ÉTUDES SUR LA PAROLE DE DIEU :

ÉPÎTRES de JACQUES à JUDE

par J.N. Darby


Tables des matières :

1 - ÉPÎTRE de JACQUES

1.1 - Chapitre 1

1.2 - Chapitre 2

1.3 - Chapitre 3

1.4 - Chapitre 4

1.5 - Chapitre 5

2 - PREMIÈRE ÉPÎTRE de PIERRE

2.1 - Chapitre 1

2.2 - Chapitre 2

2.3 - Chapitre 3

2.4 - Chapitre 4

2.5 - Chapitre 5

3 - DEUXIÈME ÉPÎTRE de PIERRE

3.1 - Chapitre 1

3.2 - Chapitre 2

3.3 - Chapitre 3

4 - PREMIÈRE ÉPÎTRE de JEAN

4.1 - Chapitre 1

4.2 - Chapitre 2

4.3 - Chapitre 3

4.4 - Chapitre 4

4.5 - Chapitre 5

5 - DEUXIÈME ÉPÎTRE de JEAN

6 - TROISIÈME ÉPÎTRE de JEAN

7 - ÉPÎTRE de JUDE


1 - ÉPÎTRE de JACQUES

1.1 - Chapitre 1

L’épître de Jacques ne s’adresse pas à l’Assemblée et ne se revêt pas de l’autorité apostolique à l’égard de ceux auxquels elle est envoyée. Elle est une exhortation pratique qui reconnaît encore les douze tribus et la relation des chrétiens juifs avec elles, de même que Jonas s’adressait aux gentils, quoique le peuple juif eût sa place devant Dieu. Ainsi l’Esprit de Dieu reconnaît encore ici la relation de Dieu avec Israël (comme dans le cas de Jonas, il reconnaît des relations avec les gentils), et les droits de Dieu qui sont inaltérables, quels que soient, d’ailleurs, les privilèges spéciaux accordés à l’Assemblée ou à Israël respectivement. On sait que, historiquement, les chrétiens juifs sont restés Juifs jusqu’à la fin de l’histoire du Nouveau Testament. Ils étaient même zélés pour la loi : chose étrange pour nous, mais que Dieu a supportée pour un temps !

La doctrine du christianisme n’est pas le sujet de cette épître. Elle donne à Dieu sa place dans la conscience, et à l’égard de tout ce qui nous entoure. Elle ceint ainsi les reins du chrétien, en plaçant aussi devant lui la prochaine venue du Seigneur et la discipline qu’il exerce actuellement — discipline à l’égard de laquelle l’Assemblée de Dieu devait avoir de l’intelligence et une activité fondée sur elle. Le monde aussi, et tout ce qui dans ce monde élève et donne de l’apparence, est jugé au point de vue de Dieu.

Quelques remarques sur la position des chrétiens, c’est-à-dire sur la manière dont cette position est envisagée par rapport à Israël, nous aideront à comprendre cette portion de la Parole.

Israël est encore envisagé comme le peuple de Dieu. La nation a, pour la foi de Jacques, la relation que Dieu lui avait donnée avec Lui-même. Jacques s’adresse aux chrétiens en les considérant comme faisant encore partie d’un peuple dont les liens avec — Dieu n’étaient pas jusqu’alors judiciairement rompus ; mais c’étaient seulement les chrétiens parmi eux qui avaient la foi au vrai Messie que donnait l’Esprit. Eux seuls parmi le peuple, avec l’apôtre, reconnaissaient Jésus comme le Seigneur de gloire. À part les versets 14 et 15 du chapitre 5, l’épître ne contient aucune exhortation qui, comme hauteur spirituelle, dépasse ce qui pouvait être dit à un Juif pieux. Elle suppose, il est vrai, que les personnes auxquelles elle s’adresse, ont la foi au Seigneur Jésus ; mais elle ne les appelle pas à ce qui est exclusivement propre au christianisme et dépend de ses privilèges. Les exhortations découlent de cette source la plus élevée et respirent l’atmosphère la plus céleste ; mais l’effet qu’elles ont pour but de produire, consiste en preuves réelles de la religion ici-bas. Les exhortations sont telles qu’on pourrait encore les entendre dans l’église professante, vaste corps semblable à Israël, au milieu duquel existent quelques chrétiens.

L’épître ne se base pas sur les relations chrétiennes ici-bas. Elle les reconnaît, mais seulement comme un fait particulier au milieu d’autres qui ont des droits sur la conscience de celui qui écrit. Elle suppose que ceux auxquels il s’adresse, sont dans une relation connue avec Dieu, qu’on ne met pas en doute, qui est d’ancienne date, au milieu de laquelle le christianisme a été introduit.

Il est important de remarquer la mesure morale de vie que cette épître présente. Du moment que nous saisissons la position dans laquelle elle envisage les croyants, le discernement de la vérité sur ce point n’est pas difficile. C’est la même mesure morale de vie que Christ présentait lorsqu’il marchait au milieu d’Israël, plaçant devant ses disciples la lumière et les relations avec Dieu, qui résultaient pour eux de sa présence. Sans doute, il était maintenant absent ; mais cette lumière et ces relations sont maintenues comme mesure de responsabilité ; et c’est ce que le retour du Seigneur devait faire valoir en jugement, contre ceux qui refusaient d’accepter de marcher selon cette lumière et ces relations. Jusqu’à ce jour-là, les fidèles devaient avoir patience au milieu de l’oppression dont ils souffraient de la part des Juifs qui blasphémaient encore le saint nom invoqué sur eux.

C’est l’inverse de l’épître aux Hébreux, à l’égard de la relation des croyants avec le peuple juif ; non pas moralement, mais à cause de la proximité du jugement à l’époque où l’épître aux Hébreux a été écrite.

Les principes fondamentaux de la position dont nous venons de parler, sont ceux-ci : la loi dans sa spiritualité et dans sa perfection, telle que Christ l’a exposée et résumée ; une vie communiquée, qui a les principes moraux de la loi, une vie divine ; la révélation du nom du Père. Tout cela était vrai quand le Seigneur était sur la terre, et c’était le terrain sur lequel il avait placé ses disciples, quelque pauvre qu’ait été l’intelligence qu’ils en avaient. Il leur avait dit qu’ils devaient, après sa mort, en être les témoins, comme de tout ce qu’il avait dit, distinguant ce témoignage de celui du Saint Esprit.

Voilà ce que Jacques enseigne ici, en y ajoutant encore la promesse du Seigneur à l’égard de son retour. C’est la doctrine de Christ à l’égard de la marche au milieu d’Israël, selon la lumière et les vérités qu’il avait introduites ; et, puisqu’il était encore absent, une exhortation à la persévérance et à la patience dans cette marche, en attendant le moment où il ferait valoir, par le jugement de ceux qui opprimaient les fidèles, les principes d’après lesquels ceux-ci marchaient.

Bien que le jugement exécuté contre Jérusalem ait changé sous ce rapport la position du résidu d’Israël, la vie de Christ reste toujours notre modèle, et nous avons à attendre avec patience que le Seigneur vienne.

L’épître ne touche pas à l’association du chrétien avec le Christ élevé en haut, ni, par conséquent, à la pensée que nous irons à sa rencontre en l’air, comme Paul l’a enseigné. Mais ce qu’elle renferme reste toujours vrai ; et celui qui dit qu’il demeure en Lui (Christ), doit marcher comme Lui a marché.

Le jugement qui allait arriver, fait comprendre la manière dont Jacques parle du monde, des riches qui se réjouissaient de leur portion dans le monde, et de la position du résidu croyant, opprimé et souffrant au milieu du peuple incrédule ; nous comprenons pourquoi il commence par le sujet des tribulations et en parle si souvent, pourquoi aussi il insiste sur les preuves pratiques de la foi. Il voit encore tout Israël ensemble ; mais quelques-uns avaient reçu la foi au Seigneur de gloire, et ils étaient tentés d’estimer haut les grands et les riches en Israël. Tous cependant étant encore Juifs, on comprend aisément que tandis que quelques-uns croyaient vraiment et confessaient que Jésus était le Christ, cependant puisque ces chrétiens suivaient les ordonnances juives, de simples professants pouvaient en faire autant, sans qu’il y eût en eux le moindre changement vital démontré par leurs oeuvres. Il est évident qu’une pareille foi est sans aucune valeur quelconque. C’est précisément la foi de ceux qui prônent les oeuvres aujourd’hui : une profession morte de la vérité du christianisme. Etre engendré par la Parole de la vérité leur est une chose aussi étrangère et étrange, qu’elle l’était pour les Juifs dont Jacques parle.

Les croyants étant ainsi placés au milieu d’Israël avec quelques-uns qui n’étaient que de simples professants, on comprend facilement comment l’apôtre s’adresse à la masse du peuple comme étant ceux qui pouvaient avoir part aux privilèges qui existaient au milieu d’eux ; comment il s’adresse aux chrétiens comme ayant une place spéciale à eux, et comment il avertit en même temps ceux qui professaient de croire en Christ. L’application pratique de l’épître à tous les temps, et, en particulier, à ceux où un corps nombreux prétend avoir droit aux privilèges du peuple de Dieu par héritage, est des plus faciles et d’une clarté parfaite. Du reste, l’épître a une force toute particulière pour toute conscience individuelle ; elle juge la position où l’on se trouve, les pensées et les intentions du coeur.

L’épître commence donc par une exhortation à se réjouir dans les épreuves, celles-ci étant un moyen de produire la patience. En somme, ce sujet des épreuves est poursuivi jusqu’à la fin du verset 20 du chapitre 1, où la pensée se tourne vers la nécessité de mettre une bride à ce qui s’oppose à la patience, et vers le vrai caractère d’une âme qui se tient dans la présence de Dieu. Cette exhortation comme ensemble, se termine avec le chapitre. La liaison des raisonnements de l’apôtre n’est pas toujours facile à reconnaître ; on en trouve la clef dans l’état moral dont il s’occupe, et je tâcherai de la rendre aussi sensible que possible.

Le sujet en général est celui-ci : nous devons marcher devant Dieu pour montrer la réalité de notre profession, en contraste avec l’union avec le monde ; c’est la religion pratique. La patience doit donc avoir son oeuvre parfaite ; ainsi la volonté propre est subjuguée et la volonté de Dieu tout entière est acceptée ; par conséquent, rien ne manque à la vie pratique de l’âme, Le croyant peut souffrir, mais il s’attend patiemment au Seigneur. C’est ce que Christ a fait ; c’était sa perfection. Il attendait la volonté de Dieu et ne faisait jamais la sienne ; ainsi l’obéissance était parfaite, l’homme parfaitement mis à l’épreuve. Or, de fait, nous manquons souvent de sagesse pour connaître ce que nous devrions faire. Ici, dit l’apôtre, la ressource est claire ; nous avons à demander la sagesse à Dieu. Il donne à tous libéralement ; seulement nous devons compter sur sa fidélité et sur une réponse à nos prières, sinon le coeur est double, la dépendance est ailleurs qu’en Dieu, nos désirs ont un autre objet que Lui. Si nous cherchons uniquement ce que Dieu veut et ce que Dieu fait, nous dépendons de Lui avec un coeur assuré pour l’accomplir, et quant aux circonstances de ce monde, qui pourraient faire croire qu’il est inutile de dépendre de Dieu, « elles disparaissent comme la fleur des champs ». Nous devrions avoir la conscience que notre place, selon Dieu, n’est pas celle qui est de ce monde. Celui qui est de basse condition doit se réjouir de ce que le christianisme l’élève, le riche de ce qu’il est abaissé. Ce n’est pas dans les richesses que nous avons à nous réjouir : elles s’en vont ; mais c’est dans ces exercices de coeur dont l’apôtre parle, car après que nous aurons été éprouvés, nous recevrons la couronne de vie.

La vie de celui qui est éprouvé et chez lequel cette vie se développe dans l’obéissance à toute la volonté de Dieu, vaut bien celle d’un homme qui se laisse aller à tous les désirs de son coeur dans l’abondance.

Or, quant à ces tentations-là, dans lesquelles les convoitises du coeur font tomber les hommes, il ne faut pas dire qu’elles viennent de Dieu. C’est le coeur de l’homme qui est la source de ces convoitises qui, par le péché, conduisent à la mort. Que personne ne se trompe sur ce point. Ce qui tente le coeur intérieurement vient du propre fond de l’homme. Les dons parfaits et bons viennent tous de Dieu, et Dieu ne change jamais, il ne fait que ce qui est bon. En conséquence, il nous a donné une nouvelle nature, fruit de sa propre volonté opérant en nous par la parole de la vérité, afin que nous soyons une sorte de prémices de ses créatures. (Verset 18.) Ce qui est ténèbres ne vient pas du Père des lumières.

Par la Parole de la vérité, il nous a engendrés pour être les premiers et les plus excellents témoins de cette puissance de bien qui éclatera plus tard dans la nouvelle création dont nous sommes les prémices. C’est l’opposé d’être la source des désirs corrompus.

La Parole de la vérité est la bonne semence de la vie ; la volonté propre, le berceau de nos convoitises. L’énergie de cette volonté ne saurait produire les fruits de la nature divine, ni la colère de l’homme accomplir la justice de Dieu. Par conséquent, nous sommes appelés à être dociles, prompts à écouter, lents à parler, lents à la colère, à rejeter toute souillure de la chair, toute énergie d’iniquité, et à recevoir avec douceur la Parole, — Parole qui, tout en étant celle de Dieu, s’identifie avec la nouvelle nature qui est en nous (elle est plantée en nous), tout en la formant et en la développant d’après sa propre perfection, parce que cette nature elle-même tire son origine de Dieu par la Parole.

Cette Parole de la vérité n’est pas comme une loi qui est en dehors de nous, et qui, étant en opposition avec notre nature pécheresse, nous condamne. Elle sauve l’âme ; elle est vivante et vivifiante, et elle opère d’une manière vivante dans une nature qui en découle et qu’elle forme et éclaire.

Mais il est nécessaire de mettre en pratique la Parole ; il faut qu’on n’entende pas seulement cette Parole des oreilles, mais qu’elle produise les fruits pratiques qui sont la preuve qu’elle opère réellement et vitalement dans le coeur. Autrement elle n’est qu’un miroir où l’on se voit peut-être pour un moment ; puis on oublie ce qu’on a vu. Celui qui regarde dans la loi parfaite, qui est celle de la liberté, et qui y persévère en faisant l’oeuvre qu’elle présente, sera béni dans l’activité réelle et obéissante qui se déploie en lui.

Cette loi est parfaite, car la parole de Dieu, tout ce que l’Esprit de Dieu a exprimé, est l’expression de la nature et du caractère de Dieu, de ce qu’il est et de ce qu’il veut, car, lorsqu’il est pleinement révélé (et jusqu’alors l’homme ne peut pleinement le connaître), il veut ce qu’il est et cela nécessairement.

Cette loi est la loi de la liberté, parce que la même Parole, qui révèle ce que Dieu est et ce qu’il veut, nous a rendus participants, par la grâce, de la nature divine ; de sorte que ne pas marcher selon cette Parole, serait ne pas marcher selon notre propre nouvelle nature. Or, marcher selon notre propre nouvelle nature — et elle est la nature de Dieu — et être guidés par sa Parole, c’est la vraie liberté.

La loi donnée en Sinaï écrite non sur le coeur, mais en dehors de l’homme, exprimait ce que la conduite et le coeur doivent être selon la volonté de Dieu. Elle réprime et condamne tous les mouvements de l’homme naturel, et ne peut lui permettre d’avoir une volonté, car il doit faire la volonté de Dieu. Or il a une autre volonté et par conséquent la loi est pour lui une servitude, une loi de condamnation et de mort. Or, Dieu nous ayant engendrés par la Parole de la vérité, la nature que nous avons, en tant qu’ainsi nés de Dieu, a des goûts et des désirs conformes à cette Parole : elle est de cette Parole même. La Parole dans sa propre perfection développe cette nature, la forme, l’éclaire, comme nous l’avons dit ; mais la nature même a sa liberté en suivant ce que cette Parole dit. Il en a été ainsi de Christ : si l’on avait pu lui ôter sa liberté, ce qui spirituellement était impossible, ç’aurait été en l’empêchant de faire la volonté de Dieu son Père.

Il en est de même du nouvel homme en nous (ce nouvel homme est Christ, comme vie en nous), qui est créé en nous, selon Dieu, en justice et en vraie sainteté, produites en nous par la Parole qui est la parfaite révélation de Dieu, de l’ensemble de la nature divine dans l’homme : ce dont Christ, la Parole vivante, l’image du Dieu invisible, est la manifestation et le modèle. La liberté du nouvel homme est la liberté de faire la volonté de Dieu, d’imiter Dieu dans son caractère comme étant son cher enfant, selon que ce caractère a été présenté en Christ. La loi de la liberté est ce caractère, comme il est révélé dans la Parole ; et la nouvelle nature trouve sa joie et sa satisfaction dans ce caractère de Dieu révélé en Christ, comme elle tire son existence de la Parole qui le révèle et du Dieu qui y est révélé.

Telle est « la loi de la liberté » (verset 25), le caractère de Dieu lui-même en nous, formé par l’opération d’une nature engendrée par la Parole qui le révèle, et se moulant sur cette Parole même.

Le premier et le plus sûr indice qui trahit l’homme intérieur, c’est la langue. Un homme qui a l’air d’être en relation avec Dieu et de l’honorer, et qui ne sait pas brider sa langue, se trompe lui-même, et sa religion est vaine.

La religion pure devant Dieu le Père, c’est d’avoir de la sollicitude pour ceux qui, atteints par les gages du péché dans les plus tendres liens du coeur, sont privés de leurs appuis naturels ; et de se garder pur des souillures du monde. (Verset 27.) Au lieu de faire des efforts pour s’élever et pour se faire valoir dans un monde de vanité, loin de Dieu, les activités se tournent, comme Dieu le fait, vers les malheureux qui, dans leur affliction, ont besoin de secours ; et l’on se garde soi-même d’un monde où tout souille, où tout est contraire à la nouvelle nature qui est notre vie, et au caractère de Dieu comme nous le connaissons par la Parole.


1.2 - Chapitre 2

L’apôtre entre maintenant dans ce qui concerne ceux qui faisaient profession de croire que Jésus était le Christ, le Seigneur. Auparavant, au chapitre 1, il avait parlé de la nouvelle nature en rapport avec Dieu, ici la profession de la foi en Christ est placée en présence de la même pierre de touche, — la réalité des fruits produits par elle, en contraste avec ce monde. Tous ces principes, la valeur du nom de Jésus, l’essence de la loi comme Christ l’a présentée, et la loi de la liberté, sont mis en avant pour juger de la réalité de la foi professée, ou pour convaincre le professant qu’il ne la possédait pas. Deux choses sont réprouvées : d’abord d’avoir égard à l’apparence des personnes, et ensuite l’absence des bonnes oeuvres qui doivent être la preuve de la sincérité de la profession.

En premier lieu donc, l’apôtre blâme les égards pour l’apparence des personnes. On professe qu’on a la foi au Seigneur Jésus, et l’on est animé de l’esprit du monde ! L’apôtre répond : Dieu a choisi les pauvres, en les rendant riches en foi et héritiers du royaume. Les professants les avaient méprisés : ces riches blasphémaient le nom de Christ et persécutaient les chrétiens.

En second lieu, Jacques en appelle au sommaire pratique de la loi dont Jésus avait parlé, à la loi royale. On violait la loi elle-même, en favorisant les riches ; or, la loi n’admet aucune infraction quelconque à ses commandements, parce qu’il y va de l’autorité du législateur. En méprisant les pauvres, certes, on n’aime pas son prochain comme soi-même.

En troisième lieu, on doit marcher comme ceux dont la responsabilité est mesurée par la loi de la liberté, comme ceux qui, possédant une nature qui goûte et aime ce qui est de Dieu, sont affranchis de tout ce qui lui est contraire, en sorte qu’ils ne peuvent pas s’excuser s’ils admettent des principes qui ne sont pas ceux de Dieu lui-même. Cette introduction de la nature divine conduit l’apôtre à parler de la miséricorde dans laquelle Dieu lui-même se glorifie. L’homme qui ne montre point de miséricorde, se trouvera l’objet du jugement qu’il a aimé.

La seconde partie du chapitre se rattache à cette pensée, car l’apôtre commence son discours sur les oeuvres, comme preuves de la foi, en parlant de cette miséricorde qui répond à la nature et au caractère de Dieu, desquels le vrai chrétien, comme né de Dieu, a été rendu participant. La profession d’avoir la foi, sans cette vie dont l’existence est prouvée par les oeuvres, ne peut profiter à personne. C’est assez clair. Je dis : la profession d’avoir la foi, parce que l’épître le dit : « Si quelqu’un dit qu’il a la foi » (verset 14). Là est la clef de cette partie de l’épître. Il dit qu’il a la foi ; où en est la preuve ? Elle est « dans les oeuvres ». Et c’est de cette manière que l’apôtre use de celles-ci. Un homme dit qu’il a la foi. Mais la foi n’est pas une chose que nous puissions voir. C’est pourquoi nous disons avec raison : Montre-moi ta foi. C’est l’évidence de la foi qui est demandée pour l’homme ; ce n’est que par ses fruits que nous pouvons la rendre évidente aux hommes ; car la foi elle-même ne se voit pas. Mais si je produis ces fruits, il faut bien que la racine soit là, autrement les fruits n’y seraient pas. Ainsi la foi ne se montre pas elle-même aux autres et ne peut être reconnue des hommes sans les oeuvres, mais les oeuvres, fruits de la foi, en démontrent l’existence.

Ce qui suit fait voir que l’apôtre parle de la profession d’une doctrine, vraie peut-être en elle-même, de certaines vérités que l’on confesse ; car c’est une foi réelle qui est considérée — une certitude de connaissance et de conviction qu’ont les démons en l’unité de Dieu. Ils ne doutent pas de celle-ci ; mais il n’y a aucun lien entre leur coeur et Dieu par le moyen d’une nouvelle nature ; il s’en faut bien !

Mais l’apôtre confirme cela par le cas des hommes chez qui l’opposition avec la nature divine n’est pas aussi apparente. La foi, cette foi qui reconnaît la vérité à l’égard du Christ, est morte sans les oeuvres, c’est-à-dire qu’une foi qui est telle qu’elle ne produit point de fruits, est morte.

On voit (verset 16) que la foi dont l’apôtre parle, est une profession dépourvue de réalité ; le verset 19 montre que cette foi peut être une certitude, sans feinte, que la chose que l’on croit est vraie ; mais la vie engendrée par la Parole, de sorte qu’une relation soit formée entre l’âme et Dieu, manque entièrement. Parce que cette vie vient de la Parole, c’est la foi : étant engendrés de Dieu, nous avons une vie nouvelle. Cette vie opère, c’est-à-dire la foi opère selon la relation avec Dieu, dans des oeuvres qui découlent naturellement d’elle, et qui rendent témoignage à la foi qui les a produites.

Du verset 20 jusqu’à la fin du chapitre, l’apôtre présente de nouvelles preuves de sa thèse, fondées sur le dernier principe que je viens d’énoncer. Or, ces preuves n’ont rien du tout à faire avec les fruits d’une nature aimable (car il y en a de tels qui nous appartiennent comme créatures), mais ne venant pas d’une vie qui a pour source la parole de Dieu, par laquelle il nous a engendrés. Les fruits dont l’apôtre parle, rendent témoignage par leur caractère même à la foi qui les a produits. Abraham a offert son fils, Rahab a reçu les messagers d’Israël, en s’associant au peuple de Dieu quand tout était opposé à celui-ci, et en se séparant elle-même de son propre peuple par la foi. Tout sacrifier pour Dieu, tout abandonner pour son peuple, avant qu’il eût remporté une seule victoire, et alors que le monde était entier dans sa force, tels sont les fruits de la foi.

L’un s’en est rapporté à Dieu, et l’a cru de la manière la plus absolue, contre tout ce qui est dans la nature ou ce sur quoi la nature peut compter ; l’autre reconnut le peuple de Dieu lorsque tout était contre lui : mais ni une chose, ni l’autre, n’était le fruit d’une nature aimable, ni d’un sentiment naturel du bien, comme ce que les hommes appellent de bonnes oeuvres. L’un était un père allant mettre à mort son fils, l’autre était une mauvaise femme trahissant son pays. Certainement les Écritures sont accomplies, qui disent qu’Abraham a cru Dieu. Comment aurait-il pu agir comme il l’a fait, s’il n’avait pas cru Dieu ? Les oeuvres ont mis le sceau sur sa foi : et la foi sans les oeuvres est comme le corps sans l’âme, une forme extérieure privée de la vie qui l’anime. La foi agit dans les oeuvres — car sans elle les oeuvres sont une nullité ; elles ne sont pas celles de la nouvelle vie — et les oeuvres complètent la foi qui agit en elles, car malgré l’épreuve, et dans l’épreuve, la foi est en activité. Les oeuvres de loi n’y ont aucune part ; la loi extérieure qui exige, n’est pas une vie qui produit (en dehors de cette nature divine) ces dispositions saintes et aimantes qui, ayant Dieu et son peuple pour objet, estiment que rien d’autre n’a de valeur.

On remarquera que Jacques ne dit jamais que les oeuvres nous justifient devant Dieu, car Dieu peut voir la foi sans ses oeuvres. Quand la vie est là, Dieu le sait. Elle s’exerce à son égard, envers Lui, dans la confiance en sa Parole et en Lui-même, en recevant son témoignage à travers tout, malgré tout, au dedans et au dehors. Voilà la foi que Dieu voit et connaît. Mais dès qu’il s’agit de l’homme, dès qu’il faut dire « montre-moi », alors la foi, la vie, se montrent dans les oeuvres.


1.3 - Chapitre 3

Dans ce chapitre, l’apôtre revient sur la langue, l’indice qui révèle le plus vite l’état du coeur, et qui montre si le nouvel homme agit, si la nature et la volonté propre sont bridées. Mais il n’y a presque rien dans ce chapitre qui exige de remarque particulière, quoiqu’il s’y trouve beaucoup de choses qui demandent une oreille attentive. Si la vie divine est dans une âme, la connaissance ne se montrera pas dans des paroles, mais dans la marche et par des oeuvres où la douceur de la vraie sagesse se fera voir. L’amertume et les querelles ne sont pas les fruits d’une sagesse qui vient d’en haut, mais sont des fruits terrestres, de la nature de l’homme et de l’ennemi.

La sagesse qui vient d’en haut, ayant sa place dans la vie, dans le coeur, est caractérisée par trois choses. Premièrement elle est pure, car le coeur est en communion avec Dieu, elle s’entretient avec Dieu ; par conséquent, cette pureté se trouve nécessairement là. Ensuite, elle est paisible, douce, prête à céder à la volonté d’autrui, et enfin pleine de bonnes oeuvres et mue par un principe qui tire son origine et ses motifs d’en haut. Elle fait le bien sans partialité, c’est-à-dire que son action n’est pas guidée par les circonstances qui influencent la chair et les passions des hommes. Par la même raison, elle est sincère et sans feinte. La pureté, l’absence de volonté et du moi, l’activité dans le bien, tels sont les caractères de la sagesse céleste.

Les directions pour brider la langue comme premier mouvement et expression de la volonté de l’homme naturel, s’étendent aux croyants. Il ne doit pas y avoir, comme c’est la disposition intérieure de l’homme, beaucoup de docteurs. Nous manquons tous, et enseigner les autres et manquer soi-même, ne fait qu’augmenter notre condamnation ; car la vanité peut se nourrir facilement en enseignant les autres, ce qui est bien différent d’une vie rendue active par la puissance de la vérité. L’Esprit Saint distribue ses dons comme il lui plaît. L’apôtre a en vue ici la disposition dans celui qui enseigne, non le don qu’il a pu recevoir pour enseigner.


1.4 - Chapitre 4

Dans tout ce qui suit, nous avons encore le jugement de la nature non bridée, de la volonté sous ses diverses formes : les conflits qui viennent des convoitises du coeur naturel, les requêtes adressées à Dieu, provenant de la même source, et les désirs de la chair et de l’esprit qui se développent et trouvent leur sphère dans l’amitié du monde, qui est ainsi inimitié contre Dieu. La nature de l’homme convoite avec envie, elle est remplie d’envie à l’égard des autres. Mais Dieu donne plus de grâce (verset 6). Il y a une force qui agit contre cette nature, si l’on est content d’être petit et humble, de n’être rien dans le monde. La grâce et la faveur de Dieu sont avec ceux qui sont tels, car il résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles. Là-dessus Jacques développe l’action d’une âme dirigée par l’Esprit de Dieu, au milieu de la multitude incrédule et égoïste à laquelle elle était associée (versets 7 à 10), car il suppose que les croyants auxquels il s’adresse sont encore en relation avec la loi. En disant du mal de son frère, auquel la loi donnait une place devant Dieu, on disait du mal de la loi (*), d’après laquelle ce frère avait une si grande valeur. Le jugement appartenait à Dieu, qui avait donné la loi et qui saurait revendiquer son autorité, aussi bien qu’accorder la délivrance et le salut.

(*) Comparez avec 1 Thess. 4:8, où l’Esprit prend la place de la loi

La même volonté propre et l’oubli de Dieu sont blâmés ; la fausse confiance découlant de ce qu’on comptait sur sa propre capacité pour faire ce que l’on voulait, l’absence de dépendance de Dieu sont mises dans leur vrai jour (versets 13 à 16). Le dernier verset est une conclusion générale, fondée sur le principe indiqué déjà au chapitre 3, verset 1, et sur ce qui est dit à l’égard de la foi. La connaissance du bien, sans la pratique de ce bien, fait que l’absence même de l’oeuvre qu’on aurait pu faire, est un péché positif. L’action du nouvel homme est absente ; celle du vieil homme est là, car on a le bien devant les yeux, on sait ce que l’on devrait faire et l’on ne désire pas le faire ; il n’y a aucune disposition à l’accomplir, on ne veut pas le faire.


1.5 - Chapitre 5

Les deux classes en Israël sont nettement dessinées ici, en contraste l’une avec l’autre ; après quoi l’apôtre parle de la marche que doit suivre le chrétien, lorsqu’il est châtié par le Seigneur.

La venue du Seigneur est présentée comme le terme de leur situation, pour les riches oppresseurs incrédules en Israël, aussi bien que pour le pauvre résidu croyant. Les riches ont amassé des trésors pour les derniers jours ; les pauvres opprimés par ceux-là doivent avoir patience jusqu’à ce que le Seigneur lui-même vienne les délivrer. De plus, dit l’apôtre la délivrance ne tardera pas. Le laboureur attend la pluie et le temps de la récolte ; le chrétien, l’arrivée de son Maître. Cette patience, nous l’avons déjà fait remarquer, caractérise la marche de la foi : on l’a vue dans les prophètes ; et, dans le cas d’autres, nous tenons pour heureux ceux qui endurent des afflictions pour le nom du Seigneur. Job nous instruit des voies du Seigneur ; il a dû avoir de la patience : mais la fin du Seigneur fut envers lui bénédiction et tendre compassion.

Cette attente de la venue du Seigneur est un avertissement solennel, et, en même temps, l’encouragement le plus puissant, mais qui maintient le vrai caractère de la vie pratique chrétienne. Elle montre aussi où aboutira l’égoïsme de la volonté propre, et elle bride tout mouvement de cette volonté chez les croyants. Les sentiments des frères les uns envers les autres sont placés sous la sauvegarde de cette même vérité. On ne doit pas avoir un esprit de mécontentement et de murmure contre les autres, plus favorisés peut-être par les circonstances extérieures dans lesquelles ils se trouvent placés : le Juge se tient devant la porte.

Les serments montrent encore davantage l’oubli de Dieu et, par conséquent, l’action de la volonté propre de la nature. Le oui doit être oui, le non, non. L’action de la nature divine dans la conscience de la présence de Dieu et la répression de toute volonté d’homme et de la nature pécheresse, voilà ce que l’écrivain de cette épître désire.

Or, le christianisme a des ressources pour la joie et pour le chagrin. Est-on affligé ? qu’on prie : Dieu est prêt à entendre. Est-on heureux ? qu’on chante. — Est-on malade ? qu’on fasse chercher les anciens de l’assemblée, afin qu’ils prient pour le malade et qu’ils l’oignent d’huile, et le châtiment sera ôté, et les péchés pour lesquels il a été puni, selon le gouvernement de Dieu, seront pardonnés pour ce qui regarde ce gouvernement, car ici il n’est question que de cela : l’imputation du péché en condamnation n’a aucune place ici.

L’efficacité de la prière de la foi est placée ici devant nous, mais c’est en rapport avec le maintien de la sincérité du coeur. Le gouvernement de Dieu s’exerce à l’égard de son peuple il châtie les siens par des maladies, s’il le faut et il est important que la vérité dans l’homme intérieur soit maintenue. On cache ses fautes, on voudrait marcher comme si tout allait bien : mais Dieu juge son peuple. Il éprouve le coeur et les reins. Le croyant est tenu dans des liens d’affliction. Dieu lui montre, soit ses fautes, soit sa volonté propre qui n’est pas brisée. L’homme « est châtié aussi sur son lit par la douleur, et la lutte de ses os est continuelle » (Job 33:19). Alors l’assemblée de Dieu intervient en charité, et selon l’ordre établi, par le moyen des anciens ; le malade se remet à Dieu en reconnaissant son état de besoin ; la charité de l’Assemblée s’exerce et apporte devant Dieu celui qui est châtié, selon cette relation dans laquelle elle se trouve elle-même ; car c’est là que l’Assemblée se trouve. La foi fait valoir cette relation de grâce ; le malade est guéri. Si des péchés, et non seulement le besoin de discipline, ont amené ce châtiment, ces péchés n’empêcheront pas la guérison du malade ; ils lui seront pardonnés.

Jacques présente ensuite le principe, en général comme direction pour tous, que les chrétiens doivent ouvrir leur coeur les uns aux autres, afin de maintenir la vérité dans l’homme intérieur quant à soi-même, et qu’ils doivent prier les uns pour les autres, afin que la charité soit en plein exercice quant aux fautes d’autrui. La grâce et la vérité sont ainsi spirituellement formées dans l’Assemblée, ainsi qu’une parfaite union de coeur parmi les chrétiens, de sorte que les fautes même deviennent une occasion pour l’exercice de la charité, comme elles le sont pour Dieu envers nous : et qu’il y ait une confiance entière des uns dans les autres, selon cette charité, telle qu’elle est sentie envers un Dieu qui restaure et qui pardonne. Quel beau tableau de principes divins, animant les hommes et les faisant agir d’après la nature de Dieu lui-même et l’influence de son amour sur le coeur !

