ÉTUDES SUR LA PAROLE

2 ROIS

par J.N.Darby

Table des matières :

1 - Chapitre 1

2 - Chapitre 2

3 - Chapitres 3-5

4 - Chapitres 6-7

5 - Chapitres 8-10

6 - Chapitres 11-13

7 - Chapitres 14-17

8 - Chapitres 18-20

9 - Chapitres 21-25


1 - Chapitre 1

Si Dieu a montré qu’il prenait connaissance de la faute de son serviteur Élie, et qu’il ne passait pas légèrement par-dessus, il n’a manqué envers lui ni de tendresse, ni de fidélité. Il agit à son égard comme envers un serviteur aimé et fidèle, au moment même où il lui fait sentir qu’il avait manqué à l’énergie de la foi, car il ne l’a pas fait sentir aux autres, quoiqu’il nous l’ait communiqué à nous, pour notre instruction.

Je dis : manqué à l’énergie de la foi ; car, à l’égard de la masse du peuple, le jugement d’Élie était juste. Dieu lui révèle ses pensées et ses intentions, et lui désigne même les instruments qu’il veut employer ; et, tout en remplaçant définitivement le prophète par Élisée, Dieu le fait cependant rentrer publiquement dans son service, en lui ordonnant d’appeler Élisée pour l’accompagner dans son oeuvre. Élie reprend donc son ministère au milieu d’Israël.

Or Achazia marchait sur les traces de son père et faisait profession publique de reconnaître Baal pour son Dieu, en faisant consulter Baal-Zebub à Ekron. Envoyé à la rencontre des messagers du roi, Élie prononce sa sentence de la part de l’Éternel. Irrité d’être contrarié dans son iniquité, Achazia charge des gens de son armée de prendre le prophète.

Nous retrouvons encore ici ce même caractère judiciaire des miracles d’Élie déjà mentionné plus haut, caractère signalé par le Seigneur lui-même. Il fait descendre le feu du ciel pour détruire ces hommes. Le dernier des envoyés du roi reconnaît l’autorité et la puissance d’Élie et a sa vie épargnée. Élie l’accompagne pour renouveler auprès du roi lui-même, la déclaration du jugement de l’Éternel qui pesait sur lui.

2 - Chapitre 2

Et maintenant, nous arrivons au terme des peines et des afflictions de ce précieux et fidèle serviteur de Dieu. Et si nous ne trouvons pas ici le calme de l’ascension de Jésus, qui monte au lieu de sa demeure éternelle et familière en bénissant ses disciples ; si ce caractère particulier ne convenait qu’au départ de Celui qui — parfait dans sa personne, et dans sa vie humaine où rien ne s’était trouvé qui fût en désaccord avec le ciel où il allait rentrer — remonte vers son Père, d’auprès duquel il était venu ; si, dans le ravissement au ciel d’Élie, nous ne trouvons pas l’élévation de Celui qui, issu du Père, est venu dans le monde, puis a laissé le monde et s’en est allé vers son Père, sans avoir un moment manqué à cette parole : « Le Fils de l’Homme qui est dans le ciel », de Celui qui avait d’autant plus de droits et de titres pour y être, qu’il avait parfaitement glorifié le Père ici-bas ; — si, en un mot, celui qui s’en allait n’était pas l’Homme-Dieu montant après avoir achevé l’oeuvre qui lui avait été confiée, du moins la présence de Dieu se fait-elle sentir dans toute cette scène de la manière la plus solennelle, d’un Dieu dont la présence seule peut abroger les lois de son gouvernement, et annuler en faveur de son serviteur « ce qui est réservé aux hommes ».

Au reste, il n’est pas étonnant qu’un tel événement ait été accompagné de la mystérieuse solennité qui, de fait, l’entoure, et que ceux qui y assistaient aient eu la conscience qu’il allait arriver quelque chose en dehors du cours ordinaire des joies et des peines humaines.

Élie, enlevé par la puissance de Dieu, quitte la terre sans passer par la mort. Nous trouvons, dans le fait même, un témoignage merveilleux de la souveraine bonté de Dieu et de l’approbation qu’il donne à son fidèle serviteur.

Les détails sont dignes de toute attention.

Si l’enlèvement au ciel d’Élie est le grand objet présenté à la foi, nous trouvons aussi que le prophète se rend dans tous les lieux qui ont une voix au sujet des relations de Dieu avec Israël. Élie maintenait, malgré le roi, ces relations selon la fidélité de Dieu et comme prophète sur la terre (*). Il ne les maintenait pas par le roi, ce qui était l’état normal du peuple depuis David. Cette relation terrestre était impossible et devait se terminer par un acte de jugement. C’est ce qui a eu lieu, à l’égard même de Juda, dans la réjection de Christ.

(*) Cette considération fait sentir assez nettement la position d’Élie. Nous avons vu que la prophétie était le moyen de maintenir souverainement les relations de Dieu avec Israël, alors que l’arche était prise et la sacrificature déchue. La prophétie tient encore cette place en présence de la royauté déchue, qui, au lieu de maintenir le peuple en relation avec l’Éternel, contribue à l’éloigner de lui. Tout en présentant au peuple son vrai roi, selon la prophétie de Zacharie, Christ a rempli cet office de prophète selon la parole de Moïse, seulement d’une manière toute particulière. Il faut se souvenir qu’en comparant Élie et Élisée avec le Seigneur, Christ est envisagé sous ce caractère. Cela donne à la fonction de la prophétie une position très importante (comp. Osée 12: 14).

Toutefois, les conseils de Dieu ne changent pas ; ils seront accomplis en puissance céleste.

Élisée est, pour ainsi dire, le lien entre ces deux choses quant à la prophétie. Il ne retourne pas à Horeb, pour annoncer l’inutilité d’un ministère terrestre, et, en quelque sorte, replacer la loi violée entre les mains de Celui dont elle était sortie, mais qui réellement agissait en grâce (*). Le point de départ de son ministère est l’homme monté dans le ciel ; point de départ évidemment tout nouveau dans les messages de Dieu envers Israël. Jusqu’à ce point, il s’est constamment attaché à Élie. Celui-ci avait jeté sur lui son manteau de prophète (1 Rois 19). Élisée, dès lors, était comme identifié avec lui.

(*) C’est cette grâce (qu’Élie n’avait pas comprise comme il faut) qui est le seul moyen par lequel Dieu ait pu maintenir ses relations avec le peuple ; de sorte qu’un retour à Horeb ne pouvait faire autre chose que mettre fin à ces relations, en tant qu’elles avaient lieu sur la base de l’alliance sinaïtique, et particulièrement au ministère d’Élie qui ne se plaçait pas sur un terrain plus élevé que celui-là. Toutefois Dieu a agi pour révéler tout ceci.

