28-30).