On peut remarquer qu’il n’est pas question de confession aux anciens. Ç’aurait été la confiance en des hommes, une confiance officielle. Dieu veut l’opération de la charité divine en tous. La confession réciproque des uns aux autres montre la condition de l’Assemblée, et Dieu voulait avoir l’Assemblée dans un état tel que l’amour régnât en elle, de telle sorte qu’on fût assez près de Lui pour traiter le pécheur selon la grâce qu’on connaît en Lui, et que cet amour divin fût tellement réalisé, que la sincérité parfaite et intérieure fût produite par la confiance et l’opération de cette grâce. La confession officielle est opposée à tout cela et le détruit. Combien divine est la sagesse qui a omis la confession en parlant des anciens, mais qui la recommande comme étant l’expression vivante et volontaire du coeur !

Cela nous conduit aussi à la valeur de la prière énergique de l’homme juste. C’est sa proximité de Dieu et, par conséquent, la conscience qu’il a de ce que Dieu est, qui (par grâce et par l’opération de l’Esprit) lui donne cette puissance. Dieu tient compte des hommes ; il le fait selon l’infini de son amour. Il tient compte de la confiance qu’a en Lui, de la foi qu’a dans sa Parole un coeur qui pense et qui agit selon une juste appréciation de ce qu’Il est. C’est toujours la foi qui rend sensible ce qui ne se voit pas — Dieu lui-même, qui agit selon la révélation qu’il a donnée de lui-même. Or l’homme qui, dans le sens pratique, est juste par la grâce, est près de Dieu ; en tant que juste il n’a pas à faire avec Dieu pour lui-même à l’égard du péché qui tiendrait son coeur à distance : son coeur est libre de s’approcher de Dieu selon la sainte nature de Dieu lui-même, en faveur d’autres ; et étant mû par la nature divine qui l’anime et qui le rend capable d’apprécier Dieu, il cherche, selon l’activité de cette nature, de faire prévaloir ses prières auprès de Dieu, soit pour le bien des autres, soit pour la gloire de Dieu lui-même dans son service. Or Dieu répond selon cette même nature, en bénissant cette confiance et en y répondant pour manifester ce qu’il est pour la foi, afin de l’encourager en sanctionnant son activité et en mettant son sceau sur celui qui marche par la foi (*).

(*) Il est bon de remarquer que cela est présenté en rapport avec les voies gouvernementales de Dieu, et ainsi c’est sous le titre de Seigneur, place que Christ occupe d’une manière spéciale, bien qu’ici ce terme soit employé d’une manière générale. Comparez le verset 11 avec la référence juive générale du passage. Pour nous, nous avons un seul Dieu, le Père, et un seul Seigneur, Jésus Christ. Il est devenu Seigneur et Christ, et toute langue confessera que Jésus Christ est Seigneur.


L’Esprit de Dieu agit, nous le savons, en tout cela, mais l’apôtre ne parle pas ici de lui : il s’occupe de l’effet pratique et présente l’homme tel qu’il est, agissant sous l’influence de cette nature, dans son énergie positive par rapport à Dieu et près de Lui, de sorte qu’elle agit dans toute son intensité, étant mue par la puissance de cette proximité. Mais si nous considérons l’action de l’Esprit, ces pensées sont confirmées. L’homme juste n’attriste par le Saint Esprit, et l’Esprit opère en lui selon sa propre puissance, n’ayant pas à mettre sa conscience en règle avec Dieu, mais agissant dans l’homme selon la puissance de sa communion avec Dieu.

Finalement, nous avons l’assurance que la prière ardente et énergique de l’homme juste est d’une grande efficacité : c’est la prière de la foi qui connaît Dieu, qui compte sur Lui et s’approche de Lui.

L’exemple d’Élie est intéressant, comme montrant (et il y a d’autres exemples semblables) comment l’Esprit Saint agit intérieurement dans un homme chez lequel nous voyons la manifestation extérieure de la puissance. L’histoire nous rapporte la déclaration d’Élie : « L’Éternel est vivant, qu’il n’y aura ces années-ci ni rosée, ni pluie, sinon à ma parole. » — Voilà l’autorité, la puissance, exercées au nom de Jéhovah. Dans notre épître, l’opération secrète, ce qui se passe entre l’âme et Dieu, est mise en évidence. L’homme juste a prié, et Dieu l’a exaucé. Nous avons le même témoignage de la part de Jésus au tombeau de Lazare. Seulement, dans ce dernier cas, les deux choses sont réunies, sauf que la prière elle-même ne nous est pas donnée, à moins qu’elle ne soit dans le soupir inexprimable de l’esprit de Christ. (Voyez Jean 11.)

En comparant le chapitre 2 de l’épître aux Galates avec le récit du chapitre 15 des Actes, nous trouvons que c’est une révélation de la part de Dieu qui a déterminé la conduite de Paul lorsqu’il est monté à Jérusalem, quels qu’aient été, d’ailleurs, les motifs extérieurs qui étaient connus de tous. Par des exemples tels que ceux que l’apôtre propose à l’Assemblée, et par ceux d’Élie et du Seigneur Jésus, un Dieu vivant, agissant, s’intéressant à ce qui se passe au milieu de son peuple, nous est révélé.

L’épître nous montre aussi l’activité de l’amour envers ceux qui s’égarent. Si quelqu’un s’éloigne de la vérité et que quelqu’un le ramène par la grâce, qu’il sache que ramener un pécheur de l’erreur de ses voies, c’est l’exercice (quelque simple que notre action puisse être) de la puissance qui délivre une âme de la mort ; en conséquence, tous ces péchés qui s’étalent dans leur odieuse nature devant les yeux de Dieu, et qui offensent sa gloire et son coeur par leur présence dans son univers, sont couverts. L’âme étant amenée à Dieu par la grâce, tous ses péchés sont pardonnés, ne paraissent plus, sont ôtés de devant la face de Dieu. L’apôtre, comme partout ailleurs, ne parle pas de la puissance qui agit dans cette oeuvre d’amour, mais du fait. Il l’applique aux cas qui s’étaient présentés parmi eux ; mais il pose un principe universel quant à l’effet de l’activité de la grâce dans l’âme qui en est animée. L’âme égarée est sauvée ; ses péchés sont ôtés de devant les yeux de Dieu.

La charité dans l’Assemblée supprime, pour ainsi dire, les péchés qui, sans cela, briseraient l’union et surmonteraient cette charité dans l’Assemblée, et apparaîtraient dans toute leur laideur et dans toute leur malignité devant Dieu ; tandis que, rencontrés par l’amour dans l’Assemblée, ils ne vont pas plus loin, étant dissous pour ainsi dire (quant à l’état de choses devant Dieu dans ce monde), et mis de côté par cette charité qu’ils n’ont pas pu vaincre. Le péché est vaincu par l’amour qui s’en est occupé ; il disparaît ; il est englouti par cet amour. La charité couvre ainsi une multitude de péchés : ici, il s’agit de son action dans la conversion d’un pécheur.


2 - PREMIÈRE ÉPÎTRE de PIERRE

2.1 - Chapitre 1

La première épître de Pierre est adressée aux croyants de la dispersion d’Israël qui se trouvaient dans les provinces de l’Asie Mineure, que l’apôtre nomme dans le premier verset ; la seconde épître déclare elle-même qu’elle est une seconde lettre adressée aux mêmes personnes, de sorte que l’une et l’autre ont été destinées aux Juifs de l’Asie Mineure, à ceux du moins parmi eux, qui avaient la même précieuse foi que l’apôtre.

La première épître est fondée sur la doctrine de l’appel céleste (je ne dis pas sur la doctrine de l’Assemblée sur la terre (*), qui n’est pas placée ici devant nous), en contraste avec la part des Juifs sur la terre. Elle présente les chrétiens, et en particulier les chrétiens d’entre les Juifs, comme pèlerins et étrangers sur la terre. La conduite qui convient à de telles personnes est plus largement développée que la doctrine. Le Seigneur Jésus, qui fut lui-même pèlerin et étranger ici-bas, est présenté comme modèle sous plus d’un aspect. Les deux épîtres tracent le tableau du juste gouvernement de Dieu depuis le commencement jusqu’à la consommation de toutes choses, alors que les éléments embrasés se fondront, et qu’il y aura de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habitera. La première épître parle du gouvernement de Dieu en faveur des croyants ; la seconde, de ce gouvernement en rapport avec le jugement des méchants. Cependant, en présentant l’appel céleste, l’apôtre présente nécessairement le salut, la délivrance de l’âme, en contraste avec les délivrances temporelles des Juifs.

(*) J’ajoute ici « sur la terre », parce que l’Assemblée comme bâtie par Jésus lui-même et pas encore achevée, est mentionnée au chapitre 2, où les pierres vivantes viennent à Christ.

Voici la description que l’Esprit donne des croyants auxquels l’épître est adressée : Ils sont « élus », et cela « selon la préconnaissance de Dieu le Père ». Israël était un peuple élu par Jéhovah sur la terre : ici, ce sont ceux qui ont été préconnus du Père. Le moyen par lequel Dieu réalise son dessein de grâce, c’est la sanctification par le Saint Esprit. Les élus sont réellement mis à part par la puissance de l’Esprit ; Israël l’était par des ordonnances ; ceux-ci sont sanctifiés pour l’obéissance de Jésus Christ et pour l’aspersion de son sang, c’est-à-dire, d’un côté, pour obéir comme il a obéi, et de l’autre, pour être aspergés de son sang et être ainsi parfaitement purs devant Dieu. Israël, au contraire, avait été mis à part pour l’obéissance de la loi, et pour ce sang qui, en annonçant la mort comme sanction de l’autorité de cette loi, ne pouvait jamais purifier l’âme du péché.

Telle était la position du chrétien. Pierre souhaite aux saints « la grâce et la paix », part bien connue des croyants. Il leur rappelle les bénédictions dont Dieu les avait bénis, en bénissant Dieu qui les leur avait accordées. Les Israélites croyants le connaissaient maintenant, non plus sous le caractère de Jéhovah, mais comme le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ.

Ce que l’apôtre présente comme le fruit de la grâce de ce Dieu et Père, est une espérance en dehors du monde, et non l’héritage de Canaan approprié à l’homme vivant sur la terre, ce qui était l’espérance d’Israël aux jours d’autrefois, et qui est encore celle de la nation dans son incrédulité. La miséricorde de Dieu avait réengendré ces Juifs qui croyaient, pour une espérance vivante, par la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts. Cette résurrection leur montrait une part dans un autre monde, et la puissance qui y introduisait l’homme, bien qu’il eût été assujetti à la mort. L’homme entrait là par la résurrection, par le triomphe glorieux du Sauveur, pour avoir part à un héritage incorruptible, sans souillure et qui ne se flétrit pas. L’apôtre ne parle pas de notre résurrection avec Christ ; il envisage le chrétien comme pèlerin ici-bas, encouragé par le triomphe de Christ lui-même en résurrection, qui l’animait par la conscience qu’il y avait un monde de lumière et de bonheur devant lui, et une puissance qui le ferait entrer dans ce monde-là : par conséquent, l’héritage est présenté comme « gardé dans les cieux » (verset 4). Dans l’épître aux Éphésiens, nous sommes assis dans les lieux célestes en Christ, et l’héritage est celui de toutes choses, dont Christ lui-même est héritier ; mais le chrétien est aussi, de fait, pèlerin et étranger sur la terre, et c’est pour nous une puissante consolation, dans notre pèlerinage, que de voir devant nous cet héritage céleste avec la sûre garantie que nous y entrerons.

A cela s’ajoute une autre inestimable consolation. Si l’héritage est conservé dans les cieux pour nous, nous sommes gardés, par la puissance de Dieu, le long de notre pèlerinage, pour en jouir à la fin (verset 5). Douce pensée ! Nous sommes gardés ici-bas, à travers tous les dangers et toutes les difficultés ; et, d’un autre côté, l’héritage est conservé pour nous, là où il n’y a ni souillure, ni possibilité de décadence.

Mais c’est par des moyens moraux que cette puissance nous garde (et c’est de cette manière que Pierre parle toujours), c’est par l’action en nous de la grâce qui fixe le coeur sur des objets qui le tiennent en relation avec Dieu et avec ses promesses. (Comparer 2 Pierre 1:4.) « Nous sommes gardés par la puissance de Dieu, par la foi. » C’est, qu’il en soit béni, la puissance de Dieu lui-même qui garde ; mais elle agit en soutenant la foi dans le coeur, en la maintenant, en dépit de toutes les tentations, au-dessus de toute la souillure du monde, et en remplissant les affections des choses célestes. Pierre, toutefois, toujours occupé des voies de Dieu à l’égard de ce monde, ne voit les croyants participer à ce salut, — à cette gloire céleste, — que lorsqu’il sera manifesté, lorsque Dieu, par cette gloire, établira son autorité en bénédiction sur la terre. C’est bien la gloire céleste, mais la gloire céleste manifestée comme moyen de l’établissement du gouvernement souverain de Dieu sur la terre, pour sa propre gloire et pour la bénédiction du monde entier.

« Le salut », tel que Pierre l’envisage, est « le salut prêt à être révélé dans les derniers temps. » Ce mot « prêt » est important. Notre apôtre dit aussi que le jugement est « prêt » à être révélé. Christ est glorifié personnellement ; il a vaincu tous ses ennemis ; il a accompli la rédemption. Il n’attend qu’une chose, savoir, que Dieu mette ses ennemis pour le marchepied de ses pieds. Il s’est assis à la droite de la Majesté dans les hauts lieux, parce qu’il a accompli tout ce qu’il fallait pour glorifier Dieu, là où était le péché. C’est le salut des âmes, le rassemblement des siens qui n’est pas encore achevé (2 Pierre 3:9-15) ; mais une fois que tous ceux qui doivent participer à ce salut y seront introduits, il n’y aura plus rien à attendre quant au salut, c’est-à-dire quant à la manifestation de la gloire dans laquelle les rachetés (*) paraîtront ; ni, par conséquent, quant au jugement des méchants sur la terre — jugement qui sera consommé par la manifestation de Christ. (Voyez 2 Thess. 1:9-10.) Tout est prêt ! Cette pensée est douce pour nous, pendant les jours de notre patience ; mais elle est bien solennelle si l’on réfléchit au jugement.

(*) La doctrine de la réunion des saints avec Jésus dans l’air, lorsqu’ils vont à sa rencontre, ne fait pas partie de l’enseignement de Pierre, non plus que celle de l’Assemblée à laquelle elle se rattache. Ce qu’il nous présente, c’est la manifestation des saints dans la gloire, parce qu’il s’occupe des voies de Dieu envers la terre, quoiqu’il le fasse en rapport avec le christianisme.

Oui, comme le dit l’apôtre, nous nous réjouissons grandement dans ce salut qui est prêt à être révélé dans les derniers temps. Nous l’attendons. C’est le temps du repos, de la bénédiction de la terre, de la pleine manifestation de la gloire de Celui qui est digne de cette gloire, qui a été humilié et qui a souffert pour nous ; c’est le temps où la lumière et la gloire de Dieu en Christ éclaireront le monde et en chasseront tout mal.

Voilà notre part : joie abondante dans le salut qui va être révélé et dans lequel on peut toujours se réjouir, bien que, si cela est nécessaire pour notre bien, nous puissions être affligés par diverses tentations. Mais ce n’est que pour très peu de temps, c’est une « légère tribulation d’un moment », et Dieu ne nous la dispense que « si cela est nécessaire », afin que l’épreuve précieuse de la foi « soit trouvée tourner à louange, et à gloire, et à honneur », à l’apparition de Jésus Christ que nous attendons (versets 6-7). C’est la fin de toutes nos peines et de toutes nos épreuves : transitoires et légères comme elles le sont, en comparaison de l’immense résultat de la gloire excellente et éternelle vers laquelle elles nous conduisent selon la sagesse de Dieu et selon le besoin de nos âmes. Le coeur s’attache à Jésus : Il apparaîtra !

Nous l’aimons, quoique nous ne l’ayons jamais vu. En Lui, quoique nous ne le voyions pas maintenant, nous nous réjouissons d’une joie ineffable et glorieuse (verset 8). C’est là ce qui décide, ce qui forme le coeur, ce qui le fixe et le remplit de joie, quoi qu’il en soit de la vie ici-bas. Pour nos coeurs, c’est Lui qui remplit cette scène de gloire. Par la grâce, je serai glorifié, j’aurai la gloire : mais j’aime Jésus ; mon coeur aspire après sa présence, il désire le voir. De plus nous Lui serons semblables — semblables à Lui glorifié. L’apôtre peut bien dire : « Vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse ! » Le coeur ne veut rien d’autre, et, si quelques légères afflictions nous sont nécessaires, nous les subissons avec joie puisqu’elles sont un moyen de nous former pour la gloire. Et nous pouvons nous réjouir à la pensée de l’apparition de Christ, car, en le recevant dans le coeur, sans le voir, nous recevons le salut de l’âme, objet et fin de la foi, bien plus précieux que les délivrances temporelles dont Israël a joui, quoiqu’elles fussent des signes de la faveur de Dieu.

L’apôtre poursuit en développant les trois degrés successifs de la révélation de cette grâce du salut, — de cette pleine et entière délivrance des conséquences, des fruits et de la misère du péché : 1° les prophètes ; 2° le témoignage du Saint Esprit envoyé du ciel ; 3° la manifestation de Jésus Christ lui-même, quand la délivrance, déjà auparavant annoncée, sera pleinement accomplie.

Il est intéressant de voir ici, comment le rejet du Messie, selon les espérances juives, rejet déjà anticipé et annoncé dans les prophètes, frayait nécessairement le chemin à un salut qui amenait avec lui celui de l’âme. Jésus étant rejeté, on ne le voyait plus ; la partie terrestre n’était pas réalisée par sa première venue, le salut devait être révélé dans les derniers temps. Mais ainsi c’était un salut de l’âme dont la pleine portée serait réalisée dans la gloire qui allait être révélée ; car c’était la joie spirituelle de l’âme dans un Jésus céleste qu’on ne voit pas, qui, dans sa mort, a accompli l’expiation du péché, et qui, dans sa résurrection, a réengendré pour une espérance vivante, selon la puissance de la vie du Fils de Dieu. Ce salut — cette vraie délivrance — est donc reçu par la foi. Ce n’était pas encore la gloire et le repos extérieurs ; ce salut, envisagé ainsi, aura lieu lors de l’apparition de Jésus ; mais, en attendant, l’âme jouit déjà, par la foi, de ce repos parfait, et même de la gloire en espérance.

Or, les prophètes avaient annoncé la grâce de Dieu qui devait être accomplie pour les croyants, et qui communique déjà maintenant à l’âme la jouissance de ce salut annoncé d’avance ; et ils avaient sondé leurs propres prophéties, que Dieu leur avait communiquées par inspiration, cherchant à comprendre quel temps ou quelle sorte de temps l’Esprit indiquait, lorsqu’il témoignait d’avance des souffrances du Christ et des gloires qui devaient suivre. Car l’Esprit parle par les prophètes des souffrances et des gloires, et, par conséquent, annonçait plus qu’une délivrance temporelle en Israël, car le Messie devait souffrir. Or, il leur fut révélé que ce n’était pas pour eux-mêmes, ni pour leur temps, mais pour les chrétiens, que l’Esprit annonçait ces vérités à l’égard du Messie. Or les chrétiens, tout en recevant le salut de l’âme par la révélation d’un Christ siégeant dans le ciel, après ses souffrances, et revenant en gloire, n’ont pas reçu ces gloires révélées aux prophètes. Ces choses ont été rapportées avec une grande et divine clarté par l’Esprit envoyé du ciel à la suite de la mort de Jésus, mais l’Esprit ne donne pas la gloire elle-même dans laquelle le Christ apparaîtra ; il ne fait que l’annoncer. Les chrétiens, par conséquent (verset 13), ont à ceindre les reins de leur entendement, à être sobres et à espérer parfaitement dans la grâce qui leur sera, de fait, apportée lors de la révélation de Jésus Christ. Voici donc quels sont les trois pas successifs des voies de Dieu : 1° la prédiction des événements relatifs au Christ, événements qui allaient tout à fait au delà des bénédictions juives ; 2° les choses rapportées par l’Esprit ; 3° l’accomplissement des choses promises lors de la révélation de Jésus.

Ce que l’apôtre présente, c’est donc une participation à la gloire de Jésus, lorsqu’il sera révélé ; c’est ce salut dont les prophètes ont parlé, et qui doit être révélé aux derniers jours. Mais en attendant, Dieu avait régénéré les Juifs croyants pour une espérance vivante par la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts, et, par ses souffrances, il leur avait fait comprendre que même maintenant, en attendant la révélation de la gloire, en réalisant cette gloire dans la personne de Jésus, ils jouissaient d’un salut de l’âme, devant lequel les délivrances d’Israël pâlissaient et pouvaient être oubliées. Ce salut était bien le salut « prêt à être révélé » dans toute sa plénitude ; mais, pour le moment, on ne le possédait que pour ce qui regardait l’âme : mais détaché de la manifestation de la gloire terrestre, ce salut n’avait qu’un caractère d’autant plus spirituel. Dès lors, les croyants devaient avoir les reins ceints pour attendre la révélation de Jésus, et reconnaître avec actions de grâce qu’ils possédaient le but de leur foi. Ils étaient en relation avec Dieu.

Dieu, en annonçant ces choses par le ministère des prophètes, avait en vue les chrétiens et non les prophètes eux-mêmes. Cette grâce devait au temps propre être communiquée aux croyants ; mais, pour le moment, pour la foi et pour l’âme, le Saint Esprit envoyé d’en haut, en rendait témoignage : elle devait être apportée « à la révélation de Jésus Christ ». La résurrection de Jésus Christ, qui était la garantie de l’accomplissement de toutes les promesses et la puissance de vie pour en jouir, avait régénéré ceux qui croyaient, pour une espérance vivante ; mais le droit de jouir de l’effet de la promesse était fondé sur une autre vérité : les exhortations de l’apôtre nous y conduisent. Les croyants devaient marcher comme des enfants obéissants, et ne plus suivre les convoitises qui les avaient conduits dans le temps de leur ignorance. Appelés par Celui qui est saint, ils devaient être saints dans toute leur conduite, comme il est écrit. De plus, s’ils invoquaient le Père qui, sans avoir égard à l’apparence, juge selon les oeuvres de chacun, ils devaient passer le temps de leur séjour ici-bas dans la crainte (versets 14-17).

Remarquez qu’il n’est pas question ici du jugement final de l’âme. Dans ce sens, « le Père ne juge personne, mais il a donné tout le jugement au Fils » ; il s’agit du jugement journalier du gouvernement de Dieu dans ce monde à l’égard de ses enfants. Aussi est-il dit : « Conduisez-vous avec crainte pendant le temps de votre séjour ici-bas. » C’est un jugement qui s’applique à la vie chrétienne. La crainte de laquelle l’apôtre parle, n’est pas une incertitude à l’égard du salut et de la rédemption : c’est une crainte fondée sur la certitude qu’on est racheté ; et le prix immense, la valeur infinie du moyen employé pour nous racheter, savoir, le sang de l’Agneau sans défaut et sans tache, est le motif pour craindre durant notre pèlerinage. Nous avons été rachetés de notre vaine conduite, au prix du sang de Jésus ; pouvons-nous donc encore marcher selon les principes dont nous avons été ainsi délivrés ? Un tel prix pour nous délivrer demande que nous marchions avec circonspection et sérieux devant le Père, avec lequel, comme privilège et relation spirituelle, nous désirons avoir à faire.

L’apôtre, ensuite, applique aux chrétiens cette vérité du rachat. L’Agneau avait été ordonné dans les conseils de Dieu avant que le monde fût, mais Il a été manifesté dans les derniers jours pour les croyants, et ils sont présentés dans leur vrai caractère. Ils croient en Dieu par Jésus, par cet Agneau. Ils ne croient pas en Lui par la création. Quoique celle-ci soit un témoignage de sa gloire, elle ne donne aucun repos à la conscience et ne lui parle pas d’une place dans le ciel. Ils ne croient pas en Dieu non plus par la Providence qui, dirigeant tout, laisse encore le gouvernement de Dieu dans une obscurité si profonde ; ils ne croient pas par la révélation de Dieu sur la montagne de Sinaï, sous le nom de Jéhovah, et par la frayeur qui se rattache à une loi violée, — mais ils croient par Jésus, l’Agneau de Dieu. Remarquez qu’il n’est pas dit : « Qui croyez en Lui », mais « qui, par Lui, croyez en Dieu ». Nous connaissons Dieu comme celui qui, lorsque nous étions pécheurs et morts dans nos fautes et dans nos péchés, nous a aimés, nous a donné ce précieux Sauveur afin qu’il descendît jusque dans la mort où nous étions, qu’il prît part à notre position comme placé sous ce jugement, et qu’il mourût comme l’Agneau de Dieu. Nous croyons en Dieu qui, par sa puissance, lorsque Jésus était sous l’effet de ce jugement, dans la mort pour nous, à notre place, l’a ressuscité d’entre les morts et lui a donné la gloire. C’est donc en un Dieu Sauveur, en un Dieu qui exerce sa puissance en notre faveur, que nous croyons par Jésus, de sorte que notre foi et notre espérance sont « en Dieu » ; non pas en quelque chose qui soit devant Dieu, mais en Dieu lui-même. Où donc y aurait-il une cause de crainte et de défiance à l’égard de Dieu, si notre foi et notre espérance sont en Lui ? Cela change tout. L’aspect sous lequel nous considérons Dieu est entièrement changé, et ce changement est fondé sur ce qui établit la justice de Dieu en nous acceptant comme purifiés de tout péché, sur l’amour de Dieu en nous bénissant parfaitement en Jésus que sa puissance a ressuscité et glorifié — puissance selon laquelle il nous bénit. Notre foi et notre espérance sont en Dieu lui-même.

Cela nous place dans une relation des plus intimes avec les autres rachetés. Objets du même amour, lavés dans le même précieux sang, rachetés par le même Agneau, ils deviennent, pour ceux qui ont le coeur purifié par la réception de la vérité par l’Esprit, les objets d’un tendre amour fraternel, d’un amour sans feinte : ils sont nos frères. Sachons donc nous aimer les uns les autres ardemment, d’un coeur pur !

Mais cette relation et les exhortations de l’apôtre qui en découlent, sont fondées sur un autre principe essentiel et vital : c’est une nouvelle nature qui est active dans cette affection. Si nous sommes rachetés par le précieux sang de l’Agneau sans tache, nous sommes nés de la semence incorruptible de la parole de Dieu, qui vit et demeure éternellement ; car toute chair est comme l’herbe, la gloire de l’homme comme la fleur de l’herbe : l’herbe se flétrit, sa fleur tombe, mais la parole du Seigneur demeure éternellement. C’est là la parole de l’Évangile qui nous a été prêchée. Cette semence de la Parole est un principe éternel de bénédiction. Le croyant n’est pas né selon la chair pour jouir de droits et de privilèges temporaires, comme un Juif, mais il est né d’une semence incorruptible, d’un principe de vie inaltérable comme la parole de Dieu lui-même. Le prophète ne le disait-il pas au peuple de Dieu en le consolant ? La chair, la nation elle-même n’était que comme l’herbe séchée. Dieu ne change pas, et la Parole qui assure, par son immuable certitude, les bénédictions divines aux objets de la faveur de Dieu, opère dans le coeur pour produire une vie éternelle et incorruptible, comme la Parole qui en est la source.


2.2 - Chapitre 2

Ainsi donc purifiés et nés de la Parole, les croyants ont à mettre de côté toute espèce de malice, de fraude, d’hypocrisie, d’envie, de médisance, et, comme des enfants nouveau-nés, à chercher ce lait de l’intelligence, qui se trouve dans la Parole, afin de croître par son moyen, car la Parole est le lait de l’enfant, comme elle avait été la semence de sa vie, et nous avons à la recevoir comme de petits enfants en toute simplicité, si de fait nous avons goûté que le Seigneur est bon et plein de grâce. Ce n’est pas au Sinaï que je suis venu ou duquel Dieu parle, là où l’Éternel Dieu proclama sa loi du milieu du feu, de sorte que ceux qui étaient là demandaient de ne plus entendre sa voix. Si j’ai goûté et compris que le Seigneur agit en grâce, qu’il est amour envers moi, et que sa Parole est l’expression de cette grâce, comme elle communique la vie, je désirerai me nourrir de ce lait de l’intelligence dont le croyant jouit selon la mesure de sa simplicité ; je désirerai me nourrir de cette bonne Parole qui ne m’annonce rien que grâce et le Dieu dont j’ai besoin, comme tout grâce, plein de grâce, agissant en grâce, comme se révélant à moi dans ce caractère, caractère qu’il ne saurait jamais cesser de maintenir à mon égard, me rendant participant de sa sainteté.

Je connais maintenant le Seigneur lui-même, j’ai goûté ce qu’il est. Du reste, ce que l’apôtre dit, met le christianisme toujours en contraste avec l’état légal des Juifs, quoique ce soit l’accomplissement de ce que les Psaumes et les prophètes avaient déclaré : la résurrection ayant clairement révélé, en outre, une espérance céleste. Ce sont les croyants eux-mêmes qui sont maintenant la maison spirituelle, la sainte sacrificature. Ils viennent à cette pierre vivante, rejetée des hommes, il est vrai, mais choisie de Dieu et précieuse, et ils sont édifiés sur elle « comme des pierres vivantes ». L’apôtre aime ce mot de « vivant ». C’est à lui que le Père avait révélé que Jésus était le Fils du Dieu vivant. Nul autre que lui ne l’avait confessé tel ; et le Seigneur lui avait dit que sur ce Roc, c’est-à-dire sur la personne du Fils de Dieu en puissance de vie (manifestée dans la résurrection où il a été déclaré tel), il bâtirait son Assemblée. Pierre, par sa foi, participait à la nature de ce Roc vivant. Ici donc (verset 5), Pierre étend ce caractère à tous les croyants, et montre la sainte maison édifiée sur la pierre vivante que Dieu lui-même a posée comme maîtresse pierre du coin, choisie et précieuse : celui qui croira en elle ne sera pas confus ! (*)

(*) Dans ce passage et dans celui-ci seul, Pierre parle de l’Assemblée ayant le caractère d’un édifice, et non celui d’un corps ou d’une épouse ; il parle de ce que Christ a édifié, non de ce qui Lui est uni. Paul aussi nous présente cela dans Éph. 2:20, 21. À ce point de vue, quoique se poursuivant sur la terre, c’est l’oeuvre de Christ se faisant d’une manière continue ; il n’est pas question d’une action humaine : Je bâtirai, dit Christ ; il croît, dit Paul ; les pierres vivantes viennent, dit Pierre. Il ne faut point confondre cela avec l’édifice dans lequel les hommes peuvent édifier du bois, du foin, du chaume ; cependant la chose extérieure que Dieu fit bonne, laissée à la responsabilité de l’homme, s’est bientôt corrompue, comme toujours. Les individus sont édifiés par la grâce, et l’édifice croît pour être un temple saint. Tout cela se rapporte à Matthieu 16. La responsabilité du service de l’homme à cet égard se trouve dans 1 Cor. 3, où l’Assemblée nous est présentée à un autre point de vue. Le corps est une chose tout autre dont la doctrine est exposée en Éph. 1-4, en 1 Cor. 12, et dans d’autres passages.


Or, ce n’était pas aux yeux de Dieu seul que cette pierre était précieuse, mais aux yeux de la foi qui, quelque faibles que soient ceux qui la possèdent, voient comme Dieu voit. Pour les incrédules, cette pierre était une pierre d’achoppement et de scandale. Ils s’achoppèrent à la Parole, étant désobéissants, ce à quoi aussi ils étaient destinés. L’apôtre ne dit pas qu’ils étaient destinés au péché, ni à la condamnation ; mais ces pécheurs incrédules et désobéissants — la race juive, longtemps rebelle et se soulevant continuellement contre Dieu — étaient destinés à trouver dans le Seigneur de grâce lui-même une pierre d’achoppement, et à broncher, et à tomber sur ce qui était pour la foi la pierre précieuse du salut. C’était à cette chute particulière que leur incrédulité était destinée.

Les croyants, au contraire, entrèrent dans la puissance des promesses faites à Israël, et de la manière la plus excellente. La grâce et la fidélité même de Dieu, ont apporté l’accomplissement de la promesse dans la personne de Jésus, ministre de la circoncision pour la vérité de Dieu, afin d’accomplir les promesses faites aux pères. Et quoique la nation l’ait rejeté, Dieu n’a pas voulu priver de la bénédiction ceux qui, en dépit de toute cette difficulté pour la foi et pour le coeur, se sont soumis à l’obéissance de la foi et se sont attachés à Celui qui était le méprisé du peuple. Ils n’ont pu avoir la bénédiction d’Israël avec la nation sur la terre, parce que la nation l’avait rejeté ; mais ils ont été pleinement introduits dans les relations avec Dieu d’un peuple accepté de Lui. Le caractère céleste que revêtait alors la bénédiction ne détruisait pas leur acceptation selon la promesse, seulement ils entraient dans la bénédiction selon la grâce. Car la nation, comme telle, l’avait perdue, non seulement de longue date par la désobéissance, mais maintenant en rejetant Celui qui venait en grâce lui faire part de l’effet de la promesse.

L’apôtre, donc, applique le caractère de « nation sainte » au résidu élu, en revêtant les croyants, pour le fonds, des titres accordés par Dieu à Israël, au chapitre 19 de l’Exode, sous condition d’obéissance ; mais, ici, en rapport avec le Messie, leur jouissance de ces titres étant fondée sur Son obéissance et sur les droits qu’ils ont acquis par leur foi en Lui.

Or les privilèges du résidu croyant étant fondés sur le Messie, l’apôtre va plus loin et applique à ce résidu les déclarations d’Osée, qui se rapportent à Israël et à Juda rétablis dans la plénitude de la bénédiction aux derniers jours, et jouissant de ces rapports avec Dieu, dans lesquels la grâce les introduira dans ce temps-là.

« Vous êtes », dit-il, « une race élue, une sacrificature royale,… un peuple acquis. » Ce sont à peu près les paroles de l’Exode, au chapitre 19. Puis il continue : « Vous, qui autrefois n’étiez pas un peuple, mais qui maintenant êtes le peuple de Dieu ; vous, qui n’aviez pas obtenu miséricorde, mais qui maintenant avez obtenu miséricorde ». Ce sont les paroles d’Osée, chapitre 2. Ceci nous présente, de la manière la plus intéressante, les principes sur lesquels la bénédiction est fondée. Dans l’Exode, le peuple devait avoir part à cette bénédiction, s’il obéissait exactement à la voix de Dieu. Or Israël n’avait pas obéi ; il avait été rebelle et revêche ; il avait suivi des dieux étrangers et rejeté le témoignage de l’Esprit ; cependant après ses infidélités, Dieu lui-même avait posé une pierre en Sion, une maîtresse pierre de coin ; et quiconque croyait en Lui ne devait pas être confus ! C’est la grâce. Lorsque Israël avait manqué sous tous les rapports, et que, sur le terrain de l’obéissance, il avait tout perdu, Dieu, en grâce par Jésus, lui donnait ce qui avait été promis au commencement sous condition de l’obéissance. De cette manière, tout lui était assuré.