Maintenant, lorsque Élie est sous la puissance extraordinaire qui doit le ravir d’auprès d’Élisée, la foi de ce dernier peut-elle maintenir cette position ? Oui : la puissance de Dieu le soutient et il accompagne Élie jusqu’à ce que les chariots de Dieu lui-même les séparent, ce qui n’a lieu que pour lui faire voir Élie montant sur eux au ciel. Par grâce, le coeur d’Élisée était tout entier dans le ministère du prophète, et, par la foi, il marchait à la hauteur des pensées de Dieu à cet égard.

Suivons leur marche sur la terre. Ce n’est plus la faiblesse de l’homme comme quand il allait à Horeb, mais la puissance de Dieu ; et Élie traverse tout ce qui, en figure, tenait aux relations de Dieu avec Israël, même la mort (mais à sec), jusqu’au ciel. Guilgal (*) est son point de départ : C’est la consécration de l’homme à Dieu par la mort appliquée à la chair, le lieu où Israël avait été purifié de tout souvenir d’Égypte ; l’endroit où il a été mis à part pour Dieu, où son camp était dressé pour ses victoires sous Josué ; c’était, en un mot, le lieu où, par la circoncision (**), Israël avait été définitivement mis à part pour Dieu. Élie y revient et le reconnaît ainsi selon Dieu, quoique maintenant ce ne fût pour le peuple qu’un lieu de péché (***). Il s’élève jusqu’à la pensée de Dieu, à l’égard du peuple, en tant que séparé du mal et consacré à Dieu. C’est son point de départ. Il pense avec Dieu ; c’est la foi.

(*) En y réfléchissant, on verra que tout ceci est une histoire morale de la vie de Christ, sauf que Christ est ce qu’il nous fait être. Cela est vrai partout, mais est réalisé expérimentalement en Lui. Il n’avait pas à être circoncis comme Israël à Guilgal, et cependant cette circoncision est « la circoncision de Christ » (voyez la note suivante). C’est ainsi que le souverain sacrificateur était lavé aussi bien que les sacrificateurs. Jésus, quoique absolument obéissant dans sa nature et sa volonté, a appris l’obéissance.

(**) Ceci, comme nous l’avons vu dans le livre de Josué, avait lieu en Canaan, après le passage du Jourdain, comme la circoncision de Christ (c’est-à-dire Sa séparation du mal qui, toujours vraie dans sa personne, a été extérieurement prouvée dans Sa mort) a un vrai caractère céleste ; et nous y avons part par le fait que nous sommes ressuscités, et placés dans les lieux célestes.

(***) Voyez Amos 4: 4 ; Osée 9: 15, et bien d’autres passages dans les prophètes. Ce fait est très frappant ; c’est exactement comme la croix qui est aujourd’hui un objet constant d’idolâtrie. Le mémorial du bien, de la condamnation de la chair et de sa mort, est devenu pour la chair la puissance du mal. Qu’est-ce donc que l’homme !

Élisée ne veut pas le quitter, et ils s’en vont à Béthel, c’est-à-dire qu’Élie se place dans le témoignage de la fidélité immuable de Dieu envers son peuple (*). Il la reconnaît ; il y prend sa place. Élisée l’y accompagne.

(*) Voyez Gen. 28: 13-15. C’est ici que fut aussi placé l’un des veaux de Jéroboam. De nouveau le lieu de bénédiction spéciale est devenu le lieu de l’idolâtrie.

C’étaient les deux branches principales de la foi — de la foi du peuple de Dieu : la mise à part du peuple, de l’homme pour Dieu, et la fidélité immuable et perpétuelle de Dieu envers son peuple, quelles que soient les circonstances dans lesquelles il se trouve.

Israël (quel triomphe de Satan !) avait mis à Béthel ses faux dieux, son veau d’or. Élie (et c’est la foi) s’y associe, malgré cela, à la pensée de Dieu. Ces deux choses composent la vie de Jésus au milieu d’Israël sur la terre.

Élie ne peut rester là. Que trouvera-t-il, en allant plus loin ? La scène change : il est encore avec Dieu. Mais si la transgression est multipliée à Guilgal, et si les faux dieux sont adorés à Béthel comme « le sanctuaire du roi et la maison du royaume » (Amos 7: 13), la malédiction le rencontrera (car Israël s’est placé lui-même sous cette malédiction). Il va à Jéricho. C’est là qu’anciennement la puissance de l’ennemi avait élevé la barrière de tout le pays contre Israël, et Dieu avait frappé et maudit Jéricho. L’homme l’avait relevée à sa propre destruction (1 Rois 16: 34). Tout agréable qu’en fut la situation, la malédiction de Dieu y reposait encore. Élie y va, et Élisée l’accompagne et refuse de le quitter. Mais il ne s’y arrête pas non plus. Il est encore sous la puissante main de Dieu, Élisée le suivant. Les fils des prophètes rendent témoignage à ce qui va arriver ; mais ils ne regardent que de loin, lorsque les deux prophètes s’approchent du Jourdain. Élisée le sait aussi, et fait cesser des discours qui, n’ajoutant rien à sa connaissance de la pensée de Dieu, et interrompant la concentration de ses pensées, tendaient plutôt à affaiblir l’union de son âme avec Élie.

Élie arrive enfin au Jourdain, type de la mort qui doit le faire sortir hors du pays de la promesse terrestre, et rompre les liens de Dieu lui-même avec Israël sur ce pied-là. Il le traverse, il est vrai, à sec. Nous savons qu’il est monté aux cieux sans avoir goûté la mort ; mais, en type, il l’a traversée. (Il ne s’agit pas ici d’expiation, mais de passer par la mort). Maintenant, hors des limites d’Israël, du pays de la loi, abandonné de Dieu, il peut librement proposer à Élisée la bénédiction selon son désir.

Comme l’a dit Jésus : « J’ai à être baptisé d’un baptême ; et combien suis-je à l’étroit jusqu’à ce qu’il soit accompli ! » Dans tous les détails, la mort est le chemin de la liberté.

Élisée, attaché par la puissance de Dieu au prophète, à ce même ministère qu’Élie venait de quitter, demande une double mesure de son esprit ; et, quoique maintenant séparé de lui, mais associé par la foi à Élie monté aux cieux (ascension testifiée par le fait qu’il l’a vu dans son état céleste), sa requête est exaucée. Il reçoit de nouveau le manteau d’Élie, mais c’est le manteau d’un Élie monté au ciel.

Ainsi que nous l’avons dit, le point de départ de son ministère n’est pas Sinaï. C’est le ciel, hors des limites de Canaan, de l’autre côté du Jourdain, figure de la mort. Car la loi ayant été violée, et la prophétie — qui présentait au peuple sa relation avec Dieu sur la terre et la bénédiction de Dieu sur cette terre — ayant été démontrée impuissante pour le restaurer, le fidèle prophète, abandonnant un pays qui l’avait rejeté, avait pris place en dehors d’un peuple aveugle et ingrat, et avait été enlevé auprès de Celui qui l’avait envoyé (caché, pour ainsi dire, en Dieu, quoique, dans toute sa plénitude, cette expression ne soit vraie qu’à l’égard du précieux Sauveur seul).

Jusqu’au Jourdain, Élie exige, par son ministère, que satisfaction soit donnée aux justes exigences des droits de Dieu sur son peuple. Il lui présente ces droits, mais il doit se retirer, et Dieu l’enlève du milieu d’un peuple qui ne Le connaissait pas.

En Horeb, Élie agissait selon la faiblesse de l’homme, quoique Dieu s’y fût révélé. Pourquoi se retirer à Horeb, demeure de la loi que le peuple avait violée ? Ce ne pouvait être que pour exiger l’exécution de la justice. Tout en faisant voir qu’Il savait, en son temps, exercer la justice, Dieu se réservait ses droits souverains de grâce. Mais effectivement, il convient qu’elle soit souverainement exercée, au-delà des limites de la responsabilité de l’homme. Les relations de Christ avec Israël, avec l’homme, expliquent clairement cela. Ainsi, Dieu fait voir premièrement que la grâce a réservé le nombre parfait que Dieu connaissait en Israël ; puis, ayant envoyé Élie pour accomplir la patience de la volonté de Dieu en grâce, envers le peuple, au lieu de retrancher Israël, il place le ministère, à l’égard d’Israël, dans une position où il pouvait agir souverainement en grâce envers celui qui aurait de la foi pour en profiter.

Après qu’Élie a passé le Jourdain, nous avons vu que tout est changé. Jusqu’alors, Élisée est mis à l’épreuve ; après cela, la grâce agit. En principe, c’est la position de Christ envers l’Église (*), ou, du moins, envers les hommes en grâce ; c’est-à-dire que c’est la grâce souveraine, à l’action de laquelle la mort a donné libre cours, la justice n’ayant plus rien à dire et ne reposant plus sur la responsabilité de l’homme qui avait entrepris l’obéissance, et qui la devait. La justice maintenant, c’est que Dieu ait ses droits ; c’est qu’il se glorifie, ce qui est juste, en étant conséquent avec tout son Être : amour, justice, souveraineté, majesté, vérité, et tous les attributs qui entrent dans sa perfection. Il le fait selon cette souveraineté, et il le fait par le Christ qui l’a glorifié sur la terre à tous ces égards, dans toutes les parties de son Être, et de manière à le faire connaître. Le témoignage en est qu’Il a élevé Christ, comme homme, à sa droite.

(*) Et naturellement envers Israël aussi.

Il faut se souvenir ici que l’application de cela a trait à Israël, de sorte que la réjection du peuple est censée avoir eu lieu par le fait même de l’enlèvement d’Élie. Dieu a cessé de maintenir cette relation avec le peuple. Dans ses conseils souverains, jamais Dieu ne lui retire son affection ; mais, sur le pied de sa responsabilité, Dieu l’a jugé. Il a étendu tout le jour ses mains vers un peuple rebelle et contredisant. Ainsi, Élisée dit au roi d’Israël : « Va vers les prophètes de ton père et vers les prophètes de ta mère… Si je n’avais égard à la personne de Josaphat, roi de Juda, je ne te regarderais pas, et je ne te verrais pas » (3: 13, 14).

Élisée, toutefois, revient en grâce au milieu d’Israël. Son ministère a donc ceci de distinctif, qu’il est un témoignage à la réjection de tout ce qui tenait à l’état de responsabilité dans lequel le peuple avait été placé ; mais, en même temps, un témoignage à la grâce par la foi, selon l’élection et la souveraineté de Dieu, pour maintenir le peuple en bénédiction ; et cela par l’exécution du jugement que son péché avait amené sur lui.

C’est ce que sera pour Israël le retour de Christ, plutôt que ce qu’il sera pour l’Église, bien que, quant au fondement, le principe soit le même.

Élisée rentre dans la puissance de la résurrection, sur la scène des travaux d’Élie, qui avait en vain, ainsi que l’a fait Celui qui était plus excellent que lui, cherché à rassembler Israël autour du Dieu de ses pères, c’est-à-dire de ramener l’homme dans la chair à quelque fidélité envers Dieu. Jéricho, lieu de malédiction, ainsi que nous l’avons vu, quoique ville agréable en elle-même, cesse d’être un lieu maudit ; la malédiction est ôtée, et les eaux sont assainies d’une manière permanente, par le moyen du sel apporté dans un vase neuf ; figure, je n’en doute pas, de l’énergie purifiante de la grâce qui sépare l’homme du mal, et qui écarte le mal comme contraire aux relations de l’homme avec Dieu ; énergie morale, qui ôtera la malédiction du monde, et particulièrement des Juifs, centre de la rébellion contre Dieu. Le sel représente le pouvoir purifiant avec l’efficace et la permanence, lesquelles distinguent l’oeuvre de Dieu qui assainit l’objet de la bénédiction ; et il caractérise, selon la fidélité de Dieu, la source de la bénédiction elle-même. Le vase neuf est une image de l’état de renouvellement de toutes choses par la résurrection.

De Jéricho, Élisée se rend à Béthel, qui, ainsi que nous l’avons vu, est un lieu commémoratif de la fidélité immuable de Dieu (*) envers Israël ; fidélité qui peut maintenant porter tout son fruit, à cause de la mort et de la résurrection.

(*) C’est pourquoi Paul (Actes 13: 34) cite ces paroles : « Je vous donnerai les grâces assurées de David », comme preuve de la résurrection de Jésus, « pour ne devoir plus retourner à la corruption ». La mort rendait la bénédiction possible à l’égard d’un peuple rebelle, et la résurrection donnait une entière stabilité à la bénédiction conférée : celle-ci était assurée (comparez Ésaïe, chap. 55, où la grâce envers Israël et les nations, par un Sauveur ressuscité, est glorieusement proclamée).