La question de l’obéissance avait été résolue — sur la désobéissance d’Israël — par grâce, et par l’obéissance du Christ, fondement posé par Dieu en Sion. Mais ce principe de la grâce surabondant sur le péché — par lequel se montre l’incapacité de la désobéissance à frustrer les desseins de Dieu, car cette grâce venait après l’accomplissement de la désobéissance — ce principe si glorieux et si consolant pour le pécheur convaincu, est confirmé d’une manière frappante par la citation d’Osée. Dans ce passage du prophète, Israël est présenté, non seulement comme coupable, mais comme ayant déjà subi son jugement. Dieu avait déclaré qu’il n’aurait plus de miséricorde (quant à sa patience à l’égard des dix tribus), et qu’Israël n’était plus son peuple (dans son jugement sur l’infidèle Juda). Mais ensuite, après l’exécution du jugement, Dieu revient à ses desseins irrévocables de grâce et attire Israël comme une femme délaissée, et lui donne la vallée d’Acor — la vallée de trouble, où Acan avait été lapidé, premier jugement sur Israël infidèle, après son entrée dans la terre de la promesse — comme porte d’espérance. Le jugement est changé en grâce, et Dieu recommence tout à neuf sur un nouveau principe. C’était comme si Israël sortait d’Égypte encore une fois, mais sur un principe tout nouveau. Jéhovah l’épouse pour toujours, en justice, en jugement, en grâce, en miséricorde ; et tout est bénédiction. Alors il l’appelle « Rukhama » ou « objet de miséricorde », et « Ammi, mon peuple ! »

L’apôtre donc se sert de ces expressions du prophète, en les appliquant au résidu qui croyait en Jésus, la pierre d’achoppement pour la nation, mais la maîtresse pierre du coin de la part de Dieu pour le croyant. Ainsi, la condition est ôtée, et à la place d’une condition, nous avons la bénédiction après la désobéissance, et, après le jugement, la pleine et assurée grâce de Dieu, fondée (dans son application aux croyants) sur la Personne, l’obéissance et l’oeuvre de Christ.

Il est touchant de voir l’expression de cette grâce dans le terme de « Acor ». C’était le premier jugement sur Israël dans la terre de la promesse, parce qu’il s’était profané par l’interdit. Et c’est là que l’espérance est donnée : tant il est vrai que la grâce triomphe complètement de la justice. Or ceci est arrivé de la manière la plus excellente en Christ. Le jugement de Dieu même est devenu, en Lui, la porte d’espérance, la culpabilité et le jugement étant également passés pour toujours.

Les deux parties de la vie chrétienne, en tant que manifestation de la puissance spirituelle, en résultent, dans la double sacrificature, dont l’une répond à la position actuelle de Christ en haut, et l’autre, par anticipation, à la manifestation de sa gloire sur la terre. Ce sont les sacrificatures d’Aaron et de Melchisédec. Car il est maintenant au dedans du voile selon le type d’Aaron ; plus tard, il sera sacrificateur sur son trône, et ce sera la manifestation publique de sa gloire sur la terre. Ainsi, les saints exercent « une sainte sacrificature » (verset 5), pour offrir des sacrifices spirituels de louanges et d’actions de grâce. Doux privilège du chrétien, ainsi introduit aussi près que possible de Dieu ! Il offre ses sacrifices à Dieu avec l’assurance qu’ils seront acceptés, car c’est par Jésus qu’il les offre.

Cette partie de la vie chrétienne est la première, la plus excellente et la plus vitale, la source de l’autre qui en est l’expression ici-bas ; la plus excellente, parce que, dans son exercice, nous sommes en relation immédiate avec l’objet divin de nos affections. Les sacrifices spirituels sont le reflet, par l’action du Saint Esprit, de la grâce dont on jouit ; ce que le coeur fait remonter vers Dieu, étant mû par les dons excellents dont nous sommes les objets et par l’amour qui les a conférés. Le coeur reflète (par la puissance du Saint Esprit) tout ce qui lui a été révélé en grâce, en adorant l’auteur et le donateur de tout, selon la connaissance que nous avons de Lui-même par ce moyen ; les fruits de la Canaan céleste auxquels nous participons, présentés en offrande à Dieu ; l’âme entrant dans la présence de Dieu pour le louer et l’adorer.

C’est la sainte sacrificature selon l’analogie de la sacrificature d’Aaron et du temple à Jérusalem, où Dieu habitait comme dans sa maison.

La seconde sacrificature, dont parle l’apôtre, a pour but d’annoncer les vertus de Celui qui nous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière. La description qui en est faite est tirée de l’Exode, chapitre 19, ainsi que nous l’avons vu. C’est une génération élue, une nation sainte, une sacrificature royale. Je ne fais allusion à la sacrificature de Melchisédec que pour mettre en évidence le caractère d’une sacrificature royale. Les sacrificateurs, parmi les Juifs, s’approchaient de Dieu. Dieu avait formé le peuple pour Lui-même : il devait manifester toutes ses vertus, et publier ses louanges. C’est ce que Christ fera parfaitement au jour de sa gloire. Le chrétien est appelé à le faire maintenant dans ce monde. Il doit reproduire Christ dans ce monde. C’est la seconde partie de sa vie.

On remarquera que le premier chapitre présente le chrétien animé par l’espérance, mais sous l’épreuve — l’épreuve précieuse de la foi. Le second chapitre nous le présente dans ses privilèges, comme une sainte et royale sacrificature, par le moyen de la foi.

Ensuite (chapitre 2:11), l’apôtre commence ses exhortations. Quels que soient les privilèges du chrétien dans cette position, il est toujours envisagé comme pèlerin sur la terre ; et, ainsi que nous l’avons vu, le gouvernement constant de Dieu est l’objet qui se présente à l’esprit de l’apôtre. Mais, d’abord, il avertit les fidèles au sujet de ce qui est intérieur, contre ces sources d’où jaillit la corruption, qui (dans la scène du gouvernement divin) déshonorerait le nom de Dieu et même amènerait le jugement.

La conduite des chrétiens devait être honnête parmi les gentils. Ils portaient le nom de Dieu. L’esprit des hommes, hostile à son nom, cherchait à jeter de l’opprobre sur Lui en attribuant aux chrétiens la mauvaise conduite que ceux qui les blâmaient suivaient eux-mêmes sans remords, tout en se plaignant (chapitre 4:4) de ce que les chrétiens ne voulaient pas aller avec eux dans le même désordre et les mêmes excès. Le chrétien n’avait qu’à poursuivre le chemin de la fidélité envers Dieu. Au jour où Dieu visiterait les hommes, ces calomniateurs, avec leur volonté brisée et leur orgueil abattu par la visitation de Dieu, seraient amenés à reconnaître — par le moyen des bonnes oeuvres qui, malgré leurs calomnies, avaient toujours atteint leur conscience — que Dieu avait agi dans ces chrétiens, et avait été au milieu d’eux.

Après cette courte mais importante exhortation générale aux croyants, l’apôtre s’occupe de la marche des chrétiens en relation avec ceux qui les entourent dans un monde où, d’un côté, Dieu veille sur tout, et où, d’un autre, il permet que les siens souffrent, soit pour la justice, soit pour le nom de Christ, mais où ils ne devraient jamais souffrir pour avoir fait le mal. Le chemin du chrétien donc est tracé. Il est soumis aux ordonnances ou institutions humaines pour l’amour du Seigneur. Il honore tous les hommes et chacun dans sa position, de sorte que personne n’a rien à lui reprocher. Il est soumis à ses maîtres, même s’ils sont méchants, et supporte les torts qu’ils peuvent lui faire. S’il n’était soumis qu’aux maîtres bons et aimables, un esclave mondain pourrait en faire autant ; mais si, ayant bien fait, le chrétien souffre et le supporte avec patience, voilà ce qui est agréable à Dieu, c’est la grâce ! C’est ainsi que Christ a agi, et nous sommes appelés à faire de même. Christ a souffert de cette manière et n’a jamais répondu par des reproches ou des menaces à ceux qui le tourmentaient, mais il se remettait à Celui qui juge justement. C’est à Lui que nous appartenons. Il a souffert pour nos péchés, afin qu’en ayant été délivrés, nous vivions à Dieu. Les chrétiens d’entre les Juifs avaient été comme des brebis errantes (*) ; ils étaient ramenés maintenant au berger et au surveillant de leurs âmes. Mais de quelle manière parfaite ces exhortations montrent que le chrétien n’est pas de ce monde, mais qu’il y poursuit son chemin : cependant ce chemin y était celui de la paix.

(*) Allusion, je suppose, au dernier verset du Ps. 119. L’apôtre place constamment les chrétiens juifs sur le terrain du résidu béni, en en faisant une question de salut d’âme.

2.3 - Chapitre 3

De la même manière, les femmes devaient être soumises à leurs maris en toute modestie et pureté, afin que ce témoignage rendu à l’effet de la Parole par ses fruits, tînt la place de la Parole elle-même, si les maris ne voulaient pas écouter celle-ci. Les femmes devaient s’appuyer avec patience et douceur sur la fidélité de Dieu et ne pas se laisser épouvanter par la vue de la puissance des adversaires. (Comparer Phil. 1 :28).

Les maris, de même, devaient demeurer avec leurs femmes, leurs affections et leurs rapports étant réglés par la connaissance chrétienne, et non par aucune passion humaine ; les honorant et marchant avec elles comme étant héritiers ensemble de la grâce de la vie.

Enfin, tous devaient marcher dans un esprit de paix et de douceur, portant avec eux dans leurs rapports avec les autres, cette bénédiction dont ils étaient eux-mêmes les héritiers et de laquelle ils devaient, par conséquent, porter toujours l’esprit avec eux. En suivant le bien, en ayant la langue gouvernée par la crainte du Seigneur, en évitant le mal et en cherchant la paix, ils jouiront paisiblement de la vie présente sous le regard de Dieu. Car les yeux du Seigneur sont sur les justes, et ses oreilles sont tournées vers leurs supplications ; mais la face du Seigneur est contre ceux qui font le mal. Et qui, d’ailleurs, leur ferait du mal, s’ils ne suivaient que ce qui est bon ?

Tel est donc le gouvernement de Dieu, tels sont les principes selon lesquels il veille sur la marche de ce monde. Néanmoins, ce n’est pas maintenant un gouvernement direct et immédiat qui empêche tout mal. La puissance du mal agit encore sur la terre ; ceux qui en sont animés, se montrent hostiles aux justes et agissent par cette frayeur que Satan sait inspirer. Mais, en donnant au Seigneur sa place dans l’âme, cette frayeur que l’ennemi cherche à produire n’y a plus de place. Si le coeur a la conscience de la présence de Dieu, ce coeur tremblerait-il devant l’ennemi ? Voilà le secret du courage et de la paix en confessant Christ. Alors les instruments de l’ennemi cherchent à nous détourner et à nous accabler par leurs prétentions ; mais la conscience que Dieu est là, dissipe ces prétentions et en détruit toute la force. Appuyés sur la force de Sa présence, nous sommes prêts à répondre avec douceur et avec une sainte révérence éloignée de toute légèreté, à ceux qui demandent raison de notre espérance. Pour cela il est nécessaire d’avoir une bonne conscience. On peut porter à Dieu une mauvaise conscience pour qu’il pardonne et fasse grâce ; mais on ne peut résister à l’ennemi si l’on a une mauvaise conscience : on le craint. On craint d’un côté sa malice et, d’un autre, on a perdu la conscience de la présence et de la force de Dieu. En marchant devant Dieu, on ne craint rien ; le coeur est libre : on n’a pas à penser à soi ; on pense à Dieu ; et les adversaires sont honteux d’avoir faussement accusé ceux dont la conduite est irréprochable et contre lesquels aucune accusation ne peut être élevée, excepté les calomnies des ennemis, calomnies qui tournent à la propre honte de ceux-ci.


Il est possible que Dieu trouve bon que nous souffrions. S’il en est ainsi, il vaut mieux que nous souffrions pour le bien que pour le mal. L’apôtre présente un touchant motif pour cela : Christ a souffert, une fois pour toutes, pour les péchés ; que cela suffise ; ne souffrons que pour la justice. Souffrir pour le péché a été sa tâche ; il l’a accomplie et pour toujours, mis à mort quant à sa vie dans la chair, mais vivifié suivant la puissance de l’Esprit divin.

Le passage qui suit a présenté des difficultés aux lecteurs de la Bible ; mais il me semble simple, si l’on saisit le but de l’Esprit de Dieu. Les Juifs attendaient un Messie présent corporellement, qui délivrerait la nation et élèverait les Juifs au faîte de la gloire terrestre. Or, ce Messie n’était pas présent de cette manière, nous le savons, et les Juifs croyants avaient à supporter les moqueries et la haine des incrédules, à cause de leur confiance dans un Messie qui n’était pas présent et n’avait opéré aucune délivrance pour le peuple. Les croyants avaient le salut de l’âme et connaissaient Jésus dans le ciel, mais les hommes incrédules ne se souciaient pas de cela. L’apôtre donc cite le cas du témoignage de Noé. Les Juifs croyants étaient en petit nombre, et ils n’avaient Christ que selon l’Esprit. Par la puissance de cet Esprit, Christ avait été ressuscité d’entre les morts. C’était par la puissance du même Esprit, qu’il était allé, sans être corporellement présent, prêcher en Noé. Le monde avait été désobéissant alors (comme les Juifs au temps de l’apôtre), et huit personnes seulement avaient été sauvées, comme actuellement les croyants ne se trouvaient non plus qu’un petit troupeau. Mais les esprits des désobéissants étaient maintenant en prison, parce qu’ils n’avaient pas obéi à Christ, présent au milieu d’eux par son Esprit, en Noé. La patience de Dieu attendait alors, comme elle attendait maintenant à l’égard de la nation juive ; le résultat devait être le même. Et il l’a été.

L’interprétation que nous donnons de ce passage est confirmée (à l’encontre de celle qui suppose que l’Esprit de Christ a prêché dans le hadès aux âmes, gardées là depuis le déluge) par la considération que dans la Genèse nous lisons : « Mon Esprit ne contestera pas à toujours avec l’homme, mais ses jours seront cent vingt ans » (Gen. 6:3) ; ce qui veut dire, que l’Esprit de Dieu lutterait dans le témoignage de Noé, pendant 120 ans, et pas plus longtemps. Or, il serait extraordinaire que ce ne fût qu’avec ces hommes-là seuls (car il n’est parlé que de ceux-là), que le Seigneur lutterait en témoignage après leur mort. En outre, nous pouvons remarquer, qu’en considérant cette expression comme signifiant l’Esprit de Christ en Noé, nous ne faisons qu’employer une phrase bien connue de Pierre car, comme nous l’avons vu, c’est lui qui a dit : « L’Esprit de Christ, qui était dans les prophètes. »

Ces esprits donc sont en prison, parce qu’ils n’ont pas écouté l’Esprit de Christ en Noé. (Comparer 2 Pierre 2:5-9.) À ceci, l’apôtre ajoute la comparaison du baptême avec l’arche de Noé dans le déluge. Noé avait été sauvé à travers l’eau, nous aussi nous le sommes ; car l’eau du baptême figure la mort, comme le déluge a été, pour ainsi dire, la mort du monde. Or Christ a passé par la mort, et il est ressuscité. Nous entrons dans la mort, dans le baptême, mais comme l’arche, parce que Christ a souffert dans la mort pour nous et en est sorti dans la résurrection, comme Noé du déluge, pour commencer comme une nouvelle vie dans un monde ressuscité. Or Christ, ayant passé par la mort, a expié les péchés ; et nous, en y passant spirituellement, nous y laissons tous nos péchés, comme Christ l’a fait réellement pour nous ; car il est ressuscité sans les péchés qu’il a expiés sur la croix. Et c’étaient nos péchés ; et ainsi, par la résurrection, nous avons une bonne conscience. Nous traversons la mort, en esprit et en figure, par le baptême. La force de la chose qui donne la paix, c’est la résurrection de Christ, après l’accomplissement de l’expiation ; par cette résurrection donc, nous avons une bonne conscience.

Or, c’était ce que les Juifs avaient à apprendre. Le Christ était monté au ciel, toutes les puissances et les principautés lui étant soumises. Il est à la droite de Dieu. Nous avons donc, non un Messie sur la terre, mais une bonne conscience et un Christ céleste.


2.4 - Chapitre 4

Depuis le commencement de ce chapitre jusqu’à la fin du verset 7, l’apôtre continue à traiter des principes généraux du gouvernement de Dieu, en exhortant le chrétien à se conduire selon les principes de Christ lui-même, ce qui lui ferait éviter la marche que ce gouvernement condamne, tandis qu’il attendait le jugement du monde par le Christ qu’il servait. Christ glorifié, ainsi que nous l’avons vu à la fin du chapitre précédent, était prêt à juger ; et ceux qui s’irritaient contre les chrétiens et étaient menés par leurs passions, sans s’inquiéter de ce jugement qui venait, rendraient compte à ce Juge qu’ils ne voulaient pas reconnaître comme Sauveur.

Les souffrances, dont il est question ici, on le remarquera, sont des souffrances pour la justice (chapitre 2:19 ; 3:17), en rapport avec le gouvernement et le jugement de Dieu. Le principe était celui-ci : les chrétiens acceptaient et suivaient le Sauveur que le monde et Sa nation rejetaient ; ils marchaient sur ses saintes traces dans la justice comme pèlerins et étrangers, en abandonnant la corruption qui régnait dans le monde. En marchant dans la paix et en suivant le bien, ils évitaient jusqu’à un certain point, les attaques des autres ; et les yeux de Celui qui veille d’en haut sur toutes choses, reposaient sur les justes. Toutefois, dans les relations de la vie ordinaire (voyez chapitre 2:18) et dans les rapports avec les hommes, il est bien possible qu’on ait à souffrir et à subir de flagrantes injustices. Or le temps du jugement de Dieu n’était pas encore arrivé. Christ est en haut ; il avait été rejeté sur la terre, et la part du chrétien était de le suivre. Le temps de la manifestation du gouvernement de Dieu serait lors du jugement que Christ doit exercer. En attendant, sa marche sur la terre a donné le modèle de ce que le Dieu de jugement approuve. (Chapitre 2:21-23 ; 4:1 et suivants.)

On doit faire du bien, souffrir et prendre patience. C’est là ce qui est agréable à Dieu ; c’est là ce que Christ a fait. Il valait mieux, si Dieu le trouvait bon, souffrir pour le bien, que souffrir pour le mal. Christ (chapitre 2:24) a porté nos péchés, a souffert pour nos péchés, le Juste pour les injustes, afin qu’étant morts au péché, nous vivions pour la justice, et qu’il nous amenât à Dieu lui-même. Christ est maintenant en haut ; il est prêt à juger. Quand le jugement arrivera, les principes du gouvernement de Dieu seront manifestés et prévaudront.

Le commencement du chapitre 4 demande quelques remarques un peu plus détaillées. La mort du Christ y est appliquée à la mort pratique aux péchés ; état qui est mis en contraste avec la vie des gentils.

Christ sur la croix (Pierre fait allusion au verset 18 du chapitre précédent) a souffert pour nous dans la chair. Il est mort de fait quant à sa vie d’homme. Il faut nous armer du même sentiment et ne tolérer aucune activité de vie ou de passions qui soient selon la volonté du vieil homme, mais souffrir quant à la chair, ne cédant jamais à ses désirs. Le péché est l’action, en nous, de la volonté de la chair, de la volonté de l’homme en tant que vivant dans ce monde. Lorsque cette volonté agit, le principe du péché est là, car nous devons obéir. La volonté de Dieu doit être le ressort de notre vie morale ; elle doit l’être d’autant plus que maintenant que nous avons la connaissance du bien et du mal — que la volonté de la chair, non subordonnée à Dieu, est en nous — il faut, ou que nous prenions la volonté de Dieu comme notre seul motif, ou que nous agissions selon la volonté de la chair, car celle-ci est toujours présente en nous.

Christ est venu pour obéir, il a choisi plutôt de mourir et de souffrir toutes choses, que de ne pas obéir. Il est ainsi mort au péché, qui n’a jamais trouvé entrée dans son coeur. Tenté au dernier point, il préféra la mort à la désobéissance, même lorsque la mort avait et le caractère de la colère contre le péché et le caractère du jugement. Tout amère qu’était la coupe, il l’a bue plutôt que de ne pas accomplir de la manière la plus parfaite la volonté de son Père et de ne pas le glorifier. Éprouvé au plus haut degré, mais restant parfait, la tentation qui l’assaillait toujours du dehors et cherchait une entrée en Lui (car il n’en avait pas au dedans de Lui), était toujours tenue dehors ; elle n’a jamais pénétré en Lui, et il ne s’est manifesté aucun mouvement de sa volonté pour elle ; elle a fait ressortir l’obéissance, ou la perfection des pensées divines dans l’homme, et, en mourant, en souffrant dans la chair, il en avait complètement fini avec elle, fini avec le péché pour toujours, et il est entré pour toujours dans le repos, après avoir été éprouvé jusqu’au dernier point et avoir été tenté en toutes choses semblablement à nous (*), quant à l’épreuve de la foi, quant au combat de la vie spirituelle.

(*) Ce n’est pas, comme dans la version autorisée, « toutefois sans péché », tout vrai que cela puisse être, mais cwriV amartiaV « à part le péché ». Nous sommes tentés, étant entraînés par nos propres convoitises. Christ a eu sur la route toutes nos difficultés, toutes nos tentations, mais il n’avait en lui-même rien qui pût le conduire mal — bien loin de là sûrement — rien qui répondit à la tentation.

Or, il en est de même pour nous. Si je souffre dans la chair, la volonté de la chair n’est assurément pas en activité ; et la chair, dans ce que je souffre, est morte pratiquement, je n’ai plus rien à faire avec les péchés (*). Nous sommes donc affranchis du péché ; nous en avons fini avec lui, et nous sommes en repos. Si nous sommes contents de souffrir, la volonté n’agit pas, le péché n’est pas là, de fait ; car souffrir n’est pas volonté, c’est la grâce agissant selon l’image et les sentiments de Christ dans le nouvel homme ; et nous sommes délivrés de l’action du vieil homme : il n’agit pas ; nous nous reposons de lui, nous en avons fini avec lui, pour ne plus vivre, pendant le restant de notre vie d’ici-bas, dans la chair, selon les convoitises de l’homme, mais selon la volonté de Dieu que suit le nouvel homme.

(*) Pierre s’arrête aux effets ; Paul, comme toujours, va jusqu’à la racine (Romains 6).

Il suffit que nous ayons passé le temps déjà écoulé de notre vie en faisant la volonté des gentils (Pierre parle toujours aux chrétiens de la circoncision) et en commettant les excès auxquels ceux-ci s’abandonnaient, s’étonnant en même temps de ce que les chrétiens se refusaient à faire comme eux> et disant du mal d’eux pour cette raison. Mais ils devaient rendre compte à Celui qui est prêt à juger les vivants et les morts.


Les Juifs étaient habitués au jugement des vivants, car ils formaient le centre du gouvernement de Dieu sur la terre. Le jugement des morts, qui nous est plus familier, ne leur avait pas été positivement révélé. Ils étaient toutefois passibles de ce jugement ; car c’est dans ce but que les promesses de Dieu leur avaient été présentées de leur vivant, afin qu’ils vécussent selon Dieu en esprit, ou qu’ils fussent jugés comme hommes responsables des choses faites dans la chair. Car l’un ou l’autre de ces résultats devait être produit dans chacun de ceux qui ont entendu les promesses. Ainsi, pour ce qui concerne les Juifs, le jugement des morts devait avoir lieu, en rapport avec les promesses qui leur ont été présentées. Car ce témoignage de Dieu plaçait tous ceux qui l’entendaient sous la responsabilité, de sorte qu’ils devaient être jugés comme des hommes qui avaient à rendre compte à Dieu de leur conduite dans la chair, à moins qu’ils ne sortissent de cette position de vie dans la chair, étant vivifiés par la puissance de la parole qui leur était adressée, appliquée par l’énergie de l’Esprit ; de sorte qu’ils échappaient à la chair par la vie spirituelle qu’ils recevaient.


Or la fin de toutes choses était proche. L’apôtre, tout en parlant du grand principe de responsabilité, en rapport avec le témoignage de Dieu, attire l’attention des fidèles sur la pensée solennelle de la fin de toutes ces choses sur lesquelles la chair s’appuyait. Cette fin approchait.

Ici, remarquez-le, Pierre présente non la venue du Seigneur pour recevoir les siens, ni son apparition avec eux, mais ce moment de la sanction solennelle des voies de Dieu, où tout refuge de la chair disparaîtra et où toutes les pensées de l’homme périront pour toujours.


Quant aux rapports de Dieu avec le monde, en gouvernement, la destruction de Jérusalem, quoiqu’elle n’ait pas été « la fin », a été cependant d’une immense importance, parce qu’elle a détruit le siège même de ce gouvernement sur la terre, où le Messie aurait dû régner et où il régnera.


Dieu veille sur toutes choses ; il prend soin des siens, il compte les cheveux de leurs têtes ; il fait contribuer toutes choses à leur plus grand bien ; mais c’est au milieu d’un monde qu’il ne reconnaît plus. Car, non seulement le gouvernement terrestre et direct de Dieu est mis de côté, ce qui a eu lieu du temps de Nébucadnetsar et, en un certain sens, du temps de Saül, mais le Messie qui doit y régner, a été rejeté et a pris la position céleste, en résurrection, qui forme le sujet de cette épître.

La destruction de Jérusalem (qui devait avoir lieu en ce temps-là) a été l’abolition finale des traces mêmes de ce gouvernement, jusqu’à ce que le Seigneur revienne. Les relations d’un peuple terrestre avec Dieu, sur le pied de la responsabilité de l’homme, avaient fini. Le gouvernement général de Dieu prenait la place de celui qui l’avait précédé ; gouvernement toujours le même en principe, mais qui, Jésus ayant souffert sur la terre, laissait encore souffrir ses membres ici-bas. Et, jusqu’au jugement, les méchants persécuteront les justes, et il faut que les justes aient patience. À l’égard de la nation, ces relations avec Dieu n’ont subsisté que jusqu’à la destruction de Jérusalem ; les espérances incrédules des Juifs, comme nation, ont été judiciairement renversées. L’apôtre parle ici d’une manière générale, et en vue de l’effet de la vérité solennelle de la fin de toutes choses, car Christ est toujours « prêt à juger » : et s’il y a du retard, c’est que Dieu ne veut pas la mort du pécheur, et qu’il prolonge le temps de la grâce.

En vue de cette fin de tout ce qui se voit, nous devons être sobres et veiller pour prier. Nous devons avoir le coeur ainsi exercé envers Dieu, qui ne change pas, qui ne passera jamais, et qui nous garde à travers toutes les difficultés et les tentations de cette scène passagère jusqu’au jour prochain de la délivrance. Au lieu de nous laisser entraîner par les choses présentes et visibles, nous devons tenir en bride et nous-mêmes, et notre volonté, et nous entretenir avec Dieu.


Ceci conduit l’apôtre à parler de la position intérieure des chrétiens, de leurs relations entre eux et non pas avec le gouvernement général du monde de la part de Dieu. Ils suivent Christ lui-même, parce qu’ils sont chrétiens. La première chose que Pierre leur enjoint, c’est une charité fervente ; non seulement un support qui empêcherait que l’irritation de la chair n’éclate, mais une énergie d’amour qui, en imprimant son caractère sur toutes les voies des chrétiens les uns envers les autres, mettrait de côté pratiquement l’action de la chair, et rendrait manifestes la présence et l’action divines.


Or cet amour a couvert une multitude de péchés. Pierre ne parle pas ici du pardon final, mais de la connaissance actuelle que Dieu prend des choses, de ses relations actuelles en gouvernement avec son peuple ; car nous avons des relations actuelles avec Dieu. Si l’Assemblée est en désaccord, s’il y a peu d’amour, si les rapports entre les chrétiens ne s’entretiennent qu’avec des coeurs étroits et avec difficulté, le mal qui existe, les torts mutuels subsistent devant Dieu ; mais s’il y a l’amour qui ne commet point de tort, ni ne s’en venge, mais les pardonne et n’y trouve qu’une occasion de s’exercer, alors c’est sur l’amour et non pas sur le mal que le regard de Dieu repose. Si même il y a des méfaits — des péchés — l’amour s’en occupe, l’offenseur est ramené et restauré par la charité de l’assemblée ; les péchés sont ôtés de devant les yeux de Dieu, ils sont couverts. C’est une citation des Proverbes 10:12 : « La haine excite les querelles, mais l’amour couvre toutes les transgressions. » Nous avons le droit de les pardonner — de laver les pieds de notre frère. (Comparer Jacques 5:15 et 1 Jean 5:16.) Non seulement nous pardonnons, mais l’amour maintient l’assemblée devant Dieu selon sa propre nature, de sorte qu’il peut la bénir.

Les chrétiens doivent exercer l’hospitalité les uns envers les autres avec toute libéralité. Cet exercice de l’hospitalité est l’expression de l’amour et contribue beaucoup à le maintenir : on n’est plus étranger l’un pour l’autre.

Ensuite, après l’exercice de la grâce, viennent les dons. Tout vient de Dieu. Selon que chacun avait reçu le don, il devait servir, dans ce don, comme dispensateur de la grâce variée de Dieu. C’est Dieu qui donne ; le chrétien est serviteur et responsable comme dispensateur de la part de Dieu. Il doit tout attribuer à Dieu, directement à Dieu. S’il parle, il doit le faire comme oracle de Dieu, c’est-à-dire comme parlant de la part de Dieu et non de son propre fonds. Si quelqu’un sert dans les choses temporelles, qu’il le fasse comme avec une force et une capacité qui viennent de Dieu, afin que, soit que quelqu’un parle, soit que quelqu’un serve, Dieu soit glorifié en toutes choses par Jésus Christ. À lui, ajoute l’apôtre, soient gloire et puissance ! Amen.

Après ces exhortations, Pierre revient aux souffrances pour le nom de Christ. Les chrétiens ne devaient pas considérer les persécutions ardentes qui venaient sur eux pour les éprouver, comme une chose étrange qui leur arrivait. Au contraire, ils étaient unis à un Christ souffrant et rejeté : ils participaient ainsi à ses souffrances et ils devaient s’en réjouir. Christ allait bientôt paraître, et ces souffrances pour Lui tourneraient à leur suprême joie, lorsque sa gloire serait révélée. Les chrétiens devaient donc se réjouir en ce qu’ils participaient aux souffrances de Christ, pour être remplis d’une abondante joie à la révélation de sa gloire. S’ils étaient dans l’opprobre pour le nom de Christ, ils étaient heureux. L’Esprit de Dieu reposait sur eux. C’était le nom de Christ qui amenait l’opprobre sur eux. Christ était dans la gloire auprès de Dieu ; l’Esprit qui venait de cette gloire et de ce Dieu, les remplissait de joie en supportant l’opprobre. C’était Christ qui était blasphémé — Christ qui était glorifié — blasphémé par les ennemis de l’Évangile, tandis que les chrétiens avaient la joie de le glorifier. On remarquera que, dans ce passage, c’est pour Christ lui-même (ainsi qu’il a été dit), que le fidèle souffre ; et c’est pourquoi l’apôtre parle de gloire et de joie à l’apparition de Jésus Christ, tandis qu’il n’en fait pas mention aux chapitre 2:20 et 3:17. (Comparez Matthieu 5:10-12.)

Le chrétien ne doit donc jamais souffrir comme malfaiteur ; mais s’il souffrait comme chrétien, il ne devait pas en avoir de honte, mais il devait glorifier Dieu pour cela. L’apôtre revient ensuite au gouvernement de Dieu ; car ces souffrances des fidèles avaient un autre caractère aussi. Pour la personne qui souffrait, c’était une gloire ; elle participait aux souffrances de Christ, et l’Esprit de gloire et de Dieu reposait sur elle ; et tout cela tournerait en abondante joie quand la gloire serait révélée. Mais Dieu ne prenait pas plaisir à laisser souffrir son peuple. Il le permettait ; et si Christ a dû souffrir pour nous, sans que Lui, qui n’a pas connu le péché, en eût besoin pour lui-même, le peuple de Dieu a souvent besoin d’être exercé par la souffrance pour son propre compte. Dieu se sert pour cela des méchants, ennemis du nom de Christ. — Le livre de Job explique ceci, indépendamment de toute économie. Mais sous chaque forme de ses voies, Dieu exerce ses jugements selon l’ordre qu’il a établi. Il a fait ainsi dans ses relations avec Israël ; il le fait de même avec l’Assemblée. Celle-ci a une part céleste ; et si elle s’attache à la terre, Dieu permet à l’ennemi de la troubler. Il est possible que la personne qui souffre soit pleine de foi et d’amour, dévouée pour le Seigneur ; mais dans la persécution, le coeur sent que le monde n’est pas son repos, qu’il faut qu’il ait sa part ailleurs et sa force ailleurs. Nous ne sommes pas du monde qui nous persécute. Si le fidèle serviteur de Dieu est retranché du monde par la persécution, la foi en est fortifiée, car Dieu est en cela ; mais ceux du milieu desquels il est retranché, souffrent et sentent que la main de Dieu est intervenue. Ses voies revêtent la forme de jugement ; toujours en amour parfait, mais en discipline.

Dieu juge tout selon sa nature. Il veut que tout soit en accord avec sa nature. Nul homme droit et honorable ne voudrait avoir les méchants auprès de lui et toujours devant lui. Dieu ne le voudrait certainement pas. Et c’est dans ce qui est le plus près de Lui, qu’il veut par-dessus tout que toute chose réponde à sa nature et à sa sainteté — à tout ce qu’il est. Je voudrais que, autour de moi, tout fût assez propre pour ne pas me déshonorer : mais dans ma maison, je veux une propreté telle que je la désire personnellement. Ainsi, il faut que le jugement commence par la maison de Dieu : l’apôtre fait allusion ici à Ézechiel 9:6. C’est un principe solennel. Aucune grâce, aucun privilège ne change la nature de Dieu ; et il faut que tout soit conforme à cette nature, ou soit, à la fin, banni de sa présence. La grâce peut nous rendre conformes à la nature de Dieu, et c’est ce qu’elle fait. Elle donne la nature divine, de sorte qu’il y a en nous un principe de conformité absolue avec Dieu. Mais, quant à la conformité pratique en pensée et en acte, il faut que le coeur et la conscience soient exercés, afin que l’intelligence du coeur, les aspirations et les désirs habituels de la volonté soient formés d’après la révélation de Dieu, et dirigés vers Lui continuellement.