De Béthel, il va au Carmel (*), c’est-à-dire au champ fertile de Dieu, là où le jugement contre Baal, prince de ce monde, avait été exécuté ; lieu type de cet état d’Israël qui sera le fruit de l’accomplissement des fidèles promesses de Dieu. On verra que tout cela répond parfaitement au caractère de son ministère tel que nous l’avons considéré, et y répond d’une manière d’autant plus intéressante que cela contraste avec le ministère d’Élie, la marche de l’un et de l’autre se rapportant au ministère que nous leur avons attribué respectivement. Du Carmel, Élisée retourne à Samarie, en relation avec laquelle son ministère ordinaire s’accomplit.

(*) Comp. És. 32: 15-18.

Il reste, dans cette histoire, une circonstance à noter. Élisée maudit les enfants qui se moquent de lui. Cet acte ne nous fait pas voir seulement l’autorité du prophète soutenue de Dieu ; il caractérise sa position. Car bien que, malgré la chute d’Israël, la grâce souveraine s’exerce envers le peuple, cependant, en même temps que la grâce, le jugement se manifestera à l’égard de tous ceux qui méprisent celui que Dieu a envoyé. On fera bien de remarquer que le jugement a lieu à sa rentrée dans la terre d’Israël, avant qu’il prenne sa place dans les promesses immuables de Dieu envers son peuple. Dès lors, c’est le Carmel de Dieu qui est présenté à notre foi.

On peut remarquer aussi, dans ce chapitre, combien peu l’homme réalise et croit la chose qu’il connaît, si en esprit il n’est pas identifié avec elle. Les fils des prophètes savaient qu’Élie devait être ôté ; toutefois, ils proposent de le chercher.

3 - Chapitres 3-5

Dans le chapitre suivant, nous rentrons dans l’histoire du ministère d’Élisée. Joram va à la guerre ; et, quoique moins méchant que son père, le prophète ne tient plus compte de lui. Josaphat est encore quelque chose à ses yeux ; mais le prophète cherche à se soustraire à l’influence de toute cette scène. Alors il annonce la bénédiction, et dirige les conseils des rois réunis. C’est un Sauveur d’Israël. Il pourvoit (chap. 4) aux besoins des pauvres de son peuple, et les délivre de leur misère. Il accorde à la foi, qui reconnaît et reçoit le prophète, le souhait de son coeur, et rend la vie à celui qui était mort, en soulageant ainsi le coeur brisé. Il nourrit les fils des prophètes pendant la famine, et multiplie le pain dont on manquait. La mort ayant été introduite dans leur nourriture, il remédie au mal, de sorte qu’on mange impunément.

Élisée sort aussi des limites d’Israël dans la dispensation des bénédictions dont il est l’instrument ; et, lorsque le roi d’Israël est dans l’embarras à l’arrivée de Naaman, Élisée guérit de sa lèpre ce Gentil qui est amené à reconnaître l’Éternel, le Dieu d’Israël, comme le seul vrai Dieu. Le Seigneur Jésus fait voir, à cette occasion, la souveraine grâce de Dieu qui, sortant des limites étroites d’Israël, et ne reconnaissant plus les droits de ce peuple, agit envers les Gentils par voie d’élection. Ainsi qu’on l’a souvent remarqué, le moyen employé est simple et humiliant pour la chair et pour l’orgueil de l’homme, et trouve son efficace dans la pleine intelligence et dans la pleine soumission du coeur et de la foi à la mort, devenue pour l’homme la vie et ce qui le guérit et le nettoie du péché. L’homme qui est en relation avec Élisée d’une manière très intime, dévoré par l’appât du gain, subit les tristes conséquences d’un coeur endurci, et ce dont le Gentil avait été affranchi vient irrémédiablement sur lui. C’est la position d’Israël, extérieurement plus près du Seigneur, mais moralement entièrement éloigné de Lui.

4 - Chapitres 6-7

Les fils des prophètes doivent élargir leur habitation, et Élisée, qui consent à aller avec eux, les garantit de l’effet de leur négligence en renversant les lois de la nature. Je ne sais s’il faut chercher ici autre chose que le caractère général du miracle, ou trouver un type dans le fait qu’il s’agit du Jourdain. En tant que le Jourdain a un sens comme figure, ce sens est constant ; il signifie la mort. La maison construite de ce qui a été tiré du Jourdain, et la puissance de ce fleuve vaincue et détruite par le morceau de bois qu’on y a jeté, et par le moyen duquel ce qui était au-delà de toute espérance et perdu en est retiré, suggèrent facilement un sens typique. Je n’ose pas dire positivement que ce soit la pensée de l’Esprit de Dieu ; et il ne faut pas se laisser aller à son imagination.

Élisée garantit ensuite Israël des attaques de ses puissants ennemis. Le roi de Syrie voulant faire Élisée prisonnier, c’est celui-ci, au contraire, qui fait prisonnière toute l’armée qui venait le saisir, en faisant comprendre à son serviteur aveugle, qui avait des yeux et ne voyait pas, les soins constants dont le Tout-Puissant environne toujours les siens.

Après avoir fait comprendre aux ennemis la puissance du Dieu d’Israël, et la folie d’attaquer Son peuple quand le messager de Son alliance est avec Israël, Élisée laisse aller les Syriens, et ceux-ci ne reviennent plus dans le pays.

Tous ces miracles caractérisent suffisamment le ministère d’Élisée. Les pauvres du peuple consolés, les Gentils guéris, Israël délivré et protégé, l’élection objet de bénédiction, Israël et son roi infidèle laissés de côté quant au témoignage du prophète : toutes ces choses se trouvent dans ce ministère. Les miracles d’Élisée sont plus nombreux que ceux d’Élie. Le poids qu’Élie avait sur le coeur n’existe pas pour Élisée ; aussi ne cherche-t-il à se soulager ni par le jugement contre le mal, ni en se retirant d’un champ de travail inutile.

L’iniquité d’Israël le plonge de nouveau dans la détresse, et Samarie est désolée par la famine. Le jugement produit l’indignation contre le témoignage de l’Éternel, car bien que Joram n’adorât pas Baal, son coeur n’était pas changé. Puis vient le désespoir qui juge inutile de s’attendre davantage à l’Éternel (*). C’est là l’effet de la profession du nom de l’Éternel, lorsqu’il n’existe pas de foi en lui. Il en était ainsi d’Israël dans le désert : « Pourquoi l’Éternel nous a-t-il fait monter ici pour détruire tout ce peuple ? »

(*) Il serait possible que ce qui est dit au v. 33 fussent les paroles d’Élisée.