Or, si cette conformité manque, de sorte que son absence nuise au témoignage de Dieu, Dieu qui juge son peuple et qui jugera le mal partout, intervient par les châtiments qu’il inflige. Le jugement commence par la maison de Dieu. Les justes sont difficilement sauvés. Il ne s’agit évidemment pas, ici, de la rédemption, ni de la justification, ni de la communication de la vie : ceux à qui Pierre s’adresse possédaient ces choses. Pour l’apôtre, le « salut » est non seulement la jouissance actuelle du salut de l’âme, mais la pleine délivrance des fidèles, qui aura lieu à la venue de Christ en gloire. Il a en vue toutes les tentations, toutes les épreuves, tous les dangers par lesquels le chrétien passe en atteignant le bout de sa carrière. Il faut toute la puissance de Dieu, dirigée par la sagesse divine, guidant et soutenant la foi, pour faire passer le chrétien sain et sauf au travers du désert où Satan met en oeuvre tous les ressorts de sa subtilité pour le faire périr. La puissance de Dieu l’accomplira ; mais au point de vue humain, les difficultés, sont presque insurmontables. Or, si les justes — selon les voies de Dieu qui doit maintenir son jugement conforme aux principes du bien et du mal dans son gouvernement, et qui ne veut se démentir en aucune manière en agissant envers l’ennemi de nos âmes — si les justes étaient difficilement sauvés, que deviendraient le pécheur et l’impie ? Ce n’est pas le moyen d’échapper à ces difficultés que de se joindre à eux. Quand on souffrait comme chrétien, on n’avait qu’une chose à faire, s’abandonner à Celui qui veillait sur le jugement qu’il exécutait. Car, puisque c’était sa main, on souffrait selon sa volonté. Christ a fait ainsi.

Remarquez, ici, qu’il ne s’agit pas seulement du gouvernement de Dieu, mais qu’il y a l’expression : « Comme à un fidèle Créateur ». L’Esprit de Dieu se meut ici dans cette sphère. C’est la relation de Dieu avec ce monde, et l’âme le connaît comme Celui qui l’a créée et qui n’abandonne pas les oeuvres de ses mains. Nous sommes sur le terrain juif : Dieu, connu dans ses rapports avec la première création. La confiance en Lui est fondée sur Christ ; mais Dieu est connu dans ses voies envers ce monde, et envers nous dans notre pèlerinage ici-bas où il gouverne et juge les chrétiens, comme il jugera tout le monde.


2.5 - Chapitre 5

L’apôtre revient à des détails chrétiens. Il exhorte les anciens, lui qui est ancien ; car il paraît que, parmi les Juifs, ce titre était plutôt caractéristique qu’officiel (comparer verset 5) ; il les exhorte à paître le troupeau de Dieu. L’apôtre se désigne comme quelqu’un qui avait été témoin des souffrances de Christ et qui devait avoir part à la gloire qui sera révélée. C’était la fonction des douze d’être témoins de la vie de Christ (Jean 15), comme celle du Saint Esprit était de rendre témoignage à sa gloire céleste. Pierre se place aux deux bouts de l’histoire du Seigneur, et laisse l’intervalle privé de tout, sauf de l’espérance et du pèlerinage vers un but. Il avait vu les souffrances de Christ ; il devait participer à sa gloire lorsqu’il serait révélé. C’est un Christ qui se place lui-même en relation avec les Juifs, et seulement connu par la foi maintenant. Pendant sa vie sur la terre, il a été au milieu des Juifs, quoiqu’il y ait souffert et qu’il y ait été rejeté. Lorsqu’il paraîtra, il sera de nouveau en relation avec la terre et avec ce peuple.

Paul parle autrement, tout en confirmant ces vérités. Il n’a connu le Seigneur qu’après son exaltation ; il n’est pas un témoin de ses souffrances, mais il cherche la puissance de sa résurrection et la communion de ses souffrances. Son coeur est lié à Christ pendant que Christ est dans le ciel, comme étant uni à Lui, en haut : et quoiqu’il désire l’apparition du Seigneur pour le rétablissement de toutes les choses dont les prophètes avaient parlé, il se réjouit de savoir qu’il ira à sa rencontre avec joie et reviendra avec Lui quand il sera révélé du ciel.

Les anciens devaient paître le troupeau de Dieu avec promptitude, et non comme par contrainte, ni pour un gain, ni comme dominant sur un héritage qui leur appartienne, mais comme les modèles du troupeau. Ils devaient prodiguer de tendres soins au troupeau, pour l’amour de Christ, souverain Pasteur, en vue du bien des âmes. D’ailleurs c’était le troupeau de Dieu qu’ils étaient appelés à paître. Quelle pensée aussi solennelle que douce ! Il est impossible qu’un homme ait jamais l’idée de parler de son troupeau, s’il a compris que c’est le troupeau de Dieu, et que Dieu nous permet de le paître.

On peut remarquer que le coeur du bienheureux apôtre est là où le Seigneur l’avait placé. « Pais mes brebis », telle avait été l’expression de la grâce parfaite du Seigneur envers Pierre, lorsqu’il amenait celui-ci à la confession humiliante, mais salutaire, qu’il fallait l’oeil de Dieu pour voir que son faible disciple l’aimait. Au moment où il le convainquait de son néant absolu, le Seigneur lui confiait ce qu’il avait de plus cher. Aussi voyons-nous ici que c’est le souci de l’apôtre, le désir de son coeur, que les anciens paissent le troupeau. Ici comme ailleurs, Pierre ne va pas plus loin que l’apparition du Seigneur. C’est à cette époque que les voies de Dieu en gouvernement — dont les Juifs étaient le centre terrestre — seront pleinement manifestées. Alors, la couronne de gloire sera présentée à celui qui aura été fidèle et qui aura satisfait le coeur du souverain Pasteur.

Les jeunes gens devaient se soumettre à ceux qui étaient plus âgés, et tous, les uns aux autres. Tous devaient être revêtus d’humilité ; car Dieu résiste aux orgueilleux et fait grâce aux humbles. Ce sont encore les principes de son gouvernement. Sous sa main, ils devaient donc s’humilier ; ils seraient exaltés au temps convenable. Faire ainsi, c’était s’en rapporter à Dieu. Lui savait ce qui était nécessaire. Lui, qui les aimait, les élèverait dans un temps convenable. Il s’inquiétait d’eux ; ils devaient se reposer sur Lui, lui remettre tous leurs soucis.

D’un autre côté, ils devaient être sobres et vigilants, car l’adversaire cherchait à les dévorer. Ici — quelles que soient ses ruses, quoiqu’il puisse dresser des embûches aux chrétiens — c’est sous le caractère d’un lion rugissant, qui excite des persécutions ouvertes, que l’apôtre le présente. On devait lui résister, tenant ferme dans la foi. Partout, les mêmes afflictions se trouvaient. Toutefois, le Dieu de toute grâce est la confiance des chrétiens. Il nous a appelés à participer à sa gloire éternelle. Le souhait de l’apôtre pour eux est que, après qu’ils auraient souffert pour un temps, le Dieu de grâce rendît ceux auxquels il écrit, parfaits, complets — les affermît, les fortifiât, édifiant leurs coeurs sur le fondement d’une assurance inébranlable. Et à Lui, ajoute-t-il, soient la gloire et la puissance.

On voit que les chrétiens, auxquels Pierre écrivait, souffraient, et que l’apôtre expliquait ces souffrances d’après les principes du gouvernement divin, eu égard spécialement aux relations des chrétiens avec Dieu comme étant sa maison, soit que ces souffrances fussent des souffrances à cause de la justice, ou des souffrances pour le nom du Seigneur. Elles n’étaient que pour un temps. L’espérance du chrétien était ailleurs ; la patience chrétienne était agréable à Dieu. C’était leur gloire, s’ils souffraient pour le nom de Christ. Au reste, Dieu jugeait sa maison et veillait sur son peuple.


3 - DEUXIÈME ÉPÎTRE de PIERRE

La seconde épître de Pierre est encore plus simple que la première. Elle est écrite, ainsi que celles de Jude et de Jean, essentiellement en vue des séducteurs qui, avec de belles promesses de liberté, entraînaient les âmes dans le péché et la licence, niant la venue de Christ, et, de fait, reniant tous ses droits sur eux. L’épître avertit les mêmes chrétiens à qui la première était adressée, signalant les traits caractéristiques de ces faux docteurs ; les dénonçant de la manière la plus énergique ; expliquant la longue patience de Dieu et annonçant un jugement qui, comme le fait sa patience, conviendrait à la majesté de Celui qui devait l’exécuter.


3.1 - Chapitre 1

Mais, avant de donner ces avertissements, qui commencent avec le second chapitre, apôtre exhorte les chrétiens à affermir leur propre appel et leur élection — non pas, évidemment, dans le coeur de Dieu, mais, de fait, dans leurs propres coeurs et dans la vie pratique, en marchant de manière à ne pas broncher ; de sorte que le témoignage de la part qu’ils avaient en Christ fût toujours clair et qu’une abondante entrée leur fût donnée.

Ces exhortations sont fondées :

1° Sur ce qui est déjà donné aux chrétiens

2° Sur ce qui est à venir — savoir : la manifestation de la gloire du royaume. En touchant ce dernier point, Pierre indique une part encore plus excellente — l’Étoile brillante du matin, le Christ céleste lui-même et notre association avec Lui avant qu’il paraisse comme le Soleil de justice.

3° Nous verrons que les exhortations sont fondées aussi sur une autre base — savoir : la dissolution des cieux et de la terre, démontrant ainsi l’instabilité de tout ce sur quoi l’incrédulité se fondait, et donnant, par la même raison, un avertissement solennel aux saints, pour les amener à marcher dans la sainteté.

L’apôtre désigne ses frères comme ceux qui avaient reçu en partage la même précieuse foi que lui-même, par la fidélité de Dieu (*) aux promesses faites aux pères, car c’est là, certainement ici, la force du mot « justice ». La fidélité du Dieu d’Israël avait donné à son peuple cette foi (c’est-à-dire le christianisme) qui leur était si précieuse.

(*) On peut traduire : « de notre Dieu et Sauveur Jésus Christ », et peut. être doit-on traduire ainsi, puisqu’il s’agit de la fidélité de Dieu à ses promesses. L’épître aux Hébreux insiste aussi sur ce que Jésus est Jéhovah.

La foi est, ici, la part que nous avons maintenant dans les choses que Dieu donne, révélées comme vérités dans le christianisme, lorsque les choses promises ne sont pas encore arrivées. C’était de cette manière que les Juifs croyants devaient posséder le Messie et tout ce que Dieu donnait en Lui, comme le Seigneur a dit : « Que votre coeur ne soit pas troublé ; vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a plusieurs demeures… je vais vous préparer une place. » C’est-à-dire : « Vous ne possédez pas Dieu visiblement ; vous jouissez de lui en croyant en lui. Il en est de même quant à moi : vous ne me posséderez pas corporellement, mais vous jouirez de tout ce qui est en moi — la justice et toutes les promesses de Dieu — en croyant. » C’est ainsi que ces Juifs croyants, auxquels Pierre écrivait, possédaient le Seigneur ; ils avaient reçu cette précieuse foi.

Pierre leur souhaite, comme toujours, « la grâce et la paix », en ajoutant : « dans la connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur ». La connaissance de Dieu et de Jésus, est le centre et le soutien de la foi, ce qui la nourrit, elle se développe et s’accroît divinement dans cette connaissance qui la garantit aussi des vaines pensées des séducteurs. Mais il y a une puissance vivante dans cette connaissance — une puissance divine dans ce que Dieu est pour les fidèles — comme il est révélé dans cette connaissance à la foi ; et cette puissance divine nous a donné tout ce qui regarde la vie et la piété. Par la connaissance réalisante que nous possédons de Celui qui nous a appelés, cette puissance divine devient utile et efficace pour tout ce qui appartient à la vie et à la piété — « la connaissance de celui qui nous a appelés par la gloire et par la vertu ».

Ainsi, nous trouvons ici l’appel de Dieu, nous invitant à poursuivre la gloire comme notre but, en remportant par la vertu — le courage spirituel — la victoire sur tous les ennemis que nous rencontrons sur notre route. Ce n’est pas une loi donnée à un peuple déjà rassemblé, mais la gloire proposée, pour qu’on l’atteigne par l’énergie spirituelle. En outre, nous avons la puissance divine, agissant, selon sa propre efficacité, pour la vie de Dieu en nous, et pour la piété.

Qu’il est précieux de savoir que la foi peut disposer de cette puissance divine, réalisée dans la vie de l’âme et la dirigeant vers la gloire comme but ! Quelle sauvegarde contre les efforts de l’ennemi, si nous sommes vraiment établis dans la conscience de cette puissance divine, opérant en grâce en notre faveur ! Le coeur est amené à faire de la gloire son objet ; et la vertu, la force de la vie spirituelle, se développe sur le chemin qui y conduit. La puissance divine nous a donné tout ce qui est nécessaire.

Or, en rapport avec ces deux choses — savoir la gloire et l’énergie de la vie — de très grandes et précieuses promesses nous sont données ; car toutes les promesses en Christ se développent, soit dans la gloire, soit dans la vie qui y conduit. Par le moyen de ces promesses, nous participons à la nature divine ; car cette puissance divine, qui se réalise dans la vie et dans la piété, se rapporte à ces grandes et précieuses promesses qui ont trait ou à la gloire, ou à la vertu dans la vie qui y conduit — c’est-à-dire que c’est la puissance divine qui se développe, en réalisant la gloire et la marche céleste qui la caractérise dans sa nature. Nous sommes ainsi rendus moralement participants de la nature divine par la puissance divine agissant en nous et fixant l’âme sur ce qui est révélé divinement. Précieuse vérité ! Privilège si élevé, et qui nous rend capables de jouir de Dieu lui-même, en même temps que de tout bien !


Par la même action de cette puissance divine. nous échappons à la corruption qui est dans le monde par la convoitise ; car la puissance divine nous en délivre. Non seulement nous n’y succombons pas, mais nous sommes occupés ailleurs, et l’action de l’ennemi sur la chair est écartée ; les désirs dont on ne savait se purifier, sont enlevés ; la relation vicieuse du coeur avec son objet cesse. C’est une vraie délivrance : on est maître de soi-même à cet égard ; on est libre du péché.

Or, il ne suffit pas d’avoir échappé par la foi à l’empire même intérieur des désirs de la chair ; il faut encore ajouter à la foi — à cette foi qui réalise la puissance divine et la gloire de Christ qui va être révélée — la vertu. C’est la première chose. C’est, nous l’avons dit, le courage moral qui surmonte les difficultés et gouverne le coeur, en tenant en bride tout mouvement de la vieille nature. Elle est une énergie par laquelle le coeur est maître de lui-même et sait choisir le bien et rejeter le mal comme une chose vaincue et indigne de lui-même. C’est bien la grâce, mais, ici, l’apôtre parle du fait lui-même, comme il est réalisé dans le coeur, et non pas de sa source. J’ai dit que c’est la première chose, parce que, en pratique, ce gouvernement de soi-même — cette vertu, cette énergie morale — est la délivrance du mal, et rend possible la communion avec Dieu. C’est la seule chose qui donne de la réalité à tout le reste, car, sans la vertu, nous ne sommes pas réellement avec Dieu. La puissance divine peut-elle se déployer dans le relâchement de la chair ? Et si nous ne sommes pas réellement avec Dieu — si la nouvelle nature n’est pas en activité — la connaissance n’est que l’enflure de la chair, la patience, une qualité naturelle, ou de l’hypocrisie, et ainsi pour le reste. Mais lorsque cette vertu est là, il est très précieux d’y ajouter la connaissance. Nous avons alors la sagesse et l’intelligence divines pour diriger notre marche : le cœur est élargi, sanctifié, spirituellement développé par une connaissance de Dieu plus complète et plus profonde, qui agit dans le coeur et se reflète dans la marche. Nous sommes gardés de bien des erreurs — nous sommes plus humbles, plus sobres : nous savons mieux où est notre trésor et ce qu’il est ; nous savons que tout le reste n’est que vanité et entrave. Il s’agit donc, ici, de la vraie connaissance de Dieu.

Pour celui qui marche ainsi dans la connaissance de Dieu, la chair, la volonté, les désirs sont brisés et tout à fait amoindris dans leur force pratique, et disparaissent comme habitudes du coeur ; on ne les nourrit pas. Nous sommes modérés, nous nous contraignons, nous ne nous laissons pas aller à nos désirs, la tempérance s’ajoute à la connaissance. L’apôtre ne parle pas de la marche, mais de l’état du coeur dans la marche. Ainsi gouverné, et la volonté étant tenue en bride, on supporte les autres avec patience ; et les circonstances par lesquelles il faut passer sont endurées selon la volonté de Dieu quelles qu’elles puissent être. Nous ajoutons la patience à la tempérance. Alors le coeur, la vie spirituelle est libre de jouir de ses vrais objets — principe d’une haute importance dans la vie chrétienne. Lorsque la chair agit, d’une manière ou d’une autre (même si son action est purement intérieure), s’il y a une chose quelconque, à l’égard de laquelle la conscience devrait être exercée, l’âme ne peut avoir la jouissance de la communion de Dieu dans la lumière, parce qu’alors l’effet de la lumière est de mettre la conscience en exercice. Mais, lorsque la conscience n’a rien qui ne soit déjà jugé dans la lumière, l’homme nouveau est en activité relativement à Dieu, soit en jouissant de la joie de sa présence, soit en le glorifiant par une vie caractérisée par la piété. Nous jouissons de la communion de Dieu, nous marchons avec Dieu ; nous ajoutons à la patience, la piété.

Le coeur étant ainsi dans la communion de Dieu, l’affection coule librement vers ceux qui Lui sont chers et qui, participant à la même nature, font ressortir nécessairement les affections du coeur spirituel : l’amour fraternel se développe.

Il y a un autre principe qui couronne, gouverne et caractérise tous les autres, c’est la charité, l’amour proprement dit. L’amour est, au fond, la nature de Dieu lui-même, la source et la perfection de toutes les autres qualités qui ornent la vie, chrétienne. La distinction entre l’amour et l’affection fraternelle est d’une haute importance ; le premier, comme nous venons de le dire, est vraiment la source d’où découle la dernière mais comme cette affection fraternelle existe dans des hommes mortels, elle peut être mêlée dans son exercice avec des sentiments purement humains, avec des affections individuelles, avec l’effet des attraits personnels, ou celui des habitudes, des convenances de caractère. Rien n’est plus doux que les affections fraternelles, leur maintien est de la plus haute importance pratique dans l’Assemblée ; mais elles peuvent dégénérer, comme elles peuvent se refroidir ; et, si l’amour, si Dieu ne tient pas la première place, elles peuvent le remplacer — le mettre de côté — l’exclure. L’amour divin, qui est la nature même de Dieu, dirige, règle l’affection fraternelle, et lui donne son caractère ; autrement, c’est ce qui nous est agréable à nous — c’est-à-dire notre propre coeur — qui nous gouverne. Si l’amour divin me gouverne, j’aime tous mes frères ; je les aime, parce qu’ils appartiennent à Christ ; il n’y a pas de partialité. Je jouirai davantage d’un frère spirituel, mais je m’occuperai de mon frère faible avec un amour qui s’élève au-dessus de sa faiblesse et en tient compte avec tendresse. Je m’occuperai du péché de mon frère, pour l’amour de Dieu, pour restaurer mon frère, en le reprenant, s’il est nécessaire ; si l’amour divin est en exercice, l’amour fraternel, ou son nom, ne peuvent être associés à la désobéissance. Dieu, en un mot, aura sa place dans toutes mes relations. Exiger l’amour fraternel d’une manière qui exclue les exigences de ce que Dieu est et de ses droits sur nous, c’est exclure Dieu de la manière la plus plausible pour satisfaire nos propres coeurs. L’amour divin, donc, qui agit selon la nature, le caractère et la volonté de Dieu, est ce qui doit diriger et caractériser toute notre marche chrétienne, et avoir autorité sur tous les mouvements de nos coeurs. Sans cela tout ce que les affections fraternelles peuvent faire, c’est de substituer l’homme à Dieu. L’amour divin est le lien de la perfection, car c’est Dieu qui est amour, travaillant en nous et se faisant l’objet dominant de tout ce qui se passe dans le coeur.

Or, si ces choses se trouvent en nous, la connaissance de Jésus ne sera pas stérile dans nos coeurs. Par contre, si elles manquent, nous sommes aveugles, nous ne voyons pas loin dans les choses de Dieu, notre vue est bornée, limitée par l’étroitesse d’un coeur gouverné par sa propre volonté et détourné par ses propres convoitises. Nous oublions que nous avons été purifiés de nos péchés d’autrefois ; nous perdons de vue la position que le christianisme nous a faite. Cet état de choses n’est pas la perte de l’assurance, mais l’oubli de la vraie position chrétienne, dans laquelle nous sommes introduits — la pureté en contraste avec les voies du monde.

C’est pourquoi nous devons user de diligence pour avoir la conscience de notre élection fraîche et forte, de manière à marcher dans la liberté spirituelle. En le faisant, nous ne broncherons pas ; et ainsi une entrée abondante dans le royaume éternel deviendra notre partage. Ici, comme partout, nous voyons que l’esprit de l’apôtre est occupé du gouvernement de Dieu, en en faisant l’application à ses voies envers les fidèles, eu égard à la conduite de ceux-ci et aux conséquences pratiques de cette conduite. Il ne s’agit pas de pardon ou de salut d’une manière absolue, mais du royaume — de la manifestation de la puissance de Celui qui juge justement — duquel le sceptre est un sceptre de justice. En marchant dans les voies de Dieu, nous avons part à ce royaume, en y entrant avec assurance, sans difficulté, sans cette hésitation d’âme qu’éprouvent ceux qui contristent le Saint Esprit et se font une mauvaise conscience, et qui se permettent des choses qui ne s’accordent pas avec le caractère du royaume, ou qui, par leur négligence, montrent que leur coeur n’y est pas. Si, au contraire, le coeur est attaché au royaume et que nous marchions dans des voies qui conviennent au royaume, notre conscience est en harmonie avec sa gloire. Le chemin est ouvert devant nous : nous voyons dans le lointain, et nous allons en avant sans entraves sur notre chemin. Rien ne nous détourne, parce que nous marchons dans le chemin qui conduit au royaume, occupés des choses qui lui conviennent. Dieu n’a pas de controverse avec une âme qui marche ainsi. L’entrée du royaume lui est largement ouverte, selon les voies du gouvernement de Dieu.

L’apôtre veut donc rappeler ces choses aux chrétiens, quoiqu’ils les sachent, se proposant, aussi longtemps qu’il serait dans sa tente terrestre, de réveiller leurs coeurs purs, pour qu’ils se rappelassent ces choses ; car il devait bientôt déposer son vase terrestre, comme le Seigneur le lui avait dit : et en leur écrivant ainsi, il prenait soin qu’ils s’en souvinssent toujours.

On voit bien que Pierre ne s’attendait ni à ce que d’autres apôtres fussent suscités, ni à une succession ecclésiastique, qui les remplacerait comme gardiens de la foi, ou comme ayant une autorité suffisante pour être un fondement pour la foi des fidèles. Il avait à pourvoir lui-même à cela, afin que, lorsqu’il serait délogé, les fidèles trouvassent, de sa part, quelque chose qui leur rappellerait les enseignements qu’il leur avait donnés. Voilà pourquoi il a écrit son épître.

L’importance divine et la certitude de ce qu’il enseignait en valaient la peine. Nous n’avons pas, dit l’apôtre, suivi des fables artificieusement imaginées, quand nous vous avons fait connaître la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ, mais nous avons été témoins oculaires de sa majesté.

L’apôtre parle, comme ses paroles le montrent clairement, de la transfiguration. Je fais ici cette observation, pour mieux faire comprendre que, dans sa pensée de la venue du Seigneur, il ne va pas au delà de son apparition en gloire. Pour le moment, le Seigneur était caché à ceux qui se confiaient en Lui : c’était là une grande épreuve de leur foi, car les Juifs étaient habitués, nous le savons, à attendre un Messie visible et glorieux. Ils devaient apprendre à croire sans voir ; et leur foi recevait un magnifique appui dans le fait que l’apôtre, qui les enseignait, et ses deux compagnons, avaient vu, de leurs propres yeux, la gloire de Christ manifestée — ils l’avaient vue se déployer devant eux avec celle d’anciens fidèles qui avaient part à son royaume. À ce moment, Jésus reçut comme témoignage de Dieu le Père, honneur et gloire ; une voix Lui étant adressée de la gloire magnifique — de cette nuée qui, pour le juif, était la demeure bien connue du Dieu Très-haut — Le reconnaissant pour son Fils bien-aimé ; voix que les trois apôtres avaient aussi entendue (comme ils avaient vu sa gloire), lorsqu’ils avaient été avec Lui sur la sainte montagne (*).

(*) En Luc 9, la partie la plus élevée de la bénédiction est placée devant nous. Ils eurent peur quand ils entrèrent dans la nuée. Dieu avait, de la nuée, parlé face à face avec Moïse, mais ici ils y entrent. Le caractère céleste et éternel, ce qui est perpétuel autant que moral, se montre beaucoup plus en Luc.

On voit ici que c’est la gloire du royaume, et non la demeure dans la maison du Père pour toujours avec le Seigneur, qui occupe l’apôtre. C’est une manifestation à des hommes vivant sur la terre ; c’est la puissance du Seigneur, la gloire qu’il reçoit de Dieu le Père, comme le Messie, reconnu pour être son Fils, et couronné de gloire et d’honneur aux yeux du monde. C’est dans le royaume éternel que l’apôtre veut que l’entrée leur soit largement donnée. C’est la puissance et la gloire que Christ a reçues de Dieu, qu’il a vues et auxquelles il rend témoignage. Nous posséderons bien cette gloire, mais elle n’est pas notre part proprement dite ; car cette part appartient au dedans de la maison ; nous sommes l’Épouse de l’Agneau, et cette part-là ne se montre pas au monde. Au reste, pour ce qui regarde l’Assemblée, les deux choses ne peuvent se séparer ; si nous sommes l’Épouse, nous participerons sûrement à la gloire du royaume (*). Pour le Juif, habitué à attendre cette gloire (quelles que fussent les idées qu’il s’en faisait), le fait que l’apôtre l’avait vue, était d’une importance incalculable. C’était la gloire céleste du royaume, ainsi qu’elle sera manifestée au monde, gloire qui sera vue quand le Seigneur reviendra en puissance (Comparer Marc 9:1). C’est une gloire communiquée, qui vient de la gloire magnifique. En outre, les témoignages des prophètes se rapportent à la gloire qui a été manifestée ; ils ont parlé du royaume et de la gloire, et l’éclat de la transfiguration a donné une magnifique confirmation à leurs paroles. Nous avons, dit l’apôtre, les paroles des prophètes confirmées. Ces paroles proclamaient, en effet, la gloire du royaume qui allait venir, et le jugement du monde qui donnerait lieu à son établissement sur la terre. Cette proclamation était une lumière dans les ténèbres de notre monde, lieu vraiment obscur qui n’avait d’autre lumière que le témoignage que Dieu avait rendu, par les prophètes, de ce qui devait lui arriver et du royaume à venir, dont la clarté chasserait finalement les ténèbres de la séparation d’avec Dieu, dans laquelle ce monde gît. La prophétie était une lampe qui luisait pendant les ténèbres de la nuit ; mais il y avait une autre lumière pour ceux qui veillaient.

(*) Comparez Luc 12, où la joie dans la maison est liée avec le fait de veiller ; l’héritage avec le service.

Pour le résidu des Juifs, le Soleil de justice se lèvera avec la guérison dans ses ailes ; les méchants seront foulés comme des cendres sous les pieds des justes. Le chrétien, instruit de ses propres privilèges, connaît le Seigneur autrement, quoiqu’il croie à ces solennelles vérités. Il veille pendant la nuit qui est déjà fort avancée. Il voit dans son coeur, par la foi (*), l’aube du jour et le lever de l’Étoile brillante du matin. Il connaît le Seigneur, tel que le connaissent ceux qui croient en Lui avant qu’il soit manifesté, en Lui qui vient pour la pure et céleste joie des siens, avant que la clarté du jour resplendisse. Ceux qui veillent, voient l’aube du jour ; ils voient l’étoile du matin. Ainsi, nous avons notre part en Christ ; non pas dans le jour seulement, et selon que les prophètes ont parlé de Lui : tout cela se rapporte à la terre, quoique la bénédiction vienne d’en haut ; nous avons le secret de Christ et de notre union avec Lui, le secret de sa venue pour nous recevoir comme l’Étoile du matin, avant que le jour arrive. Nous sommes à Lui pendant la nuit ; nous serons avec Lui, selon la vérité de ce lien céleste, qui nous attache à Lui comme mis à part pour Lui-même, quand le monde ne le voit pas. Nous serons réunis à Lui, avant que le monde le voie, afin que nous jouissions de Lui-même et afin que le monde nous voie avec Lui lorsqu’il apparaîtra.

(*) Voici la construction de la phrase : « Nous avons aussi la parole prophétique rendue plus ferme, à laquelle vous faites bien d’être attentifs (comme à une lumière qui brille dans un lieu obscur), jusqu’à ce que le jour ait commencé à luire et que l’étoile du matin se soit levée dans vos coeurs. »

Pour nous, notre joie sera d’être avec Lui-même, « toujours avec le Seigneur ». La prophétie, éclaire le chrétien et le sépare du monde, par le témoignage du jugement et de la gloire du royaume à venir. Le témoignage de l’Esprit à l’Assemblée fait la même chose par l’attrait de Christ lui-même, Étoile brillante du matin — notre part, tandis que le monde est encore enseveli dans le sommeil.

L’étoile brillante du matin, c’est Christ lui même, quand (avant le jour qui sera produit par son apparition) il est prêt à recevoir l’Assemblée pour qu’elle puisse entrer dans sa propre joie à Lui. Ainsi il est dit : « Je suis… l’étoile brillante du matin » (Apoc. 22:16). C’est ce qu’il est pour l’Assemblée, comme il est « la racine et la postérité de David » pour Israël. Par conséquent, aussitôt qu’il dit « l’étoile du matin », l’Esprit qui demeure dans l’Assemblée et lui inspire ses pensées, et l’Épouse, l’Assemblée elle-même qui attend son Seigneur, disent : « Viens ! » Ainsi, au chapitre 2 de l’Apocalypse, verset 28, le Seigneur promet aux fidèles à Thyatire, qu’il leur donnera l’étoile du matin, c’est-à-dire la joie avec Lui-même, dans le ciel. Le royaume et la puissance leur avaient été déjà promis, selon les droits de Christ (versets 26-27) ; mais la part propre de l’Assemblée, c’est le Christ lui-même. Outre les déclarations des prophètes quant au royaume, c’est ainsi que l’Assemblée l’attend.

L’apôtre continue à avertir les fidèles, en leur disant que les prophéties de l’Écriture n’étaient pas comme les expressions de la volonté humaine, et ne devaient pas être interprétées comme si chacune eût sa solution à part — ou que chaque prophétie se suffît à elle-même pour donner l’explication de son sens complet. Elles étaient des parties d’un tout complet, ayant un seul et même but, le royaume de Dieu ; et chaque événement était un acheminement préliminaire vers ce but et un chaînon dans cet enchaînement du gouvernement de Dieu qui y conduisait. Les prophéties particulières étaient impossibles à expliquer, si l’on ne saisissait pas le but de l’ensemble — le but révélé des conseils de Dieu dans la gloire de son Christ ; car les saints hommes, poussés par le Saint Esprit, avaient proféré ces oracles, un seul et même Esprit dirigeant et coordonnant le tout, pour le développement des voies de Dieu aux yeux de la foi, voies qui se termineraient par l’établissement de ce royaume, dont la gloire avait paru lors de la transfiguration.

En somme, dans ce chapitre, nous avons ces trois choses :

1° La puissance divine pour tout ce qui tient à la vie et à la piété, une déclaration infiniment précieuse, le gage de notre vraie liberté. La puissance divine agit en nous, elle nous donne tout ce qui est nécessaire pour nous rendre capables de marcher dans la vie chrétienne.

2° Le gouvernement de Dieu en rapport avec la fidélité du croyant, afin qu’une entrée large et abondante nous soit accordée dans le royaume éternel, et que nous ne bronchions pas. Le grand résultat de ce gouvernement sera manifesté dans l’établissement du royaume, dont les trois apôtres avaient vu la gloire sur la sainte montagne.

3° Il y avait pour le chrétien quelque chose de meilleur que le royaume, quelque chose à quoi l’apôtre fait allusion seulement, car ce n’était pas là le sujet spécial des communications qui lui avaient été faites par le Saint Esprit, comme il en était pour l’apôtre Paul, qui nous montre Christ, prenant l’Assemblée à Lui-même, point qui n’entre ni dans les promesses, ni dans les prophéties, mais qui fait la joie et l’espérance précieuses et inestimables du chrétien enseigné de Dieu.


3.2 - Chapitre 2

Le premier chapitre nous a ainsi montré le divin aspect de la position chrétienne donnée à l’apôtre pour l’enseignement, dans les derniers temps, des fidèles de la circoncision. Les deux chapitres suivants placent devant nous, par contre, les deux formes du mal qui caractériseront les derniers jours — l’enseignement faux et corrompu d’hommes méchants, et l’incrédulité qui, se fondant sur la stabilité de la création visible, nie le retour du Seigneur. Les premiers renient réellement le Maître qui les a achetés. Il ne s’agit pas, ici, du titre de Seigneur, ni de rédemption. C’est une comparaison avec un maître qui a acheté des esclaves au marché, et ceux-ci le renient et refusent de lui obéir. Ainsi, parmi les Juifs convertis, il y aurait, dit l’apôtre, de faux docteurs qui renieraient l’autorité de Christ — ses droits sur eux. Ils en entraîneraient plusieurs ; et, comme ils portaient le nom de chrétiens, ils discréditeraient la voie de la vérité, tandis que, de fait, par leur cupidité et leurs paroles hypocrites, ils feraient trafic des chrétiens pour leur propre profit, ils les tiendraient pour de simples instruments dont ils profiteraient. Mais la ressource de la foi est toujours en Dieu. Le jugement les atteindrait. Les exemples des anges déchus, de Noé et du déluge, de Lot et de Sodome, prouvent que le Seigneur sait délivrer les justes de leurs épreuves, et réserver les injustes pour le jour du jugement.

Ce qui caractériserait cette classe de méchants, ce serait la licence sans frein de leur conduite. Ils s’abandonneraient à leurs convoitises charnelles et mépriseraient toute autorité, comme les anges, n’oseraient pas le faire. Cependant, ils se donneraient pour chrétiens et s’associeraient aux chrétiens dans leurs agapes, trompant leurs propres coeurs, s’adonnant sans cesse au mal, promettant aux autres la liberté, mais étant eux-mêmes les esclaves de la corruption.