Élisée paraît ici de nouveau comme sauveur, ou, du moins, comme annonçant le salut de l’Éternel. L’incrédulité du capitaine, qui tenait ce salut pour impossible, est punie au moment où il voit de ses yeux l’abondance. Quand tout est impossible à l’homme, l’Éternel intervient, et, en un instant, toute la scène est changée.

5 - Chapitres 8-10

L’histoire de la femme (*) au fils de laquelle Élisée avait rendu la vie, nous présente un petit tableau de toutes les voies de Dieu envers Israël. Pendant de longues années déterminées par l’Éternel, Israël est privé de tout ; mais Dieu lui a tout conservé, et, dans le jour de la bénédiction, tout lui sera rendu ; et il aura au double le fruit de ses années d’affliction. C’est le fils rendu à la vie qui amène la bénédiction.

(*) Guéhazi, me semble-t-il, paraît ici dans une position fâcheuse. Frappé par la main de Dieu, parce que, même en présence du témoignage puissant et patient de Dieu, son coeur tenait à la terre, il est maintenant parasite à la cour du roi, pour y raconter les choses merveilleuses auxquelles il ne prenait plus part. Ce pauvre monde s’ennuie assez, pour trouver quelque satisfaction à entendre parler des choses qui ont de la réalité et de la puissance. Pourvu que la conscience n’en soit pas atteinte, on s’en occupe pour se désennuyer, en se donnant peut-être l’air d’être un esprit large et libéral qui n’est pas pourtant esclave de ce qu’on reconnaît à sa place philosophiquement. Mais c’est une triste position que celle qui fait voir qu’autrefois on marchait avec le témoignage, duquel on annonce maintenant les merveilles à la cour. Toutefois, Dieu s’en sert ; et ce n’est pas dire qu’il n’y eût aucune sincérité en Guéhazi. Mais, s’élever dans le monde et amuser le monde par les hauts faits de Dieu, c’est une chute profonde.

Néanmoins, les jugements de Dieu s’accomplissent. Élisée va à Damas, et Hazaël, verge de Dieu pour châtier son peuple, est placé sur le trône de Syrie. D’un autre côté, Élisée est reconnu des Gentils eux-mêmes.

L’Esprit de Dieu fait remarquer les conséquences de l’alliance de Juda avec Israël ; hormis cela, Juda est pour le moment hors de vue.


Au chapitre 9 commence le jugement de la maison d’Achab. Celui qui l’exécute n’écarte pas pour cela la verge que Dieu avait suscitée à Israël dans la personne de Hazaël. Par le moyen de Jéhu, Dieu juge la maison d’Achab ; mais Israël est opprimé par les Syriens, et son pays envahi pendant tout le règne de Jéhu. Allant plus loin que Joram, il détruit Baal et son culte, en même temps que la maison d’Achab ; mais il ne retourne pas à l’Éternel. Il voyait la folie de l’idolâtrie ; énergique et ambitieux, son intérêt était de l’autre côté. Quand le prophète de l’Éternel lui annonce la possession prochaine de la couronne, il l’écoute. Sincère peut-être dans la conviction que l’Éternel était Dieu, il était tout prêt à l’honorer lorsque son intérêt était d’accord avec ses convictions. Il déployait toute son énergie à l’accomplissement d’une oeuvre à laquelle il s’était voué. La religion d’Achab n’avait aucun attrait pour lui. Il avait senti, dans sa conscience, la force du témoignage d’Élie, et il comprenait que c’était une folie de faire la guerre à l’Éternel, dont il avait embrassé le parti. Ce qu’il faisait pour l’Éternel, il le faisait bien, selon son énergie accoutumée. Cependant sa vengeance est sans crainte de l’Éternel ; elle est charnelle (voyez Osée 1: 4). En même temps, les veaux d’or subsistaient toujours, ainsi que le sanctuaire du royaume à l’origine duquel ils étaient liés, et dont ils étaient la religion nationale. C’est à quoi Jéhu ne se souciait pas de toucher. Dieu reconnaît un zèle qui avait droitement jugé le mal ; car il s’agit ici de son gouvernement extérieur, et non de son jugement des secrets du coeur ; et, en effet, Jéhu a agi fidèlement pour ôter Baal, racine et branches. Ainsi il tue le roi de Juda, qui s’était allié avec le mal, et la famille royale de Juda qui vient faire visite à celle d’Israël. Tout tombe devant son épée vengeresse, et les paroles d’Élie, serviteur de Dieu, s’accomplissent. Ainsi c’est Élisée qui accomplit la fonction d’Élie (*), à sa place, en oignant prophétiquement Hazaël et Jéhu, sans que ce soit de ses propres mains.

(*) Élie et Élisée ne font à cet égard qu’un seul prophète, avec la différence que nous avons signalée. Élisée était prophète à sa place (1 Rois 19: 16), expression inusitée à l’égard des prophètes en général. De fait, c’est Christ ressuscité qui exécutera ou qui fera exécuter les jugements de Dieu sur Israël apostat (voyez Ps. 20, 21).

6 - Chapitres 11-13

Au chapitre 11, le jugement de Dieu tombe sur la famille (*) qui a corrompu Israël et même aussi Juda. La fille de la maison d’Achab, l’usurpatrice du trône de Juda, Athalie est retranchée par le moyen de la fidélité du souverain sacrificateur dont la femme avait conservé un rejeton de David.

(*) Pendant qu’Achab, excité par Jésabel, ainsi que sa famille et ses fils, sont les instruments de l’apostasie et de la corruption d’Israël, Dieu envoie le témoignage d’Élie et d’Élisée. C’est, au fond (après Salomon), le sujet des deux livres des Rois. La chute de la maison de David, amenée par son alliance avec Israël ou par l’exemple de ses rois, nous est racontée à la fin du livre, où sont introduits aussi tous les rapports de l’Assyrien avec le peuple de Dieu.

Toutefois, il n’y a pas de vrai zèle pour l’Éternel. Les sacrificateurs gardent pour eux-mêmes l’argent qu’ils avaient consenti à appliquer à la réparation de la maison de Dieu, jusqu’à ce que le roi intervienne pour y mettre ordre.

Marchant sur les traces de Jéroboam, fils de Nébath, la maison de Jéhu ne garantit nullement Israël contre Hazaël. Mais les compassions de l’Éternel suscitent un sauveur. Il y avait encore place, dans son coeur miséricordieux, pour la patience envers son peuple. Élisée, prêt à mourir, met le roi sur le chemin de la délivrance, mais son coeur était incapable d’en saisir toute la portée. Toutefois, sous le règne de Joas, les Syriens sont refoulés dans leur pays, et Jéroboam, tout en marchant dans les voies du fils de Nébath, est capable de ressaisir tout le pays placé autrefois sous la domination de Juda ; car Dieu avait pitié d’Israël et avait vu que son affliction était très amère.

Hélas ! lorsque ce n’est pas la foi du peuple de Dieu qui est la source de la force, un ennemi détruit fait place à un autre. L’Assyrien paraît bientôt sur la scène. Élisée étant mort, Israël, privé de ce dernier lien avec Dieu, tombe bientôt dans l’anarchie et la ruine. L’Assyrien envahit le pays. Israël, associé au roi de Syrie, tourne contre Juda ses derniers efforts. Triste tableau du peuple de Dieu ! L’alliance de la Syrie et d’Israël met en relief l’infidélité du roi de Juda et l’enlace dans les pièges de l’Assyrien.

Élisée déjà mort, rend la vie à un mort que l’on ensevelissait à la hâte, à cause d’une invasion des Moabites. Son histoire est, jusqu’au bout, empreinte du caractère de la puissance de la vie (*).

(*) Pour comprendre toute cette partie de l’histoire qui nous occupe, il faut lire les prophètes Osée et Amos, et Ésaïe 7 et 8 (comp. Osée 5: 13 ; 8: 4 ; 11: 5 ; Amos 5 v. 27, et aussi v. 25 et 26 ; Osée 13: 10 et 11) ; mais, pour bien comprendre les voies de Dieu, il faut lire ces prophéties tout entières. Je n’ai cité que les passages qui indiquent la liaison avec l’histoire ; mais les prophètes nous donnent le tableau de l’état intérieur du peuple, beaucoup plus même que les livres qui nous apprennent son histoire publique.

Cette résurrection, opérée par le contact des os d’Élisée, présente, il me semble, l’instruction consolante que tout en étant en apparence perdu pour Israël, le vrai prophète est toujours l’instrument et le gardien de toutes ses espérances ; et que, lorsque Israël est comme mort et oublié, il lui rendra la vie, après tout, d’une manière aussi inattendue que puissante.

7 - Chapitres 14-17

Nous en venons maintenant aux relations de Juda avec l’Assyrien, fruit de sa démoralisation intérieure.

Achaz se plonge dans la pire idolâtrie. Sage selon le monde, il cherche, dans la nouvelle puissance de l’Assyrie, un appui contre des ennemis plus rapprochés, et il y réussit pour sa ruine. On voit encore une fois ici, la nullité du souverain sacrificateur en présence du roi. Il paraît que le peuple avait perdu sa confiance dans la maison de David, comme celle-ci dans la fidélité et dans la bonté de l’Éternel.

Osée, moins méchant lui-même que ses prédécesseurs, clôt néanmoins la liste des rois que la patience de Dieu avait supportés en Israël. Dieu pensait à son peuple, et maintenant il n’y avait plus d’espérance ; ce peuple n’était pas même un vase propre à contenir l’élection de Dieu à laquelle Dieu se faisait connaître. Asservi au roi d’Assyrie, Osée avait cherché l’appui de l’Égypte. Après que le roi d’Assyrie l’eut mis en prison, Samarie et tout Israël ne résistèrent que peu de temps. Le peuple de Dieu est mené en captivité et dispersé dans les villes de l’Assyrie et de la Médie ; et le pays qui appartenait à l’Éternel, et dont la possession avait été donnée à Israël, est peuplé d’étrangers envoyés par le roi d’Assyrie.

On peut voir, dans les prophéties d’Osée, les deux grands principes des voies de Dieu, dont l’un nous a été montré en Élisée (le rapport entre la résurrection de l’homme qu’on allait inhumer, et le premier verset que je vais citer est remarquable : le rachat de la puissance de la mort en Osée 13: 14, et les voies gouvernementales de Dieu en Osée 14: 9). Mais quel labeur du prophète pour adapter sa voix à la folie d’Israël, et pour la faire pénétrer dans la conscience de ce peuple égaré ! Osée vient après la mort d’Élisée. La présence d’Élisée au milieu d’Israël, et le témoignage postérieur d’Osée font ressortir la patience merveilleuse et la bonté de Dieu envers ce peuple. Osée nous donne plus que l’histoire intérieure ; il nous fait voir les causes des jugements, bien que Dieu soit quelquefois intervenu pour restaurer, et qu’il ait pu paraître frapper, lorsque le roi était moins méchant que de coutume.

Dans les paroles des prophètes, nous trouvons ce que le peuple était réellement aux yeux de Dieu. La promesse de leur restauration, et même en principe celle de nos bénédictions actuelles, s’y trouvent.

L’histoire de ce qui est arrivé après l’introduction des nations étrangères, nous montre l’étrange confusion qui avait eu lieu en Israël. C’est un des anciens sacrificateurs, selon le système de Jéroboam, qui vient les instruire dans la crainte de l’Éternel. Avec cela, ils adorent leurs propres dieux. La conséquence en est un mélange odieux à l’Éternel. De même que, malgré l’infidélité de son peuple, le Seigneur avait conservé sur lui ses droits souverains, nous le voyons aussi revendiquer ses droits sur le pays, après que le peuple en a été chassé. Il conserve ces droits pour toujours.

8 - Chapitres 18-20

Le chapitre 18 nous amène à un sujet un peu différent, savoir : les relations de Juda avec l’Assyrien, que son infidélité s’était attiré comme oppresseur, et les relations de Juda avec Babylone.

Afin de mettre dans leur vrai jour ses voies avec son peuple, Dieu suscite un roi fidèle, distingué en ceci, qu’il met sa confiance en l’Éternel, comme aucun roi ne l’avait fait depuis David jusqu’à cette époque, et comme aucun roi ne l’a fait après lui jusqu’à la captivité (*).

(*) Nous verrons plus bas ce qui a caractérisé Josias.

Ce qui arrive au sujet du serpent d’airain, nous montre la tendance du coeur à l’idolâtrie. Et que de choses, auxquelles l’homme demeure attaché d’une manière charnelle, restent cachées à travers tant de bénédictions et de châtiments ! Cela nous apprend aussi combien, avec des coeurs comme les nôtres, le souvenir des bénédictions est près de l’idolâtrie envers ces symboles des bénédictions. La foi se débarrasse de ces choses ; car Dieu avait donné le serpent d’airain non pour être un souvenir après la guérison, mais pour guérir. L’homme l’a conservé par un sentiment très naturel ; mais cela n’est pas de Dieu, et devient bientôt l’instrument du diable.