Or, être ainsi enlacés de nouveau dans le mal, après y avoir échappé par la connaissance du Seigneur et Sauveur, était pire que de n’avoir jamais connu la voie de la vérité. Mais il leur est arrivé ce que dit le proverbe véritable : Le chien est retourné à ce qu’il avait vomi lui-même, et la truie lavée, à se vautrer au bourbier. C’étaient donc des apostats ; mais ici l’Esprit de Dieu ne signale pas autant l’apostasie que le mal, parce qu’il s’agit toujours du gouvernement de Dieu. Dans l’épître de Jude, le point capital, c’est l’apostasie. Pierre nous dit que les anges ont péché ; Jude, qu’ils n’ont pas gardé leur premier état. Mais Dieu jugera le méchant.


3.3 - Chapitre 3

Dans le dernier chapitre, ainsi que nous l’avons dit, nous trouvons le matérialisme : la confiance dans la stabilité de ce qui se voit, en contraste avec la confiance dans la parole de Dieu qui nous enseigne à attendre la venue de Jésus, le retour du Seigneur. L’apôtre parle de gens qui jugent par les sens. Il n’y a, disent-ils, aucune apparence de changement. Ce n’est pas le cas : aux yeux des hommes, il est bien vrai qu’il n’y en a pas. Mais ces incrédules ignorent volontairement que le monde a été jugé déjà une fois ; que les eaux desquelles, par la puissante parole de Dieu, la terre était sortie, l’ont pour un moment engloutie de nouveau, et que tout a péri, sauf ceux que Dieu gardait dans l’arche. Et les cieux et la terre actuels sont réservés, par la même parole, pour le jour du jugement et de la perdition des impies. Ce n’est pas que le Seigneur soit tardif quant à la promesse de son retour, mais il exerce encore la grâce, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance. Et, pour Lui, mille ans sont comme un jour, et un jour comme mille ans. Or, le jour du Seigneur viendra ; dans ce jour tout passera ; les éléments seront dissous par l’ardeur du feu, et tout ce qui est sur la terre sera consumé. Solennelle considération pour les enfants de Dieu, qui doit les garder dans un détachement complet du mal et de tout ce qui se voit, les portant à attendre et à hâter le jour dans lequel les cieux seront dissous et les éléments fondus par l’ardeur du feu. Toutes les choses sur lesquelles se fondent les espérances de la chair, disparaîtront pour toujours.

Toutefois, il y aura de nouveaux cieux et une nouvelle terre, dans lesquels la justice habitera. Il n’est pas dit ici, que la justice « régnera », c’est là le règne millénaire du Seigneur ; il est question, ici, de l’état éternel dans lequel prendra fin le gouvernement qui a tout mis en ordre, et la bénédiction découlera de Dieu sans obstacle, le royaume ayant été remis à Dieu le Père.

L’apôtre, suivant ces voies de Dieu en gouvernement, les poursuit jusqu’à l’état éternel, dans lequel la promesse sera finalement accomplie. Le millénium lui-même est le rétablissement dont les prophètes avaient parlé ; moralement, les cieux et la terre seront changés par la captivité de Satan et par le règne de Christ (voyez Ésaïe 65:17-18), Jérusalem étant devenue une joie ; les cieux seront parfaitement nettoyés par la puissance de Dieu pour n’être plus souillés par Satan, les saints aussi seront placés en haut dans leur état éternel, la terre sera délivrée, mais pas encore libre définitivement. Mais matériellement la dissolution des éléments était nécessaire pour le renouvellement de toutes choses.

On remarquera que l’Esprit ne parle pas, ici, de la venue de Christ, sauf pour dire qu’on s’en moquerait dans les derniers temps. Il parle du jour de Dieu, en contraste avec la confiance des incrédules dans la stabilité des choses matérielles de la création, qui dépendent, ainsi que l’apôtre le montre, de la parole de Dieu. Or, dans ce jour-là, toutes les choses sur lesquelles comptaient et compteront les incrédules, seront dissoutes et s’en iront. Cela n’aura pas lieu au commencement du jour, mais à sa fin ; et, ici, nous sommes libres d’estimer, selon la parole de l’apôtre, ce jour à mille ans, ou à telle période de temps que le Seigneur déterminera.

Une dissolution si solennelle de tout ce sur quoi la chair s’appuie, devrait nous faire marcher de manière à être trouvés du Seigneur, quand il viendra pour introduire ce jour, en paix, et irréprochables ; estimant que le retard apparent n’est que la grâce du Seigneur qui s’exerce pour le salut des âmes. Nous pouvons bien attendre, si Dieu emploie ce temps pour délivrer des âmes du jugement, en les amenant à sa connaissance et en les sauvant d’un salut éternel. Pierre ajoute que c’était là ce que Paul avait enseigné au sujet de ces choses, en leur écrivant (aux croyants hébreux), ainsi qu’il l’avait fait aussi dans ses autres épîtres. (Versets 15-16).

Il est intéressant de voir que Pierre, repris ouvertement devant tous par Paul, introduit ici Paul avec une parfaite affection. Il fait voir qu’il y avait, dans les épîtres de Paul, une doctrine élevée, que les mal affermis et ceux qui n’étaient pas enseignés de Dieu, tordaient. Car, en effet, Pierre ne suit pas Paul sur le terrain sur lequel celui-ci était entré. Cela n’empêche pas Pierre de désigner les écrits de Paul comme faisant partie des Écritures : « comme aussi les autres écritures », dit-il. C’est ici un témoignage important qui, en outre, donne le même caractère aux écrits de celui qui peut conférer ce titre aux écrits d’un autre.

Que les chrétiens donc soient vigilants et ne se laissent pas séduire par les erreurs des méchants mais qu’ils s’efforcent de croître dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. À Lui soit la gloire, dès maintenant et à jamais. Amen !


4 - PREMIÈRE ÉPÎTRE de JEAN

4.1 - Chapitre 1

L’épître de Jean a un caractère à elle. C’est la vie éternelle manifestée en Jésus et communiquée à nous — la vie qui était avec le Père et qui est dans le Fils. C’est dans cette vie que les croyants jouissent de la communion du Père et sont en relation avec Lui par l’Esprit d’adoption, et que leur communion est avec le Père et avec le Fils. Le caractère même de Dieu est la pierre de touche de cette vie, parce qu’elle découle de Lui.

Le premier chapitre constate ces deux derniers points, savoir : la communion avec le Père et avec le Fils, et que cette communion doit avoir lieu selon le caractère essentiel de Dieu. Le nom de Père est ce qui donne le ton au chapitre 2. Ensuite, c’est ce que Dieu est, qui met à l’épreuve la réalité de cette vie.

Les épîtres de Paul, tout en parlant de cette vie, s’occupent, en général, de présenter aux chrétiens la vérité relative aux moyens de se tenir en la présence de Dieu, justifiés et rendus agréables. L’épître de Jean, c’est-à-dire sa première, nous montre la vie qui vient de Dieu, par Jésus Christ.

Jean place Dieu devant nous, le Père révélé dans le Fils, et la vie éternelle en Lui. Paul nous place devant Dieu, agréables en Christ. Je parle de ce qui les caractérise. Chacun d’eux effleure respectivement l’autre point. Or, cette vie est si précieuse, manifestée qu’elle l’est dans la personne de Jésus, que l’épître qui nous la montre a, sous ce rapport, un charme tout particulier. Aussi, quand je tourne mes yeux vers Jésus, quand je contemple toute son obéissance, sa pureté, sa, grâce, sa tendresse, sa patience, son dévouement, sa sainteté, son amour, l’absence complète chez Lui de toute recherche de soi-même, je peux dire : Voilà ma vie.

C’est une immense grâce. Il est possible que cette vie soit obscurcie en moi ; mais il n’en est pas moins vrai que c’est ma vie. Oh ! combien j’en jouis quand je la contemple ainsi ! Combien j’en bénis Dieu ! Quel repos pour l’âme ! Quelle joie pure pour le coeur ! En même temps, Jésus lui-même est l’objet de mes affections ; et toutes mes affections sont formées d’après ce saint objet (*).

(*) Tout cela est moralement très important ; aussi longtemps que c’est en Lui, et non en moi-même, que je me réjouis et fais mes délices.

Mais revenons à notre épître. Il y avait, quand Jean l’écrivait, bien des prétentions à de nouvelles lumières, à des vues plus claires. On prétendait que le christianisme était très bon comme chose élémentaire ; mais qu’il avait vieilli, et qu’il y avait une lumière nouvelle qui dépassait de beaucoup ce crépuscule de vérité.


La personne de notre Seigneur, vraie manifestation de la vie divine elle-même, a dissipé toutes ces orgueilleuses prétentions, ces exaltations de l’esprit humain sous l’influence de l’ennemi, qui n’ont fait qu’obscurcir la vérité, et qui ont ramené l’esprit des hommes aux ténèbres d’où elles sortaient elles-mêmes.


Ce qui était dès le commencement du christianisme, c’est-à-dire dans la personne de Christ ; ce qu’ils avaient entendu, vu de leurs propres yeux, contemplé, touché de leurs propres mains de la Parole de la vie — voilà ce que l’apôtre déclarait. Car la vie elle-même avait été manifestée. Cette vie, qui était avec le Père, avait été manifestée aux disciples. Pouvait-il y avoir quelque chose de plus parfait, de plus excellent ? Pouvait-il y avoir un développement plus admirable, aux yeux de Dieu, que Christ lui-même, que cette vie qui était auprès du Père, manifestée dans toute sa perfection dans la personne du Fils ? Aussitôt que la personne du Fils est l’objet de notre foi, nous sentons que la perfection a dû être au commencement.

La personne du Fils, vie éternelle manifestée en chair, tel est donc notre sujet dans cette épître.

La grâce, par conséquent, doit être envisagée ici dans ce qui regarde la vie ; tandis que Paul la présente en rapport avec la justification. La loi promettait la vie à la suite de l’obéissance ; mais la vie est venue dans la personne de Jésus, la vie dans toute sa propre perfection divine, dans sa manifestation humaine. Oh ! combien est précieuse cette vérité, que cette vie, telle qu’elle était auprès du Père, telle qu’elle était en Jésus, nous est donnée ! Dans quelles relations elle nous place, par la puissance du Saint Esprit, avec le Père et avec le Fils lui-même ! Et c’est là ce que l’Esprit nous présente tout premièrement. Remarquez comment tout est grâce, ici. Plus bas, l’apôtre met bien à l’épreuve toutes les prétentions à la possession de la communion avec Dieu, en montrant le caractère même de Dieu ; caractère duquel il ne peut jamais se départir. Mais avant d’aborder cette question, il présente le Sauveur lui-même et la communion avec le Père et le Fils, par ce moyen, sans question et sans modification. C’est là notre position et notre joie éternelle.

L’apôtre avait vu cette vie ; il l’avait touchée de ses propres mains ; et il écrivait à d’autres en l’annonçant, afin qu’ils eussent communion avec lui dans la connaissance de la vie qui avait été ainsi manifestée (*). Or, puisque cette vie était le Fils, on ne pouvait la connaître sans connaître le Fils, c’est-à-dire ce qu’il était, sans entrer dans ses pensées et ses sentiments : autrement, il n’est pas réellement connu. C’était ainsi qu’on avait communion avec Lui, — avec le Fils. Fait précieux : entrer dans les pensées (toutes les pensées) et dans les sentiments du Fils de Dieu, venu en grâce, et cela en communion avec Lui, c’est-à-dire non seulement en connaissant ces pensées et ces sentiments, mais en les partageant avec Lui. En effet, c’est là la vie.

(*) La vie a été manifestée. Donc, nous n’avons plus à la chercher, à tâtonner après elle dans les ténèbres ; nous n’avons plus à sonder, à l’aventure, le vague ou l’obscurité de nos propres coeurs, pour la trouver ; à travailler sans fruit sous la loi pour l’obtenir. Nous la voyons : elle est révélée, elle est là, en Jésus Christ. Celui qui possède Christ, possède cette vie.

Mais nous ne pouvons avoir le Fils sans avoir le Père. Celui qui l’avait vu, avait vu le Père ; et, par conséquent, celui qui avait communion avec le Fils, avait communion avec le Père, car leurs pensées et leurs sentiments étaient les mêmes. Il est dans le Père, et le Père en Lui. Nous avons donc communion avec le Père. Et cela est vrai aussi en envisageant ce sujet à un autre point de vue. Nous savons que le Père trouve toutes ses délices dans le Fils. Or il nous a donné, en nous révélant le Fils, de trouver nous aussi, tout faibles que nous sommes, nos délices en Lui. Je sais, quand je trouve mes délices en Jésus — en son obéissance, en son amour pour son Père et pour nous, son oeil simple et son coeur parfaitement dévoué — que j’ai les mêmes sentiments, les mêmes pensées que le Père lui-même. En cela le Père trouve ses délices, et il ne peut que trouver ses délices en Celui en qui je trouve maintenant les miennes ; j’ai communion avec le Père. Il en est ainsi du Fils dans la connaissance du Père. Tout cela découle, soit à l’un des points de vue, soit à l’autre, de la personne du Fils. En ceci notre joie est accomplie. Que pouvons-nous avoir de plus que le Père et le Fils ? Quel bonheur plus parfait qu’une communauté de pensées, de sentiments, de joies et de communion avec le Père et le Fils, en tirant toute notre joie d’eux-mêmes ? Et s’il semble difficile de croire, rappelons-nous qu’en vérité, il n’en peut être autrement : car, dans la vie de Christ, le Saint Esprit est la source de mes pensées, de mes sentiments, de ma communion, et il ne peut donner des pensées différentes de celles du Père et du Fils. Elles doivent être les mêmes dans leur nature. Dire que ce sont des pensées d’adoration, cela est dans la nature même des choses, et ne sert qu’à les rendre plus précieuses. Dire qu’elles sont faibles et souvent empêchées, tandis que le Père et le Fils sont divins et parfaits, c’est, il est vrai, dire que le Père et le Fils sont Dieu, sont divins, et que nous sommes de faibles créatures. Cela, sûrement, nul ne le niera. Mais, si le Saint Esprit en est la source, elles doivent être semblables, quant à leur nature elle-même.

Telle est donc notre position chrétienne ici-bas, dans le temps, par la connaissance du Fils de Dieu ; comme dit l’apôtre : « Nous vous écrivons ces choses, afin que votre joie soit accomplie. »

Mais Celui qui était la vie, qui venait d’auprès du Père, nous a apporté la connaissance de Dieu (*). L’apôtre avait entendu de ses lèvres ce qu’était Dieu — connaissance d’une inappréciable valeur, mais qui sonde le coeur. Et cela aussi, Jean l’annonce de la part du Seigneur aux fidèles. C’est ici le message qu’ils avaient entendu de Lui, savoir : que Dieu est lumière et qu’il n’y a en Lui aucunes ténèbres. Quant à Christ, il parlait de ce qu’il savait et rendait témoignage de ce qu’il avait vu. Personne n’était monté au ciel, sinon Celui qui en est descendu. Personne n’avait vu Dieu. Le Fils unique qui est dans le sein du Père, Lui, l’avait fait connaître. Personne n’avait vu le Père, sauf Celui qui était de Dieu ; Lui avait vu le Père. Ainsi il pouvait, de sa propre et parfaite connaissance, le révéler (**). Or Dieu était lumière, la pureté parfaite, qui manifeste en même temps tout ce qui est pur et tout ce qui ne l’est pas. Pour avoir communion avec la lumière, il faut être soi-même lumière, être de la nature de la lumière, et capable d’être vu dans la parfaite lumière. La lumière ne peut se lier qu’à ce qui est d’elle-même. S’il y a quelque chose autre qui se mêle à elle, la lumière n’est plus lumière. Elle est absolue dans sa nature, de manière à exclure tout ce qui n’est pas elle-même.

 (*) On verra que, lorsque dans ses écrits, Jean traite de la grâce envers nous, il parle du Père et du Fils ; quand il s’agit de la nature de Dieu ou de notre responsabilité, il dit Dieu. Jean 3 et 1 Jean 4 peuvent sembler des exceptions, mais n’en sont pas. C’est ce que Dieu est comme tel, et non une action personnelle et une relation en grâce.

(**) Celui qui l’avait vu avait vu le Père ; mais ici l’apôtre parle d’un message et de la révélation de sa nature.

Ainsi, si nous disons que nous avons communion avec Lui et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons, et nous ne pratiquons pas la vérité : notre vie est un mensonge perpétuel.

Mais si nous marchons dans la lumière, comme Lui est dans la lumière, nous (les croyants) avons communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus Christ nous purifie de tout péché. Voilà les grands principes, les grands traits de la position chrétienne. Nous sommes en la présence de Dieu sans voile. C’est une chose réelle, une affaire de vie et de marche. Ce n’est pas la même chose que marcher selon la lumière ; mais c’est marcher dans la lumière. C’est-à-dire que cette marche est devant les yeux de Dieu, éclairée par la pleine révélation de ce qu’il est. Ce n’est pas qu’il n’y ait pas de péché en nous ; mais, marchant dans la lumière, la volonté et la conscience étant dans la lumière, comme Dieu est dans la lumière, tout ce qui ne répond pas à la lumière est jugé. Nous vivons et nous marchons moralement dans le sentiment que Dieu est présent et comme le connaissant. Nous marchons ainsi dans la lumière. La règle morale de notre volonté, c’est Dieu lui-même, Dieu connu. Les pensées qui dirigent le coeur viennent de lui-même et se forment d’après la révélation de lui-même. L’apôtre parle de ces choses toujours d’une manière abstraite. Ainsi il dit : « Il ne peut pas pécher, parce qu’il est né de Dieu » ; et cela maintient la règle morale de cette vie ; c’est sa nature ; c’est la vérité, en tant que l’homme est né de Dieu. Nous ne pouvons pas avoir une autre mesure de la chose : toute autre serait fausse. Hélas 1 il ne suit pas, de là que nous soyons toujours conséquents ; mais nous sommes inconséquents, si nous ne sommes pas dans cet état, nous ne marchons pas selon la nature que nous possédons ; nous sommes hors de notre état réel selon cette nature.

De plus, en marchant dans la lumière, comme Dieu lui-même est dans la lumière, nous croyants, nous avons communion les uns avec les autres. Le monde est égoiste. La chair, les passions, cherchent leur propre satisfaction ; mais, si je marche dans la lumière, le moi n’a pas de place là. Je puis jouir de la lumière et de tout ce que j’y cherche avec un autre, et il n’y a pas de jalousie. Si un autre possède une chose charnelle, moi j’en suis privé. Dans la lumière, nous possédons ensemble ce qu’Il nous donne, et nous en jouissons davantage en y participant ensemble. Cela est une pierre de touche pour tout ce qui est de la chair. Autant nous sommes dans la lumière, autant nous jouirons ensemble avec un autre qui y est. L’apôtre, comme nous l’avons dit, présente ceci d’une manière abstraite et absolue. C’est la manière la plus vraie pour connaître la chose elle-même. Le reste n’est qu’une question de réalisation.

En troisième lieu, le sang de Jésus Christ, son Fils, nous purifie de tout péché.

Marcher dans la lumière, comme Dieu est dans la lumière, avoir communion l’un avec l’autre, être purifiés de tout péché par le sang ; voilà les trois traits de la position chrétienne. Nous sentons le besoin que nous avons du dernier car, tout en marchant dans la lumière, comme Dieu est dans la lumière (et béni soit Dieu), avec une révélation parfaite qu’il nous a donnée de Lui-même, avec une nature qui le connaît, qui est capable de le voir spirituellement, comme l’oeil est fait pour apprécier la lumière (car nous participons à la nature divine), nous ne pouvons pas dire que nous n’avons pas de péché. La lumière elle-même nous contredirait. Mais nous pouvons dire que le sang de Jésus Christ nous purifie parfaitement de tout péché (*). Par l’Esprit, nous jouissons ensemble de la lumière : c’est la joie commune de nos coeurs devant Dieu, lui étant agréables ; un témoignage à notre commune participation à la nature divine, qui est aussi amour. Et notre conscience n’est pas un empêchement pour nous, parce que nous connaissons la valeur du sang. Nous n’avons pas conscience du péché sur nous devant Dieu, quoique nous sachions qu’il est en nous ; mais nous avons le sentiment d’en être purifiés par le sang. Mais cette même lumière qui nous montre cela, nous empêche (si nous y sommes) de dire que nous n’avons pas de péché en nous ; nous nous tromperions nous-mêmes si nous disions ainsi, et la vérité ne serait pas en nous ; car, si la vérité était en nous, si cette révélation de la nature divine, qui est lumière, Christ notre vie, était en nous, le péché qui est en nous serait jugé par la lumière elle-même. S’il ne l’est pas, cette lumière — la vérité qui dit les choses comme elles sont — n’est pas en nous.

(*) Il n’est pas dit : « a purifié », ni « purifiera ». Il n’est pas question du temps, mais de l’efficacité. Comme je pourrais dire que telle médecine guérit de la fièvre. C’est son efficacité.

Si d’un autre côté, nous avons même commis le péché et que tout, étant jugé selon la lumière, soit confessé (en sorte que la volonté n’y prenne plus part, l’orgueil de cette volonté étant abattu), il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité. Si nous disons : Nous n’avons pas péché (*) (comme vérité générale), cela montre non seulement que la vérité n’est pas en nous, mais que nous faisons Dieu menteur ; sa Parole n’est pas en nous, car il dit que tous ont péché. Il y a ces trois choses : nous mentons, la vérité n’est pas en nous, nous faisons Dieu menteur. C’est cette communion avec Dieu dans la lumière qui, dans la vie chrétienne, pratique et journalière, lie inséparablement le pardon et le sentiment actuel qu’on en a par la foi et la pureté du coeur.

(*) En parlant du péché, l’apôtre s’exprime au présent : « Nous avons » ; en parlant du fait de pécher, il emploie le passé. Il ne suppose pas que nous continuions à le faire. On s’est demandé si l’apôtre parle de la première rencontre avec le Seigneur ou de fautes postérieures. Je réponds : il parle d’une manière abstraite et absolue : la confession apporte le pardon par grâce. S’il s’agit de notre première rencontre avec Dieu, c’est le pardon dans son sens plein et absolu. Dieu m’a pardonné : il ne se souvient plus de mes péchés. S’il s’agit d’une faute postérieure, l’honnêteté du coeur la confesse toujours, c’est alors le pardon quant au gouvernement de Dieu, et à la condition présente et à la relation de mon âme avec Lui. Mais l’apôtre, comme partout, parle d’une manière absolue et du principe.

Nous trouvons donc, la position chrétienne (verset 7), et les choses qui, de trois manières différentes, sont opposées à la vérité — à la communion avec Dieu en vie.

Ce qui regarde la communion avec le Père et le Fils, l’apôtre l’écrivait aux chrétiens, pour que leur joie fût accomplie.


4.2 - Chapitre 2

Ce qu’il écrivait selon la révélation de la nature de Dieu, qu’il avait reçue de Celui qui était la vie d’en haut, il le faisait pour qu’ils ne péchassent pas. Mais parler ainsi, c’est supposer qu’ils pouvaient pécher. Non pas qu’il fût nécessaire qu’ils le fissent ; car la présence du péché dans la chair ne nous oblige nullement de marcher selon la chair ; mais s’il arrive que nous péchions, il y a provision faite par la grâce pour que cette dernière agisse et que nous ne soyons ni condamnés, ni replacés sous la loi.

Nous avons un Avocat auprès du Père, quelqu’un qui poursuit notre cause là-haut. Or ce n’est pas pour acquérir la justice, ni pour nous laver de nouveau de nos péchés. Tout cela a été fait. La justice divine nous a placés dans la lumière, comme Dieu lui-même est dans la lumière. Mais la communion est interrompue, si seulement une pensée légère trouve place dans nos coeurs ; car cette pensée est de la chair, et la chair n’a aucune communion avec Dieu. Lorsque la communion est interrompue, lorsque nous avons péché (non pas lorsque nous nous sommes repentis, car c’est son intercession qui nous mène à la repentance), Christ intercède pour nous. La justice est toujours là — notre justice — « Jésus Christ, le Juste ». Ainsi, ni la justice, ni la valeur de la propitiation pour le péché n’étant changées, la grâce agit (on peut dire, agit nécessairement) en vertu de cette justice et de ce sang qui est devant Dieu — elle agit, en réponse à l’intercession de Christ qui ne nous oublie jamais, pour nous ramener à la communion par la repentance. Ainsi, encore sur la terre, avant que Pierre eût commis le péché, Jésus priait pour lui ; au moment donné, il jette un regard sur lui, et Pierre se repent et pleure amèrement sa faute. Après cela, le Seigneur fait tout ce qui est nécessaire pour que Pierre juge la racine même de son péché ; mais tout est grâce.

Il en est de même pour nous. La justice divine demeure, fondement immuable de nos relations avec Dieu, établies sur le sang de Christ. Lorsque la communion, qui n’existe que dans la lumière, est interrompue, l’intercession de Christ, valable en vertu de son sang (car la propitiation pour le péché a été faite aussi), restaure l’âme pour qu’elle jouisse encore de la communion de Dieu, selon la lumière dans laquelle la justice l’a introduite (*). Cette propitiation est faite pour le monde entier ; ce n’est pas pour les Juifs seulement, ni à l’exclusion de qui que ce soit, mais pour le monde entier, Dieu, dans sa nature morale, ayant été pleinement glorifié par la mort de Christ.

(*) Le sujet ici est la communion, c’est pour cette raison qu’il est parlé de fautes positives ; dans les Hébreux, nous l’avons vu, c’est l’accès à Dieu, et nous sommes « rendus parfaits à perpétuité », la sacrificature est pour la miséricorde et le secours, non pas pour les péchés, excepté le grand acte de la propitiation.

Ces trois points capitaux — ou, si vous voulez, ces deux points capitaux, avec un troisième qui est supplémentaire, savoir l’intercession — forment l’introduction, la doctrine de l’épître. Tout le reste est une application expérimentale de ce que renferme cette partie, c’est-à-dire : 1° (la vie étant donnée) la communion avec le Père et le Fils ; 2° la nature de Dieu, la lumière qui manifeste la fausseté de toute prétention à la communion avec la lumière, si l’on marche dans les ténèbres ; et 3° voyant que le péché est en nous et que nous pouvons tomber, bien que nous en soyons nettoyés devant Dieu de manière à jouir de la lumière, l’intercession que Jésus Christ, le Juste, peut exercer continuellement devant Dieu sur le pied de la justice qui est toujours dans sa présence, et le sang versé pour nos péchés, afin de rétablir notre communion lorsque nous l’avons perdue par notre coupable négligence.


L’Esprit poursuit maintenant le développement des caractères de cette vie divine.


Or nous sommes sanctifiés pour l’obéissance de Jésus Christ, c’est-à-dire pour obéir sur les mêmes principes que ceux sur lesquels il a obéi ; alors que la volonté de son Père était le motif aussi bien que la règle de ses actions. C’est l’obéissance d’une vie, pour laquelle faire la volonté de Dieu était viande et breuvage : non pas, comme sous la loi, pour avoir la vie. La vie de Jésus Christ était une vie d’obéissance, dans laquelle il jouissait parfaitement de l’amour de son Père, vie éprouvée en toutes choses et qui ainsi a été démontrée parfaite. Ses paroles, ses commandements étaient l’expression de cette vie : ils dirigent cette vie en nous et doivent exercer sur nous toute l’autorité de Celui qui les a prononcées.

La loi promettait la vie à celui qui aurait obéi à ses commandements. Christ est la vie. Cette vie nous a été communiquée à nous — aux croyants. Ainsi les paroles qui ont été l’expression de cette vie, dans sa perfection, en Jésus, la dirigent et la conduisent en nous, selon cette perfection. Outre cela, elle a de l’autorité sur nous. Les commandements de Jésus en sont l’expression. Nous avons donc à obéir, et à marcher comme il a marché — ce sont les deux formes de la vie pratique. Il ne suffit pas de marcher bien : il faut obéir, car il y a l’autorité. C’est le principe essentiel d’une bonne marche. D’un autre côté, l’obéissance du chrétien — comme il est évident par celle de Christ lui-même — n’est pas ce que nous pensons souvent. Nous appelons obéissant un enfant qui, ayant une volonté propre, se soumet tout de suite, quand la volonté du père ou de la mère intervient pour l’empêcher d’accomplir cette volonté propre. Mais Christ n’a jamais obéi de cette manière. Il vint pour faire la volonté de Dieu. L’obéissance était sa raison d’être. La volonté de son Père était le motif, et, avec l’amour qui ne s’en séparait jamais, le seul motif de toute activité, de tout mouvement chez Lui. Telle est l’obéissance chrétienne proprement dite. C’est une nouvelle vie, qui trouve son plaisir à faire la volonté de Christ, en reconnaissant son entière autorité sur elle. Nous nous tenons pour morts à tout le reste ; nous sommes vivants à Dieu ; nous ne sommes pas à nous-mêmes. Nous ne connaissons Christ qu’autant que nous sommes vivants de sa vie ; car la chair ne le connaît pas et ne peut comprendre sa vie.

Or cette vie est l’obéissance : ainsi, celui qui dit : « Je le connais », et qui ne garde pas ses commandements, est menteur, et la vérité n’est pas en lui. Il n’est pas dit ici : il se trompe lui-même, car il est bien possible qu’il ne se trompe pas, comme dans le cas de la communion imaginaire, car, ici, la volonté est en activité, et on le sait, si on veut le reconnaître. Mais la réalité n’est pas là ; il est menteur, et la vérité dans la connaissance de Jésus dont il fait profession, n’est pas en lui.

Il y a deux remarques à faire ici. 1° L’apôtre prend les choses toujours telles qu’elles sont en elles-mêmes, d’une manière abstraite, sans les modifications apportées par d’autres choses, au milieu desquelles ou en relation avec lesquelles on trouve les premières. 2° L’enchaînement des conséquences que tire l’apôtre, n’est pas celui de raisonnements extérieurs, dont la force, par conséquent, est à la surface des raisonnements mêmes. Il raisonne d’après un grand principe intérieur, de sorte qu’on ne voit pas la force des raisonnements, à moins qu’on ne connaisse le fait, et même la portée de ce principe, et, en particulier, ce que la vie de Dieu est dans sa nature, dans son caractère, et dans son action. Mais, à moins de posséder cette vie, on n’y comprend rien, et on ne peut rien y comprendre. Il y a bien l’autorité de l’apôtre et de la Parole pour nous dire que la chose est ainsi, et cela suffit. Mais la liaison du raisonnement ne sera pas comprise sans la possession de la vie, qui interprète ce qu’il dit, et dont ce qu’il dit est l’interprétation.

J’en reviens au texte : « Quiconque garde sa parole, en lui l’amour de Dieu est véritablement consommé. » (Verset 5.) C’est ainsi que nous savons que nous le connaissons. L’expression : « Sa parole », a un sens un peu plus étendu que celle de : « Ses commandements ». C’est-à-dire que, bien qu’elle implique également l’obéissance, la parole est quelque chose de moins extérieur. « Ses commandements » sont des détails de la vie divine. « Sa parole » en renferme l’expression tout entière — l’esprit de cette vie (*). Elle est universelle et absolue. Or cette vie est la vie divine manifestée en Jésus et qui nous est communiquée. L’avons-nous vue en Christ ? Doutons-nous que cette vie soit amour ; que l’amour de Dieu ait été manifesté en elle ? Si donc je garde sa Parole ; si le but et la signification de la vie que cette Parole exprime sont compris et réalisés, l’amour de Dieu est parfait en moi. L’apôtre, nous l’avons vu, parle toujours d’une manière abstraite. Si, de fait, dans un moment donné, je n’observe pas la Parole, en cela je ne réalise pas son amour, l’heureuse relation avec Dieu est interrompue. Mais en tant que je suis mû et gouverné absolument par sa Parole, son amour se réalise complètement en moi, car sa Parole exprime ce qu’il est ; et je la garde. C’est là la communion intelligente avec sa nature, dans sa plénitude, nature à laquelle je participe ; de sorte que je sais qu’il est amour parfait ; j’en suis rempli, et cela se montre dans mes voies : car cette Parole est l’expression parfaite de Lui-même (**).

(*) Sa « parole » et ses « commandements » ne sont pas fondamentalement différents. C’est ce qui est affirmé au verset 7 : « Le commandement ancien est la parole que vous avez entendue dès le commencement ». On peut parfaitement bien dire que le commandement est la parole de Christ ; mais je doute qu’on puisse dire que la Parole est le commandement. Et ceci fait sentir la différence qu’il y a entre les deux expressions. Le contraste des versets 4 et 5 est remarquable, et a sa source dans la possession et la conscience intelligente et complète de la possession de la vie divine, selon la Parole, ou dans le manque de cette possession. « Celui qui dit : Je le connais, et qui ne garde pas ses commandements, est menteur, et la vérité n’est pas en lui », car cette vérité n’est que ce que révèle la Parole. Et si nous vivons de la nature dont la parole de Christ est l’expression, et si par cette parole nous le connaissons, nous obéissons à cette Parole. D’un autre côté, si nous sommes en possession de cette vie, participant de la nature divine, l’amour de Dieu est en nous ; nous avons les commandements de Christ, sa parole, l’amour parfait de Dieu ; une marche conforme à la marche de Christ, de manière que la communication de la vie de Christ soit le commandement vrai en Lui et en nous, la marche dans la lumière, l’amour pour notre frère. Quelle riche chaîne de bénédictions ! Les prétentions qu’on élève ici, sont les suivantes : connaître Christ, demeurer en Lui, être dans la lumière. La preuve que la première est légitime, c’est l’obéissance. Donc, si nous demeurons en Christ (ce que nous savons en gardant sa parole), nous devons marcher comme il a marché. Que la dernière prétention soit juste, cela est démontré par l’amour que l’on a pour son frère. Dans le second cas, la marche est maintenue à toute la hauteur de la marche de Christ, comme notre devoir ; mais cette marche n’est pas présentée comme preuve qu’on demeure en Lui, qu’on garde sa parole. Remarquez qu’il n’est pas dit : « Nous savons que nous croyons » ; ce n’est pas la question ici ; mais ; « Nous savons que nous sommes en Lui. »

J’ajouterai que l’apôtre n’emploie jamais ces preuves pour dire, comme on le fait communément : « Par là nous doutons. » Il est tout à fait certain, d’après les versets 12 et 13, qu’il considère ceux à qui il s’adresse comme étant tous pardonnés, autrement il n’aurait pas écrit, et comme ayant l’Esprit d’adoption — même les plus jeunes et les plus faibles. D’autres cherchaient à les faire douter ; et il écrit, afin que leurs coeurs soient assurés devant Dieu, afin qu’ils ne soient pas séduits par le doute, comme s’ils n’avaient pas un Christ parfait et un christianisme parfait — la vie éternelle. C’était le moyen de garder et de tenir ferme l’assurance, une fois qu’ils l’avaient (non pas de l’obtenir), alors qu’ils auraient pu être ébranlés. Ils étaient pardonnés, ils étaient fils, quand d’autres ont pu les faire douter, il leur écrit, afin qu’ils soient pleinement assurés qu’ils n’ont aucune raison de douter.