Ézéchias frappe les Philistins, ces ennemis intérieurs et perpétuels du peuple de Dieu, et les subjugue d’une manière assez complète.

C’est après cela qu’arrive le roi d’Assyrie.

Shalmanéser avait emmené Israël captif. Son successeur cherche à faire aussi la conquête de Juda. Selon l’expression du prophète, les eaux de ce fleuve atteignent jusqu’au cou (Ésaïe 8: 8). La puissance des rois réunis d’Israël et de Syrie parait avoir eu de l’attrait pour le peuple de Juda, qui, d’un autre côté, méprisait la faiblesse de la maison de David, car Dieu était peu dans leurs pensées. Dans cette confédération, favorisée, à ce qu’il paraît, par le peuple de Juda et de Jérusalem, on avait l’intention de remplacer la famille de David par le fils de Tabéel. Il existait un plan, en apparence bien conçu, d’un côté, et de l’autre un danger imminent. Mais telle n’était pas la pensée de Dieu. Dans sa miséricorde, il ne voulait pas encore éteindre la lampe de la maison de David. Il envoie la promesse d’Emmanuel et exhorte le résidu à mettre sa confiance dans l’Éternel lui-même.

Nous examinerons ceci plus en détail en étudiant la prophétie d’Ésaïe. Je ne m’en sers maintenant que pour élucider l’histoire et montrer l’état du peuple. Achaz, qui ne se confiait pas dans l’Éternel, a été l’instrument de l’accomplissement de ses desseins ; mais l’Assyrien, sur la puissance duquel il s’appuyait, est devenu par lui le fléau de Juda.

Mais, afin de pouvoir encore bénir et conserver Jérusalem et Juda, Dieu suscite Ézéchias, roi pieux et fidèle, qui mettait sa confiance en Lui. Ézéchias n’a pas la force de repousser Sankhérib, de sorte que le peuple est puni. Il se soumet à Sankhérib en offrant de payer ce qu’il lui imposerait ; mais, soit que les ressources du roi ne fussent pas suffisantes, soit que le roi d’Assyrie, après avoir accepté ce qu’Ézéchias lui avait envoyé, ait manqué à sa parole (comparez Ésaïe 33), Sankhérib, profitant de la faiblesse apparente du roi, exige sa complète soumission et celle du royaume, et engage les habitants de Jérusalem à sortir de la ville et à se placer sous ses ordres.

On voit cependant que, tout en blasphémant contre l’Éternel, Sankhérib a la conscience qu’il est en présence d’un principe et d’une puissance qu’il ne comprend pas. Le peuple, fidèle aux ordres du roi, ne répond pas. Attiré ailleurs par les nouvelles de l’attaque du roi d’Éthiopie, Sankhérib réitère, dans une lettre, ses blasphèmes et ses insultes. Ézéchias place toutes ces choses devant l’Éternel dont il cherche la réponse auprès du prophète Ésaïe. La même nuit, Dieu frappe l’armée des Assyriens. Sankhérib s’en retourne dans son pays et y meurt de la main de ses propres fils.

Ézéchias est ainsi une figure du vrai Emmanuel devant qui tombera l’Assyrien, le dévastateur d’Israël. C’est une histoire très importante comme type des événements des derniers jours, mais nous l’étudierons avec plus d’avantage en examinant le livre d’Ésaïe qui l’applique souvent dans ce sens. Ce n’est que l’idée générale qu’il importe de noter en passant.

On retrouve ici, en figure, le principe auquel se lie la délivrance d’Israël, et celle de tous les hommes, principe signalé en Élisée et accompli en Jésus. Ézéchias est comme ressuscité d’entre les morts. Il avait été malade à la mort ; mais l’Éternel l’exauce, et, à la suite de son humiliation, révoque la sentence qu’Il avait prononcée par Ésaïe.

Mais l’homme ne supporte guère l’élévation. Béni de l’Éternel, il se glorifie de ce qu’il a reçu. Après avoir montré toutes ses richesses aux ambassadeurs du roi de Babylone, venus pour le féliciter au sujet de sa guérison, Ézéchias est averti que toutes les choses qu’il avait amassées seraient portées à Babylone. Le roi de Babylone éprouvait peut-être quelque satisfaction à s’allier avec quelqu’un qui n’avait pas succombé sous la puissance du roi d’Assyrie ; mais la sagesse du monde, qui cultive de bons rapports avec le peuple de Dieu, est toujours un piège. Ézéchias aurait pu faire connaître la source et le donateur de toutes ces choses, mais il agit en homme. Toutefois, il se soumet avec grâce et humilité à la parole de l’Éternel qui lui est adressée à cette occasion.

9 - Chapitres 21-25

Mais, à cette époque, le peuple était profondément corrompu, et l’impulsion donnée de Dieu disparut complètement avec l’homme par lequel elle agissait. Le fils d’Ézéchias est un modèle de méchanceté. Dieu allait transférer la puissance aux Gentils ; et, tout en montrant qu’une bénédiction assurée accompagnait la fidélité et la confiance en Lui, il a permis la dégradation à laquelle s’abandonnait la famille de David.

Quand Ézéchias mourut, âgé de 54 ans, son fils n’avait que douze ans. Séduit lui-même, il séduit le peuple, qui n’était que trop enclin à commettre plus d’iniquités que les nations qui ne connaissaient pas Dieu.

Les faits particuliers de la vie de Manassé ne nous sont pas racontés ici. Le Saint Esprit nous ayant donné, dans ce qui précède, les détails du gouvernement public de Dieu en Israël, jusqu’à ce que Dieu ait prononcé : Lo-Rukhama ; il nous fait voir ensuite les rapports de Dieu avec Juda, déterminés par la conduite de ses rois, jusqu’à ce que Dieu ait dit : Lo-Ammi. C’est ce que les prophètes avaient déjà annoncé à l’occasion des péchés énormes de Manassé ; et la piété de Josias n’a pas pu changer le juste jugement de l’Éternel. Il y a encore eu, pour Juda, quelque prolongation de tranquillité ; mais sa repentance, sous Josias, n’avait été qu’extérieure (*), et le mal avait repris le dessus aussitôt après sa mort. Amon n’a fait que suivre le mauvais train de Manassé.

(*) Voyez Jérémie 3: 10. Ce passage nous fait comprendre combien il est rare que le coeur, qui est ce que Dieu juge, corresponde à l’apparence de zèle pour lui et pour sa gloire, lorsque, mû par l’Esprit de Dieu, un homme de foi se met en avant pour contribuer à sa gloire. Voyez aussi, sous le règne d’Ézéchias, en Ésaïe 22, l’état du peuple et le jugement de Dieu.

Remarquez quelle grâce a suscité Ézéchias et Josias, nés tous les deux de pères qui s’étaient abandonnés à l’idolâtrie, et suivis de fils qui s’y sont également livrés. Mais la grâce souveraine de Dieu envers Israël a encore suscité ce témoignage, et montré qu’il était toujours prêt à bénir, si même Israël se refusait à être béni, et choisissait, au contraire, sa propre ruine. Sans Dieu, qu’est-ce que le coeur de l’homme ? En tout cela, la patience du gouvernement de Dieu a été pleinement démontrée ; car, sous Ézéchias, il existait encore bien des choses que l’oeil du roi n’a pas su voir et juger, par défaut de vigilance dans la crainte de l’Éternel.

Ce qui distingue Josias, c’est son exactitude dans l’observation de la loi de Moïse, dont le livre avait été découvert dans le temple. La confiance dans l’Éternel avait caractérisé Ézéchias ; et, sous ces rapports, ils sont l’un et l’autre sans égal quant à leur marche.

L’empire d’Assyrie déclinait, et Josias exerce la royauté sur toute l’étendue du pays. La menace faite à Jéroboam est accomplie. Tous les hauts lieux d’Israël sont détruits. Peut-être le coeur de Josias s’est-il élevé. Quoi qu’il en soit, Dieu accomplit sa promesse et l’ôte de devant le mal, dont le terrible accomplissement se hâtait déjà ; car, quelque sincère que fût la piété de Josias, la corruption régnait dans tous les coeurs. Comparez (2 Chron. 30: 17, etc.) le récit de ce qui est arrivé déjà longtemps avant son règne.

Les rois d’Israël avaient été les funestes exemples d’une marche qui a conduit Juda et tout Israël à sa ruine (voyez 16: 1). L’alliance du pieux Josaphat avec Achab fut l’origine de tout cela ; car le mal porte des fruits qui se reproduisent longtemps après. Hélas ! hélas ! qu’est-ce que l’homme, lorsqu’il dévie des voies du Seigneur, du chemin étroit et simple de la volonté et de la parole de Dieu, du chemin de la foi — vrai chemin d’un esprit obéissant ?

L’histoire que nous venons de parcourir nous a donné le récit des rapports de l’Assyrien avec le peuple de Dieu. Il était un cèdre du Liban, mais il a été abattu. Le Pharaon a cru, un moment, s’approprier l’empire ; il a voulu s’élever pour dominer sur des arbres de la forêt. Juda, sorti autrefois du pays du Pharaon, à bras étendu, par la puissance de Dieu, lui est assujetti. Mais, quelles que fussent les prétentions du Pharaon, tel n’est pas le conseil de Dieu. Si Dieu écrit : « Lo-Ammi », sur son peuple, c’est Babylone qui doit commencer les temps des Gentils (*). Le Pharaon retourne dans son pays, et Jehoïakim, impuissant et sans Dieu, passe sous la domination de Nébucadnetsar (**). Les détails ne doivent pas nous arrêter. Son fils, aussi méchant que lui, se révolte contre Nébucadnetsar ; car Juda, fils du Très-Haut, n’était guère accoutumé à l’esclavage ; mais il faut que cette génisse (Osée 10: 11) fléchisse aussi le cou sous le joug, et Jehoïakim est emmené captif à Babylone. La royauté et le temple subsistent encore ; mais Sédécias, ayant violé le serment qu’il avait fait au nom de l’Éternel (***) et se laissant dominer par les princes, persiste dans sa rébellion et est fait prisonnier. Ses fils sont tués devant ses yeux, et lui-même, privé de la vue, est emmené à Babylone. Le temple est brûlé ; les murs de Jérusalem sont abattus ; le siège du trône de l’Éternel est foulé aux pieds des Gentils. Triste résultat du fait qu’Il a confié sa gloire aux mains des hommes au milieu desquels il avait placé son trône ! Triste, trois fois triste conduite de l’homme, de cette génération à laquelle Dieu avait fait un tel honneur ! D’un autre côté, Dieu en prendra occasion de manifester cette bonté infinie, qui rétablira en grâce souveraine la chose même que l’homme a jetée sous les pieds des profanes.

(*) Comme figure, c’est un principe important ; car l’Égypte est l’état de nature duquel l’Église est tirée ; Babylone est la corruption et la mondanité dans lesquelles elle tombe.

(**) Qu’elle est triste cette partie de l’histoire, où il ne s’agit que de savoir si c’est la puissance de l’Égypte ou celle de Babylone qui doit posséder le pays du peuple de l’Éternel, le pays de promesse, où il n’est plus mis en question de savoir si Israël continuera à le posséder, et où le pays va devenir la proie de l’une ou de l’autre de ces puissances hostiles et incrédules ! Hélas ! Israël était incrédule avec plus de lumière que les autres, et ceux-ci ne profitaient que de la position et de la force que l’incrédulité d’Israël leur avait données et reconnues.

(***) Ceci mettait le comble à son péché ! Nous attirons là-dessus l’attention des lecteurs, en méditant la prophétie d’Ézéchiel qui en parle beaucoup. En faisant usage du serment au nom de l’Éternel, dans l’espérance que cela empêcherait la révolte, Nébucadnetsar montre pour ce nom plus de respect que Sédécias, qui méprise un tel serment. Dieu a permis ce dernier témoignage d’iniquité. Sédécias aurait pu rester une vigne étendue, mais ayant « peu de hauteur » (Ézéch. 17: 6). Celui qui était au-dessus de tout savait seul comment rendre les choses de César à César, et les choses de Dieu à Dieu.

Il faut lire les prophètes Jérémie et Ézéchiel, pour avoir l’histoire complète et l’histoire intérieure de l’esprit du peuple et de celui du roi — l’histoire, à la fois de l’état qui a attiré ce jugement, et de la patience de Dieu, qui, jusqu’au moment même de la prise de la ville, adressait au peuple les appels les plus touchants à la repentance, hélas ! en vain. C’est alors que les temps des Gentils commencent.

Le lecteur qui voudra comprendre entièrement les événements de toute cette histoire, la patience merveilleuse de Dieu, et la manière dont il a suscité des rois fidèles, afin de pouvoir bénir, devra lire les prophètes Osée, Amos, Jérémie et certains chapitres d’Ésaïe, qui parlent au peuple au nom de l’Éternel, et lui font voir son véritable état.