(**) C’est la vrai sens, le n’en doute pas, de Jean 8:25 : « Dans les principes de ma nature, dans mon être, ce que je vous dis. » Ce qu’il disait était essentiellement et complètement ce qu’il était. Ce qu’il était, c’est ce qu’il disait. Or c’est cette vie qui nous a été communiquée ; mais elle était l’amour de Dieu au milieu des hommes et dans l’homme. Or cette vie étant la nôtre, la parole de Christ nous en donnant la connaissance, et cette parole étant gardée, son amour est réalisé en nous dans toute son étendue.


Par conséquent, nous savons ainsi que nous sommes en Lui, car nous réalisons ce qu’il est dans la communion de sa nature. Or, en disant que nous demeurons en Lui, il est évident, d’après ce que nous venons de voir dans l’instruction que l’apôtre nous donne, que nous devrions marcher comme il a marché. Notre marche est l’expression pratique de notre vie ; et cette vie, c’est Christ connu dans sa Parole. Et, puisque c’est par sa Parole, nous qui possédons cette vie, nous sommes sous une responsabilité intelligente de suivre cette vie, c’est-à-dire de marcher comme il a marché. Car cette Parole est l’expression de sa vie.

L’obéissance donc, comme obéissance, est jusque-là le trait caractéristique moral de la vie de Christ en nous. Or elle est la preuve de ce qui, dans le christianisme, est inséparable de la vie de Christ en nous : nous sommes en Lui. (Comparer Jean 14:29.) Nous savons, non seulement que nous le connaissons, mais que nous sommes en Lui. La jouissance de l’amour parfait de Dieu, dans le sentier de l’obéissance, nous donne, par le Saint Esprit, la conscience que nous sommes en Lui. Mais si je suis en Lui, je ne puis vraiment pas être ce qu’il était, car il était sans péché ; mais je dois marcher comme il a marché. Je sais ainsi que je suis en Lui. Or, si je fais profession de demeurer en Lui, d’avoir mon coeur et mes pensées entièrement là, je dois marcher comme il a marché. L’obéissance réalisée comme principe et en gardant sa Parole, et ainsi l’amour de Dieu accompli en moi, sachant que je suis en Lui, voilà le caractère de notre vie et les principes qui la forment.

Dans les versets 7 et 8, les deux formes de la règle de cette vie sont présentées — formes qui, du reste, répondent aux deux principes que nous venons d’annoncer. Ce n’est pas un nouveau commandement que l’apôtre leur écrit, mais un commandement ancien ; c’est la parole de Christ dès le commencement. S’il ne l’était pas, s’il était nouveau dans ce sens-là, tant pis pour celui qui le promulgue, car il n’est plus l’expression de la vie parfaite de Christ lui-même, mais quelque chose autre ou une falsification de ce que Christ a fait connaître. Ceci répond au premier principe, savoir : l’obéissance à des commandements, aux commandements de Christ. Ce qu’il disait était l’expression de ce qu’il était. Il pouvait commander qu’ils s’aimassent les uns les autres comme il les avait aimés. Comparez les Béatitudes.

Dans un autre sens, le commandement était nouveau ; car (par la puissance de l’Esprit de Christ, étant unis à Lui, tirant notre vie de Lui) l’Esprit de Dieu manifestait les effets de cette vie, en révélant un Christ glorifié, d’une manière nouvelle. Et maintenant, ce n’était pas seulement un commandement, mais comme la chose elle-même était vraie en Christ, elle l’était dans les siens, comme participants de sa nature et étant en Lui ; Lui aussi en eux.

Par cette révélation et par la présence du Saint Esprit, les ténèbres disparaissaient (*), s’en allaient, et la vraie lumière luisait de fait. Il n’y aura pas d’autre lumière dans le ciel : seulement alors elle sera publiquement manifestée en gloire, sans nuage.

(*) La force du mot n’est pas : « ont disparu, s’en sont allées ». Il y a encore beaucoup de ténèbres dans le monde. Quant à la lumière, elle a lui actuellement.


Verset 9. La vie, comme en Jean 1:4, se trouve être maintenant la lumière des hommes, elle n’est que plus brillante pour la foi depuis que Christ s’en est allé, car c’est à travers le voile déchiré qu’elle luit avec le plus d’éclat. La prétention de le connaître — d’être en Lui, a été discutée ; maintenant c’est celle d’être dans la lumière, et cela avant que l’Esprit de Dieu applique, en détail, les qualités de cette vie comme une preuve de son existence dans le coeur, en réponse aux séducteurs qui voulaient effrayer les chrétiens par des idées nouvelles, comme si ceux-ci ne possédaient pas réellement la vie, et avec la vie, le Père et le Fils. La vraie lumière luit maintenant. Et cette lumière, c’est Dieu ; c’est la nature divine ; et il énonce, comme ce qui était un moyen de juger les séducteurs eux-mêmes, une autre qualité en rapport avec notre place dans la lumière, c’est-à-dire avec Dieu pleinement révélé. Christ était cela dans le monde. Nous sommes appelés à l’être, en tant que nous sommes nés de Dieu. Et celui qui a cette nature aime son frère ; car Dieu n’est-il pas amour ? Christ ne nous a-t-il pas aimés en ne prenant pas à honte de nous appeler ses frères ? Puis-je avoir sa vie et sa nature, si je n’aime pas les frères ? Non. Je marche alors dans les ténèbres ; je n’ai pas de lumière sur mon sentier. Celui qui aime son frère, demeure dans la lumière ; la nature de Dieu agit en lui ; et il demeure dans la brillante intelligence spirituelle de cette vie, dans la présence et dans la communion de Dieu. Si quelqu’un hait, il est clair qu’il n’a pas la lumière divine. Avec des sentiments qui sont selon une nature opposée à celle de Dieu, comment voulez-vous qu’il soit dans la lumière ?

De plus, il n’y a pas occasion de chute en celui qui aime, car il marche selon la lumière divine. Il n’y a rien en lui qui fasse broncher un autre, car la révélation de la nature de Dieu, en grâce, ne ferait certainement pas ainsi : et c’est là ce qui est manifesté en celui qui aime son frère (*).

(*) Le lecteur peut retirer beaucoup d’instruction de la comparaison de ceci avec ce qui est dit en Éph. 4:17, à 5:12, où ces deux noms de Dieu, les deux seuls employés pour révéler sa nature, le sont aussi pour montrer notre sentier et le vrai caractère du chrétien ; seulement selon ce que le Saint Esprit donne par Paul — les conseils et l’oeuvre de Dieu en Christ. En Jean, c’est plutôt sa nature.


Ceci clôt comme introduction la première partie de l’épître. Elle contient, dans la première moitié, la place privilégiée des chrétiens, le message qui nous donne la vérité sur notre état ici-bas et les ressources pour la faute. Cela se termine au verset 2 du chapitre 2 ; dans la seconde moitié, nous trouvons les preuves que le chrétien a de la vraie possession du privilège selon le message : obéissance, et amour des frères, connaître Christ, être en Christ, jouir de l’amour parfait de Dieu, demeurer en Lui, être dans la lumière, tout cela formant la condition qui est ainsi prouvée.

Ayant posé ces grands principes, l’obéissance et l’amour, comme preuves de la possession de la nature divine, de la possession de Christ connu comme vie, et de notre habitation en Lui, l’apôtre continue de s’adresser aux chrétiens personnellement et de nous montrer notre position, sur le pied de la grâce, à trois différents degrés de maturité. Nous considérons maintenant ces paroles que l’apôtre adresse en parenthèse, mais qui sont très importantes.

Il appelle premièrement tous les chrétiens auxquels il écrivait : « enfants », expression de tendresse chez l’apôtre aimant et âgé. Et comme il leur écrit (chapitre 2:1), afin qu’ils ne pèchent pas, de même, il écrit aussi, parce que tous leurs péchés leur étaient pardonnés pour l’amour du nom de Jésus. C’était l’état certain de tous les chrétiens : ce que Dieu leur avait accordé en leur donnant la foi, pour qu’ils le glorifiassent. Jean n’élève aucun doute sur le fait qu’ils sont pardonnés. Il leur écrit, parce qu’ils le sont.

Nous trouvons ensuite trois classes de chrétiens : les pères, les jeunes hommes, et les petits enfants. L’apôtre s’adresse deux fois aux pères, aux jeunes gens, aux petits enfants (verset 13) : aux pères dans la première moitié du verset 14 ; aux jeunes gens, dans la seconde moitié de ce même verset 14, jusqu’à la fin du verset 17 ; et aux petits enfants, du verset 18 à la fin du 27. Au verset 28, l’apôtre revient à tous les chrétiens, en les appelant du nom d’« enfants ».

Ce qui caractérise les pères en Christ, c’est qu’ils ont connu Celui qui est dès le commencement, c’est-à-dire Christ. C’est tout ce qu’il a à dire sur eux. Tout avait abouti à ce résultat. Il ne fait que répéter la même chose, quand, changeant la forme de son expression, il s’adresse de nouveau à ces trois classes. Les pères ont connu Christ. Tel est le résultat de toute expérience chrétienne. La chair est jugée, discernée là où elle s’est mêlée avec Christ dans nos sentiments : on reconnaît, d’une manière expérimentale, qu’elle n’a aucune valeur ; et comme résultat de l’expérience, Christ reste seul débarrassé de tout alliage. On a appris à discerner ce qui n’a que l’apparence du bien. On ne s’occupe pas d’expérience — ce serait s’occuper de soi-même, de son propre coeur. Tout cela est passé, et Christ seul reste comme notre part, pur de tout mélange, tel qu’il s’est donné Lui-même à nous. Outre cela, on le connaît beaucoup mieux ; les pères ont fait l’expérience de ce qu’il est dans tant de détails, soit de joie dans sa communion, soit, dans la conscience de la faiblesse, ou dans la réalisation de sa fidélité, des richesses de sa grâce, de son adaptation à nos besoins, de son amour, et dans la révélation de sa propre plénitude, en sorte qu’ils peuvent dire maintenant : « Je sais qui j’ai cru ! » Tel est le caractère des « pères » en Christ.

Les « jeunes gens, » forment la seconde classe. La force spirituelle dans les combats les distingue : c’est l’énergie de la foi. Ils ont vaincu le méchant. Car l’apôtre parle de ce qu’est leur caractère comme étant en Christ. Comme tels, ils ont à lutter, mais la force de Christ est manifestée en eux.

La troisième classe, ce sont les « petits enfants ». Ceux-ci connaissent le Père. On voit, ici, que l’Esprit d’adoption et de liberté caractérise les plus petits enfants dans la foi de Christ, que ce n’est pas le résultat du progrès. C’est le commencement. Nous possédons ces choses, parce que nous sommes chrétiens ; et elles sont toujours la marque distinctive des commençants. Les autres ne les perdent pas, mais d’autres choses les distinguent.

En s’adressant de nouveau à ces trois catégories de chrétiens, l’apôtre, ainsi que nous l’avons vu, n’a, à l’égard des pères, qu’à répéter ce qu’il a dit plus haut. C’est le résultat de la vie chrétienne.

Pour ce qui est des jeunes gens, il développe sa pensée et ajoute des exhortations : « Vous êtes forts », dit-il, « et la parole de Dieu demeure en vous » — c’est une caractéristique importante. La Parole est la révélation de Dieu, et l’application de Christ au coeur, et ainsi nous avons les motifs qui forment et gouvernent le coeur, et un témoignage fondé sur l’état du coeur et sur des convictions qui ont une force divine en nous. C’est l’épée de l’Esprit, dans nos relations avec le monde. Nous avons été nous-mêmes formés par les choses dont nous rendons témoignage dans nos relations avec le monde, et ces choses sont en nous, selon la puissance de la parole de Dieu. Le méchant est ainsi vaincu ; car il n’a que le monde à présenter à nos convoitises : et la Parole demeurant en nous, nous place dans une tout autre sphère de pensées, où une nature différente est éclairée et fortifiée par les communications divines. La tendance du jeune homme est vers le monde : l’ardeur de sa nature et la force de son âge tendent à l’entraîner de ce côté. Il a à se garder contre ces tendances, en se séparant entièrement du monde et des choses qui s’y trouvent ; parce que si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui, car ces choses ne viennent pas du Père. Il a un monde qui Lui est propre et dont Christ est le centre et la gloire. La convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie, voilà ce qui est dans le monde et ce qui le caractérise. Il n’y a réellement pas d’autres motifs dans le monde que ceux-là. Or ces choses ne sont pas du Père.

Le Père est la source de tout ce qui est selon son propre coeur — toutes les grâces, tous les dons spirituels, la gloire, la sainteté céleste de tout ce qui a été et sera manifesté dans le Christ Jésus — tout le monde de gloire à venir dont Christ est le centre. Et tout cela n’a trouvé que la croix pour sa part ici-bas. Mais ici, l’apôtre parle de la source ; et, assurément, le Père n’est pas la source de ces autres choses. Or le monde s’en va ; mais celui qui fait la volonté de Dieu, celui qui, en traversant ce monde, prend pour guide non les convoitises, mais la volonté de Dieu — volonté qui est selon sa nature et qui l’exprime — celui-là demeurera éternellement, selon la nature et la volonté d’après lesquelles il a marché.

On trouvera que le monde et le Père avec tout ce qui est de Lui, la chair et l’Esprit, le Fils et le diable, sont mis respectivement en opposition. Il est question des choses dans leur source et leur nature morale, les principes qui agissent en nous et qui caractérisent notre raison d’être et notre position, et les deux agents, en bien et en mal, qui se trouvent en opposition, sans qu’il y ait, grâce à Dieu, de l’incertitude à l’égard de l’issue du combat ; car la faiblesse de Christ dans la mort est plus puissante que la force de Satan. Satan ne peut rien contre ce qui est parfait. Christ est venu pour détruire les oeuvres du diable.

Aux petits enfants, l’apôtre parle principalement des dangers qu’ils courent de la part des séducteurs. Il les avertit avec une tendre affection, leur rappelant, en même temps, que toutes les sources d’intelligence et de force leur étaient ouvertes et leur appartenaient. C’est « le dernier temps », non pas précisément les derniers jours, mais la saison qui avait le caractère final appartenant aux voies de Dieu à l’égard de ce monde. L’Antichrist devait venir, et déjà il y avait plusieurs antichrists : à cela, on pouvait reconnaître que c’était le dernier temps. Ce n’était ni le péché simplement, ni la transgression de la loi ; mais Christ ayant été déjà manifesté, et étant absent maintenant et caché de devant le monde, il y avait une opposition formelle à la révélation spéciale qui avait été faite. Ce n’était pas une incrédulité vague et ignorante ; elle prenait une forme précise, comme ayant une volonté dirigée contre Jésus. On pouvait croire, par exemple, tout ce qu’un Juif croyait, selon que cela était révélé dans la Parole ; mais quant au témoignage de Dieu par Jésus Christ, on s’y opposait. On ne voulait pas reconnaître qu’il était le Christ ; on niait le Père et le Fils. Tel est, quant à la profession religieuse, le caractère propre de l’Antichrist. Il peut bien croire qu’il y aura un Christ, ou prétendre le croire ; et même se donner pour être Christ. Mais les deux aspects du christianisme (ce qui, d’un côté, concerne l’accomplissement, dans la personne de Jésus, des promesses faites aux Juifs, et de l’autre, les bénédictions célestes et éternelles présentées dans la révélation du Père par le Fils), l’Antichrist ne les accepte pas. Ce qui le caractérise comme l’Antichrist, c’est qu’il nie le Père et le Fils. Nier que Jésus soit le Christ, c’est bien l’incrédulité juive qui fait partie de son caractère. Ce qui lui imprime le caractère d’Antichrist, c’est qu’il nie le fond du christianisme. Il est menteur en ce qu’il nie que Jésus soit le Christ ; par conséquent, c’est l’oeuvre du père du mensonge. Mais tous les Juifs incrédules en ont fait autant, sans être l’Antichrist. Ce qui le caractérise, c’est qu’il nie le Père et le Fils.

Mais il y a quelque chose de plus. Ces antichrists étaient sortis du milieu des chrétiens. Il y avait apostasie. Non pas qu’ils fussent réellement chrétiens, mais ils avaient été parmi les chrétiens et étaient sortis d’entre eux. (Quelle instruction aussi, pour nos jours, que cette épître ! Ils manifestaient ainsi qu’ils n’étaient pas vraiment du troupeau de Christ. Tout cela tendait à ébranler la foi des petits enfants en Christ. L’apôtre cherche à les fortifier. Il y avait deux moyens d’affermir leur foi qui aussi remplissaient l’apôtre de confiance. D’abord, ils avaient l’onction de la part du Saint ; secondement, ce qui était dès le commencement était la pierre de touche pour toute nouvelle doctrine, et ils possédaient déjà ce qui était dès le commencement.

La demeure du Saint Esprit, comme onction et intelligence spirituelle en eux, et la vérité qu’ils avaient reçue au commencement — la parfaite révélation de Christ — telles étaient les sauvegardes contre les séducteurs et contre les séductions. On verra toute hérésie et toute erreur et toute corruption se heurter contre la première et divine révélation de la vérité, si l’onction du Saint est en nous pour les juger. Or cette onction est le partage même des plus petits enfants en Christ, et ils ont besoin d’être encouragés à le réaliser, quels que soient, d’ailleurs, les soins qu’on leur prodigue avec tendresse, comme l’apôtre le faisait ici pour eux.

Quelles importantes vérités nous découvrons ici pour nous ! Le dernier temps est déjà manifesté, de sorte que nous devons être sur nos gardes contre les séducteurs — personnes qui, de plus, sont sorties du sein de la chrétienté.

Le caractère de cet antichrist, c’est qu’il nie le Père et le Fils. L’incrédulité sous sa forme judaïque est aussi manifestée de nouveau — reconnaissant qu’il y a un Christ, mais niant que Jésus le soit. Nos garanties contre les séducteurs sont l’onction de la part du Saint — le Saint Esprit — mais en rapport spécial avec la sainteté de Dieu, qui nous fait voir clair dans la vérité (autre caractéristique de l’Esprit) ; et, en second lieu, que ce que nous avons entendu dès le commencement demeure en nous. C’est cela, évidemment, que nous avons dans la Parole écrite. Le « développement », remarquez-le bien, ce n’est pas ce que nous avons dès le commencement. Par son nom même, le développement pèche radicalement contre la sauvegarde indiquée par l’apôtre. Ce que l’Église a enseigné comme développement de la vérité, quelle qu’en soit la source, n’est pas ce qu’on a entendu dès le commencement.

Un autre point, signalé ici par l’apôtre, est digne de remarque. On pourrait prétendre, en donnant, d’une manière vague, à Dieu le nom de Père, qu’on possédait le Père, mais sans la vraie possession du Fils, Jésus Christ. C’est chose impossible. Celui qui n’a pas le Fils, n’a pas le Père. C’est par Lui que le Père est révélé, C’est en Lui que le Père est connu.

Si la vérité que nous avons reçue dès le commencement demeure en nous, nous demeurons dans le Fils et dans le Père ; car cette vérité est la révélation du Fils ; et elle est révélée par le Fils, qui est la vérité. Elle est vivante, si elle demeure en nous ; ainsi, en la possédant, nous possédons le Fils, et dans le Fils nous possédons le Père aussi. Nous y demeurons ; et, en cela, nous avons la vie éternelle. (Comparez Jean 17:3.)

Or, l’apôtre avait l’heureuse confiance que l’onction qu’ils avaient reçue du Saint demeurait en eux, de sorte qu’ils n’avaient pas besoin d’être enseignés par les autres, car cette même onction les enseignait à l’égard de tout. Elle était la vérité, car c’était le Saint Esprit lui-même agissant dans la Parole qui était la révélation de la vérité de Jésus lui-même ; — et il n’y avait aucun mensonge en elle. Ainsi, ils demeureraient en Lui, selon ce qu’elle leur avait enseigné.

Remarquez aussi, ici, que l’effet de cet enseignement, par l’onction d’en haut, est double à l’égard du discernement de la vérité. Ils savaient qu’aucun mensonge n’était de la vérité ; possédant cette vérité de la part de Dieu, ce qui n’était pas cela, était mensonge. Ils savaient que cette onction, qui les enseignait à l’égard de toutes choses, était la vérité et qu’il n’y avait aucun mensonge en elle. L’onction leur enseignait tout, c’est-à-dire toute la vérité, comme vérité de Dieu. Par conséquent, ce qui n’était pas cela était mensonge ; et il n’y avait aucun mensonge dans cette onction. Ainsi, les brebis entendent la voix du bon Berger ; si un autre les appelle, ce n’est pas Sa voix, et cela leur suffit. Elles la craignent et la fuient, parce qu’elles ne la connaissent pas.

Avec le verset 27, se termine la seconde série des exhortations aux trois classes de chrétiens. L’apôtre s’adresse de nouveau à tout l’ensemble de ceux-ci. (Verset 28.) Ce verset me semble répondre au verset 8 de la seconde épître du même apôtre, et au chapitre 3 de la première épître aux Corinthiens.

L’apôtre ayant terminé son adresse à ceux qui étaient, tous, dans la communion du Père, applique les principes essentiels de la vie divine, de la nature divine, comme elle a été manifestée en Christ, à l’épreuve de ceux qui avaient la prétention d’y participer ; non pour faire douter le croyant, mais pour faire rejeter ce qui était faux. Je dis : « non pour faire douter le croyant » ; car l’apôtre parle de sa position et de la position de ceux auxquels il écrivait, avec la plus parfaite assurance (Chapitre 3:1-2) (*). En recommençant au verset 28, il avait parlé de l’apparition de Jésus. Cela introduit le Seigneur dans la pleine révélation de son caractère, et donne lieu à l’examen des prétentions de ceux qui s’appelaient de Son nom. Il y a deux preuves qui appartiennent essentiellement à la vie divine, la justice ou obéissance et l’amour, et puis une troisième preuve qui est accessoire, comme privilège, savoir la présence du Saint Esprit.

(*) J’ai fait remarquer, plus loin, la manière frappante dont il est parlé de Dieu et de Christ comme un seul Etre ou une seule Personne, et non comme doctrine quant aux deux natures, mais Christ est devant la pensée de l’apôtre et il est question de Lui dans la même phrase, tantôt comme Dieu, tantôt paraissant comme homme. Ainsi, dans le chapitre 2:28, il vient. Au verset 29, le juste est né de Lui, et nous sommes enfants de Dieu. Mais le monde ne l’a pas connu. Or, c’est Christ sur la terre. Au chapitre 3:2, nous sommes enfants de Dieu, et au même verset, il apparaît, et nous Lui sommes semblables. Mais ce qui rend la chose plus étonnante encore, c’est que nous sommes identifiés aussi avec Lui. Nous sommes appelés enfants, parce que c’est son titre et sa relation. Le monde ne nous connaît pas, car il ne l’a pas connu. Nous savons que nous Lui serons semblables quand il apparaîtra. La même position nous est donnée ici-bas et là-haut. (Comparer chapitre 5:20).


La justice n’est pas dans la chair. Si donc, il y a vraiment de la justice chez quelqu’un, il est né de Lui, il tire sa nature de Dieu en Christ. On peut remarquer que c’est la justice, telle qu’elle a été manifestée en Jésus ; car c’est parce que nous savons qu’il est juste, que nous savons que « celui qui pratique la justice est né de Lui ». C’est la même nature démontrée par les mêmes fruits.


4.3 - Chapitre 3

Or dire que nous sommes nés de Lui, c’est dire que nous sommes enfants de Dieu (*). Quel amour que celui que le Père nous a accordé, que nous soyons appelés enfants ! (**) C’est pourquoi le monde ne nous connaît pas, parce qu’il ne l’a pas connu, Lui. Ici, l’apôtre revient à son apparition et à l’effet de cette apparition sur nous. Nous sommes enfants de Dieu : c’est notre position actuelle sûre et connue ; nous sommes nés de Dieu. Ce que nous serons n’est pas encore manifesté ; mais nous savons que — associés à Jésus, comme nous sommes dans la même relation avec le Père, lui-même étant notre vie — nous Lui serons semblables quand il apparaîtra. Car c’est à cela que nous sommes prédestinés. Le voir tel qu’il est maintenant auprès du Père, duquel est venue la vie qui a été manifestée en Lui et qui nous a été communiquée, et apparaître dans la même gloire.

(*) Voyez la note précédente.

(**) Jean emploie habituellement le mot « enfants » et non « fils », comme exprimant plus clairement que nous sommes de la même famille. Nous sommes comme Christ devant Dieu et dans le monde, et nous serons tels quand il apparaîtra.

Ayant donc l’espérance de le voir tel qu’il est, et sachant que je serai parfaitement semblable à Lui quand il apparaîtra, je cherche à Lui être aussi semblable que possible maintenant, puisque je possède déjà cette vie, Lui étant en moi, ma vie.


Voilà la mesure de notre purification pratique. Nous ne sommes pas purs comme il l’est, mais nous prenons Christ tel qu’il est dans le ciel pour le modèle et la mesure de notre purification, nous nous purifions selon sa pureté, sachant que nous Lui serons parfaitement semblables quand il sera manifesté. Avant d’établir le contraste entre les principes de la vie divine et ceux de l’ennemi, l’apôtre présente la vraie mesure de pureté (il donnera celle de l’amour un peu plus loin) pour les enfants, en tant que participants de la même nature divine et ayant la même relation que Christ avec Dieu.


Il y a deux remarques à faire ici. D’abord : « l’espérance en Lui », ne signifie pas l’espérance dans le croyant, mais une espérance qui a Christ pour son objet. En second lieu, il est frappant de voir de quelle manière l’apôtre, dans cette épître, paraît confondre Dieu et Christ, et emploie le mot « Lui », pour désigner Christ, lorsqu’il vient de parler de Dieu, et vice-versa. Nous pouvons voir le principe de cela à la fin du chapitre 5 (verset 20) : « Nous sommes dans le Véritable, savoir dans son Fils Jésus Christ : lui est le Dieu véritable et la vie éternelle. » Dans ces courtes paroles, nous avons la clef de l’épître : Christ est la vie. C’est évidemment le Fils ; mais c’est Dieu lui-même qui est manifesté, et la perfection de sa nature qui est la source de vie aussi pour nous, comme cette vie a été trouvée en Christ homme. Ainsi je puis parler de Dieu, et dire « né de Lui » ; mais c’est en Jésus que Dieu a été manifesté, et de Lui que je tire la vie ; de sorte que « Jésus Christ » et « Dieu » sont substitués l’un à l’autre. Ainsi, c’est de Christ qu’il est question, quand il est dit : « Il sera manifesté » (chapitre 2:28) : « Il est juste » ; le juste est « né de Lui ». Mais au chapitre 3:1, on trouve « né de Dieu », « enfants de Dieu » ; mais « le monde ne l’a pas connu » ; ici, c’est Christ sur la terre ; et « quand il sera manifesté ». C’est encore Christ, et nous nous purifions nous-mêmes « comme Lui est pur ». Il y a beaucoup d’autres exemples du même genre.

Il est dit du croyant qu’il « se purifie » : cela montre qu’il n’est pas pur comme Christ est pur. Lui n’avait pas besoin de se purifier. Aussi n’est-il pas dit : il est pur, comme Christ est pur (car, dans ce cas, il n’y aurait pas de péché en nous) ; mais il se purifie selon la pureté de Christ, tel qu’il est dans le ciel, ayant la même vie que celle de Christ lui-même.


Ayant présenté le côté positif de la pureté chrétienne, Jean s’occupe de celle-ci sous d’autres points de vue, comme étant l’une des preuves caractéristiques de la vie de Dieu dans l’âme.

Celui qui commet le péché (non pas : transgresse la loi (*), mais) agit sans loi. Sa conduite est sans la contrainte, sans la règle d’une loi. Il agit sans frein ; car pécher, c’est agir sans le frein d’une loi ou la contrainte d’une autre autorité agissant contre notre propre volonté. Christ est venu pour faire la volonté de son Père et non la sienne propre. Or Christ a été manifesté, afin qu’il ôtât nos péchés, et en Lui il n’y a point de péché ; de sorte que celui qui commet le péché, agit contre le but de la manifestation de Christ, et en opposition avec la nature à laquelle nous participons, si Christ est notre vie. Par conséquent, celui qui demeure en Christ ne pratique pas le péché ; celui qui pèche ne l’a ni vu, ni connu. Tout dépend, nous le voyons, de la participation à la vie et à la nature de Christ. Qu’on ne se trompe donc pas. Celui qui pratique la justice est juste, comme Lui est juste : car, en participant à la vie de Christ, on est, devant Dieu, selon la perfection de Celui qui s’y trouve, le chef et la source de cette vie. Mais nous sommes ainsi comme Christ devant Dieu, parce qu’il est lui-même réellement notre vie. Notre vie actuelle n’est pas la mesure de notre acceptation ; c’est Christ qui l’est. Mais Christ est notre vie, si nous sommes acceptés selon son excellence ; car c’est comme vivant de sa vie que nous avons part à cela.

(*) En Romains 2:12, le mot est employé en contraste avec la violation de la loi et l’action de pécher sous la loi. C’est-à-dire que le mot grec employé ici pour ce qui est traduit par « iniquité », est le même que pour pécher sans loi, en contraste avec pécher sous la loi, et étant jugé par elle.

Mais le jugement est plus que négatif. Celui qui pratique le péché est du diable, il a moralement la même nature que le diable ; car le diable pèche dès le commencement : c’est son caractère originel comme diable. Or Christ a été manifesté, afin qu’il détruisît les oeuvres du diable ; comment donc celui qui partage le caractère de cet ennemi des âmes, peut-il être avec Christ ?

D’un autre côté, celui qui est né de Dieu ne pratique point le péché. La raison en est évidente ; il est rendu participant de la nature de Dieu ; il tire sa vie de Lui. Ce principe de la vie divine est en lui. La semence de Dieu demeure en lui ; il ne peut pécher, parce qu’il est né de Dieu. Cette nouvelle nature n’avait pas, en elle, le principe du péché, pour qu’elle le commît. Comment se pourrait-il que la nature divine péchât ?

Ayant ainsi désigné les deux familles, la famille de Dieu et celle du diable, l’apôtre ajoute la seconde marque, dont l’absence est une preuve qu’on n’est pas de Dieu. Il avait déjà parlé de la justice ; il ajoute l’amour des frères. Car c’est ici le message que les chrétiens avaient reçu de Christ lui-même, savoir, qu’ils s’aimassent l’un l’autre. Au verset 12, Jean fait ressortir la liaison entre les deux choses : il montre que la haine d’un frère est nourrie par la conscience que l’on a que ses oeuvres sont bonnes et les nôtres mauvaises. De plus, nous ne devons pas nous étonner de ce que le monde nous haïsse : car nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons les frères. Si cet amour est une preuve essentielle qu’on est renouvelé, il est tout à fait naturel qu’on ne le trouve pas chez les hommes du monde. Mais, dans ce cas, celui qui n’aime pas son frère (solennelle pensée !) demeure dans la mort. En outre, celui qui n’aime pas son frère est meurtrier ; et un meurtrier n’a pas la vie éternelle. Il y a l’absence de la nature divine, la mort ; mais, de plus, l’activité du vieil homme dans l’autre nature : il hait, et il est en esprit l’activité de la mort — un meurtrier.


En outre, comme dans le cas de la justice et de la pureté, nous avons, en Christ, la mesure de cet amour. Par ceci nous connaissons l’amour, c’est qu’il a laissé sa vie pour nous ; nous devrions laisser nos vies pour les frères. Or, si notre frère manque du nécessaire, et que nous, ayant des biens de ce monde, nous ne pourvoyions pas à ses besoins, est-ce là cet amour divin qui a fait que Christ a laissé sa vie pour nous ? C’est par cet amour réel et pratique que nous savons que nous sommes dans la vérité, et que notre coeur est affermi et assuré devant Dieu. Car, s’il n’y a rien sur la conscience, on a de la confiance dans sa présence ; mais si notre propre coeur nous condamne, Dieu sait plus que cela.


Il ne s’agit pas, ici, du moyen de nous assurer de notre salut, mais d’avoir de la confiance dans la présence de Dieu. On ne le peut pas avec une mauvaise conscience dans le sens pratique du mot, car Dieu est toujours lumière et toujours saint.


Aussi recevons-nous tout ce que nous demandons, lorsque nous marchons ainsi en amour, devant Lui, faisant ce qui est agréable à ses yeux ; car, cheminant ainsi dans sa présence, avec confiance, le coeur et ses désirs répondent à cette influence bénie, étant formés par la jouissance de la communion avec Lui, à la clarté de sa face. C’est Dieu qui anime le coeur ; cette vie et cette nature divine dont l’épître parle étant en pleine activité et étant éclairées et mues par la présence divine dans laquelle elles trouvent leurs délices. Ainsi, nos requêtes ne sont que pour l’accomplissement des désirs qui naissent quand cette vie, quand nos pensées sont remplies de la présence de Dieu et des communications de sa nature. Et il prête sa puissance à l’accomplissement de ces désirs dont il est la source et qui sont formés dans le coeur par la révélation de Lui-même. (Comparer Jean 15:7.)

Cela est, dans le fait, la position de Christ lui-même, lorsqu’il était ici-bas — seulement il y était parfait. (Comparer Jean 8:29 et 10:42.)

Or c’est ici le commandement de Dieu auquel il veut que nous obéissions, savoir : que nous croyions au nom de son Fils, Jésus, et que nous nous aimions l’un l’autre comme il nous l’a commandé.

Or celui qui garde ses commandements demeure en Lui ; et Lui aussi demeure dans cet homme obéissant. On demandera si c’est de Dieu ou de Christ qu’il est question ici ? L’apôtre, ainsi que nous l’avons dit, confond Dieu et Christ dans sa pensée. C’est-à-dire le Saint Esprit les unit dans nos pensées. Nous sommes en Celui qui est véritable, c’est-à-dire dans son Fils Jésus Christ. C’est Christ qui est, en vie dans l’homme, la présentation de Dieu aux hommes ; et, pour le croyant, la communication de cette vie qui fait que Dieu aussi demeure en lui, par la révélation, dans sa divine excellence et sa divine perfection, de la nature à laquelle le croyant participe dans la puissance du Saint Esprit qui habite en lui, de telle sorte que l’amour est à la fois goûté et exercé.

Mais quelle merveilleuse grâce que d’avoir reçu une vie, une nature par laquelle nous sommes capables de jouir de Dieu lui-même, qui demeure en nous, et par laquelle, puisque c’est en Christ, nous sommes, de fait, dans la jouissance de cette communion, de cette relation avec Dieu ! Celui qui a le Fils, a la vie ; mais Dieu, donc, demeure en lui comme la part aussi bien que la source de cette vie ; et celui qui a le Fils, a le Père.

Quel merveilleux enchaînement que cette jouissance vitale et vivante, par la communication de la nature divine de Celui qui en est la source ; et cela selon sa perfection en Christ ! Tel est le chrétien selon la grâce. Aussi est-il obéissant, parce que cette vie en Christ homme (et c’est ainsi qu’elle devient nôtre), était l’obéissance même, la vraie relation de l’homme avec Dieu.

La justice pratique, donc, est une preuve que nous sommes nés de Lui qui, dans sa nature, est la source de cette justice. En présence de la haine du monde aussi, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons les frères. Ainsi, ayant une bonne conscience, nous avons de la confiance en Dieu et nous recevons de Lui quoi que nous demandions, en marchant dans l’obéissance et d’une manière qui lui est agréable. En marchant ainsi, nous demeurons en Lui (*), et Lui en nous.

(*) Ici, le fait de demeurer en Lui vient le premier, parce que c’est la réalisation pratique dans un coeur obéissant. Sa demeure en nous est ensuite considérée à part comme connue par le moyen de l’Esprit qui nous a été donné, pour nous garder d’être égarés par les esprits malins. Dans la chapitre 4:7, l’apôtre reprend la question de la demeure en nous, en rapport avec l’amour de Dieu.


Une troisième preuve de nos privilèges chrétiens surgit ici. L’Esprit qu’il nous a donné est la preuve que Lui-même demeure en nous, la manifestation de la présence de Dieu en nous. L’apôtre n’ajoute pas ici que nous demeurons en Lui car c’est de la manifestation de la présence Dieu qu’il s’agit ici. La présence de l’Esprit la démontre. Mais en demeurant en Lui, comme nous le verrons plus loin, on jouit de ce qu’il est, et, par conséquent, on est en communion morale avec sa nature. Celui qui obéit, jouit aussi de cela, ainsi que nous l’avons vu. Il est ici question de la présence du Saint Esprit comme démonstration d’une partie seulement de cette vérité, savoir, que Dieu est en nous. Mais la présence de Dieu en nous, selon la grâce et selon la puissance de l’Esprit, comprend aussi la communion avec cette nature ; nous demeurons aussi en Lui, de qui nous tirons cette grâce et toutes les formes spirituelles de cette nature dans la communion et dans la vie pratique. C’est dans les versets 12 et 16 du chapitre 4, que notre apôtre parle de cela.


La justice pratique ou obéissance, l’amour des frères, la manifestation de l’Esprit de Dieu, telles sont les preuves de nos relations avec Dieu. Celui qui obéit aux commandements du Seigneur dans la justice pratique demeure en Lui et Dieu en lui. L’Esprit donné est la preuve qu’il demeure en nous.


4.4 - Chapitre 4

Or, pour se servir de cette dernière preuve, il fallait prendre des précautions, car bien des faux prophètes prétendaient et même avaient déjà prétendu, au temps de l’apôtre, avoir reçu des communications de l’Esprit de Dieu, et s’étaient insinués au milieu des chrétiens. Il fallait donc mettre ceux-ci sur leurs gardes en leur donnant les marques certaines du véritable Esprit de Dieu. La première de ces marques, c’était la confession de Jésus venu en chair. Ce n’est pas seulement confesser qu’il est venu, mais Le confesser ainsi venu. La seconde marque, c’était que celui qui vraiment connaissait Dieu, écoutait les apôtres. C’est ainsi que les épîtres des apôtres deviennent une pierre de touche pour ceux qui prétendent enseigner l’Assemblée. Toute la Parole sans doute est telle ; mais je me borne, ici, à ce qui est dit dans ce passage. L’enseignement des apôtres est formellement une pierre de touche pour tout autre enseignement — et, par l’enseignement des apôtres, j’entends ce qu’ils ont enseigné eux-mêmes immédiatement. Si l’on me dit qu’il faut que d’autres l’expliquent ou le développent pour avoir la vérité et la certitude de la foi, je réponds : « Vous n’êtes pas de Dieu, car celui qui est de Dieu les écoute ; et vous ne voulez pas que je les écoute ; et, quel que soit votre prétexte, vous m’en empêchez. » La dénégation de Jésus venu en chair est l’esprit de l’Antichrist. Ne pas écouter les apôtres, est la forme provisoire et préparatoire du mal. Les vrais chrétiens avaient vaincu l’esprit d’erreur par l’Esprit de Dieu qui demeurait en eux. (verset 4.)

Les trois critères du vrai christianisme sont maintenant distinctement établis ici, et l’apôtre poursuit ses exhortations en développant la plénitude et l’intimité de nos relations avec un Dieu d’amour, maintenant cette participation à la nature dans laquelle l’amour est de Dieu, et celui qui aime est né de Lui — il participe donc à Sa nature et Le connaît (car c’est par la foi qu’il l’a reçue), comme participant de sa nature. Celui qui n’aime pas, ne connaît pas Dieu. Il faut posséder la nature qui aime, pour savoir ce que c’est que l’amour. Celui donc qui n’aime pas, ne connaît pas Dieu, car Dieu est amour. Une telle personne n’a pas un sentiment en rapport avec la nature de Dieu ; comment donc le connaîtrait-elle ? Pas plus qu’un animal ne peut connaître l’esprit ou l’intelligence d’un homme lorsqu’il ne les a pas.

Faites particulièrement attention, lecteur , à cette immense prérogative qui découle de la doctrine tout entière de l’épître. La vie éternelle qui était auprès du Père, a été manifestée et nous a été communiquée ; ainsi, nous participons à la nature divine. Les affections de cette nature agissant en nous, reposent, par la puissance du Saint Esprit, dans la jouissance de la communion de Dieu qui en est la source ; nous demeurons en Lui et Lui en nous. La première chose, c’est la constatation de la vérité en nous. Les mouvements de cette nature démontrent qu’Il demeure en nous — que, si nous aimons ainsi, Dieu lui-même habite en nous. Celui qui fait agir cet amour est là. Mais il est infini et le coeur se repose en Lui ; nous savons qu’en même temps nous demeurons en Lui et que Lui demeure en nous, parce qu’il nous a donné de son Esprit. Mais ce passage si riche en bénédiction, demande que nous le suivions avec ordre.

Il commence par constater que l’amour est de Dieu. C’est sa nature ; Dieu en est la source. Ainsi, celui qui aime est né de Dieu, participe à sa nature. De plus, il connaît Dieu, car il sait ce que c’est que l’amour, et que Dieu en est la plénitude. C’est là la doctrine qui fait tout dépendre de notre participation à la nature divine.

Or ceci pouvait être transformé d’un côté en mysticisme, en nous faisant porter notre attention sur notre amour pour Dieu et sur l’amour en nous, cela étant la nature de Dieu, comme s’il était dit : l’amour est Dieu, et non Dieu est amour, et en essayant de sonder la nature divine en nous-mêmes, ou, d’un autre côté, en nous faisant douter, parce que nous ne trouvons pas en nous, comme nous le voudrions, les effets de la nature divine. En effet, celui qui n’aime pas (car la chose, comme toujours en Jean, est exprimée d’une manière abstraite) ne connaît pas Dieu, car Dieu est amour. La possession de la nature est nécessaire à l’intelligence de ce que cette nature est et à la connaissance de Celui qui en est la perfection.

Mais, si je cherche à le connaître, et à en avoir ou à en donner la preuve, ce n’est pas sur l’existence de la nature en nous que l’Esprit de Dieu dirige les pensées des croyants comme leur objet. Dieu, dit-il, est amour ; et cet amour a été manifesté envers nous, en ce qu’il a donné son Fils unique pour que nous vivions par Lui. La preuve n’est pas la vie en nous, mais que Dieu a donné son Fils, afin que nous vivions, et en outre pour faire propitiation pour nos péchés. Dieu soit béni, nous connaissons cet amour, non dans les pauvres résultats de son action en nous, mais dans sa perfection en Dieu, et cela même dans sa manifestation envers nous, ce qui est complètement en dehors de nous-mêmes. C’est un fait hors de nous qui est la manifestation de cet amour parfait. Nous en jouissons en participant à la nature divine ; nous le connaissons par le don infini du Fils de Dieu. C’est là que s’en trouvent l’exercice et la preuve.

L’entière portée de ce principe et toute la force de sa vérité sont constatées et démontrées dans ce qui suit. Il est frappant de voir, dans cette épître qui s’occupe essentiellement de la vie de Christ et de ses fruits en nous, comment le Saint Esprit donne la preuve et montre le caractère parfait de l’amour dans ce qui est complètement en dehors de nous. Peut-il y avoir quelque chose de plus parfait que la manière dont l’amour de Dieu est présenté ici, depuis le moment où il s’occupe de notre état de péché jusqu’à ce que nous soyons devant le tribunal de Dieu. Dieu a pensé à tout : amour envers nous comme pécheurs (versets 9-10) ; en nous comme saints (verset 12) ; avec nous comme parfaits dans notre condition en vue du jour du jugement (verset 17). Dans les premiers versets, l’amour de Dieu est manifesté dans le don de Christ ; premièrement, pour nous donner la vie — nous étions morts ; secondement, pour faire propitiation — nous étions coupables. Cela comprend tout notre état. Dans le second de ces versets, le grand principe de la grâce, ce qu’est l’amour, où et comment il est connu, ce principe est clairement établi dans des mots d’une importance immense quant à la nature même du christianisme. En ceci est l’amour, non en ce que nous ayons aimé Dieu (ce qui était le principe de la loi), mais en ce que Lui nous aima, et qu’il donna son Fils pour faire la propitiation pour nos péchés. C’est ici donc que nous avons appris ce qu’est l’amour. Il était parfait en Dieu lorsque nous ne l’aimions pas ; parfait en Lui en ce qu’il l’a exercé envers nous, lorsque nous étions dans nos péchés, et qu’il a envoyé son Fils pour faire la propitiation pour eux. L’apôtre donc affirme positivement que celui qui n’aime pas, ne connaît pas Dieu. La prétention de posséder cet amour est jugée par ce moyen ; mais pour connaître l’amour, il ne faut pas le chercher en soi, mais le voir manifesté en Dieu, lorsque nous n’en avions point. Il donne la vie qui aime, et il a fait la propitiation pour nos péchés. Maintenant, pour ce qui regarde la jouissance et les privilèges de cet amour : — si Dieu nous a tant aimés (c’est là le terrain sur lequel il se place), nous devrions nous aimer l’un l’autre.

Personne n’a jamais vu Dieu : si nous nous aimons l’un l’autre, Dieu demeure en nous. Sa présence, Lui-même habitant en nous, s’élève dans l’excellence de sa nature au-dessus de toutes les barrières des circonstances, et nous attache à ceux qui sont siens. C’est Dieu dans la puissance de sa nature, laquelle est la source des pensées et des sentiments, et se répand elle-même au milieu de ceux en qui elle se trouve. On peut concevoir ceci. Comment se fait-il que j’aime des étrangers d’un autre pays, des gens ayant d’autres habitudes que moi, des gens que je n’ai jamais connus, d’une manière plus intime que ma propre famille selon la chair ? Comment se fait-il que j’aie avec eux des pensées en commun, des objets infiniment aimés en commun, des affections puissamment engagées, un lien plus fort avec des personnes que je n’ai jamais vues, qu’avec les compagnons autrement chers de mon enfance ? C’est parce qu’il y a en eux et en moi une source de pensées et d’affection, qui n’est pas humaine. Dieu y est. Dieu demeure en nous. Quel bonheur ! quel lien ! Dieu ne se communique-t-il pas lui-même à l’âme ? Ne la rend-il pas consciente de sa présence en amour ? Certainement oui. Et, s’Il est ainsi en nous la source bénie de nos pensées, peut-il y avoir crainte ou distance, ou incertitude à l’égard de ce qu’il est ? Non, aucune. Son amour est parfait en nous. Nous le connaissons comme amour dans nos âmes : c’est le second grand point dans ce passage remarquable, la jouissance de l’amour divin dans nos âmes.

L’apôtre n’a pas encore dit : « Nous savons que nous demeurons en Lui. » Il va le dire maintenant. Mais, si l’amour des frères est en nous, Dieu demeure en nous. Lorsque cet amour est en exercice, il y a la conscience de la présence de Dieu comme amour parfait en nous. L’amour remplit le coeur et ainsi il s’exerce en nous. Or cette conscience est l’effet de la présence de son Esprit, comme source et puissance de vie et de nature en nous. Il nous a donné, non « son Esprit » — preuve qu’il demeure en nous — mais « de son Esprit » ; nous participons par sa présence en nous aux affections divines par l’Esprit, et ainsi nous savons, non seulement qu’il demeure en nous, mais la présence de l’Esprit, agissant dans une nature qui est celle de Dieu en nous, nous donne la conscience que nous demeurons en Lui. Car il est l’infinité et la perfection de ce qui est maintenant en nous.

Le coeur se repose en cela et jouit de Lui, et est dérobé à tout ce qui est en dehors de Lui, dans la conscience de l’amour parfait dans lequel on se trouve soi-même (en demeurant en Lui). L’Esprit nous fait demeurer en Dieu et nous donne ainsi la conscience qu’Il demeure en nous. Ainsi, dans la saveur et la conscience de l’amour qui s’y trouve nous pouvons rendre témoignage à ce qui a été manifesté au delà de toutes les limites juives, c’est-à-dire que le Père a envoyé le Fils pour être le Sauveur du monde. Nous en verrons plus loin un autre caractère.

En comparant le verset 12 du chapitre 4, avec le verset 18 du chapitre 1 de l’évangile de Jean, nous saisirons mieux la portée de cet enseignement de l’apôtre. La même difficulté, ou, si l’on veut, la même vérité se présente dans les deux cas. Personne ne vit jamais Dieu. Comment cette difficulté est-elle résolue ? En Jean 1:18, le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître. Celui qui est (*) dans l’intimité la plus parfaite, dans la proximité et la jouissance les plus absolues de l’amour du Père, le seul objet éternel et suffisant qui connût l’amour du Père, comme Fils unique, Lui l’a révélé aux hommes comme lui-même il l’a connu. Quelle est la réponse à cette même difficulté dans notre épître ? « Si nous nous aimons l’un l’autre, Dieu demeure en nous, et son amour est consommé en nous. » Par la communication de la nature divine et par la demeure de Dieu en nous, nous jouissons de Lui intérieurement, comme il a été manifesté et déclaré par son Fils unique. Son amour est parfait en nous, connu dans le coeur, comme il a été déclaré en Jésus. Le Dieu qui a été déclaré par Lui demeure en nous. Quelle pensée que la réponse au fait que personne n’a jamais vu Dieu, est également que le Fils unique l’a déclaré, et qu’il demeure en nous ! Quel jour cela jette sur ces paroles : « Ce qui est vrai en lui et en vous ! »  (**) (Chapitre 2:8.) Car c’est en ce que Christ est devenu notre vie que nous pouvons jouir ainsi de Dieu et de sa présence en nous par la puissance du Saint Esprit. Et nous avons vu que le témoignage du verset 14 découle de cela.

(*) Remarquez que ce n’est pas « était ». Il n’est jamais dit dans l’Écriture, comme on le croit souvent : il quitta le sein du Père, mais « le Fils unique, qui est dans le sein du Père ». Comme il connaît Dieu, il le révèle sur la terre.

(**) Cela nous donne également, dans leur plus haut caractère et leur plus haut sujet, la différence entre l’évangile et l’épître.


On trouve aussi la distinction entre : Dieu demeurant en nous, et nous en Dieu, même dans ce que Christ dit de lui-même. Il demeurait toujours dans le Père, et le Père en Lui ; mais il dit : « Le Père qui demeure en moi, c’est lui qui fait les oeuvres. » (Jean 14:10.) Par sa parole, les disciples auraient dû croire en tous les deux ; mais dans ce qu’ils avaient vu — dans ses oeuvres — ils avaient eu plutôt la preuve que le Père demeurait en Lui. Ceux qui l’avaient vu, avaient vu le Père. Mais lorsque le Consolateur serait venu, en ce jour-là, ils connaîtraient que Jésus était dans son Père, — divinement un avec le Père.


L’apôtre ne dit pas que nous sommes en Dieu (*), ni que nous sommes dans le Père, mais que nous demeurons en Lui, et que nous le savons, parce qu’il nous a donné de son Esprit. Nous avons déjà fait remarquer (chapitre 3:24) ce que dit l’apôtre : « Par ceci nous savons qu’il (Dieu) demeure en nous, savoir par l’Esprit qu’il nous a donné. » Ici, il ajoute : Nous savons que nous demeurons en Dieu, parce que c’est — non la manifestation comme preuve, mais — la communion avec Dieu lui-même. Nous savons que nous demeurons en Lui, toujours, comme une vérité précieuse, — comme un fait immuable ; sensiblement, quand son amour est actif dans le coeur. C’est à cette activité que l’apôtre, par conséquent, en vient immédiatement, en ajoutant : « Et nous avons vu et nous témoignons que le Père a envoyé le Fils pour être le Sauveur du monde. » (Verset 14.) C’était, pour tous, la preuve de cet amour, dont l’apôtre — ainsi que tous les croyants — jouissait dans son coeur. Il est important de remarquer la manière dont ce passage nous présente, premièrement, le fait que Dieu demeure en nous ; en second lieu, l’effet, savoir que (Dieu étant infini), nous demeurons en Lui ; et, en troisième lieu, la réalisation de la première vérité dans la réalité de la vie dont on a conscience.

(*) La seule expression qui, dans la Parole, ait quelque ressemblance avec cela, se trouve dans : « l’assemblée des Thessaloniciens, en Dieu le Père ». Cette expression s’applique ici à une corporation nombreuse et a un tout autre sens.


Nous pouvons remarquer ici que, tandis que la demeure de Dieu en nous est un fait doctrinal et vrai de tout véritable chrétien, notre demeure en Lui, quoique comprise dans ce fait, est en rapport avec notre état. Ainsi nous avons, au chapitre 3:24 : « Celui qui garde ses commandements demeure en lui, et lui en cet homme » ; et au chapitre 4:16 : « Celui qui demeure dans l’amour, demeure en Dieu et Dieu en lui. »


L’amour mutuel est réellement considéré comme la preuve que Dieu est là, et que son amour est accompli en nous — cela établit un contraste entre la manière de sa présence et celle de Christ. (Jean 1:18.) Mais ce que nous connaissons ainsi, c’est que nous demeurons en Lui et Lui en nous. Dans chaque cas, cette connaissance nous vient par l’Esprit. Le verset 15 présente le fait universel ; le verset 16 le fait remonter pleinement à sa source. Nous avons connu et cru l’amour que Dieu a pour nous. Là sa nature est déclarée en elle-même (car nous nous réjouissons en Dieu) ; Dieu est amour, et celui qui demeure dans l’amour, demeure en Dieu, et Dieu en lui. Il n’y en a aucun autre nulle part — si nous participons à Sa nature, nous participons à l’amour, et celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu qui en est la plénitude. Mais alors, remarquez qu’en insistant sur ce qu’Il est, l’apôtre insiste soigneusement sur sa personne même. Il demeure en nous.

Et, ici, est introduit un principe d’une haute importance. On serait disposé, peut-être, à dire que cette demeure de Dieu en nous, et notre demeure en Lui dépendent d’une haute mesure de spiritualité, l’apôtre ayant parlé, en effet, de la joie la plus élevée possible. Or, quoique le degré selon lequel nous réalisons la chose d’une manière intelligente soit, en effet, une affaire de spiritualité, la chose en elle-même est la part de tout chrétien. C’est notre position, parce que Christ est notre vie et parce que le Saint Esprit nous est donné. « Quiconque confessera que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en Lui et lui en Dieu. » (Verset 15.) Que la grâce de l’Évangile est grande ! Que notre position est admirable, parce que c’est en Jésus que nous la possédons ! Il est important de tenir ferme ceci, que c’est la portion de tout chrétien, la joie des humbles, le plus fort reproche adressé à la conscience des insouciants.


L’apôtre explique cette haute position par la possession de la nature divine, — la condition essentielle du christianisme. Un chrétien, c’est quelqu’un qui participe à la nature divine, et en qui l’Esprit demeure. Mais la connaissance de notre position ne découle pas de la considération de cette vérité, quoiqu’elle dépende du fait que cette considération est vraie, mais de celle de l’amour même de Dieu, ainsi que nous l’avons déjà vu. « Et, » dit l’apôtre en continuant, « nous avons connu et cru l’amour que Dieu a pour nous ». C’est ici la source de notre connaissance et de notre jouissance de ces privilèges si doux, si merveilleusement élevés, mais si simples, si vrais pour le coeur, quand ils sont connus.


Nous avons connu l’amour que Dieu a envers nous, et nous y avons cru. Précieuse connaissance ! En la possédant, nous connaissons Dieu, car c’est ainsi qu’il s’est manifesté lui-même. Ainsi, nous pouvons dire : « Dieu est amour. » Il n’y en a pas d’autre. Lui-même est amour. Il est amour dans toute sa plénitude. Il n’est pas la sainteté, Il est saint ; Il n’est pas la justice Il est juste ; mais Il est amour (*).

(*) La justice et la sainteté supposent un rapport avec d’autres êtres ; ainsi, reconnaître le mal, le rejeter et le juger. L’amour, quoique exercé envers d’autres, est ce que Dieu est en Lui-même. L’autre nom essentiel de Dieu, c’est « lumière ». Il est dit que nous sommes « lumière dans le Seigneur », comme participants de la nature divine ; non pas amour, car, bien que de nature divine, il est souverain en grâce. On ne peut donc pas dire que nous sommes amour. (Voyez Éph. 4:5.)


En demeurant donc dans l’amour, je demeure en Lui, ce que je ne pourrais pas s’il ne demeurait pas en moi ; et cela il le fait. Ici, l’apôtre dit premièrement, que nous demeurons en Lui, car c’est Dieu lui-même qui est devant nos yeux comme l’amour dans lequel nous demeurons. Ainsi, en pensant à cet amour, je dis que je demeure en Lui, parce que j’en ai la conscience dans mon coeur par l’Esprit. Mais, en même temps, cet amour est en nous un principe actif et énergique ; c’est Dieu lui-même qui est là. Ceci est la joie de notre position — la position de tout chrétien.


Les versets 14 et 16 nous présentent le double effet de la manifestation de cet amour.


1° Le témoignage que le Père a envoyé le Fils pour être le Sauveur du monde. Entièrement en dehors des promesses faites aux Juifs (comme partout dans Jean), cette oeuvre est le fruit de ce que Dieu est lui-même. En conséquence, quiconque confesse Jésus comme étant ce Fils, jouit de toute la plénitude des conséquences bénies qui en découlent.


2° Le chrétien a cru à cet amour pour lui-même, et il en jouit selon sa plénitude. Il n’y a que cette modification de l’expression du glorieux fait de notre portion — c’est que la confession de Jésus, comme Fils de Dieu, est tout premièrement ici la preuve que Dieu demeure en nous, quoique l’autre partie de la vérité dise également que celui qui le confesse demeure aussi en Dieu.

Quand il est question de notre part en communion, comme croyant à cet amour, il est dit que celui qui demeure dans l’amour, demeure en Dieu ; car c’est là, en effet, que le coeur se trouve. L’autre côté de la vérité est ici également vrai ; Dieu demeure en lui aussi. (Verset 16.)


J’ai parlé de la conscience de cette demeure en Dieu, car c’est ainsi seulement que cela est connu. Mais il est important de se souvenir que l’apôtre l’enseigne comme une vérité qui s’applique à tout fidèle. Les croyants auraient pu s’excuser de ne pas s’approprier ces déclarations sous prétexte qu’elles étaient trop élevées pour eux ; mais ce fait juge leur excuse. Cette communion est négligée. Mais Dieu demeure en quiconque confesse que Jésus est le Fils de Dieu, et lui en Dieu. Quel encouragement pour un chrétien timide ! Quel reproche pour un chrétien insouciant !

L’apôtre revient à notre position relative, considérant Dieu comme en dehors de nous, comme Celui devant qui nous devons paraître et avec qui nous avons toujours affaire. C’est là la troisième grande preuve et le troisième caractère de cet amour, caractère dans lequel cet amour est complet, témoignant, comme je l’ai déjà dit, que Dieu a pensé à tout pour nous depuis notre état de péché jusqu’au jour du jugement.

En ceci est consommé l’amour avec nous (afin que nous ayons toute assurance au jour du jugement), savoir que, comme Il est, nous sommes, nous aussi, dans ce monde. (Verset 17.) En effet, qu’est-ce qui pouvait nous donner une assurance plus complète, pour ce jour-là, que d’être comme Jésus lui-même — comme le juge ? Lui qui jugera en justice, est notre justice. Nous sommes, en Lui, la justice d’après laquelle il jugera. Nous sommes relativement au jugement tel qu’il est. C’est bien ce qui peut nous donner une paix parfaite. Mais remarquez que ce n’est pas seulement au jour du jugement qu’il en est ainsi (cela nous donne de l’assurance pour le jugement), mais nous le sommes dans ce monde. Il n’est pas dit comme il était, mais dans ce monde, nous sommes comme il est, et nous avons notre place déjà connue et assurée et selon la nature et les conseils de Dieu pour ce jour-là. C’est notre part comme étant identifiés d’une manière vivante avec Lui.

Or, dans l’amour, il n’y a pas de crainte, il y a de la confiance. Si je suis sûr que quelqu’un m’aime, je ne le crains pas. Si je désire seulement être l’objet de son affection, je puis craindre de ne pas l’être, ou même craindre cette personne. Toutefois cette crainte tendrait toujours à détruire mon amour pour elle et à détruire mon amour envers elle, et mon désir d’être l’objet de son affection. Il y a incompatibilité entre ces deux affections — il n’y a pas de crainte dans l’amour. L’amour parfait, donc, bannit la crainte, car la crainte nous tourmente, et le tourment n’est pas la jouissance de l’amour. Celui donc qui craint ne connaît pas l’amour parfait. Et, maintenant, qu’est-ce que l’apôtre entend par « l’amour parfait ? » C’est ce que Dieu est, et ce qu’il a pleinement montré en Christ, c’est ce qu’il nous a fait connaître et ce dont il nous fait jouir par sa présence en nous, de sorte que nous demeurons en Lui. La preuve positive de l’entière perfection de cet amour, c’est que nous sommes tels que Christ est. Il est manifesté envers nous, accompli en nous, et rendu parfait avec nous. Mais l’objet dont nous jouissons, c’est Dieu, qui est amour ; mais nous jouissons de Lui, parce qu’il est en nous, de sorte que l’amour et la confiance sont dans nos coeurs, et nous avons du repos. Ce que je connais de Dieu, c’est qu’il est amour, et amour envers moi, et rien autre qu’amour envers moi, car c’est Lui-même qui est tel. C’est pourquoi il n’y a pas de crainte (*).

(*) Il est frappant de voir que l’apôtre ne dit pas : Nous devons l’aimer, parce que Lui nous a aimés le premier ; mais « nous l’aimons ». Nous ne pouvons pas connaître l’amour pour nous et en jouir sans aimer. Le sentiment de l’amour envers nous, c’est toujours l’amour. Il ne peut être connu et apprécié, s’il n’est pas là. Le sentiment que j’ai de l’amour dans un autre, c’est l’amour pour lui. Nous devons aimer les frères, parce que ce n’est pas leur amour pour nous qui est la source de l’amour, quoiqu’il puisse l’entretenir de cette manière. Mais nous aimons Dieu, parce qu’il nous a aimés le premier.


Si l’on entre pratiquement dans l’historique de ces affections, pour parler ainsi ; si l’on veut séparer ce qui est uni dans la jouissance, parce que la nature divine en nous, qui est amour, jouit de l’amour dans sa perfection en Dieu (son amour répandu dans le coeur par sa présence) ; si l’on veut spécifier la relation dans laquelle nos coeurs se trouvent avec Dieu, à cet égard, voici ce que nous lisons : « Nous l’aimons, parce que lui nous a aimés le premier. » C’est la grâce ; et il faut que ce soit la grâce, car c’est Dieu qui doit être glorifié.

Maintenant, il vaut la peine de faire attention à l’ordre de ce passage remarquable. Versets 7-10 : Nous possédons la nature de Dieu, nous aimons, par conséquent ; nous sommes nés de Lui et nous le connaissons. Mais la manifestation de l’amour envers nous dans le Christ Jésus est la preuve de cet amour ; c’est ainsi que nous connaissons l’amour. Versets 11-16 : Nous jouissons de l’amour en y demeurant. C’est la vie présente dans l’amour de Dieu, par la présence de son Esprit en nous ; c’est la jouissance de cet amour, par la communion, en ce que Dieu demeure en nous, et qu’ainsi nous demeurons en Lui. Verset 17 : Son amour est consommé avec nous ; c’est la perfection de cet amour considéré dans la place qu’il nous a donnée en vue du jugement ; — nous sommes, dans ce monde, tels que Christ est. Versets 18-19 : L’amour est ainsi pleinement consommé avec nous. L’amour pour les pécheurs, la communion, la perfection devant Dieu, nous donnent les éléments moraux et caractéristiques de cet amour, — ce qu’il est dans nos relations avec Dieu.

Dans le premier passage, versets 7-10, où il est question de la manifestation de cet amour, l’apôtre ne va pas au delà du fait que celui qui aime est né de Dieu. La nature de Dieu (qui est amour) étant en nous, celui qui aime connaît Dieu, car il est né de Lui — il a sa nature, et sait ce qu’elle est.

C’est ce que Dieu a été pour le pécheur, qui démontre sa nature d’amour. Ensuite, ce que nous avons appris comme pécheurs, nous en jouissons comme saints. L’amour parfait de Dieu est répandu dans le coeur, et nous demeurons en Lui. Comme étant déjà avec Jésus dans ce monde, et tels qu’il est, la crainte n’a pas de place en celui pour qui l’amour de Dieu est une demeure et un lieu de repos.

Verset 20 : La réalité de notre amour pour Dieu, fruit de son amour pour nous, est mise à l’épreuve. Si nous disons que nous aimons Dieu et que nous n’aimions pas les frères, nous sommes menteurs, car si la nature divine, si rapprochée de nous (près de nous dans les frères), et la valeur de Christ pour eux, ne réveillent pas nos affections spirituelles, comment le fera Celui qui est loin ? Aussi, c’est ici son commandement : Que celui qui aime Dieu, aime aussi son frère. On trouve ici aussi l’obéissance. (Comparer Jean 14 :31.)


4.5 - Chapitre 5

L’amour pour les frères est la preuve de la réalité de notre amour pour Dieu. Or cet amour doit être universel ; il doit être en exercice envers tous les chrétiens, car quiconque croit que Jésus est le Christ, est né de Dieu ; or celui qui aime quelqu’un, aime celui qui est né de lui. Et si le motif est qu’on est né de Lui, on aimera tout ce qui est né de Lui. (Chapitre 5 :1)

Mais il y a un danger, d’un autre côté : il peut arriver que nous aimions les frères, parce qu’ils sont aimables pour nous et qu’ils nous offrent une société agréable dans laquelle notre conscience n’est pas blessée. Il y a donc une contre-épreuve : « Par ceci, nous savons que nous aimons les enfants de Dieu, c’est quand nous aimons Dieu et que nous gardons ses commandements ». (Verset 2.) Ce n’est pas comme enfants de Dieu que j’aime les frères, si je n’aime pas Dieu de qui ils sont nés. Je peux les aimer individuellement comme compagnons, ou bien je peux aimer quelques-uns d’entre eux, mais je ne les aime pas comme enfants de Dieu, si je n’aime pas Dieu lui-même. Si Dieu lui-même n’a pas dans mon coeur sa véritable place, ce qui porte le nom d’amour des frères exclut Dieu ; et cela d’une manière d’autant plus complète et subtile que ce qui nous lie à eux porte le nom sacré d’amour fraternel.

Or il y a une pierre de touche, même pour cet amour de Dieu, savoir : l’obéissance à ses commandements. Si je marche avec les frères eux-mêmes dans la désobéissance à leur Père, ce n’est certainement pas parce qu’ils sont ses enfants que je les aime. Si je les aimais, parce que j’aime le Père et parce qu’ils sont ses enfants, j’aimerais assurément qu’ils Lui obéissent. Si donc, je marche dans la désobéissance avec les enfants de Dieu, sous prétexte d’amour fraternel, ce n’est pas aimer mes frères comme enfants de Dieu. Si je les aimais comme tels, j’aimerais leur Père et le mien, et je ne pourrais marcher dans la désobéissance envers Lui, et faire de cette marche une preuve que je les aime parce qu’ils sont siens. Si j’aimais mes frères, parce qu’ils sont enfants de Dieu, j’aimerais aussi tous ceux qui sont tels, parce que le même motif m’engage à les aimer tous.

L’universalité de cet amour à l’égard de tous les enfants de Dieu, son exercice dans l’obéissance pratique à la volonté de Dieu, tels sont les signes du vrai amour fraternel. Ce qui n’a pas ces caractères n’est qu’un esprit charnel de parti qui revêt le nom et les formes de l’amour fraternel. Bien certainement, je n’aime pas le Père, si j’encourage ses enfants à la désobéissance envers Lui.

Or il y a un grand obstacle à cette obéissance ; et cet obstacle, c’est le monde. Le monde a ses formes qui sont bien loin de l’obéissance à Dieu. Lorsque nous ne pensons qu’à Lui et à sa volonté, l’inimitié du monde éclate bientôt. Le monde agit aussi par ses agréments et ses délices sur le coeur de l’homme, en tant que marchant selon la chair. En un mot, le monde et les commandements de Dieu sont en contradiction l’un avec l’autre ; mais les commandements de Dieu ne sont pas pénibles pour ceux qui sont nés de Lui, car celui qui est né de Dieu est victorieux du monde. (Verset 4.) Il a une nature et un principe qui surmontent les difficultés que le monde oppose à sa marche. Sa nature est la nature divine, car il est né de Dieu ; son principe est celui de la foi. Sa foi est insensible aux attraits que ce monde offre à la chair, et cela parce que cette nature a, complètement en dehors de ce monde, un esprit indépendant, un objet à elle qui la gouverne. La foi dirige ses pas ; or la foi ne voit pas le monde, ni ce qui est présent. La foi croit que Jésus, que le monde a rejeté, est le Fils de Dieu. Ainsi, le monde a perdu sur elle son empire. Les affections et la confiance de cette nature sont fixées sur Jésus, qui a été crucifié, en le reconnaissant Fils de Dieu. Ainsi, le croyant, détaché du monde, a le courage de l’obéissance, et fait la volonté de Dieu, qui demeure éternellement.


L’apôtre résume, en quelques mots, le témoignage de Dieu à l’égard de la vie éternelle qu’il nous a donnée.


Cette vie n’est pas dans le premier Adam ; elle est dans le dernier — dans le Fils de Dieu. L’homme né d’Adam ne la possède pas, ne se l’acquiert pas. Il aurait bien dû acquérir la vie, sous la loi. C’est là ce qui caractérisait la loi : « Fais cela, et tu vivras. » Mais l’homme ne l’a pas fait et ne le pouvait pas.


Dieu lui donne la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils. Celui qui a le Fils, a la vie, celui qui n’a pas le Fils, n’a pas la vie.


Or, quel est le témoignage rendu à ce don de la vie éternelle ? Les témoins sont trois : l’Esprit, l’eau et le sang. C’est ce Jésus, le Fils de Dieu, qui est venu par l’eau et par le sang non par l’eau seulement, mais par l’eau et par le sang. L’Esprit aussi rend témoignage, parce qu’il est la vérité. La chose à laquelle ils rendent témoignage, c’est que Dieu nous a donné la vie éternelle et que cette vie est dans son Fils. Mais d’où cette eau et ce sang ont-ils coulé ? Ce fut du côté percé de Jésus. C’est le jugement de mort prononcé et exécuté sur la chair (comparer Romains 8:3), sur tout ce qui est du vieil homme, sur le premier Adam. Non que le péché du premier Adam ait été dans la chair de Christ, mais Jésus est mort dans la chair comme sacrifice pour le péché. « En ce qu’il est mort, il est mort une fois pour toutes au péché. » (Romains 6:10.) Le péché dans la chair, a été condamné dans la mort de Christ en la chair. Il n’y avait pas d’autre remède. La chair ne pouvait être ni modifiée, ni assujettie à la loi. La vie du premier Adam n’était que du péché dans le principe de sa volonté ; elle ne pouvait pas être soumise à la loi. Notre purification, quant au vieil homme, c’est sa mort. Celui qui est mort, est justifié du péché. (Romains 6:7.) Nous sommes donc baptisés, pour avoir part à la mort de Jésus. Nous sommes crucifiés avec Christ ; néanmoins nous vivons, mais non pas nous ; c’est Christ qui vit en nous. En participant à la vie de Christ ressuscité, nous nous tenons pour morts avec Lui ; car, pourquoi vivre de cette nouvelle vie, de la vie du dernier Adam, si nous pouvions vivre devant Dieu de la vie du premier Adam ? Non ; en vivant de Christ, nous avons accepté, par la foi, la sentence de mort prononcée par Dieu sur le premier Adam. C’est la purification chrétienne : la mort même du vieil homme, parce que nous sommes rendus participants de la vie dans le Christ Jésus. « Nous sommes morts », — crucifiés avec Lui. Nous avons besoin d’une purification parfaite devant Dieu ; nous l’avons, car ce qui était impur, n’existe plus : ce qui existe, comme né de Dieu, est parfaitement pur.


Il est venu par l’eau, — puissant témoignage, sortant du côté d’un Christ mort, qu’il ne faut pas chercher la vie dans le premier Adam ; car Christ, en tant que venu pour l’homme, se chargeant de sa cause, le Christ, venu en chair, a dû mourir : autrement, il serait resté seul dans sa propre pureté. C’est dans le Fils de Dieu, ressuscité d’entre les morts, qu’il faut chercher la vie. La purification est par la mort.


Mais ce n’est pas seulement par l’eau qu’il est venu ; c’est aussi par le sang. L’expiation de nos péchés était aussi nécessaire que la purification morale de nos âmes. Nous la possédons dans le sang d’un Christ mis à mort. La mort seule pouvait expier nos péchés et les effacer. Et Jésus est mort pour nous. La culpabilité du croyant n’existe plus devant Dieu ; Christ s’est mis à sa place. La vie est en haut, et nous sommes ressuscités avec Lui, Dieu nous ayant pardonné toutes nos offenses. L’expiation est par la mort.


Le troisième témoin, c’est l’Esprit : placé le premier dans l’ordre de leur témoignage sur la terre, seul il rend témoignage en puissance, de sorte que nous connaissons les deux autres ; le dernier dans leur ordre historique, car tel fut cet ordre : la mort premièrement, et seulement après cela le Saint Esprit (*). En effet, c’est le témoignage de l’Esprit, c’est sa présence en nous, qui nous rend capables d’apprécier la valeur de l’eau et du sang. Nous n’aurions jamais compris la portée pratique de la mort de Christ, si le Saint Esprit n’avait pas été pour le nouvel homme une puissance révélatrice de sa valeur et de son efficacité. Or, le Saint Esprit est descendu d’un Christ ressuscité et monté en haut ; et nous savons ainsi que la vie éternelle nous est donnée dans le Fils de Dieu.

(*) Même la réception régulière du Saint Esprit se fit ainsi. (Voyez Actes 2:38.)

Les témoignages de ces trois témoins se rencontrent dans cette même vérité : que la grâce — que Dieu lui-même — nous a donné la vie éternelle, et que cette vie est dans le Fils. L’homme n’y est pour rien, sinon par ses péchés. C’est le don de Dieu. Et la vie qu’il donne est dans le Fils. Le témoignage est le témoignage de Dieu. Quel bonheur d’avoir un témoignage pareil, et cela de la part de Dien lui-même et en grâce parfaite !


Nous avons donc ces trois choses : la purification, l’expiation, la présence du Saint Esprit, comme témoins que la vie éternelle nous est donnée dans le Fils qui a été mis à mort pour l’homme, lorsqu’il était en relation avec l’homme ici-bas. Il a dû mourir pour l’homme tel qu’il est. La vie est ailleurs, c’est-à-dire en Lui-même.

Ici finit la doctrine de l’épître. L’apôtre a écrit ces choses, afin que ceux qui croyaient au Fils sussent qu’ils avaient la vie éternelle. (Verset 13.) Il ne donne pas des moyens d’examen pour faire douter aux fidèles qu’ils aient la vie éternelle ; mais — voyant qu’il y avait des séducteurs qui cherchaient à les détourner, comme s’ils manquaient de quelque chose d’important, et qui se présentaient comme possédant une lumière supérieure — il signale aux fidèles les marques de la vie, afin de les rassurer ; en développant l’excellence de cette vie et de leur position comme en jouissant ; et afin qu’ils comprissent que Dieu la leur avait donnée, et qu’ils ne fussent nullement ébranlés dans leur esprit.


Ensuite, Jean parle de la confiance pratique en Dieu qui découle de tout cela — confiance qui s’exerce en vue de tous nos besoins ici-bas, de tout ce que nous avons à coeur de demander à Dieu.


Nous savons qu’il nous écoute toujours pour tout ce que nous demandons selon sa volonté. (Verset 14.) Précieux privilège ! Le chrétien lui-même ne désirerait pas même que quelque chose lui fût accordé qui fût contraire à la volonté de Dieu. Or, pour tout ce qui est selon sa volonté, Son oreille est toujours ouverte pour nous, toujours attentive. Dieu écoute toujours ; il n’est pas, comme l’homme, souvent occupé, de sorte qu’il ne peut pas écouter, ou bien distrait de sorte qu’il ne veut pas écouter. Dieu nous écoute toujours ; et, certes, la puissance ne Lui manque pas : l’attention qu’il nous prête est une preuve de sa bienveillance. Nous recevons donc les choses que nous Lui demandons. Il nous exauce. Quelle douce relation ! Quel haut privilège ! C’est aussi un privilège dont nous pouvons user en charité pour les autres.


Si un frère pèche et que Dieu le châtie, on peut demander pour ce frère ; et la vie lui sera rendue. (Verset 16.) Le châtiment tend à la mort du corps (comparez Job 33 et 36, et Jacques 5:14 et 15) ; nous prions pour le coupable et il est guéri ; sinon la maladie a son cours. Toute iniquité est péché, et il y a tel péché qui est à la mort. (Verset 17.) Ce n’est pas ici, ce me semble, un péché particulier, mais tout péché qui a un caractère tel qu’au lieu de réveiller la charité du chrétien, il réveille son indignation. Ainsi, Ananias et Sapphira ont commis un péché à la mort. Ils avaient dit un mensonge, mais un mensonge accompagné de telles circonstances, qu’il excitait l’horreur plutôt que la compassion. Cela se comprend facilement dans d’autres cas.


Voilà le péché et le châtiment du péché ! mais le côté positif est aussi mis devant nous. En tant que nés de Dieu, nous ne commettons pas le péché du tout, nous nous gardons, et « le méchant » ne nous touche pas. (Verset 18.) Le méchant n’a rien pour tenter le nouvel homme. L’ennemi n’a pas d’objet qui puisse avoir de l’attrait pour la nature divine qui est en nous, occupée qu’elle est par l’action du Saint Esprit, des choses divines et célestes, ou de la volonté de Dieu. Notre part donc est de vivre ainsi — le nouvel homme étant occupé des choses de Dieu et de l’Esprit.


L’apôtre termine son épître en signalant ces deux choses : notre nature, notre raison d’être comme chrétiens, et l’objet qui nous a été communiqué pour faire naître et pour nourrir la foi.


Nous savons que nous sommes de Dieu ; et cela, non d’une manière vague, mais en contraste avec tout ce qui n’est pas nous, — principe d’une immense importance, qui rend la position chrétienne exclusive par sa nature même. Elle n’est pas simplement bonne, ou mauvaise, ou meilleure ; mais elle est de Dieu. Rien qui n’est pas de Dieu (c’est-à-dire qui ne tire pas son origine de Lui) ne peut avoir ce caractère et cette place. Le monde entier gît dans le méchant.


Le chrétien a la certitude de ces deux choses, en vertu de sa nature, qui discerne et qui connaît ce qui est de Dieu, et qui partant, juge tout ce qui est opposé à cela. Ces deux positions ne sont pas simplement bonne et mauvaise, mais de Dieu et de l’Ennemi. Voilà pour la nature.


Quant à l’objet de cette nature, nous savons que le Fils de Dieu est venu — vérité d’une portée immense aussi. Ce n’est pas seulement qu’il y a du bien et du mal ; mais le Fils de Dieu lui-même est entré dans cette scène de misère pour présenter un objet à nos coeurs. Mais il y a plus. Il nous a donné de l’intelligence pour connaître, à travers tout le mensonge de ce monde dont Satan est le prince, Celui qui est vrai — le Véritable. Privilège immense qui change notre position tout entière ! La puissance du monde par laquelle Satan nous aveuglait, est complètement brisée et nous sommes introduits dans la vraie lumière ; et dans cette lumière, nous voyons et nous connaissons Celui qui est vrai, Celui qui est la perfection en lui-même ; par lequel tout peut être parfaitement discerné et jugé selon la vérité. Mais ce n’est pas tout. Nous sommes dans ce Véritable — participants de sa nature, et demeurant en Lui, pour que nous jouissions de la source de la vérité (*). Or c’est en Jésus que nous sommes. C’est ainsi, c’est en Lui, que nous sommes en rapport avec les perfections de Dieu.

(*) J’ai déjà fait remarquer ce passage comme étant une sorte de clef pour la manière dont nous connaissons réellement Dieu et demeurons en Lui. Il parle de Dieu comme de Celui que nous connaissons, en qui nous sommes, l’expliquant en disant que c’est en son Fils Jésus Christ, notre Seigneur ; seulement ici, comme cela se voit dans le texte, c’est la vérité et non l’amour.

Nous pouvons remarquer encore ici — ce qui imprime un caractère à l’épître tout entière — la manière dont Dieu et Christ sont unis dans l’esprit de l’apôtre. C’est à cause de cela que Jean dit si souvent « Lui », là où il faut entendre « Christ », quoiqu’il ait parlé précédemment de Dieu : par exemple, chapitre 5:20. Et ici : « Nous sommes dans le Véritable, savoir dans son Fils Jésus Christ : lui est le Dieu véritable et la vie éternelle. »

Comprenons donc l’enchaînement divin de notre position ! Nous sommes en Celui qui est véritable : c’est là la nature de Celui en qui nous sommes. Or, en réalité, quant à la nature, c’est Dieu lui-même ; quant à la Personne et à la manière d’être en Lui, c’est son Fils Jésus Christ. C’est dans le Fils, dans le Fils, homme, que nous sommes, de fait, quant à sa Personne ; mais il est le vrai Dieu, le Dieu véritable.

Et ce n’est pas tout ; mais nous avons la vie en Lui. Il est aussi la vie éternelle, de sorte que nous la possédons en Lui. Nous connaissons le vrai Dieu, nous avons la vie éternelle.

Tout ce qui est en dehors de cela, est une idole. (Verset 21.) Que Dieu nous en garde et qu’il nous apprenne par sa grâce à nous en garder. Cela donne occasion à l’Esprit de Dieu de parler de « la vérité » dans les deux courtes épîtres qui suivent.


5 - DEUXIÈME ÉPÎTRE de JEAN

La deuxième et la troisième épître de Jean insistent sur la vérité. La deuxième avertit le fidèle de ne pas recevoir ceux qui n’enseignent pas la doctrine de Christ, spécialement la vérité à l’égard de la Personne de Christ. La troisième encourage les croyants à recevoir et à aider ceux qui l’enseignent. Ainsi ces deux épîtres (et, en particulier, la seconde) insistent sur « la vérité ».

L’apôtre aimait « dans la vérité » cette dame élue, ainsi que le faisaient ceux qui avaient connu la vérité ; et cela pour l’amour de la vérité. Il lui souhaite la bénédiction en vérité et en amour. Il se réjouissait de ce qu’il avait trouvé de ses enfants marchant dans la vérité. Il désirait que les chrétiens eussent entre eux un mutuel amour, mais c’était ici l’amour, qu’ils gardassent les commandements ; car beaucoup de séducteurs étaient entrés dans le monde. Or quiconque transgressait et ne demeurait pas dans la doctrine de Christ, n’avait pas Dieu. Jean termine son épître, dont nous avons donné un résumé presque complet, en exhortant cette dame, pour le cas où quelqu’un viendrait et n’apporterait pas cette doctrine, à ne pas recevoir une telle personne dans sa maison, et à ne pas lui dire : « Dieu vous bénisse », ou « Dieu soit avec vous », ou « je vous salue » : car faire ainsi, ce serait participer au mal qu’elle faisait.

La fausse doctrine qui avait cours dans ce moment-là, c’était la négation de la vérité de Christ venu en chair ; mais l’apôtre dit, en général, que si quelqu’un transgressait et ne demeurait pas dans la doctrine de Christ, il n’avait pas Dieu.

Nous apprenons plusieurs choses importantes dans cette petite épître. La mission d’un homme, qui courait le monde pour prêcher, n’était jamais mise en question, mais la doctrine qu’il apportait : s’il apportait la saine doctrine, il était le bienvenu.

Une femme ayant la Parole — comme cette épître, par exemple — était capable de juger la doctrine qu’il apportait, et elle était responsable de le faire. L’apôtre voulait qu’on maintînt une rigueur inexorable, dès que la doctrine quant à la Personne de Christ, était atteinte. Il voulait qu’on fermât la porte à celui qui faussait cette doctrine et même qu’on ne lui dît pas : « Je te salue » ; car ceux qui disaient ainsi à cette personne, participaient à sa mauvaise oeuvre. Ç’aurait été aider aux séductions de Satan.

D’ailleurs, l’apparence de l’amour, qui ne maintient pas la vérité, mais s’accommode à ce qui ne l’est pas, n’est pas l’amour selon Dieu. C’est profiter du nom de l’amour pour aider aux séductions de Satan. Dans les derniers jours, la pierre de touche du véritable amour, est le maintien de la vérité. Dieu veut que nous nous aimions les uns les autres ; mais le Saint Esprit, par la puissance duquel nous recevons cette nature divine et qui verse l’amour de Dieu dans nos coeurs, est l’Esprit de vérité ; et son office est de glorifier Christ. Ainsi, il est impossible qu’un amour, qui prend son parti d’une doctrine qui fausse Christ et est indifférent à cette doctrine, soit du Saint Esprit — encore moins si cette indifférence est mise en avant comme preuve de cet amour.

La doctrine de la récompense et couronne de gloire que l’ouvrier possède dans les fruits de son ministère, est présentée sous un jour très frappant au verset 8. Cette seconde épître met les chrétiens sur leurs gardes contre tout ce qui est équivoque à l’égard de la Personne de Christ ; et elle exhorte à une fermeté inébranlable sur ce point.


6 - TROISIÈME ÉPÎTRE de JEAN

La troisième épître encourage le croyant à l’exercice de l’hospitalité, soit envers les frères connus, soit envers les étrangers, et à tous les soins bienveillants qui peuvent favoriser leur voyage quand ils s’en vont, pourvu qu’ils viennent avec la vérité et pour l’amour de la vérité, sans salaire et sans provision. Gaïus les recevait, à ce qu’il paraît, et leur venait en aide à la fois chez lui, et pour leur voyage. Diotrèphe, par contre, n’aimait pas ces étrangers, qui allaient partout, dit-on, sans mission formelle et sans moyens visibles d’existence. Ils étaient sortis pour l’amour du nom du Seigneur et n’avaient rien reçu des gentils. Si réellement ils venaient pour l’amour de ce nom, on faisait bien de les recevoir.

Encore une fois l’apôtre insiste sur la vérité comme caractérisant le véritable amour : « Que j’aime dans la vérité, » dit-il à Gaïus. Il se réjouissait quand les frères (je pense ceux que Gaïus avait reçus dans sa maison et qu’il avait aidés pour leurs courses) rendaient témoignage à la vérité qui était en lui, comme en effet il marchait dans la vérité. L’apôtre n’avait pas de joie plus grande que celle d’apprendre que ses enfants marchaient dans la vérité. En recevant ceux qui sortaient pour prêcher la vérité, on aidait à la vérité elle-même ; on était son collaborateur. Diotrèphe ne voulait rien avoir à faire avec cela ; non seulement il refusait de recevoir ces prédicateurs itinérants, mais il excommuniait ceux qui faisaient cette oeuvre. Il réclamait l’autorité pour lui-même. L’apôtre dit qu’il s’en souviendrait. On doit faire du bien. « Celui qui le fait est de Dieu. »

Jean va si loin, quant à la vérité, qu’il dit qu’elle-même elle rend témoignage à Démétrius. Je pense que celui-ci l’avait propagée, et que l’établissement et l’affermissement de la vérité partout — au moins là où il avait travaillé — étaient un témoignage à son égard.

Cette insistance avec laquelle l’apôtre revient sur la vérité, comme pierre de touche pour les derniers jours, est très remarquable. Il en est de même de ces courses de prédicateurs, accomplies par des personnes qui ne prenaient rien des gentils, laissant à Dieu le soin de les faire recevoir par ceux qui avaient la vérité à coeur : la vérité étant leur unique passeport au milieu des chrétiens, et le seul moyen par lequel l’apôtre pouvait garantir les fidèles. Il semble bien que ces hommes étaient Juifs de race, car Jean dit : « Ne recevant rien des gentils », l’apôtre faisant ainsi la distinction. Je fais remarquer cela, parce que, s’il en est ainsi, la force de l’expression de : « Non pas seulement pour les nôtres » (1 Jean 2:2), devient simple et évidente, ce qu’elle n’est pas pour tous. Jean, de même que Paul, fait la différence entre « nous » Juifs, et les autres, quoique tous soient un en Christ. On peut remarquer encore que l’apôtre s’adresse à l’assemblée, non au chef Diotrèphe ; et que c’était ce directeur, qui, aimant la prééminence, résistait à ses paroles, ce que l’assemblée, à ce qu’il paraît, n’était pas disposée à faire.

Gaïus persévérait dans sa piété, malgré l’autorité ecclésiastique (quel que fût son droit ou prétendu droit) que Diotrèphe exerçait évidemment : car il chassait des personnes de l’assemblée.

Ensuite, l’apôtre annonce que, quand il serait arrivé, il montrerait sa puissance réelle (comme Paul). Il ne reconnaissait pas en lui-même, une autorité ecclésiastique qui pût porter remède à ces choses par un ordre. Ces épîtres sont très remarquables sous ce rapport. Quant à ceux qui circulaient pour prêcher, la seule arme que l’apôtre eût, était, même s’il s’agissait d’une femme, d’appeler l’attention sur la vérité. L’autorité du prédicateur était tout entière là. Sa compétence était une autre question. L’apôtre ne connaissait aucune autorité qui sanctionnât leur mission, et dont l’absence démontrât que celle-ci était fausse ou non autorisée. Toute la question de la réception de ces personnes gît dans la doctrine qu’ils apportaient. Il n’y avait pas pour l’apôtre d’autre moyen de juger de l’autorité de leur mission ; il n’y en avait donc pas d’autre ; car, s’il y en avait eu une autre, cette autorité aurait découlé de lui. Il aurait pu dire : « Où sont les preuves de leur mission ? » Jean n’en connaissait point d’autres que celle-ci : Apportent-ils la vérité ? Sinon, ne les saluez pas ! S’ils apportent la vérité, vous faites bien de les recevoir, malgré tous les Diotrèphes du monde.


7 - ÉPÎTRE de JUDE

L’épître de Jude développe l’histoire de l’apostasie de la chrétienté, depuis les premiers éléments qui s’insinuaient dans l’Assemblée pour la corrompre, jusqu’à son jugement, à l’apparition de notre Seigneur ; apostasie morale qui changeait la grâce de Dieu en dissolution. En Jean, ils étaient sortis ; ici, ils s’étaient glissés en corrompant. Cette épître est très courte, et renferme des leçons présentées très brièvement et avec la rapidité énergique du style prophétique, mais elle a une immense importance et une portée étendue.

Le mal qui s’est infiltré au milieu des chrétiens ne cessera pas jusqu’à ce que le jugement le détruise.

Nous l’avons déjà remarqué, il y a cette différence entre l’épître de Jude et la seconde de Pierre, que Pierre parle de péché, Jude d’apostasie, de l’abandon par l’Assemblée de son état primitif devant Dieu. L’abandon de la sainteté de la foi est le sujet que Jude traite. Il ne parle pas de séparation extérieure. Il considère les chrétiens comme un nombre de personnes, professant une religion sur la terre, et étant primitivement fidèles à ce qu’ils professaient. Certaines personnes s’étaient glissées parmi eux, à leur insu. Elles mangeaient sans crainte avec les chrétiens dans leurs agapes ; et, quoique le Seigneur vienne, accompagné de tous ses saints (en sorte que les vrais fidèles auront déjà été enlevés), cependant, dans le jugement, ces personnes sont encore censées être dans la même catégorie — « pour convaincre », dit-il, « tous les impies d’entre eux » (Verset 15). Ils peuvent bien être en rébellion ouverte au moment du jugement, mais c’étaient des individus qui avaient fait partie de l’ensemble des chrétiens ; c’étaient vraiment des apostats, des ennemis laissés en arrière.

Quand il est dit : « Ceux-ci sont ceux qui se séparent eux-mêmes », ce n’est pas d’une séparation ouverte d’avec l’Assemblée visible qu’il s’agit, car l’apôtre parle d’eux comme étant au milieu d’elle ; mais ils se mettent à part au milieu d’elle, comme plus excellents que d’autres, comme les pharisiens parmi les Juifs. Jude signale ces hommes, comme étant au milieu des chrétiens, et se présentant comme tels. Le jugement tombe sur cette catégorie de personnes, puisque l’enlèvement des saints les laisse en arrière pour le jugement.

En commençant, Jude signale la fidélité de Dieu et le caractère de ses soins pour les saints, qui répondent à la demande de Jésus dans sa prière au chapitre 17 de l’évangile de Jean. Ils étaient des appelés, sanctifiés par Dieu le Père et conservés en Jésus Christ. (Verset 1.) Heureux témoignage, qui exalte la grâce de Dieu ! « Père saint, » dit notre Seigneur, « garde-les » : or ceux-ci étaient sanctifiés par Dieu le Père et gardés en Jésus Christ. L’apôtre parle en vue de l’abandon de la sainte foi par plusieurs ; il s’adresse à ceux qui étaient gardés.

Il avait pensé leur écrire du salut commun à tous les chrétiens ; mais il trouvait nécessaire de leur écrire pour les exhorter à tenir ferme, à combattre pour la foi, une fois donnée aux saints. Car déjà on corrompait cette foi par la négation des droits de Christ à être Seigneur et Maître ; et ainsi, en lâchant la bride à la volonté propre, on abusait de la grâce, et on la changeait en un principe de dissolution. Voilà les deux éléments de ce mal que les instruments de Satan introduisaient, la réjection de l’autorité de Christ (non pas Son nom), et l’abus de la grâce pour satisfaire leurs convoitises. Dans les deux cas, c’était la volonté de l’homme qu’on affranchissait de tout ce qui la bridait. L’expression de « Seigneur Dieu », indique ce caractère de Dieu. , Seigneur », ici, n’est pas le mot généralement employé ; c’est despothV, c’est-à-dire « maître ».

Ensuite, ayant signalé le mal qui s’était insinué secrètement au milieu des chrétiens, l’épître montre à ceux-ci que le jugement de Dieu est exécuté contre ceux qui ne marchent pas selon la position dans laquelle Dieu les avait primitivement placés.

Le mal n’était pas seulement que certains hommes s’étaient glissés au milieu des chrétiens — ce qui était déjà en soi-même, un immense mal, parce que l’action du Saint Esprit est ainsi entravée parmi les chrétiens — mais, qu’en définitive, l’ensemble du témoignage devant Dieu, le vase qui contenait ce témoignage, deviendrait (comme cela avait été le cas déjà pour les Juifs) corrompu à un tel point qu’il appellerait sur lui le jugement de Dieu. Et il s’est corrompu.

Nous trouvons donc ici le grand principe de la chute du témoignage établi par Dieu dans le monde, par le moyen de la corruption du vase qui le contient et qui en porte le nom. En signalant la corruption morale comme caractérisant l’état des professants, Jude cite, comme exemple de cette chute et de son jugement, le cas d’Israël qui tomba dans le désert (à l’exception de deux hommes, Josué et Caleb), et celui des anges qui, n’ayant pas gardé leur état primitif, sont réservés, dans des chaînes de ténèbres, pour le jugement du grand jour. (Versets 5, 6.)

Ce dernier exemple en suggère un autre à Jude, savoir, celui de Sodome et de Gomorrhe, qui présente l’immoralité et la corruption comme la cause du jugement. L’état de ces villes est un témoignage perpétuel de leur jugement ici-bas.


Ces hommes impies, ayant le nom de chrétiens, ne sont que des rêveurs ; car la vérité n’est pas en eux. Les deux principes que nous avons signalés se développent en eux, savoir la souillure de la chair et le mépris de l’autorité. Le dernier se manifeste sous une seconde forme, savoir, la licence de la langue, la volonté propre qui se manifeste dans les injures contre les dignités. Tandis que, dit le texte, Michel l’archange n’osait pas injurier même le diable, mais dans la gravité de quelqu’un qui agit selon Dieu, il en appela au jugement de Dieu lui-même (Versets 8-9).


Ensuite, Jude résume les trois genres ou caractères du mal et de l’éloignement de Dieu. En premier lieu, il signale celui de la nature ; l’opposition de la chair au témoignage de Dieu et à son vrai peuple ; l’essor que cette inimitié donne à la volonté de la chair. En second lieu, il parle du mal ecclésiastique, de l’enseignement de l’erreur pour une récompense, quand on sait cependant que cet enseignement est contraire à la vérité et contre le peuple de Dieu. Troisièmement, il montre l’opposition ouverte, la rébellion contre l’autorité de Dieu, dans son vrai Roi et Sacrificateur.

Au temps où Jude a écrit son épître, ceux que Satan introduisait dans l’Assemblée pour en étouffer la vie spirituelle et pour amener le résultat que l’Esprit contemple prophétiquement, demeuraient au milieu des saints et prenaient part à ces festins pieux, où ceux-ci se rassemblaient en témoignage de leur amour fraternel. Ces hommes étaient des « taches » dans leurs « agapes », paissant sans crainte dans les pâturages des fidèles. Le Saint Esprit les dénonce énergiquement. Ils étaient doublement morts, par nature et par leur apostasie ; sans fruit, portant du fruit qui dépérissait comme hors de saison ; déracinés ; jetant partout l’écume de leur infamie ; des étoiles errantes réservées pour les ténèbres. Dès longtemps l’Esprit avait annoncé, par la bouche d’Énoch, le jugement qui s’exécuterait contre eux. Ce passage présente un côté bien important de l’enseignement qui est donné ici, savoir : que le mal qui s’était insinué au milieu des chrétiens, continuerait et serait trouvé encore quand le Seigneur reviendrait pour le jugement. Le Seigneur viendrait avec les myriades de ses saints pour exécuter le jugement sur tous les impies parmi eux, à cause de leurs actes d’iniquité et des paroles impies qu’ils ont prononcées contre Lui. (Versets 14-15.) Il y aurait un système continu de mal, depuis le temps des apôtres jusqu’à ce que le Seigneur vienne. C’est là un témoignage solennel de ce qui doit se produire parmi les chrétiens.

Il est tout à fait remarquable de voir l’écrivain inspiré, identifier les fauteurs de licence avec les rebelles qui seront l’objet du jugement au dernier jour. C’est le même esprit, la même oeuvre de l’ennemi, bridée pour le moment, qui mûrira pour le jugement de Dieu. Pauvre Assemblée ! Toutefois, ce n’est que la marche universelle de l’homme. Seulement, la grâce ayant pleinement révélé Dieu et délivré de la loi, il en résulte maintenant, ou la sainteté du coeur et de l’âme et les délices de l’obéissance sous la loi parfaite de la liberté, ou la licence et la rébellion ouvertes. En ceci, le proverbe est vrai, que la corruption de ce qui est le plus excellent est la pire des corruptions. Il faut ajouter ici, que l’admiration des hommes, pour tirer d’eux du profit, est un autre trait caractéristique de ces apostats. Ce n’est pas à Dieu qu’ils regardent.

Or, les apôtres avaient déjà averti les saints que ces moqueurs viendraient, marchant selon leurs propres convoitises, s’élevant, n’ayant pas l’Esprit, mais étant dans l’état de la nature (Versets 17-19).

Ensuite, vient l’exhortation pratique pour ceux qui étaient gardés. Selon l’énergie de la vie spirituelle et par la puissance de l’Esprit de Dieu, ils devaient, par grâce, s’édifier et se garder dans la communion de Dieu (Versets 20-21). La foi, pour le croyant, est une très sainte foi ; il l’aime, parce qu’elle est telle ; elle le met en relation et en communion avec Dieu lui-même. Ce qu’il a à faire, dans les circonstances pénibles dont l’apôtre parle (quel que soit le degré de leur développement), c’est de s’édifier dans cette très sainte foi. Il cultive la communion avec Dieu et profite, par grâce, des révélations de son amour. Le chrétien a une sphère de pensée à lui, où il se met à couvert du mal qui l’entoure et croît dans la connaissance de Dieu, de qui rien ne peut le séparer. Sa part à lui est toujours plus évidente, plus le mal augmente. La communion avec Dieu est dans le Saint Esprit, dans la puissance duquel il prie et qui est le lien entre Dieu et son âme ; et ses prières sont offertes selon l’intimité de cette relation, et animées par l’intelligence et l’énergie de l’Esprit de Dieu.

Ainsi, les chrétiens se gardaient dans la conscience, la communion et la jouissance de l’amour de Dieu. Ils demeuraient dans son amour, dans le temps de leur séjour ici-bas ; mais comme but, ils attendaient la miséricorde du Seigneur Jésus Christ pour la vie éternelle (Verset 21). En effet, quand on voit ce que sont les fruits du coeur de l’homme, on sent qu’il faut que ce soit Sa miséricorde qui nous présente sans tache devant sa face, dans ce jour-là, pour la vie éternelle avec un Dieu de sainteté. Sans doute, c’est sa fidélité immuable ; mais, en présence de tant de mal, on pense davantage à la miséricorde. Comparez ce que Paul dit, en pareille circonstance, en 2 Tim. 1:16. C’est la miséricorde qui a fait la différence entre ceux qui tombent et ceux qui restent debout (Comparez Exode 33:19). Il faut distinguer aussi entre ceux qui sont entraînés. Il y en a qui sont seulement égarés par d’autres ; il y en a quelques-uns chez qui l’on voit l’action des convoitises d’un coeur corrompu ; et, dans ce cas, nous devons montrer de la haine contre tout ce qui témoigne de cette corruption, comme contre une chose qui est insupportable.

L’Esprit de Dieu, dans cette épître, ne présente pas l’efficacité de la rédemption. Il s’occupe des ruses de l’ennemi, de ses efforts pour allier l’essor de la volonté de l’homme avec la profession de la grâce de Dieu, et pour amener ainsi la corruption de l’Assemblée et la chute des chrétiens, en les mettant sur le chemin de l’apostasie et du jugement. La confiance est en Dieu, c’est à Lui que l’écrivain sacré s’adresse, en terminant son épître, lorsqu’il pense aux fidèles auxquels il écrit. « À celui, dit-il, qui a le pouvoir de vous garder sans que vous bronchiez, et de vous placer irréprochables devant sa gloire, avec abondance de joie. »

Il est important de remarquer de quelle manière l’Esprit de Dieu parle, dans les épîtres, d’une puissance qui peut nous garder de toute chute et irréprochables ; de sorte qu’une pensée seulement de péché n’est jamais excusable. Ce n’est pas que la chair ne soit pas en nous, mais le Saint Esprit agissant dans le nouvel homme, il n’est jamais nécessaire que la chair agisse ou influe sur notre vie (Comparer 1 Thess. 5:22). Nous sommes unis à Jésus : il nous représente devant Dieu, il est notre justice. Mais en même temps, Celui qui, dans sa perfection, est notre justice, est aussi notre vie ; de sorte que l’Esprit cherche la manifestation de cette même perfection, la perfection pratique, dans la vie de tous les jours. Celui qui dit : « Je demeure en Lui », doit marcher comme Lui a marché. Le Seigneur dit aussi : « Vous, soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait ».

Il y a progrès en ceci. Christ ressuscité est la source de cette vie en nous, qui remonte vers sa source, et qui considère le Christ ressuscité et glorifié, à qui nous devons être conformes en gloire, comme son objet et son but. (Voyez Phil. 3.) Mais l’effet de cela, c’est que nous n’avons pas d’autre but : « Je fais une chose ! » Ainsi, quel que soit le degré de réalisation, le motif est toujours parfait. La chair n’entre pour rien, comme motif, et, dans ce sens, nous sommes irréprochables.

L’Esprit, donc — puisque Christ, qui est notre justice, est notre vie — lie notre vie au résultat final d’un état irréprochable devant Dieu. La conscience sait, par la grâce, que la perfection absolue est nôtre, parce que Christ est notre justice ; mais l’âme, qui se réjouit de cela devant Dieu, a la conscience de l’union avec Lui, et cherche la réalisation de cette perfection selon la puissance de l’Esprit par lequel nous sommes ainsi unis au Chef.

À Celui qui peut accomplir cela, en nous gardant de toute chute, notre épître attribue toute gloire et toute domination, dans tous les siècles.

Ce qu’il y a de particulièrement frappant dans l’épître de Jude, c’est qu’il suit la corruption de l’Assemblée depuis l’entrée imprévue de quelques-uns jusqu’à son jugement final, et montre que cette corruption n’a pas cessé, mais passe par ses phases variées jusqu’à ce jour.